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N o 214/décembre 2013 MAGAZINE PARTENAIRES FOCUS chances égales pour les femmes! ABANDONNÉES sort tragique de femmes au Tadjikistan LOIN à la recherche du cacao dans la forêt tropicale de Bolivie CONCOURS gagner une nuit à la Villa Lindenegg à Bienne DES FEMMES PRENNENT LEUR DESTIN EN MAIN

Helvetas Partenaires No. 214 Décembre 2013

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FOCUS chances égales pour les femmes! --- ABANDONNÉES sort tragique de femmes au Tadjikistan --- LOIN à la recherche du cacao dans la forêt tropicale de Bolivie --- CONCOURS gagner une nuit à la Villa Lindenegg à Bienne

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No 214/décembre 2013

MAGAZINEPARTENAIRES

FOCUS chances égales pour les femmes!ABANDONNÉES sort tragique de femmes au TadjikistanLOIN à la recherche du cacao dans la forêt tropicale de BolivieCONCOURS gagner une nuit à la Villa Lindenegg à Bienne

DES FEMMES PRENNENT LEUR DESTIN EN MAIN

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SOMMAIRE2

SOMMAIRE

HELVETAS – Agir pour un monde meilleur

VISION Nous voulons un monde dans lequel tous les hommes vivent dignement et en sécurité, de façon autonome et responsable face à l’environnement.

MISSION Nous nous engageons dans des pays en développement pour les personnes et les communautés qui veulent améliorer activement

leurs conditions de vie.

PERSPECTIVESLutteuses ................................................................................04EN CLAIRDes chances égales aux femmes .........................................05REPORTAGETanzanie: des femmes prennent leur destin en main ............................ 06FOCUS «ÉGALITÉ DES CHANCES POUR LES FEMMES – AU BÉNÉFICE DE TOUS»Avoir les mêmes droits: Helvetas s’engage pour les femmes – et pour les hommes .............................. 12 Être femme: réalités du monde en chi� res ....................... 15 Abandonnées: soutenir les droits des femmes tadjikes ... 16Commentaire de l’invitée: Magaly Hanselmann, directrice du bureau vaudois à l’égalité ............................ 17Tango à Kaboul: une Suissesse en Afghanistan ................ 18 En savoir plus ....................................................................... 19ÉVÉNEMENTÀ la recherche du cacao dans la forêt tropicale de Bolivie 20SUISSECINEMA SUD, retour sur images ..................................... 22Moisson: du riz bio de l’Inde maintenant chez Coop – et dans un � lm ............................................... 24Des souhaits judicieux: plus jamais de cadeaux absurdes! ..................................... 25 ACTUALITÉMétéo du développement ..................................................... 26Les gagnant-e-s du Clip Award Helvetas 2013 .................. 26La FEDEVACO fête 10 ans de coopération vaudoise ....... 27Au Magasin du Monde de Montreux ................................. 27Get changed: une plateforme de la mode éthique ........... 28Membres du Circle for Change ........................................... 28Un million de signatures pour l’eau potable ..................... 28Impressum ............................................................................. 28 Exposition à Berne: «Wir essen die Welt» ......................... 29Concours: gagner une nuit à laVilla Lindenegg à Bienne ..................................................... 29COMMERCE ÉQUITABLEFigurines de Madagascar en métal recyclé ........................ 30

Page de couverture: Christian Bobst

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Semer le succès

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FOCUS

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30Papillons, animaux de ferme et

faune de la forêt tropicale: à Madagascar, des artisan-e-s

habiles donnent forme à des figurines en recyclant

de vieilles boîtes.

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3ÉDITORIAL

Éditorial

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HELVETAS Swiss Intercooperation 7-9, ch. de Balexert1219 ChâtelaineTél. +41 (0)21 804 58 00Fax +41 (0)21 804 58 [email protected] 10-1133-7

Une grande année J’ai exactement l’âge de la Suisse mo-derne. En 1971, j’ai ouvert les yeux dans la lumière d’une Confédération helvé-tique qui, désormais, accueillait les filles comme des citoyennes à part entière. J’ai fait entendre ma voix qui aura plus tard aussi un poids politique. Je ne suis plus tout à fait jeune, mais mon âge fait réaliser que la Suisse a accordé le droit de vote et d’éligibilité aux femmes il n’y a pas si longtemps. Par contre, elle a été le premier pays où cette décision fut prise par des hommes lors d’un scrutin. Un signe tardif mais positif de la solidarité naissante entre les sexes. Aujourd’hui, bien des personnes consi-dèrent ennuyeuses les discussions sur les questions de genre. Dans ce maga-zine, nous rappelons combien l’égalité entre les femmes et les hommes reste une nécessité urgente, au Sud comme ici. Nous présentons des femmes qui, malgré les obstacles, deviennent entre-preneuses ou exercent «des métiers d’hommes». Qui ne tolèrent plus la violence et qui élèvent la voix. Ces his-toires se lisent parfois comme un thril-ler, comme une épopée héroïque ou comme un roman d’amour. Mais nous garantissons que ces récits ne provo-queront pas les bâillements! Susanne Strässle, rédactrice de «Partenaires»

[email protected]

FOCUS

C’est la part des femmes qui peuvent terminer des études secondaires au Mozambique. Chiffres et faits sur la vie des femmes à travers le monde.

FOCUS

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La conseillère de projet parle de la vie en Afghanistan, de ses rencontres avec des femmes et des hommes et de l’humour des gens.

«Je demande souvent aux Afghanes et Afghans quelle société ils désirent»

Tania Rohrer©

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Semer le succès

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4PERSPECTIVES

FEMMES SUR LE RING

Les lutteuses suisses (en bas) font rouler leurs semblables dans le rond de sciure, tout comme le font leurs homologues masculins. En Bolivie, des femmes fortes combattent aussi entre elles, mais le font plutôt contre des «méchants»: les cholitas montent sur le ring en habits traditionnels et, dans des joutes spectaculaires, elles montrent aux hommes, déguisés en «scélérats de bandes dessinées», qui est la reine. Mais les jeux des lutteuses de El Alto, un quartier de la ville de La Paz, n’ont guère à voir avec la lutte suisse; les démonstrations des femmes indiennes s’apparentent au catch dans lequel la mise en scène est centrale pour faire le show. Jeux de rôles autour du genre en Bolivie. –SUS

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EN CLAIR

de vote et d’éligibilité que depuis 42 ans; en 2013, le pourcentage de femmes est de 29% au Conseil national et de 19% au Conseil des États. Les femmes gagnent en moyenne près d’un cinquième de moins que les hommes. En parallèle, elles e� ectuent la majeure partie des tâches ménagères dans la plupart des foyers, indépendamment du temps de travail hors du domicile.

La situation n’évolue que len-tement et di� cilement car, chez nous aussi, tout s’articule autour de rapports de forces. Pour faire bouger les choses, il faut que nous y travaillons tous en-semble avec persévérance et cela autant en Suisse – dans le monde politique ou dans les foyers – que dans nos pays par-tenaires.

Melchior Lengsfeld,directeur d’HELVETAS Swiss Intercooperation

Pauvreté est un substantif féminin. Dans de nombreux pays, les femmes n’ont guère le droit à la propriété et peu de chances de gagner correctement leur vie. D’un point de vue économique, elles dépendent de leurs pères, de leurs maris ou de leurs � ls. Parce que l’accès à la formation reste interdit à des millions de jeunes � lles et que les femmes sont nettement sous-représentées dans les postes de décision, cette situation pour-rait perdurer. Aujourd’hui, on sait que les objectifs du Millénaire en matière d’égalité des sexes et de santé maternelle ne seront pas atteints.

À l’échelle mondiale, le travail est également déterminé par les femmes – contrairement au cliché européen où l’homme incarne le soutien fami-lial. Dans les pays en développement, les femmes s’occupent des enfants, du foyer et du travail aux champs. Dans les régions arides, elles transportent pen-dant des heures l’eau pour leur famille. Ce n’est pas reconnu, ni socialement, ni économiquement.

Sur le papier, il en va autrement. L’égalité entre femmes et hommes est un droit humain depuis 1948, inscrit dans des milliers d’articles de loi et de constitutions. Or, des droits égaux ins-crits noir sur blanc ne signi� ent pas des chances égales dans la vie. Aux yeux de nombreux hommes, renforcer la posi-tion des femmes représente encore un a� aiblissement du sexe fort, ce à quoi ils s’opposent. C’est une question de pouvoir. C’est pourquoi dans nos pro-jets nous devons accroître l’autonomie des femmes et démontrer aux hommes qu’ils en pro� tent aussi.

La tâche n’est pas facile, en par-ticulier dans les pays qui prônent une répartition traditionnelle des rôles. Mais nous avons la chance de rencontrer partout des pionnières et des pionniers d’une plus grande égalité. Des femmes et des hommes en Afghanistan qui s’en-gagent pour le droit des � lles à se rendre à l’école. Des imams au Mali qui luttent contre l’excision. Des organisations par-tenaires au Tadjikistan qui défendent le

droit successoral des femmes. Nous sou-tenons de telles personnes par nos pro-jets. Nous montrons comment l’égalité entre les genres favorise un développe-ment durable et comment la mettre en œuvre.

En revanche, il ne nous appar-tient pas de pointer du doigt des socié-

tés prétendument «arriérées». En Suisse aussi, un décalage existe entre reven-dications et réalité. La part de femmes occupant des postes de direction – envi-ron 30% – n’a pratiquement pas changé depuis le milieu des années 1990. Au ni-veau national, les femmes n’ont le droit

CHANCES ÉGALES AUX FEMMES

«Des droits égaux inscrits sur le papier ne signifient pas des chances égales dans la vie»

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Fatuma & Shabani

Mari et femme vont ensemble chercher l’eau: une image rare en Tanzanie, mais Fatuma et Shabani montrent l’exemple.

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7REPORTAGE

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FATUMA & SHABANI

Mari et femme vont ensemble chercher l’eau: une image rare en Tanzanie, mais Fatuma et Shabani montrent l’exemple.

«C’est une mauvaise épouse, elle t’a ensorcelé.» Shabani Mau-ridi est assailli de reproches lorsqu’il traverse Senfuru à vélo, en transportant deux seaux d’eau. Pour la plupart des habi-tants de ce village de Tanzanie centrale, il est inconcevable qu’un homme choisisse de lui-même d’e�ectuer pareille tâche. Ils sont donc convaincus que Fatuma, la femme de Shabani, se livre à la magie «waganga». Les yeux de Fatuma brillent malicieusement: «Dans notre village, un homme perd sa viri-lité s’il va chercher de l’eau.» Puis elle rit aux éclats, avant de poursuivre non sans une certaine �erté: «Malgré les rumeurs, mon mari continue à m’aider.»

Un couple exceptionnelShabani et Fatuma n’ont jamais été un couple ordinaire. Fatu-ma Juma a grandi à Ughandi, un village des environs. Quand Shabani l’a vue pour la première fois, elle se rendait à Sen-furu chez des parents de sa mère. Il a couru derrière elle pour lui demander dans quelle maison elle allait, puis il a attendu l’occasion de lui parler. «J’aimerais t’épouser» ont été ses pre-mières paroles. Fatuma l’a longuement dévisagé, avant de ré-pondre: «D’accord. Allons chez nos parents et annonçons-leur la nouvelle.» Fatuma éclate à nouveau de rire, surprenant chez cette femme de 35 ans d’un naturel réservé. L’intelligence, l’humour et une grande force de caractère se lisent alors sur son visage.

Cette force se manifestera encore par la suite. Après avoir troqué ses vêtements quotidiens contre sa robe bleue des

Fatuma Juma est une femme exceptionnelle et son époux Shabani est aussi un homme peu ordinaire! Le couple témoigne des progrès générés par l’entraide mutuelle au sein de la famille, ce qui a fait des vagues dans un village tanzanien.

Par Franca Palmy (texte) et Christian Bobst (photos)grandes occasions, elle fait vite preuve d’une autorité natu-relle. À l’ombre des grands cyprès, elle s’exprime sans timi-dité. Un groupe de 19 femmes et 4 hommes l’écoute parler des plants de tomates, de l’écart à respecter lors de la plantation et du paillage. Personne ne l’interrompt. Quand elle a terminé, ses auditeurs lèvent la main avec respect avant de poser des questions sur l’entretien de leurs champs de légumes.Ce respect est dû au nouveau rôle de Fatuma dans le village. Cette mère de trois enfants était déjà paysanne lorsqu’Hel-vetas a lancé un projet à Senfuru, au printemps 2012, pour soutenir les femmes de ce qui est l’une des régions les plus défavorisées de Tanzanie. Aujourd’hui, Fatuma est paysanne en chef d’un groupe local de femmes, appelé Ujindami. L’idée directrice de ce projet est aussi simple que logique: en Tanza-nie, la culture maraîchère est réservée aux femmes. Une meil-leure connaissance de la plantation, du conditionnement et de la vente permet de gagner plus d’argent, car la demande en une grande variété de légumes frais existe toute l’année. «J’ai immédiatement été intéressée quand j’ai entendu parler du projet lors d’une réunion, explique Fatuma. Je voulais amélio-rer notre situation. Je me réjouissais aussi de pouvoir intégrer un groupe. L’union fait la force.»

Débuts di�ciles Mais les débuts ont été particulièrement di�ciles dans son groupe. Trois tentatives ont été nécessaires avant qu’une res-ponsable ne soit en�n désignée. Les protestations du mari ont

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8REPORTAGE

fait capoter la première élection: il refusait de laisser partir sa femme dans la lointaine ville d’Arusha pour sa formation. Le chef du village s’est opposé à la deuxième élection: selon lui, une femme célibataire n’était pas appropriée, car elle se marierait et quitterait le village. L’organisation était tout aussi compliquée durant les premiers temps. L’équipe d’Helvetas était sur le point de renoncer à ce groupe. C’est alors que les femmes ont pris conscience de l’opportunité qui s’o�rait et se sont donné les moyens de la saisir, se montrant à la hauteur du nom du groupe: Ujindami signi�e «Sois fort!». Les femmes ont demandé une dernière chance à l’équipe du projet. Fatu-ma s’est en�n imposée comme responsable. «Dès lors, tout se passe à merveille. On sent une grande motivation», souligne Tabia Yusuph, collaboratrice d’Helvetas. «En 2012, l’objectif était de récolter davantage de légumes et de meilleure qualité. En 2013, nous avons voulu élargir la gamme de légumes.» Le jardin de Fatuma donne aujourd’hui citrouilles, concombres, carottes, choux chinois, pastèques, gombos et tomates.

Mais Fatuma doit aussi son succès de responsable à son mari, si di�érent des autres, qui a rendu cette aventure pos-sible. Elle a besoin de son aide aux champs et pour le ménage,

car ses journées sont bien remplies. Mais le plus important est qu’il ait soutenu ses ambitions. La formation de deux se-maines à Arusha? «Aucun problème, je peux m’occuper des enfants», a répondu Shabani. «Il était quand même heureux de me voir revenir, raconte Fatuma, en souriant. Quand il est venu me chercher, il m’a enlacée et embrassée dans la rue, ce qu’il ne fait jamais.»

Contre la violence domestiqueUne fois par mois, Fatuma prend le bus pour se rendre à Sin-gida, la capitale de la province, où elle participe à une for-mation continue avec ses 23 collègues. Elles reçoivent de la

documentation et discutent de problèmes actuels. «Nous demandons régulièrement aux femmes quels sujets devraient être approfondis, explique Tabia Yusuph d’Hel-vetas. Deux questions re-viennent systématiquement: comment mieux vendre nos

légumes sur le marché? Et que pouvons-nous faire contre les violences domestiques?»

Boniface Mpagape constate lui aussi que la violence contre les femmes est un problème majeur dans la région: «Les femmes sont battues et traitées comme des marchan-dises. Elles n’ont aucun pouvoir dans les familles.» La seule

«Bien des femmes viennent me voir et me disent que j’ai de la chance d’avoir un mari tel que le mien»

Fatuma Juma, cheffe des paysannes

Quand Fatuma parle, femmes et hommes écoutent avec respect cette cheffe des paysannes.

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9RepoRtage

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Les enfants de Fatuma – contrairement à elle – vont tous à l‘école. Shabani s’occupe des enfants lorsque sa femme suit les cours. Les enfants de Fatuma – contrairement à elle – vont tous à l‘école. Shabani s’occupe des enfants lorsque sa femme suit les cours.

Fatuma prépare des chapatis pour la famille et pour les clients.

Comment les hommes du village ont-ils réagi à l’idée de la promotion des femmes?Au début, ils étaient plutôt méfiants ou nous disaient de simplement leur donner de l’argent. Des réu-nions et le soutien des conseils des villages nous ont permis de montrer que les connaissances et les conseils sont bien plus précieux à long terme. Aujourd’hui, ils voient les bonnes récoltes et les meilleurs revenus. Ils sont convaincus.

Quels sont les défis?De nombreux hommes redoutent l’échec de leur mariage, si les femmes gagnent en confiance et en indépendance. Il est donc très important d’intégrer les hommes au projet et de thématiser les questions de genre.

Qu’est-ce qui a changé dans les villages?Beaucoup d’hommes pensaient que les femmes n’avaient rien à dire d’intéressant. Maintenant, ils écoutent attentivement quand une paysanne responsable donne une explication. Discuter avec les femmes est devenu naturel dans le groupe. Par le biais de la culture maraîchère, la position des femmes dans le village s’améliore.

questions à Tabia Yusuph, responsable «Genre» du projet de culture de légumes

solution est de leur donner la parole et la possibilité de gagner de l’argent. Âgé de 42 ans, Boniface est rédacteur en chef de Radio Standard 1 dont le slogan est «La voix des sans-voix» (voir encadré). «Le projet d’Helvetas est donc très précieux»,

déclare-t-il, puisqu’il poursuit le même objectif. Pour son émission hebdomadaire agricole, il a interviewé à plusieurs reprises des participantes au projet. Fatuma en est également convaincue: «Un bon époux ne bat pas sa femme». Mais elle

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La paysanne a semé de nouvelles variétés de légumes.

Avec l’argent gagné, Fatuma a ouvert une échoppe de thé.

Engagement pour les femmes

Quand Monica Dominic entre dans le studio de la nou-velle station radio régionale à Singida, elle attire l’atten-tion, et pas seulement à cause de sa taille élancée ou de son beau visage. Cette mère de 28 ans, cultivée, élève seule son enfant et fait preuve d’assurance. Il y a un certain temps, elle s’imaginait soldate de métier, une carrière qui a cer-tainement nourri sa con�ance. Monica incarne, à bien des égards, un modèle opposé à celui de la plupart des femmes de la région. Et pourtant, dans l’armée, elle a vécu le lot commun de nombreuses femmes: durant sa formation, elle a été harcelée sexuellement. Sa réaction a été radicale: le jour même, elle a quitté l’armée pour devenir journaliste. Depuis, un seul sujet la préoccupe: la violence envers les femmes et les relations entre les sexes. Son émission de 30 minutes s’intitule «Wanawake» (Femme, en swahili). «Je traite tous les sujets liés aux femmes. La violence conju-gale ou les mutilations génitales, par exemple, deux thèmes très actuels à Singida, dit-elle. Mais aussi des problèmes que rencontrent les jeunes femmes désirant travailler. Très souvent, l’employeur exige des faveurs sexuelles en échange d’un contrat de travail. Une telle expérience pré-coce peut conduire les femmes à la prostitution, si elles estiment que la société fonctionne ainsi.» De tels cas sont rarement poursuivis par la police. Selon Monica Dominic, cette situation s’explique, car les femmes, principalement à la campagne, sont toujours considérées comme des per-sonnes de deuxième catégorie. «Elles ne connaissent même pas leurs droits fondamentaux, s’indigne-t-elle. Il n’est pas étonnant qu’elles manquent de con�ance en elles.» Elle veut y remédier avec chacune de ses émissions de radio.

sait que cette évidence est loin d’être admise. Sa meilleure amie a été battue par son mari pendant des années. «Beau-coup de femmes sont déjà venues me voir et m’ont dit que j’avais de la chance d’avoir un mari tel que le mien», dit-elle. Il est révélateur que les femmes du village envient Fatuma, tandis que Shabani fait sourire les hommes. Cette situation souligne une fois de plus qu’aucune véritable transformation ne se fera sans les hommes.

Helvetas en a également fait l’expérience. D’abord ex-clusivement féminins, les groupes agricoles sont aujourd’hui mixtes, même si les femmes y restent majoritaires. «Sans la participation des hommes, de nombreuses femmes auraient été exclues car les maris sont mé�ants. Ils n’auraient pas permis à leurs femmes d’intégrer le groupe, explique Yusuph Salum, di-recteur du projet. Certains hommes ont vite abandonné, mais d’autres continuent à venir, car ils y voient une opportunité.»

Les règles sociales expliquent l’isolement des femmes à la campagne, ainsi que le manque d’infrastructures telles que les routes et l’électricité. La radio est donc une source d’information importante; quant aux téléphones portables, ils servent à la fois de moyen de communication et de banque pour la micro-épargne. Fatuma et Shabani possèdent un por-table très simple. Mais c’est Fatuma qui l’utilise le plus sou-vent. Elle échange des conseils avec ses collègues. À ces di�-cultés s’ajoute que l’accès des femmes à l’éducation ne va pas de soi. Le père de Fatuma trouvait inutile de l’envoyer à l’école

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11REPORTAGE

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Shabani ne se soucie pas qu’on dise de lui dans le village qu’il fait «des travaux de femme».

secondaire, alors qu’elle avait déjà réussi son examen d’admis-sion. «De toute façon, tu vas te marier», lui avait-il dit. Avec un sourire amer, elle ajoute: «Et cela venant d’un homme qui n’a pas mis un pied à l’école.» Fatuma fera tout pour que ses en-fants puissent avoir une meilleure scolarité qu’elle: «L’éduca-tion, c’est le pouvoir. Nous sommes pauvres car nous sommes ignorants.» Swaun, sa �lle aînée, est la meilleure de la classe. Elle voudrait devenir enseignante. Fatuma et sa sœur mettent de l’argent de côté pour l’envoyer dans une école secondaire privée, les écoles publiques ayant très mauvaise réputation.

Devenir actif et boire du théCe sont de grands rêves pour une famille de cinq personnes qui s’en sort souvent avec di�culté et qui vit dans une mai-son traditionnelle en argile d’environ 12 m², où seul un rideau sépare la cuisine de la chambre à coucher. Mais grâce à la vente de ses légumes, Fatuma a déjà pu acquérir deux chèvres et un lopin de terre au centre du village. Le mobilier de la fa-mille comprend une petite table, deux tabourets, des seaux en plastique, un sac de charbon, une cuve pour la vaisselle, des vêtements et des nattes pour dormir – ainsi que plusieurs bouteilles thermos.

Car Fatuma, forte de l’argent épargné avec son mari et grâce à son sens des a�aires, a développé une nouvelle idée commerciale. Durant la matinée, elle tient un minuscule sa-lon où elle vend du chai et des chapatis. Avant l’arrivée des

premiers clients, une jeune femme passe la porte, un chapeau de cuir noir sur la tête. À 22 ans, Pemine, une amie de Fatuma, est déjà divorcée et a un enfant. «Je ne suis pas pressée de me remarier», dit-elle lorsqu’on l’interroge. Pour 500 shillings tanzaniens, Pemine s’occupe du salon de thé quand Fatuma travaille aux champs.

Shabani ne se repose pas davantage. Quand cet homme élancé n’e�ectue pas de travaux artisanaux ou n’est pas dans ses champs, il laboure les terrains d’autres paysans, en louant un bœuf. Sa passion, ce sont les cinq ruches fabriquées de ses mains. Elles sont suspendues à une hauteur vertigineuse dans les arbres. Il récolte le miel la nuit, limitant ainsi le risque d’être piqué. Aujourd’hui, des commerçants de la province voisine de Manyara viennent en voiture lui acheter du miel. Shabani est un homme silencieux et timide. Ses réponses sont souvent hésitantes, sauf quand il parle de ses abeilles ou de sa famille. Les moqueries des villageois ne le dérangent-elles pas? Shabani répond avec un doux sourire en haussant ses épaules étroites: «Non. Pour moi, le plus important est que ma femme nous aime, les enfants et moi, et que nous nous soutenions mutuellement.» Ainsi, lorsque Fatuma est débor-dée, il emprunte le vélo des voisins et va chercher de l’eau pour sa famille.

Franca Palmy est responsable des partenariats de projets d’Helvetas.

Traduit de l’allemand par Tanja Weber

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Par Jane CarterUn doux sourire éclaire le visage de Shantona Begum tandis qu’elle déploie un rouleau de papier brun portant un texte en bengali. Il s’agit du compte-ren-du d’un atelier sur les rôles sociaux, qui s’est tenu dans un village de la région de Bogra, dans le nord du Bangladesh. «Je me souviens bien de la première réu-nion, dit-elle, qui a duré des heures et a permis de révéler de nombreuses choses intéressantes. Les hommes avaient un avis, les femmes un autre complètement di�érent. Les hommes soutenaient que c’était principalement eux qui travail-laient dans les champs, mais les femmes ont rétorqué qu’elles y travaillaient aus-si. Confrontés à cela, les hommes ont approuvé. Ils déclaraient aussi partici-per à la garde des enfants. Les femmes ont répliqué que c’était rarement le cas, ce que les hommes ont �ni par admettre aussi.» Yunus Ali, un villageois ayant participé au débat, le con�rme: «Les hommes ont commencé par se plaindre, ce qui a fait éclater un débat passionné. E�ectivement, les femmes avançaient de bons arguments et avaient entiè-rement raison. Les hommes ont aussi rappelé que les femmes participaient déjà aux commissions des conseils lo-caux. Les femmes ont observé qu’elles y étaient sous-représentées et privées de parole. Une fois encore, les hommes ont dû leur donner raison.»

Le travail de Shantona Begum illustre bien la façon dont Helve-tas favorise l’égalité des sexes. Cette femme tient compte de façon pratique, constructive et respectueuse de la culture locale, qui est la sienne aussi. Pour Helvetas, l’égalité sociale signi�e que les femmes et les hommes ont les mêmes droits humains, tout en recon-naissant que des di�érences existent et que les opinions, les connaissances et les compétences participent souvent d’autres points de vue.

Il y a deux ans, après la fusion entre Helvetas et Intercooperation, une profonde ré�exion s’est posée sur la façon dont les questions d’égalité des genres sont traitées au sein de notre organisation. En collaboration avec les équipes de tous les pays partenaires, une nouvelle stratégie en matière de genre et d’équité sociale, constituée de 8 principes (voir encadré), a été élabo-rée puis approuvée par le comité cen-tral en novembre 2012. Deux de ces principes sont développés ici.

Culture locale et droits humainsLes discussions sur l’égalité des sexes se voient souvent opposer le même argument: «L’égalité des femmes est un concept occidental. Nous devons res-pecter la culture locale.» Cette réaction peut certes renfermer une part de véri-té, elle n’en demeure pas moins hypo-crite. Il est évidemment important de

FOCUS «Chances égales pour les femmes – au bénéfice de tous»

FEMMES PLUS FORTESComment Helvetas garantit-elle que ses projets respectent l’égalité des droits? Que faire en cas de conflit entre la culture locale et les droits humains? L’émancipation des femmes met-elle les hommes en difficulté? Jane Carter, spécialiste pour les questions de genre et d’équité chez Helvetas, répond à ces interrogations.

«Suite à ces discussions ouvertes, la violence domestique a reculé»

Shantona Begum, conseillère du projet au Bangladesh

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Shantona Begum, en tant que conseillère, organise régulièrement des réunions avec des groupes de villageois, pour questionner et faire évoluer le rôle traditionnel attribué aux hommes et aux femmes. Un problème central pour de nombreuses femmes a fait surface: la vio-lence domestique, couplée à la consom-mation d’alcool chez les hommes. Suite à ces discussions ouvertes, violence domestique et alcoolisme ont signi�cati-vement reculé. «Les hommes concernés ont désormais honte de leurs actes et remarquent qu’ils ne passent pas inaper-çus», con�rme Shantona.

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Les jeunes Bhoutanaises voulant apprendre des «métiers d’hommes» ne manquent pas.

1. Nous nous efforçons d’inclure les groupes marginalisés et exclus.

2. Nous sommes sensibles à la culture locale tout en respectant les droits humains.

3. Nous intervenons de façon ciblée dans trois domaines.

4. Nous reconnaissons les be-soins et les opinions des hommes et des femmes.

5. Nos partenariats sont fondés sur des valeurs partagées.

6. Nous cherchons à mettre en valeur l’égalité entre les sexes et l’équité sociale dans les débats politiques de développement.

7. Nous défendons l’égalité entre les sexes et la diversité dans notre organisation interne.

8. Dans le suivi et l’évaluation de nos efforts, nous cherchons à apprendre et à nous améliorer.

Les huit principes «Genre et égalité sociale» d’Helvetas

respecter la culture locale. L’exemple de Shantona Begum témoigne de l’impli-cation d’Helvetas en la matière. Mais les cultures ne sont pas �gées. Elles évo-luent, s’adaptent et sont perçues di�é-remment selon les personnes.

En qualité d’organisation de coo-pération au développement, notre tra-vail est basé sur les droits humains. Ces droits sont souvent pleinement com-patibles avec les pratiques culturelles traditionnelles, mais parfois ils sont en con�it avec elles. L’exemple peut-être le plus frappant concerne le Mali, où Helvetas sensibilise la population aux graves conséquences des mutilations génitales féminines. Les excisions sont traditionnellement exécutées pour pré-server la «pureté» de la femme. Mais elles sont une violation du droit à l’in-tégrité physique, générant une grande sou�rance et des risques importants pour la santé des femmes. Notre équipe au Mali traite cette question délicate en travaillant avec les exciseuses et les lea-

ders d’opinion, ainsi qu’avec les parents de jeunes �lles. Elle ne condamne pas, mais montre que les coutumes évoluent et que les mutilations génitales sont une pratique très dangereuse, dont les conséquences s’avèrent plus néfastes que béné�ques.

Intervention dans trois domainesLes personnes défavorisées, et en par-ticulier les femmes, sont souvent pri-sonnières de leur condition. Plusieurs

facteurs concourent à cet état de fait: un manque de formation, de connais-sances et de moyens �nanciers, ainsi que l’impossibilité à in�uer sur les déci-sions relatives à leur vie. Pour changer cette situation, des e�orts doivent donc être entrepris dans tous les trois do-maines: les femmes doivent avoir accès à l’éducation et au savoir, elles doivent être autorisées à gagner un revenu dé-cent et pouvoir participer aux prises de décision. Quelques projets d’Helvetas couvrent ces trois aspects, mais la plu-part se concentrent sur l’un d’eux. Nous veillons à équilibrer nos programmes dans nos pays d’engagement et à tou-jours intégrer les questions spéci�ques au genre. Parfois nous avons aussi d’heureuses surprises.

Au Bhoutan, par exemple, un nouveau projet de formation dans le bâtiment a débuté. Nous pensions qu’il serait di�cile d’y intégrer des jeunes femmes. Mais aujourd’hui 40% des per-sonnes formées par le Chumey Techni-cal Training Institute sont des jeunes �lles. Les formateurs les décrivent comme très consciencieuses. Néan-moins, au sortir de la formation, obte-nir un travail s’avère plus di�cile pour les femmes que pour leurs homologues masculins – un état de fait qui perdure malgré la loi bhoutanaise qui �xe l’éga-lité des sexes dans les emplois et les

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Cultiver des plantes médicinales est un travail payé et reconnu pour les femmes.

Bhoutan: les futures électriciennes sont très motivées.

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e� orts du gouvernement pour réduire la dépendance à la main-d’œuvre étran-gère. Pour l’équipe d’Helvetas, le dé� au Bhoutan n’est donc pas tant d’inciter les femmes à devenir maçonnes, plom-bières, ou électriciennes, mais plutôt de les aider à trouver un emploi après leur formation.

Meilleur revenu, meilleure participationPartout dans le monde, les femmes gagnent moins que les hommes, exercent moins d’in� uence et ont plus de di� cul-tés à obtenir des crédits. Il existe bien sûr des exceptions, mais dans nombre de nos pays partenaires la puissance économique est aux mains des hommes. En parallèle, les études montrent que les femmes tendent à investir tous leurs gains dans la famille, en particulier dans l’éducation des enfants. Le Ban-gladesh en est un exemple frappant. Le projet Samriddhi (mot bengali signi� ant «prospérité»), évoqué ci-dessus, a permis d’analyser quelles sont les possibilités ouvertes aux femmes et acceptées socia-lement d’exercer des activités lucratives: il en résulte que le travail doit se trouver à proximité du domicile, reposer sur des compétences existantes et être compa-tible avec la garde des enfants.

C’est pourquoi nous nous enga-geons dans la culture de plantes médi-cinales, la confection de textiles à domi-cile et l’aviculture. Ainsi, nous avons

pu à ce jour soutenir 277 000 femmes. Parallèlement, nous continuons à les encourager à se former à des professions plus masculines, telles que l’élevage de taureaux ou la pêche.

Notre expérience au Bangladesh a montré que les hommes intègrent da-vantage les femmes dans les décisions familiales quand elles gagnent leur propre revenu. Favoriser les revenus est donc un moyen indirect de renfor-cer la voix des femmes. Dans certains projets, nous privilégions aussi une voie directe: nous encourageons les femmes à participer aux groupes d’utilisateurs et aux instances de décision au niveau des villages et des communes, ou à se pré-senter aux élections des collectivités qui réservent des sièges aux femmes. Bien

que les quotas de femmes soient souvent critiqués comme étant de simples «par-ticipations � ctives», ils peuvent s’avérer un bon outil pour changer la percep-tion du rôle des femmes dans l’opinion publique. Pour être e� caces, les quotas doivent être appuyés par des mesures habituelles mais aussi complémentaires. Nos projets de bonne gouvernance sont nombreux à o� rir un tel soutien: les femmes apprennent à s’exprimer en public et sont informées de leurs droits. Cette valorisation s’accompagne d’un travail pour gagner le soutien et la com-préhension des hommes. Comme l’ont fait les discussions menées par Shantona Begum.

Renforcer la prise de conscience en ce qui concerne l’égalité est central pour Helvetas. Au Kosovo par exemple, nous soutenons des autorités munici-pales, et ces dernières établissent main-tenant les budgets en respectant l’éga-lité des genres: lorsqu’il s’agit de � xer des � nances publiques, les femmes et les hommes sont consultés et les conséquences des décisions pour les deux sexes sont prises en compte. La ville doit-elle allouer une partie de son budget pour l’éducation à l’achat d’un nouvel autobus scolaire, d’une nouvelle école? Le bus et le bâtiment seraient cer-tainement appréciés des élèves. Mais si des parents pensent que leurs � lles ado-lescentes ne peuvent pas se rendre en toute sécurité à l’école, ils risqueraient de ne pas les y envoyer.

À travers notre engagement dans les questions de genre, nous voulons mettre en place des conditions permet-tant aux hommes comme aux femmes de développer leur plein potentiel hu-main. Notre appui aux femmes n’est pas mené au détriment des hommes. Nous cherchons constamment des solutions pro� tables aux deux parties.

Jane Carter est coordinatrice «Genre et égalité sociale» chez Helvetas

Traduit de l’allemand par Tanja Weber

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MONDE DES FEMMESRegard sur la situation des femmes dans neuf pays. Des chiffres, révélateurs de la réalité, qui peuvent effrayer et parfois surprendre. Quelle est l’influence réelle des femmes dans les Parle-ments? Les études secondaires leur sont-elles bénéfiques au niveau professionnel et financier? En dépit de la transparence, de nombreuses questions restent sans réponse.

Alpha-bétisation

Femmes avec scola-rité secon-daire

Mariages précoces

Femmes parlamen-taires

Espérance de vie

Acceptation de la violence domestique

Index des inégalités sociales sur le genre

Suisse 100 95 1 27 84 0 3

Kirghizistan 99 81 8 23 72 38 64

Bolivie 86 40 15 30 68 16 97

Laos 75 23 20 25 66 81 100

Bangladesh 48 31 48 20 65 36 111

Guatemala 68 13 26 13 74 7 114

Mozambique 33 2 43 39 42 36 125

Burkina Faso 22 1 32 15 54 71 131

Afghanistan 12 6 17 28 44 57 147

Sources: OCDE 2009♀ ≥ 15 ans

HDR 2013♀ ≥ 25 ans

OCDE 2012♀ 15–19 ans

CH ♀ ≤ 20 ans

HDR 2013 OCDE 2009 OCDE 2012 HDR 2013

Espérance de vie en années

Pourcentage des femmes parlementaires en %

Mariages précocesen %

Scolarité secondaire en %

Alphabétisation en %

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que dans certaines circonstances un homme

a le droit de frapper son épouse

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ABANDONNÉESAu Tadjikistan, de nombreuses femmes sont abandonnées par leur mari, parti en Russie pour y travailler. Elles ont besoin d’un soutien urgent dans la lutte pour leurs droits et ceux deleurs enfants.

Par Dilbar Ruzadorova«Le Centre d’assistance juridique était mon unique espoir», dit Mohsafar Bo-zorova. Cette femme tadjike s’est mariée à 21 ans. Un mois après le mariage, son mari a quitté le pays pour chercher du travail en Russie. Il fait partie des tra-vailleurs émigrés, plus d’un million, qui se sont rendus en Russie ou au Ka-zakhstan à la recherche d’un emploi et d’un salaire. Une fois partis, beaucoup abandonnent leur famille. Comme tant d’autres femmes, Mohsafar est restée seule avec sa �lle.

Chassées du domicileLe Tadjikistan, ex-république d’Union soviétique, n’a pas encore réussi sa tran-sition vers un État viable et une écono-mie de marché libre. Après son indé-pendance en 1991, une guerre civile a encore fait régresser le pays. L’État est submergé, et la conduite du gouverne-ment est insu�sante. Les biens, les ser-vices et les emplois manquent de sorte que nombre de Tadjiks ne voient leur avenir qu’à l’étranger, ce qui a de graves conséquences pour leur femme et leurs enfants.

Mohsafar rêvait d’un mariage heureux, mais avec le départ de son mari et une belle-famille qui a refusé de l’aider, sa vie est devenue un combat. Sa belle-mère lui a �nalement annoncé: «Nous ne savons même pas si notre �ls veut encore de toi», puis l’a obligée à quitter la maison familiale.

Au Tadjikistan, les femmes sont souvent plus défavorisées aujourd’hui qu’à l’époque de l’Union soviétique. Bien qu’il existe des lois protégeant les femmes, la pratique juridique islamique prend de l’ampleur, en particulier dans les campagnes. La polygamie, les ma-riages arrangés et celui de jeunes �lles

mineures sont courants. Les valeurs tra-ditionnelles empêchent les femmes de revendiquer leur droit à la terre, à la pro-priété et à l’argent. Dans les campagnes, on se marie toujours plus selon la tradi-tion islamique, et ces mariages ne sont pas enregistrés à l’état civil. Lorsqu’un tel mariage se brise, les femmes, qui ne sont pas protégées sur le plan juridique, sont fortement pénalisées.

Ainsi, la plupart des litiges juri-diques sont liés à des questions de droit familial, de divorce et de pension ali-mentaire. Les femmes issues de milieux pauvres en particulier sont souvent peu informées de leurs droits. De nombreux obstacles les empêchent de franchir la porte des tribunaux: l’ignorance,

la honte, la peur d’impliquer des per-sonnes de l’extérieur dans leur con�it familial, mais aussi l’absence de certi-�cats de naissance et de mariage justi-�ant leurs droits. Lorsqu’un jugement est néanmoins prononcé, c’est son appli-cation qui pose problème. Les femmes

Les certificats de nais-sance ou de mariage manquants empêchent les femmes de faire valoir leurs droits.

Abandonnée par son mari: la question de l’avenir de sa fille a encouragé Mohsafar Bozorova (à g.) à demander de l’aide.

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dont les maris sont partis à l’étranger sont particulièrement touchées. Selon une étude de l’Organisation interna-tionale pour les migrations, un tiers des femmes sont abandonnées par ces travailleurs migrants. Dans plus de 90% de ces cas, les femmes ne sont plus régulièrement soutenues par leur mari. Lorsque l’argent est tout de même versé, ce sont souvent leurs beaux-parents qui le reçoivent.

Démarche auprès du tribunalMohsafar a dû elle aussi constater que son mari ne voulait plus ni d’elle, ni de sa �lle. Il lui a appris par téléphone qu’il voulait épouser une autre femme. Sur conseil de sa propre mère, elle s’est rendue au Bureau des droits humains à Kulyab, l’un des treize centres d’assis-tance juridique du projet «Accès à la justice» qu’Helvetas a mis en place en collaborant avec le PNUD, sur mandat

de la DDC. Dans ces centres, majori-tairement des femmes (quelque 80%) trouvent conseil et soutien pour des problèmes juridiques.

Les centres emploient des avocats indépendants, des médiateurs, des or-ganisations locales de droits humains et ne demandent rien pour leurs services. Dans un pays où la justice n’échappe pas à la corruption, ils ont l’entière con�ance des requérantes qui savent que leur de-mande est entre de bonnes mains. Outre le soutien juridique, les centres di�usent des informations et lancent à cet e�et des campagnes à la radio, dans la presse et dans les écoles également depuis 2013. Dans les communes, ils forment des as-sistants juridiques (paralegals) pour ré-pondre aux questions du droit familial. Ces derniers travaillent ensuite comme médiateurs bénévoles dans la résolution de con�its. En attendant que l’État réa-lise les réformes annoncées du système juridique et mette en place ses propres bureaux de conseils gratuits, ces centres sont souvent la seule chance des femmes en détresse.

«Lors de sa première visite, Moh-safar était désespérée, explique Navruzo Sayvali, avocat au centre de Kulyab. Elle partage le sort de beaucoup de femmes ici, et nous avons tout fait pour l’aider». Il a défendu Mohsafar au tribunal et a obtenu, en août 2013, qu’une pension alimentaire mensuelle de 100 somoni (20 dollars US) lui soit accordée. Son beau-père doit maintenant lui verser cet argent jusqu’au retour de son �ls.

Le succès remporté au tribunal a convaincu Mohsafar qu’elle pouvait prendre son destin en main. Elle veut maintenant devenir couturière pour en-tretenir sa famille. «Le soutien du centre d’assistance juridique a été un rayon de soleil dans ma vie, dit-elle, il m’a donné le courage de me battre pour que l’ave-nir soit meilleur pour ma �lle et moi».

Dilbar Ruzadorova est chargée de communica-tion chez Helvetas Tadjikistan

Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter

Le visage des droits humains

Elle s’appelle Maria et vit au Pérou. Elle habite à la campagne à des dizaines de kilomètres de l’hôpital le plus proche. Sur le point d’accou-cher, elle n’a pas de moyen de loco-motion. Que va-t-elle devenir?Ce n’est pas un cas isolé. Dans le monde, une femme meurt toutes les 90 secondes des complications liées à sa grossesse. 95 % d’entre elles vivent dans des pays en voie de développement, dans une situation de pauvreté, la plupart en zone rurale avec un accès limité à l’éducation.Autrefois pensés dans un universa-lisme masculin, les droits de l’Homme ont changé de visage. Ils ont pris un visage humain. Les notions «de santé et de droits reproductifs» sont apparues lors de deux conférences des Nations Unies, organisées au Caire en 1994 et à Beijing en 1995. Elles supposent qu’une personne peut mener une vie sexuelle satisfai-sante en toute sécurité, qu’elle a la possibilité de procréer et est libre de le faire ou pas, à la fréquence dési-rée. Pour cela, hommes et femmes doivent avoir accès à des méthodes de planification familiale (contracep-tion notamment) et à des services de santé permettant aux femmes de mener à bien grossesse et accou-chement, et qui donnent toutes les chances aux femmes et aux enfants d’être en bonne santé. Ce visage-là des droits humains est, lui aussi, universel. Il porte un mes-sage d’espoir du Sud au Nord, d’Est en Ouest, au-delà des différences culturelles et religieuses.

Magaly HanselmannCheffe du Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes du canton de Vaud

Commentaire de l’invitée

Abandonnée par son mari: la question de l’avenir de sa fille a encouragé Mohsafar Bozorova (à g.) à demander de l’aide.

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Entretien: Susanne SträssleEn Afghanistan, quand as-tu particulièrement conscience d’être une femme?Avec l’habillement. Bras, décolleté, corps tout doit être couvert. Être dans un lieu public sans foulard sur la tête est impossible. C’est aussi plus sûr. Nous ne voulons surtout pas attirer l’attention. Sinon, la situation n’est pas fondamen-talement di�érente pour moi que pour un homme, encore moins au travail.

Comment te déplaces-tu dans la capitale Kaboul?Nous n’avons pas le droit de marcher dans la rue, c’est une des règles de sécu-rité d’Helvetas et d’autres ONG, pour les femmes et les hommes. Quand je veux sortir, je dois appeler un chau�eur. Je peux faire mes courses seule dans cer-tains magasins, mais quelqu’un doit m’accompagner au marché, ce qui com-plique les choses.

Comment vis-tu cette restriction?Le manque de liberté de mouvement par mesure de sécurité est un vrai dé�.

TANGO À KABOULComment vivre en Afghanistan en tant que femme et étrangère? Ce n’est pas toujours comme on l’imagine, répond Tania Rohrer, conseillère du projet.

Bien sûr on trouve des restaurants pour étrangers et je peux jouer au tennis dans un hôtel. Libre à chacun de savoir s’il veut se rendre dans de tels lieux, car un risque n’est jamais exclu. Je ne peux ja-mais sortir de chez moi spontanément. Pour cette raison, Helvetas nous permet de quitter le pays trois fois par année. C’est nécessaire et important, pour s’évader.

T’es-tu déjà sentie menacée?Non, je n’ai jamais eu peur. J’ai eu la chance de ne jamais devoir a�ronter une situation dangereuse.

En tant que femme et étrangère, te manque-t-on parfois de respect?Au contraire. Dans l’équipe, nous colla-borons en toute collégialité. Et les gens dans les villages sont très gentils. Je peux aussi y discuter avec des hommes. Parfois, ils ne me regardent pas, mais c’est par respect, comme le veut leur culture. Certains rougissent parce qu’ils parlent peut-être pour la première fois avec une femme étrangère. Par contre, je peux m’entretenir sans problème avec les femmes afghanes.

Comment vois-tu les femmes?Lorsqu’elles sont seules, elles ne sont pas distantes. Elles sont intéressées à connaître une étrangère, ou même sim-plement à la toucher. Si des hommes ar-rivent, elles se taisent. Ce qui ne signi�e pas que certaines n’aient pas les com-mandes au sein de leur famille.

Comment conçois-tu une culture qui traite les femmes aussi di�éremment?Je la respecte, je peux m’adapter, mais ce conservatisme m’est souvent étranger. Il n’a pas de lien premier avec l’islam, il s’agit plutôt d’un mélange de culture, de religion et de traditions que je trouve di�cile de mon point de vue occiden-tal. Je demande souvent aux gens quelle société ils aimeraient. Beaucoup ne veulent pas de modernité à l’occidentale mais plus d’ouverture, une formation pour les jeunes �lles et le droit au travail pour les femmes.

Qu’est-ce qui surprend en Afghanistan?On pense aux burqas et aux bombes, mais ni les unes ni les autres ne sont la règle. Le quotidien prime, comme par-tout: les enfants jouent avec des cerfs-volants, le vendeur de glaces sillonne les rues en faisant résonner la chan-son d’anniversaire «Happy Birthday» encore inconnue ici, la police essaie de régler la circulation chaotique. On peut tout à fait vivre ici.

En 2014, tu seras directrice de pro-gramme au Guatemala. Qu’est-ce qui va te manquer?L’humour. Dans l’équipe, nous rions beaucoup, aussi entre hommes et femmes. Et le tango! Les étrangers ont créé un petit club de danse. Je n’aurais jamais appris à danser le tango si je n’étais pas venue vivre à Kaboul.Tania Rohrer a été conseillère du projet d’amélio-ration des conditions de vie des personnes vivant dans des régions isolées en Afghanistan de 2011 à 2013 (voir Partenaires no 213).

Traduit de l’allemand par Elena VanottiTania Rohrer lors d’une visite dans la région de projet en Afghanistan.

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Livres

Liens

Films

EN SAVOIR PLUSSur le thème du focus «Égalité des chances pour les femmes - au bénéfice de tous»

www.ceafri.net genre et égalité. Le centre d’études africaines et de recherches interculturelles propose un site passionnant et richement do-cumenté sur les recherches menées notamment en matière de genre et d’égalité, de droits des femmes et il présente la décennie 2010-2020 de la femme africaine.

www.unwomen.org/fr Parce que les droits des hommes sont aussi ceux des femmes! En juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies a créé ONU Femmes, l’entité pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.

www.deza.admin.ch/fr/Accueil ➝ Thèmes ➝ L’égalité des femmes et des hommes La Direction du développement et de la coopération consi-dère que les rapports de force inégaux entre hommes et femmes font par-tie des causes de la pauvreté et de l’instabilité politique. La réduction des inégalités contribue à l’instauration d’une justice sociale et d’un dévelop-pement durable et cette thématique est inhérente à tous les programmes de la DDC.

www.itsagirlmovie.com Un film (en anglais) qui témoigne avec force des conséquences que peuvent avoir ces mots prononcés à la naissance «it’s a girl!» et du génocide des filles.

La moitié du ciel: les femmes vont changer le mondeNicholas D. Kristof & Sheryl Wudunn, éd. J’ai lu 2013, poche CHF 14.30Un livre vibrant, qui évoque ce que vivent des millions de femmes dans le monde et qui plaide pour leurs droits. Il offre des portraits de femmes remarquables, capables de transformer le désespoir en prospérité!

Désordres amoureuxAma Ata Aidoo, éd. Zoé 2008 CHF 30Ama Ata Aidoo est une grande figure du féminisme africain. Auteur de romans, de pièces de théâtre, de poèmes, elle a reçu plusieurs prix importants. Ce roman évoque les efforts tendus vers une transformation, la recherche d’un équilibre quand tout repère a cessé. La jeune Esi, malgré sa tristesse, tente de trouver une réponse au vœu de sa grand-mère: «Les choses peuvent chan-ger. Elles peuvent s’améliorer. (...) Sommes-nous, les êtres humains, seulement prêts à essayer?»

Wangari Maathai – la femme qui plante des millions d’arbresFrank Prévot, éd. Rue du Monde 2011 (album dès 8 ans) CHF 25.90Wangari Maathai, née au Kenya en 1940 et décédée en 2011, a été une activiste insoumise. Première femme professeure d’université au Kenya, elle est aussi la première femme d’Afrique centrale à obtenir un doctorat. Elle a lutté tout au long de sa vie contre les stéréotypes imposés aux femmes africaines. Persuadée qu’en préservant la Terre, on protège les hommes, elle a lancé une vaste opération symbolique de reboisement de l’Afrique par les femmes. 30 millions d’arbres ont déjà été plantés en 30 ans. Les droits des femmes, la démocratie, la non-violence sont aussi au cœur de tous ses combats. Elle a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2004.Portrait de Wangari Mathai: www.penseesnoires.info ➝

Wangari Maathai

Disponibles en librairie

DelwendeBurkina Faso 2005, Pierre Yaméogo, fiction, 90 min. CHF 19 Une épidémie a frappé un village du Burkina Faso, où face à la misère les coutumes ancestrales font parfois force de loi. La mort des enfants est attribuée à une femme à qui l’on prête des pou-voirs occultes de sorcellerie. Un film sur la domination des hommes, les tradi-tions et la condition des femmes, par l’un des grands cinéastes africains.

La Yuma Nicaragua 2010, Florence Jaugey, fiction, 85 min. CHF 26La jeune Yuma vit dans un quartier pauvre de Managua, où une jeunesse sans avenir n’a que les combines pour survivre. Yuma a choisi la boxe comme porte de sortie. Elle s’entraîne chaque jour, rêvant de devenir professionnelle. Une rencontre avec Ernesto, étudiant en journalisme, lui ouvre de nouveaux horizons. Portrait d’une femme au Nicaragua.

Disponibles chez trigon-film: www.trigon-film.ch

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ÉVÉNEMENT

Par Hanspeter Bundi

Le voyage sur les innombrables méandres du Rio Beni dure dix heures. Nous apercevons des nuées d’oiseaux cherchant leur nourriture sur les bancs de sable, des tortues et quelques alliga-tors qui se réchau�ent au soleil.

À notre arrivée à Carmen del Emero, tout est baigné de la chaude lumière du soleil couchant: les mai-sons aux toits en feuilles de palmier, les bovins et les chevaux, les poules et les cochons. Carmen del Emero, agglo-mération minuscule qui regroupe 57 familles, se trouve à plus de 200 km par voie �uviale de la petite ville tropicale de Rurrenabaque. Les seuls liens du village avec le monde extérieur sont la rivière, le poste de radio du dispensaire et les antennes paraboliques des télévisions qui fonctionnent durant trois heures au cours de la soirée, aussi longtemps que le générateur diesel alimente le village d’un peu de courant.

Les gens vivent de ce qui pousse sur leurs lopins de terre et des poissons

L’OR DE LA FORÊTExcursion chez les chercheurs de cacao dans le village fluvial de Carmen del Emero au cœur des plaines de Bolivie.

pêchés dans la rivière. Ils gagnent leur vie comme salariés à Rurrenabaque ou à Buenaventura, ainsi qu’avec la vente de bovins et de cacao. Le fruit du cacaoyer est aussi l’objet de notre visite à Carmen del Emero.

Cacao Criollo désigne la variété locale provenant de la forêt secondaire

qui couvre la grande plaine alluviale. Juan Gonzales, qui vit avec sa femme, ses enfants et petits-enfants dans une modeste maison au bord de la rivière, nous emmène sur l’un des lieux de ré-colte.

Après une demi-heure de bateau, nous accostons sur la rive escarpée et empruntons un sentier à peine visible dans la forêt clairsemée. Quelques mi-nutes nous su�sent pour découvrir les

premières cabosses jaunes de cacao. Elles poussent sur de maigres troncs, on en compte deux ou trois voire jusqu’à huit par arbre. Juan nous montre com-ment placer le sécateur ou le couteau courbé pour ne pas blesser la plante. La première cabosse dorée tombe sur le sol dans un bruit sourd.

Nous sommes saisis par la fré-nésie de la cueillette. Nous quittons le sentier, découvrons toujours plus de cacaoyers et, à l’aide de perches munies d’un couteau, récoltons les cabosses accrochées au sommet des arbres. Et à chaque fois, nous savourons ce bruit sourd qui marque le succès de notre quête. Juan nous parle de la «Isla de Oro», cette île si densément recouverte de cacaoyers poussant à l’état sauvage que les cabosses inondent la forêt d’une lumière dorée.

Il fait chaud, très chaud. Nous sommes en nage et réalisons que nous sommes allés trop vite. Lorsqu’un bout de chemin marécageux interrompt notre récolte, nous sommes presque soulagés. Puis nous ouvrons les cabosses ramas-sées et remplissons de grands seaux en

Le fleuve est l‘artère vitale et la source de l’alimentation quotidienne. La vie se déroule souvent en plein air.

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Puis le repas du soir est servi, composé de piranhas et de riz.

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ÉVÉNEMENT

plastique avec la chaire blanche et les fèves de cacao.

Au village, nous observons com-ment Luz Amparo, 26 ans, lance le pro-cessus de fermentation du cacao. Elle place la masse, devenue entre-temps gri-sâtre, dans une caisse en bois où la pulpe sucrée se met à fermenter sous l’e�et de la chaleur après quelques heures déjà. Dans les deux jours qui suivent, les substances amères naturelles se dis-solvent et la diversité des arômes, qui détermine un bon cacao, se développe dans les fèves.

Auparavant, les habitants de Carmen del Emero séchaient le cacao non fermenté au soleil et le vendaient pour 15 bolivianos (CHF 2) aux mar-chands qui sillonnent la rivière dans de grandes barques. Avec le soutien d’Helvetas, ils ont construit des caisses de fermentation et des tamis de séchage et commencé à faire fermenter le cacao avant de le sécher. Leurs e�orts sont largement récompensés: à Rurrena-baque, ils obtiennent jusqu’à 25 boli-vianos par kilo pour le cacao fermenté, c’est presque le salaire journalier d’un ouvrier non quali�é. Le projet n’en est qu’à ses débuts. À ce jour, les huit fa-milles participant au projet ont procé-dé à la fermentation de 530 kg de cacao,

et la récolte devrait tripler l’année pro-chaine.

Pour nous, la journée de travail est ter-minée. Nous prenons une douche derrière une cloison en planches improvisée, d’où la vue sur le �euve est magni�que. Puis le repas du soir est servi, composé de piranhas et de riz. La nuit tombe, nous entendons les dialogues animés des telenovelas prove-nant des maisons. Peu après, les lampes s’éteignent et le silence se fait. Seul le ruminement régulier des animaux par-vient jusqu’à nos oreilles. Dans le ciel, nous distinguons la Croix du Sud. De-main, nous irons sur la «Isla de Oro».

Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter

Voyages HelvetasLes personnes intéressées peuvent découvrir le projet cacao d’Helvetas dans le cadre du voyage de volon-tariat «Bolivie – récolte de cacao dans la forêt tropicale». Informations sur www.helvetas.ch/agir ➝ «Nos voyages de volontariat» (voyages guidés en allemand)

Les volontaires apprennent comment trouver le cacao dans la forêt, le couper et retirer les fèves des cabosses.

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enConcours en ligne:Gagnez un voyage

Helvetas en participant à notre

concours sur www.helvetas.ch

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Par Marie Schaffer-WylerLes deux cyclistes-opérateurs-projec-tionnistes, Claude Marthaler, cyclo-naute et écrivain, 53 ans, et Quentin Luthy, cycliste et voyageur épicurien, 32 ans, ont sillonné la Suisse romande de �n juin à début septembre et ont projeté des �lms dans tous les cantons franco-phones. Les spectateurs ont apprécié de pouvoir se prélasser dans un parc pu-blic, souvent au bord de l’eau, et pro�ter des belles soirées d’été pour regarder en plein air des �lms récents et couron-nés de prix, notamment «Wadjda» qui a attiré plus de mille spectateurs. Les curieux ont été intrigués par l’équipe-ment simple et e�cace (mais il fallait y penser!) et ont félicité l’équipe de ce pro-jet novateur. CINEMA SUD vous donne d’ores et déjà rendez-vous en été 2014!

Marie Scha�er-Wyler est chargée des événements Helvetas en Suisse romande

CINEMA SUD, REGARDS CROISÉSLa tournée de CINEMA SUD, le cinéma open-air itinérant d’Helvetas qui se déplace à vélo et projette les films à l’énergie solaire, a rencontré un large succès auprès du public et dans les médias. Même la météo y a participé en nous réservant un ensoleillement généreux!

Sur la remorque qui contient du matériel, le panneau solaire capte la lumière.

La tournée 2013 en chiffres:

8 semaines sur les routes

> 900 km parcourus

13 lieux

50 projections, dont 35 sous les étoiles et 15 sous des toits

2921spectateurs

Un grand merci !

aux partenaires qui ont apporté leur précieux soutien à la tournée de CINEMA SUD, qui a pu rayonner dans toute la Suisse romande en offrant de nombreuses soirées de films au public:

Loterie Romande, Fédération Ge-nevoise de Coopération, Banque Alternative Suisse, Solstis, Ser-vices Industriels de Genève, Viteos, Globetrotter, Le Courrier, La Côte, Bains des Pâquis, villes de Bienne, Lausanne, Neuchâtel, Nyon, Sion, Vevey et Yverdon-les-Bains.

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À Bienne, dans le Parc Municipal.

Au Parc de Milan à Lausanne: derniers réglages.

Quentin Luthy (à g.) et Claude Marthaler, cyclistes-projectionnistes.

Road-moviePar Claude Marthaler

On dit d’un vélo ou d’un bon film qu’il vous transporte, c’est même sa qualité première...

Quittant Genève le 23 juin 2013, la sueur roule déjà le long de nos échines. Nous tirons nos lourdes caisses d’opérateurs-projectionnistes dont on n’a pas mesuré le poids. Nous en retournant de Sion ou de Porrentruy sur nos vélos, il semble que nous reve-nons de contrées lointaines. On porte haut cette dose de saine fatigue et on «s’y croit», comme dans les films. C’est aussi le cas du public chaleu-reux et attentif – ce qui nous rend heureux à l’heure où les écrans captent sans répit les esprits, comme un virus atta-quant l’imaginaire. Cinéma Sud, c’est un peu l’ambiance magique des débuts du ciné-ma, sous l’arbre à palabres ou dans l’agora grecque. À la croisée des mondes, nous dé-couvrons le particularisme des lieux et des gens. Nos hôtes* tous des voyageurs à vélo, nous accueillent amicalement. Pour nous, vécu de l’intérieur, Cinéma Sud réinvente joyeu-sement ce pays qu’on dit par-fois souffrir de claustrophobie alpine: c’est le 7e art! La nuit tombe, le film est applaudi, on nous remercie. Le voyage a été court, mais beau!

*Nous avons été accueillis par des membres de www.velodach.ch et/ou www.warmshowers.org

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CINEMA SUD, REGARDS CROISÉS

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Par Hanspeter BundiLa famille de Nandan Singh cultive du riz depuis longtemps déjà. Mais tout était di� érent avant. «Les produits chimiques ont causé beaucoup de dé-gâts, se souvient ce paysan de Nainital. Ils ont nuit à notre santé, à la terre et aux animaux.» Il y a deux ans, au pied de l’ouest de l’Himalaya, les cultivateurs de riz se sont lancés dans la culture bio grâce à un projet mis en place par Helve-tas et la Reismühle Brunnen et � nancé par le Fonds Coop pour le développe-ment durable.

En plus du riz basmati, les pay-sans cultivent d’autres produits des champs de manière biologique. Ils expé-rimentent des méthodes de cultures innovantes pour augmenter leur revenu, économiser l’eau et rendre les cultures plus résistantes en raison de l’irrégularité des pluies. La protection du climat est un autre ob-jectif: il faut diminuer les émissions de méthane pro-venant des rizières et utili-ser les déchets organiques des exploitations agricoles

LE TEMPS DE LA MOISSONCe fut un long chemin parcouru ensemble. Les familles des cultivateurs de Nainital, qui ont commencé la culture bio en 2011, récoltent aujourd’hui les fruits du succès. Le riz bio Naturaplan produit en Inde est désormais en vente à la Coop.

de façon optimale, en partie grâce à des installations de biogaz.

Helvetas coordonne toutes les ac-tivités en Inde, forme des organisations partenaires locales et soutient les orga-nisations paysannes dans l’obtention de la certi� cation. La Reismühle Brunnen assure la logistique des exportations et conseille les cultivateurs a� n qu’ils atteignent les standards de qualité. Les paiements anticipés que la Reismühle Brunnen accorde aux paysans pendant la récolte jouent un rôle essentiel. Ils permettent aux familles de joindre les deux bouts dans une période où souvent l’argent manque.

Le «Riz Bio Fairtrade basmati Naturaplan», cultivé à Nainital, garnit désormais les rayons de la Coop. Il porte le label Max Havelaar et fait partie des relations commerciales équitables que le grand distributeur a établies dans de nombreux domaines. «Nous parlons de commerce propre, explique Nandan Singh. Il nous met en relation directe avec le consommateur, et les paysans réalisent ainsi un plus grand pro� t.»

Les consommateurs ignorent souvent tout de ceux qui permettent au riz d’arriver jusque sur nos tables. Il en va autrement pour le riz bio de Naini-tal, car Yves Farine, gagnant du Clip Award 2012 d’Helvetas, a tourné un court métrage sur le projet en Inde (voir

encadré). Le � lm crée un trait d’union entre les familles paysannes en Inde et les consom-mateurs en Suisse.

Impressions marquantes

En 2012, Yves Farine (à d.) a gagné le premier prix du Clip Award d’Hel-vetas: un voyage en Inde avec visite du projet de production de riz à Nainital. Mandaté et rémunéré par la Coop – sponsor du prix –, il a réa-lisé sur place un court métrage sur ce projet.Yves, tu as voyagé pour la pre-mière fois dans un pays en déve-loppement. Quelle impression en gardes-tu?À Delhi, j’ai été projeté dans un monde rempli d’énergies, d’odeurs et de bruits et, en même temps, j’ai été roulé par le chauffeur de taxi. J’ai été effrayé par la grande pauvreté. Je me demandais comment ce se-rait à la campagne, je m’attendais au pire.Et comment était-ce là-bas?Très différent de ce que je pensais. Dans la région de Nainital, les struc-tures m’ont paru intactes. Les pay-sannes et les paysans sont pauvres, mais ne vivent pas dans la misère. J’ai vu beaucoup de visages heu-reux.Qu’as-tu retiré du projet de pro-duction de riz?Les familles de paysans s’entraident et se soutiennent, et avec le projet de production de riz bio elles se sont fixé une tâche commune qui représente une véritable chance.

Pour voir le film sur le projet de production de riz: www.helvetas.ch/riz

Chaque paquet de riz acheté soutient les rizi-culteurs de Nainital.

Délicieuse recette de riz Casimir sur www.coop.ch/cuisiner-équitable

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Stefan: une babouchka? un gnome? un des sept nains? un bouddha?

...

DES SOUHAITS JUDICIEUXPeut-être avez-vous déjà reçu des cadeaux totalement inutiles? Ou même en avez-vous offert? Délivrez vos proches et vous-même de l’embarras du (mauvais) choix, en demandant de l’eau pour des enfants en Afrique!

C’est facile à faire: lancez votre propre appel de fonds sur notre plateforme en ligne www.mon-souhait.ch. En quelques clics, vous disposerez de votre page personnelle de souhaits. Vous décidez du montant de la somme à trouver. Puis par e-mail, Facebook ou Twitter, vous invitez des personnes proches à participer à la réalisation de votre souhait. Les donatrices et dona-teurs peuvent suivre le développement de l’action en ligne et la progression qui vous amène, tous ensemble, jusqu’au but. Le montant récolté est entièrement consacré au projet «De l’eau pour des écoliers au Bénin».

Une action d’appels aux dons sur www.mon-cadeau-de-noel.ch vous comblera, tout autant que les enfants au Bénin! Les cadeaux inutiles font désor-mais partie du passé. Et de plus, vous rendez service à vos proches: vous les débarrassez du poids de devoir trouver le bon cadeau!

Simon Ming est rédacteur online chez Helvetas.

Plus jamais de cadeaux absurdes! Lancez votre action en quelques clics, et demandez en cadeau à Noël de l’eau pour des écolières et écoliers en Afrique!

mon-cadeau-de-noel.ch

Par Simon MingLes préparatifs de la ronde annuelle des cadeaux vont bon train! Pourtant, parfois, la joie reste en retrait lorsqu’on ouvre un des paquets empilés sous le sa-pin de Noël. Franchement, combien de fois avez-vous déjà pesté contre un ca-deau totalement inutile? Dissimulé une légère déception? Imaginé comment vous débarrasser élégamment de l’objet

moins la moitié d’une vache, un presse-fruits avec un moteur, un tissu brodé de � eurs et une multitude de vases, des tas de foulards et de bibelots qui seront au plus vite mis dans la caisse à rebuts.

Au-delà de ces paquets de frus-trations reste le très beau sentiment que l’on éprouve à o� rir quelque chose. Et nos proches ne doivent pas en être privés. Donnez la chance à votre com-pagne, votre partenaire, votre famille et vos amis de vous faire un cadeau qui a du sens: souhaitez simplement de l’eau pour des écolières et des écoliers au Bénin!

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Daniela: rester à la maison et broder des fleurs?! C’est ainsi que l’on me connaît?...

Simon: un presse-orange électrique?! A

lors que je fais du jus de fruit une fois par année...

Bet

tina:

un autobrozant pour moi?! Cela se passe de comm

entaire...

encombrant? Et � nalement pensé que vous ne vouliez plus de tout cela?

N’en doutez pas, nous vivons tous ces situations frustrantes: un petit sondage mené auprès de mes collègues chez Helvetas a dévoilé de nombreux ca-deaux absurdes: un couteau électrique à viande permettant de découper au

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Météo dudéveloppement

Les lauréat-e-s du Clip Award 2013 Helvetas «Climagine!»

Si le réchauffement climatique devait transformer la lune en pop-corn et si les exercices de karaté de grand-maman pouvaient ar-rêter le collapsus écologique... Les meilleurs clips ont été primés.

Félicitations aux gagnantes et aux gagnants du Clip Award 2013!

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Lors du festival de courts-métrages sh-nit à Berne, les prix ont été décernés aux meilleures vidéos réalisées pour le Clip Award 2013 d’Helvetas, sur le thème du réchau�ement climatique.

Pour la 5e édition du Clip Award Helvetas, 32 réalisatrices et réalisateurs ont tourné des très courts métrages pour parler de la question du changement climatique. Le jury a récompensé les meilleures vidéos, dont celles de deux Roomands, lors du festival shnit, le 3 oc-tobre à Berne. Le premier prix revient à «Hot Stu�» de Nicolas Rohrer (La Tour-de-Peilz), où l’on voit la terre en feu transformer la lune en pop-corn. Dans leur �lm d’animation «Seilziehen», les cinéastes Adrian Scherzinger et Regina Wittwer racontent comment le monde risque de s’écrouler si l’on ne tire pas tous à la même corde. En troisième ex-aequo arrivent «Energy comes from the Earth» de Rabea Egg et Elsa Längnase (14 ans) et «s’Guetnachtgschichtli» de Prashika Selvarajah et Simona Koch, qui feront don de leur prix à un projet d’aide au Burkina Faso. «Ice», de Danie-

la Jakob, Rolf Lang et Esther Amberg, qui évoquent la fonte des glaces dans une approche romantique obtient le prix du public pour les plus de 20 ans. Et «Water Drop» de Sara Sherif (Genève), qui montre les e�ets du manque d’eau en Afrique, reçoit le prix pour les moins de 20 ans. «Certains �lms nous ont fait ré�échir, d’autres rire. Voir la diversité des approches pour traiter un sujet aussi complexe en une minute est très réjouis-sant», a déclaré Michael Burtscher de Kurz&Knapp. –AKO

Tous les films 2013 sont visibles sur www.clipaward.ch

Premier prix: quand la Terre s’embrase, la lune grille comme du pop-corn.

Prix sponsorisés par

Moins d’exploitation abusive

Cette année, le Brésil récoltera 83 millions de tonnes de soja, soit 25 % de plus qu’en 2012. Contrairement à ce qui s’est passé précédemment, la forêt tropicale n’en fera pas les frais. En effet, l’industrie brésilienne du soja utilise des prai-ries dégradées. «De nombreuses personnes ne veulent plus d’un pro-duit lié à la déforestation», explique Rômulo Batista, de Greenpeace Bré-sil. –HBU

Nourriture dans le réservoir

L’entreprise Green Bio Fuel SA veut pro-duire 130 millions de litres d’Agrosprit dans une nouvelle usine. La commune de Bad Zurzach et le canton d’Argovie lui a délivré un permis de construire. Est-ce une bonne nouvelle, puisque le biocarbu-rant permet d’économiser 200 000 tonnes de CO2? Nullement, car 2/3 des matières premières doivent être importées du Mozambique, ce qui advient au détriment d’une produc-tion alimentaire urgente. –HBU

Contre la fraude fiscale

La Suisse a été for-cée d’avoir une plus grande transpa-rence fiscale vis-à-vis des États-Unis et de l’Union européenne. Le 9 octobre, le Conseil fédéral a également décidé de signer la convention d’assistance mutuelle de l’OCDE et du Conseil de l’Europe, ce qui permet au pays les plus pauvres de mieux poursuivre leurs fraudeurs. Désormais, ils ne devraient plus avoir à négocier de conventions fiscales bilatérales avec la Suisse, ex-plique Mark Herkenrath, expert fiscal auprès d’Alliance Sud. –HBU

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Pour marquer l’inau-guration du Magasin du Monde de Mon-treux, qui a repris le mobilier de la Bou-tique d’Helvetas FAIR-TRADE anciennement à Lausanne, les autres maga-sins du monde et le public ont été invités à se retrouver en octobre à l’enseigne du Soleil d’ici et d’ailleurs, situé dans la vieille ville de Montreux, à la rue du Pont. Un producteur de bal-lons équitables faits au Pakistan pour la marque Ethletic vendue dans notre assortiment, devait être là pour parler de son travail, mais la Suisse a mal-heureusement refusé de lui accorder le

visa d’entrée. Ainsi les ballons vendus par HELVETAS Fairtrade ont été

présentés dans un reportage �lmé, à voir

sur notre page Facebook ou sur Youtube (youtu.be/

Sir5pZejM2s). Par ailleurs, les partenariats d’HELVETAS Fairtrade avec des artisans du Sud ont fait l’objet d’une discussion nourrie sur les rela-tions commerciales avec les pays en dé-veloppement. Le Magasin du Monde de Montreux a chaleureusement accueilli ses invités, et a o�ert de savoureuses boissons et des snacks, naturellement équitables! –CRO

La FEDEVACO fête la décennie de l’aide au développement dans la Constitution vaudoise

Au Magasin du Monde de Montreux

La Constitution vaudoise a été remise à jour en 2003. Pour la première fois, la solidarité internationale a été inscrite dans un article de loi (article 71). Vaud est ainsi devenu le quatrième canton à inscrire la coopération au développe-ment dans sa Charte fondamentale. Dix ans plus tard, la Fédération vaudoise de coopération (FEDEVACO), dont Helve-tas est membre fondateur, a tiré un bilan positif de l’action de l’Etat de Vaud et des communes en faveur de projets de développement menés par ses associa-tions membres dans les pays du Sud et de l’Est. «En une décennie, les contri-butions du canton et des communes vaudoises ont triplé», se réjouit Vincent Zodogome, président de FEDEVACO. «Le partenariat avec la FEDEVACO va au-delà du �nancement de projets», ex-plique Pierre-Yves Maillard, président du Conseil d’Etat. On s’enrichit énor-mément au contact des acteurs du Sud. Ce sont des échanges à double sens». Quelque 300 personnes, dont une ma-jorité d’élues et d’élus locaux, ont par-ticipé à une soirée de conférence et de débats, animés notamment par les per-

sonnalités en photo ci-dessous: (de g. à d.): Christiane Fischer (Asro), Viviane Keller (unité Développement durable de l’État de Vaud), Joseph Aguettant (Terre

des Hommes en Roumanie), ainsi que Vincent Zodogome et Emmanuelle Ro-bert, respectivement président et secré-taire générale de la FEDEVACO. –CRO

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Impressum No 214/décembre 2013 Journal des membres et donateurs d’Helvetas, 53e année. Paraît quatre fois par an (mars, mai, août, décembre) en français et en allemand. Abonnement annuel CHF 30, inclus dans la cotisation des membres. Editeur HELVETAS Swiss Intercooperation, Weinbergstrasse 22a, Postfach, 8021 Zurich, tél. 044 368 65 00, fax 044 368 65 80, e-mail: [email protected], Homepage: www.helvetas.ch CP 80-3130-4 Zurich Bureau Suisse romande, 7-9, ch. de Balexert, 1219 Châtelaine, tél. 021 804 58 00, fax 021 804 58 01, e-mail: [email protected] U�cio Svizzera italiana, Via San Gottardo 67, 6828 Balerna, tél./fax 091 683 17 10, e-mail: [email protected] Rédaction: Susanne Strässle (SUS) Collaboration �xe: Hanspeter Bundi (HBU) Ont collaboré à ce numéro: Frédéric Baldini (FBA), Beatrice Burgherr (BBU), Jane Carter, Magaly Hanselmann, Angelika Koprio (AKO), Melchior Lengsfeld, Claude Marthaler, Simon Ming, Franca Palmy, Dilbar Ruzadorova, Marie Scha�er-Wyler Rédaction images/Production: Andrea Pete-rhans Edition française: Catherine Rollandin (CRO), Elena Vannotti Graphisme: Spinas Civil Voices Zurich Mise en page: Gra�kWerk Zurich Correction: Textmania, Zurich Litho et impression: Imprimerie Kyburz Dielsdorf Papier: Cyclus Print, 100% Recycling

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Circle for Change: témoignage sur le travail et la vie en Afghanistan

En novembre, les donatrices et dona-teurs du Circle for Change ont eu l’oc-casion de saisir de près les réalités de la vie et du travail en Afghanistan. Tania Rohrer, conseillère de projet d’Helve-tas, a témoigné de son expérience dans ce pays. Elle a parlé des dé�s à relever et des succès réalisables, de la situation de la population et du vécu quotidien à Kaboul (voir aussi p. 18). Les membres

Pétition: un million de signatures pour l’eau potable

L’eau et l’assainissement pour tous! Un million de personnes ont fait part de leur demande dans une pétition, remise en septembre au directeur de la DDC, Martin Dahinden, par notre collabo-ratrice Rupa Mukherji de la direction d’Helvetas et par Oswald Sigg du comi-té central. Un réseau mondial de plus de 260 organisations a appuyé et fait rayonner cette pétition. 700 000 signa-tures proviennent de pays dans lesquels Helvetas est engagée. Les signataires demande aux Nations Unies l’adoption d‘un nouvel objectif pour le dévelop-pement, qui garantisse un engagement renforcé et durable qui puisse faire face à la crise globale de l’eau. –HBU

du Circle for Change ont été invités à cet événement qui a eu lieu à Genève à la Maison Internationale de l’Environne-ment 2, où se trouve le nouveau bureau d’Helvetas en Suisse Romande. Les per-sonnes faisant un don supérieur à 500 francs par an font d’o�ce partie de ce cercle. De prochains événements à l’at-tention exclusive des membres de Circle for Change seront également organisés en 2014. Cette adhésion permet de rece-voir des informations de première main sur le travail d’Helvetas dans les pays du Sud et de l’Est. –SUS

Si vous désirez en savoir plus, vous trouverez les informations en ligne sur helvetas.ch/circleforchange_fr ou en appelant Frédéric Baldini au 021 804 58 10, ou par e-mail à [email protected]

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Get Changed: dépister la mode éthique

Le changement est nécessaire! Après les terribles événements qui ont fait de nombreuses victimes dans des usines de confection textile au Bangladesh, la mode éthique est plus que jamais sous le feu des projecteurs. «Get Changed!» est la plateforme engagée en réseau pour un nouveau style, le Fair Fashion Network. L’appellation «Get Changed!» est aussi un jeu de mots se référant à l’interjec-tion «change toi!» quand il s’agit de mettre d’autres vêtements. Le site en ligne propose un localisateur d’adresses de la mode éthique, qui permet de trou-ver sur une carte interactive des maga-sins o�rant des textiles écologiques et équitables. Des sélections de créations imaginées par les stylistes et des collec-tions actuelles sont présentées. Et natu-rellement le Fairshop d’Helvetas y aussi sa place! –SUSwww.getchanged.net

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Répondez aux questions en lien avec ce numéro de «Partenaires» et gagnez une nuit à la Villa Lindenegg, à Bienne:

1) Quel est le nom du groupe de femmes présidé par Fatuma Juma en Tanzanie?

2) Quel est le taux de représenta-tion des femmes au Parlement du Mozambique?

3) De quel pays proviennent les animaux en fer-blanc vendus par le Fairshop d’Helvetas?

Envoyez vos réponses par courrier à: Helvetas, «Concours», 7-9, ch. de Balexert, 1219 Châte-laine, ou par courriel (avec votre adresse) à: [email protected]. Délai d’envoi: 4 jan-vier 2014. Aucune correspondance ne sera échangée au sujet du concours. Tout recours juridique et paiement en espèces des prix sont exclus. Les collaborateurs d’Helvetas ne peuvent pas participer. La gagnante du concours de «Partenaires» n°213 est Margrit

Zwicky, de Berne.

Prix offert: une nuit pour deux per-sonnes en chambre double avec petit-déjeuner et apéritif de bien- venue.

Villa Lindenegg – une oasis urbaineLa Villa Lindenegg, située en bordure de la vieille ville de Bienne, est un lieu de bonheur et de détente. Ce petit

joyau, transformé en hôtel avec res-taurant il y a bientôt 17 ans, est au-jourd’hui géré par Rosmarie Birchler et Nina Volken, deux hôtelières enga-gées. Les huit chambres rénovées avec soin ont su garder leur propre caractère. Des tableaux d’artistes de la région complètent un aménagement sobre et élégant. Toutes les chambres donnent sur un jardin luxuriant, à l’ex-ception de la suite sous les combles d’où l’on voit les étoiles.Les repas sont servis au coin du feu dans un beau salon ou sur la terrasse du jardin entourée de fleurs et d’arbres majestueux. La brigade de cuisine ré-jouira vos papilles avec des mets créa-tifs de saison. Les produits proviennent principalement de la région. Viande et légumes sont en général issus de la culture biologique, les poissons sont pêchés dans le lac de Bienne et le gibier provient de la chasse durable. Le café est torréfié à Bienne et la carte des vins, concoctée par des passion-nés, propose des spécialités suisses ainsi que des grands crus d’Espagne et du Portugal. Le restaurant accueille aussi bien pour le repas de midi que pour un apéritif ou le repas du soir.

Villa Lindenegg, 2502 Bienne, tél. 032 322 94 66, www.lindenegg.ch

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«Wir essen die Welt» à BerneDans les agendas 2014, une date peut déjà être retenue: l’exposition d’Hel-vetas consacrée à l’alimentation «Wir essen die Welt» est à voir au Kä�turm, le forum politique de la Confédération, du 20 février au 25 mai 2014. Le vernissage a lieu le 19 février. Chaque jeudi, du-rant la pause de midi, des informations sont données aux visiteurs (qui doivent prendre leur propre pique-nique). Lors de plusieurs soirées, des discussions et des tables rondes réuniront des invi-tés du monde politique, économique et scienti�que pour débattre des questions actuelles autour de l’alimentation globa-lisée, et les échanges pourront se pour-suivre pendant les apéritifs qui suivront. Et aussi: la Nuit des Musées aura lieu le 21 mars. Des classes et des groupes peuvent pro�ter de visites guidées. –BBUwww.wir-essen-die-welt.ch

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Par Hanspeter BundiDes lémuriens qui scintillent de mille couleurs. Des lézards portant des tomates sur le dos. De minuscules tor-tues dorées. Tous ces animaux et bien d’autres sont désormais en vente dans le Fairshop d’Helvetas. Tels des bon-jours colorés en provenance de «l’île rouge», ils confèrent leur esprit gai et dynamique au recyclage. Car ces ani-maux sont fabriqués avec des boîtes de conserve et soudés avec de la tôle recyclée.

Joseph et Marceline Razana-mahefa se sont spécialisés dans les insectes. Ils se procurent des boîtes de conserves auprès d’un récupérateur, y découpent un ventre, des ailes et des pattes qu’ils assemblent en délicates libellules. Il arrive ainsi qu’on puisse y lire le slogan d’un café instantané ou les composants d’une crème de soin.

À l’instar de nombreux autres pays en développement, Madagascar est une société d’artisans. Quelque deux millions de personnes gagnent leur vie grâce à l’artisanat et réalisent ainsi environ 15% du produit national brut. Ce sont notamment les artisans traditionnels qui fabriquent les outils ordinaires destinés à l’agriculture, la vaisselle et les couverts, de simples charrettes, des vêtements ou des

barques. Ils vivent pour la plupart à la campagne, travaillent au sein de petites entreprises – familiales – et

lorsque les champs ne re-

barques. Ils vivent pour la plupart à la campagne, travaillent au sein de petites entreprises – familiales – et

lorsque les champs ne re-

30COMMERCE ÉQUITABLE

CHATS ET TORTUES FAIR

Les petits animaux aimantés multicolores de Madagascar évoquent le côté dynamique du recyclage et les retombées positives du commerce équitable.

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quièrent pas leur présence, deviennent menuisiers, tisserands ou potiers. Il s’agit là d’un travail précaire, mal payé et à la merci de la toute-puissante pression concurrentielle des grandes entreprises asiatiques, dont les objets sont moins chers et plus modernes que ceux de l’artisanat local. Une autre ca-tégorie comprend des hommes et des femmes bricoleurs qui travaillent dans de grandes localités et réparent toutes sortes d’appareils défectueux tels que radios, mixeurs-plongeurs, voitures. Ils utilisent souvent des matériaux recyclés qu’ils transforment jusqu’à ce que ceux-ci s’adaptent aux appareils et aux machines.

Joseph et Marceline appar-tiennent à une troisième catégorie: les artisans d’art, qui confectionnent de belles nattes en raphia et des articles de vannerie, créent des bijoux en corne de zébu, brodent ou créent des petits véhicules, bicyclettes et animaux en fer-blanc recyclé. Ces produits sont vendus sur les marchés des villes et trouvent aussi le chemin des pays in-dustrialisés par le biais du commerce équitable. Par exemple dans le Fair-shop d’Helvetas.

Joseph et Marceline vivent à Ambohitsely Ambohimanarivo, un village à quelque 50 km à l’est de la capitale. Ils ont deux � ls qui vont

Zoo en fer-blanc: Joseph Razanamahefa forme des animaux à partir de vieilles boîtes.

Page 31: Helvetas Partenaires No. 214 Décembre 2013

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31COMMERCE ÉQUITABLE

Plusieurs possibilités s’offrent à vous pour commander:

Par Internetwww.fairshop.helvetas.ch

Par téléphone021 804 58 00

Par fax021 804 58 01

Fairshop

Aimants en fer-blanc «Ihosy»Aimants magnétiques faits à Madagas-car. En métal recyclé. Les bords étant parfois coupants, ne pas les utiliser comme des jouets. Chaque pièce est unique, des petites di� érences entre le modèle photographié et l’objet sont pos-

sibles. Format  : env. 8 x 8 cm (ou plus petit).4 séries composées de 5 aimants: In-sectes (MOA1), Animaux de ferme et domestiques (MOA2), Animaux de Madagascar avec crocodile (MOA3), ou avec caméléon (MOA4) Fr. 27.–

à l’école primaire et une petite � lle d’une année. Sur un lopin de terre, ils cultivent le manioc et la patate douce pour leurs propres besoins. Ils élèvent deux porcs à l’engrais dans une étable. «Ils sont notre tirelire, dit Joseph. Au lieu de déposer notre revenu à la banque, j’achète parfois un cochon et je le revends quand j’ai besoin d’argent.»

La plus importante source de revenu de la famille provient des ani-maux en tôle. Les bons jours, Joseph et Marceline gagnent ainsi 50 000 ariary (environ 21 francs suisses). C’est un gain journalier qui permet d’accéder à des rêves modestes: scolariser ses en-fants dans une école privée, construire un nouveau toit pour la maison, s’o� rir une bicyclette.

Joseph et Marceline ne tra-vaillent que sur commande. Aussi, leurs espoirs reposent sur le Fairshop. «Les commandes d’Helvetas sont plus importantes et plus signi� catives que toutes les autres», déclare Joseph, et Marceline d’ajouter: «Si tout va bien, nous pourrons peut-être un jour construire une maison plus grande et y proposer des chambres d’hôtes.»

Ainsi, les petits animaux de Madagascar ne se contentent pas d’égayer les foyers suisses. Ils rap-pellent aussi que le commerce équi-table crée de nouvelles perspectives. Pour une famille, pour un village, ou même pour tout un pays.

Traduit de l’allemand par Elena VannottiTraduit de l’allemand par Elena Vannotti

Décoration «Vélo»Vélo de dame, décoré de nombreux détails. Fait à Madagascar en fer-blanc recyclé. Ne pas utiliser pour jouer. Di-verses couleurs. 14 x 4 x 9 cm

(MOC2) Fr. 16.–

MOA1

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MOA4

Boîtes de rangement «Morombe»Toutes les petites choses qui traînent peuvent disparaître dans ces boîtes décoratives en � bre végétale. Design contemporain, en � bre végétale tressée par des artisanes et artisans à Madagas-car. Set de trois boîtes de rangement:grande 27 x 11 x 27 cm, moyenne 22 x 9.5 x 22 cm, petite 16 x 7.5 x 16 cm (MOB) Fr. 28.–

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TROP DE VIES D’ENFANTS S’ÉTEIGNENT

À CAUSE DU MANQUE D’EAU POTABLE.

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