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Il assiste impuissant à la débâcle, au pillage des maisons désertées et aux multiples canonnades sur Paris, Saint Denis, Senlis. Son régiment quitte la région parisienne pour la Picardie où Henri fait la navette entre Noeux-les-Mines et les villes avoisinantes terriblement ravagées par les bombardements. C’est là qu’il apprend la mort de son beau-frère Paul Reuss survenue le 26 septembre, le jour de la naissance de Jean-Paul, son 3e enfant. "Une carte laconique de maman reçue à 11 h. m’apprend la mort de notre cher frère Paul. Je puis m’isoler et donner libre cours à mon émotion. J’écris à la pauvre petite Poutch [Marguerite], aux frères et sœurs et à Nelly." Il reste dans la région jusqu’en mai 1915, toujours dans son rôle d’agent de liaison. " Une anecdote à noter: dimanche dernier à bicyclette je croise un jeune blanc bec de 15 ans que le 42e chasseur a adopté comme cycliste et revêtu d’un uniforme : “Adieu, petit !” fait-il en me croisant et moi de lui répondre: “Adieu, vieux !" Les villages et les mines sont violemment bombardés, les tranchées gorgées de boue tout l’hiver et nombreux sont les morts et les blessés. Henri CADIER pendant la Guerre 14-18 De sa mobilisation à Pau le 9 août 1914 à sa démobilisation à Poitiers le 24 janvier 1919 par Martine DAVID, sa petite-fille. Comme tous les Français, Henri apprend la mobilisation générale le 1er août 1914. Il est alors avocat à Oloron, et décide aussitôt d’amener sa femme Nelly et ses deux enfants, Madeleine, 7 ans, et Jacques, 20 mois, chez ses parents à Moncoutant (Deux-Sèvres). C’est là que Nelly passera la plus grande partie de la guerre. Sa famille en 1914: Nelly, sa femme, Jacques sur les genoux de Nelly, Madeleine debout. Cycliste du Colonel Il retourne à Pau qu’il quitte le 9 août avec le 143ème Régiment d’Infanterie Territoriale. Au terme d’un long périple, il se trouve à Louvres , près de Paris, le 31. Soldat de 2ème Classe Réserviste, il est engagé comme cycliste du Colonel et fait l’estafette entre Louvres et Roissy. Le 143ème Territorial 1914-1915 Henri est le 3ème en partant de la gauche 6

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Page 1: Henri CADIER pendant la Guerre 14-18 CADIER pendant la Guerre 14_1… · C’est là qu’il apprend la mort de son beau-frère Paul Reuss survenue le 26 septembre, le jour de la

Il assiste impuissant à la débâcle, au pillage des maisons désertées et aux multiples canonnades sur Paris, Saint Denis, Senlis. Son régiment quitte la région parisienne pour la Picardie où Henri fait la navette entre Noeux-les-Mines et les villes avoisinantes terriblement ravagées par les bombardements. C’est là qu’il apprend la mort de son beau-frère Paul Reuss survenue le 26 septembre, le jour de la naissance de Jean-Paul, son 3e enfant. "Une carte laconique de maman reçue à 11 h. m’apprend la mort de notre cher frère Paul. Je puis m’isoler et donner libre cours à mon émotion. J’écris à la pauvre petite Poutch [Marguerite], aux frères et sœurs et à Nelly."

Il reste dans la région jusqu’en mai 1915, toujours dans son rôle d’agent de liaison. "Une anecdote à noter: dimanche dernier à bicyclette je croise un jeune blanc bec de 15 ans que le 42e chasseur a adopté comme cycliste et revêtu d’un uniforme : “Adieu, petit !” fait-il en me croisant et moi de lui répondre: “Adieu, vieux !" Les villages et les mines sont violemment bombardés, les tranchées gorgées de boue tout l’hiver et nombreux sont les morts et les blessés.

Henri CADIER pendant la Guerre 14-18De sa mobilisation à Pau le 9 août 1914

à sa démobilisation à Poitiers le 24 janvier 1919par Martine DAVID, sa petite-fille.

Comme tous les Français, Henri apprend la mobilisation générale le 1er août 1914. Il est alors avocat à Oloron, et décide aussitôt d’amener sa femme Nelly et ses deux enfants, Madeleine, 7 ans, et Jacques, 20 mois, chez ses parents à Moncoutant (Deux-Sèvres). C’est là que Nelly passera la plus grande partie de la guerre.

Sa famille en 1914: Nelly, sa femme, Jacques sur les genoux de Nelly, Madeleine debout.

Cycliste du Colonel

Il retourne à Pau qu’il quitte le 9 août avec le 143ème Régiment d’Infanterie Territoriale. Au terme d’un long périple, il se trouve à Louvres, près de Paris, le 31. Soldat de 2ème Classe Réserviste, il est engagé comme cycliste du Colonel et fait l’estafette entre Louvres et Roissy.

Le 143ème Territorial 1914-1915 Henri est le 3ème en partant de la gauche

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Tranchées 12 juin 1915 (Henri est au milieu)

Ce n'est que début novembre 1915 (15 mois après son départ !) qu'il obtient sa première permission de 9 jours, qui le mène à Paris où il voit Edouard, Osse où il est accueilli par ses parents, Albert et Suzanne, Niort, où l'attendent Nelly et Georgette, Moncoutant où il découvre ses enfants bien changés,(" Mon petit Jacques est méconnaissable, tellement il est transformé.") et Versailles, où il retrouve sa sœur Marguerite et Lucy Reuss ("Tableau touchant des 2 jeunes femmes en grand deuil encadrées de leurs charmants bébés."). Puis la vie des tranchées reprend son cours dans des conditions de plus en plus affreuses avec l'arrivée de l'hiver, du froid et de la pluie. "Soirée calme. Je n'ai pas le courage d'écrire. Ça suinte partout. On s'endort vers 20h.... sans songer à un éboulement possible, les poutres de soutènement commençant à craquer", écrit-il le 29 décembre, et le 30 :" Bonne et reposante soirée passée seul à lire à côté de Procope qui dort - et des rats qui ne dorment pas eux !"

Le 28 janvier 1916, son régiment est transféré en baie de Somme, et de là rejoint en train le secteur de Verdun où Henri retrouve la vie des tranchées, passant d'un cantonnement à un autre, souvent au prix de marches pénibles. "Mes nuits ne sont pas très bonnes sur ma planche là-haut à la terrasse recouverte. Cependant je préfère les passer là que dans le fond, véritable tombeau humide et froid ", écrit-il le 21 mars.

La présence à ses côtés de Jean-Pierre Gourréa, d'Osse, lui est d'un grand réconfort. Le 7 juin, il visite les 2 tombes des frères Reuss (les beaux-frères de Marguerite sont morts tous deux à Verdun un an après Paul). "Le Capitaine m'autorise à me rendre à la côte 151 reconnaître les 2 tombes des frères Reuss et me prête sa carte d'Etat Major. Je pars à midi moins 1/4 et coupe à pied à travers la lande. Peu après mon

Et la trêve de Noël est de courte durée: "25. Jour de Noël - le temps est superbe. Les combattants de 1e ligne se sont offert spontanément un armistice. En certains endroits ils sont même allés jusqu’à fraterniser. C’est ainsi que nos chasseurs sont sortis de leurs tranchées, ont pu aller enterrer leurs morts et voir les bavarois dans leurs tranchées où a eu lieu un échange de cigares, cigarettes, friandises. On raconte que la nuit précédente à minuit un allemand d’une voix superbe s’est mis à chanter un chant religieux, bientôt interrompu par le tir de nos 75."

Le 9 mars, Henri reçoit la première visite d’Edouard: "A 11 h. 1/2 entrée inopinée d'Edouard au bureau. Quelle bonne étreinte fraternelle ! Comme je le trouve grand, fort, bien portant. Nous partons déjeuner et passons ensemble 4 bonnes heures. Qu'il est bon cet Edouard et solide."

Mitrailleur

Début avril 1915, il commence une formation de mitrailleur, tout en restant à la disposition du Colonel. Le 15 il est affecté à la Compagnie de mitrailleuses comme télémétreur et le 5 mai il est nommé Caporal. Son temps est alors partagé entre séances d'entraînement au maniement, montage et démontage de la mitrailleuse, gardes - le plus souvent nocturnes - dans les tranchées, corvées d'eau, de vivres, de charbon et de feuillées, transport des blessés et quelques moments de repos.

"Toutes ces ruines qui s'accumulent me font songer aux précipices du Balaïtous", note-t-il le 31 juillet. Il trouve le temps d'écrire une série d'articles intitulée "Tableaux de guerre" et signés "Un caporal mitrailleur".

Edouard et Henri

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passage les boches marmitent près de la route de Perthes à Suippes. Je trouve les tombes sans trop de difficultés. Elles se trouvent dans un petit cimetière avec 25 autres (dont celle du Colonel) toutes du 35e. Un autre cimetière moins peuplé du 42e est auprès. Je plante quelques pieds de coquelicots et de bleuets". Du 16 au 26 juin, il obtient sa deuxième permission. "A Moncoutant j'ai la déception de ne trouver ni Nelly ni les enfants que je vais rejoindre l'après midi à Pamproux - après quelques heures de sommeil. Bien plus que sur le front, on se rend compte en voyageant à l'arrière de la désolation que la guerre sème partout dans les familles. Joie immense de retrouver mes bien-aimés, ma Nelly toujours aussi aimante, ma Nénène grandie et sérieuse, mon Jacques, un luron éveillé et facile - sans parler du vieux bouc qui a pris la solidité du roc sur lequel il se maintient". Le vieux bouc, c'est son frère George ( Pamproux, où résidaient George et Georgette, se trouve dans les Deux-Sèvres comme Moncoutant). Un crochet à Osse lui permet de voir ses parents, Albert, Marguerite et ses enfants, Magali et Mohato, les deux aînés de Mary. A son retour, il est désigné pour suivre un stage d’élèves officiers. Mais il est éliminé et en compensation obtient une nouvelle permission qu’il passe en famille à Moncoutant du 6 au 14 juillet. Chez Edouard il fait enfin la connaissance de la "délicieuse et superbe Evelinette". Le 11 août 1916, son régiment quitte le front de l’Est et se rend à Granvilliers (entre Amiens et Beauvais). Là encore, manœuvres, tranchées et corvées se succèdent. On lui confie la charge de défendre plusieurs soldats devant le Conseil de Guerre, ce qu’il accepte, sans se faire trop d’illusions sur l’efficacité de ses interventions.

Elève officier

Le 14 octobre 1916, "la décision du jour m'apprend que je suis désigné pour aller suivre à Allone par Beauvais les cours d'élèves officiers". Il restera à Allone jusqu’à son départ pour Rumigny, le 25 décembre. La proximité de Paris lui permet de recevoir la visite de George, d’Edouard, de l’oncle Edmond, et de faire une escapade à Versailles où il retrouve Nelly et sa fille Madeleine le 31 décembre. Du 16 au 29 janvier 1917, Henri passe ses examens d’élève officier, puis bénéficie d’une permission impromptue de 10 jours.

Sous lieutenant

Son retour le mène du côté de Langres, où il apprend le 23 février qu’il est nommé sous-lieutenant. Il est alors affecté au 303e Régiment d’Infanterie cantonné dans le secteur de Verdun dont il visite la citadelle. Il s’occupe de la mise en place du "tir contre avions boches". Au terme d’une nouvelle période d’initiation au tir d’obus, il obtient une permission du 10 au 21 juin (Moncoutant, Osse, Versailles) avant de retourner sur le front au ravin des Fontenettes, au nord-est de Verdun, où les tirs sont particulièrement violents de part et d’autre. A partir du 1er août, George et oncle Fred se trouvent à Condé, non loin du cantonnement d’Henri; ils se voient presque quotidiennement jusqu’au 22.

Blessé

George est donc là lorsque, au cours d’une attaque à Ville-sur- Cousance, Henri est blessé au bras gauche. Voici son récit de la journée du 20 août 1917 :"Heure H : 4h.42 – En silence et d’un seul cœur, recueillis, mais joyeux, nous nous élançons sus aux boches, précédés par le barrage de notre 75, précis mais un peu court parfois. Il fait à peine jour et rien d’impressionnant comme cette levée en masse de représentants d’un peuple libre résolus à se faire tuer plutôt que de reculer. Bouillet est presque aussitôt blessé à l’épaule – Le barrage sérieux commence de l’autre côté de la crête. – "En avant" - Suivons la 23e – Le prisonnier – Mazella me confie qu’il est blessé. Nous organisons la position au-delà de la tranchée du Cafard. La vue est voilée par la brume et la fumée – Vol très bas des 4 avions boches.

Vers 8h. contre attaques. Je suis blessé en même temps que Prudhomme – puis Ravet à qui je venais de passer la consigne. 21 août 17 devant l'Ambulance 138

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Admirable conduite de mes poilus qui se battent comme de vrais mitrailleurs.Je quitte mon poste avec Batard blessé à l’épaule d’une balle. Nous glissons de trou d’obus en trou d’obus jusqu’au P.S. du 5e Bataillon – En route – chargeur de la C.M.5 (bras arraché – vision d’enfer) – Dr Combes me panse. Je suis le 50e. Vers midi je pars avec Lieutenant Brizion et Labat. A Esnes emmenés par auto américaine S.S. de Bellainville – 1er triage – De là Ville/Cousance ambulance 13/13 – Le soir à 19h. rencontre de George à la popote [près] duquel je dine et qui vient coucher près de moi." Au cours cette attaque les pertes du régiment ont été de 850 hommes dont 115 tués et une vingtaine d’officiers tués ou hors combat. Le 23, Henri est évacué vers l'hôpital militaire de Mesgrigny Méry. Sa blessure, qu'il considérait comme anodine par rapport à l'horreur qui l'entourait, va se révéler plus grave qu'il ne pensait, car les gaz ont provoqué des brûlures qui le feront beaucoup souffrir. Il profite de l'absence du médecin chef pour se rendre à Lyon voir Luciole (Lucie, la femme de Charles), qu'il n'a pas vue depuis 4 ans, et faire la connaissance de son filleul, Pierre, né le 26 juillet 1917. A son retour, le médecin préconise un traitement "électro mécano thérapique" qu'il va suivre à l'hôpital de Troyes. Fin août, il obtient enfin un mois de convalescence qui lui permet de vivre en famille et de passer quelques jours à Osse.

Elève instructeur puis Instructeur de la Classe 19

Le 1er novembre 1917, il est affecté à Alençon, où on ne l'attendait guère et où l'on peine à l'occuper. Cette "vacance" lui permet de regagner, le 21, Moncoutant où sa belle-mère est au plus mal. Il y reste jusqu'au 29. A son retour, on lui annonce qu'il est désigné pour suivre un cours de grenadiers à Mortagne. C'est là qu'il apprend, le 17 décembre, le décès de sa belle-mère, Mémée Point. Il rejoint Nelly à Moncoutant, où il reste jusqu'au 31. Le 14 janvier 1918, il apprend sa désignation comme instructeur de la classe 19, et le 21, il quitte sans plaisir son cours de grenadiers qui lui aurait permis "d’aller rejoindre, où l’on se bat, son vieux frère". Il suit donc une nouvelle formation, physique, pratique et pédagogique, en vue de former à son tour les jeunes recrues. Le grand avantage, c'est qu'il peut faire venir Nelly et son fils Jacques qu'il installe au Mans jusqu'aux vacances d'été. A l'issue de son instruction, il obtient une quinzaine de jours de congé, puis retourne au Mans pour y accueillir le 15 avril un premier contingent de Paris, et le 17, un deuxième contingent de Rennes. Il se consacre dès lors à ses "petits poilus", et en particulier à leur préparation physique.

Nous buvons 1 quart de pinard déocratique "à nos mamans, à nos familles, à la France, à la Liberté" Une heure très vibrante . A 18h, le Capitaine réunit tous les gradés: bonne heure de chants et de bonne et franche communion. (…) La cloche de Lirey n’avait pas sonné depuis 4 ans – Qu’est-ce qu’elle a pris aujourd’hui! A 21heure passée, j’ai dû aller décrocher du clocher 2 caporaux et 1 homme qui étaient pendus à la cloche."

Dès le 13 le travail reprend, et ne cessera qu’avec son départ le 21 janvier 1919, sans même une permission pour les fêtes de Noël et du Jour de l’An. Il ne s’en plaint du reste pas, très attaché qu’il est à "ses petits", étant peut-être passé à côté d’une vocation d’enseignant.

Cette vie bien réglée n'est guère interrompue que par la grande euphorie du 11 novembre:

"14e anniversaire de notre mariage! Journée historique – Par T.S.F. nous apprenons à 11h. la signature de l’armistice final – C’est donc la fin de la guerre – Est-ce possible? L’émotion est grande – Du coup nous avons quartier libre le soir et j’en profite pour rassembler mes poilus à 16h. et, en laissant parler mon cœur, leur adresser quelques paroles sérieuses – Puis – debout et découverts – nous chantons tous la Marseillaise et le Chant du Départ – Dehors – nous improvisons une petite fête: on chante encore – monologue de Henny (les cuirassiers de Reischoffen). Alençon printemps 1918 (Henri 1er rang, 1er à gauche)

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Les Carnets de Guerre et la CorrespondanceDu jour de la mobilisation générale au jour de sa démobilisation, Henri a tenu quotidiennement des

agendas. Les notes sont succinctes, les pages petites et l’écriture parfois illisible. Il indique le temps qu’il fait, l’état de son courrier (lettres reçues et envoyées), et les faits marquants du jour.

Livre proposé par Martine DAVID:Jean-Yves TANGUY - L’Affaire Lartigue / Histoire d’une erreur judiciaire (Un Béarnais innocent, condamné au bagne en 1928) aux Editions des Montagnes NoiresC’est l’histoire d’un homme que mon grand-père avait défendu et qu’il était arrivé à faire gracier, mais qui n’a jamais été réhabilité. Comme Henri en parlait souvent, je pense que certains lecteurs de La Garbure pourraient être intéressés.

Pour une bibliographie des Cadier et Alliés (n°1). Par André Cadier (Yves Albert)

Le but de cette rubrique est de faire un point sur la production littéraire des Cadier et Alliés; elle est ouverte à tous, il suffit, pour plus de cohérence, de présenter les ouvrages selon l’usage courant de la librairie ancienne, puisqu’il s’agit de livres la plupart du temps épuisés. L’idéal serait de commenter cette bibliographie (en adressant vos remarques à la rédaction de La Garbure) chacun apportant la critique qu’il juge utile de donner sur le livre présent ici, ou encore sur un ouvrage déjà décrit auquel on apporterait de la sorte un supplément d’information. --------------------------------------------------------------------------------------------------------Anonyme - Le Calvaire de Lorraine. Allégorie de guerre, par un soldat de la République (fleuron). Paris et Nancy, Librairie Militaire Berger-Levrault – 1917 (de l’Imprimerie Berger-Levrault – Mai 1917). Petit in-8° de viii et 84pp, couverture imprimée sur papier gris.Ouvrage paru anonymement. Avec une dédicace de l’auteur (George Cadier): "A mes frères d’armes de première ligne, héros du sacrifice, je dédie cette humble adaptation du livre immortel. Elle fut écrite ça et là, au bruit de leur canon, et dans l’attente fébrile de leur victoire qui renouvellera le monde".

BOST (J.-Aug.) – L’Oraison chrétienne ou la Prière du coeur, par J.-Aug. Bost – Genève et Paris, Émile Béroud et Joël Cherbuliez, Aux Librairies Protestantes – 1862. In-16 de (4, Titre et Dédicace) et 108pp., couverture papier beige imprimée, dos illustré (croix). De l’Imprimerie Ramboz et Schuchardt, à Genève. Dédicace: Offert en souvenir du dimanche 18 novembre 1860 aux nombreux amis dont la sympathie et les prières nous ont soutenus dans l’épreuve et dans le deuil. Genève, Malagnou, 18 novembre 1861.

Peu d'effusions, pas de détails intimes, jamais une plainte. Ces carnets sont d’autant plus précieux qu’ils sont complétés par une correspondance beaucoup plus personnelle, avec sa femme Nelly, à laquelle il écrit tous les jours, avec ses parents et ses frères et sœurs, qui rédigent en outre des "izards" (*) collectifs, avec ses amis, anciens et nouveaux, car il se fait de nombreux camarades au front. Un certain nombre de ces lettres ont été conservées. Henri écrit et reçoit, en moyenne, 4 ou 5 lettres par jour pendant toute la durée de la guerre. Il trouve toujours le temps de s’isoler pour lire son courrier et rédiger sa correspondance. Et, chose étonnante, le courrier arrive très régulièrement et assez rapidement. Ce fut pour lui un véritable viatique.

(*) L'izard était une lettre circulaire de la famille Cadier. Elle a existé pendant près d'un siècle et ne s'est interrompue que dans les années 1990. (NDLR)

Martine DAVID (Jacques- Henri)

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