[Hélène Ahrweiler] Philadelphie Et Autres Étude(BookFi.org)

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    PUBLICATIONS DE LA SORBONNEUniversit de Paris 1 Panthon-Sorbonne

    Srie BYZANTINA SORBONENSIA-4

    CENTRE DE RECHERCHES D mSTOIREET DE CIVILISATION BYZANTINES

    PHIL DELPHIE1ET UTRES ETU ES

    -0

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    La loi du 11 mars 1957 n'autoris .lnt, aux termes des alinas 2 et 3 de l'article 41 d unepart, q u ~ ~ e s copIes r ~ p r o d u c t J o ~ s strictement rserves l'usage priv du copiste etnpn. estm es une utilIsatIOn collectIVe et, d autre part que les analyses et les courtesi ~ ~ ~ t g l r a n l s e doaunspunt . blu t 1 ' ~ x e m p l e let d'illustration, toute ;eprsentation ou reproduction ar Je e, laIte sans e consentement de l'aute d d .ayants cause, est illicite (alina 1 r de l'Article 40 . ur ou e ses ayants rOlt ou

    PRF CE

    Le prsent volume de Byzantina Sorbonensia constitue, dans sa plusgrande partie, le complment des travaux prsents dans le volume prcdende la srie. En effet, la gographie historique du monde byzantin continuetre l objet majeur de nombreuses tudes qui y prennent place. On noteraque celles qui concernent la partie europenne de l Empire byzanti n traitende la gographie administrative tandis que l Orient byzantin, l Anatolieest reprsent par plusieurs contributions (celle de Monsieur P. Lemerlehonore particulirement la srie) ayant toute s trait une ville, Philadelphieet sa rgion. es notes de recherche et ces tudes consacres ux sourcesl histoire, la topographie ou la prosopographie de Philadelphibyzantine, notamment pendant les deux derniers sicles de son existenceforment, en vrit, un dossier cohrent qui justifie le titre donn au prsenvolume. Toutefois, une autre particularit caractrise cet o uvra ge: l apporimportant de savants trangers qui ont bien voulu nous confier le rsultade leurs recherches les plus rcentes; qu ils trouvent ici l expression demon vif remerciement.

    Hlne AHRWEILER

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    PHIL DELPHIE ET THESS LONIQUEU DBUT DU XIVE SICLEA PROPOS DE JE N MONOM QUE

    L'histoire tourmente de l'Asie Mineure byzantine au dbut du XIV sicleest particulirement bien illustre par la carrire et le sort de certainspersonnages de l'poque, originaires ou non de cette rgion. La vie dupincerne Alexis Philanthrpnos et celle de Manuel Tagaris (qu'il fauttudier conjointement et en liaison avec l'histoire de l'Asie Mineure occidentale) en donnent un des meilleurs exemples . Mais le destin moinbrillant ou moins tragique de personnages de second rang n est pas moinsignificatif du dsarroi des temps. Telle nous semble tre la vie de JeanMonomachos qui cette notice est consacre 2 La famille de Monomachos est atteste en Asie Mineure ds le dbu

    du XIIIe sicle3 : on trouve des Monomachos exerant des fonctions importantes 7 t p o x c x . e ~ [ L e : v o c ; ) Smyrne o ils possdent des biens considrablesd'autres Monomachos sont installs dans la rgion de Milet et d'autre

    1. Cf. D. NICOL Philadelphia and the Tagaris Family, in Neo-Hellenica, t r 1970p. 9-17 ; sur Alexis Philanthrpnos, cf. Hlne AHRWEILER Byzance et la Mer, Paris1966 s.v. et de la mme, L'Histoire et la Gographie de la rgion de Smyrne entre ledeux occupations turques (1081-1317), particulirement au xrne sicle, in Byzance lePays et les Territoires, Variorum Reprints, Londres 1976, nO IV, p. 151 (dornavanH. AHRWEILER Smyrne) : l'tude de la famille de Philanthrpnos reste faire.2. Jean Monomachos nous est connu par les correspondances de Michel Gabra(ed. G. FATOUROS Vienne, 1973, notice sur le personnage, t. I, n 47, p. 47), ManueGabalas (ed. D. REINSCH Berlin 1974, et surtout cf. S. KOUROUSS Manuel GabalasMatthieu d Ephse, en grec, Athnes 1972, s.v.) et par les lettres qu il envoya Charlede Valois (ed. Angeliki LAOU Constantinople and the Latins, The Foreign Policy oAndronicus 1282-1328, Ca mbridge, Mass. 1972, p. 342-343: dornavant, A. LAou

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    10 HLNE AHRWEILERenfin dans celle de Philadelphie. La famille est vraisemblablement originairede l'Asie Mineure, mais on ne saurait dire si elle est lie l'empereur duXIe sicle Constantin IX Monomaque ceci semble peu probable), ni sielle a des rapports avec les Monomachos des provinces europennes- Thrace, Thessalie, Constantinopl - du XIV sicle (ventualit nepas exclure, comme nous le montre l'histoire de Jean Monomachos etde son frre Constantin installs au dbut du sicle ThessaloniqueS),ni enfin si la famille de Monomachatos connue par Anne Comnne la findu XIe et au dbut du XIIe sic1e6, est une branche de celle des Monomachos.Remarquons que le nom semble assez rpandu et qu'il est attest sans interruption depuis le XIe sicle,

    Il est certain que Jean Monomachos est originaire de Philadelphie, ol habita avec sa femme et ses enfants au moins jusqu'au sige de la ville

    par les Turcs en 1304. Homme prospre, Jean Monomachos perdit sa fo rtune la suite des vnements conscutifs l'attaque turque (destructions,famine, etc.). De riche, Jean Monomachos devint pauvre, et fut obligde s'expatrier pour subvenir aux besoins de sa famille qui se trouvait dansla ncessit, nous prcise dans une lettre son compatriote Manuel Gab alas 7Don c quelques annes plus tard (avant 1307/8), Jean Monomachos estinstall Thessalonique o il exerce d'importantes fonctions militaires:ego autem sum de parte orientis Romanie et custodio fortiliciamattesalonicensem tamquam capitaneus ipsius fortilicie . Cette prcisionnous est fournie par la lettre que Jean Monomachos adresse par l'intermdiaire de Philippe Marchiano, de Matthieu Balbo et de son proprefrre Constantin Monomachos Charles de Valois, le prtendant, aunom de sa femme Catherine de Courtenay, au trne de ConstantinopleBCette pice est, avec la lettre de Constantin Doukas Limbidars adresseau mme Charles de Valois, de loin le plus important document du dossierde la conspiration provaloisienne fomente par des personnalits byzantines 9 , Retenons a) que la lettre de Monomachos est crite un moment

    4. Cf. F. B A r u ~ l Michel Monomachos, parque et grand conntable (en serbe), inZbornik Radova, t. 11, 1968, p. 215-234, et remarques par S. KOUROUSS, op. cit., p. 111,276, 377 ; aux Monomachoi connus, ajoutons le moine Lon, mort Constantinople,dans le couvent du Christ Sauveur entre 1308 et 1322 : cf. S. SALAVILLe, Une lettre et undiscours indits de Tholepte de Philadelphie, in Rev. Et. Byz., t. 5, 1947, p. 110, 113.5. A. LAou, Constantinople and the Latins, p. 342-343.6. P. GAUTIER, Anne Comnne, Alexiade, Index, Paris, 1976, p. 84, MonomachatosGeorges.7. S. KOUROUSS, op. cit., p. 311-312.

    PROPOS DE JEAN MONOMAQUEo les Catalans qui reconnaissaient dj l'autorit de Charles de Valone sont pas encore partis de Kallipolis 10 et donc peu avant l't 13071et b) que le complot provaloisien regroupe non seulement des rfugid'Asie Mineure comme Jean Monomachos lui-mme, mais aussi de maiores , de hautes personnalits byzantines qui ne se manifestent pouvertement par crainte de paratre ingrates envers l'empereAndronic II 2. La participation a u complot de ces mgaloi anthrpo(hommes importants) est aussi confirme par la lettre grecque que JeaMonomachos adressa Catherine de Courtenay cette mme occasion 1On a voulu voir dans cette remarque sur l'extension du complot danles hautes sphres byzantines une allusion Irne de Montferrat, la seconfemme d'Andro nic II, dont le comportement vis--vis de son poux impriet vis--vis des Grecs a suscit, on le sait, les plus vives critiques de la pade ses contemporains 14 , Toutefois, il me semble plus raisonnable d'attribucette attitude ambige des reprsentants de la haute administration plutqu'aux membres de la famille impriale dont les intrts dynastiques taieforcment opposs tout prtendant. S'il en est bien ainsi, il fase demander si l'allusion de Monomachos au complot des maiores nconcerne pas Nicphore Choumnos et son entourage. Par la correspondancde Manuel Gabalas, nous savons que Jean Monomachos tait en contaavec Choumnos 5 .et par Grgoras nous savons que ds la fin de 130Nicphore Choumnos devait se trouver Thessalonique au chevet de sogendre Jean Palologue, qui mourut au tout dbut de 1307 16 , Faut-ajouter que l'effacement, sinon la disgrce, de Choumnos commensrement en 1305/6 quand il fut remplac au poste de msazon par ThodoMtochits, nomm logothte du gnikon17, En effet, la posie autobiographique de Thodore Mtochits nous apprend que Thodore resdeux ans auprs d'Irne de Montferrat Thessalonique (l'vnementplace en 1303-1305)18 d o il s en retourna pour remplacer Choumnos

    10. A. LAlou, op. cit., p. 342 : Cathalani qui tenent fortilicias in partibus Galipolet nominant te (Charles) dominum.11. Cf. les documents publis par A. Rubi6 l LLUCH, Diplomatari de l Orient CalaBarcelone, 1947, p. 40-42 : d aprs le document n 34 du 31 aot .1307, ibid., p. 42, lpourparlers entre Charles de Valois et les Catalans avaient abouti avant l'arrive Chepoy en Grce.12. A. LAOU, op. cit., p. 342 : Et sicut ego scribo multi alii scriberent qui sunt de isconsilio maiores nisi timerent ingrati reputari.13. H. BIBICOU, Documents, p. 8, 1 3.14. Cf. l-dessus, A. LAlOU, Constantinople and the Latins, p. 200 sq. et surtout p. 21

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    l2 HLNE AHR WEILERd t uval t dans la capitale de la Macdoine ds 1306/7 et ence ermer se ro .1309/10 il Y exerait o f f i c l e l l e m e n ~ l ~ ~ fonctIOns de gouverneur, comme

    nous le prcise un document athOlllte .C t eut-on tracer la carrire de Choumnos de 1307 1309ommen p bl d ,priode pendant laquelle Phakrass sem e exercer I n : ~ o r t a n t e s fonctions

    d 1 'lle20 alors que Michel Gabras, un autre famlller de Jean Mono-ansaVI . C d .machos, se trouve aussi Thessalolllque c est ~ O l I S c ~ que nousconcluons de l information donne par Gabras .lul-meme qUI, dans unelettre Maximos, prcise qu il pronona l'ora son funbre du. despoteJean Palologue21) ? C est sans ~ o u t e dans 1en.tourage,. de NicphoreChoumnos tomb en disgrce et lOlgn Thessalolllque qu Il faut chercherles officiers fort peu zls qui entravrent la dfense de la ville lors del attaque des Catalans allis aux Valois en 1308, et dont fait tat ThomasMagistros dans son discours en f a v e u ~ de C h ~ n d r n o s 2 2 D p c h ~ deConstantinople, Chandrnos a pu organIser,la rSistance de T ~ ~ e s s a l o n l q u eface l agression catalane malgr le peu d empressement qu rencontraauprs de ceux qui taient chargs de la dfense de la ville : tout conduit reconnatre dans cette attitude le comportement qu ol1t srement adoptJean Monomachos et ses amis. Toutefois, les rivalits entre les divers chefscatalans et l missaire de Charles de Valois, Thibaud de Chepoy, les oprations victorieuses de Chandrnos contre les armes catalanes qui furentobliges de quitter la Macdoine et de passer en Thessalie, la mort enfinde Catherine de Courtenay en 1308/9 ont mis fin aux vellits provaloisiennesdes Byzantins de Thessalonique et d ailleurs23 . Quant au secret de la conspiration, il fut bien gard: aucune source ne la mentionne, aucun conspirateurne souffrit de l chec de la conjuration, du moins Thessalonique 24. Bienau contraire, 011 vit tomber en disgrce celui qui libra la ville de l empriseBruxelles, 1962, p. 275-276 i sur les posics de Mtochites, cf. I SBVcBNKo-Jeffl'eyFBATHBRSTONIl, TlVO Poems by Theodore Metochites. Brookline, Mass., 1981.19. Document de Chilandar, ed. V. MOIN ct A. SOVRE, Slipplementa d Acta GmecaChi/andal ii, 1948, p. 17 : Acte II, I 9-14. Nicphore Chournnos nous renseigne sur sesrapports avec la ville de Thessalonique, dans son Symboulcutikos, cd. BOISSONADE,Anecdota Graeca, II, p. 137 sq.20. Sur Phakrass, cf. Maximi PLANUDlS, EpisllIlae, ed. M. TREU, p. 7, et surtout,p. 10,1. 58.21. Michel GABRAS, cd. FATOUROS, nO 23, p. 49-50, 1 3745.22. Ed. BOlSSONADE, Anecdota G/ lieclI, II, p. 197.23. Sur le droulement des oprations, cf. en dernier lieu, A. LATou, Constantinopleand the Latins, p. 220 sq., ct toujours, G. SCHLUMIJERGER, Expdition des A/mugavaresen Orient, Paris, 1902, p. 342 sq.

    au provaloisien ? d aprs

    PROPOS DE JEAN MONOMAQUE 1catalane, Chandrnos lui-mme, ardemment dfendu par Thomas Magistroqui, dans son discours en faveur de ce vaillant gnral, nous a laiss undescription dtaille de la misre et de la dsolation qui frapprent le paydu fait des Catalans25 , l'poque allis de Charles de Valois. Faut-comprendre que le parti provaloisien continua de contrler Thessaloniqu(en 1309/10, Choumnos est officiellement gouverneur), et entreprit de sapela rputation du gnral victorieux par crainte d'tre dmasqu par lui Quoi qu il en soit, la disgrce de Chandrnos reste sans explication satisfaisante 26 et la carrire ultrieure de Jean Monomachos prouve que segarements provaloisiens restrent impunis.

    Notre Jean Monomachos reste sans doute Thessalonique pendanle gouvernorat de Nicphore Choumnos, mais quelques annes plus tarden 1312/13, nous le retrouvons ct de Michel Gabras, dsireux dparachever sa formation (en effet sa lettre Catherine de Courtenay epleine de fautes). Comme il a t du dans ses espoirs crit Gabra Gabalas, Monomachos dcide de changer d'orientation et d'embrassela carrire des logoi , ce qu'il fait avec beaucoup d'application auprde Michel Gabras 27. Sommes-nous Thessalonique ou ConstantinopleIl me semble que Choumnos, Gabras, Monomachos ont tous regagnla capitale: la leve du schisme arsniate, le 14 septembre 1310, rconcilisrement les rfugis micrasiatiques et leurs amis avec les Palologues 28Nombreux sont ceux qui vont servir dsormais les intrts de la maisorgnante, encourags par l'attitude d'Andronic II qui montra la plus grandclmence, Nicphore Choumnos le souligne dans l loge qu'il composen l'honneur de l'empereur29 Jean Monomachos, form par Gabraau mtier des lettres, embrasse alors une nouvelle carrire, son protecteuet ami le rintroduit auprs de Nicphore Choumnos qu'il avait jadconnu30 C est sans doute Choumnos qui mettra Monomachos en contacavec Alexis Philanthrpnos au service duquel notre homme passerareste de sa vie professionnelle.

    Nous savons par la correspondance de Michel Gabras que Monomacho

    25. Thomas MAGISTROS, Presbeutikos, ed. BOISSONADE, op. cit., p. 194 sq. ;du mme, Lettre Josef, sur les attaques des Italiens (Catalans) et des Perses (Turcsibid., p. 212 sq.26. Noter que Magistros demande Mtochites d'intervenir auprs de l'empereen faveur de Chandrnos : ibid., p. 211, note I ; en tout tat de cause il n'est pas possibde penser que Chandrnos, malgr son origine micrasiatique, fut parmi les provaloisiensc est en effet lui qui a combattu victorieusement les allis de Charles, les Catalans.27. Cf. G. FATOUROS, Die Briefe des Michael Gabras, t. II, p. 143, 1 145.

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    14 HLNE AHRWEILERdevint le lecteur du vieux gnral aveugl en 1295 sur ordre du duc Libadarios cause de sa participation au complot contre Andronic II ; signalons quele duc est sans doute le conspirateur provaloisien des annes 1307/8. Quanden 1324, Alexis Philanthrpnos, libr de prison, fut envoy par l empereur Philadelphie pour combattre les Turcs qui assigeaient la ville, il taitaccompagn de son fidle serviteur, Jean Monomachos . C est grce auxlettres que celui-ci crit sous la dicte d Alexis Philanthrpnos, que lemonde apprend les exploits du vieux gnral; c est Jean Monomachosque les correspondants de Philanthrpnos crivent pour demander desrponses leurs missives: tel est le cas de Michel Gabras, qui, ne l oublionspas, fut son matre et ami32 De mme, il faut croire que le contact entreJean Monomachos et Manuel Gabalas ne fut jamais rompu. Une lettrede Manuel Gabalas adresse de Constantinople Monomachos alors Philadelphie, montre que le comportement de ce dernier dans le pays futpeu conforme l attitude attendre de l homme de lettres qu il prtendaittre devenu. Gabalas nous appr end que Mono machos est accus d avoiroffens par des gestes et par des paroles obscnes la femme et la fille d unhomme (son nom n est pas donn) qui demanda vengeance et porta l affairejusqu l empereur. Gabalas conseille son correspondant, si l accusationn est pas fonde, comme il l espre, de balayer tous les soupons et dese laver de la calomnie, avec l aide de l archonte (Alexis Philanthrpnos)33.La lettre doit tre date d avant 1329, date laquelle Gabalas quitta lacapitale34. C est le dernier renseignement que nous possdions sur JeanMonomachos, ce personnage haut en couleur, qui l histoire rserva,malgr ses ambitions et ses efforts, un rle en tout point secondaire.Toutefois l activit et le sjour de Jean Monomachos Thessaloniqueposent la question de ses rapports avec les Monomachoi qui se trouventen Thessalie et en Macdoine pendant la premire moiti du XIVe sicle.Nous connaissons l par que et ensuite grand conntable Michel Monomachos, gouverneur de Thessalie et de Thessalonique (mort entre 1343 et1346), et son frre (autadlphos) Georges Attoums Monomachos : cedernier remplaa l parque, en expdit ion avec l empereur en Acarnanie,au gouvernorat de Thessalie, Larissa (1339/40)35. L acti on de Michel

    31. Sur les vnements, cf. P. SCHREINER, ZU Geschichte Philadelpheias im 14. Jh.,in Orient. Christ. Per., t. 35,1969, p. 395 sq. ; et mon article sur La Rgion de Philadelphieau XIV sicle, in Comptes Rend us de [ Acad. d Inscr. et Bell. Lettr., t. 1983, janvier-mars,p. 175 sq.32. Ed. G. FATOUROS, n 124,253, 350, 372, 377, 434.

    PROPOS DE JEAN MONOMAQUE 1Monomachos contre Syrgianns nous conduit nous demanderMichel Monomachos n est pas le mme que le mystique Monomachoqui, charg par Andronic II d un commandeme nt en Macdo ine (vers 1319arrta sur l ordre de l empereur Syrgianns, vraisemblablement en aot 1320S il en est ainsi, il faut considrer que Michel Monomachos fut mystiquavant d tre parque et qu il est, sans doute, le mme que le tatas ts aulconnu par Gabras 36 ; il faut complter dans ce sens sa carrire, admirablement trace par F. Barisi.

    On ne saurait dire si l parque Michel Monomachos a des rapportavec Michel Snachreim Monomachos, connu par une posie de ManuePhils37 : le second patronyme de Michel Monomachos l parque dotre celui d Attoums puisque c est ainsi qu est dsign son autadlphosGeorges MonomachosB . De mme on ne saura it dire si Michel SnachreimMonomachos est le mme que le grand stratopdarque Snachreim quen 1313 est charg par Andronic II d assurer et de surveiller le passagdes Turcs de Chalil (ils avaient dvast la Thrace avec les Catalans) dKallipolis en Asie Mineure 9 l identification de Michel SnachreimMonomachos avec le grand stratopdarque est propose par l diteude Manuel Phils40 , et reprise par R. Guilland41 ; elle reste une hypothseQuoi qu il en soit les patronymes Attoums et Snachr eim attachchacun celui de Monomacho s montrent, sans doute, l existence de plusieurbranches de la famille Monomachos, toutes, notons-le, d origine anatolienne. Il serait, en outre, in tressant d examine r si le nom d Atouma des rapports comme il semble probable avec celui d Atoumanos :cette hypothse se vrifie, elle nous expliquera la jonction de ce patronymavec celui de Monomachos. En effet la famille d Atoumanos tait originairde Philadelphie (ou de sa rgion), et un Atoumanos est destinataire d unlettre de Manuel Gabalas (vers 1311-1313). Gabalas recommande Atoumanos (influent auprs de l empereur) un compatriote de Philadelphiesans doute Jean Monomachos qui n est point tranger Atoumanopuisqu ils ont t levs ensemble et grce cette ducatio n commun

    36. Sur le mystique Monomachos (prnom inconnu), cf. R. GUiLLAND, Les InstitutionByzantines, Berlin-Amsterdam, 1967, t. 1 p. 248 ; et C. KYRRS, Byzance au XIV sic(en grec), Nicosie, 1982, p. 19-20. Sur Michel Monomachos tatas de la cour, cf. MichGABRAS, ed. FATOUROS, n 204, 205.37. Manl/elis Philae Carmina, ed. E. MILLER, t. II, p. 141.38. F. BARII, op. cit., p. 226-227.39. GRGORAS, ed. Bonn, p. 254-255.40. E. MILLER, Manuel Phi/s, Posies, t. II, p. 141, note, 4.

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    16 HLNE AHRw EILERils sont devenus plus que des amis, des frres 42. Faut-il voir l 1 r i g i n ~des rapports des Atoums (Atoumanos) avec les :t;IonomachOl ? CeCIne peut pas tre exclu, surtout quand on sait les habItudes m ~ t r i m o n i a l e s Byzance et quand on n'oublie pas qu l poque surtout tardive, le termeautadelphos peut aussi dsigner les rapports rsultant d une adelphopoisis 43. Terminons en rappelant qu un B a r t h ~ l o m , A . t ~ u m s , connupar une posie de PhiIs, est peintre et moine et se dIt ongme royale 44 :que peut-on conclure de cette affirmation, ~ e l ignore; Il me semble difficiled y voir une allusion aux rapports de la famIlle ~ t o ? m e s .avec ~ n o m a c h o sl'empereur du XIe sicle, ou avec les Snacherelm qUI revendIquent, onle sait la descendance royale armnienne. Rete nons seulemen t que la familleMon;machos qui est atteste sans interr uption depuis le XI sicle (le sceaud un Manuel Monomachos est dat du XIIe sicle)4s, retrouve une positiond'influence au XIV sicle, quand nombre de ses reprsentants abandonnentl'Asie Mineure, cause sans doute de l'avance turque, pour s installeren Europe, o ils exercent des fonctions importantes (quand ils ne sontpas des moines) notamment dans l arme et les commandements desprovinces46

    Hlne AHRWEILER.

    42. S. KOUROUSS, op. cit., p. 155, et pour le passage cit, ibid., p. 313, note, 4.43. Sur ces habitudes, cf. mon rapport au X Congrs Inter. d. El. Byz., Athlles,1976, t. l, Histoire, Erosion sociale et comportements exc entriqu es Byzance, p. 14 sq. ;et aussi, mon travail sur les Nouvelles hirarchies et les nouvelles solidari ts in Travauxet Mmoires, t. 6, 1976, p. 99 sq. '44. Ed. E. MILLER, t. II, p. 206 ; sur l'antipalamite Thodore Atoums ami de ManuelGabalas, cf. S. KOUROUSS, op. cit., p. 352. '45. Il est patrice et anthypatos, son sceau est dat par G. SCHLUMIlERGER Sigillogra-phie, n 681, du XIeXU' sicle. '46. Des alliances matrimoniales contractes ce moment permettent sans doute

    NOTES POUR L'HISTOIRE D'ALASEHIR(pHILADELPHIE) AU XIVE SICLENous nous proposons de traduire et de commenter ici chronologiq

    un certain nombre de textes en arabe, persan et turc qui sont djmais dont on n a pas toujours mesur la porte en ce qui concernde Philadelphie, aujourd'hll A l a ~ e h i r . Notre tude se diviserasections. La premire sera consacre au problme du paiement detation par les habitants d A l a ~ e h i r . La deuxime concernera l arriMongols devant les murs de la cit ; la troisime, enfin, prpare eboration avec M.P. Nasturel, soulignera l importance du travail dedans la-dite ville.

    J A l a ~ e h i r (Philadelphie) soumise la capitationA Ktahya, au-dessus de la porte d entre de la medrese 1 dite Vs trouve une inscription en arabe spcifiant que le btiment a t c

    en 714 de l'hgire (17 avr. 1314 - 6 avr. 1315) grce des fonds prde la capitation d l a ~ e h i r . Bien que le texte arabe ait t publi preprises 2, son importance justifie sa prsence dans un recueilprincipalement la ville de Philadel phie. En voici le texte et sa trad~ - , L : J I d ...j.lJI h ..l':... .

    J lr:; 1 dl. t j;,.,J 1 Jr1 1~ J \ cr. j y l .:r. ..ul j j ~

    : i j ~ . J ? tl ~ ' 9 1

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    18 IRNE BELDICEANU-STEINHERR

    Inscription de la Vacidiye Medrese KtahyaPhoto : Clive Foss.

    Cette medrese bnie a t fonde par le matre reconnu pour sa grandeur,le roi des mirs et des grands, Mubariz ed-DIll Umur fils de SavgI 3 avec[l argent de] la capitation d Alasehir l an 714 .

    En dpit d une rcente monographie consacre l mirat de Germiyan 4,les premires dcennies de son existence n ont pas encore livr tous leurssecrets. Tout ce que l on sait sur Umur fils de Savgr, fondateur de la medrese,se limite aux informations contenues dans cette inscription. Il s agit d unpersonnage de haut rang ayant sous sa dpendance d autres mirs puisqu ilest roi des mirs)} 5. II dispose de la capitation d l a ~ e h i r et la medresequ il a fait construire, se trouve dans la capitale de la principaut deGerrniyan6 Tous ces lments montrent qu il s agit d un chef politique

    3. Savgl signifie messager et, par extension, prophte : G. DOERFER, Trkische undm ~ l / g o l i s c h e Efemenle im Neupersischen, t. III Trkische' Elemenle im Neupersischen,Wiesbaden, 1967, p. 226-227 j G. CLAUSON, n Etymological Dictionary of Pre-thil'IeenthCellfury Turkish, Oxford, 1972, p. 782-783. Le mot est compos de say (parole) et dusuffixe gi qui sert former des noms de mtier.4. VARLIK, Germiyan5. Nous avons trouv l expression meli k el-lmer(roi des mirs) dans deux inscriptions :1 inscription appose sur la medrese de Dndar de la dynastie de :Iamd Egridir date

    NOTES POUR L HISTOIRE D A L A ~ E H I R AU XIV S. 1et militaire auquel les habitants d A l a ~ e h i r avaient vers un momendonn la capitation en signe de reconnaissance de son autorit.

    En ce qui concerne les liens de parent qui existeraient entre Umur bSavgr et diffrents personnages de l mirat de Germiyan connus par d autreinscriptions, une extrme prudence est requise. Nous connaissons d unpart un certain Ya qb fils d Umur mentionn dans l inscription de SandrkIdate d un dimanche du mois de gemiizi'l-lii de l anne 725 7 La pierrtant malheureusement brise en deux, l inscript ion pr sente une petitlacuneS.Ya qb semble tre le fils d Umur. Etant donn que l inscription prcisque la forteresse fut mise en tat par ordre du sultan de Germiyan, santoutefois rvler son nom, on ne sait pas quel genre de lien existait entrele sultan et l mir, - simple lien de vassalit ou galement lien tribal ode parent . M. Varhk suppose que le sultan de Germiyan tait l poquYa qb b. Amir (appel Ya qb 1 )9 dont on possde une inscriptiodate de 699 (c. 28 sept. 1299)10.Nous avons d autre part l inscription de la medrese de Ya qb II,

    Ktahya, qui doit dater de 817 (c. 23 mars 1414) environ11 et qui faallusion un parent appel Umur. Le mot indiquant la parent est dedeCe passage a d onn lieu l interpr tation suivante 12 : dede signifiangrand-pre (mais l signifie aussi aeul)13, Umur b. Savgr doit tre le grandpre maternel de Ya qb II, puisque l on sait par le mme texte 14 , ainsque par d autres sources 15 que son grand-pre paternel s appelait Mel)medAinsi, une fille d Umur b. Savgr - et par comquent une sur de Ya q7 had dsigne le chiffre un, mais yevm e -abad dsigne le dimanche. Le mois dgemazi;'-li a commence le 15 avr. 1325. Les quatre dimanches du mois tombent les 21 e28 avril et les 5 et 12 mai 1325.8. M.F. KPRLzADE (KPRiiL], Aydm ogullan ta ribine il id (Sur [ histoirde la dynastie d Aydm), dans Trkiyiit megmu'asl, t. II, Istanbul, 1928, p. 425 ; U Z ~ N

    A R ~ I L I , Kitabeler, p. 42 et pl. 10 j U Z U N A R ~ I L I , Ktahya, p. 73 et fig. 31-32 ; RepertOIret. XIII, nO 5517, p. 215 ; VARLIK, Germiyan, p. 67, 138, 187.9. VARLlK, Germiyan, p. 68, 96.10. Inscription grave sur la chaire de la mosque Klzllbey Ankara : Rpertoirt. XIII, n 5080, p. 194 j VARLlK, Germiyan, p. 31, 137. Il faut tenir compte de ce que vocable ibn (fils) doit tre pris parfois dans le sens de descendant.11 L inscription prcise que la medrese fut ouverte en 814 (c. 25 avr. 1411), maqu elle fut saccage aprs un mois de fonctio,nnement par l m ~ r de Qaraman. Sa o u v ~ rture eut lieu seulement deux annes et demie plus tard : 1Jahl Edhem [ELDEM], op. clp. 116-120 ; U Z U N A R ~ I L I , Ktahya, p. 79 et suiv. ; VARLIK, Germiyan, p. 147.

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    20 IRNE BELDICEANU-STEINHERRb. Umur - se serait marie Sleyman Sah, le pre de Ya'qb II. On peutobjecter cependant qu un trop grand laps de temps spare Umur deSleyman Sah, en juger par la date des inscriptions. Les inscriptionsde Sleyman Sah s'chelonnent de 1368 jusqu' 1377 16 et il est dcdau dbut de l'anne 1387 ou trs peu avant 7. Un mariage entre une filled'Umur et Sleyman Slh parat peu probable. S'il existe effectivementquelque parent entre Umur b. SavgI et Ya'qb II, il faudrait prendre leterme dede plutt dans le sens d'aeul, d'autant plus que Ya'qb dsigneson grand-pre paternel par l'expression le pre de mon pre .Cet aperu montre que nous sommes trs mal renseigns sur les dbutsde l'mirat de Germiyan. Pour saisir la situation politique qui rgnaitdans la premire moiti du XIV sicle, il faut se rfrer la descriptionde la convocation des mirs des marches frontires par Coban 18 tellequ'elle est prsente par un chroniqueur contemporain. Parmi les mirsqui firent alors acte de soumission aux Mongols, il y avait les mirs deGermiyan et les fils de 'Alisir 19 venant de Ktahya et des forteressesdes marches. Le territoire tait, par consquent, divis entre plusieurschefs, tous de la mme tribu ou de la mme famille et tous responsables

    envers le reprsentant de l i/ban, c'est--dire le souverain mongol de laPerse 20 Le chroniqueur prcise que l'arrive de Coban en Anatolie et laconvocation des mirs des marches frontires avaient t provoques parle dsordre que ces derniers avaient caus 2 . Sous sa plume, l'vnementn'est pas dat ; il en parle immdiatement aprs avoir voqu la mortd'Olgaytu (appel aussi ljarbende ou ljudabende) survenue en 71616. VARLIK, Germiyan, p. 64, 138.17. VARLIK, Germiyan, p. 66. Voici le tableau gnalogique tel qu'il a t propos.Nous avons ajout entre parenthses les dates des inscriptions par lesquelles ces personnages sont connus.Ya'qb l (1299)

    Mel;lm,ed1Sleyman Sah (1368, 1377 co fillemort en 1387

    1Ya'qub

    Umm' (1314)1

    Ya'dOb (1325)

    18. Sur ce personnage voir ci-dessous p, 24-25.19. AQsARAYi (Kerim ed-Din M a ~ l m d b. Mel;lmed), Msameret III-abMr, d. O. TURAN,Ankara, 1944, p. 311. Le vocable fils - ici au pluriel - doit tre pris dans le sensde descendants.

    NOTES POUR L'HISTOIRE D A L A ~ E H I R AU XIVe S. 21(c. 26 mars 1316)22. D autres sources la placent en 714 (c. 17 avr. 1314)- c est cette date qui est retenue - ou 715 (c. 7 avr. 1315)23.Il est frappant q ue la mise au pas des mirs des marches frontires concidechronologiquement avec la date de l'inscription. Ce n est peut-tre pas lun hasard, puisque l on sait qu il existait une entente entre l'empereurAndronic II et les Mongols (cf. ci-dessous section II). Quoi qu il en soit,nous ne pensons pas que les mirs de Germiyan aient joui longtemps dela capitation d'Alaehir, sinon ils l auraient lgue galement - au moinsen partie - pour l'entretien de la medrese 4 Or, lorsque Blyezd Ierconquit A l a ~ e h l r en 39 25 , il lgua la capitation de la ville la fondation debienfaisance qu'il avait fait lever Brousse 26 et l on sait que les sultans ottomans, l'exception de Mel).med II, n ont pas touch aux legs pieux tablis,par des souverains ou dignitaires musulmans qui les avaient prcds 2 7.

    Pour ce qui est de l'histoire byzantine, on retiendra que la capitation(ifizye) tait un impt de la catgorie des droits religieux2 8 et qu'elle frappait22. Sur sa mort B. SPULER, Encyclopdie de l lslam 2, t. III, Leyde-Paris, 1971, p. 1148-1151, s.v. Ilkhans. . .23. O. TURAN, Seluklular zamamnda Trkiye (La Turquie l poque des SeldJouqldes),Istanbul, 1971, p. 639-640 et n. 63. L auteur s'appuie sur plusieurs ouvrages m a n u s ~ r i t sII explique la diffrence entre les dates par la dure de la campagne contre les Qaramamdes,ces derniers n'ayant pas fait acte de soumission. Cf. F.N. UZLUK, Anadolu Seluklularidevleti tarihi (Histoire des Seldjouqides d'Asie Mineure), Ankara, 1952, p. 67 et textep. 94 (fol. 46 rO : Coban beg arrive en Rum et assige Qonya : 715 (c. 7 avr. 1315).24. Parmi les revenus fiscaux qui alimentaient la medrese d Atabeg et la mosquedu sultan 'A ['ed-Din Konya figure aussi la capitation: N. BELDICEANU, Irne BELDICEANU-STEINHERR, Recherches sur la province de Qaraman au XVI sicle, Leyde, 1968,p. 73 et n. 3, 6.25. SCHRE JNER, Phi/adelphela, p. 404-411.26. E.R. AYVERDI, Istanbul mi'mrf aginin m e n ~ e i ; l Osmanli mi mrfsinin ilk devri,630-805/1230-1402 (L'origine de l'architecture constantinopolitaine . Les .dbuts d.el'architecture ottomane), Istanbul, 1966, p. 365, 367, 422, 462. Le regIstre qUI c o n t e n ~ J tentre autres une copie de l'acte de legs pieux de Byezid le, a brl en 1957, op. CIl.365 n. 1.27. Les registres de recensement ottomans abondent en exemples de fondations pieuses

    remontant l'poque des mirats anatoliens, voire l'poque seldjouqide, qui continuaient bnficier sous les Ottomans des revenus dont elles avaient t dotes l origine; citons titre d'exemple F.N. UZLUK, Fatlh devrinde Karaman eyaleti vakIfian ji hrlsti (Rpertoiredes legs pieux du gouvernorat de Qaraman l poque de Mel;lmed II), Ankara, 1958.28. Irne BELDICEANU-STEINHERR, Fiscalit et formes de possession de la terre arabledans l'Anatolie prottomane, in Journal of he Economie and Social His/ory of he Orient,t. XIX/3, Leyde 1976, p. 264-267. Les Archives de la Prsidence du Conseil r s t a n ~ u Iconservent un fonds de registres de gizye : A. ETIN, B a ~ b a k a n l l k A r ~ i v i kilavlIzlI (GUIde

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    22 IRNE BELDICEANtJ-STEINHERR1 t les zimmi c'est--dire les sujets non musulmans d'un Etatseu emen , . l' t 1 t . .1 29 Le vocable gizye Imp lque par consequen que e erntOlremusu man . d ' .., d'de Philadelphie avait fait un moment onne partIe l l 1 t e g r ~ n t e u ~ pays

    1 otion qui n'est pas contenue dans le terme tnbut (barag oumusu man, n E l A. )30 La dpendance directe d un ta t musu man n entrarne pasvenm . . . . .d t ncessairement la prsence d agents sur e temtOire e n questIOn.cepen an . ( . . , . ,Les autorits musulmanes accordaIent p a r j o ~ s a certames communautes1 . 'l'ge de s'administrer elles-mmes en echange du versement d'unee prlVl e 1 d' d d' t d l"forfaitaire 3 . Nous supposons que a epen ance lrec 'e e emirsomme d' . d' ' 1de Germiyan fut de courte dure, car,. une lzame, .annees p us ~ a r d , laguerre fait rage entre les PhiIadelphlens et les emll'S de Germlyan etd'Ayd111 32

    II. Les Mongols devant A l a ~ e h i r (Philadelphie)La Bibliothque Nationale de Paris possde sous la cote suppl. pers. 1553une chronique anonyme intitule T'rib-i aloi Sc Lruq (Histoire de la famillede Selcuq) qui compte 47 feuiIlets 33 La ville d ' A l a ~ e h i r est mentionne

    au fol. 46 rO.Cette partie de l'ouvrage se prsente comme une chronique brve. Ony trouve seulement une succession de faits suivis d'une clate, le derniervnement mentionn tant la mort du sultan mamelouk Melik en N a ~ i r

    recouvrement de la capitation pour l'anne 894/1488-1489), dans Belgeler, t. 1/1, Ankara,1964, p. 5-8.29. Cl. CAliEN, H. INALCIK, Encyclopdie de l'Islam2, Leyde-Paris, t. II, p. 573-581,s.v. Djizya.30. Le terme bariii a plusieurs sens. Il dsigne le tribut vers par les pays vassaux:M. GUBOGLU Le tribut pay par les principauts roumaines la Por te jusqu 'en dbutdu XVI sicle d'aprs les sources turques, dans Revue des ludes islamiques, t. XXXVII/l,Paris, 1969, p. 49-80; A.L.S. LAMBTON Cl. CAHEN, C. ORHONLU, A. SUBlIAN, Encyclopdiede l'lslam 2 , t. IV, Leyde-Paris, 1978, p. 1062-1087, s.v. khal'lldj. Le terme verim est employdans le mme sens dans un acte notarial gnois de l'le de Chios dat de 1398 : ElizabethA. ZACHARIADOU Note sur l'article de Matoula Couroupou, dans Gcograpl ica Byzantina,Centre de recherches d'histoire et de civilisation byzantines, srie Byzantina Sorbonensia-3,dite par Hlne AHRWEILER Paris, 1981, p. 79 ct n. 5. Le terme est tomb trs tt endsutude. Au XV sicle verim apparat avec le sens gnral d'impt : Tarama Siiz g,t. VI, Ankara, 1972, p. 4172. Les autres sens de bara sont les suivants: impt foncier,en particuler sur les vignes, cf. BARKAN, Kalllllllar, p. 4 21 ; 25 15 ; 60 21 et indexsous harac-i arazi, harae,, arziye, harae- zemin. A.L.S. LAMDToN, Cl. CAHEN, C. ORHONLU,A. SUBHAN art. cit, p. 1085. Um'ii (ou bas bm'a ) enfin, dsigne la capitation, cf.ci-dessus n. 28.31. Cl. CAHIlN H. INALCIK, Encyclopdie de l'Islam 2 , Leyde-Paris, 1965, p. 577, s.v.djizya.32. Voir ci-dessous section rI.33. Edition en facsimil et traduction en turc : F.N. UZLUK, Anadolll Seluklularzdevleti farihi (Histoire des Seldjouqides d'Asie Mineure), Ankara, 1952.

    NOTES POUR L'HISTOIRE D A L A ~ E H I R AU XIV S.

    survenue en 741 4 (fol. 46 Vo). A la fin, une autre main a consign la mviolente 35 d',:n descendant de la famille de Selcuq, savoir 'AJa ed-Db. Sleyman Sah b. melik Rukn ed-Din b. sultan Giya ed-Din Keygusrb. 'Ala ed-Dn Keyqubad un dimanche, le 6 du mois de mubarreml'anne 765 (15 oct. 1363).En ce qui concerne les donnes chronologiques, l'ouvrage parat digde foi puis que les sondages que nous avons effectus montrent que certaid'entre elles se trouvent confirmes par d'autres sources36 et lorsque

    chroniqueur ajoute galement le jour de la semaine, il y a concordanceVoici le texte et la traduction du passage concernant A l a ~ e h i r 3 8 : Mfonds suppl. pers. 1553, fol. 46 1'0..::,....... oL:.,... ~ I ~ ~ .L. " ~ ~ j ~ jJJ G.W\...J.. ~ . n ' 1 J IJ A J:.l:i JJ"" .}UJJ -- .:flJ J k l l J ~ ~ 1 > - J . . . ~ J J4J':" J :> J..L.T .. n , . , , ~ J : r ?. ~ I j - f t > JI ~ . ~ r,:-ol . ~ j ~ ~ J..u c. S J . . u ~ J::J4 JG. .; .s" G.w::L J . ~ J~ : J y \0 1 fo J ~ 8 ,:,;h.i.f J J..L.T " ; . J ~ . . j ~ ~ > - J . } l : i J ~ . . : . . . ~ f.~ \ S ~ J'JI ~ . } l : i J ~ : ;h.i f 011......:-- J . : . r . . ~ J t;' .c.,... ~ ~ ~ J'JI

    0 1 ~ J ,) .? J t;'Prise de Begsehri 39 par Timurtas et capture de Sleyman Sah, le jeudigi'l-qa'de de l'anne 726 (jeudi 9 oct. 1326). Arrive de la nouvelleCoban et de Dimasq ijwage Alasehil'. Capture de Sultan Sah et de MeS ~ h qui sont les fils de Baltu, par Timurtas et mise mort de douze autmirs faisant partie des units mongoles de mille hommes40 du faitTimurtas. Son dpart en direction de Q a y ~ e r i y e et la fuite d'Ertena bet de Sunqur Aga dans le pays de Qaraman au dbut de gi'l-bifige de l'ann727 (18 oct. 1327). Fuite de Timurtas en Syrie, dbut de zi'l-higge de l'ann727 (18 oct. 1327) .

    Traons d'abord le cadre historique. Nous sommes sous le rgne souverain mongol de Perse Ab Sa'Id (1316-1335)41. Cob an est un puissant, mari une sur du souverain. Il a plusieurs fils; le texte n34. K.V. ZETTERSTEEN, Encyclopdie de l'Islam, t. III, Leyde-Paris, 1936, p. 924-s.v. a l - N a ~ i r .35. Elle se traduit par le mot sehid (martyre).36. Voir ci-dessous p. 25 et n. 55.37. Le 11 gi'l-qa'de tait en effet un jeudi, voir ci-dessous texte p. 23.38. Notre traduction diffre lgrement de celle de F.N. UZLUK (op. cit., p. 68). Nremercions Mme B. Simone et M. A. Calmard pour leurs conseils et suggestionssujet de la deuxime phrase du passage.39. Aujourd'hui B e y ~ e h i r sur les bords du lac de mme nom.40. Heziire dans le sens d'unit de mille guerriers se trouve aussi dans d'autres tecontemporains : Shaikh Uwais, texte p. 154 : ve diger-j umerii-j tumiin ve heziireles autres mirs des units de dix-mille et mille) ; traduction p. 55.41. B. SPUU;:R, Encyclopdie de l'Islam 2, t. III, Leyde-Paris, 1971, p. 1148-1151,Ilkhans.

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    24 IRNE BELDICEANU-STEINHERRnumre que deux, Dimasq ljwge et Timurtas. II a aussi une fille, Bagdadijatun, pouse de I;fasan Buzurg, de la famille des Gelair42 . Tous cespersonnages se trouvent impliqus dans un drame qui finit par la mortviolente de la plupart d'entre eux. Il est certain que c'est la jalousie, suscitepar la toute-puissance de la famille des Cobanides, qui avait scell le sortde celle-ci 43, les vnements qui amenrent sa perte ne devant tre considrsque comme des dtonateurs. b Sa'd tenait rigueur Caban parce quece dernier avait djou son intention de se marier avec Bagdd Batun.Aprs la mort de Coban, il obligea d'ailleurs I;fasan Buzurg divorcerpour pouvoir l'pouser44 . La premire victime fut cependant Dimasqijwage. Accus d'avoir pntr dans le harem du souverain, il fut tu le5 sevval727 (24 aot 1327)45. Ordre fut donn aussit t d'arr ter les autresmembres de la famille. Caban se rfugia Hrat auprs de Melik G i y a ~ed-DIn, qui le fit cependant mettre mort en mubarrem 728 (c. 17 nov.1327)46. Timurtas, qui se trouvait au moment de ces vnements enAnatolie, quitta prcipitamment le pays et s'enfuit en Egypte o il futexcut une anne plus tard par ordre du sultan mamelouk47.Les autres personnages mentionns dans le texte sont Sleyman fSah

    de la dynastie des Esref qui fut tu par Timurtas48, Ertena (ou Eretna)beau-frre de Timurtas qui fonda par la suite un Etat indpendant ed

    42. RM. SAVORy,Encyc opdie de l lslam 2, t II Leyde-Paris, 1965, p. 69 S.v. Ciibanides.43. Plusieurs sources soulignent la toute puissance de la famille des Cobanides :Shaikh l: wais, texte p. 152, trad. p. 54 ; 'UMARi, p. 29 ; MiRijWAND, p. 512.44. MiR :IWAND, p. 507, 526-527.. 45. I;IAMDU'LLAH MUSTAWFi'-I-QAZWiNi, Ta rilz-i guzide, d. E.O. BROWNE sous letl;re ~ h e Ta rikhi Guzida or Select History of f;lamdll'llcih Mllstawfi-l-Qazwini,2 partIe, Leyde, 1913, p. 150 ; Shaikh UlVais, p. 55, 154. Le scribe a crit 828 . j diteurn ~ pas.rema,rqu ~ u e le scribe a confondu les chiffres 7 et 8 qui sont reprseu'ts par lememe.slg.ne,. a s a v ~ l r un angle aigu. La pointe vers le bas, il dsigne le 7, la pointe vers lehaut, Il slgmfie hUIt. II faut par consquent corriger la date en 727. MRHWAND p. 512-513 ; TURAN, Takvilll, p. 71 (.fevv/727) ; R.M. SAVORY, art. cit, p. 69 ;B S P U ~ I l R , DieMOI/go/en in Iran, Berlin, 1968, p. 125.

    4 ~ . _I;I;AMDULLAH MusTAWPi, op. cit., p. 150 ; I;IAFIZ-I BR, Zeyl gami et-tevarib-iRcsidl ~ d . HANBADA B ~ ~ N i , Teherau.1350, p. 177 et suiv. ; Shaikh Uwais, p. 56 (lesouveram se n o ~ m e N a ~ l r cd-Din); MIRljWAND, p. 521; R.M. SAVORY, art. cit, p. 69;B. SPULER, op. Cil., p. 125.47. ~ ~ t [ W A N D ; p. ~ 2 4 ; ~ . ~ . SAVORY, art. cit, p. 69 ; B. SPULER, op. cit., p. 125._48. S l h a ~ a d - D I ~ ~ l -Iman_dIt que le ils d Esref (ibn Esref), c'est--dire SleymanSah: fut tue et mutIle: U M ~ R l p. 31. Quant Efiaki, il rapporte que Sleyman Sh futnoye dans le lac de B e y ~ e h l r : SEMS ED-DiN AI;iMED EL-EFLAKi, Menqib el- arifin, d.T. YAZlcr, t. II, A n ~ a r a , 1961, p. 925. La prise de B e y ~ e h i r par Timurtas est mentionnegalement ?8?S. trOIs chronologies. Soulignons en une particularit. Au lieu de donner

    NOTES POUR L'HISTOIRE D A L A ~ E H I R AU XIV S. 25Anatoli9 , et Sunqur Aga dont nous possdons une i n s c ~ i p t i o n Nigde 50 :Baltu tait un chef militaire qui s tait rvolt contre Gazan Ban et qUlfut excut Tebriz en 1296 51. Il avait deux fils, Sultan Sah et Melik 8hqui furent capturs par Timurtas, mais seul le premier, le plus j e u n ~ , p r ~ talors, comme nous l'apprend l'inscription appose sur J' ora OIre dIt

    d A l e m ~ a h Sivrihisar, date de muharrem 728 (c, 17 nov. 1327)52.Revenons au texte. La deuxime phrase est tellement laconique qu'ellea donn lieu des interprtations diffrentes. F.N. Uzluk, auquel nousdevons une traduction turque de la chronique, a compris que Caban etDimasq Bwage s'taient dplacs A l a ~ e h i r 5 3 , mais cette interprtationne tient compte ni des faits historiques, ni de la grammaire. Quant LH.Uzunaqxlr, il a tir de ce passage la conclusion que Timurtass'apprtait conqurir la ville 54. Or les sources byzantines sont muettessur ce point.Compte tenu des vnements et de la date la fin du passage, la nouvellede Coban et de Dimasq ijwage ne peut tre que la nouvelle concernantla mort de Dimasq Bwage et la fuite de Coban, en un mot l annonce d.ela chute de la famille. Il ne fait pas non plus de doute que la nouvelle taItdestine Timurtas, car le texte voque son dpart pour Kayseri (Csare)et sa fuite en Syrie. La nouvelle provoque aussi la fuite de son beau-frreEretna et de Sunqur Aga 55. N oublions pas qu Ab Sa d avait ordonnde poursuivre tous les membres de la famille 5 6 "En ce qui concerne la chronologie, une seule date clt le passage, a saVOIrle dbut de zi -MMe 727 (18 oct. 1327), or il est certain que tous .les vnements -l arrive de la nouvelle, la capture des fils de Baltu, la mIse mortdes douze mirs et la fuite de Timurtas - n ont pas eu lieu en un seul jour49. U Z U N A R ~ [ L I , Beylikler, p. 155-160.50. Il fit construire une mosque Nigde. La date de la construction - 736 (c. 2 ~ a o . ~1335) - est inscrite sur la base du minaret, F.N. UZLUK, Anadolll Seluklllian del letl tan/II(Histoire des Seldjouqides d Asie Mineure), Ankara, 1952, p. 66. Sur la mosque:A GABRIEL Monuments turcli d Anatolie, t l, Paris, 1931, p. 123-135.'51. B. S P ~ L E R op. cU., p. 354 ; O. TURAN, Se/uklillar zamanmda Trkiye (La Turquie l poque des Seldjouqides), Istanbul, 1971, p. 618.52 AHMET TEVHlT Sivrihisar kasabasile Pessinuntus harabeleri hakkinda rapor

    ( R a p ~ o r t sur la b o u r ~ a d e de Sivrihisar et les ruines de Pessinonte dans Maa,:ij y ekle:iMecmllasl, fasc. 17, s.l., 1929, p. 132. Sur la capture de Sultan Sah ei de Mehk Sah vOIrci-dessus p. 23.53. F.N. UZLUK, op. cil., p. 68.54. U Z U N A R ~ [ L I , Bey/ikler, p. 43, 151. L auteur ne cite pas sa source, mais il ne fait

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    26 IRNE BELDICEANU-STEINHERRCette date s appli lue cer tainement au dernier vnement, le dpart deTimurtas d ' A l a ~ e h i r provoqu par la mauvaise nouvelle reueS 7. Celle-cin a pu cependant parvenir A l a ~ e h i r que de quinze vingt jours aprsle 24 aot 1327 (date de la mort de Dimasq tIwage SuItaniye), en raisonde la distance sparant les deux villes. Timurtas se trouvait donc avantle 18 oct. 1327 A l a ~ e h i r . Soulignons que nous ne connaissons pas uneville homonyme en Anatolie et qu il s agit par consquent bien de Philadelphie.

    Une question reste rsoudre : pourquoi Timurtas se trouvait-il A l a ~ e h i r ? Pour y rpondre, il faut revenir un peu en arrire afin de saisirla situation politique de l Anatolie cette poque. Timurtas fut nommgouverneur de Rum 5 8 en 1316. Faisant preuve d une trop grande indpendance vis--vis d AM Sa Id - les chroniques disent qu il avait fait battremonnaie son propre nom et s tait proclam Mahdi 5 9 - l dut se rendreauprs de l i/ban et l ne fut pardonn que grce l intervention de son pre.8ihab ad-Din al- Umari raconte que ce sont les beg turkmnes qui avaientalert Caban sur les agissements de son fils 60. Rinstall peu aprs dansle poste de gouverneur de Rum, l entreprend un certain nombre d oprationsmilitaires pour consolider et largir son pouvoir en Anatolie, mais peut-treaussi pour se venger de ceux qui avaient souhait sa perte. En 723 (c. 10 janv.1923), l capture Dndar, l mir de I:Iamd, etle met mort61 . Le 9 oct. 1326,l tue Sleyman 8ah, de la dynastie des Esref, et prend l mirat sous soncontrle6 2 En 1327, il capture les deux fils de Baltu dont le plus jeunetrouve la mort. Nous ne savons pas o s est droul le combat, mais l estcertain que leur point d attache tait Sivrihisar puisque Melik Sah fitenterrer son frre dans cette ville 6 3. Timurtas fit mettre mort galementdouze mirs lui se trouva ient la tte des units mongoles de mille hommes,nous dit le chroniqueur, sans prciser toutefois leurs noms64 Timurtas tait galement en guerre avec l mir de Ge rmiyan. On saitqu il attaqua le gendre de l mir, matre d Afyon Karahisar (Qarasari),qui ne dut son salut qu son beau-pre 65 . Cette campagne n est pas date,

    57. Le dpart de Kayseri eut lieu plus tard (6 ~ f r 728/22 dc. 1327) : O. TURAN,Selukllliar zamamnda Tlrkiye (La Tut quie l poque des Seldjouqides), Istanbul,1971, p. 649.58. B. SPULBR, op. cit., p. 355.59. UMARi, p. 32 ; I;IAFIZ-I BR, op. cit., p. 160 (hiver de l anne 722/c. 20 janv.1322) ; Shaikh Uwais p. 53, texte p. 152 ; MiRlfwAND, p. 504 ; B. SPULER, op. cit., p. 355.60. UMARi, p. 51.61. F.N. UZLUK, p. 94 ; UMARi, p. 21 ; U Z U N A R ~ I L I , Beylikler, p. 63.

    IW

    NOTES POUR L HISTOIRE D A L A ~ E H I R AU XIVe S. 27mais elle eut lieu certainement aprs son retour en Anatolie66 , au momende l offensive contre les marches frontires. J.H. UzunarIlI la place en1327 67 Quoi qu il en soit, lorsque Timurtas campe en sept.-oct. 1327 Alaehir, la cible ne semble pas tre la ville elle-mme, mais l mir deGermiyan et ses allis 68 qui s taient soustraits l obdience des Mongolsde Perse depuis la convocation de 131469 Un sige d ' A l a ~ e h i r par lesMongols nous semble peu probable, d autant plus que la ville avait t peuauparavant dlivre des attaques de l mir de Germiyan et de celui d Aydllet que les sources byzantines ne connaissent pas un autre sige.

    On sait, en effet, par une notice du cod. Vat. gr. 338 date du 2 fvr. 1327qu une forteresse toute proche de Philadelphie ( A l a ~ e h i r ) , savoir laforteresse St. Nicolas 70, avait t assige pendant un an et sept moispar les forces de la dynastie de Aliser ( AISIr) et At[}n (Aydlll) et qu elleavait t dlivre par le pinkerns (chanson)71, c est--dire Alexios Philanthrpnos7 2. L information est confirme par Grgoras qui prcisequ Alexios Philanthr pnos avait t rappel de son lieu d exil parl empereur sur le conseil du patriarche Isae nouvellement lu. La datepost quem est par consquent le 30 (ou Il) nov. 1323, date de la conscration(ou de la nomination) du patriarche 73 et la date ante quem le 2 fvr. 1327date de la notice du manuscrit. Nous savons en outre par une lettre deMatthieu d Ephse que les dix-neuf mois du sige doivent tre rpartis

    66. La premire action militaire aprs son retour est la conqute de l mirat de I:Iamiden 723 (c. 10 janv. 1323) ; voir ci-dessus n. 61.67. U Z U N A R ~ I L I , Beylikler, p. 43 n. 3, 4 et p. 151. En s appuyant sur le ms. n 3271de la bibliothque de Nuruosmaniye (fol. 66 et suiv.), U z u n a r ~ 1 i affirme que Timurtasstationn Egridir, avait envoy Eretna Afyon Karahisar et s apprtait conqurirle pays de Germiyan, Denizli, A l a ~ e h i r et le pays de M e n t e ~ e , lorsqu il dcida b1 l1squement d abandonner son plan. L historien met J abandon de la campagne militaire enrapport avec la mort de Dimasq ljwge. D aprs le catalogue de la b i b l i ~ t h q u e susdite(de/ter-i kiitiibbiine-i Nlr-1/ ' O ~ m a n i y e , Istanbul, 1303), le ms. contient le Garni et-feviiribde Rasid ed-Din. Le zeyl (continuation) dont parle z u n a r ~ I 1 n est pas celui compospar l;Iiifiz-l br - puisqu on ne trouve pas chez cet auteur les dtails sus-mentionns-,mais un texte crit par un autre continuateur. Nous remercions vivement M.J. ,:\ubinpour avoir bien voulu se charger de cette vrification dans l dition de l;IafIz-r Abr.68. O. Turan, qui malheureusement ne cite aucune source, semble arriver la mmeconclusion : O. TURAN, Selukllliar zamamnda Trkiye (La Turquie l poque desSeldjouqides), Istanbul, 1971, p. 648.69. Voir ci-dessus n. 19, 23 et ci-dessous n. 82.70. Inegal (aujourd hui Sangal), qu on identifie avec la forteresse St. Nicolas,tait encore au xv sicle dsigne comme une forteresse (qal e) : MM 232 (registre de laprovince d Aydm de 1467), p. 46. . .

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    28 IRNE BELDICEANU-STEINHERRsur trois ans 74. De ces donnes on a dduit que le sige avait commencprobablement en 1322 et cess au printemps 1324 avec l arrive d AlexiosPhilanthrpnos 75 . La notice du ms. Cod. Vat. gr. 338 semble cependantavoir t crite sous le coup de l motion de la dlivrance presque miraculeuse de la ville et on prfrerait une date plus proche de sa rdaction.Quant aux moyens par lesquels Alexios Philanthrpnos russit loignerles assaillants, une lettre de Matthieu d Ephse nous apprend qu il avaitconclu un trait avec le chef des barbares 76. Grgoras affirme aussique la russite d Alexios PhiJanthr pnos tait le rsultat d une ententeavec les Turcs, entente largement facilite par le fait que le camp adversecomptait parmi les combattants des personnes qui avaient servi jadis sousses ordres 17. Les sources byzantines ne parlent pas d une autre a ttaque.Bien au contraire, Grgoras raconte que la ville se remit rapidement dessuites de la guerre et fut nouveau trs prospre 7 B Pour cette raison onpeut se demander si l empereur n a pas men une double politique. D unepart, pour parer au plus press, il misa sur les bons rapports qu AlexiosPhilanthrpnos avait entretenus dans le temps avec ses troupes turques,d autre part, il fit appel aux Mongols, afin que ceux-ci contrlassent lesmarches frontires. Cette politique, Andronic II l avait dj appliqueavec plus ou moins de succs une vingtaine d annes plus tt, puisque noussavons qu il s tait plaint auprs de Gazan ljan des incursions turques 79.Pachymre dit galement que les chefs turcs craignaient ljarbende, le successeur de Gazan ljan BO N oublions pas que les ilban de Perse considraientjusqu en 750 (c. 22 mars 1349) les marches-frontires comme partie intgrante de leur empire - mme si cette dpendance tait devenue pluttillusoire cette date - puisqu on trouve dans un livre de compte la mentiondes impts verss par Qaraman, les descendants de I;Iamid, Toguzlu(Denizli), Umur beg [d Aydm], Germiyan, Orhan, Gerdeboli, Qastamoniye,Egridir et Sinob 81 Si les liens taient pratiquement rompus en 1349, ils

    74. D. REINSCH, Die Briefe des Matthaios von Ephesos im Codex Vindobonensis Theol.Gr. 174, Berlin, 1974, lettre A 18, p. 207, traduction p. 391 ; J.L. van DJETEN, op. cif.,t. II, 1, p. 172-173 n. 137.75. SCHREINER Philadelpheia p. 391 ; J.L. VanDJETEN, op. cit., t. II, 1, p. 172-173 n.137.76. D. REINSCH, op. cit., lettre B 16 (66), p. 106, trad. p. 255.77. N. GREGORAS, livre VIII, 12, d. Bonn, t. l, p. 360 et suiv. ; J.L. van DJETEN, op.cit., t. II, l, p. 65 ; cf. G. PACHYMRE, livre III, 14, d. Bonn, t. II, p. 232 (massacre des

    mercenaires turcs qui avaient servi SOllS Alexios Philanthrpnos) ; SCHREINER, Phi/adelpheia, p. 384.78. N. GREGORAS, livre VIII, 12, d. Bonn, t. l, p. 363 ; J.L. van DIBTEN, op. cit.,t II, 1, p. 65.

    1 ...

    NOTES POUR L HISTOIRE D A L A ~ E H I R AU XIVe S. 29taient encore trs forts sous Coban et son fils Timurtas, reprsentants del i/ban, qui gouvernaient tous deux l Anat olie avec un e main de fer. Lachronique de YazIgIOglu contient d ailleurs un passage trs curieux. Il yest rapport que Timurtas rclama le barag Umur et que celui-ci refusaen arguant que ce n est qu aux chrtiens qu on rclame le barag 8 Parconsquent lorsque Timurtas campa en 1327 devant Philadelphie, son butn tait pas la conqute de la ville mais un rappel l ordre des mirs d Aydl11et de Germiyan. Le choix de Philadelphie tait certainement dtermin parsa situation stratgique. Place un carrefour de routes, elle contrlaitl accs vers l mirat d Aydl11 et vers l mirat de Germiyan.Pour conclure : que Timurtas se soit rendu Philadelphie de sa propreinitiative pour chtier les vellits d indp endan ce des mirs d Aydm etde Germiyan ou qu il soit venu l appel d Andronic II, sa campagnemilitaire dbarrassa Philadelphie de ses assaillants. C est :finalement grceaux Mongols que la ville put jouir de plusieurs annes de paix.

    III. Le travail de la soie Alaehir (Philadelphie)(avec la collaboration de M.P. Nasturel - CNRS)

    Les chroniques ottomanes renferment un passage o il est questiond une alliance matrimoniale noue entre l mir de Germiyan et la maisonde O ~ m a n Sleyman Sah, voya nt l indpendance de sa principautmenace, dcide de marier l une de ses filles un fils de Murad 1er , enl occurrence le futur Bayezd pr Pour entamer les pourparlers, il envoie la cour ottomane Ishaq faqIh avec des prsents, chevaux et robes d honneur. Le chroniqueur prouve le besoin d expliquer qu l poque [ or etl argent taient rares et qu on offrait pour cette raison des robes d honneur(tekele ou tekle)83 confectionnes dans du tissu blanc pr ovenant de TonuzlIplus en 750 (c. 22 mars 1349) ; il est dcd peu avant le 20 avril 1348 : Elizabeth AZACHARIADOU, Note sur l article de Matoula Couroupou, dans Geographica Byzantina, Centre de recherches d histoire et de civilisation byzantines, srie Byzantina Sorbonensia-3, d. Hlne AHRWEILER, Paris, 1981, p. 80.82. ALI YAZIGIOGLU, Teviirib-i iil-i Se/uq (Chronique de la dynastie des Seldjouqides),Bibliothque Nationale de Paris, ms. fonds turc suppl. 737, fol. 445 rO-v. L auteur jouevidemment sur le sens du mot bOl ag ; voir ci-dessus n. 30. Le rcit des dmls de Timur

    t a ~ avec les mirats anatoliens est entrecoup par celui sur les Turcs de Dobroudja. Seulecette dernire partie est publie d aprs un autre manuscrit, celui de la bibliothque deTopkapI (Istanbul), fonds Revan K ~ k n 1391, fol. 4441 0 par P. WITTEK, YazIgroghlu

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    30 IRNE DELDICEANU-STEINHERR( L a o ~ i c ~ : ) et bordes d un tissu rouge appel ivladi, fabriqu Alaehir84,Iv/adl n etant pas. ~ n m?t d'origine turque et Alaehir tant l'poque

    e n c o r ~ sous admllllstratIOn byzantine - le mariage eut lieu selon leschrolllques en 783 (c. 28 mars 1381) _ 8 5 c'est aux tudes byzantines quenous avons eu recours pour rsoudre le problme.Le ,grec c , o n ~ a t les v o ~ a b l e s ~ M . : L O V , ~ a ' t t ' ~ (v) ou encore ~ a v T L o v ,

    ~ ( l . v ' n (v), amsl que ~ a ' t ' i ' J pour dSIgner des etoffes en soie de couleurpourpre et b r o ~ e s d:or (cf. le laticlave). Mais il y en avait aussi qui taientdes tIS,SUS de lame, temts en pourpre 86 . Le mot drive de blatta qui dsigneen la.tm non seulement un insecte, la blatte, mais galement la pourpree x t r a l t ~ du pourpre, mollusque gastropode 87 Le vocable s'applique enoutre a des tentures somptuaires, ordinairement en soie et rehausses defils d'or, dont la cour byzantine et les glises faisaient usage. De mme

    ~ e A s b / ~ ~ t i a aux dimensions les plus variables taient placs devant lesIcones . On trouve dans les sour ces byzantines galement les termesa L ~ M ' t " t ' L O V et t ' p L ~ M n L O v 8 9 pour des tissus fabriqus respectivement avec

    84. : . GmsE, Die a l t o ~ m a n i s c h e Ch/'onik des 'Asl/spasazde, Leipzig, 1929, p. 52;cf., R.F. KREUTEL, VOI1l Hl/'tenzelt 2UI Hohen Pfo/'te ; Frhzeit und Aufstieg des Osmanen/'elc/le.s /lach der Chronik I?enklllrdigkeiten und Zeitliiufte des Hauses 'Osman vomDe/'lVisch Ah;ned, g e l l G n ~ t A ~ l k - P a 9 a - S o h n , Graz-Vienne-Cologne, 1959, p. 87. Letraducteur n a ~ a ~ S ~ ~ t l _ le .besoin de maintenir le terme technique. T. MENZEL,F. T A E S ~ H ~ E R , Glhannuma. Die altosmanische Chronik des Mevln Mehemmed Neschrt. l, LeipZIg, 1951, p. 55, .5, F. GIESE, op. cit., p. 54 ; T. MENZEL, F. TAESCHNER, op, cit., p. 57,86. DUCANGE, Glossarium ad scriptores mediae et infimae graecitatis Lyon 1688col. ,206 ; G, DEMETRAKOPOULOS, Mya eS'tuov o1) :fir; t)Vtufir; y ~ w a a t ) r ; ' t. III:Athenes [1964], p. 1427 ; Em. KRIARAS, AeS'tuo fir; p.eaatwvtufj t)l'tufj o1')p.woov.YfJap.p.a,ela \1100-1669), t. IV, Thessalonique, 1975, p. 130; cf. aussi CONSTANTINP O R ~ H : R O G N E T E , De cerimons, d, LI. REISKE, t. II, 1830, p, 91 ; CONSTANTlN PORPHY-ROGENETE, Le livre des crmonies, Commentaire par A. VOGT, t. l, Paris, 1935, p. 53.J, EDERsoLT, L e ~ Grts somptuaires de Byzance, Paris, 1923, p. 21-22 ; D.A. ZAKYTHINOS,f;3ch /,ysobulle d Alexis III Comnne, empereur de Trbizonde en faveur des Vnitiens Paris2, p. 6 7 - 6 ~ ; J. NICOLE, Le livre du Prfet ou l'dit de l ' e m ~ e r e u r Lonie Sage te te , . e ~du G e n ~ v e l l S I S 23, Genve, 1893, p, 27, 151 ; E.H. FRESHFIELD, Ordinances ~ f Leo VI,

    ~ ' 895 fiom the Book,of he Eparch, Cambridge, 1938, p. 236 3 et n. 2. Rimpression des1 ; ~ ~ . textes dans Vanorum Reprints avec une introduction de l. DUJcEv, Londres-Genve,87. ~ , GAFF10T, D i c t i o ~ n a r ' r e illustr latin-franais, Paris, 1934, p 221. Chantrainep ~ r l e d un emprunt tardIf d'origine obscure : P. CHANTRAlNE, Dictionnaire tymololf,/que de la laI/gue grecque, t. l, Paris, 1968, p. 179. Le mot apparat dans l'Edit de DiocltIen, 24,2.

    d 88. Ch. ASTRUC, L'inventaire dress en septembre 1200 du trsor et de la bibliothque

    , 11.

    NOTES POUR L'HISTOIRE D A L A ~ E H I R AU XIVe S. 31des fils de deux et trois couleurs. La forme mdio-grecque (3cxv t t (v),prononce vladi, circule encore en grec moderne et y dsigne des tissus ensoie prcieux90 En no-grec, enfin, il existe aussi la forme ~ o . : ' t " t ' L Notonsque le fabricant ou le marchand de blattia s'appelait ~ a \ T a , d o le nomdu monastre de Blattadon Thessalonique 91 Il ne fait par consquentaucun doute que les Ottomans ont emprunt le terme aux Byzantins enajoutant au dbut un i, un mot turc ne pouvant commencer par deuxconsonnes. A ct d'ivladi, on rencontre aussi la forme ifladi (ou efladi)92.Signalons que deux sources crites en persan de la premire moiti duXIV' sicle contiennent le terme valad, qui semble remonter au mme tymonIl s'applique un tissu originaire de Bagdad, de Billa ou de Yezd93 Pour ce qui est de Philadelphie, l on sait, par un acte dat de 1284, quela ville exportait des tissus de soie 94 Le testament de Maxime de Skotein,qui date de 1247, mentionne des blattia, mais sans en prciser l'origine. Deux blattia brods d or avec des lions; un autre or et rouge ayant enson milieu un griffon; un autre, brod d or; un autre blanc et or (argentet or ?) dans l'glise principale du monastre situ proximit de Philadelphie95 De mme deux blattia son mtoche d'Avlax 96 et deuxblattia celui de l'glise Saint Procope, don de dame Irne, la veuve del'allagator Phocas 97 En outre, le testament fait mention de mriers surle domaine du monastre de Skotein 9s Moins d un sicle aprs l'occ upation ottomane, on continuait fabriquerde la soie dans la rgion d A J a ~ e h i r , Deux registres de recensement de la

    90. Ph. KOUKOULS, Bv'av7:tviv plo ~ a l nOt'ttf1p.., t. II, 2, Athnes, 1948, p39.91. ELEUTHROUDAKS, 'Eyuv"onGtotuv AIl';tuv, t. III, Athnes, [1928J, p. 32792. IQPASAZAoE, Tevrb-i l-i o ~ m n , d. Ali, Istanbul, 1332, p, 56,93, KHAN BAHADUR MOHAMMAD SHAFi , Letters of Rashid alDin Fad Alfh, Lahore1947, p. 186, 187, 190; W. HINt Die reslii-ye falakiyya des 'Abdollh ibn Kiy aMiizandrni, Wiesbaden, 1952, p. 14.94. W. HEYD, Histoire du commerce du Levant, Leipzig, 1936, t. II, p. 674, L'auteus'appuie sur l'ouvrage de Telesforo BINI, 1 Lucchesi a Venezia; alculli SIl/di sopra i secolXIII e XIV, Lucca, 1853, p. 48. En voici le texte: in sel' Tegrimo e Bartolommeo FulcerdeI 1284 trovo lire trecento trentasei e soldi quattro di piccioli pel' libre settantacinquede seta de smir/'o d'al/ara ad pondus Jan/luel/se quam constitit in civitate Janue soUdostriginta unum de Janua pel' libram : pi seta de Smirro et de Filadelfi. Nous remercionsvivement M. P. Schreiner de nous avoir envoy une photocopie de ce passage.95. Sophronios EUSTRATIADS, 'H ev Wtaoerpelq. p ov-Y] rf/; 'Yneeay{a. eeor6uovrfj, K07:llwfi;, dans 'Et)viUa, t, III, Athnes, 1930, p. 332, 1. 3-4.96, Article cit, p. 332, 1. 29,

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    32 IRNE BELDICEANU-STEINHERRprovince d'Aydm, le MM 232 de 1467 et le TT 8, de 1476 99 , nous en donnentune preuve indirecte. En effet, dans plusieurs villages proches d A l a ~ e h i r , savoir Sehriyar, Mundanya, Bostlu et Trkmanlu, le fisc percevait unimpt sur les feuilles de mrier 100. Sehriyar (aujourd'hui ~ a h y a r ) , setrouve environ 7 km au nord-ouest d' l a ~ e h i r 101. Quant aux autresvillages, ils ne figurent plus sur nos cartes. A Mundanya, en 1467, l'imptsur les feuilles de mrier rapportait au fisc deux cents aspres, soit environcinq pices d'or I0 2 Signalons un lieu-dit les ruines aux mriers 103qui dpendait de Badmga (aujourd'hui Badmca), village situ 6 km au

    s u d ~ e s t d A l a ~ e h i r l o 4 . II tait habit par des yrk (nomades) qui hivernaient Tazqm105 (aujourd'hui Dazkm entre Denizli et Afyon). Dun;me village dpendait aussi la ~ o m m u n a u t du tisserand M u ~ t a f a l 0 6 . Iln est , m a l h e u ~ e u s e m e n ~ pas pOSSIble de connatre les activits auxquelleselle s adonnaIt. Certams de ses membres possdaient des tenures maisau XV sicle, mme les citadins pratiquaient la culture de la terre.'

    ?n. ,ignore si l e ~ gens d ~ l a e h i r se servaient encore de la pourpre auxv slecle pour temdre la sOIe. Les rglements concernant les transactionscommerciales dans la province d'Aydm mentionnent en tout cas des colorants rouges tels que la garance C lZil baya, en latin rubia tinetarum) et lagomme laque C ok)107. En outre, le tmoignage, tardif mais prcieux, du

    v o ~ ~ g e u r a n . g l a ~ s Chandler rapporte que les eaux d'Alaehir taient particulIerement mdlques pour la teinture l0 8 9M. P o ~ r la description des deux registres voir I rne BELDICEANU-STEINHERR Kordolenet antala (1467-1476) essa' d h' h . 'C ..J le eograp le Istonque, dans Geo

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    4 IRNE BELDICEANU-STEINHERRpussent tre interprts de cette faon jusqu au jour o Bayezid 1er mit fin toute quivoque.

    Le deuxime texte montre que les Mongols ne doivent pas tre considrscomme un facteur ngligeable sur l'chiquier politique de l'poque.L'empereur et l i/ban entretenaient des relations suivies et si Timurtas,le gouverneur mongol de l'Anatolie, apparut en automne 1327 devantles murs de Philadelphie, l ne s'agit point d'une attaque contre le territoirebyzantin, mais d une mise au pas des mirs turcs.Le troisime texte, enfin, rvle que Philadelphie tait un importantcentre textile aux XIIIe et XIV sicles. La ville s'tait spcialise dans lafabrication de tissus en soie de couleur pourpre qui taient apprcis aussibien en Occident qu en Orient o ils servaient confectionner des robesd'honneur. L'exemple de Philadelphie prouve une fois de plus que lessources orientales sont indispensables pour clairer certaines priodesde l histoire byzantine.

    ANNEXEl

    Irne BELDICEANU-STEINHERRCNRS - Paris

    Au mois d aot 1983, nous avons pu jeter un rapide coup d'il sur lems. n 3271 conserv la bibliothque de la mosque Nuruosmaniye Istanbul. Une note prcise qu'il s agit d un legs pieux du sult an 'Oman [III]fils de M u ~ t a f a [II] (fol. 1 rO). Le ms. compte 77 feuillets et mesre 18 cmsur 25. A premire vue nous sommes en prsence d'une copie de l'uvred.e I:Hifiz-i br. Le passage auquel I.H. Uzunaqlh fait allusion (voirCl-dessus note 67) ne se trouve pas cependant dans la version imprimede l'ouvrage. Dans le manuscrit, il occupe les feuillets 66 ra et va et commencecomme suit : der an eyym ki qa?iyye-i Dimasq Hwage waqi sud, emirTimurtas der memiilik-i Rum bebawli-i Egridr rewed .. Le texte est prcdd une brve prsentation de la personnalit de Timurtas sous le titre i ~ r - i Timurtas b. e:n " Coban . Les noms - qu'il s'agisse de personnes,de tnbus ou de locahtes - sont souvent dforms et les points font biendes fois dfaut. Voici un bref rsum : Timurtas se rend d abord dansla rgion d'Egridr (aujourd'hui Egridir). Son but est d'anantir les rebelles(bava.rig) ainsi que tout le pays de Germiyan et celui de Mentese qui

    '

    NOTES POUR L HISTOIRE n ALAEHIR AU XIV S. 35rgions susdites et passe l action. En mme t e m ~ s . : l en,v0ie ~ r e ~ n a aveccinq mille hommes assiger la forteresse de Q ~ r a l ; l ~ ~ r ( a ~ J o u r d hUI,Afy??-)dont les habitants taient connus pour leur espnt de rebelhon et de desobelssance. Sur ces entrefaits arrive de Diyarbekir un messager envoy parUwage Muqbil qui fait part aux fils et aux proches de Timurtas de l'assassinat de Dimasq Uwage. Ceux-ci se sentent tout dsempars par la nouvelleet envoient le messager l mir Eretna. Ds rception, Eretna se I?eten marche avec ses soldats pour rejoindre Timurtas, La r e n c o n t r ~ a l eudevant la ville de Toguslu. Les deux hommes font le point de la sItuatIOn(longue discussion). Le 27 zi -qa' de 727 (13 oct. 1327), Timurtas retourne Egridr et congdie l'arme. part avec ses serviteurs et ses procheset arrive le 11 gi l-Mlge [727] (28 oct. 1327) a y ~ e r i y e d:o l se rendcinquante jours plus tard Sivas .. (Nous n avons pas pu exammer a v a ~ t a g ele manuscrit, les heures d ouverture de la bibliothque tant restreIlltespendant les vacances d't).

    Le passage corrobore notre affirmation ,que les v n ~ m ~ n t s rapportspar Sihab ad-Din al-'Umari doivent tre dates de 1327 (vOIr Cl-dessus p: 26).Timurtas guerroyait entre fin aot et dbut octobre 13?7 en AnatolIe ~ el'oues t dans les territoires appartenant aux mirs de Genmyan et de Mentese.Son apparition dans la rgion de Philadelphie doit se situer par consquententre le 22 aot et le 13 octobre 1327.

    A A l a ~ e h i r , dans la cour de la mosque du cheikh S i l a ~ , derrire lemausole dudit cheikh*, se trouvent adosses au mur qUi separe la chourdu cimetire adjacent, un certain nombre de plaques de I?al'bre de memeque quelques pierres tombales m u s u l ~ a l 1 e s , . S e l o ~ les dues des g e n ~ A del endroit elles proviendraient des environs ImmdIats et attendent d etre

    t r a n s p o r ~ e s au muse de Manisa. M a l h e ~ : e u s e m e n : nous n a v o n ~ ~ a s puobtenir d'autres prcisions lors de notre VISIte en aout :983. ~ o u s JOlgnO?Sici la photo de l'une des plaques. Elle provient p e u t ~ e t r e d un mausolee,car nous avons trouv dans la rgion d Izmir des pIerres t o m ~ a l . e s . avecdes motifs semblables (mosque flanque parfois de cyprs). Ce : r u ~ d ~ s t J ~ g u ele dessin des autres motifs est la prsence d une forteresse. ,S. agIt-Il uneimage stylise de la forteresse de Philadelphie ? La plaque mente une etude.

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    36 IRNE BELDICEANU-STEINHERR

    Photo : Nicolas Beldiceanu.

    NOTES POUR L HISTOIRE D A L A ~ E H I R AU XIVe S.

    BARKAN, Kanunlar

    cMiRHWAND

    Rpertoire

    SIGLES ET ABRVIATIONSO.L. BARKAN, XV ve XVI-l/ICI asir/m da osmanll impatorluUunda ziraf ekonominin hukuki ve malt esaslan ka/lun(Les bases juridiques et financires de l cono mie agricdans l empire ottoman aux xy et XVIe sicles; les rglemenIstanbul, 1945.c plac devant une date de l re chrtienne indique ql anne ou le mois de l hgire corre spondant commen la date indique.MUHAMMAD B. SAYYID BaRHAN AD-DiN MiR( WAND, Ta draW :at a ~ - ~ a f d. Abbs Perwiz, t. V, Thran, 1339.Istanbul, B a ~ b a k a n h k A r ~ i v i (Archives de la PrsidenceConseil), fonds Maliyeden Mdevver (registres transfrsMinistre des Finances).Et. COMBE, J. SAUVAGEl', G. WIET, Rpertoire chronologiqd pigraphie arabe, t. XIII et XV, Le Caire, 1944 et 1956.

    SCHREINER, Philadelpheia P. SCHREINER, Zur Geschichte Philadelpheias lm 14. Jahundert (1293-1390), dans Orientalla Christialla Periodit XXXV, 2, Rome, 1969, p. 375-431.

    Shaikh Uwais AB BAKR AL-QurB AL-AHR , Ta rikh-i Shaikh Uwais,J.B. van Loon, s-Gravenhage, 1954.SPULER, Mongolen B. SPULER, Die Mongolen in Iran, Berlin, 1968.TT Istanbul, B a ~ b a k a n h k A r ~ i v i (Archives de la PrsidenceConseil), fonds TaplI ve Tahrir (registres de recensemenTURAN, Takvim o. TURAN, Istanbul un fethinden once y a z i l m i ~ tariht takvim(Chronologies crites avan t la conqute d Istanbul), Anka1954.'UMARi SIHAB AD-DiN AL-'UMAR, Kitiib maslik a l - a b ~ a r fi mami

    a l - a m ~ i i r d. F. TAESCHNER, Leipzig, 1929.UZUNARILI, Beylikler I.H. U Z U N A R ~ I L I Anadolll beylikleri ve Akkoyunlll, KakOYlil/lu devletleri (Les mirats anatoliens et les EtatsMouton Blanc et du Mouton Noir), Ankara, 1969.UZUNARILI, Kitabeler I.H. U Z U N A R ~ I L I O G L l J Afyon Karahism, Sand/kit, Bolvaday, Isakli, Manisa, Blrgi, Ml/gla, Mi/as, Pein, DeniIsparta, Atabey ve Egirdir deki kitabeler (Les inscripti

    d Afyon Karahisar, Sandlklt, Bolvadin, ay, Isakh, ManBirgi, Mugla, Milas, Pein. Denizli, Isparta, A tabey et EgirdIstanbul, 1347 (1929).UZUNARILI, Ktahya I.H. U Z U N A R ~ I L I O i k u , Bizans ve Selllkiylerle Germive Osmanogullan zamamnda Ktahya ~ e h r i (Ktahya sles rgnes des Byzantins, des Seldjouqides, de l miratGermiyan et des Ottomans), Istanbul, 1932.VARLIK, Germiyan M.. VARLIK, Gel miyan-ogullon tarihi (1300-1429) (L hist

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    ~ < ----------------II I I I I IBI

    PHILADELPHIE, UN QUART DE SICLEDE DISSIDENCE, 1182-1206

    La ville de Philadelphie ne prit une grande importance stratgique qu avecl apparition du pril turc. Auparavant, elle tait une modeste bourgade :Psellos en parle comme d un chrion ; elle est un simple vch dpendantde la mtropole de Sardes2 A la fin du XIe sicle, elle est occupe par lesTurcs comme le reste de l Asie Mineure, et lorsque ces derniers, vers 1093-1094 en furent chasss par un gnral d Alexis Comnne, Jean Doukas,la ville, confie Michel Kkaumnos3, devint le point d appui le plusimportant de la dfense byzantine en Asie Mineure. Son rle tait des opposer la pression des nomades turcs qui occupaient la lisire du plateauanatolien, dsormais zone frontire entre Byzantins et Seldjoukides pourdeux sicles environ.Elle apparat dans ce rle durant tout le XIIe sicle. Sous Alexis I, Philokals repousse l attaque des soldats de Arsan4, en 1109-1110. Un de sessuccesseurs, Constantin Gabras, partant de Philadelphie, battit les Turcs Kelbianos en 111l 5 Sous Jean II, la ville servit de camp de dpart pourl empereur lorsqu il alla reprendre Laodice du Mandre et Szopolisaux Perses en 11196 Sous Manuel I, Alexis Gifardos, duc des Thracsiens, au dbut de 11567 participa activement aux luttes contre les

    1. Cf. PSELLOS Mesaionik Bibliothk, V, p. 459. Dans une lettre au krits de Phila-delphie, Psellos appelle la ville un chrion qu il a visit plusieurs reprises, enparticulier lorsqu il avait pris la route directe vers la Msopotamie quand il tait jeune.Il est vrai qu on peut voir aussi en cette expression l ironie d un constantinopolitain,pour qui toute province est un lieu sauvage et barbare.2. Cf. V. LAURENT Corpus es sceaux e l empire byzantin, V, 1, Paris, 1963 ; commen-taire du sceau n 369.3. Cf. ANNE COMNNE Alexiade, ed. Leib, Paris, 1945, III, p. 27.

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    40 JEAN-CLAUDE CHEYNETTurcs8 La ville servit nouveau de base d'oprations pour l'empereurlui-mme plusieurs reprises, en 1160, puis en 1174, alors qu'il tait menac par une coalition de l'ensemble des chefs turcs d'Asie Mineure9 , eten 1176, P h i l a ~ e I p h i e lui permit de rallier les dbris de Son anne aprsle dsastre de Myriokphalon10.

    Plliladelphie, place-forte de premire importance , toujours menacepar les Turcs, est, semble-t-i , la rsidence normale du duc des Thracsiens12.Ce rle de Philadelphie comme ultime place chrtienne face la menaceturque est ressenti mme par les Croiss allemands de Frdric Barberousse13 Sous Alexis II, celui qui occupe ce poste si important de duc desThracsiens est Jean Comnne Batatzs ; i cumule ce commandement aveccelui de grand domestique.*

    Qui est ce Jean Comnne Batatzs ? Il est un des plus hauts personnagesde l'empire, issu par sa mre Eudocie, sur de l'empereur Manuel, de lafamille des Comnnes, et par son pre Thodore Batatzs, d'une famillede l'empire dont l'importance est antrieure mme celle des Comnnes.Depuis deux sicles, on trouve des Batatzs parmi les plus illustres personnages. Cette famille originaire d'Andrinople est mentionne ds l'poquede Basile II, lorsqu'un Batatzs, par crainte d'une sanction, se rfugiachez le roi bulgare Samuel14 . Au XIe sicle, on trouve un Jean Batatzscomme principal soutien de Lon Torniks rvolt contre Constantin IXiS.

    8. KINNAMOS, Bonn, p. 176.9. KINNAMOS, p. 288.10. NrcTAS CHNIATS, Nicetae Choniatae Historia ed. J.L. van Dieten, Berlin,New York, 1975, p. 191 et EPHRAEM, Bonn, vers 4636 et 4637.11. Philadelphie est dfendue par une muraille renforce de nombreuses tours, doubled u ~ avant-mur: cf. NICTAS CHNIATS, Orationes et epistu/ae ed. J.L. van Dieten,

    Berlm, New York, 1972, p. 93 ; ouvrage cit dsormais: N.e. Discours.12. Georges et ? ~ m t r i o s T O R N I ~ S , ibidem p. 173. Georges Torniks, qui sjourne Ephse, est OblIge, pour aller vOIr le duc des Thracsiens Alexis Kontost phano sde traverser les montagnes qui sparent Ephse de Philadelphie. ', 13. L o r s q u ~ c l ~ t ~ r e n t des incidents entre Grecs et Allemands devant Philadelphie,1 m p e ~ e u r F r e d ~ n c . r ~ f u s a d e tenter un assaut contre la ville, car il savait que quialocus Ille s o l ~ s I? lhs pa.rtIbus ab incursibus turcorum christianis erat refugium ettutame?, H l ~ t o l l a Peregrmorum MGR SS, Nouvelle Srie, V, p. 154, ed. Chroust ;

    PHILADELPHIE, 1182-1206 4Une branche de la famille est installe Rhaidestos o elle soutient lrvolte de Nicphore Bryennios contre Michel vn 16 . Nicphore Batatzexera les plus grands commandements militaires dans la deuxime moitidu XIe sicl 7. Au sicle suivant sont mentionns un Batatzs la ttd un thme non identifi18 , Lon Batatzs, qui participa sous Manuel une campagne victorieuse contre les Hongrois 19 Enfin, conscratiosuprme, Thodore Batatzs, le pre de Jean Comnne Batatzs, a pousla sur mme de l'empereur. Il est peut-tre identifier avec le Batatzmentionn par Tztzs. Ce Thodore Batatzs participa plusieurcampagnes militaires, l une contre les Hongrois, l autre en Cilicio. Etant que beau-frre de l'empereur, il est honor du titre de pansbastsbast 1 ou de pansbastohypertatos22 Il est mort avant 1166, tanqualifi de makarios dans la liste synodale du 6 mars 1166. Il a eu amoins quatre fils, Andronic, Alexis, Jean et Isaac 3, dont les deux premiersont appels, dans les listes synodales, Comnnes, du nom de leur mreAndronic fut charg par son oncle Manuel I, lors de la campagne de 117contre les Turcs qui devait se terminer par le dsastre de Myriokephalonde les prendre revers en attaquant par Nocsare24. Il choua dans cettmission, fut tu et sa tte jete dans le camp byzantin pendant la bataillde Myriokphalon25 Le troisime fils de Thodore Batatzs ne nou? espas mentionn par les listes des synodes, mais nous est connu par plUSieurautres sources : l'Histoire de Nictas Chniats, la Vie de Saint Jean l

    16. Cf. Michel ATTALEIATS, ed. Bonn, p. 244-245.17 On connat de lui un certain nombre de sceaux mentionns dans V. LAURENTDeu; nouveaux gouverneurs de la Bulgarie byzantine : le prodre Nicphore Batatzet le protoprodre Grgoire, R.S.E.E. tome VII, 19,69, p. 1 4 3 ~ 1 5 0 et dans Werner SEIBDie Byzantiuische n Bleisiegel in Osterreich t. 1 : Kalserhof, VJenne,.1978, p. 243, n 113Nicphore Batatzs fut successivement vestarque et stratge ; maglstre, v e s ~ s et duc dtout l'Occident ; magistre, vestarque, duc et prteur de la mer Ege ; pUIS pl'odl'e duc de Bulgarie, enfin curopalate.

    18. Cf. TZETZS, ed. Leone, Leipzig, 1972, Lettre n 47, p. 67.19. Cf. KINNAMOS, p. 260.20. Cf. KINNAMOS, p. 114 et p. 181.21. D aprs la liste du synode de 1170, ed. Petit, V.V, XI, p. 479.22. D aprs les listes synodales du 2 mars 1166 et du 6 mars 1166, dans P.G. tome 140col. 236 et col. 253. .23. Ce dernier est connu seulement par une posie conserve dans le Codex Markml1os

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    42 JEAN-CLAUDE CHEYNETM d 2615 neor leux , et quelques 5ceaux27 Jean Comnne Batatzs taitprobablement le cadet d Andronic et d'Alexis. Lorsque son oncle Manuelrgnait, Jean exera des commandements militaires, en particulier face auxTurcs. Aprs Myriokphalon, en 1177 ou en 1178, les Turcs voulurentexploiter la terrible dfaite de Manuel, et envoyrent une arme de vingtquatre mille hommes attaquer la valle du Mandre, sous la direction d'unatabeg B Manuel ayant appris cette attaque qui parvint jusqu la mer,confia des troupes Jean Batatzs, Michel Aspits et ConstantinDoukas. Quoique cela ne soit pas mentionn, il est clair que Jean Batatzsavait la prminence sur les autres chefs, puisqu'il conut le plan de bataillequi permit aux Byzantins de dtruire presque compltement cette bandeturque29

    II n est plus fait mention de lui jusqu'au printemps de 1182, lorsqu'ilmanifesta son hostilit Andronic Comnne. Il tait alors grand domestiqueet duc des Thracsiens, et rsidait Philadelphie30 Depuis quand dtenait-ilce poste? Nous ne le savons pas, mais comme il semble que le prtosbasteAlexis Comnne, qui avec Marie la veuve de Manuel exerait le pouvoir la place d Alexis, trop jeune, Constantinople, n'avait pas modifi lesgrands commandements mis en place par Manuel avant sa mort, JeanComnne Batatzs a donc t nomm grand domestique par Manuel, et

    26 Blo 1:0ii dylov ' Iw6.vvov f3aatMw rOV ' EJ.erllJ Ovo ed. A. HEISENBERG, KaiserJohannes Batatzes der Barmherzige. Eine mittelgriechische Legende, in B.Z. tome 14,1905, p. 160 233 ; cit dsormais ici : Vie de Saint Jean. C'est une source tardive duXlye sicle qui donne une gnalogie fantaisiste l'empereur Jean lIT Batatzs en lerattachant la ligne glorieuse des Batatzs. Le pre de Jean lIT, Basile Batatzs, futun des chefs militaires les plus glorieux et les plus fidles de Isaac l'Ange. Nous savonspar Nictns Chniats, p. 400, qu il tait d'humble origine, ce qui exclut qu'il ait putre le fils de Jean Comnne Batatzs. Basile devait sa gloire ses qualits militaires et son mariage avec une proche parente de l'empereur Isaac Ange. Si cette source prsenteune prosopogl aphie fantaisiste, en revanche, elle retrace assez fidlement les vnementsconcernant la rvolte de Jean Comnne Batatzs, qu'elle appelle Constantin. Les l'enseignements qu elle fournit peuvent tre en effet recoups par ceux que donne Nictas Chniats.

    27. Cf. G. SCHLUMBERGER, Sigillographie, Paris, 1884, p. 713, n 4, et ZACOS et VEGLIlRY,op. cil. sceau nO 2730 bis : l:

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    1---44 JEAN-CLAUDE CHEYNETl ensemble des troupes sous ses ordr es ne lui aie nt t fidles, car ellestaient habitues depuis plusieurs annes remporter avec lui des succscontinuels sur les Turcs. La Vie de Jean III Batatzs apporte des dtailsdont nous pouvons penser qu ils sont fiables. Batatzs, appel Constantin,aurait eu sous ses ordres 23 000 hommes, contre 50 000 Andronic quiemmenait avec lui l ensemble des troupes d Occident et la partie des troupesd Asie Mineure qui lui tait reste fidle (troupes paphlagoniennes). Ceschiffres peuvent sembler excessifs, mais on rappelle que les chiffres donnsaux forces turques lors de l attaque de 1177-1178 par la Vie de Saint Jeantaient confirms par Nictas Chniats. Cette mme source prcise queBatatzs avait avec lui la force des Lydiens, quelques lments d Ionie,et nous apprend que lorsqu Andronic, aprs la mort de Batatzs, reprit lecontrle de la rgion, l put s emparer de Philadelphie, de Sardes, de toutel Ionie, et des villes de Lydie35 C est--dire que Batatz s contrlai tl ensemble du thme des Thracsiens et en partie celui de Mylasa-Mlanoudion, si l on suppose qu il contrlait toute l Ionie; en tout cas, Batatzsn a jamais craint d tre pris revers. Le thme de Nokastra tait contrlpar Andronic, puisque celui-ci, repouss par Batatzs, put se rfugier Pergame.L attachement de la population de Philadelphie et de ses troupes lapersonne de Jean Comnne Batatzs est souligne par l effort de celui-cipour tre prsent physiquement sur le champ de bataille malgr sa maladie,et surtout p a ~ le fait que cet attachement ne s est pas report sur ses filscar eux n avalent pas fait la preuve qu ils pouvaient dfendre la populationde la ville. C est pourquoi les gens de Philadelphie prfrrent ngocierleur ralliement Andronic. Jean Comnne mort, les forces qu il a vaitrunies se dsagrgrent, ses fils furent obligs de s enfuir de Philadelphie,de se rfugier chez le sultan d Iconium36 , dont, semble-t-il, ce fut la seuleintervention dans la guerre civile qui a frapp l Asie Mine ure byzantine.La rvolte de Philadelphie, qui s est tendue sur l ensemble du thme desThracsiens, ne fut donc pas un mouvement autochtone mais le soutien un grand chef prestigieux qui souhaitait intervenir d a ~ s les affaires deConstantinople.

    Il faut ~ o u l i g n e r q u ~ , l chec personnel de Batatzs n entrana pas l clipsede la famIlle tout entlere, car on connat plusieurs Batatzs ayant occupde hautes fonctions la fin du XIIe sicle et au dbut du sicle suivant 37

    PHILADELPHIE, 1182-1206 45Sept ans aprs la rvolte de Jean Batatzs, Philadelphie nouveau, n estplus contrle par l empereur de Constantinople, alors Isaac II. En effet,

    l o r ~ q ~ l e les soldats de la Ille croisade entrrent dans l empire byzantin,en JUlllet 1189, l empereur de Constantinople n tait pas dans sa capitale,mais en tra in d assiger en vain Philadelphie, o, nous disent les chroniqueurs occidentaux, un certain Thodore s tait rvolt. Nictas Chniatsconfirme qu Isaac II fut oblig d aller lui-mme rduir e la rvolte deThodore Maggaphas dit Maurothodore 38 Ce Maggaphas est originaire de Philadelphie39 Les sources nous fontconnatre d autres Maggaphas installs dans la rgion l poque de l empirede Nice : Basile Maggaphas et son neveu Georges possdent des biensdans la topothesia de Pg40 , situe dans la rgion de Milet . Jean Maggaphasachte des oliviers dans la topothesia de Parakalamou 41 , sise dans la rgionde Smyrne. A Philadelphie mme, en 1247 les biens donns par Athanasia,veuve d un Maggaphas, avaient permis au fondateur de la Skotein d leverune glise ddie Saint Jean42 , ce qui laisse supposer cette Athanasiaune certaine fortune. Quoique les sources ne nous disent rien de la positionsociale de Thodore Maggaphas, la famille a une certaine importancedepuis au moins le XIe sicle. Car nous connaissons le sceau d un Nic(phore ou -tas) Maggaphas, spatharocandidat et comte au XIe sic13,un autre de Lon Maggaphas, prtospathaire et catpan, datable aussidu XIe sicle au plus tard44 , puisque les dignits de spatharocandidat etprtospathaire disparaissent ds le rgne d Alexis Comn ne. Un troisimesceau d un Maggaphas, qui ne peut tre lu compltement, indique du moins coup sr que Jean Maggaphas tait sbaste, mais on ne peut dchiffrerle nom du gnos dont il veut aussi tirer gloire 45 ; il est dat par V. Laurenteux on peut citer : Andronic Batatzs, vestiarite, charg de la paradosis des Coumans Lavra en 1181, cf. Acles de Lavra d. P. LEMERLE A. GUlLLOU N. SVORONOS DenisePAPACHRYSSANTHOU Paris, 1970, vol. l, p. 338 ; un Batatzs au prnom inconnu, tusur l ordre d Alexis III, cf. NICTAS CHNIATS p. 486. Un certain nombre de sceaux dela mme priode nous sont parvenus : ceux de Andronic Batatzs, sbaste : indit de laCollection Fogg, na 483 - (ce dernier pourrait tre soit le frre de Jean Comnne, soitle vestiarite cit ci-dessus une tape ultrieure de sa carrire, ou bien encore un troisimehomonyme) ; Nicphore Batatzs, sbaste, cf. SCHLUMIlERGER Sigillographie p. 713,nO 5 ; Stephanos Batatzs, sbaste, indit de la Collection de l Institut Franais d EtudesByzantines, na 966.

    38. NrcTAs CHNIATS p. 399.39. Ibidem p. 399 et EPHRAEM vers 5908-5910.40. MIKLOSICH-MLLER VI, p. 151, acte de 1207.41. MIKLOSICH-MLLER IV, p. 61.

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    46 JEAN-CLAUDE CHEYNETde la fin du XIIe sicle, mais il n est pas impossible de l attribuer l poquedes Lascarides. Enfin, un sceau d un Thodore Maggaphas nous est parvenu,dont V. Laurent pense qu'il est antrieur 1150 46 La famille Maggaphas,implante Philadelphie et dans toute la rgion, occupa durant plusieurssicles une position sociale leve, comprenant des postes dans l'arme,comte, catpan, assez importants.

    La position personneIle de Thodore Maggaphas est plus difficile cerner.l faut liminer la possibilit qu il ait t li aux Doukas, comme auraient

    pu le laisser croire deux monnaies trouves Sardes et attribues faussement Thodore Maggaphas47 Avant sa rvolte, on ne peut affirmerqu il occupait une position officielle Philadelphie. Nous ne connaissonsaucun duc des Thracsiens entre 1182 et 1189. Maggaphas occupait-ilce poste ? La position sociale de sa famille ne le lui interdisait pas. LorsqueIsaac fut contraint de traiter avec lui, il fut dcid que la population dePhiladelphie obirait Maggaphas comme auparavant, mais que luimme serait de nouveau un simple citoyen48 Il faut entendre par l queMaggaphas gardait la mme autorit que lorsqu'il s tait proclam basileus,et non pas qu'il retrouvait un poste de commandement antrieur49 l fautcomprendre qu en juillet 1189, Isaac II n'enlevait aucun pouvoir Magga-

    46. Sceau de l'Institut Franais d'Etudes Byzantines n 1028. Ce sceau n est pascompltement dchiffr; outre une invocation la Vierge, on peut lire que ce Maggaphasoccupait une fonction militaire stratgounta mal dfinie, car l'expression strat-gounta est rarement employe sur les sceaux. Deux explications sont possibles : ou ceThodore Maggaphas fut un stratge de ville (Philadelphie par exemple) avant l a rorganisation de l'Asie Mineure pal' les Comnnes, ou il s'agit du rvolt avant qu'i ne prtle titre de basileus; dans ce cas, il faudrait descendre la datation du sceau jusqu laseconde moiti du XII sicle.

    47. Cf. H.W. BELL Sardis, XI, 1916, p. 104, n 964; M. de GUADAN Nomismad argen