15
HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été Les Siècles François-Xavier Roth Tabea Zimmermann Stéphane Degout

HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

  • Upload
    others

  • View
    4

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

H E C TO R B E R L I OZ

Harold en ItalieLes Nuits d’été

Les SièclesFrançois-Xavier Roth

Tabea ZimmermannStéphane Degout

Page 2: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

FRANZ LISZT

HECTORBERLIOZ(1803-1869)

Harold en Italie Symphonieavecunaltoprincipalen4parties,op.16,H.68 D’aprèsChilde Harold’s PilgrimagedeGeorgeGordonByron

1 | No1.Haroldauxmontagnes.Scènesdemélancolie,debonheuretdejoie.Adagio - Allegro 15’14 2 | No2.Marchedepèlerinschantantlaprièredusoir.Allegretto 7’51 3 | No3.Sérénaded'unmontagnarddesAbruzzesàsamaîtresse.Allegro assai 5’58 4 | No4.Orgiedebrigands.Souvenirsdesscènesprécédentes.Allegro frenetico 11’44

Les Nuits d'été Sixmélodiesavecunpetitorchestre,op.7,H.81B PoèmesdeThéophileGautier (extraitsdeLa Comédie de la mort)

5 | 1.Villanelle,H.8 2’12 6 | 2.LeSpectredelarose,H.83 6’40 7 | 3.Surleslagunes-Lamento,H.84 5’43 8 | 4.Absence,H.85 5’45 9 | 5.Aucimetière-Clairdelune,H.86 5’41 10 | 6.L'Îleinconnue,H.87 3’37

Tabea Zimmermann, alto

Stéphane Degout, baryton

Les Siècles, François-Xavier Roth

Page 3: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

3tracks

plages cd

Les Siècles(instruments d’époque, cordes en boyaux) Violons I François-MarieDrieux AmaryllisBillet,LaureBoissinot,Pierre-YvesDenis,HélèneMarechaux, JérômeMathieu,SimonMilone,SébastienRichaud,LaetitiaRingeval, NoémieRoubieu,MatthiasTranchant,FabienValenchon Violons II MartialGauthier DavidBahon,VirgileDemillac,CarolineFlorenville,JulieFriez,ChloéJullian,MathieuKasolter, ArnaudLehmann,ThibautMaudry,Jin-HiPaik,RachelRowntree,Marie-LaureSarhan

Altos SébastienLevy(solo HaroldenItalie),CaroleDauphin (solo LesNuitsd’été) CamilleChardon,CatherineDemonchy,HélèneDesaint,MarieKuchinski, LaurentMuller,CatherinePuig,LucieUzzeni

Violoncelles RobinMichael(solo HaroldenItalie),ÉmilieWallyn(solo LesNuitsd’été) ArnoldBretagne,AnnabelleBrey,PierreCharles,GuillaumeFrançois,AmaryllisJarczyk,LucilePerrin

Contrebasses AntoineSobczak,MatthieuCazauran,CécileGrondardnMarionMallevaes,LilasReglat

Flûtes MarionRalincourt,flûte Gautrot Aîné, Paris (c. 1845) NaomieGros,piccolo romantique Gautrot-Ainé (c. 1850) et flûte romantique Jean-Louis Tulou (c. 1850) NicolasBouils,flûte Jean-Louis Tulou (c. 1845) (LesNuitsd’été)

Hautbois HélèneMourot,hautbois Frédéric Triébert (c.1830) StéphaneMorvan,hautbois Buffet-Crampon (1855) et cor anglais Triébert (1850)

Clarinettes ChristianLaborie,clarinettes Georges Guerre en Ut, Si bémol et La, système Müller (c. 1835), copies Riccardo von Vittorelli RhéaRossello,clarinettes Gautrot (en Sib et en La) Système 13 clefs (1878)(HaroldenItalie) JérômeSchmitt,clarinette en Si bémol Buffet-Crampon 13 clés (c. 1880) et clarinette en La Thomas-Isidore Lot (c. 1870) (LesNuitsd’été)

Bassons MichaelRolland,basson Frédéric Triébert (1850-1855) AntoinePecqueur,basson Adler (c. 1850) (LesNuitsd’été) ThomasQuinquenel,basson Jean-Nicolas Savary (1846) (HaroldenItalie) AlineRiffault,basson Adler (1830-1850)(HaroldenItalie) NathanielHarrison,basson Savary (1824) (HaroldenItalie)

Cors MatthieuSiegrist,cor Auguste Raoux (c. 1840) (solo HaroldenItalie) GabrielDambricourt,cor à main Raoux (c. 1810) (solo LesNuitsd’été) PierreRougerie,cor naturel Andreas Jungwirth, copie Lausmann PierreVéricel,cor naturel François Sautermeister (1809-1830) PhilippeBord,cor naturel Andreas Jungwirth, copie Auguste Raoux (1820) FrédéricNanquette,cor naturel Marcel Auguste Raoux (1826) et cor à pistons R. J. Ward and sons (c. 1880) FélixRoth,cor descendant Mahillon (1878)

Trompettes FabienNorbert,trompettes naturelles longues à quatre trous Egger EmmanuelAlemany,trompettes naturelles longues à quatre trous Egger SylvainMaillard,cornet à trois pistons Gautrot, système Stoelzel (1840) RodolphPuechbroussous,cornet à pistons Gautrot, système Stoelzel (1840)

Trombones JonathanLeroi,trombone basse Antoine Courtois (1900) FrédéricLucchi,trombone Antoine Courtois (c. 1870) DamienPrado,trombone Antoine Courtois no 2291 (1872)

Tuba SylvainMino,tuba en Ut à six pistons Couesnon (1913)

Harpes ValeriaKafelnikov,harpe Érard style Louis XVI en citronnier (1922) (HaroldenItalie) MaureenThiebaud,harpe Érard style Louis XVI en citronnier (1922) (LesNuitsd’été)

SylvainBertrand,timbales Gustav Julius Wunderlich diamètres 63 et 59 cm (c. 1860) ErikoMinami,AdrianSalloum,NicolasGerbier ,

Page 4: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

4tracks

plages cdfrançais

D’aucuns,peunombreux,omettantvolontairementlesspectaculairesdimensionsdecertainesdesesœuvres,affirmentqueBerliozestlecompositeurdel’intime,delasensibilité,commeilsut

lemontrerdansL’Enfance du Christ et,d’abord,Les Nuits d’été, chef-d’œuvreinauguraldelamélodiefrançaise,genreemblématiquedugoûtmusicaletpoétiquehexagonaloùs’inscrirontdélicatementaprèsluitouteslesgénérationsde compositeurs jusqu’à aujourd’hui. D’autres, majoritaires, disent que Berlioz est un génie de l’extraordinaire,extravagant,déchaîné(ouparfoismêmedélirant),quia inventél’orchestremoderneetdépassélesformes(oulesbornes)avecseseffectifs inouïs,saquêtede l’effetetun jaillissementpermanentdetimbresetdecouleursdanslesquelsWagner,Mahler,Strauss,DebussyouRavel,pourn’enciterquequelques-uns,viendrontpuiser. IlestvraiquelaSymphonie fantastique,dès1830,ouHarold en Italie,en1834,inaugurentunsièclederévolutionsorchestraleset compositionnelles. Révolutions qui, chez Berlioz, ne manquent toutefois jamais d’intimité et de délicatesse.AinsiBerliozsesitue-t-ild’uncôté,del’autreetentrecesdeuxopposés.Commeil l’esttemporellementd’ailleurs.Toujoursmoinsrespectueuxdesescontemporainsquedesanciens(Gluck,Spontini,Beethoven,Weber)maistoujoursvisionnaire,chercheurdesonsinattendus,enquêted’espacesviergesetdenouvellespossibilités.

AprèslepremiersuccèsdelaSymphonie fantastiqueàParis,BerliozestenfinpensionnairedelaVillaMédicis.Maisilcrèved’ennuietdechagrind’amour–safiancéerestéeàParisl’aquitté–dansla“caserneacadémique”.Alorsilveutseperdreetarpentel’Italieenglanantunematièremusicale,desimpressions,desexpressions,despaysages,desscènesrustiquesousauvagesquiserontlasourceviveoùpuiserl’inspirationd’Harold en Italie.Àlaquelleilajoutelalectureduromantique(etsulfureux)poèteByron–depréférencedansunconfessionnaldelabasiliqueSaint-PierreduVaticanàRome!“Je portais avec moi un volume de Byron, et m’établissant commodément dans un confessionnal, jouissant d’une fraîche atmosphère, d’un silence religieux, interrompu seulement à longs intervalles par l’harmonieux murmure des deux fontaines de la grande place de Saint-Pierre, que des bouffées de vent apportaient jusqu’à mon oreille, je dévorais à loisir cette ardente poésie ; je suivais sur les ondes les courses audacieuses du Corsaire ; j’adorais profondément ce caractère à la fois inexorable et tendre, impitoyable et généreux, composé bizarre de deux sentiments opposés en apparence, la haine de l’espèce et l’amour d’une femme.”

Harold en Italieestunesymphonieaux fauxairsdeconcertoquicommenceparunmalentenduentrePaganinietBerlioz,enjanvier1834.Lepremier,véritablestar(unedespremièresvedettesausensoùonl’entendaujourd’hui),veut une grande pièce concertante pour son nouvel alto : “J’ai un alto merveilleux, un instrument admirable de Stradivarius, et je voudrais en jouer en public. Mais je n’ai pas de musique ad hoc. Voulez-vous écrire un solo d’alto ? ”CarPaganinigardelesouvenirimpressionnédelaSymphonie fantastiqueàlaquelleilavaitassistéendécembre1832.AlorsBerlioz,enthousiaste,entreprendunprojetinspiréparlaNeuvième SymphoniedeBeethovenqu’ilvientjusted’entendreetdont lechocesthétiquelesecoueencore.Lapièceauraitpus’appelerLes Derniers Instants de Marie Stuart etcomprendreunorchestre,unaltosoloetunchœur(commedanslaNeuvième).Maisfinalement–etpersonnenesaitpourquoinicomment–ceseraunesymphonieavecaltosoloquidécevrabeaucoupPaganini:“Ce n’est pas cela ! s’écria-t-il,je me tais trop longtemps là-dedans ; il faut que je joue toujours.”C’estdoncunautresoliste,ChrétienUrhan,quicréeHarold en Italie,utopieconcertanteoùlehérosapprendàsetaire,àcontempler,àsefondredansun“orchestre-foule”puiss’éloignerdumonde,perduenamour,touràtours’exaltant,pleurant,riant,rêvant,chantant…

AvecHarold en Italie,BerliozfaitencoresoufflerunventnouveauettoutaussipuissantqueceluidelaSymphonie fantastique.Onytrouveaussiune“idéefixe”quitraversetoutel’œuvre–lethèmedonnédèsl’entréedel’alto–maiscechantsingulierse fondetseconfonddans les rencontreset lesévénements. Ici “l’idée” renvoiemoinsà l’êtreaiméqu’àlui-même.L’identificationdeBerliozaupersonnageHaroldestassumée.Etleprogrammeestexplicitementsuggéré.Ainsi,l’artiste/altisteHarold/Hectorestseulfaceauxmontagnes.Puisdespèlerinschantantlaprièredusoir(souvenirmusicalliéàl’Italietoutautantqu’àl’enfanceàLaCôte-Saint-André)arriventencortège.Ilaccompagneunpeulegroupe,chemineenmarge,s’enéloigneprogressivement,puisdéfinitivement.Ilestalorstémoind’unescèned’amourentreunmontagnardetsabelle.Occasiond’unesaltarelleetd’unesérénade(commecellesentendueslorsdesespromenadesitaliennes),rythmesetmélodiesd’abordopposéspuismêlés.Parmoments,l’orchestresembledanseraveclagrâcesimpledesinstrumentspopulaires.Berliozchercheàfaireentendrecestimbres,cesrythmesetcegrainparticuliers.(Oùlepartiprisdesinstrumentsd’époquedeFrançois-XavierRothetdesSièclesditunefoisencoresonimportance,sanécessité).Enfin,enunnouveléchoàlaSymphonie fantastique,l’aventuresetermineenorgie,pleinedefurie,decuivresetdebrigands(plutôtquedesorcièresmaiscelarevientaumême):lehérosnesembleplusmaîtrederien,commedanslavie…

Pourtant,cettefois,lavieachoisid’êtregentille.EtaprèsavoirentenduHarold en Italie(en1838),Paganini,oubliantsonrefus,déclarequeBerliozfaitrevivrelegéniedeBeethovenet luioffre20000francs, immédiatementinvestisdansunenouvellesymphoniequin’enestpastoutàfaitune(leprogrammeesttoutautremaisonytrouveencoreunebouleversanteutopiemusicaleberliozienne):Roméo et Juliette.

Contrairementàcesœuvres,onnesesaitpasgrand-chosedel’originedesNuits d’été.Maisonsaitquel’année1841estagitéepourBerlioz, tirailléentresa femme,HarrietSmithson(labelleactrice irlandaisepourquinebrûleplusl’ardenteflamme)etsanouvellecompagne,lachanteuseetmezzo-sopranoMarieRecio,instigatriceouplusjolimentinspiratricedececycledemélodiesd’abordéditépourmezzoouténoretpiano(1841).C’estentoutcaspourMariequeBerlioz,en1843,orchestre“Absence”,qu’ellecréeavecsuccèsàWeimar, lorsd’unetournéeenAllemagneoùelle l’accompagne. Le reste des orchestrations suivra, en ordre dispersé mais toujours pour un petit orchestre enformation“Mozart”,dispositif inéditmaisparfaitementexploitéparBerlioz.L’enthousiasmepoursesmélodiesesttelqueBerliozneseprivepasdelestransposeretdelesrépartirentrediversesvoix,permettantplusieursoptions,entoutemixité.Sixchanteursallemandsserontchacundédicatairesd’unemélodieorchestrée(alorsquel’ensembledelapremièreversionétaitseulementdédiéàLouiseBertin).Maislatraditionpréfèrenepaspartager:lestextesseprêtantàl’unité,lecycleestleplussouventchantépardesfemmes,mezzo-sopranosprincipalement,oubliantleténor(toutautantpermisparlaversionpremière)ouencorelebaryton(choisipourlamélodie“Surleslagunes-Lamento”dansladeuxièmeversion).Leshommesn’étantpourtantpasexemptsdesensibilitéetlesparolespermettantbienunpointdevuemasculin.

Les textessontextraitsdeLa Comédie de la mort (1838)deThéophileGautierqui fréquentaitBerliozdont ilavaitsoutenuBenvenuto CellinietRoméo et Juliette.Certainsd’entreeuxavaientd’ailleursétéécritsdansl’intentiond’êtremisenmusique,parBerliozouunautre(cequeferontFauréetDebussy).Lemariageentrelesmotsetlamusiqueestparfaitement réussi.Les textesdeGautierontdûêtrechoisissiminutieusementqu’ilest tentantd’yentendrel’ambivalencedessentimentsdeBerliozetquelquesconcordancesbiographiques.D’uncôtélaculpabilitéetlaperte:“LeSpectredelarose”,“Surleslagunes-Lamento”,“Absence”,“Aucimetière-Clairdelune”.Oùl’onpressentiraitdéjàlafinsinistred’Harrietetson“malheur d’être oubliée”.Del’autre,peut-être,lesjeuxamoureux,l’enviededépartetlajoieretrouvéeavecMarie:“Villanelle”,“L’Îleinconnue”.Quoiqu’ilensoitlapoésied’unhommecommeBerlioz:fortetfragileàlafois,tendreettendu,sensibleetgravecommeunevoixdebaryton.

BRUNOMESSINA

Page 5: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

5tracks

plages cdfrançais

Entretien avec François-Xavier Roth

Que représente Berlioz pour Les Siècles et pour vous ?

Berliozestuncompositeurtrèsprésentdansl’histoiredesSièclesdepuisquasimentlacréationdel’orchestre,maisplusencoredepuisnotreassociationavecsonvillagenatal,LaCôte-Saint-AndréoùnousjouonstouslesansdanslecadredumerveilleuxFestivalBerlioz,dontBrunoMessinaestledirecteur.J’aidécouvertcettemusiquegrâceàdesaînésmaisaussiaucoursdemajeunecarrièredechefd’orchestre,alorsquej’étaisassistantdeSirColinDavis,directeurmusicalàl’époque,duLondonSymphonyOrchestra.Lapremièreœuvrequej’aipréparéeaveceuxétaitLes Troyens.Ensuite,j’aieulachanced’assisterSirJohnEliotGardiner,égalementsurLes TroyensauThéâtreduChâtelet.J’aidécouvertavecluiuneautredimensionducompositeur:Berliozsurinstrumentsd’époque.Depuisdonccesannées2000,Berliozestentrédansmaviedechefd’orchestredemanièreabsolumentdéterminante,foudroyantemême,etilnem’aplusjamaisquitté.

Qu’apporte le timbre d’un baryton comme Stéphane Degout dans Les Nuits d’été ?

DansLes Nuits d’été,laquestiondesvoixseposepuisquec’estuncyclecomposépourdifférentestessitures.Jepensequ’avecStéphaneDegout,onestdansunesituationidéalequidépassesonseultypedevoix–unbarytonàlafrançaise,extraordinaired’expression,denoblesse,debeautéplastiqueetd’intelligencedansleverbe.Cequ’ilapporteàlamélodieengénéraletàlamélodiefrançaiseenparticulierenfaituninterprètedechoixetc’estpourmoiuneévidencequedeluiconfiercecycle.

Quel est le rôle spécifique des instruments de l’époque de Berlioz qui sont utilisés par l’orchestre ?

Berlioz,commelesautresmusiciensquiontinnovédansl’écriturepourorchestre,aparticulièrementmisenvaleurlesinstrumentsqu’ilavaitàsadispositionensontemps.Ilétaittrèsaufaitdesnouveautésenmatièredefactureinstrumentaleetilavaitàcœurd’employer,commeunchefcuisinier,l’ingrédientjustepourdonnerunsensàsarecettemusicale.IlestvraimentpassionnantchezBerliozderetrouverlessaveursd’originedesinstrumentsdesonépoquecaronréalisedemanièrepresqueinstantanéequellesétaientcesnouvellescombinaisonsdetimbres.Avecdesinstrumentsplusrécentsoudes instrumentsmodernes, ilseraitbeaucoupplusdifficiled’opérercesalliagestandisqu’avecceuxqueBerliozaconnus, on peut immédiatement comprendre quels étaient les enjeux et comment le compositeur voulait créer cesnouvellescouleurs.Dansl’orchestresymphonique,etmêmedéjàdansLes Nuits d’étéquirequiertunpluspetitorchestre,onpeutappréciercescombinaisonsinédites.

L’autre chef-d’œuvre de ce disque est Harold en Italie avec Tabea Zimmermann : diriez-vous que l’enjeu de l’interprétation est comparable à celui des Nuits d’été ou bien est-il différent ?

AvecHarold en Italie,c’estunautrevisagedeBerliozquenoustrouvons.LeseulpointcommunavecLes Nuits d’étéestd’avoirunepersonnequiinterprèteunesortederôlesoliste.C’estassezévidentavecLes Nuits d’été,puisquequ’onaunevoixsolistequichantelestextesavecl’accompagnementdel’orchestre,maisavecHarold en Italie,c’estbeaucouppluscomplexe:cen’estpasunaltoconcertant,commeilpourraitl’êtredansunconcertoromantique,maisdavantageunpersonnagemusical,unnarrateur,unprotagonistedecettehistoired’Haroldquinousestcontée.C’estunrôleréellementnouveauqu’inventeiciBerliozdanscerapportdusolisteavecl’orchestre.JecomparesouventHarold en Italie àDon QuichottedeRichardStrauss–unpoèmesymphoniqueavecunvioloncelleprincipalquiluiaussisembleincarnerunpersonnage.AvecHarold en Italie,bienévidemmentavantRichardStrauss,c’estlamêmeformequiestinventéeparBerlioz.

C'est un Berlioz en quête d'orientations artistiques nouvelles que vous nous montrez dans ce disque ?

Onpourraitcroirequ’onadanscetenregistrementdeuxœuvresquin’ontpasgrand-choseencommun–Harold en ItalieprésenteungigantesqueorchestrealorsqueLes Nuits d’étémontreuneformationbeaucoupplusréduite.Pourtant,ellessontliéesparlefaitqueBerliozinventeicidenouvellesformes:c’estlapremièrefoisqu’uncompositeurécrituncycledemélodiesaccompagnéesparunorchestre,etqu’ilcréécettesortedepoèmesymphoniqueavecaltoprincipal.CedisquenouspermeteffectivementdevoiràquelpointBerliozainventédesnouveauxcheminspourlamusique.

Entretienréaliséparharmoniamundi,juillet2018.

Page 6: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

6tracks

plages cdenglish

A fewcommentators,deliberatelysettingasidethespectaculardimensionsofsomeofhisworks,claimthatBerliozisthecomposerofintimacy,ofsensitivity,asheshowedinL’Enfance du Christand,aboveall,

inLes Nuits d’été,theinauguralmasterpieceofthemélodie,agenreemblematicofFrenchmusicalandpoetictaste,inwhicheverygenerationofcomposersdowntothepresentdaywastofollowhimwithdelicacy.Others,themajority,tellusthatBerliozisageniusoftheextraordinary,extravagant,unbridled(sometimesevendelirious),whoinventedthemodernorchestraandbrokefreefromformalconstraintswithhisincredibleforces,hisstrivingforeffect,andhisconstantoutpouringoftimbresandcolours,onwhichWagner,Mahler,Strauss,DebussyandRavel,tonamejustafew,weretodraw.ItistruethattheSymphonie fantastique,asearlyas1830,andHarold en Italie,in1834,usheredinanageoforchestralandcompositionalrevolutions.Yetsuchrevolutions,inBerlioz,neverlackintimacyanddelicacy.ThusBerliozissituatedonbothsidesatonce,andbetweenthetwoopposingpoles.Asindeedheistemporally.Alwayslessrespectfulofhiscontemporariesthanofhiselders(Gluck,Spontini,Beethoven,Weber)butalwaysvisionary,aseekerafterunexpectedsounds,insearchofvirginlandandnewpossibilities.

AftertheinitialsuccessoftheSymphonie fantastique inParis,BerliozfinallytookuphisplaceasaresidentattheVillaMedici.Buthewasboredtodeathandsufferingfromacuteheartache(hisfiancée,whohadremainedinParis,had left him) in these ‘academic barracks’. So he decided to vanish, and wandered around Italy gleaning musicalmaterial, impressions,expressions, landscapes,rusticorwildscenesthatweretobecomethelivingsourceforhisinspirationinHarold en Italie.AtthesametimehewasreadingtheRomantic(andbygeneralconsentnefarious)poetByron–preferablyinaconfessionalatStPeter’sBasilicaintheVatican!‘I would take with me a volume of Byron, and settling comfortably into a confessional, enjoying the cool atmosphere and the religious silence, unbroken except, at infrequent intervals, by the harmonious murmur of the two fountains of the great square of St Peter’s, which the wind wafted to my ear, I devoured that ardent poetry at my leisure. I followed the Corsair’s audacious journeys over the seas; I profoundly adored his character, at once inexorable and tender, pitiless and generous, a strange amalgam of two seemingly conflicting sentiments, hatred of the human race and love of a woman.’

Harold en Italieisasymphonywithmisleadinglyconcerto-liketraits,whichbeganwithamisunderstandingbetweenPaganiniandBerliozinJanuary1834.Paganini,agenuinecelebrity(oneofthefirst‘stars’asweunderstandthetermtoday),wantedabigconcertpieceforhisnewviola:‘I have a wonderful viola, a splendid instrument by Stradivarius, and I would like to play it in public. But I have no suitable music. Would you like to write a solo viola piece? ’ ForPaganinirecalledbeingimpressedbytheperformanceoftheSymphonie fantastiquehehadattendedinDecember1832.Enthusedbytheidea,BerliozembarkedonaprojectinspiredbyBeethoven’sNinthSymphony,stillreelingfromtheaestheticimpactofhearingitperformedforthefirsttimerecently.ThepiecemighthavebeencalledLes Derniers Instants de Marie Stuart(ThelastmomentsofMaryQueenofScots)andwouldhaveincludedanorchestra,asoloviolaandachorus(asintheNinth).Butintheend–nooneknowswhyorhow–itturnedintoasymphonywithsoloviolathatgreatlydisappointedPaganini:‘That’s not it at all! heexclaimed, I’m silent for too long there; I must play all the time.’Itwasthereforeanothersoloist,ChrétienUrhan,whopremieredHarold en Italie,aconcertanteutopiainwhichtheherolearnstofallsilent,tocontemplate,toblendintothecrowdoftheorchestraandthentodistancehimselffromtheworld,forlornwithlove,byturnselated,weeping,laughing,dreaming,singing...

WithHarold en Italie,Berliozonceagainbreathedanewspiritintothemusicofhistime,justaspowerfullyaswiththeSymphonie fantastique.Heretoothereisan‘idée fixe’thatrunsthroughthewholework–thethemestatedattheentryoftheviola–butthissingularmelodyblendswithandmergesintotheencountersandeventsastheysucceedeachother.Heretheidée referslesstothebelovedthantotheprotagonisthimself.BerliozconsciouslyassumeshisidentificationwiththecharacterofHarold.Andtheprogrammeisexplicitlysuggested.First, then,theartist/violistHarold/Hectorfindshimselfalonebeforethemountains.Thenpilgrimsarriveinprocessionsingingtheeveningprayer(amusicalmemoryassociatedbothwith ItalyandwithhischildhoodinLaCôte-Saint-André).Heaccompaniesthegroupa littleway,on its fringe,butgraduallymovesaway, then leaves italtogether.After thisheobservesa lovescenebetweenamountain-dwellerandhissweetheart.Thisprovidesanopportunityforasaltarelloandaserenade(likethoseBerliozhadheardonhis Italianwalks), theirrhythmsandmelodiesfirst juxtaposed,thencombined.Attimestheorchestraseemstodancewiththesimplegraceoffolkinstruments.Berliozseekstobringoutthesespecifictimbresandrhythms,thegrainofthesound.(AndherethedecisionofFrançois-XavierRothandLesSièclestouseperiodinstrumentsonceagaindemonstratesitsimportance,itsnecessity.)Finally,inafurtherechooftheSymphonie fantastique,theadventureendsinanorgy,fulloffury,brassysonoritiesandbandits(ratherthanwitches,butitcomestomuchthesamething):theheronolongerseemstobemasterofhisdestiny,asinlife...

Yetonthisoccasionlifechosetobekind.AndoncehehadheardHarold en Italie(in1838),Paganini,forgettinghisearlier rejection,declaredthatBerliozhadrevivedthegeniusofBeethoven,andmadehimagiftof20,000francs,immediatelyinvestedinanewsymphonythat,again,wasnotquiteasymphony(theprogrammewasentirelydifferent,buthereoncemoreisanoverwhelmingBerliozianmusicalutopia):Roméo et Juliette.

Unliketheseworks,weknowverylittleabouttheoriginsofLes Nuits d’été.Butwedoknowthat1841wasaturbulentyearforBerlioz,tornbetweenhiswifeHarrietSmithson(thebeautifulIrishactressforwhomtheardentflameburnedno longer) and his new partner, the mezzo-soprano Marie Recio, the instigator of or, to put it more elegantly, theinspirationforthiscycleofmélodies,initiallypublishedfor‘mezzoortenor’andpiano(1841).Inanycase,itwasforMariethat,in1843,Berliozorchestrated‘Absence’,whichshepremieredwithsuccessinWeimarinthecourseofatourofGermanyonwhichsheaccompaniedhim.Therestoftheorchestrationsfollowed,inpiecemealfashionbutalwaysforasmall‘Mozart’orchestra,anewdepartureforBerliozbutonehehandledwithconsummateskill.Suchwastheenthusiasmforhismélodies thathedidnothesitatetotransposethemanddividethemamongdifferentvoicetypes,thuspermittingseveralperformanceoptionsandgenderdiversity.SixGermansingersreceivedthededicationofanorchestratedmélodie apiece(whereasthefirstversion,withpiano,wasdedicatedtoLouiseBertininitsentirety).Buttraditionprefersnottoshare:sincethetextslendthemselvestounity,thecycleismostoftensungbywomen,mainlybymezzo-sopranos,totheexclusionofthetenorvoice(whichhasanequalrighttothefirstversion)orthebaritone(allotted‘Sur les lagunes - Lamento’inthesecondversion).Yetmalesingersarenotwithouttheirsensitiveside,andthewordsleaveroomforamasculineperspective.

ThetextsaretakenfromLa Comédie de la mort (1838)byThéophileGautier,whofrequentedBerliozandchampionedBenvenuto CelliniandRoméo et Juliette.Someofthepoemswereinfactwrittenspecificallytobesettomusic,byBerliozorsomeoneelse (a task later takenupbyFauréandDebussy).Themarriagebetweenwordsandmusic isaccomplishedtoperfection.BerliozmusthavechosensocarefullyamongGautier’spoemsthatitistemptingtohearinthemtheambivalenceofthecomposer’sfeelingsandsomebiographicalconcordances.Ontheonehand,guiltandloss:‘Le Spectre de la rose’,‘Sur les lagunes - Lamento’,‘Absence’,‘Au cimetière - Clair de lune’.TheseseemalreadytoforeshadowHarriet’sgloomyendandher‘unhappiness at being forgotten’.Ontheotherhand,perhaps,theamorousgames,thedesiretosetoutfornewclimesandthejoyregainedwithMarie:‘Villanelle’,‘L’Île inconnue’.Howeverthatmaybe,hereisthepoetryofamanlikeBerlioz:atoncestrongandfragile,tenderandtense,sensitiveanddeeplikeabaritonevoice.

BRUNOMESSINATranslation: Charles Johnston

Page 7: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

7tracks

plages cdenglish

Interview with François-Xavier Roth

What does Berlioz mean to you and Les Siècles?

BerliozhasbeenastrongpresenceinthehistoryofLesSièclesvirtuallysincetheorchestrawasformed,butanevenstrongeronesincewe’vebeenassociatedwithhishomevillage,LaCôte-Saint-André,whereweplayeveryyearaspartofthewonderfulBerliozFestival,ofwhichBrunoMessinaisthedirector.Idiscoveredthismusicthankstotheoldergenerationbutalsoduringmyearlycareerasaconductor,whenIwasassistanttoSirColinDavis,whowasthenMusicDirectoroftheLondonSymphonyOrchestra.ThefirstworkIpreparedwiththemwasLes Troyens.ThenIwasluckyenoughtoassistSirJohnEliotGardinerattheThéâtreduChâtelet,alsoonLes Troyens.Withhim,Idiscoveredanotherdimensionofthecomposer:Berliozonperiodinstruments.So,intheearly2000s,Berliozenteredmylifeasaconductorinanabsolutelydecisive,evendevastatingway,andhehasneverleftmesince.

What does the timbre of a baritone like Stéphane Degout bring to Les Nuits d’été?

In this cycle, the question arises of which voice to use because it’s written for different vocal ranges. I think thatwithStéphaneDegoutwe’reinanidealsituationthatgoeswellbeyondjusthisvoicetype–abaritoneintheFrenchtradition,extraordinarilynobleandexpressive,characterisedby itsflexiblebeautyand its intelligencewithwords.WhathebringstothesongrepertoryingeneralandtheFrenchmélodieinparticularmakeshimafirst-rateinterpreteranditwasobvioustomethathewastherightpersontoassignthiscycleto.

What is the specific role of the instruments of Berlioz’s time that the orchestra uses here?

Berlioz,likeotherinnovativeorchestrators,broughtoutthebestqualitiesoftheinstrumentshehadathisdisposalatthetime.Hekeptupwiththelatestdevelopmentsininstrumentmakingand,likeachef,waskeentousetherightingredienttoseasonhismusicalrecipe.It’sreallyexcitingtoencountertheoriginalflavoursoftheinstrumentsofhistimebecauseyourealisealmostinstantlywhatthesenewcombinationsoftimbreswere.Withmorerecentormoderninstruments,itwouldbemuchmoredifficulttoachievethesonicblend,whereaswiththoseBerliozwasfamiliarwith,youcanunderstandatoncewhathewaslookingforandhowhewantedtocreatehisnewcolours.Youcanappreciatetheseunprecedentedcombinationsinthesymphonyorchestra,andeveninLes Nuits d’été,whichcallsforasmallerorchestra.

T

he other masterpiece on this disc is Harold en Italie with Tabea Zimmermann. Would you say that the interpretative issues are comparable with those of Les Nuits d’été, or different?

WithHarold en ItaliewemeetanotherfacetofBerlioz.TheonlythingithasincommonwithLesNuits d’étéisthatithasaprotagonistwhoplaysakindofsolorole.That’sobviousenoughwithLes Nuits d’été,sincewehaveasolovoicesingingthetextswithorchestralaccompaniment,butwithHarold en Italie,thingsaremuchmorecomplex:theviolaisnotaconcertantesoloist,asitwouldbeinaRomanticconcerto,butratheramusicalcharacter,anarrator,anactorinthestoryofHaroldthatisrelatedtous.Berliozinventedagenuinelynewrolehereintherelationshipbetweenthesoloistandtheorchestra.IoftencompareHarold toRichardStrauss’sDon Quixote–asymphonicpoemwithaprincipalcellowhichalsoseemstoembodyacharacter. InHarold en Italie,Berlioz inventedthatsameform,obviously longbeforeRichardStrauss.

Would you say that you show us a Berlioz in search of new artistic orientations in this programme?

Onemightthinkthatwehavetwoworksonthisrecordingthathavelittleincommon–Harold en ItaliefeaturesahugeorchestrawhileLes Nuits d’étéisforamuchsmallergroup.However,they’relinkedbythefactthatBerliozinventednewformshere:itwasthefirsttimethatacomposerhadwrittenasongcycleaccompaniedbyanorchestra,andthatsomeonehadcreatedthiskindofsymphonicpoemwithprincipalviola.Soit’strue,thisdischighlightshowBerliozinventednewpathsformusic.

Interview:harmoniamundi,July2018Translation: Charles Johnston

Page 8: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

8tracks

plages cddeutsch

HectorBerlioz ist in den Augen einer Minderheit, die das spektakuläre Element einiger seiner Werkebewusst außer Acht lässt, der Komponist des feinenTiefsinns, wie er sich z.B. in L’Enfance du

Christ oder, mehr noch, in den Nuits d’été manifestiert, diesem Meisterwerk, das die Tradition der französischenMelodiebegründeteundinseinerArtvonsymbolischerBedeutungist,indemesdenmusikalischenundpoetischenGeschmack Frankreichs verkörpert, dessen Spuren sich in der Musik aller folgenden Generationen bis heute mehroderwenigerstarkausmachenlassen.DieMehrheitfreilichsiehtinBerliozdengenialenSchöpferaußergewöhnlicher,extravaganter,stürmisch(oftfastverrückt)daherkommenderMusik,denErfinderdesmodernenOrchesters,dersichüber Formen (und Grenzen) hinwegsetzte mit seinen unerhörten Besetzungen, mit seinem Streben nach EffekteninseinenvonunablässigschillerndenTonfarbenundKlängenerfülltenKompositionen,ausdenenWagner,Mahler,Strauss,DebussyundRavel–umnureinigezunennen–schöpfenwürden.ZweifellosbeginntmitderSymphonie fantastique (1830)undmitHarold en Italie (1834)einrevolutionäresZeitalter,wasKompositionundInstrumentierungbetrifft. Bei Berlioz schließt diese Revolution jedoch Traulichkeit und Zartheit keineswegs aus. Insofern lässt sichdieser Komponist sowohl der einen als auch der anderen Richtung zuordnen und befindet sich gleichzeitig auchdazwischen.DieserArtistübrigensauchseinVerhältniszuVergangenheitundZukunft:Berliozhegtegegenüberdenälteren Meistern (Gluck, Spontini, Beethoven,Weber) mehr Respekt als gegenüber seinen Zeitgenossen, war aberimmeraucheinVisionär,deraufderSuchenachausgefallenenKlängenundungewohntenAusdrucksmöglichkeitenNeulandbetrat.

AufdenerstenErfolgderSymphonie fantastique inParisfolgtderAufenthaltBerlioz‘alsStipendiatinderVillaMediciinRom.Indieser„akademischenKaserne“kommtervorLangeweileundLiebeskummer(seineinParisgebliebeneVerlobtehatihnverlassen)fastum.ErwillsichablenkenunddurchstreiftItalien,wobeierEindrückeundAusdrückesammelt,musikalischesMaterial,landschaftlicheImpressionen,woerSzenenmitBauersleutenoderinderWildniserlebt: Alles wird ihm als Inspirationsquelle für Harold en Italie dienen. Außerdem liest er Byron, den anrüchigenDichterderRomantik–undzwarvorzugsweiseineinemBeichtstuhldesvatikanischenPetersdoms!„IchhatteeinenBandvonByrondabei,mitdemichesmirineinemBeichtstuhlbequemmachte,undwährendichdiekühleLuftunddieandächtigeStillegenoss,dienurabundzudurchdaswohlklingendeMurmelnderbeidenBrunnenaufdemgroßenVorplatzvonSanktPeterunterbrochenwurde,dasmirdieWindstößezuGehörbrachten,verschlangichinallerRuhedieseunbändigePoesie; ich folgtedenkühnenSeereisendesKorsaren; ichbewundertediesenCharakterzutiefst,dergleichzeitigunbarmherzigundliebevollwar,unerbittlichundedelmütigundindemsichaufseltsameWeisezweischeinbargegensätzlicheGefühlevermischten:derHassaufdiemenschlicheSpeziesunddieLiebezueinerFrau.“

Harold en Italie magdieAnmutungeinesSolokonzertshaben,istjedocheineSinfonie.IhrenAnfangnimmtsieimJanuar1834miteinemMissverständniszwischenPaganiniundBerlioz.ErstereristeinrichtigerStar(überhaupteinerdererstenimheutigenSinn),underwilleingroßesKonzertstückfürseineneueBratsche:„IchhabeeinewunderbareBratsche,einInstrumentvonStradivariuszumStaunen,undichmöchtesieöffentlichspielen.AberichhabekeineMusikad hoc.WollenSieeinBratschensoloschreiben?“DieAufführungderSymphonie fantastique imDezember1832 istPaganininämlichin lebhafterErinnerung.Berlioz istbegeistertundnimmteinWerkinAngriff,dasvonBeethovens9.Sinfonie inspiriertseinsoll,dieerunlängstgehörthatundvonderenÄsthetikerimmernochergriffenist.DasStücksolltedenTitel Les Derniers Instants de Marie Stuart tragen und als Besetzung neben dem Orchester eine Solobratsche undeinenChor(inAnlehnunganBeethovens9.)vorsehen.DocheskommtetwasAnderesheraus–manweißnicht,warumundwie–,undzwareineSinfoniemitSolobratsche.Paganini reagiertenttäuscht:„Das istnicht,was ichmeinte! Ichschweigedavielzulang,ichsollteunentwegtspielen!“EshatdanneinandererSolist,ChrétienUrhan,Harold en Italie zurUraufführunggebracht,diesekonzertanteUtopie,inderderHeldlerntzuschweigen,nachzudenken,inderMaßedesOrchestersdahinzuschwinden,umsichdannausderWeltzuentfernen,verlorenalsLiebender,inimmerheftigereErregunggeratend,weinend,lachend,träumend,singend…

Mit Harold en Italie bläst ein neuerWind, genau wie im Fall der Symphonie fantastique, und er bläst ebenso stark.Und auch hier findet sich eine „idée fixe“, die das ganzeWerk durchzieht – dasThema, das mit dem ersten EinsatzderBratscheetabliertwird.DochdiesersonderbareGesangvermischtsichmitdenBegegnungenundEreignissenundverliertsichdarin.Hierbeziehtsichdie„idée“wenigeraufdasgeliebteWesenalsaufdenLiebendenselbst.Mankanndavonausgehen,dasssichBerliozmitderFigurdesHaroldidentifizierte.UnddasGeschehenhateinenklarenAblauf.ErstbefindetsichderKünstler/derBratschistHarold/HectoralleinindenBergen.DannerscheintderZugderPilger,diedasAbendgebetsingen(eineinMusikgesetzteErinnerunganItalien,aberauchanBerlioz‘KindheitinLaCôte-Saint-André).HaroldbegleitetdieGruppeeinStückweit,gehtanihrerSeiteeinher,entferntsichSchrittumSchrittunddannendgültigvonihr.DannwirderZeugederBegegnungzweierLiebenden,einemBergbewohnerundseinerSchönen,wasGelegenheitzueinemSaltarelloundeinerSerenadegibt(wiesieBerliozbeiseinenWanderungeninItaliengehörthabenmag),wobeiRhythmusundMelodieerstgegenübergestelltunddannkombiniertwerden.IngewissenMomentenscheintsichdasOrchestermitdereinfachenAnmutvonVolksmusikinstrumententänzerischzubewegen.BerliozversuchtdieBesonderheitdiesesTimbres,derRhythmenundderTexturzuGehörzubringen.(Undhierzeigtsich,wiewichtigundnötig die historischen Instrumente des Orchesters Les Siècles von François-Xavier Roth mit ihrer Befangenheit sind.)Mit einem weiteren Anklang an die Symphonie fantastique endet das Abenteuer in einem wilden Gelage, das vonBlechbläserklängenerfülltistundvonRäubernbevölkert(stattderHexen,aberdasläuftaufdasGleichehinaus):DerHeldscheintüberallesdieKontrollezuverlieren,sowieimrichtigenLeben…

DochfüreinmalhatdasLebenentschieden,nettzusein.NachdemPaganini1838Harold en Italie gehörthat,vergissterseineAblehnunggegendasWerk,erklärt,dassdasGenieBeethovens inBerliozseineWiedergeburt feiere,undübergibtdemKomponisten20.000Francs,diediesersogleichineineneueSinfonieinvestierenwill,diedannauchnichtsorichtigeineseinwird(derAblaufistganzneu,aberdiemitreißendemusikalischeVisionvonBerliozfehltauchhiernicht):Roméo et Juliette.

GanzandersalsbeidiesenWerkenweißmanüberdieEntstehungderNuits d’été nursehrwenig.Es istbekannt,dasssichdasJahr1841fürBerliozsehrstürmischgestaltet,derhin-undhergerissenistzwischenseinerFrau,HarrietSmithson(derschönenirischenSchauspielerin,fürdieerkeineLiebemehrempfindet),undseinerneuenGefährtin,derMezzosopranistinMarieRecio,derAnstifterinoder,nettergesagt,AnregerindiesesLiedzyklus,deranfänglichinderFassungfürMezzosopran-oderTenorstimmeundKlavierherauskommt(1841).JedenfallsinstrumentiertBerliozim Jahre 1843 Absence für Marie Recio, die das Lied dann anlässlich einer Deutschlandtournee, auf der sie denKomponistenbegleitet,erfolgreichinWeimarzurUraufführungbringt.NachundnacherfolgtdieInstrumentierungderrestlichenNummern,fürdieBerliozimmereinkleinesOrchesterinMozart-Besetzungvorsieht:EineungewöhnlicheFormation, die sich der Komponist jedoch meisterhaft zunutze zu machen weiß. Die Begeisterung für diese Liederist so groß, dass Berlioz es sich nicht nehmen lässt, sie zu transponieren und auf verschiedene Stimmlagen zuverteilen, so dass sich mehrere Kombinationen und Durchmischungen ergeben können. Sechs deutschen Sängernbzw. Sängerinnen werden die instrumentierten Lieder jeweils zugedacht (die erste Fassung ist in ihrer GesamtheitausschließlichfürLouiseBertinbestimmt).DochdieTraditionwillnureinebeschränkteAufteilungderStimmen:DieEinheitlichkeitderTextebringtesmitsich,dassderZyklusmeistvonFrauen,undzwarüberwiegendMezzosopranen,gesungenwird,währenddieTenörederVergessenheitanheimfallen(obwohlsiejaindererstenFassungvorgesehensind),ebensowiedieBaritone,fürdieinderzweitenVersionimmerhindasLiedSur les lagunes - Lamento ersehenist.DenMännernmangelteseigentlichganzundgarnichtanFeinfühligkeit,unddieWortekönnensehrwohlauchuntereinemmännlichenGesichtswinkelgelesenwerden.

DieTextederNuits d’été stammenausderGedichtsammlungLa Comédie de la mort (1838)vonThéophileGautier,dermitBerliozbefreundetwarundsichsehr fürdessenWerkeBenvenuto Cellini undRoméo et Juliette einsetzte.Einige dieser Gedichte entstanden übrigens mit dem Ziel ihrer Vertonung, sei es durch Berlioz oder durch einenanderen Komponisten (das sollten dann Fauré und Debussy sein). DieVerbindung vonWort und Musik ist perfektgelungen,unddadieWahlvonGautiersTextenwohlmitgroßemBedachterfolgte,kannmanannehmen,dasssieinhaltlichderwidersprüchlichenGefühlsweltvonBerliozentsprechenundaucheinigeParallelenzuseinerBiografieaufweisen.EinerseitsdasGefühlvonSchuldundVerlust:Le Spectre de la rose,Sur les lagunes - Lamento,Absence,Au cimetière - Clair de lune–einemöglicheVorahnungdestragischenEndesvonHarriet,derdasUnglückwiderfuhr,vergessenzuwerden.AndererseitsvielleichtdasSpielderVerliebten,derDrangsichloszusagenunddiedankMariewiedergefundeneFreude:Villanelle,L’Île inconnue.SomagsichdiePoesieeinesManneswieBerliozdarstellen:rauundzartzugleich,gemüthaftundüberspannt,feinfühligundtiefgründigwieeineBaritonstimme.

BRUNOMESSINAÜbersetzung: Irène Weber-Froboese

Page 9: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

9 françaistracks

plages cd

Ein Gespräch mit François-Xavier Roth

Was stellt Hector Berlioz für Sie und das Orchester Les Siècles dar?

Berlioz gehört quasi seit der Gründung des Orchesters zu dessen Geschichte, und er ist ganz besonders präsent,seitwirunsmitseinemGeburtsortLaCôte-Saint-Andrézusammengetanhaben,wowir jedes Jahr imRahmendeswunderbaren,vonBrunoMessinageleitetenFestivalBerliozauftreten.SeineMusikhabeichübermeineVorgängerund während meiner noch kurzen Laufbahn kennengelernt, z.B. als ich Assistent von Sir Colin Davis war, damalsChefdirigentdesLondonSymphonyOrchestra:DasersteWerk,dasichmitihneneinstudierte,warLes Troyens.Dannhatte ichdasGlück,michmitdemselbenWerkamThéâtreduChâteletalsAssistentvonSir JohnEliotGardinerzubeschäftigen,dermireinevölligneueDimensiondesKomponistenerschloss:BerliozaufhistorischenInstrumenten.Mankannsagen,dassBerliozdamals,d.h.indenersten2000erJahren,aufganzentscheidende,geradezublitzartigeWeiseinmeinLebenalsDirigentgetretenistunddassermichseitherniemehrverlassenhat.

Welchen Beitrag kann das Timbre des Baritons von Stéphane Degout hier leisten?

IndenNuits d’été stelltsichinderTatdieFragenachdenSingstimmen,denneshandeltsichumeinenZyklus,derfürverschiedeneStimmlagengeschriebenwurde.Ichdenke,mitStéphaneDegoutbefindenwirunsineineridealenSituation,dennerhatvielmehrzubietenalseinfachnurdasrichtigeStimmfach:Wirhabenesbei ihmmiteinemfranzösischen Bariton von außergewöhnlicher Ausdruckskraft, Noblesse, darstellerischer Schönheit und hoherTextintelligenzzutun.WaserindieMelodieallgemeinundindiefranzösischeMelodieimSpeziellenhineinzutragenvermag,dasmacht ihnzueinemerstklassigen Interpreten,undso istes fürmichvölligklar,dassman ihmdiesenZykluseinfachanvertrauenmuss.

Welche Bedeutung hat der Umstand, dass hier Instrumente aus Berlioz Zeit zum Einsatz kamen?

WieanderenKomponisten,diedenOrchestersatzerneuerten,warauchBerliozdarangelegen,dieihmzurVerfügungstehendenInstrumenteoptimalzurGeltungzubringen.ErwussteüberdieNeuheitenimBereichdesInstrumentenbausgenau Bescheid, und so wie es einem Koch auf die richtigen Zutaten ankommt, so wollte Berlioz die richtigenInstrumenteeinsetzen.Esistwirklichspannend,dieauthentischenKlangfarbenderInstrumenteausBerlioz‘Zeitzuhören,denndadurcherfasstmansehrrasch,welcherArtdiedamalsneuenKlangkombinationenwaren.Eswärevielschwieriger,diesemitjüngerenodermodernenInstrumentenzuerzeugen,währendmanmitdenInstrumenten,fürdieBerliozschrieb,sofortversteht,wasaufdemSpielstandundwieerdieneuenKlangfarbenherzustellenbeabsichtigte.DiesenochniedagewesenenKlangmischungenkannnichtnureingroßesSinfonieorchester,sondernauchschoneinkleineresOrchesterwiedasderNuits d’été vermitteln.

Das andere Meisterwerk dieser Einspielung, Harold en Italie, wurde unter Beteiligung von Tabea Zimmermann aufgenommen. Würden Sie sagen, dass die Interpreten hier vor den gleichen Herausforderungen stehen wie bei den Nuits d’été, oder gibt es Unterschiede?

MitHarold en Italie lernenwireineandereSeitevonBerliozkennen.DieeinzigeGemeinsamkeitmitdenNuits d’été liegtdarin,dasseseinePersongibt,dieeineArtsolistischeRolleverkörpert.BeidenNuits d’été istdasrechtklar,denn da singt eine vom Orchester begleitete Solostimme die vertonten Texte; bei Harold en Italie stellt sich dieSache dagegen viel komplexer dar: Die Solobratsche ist kein konzertierendes Instrument, wie es typischerweisedieInstrumentalkonzertederRomantikvorsehen,sondernsiestelltmusikalischeinePersondar,einenErzählerundProtagonisten der Geschichte von Harold, um die es geht. Berlioz hat hier für das Soloinstrument eine ganz neueRolleerfunden,wassichmithinaufdasVerhältniszwischenSolistundOrchesterauswirkt.IchvergleichediesesWerkvonBerliozoftmitDon Quixote vonRichardStrauss,einerTondichtung,inderdassolistischeingesetzteVioloncelloebenfallseinePersonzurepräsentierenscheint.MitHarold en Italie hatBerliozlangevorRichardStraussdiesenTypuserfunden.

Zeigen Sie uns mit dieser Aufnahme einen Berlioz auf der Suche nach einer künstlerischen Neuausrichtung?

Mankönnteannehmen,dassessichhierumzweiWerkehandelt,dienichtvielgemeinsamhaben:Harold en Italie hateineriesige,dieNuits d’été einekleineOrchesterbesetzung.DochbeidenistdieTatsacheeigen,dassBerliozmitihnenneueMustergeschaffenhat:AlsersterKomponistschriebereinenMelodiezyklusmitOrchesterbegleitungundeinesinfonischeDichtungmitSolobratsche.InsofernlässtdievorliegendeAufnahmeermessen,wieweitBerliozmitseinenmusikalischenErneuerungenging.

DasGesprächwurdevonharmoniamundiimJuli2018geführt.Übersetzung : Irène Weber-Froboese

Page 10: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

10tracks

plages cdtextes chantés • sung texts

Villanelle

WennderFrühlingkommt,WenndieKältedesWintersvergangen,Gehenwirbeide,meineSchöne,MaiglöckchenpflückenimWald.

UnterunserenSchrittenberstendiePerlen,DieglitzerndimMorgenlichtzittern,Wennwirgehen,dieAmselnzuhören,Wennwirgehen,dieAmselnsingenzuhören.

DerFrühlingistda,meineSchöne,DerLiebendenWonnemondistgekommen,UndderVogel,denFlügelsichglättend,SingtLiederaufdemRandseinesNestes.

Okommdoch,aufdiesemLagerausMoosLaßunsvonunsererLiebeerzählen,UndsagmirmitdeinerzärtlichenStimme,SagmirmitdeinerzärtlichenStimme:„Fürimmer.“

Tief,immertiefergeratenwirindenWald,ScheuchendenHasenaufimVersteckUnddenHirsch,derimSpiegelderQuelleSeinstolzesGeweihbewunderdbeäugt.

Dannkehrenwirglücklichundfröhlich,UnsereFingerineinanderverschlungen,NachHausezurückundbringenErdbeerenmitNachHausezurückundbringenWalderdbeerenmit.

Der Geist der Rose

HebedeinegeschlossenenLider,DieeinjungfräulicherTraumflüchtigstreift,IchbinderGeisteinerRose,DiedugesternzumBalltrugst.

Benetztwarichnoch,alsdumichnahmst,VonderGießkannesilbernenTränen,UndunterdemSternenhimmelbeimFestTrugstdumichumherdenganzenAbend.

Odu,umderentwillenichstarb,DuwirstihnnichtvertreibenkönnenDenrosigenGeist,derjedeNachtAndeinemBettnuntanzenwird.

DochhabkeineAngst,ichverlangeKeineMesseundkeinDeProfundis;DieserzarteDuftistmeineSeele,UndausdemParadieskommichzudir.

BeneidenswertwardochmeinLos,UndfüreinsogroßesGlückHättemancheinerseinLebengegeben,DennandeinerBrustistmeinGrab.

Villanelle

Whenthenewseasonhascome,Whenthefrostshavedisappeared,Weshallgo,thetwoofus,mybeauty,Togatherlilies-of-the-valleyinthewoods.

CountingbeneathourfeetthebeadsThatareseentremblingatdawn,Weshallgotoheartheblackbirds,Weshallgotoheartheblackbirdssinging.

Thespringhascome,mybeauty,Itisthemonthofblessedlovers,Andthebird,whettingitswing,Twittersstrainsonthevergeofitsnest.

Oh!Praycome,andonthismossybankSpeakofoursweetloves,Andtellmeinyourvoicesosoft,Andtellmeinyourvoicesosoft,‘Forever’.

Far,farawayourstepsdoroam,Puttingtoflightthehiddenrabbit,Andthedeerbentoverthemirrorofthebrook,Admiringitsspreadingantlers.

Thenhomeward,happily,joyfully,Ourfingersentwinedinabasket,LetusreturnbearingstrawberriesLetusreturnbearingwildstrawberries.

The Spectre of the rose

RaiseyourclosedeyelidThatisskimmedo'erbyavirginaldream,IamthespectreofaroseThatyouworeyesternightattheball.

YougatheredmestillbedewedWiththesilverybeadsofthesprinkler,Andamidstthespangledrevels,Youcarriedmeallnightlong.

Oyou,whowerethecauseofmydeath,Youwillnotbeabletodrivemeaway:EverynightmyrosyspectreWillcomedancingatyourbedside.

Butdonotfear,IdonotcallForeitherMassorDeProfundis;Thisfleetingfragranceismysoul,AndIcomefromParadise.

Myfatewasworthyofenvy,Andtohavehadsohappyalot,Morethanonewouldhavegivenhislife,ForuponyourbreastIhavemytomb.

Les Nuits d’été5 | Villanelle

Quandviendralasaisonnouvelle,Quandaurontdisparulesfroids,Touslesdeuxnousirons,mabelle,Pourcueillirlemuguetauxbois;

Sousnospiedségrenantlesperles,Quel’onvoitaumatintrembler,NousironsécouterlesmerlesNousironsécouterlesmerlessiffler.

Leprintempsestvenu,mabelle,C’estlemoisdesamantsbéni,Etl’oiseau,satinantsonaile,Ditdesversaureborddunid.

Oh!viens,donc,surcebancdemoussePourparlerdenosbeauxamours,Etdis-moidetavoixsidouce,Etdis-moidetavoixsidouce:“Toujours.”

Loin,bienloin,égarantnoscourses,Faisantfuirlelapincaché,EtledaimaumiroirdessourcesAdmirantsongrandboispenché;

Puischeznous,toutheureux,toutaises,Enpanierenlaçantnosdoigts,RevenonsrapportantdesfraisesRevenonsrapportantdesfraisesdesbois.

6 | Le Spectre de la rose

SoulèvetapaupièrecloseQu’effleureunsongevirginal,Jesuislespectred’uneroseQuetuportaishieraubal.

TumeprisencoreemperléeDespleursd’argentdel’arrosoir,EtparmilafêteétoiléeTumepromenastoutlesoir.

Ôtoi,quidemamortfutcause,Sansquetupuisseslechasser,TouteslesnuitsmonspectreroseÀtonchevetviendradanser.

Maisnecrainsrien,jeneréclameNimesseniDe Profundis;Celégerparfumestmonâme,Etj’arriveduParadis.

Mondestinfutdigned’envie,EtpouravoirunsortsibeauPlusd’unauraitdonnésavie,Carsurtonseinj’aimontombeau,

Page 11: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

11tracks

plages cdtextes chantés • sung texts

UndindenAlabaster,aufdemichliege,HatmiteinemKußeinPoetEingraviert:HierruhteineRose,VonallenKönigenglühendbeneidet.

Auf der Lagune - Klagelied

MeineschöneGeliebteisttot:Ichwerdesieewigbeweinen;InsGrabnimmtsiemitMeineSeeleundmeineLiebe.

IndenHimmel,ohnezuwarten,Gingsievonmirfort;DerEngel,dersiedavontrug,Michnahmernichtmit.

WelchbitteresLos,Ach,ohneLiebeauf’sMeerhinausfahren!

DasreineGeschöpfLiegtimSarg;DieganzeNatur,allesScheintmirinTrauerzusein.

DievergesseneTaubeTrauertgedankenverloren,MeineSeeleweintundfühlt,Daßsieverwaistist.

WelchbitteresLos,Ach,ohneLiebeauf’sMeerhinausfahren!

WieeinLeichentuchbreitetsichÜbermichdieunendlicheNacht;MeineRomanzesingeich,DienurderHimmelvernimmt.

Ach,wieschönsiedochwarUndwieichsieliebte!NiemalswiederwerdeichEineFrauliebenwiesie.

WelchbitteresLos,Ach,ohneLiebeauf’sMeerhinausfahren!

Abwesenheit

Kommzurück,komm,meineGeliebte!WieeineBlumeohnedieSonne,IstmeinesLebensBlütegeschlossenOhnedeinwärmendesLächeln.

SogroßdieEntfernungunsererHerzen,SoweitderRaumzwischenunsrenKüssen!ObitteresLos!OgrausameTrennung!Oungestillte,sehnlicheWünsche!

Kommzurück,komm,meineGeliebte,etc.

AnduponthealabasterwhereIrestApoetwithakissHaswritten,HereliesaroseThatallkingswillenvy.

On the lagoons - Lamento

Myfairloveisdead:Iwillweepforevermore;IntothetombshebearsMysoulandallmylove.

Toheaven,withoutawaitingme,Shehasreturned;TheangelthatboreherhenceWouldnottakemetoo.

Howbitterismylot!Ah!Withoutlovetogotosea!

Thesnow-whitecreatureIslyinginthecoffin;HoweverythinginnatureTomeinmourningseemstobe!

TheforsakendoveWeepsanddreamsoftheabsentone,MysoulgrievesandfeelsThatithaslostitsmate.

Howbitterismylot!Ah!Withoutlovetogotosea!

OvermetheendlessnightSpreadslikeashroud;IsingmyromanceThatheavenhearsalone.

Ah!Howfairshewas,AndhowIlovedher!IshallneverloveawomanAsmuchasIlovedher.

Howbitterismylot!Ah!Withoutlovetogotosea!

Absence

Return,return,mydearlybeloved!Likeaflowerfarfromthesun,Theflowerofmylifeisclosed,Farfromyourgoldensmile.

Whatadistanceliesbetweenourhearts,Howmuchspacebetweenourkisses.Obitterfate!Ogrievousabsence!Oinfinityofunappeaseddesires!

Return,return,mydearlybeloved,etc.

Etsurl’albâtreoùjereposeUnpoèteavecunbaiserÉcrivit:Ci-gîtuneroseQuetouslesroisvontjalouser.

7 | Sur les lagunes - Lamento

Mabelleamieestmorte:Jepleureraitoujours;SouslatombeelleemporteMonâmeetmesamours.

Dansleciel,sansm’attendre,Elles’enretourna;L’angequil’emmenaNevoulutpasmeprendre.

Quemonsortestamer!Ah!sansamour,s’enallersurlamer!

LablanchecréatureEstcouchéeaucercueil;CommedanslanatureToutmeparaîtendeuil!

LacolombeoubliéePleureetsongeàl’absent,MonâmepleureetsentQu’elleestdépareillée.

Quemonsortestamer!Ah!sansamours’enallersurlamer!

SurmoilanuitimmenseS’étendcommeunlinceul;JechantemaromanceQuelecielentendseul.

Ah!CommeelleétaitbelleEtcommejel’aimais!Jen’aimeraijamaisUnefemmeautantqu’elle.

Quemonsortestamer!Ah!sansamours’enallersurlamer!

8 | Absence

Reviens,reviensmabien-aimée!Commeunefleurloindusoleil;Lafleurdemavieestfermée,Loindetonsourirevermeil.

Entrenoscœursquelledistance;Tantd’espaceentrenosbaisers.Ôsortamer!Ôdureabsence!Ôgrandsdésirsinapaisés!

Reviens,reviensmabien-aimée,etc.

Page 12: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

12tracks

plages cdtextes chantés • sung texts

Vonmirbiszudir,nurFelder,NurStädteundDörfer,NurTälerundBerge,EinWeg,derdieHufederPferdeermüdet.

Kommzurück,komm,meineGeliebte,etc.

Auf dem Friedhof - Mondschein

KenntihrdasweißeGrab,AufdemmitklagendemLautDerSchatteneinerEibespielt?InderEibesitztbleicheineTaube,TraurigundeinsamindersinkendenSonne,UndsingtihrLied.

EinekrankhaftzärtlicheWeise,Bezauberndundtödlichzugleich,DieeinenschmerztUnddiedochnieendensoll.

EineWeisewiederSeufzerEinesverliebtenEngelsimHimmel.Esist,alsobdieerwachendeSeeledortuntenWeinendeinstimmteindenGesang.

UnddasUnglück,vergessenzusein,BeklagtsiemiteinemGurrenGanzsanft.AufdenFlügelndersanftenMusikFühltman,wielangsamEinErinnernzurückkehrt.EinSchatten,eineEngelsgestaltHuschtvorüberineinemSchimmer,InweißeSchleiergehüllt.

DieWunderblumen,halbgeöffnet,VerströmenzartundsüßihrenDuft,Hülleneuchdarinein,UndderSchatten,mitmatterGeste,Murmelt,dieArmenacheuchausgestreckt:„Dukommtzurück!“

Onein,niemalswiedergehichzumGrab,WennsichderAbendherabsenktWieeinschwarzerMantel,DiebleicheTaubesingenzuhörenImWipfelderEibeIhrklagendesLied!

Die unbekannte Insel

Sagt,schönesKind!WowolltIhrhin?SchonblähtsichdasSegel,WirhabengutenWind!

AusElfenbeinistdasRuder,DieFlaggeausMoiré,AusFeingolddasSteuer;EineOrangeistmeineFracht,

Fromheretothere,howmanyfields,Howmanytownsandhamlets,HowmanyvalleysandmountainsTowearythehorses’hooves!

Return,return,mydearlybeloved,etc.

In the Cemetery - Moonlight

DoyouknowthewhitetombWhere,withaplaintivesoughing,soarsTheshadowofayew?Upontheyewapaledove,Mournfulandalone,inthesettingsunSingsitssong.

Amorbidlytenderlay,Bothbeguilingandfatal,Thatpainsone’sheart,Andthatonewouldwishtohearforever.

AnairlikeonealovelornangelSighsinheaven.ItisasiftheawakenedsoulWereweepingbeneaththeearthinunisonwiththatsong.

AndwiththepainofhavingbeenforgottenWereinagentlecooingSoftlycomplaining.UponthewingsofthemusicOnefeelstheslowreturnOfamemory:Ashadow,anangelicshapePassesbyinatremblingray,Veiledinwhite.

Thehalf-closedeveningprimrosesShedtheirfaint,sweetfragranceAroundyou,AndtheghostwithgesturesindolentlyslackMurmurs,stretchingoutitsarmstoyou,‘Youwillreturn!’

Oh!NeveragainshallIgoNearthetombwhenthenightfallsInitsblackcloak,TohearthepaledoveSingatthetopoftheyewItsplaintivesong!

The unknown isle

Tellme,fairmaiden,Wherewouldyougo?Thesailspreadsitswing,Thebreezeisrising!

Theoarisofivory,Thestandardofwateredsilk,Therudderofpuregold;

D’icilà-bas,quedecampagnes,Quedevillesetdehameaux,Quedevallonsetdemontagnes,Alasserlepieddeschevaux!

Reviens,reviensmabien-aimée,etc.

9 | Au Cimetière - Clair de Lune

Connaissez-vouslablanchetombe,OùflotteavecunsonplaintifL’ombred’unif?Surl’if,unepâlecolombe,Tristeetseule,ausoleilcouchant,Chantesonchant.

Unairmaladivementtendre,Àlafoischarmantetfatal,Quivousfaitmal,Etqu’onvoudraittoujoursentendre,

Unair,commeensoupireauxcieuxL’angeamoureux.Ondiraitquel’âmeéveilléePleuresousterreàl’unissondelachanson,

Etdumalheurd’êtreoubliée,SeplaintdansunroucoulementBiendoucement.SurlesailesdelamusiqueOnsentlentementrevenirUnsouvenir;Uneombre,uneformeangéliquePassedansunrayontremblant,Envoileblanc.

Lesbellesdenuit,demi-closes,JettentleurparfumfaibleetdouxAutourdevous,EtlefantômeauxmollesposesMurmureenvoustendantlesbras:“Tureviendras!”

Oh!jamaisplus,prèsdelatombe,Jen’irai,quanddescendlesoirAumanteaunoir,ÉcouterlapâlecolombeChanter,surlapointedel’if,Sonchantplaintif!

10| L’Île inconnue

Dites,lajeunebelle!Oùvoulez-vousaller?Lavoileenflesonaile,Labrisevasouffler!

L’avironestd’ivoire,Lepavillondemoire,Legouvernaild’orfin;J’aipourlestuneorange,

Page 13: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

13tracks

plages cdtextes chantés • sung texts

EinEngelsflügeldasSegel,DerSchiffsjungeisteinSeraph.

Sagt,schönesKind,etc.

WolltIhrzurOstsee?IndenPazifik,AufdieInselJava?OdersollesnachNorwegengehen,DieSchneeblumezupflückenOderdieBlumevonAngsoka?

Sagt,schönesKind,Sagt,wowolltIhrhin?

Bringtmich,sagtdieSchöne,AndasverläßlicheUfer,WomanohneEndeliebt.DiesesUferist,meineLiebe,NurwenigbekanntImLandderLiebe.

WowolltIhrhin?WirhabengutenWind.

Übersetzung: Heidi Fritz

Myballastisanorange,Myveilanangel’swing,Mycabin-boyaseraph.

Tellme,fairmaiden,etc.

IsittotheBaltic?OrtothePacific,TotheisleofJava?OrperchancetoNorwayTogatherthesnowdrop,OrtheAngsokablossom?

Tellme,tellme,fairmaiden,Tellme,wherewouldyougo?

Takeme,saysthefairone,TothefaithfulshoreWherelovelastsforever.Thatshore,mydear,IsnotreallyknownInthelandoflove.

Wherewouldyougo?Thebreezeisrising.

Translation: Charles Johnston

Pourvoileuneailed’ange;Pourmousseunséraphin.

Dites,lajeunebelle,etc.

Est-cedanslaBaltique?DanslamerPacifique,Dansl’îledeJava?Oubienest-ceenNorvège,Cueillirlafleurdeneige,Oulafleurd’Angsoka?

Dites,dites,lajeunebelle,Dites,oùvoulez-vousaller?

Menez-moi,ditlabelle,ÀlarivefidèleOùl’onaimetoujours.Cetterive,machère,OnnelaconnaîtguèreAupaysdel’amour.

Oùvoulez-vousaller?Labrisevasouffler.

Page 14: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

14tracks

plages cddiscography

CLAUDEDEBUSSY

Prélude à l’après-midi d’un fauneJeux / Nocturnes

Avec Les Cris de Paris, Geoffroy JourdainCD + DVD HMM 905291

MAURICERAVEL

Daphnis & ChloéAvec l’Ensemble Aedes

Marion Ralincourt, flûte traversièreCDHMM905280

Ma mère l’OyeLe Tombeau de Couperin

Shéhérazade, ouverture de féerieCD HMM 905281

Les Siècles, François-Xavier Roth • Sélection discographiqueAll titles available in digital format (download and streaming)

Stéphane Degout • Rappel discographiqueAll titles available in digital format (download and streaming)

EnfersScènesd’opéras

RAMEAUZoroastre,Dardanus,CastoretPollux,

HippolyteetAricie,LesSurprisesdel’amour,LesBoréades

GLUCKIphigénieenTauride,Armide,

OrphéeetEurydicePygmalion

Raphaël PichonLIVRE-DISQUE HMM 902288

CLAUDEDEBUSSY

Harmonie du soirMélodies / Songs

Avec Sophie Karthäuser, sopranoEugene Asti, Alain Planès, piano

2 CD HMM 902306.07

Page 15: HECTOR BERLIOZ Harold en Italie Les Nuits d’été · FRANZ LISZT HECTOR BERLIOZ (1803-1869) Harold en Italie Symphonie avec un alto principal en 4 parties, op. 16, H. 68 D’après

harmonia mundi musique s.a.sMédiapôleSaint-Césaire,ImpassedeMourgues,13200ArlesP2019

Enregistrements:LesNuitsd’été:15&16août2018,Alfortville,Maisondel’Orchestrenationald’Île-de-France,

HaroldenItalie:2&3mars2018,PhilharmoniedeParis,Directionartistique,montageetmixage:JiriHeger

Prisedeson:AlixEwald©harmoniamundipourl’ensembledestextesetdestraductions

Illustration:GiuseppeCanellal’Ancien,Paysageaucoucherdusoleil,1838.akg-images/MPortfolio/Electa

Maquette:Atelierharmoniamundi

harmoniamundi.com

HMM902634