Hebdo n°691-692 - Spécial conseil national

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  • 7/28/2019 Hebdo n691-692 - Spcial conseil national

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    dessocialistes

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    dessocialistes

    N691-692DU 20 avril aU 3 mai 2013

    10, rue de Solfrio

    75333 Paris Cedex 07Tl. : 01 45 56 77 52

    [email protected]

    DirecteUr De la rDactioNet DirecteUrDe la pUblicatioN Olivier Faure co-DirecteUr De la pUblicatioN

    Valerio Motta rDactrice eN chefStphaie Platat photo PhilippeGrageaud Mathieu Delmestre SIPAmaqUetteFloret Chago (79 44) flaShaGe et impreSSioNPGE (94)Sait-Mad N De commiSSioN paritaire:0114P11223iSSN127786772Lhebdo des socialistesest ditpar Solf Commuicatios,tir 27 500 exemplaires

    24 avrilAteliersdu changement vry

    4 et 5 maiForum gnrationchangement Soustons

    15 juinForumdes progressisteseuropens

    16 juinConvention nationalEurope

    laGeNDa

    SPCIAL CONSEIL NATIONAL EUROPE

    La gauche est l,elle est debout, elle est

    dtermine, et nouscontinuerons agir

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    Chers amis, cherscamarades, merci dabord devotre accueil. Cher Harlem,merci de ton invitation.

    La politique rserve debons et de mauvais moments.Comme chacun dentre vous,jai connu des moments dejoie, des moments de joiecollectifs, mais jai connuaussi des moments detristesse, et mme parfois dedcouragement, mais commevous, aujourdhui, cest de lacolre que jprouve. Cettecolre froide ne me quitte pas.

    Elle est dautant plus forte que javais accord ma conance Jrme Cahuzac, et que je nimaginais pas que cette affaire,dvoile par le site dinformation Mediapart, puisse tre autrechose quune rumeur sans fondement.

    Comme lensemble des Franais, jai t tromp. Cette faute

    est grave. Et elle est grave pour trois raisons. Elle discrditela parole publique, parce que le mensonge est un poison.Elle dconsidre la politique que nous menons, parce quele ministre de la lutte contre la fraude tait justement unfraudeur. Elle cre le doute sur la sincrit de lengagementde milliers de militants et dlus, souvent bnvoles, quine peroivent dautre rmunration que celle de voir leursides appliques.

    Alors, il faut que dun mal sorte un bien. Il faut que cettepreuve permette de nous faire avancer encore plus vite etplus loin vers la Rpublique exemplaire que nous appelons denos vux, et que le prsident de la Rpublique sest engag construire devant les Franais.

    Davantage de transparence, dabord. Jentends dire quela publication des patrimoines aurait pour consquence lamonte du populisme. Je crois tout linverse. Vingt-cinq payssur vingt-sept en Europe ont dj cr cette obligation pourleurs lus. Et cest en France que le Front national progresse.Cest de lopacit que se nourrit le populisme, parce quelopacit est la porte ouverte tous les fantasmes.

    Davantage de clart encore. Oui, lhonneur de reprsenter lepeuple franais suppose la n de tout conit dintrts. Il nestpas admissible quun parlementaire puisse faire commerce deson inuence, de son carnet dadresses et de ses rseaux. Il ny

    a pas de grande dmocratie au monde, de vraie dmocratie,pour accepter que le prsident dun groupe ou dun partipuisse cumuler cette mission avec la profession davocatdaffaires. Il ny a pas de grande dmocratie pour tolrer quunancien Premier ministre tout juste redevenu parlementaireoffre ses services comme consultant pour des intrts privs.

    Et puis il faut davantage de sanctions aussi. Personne nestoblig de solliciter les suffrages de ses concitoyens. Lexercicedun mandat politique nest pas un mtier mais une fonction,et elle sexerce au nom du peuple. Les sanctions doivent donctre exemplaires pour les lus qui frauderont ou qui serontreconnus coupables de corruption. Mais au-del, ce que rvlelaffaire Cahuzac ne se limite pas la sphre publique. Cestle combat gnral contre la fraude et lvasion scale quilfaut conduire avec la plus grande nergie. Nous devons treimpitoyables, parce que cacher son argent ltranger, ce nestpas seulement soustraire de largent aux impts, cest aussilaisser aux autres, ceux qui paient honntement, ceux qui netrichent pas, ceux qui se lvent tt, ceux qui travaillent dur, le

    soin de payer les hpitaux, les coles, les crches, les servicespublics dont tous protent, y compris les fraudeurs.

    Vous laurez remarqu, sur ces sujets, que je crois dintrtnational, parce que cest la Rpublique qui est en cause,la droite na pas, jusquici, marqu la moindre envie deprogresser. Elle prfre dtourner lattention, viter de seprononcer sur les rponses apporter, en ciblant ses attaquescontre le gouvernement. Elle veut nous entraner dans unepolmique sans n sur ce que nous savions, sur ce que nousaurions d savoir, ou ce que nous aurions pu savoir. Eh bien,nous ne savions rien. Mais nous, nous navons jamais cherch discrditer le travail de la presse, nous navons jamaischerch intimider le procureur, nous avons tir toutes lesconclusions de louverture dune information judiciaire dslors que les prsomptions nous paraissaient sufsammentfortes et crdibles pour exiger immdiatement la dmissiondun ministre.

    Il y a encore quelques mois, il en allait tout autrement. EtlUMP ne peut se prvaloir dun tel bilan, car il nest pas si loinle temps o ses tnors donnaient de la voix pour dnoncerune presse fasciste o les tentatives dinstrumentalisation de

    la justice taient monnaie courante. Il est encore plus prochede nous, et ctait il y a quelques jours, le temps o les mmesse relayaient sur les plateaux de tlvision pour peser sur unmagistrat, essayer de le discrditer, tandis que lun des leurs,et pas lun des moindres, tait mis en examen.

    Il est encore trs proche, le temps, et je men souviensparticulirement, ayant exerc des responsabilits de groupe l'Assemble nationale, il est encore trs proche le tempso le pouvoir utilisait tous les moyens pour empcher unecommission denqute, lgitime en dmocratie, sur laffairede Karachi, sur les sondages de lElyse, eh bien aujourdhui,le Parlement a tous ces droits et pourra les exercer. Voil lechangement, et la ralit.

    Chers camarades, ne vous laissez pas intimider,nintriorisez pas une faute que nous navons pascommise, nacceptez pas cet insupportable paradoxe dunecondamnation morale collective pour la faute dun seul, aumoment o prcisment le prsident de la Rpublique commele Premier ministre que je suis, ont rompu avec les mauvaisespratiques des gouvernements prcdents en refusant decouvrir une affaire au seul prtexte quelle impliquerait lundes siens.

    Nous voulons plus de transparence. La droite sy refuse.Voil la ralit. Mais sans faiblesse, nous y parviendrons, parce

    que nous voulons en nir avec toutes les formes de conitdintrts. La droite sy oppose, elle sy oppose au nom dunelibert qui nest rien dautre quune marque de connivenceavec les milieux les plus puissants et les milieux de largent.Cest cela que les Franais attendent, ils attendent quon metten ce sentiment quil existe au-dessus de tout le reste uneforme de caste de gens qui se connaissent et se frquententet qui se mettraient daccord sur lessentiel, au dtriment desintrts du peuple.

    Ce nest pas notre conception de la dmocratie, ce nest pasnotre conception de la Rpublique, et il nous faut agir pourque les choses changent, pas seulement dans la loi, quelleschangent dans la ralit, mais quelles changent aussi dans laconance que les citoyens puissent avoir dans les institutionsde la Rpublique et les lus qui les reprsentent. Cest un enjeumajeur pour la dmocratie, mes chers camarades.

    Alors oui, cest vrai que le chantier que nous avons lancva bien au-del, cest la lutte avec plus de force encore contre

    Jean-Marc Ayrault

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    les paradis nanciers et les paradis scaux. La droite propose,elle, vous lavez remarqu, et sans rougir, une proposition deloi qui ne serait rien dautre quune amnistie gnrale pourles vads scaux. Eh bien, le gouvernement comme jimaginetoute la gauche, et jen appelle aussi aux dmocrates les plussincres, refuseront quon puisse mme continuer dposerune proposition de loi qui effacerait toutes les fautes, aussigraves, qui auraient t commises par ceux qui auront fait unefaute contre la France.

    La lutte contre les paradis scaux, contre cet argent hyperpuissant et les paradis existaient sans doute depuis lhistoiredes changes, mais ils sont devenus monnaie courante depuisle tournant des annes 80, les annes Thatcher, les annesReagan, o la nance est devenue une activit industrielle part entire, base sur quelque chose de ctif, mais permettantla spculation autour de milliers et de milliers de dollars oudeuros, et qui a pour consquence dappauvrir les peuples,de les mettre en grande dtresse, et en mme temps de porteratteinte, de porter des coups terribles la crdibilit politiqueet aux dmocraties.

    Cest ce que Franois Hollande dnonait dans son discours

    du Bourget, cette nance sans nom, sans visage. Eh biencest cette nance-l, ces paradis scaux-l que nous voulonscombattre et que nous allons maintenant combattre avec uneplus grande dtermination lchelle de l'Union europenne, lchelle du continent europen, lchelle de la plantetout entire, parce que cest lintrt majeur des peuples, etnous qui sommes socialistes, cest ce que nous voulons fairede toute nos forces, plus que jamais. Cest notre mandat, cestnotre responsabilit.

    Alors, chers camarades, ne laissez personne vous salir,ne laissez personne pitiner lhonneur de la gauche.Nautorisez aucun amalgame. Soyez ers de la libert que nousreconnaissons la presse et que nous voulons renforcer parla prservation des sources. Soyez ers de lindpendance quenous accordons la justice et que nous voulons renforcer par larforme constitutionnelle. Soyez ers de ce que nous avons djfait pour sparer les activits de dpt des banques de leursactivits spculatives. Soyez ers de la lutte engage pour lecontrle des activits de nos banques ltranger. Nous venonsde subir un choc trs rude, mais nous rpondrons aux attentesdes Franais, et la Rpublique exemplaire, nous la ferons.

    Mais ce que les Franais attendent, cest dabord que lesresponsables politiques apportent des solutions concrtesaux difcults quils rencontrent. Lemballement mdiatiquene nous dtournera pas de notre tche prioritaire : le

    redressement du pays. Les Franais qui souffrent de la crise auquotidien nont pas le temps dattendre que lorage sapaise.Sans doute vous est-il arriv, comme moi, que lon vousdemande : Mais aviez-vous sufsamment anticip la difcultde la tche avant les victoires du 6 mai et du 17 juin 2012 ? Ehbien, je rponds ce matin : ne laissons pas les jugements htifset les formules choc supplanter la vrit des faits. Il y a desunes des magazines qui font vendre, mais les titres accrocheurspeuvent tre aussi des titres menteurs.

    Jentends dire que le prsident de la Rpublique et legouvernement feraient preuve de faiblesse et ne conduiraientpas les affaires du pays avec sufsamment de fermet. Maisquel est ce pouvoir si faible qui saffronte au pouvoir delargent en imposant, et cest unique dans toute l'Europe,le mme barme dimpts pour les revenus du capital etceux du travail ? Quel est ce pouvoir si faible qui tient tteaux puissants en limitant leurs rmunrations indcentes ?Quel est ce pouvoir si faible qui prend ses responsabilits enenvoyant nos soldats lutter contre le terrorisme au Mali ? Quel

    est ce pouvoir si faible qui rtablit le dialogue social, et qui,avec persvrance, a permis que les organisations syndicaleset patronales se mettent daccord sur un accord majeur sur lascurisation du travail ?

    Ce gouvernement, mes chers camarades, cest legouvernement de la gauche. Et comme chaque fois, rien nenous sera pargn parce que nous bousculons les privilges etles situations acquises, parce que nous bousculons les rentes desituation. Eh bien, nen dplaise certains, la gauche, elle estl, elle est debout, elle est dtermine, et nous continuerons agir, parce que cest pour a que nous sommes l et pour a quenous avons t lus.

    Et nous continuerons prfrer le rtablissement delimpt sur la fortune linstauration dun bouclier scal. Nouscontinuerons crer de nouveaux droits pour les salaris, ceque nous venons de crer, que les dputs viennent de voter,et bientt les snateurs, le droit de tous la complmentairesant, pour garantir laccs aux soins au meilleur cot ; ledroit individuel la formation, pour donner chacun lapossibilit dun parcours de russite professionnelle ; le droit tre associ aux dcisions stratgiques dans les conseils

    d'administration des entreprises ; le droit ne pas perdreson assurance chmage, pour que toute offre dembauche nesoit plus un risque mais une chance, le droit pour les salarisprcaires tre enn respects, en xant une dure minimalepour les temps partiels subis.

    Mais avec la gauche, cest aussi le droit pour ceux quisaiment de se marier et dadopter quel que soit leur sexe. Oui,cest la gauche, celle des droits nouveaux, de plus dgalit.

    Eh bien, je le sais, et vous le savez, aucune rforme ne se faitsans rsistance. La droite rpublicaine, celle de Messieurs Fillonet Cop, avait, croyait-on, tir la leon du PACS ; et pourtant,elle se laisse diriger par une Mme Barjot qui pense quunvote du Snat relve de la dictature, et comme Mme Boutinprofre les pires menaces sur la dmocratie et la Rpublique,la droite, qui na pas su faire son inventaire aprs sa dfaite, etltat de la France quelle nous a laiss, est devenue lotage deses forces les plus ractionnaires, et a, c'est un danger pourla dmocratie.

    Pour la droite, tout est de trop. Le blocage des loyers dans leszones tendues, lacclration de la construction de logementssociaux, la refondation de lcole, avec les rythmes scolaires.Au fond, la droite nous a toujours trouvs illgitimes. Ellenous trouve encore illgitimes. Et elle oublie que cest le 6 maidernier et le 17 juin que le peuple franais sest prononc et

    nous a donn mandat pour redresser le pays.

    Alors je mets en garde les dirigeants de lUMP, quilsnoublient pas, mme sils sont dans l'opposition et quils ontparfaitement le droit de sopposer, quils noublient pas quilsont eux aussi la responsabilit de la cohsion nationale. Cesta, lobligation dun rpublicain.

    Alors, en ce qui me concerne, en ce qui concerne la gauche,les socialistes, nous nacceptons en aucun cas que sinstalle unedrive qui renvoie les uns contre les autres. Nous sommes lesgarants de ce bien prcieux du pacte rpublicain. Mais noussommes aussi le parti du changement, et ce changement, lesFranais lont voulu. Ce changement, mes chers camarades, ilne va pas sarrter, il va se poursuivre.

    Alors jentends, et vous aussi, que ce ne serait pas assez.Mais ce nest jamais assez. Qui dentre vous peut croireque cest assez, quand tant de femmes et dhommes sontaujourdhui privs de travail ? Cest vrai que nous aimerions

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    que les emplois davenir que nous avons vots, les contratsde gnration, le pacte de comptitivit, la banque publiquedinvestissement, laccord sur la scurisation de lemploi, aientdj produit tous leurs effets dans la lutte contre le chmage.Mais je le dis aussi, tout prendre, entre le confort de lacontestation et le risque de laction, je choisis laction.

    Il y a toujours eu une partie de la gauche pour prfrerrver de lidal pour mieux viter de se confronter au rel.Et il y a une gauche, laquelle je crois, la gauche qui prendses responsabilits, la gauche qui agit, du Front populaire Franois Mitterrand, de Lionel Jospin Franois Hollande. Cestcette gauche-l, celle qui accepte lpreuve de la vrit et delexercice du pouvoir, qui a permis de faire avancer les droitset la scurit des plus modestes, de faire avancer les liberts detous ou de rduire les ingalits. Nous sommes cette gauche, etnous sommes la gauche.

    Et nous acceptons dassumer les exigences du pouvoir. Cestparfois difcile, mais, comme je le dis, cest une exigence.Ltat du pays sest profondment dgrad depuis maintenantplus de dix ans, dgrad conomiquement, dgradsocialement, dgrad politiquement, et mme moralement.

    Alors, nous avons t choisis pour faire face. Eh bien nousfaisons face. Cela implique des dcisions courageuses, de direla vrit aux Franais. La rduction des dcits et de la dettepublique en fait partie. Cest la condition du maintien de notre

    souverainet. Nous ne confondons pas la n et les moyens. Lesrieux budgtaire, cest le moyen, mais cest aussi le devoirdune nation surendette. Aucun gouvernement responsable,garant des intrts du peuple, ne peut sy soustraire, sous peinede perdre toute capacit dinitiative et daction autonome.

    Mes chers camarades, je lai dit La Rochelle, en discutant,en dbattant avec les Jeunes socialistes, je ne serai pas lePremier ministre du tournant de laustrit, parce que ce quenous faisons, cest le srieux budgtaire pour retrouver desmarges de manuvre, mais ce nest pas laustrit. Laustrit,cest en Espagne, laustrit, cest au Portugal, laustrit, cesten Irlande. Mais laustrit, cest ce quil faut viter tout prix,et rduire la dette et les dcits, cest dcider par nous-mmes,personne ne nous limpose.

    Moi, je veux que le peuple franais dcide par lui-mme.Je ne veux pas que demain, parce que nous aurions laiss lerles choses, par une sorte de vision simpliste que les chosesallaient sarranger toutes par elles-mmes, que les marchsnanciers qui spculent sur notre dos, nous dictent notreconduite. Je nai pas envie que demain, ce soit la Commissioneuropenne qui nous mette sous contrle. Je veux que la France

    reste autonome, souveraine, indpendante, parce que silen est ainsi, si elle nance de cette manire les priorits desengagements prsidentiels, alors elle sera plus forte aussi pourcontinuer ce que Franois Hollande a commenc ds le 15 mai,

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    cest--dire sa crdibilit, pour poser, imposer la rorientationde l'Europe dans le sens de la croissance.

    Oui, nous sommes, et je lai toujours t, pour une Europede combats. L'Europe, cest un idal. Mais aujourdhui,l'Europe, le projet europen, sont en panne. Au-del de lancessit de sauver leuro, qui est notre monnaie commune,que nous avons voulue, cest l'Europe de la croissance, lEuropedes projets, lEurope de linuence dans le monde quil nousfaut construire ou reconstruire. Cest vrai que les tats-nationssont confronts des difcults quils nont sans doute jamaisconnues. Mais l'Europe doit pouvoir se donner des ressourcespropres, avec lesquelles elle peut sendetter, puisquelle naaucune dette, et sendetter pour investir, et sendetter pourrelancer la croissance.

    Il y a dj un dbut de recettes propres, au-del destransferts de chaque gouvernement au budget europen. Cestce que nous avons pu obtenir. Ce que le vote du peuple franaisen lisant Franois Hollande a permis dobtenir lchelle duncertain nombre de pays europens, cest la recette de la taxesur les transactions nancires, qui devient ainsi une recettepropre de lEurope.

    Que faisons-nous de cela ? Cest la question quil nous fautposer nos partenaires, pas seulement lAllemagne, tousles autres. Il faut leur dire : il nous faut maintenant regarderla ralit en face. Rorienter l'Europe, ce nest pas simplementle pacte de croissance que nous avons adopt tout au dbutde cette lgislature, mais cest aussi les investissements dansles investissements davenir, lnergie et la croissance verte,linnovation technologique et la recherche, mais aussi tout cequi va permettre de connecter nos rseaux dinfrastructures etde continuer faire de l'Europe le continent de la prosprit.

    La premire puissance conomique du monde, cestl'Europe. La premire puissance commerciale du monde,cest l'Europe. Et parfois, nous ne le savons pas assez. Alorsmaintenant, il faut changer. 350 millions de citoyens europensattendent cette Europe-l, et la gauche doit y rpondre.

    Ce nest pas l'Europe qui est en cause. Ce sont ceux qui ladirigent. Ce ne sont pas des institutions que nous condamnons,mais une politique. Et ce sera le dbat des lectionseuropennes de lanne prochaine. Cest ce dbat que nousdevons populariser travers tout le continent. Et cest sur lespeuples, car si les gouvernements conservateurs, qui sont lesplus nombreux, ne veulent pas bouger, cest sur les peuplesque nous devons nous appuyer. Si la droite europenne restesourde, cest lappel que les socialistes doivent lancer avec

    leurs partenaires socialistes sociaux-dmocrates, il y a unealternative, les peuples peuvent en dcider, en construisant unrapport de forces ds maintenant.

    Je sais que nous pouvons compter sur Harlem et la directiondu parti, et les parlementaires, pour que des dlgations soientenvoyes trs rapidement dans les capitales europennes pourrencontrer ceux qui gouvernent, quand ils sont au pouvoir,les socialistes ou sociaux-dmocrates, mais aussi ceux qui sontdans lopposition, pour quensemble nous puissions xer lesenjeux de la priode qui souvre.

    Avant, il y aura eu les lections municipales. ChristopheBorgel en a parl, mais cest essentiel. Cest un grand rendez-vous dmocratique. Jai, comme beaucoup, un attachementparticulier la fonction de maire. Cest un bon mandat, maiscest aussi un mandat qui correspond bien notre conceptionde laction politique, parce quil est fond sur la disponibilit,lattention aux autres, le got de laction concrte, la volontde promouvoir la mixit sociale, mais aussi de mettre en

    mouvement la socit. Combien de nos collectivits locales,et dabord de nos mairies, sont capables de faire travaillerensemble sur des projets, les chefs dentreprises et les salaris,les syndicats et les associations, les citoyens de quartier.

    Cest ce que nous faisons, cest la bonne mthode, etcest pour a que les Franais nous apprcient. Cest dans lesexcutifs locaux, au premier rang desquels les communes,que la gauche, pas seulement les socialistes, a depuis denombreuses annes fait la dmonstration quelle seule savaitconcilier dveloppement conomique, justice sociale, qualitenvironnementale, prservation et dveloppement des servicespublics, solidarit et responsabilit budgtaire.

    Mais cest aussi dans les mairies que la gauche, et mme sielle nest pas totalement rassemble l'Assemble nationaleou au Snat, cest l quelle se rassemble, quelle tire de sesdiffrences et de ses complmentarits le meilleur pour lescitoyens. C'est de nature donner conance ceux qui doutent.

    Le rendez-vous des municipales n'est pas uniquement unrendez-vous local, cest un rendez-vous politique, cest unrendez-vous dmocratique, cest un rendez-vous pour toutela gauche et les cologistes, qui sont aujourdhui face leurs

    responsabilits, et au premier rang desquels le Parti socialiste.

    Chers camarades, la droite, il a t donn dix ans. Et vousvoyez ltat du pays. Je demande que notre action ne soit pasjuge au bout de dix mois. Je suis la tte dun gouvernementdont je suis er. Je suis le chef dune majorit dont je suis er.Je suis socialiste, et je suis er de ce quentreprend la gauche.La priode exige du courage. La priode exige que nous sortionsdes vieilles certitudes ou des vieilles habitudes. La priodeexige que nous inventions et que nous fassions preuve daudacepour nous donner les moyens de maintenir, non seulementle niveau de vie, mais aussi une certaine vision du monde,certaines valeurs, certaines ambitions qui portent la Francebien au-del delle-mme.

    Chacun a sa responsabilit. Jappelle chacune et chacundentre vous contribuer ldication dun nouveaumodle franais, qui nest pas labandon de lancien mais sonadaptation, son enrichissement aux enjeux du prsent. Nousfaisons face, plus qu une crise, une transformation dumonde, et nous devons tre la hauteur pour y rpondre.

    Chers camarades, ayons un monde davance, construisonsla gauche en Europe, car l'Europe a besoin de la gauche, et detoute la gauche. Dune gauche durable, dune gauche qui sauvela France avec ardeur et enthousiasme.

    Alors, chers camarades, recherchons lunit de toutes celleset tous ceux qui partagent avec nous une certaine ide dela Rpublique.

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    Chers amis, cherscamarades, merci toutes et tous. Dabord, dtre venus ceConseil national, qui, mme siltait prvu de longue date, a trendu encore plus indispensablepar les vnements rcents.Nos conseils nationaux,dans lhistoire du parti,sont dailleurs rarement desmoments de purs dbatsthoriques, dexercicesintellectuels ou doctrinaux sanslien avec lactualit. Nos conseilsnationaux interviennent dansleffervescence des victoires, oudans ladversit, rarement partemps calme.

    Nous ne drogeons pas cette rgle, et nous ne sommes plusau lendemain dune victoire, mais dans le temps de lexercice dupouvoir. Nous avons reu il y a quelques instants la visite imprvuedune dlgation de salaris de PSA Aulnay. Jai tenu leurdonner la parole, comme nous lavions fait pour des dlgations

    de salaris, de Sano en particulier, et dautres entreprises, aumoment de notre congrs Toulouse. Pas seulement en raison demon attachement pour cette ville dAulnay, dans laquelle jai vcuet t lu local, mais aussi parce que nous devons, et cest le rledu Parti socialiste, rester en permanence en lien et lcoute desmouvements de la socit.

    Et surtout, jai tenu dire ces salaris que jai reus ensuiteen dlgation, avec le dput de la circonscription, avec GuillaumeBachelay, avec Jean-Marc Germain, nos secrtaires nationaux, jaitenu leur dire que nous nous battions leurs cts, comme le faitle gouvernement, pour lemploi industriel, et en particulier pourque sur ce site de lentreprise PSA, il ny ait aucun salari qui ne seretrouve demain sans solution, et qui se retrouve Ple emploi.

    Et je me ferai donc lcho de leur volont, cest celle quilsont exprime, de retrouver le chemin de la ngociation avec ladirection de cette entreprise, et vous savez que le gouvernement adores et dj mis tout son poids pour obtenir les conditions de larindustrialisation de ce site et des conditions qui puissent tre lesmeilleures pour chacun des salaris de lentreprise PSA.

    Jai parl dadversit, chers camarades, mais le mot qui mesemble le mieux convenir, celui que jai ressenti lorsque le scandaleprovoqu par Jrme Cahuzac a clat, a t lcoeurement. Jenai pas ressenti que de la colre et de la stupeur, jai aussi ressentiun profond coeurement et une trs grande amertume, le got

    amer de la trahison. Et je sais que cest ce quont ressenti aussi lesmilitants de notre parti.

    Cest pourquoi jai demand notre Bureau national unedcision claire et rapide : lexclusion de Jrme Cahuzac. Je ne veuxplus y revenir. Il nest plus membre de notre parti. Et pour moi, il nefait plus partie de la vie politique. Jai surtout voulu crire tous lesmembres du parti, ds les premires heures de cette affaire, et jaivoulu tre aux cts des militants de la fdration de Haute-Vienne, linvitation de son premier fdral, Laurent Lafaye, pour accueillirde nouveaux adhrents aux cts de nos camarades. Notre premierdevoir dans ce moment, cest en effet dtre aux cts des militants,comme au plus prs des Franais, et cest le rle de chaqueresponsable du Parti socialiste.

    Limoges, aux camarades anciens et nouveaux, jai vouludire que cest dans ces priodes difciles que le parti, comme legouvernement et le prsident, a le plus besoin des femmes et deshommes qui font la gauche, qui sont la gauche. Je suis un militantde gauche depuis plus de trente ans. Nous avons connu des priodes

    de faste, et des priodes difciles, des priodes de combats rudes.Et cest avec lexprience qui est la mienne que jai voulu leur direque lcoeurement ne doit jamais prendre le pas sur lengagement.Notre plus grande richesse, cest notre engagement. Et dans cemoment, cest ce que les militants attendent. Et notre plus grandeforce, ce sera notre unit.

    Sur ce point, je veux vous parler avec la plus grande franchise,sans les sempiternelles incantations, mais sans dtours non plus.Lunit nest pas le contraire du dbat. Seul le dbat peut nourrir,enrichir, embellir lunit des socialistes. Et jassume que nousayons, dans le parti, le dbat le plus large, le plus ouvert, le pluslibre. Parce que depuis plus de cent ans, le Parti socialiste puiseson nergie dans la diversit de sa pense, dans la diversit de nosthses, de nos ides, de nos motions, de nos textes, et jen suis er.Questionner la socit, questionner une orientation, ne jamaisaccepter la fatalit dune politique ou du monde tel quil est, cestaussi cela, tre socialiste.

    Et donc, aucun dbat nest tabou. Les nuances, les changesidologiques, les divergences parfois, ce nest pas seulement que jeles entends. Je souhaite quelles sexpriment. Parce que je crois quele sarkozisme est mort de son caporalisme, et que rien ne serait pire

    quun parti qui ne rchit pas.

    Je ne veux pas que nous ressemblions cette droite des clans,des barons, la droite qui ne pense rien, ou alors qui pense detravers, qui ne comprend plus la France justement parce quelle nesait pas accepter la ralit et la diversit des dbats qui traversent lasocit. Je veux un parti o bouillonnent tous les dbats.

    Et face une crise dune telle gravit, je comprends que chacunessaie de proposer ses solutions, pour lemploi, pour la croissance,pour la rorientation de l'Europe. Jentends et je salue la sincritet le travail des camarades, qui alimentent ce dbat, y compris ceuxqui ont fait le choix, ce stade, dtre dans la minorit du parti.Cest la tradition de la gauche. Les socialistes aiment le dbat. Maisnous devons refuser la division que crent les comportementsgostes. Et je veux le dire l aussi clairement, au nom, je le sais,de tous les militants de notre parti : le parti est le lieu du dbat.Alors oui au dbat dans le parti, mais non la cacophonie et au baldes egos devant les Franais. Les couacs, a suft. Le concours despetites phrases, lexhibition des tats dme, les snipers qui tirentsystmatiquement contre leur camp, le mpris du travail collectif,cela, a suft. Les Franais nous regardent. Lgosme na pas saplace au Parti socialiste dans ce moment.

    Dans ladversit, il faut tre dans lengagement collectif. Alorsjappelle tous les socialistes, mais aussi les partis de la majoritgouvernementale, faire bloc face loffensive de la droite et

    de lextrme droite. Jappelle mme lensemble des partis de lamajorit prsidentielle. Face au bloc des droites, nous avons besoindun bloc des gauches, et je refuse que notre parti contribue lopposition de deux gauches, lune pariant sur la dfaite de lautre.

    Et je le dis aussi avec amiti mais avec fermet : lunit de lagauche, ce nest pas seulement pour les investitures. Cest aussidans les coups durs quil faut tre solidaires. Traiter un ministresocialiste de salopard , a ne cre pas un emploi, a ne fait pasbaisser la dette, a ne construit pas un logement ni une cole. Celafait juste plaisir la droite, et surtout lextrme droite, et cestdailleurs elle qui en tire prot.

    Et il ne faut pas sous-estimer la gravit du moment que noustraversons. Cette affaire Cahuzac ne doit pas jeter lopprobre surlensemble des lus, qui sont proches des Franais, qui se dvouentpour les Franais. Nous ne croyons pas, nous, socialistes, auxfautes collectives. Mais laffaire Cahuzac a cristallis une crise deconance, une crise dmocratique profonde et ancienne, dont nousdevons toujours avoir conscience.

    Harlem Dsir

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    Cest parce que nous avions conscience de la ncessit de retissercette conance politique que nous avons voulu innover, changerles pratiques politiques, renforcer la dmocratie, en particulier ennous ouvrant, avec les primaires citoyennes. Oui, la rnovation dela Rpublique est au cur de notre identit de socialistes. Et cestaujourdhui avec le redressement conomique, la bataille pourlemploi, la justice sociale, une rponse essentielle la crise deconance que traverse le pays. Il ne faut pas opposer lun lautre.Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a fait de lexemplarit samarque, depuis la baisse du salaire des ministres jusqu la dcisionde la publication de leur patrimoine.

    Cette exemplarit est la meilleure rponse au populisme,qui prospre sur le soupon et sur la dance contre les lus. Leprsident a annonc des mesures radicales, parce quelles seulespourront redonner conance aux citoyens. Cest pourquoi il fautaller au bout de ces rformes de la transparence, des rformes decontrle, de moralisation de la vie politique. Il faut un sursautdmocratique, et il faut remettre plat tout ce qui doit ltre. Etresocialiste, cest avant tout avoir des devoirs envers la Rpublique etenvers les Franais.

    Alors pardon de le dire aussi directement : aujourdhui

    comme hier, droite comme gauche, ceux qui croient que toutpourra continuer comme avant se trompent. Ceux qui croientque la rnovation politique peut attendre se trompent. Ceuxqui sous-estiment la soif de dmocratie, de changement dansle fonctionnement de la vie politique, la soif de Rpublique, departicipation politique des Franais, se trompent.

    Je naccepte pas les conservatismes qui loignent les Franaisde la vie publique. Les journalistes ironisent parfois sur notreattachement au non-cumul des mandats. Mais bien sr que nousy sommes attachs ! Alors oui, l encore, il est de mon devoir de ledire au nom des militants socialistes, et je le rpterai autant quencessaire, parce que cest une conviction personnelle et profonde: notre pays a besoin de ce changement, il a besoin du non-cumuldes mandats ; et le non-cumul des mandats, nous laurons grce Franois Hollande qui a dcid den faire une loi et de dpoussirercette Rpublique. Elle sera irrversible, et il nous revient, commenous lavons fait quand nous nous sommes battus pour la parit,et ce combat continue, sans attendre que ce soit dans la loi, parexemplarit, de commencer par nous lappliquer nous-mmes.

    Franois Hollande a cr les conditions dun consensus pourune Rpublique exemplaire, une Rpublique nouvelle, car jesuis sr que les mesures quil a annonces dans ce domaine sontcelles que souhaitent les Franais. Mais quelle rponse a donne ladroite ? Le bruit des calomnies pour couvrir leur silence devant cespropositions fortes. Car on voit que la droite prfre, cet esprit de

    rassemblement, lesprit de polmique. M. Cop, mais peut-tre quily a des raisons personnelles, prend une trs grave responsabilitlorsquil engage sa formation politique dans la dfense de lintrtparticulier plutt que dans celle de lintrt gnral.

    Mais la droite a perdu aujourdhui la boussole de lintrtrpublicain, et elle la perdue depuis quelque temps dj. Il estparticulirement inacceptable de voir lUMP et le Front national serunir depuis plusieurs mois derrire le mme langage, les mmesmthodes qui alimentent lanti-rpublicanisme, en particulier propos de cette grande loi dgalit et de justice que sera la loi pourle droit au mariage pour tous. Oui, le plus inquitant, cest ce blocdes droites UMP-FN qui grandit sous nos yeux, unis par les mmespropositions de lois, les mmes banderoles, au fond la mme visionractionnaire de la socit.

    La drive de la droite vers lextrme droite est grave pour laRpublique. Elle gangrne ses fondements. Nous assistons cesdernires semaines une radicalisation dangereuse de la droite.Les responsables de lUMP nont pas le droit de se taire quand

    le Snat est pris dassaut, quand des organisations extrmistessen prennent aux forces de lordre, quand elles organisent desoprations commando pour entraver le dplacement des ministres,quand des lus de la Rpublique se font agresser leur domicile,cela a t encore le cas ce matin pour le prsident du groupe desVerts l'Assemble nationale, quand deux jeunes homosexuels sontbattus sauvagement, quand des prires de rue sont organises danslespace public devant l'Assemble nationale ou le Snat. LUMP,par son silence, par sa complicit, se rend co-responsable de cesviolences, et nous ne pouvons pas laccepter.

    Et dans le mme temps, lUMP se radicalise aussi dans sa visionconomique et sociale. Ils ont nalement des propositions. Il nefaut pas les calomnier. Les 39 heures payes 35, la super RGPP,130 milliards de coupes budgtaires, une hausse de plus de troispoints de la TVA et elle sentte dfendre cette politique ultralibrale, une politique ultra austritaire, qui na fait quaggraver lacrise et porter un projet de rgression sociale gnralise partout oelle a t applique en Europe.

    Alors, il faut assumer la confrontation avec cette droite, enFrance comme en Europe. Avec le prsident de la Rpublique, nous,socialistes, avons choisi de mener trois combats pour la France : le

    combat contre les paradis scaux et la nance folle, le combat pourlemploi et la justice sociale, et le combat pour la rorientation del'Europe. Oui, nous voulons radiquer les paradis scaux, quandla droite veut laisser les plus riches sorganiser pour chapper limpt citoyen. La droite vient mme de proposer lAssemblenationale lamnistie des exils scaux. La gauche agit, elle, pourlconomie relle et contre la nance folle, avec en particulier laloi de sparation et de rgulation bancaire, avec lUnion bancaireeuropenne, avec la taxe sur les transactions nancires, avec lecontrle des liales par pays.

    Le prsident de la Rpublique est aussi le plus mobilisdans la bataille pour lemploi avec le pacte de comptitivit, lecrdit dimpt, la scurisation de lemploi, les emplois davenir,les contrats de gnration. Nous sommes le parti du soutien linvestissement : investissement dans les PME, investissement dansle logement, dans les lires davenir, mais aussi investissementdans lcole quand nous faisons de lcole et de la refondation delcole la priorit de la Rpublique.

    Et en temps de crise, il ne faut pas moins de justice. Il fautplus de justice. Franois Hollande mne de front la relance delconomie, et un effort historique dassainissement des nancespubliques, car cet effort sera garant de notre souverainet. Il a aussichoisi de ne pas sacrier notre modle social.

    Alors, ceux qui nous accusent de faire laustrit, dites-leur

    que nous sommes le parti qui gouverne pour redistribuer, rpondezaugmentation de lallocation de rentre scolaire, rpondez retraite 60 ans pour les carrires longues et revalorisation des retraites,rpondez plafonnement des allocations familiales pour les plusriches, mais maintien de luniversalit, rpondez justice scale avecle rtablissement de lISF, les revenus du capital qui sont dsormaistaxs au mme niveau que ceux du travail, rpondez taxation 75 % sur les salaires suprieurs 1 million deuros.

    Tout cela, le parti le souhaitait et le gouvernement la dcidet le fait. Mon sentiment, chers camarades, cest que nous avonsfait beaucoup, mais que nous navons pas assez fait savoir. Noussommes le parti des 40 000 postes nouveaux pour l'Educationnationale cette anne, et de la refondation de lcole pour lavenirde nos enfants. Nous sommes le parti dune loi bancaire historique,le parti de la parit, le parti du dialogue social, le parti du mariagepour tous, le parti de la rindustrialisation.

    Alors non seulement nous assumons la politique qui est mene,mais nous la soutenons avec ert, parce que non, ce nest pas une

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    politique daustrit, cest une politique de redressement du pays,mais cest fondamentalement une politique de justice sociale, unepolitique pour remettre la France sur la voie de la croissance, de lacration de richesses, de la cration demplois, de la solidarit, de lajustice pour tous ceux qui souffrent de la crise.

    Notre politique pour la France montre la voie de ce que nousvoulons pour lEurope. Moins de dettes, plus dducation, plusdemplois, plus de solidarit. Et cest parce quil a choisi cettepolitique de srieux budgtaire et de relance de lconomie, enFrance, que notre voix peut porter en Europe. Sur l'Europe, notreConvention nationale est lance aujourdhui. Le dbat va souvrirdans quelques instants. Et je forme le vu que nos travauxaboutissent au meilleur des rsultats en juin. Cest--dire unmessage fort vis--vis de l'Europe dans la bataille que nous menonsface aux conservateurs, mais aussi un message fort pour toute lagauche europenne, pour toute la social-dmocratie europenne.Et je remercie Jean-Christophe, Catherine, Jean-Louis, Estelle, qui enparleront cet aprs-midi, de mener pour nous ces travaux.

    Mais je dois vous dire, chers camarades, quaprs avoir rencontrnos camarades allemands, italiens, espagnols, portugais, qui nousont invits ou qui sont passs ces dernires semaines Paris, je

    dois vous dire que je veux que notre parti soit la pointe de cetteconfrontation avec les conservateurs europens, et en particulieravec les conservateurs de Mme Merkel, parce que cest l que se jouelavenir de l'Europe.

    Notre parti doit tre la force de Franois Hollande dans le brasde fer quil a engag avec ces conservateurs, contre les politiquesdaustrit. Nous refusons quils engloutissent l'Europe dans letrou noir des gosmes nationaux, et nous soutenons le prsidentde la croissance face la chancelire de laustrit, parce que cestlintrt gnral europen que de sortir de ces politiques daustrit.Le temps dune autre Europe est venu, une autre voie est possible enEurope, la voie du progrs, qui a t ouverte par Franois Hollande.Et il va falloir que les conservateurs le comprennent, parce que cestla voie que veulent emprunter les peuples europens.

    Il y a en Europe un front des progressistes qui partagent lavision europenne de Franois Hollande. Et il ne faut pas quil y aitune confrontation gographique de l'Europe du sud contre l'Europedu nord. Il faut une confrontation politique entre les progressistesqui veulent plus dEurope, et les conservateurs qui veulent, enralit, moins dEurope. Et dans cette bataille, nous sommesvidemment avec nos camarades sociaux-dmocrates allemandsque nous avons reus, et avec lesquels nous allons travailler cette offensive.Jassume un positionnement clair pour les socialistes franais,je lavais dit au moment de notre congrs. Je veux que le Parti

    socialiste soit le parti le plus europen de France, et le plusprogressiste des partis de la gauche europenne, celui qui doit tre la pointe du combat pour un nouveau pacte social europen. Jeveux que nous soyons le parti de la renaissance de l'Europe. Cestle message que nous porterons lors des lections europennes.Oui l'Europe, non laustrit. Oui l'Europe de lemploi, de lacroissance, des projets. Oui l'Europe politique, non aux politiquesde rcession, non au dumping social et scal, qui sont le contrairemme du projet politique europen.

    Mes chers camarades, avant cela, une grande bataille nousattend : les lections municipales. Ensemble, militants, lus, nousavons prparer ces lections, avec toute lnergie ncessaire. Ladroite va essayer dy trouver une revanche. Nous pouvons lenempcher. Il faut au contraire que nous soyons capables de montrer, partir de laction, qui est celle de nos quipes municipales, denos lus, de cette action de dmocratie locale, de dveloppementdurable, de solidarit, de service public, qui leur vaut la conance,ladhsion de nos citoyens, en partageant ces expriences,ces propositions, pour enrichir toutes nos campagnes locales,

    pour nourrir nos quipes de campagne, il faut que nous soyonscapables de crer des dynamiques qui permettront la conqutede nouvelles villes. Et les primaires, l o elles ont t dcides, ycontribueront fortement.Nous sommes la gauche qui dbat, nous sommes la gauche qui agit,nous devons plus que jamais tre la gauche de proximit avec lesFranais. Je lai dj dit, pour faire russir la gauche, le problmenest pas notre distance avec le gouvernement, cest notre proximitavec les Franais.Face aux difcults, je veux une gauche de soutien et de terrain,une gauche de soutien au prsident de la Rpublique et unegauche de terrain auprs des Franais. Je vous demande donc tous, comme vous le faites dj, daller sur le terrain, au contact desFranais, justement dans ce moment o ils ont besoin quil y ait undialogue avec eux. Je veux une gauche qui puisse tout entendre ettout affronter, et surtout tout expliquer, et montrer la cohrence, lecap de laction qui est mene.

    C'est le sens des millions de tracts que nous ditons, des forums,des conventions que nous tenons. Cest le sens des ateliers duchangement, qui ont vocation essaimer partout en France, et cestvous qui en serez le moteur. Il faut aller la rencontre des Franais,pour valuer, pour prparer la politique que nous voulons mener,

    laune de leur vcu, de leur exprience. Il faut dire aux Franais :nous assumons ce que nous faisons. Nous navons pas peur denrpondre devant vous, den discuter, pour amliorer laction dugouvernement. Et cest aussi le sens des primaires locales, quinous donneront un temps davance dmocratique pour aller laconqute de nouvelles villes.

    Notre socialisme, cest une socialisme dinnovation :innovation conomique, sociale, cologique, mais aussi innovationdmocratique. Nous avons le devoir de proposer aux Franais deprendre toute cette part au changement, et de leur montrer aussiquil a commenc. Ce changement, il prendra du temps. Mais nousdevons tenir, parce que nous savons que nous menons, non pas laseule politique possible, mais la meilleure, celle que nous croyons laplus juste pour la France et pour les Franais.

    Franois Hollande a choisi le chemin de la vrit, du courage, duredressement nancier, du redressement industriel, de la bataillepour lemploi, pour la justice sociale. Notre devoir, cest aujourdhuidtre pleinement mobiliss ses cts. Et nous tiendrons, parceque nous avons la conviction cheville au corps que la France, sondestin, comme le prsident de la Rpublique la dit lui-mme,ce nest pas le dclin, que la France a la force de sortir de cettecrise, quelle a les atouts pour en ressortir plus forte. Et si nousaccomplissons notre devoir, demain, elle sera plus juste, plus forteen France, en Europe, dans le monde, et elle psera.

    Jaurs, quil faut relire, en ces temps o lextrme droitefrappe la porte de la Rpublique, disait : Il y a trois choses quidgradent le courage dun peuple : le mensonge, la paresse et ledfaut didal . Des jours que nous venons de vivre, voici donc laleon que nous devons retenir : nous devons aux Franais la vrit,laudace, lengagement.

    Je sais, chers camarades, que cest la volont de tous lessocialistes. Alors au travail pour redonner ce pays espoir en lui-mme et en son avenir, avec Franois Hollande et avec la gauche quiagit pour la France.

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    Cher Jean-Marc, cherHarlem, chers camarades,le Conseil national quisouvre ce matin est toutsauf anodin. Cest dabordle premier Conseil nationaldepuis le Congrs de Toulousedoctobre dernier, il y adj six mois. Ce Conseilnational est trs attendu. Ilest observ, ici en France,bien sr, mais aussi ailleursen Europe. Il intervient dansun contexte particulirementdifcile, celui dune crisesans prcdent, la foisconomique, sociale et

    nancire. La droite nous a laiss un pays exsangue, aprsdix ans au pouvoir. Au cours de cette priode, notre conomiea compltement dcroch, la dette a explos et les ingalits sesont multiplies. Cest justement parce que la situation tait sidifcile que les Franais ont choisi Franois Hollande et lont lu la prsidence de la Rpublique. Nous ne devons pas loublier.

    Ce Conseil national intervient aussi dans un contexte degrande tension. Laffaire Cahuzac, bien sr, est un choc violentpour tous les Franais. Son mensonge est une faute, pnale biensr, mais aussi politique et morale. Elle contribue alourdirune atmosphre dj bien pesante. La droite franaise, ttanisepar la monte du Front national quelle a encourage par sesdiscours et ses politiques, sest lance dans une fuite en avant. Enpanne de leadership et de vision, elle se complat sur le terraindu populisme et des extrmes, cherchant mme affaiblir nosinstitutions, comme on a encore pu malheureusement le vrierhier soir (vendredi 12 avril ndlr) dans les rues de Paris.

    Le Parti de gauche mne lui aussi une offensive trs dure,avec une autre forme de populisme, mlange du Tous pourris et dun demain, on rase gratis .

    Ce Conseil national intervient enn quelques semaines avantdimportantes chances europennes. Le Conseil des ministresdu 24 avril adoptera la stratgie de redressement de nos comptespublics, qui sera ensuite prsente la Commission europenne.Le prochain Conseil europen, le 22 mai, sera pour sa part, etgrce laction du gouvernement, trs largement consacr la lutte contre lvasion scale. Les dbats que nous auronsaujourdhui ne seront bien videmment pas sans inuence surces chances.

    Face ces difcults, et dans ce contexte tendu, nous avonstous conscience que notre droit lerreur a bien t puis. Noussommes un tournant du quinquennat. Nous navons plus droit de nouveaux couacs, nous navons plus droit de nouvelleserreurs dapprciation, nous devons au contraire proter de ceConseil national pour passer des messages forts aux Franais.

    Le premier de ces messages, cest ncessairement celuide la transparence et de lexemplarit. Nous sommes bienvidemment trs attendus sur ce terrain. Nous avons dj faitbeaucoup en matire dthique, de respect de lindpendance dela justice et de moralisation de la vie publique, sous limpulsiondu prsident de la Rpublique et du Premier ministre. Maisnous devons aller plus loin encore pour redonner du crdit laparole publique.

    Sur ce terrain, comme sur beaucoup dautres, ne nouslaissons pas donner de leons par la droite. Les conitsdintrts, cest bien elle, que ce soit avec Eric Woerth, qui tait la fois ministre du Budget et trsorier de lUMP, ou avec

    Jean-Franois Cop, qui confond trop souvent Parlement etaffaires. Nous devons, pour notre part, agir sans faiblir, etmoraliser la vie publique. Moraliser la vie publique, cest aussisattaquer sans relche la moralisation de la nance, avec biensr la lutte contre la fraude scale et les paradis scaux.

    Nous devons aussi envoyer aux Franais un message fortdunit. Le parti doit bien sr tre un lieu de dbats, cestnotre histoire, cest notre culture, et nous y consacrerons toutecette journe, que ce soit ce matin avec le dbat dorientationsgnrales, ou cet aprs-midi avec le dbat sur la conventionsur l'Europe.

    Oui au dbat, bien sr, mais dans le respect de la ncessairecohrence de notre action. Face aux attaques de la droite etde lextrme gauche, nous devons tous ensemble dfendre lapolitique mene par le prsident de la Rpublique et le Premierministre. Nous devons tre ers des rformes engages. Nousmenons des politiques de gauche, progressistes et rformatrices.Nous devons tre ers de notre combat pour lgalit des droits,avec bien sr le mariage pour tous, mais aussi le rtablissementdune loi contre le harclement sexuel, ou encore lannulationde la circulaire Guant. Nous devons tre ers des mesures

    prises pour lutter contre le au du chmage avec les emploisdavenir et les contrats de gnration. Nous devons tre ers duredressement productif lanc avec le plan de comptitivit etla BPI.

    Nous devons tre ers des mesures de justice sociale etscale, avec lencadrement des loyers, la construction de150 000 logements sociaux, la taxation du capital, et une plusforte progressivit de limpt sur le revenu. Nous devons treers des mesures prises pour la jeunesse, avec la cration de60 000 postes denseignants, la rforme des rythmes scolaires,ou encore le plan de lutte contre le dcrochage scolaire.

    Nous devons enn tre ers du redressement entreprisdes comptes publics, parce quil nous permet de restaurernotre souverainet, de nous librer du poids de la nanceinternationale et de prparer au mieux lavenir. Cela va aussinous donner la crdibilit ncessaire pour rorienter l'Europe endemandant Mme Merkel de renoncer aux politiques daustritquelle conduit avec toutes les droites europennes.

    Ces premiers rsultats, nous devons les dfendre, nousdevons les expliquer, nous devons les porter devant tous lesFranais. Expliquer nos politiques plutt que de les critiquernous-mmes, rappeler les progrs obtenus plutt que desystmatiquement souligner ce qui aurait pu tre fait. Nefaisons pas croire quune autre politique est possible, alors

    mme que la seule alternative au redressement conduit par lePremier ministre et le gouvernement, cest la mise bas de notremodle social.

    Mais dfendre notre bilan, cest aussi donner de lespoiret offrir des perspectives. Ne nous trompons pas dhorizon.Ce nest pas en dix mois que nous effacerons dix ans de casseconomique et sociale par la droite. Nous devons inscrire notreaction dans la dure, tout en rpondant lurgence sociale dansnotre pays.

    Le redressement des comptes publics et la rduction de ladette ne peuvent pas tre une n en soi. Cest un moyen pourmoderniser notre conomie et rduire les ingalits. Aprsce pralable ncessaire, nous passerons une deuxime etindispensable tape de la rforme et du changement, cellenotamment dune grande rforme scale pour plus de justiceet dgalit pour tous les citoyens. Le parti a dans ce cadre unrle essentiel pour le redressement de notre pays et pour larduction du chmage. Nous devons bien sr tre lcoute des

    Alain Fontanel

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    Chers camarades, cherJean-Marc, cher Harlem,quelques mots en introductionde ce Conseil national. Lasituation nationale quenous connaissons, et qui estvidemment un lment quiva compter dans les lectionsmunicipales venir, nestni rvle, ni cre par larcente affaire que nousvenons de connatre, pasplus que la situation de criseconomique et la ncessit duredressement. Tout cela taitconnu non seulement avantce quil est convenu dappeler

    laffaire Cahuzac, mais tout cela tait connu quand nous avonsremport les lections prsidentielles et les lections lgislatives.

    Cette affaire ne change pas non plus, ne nous y tromponspas, les priorits de nos concitoyens. Il y a bien sr une demandede transparence, dexemplarit de la Rpublique, et ctaitdans nos engagements pour les lections prsidentielles etlgislatives. Mais les priorits de nos concitoyens, on lentendchaque jour dans nos circonscriptions, restent lemploi, lepouvoir d'achat, le retour de la croissance.

    Jai la conviction, mme si je sais quun certain nombre decommentateurs tracent une ligne droite entre une situationnationale et une lection municipale, jai la convictionque dlection municipale en lection municipale, ladcentralisation sinstallant un peu plus dans notre pays, leslections municipales vont dabord tre des lections locales.En 2001, lection qui, malgr les victoires Dijon, Paris et Lyon,a t juge comme plutt une lection favorable la droite, lagauche emporte prs de 50 villes de plus de 10 000 habitants,dont certaines votant largement droite dans tous les scrutinsnationaux. En 2008, linverse, lection que la gauche emportelargement, il y a plus de 35 villes de 10 000 habitants qui

    basculent droite, et l encore, avec des villes o la gauche estlargement majoritaire dans les scrutins nationaux.

    Il y a eu, il y a un peu plus dun mois, en direction desfdrations, diffusion de la circulaire nationale de prparationdes municipales et de nos investitures. Nous avons install, sousla houlette dAlain Fontanel et de moi-mme, une Commissionnationale de prparation des municipales qui se runitmaintenant tous les quinze jours, le mercredi matin. Nallonspas cette bataille municipale la peur au ventre , avec lideque nous devons nous replier sur le pr carr de nos russiteslocales, et que sous la pression dune situation nationaledlicate, face aux difcults de la crise, nous serions face unevague bleue qui monte, qui monte, qui monte. M. Cop, quilannonait juste aprs cette espce de victoire vole la tte delUMP, se fait beaucoup plus prudent depuis quelques semaines.Ce nest pas simplement la difcult trouver des candidats,cest la division de la droite quil constate, et vous le savez bien,dans nos territoires, dans de trop nombreuses villes, et cest biensr la pression du Front national, mais cest aussi, et a sera

    notre point dappui, la ralit de laction de nos maires dansles municipalits.

    Nous abordons ces lections municipales en tte dansles villes de plus de 10 000 habitants, prs de 55,57 % de cesvilles sont diriges par un maire de gauche, lessentiel de cesmaires de gauche sont des maires socialistes. Nous abordonsces municipales avec la volont de garder ce rapport de forces.a va supposer du travail, pas simplement du point de vue desprogrammes, bien entendu, pas simplement du point de vuedu rassemblement de la gauche. Ce rassemblement doit trenotre leitmotiv dans la prparation de cette campagne, ce quine veut pas dire ne pas se faire respecter. Je pense notamment ceux qui dores et dj ont annonc quils iraient des listesautonomes dans lensemble des grandes villes. Ils ne peuvent pasavoir lautonomie dans toutes les villes o a les intresse, et lerassemblement dans toutes celles o a les arrange.

    La cohrence dune orientation sur le rassemblementdoit prvaloir dans lensemble du pays. Et je veux le dire

    Christophe Borgel

    Franais. Nous devons tre sur le terrain pour expliquer sansrelche les rformes menes. Nous devons soutenir avec force leprsident de la Rpublique et le gouvernement face la droite.

    Nous devons porter les combats daujourdhui et prparerceux de demain, mais notre parti, dans ce cadre, se doit lui aussidtre exemplaire. Nous devons poursuivre la rnovation denos propres pratiques. Notre parti sest engag avec force danscette voie aprs le dsastreux Congrs de Reims. Il est devenule parti des primaires citoyennes, il a rnov en profondeur sesfdrations, en nhsitant pas mettre sous tutelle celle dont lapratique posait des problmes.

    Nous devons continuer sur ce chemin en exprimentant desprimaires citoyennes pour la dsignation des ttes de listes auxmunicipales, des primaires de conqute pour crer une vritabledynamique politique, pour mobiliser, afrmer un leadershipdans la perspective du combat des municipales.

    Ces primaires, bien sr, devront tre exemplaires dansleur organisation. Je vous propose dadopter ce principe deprimaires citoyennes pour la dsignation des ttes de listesaux municipales, Marseille, Aix-en-Provence et au Havre. Je

    vous propose aussi de donner mandat au Bureau national pourcomplter cette liste dans les prochaines semaines, en lien avecnos fdrations et les candidats.

    Nous devons faire de ces primaires un vritable moment derencontres citoyennes, bien loin du vote par Internet de lUMP,qui devrait, nen doutons pas, plus mobiliser les membres de lafameuse Conar plutt que les Franais eux-mmes. La rnovationde nos pratiques implique aussi de complter nos instances, avecla mise en place dune haute autorit indpendante chargede faire respecter nos valeurs et notre charte thique. Elle seraconstitue de neuf personnalits irrprochables, politiques maisaussi magistrats ou autres personnalits indpendantes de lasocit civile. Chambre dappel des instances existantes, ellepourra, conformment nos statuts, tre directement saisie parle Bureau national ou le Premier secrtaire, en cas datteintegrave aux intrts du parti.

    Je vous propose donc de donner mandant au Bureaunational pour dsigner dans les prochaines semaines les neufmembres de cette haute autorit. Ces deux dcisions, relatives lorganisation de primaires dune part, et la mise en placedune haute autorit dautre part, seront soumises au vote denotre Conseil national en n de matine, lissue du dbatdorientations gnrales.

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    tranquillement nos partenaires : le rassemblement avec leParti socialiste, il ne peut pas tre gomtrie variable enfonction du seul intrt de nos partenaires. Il doit tre unedynamique commune, dans laquelle il peut y avoir des endroitso nous allons, o nous acceptons, parce que cest lintrtlectoral, parce que cest la ralit politique locale, que des listesdiffrentes de la gauche soient prsentes au premier tour en vuedun rassemblement au second tour.

    La vision du Parti socialiste du rassemblement, ce nest pasune vision hgmonique, ce nest pas lappel au caporalismedans les rangs, mais cest le refus dune mise en accusationpermanente. Jentendais un leader, et il parat quil ne faudraitpas sen inquiter, nous dire que les affaires commenaient auParti socialiste pour nir au Front national ? a fait juste unetrentaine dannes, un peu plus, que je fais de la politique, je nelavais jamais entendu dans la bouche dun dirigeant de gauche.

    Et il faudra, dans ce rassemblement, que tout le mondecomprenne que sil peut connatre des ralits diffrentes, ildoit avoir une dynamique commune. Et puis, dans ces lectionsmunicipales, nous devrons porter ce que sont lensemble deslments de rnovation du Parti socialiste tels que nous les

    portons depuis de longues annes : le renouvellement, la paritbien sr non pas du point de vue de conseils municipaux oudes excutifs, cest la loi qui limpose, mais du point de vue denos ttes de liste, et du point de vue des maires femmes quily aura la tte des villes, et en particulier des villes de plus de10 000 habitants, o nous avons encore un lment de conqutede la parit devant nous.

    Et puis, il y aura une ralit laquelle nous devrons treattentifs. On en parlait hier avec nos premiers fdraux, et

    en particulier avec nos camarades du Gard et du Vaucluse.Cette ralit, cest celle du Front national. Le Front nationalne sest pas donn comme objectif dans cette campagnemunicipale demporter les quelques 1 500 villages de moinsde 1 000 habitants o Marine Le Pen est arrive en tte dupremier tour de llection prsidentielle, il sest donn commeobjectif davoir des lus dans lensemble des villes de plus de10 000 habitants.

    Laction engage par la direction du Front national, cest uneaction de reconstruction dun appareil de cadres. Jen discutaisrcemment par exemple avec le maire de Quimper ou avec lemaire de Valence, chacun comprend bien quil est plus utiledavoir un des leaders de lopposition dans une ville importantedun territoire, qui devient immdiatement un porte-parolepolitique, que davoir quelques maires dans des villages o onsait que, dabord, il est difcile de faire prvaloir de faon forteson appartenance politique, et qui donne peu accs aux mdias.

    Il nous faudra tre attentif cet arc Sud-Est, qui va de Nice Nmes, et qui, si nous perdons un certain nombre de positionslectorales, peut devenir un laboratoire dune alliance venirentre une partie de la droite et du Front national. Je ne joue

    pas me faire peur, je ne crois pas que lessentiel de la droitesoit prte cette alliance, quil sagisse du courant gaullistehistorique ou du courant dmocrate-chrtien, je crois que cettealliance les rvulse, et quils sy opposeront.

    Mais il y a dans cet arc Sud-Est des forces politiques, desresponsables qui veulent de cette alliance. Alors cet lmentdevra tre un lment fort de notre prparation des lectionsmunicipales et dattentions politiques particulires.

  • 7/28/2019 Hebdo n691-692 - Spcial conseil national

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    Chers camarades,

    Notre Conseil nationala lieu dans un momentimportant et notre dbat sedroule alors que nous sommesdans un combat.

    Et dabord un combatcontre la droite. Ce nest pasparce quelle a t battuequelle a disparu. Ni parcequun an a pass quelle achang ! La droite est en crise crise de projet, crise de leader,crise dalliances. Mine par lesdivisions, les dissensions, ellene forge un semblant dunitque par rejet de la gauche.

    Ce nest pas seulement 2012 que la droite ne digre pas, cest2012 et 97 et 81 et mme 36. Ce quoi la droite ne shabituepas, cest lalternance. Elle aime tellement les biens quellepense que le pouvoir est le sien, par dcret et mme, pour

    certains, par dcret divin. Ne nous y trompons pas : cest notrelgitimitque la droite sen prend, cest au suffrage universelquelle en veut, cest aprs lechef de ltat quelle en a.

    On le voit : les droites se radicalisent, tendance Guaino oucanal Barjot. Radicalisation des mthodes quand des runionspubliques sur le mariage pour tous sont entraves, empches,par des extrmistes : amiti Erwan Binet, rapporteur du texte lAssemble nationale, qui fut la cible de tels agissements. Et puisradicalisation des slogans quand, au Parlement comme au planlocal, la jonction sopre entre une part grandissante de la droiteet lextrme droite. Et qu'ensemble elles dnoncent ple-mleles syndicats, les magistrats, les fonctionnaires, les chmeursqualis d assists , nos concitoyens de confession musulmane.Dans les mots et maintenant dans la rue, les droites s'extrmisentet hystrisent. Il est temps, il est grand-temps, qu' l'UMP, ceux quise revendiquent des valeurs humanistes afrment qu' "la Manifpour tous", ils prfrent la Rpublique de tous.

    Nous respectons lopposition ; nous combattons la raction.Et nous ne laisserons rien passer. Nen dplaise M. COPE, latransparence de la vie publique pour quon ne puisse plus treparlementaire et avocat daffaires, nous la ferons ! Nen dplaise M. Carrez, la publication par les banques franaises de la liste deleurs liales partout dans le monde, pays par pays, nous la ferons! Nen dplaise M. Chtel, la rforme de la carte scolaire pour ennir avec les tablissements ghettos dans les quartiers populaires,

    nous la ferons ! Et n'en dplaise M. Fillon, les rformesconstitutionnelles, pour renforcer lindpendance de la justice etle dialogue social, nous les ferons !

    Le message des socialistes est fort et il est er, cest celuique vient de nous adresser notre Premier ministre Jean-MarcAyrault : le changement, nous le faisons, nos engagements nousles tiendrons.

    Notre combat, cest aussi la confrontation avec la droiteeuropenne pour rorienter lEurope. Cette semaine, on abeaucoup voqu le legs politique de Mme Thatcher. Certainesimages taient en noir et blanc, on se disait : ctait il y alongtemps . Mais le jour de sa disparition, lactuel Premierministre britannique, M. Cameron, dclarait vouloir une Europe plus ouverte, plus concurrentielle, plus drglemente . EnEurope non plus, les conservateurs nont pas chang. Emmenspar la droite allemande - qui n'est pas le peuple allemand -, ils nejurent que par laustrit qui plonge tant de pays dans la dtresse.

    Lheure de lexplication fraternelle mais franche est venue.

    Lheure de russir laconvergence scale et sociale contre lesdumpings. Lheure d'investir, via la BCE ou un budget digne dece nom, dans les infrastructures nergtiques, numriques,de sant, de transports collectifs des projets innovants,cologiques, riches en emplois. Lheure dassouplir leurocher. Lheure aussi de protger notre industrie des produitsimports qui ne respectent ni les rgles sociales, ni les normesenvironnementalesen vigueur dans lUnion. Lheure, enn, dedemander la premire conomie dEurope sil est juste deraliser une large part de son excdent commercial au dtrimentde ses voisins.

    Ces interrogations ne sont pas des agressions, elles sont ledbut des solutions. Lamiti entre la France et lAllemagne, cenest pas lamiti entre la France et la politique europenne deMme Merkel. Cette politique menace dailleurslAllemagne elle-mme ! Aucun pays, ft-il pourvu du PIB le plus lev, ne peutesprer tre un lot de richesse dans un ocan de misre. Cest lintelligence de nos amis Allemands quil faut nous adresser.Cest ainsi que font les amis.

    Nous admirons les russites allemandes, et de certaines, nousnous inspirons : entreprises de taille intermdiaire conqurantes,

    nancement rgionalis des entreprises, dialogue social deconfrontation des intrts mais qui btit des compromis,comptes publics matriss qui donnent de la crdibilit. Cestle versant positif du modle allemand. Mais il a aussi une autreface : 16 % de la population vit sous le seuil de pauvret et2 millions de travailleurs gagnent 4 euros ou moins de lheure.La n de laustrit, de nombreux salaris et retrais allemandsaussi y a droit !

    Cest au nom de lintrt gnral europen que cettediscussion doit avoir lieu.LEurope nest pas condamne treun continent en rcession dans un monde de croissance ! Il nya pas de fatalit ce que la zone euro compte 20 millions dedemandeurs demplois ! Cest cette volont qua porte HarlemDsir, notre Premier secrtaire, lorsque nous nous sommesrendus Berlin pour changer avec nos amis du SPD.

    Depuis son lection, Franois Hollande a voulu et obtenuun pacte de croissance, des pare feux face la spculation, unesupervision bancaire, la taxation des transactions nancires.Pour obtenir dautres avances, il a besoin de tout notresoutien. Quil sache quil peut compter sur le Parti socialiste etsur limmense majorit des Franais qui veulent une Europevolontaire, solidaire, pas une Europe austritaire. C'est le sensde notre Convention nationale. Ce sera l'enjeu des lections del'an prochain.

    Notre combat, cest enn le combat pour le redressement dela France et pour lemploi. Les Franais savent quil existe deuximpasses ils les ont dailleurs refuses l'une et l'autre : cellequi consiste saligner sur laustrit et celle qui prtend quilny a pas reconqurir de la comptitivit. Pour rorienter l'extrieur, il faut en mme temps redresser l'intrieur.

    La politique engage par le prsident de la Rpubliqueconjugue le srieux qui nest pas laustrit et la croissance qui nest pas mcaniquement soutenue par toute formede dpense. La dcennie UMP restera dans les manuelsdhistoire comme celle du surendettement du pays et du sous-investissement dans lconomie. L'hritage de la droite, c'est unedette qui reprsente 90 % de la richesse nationale et une baseindustrielle tombe 12 % de la valeur ajoute 15me sur 17dans la zone euro.

    Cest parce quil y a eu abaissement quil faut le redressement.Ce nest pas un enjeu de comptabilit, cest une exigence desouverainet. Ce nest pas de la gestion, cest de la reconstruction.

    Guillaume Bachelay

  • 7/28/2019 Hebdo n691-692 - Spcial conseil national

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    Ce nest pas de la technique, cest de la politique. Jai souvent dit,dans nos runions, que le d le plus important pour les hommeset les femmes qui, comme nous, ont choisi de sengager tientdans cet enjeu : cette question : faire que les lieux de pouvoirsoient encore des lieux de puissance. Comment y parvenir, sinonen retrouvant de la souverainet sur le cours des choses ?

    Le redressement nancier, cest la souverainet pour ne pasdpendre de largent des autres. Le redressement productif,cest la souverainet pour ne pas dpendre des produits, destechnologies, des nergies des autres. Et le redressement ducatif,cest la souverainet pour ne pas dpendre du savoir et desbrevets des autres. Cest ce qui fait la cohrence de la banquepublique dinvestissement, des contrats de gnration, de lascurisation de lemploi et du recrutement de 40 000 postesdans lEducation nationale cette anne. Oui, la gauche, cest lasouverainet et la droite, cest laustrit.

    Jajoute que le redressement autant quconomique, doittre dmocratique. Nous avons t blesss par la faute de celuiqui fut lun des ntres. Mais nous voulons que notre dmocratiesorte renforce aprs le mal quelle a subi quil sagisse de luttercontre la fraude scale ou d'affronter la dlinquance nancire.

    Cest une exigence morale. Cest aussi un impratif social carlargent qui disparat dans les trous noirs de la nance manque

    aux caisses de ltat pour nancer la protection sociale et lesservices publics.

    Chers camarades, de tous ces combats, nous ne sortironsvainqueurs que si nous sommes mobiliss et rassembls. Notrerassemblement est celui qui permet tous les autres celui dela gauche et celui des Franais. Redresser la France, rorienterl'Europe, rassembler notre peuple, cest notre mission historique.Cest aussi un devoir patriotique.

    Chers camarades, en2012, les Franais nous ontcon la responsabilit dupays, parce que face lacrise, ils ne voulaient pasdes solutions de la droite etde Nicolas Sarkozy. Dans lacampagne des primaires,Franois Hollande navait riencach de la situation du pays,rien cach de la situation desnances publiques, rien cachde leffort de redressement quiserait ncessaire.

    Dans la campagneprsidentielle, cest leredressement qui a t

    mis au premier plan comme premire tape de laction dugouvernement. Redressement des nances publiques, avec une

    dette multiplie par deux en dix ans ; redressement productif,avec la disparition de 750 000 emplois industriels en dix ans.

    Face la crise, le prsident de la Rpublique, et nous aveclui, avons fait le choix le plus difcile tenir. Alors que pourla droite, et pour Nicolas Sarkozy, notre modle social tait lavariable dajustement pour adapter notre conomie, FranoisHollande sest oppos ce choix, et sest engag la fois sur leredressement, la croissance, la comptitivit et lemploi, mais enmme temps sur la prservation de notre modle social, bti surla justice et la solidarit.

    Depuis dix mois, le gouvernement, autour de Jean-MarcAyrault, fait face ses responsabilits et travaille au redressementdes nances publiques, au redressement de notre appareil

    productif avec le pacte de comptitivit, la lutte contre lechmage et la scurisation de lemploi avec lANI ; et prparelavenir de notre pays et de notre jeunesse, avec un effort sansprcdent sur lducation, avec la cration de 60 000 postesd'enseignants. Est-ce cela laustrit ?

    Nous vivons aujourdhui une situation extrmement difcile.La croissance se fait attendre, les rsultats de notre politique neviendront quavec le temps. Nous sommes frapps par lpreuveque constitue la faute dun homme, lun des ntres, qui a portatteinte la Rpublique exemplaire, promesse que nous avionsfaite aux Franais. Dans ce moment particulirement difcile,il nous faut individuellement et collectivement prendre nosresponsabilits et tre la hauteur de la situation.

    Il ny a de place ni pour le dcouragement, ni pour lafacilit, ni pour la capitulation ou pour le renoncement, quisignieraient aujourdhui un changement de politique. Il nousfaut au contraire tenir dans la difcult, tenir face ladversit,garder le cap pour russir ce que nous avons engag.

    O est lalternative ? Ni notre droite, ni notre gauche.Chers camarades, il nous faut faire pack, nous rassembler autourdu prsident de la Rpublique et du gouvernement, et montreraux Franais notre dtermination.

    Aucun dentre nous ne russira seul en marquant sadiffrence. Cest unis que nous russirons le redressement denotre pays et mnerons la bataille contre le chmage. Cest unisque nous serons plus forts en Europe pour porter un nouveauprojet europen, plus solidaire et tourn vers lavenir. Cestunis que nous btirons la Rpublique irrprochable que nousvoulons et attaquerons le mal la racine, pour renforcer notredmocratie face la monte des extrmes et du populisme. Cestnotre devoir rpublicain.

    Clotilde Valter

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  • 7/28/2019 Hebdo n691-692 - Spcial conseil national

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    Aujourdhui, vous avezpris conscience, dans tout lepays, dans vos territoires, quela situation est trs tendue.Elle est tendue dun point devue social, pour ceux qui sontau bout du rouleau. Malgrtout, expliquer tout ce quenous faisons pour lemploi,pour sauver des emploisindustriels, et le ministre duRedressement productif en asauv des dizaines de milliersface des centaines de planssociaux qui taient dans lesvalises prcdemment, il y ena effectivement qui restentdans une dtresse et dans unecolre norme.

    ct de cela, il y a une violence qui est attise, qui estencourage par des forces politiques, et de gauche et de droite,qui jouent avec le feu. En contradiction, je veux dire que ce que

    lon a vu tout lheure (intervention des salaris de PSA ndlr) estune action certes surprenante, mais en tous les cas tout faitclassique de dignit de travailleurs. Ils luttent. Il y a eu un planbrutal. Les rapports de forces sont difciles tablir dans cettepriode. Ils sont venus au Parti socialiste non pas nous agresser,mais, si vous entendez bien, demander quelque chose qui est aucur de la mthode quavec ce gouvernement nous employons :la ngociation.

    Et ils ont raison de dire quils doivent avoir notre soutienpour obtenir quun mdiateur vienne pour apporter les garantiesdune prise en compte, dans une ngociation, dans un conit, deleur parole.

    Certains peuvent se dire : cest difcile, a bouscule dans unConseil national du Parti socialiste, qui tous les jours dfend etprend en compte beaucoup de ce que lon a entendu dans lesparoles de ces travailleurs de lAulnay. Mais en mme temps, vouspouvez vous dire que ce ton-l, ces paroles-l, cet espoir de soutien,jamais laction de ces travailleurs naurait pu avoir lieu de cettefaon dans un Conseil national de lUMP.

    Je le dis nettement, je le dis clairement : nous sommes lagauche. Et le Premier ministre a expliqu le sens de notre actionpour redresser lindustrie de notre pays. C'est le coeur de notreprojet et de lespoir que lon doit recrer. Dans cette situation,en dix mois, on ne peut pas voir encore les rsultats. Nous avonsespoir que ces rsultats vont arriver.

    Et en attendant, on doit grer le dialogue, on doit garderle lien avec ces colres et ces impatiences. Et aujourdhui, cestun moment inattendu, mais nous l'assumons pleinement. Une

    dlgation est reue. Je pense pouvoir dire, au nom des socialistes,que la demande, la seule demande concrte qui nous a tadresse tout lheure, relaye auprs du ministre du Travail etdu ministre du Redressement productif, cette demande de peserpour quil y ait un mdiateur nomm, nous pouvons la faire ntreavec ert.

    David Assouline

    Chers camarades, cetteirruption du rel, ce chocdu social nous ramne auxcontradictions de la gaucheau pouvoir. A la fois nousexerons des responsabilits,nous faisons face une criseextrmement difcile, eten mme temps, nous nedevons jamais oublier donous venons, dans quel campnous sommes, et quellebase sociale nous sommescenss reprsenter.

    Finalement, cherscamarades, quand, il y aquelques semaines encore,

    certains de nos beaux esprits, y compris dans notre parti,disaient : la lutte des classes, a nexiste plus , jai une pensemue pour ceux qui ont tenu ce discours.

    Et de la mme faon, je crois que nous devons tre trscohrents. Beaucoup dentre-nous, comme Pierre Moscovici,Stphane Le Foll et bien dautres, disent nous sommes sociaux-dmocrates . Moi, cela ne me gne absolument pas. Je me senspleinement social-dmocrate. Mais soyons prcis sur un point : lasocial-dmocratie, ce nest pas rechercher un consensus a priori,cest arracher un compromis lissue dun rapport de forces quioppose le monde du travail qui souffre, aux forces du capitalqui sont par nature hostiles au changement, qui sont par naturehostiles aux rformes.Le dbat entre nous, chers camarades, car il y a un dbat,et il faut quil y ait ce dbat, il est lgitime, il est ncessaire,

    il est indispensable. Le dbat entre nous, cest, lissue decette premire anne de quinquennat de dnir quelles sontles contreparties pour les salaris de ce pays ? Est-ce que lescontreparties pour les salaris de ce pays sont sufsantes ? Quandnous faisons le pacte de comptitivit, quand nous faisons etnous adoptons laccord national interprofessionnel, est-ce quevraiment les salaris de ce pays sont en droit de se dire : oui, nousavons des contreparties sufsantes ?

    Je lance le dbat, et vous connaissez la rponse que nous,Maintenant la gauche, sensibilit du parti, nous apportons.Donc cest un dbat ncessaire, et en mme temps, je constateavec beaucoup de satisfaction que les choses voluent, et cesttant mieux.

    Il y a quelques mois peine, le fait de remettre en causele dogme sacro-saint des 3 % tait considr comme unehrsie insupportable. Aujourdhui, mme les camarades lesplus minents se disent quaprs tout, nous ne sommes pascondamns rester dans ce carcan ad vitam aeternam.

    De la mme faon, je note avec beaucoup de satisfaction unevolution sensible du discours de notre parti, qui aujourdhuina pas de mots assez solennels pour condamner laustrit auniveau europen, pour dire : il faut une autre Europe, il fautune autre politique, nous devons assumer le rapport de forcesavec Mme Merkel . Eh bien je me rjouis, je me rjouis de cettevolution. Et je pense que nous sommes dans la bonne voie.

    Mais en mme temps, chers camarades, jai envie de dire :encore un effort. Parce quil ne faudrait pas tomber dansdeux cueils. Le premier cueil, cest dexpliquer quil y a unediffrence entre srieux et rigueur, entre austrit et rigueur. Etmoi, franchement, cette diffrence, je la trouve un peu spcieuse,

    Emmanuel Maurel

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    parce que quand on coupe dans les dpenses publiques, quandon supprime massivement les dotations aux collectivits locales,quand on envisage de couper dans les dpenses sociales, parceque dsindexer les retraites ou parler des allocations familiales,cest bien ce quon fait, on pourra toujours dire : ce nest pas dela rigueur, cest srieux ; mais moi, jai limpression que cestrigoureusement la mme chose. Rigoureusement la mme chose,et que cest surtout, chers camarades, srieusement risqu, quandnous voyons autour de nous ce qui se passe.

    Le deuxime cueil, le deuxime problme, le deuximelment de langage que je remets en question, cest de faire ceque beaucoup dentre nous font depuis maintenant quelquessemaines ; cest de dire : laustrit, en Europe, ce nest pluspossible . Cest de dire : il faut une rorientation majeure dela construction europenne , et en mme temps ne jamais fairele lien entre cette politique au niveau europen et la politiqueque nous menons en France, cest--dire condamner laustrit Bruxelles pour nous exonrer davoir une rexion approfondieet srieuse sur la politique que nous menons, nous, ici, en France.Or, les deux sont lis. Et dailleurs, les deux sont tellement lisque cest parce que nous avons rati le trait Merkozy que nousnous sommes enferms dans la seringue des 3 %.

    Alors, chers camarades, nous disons : il faut tre srieux.Je suis daccord. Il faut tre srieux. Eh bien, tre srieux,cest reconnatre que les politiques daustrit imposespartout en Europe ne font reculer ni la dette ni le dcit. Etresrieux, cest constater en revanche que dans ces mmes paysle pouvoir d'achat a plong, a chut, que le chmage explose,que la prcarit saggrave. Etre srieux, cest voir que toutes lesprvisions de croissance de la Commission europenne, et lesntres, ne sont pas ralises. Etre srieux, cest de constater quen2013, nous allons avoir une croissance nulle.

    Etre srieux, cest observer que pour la premire fois enFrance, depuis bien longtemps, le pouvoir d'achat est en baisse,que la consommation seffondre. Etre srieux, cest avoir aussila lucidit de constater que le fameux pacte de comptitivit,le cadeau que nous avons fait aux entreprises, pse sur nosnances publiques avec un gain en termes demplois qui est plusquhasardeux.

    Etre srieux, bref, cest aussi regarder la ralit de la politiquede la rigueur, et de constater lucidement que plus nous couponsdans les dpenses publiques, plus nous envisageons de couperdans les dpenses sociales, moins les chances de revenir lacroissance sont importantes. Etre srieux, cest cela aussi. Etresrieux, cest dire la vrit sur la situation conomique de notrepays et de l'Europe. Et cest donc tre srieux, tre raliste, tre

    rigoureux, oser le dbat sur la relance.

    Chers camarades, nous ne sommes pas le gouvernement...Parce quon dit : il faut que le gouvernement parle dune seulevoix. Moi, a ne me drange pas, mais jai coutume de dire : ilparat quun ministre, ou a ferme sa gueule, ou a dmissionne.Mais nous, les militants socialistes, nous avons le devoir delouvrir, nous sommes le Parti socialiste, nous ne sommes pasle gouvernement.

    Nous sommes le Parti socialiste, et notre rle, cherscamarades, ce nest pas seulement dexpliquer, de soutenir, derelayer, et il faut quon le fasse. Javais une proposition pourHarlem Dsir, mais il nest pas l, pour les raisons quon sait,mais par exemple, nous faisons des choses formidables depuis unan. Nous faisons des choses formidables. Nous devons mobiliserles lus. Je prends les emplois davenir, par exemple. a tarde monter en puissance. Eh bien, je propose que le Premiersecrtaire convoque les prsidents de Rgion, convoque lesprsidents de Conseil gnral, les interco, les lus, quon fasse

    une grande runion une journe en disant : il faut acclrer, ilfaut augmenter le nombre demplois davenir, que chacun symette, quaucune collectivit ne rechigne le faire. Mobiliser etsoutenir le gouvernement, cest cela aussi.

    Et nous pourrions faire la mme chose pour les rythmesscolaires, qui est une grande rforme que nous portons depuisdes annes. Parce que, chers camarades, il ny a pas dun ctles dbats o lon accepte que des dirigeants du Parti socialisteremettent en cause la politique du gouvernement, sur le cumuldes mandats, sur la dcentralisation, sur la loi sur lorientationscolaire ; et puis dautres dbats o nous naurions rien dire,cest--dire la politique conomique et sociale. Si tous les dbatssont ouverts, nous devons les mener de front, et le Parti socialiste,qui nest pas le gouvernement, a ce rle dalerte, de vigilance, dedbat. Cest ce qui fait notre force, cest ce qui fait notre richesse.

    Soyons ers de a, et ne nous autocensurons pas. Nous nesommes pas ferms pour cause de gouvernement, nous sommesl pour soutenir et aider le gouvernement, et y compris pourrelayer les impatiences, les aspirations, les mcontentements, et ycompris pour dire nos divergences.

    Alors, nous avons fait, nous, Maintenant la gauche, mais jecrois que cela rejoint les proccupations dun grand nombrede militants, une proposition pour rorienter la politiqueconomique. Nous l'avons appele le tournant de la relance,parce que nous pensons quil est raliste, quil est srieux deprconiser ce tournant.

    La semaine prochaine, nous produirons un document trslong, chiffr, prcis, dans lequel nous expliquerons pourquoinous pensons que la relance par la consommation est ncessaire,pourquoi la relance par linvestissement public est ncessaire,pourquoi la rforme scale, quon a dit un moment acheve,elle ne lest pas, mrite dtre poursuivie. Oui, la relance par laconsommation : rendez-vous compte chers camarades, on nosemme plus, nous, socialistes, parler de salaires, parler de haussede salaires, alors que cest notre identit, cest notre histoire, cestnos combats, cest nos valeurs.

    Vous croyez franchement que nous serons rlus au termede ce quinquennat sil ny a pas eu daugmentation du revenusalarial pour les plus modestes ? Vous croyez franchement quenous serons rlus au terme de ce quinquennat si nous navonspas rsorb une partie de la prcarit ? Mais cest a lessentiel,la redistribution des richesses. Cest l-dessus quon nous attend.Et quand le Premier ministre dit : le redressement , il araison. Le problme, cest que nous avons ajout pendant toutela campagne : le redressement dans la justice. Les deux vont de

    paire. Il ny a pas une priorit. Il ny a pas de chronologie, dabordle redressement, et aprs, vous verrez, vous aurez la justice et laredistribution. Non. Les deux vont de paire. Cest prcisment alidentit socialiste : lefcacit conomique et la justice sociale.Cest la proposition que nous vous faisons.

    Je nis sur un point. Jean-Marc Ayrault disait tout lheure : cest la condition de notre souverainet de continuer rduirelendettement public . Cest le grand argument quon nous dit.Mais nous pouvons retourner largument. Si notre politiqueconomique est faite uniquement parce que nous sommesttaniss par les agences de notation, ttaniss par les marchsnanciers, o est la souverainet ? O est la souverainet dupeuple ? Et de la mme faon, dautant plus chers camarades,que les marchs comme les agences sont totalement irrationnels.Dun ct, ils sanctionnent des pays parce quils sont laxistesbudgtairement, mais ils sanctionnent aussi des pays qui ontt tellement restrictifs budgtairement quils disent : attention,cest la rcession, il ny aura pas de croissance.

  • 7/28/2019 Hebdo n691-692 - Spcial conseil national

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    Donc, faisons ce que Franois Hollande a dit. Il a dit : ladmocratie est plus forte que les marchs . Eh bien nous sommesdaccord, montrons le prima de la volont politique, au momento les gens ne nous font plus conance, je parle de nous, lespolitiques, parce quils croient que nous navons pas la capacitde matriser un monde o largent est la mesure de toute chose ;parce quils ont parfois limpression que nous baissons les brasdevant la toute puissance de largent.

    Nous avons une formidable occasion, au moment de cetanniversaire du 6 mai, de prouver que notre retour au pouvoirntait pas un malentendu, de prouver que nous sommes l pourchanger les choses vraiment. La France le peut, et la gauche lepeut. Oui, la gauche, parce quil ny a rien de plus dltre, de

    mortifre, que de laisser sinstaller durablement la division dela gauche. Face une droite qui est incroyablement radicalise,face une extrme droite qui est incroyablement puissante,nous avons un devoir dunit. Soyons unitaires pour deux, soyonsunitaires pour trois, soyons unitaires pour quatre, cest le ssamepour la victoire. Cest la seule chance de rsister la formidableoffensive de ceux qui ne veulent pas le changement.

    Alors oui, chers camarades, pour une nouvelle tapedu quinquennat, pour le tournant de la relance, il faut unnouveau pacte majoritaire, une majorit rouge, rose, verte,qui nous permettra la redistribution, le redressement, mais leredre