Henry CORBIN- Herméneutique spirituelle comparée - Swedenborg - Gnose Ismaélienne

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Etude sur Swedenborg et la gnose ismaélienne parue dans "Face de Dieu, face de l'homme"

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  • 5/9/2018 Henry CORBIN- Hermneutique spirituelle compare - Swedenborg - Gnose Ismalienne

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    Herrncneu tique spirituelle comparee(1. Swedenborg-

    II. Gnose isrnaelienne)

    Du projet d' u ne b erm ene uiiq ue spiritu elle C01JZpClreeIl y a un terme en arabe, le mot bikdyat, dont I'ambiguiteapparenre connote a la fois le sens de recir, relation, bistoire et

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    60 PAC'S; DE ntztr, F AG l: D R L 'H OM M E H~RM~.Nr:UTlQLl12 SPIRITUELLE .oMI~ARE'" 61unc reperi tion, LIne bistoire, cer tes, mais l ine his tuire qui est essen-riellernenr image ou syrnbole. Et c'esr certe qualire symboliquede i'hisroire qui imprirne cornrne relle, LItle r ou rn ur e i ns ol ir e ala rrame banale ties evenemems exrerieurs ; ces derniers ressor-rissenr desorrnais Uun exigence superieure, de merne que, dans

    J 'exernple pIeci te, la &ik.iy t1t suspendair la loi grammaricale cou-ranre. Des lors, l'on ne peur rnanquer tie s'interreger sur le~< sens de rette histoire. et en. genentl sur le sens de mutehiscoire ~) pour une culrure traditioonelle, nommemenr, pour cequi nons occupe lei) dans le cas de Ia gnose islarnique. e sens,ce ne peur etre que la v{ric spirituelle (Ia ~aqtqal) de cercehiscoire, et certe verite spirituelle ne peur erre enrrevue que si1'on se place dans LIne per pecrive route di(feren te de celle quiest farniliere a notre myrhologie mcderne du {(sens de I'his-mire. fit c'esc pourquoi ce terrne de /;I iki iydi me semble inrro-duire au rn ie nx une cerraine maniere denvissger Ie [heme quionus est propose ceree annee, a savoir if Ie drarne hurnain dansle manuc des idees , Parce qu'il refen~ tome l'hisroire 11 un autreuruvcrs, cc cerrne nous conduit en e:ffe~ a elargi r d'emblee lareference proposee, en disan c : ~< dans Ie M( nde spirituel ", c'esr-a -d ir /: ' d an s I t' m an tle a la fois reel et in visib le, qu i n'esr pa s unr n om l c l 'a b st ru c ri on s et de lois generales, rechnocrariques, rnaisLIn rnonde spirirue! concret, qui est le lieu des evenemenrsdans le Clel ,Nous avons l'h'Lbituc.il', dermis _ j L l t : Hc~el a insraure la phe-

    nomenologie de lu cnnsc icnce hlsrorique, de mettre ell conrrasreNature er Hisroire, celle -ci, ['Hisroire, consriruant en propre lemonde de l'hornnre. Or, pour le type de vision du rnonde quenous avons ii cnvisager iri. e t qui groupe com ce qui sapparentede pres ou de loin au neoplaronisme, l'opposire de La N~tllren'est nullernent I 'Hisroire, lour la raison que I'Hisroire, toutcomrne ill Nature, rentre, elle aussi, dans la p b Y J i J : tile est Laproie de I~ succession irreversible du temps chronologique, dutemps homogene rnesuranc Ies revolutions de astres ~ ses

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    62 ~A CE D E ntsu. RAC .E DE t 'HOM . 1\ .! E HMM ENElItrQtl Ii: 5J'1 u ITUEU.I:: COMP.AR t'\Earrenrif a ce quil y a de commun dans [a rnaniere done lesSpiriruels, mystiques ou theosophes mystiques, ont lu au lisenrla Bible en chretieare er le Qonln en Islam, Je ne vise nullemenrici La uo p celebre rheorie mdievale des qUlure sens de l 'Ecrimre(Iirreral, moral,allegocique, anagogique) ; cerre theorie, par rap-port a ce qui HOltS preoccupe lei. est aussi i,noperantt! qu'inoj-fcnsive', Le mode de lecture et de comprehension que [e visepresuppose.nu sens rigoureux du rnor, nne the(!Juphia, c'esr-a-direla penemttion (mentale ou visiennaire) de route une hierarchicdunivers spiriruels que l'on he dec-ouvre pas a coups de syllo-gi$mCfi, parce qu'ils ne se devoilent qu'a un certain mode dcccnnaissance, une b AU I ' I J g n l J o I i ! , conjoignanr Ie s a vo i r s p ec u la r if dedonnees rradicionncllcscr l'experience inrerieure la plus person-nelle, car, en I'absence de cetre dern iere, ne se transmertraienrque des schernas techniques, VOllC~S a un declin rapide. Aussiarrive-r-i] que leaverite du sens cache eclate de temps a autrecornrne une revelation nouvelle sous le souffle de l 'Esprit .; lher-rneneucique est renouvelee ; di e accompagne la recurrence ci'uncertain nornbre d'archerypes, qui nous atresrenr en quelque sortel'cbjecrivite df''\; mondes spiriruels sur lesquels Sf' fonde certeherrneneu tique.

    Dt,UX sornrners seulernenr peuvent erre consideres au coors. dece[ enrrerien, Au XVIlI' siecle, en ch feti ~n:tt, It' grail d rheosophevislonna ifl'su.ed

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    ( - ) 1 1 FACE DE OlE!T, FACIl DE l'lIOl;[ME HERM~NL;r.iTlQtlE SPIRITUEUE COMP,\ 1 u " , I >choses exrerieures Malgre 11'1ornplexire des c ho se s e t l'in ac he -vernenr des travaux prealables, peut-Ptre un premier resulratest-il a esperer , s i nous ilOUS limitons a com parer Ie sens percu,de par[ er d'aurre, dans les venements qui continuent d'erre lesprernices de l 'hisroire spir ituelle de l 'homme. Q U E signifie Iepersonnage d'Adam ? Que signifle La sonic du paradis ? Quesignifie It drame vecu par Noe? Que represeruertr lArche er leDeluge? 1 1 est frappant que tie part er daurre s'annonce non pasI'hisroire d ' uri passe d05- er depasse, rnais un e significationactuelle, er que les significations issues de part E[ d'aurre soienrconvergenres,

    NOU5 avons a ptcceder nous-rnerrres phenornenologiquernenc,c'e sr-a -di re herrneneutiquernenr : ce sonr des modes d'etre ( 7 1 1 O d ieJJcmli) qui s'exprirnenr dans les modes de comprendre ( m , o t l iilltelLigendl), et par la est a decouvrir ce quil peut y a-voir decornmun dans la demarche de la pensee er dans la structure desunivers arrein ts de pare- N d'autre, dans la serie d e s e v en e rn e nr s,dans les posrulars explicices, Aveurure peut-etre que cerrerech erch e, rn ais o u L a r en te r sinon a Em/1f}J-? Iille neeessirE'tl\ulI res recours que ceux qui suffisent aux discussions philolo-gil]U0~, d'umres rnoyens qu'une rrauspos ir ion des methodes audes resultats de la critique historique a une critique du Qmanqui . dunslc rneil leur des cas, nabourirair qu'a un Qorfln n'ayanrjlclnwi!\ (~reIII par aucun croyant. NOllS partons d'un fait .rph";tuet,d'un ph~n{)Il'('Ill' < I l l ((11II/m1flclrl1: comment certaines donneescornmuncs it lu Blhle cr au Qqran onr-elles e r e lues et comprisespar des Spirirucb qui nvuicnr /Ili dans ces Livres, er comment uncertain rype dt' (,;oll1pr{-llt'T1Siol' rornrnune Sf' revele-t-il dans lafac ;on de percevoi r Ie sc-ns (;tch(- d(,s evel1(:'mcms er les un iversque ce sens presupposl' ? II s':I,~jr ain~l cl'une etude comparativequ.i est par essence lII]L' Iwnnfrll"lIti'llIl' du " phenomene du Livresame ,

    L L 'hf1rmineutiq1.teJpiritueLle chez Suedenborg.

    l. LA nn1011IE D~S CORRESP01\1J)ANCES

    L'herrneneurique swedenborgienne ' est cornmandee par unedoc tri ne generate des correspondaaces, e lie-me-me sol idaire d'unegnoseologie siruant au plus ham degre de la connaissance tineperception spi rt me lle irnmed ta te, a laqucll e nous pouvons rap-porter notre terme de hi{l 'f)gnose, Cette connaissanre hit le privi-lege d'une hurnanire tres ancienne, humanit iniriale dnnr lanotion esrcapitale dans l'eeuvre de Swedenborg, La condition deces tres anciens peuples emit encore celle d'une humanire celeste,ce qui veur dire qUE, en conternplaut reus les objets possiblesdans le rnonde er it Ia surface de LaTerre, its les voyaient, certes,mats ils pensaienr, par eux, les chases celestes er divines quecesobjers representaienr au signifiaienr pour eux, leur perceptionvisuelle (oprique) n'etait qu'un moyen, Il en allait de celle-cicornrne il en va pour nous-mernes de notre audition, lorsquenous ecoutons un orareur ; nous enrendons les roms, cer tes, marsen Nit ce ne sent pas les mots que nous enrendons, ce sonr leurssignifications. Le deell n cornrnenra clans la posceri re de ces

    5. Pour ln hih lingraphit swedenborgienne ricl:r-l[e, ci rons ici les impor-tanrs ouvrages J 'Ernsl Benz. EIIl

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    66 FA CE D E Dt:EU, FACE DE L'H0111i\fE

    hornrnes celestes, Iorsque I 'objet de la perception sensible devinela chose principale, au lieu (l'ene l'iJulrIJlmn.l. Alors que poureux, les objets de la connaissance sensible avaienr un caracterequi les conformaj,c er les subordonnait Ii. leur " h o l 1 1 m 1 O ' lnre-rieur , si bien qu'en dehors de cda .ils n'avaienr pas d'.imen'!tpour les chases sensibles, en revanche leurs descendants, en met-rant ces dernieres avant celles de l 'homrne imerieut, separerenrles unes des aurrcs, Dans ce ca s en e t T e t . on Sf' met a raisonnersur les (hoses spirituclles de la rnerne rnaniere quI ':' sur les chasessensibles, er c'esr ainsi que l'on devient sp iriruellemenr aveugle'',Cels, Swedenborg lc r e p e u : o t : . L a maintes reprises au rours de

    son ceuvre immense, parce que ja meme esc la raison pourlaquelle S 1 pel! de personnes savent; re que SOOt des

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    (I./-l FAC~ DE nnw, !lACE DE L'HQMMl:pure faveur divine, C'esr ainsi gu'i I sur, d'experience directe, quedans les trois regoes du rnonde narurel il n'y a pa.~ la plus per irechose qui ne represenre quelque chose dans, le moude spirituel,er qu i n'air pas dans ce rnonde spirituel quelque chose a quoielle correspond. Tel est Ie secret rnis en eeuvre rout au long deses commenta ires del a Biblc, er re IIe est la clef de ces A rca rtllqui s'ouvrent le plus souvent sur un horizon imprevui2 D'aurantplus irnprevu que, rant qu'il vir dans le corps, I'homrne n'esccapable de senrir er de percevoir que treS pf'Ude rout cela ; !lOUSfaisons peser sur les chases celesres er spiricuelles nne narurali-sarion fatale qui les thigrade en choses nacurelles, hornogenes unorre hornme exrerieur '1, randis qu'en nous-rnernes J' hornmeinrerieur en a perdu la sensation er In perception. " Beni soiren ce temps, ecrir Swedenborg, celui qui est en etat de cortes-pondance, c'est-a-dire celui chez qui l 'homrne exrerieur corres-pond a l'horn rne inrer ieur". "Lui-rnerne, cerres, fur dans le rnonde occidental rnoderne l 'un

    de (('Ii mICE 'S Elus, voire, a eo juger par son influence, telui quiouvrir III voie a beaucoup d'eurres. L'exisrence d'une telle cor-respondence, ecrir-i l, lui est devenue 5 1 fam iliere qu'il nomrnerairdifficilernen[ quelque chose d'aurre qui lui soit plU~ fam il ier, .,II sair par experience qlle du morrde spirituel derive route lasubsisrnnre de I 'homme", que saris certe connexion avec Iem?nde spir.imel ni J 'hurnme ni une partie de I 'homrne ne pour-raienr suhsisrer un moment . II lui ;1 rnerne tre d on ne de savoiequelles consoriarions angeliques sonr en relation parriculier avecchaque province du corps humain, er queliesen sane les qualites.Bref, mmes c ho se s d an s le rnonde narurel, aussi bien en generalque dans le detail Ie plus infirne, y cornpris les constellations,les at01ospheres, l'ensemble et le detail des regnes animal,vegetal , mineral, tour cela n'esr rien d'aurre qu'une sorre de

    1 2 , 1 '\ rum", f

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    70 fA IiDI\ DJEU, 1 '1 \ E DE L'UOMME

    De rout ccla ressorr l a schernari sation fODdamenca le des universspiriruels, 11y a trois deux disposes en une hierar chie d 'inrerioriteer de purete croissanres : un ciel inferieur. un ciel moyen, untie!superieur. Le premier est un royaurne narurel, la l~demeure: "des Esprits bans; le second est la demeure des Esprits angel iqucsou Anges sp iriruels ; II." troisierne esr la dem eure des Anges,< c el es ri el s . , ( j' er np lo ie ce mot a dessein, ic i et plus Join, depreference au mar (. celestes ", pour preveni r route confusionavec les choses de lasrroncmie, nornmernenr ici avec les AllgdiIcti'/l'S!I:J lit, Ia cosrnologie avicennienne classique), fit de rnernequ'i l }' a trois cieux, il y a trois sens dans la Parole divine, laBib le : le sens nature]. le sens spi [imel, Ie sens ,( celestiel ." NOl~verrons hienrdt que- c'esc la doctrine de base de l'herrneneuriqueswedenborg ier ine. Chacun de Ct'Scieux es c ciist:ingllc en d'innorn-brables c on so ciar io ns ; chacune Ii son tour en d'innornbrablesmdividus qui. par leur harmonie constiruenr cornrne une per-sonne, randis que rc ures ces coosociations ensemble tormentcornrne un Homme unique. Ces dernieres resulrenr sponrarnl-rnenr des aFfinites d'inrelligence et damour, de rnerne qu'ellesse disringuen t les uncs des aurres sclon les differences de leuramour ct tie leur foi. Et ces differences sont tellernenr innorn-braoles que lon n 'en peut pas rnerne receriser les plus gen('-rales. Chaq ue A nge et c ha q u e consocra rion son t respecriverm-nrune image du ciel universe], quelque chose cornrne un v perilc ie l1 7 " ,M aix , lo rsq u'il e st parle till Ciel comme demeure , c elu d oi !

    s'entendre d'une demeure qui est i'lta! de I'homrne inccricur,C'esr pourquoi la ropographie de . L ' 1 1 7 j " r J n zm l l , sirue a l 'oppusirt"presence une repartition de ses derneures ~ symerrique a (d!edes " derneures du Ciel, purte que Ies demons er espritS Ild('r~naux , aussi b ien < - l l 1 e le s Anges er Esprits qui peuplenr It, Gel,om rous e r e des etres hurnains en corte vie, et que d1a~J!I( , humllHromrnc I e . . . hu i r lemc djnur " : ~'f. n irre livn- (,'/IJ'/I,1 1/'11'11111'/'/ 'n ' m " :/ ", ,tI~1'I,'uII IIM~tli'mfl tlrdf{ .rhI'ilt:, Puns, B u 'IiL'r-( h , ', ~I ( 'I , 1' ) /11,

    l7, l\'nllM 1?/,,1"IIitI,;ln 1')1), (,ll', \/1'/;1 C//l';"ltlll.I 1(1'11):11/. ""I ') " ",(.,11'1" "/1.1"1 / !I ff l' /I t/ ;/)/J,

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    72 RAe} ! 1' Jf. I) JE lI , FACE DE L)-IOM.MF.en verru de leurs correspondances spiri tuelles et celestielles, ilfaur fain~ usage .I'unc faculte errunenre si bien irnplanree dansI'hornrne qU: c'esc elle que l 'hornrne ernporre avec lui dans I'autrevie; elle est designee comme i l l . sensibilire spir iruelle, les sensde I'esprir (cmhItNI), nu cornrne imagination inlifl'ietlre. Car l'hornrnelum mortem (c'est un des points essenriels des doctrines de Swe-denborg) possede lu plenitude de In forme nurnaine, it j"erat spi-rituel, cerres, 1:( d'organisrne subril . Cerre faculre eminenre,done, est si profondernenr dans l'hornrne. er i. 1 est 5 i profonde-rnenr en elle, qu'il n'a pas alors a apprendre ill en laire usage , 1 1est mis d'ernblee en die, des qu'il est libere de son organisrnephysique, Eo revanche, pendant La vie dans ce dernier, il rcstele plus souvenr dans I'ignorance de cette faculre 6ninenre_ II ya UD influx conrinuel des chases du rnonde spirituel dans leschases narurelles ; les premieres se rnonrrenr .. representarive-ment , symboliquemenr, dans les secorules, e r l'h orn rn e nes'apercoir de rien, enrierernent livre aux choses narurelles qu'ila rcndues rnuectes",Car, plus il est im merge ( .LotO SIes choses de ce monde plus

    les choses 4u i ressorrisscnr ala lurniere celestieLle lui apparaissenrparadoxalemerr; comme renebres et comrne neane, tandis qu'in-versernenr tour ce qui napparalt qu'a la lurniere de ce rnondeesr pour les Anges tenebres epaisses ". Pourtartc ces deux lurnieressonr bien ensern ble [QU ce qui fai r I'jnrelligence de I'hornme,randis que s'ecoule sa vie presence. Son imagination narurel leconsiste uniquernent en formes et idees de choses relles qu'il eoa apprehendees par la vision corporelle, admirablernenr var iecser srructurees, rnais son irnnginarion interieure consiste unique-menr eo formes er luees de choses rellcs qui] en a re~lIes par lavision de l'espri r, a la lumiere celesr ielle, encore plus adrnira-blernen varices et srrucrurees, car , par linilux du monde spiri-ruel, void que les choses inanirnees de ce monde deviennerudeuces de vie:"> .

    .W, {bid., .W'. 32.;.')-3~26.J I. iu, nrc. 3316.22. IliiJ" an, q:n II y uurun .'L cornpurcr kl '\Vl'l 1,1-lOll 1 '1 l l' d!' I'Irnn-

    IfIiRMENFiUT1Qt.lF. SrIRITL-EUE CO. tv IFAREEII y a plus. Ce n'esr pas seulcrncnt d 'une double lumiere, muis

    J'une double chaleur qu'il eonvienrde parler. 'f La chaleur duCiel precede du Soleil spirituel qui esc Ie Seigneur, er la chaleurdu monde p.rocede du soleil de ce rnonde gill est lc lurn inairevu par nos yeux de chair. La chaleur du Ciel se rnanifesre al'homrne inreri eur par l'arnour et les a ffecriot ls spirirue lle s, tandi sque fa chaleur du rnonde se manifesre a l'hornrne cxcrieur parl 'amour er les atfecricns na turel les. La premiere est cause de lavie de I'homrne interieur ; la seconde est cause de la vie deI'hornrne exterieur. Cat sans amour et affecrioD i'homme ne peutvivre. Entre les deux chaleurs ily a aussi des correspornlances'". Lurniere et chaleur spiriruelles om a leur opposite la Tcnebre erla froidure infernales qu'habicenr, ou plutor door sonr habiresles Esprrts infernaux ne respi rant que hairie er violence, Iureurer negation, rendant a 1a desrrucrion de I'univers, a te l pointque si leur rage u'erait comioueJjemenr combarrue er repousseepar les etres du rnondc spirituel, route la race hurnaine perirair,inconsciente me-me du secret de son hisroire ",L'idee dominante lei, peur-on dire, c'esc qll'a Lasource de tourprincipe narurel, que ce soir en psychologie ou en cosmologie,il y a un principe spi ritue l. Lurnie re et chaleur sonr respect ive-merit ordonnees a linrelligence N la volonte , ou encore a lasngesse et it I'amour. Lorsque Swedenborg parle d'inrelligence etde volonre, son lexique vise quelque chose de beaucoup plusprofoncl que les deux .. Iacuires ,) nomrnees ainsi Jam la psy-chologie des philosophes ~ It;.lldeux mots designent pour lui deuxcomposanres essenrieiles d'un organisrne qui esr i'organisme spi-riruel de l'hornrue. C'esr pourquoi encore 5 1 aux. y e L L , , { des Angesla lurnicre apparair cornme lurniere, c'cst quil }' a en tile inrel-ligence er sagesse, parce gue la lurniere derive de l'une et del'autre. Semblablemenr, si In chaleur est per~l1e par la sensibilire

    ~jf1atiQ" spiriruelle ~ht'1-~aJdi S h ir fu .1 ; voir notre art icle oc La plan: de Mnl liiSadra h l r~1z1 (011. 1050/1 (',10) d a ns l u p hl lu so ph ie i ra ni en ne "(In II/tlltl htfl-1~'iMx V ill, 1')6,~) repris dans flll f.rIulI/ iml li~I /, . .. c . lV, I1p. ' : i i i s s. ; n in sl LIUt'les rexres rraduit dans nom: livre Cmp l J / li ri tN d . . \cil~ Jlljll 'o5I note 1 < 1 ,

    23. /lJid. nrc . 3 3 3 1 - 1 .2 .1 . tu, M. : i .H().

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    74 FACF. nil OLEU, fACE DE I.'HOMt.[Eange!ique rornmc chaleur, c 'esrqu'i l y a 1"0 elle de l'amour, parceq,u'el le derive d: I 'arnour, D'O~L l'amour CSt llppd chaleur spi-r i ruelle er consrrrue Is chaleur de la vie de l'hornrnc, de rnerneque l'inrelligence est appelee Iurniere spirituelle ee coustirue lalurniere Je i l l . vie de l'hornme. De cercecorrespondance fonda-rnenrale '[OUt le reste est derive::!),En d~rivt, 1)11[ exemple, I'idee que Swedenborg nous propose

    d e eerre h urn an ire dleste initiale donr il eraie question tout aJ'heure~ et donr l~s- t our premiers chapirres du Livre de 1 1 1 Genese,nOLlS allons le VOlT, relarenr la suscirarion et le dedjn sur terre.C'esr qu'il lui fur montre, par un influx divin qu'il ne pentdeaire.!I>, quellc etait la nature du discours de ces premiershornrnes, rant qu'ils vecurenr en ce mcndc ; discours silencieux,regIe non I'oin,[ p~lr 1 1 " ,souffle d t' la respiration externe, rnais parune pure resprratron mcernc. ] I -[aut alors se reporter a la des-cription gut donne Swedenborg OU '. discours " des Esprits erdes, Anges, Chez taus? Ie discours esc ef fecrue par des r epr e scn -n~non~, car i1s~{)~,tren[ tout ce a quoi ils pensenr, all moyend'adrrurables vanarions de lumierc er d'ornbre, d'une rnanierevivanre, devanr la vision ram interieurc qu'exterieurc de celui itqui ils par le nt , et -i ls l ' ins inuenr en lui au moyen de changementsappropries dans- l 'e r ar c le~ a ff e rr io n s eprouvees,Chez les Anges du Ciel inrerieur (Ies Anges spirituels ) le

    discours est encore plus beau, plus agreablernenr representarif etsyrnbolique, rnais le s i de es qui Y SOH[ formees representcrive-men t , sym be liq uement ,Ill' peuven ret re exp rirnees p e w de s 11'lf1fS,Les choses spi rirue lles qui ressorrissenr au Vrai, c'est-a-di re aI'0rd r e de l'i h rclli gence, y son t expri rnees par des mod iticsrionsdela lumiere celesrielle, resultanr d'une infirrie er -admirablev ar ie n: ; d ' af fe ct i on s e prOl ! vees, Les choses spi ri ruell es qu i resso r-cissent au Bien, c'esr-s-dire a l 'ordre de l 'amour, y sonr exprimeespar des variations de chaleur er de flamboiemeru celestes, met-rant en mouvcmem routes sortes cl'-affenions nO[lvelles, Quamau discours des Anges du \, Ciel le plus inrerieur (les Anges

    2 ,5 , I bi d" nrr, 3636.2r ; IUd" art, 1 1 1 . 6 , u rs SS,

    I ' -l l : .RMEf'. .TF.1 J'([QUE SPI,RITLmL1.E C OMPA H ELi 7' 1c el es ri els " ') . ilest egalemem re pre se nta eif sy rn bo liq ue , rna is ilne peut pas rnerne etre apprehendc par nOLL" ni eprime parqUl!ique idie, Er pourrant il y a bien une tel le idee dans I'homrne,a la condition qu'il soir dans l'a rn ou r c ele se ie l .et apres la sepa-ration de son corps materiel. il vie-or a cer amour ' comrne s'il yetai! ne, bien que durant sa vie dans le corps rnareriel il n'airrien pu en apprehender SOliS une i.dee, - de merne aussi qu'iJpeul venir alors dans l 'une au l'a utre d es formes correspondanra u n a mo ur inferieuf, car dans son erre essenrrel, sans subterfugepossible, I'homme est tel qu'est son amour".Finalemenr, la vasre doctrine des correspondences qui se

    deploiem a la fa~on d'une phenomenologic de la conscience ange-lique se- t rouve, avec la hierarchie des degres de perception et derepresentation qu'elle irnplique, corrrrne recapi[UIe dans le grand[heme de l 'f -l omo max inms , rheme dont j'avais l'occasinn de signa-ler ici m@me a Eranos, a y a quelques annees, la frappame ('OT-respondance (le mot est bien ici a sa place) avec l'idee du< , Temple de Lurniere " (l-lClykol nl/r,1:rli) de l'jmam, dans la gnoseismaeliennclH, NODS y faisions allusion, il y a quelques inseams,rnais it nous fautmaiotcnant en apprendre quel]e figure ilconvient de nous represenrer lorsque, d'un bout - a l 'aurre de Sf'Sirnmenses commema. ires bibliques, Swedenborg peooonce cemot, ' le S ei gn eu r (D om i nu s) , Le r he rn e re ce le en efler le rnysreremcme de l'anthropomcrphose divine comme rheophanie eref-nelle 1< dans lc Ciel ,

    C'est une verite pmfondement cachee en ce monde. refitSweden borg, er cependam den n'esr miell)t connu dans l'autrevie, meme a chaque esprit, que rouces le5 parries du corps humainunt une correspondan ce avec lcs choses tcllesq u' elles SOot dunsle Ciel, a tel point qu'il n'y a pas la plus perice parcelle dans lecorps. qui n\ljr quelque chose de spiriruel et de c~lestid quj lui

    27, / b i d " art. 3341-3 ~ 4 - 4 .28 , De Cmb r ~tuifFJ'mil'1biliblls, aer . ') 2 ec71, Cf . no tre l in! ;' t T~mps .ydiqll'

    UI g i l l / . r e i,'1JI'1lmm.~, P ar is , B e rg jnrcrnarions] ,I ~82, p , I 2 s - 55., t;t T, . j /ogi . .i\III~{linm,' (,ll/pro note 1). index s. v, Temple de- lurniere, Cf . iuJra It: rexn-prtr6:1anc I'appel df ' nntt' 138.

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    76 PACE DE DIEU, Mer; OF. L;IIOMM.E

    c~)rt,esponde, OLl, ce qui revienr au merne, qui n'air des conso-rratiuns celestes en corrcspondance avec die; car res consocia-rions existent selon routes sortes er especes dechoses spirituelleser celestieJles, et eela dans un ordre rei qu'elles representenrensemble un Homme, cr cela quanr a toutes les cboses generaleser particulieres de l'hornrne, a Ja fois inrerieur et exrerieur, DeIii. vien t que lr: Ge l un iv er sel e st lUSS! appele Homa Itld-XimNS-ec.~ Iii. ~ienr qu'i] ~ e r e 5 1 souvenr cH e qu'une co ns oc iario n ap ~ar -nenr a nne province du corps, nne autre a une autre, ainsi desuiee . La raison en esc qu e Ie Seigneur est Ie seul Homme, cr quele Cie] le rcpresente .. ,19. >1

    Ce s d er ni er es lignes seraienr a cornrnenrer pa r de multiplespassages des Arfr.iI)tl cselesria. Relevons seulemept ici le postularqu'elles impljquent e~ qui est en pretend accord avec tcures lesrheologies mystiques . Swcdenborg differencie, dans son lexiquep ers on ne l. u n Em injimmm er un Existere htjirliilfJl1, le terrneex!.~tf//~ e , q uivalan r peat iquem enr ici a llIatJ_~fi.l"lt1 firm ,0. Jehovah(n msisrons pas sur la fidelin~ de Swedenborg a cetre vocalisationdu termgramm(;' divin) est l'E'J 'Je infinifll!fl. C om rn e tel, i J n'escpas rnanifeste al'homme et ne peu t N influer " dans l'hornm e nisur l'homrne. C'esr la diite en son tlbJm"ditmll absolu (le h y p e r ( l I I . -J~(}ll de Ia theotogie grecque, celui qui, dans . La theosophie ismae-lienne, est Ie Mllbdi', le Principe, Super-Erre), Il ne peur etreman,lresre a l'hernrne et ~lgir dans or sur lhornme qu'au moyend e I E sse nc e h urn ain e, c'est-a-dire par un exisrere dit)inmll SOLlS laForme hurnaine essenrielle, La. figure de cerre chdophanie ou decerre unchropomorphose erernelle, c'esr elle ~,le Seigneur" ; d'o!:lroute la rheosoph it' swedenborgien fie esc dorninee par cerre figurede I'A n f h l ' o p / J J (que I 'onpensc ici aux visions d 'HE110ch, a l'Ascen-sion d'Isale, erc.), Le Divin ne pouvane " influer dans l'hornrnequ'au ~loye~ de l'E~sence h urn aine du Seigneur ", il n 'y a pasde conjoncnon possible avec la II supreme divinite I) au deice du

    2St "mlll~1 (~lt!!l:l'", :UL 1996, Cf. a,ISSiatr, 2 9 8. 8, 2 9SY , 2997'. . -~0, Cf. Indt"J(: r le I I I t ra d . '.lllg l ai se d e s II fr411,1 p ub ni ee p u r T il l" S we de n b ur g~(KI.tty, p. lOt, s. v, Esse, er S.'Jl iWII~1

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    7H I}/\Cb DE DIEtl . , / \r:E DE L'HOMMI;

    que tous les hurnains soot nornmes hOfllt)Lf!r de par lui , d 'apreslui, parce qu'ils en sont les Images ", dans la rnesure a u 11ssootdans le Bien, c 'esr-a-dire dans ce qui est l'affectiou ele I'amour.Les lignes suivantes recapitulent au rnieux : Limlt() maximftJ rela-tivernent a l'homrne, est le C iel universe! du Seigneur j rna isHomo 1111XimUJ, dans Ie sens supreme. le Seigneur est seul a l 'U(; ,car le Ciel est de lui, et routes choses dans le Ciel lui cor tes-pendent C.'). Ceux qui onr dans les trois cieux sonr ruts eeredans le Seigneur, voire dans son corps, car le Seigneur est IeTourdans Ie Ciel)7, ,>Le rherne Je I 'Ho l li o max imus est ainsi la clef Je la concepcion

    mooadologique qui fait de chaque Esprit sngelique individuelun

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    N O FACE Dl DIEU, FACE DL : ].'HOMtI'fE~_ LP,S PRINCIPES DE L'HERMIiNEUTIQIJE SPIRITUELLE

    La doctrine des correspondances ~ la loi d'analogie fondamen-tale perrnerranr de poser une pluralj~ d'univers symbolisanr lesuns avec les aucres ~ commande, disions-nous ci-dessus, l 'her-rndneisrique swcdenborgienne er en determine les principes er lam ise en ceuvre, II e51:f:'J,1COf(:' lus exact de dire q ue c etre doctrineest cerre hermeneurique rneme, au encore ce qui s'exprirne danseerte her rneneucique cornme mode de cornprendrc (modus in f,e /-l1gendi) CS[ le mode d'etre meme {modus essendi) qe d est eprouveer qui s'annonce commel'tre-en-correspondance de tour unensemble de niveaux d'em:, , les uns aux aurres. II ne s'agit done pas derapporrer ces correspondences de l 'exrdrleur " 1"[ apres coup aucexre de la Bible; elles umt cela m~me que sigruF'ie le cextc deIn Bible, [a Parole en acre d'etre comprise au sens vrai, c'est-a-dire au sens spirituel.D'ou les principes directeurs de l'herrneneurique swcdenbor-gienne, c'esr-it-dire les _principes gene 'raux qui regleroru la mise

    en rauvrcdc l'exegese du detail des rextes, visenr d'unc part le saspects SOllS lesquels se presence le texre biblique, ce que Swe-den borg appelle les Jifferei1ts J'lyllJS de la Parole, er correlative-merit la structure hierarchique des univers auxquels correspon-denr res sryles, La premiere consideration s'artache a determinerce que c'esr que 11"sens hisrorique er son rapport avec le sensspirituel, er a prevenir coure confusion de celui-ci avec le sensall egoriq LIe. Ccrre di fferenc iati on acq u ise, la mise enoeu vre JLIsens spirituel en sa pluralire s'accornplira confccrnement auschema des trois Cieux qui a e t e pvoque ci-dessus,

    P ou r I 'h er rn en eu riqu e sw ed en borgicl ' : ' l ,Of, I' cost-rob le d u rex r ebibliquc la Parole, se presence cornrne rooigee en qllam stylesdjftert:nts4'~, Ladif ferenciation de ce s styles nous force d'anricipersur Ie (heme de la succession des ages de I 'humanire, et de rernar-q uer d es m ainren anr q ue d ans Ie lexique swedenborgien, le mOtEr:ril:Jid (asscmbiee) prend une acceprion si large que 1'" assern-

    HF .RMENE lJ T IQ L :E S I' II UT I JF .L LE COMPAREE KIblee spirituelle 1~ eoglon' les univers angeliques et Ie rnonde dt:.~Esprits. aussi bien que les differems ages de I 'hurnanire rerrestrcct I'hurnanire d'aurres univers (pour preveoir tour rnalenrendu,rernarquons egalement que La connaissance df" res human leesexrra-rerrestres ne concerne point. pour Swedenborg, LLflC< hurna-nire physique comrne ( : ' . 1 1 renconcreraienr les astronautes de nosfusees spariales, rnais une hurnanire pen;we a femr spirituel, alorsque le visionnaire erait dans l'Esprir 'rI perception qui Irnpliqueque wit Franchi un ,re/~fI qui, normalernent, n'est Franchi qtle PIISf",rn'fell!). B ref, Ie concept sw eden borg ien db o rde telle m en t ceque c.:OI1[1Ql(:' habiruellernenr le mot Egli.re. qu'il nous semble pre-fenl.bLe d'essayer de prevenir [OLI[ rnalentendu, en conservanr lererrne la tin Ealesia, auqucl on donnera une valeur themarique,Des quaere style-s bibliques, Ie premier est unsryle qui, sous

    une forme hiseorique, preseore en fait une h i r r o i 1 ' C : s . v m b "l iq . N ff ; . cesonrles onze premrers chapitrcs du livre de la Gene-se. Le secondest le style hisrorique proprernenr dir, celui des Iivres hisroriquesde LaBib le . Le r ro isie rn e est Ie sty le p ro ph etjq Lle 4~ , L e quarrierneest le style des PS8.UItles. inrerrnediarre entre le style propheriqueer celu i du discours cornmun . NOllS n'avons a insister iei qu esur les problemes poses par Ies deux premiers ,Le premier des styles de la Parole fuc celui t ie I 'humanire

    celesrielle iniriale, d e - j a evoquee ci-dessus, qui constiruait ce queSwedenborg designe cornrne la

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    H Z fACE DE DlEU, ! ' l ACE m; L'HOMMEqu'cl les reprcsenrcnr. Leur mode de ccnnairre , l'eta t fondarnencalde leur conscience , se carac teri sa ir comrne une percept ion imme-diate des chases spiriruclles et celestes que represenrenr les chosesrerresrres sensibles, D'ou leur mode d'expression propre craircelui d'homrnes chez qu i La perception des objcrs sensibles serransmue d'crnblee en une perception des choses spiricuellcs,transrnuant ainsi les chases inanirnees en choses vivanres'". lisvoyaienr, certes, de leurs yeux, ou perrevaienr par leurs aurressens rout ce qui est objet de perception sensible, mais simulta-nern nr et d'ernblee ils percevaienr des choses d'un autre ordre ; represenrees , symbol isees par le s choses sensibles,C'esr cela rneme qui conduit Swedenborg a une fine analyse

    du premier des styles bibl iques, celui dans lequel sent redigesIes premiers chapitres de la Genese jusqu'a l'hisroire d'Ab'ra-~amll. Ces chapirres ne SOot pas de l 'h is toire proprernenr dire;lis nc sent pas non plus ce que de nos lours nous appelons dumy the ou tin nEcit rnyrhique. La form e d'un t'f)1~timlllmJcl'unesuccession d'evenemeors, eeait sponranernenr donnee par ceshornrnes ;lUX choses spiri r u e] l e: donr ils percevaient In reprls 17 -tarton dans les choses sensibles en dormant In vie a celles-ci, Noussaisissons ainsi le processus qui, prealahlernenr a route donncchisroriquc rnaterielle exrerieure, permer l 'eclosion de quelquechose cornrne une " histoire ", "operation menrale dans laquelles e r ro uv e en dernier resscrr It' secret de l'hisrorial isarion de toutehisroire quel le qu'el le SOiL Autremenr dir, route hi srori ci te pre-suppose, pour sc consciruer, un facteur l I l e t c l / : J i . r t o r i q l t e , De la s'ope-(era le passage au sryle historique proprernenr di r, Mais, lorsqu'i Is'agir de fonder la icgirimire de I'hermeneurique spirituelle quiest en cause lei, 00 doit faire une observation, C'esr parce queIe style hisror ique proprerrrenr di e procedera Ju s tyle syruboliqueou merahisrorlque de i'AflriqltiJ,ritIl4 Ealesia, que les parties his-toriques de la Bihle sonr egalernenr representatives, conriennenressenriel lernent un S'I'lS, voire plusicurs sens spirituels. En outre,la rnaniere dorrt Sweden borg analyse la gnoseologie de l'hurna-

    ,it). Ibid" art, 6 6 (:1 1 - ' l O 9 ,-17. flu,/.. an, 140'>-140.

    HERMENIlUTIQUE sr'lIUTlIElLE COMT'Amtl!nice celeste iniriale (il y revienr a rnaintes reprises), lc mode Jt'perception sponrance U U suprasensib!e dans le sensible. rnontrebien que, pas un insranr, il n'esc permis de confondre ce sensspirituel avec l 'allegorie. Les allegories sonr fabriquees aprescou p, dies servenr a transposcr ce qui etai t d e j a con naissable parailleurs, a rravesrir des images au pensees prealables, Or, le pre-mier style" biblique, celui des onze premiers chapirres de laGenese, est la seule rnaniere d'exprimer une perception spiri-melle des origines, perception inconditlonnelle, prealable a routeexplication, mats donnanr origine ellc-merne a des explicationspeur-ecre iepuisahles : Ies arcane en sunr, en effet. innornbra-bles,U: second style es c Ie style hisrorique propremem dit, gueron tr(JLJ ve duns les (I li vres de Moise ? t parti r des r ec i r s WIKer-nanr I 'epoq ue d' Abraham, dans les livres de Josue, des Juges, deSamuel er des Rois. Dans ces livres, les fairs hi toriques senebien tels qu 'I ls a p pa ra is se n r selon le sens Litteral; cepcndanr ilsconrienncnr rous, a la fois en g en era.l e r d an s lc demit, de routaurres choses el on le sens iterne ),~,Cela, parce que ces fairshisror iques sent eux-rnernes reprEJltutati!r; reus les rnors qui lesexposenr sonr Jiglli/hatijj, c'esr-a-dire que, sous l'apparence deschases excerieurcs, ils signifienr l es choscs inrerieures, Sims[ 'apparcnce des choses er evellf'ments rerrestres lcs choses ct e v e -n er ne nr s s pi ri ru els a u c el es ri el s, n en e sc a in si pour tous les livresbibliques die " hisroriques 1> Leur cQnrenu apparair commecram de l'histoire pure er simple au sens litreral, sans douce ;rnais au sens intericur, ils reeeleor d'innornbeables rJ ,ycalUl cae-lesti, lesquels nc peuvent ene vus ranr que les yeux de la penseeresrent fixes sur Ia marerialirc des fai ts historiques cxrerieurs. LaParole divine est cornrne un corps rece lant une a r ne v i va n re . Maiscerre rune resre irrevdee ; it est me-me difficile de croire qu'il ya L a une lime, de I'erre qui survir a la mort, avant que la penseene se retire des choses corporelles pour acceder nux choses deI'arne. II Y f aur une nouvelle naissance. De meme que le corpsphysique de I'homrnc doir mourir pout que !'ecre humain puisse

    ,18. lbid., an. fl6,

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    84 FAa DE DHflJ. FAC, , " DE I;HOMMEse rrouver et se voir dans Ie monde spirituel. et cornmuniqueravec les ecces spiriruels, de rneme Its chases spiriruelles, le sensinrerieur, derneurenr absolurnenr invisibles jusqu'a ce que leschoses cotporelles, Ies donl1ees e.xrCriellres du sens l i[ teral , scientcernrne si elles ecaient rnortes . Autre chose eo effer som les l'aJCJnaturels, autre chose sene les choses spiri tuelles qu'i ls conrien-nent49 .S'i I en est a .i nsi, sl le s ty le h is ro ri qu c de la B i b le receleIui -merne rant d'al'tt(l1a, c'esc qu'en fair les hornrnes de l'AllliqlktEalesia, reux de 1

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    86 [

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    HH FACE DE nmu, j'AGE DE L'HOMMEOn l1eut considerer J'ordre J ' /16 ' i 'e4Ji f comm e on Ie ferait des

    sections de quelque colonne d'un temple, donr le pourrour vaen s'arnplifianr depuis Ie sornmer jusqu'a la base, Ce qui, dansl 'ordre de sncassion, est au sommet et premier a l'origine, cor-responda ce qui e s c i n re r ie u r et central dans 1ord re de la simul-lanlite. Pour DOUS rept'senterla chose, irnaginons avec Swe-denborg que cerre colonne, qui sen ici de terrne de comparaison,descende e ns ' a ffa jss a n r su r e ll t'-01em e pour Sf' consri cue roen linesurface plane, son sommec, c'esr-a-d ir e ce q u.i e sc origine dansl'ordre suaessi], occupant alors le centre de la nouvelle Figure dansl'ordre Ji1rudtr;nllf. De mi'me en esr-il dans Ie cas de la Paroledivine. L e o Cf?lesdel, le spiriruel er le nature] precedent dansl'ordre suaessi], er finalemenr Sf' presenrenr Jinmit!Jmement dans lerexre qui esr a notre disposirion : le sens celestiel er Ie senss pi ri tu el s en t 1 11 .n se mb le , cohabireor caches d an s le se ns litter aLCelui-ri en CSt done bien I'enveloppe, la base e c. I a protection, atel point rnerne qu'en l'absence de ce sens narurel li treral, le sensc ele :- ;r ie l e t le s en s sp ir it ue l rr e seraient p as L I1 Parole, m ais il enirair ri'cux rornme de l'esprit er de la vie sans un corps, oucomme d'un tem ple avec de nornbreux sanctuaires et un Sain t-des-sauus eo son centre, rnais auquel manqueraient la coirure etre s rnurs, si bien que le temple serair expose a routes le s d e p r e -dations des voleurs et des heres sauvages w ,Aloes Ie paradoxe apparent de I'herrneneurique spirituelle va

    se rrouver resolu. D'une part, ilnous est die qu'il faut apprendrea lire la Parole comrne la lisenr les Esprits uogeliques.et qu' ilfaue. pour (eta passer par une naissance spirituelle qui, s'accorn-pagne de la rnorf du sen's litreral narurel. D'aurre part, ce sensnature] DOUS es t mantee commeeram l'erar de Manifestationsuquel tend et abourir la procession de la Paro le div ine; il enforme I'enveloppe, l'assise et In protecrion, lecorps indispensablea I 'esprir et a Ia vie, A U C 1 . w e rneprise cependant n ' e s r possible.

    '59, Ibid. D~ La il e S T " evident qll;e [a P~rol~. r csr t il Paro le m e " 1 l 1 e d;l I1Sle ~t:nN l ir tera l , car c 'esr incerieurernent a re scns que l'Esprir er la Vie sour(;,!In,el'll.l~,e( r 'est pnuzquui It: Seigneur a die : tru ! M I ' I ' /e J (/lIe jt' 1mll> ",i ditDfrill( 'prit Y/ Vic (jean (}; (3). ~

    l IERMENEUTIQUE SPIRITUELLE COMPARES

    Nous semmes b ien iei devanr [a m em eex ig en ce que celle qu iest posee a l'hermeneurique esoceriguE' du shi'isme en general. :la s imulraneire et Ia necessite de rnaiurenir la sirnultaneite clusens spirituel et de I'apparence licrerale, de l'exorerique (;dhh'Jer de I'esoteriqire (Mti;tJ, C'est qu'en effer, ou bien cerre sirnul-tam~.in!:n 'est pas ape~ue du profane; dans ce cas, le sens narurelforme bien la muraille protectrire centre route violation du sane-ruaire. Ou bien elle est connue de l'adepte spirituel. mais dansrerre connaissance meme s'accompli t une transrnutat ion du sensnarurcl, de I'enveloppe devenant transparence, diaphane, Tourechose narurel le tend 1 i sa Geiu/eiMichklc'it, ~l cet etar de II corpsspirituel j) dont (Eringer, en fidele disciple de Swedenborg, afaj[ une notion fondarrrenrale, parce que aussi bien c'est l'erardes erres et des choses observes par Swedenborg au cours desenrrs visicnnaires que rapportent les M e f l l lW t t b i li , " 1 . ou le D s a r i s m.!jJit'ib1ale.De la , if' double averrissemenr rnertanc en garde centre In

    double profanation possible. D'une part, il y a une profanationdu sens liueral narurel, si celui-ci esr dcC)wne de S a tinalitf,explique cornme s'i l se sufrisair a lui-rneme er par lit desacralise,prive de sa sainrerc inrerieure er e:lmhieure. D'aurre part aussi,ily a roujours le peril, de la pare de l 'homrne, d'une corruptiondu sens spirituel. Ce sens spirituel est celui de l'humanire divine,le sens dans lequel SVIti les Anges du ciel, rnais que personne nepeur voi r, d it Sweden borg, a rnoins < j '@ue rnis par le Seigneurclan s les v erices divin es. Si l'ho mm e veur y a r re in c lr e s ir n pl e rn e nrpar quelques correspondances cheoriquemenr connues de lui, leciel se rerme devane lui er il est en p eril de co mb er dans L i n e t a tde demence spirituelle. C'esr pour ccla rnerne que des Veilleursone ere aposces devanr Ie sancruaire de la Parole divine; celle-ciI desi I Ch' t.: (,II E . ,. Is .esigne comrne es erus tns : ', 't par ce rnor est evoque .edrarne en lequel consisre la succession de s Ages, ti c lhurnsnire,son hisroire uraie, son hisroire spirituelle.

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    90 ( lAO: ; D5 DIF\), FACE DE L'H01'-[M"["

    .:\, LIlS AGES DE L'HUMAN!T,E

    Cent' hisroire ne serair rien cl'autre que Ia decadence continuede l'homrne inrerieur, s'i! n'y avair de periode en periode un"Jug-emt"O't Jam; le Ciel " qui operat un rerablissemene. La theo-sophie 5wedenborg iertne disri ngue quar r e g r andes periodes(comporranr elles-mernes des subdivisionsj' ", Nalls allons dt' jaapprrs a connairre 11.1remiere; c'esr celle qui est designee cornmela " Tres Ancienne (au rome primitive) Assernbiee ", I'An'tiquiJ-J i m , , / . Ea-tIJJiu, C'esr la periode d'unc rres ancienne human:it a uIe Cicl (il ne s'agir pas du ciel astronomique) agissait a I'unissonavec It's hornrnes, parce que, it l'invcrse de ce ,qui devair se pro-duire ensuire, (est en influanr d irc cre rn en e S ur rhmmt te in ter iem'er par celui~ci que le Ciel influait sur I'homme exterieur. Enconsequence, les hornrnes n 'avaient pas seulernenr l il luminarion

    (, I. Pour ccqu] suir, cf principalernent / \ " 1 ' , / , 1 < / caelesri, atr, 103'i5. D,105IeS prolegume.n

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    92 FAC[i DF orun , FACE . DE l.HO}J(M1iorganes consrirurifs de l'organisme spirituel: dans la volonre a uil est amour, dans I'intelligence Oll ill est sagesse et verite. Leshurnains etaiem alors d'ernblee dans la forme fooclamemale duBien qui correspond au Ciel le plus inrerreur, celui des Angescelesriels, L ' o l ' est le syrnbole de cc Bien qui esr I'arnour celesrieler c'est cer Age d'or que la Parole uecflt comrne Ie paradis.Mais, dam les genera'rions qui forrnerenr successivernenr Laposterire de certe hurnanire bienheureuse, cerre communicationavec Ie Cicl se perdir progressivernenr. Les choses en arrive renrau point que dans l'hurnanite qui devair pa sec par la catastrophespirituelle rypifiee comme lc Deluge, on ne percevair plus riend'aurre dans les objets exrerieurs que ce qui esc de re rnondernaceriel er cerresrre . En revanche, fur ouverte a l'hornrne lacommunication avec son Enfer, er c'csr cer Enfer qui devine latonal ire affecrive generaLe de tomes les perceptions, au point quel'on De voulur rnerne plus savoir qu'i] exisre quelque chose despiri tuel er de celeste .lei Sf' plure l'e pis oJ e d e la disparirion d'Henoch DU de son

    enlevernenr par Dieu. disparirion qui signifie la preservacion desd o c t l ' iu a i i C l devanr perrnerrre la surrecrion d'une nouvelle huma-

    .. ni[(: spiriruelh- postdiluvienne, celle de l'Alliiqllll E c c l e s i succe-dane a ['Antill/lis.lima. Mais, parce que cerre hurnanire erair nonplus une hurnnnire eelestielle rnais une humanire spirituelle sansplus, elle connaissair, cerres, rnais n'avair plus Iii perceptiondirecre de ce qui etair desormais enveloppe pour elle dans lessyrnboles (Ies reprtteSetlMfhlt:l et les JipJlfji,

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    FA CE O F. D JE lI., FAC E DE L 'I-J( )M MH

    worondemenr JiJTecems de l'enseignernent dleologique desEglises officielles, Entre aurres, Ie sens de cetce Incarnation n'arien a voir avec I'idee d'un rachar, d'une compensation, d'une satisfaction" ; c'esr .essenciellernenr un combat, ou plutBr lapoursuire d'un combat commence d e s l'origine des Ages Aussibien, quoiqu'il u 'assumar qu'une seule fois en personae [a formeDumaine retresrre, le Seigneur esr-il venu chaque fois queJ'.Eulesia a e r e devastee61, Cerre venue du Seigneur, c 'esc Ierriornphe qui brise l'assaut infernal rnenacant cl'envchir Iemondedes Esprits, er c'est la possibilire de nouveau donneeaux hornmesde rerevoir de Lui l'influx du Ciel er d'en e m : - i llumines.

    A1Qts se consritua une quatrierne Bee/asia, ] , 'Efdesld cbrissien.I1l meme, mutes connaissances relat ives aux chases celestes etala vie eternelle precedent uniquemenr de [a Parole divine parlaquel le les hornmes recoivenr I'influx et la lumiere, puisqu'ellea e r e eerire ell correspcndances er en images representatives quisignifient ec syrnbolisenr les chases celesrielles, Les Anges duCiel viennenr dans ces choses celestielles quand LIn hornrne l irla Parole, c 'est-a-dire la Bible, er que sa vision interieure s'ouvreaces choses inrerieures. Ainsi s 'effecrue desorrnais, au moyen defa Parole, la conjoncrion avec chaque hornrne dans la rnesure oiicer hornrne I1Jt dans Ie Bien qui est amour. Malheureusernenc,parce qUi;'Ies bornmes de certe Ecclesi christiand ant ereinc certeflarnrne, ['j nflux e li vin n '~dor chez eux qu'en verites parrielleser absrraites. sans autun lien avec la focrne du Bien qui est amour.C'est pourquoi ces temps sonr appeles A ge d e fer fr~,L'histoire spirituelle de I'humanire constirue ainsi line dra-

    rnarurgie en plusieurs actes, er la coupure marquee entre resacres fait apparaitre urre conception caracterisrique q.ui boule-verse de fond en cornble le concept courant de Jugement der-

    l'arricle de Robert Keh I, C:hriltEIIIIIIIf ~d,'/" Pmditli.f1llIt,f; ]J 19fT2, pp, ) 3-60.Chri.'itritlllrJ !it/1ft. PI,I/1/illi.flllIl[! Eir i 81'i~fi/Jethsel ZI/IIJ M,il!.'w Thema ; 4{1.91)1,pp, IQ .5 ss.. R . K ehl, R e f i l i ! ? 7:11 " Chtimnlitlll / ) ( , I ! ' I PWlliliW/NIS .' n67 . /Ircan rm/tuja, arc. 4u60 .

    6~. INti..; arr, 103'55, r ir, Darnel 2: 43. ~ Tu as vu Ie fer mel': avec I'nrgilcpuree qu" ls se meler,om pa r dESa l l iances huma ines ; rnais iI sne scroru point,1n!S l'un it l'uucre, de me-me que le fer fie s'allie peinr awe l'nrgi le . , .

    HfiRMftNEUTlQl. i l i SPIRfTUELLE COM"PA.R E E

    \

    nier . co neept que, dan s son impuissance, la th e o log jed enosjoursevoque parmi ces rnyrhes qu'il s 'agic de " dernyrholo-giser ". Swedenborg ne parle ni de my the ni de "Jemyrho!o-gisadon . Ce que signifie Jugemem dernier, c'esr le derniertemps d'une Ecdesa, er c'esr aussi le 'dernier erar de la vie dechaque personae, ca r pour chacun sa Resurrecrion suit sa sortiede ce rnonde. Chaque Ecclesia s'esr rerrnincc par un Jugernentdernier, er DOUS venous de lire 'que le Seigneur ,. vient " autantde fois qu'il y a un dernier Jugemenr, c'esc-a.-dire le passaged'une ancienne iiune nouvelle Ilalesia. Ici, In notion swedenbor -gienne de jugernent tonvetge de fa~on rernarquable avec lanotion isrnaelienne de Qiydmrlt (jugemenr et resurrection) met-rant fin a une petiode ec marquant le passage :3 . une nouvelleperiode dn cycle de [a prophetic (de L a periode d'Adarn a cellede Noe, de celle de Noe a celie d'Abraham, etc., de celle deJesus 11celle de M oljarnm ad) . 1I y a ell un jugernene dernier deI'Antiql/LHim.d Ealesia (celle appeJc( ' Adam), quand perir sa pos-rerire; c'est certe destruction (roujours au sens spirituel) qui esrdikrire cornrne le Deluge. It y a eo un dernier ]u.gement deI'Antiqlla Eaiesia (celle appelee Noe), quand presque reus eurentsuccomb a la magic ou a l'idolarrie, II y a eu un dernier Juge-merit de ['Efdesia retwaesmtatit1d., quand les dix tribus [uremernmences captives er, plus card, lors de la dispersion, Quant auJ ugernenr dernier de l'caill .ricl cbristian, il est sign ifie- dans lavision de I'Apocalypse cornme "nouveau Ciel er nouvelleTerre, c'esr-a-di re dans , [a vision de la nouvelle Jerusalem, N(fI)dH i e l' f )! f /Lymci ( - ,~ .Precisernenr, le sens interieur de oerte vision a e r e si genra-

    lernenr ig hore g ue, lorsque l'on parle de J ugernenc derni e r ",rom le monde serepresenre un evenemenr qui doit et.IT' arcorn-pa,gne par la destruction du rnonde, par une catastrophe physiqueembrasant notre globe rerresrre et rnettaar fin au monde visible,randis que sculernenr alors les morts ressuscireronr " pour e[rernis en jugernenc, Mais taus ceux qui admerrenr de relles conjec-tures ignorenr compleeernenc gue Ie sens inrerieur de ces decla-

    (,9. tu. art. 2.[ HI

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    96 FACE DE DIIW, ~ACE Of. [:HOMME

    rati01~S propheciques (celles de l'Apocalypse nuss! bien que cellesde l'Evangile de saint Maubieu7(l) esr un sens totalernent diJfe-rent des al'parences du sens Ii[tera( : pas plus qu e le 1< Gel " nesignifie le ciel asrronornique, la '< ITerre n'y sigLlifie 113.masserellurique de notre planete, rnais cerce Ecdesia qui est le rnondespiriruel71, PI' cest dans ce rnonde spiriruel qu'est d'ores et dejaprononce le ]ugement sur none Ilg -e d e fo r 71. Certes, Lavisiondes rois de 1a Terre cornbarranr le cavalier monrant le chevalblanc, apparu lersque s'ouvrir le Cicl (Apo(". 19 ~ 1 L 5S.)., celledu dragon poursuivanr jusque dam; le desert, pour la devoreI ', InFemme qui a enfsnre l 'e n fa n r m a sc ul in (Apoc. 12: 13 55,), cesvisions annoncent qu'il faudrn beaucoup de temps pour que lesens spirrtuel soir reconnu, et pour qu'il soit repondu a I'invirede l'Ange dresse debouc dans Ie Solei I , convoqusnt If's ciseauxdu (jel au grand fesein de Dieu (Apo. 19; l7 ssl~-(,II faucira beaucoup de temps )~, vienr-on de dire, Mais au

    fond que signifie cerrc expression, que signifie la " successiondes cemp\ , lorsqu'i l s'agit d'une hisroiee essentiellernenr spi-riruelle ? A mainres reprises dans so n ee uv re im me nse , Sweden-borg a rappele que I'idet' de succession dans le temps et celle deIocalissrlnn dans un tspatc exterieur ne Sf' rapportent qu'a notremonde sensible ; que dans le rnonde suprasensible tout consisceessent i f : ' lie m en r er un iquernen r c-n c han gernents er mod iIca t ionsd'etars spiriruels, lesqucls fom bienapparair-re quelque chosecomrne du temps er de lcspace, mais que cependane I.es Angesn'one pas la rnoindre idee- de ce que nous appelons, nous , 'le

    7 0, L c c orn me nra ire JI ! . 'o lh~II"res X X V ll ss, de Ia Gl!lli:r1'. dan> les Ilm'l1ltl[milIJUd, conricnr une herrneneurique spiricuellc d~'e llJPJx:e tic "'louh;':!1 ].1, :I') ss.71, A cornparcr , dans la gnasC' ismaelicn.~c, cerce aff irmacinn: que, s 'i l est

    ptlssihle de Ji.rt qu'Il 'Y em un (eml'S ('Ill lc rnondc n'exisruit pas l~qu'i l ~'aura \III temps OG iJ n'e xistera plus, (flu ne cnncerne que II: p.lSsagt: d'uneI'erhtdl' 4 une autre, d'un cycle it u n n ur re , non point lu rotalitd d e I 'u n iv e rs ,consrirud Iur-rnem e de "Jix-bul[ rurl!e univers s, Cf Nu);iwddlll T n ; ; i ,Ta,'tl IIII '(jr/i!, ed. W . 1v un ow . L ei de n, L9-50, p. 48 UL I texre P W , U l ,72. l\ ~ixU""''rJf,It:S1i,l, nrc. 21 1 7,

    7" V"M C/; riJ /fmrd /(.:ligio, art, 207,

    ['IERMENEUTIQUI! SPJl/.r:tlrELU: COMPAIWl! ' ) 7

    1l:1l1pSer I'espace7 'l , C'esr I'erar reel de cbacun qu i dererminc,dans l'aurre monde, Jo n rernps et so n Lieu; d'ou, le temps devienrr { ve rs i b l e, les distances spariales varlenr en fqnction de I' incen-site du desir. C'est ce qu'il ne faut jarnais oublier pour ae pas'"ietonner des scenesdonr Swedenborg, au cours de ses " visionsdnns l'Esprir , fur le temuin dans cct autre rnonde a u la realireest vision et ou la vision est renUre, Ne pas l'oublier non pluslorsqu'rl s'egir de cornprendre Ie 1 ' ImS de certe histci re spirituei lellllt" nous venons d'esquisser depnis l"A'ltJ'qllis.dflM Bedusia, et quicsr rout autre chose que ce que ['00 appelle de nos jours " sensde l'hisroire /1, Tout autre chose, parce que le verbe en peuttoujours erre rnis .ctll JwiJent; c'est une hisroire roujours imm i-nenre, done le SeIlS csr par consequent eminemrnent Qct#ld, .nl/Wi. fl 'm, Aussi bien lhumanice celesrielle des origines 1]'ewit-eIIe,n 'err-elle rien d'autre, elle-rnerne, que Ie J l : } J t i i J m e jour de Is Crea-don. Ce sont Ies six [ours de la Crearicn. l'hext1emeI'01I, qui sentI" clef de cetre hisroire er qUI en donnent le sens actuel, parceque ce quils rnesurentc'esr, non pas une cosrnogonie plus OLlrnoins mythique, rnais la creation, la suscitation, de 1'!JoITUllI; JPi-ritue], TI t c'esr SUI cer enseignernent que s'ouvre l'imrnenseouvrage des A rm na c C" le ie Jt it/ -,

    t L"/IEX ilnAII;7W N DE LA CREATION D E L 'H OM MT I S PIR IT l1 nLComment faut-il cornprendre dans leur sens jntcriell_[, c'est-

    a- d ire spirituel, If'S deux premiers rhapitres du li vre de laGenese? IJ lilllt le faire en rnettanr en eeuvre cc que le rnondechrerien a si profondernenr oub!ie, a savoie g,ut tout dans laParole, jusqu'au plus petit demit, enveloppe er signifie desehosesspi rituelles e t celestes. Que sioa l 'ignore, c'esr la vie rnerne quiS(' retire de la lertre motte, comrne meurr l'homrne cxre.rieurlorsqu'il se separe de lhornme inrerieur. En l 'absence de celui-ci

    1.!i" De ct'l(dl1 l~ l'jll,r Tllif 'tJhilihl/.f, an, 191- I9S, Cf. En. i.sI01II / " , ' 1 1 1 1 ( 1 1 " , ,r, JV ,im kx . ~ . v. N{i -K i . lj ii .A b i ld , ~l ln s i que l e r ext e i l ' 1 1 I I u / 1 i J iIlUlJ!,_i1lr,/h 11111 '1111J1 /: , i l l , l h 1 '1 '1 I ' I I IM ,~I1 I1 i I , f HJeS~LlE pp, 7~io,

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    98 FACE DE DiEU, FACE 01' L'llOMMF.

    jusrernenr, que decouvrir d'aurre dans le sens de la ler tre sinenqu'il y est rraire de cosrnogonie, de la Creation tlu monde, dujardin d'Eden qui est appcle paradis, et d'Adarn cnrnrne premierhorrrrne cree ? Qu:i imaginerajr autre chose ~Et pourranr, en fait,Ie premier chapirre du livre de la Genese, dans son scns inrerieur,rraite de la nouvelle creation de I'hornme, de sa nouvelle nais-sance, c 'esr-a-dire de sa 1'(r:iniPtdirm ,fjJiritlf.(!//e,er par L a de l'ave-ne r nenr de I'A Iltiqll hr;'ma Ea le s ia - ;~ ,'Or, les temps, c'esr-a-dirc les {JalJ, de la regeneration spiri-

    tuelle de l'homrne scm divises en six et sont appeles Ies six[ours " ou periodes de sa creation ( l' he x nemen J/ l) ; lis vont depuisle moment QU jJ n'a encore rien d 'uri hornrne, puis assumequelque chose d'un homme, et finit par arteindre Ie sixiemejour )1 uu il devicnr [maWI Dl;l i 7(,. Analysee de plus pres, la suc-cession de ces six jours ou periodes cornmencant avec la pr-humanire se presente comme ceci : le jWlimi(,l' j(mf est recurd'enfance, suivi de I'etar qui precede irnrnediarement la regem!-ration ; c'esr LUI erat de vide ~, de "tenebres epaisses >1, Les e co n d j rr J Ir QU le second emf, c'esr iorsque la distinction en faiceentre les choses qui appartiennent a l'hmll1m' in/trielt, . er celles quispparricnnenr ul'bo!l1Jl11' e.'dl'iem, aurrernent djt entre (tiles quiSOtH au 5 1 : ' ig neu r et eel Ies qui sont propres a I'h om m e .. Le troisianejom' est celui de In rnuraricn inrerieure (conversion, metanoia);desorrnuis c ' esr l'hornmc inrcr ieur qui agir, rnais SC$ eeuvres snntencore des choses il l,,mi)(l.fw, parce qui lpense qu'elles viennentde lui-rnerne. Le tjlf(ltl'ifltll!. _jrNlI'. c'est Utat de l'hornme affectepar l'amour er illumine par la foi, c'esr-a-dire par Ies deuxluminaires I) qui sonten lu i, Mais c'esr seulernenr au clnqlliinlll!

    _ ; , m l ' qu'il parle par la foi er que les oeuvres produires par lui sontanimees "; elles sont sppelees -poissens de la mer et oiseauJ( du c i el ,Eufin, le Jix~i~/Ill! jl)ll!', c'est l'homme spirituelv lequel. par la

    foi er par l'arnour simultanemenr, exprime er agir ce qui est vraiet cequi esr bon. Les eeuvres qui] produit sonr de s lots appelees

    7')_ A " ' w , 1 I r r:1li'/~.\till',nrr. 1-476, I/nd., ;!r1, (;~.

    HERMENl :L J' f[ QUE S PI RI T UELLE COMPARTIE

    " a rn e vivanre It, et Iui-rnerne esc. Imago Dei, Cependanr sa vienaturelle trouve encore son plaisir er son sourien dans If'S chasesqui apparriennenc au corps er aux scns ; d'ou un combat persist .,jusqu'a (;e que l 'ceuvre du sixieme jour atreigne son achevemenrdans .le Jol 't ieme, er gue sous le regne de- l'arnour pur l'hornrnedevienne ceiestiel. Mais, de nos jours, le plus grand nombre DetJepasse pa~ le premier erar ; quelques-uns arteignenr le secondetar ; d'aurres le rroisierne, le quarrierne, le cinquieme ; un perirnambre, it' sixierne ; seul un nornbre infime arreinr Ie sepr ieme".Ce qui ressorr d'ernblee, c'est La distinction fahe entre

    l'hornrne spirituel (le sixierne jour) er l'hornme celesricl (Ie sep-tierne jour). C erre difffrencia[ion correspond a la hierarchic duCiel sweden bo rgien , et l'on peu.t dire que les " sept jours typi-fient a leur maniere' les degres de l'initiar ion et de 1a hierarchiespiriruelles swedenborgiennes. Mais ce que Swedenborg deplore,c'esr que, de nos iours, personne n'air e te inforrne de la naturede l'bernrne celescie1; d'oii, rnernc si quelques-uris I'am: e r e del'hornmc spirituel, Us ant, en consequence de cerre ignorance,considere l 'hornrne spirituel cornrne erant le rneme que l 'hornrnec:elestiel , nonobsranr In grande difference entre les deux"~.Qu'en esr-il de cerre difference, typjfi6c romrne le passage du

    sixierne jour au septierne jour? De I'homme spirituel il esc di equ'il esr l'illZago D I!.; ; rnais l'Irnage est c i It < ff!SJ'I::mblanre du modele,elle rr'esr pas /< 1 ressernblance merne. L'homrne spirituel est uneImage; i est appel fils de la Lum jere ) ) (jean 12 : 35-36), un ami .. Uean I') : 14-l5). L'hornrne celesriel art la ressemblancer ue rn e, l a similieude ; il est appele un Fils de Dieu ) Oean 1 :1 2 _ 1 . 3 } 7 9 , Tanr que l'hornme est encore lhornrne spirituel (It'sixierne iour), son pouvoir s'exerce de l'hornme exterieur versI'in cerieur, Mais quand il est devenu hom me celesriel (le sep-rierne jour) . son pouvoie precede de l'hornrne inrerieur vcrs l'exte-, "d d L' HI)new, parte que SOD aglr procede de amour pur ,

    77 . l b i ti . .o r r. 6 -13 .78. , Illi!/'. arL RS .79, ibid"an. SI,HO. iu. arc l2_

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    IIHI Ft\(.E DE DHiU, FACE DE L1~OMMECl' qui se rrouve explicire dans lc cornrnenraire des deux pre-

    mier chapirres de In Genese, c'est d fie l'iJee tondarnenrale dtl'anrhropologie swcdenborgienne, dorninee par les deux C2Ltego-ries de I'inrelligence er de la volonre : les (hoses relatives a laconnaissance par la foi sont appelees spiti tuelles ; routes cel lcsqui sent d'amour divin er d'arnour hurnain sonr appelees celes-titlles : les premieres ressortissenr a l 'inrel ligence de l 'homrne,les secondes ressorrissenr a sa vo lonre" I, En nOLlSreportanr a ladilfrcnci. cion qui est en cause, nOLlS avons alors ceci : l'hornrnespir iruel (le sixieme jour) e st c elu i en qu i p re dor n in e nr J ll f i J i erla sagesse qui appartiennenr a I 'Intell igence ; cela, c'esr J ' [ 1 I Z l : t f { ( JD ( 1 L L'hornrue ceiestiel (le sepcie rnc jour), c'esc celui en qui pre-dornine I'amour, lequel ressortit a 1

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    102 PACE DE [ )l EU, FACE DE L'l-IOMMEL'hornrne cclcstiel est Iui-rnerne Ie jardin dans lequelil esc di e

    que le S igneur placa l'hornme, II lui esr perrnis de connaitre cequi esr bien et ce qui est vrai par toures les p e Y C t ! j J t ; r m J possibles.Cependanr, si If' jardin est II/i, il n'est pa s ? t 1 7 1 ; ; ro utes sesperceptions sene agies en lui par le Seigneur; Ie jour a u i1 esri-mera qu'i l peut pe rcevoi r pa r lui-rnerne , c 'e sr-s-di re OL l il voudrascruter les arcanes de la Ioi et des rnondes suprasensihles en lesrarnenant aux chases sensibles, aux chases ,t sciencifiques u; les-quelles sonr des connaissances de la (. rnernoire exrerieure ", cesera [a rnorr de sa nature ciHf'stie[le~-', Alors s'inrerrornpra damson erre spirituel subril cetre rnysrerieuse respiration interiC'l.1fedont nous navons rnerne plus aujourd'hui lidee de ce qu'el lefur. er c'est pourquoi l'existence substancielle de quelque chosecom me I'e.rprit semble improbable a tam et rancd'hornrnes, parcequ'i Is confondenr ce que connote Ie mot rpit'itllJ ave le soufflede leur respiration physiologique".Deja ces lignes esquissenr le sens du drame initial de cette

    hurnanire. Cornme ce drarne lui-rnerne elles concernenr router11rdiq1l i .r ,dmt1 Ecdesi, laquel le fu r le seprierne jour; rnais auss ibien comes les r e al ir e s i n re r ie u re s (Ies intertora) de la Parole soncde nature relle que rout ce qui y est die de I ' E C c / l ! . f i " I peur etredir aussi de cheque rnembre in clividu el, car si chaque individun'etaic P;LS lui-rncrne, rl lui seul, une Ecdesl, illl temple du Sei-gneur, il n e pmr rr uic erri" LIne purrie d e I 'E n :k r/ tl , ni etre signifiepar Ie temple >} ; c'esr pour cette raison que route l 'AntiqllJ.r.fi1/l{/Ecclesia est appele H 0 1 7 / o au ingulier' ", C'esr dans cecre recipro- .cicf monadologique a u T aut er du c ha qu e ,) q ue v a rn ain re na ntse monrrer lc sens inretieur du drarne qui cornruenca avec led eclin du sepriem e jour, un drarne qui ne fu t pas du. [OLlC le(( drarne de la chair '), cornrne le veut line exlgest' vulgaire [fOPcourante. rnais un drame - it : drarne - de In connaissance er deIn conscience h urnain es. II y a sur ce point un accord frappanrentre I 'cxet;:esp swedenborgienne er l'cxe.gese isrnaelienne,

    li7. 1 / ; ; 1 1 . . art. 7 L!i8, 1 1 1 1 1 1 . , ,m:. 07 .H 0 - Ibid.. !lrt, ,n ,

    HERMENEUTIQU"" SPIlHTUEllE COMPA1H~E 10)Mais il faut avanr cour rerenir comrne prelude a l'explicarion

    du sens iterue de ce drarne, les precisions techniques que donneSweclenb tg sur ce qu'il designe comrne pc'fceptio!l , On ignoreauiourd'hui ce que c'est, drr-Il, parte qu'I] s'agir d'une cerrainesensation inrerieure, un e s e ns ib i li ce spiriruelle'" qu i c idernrnenrne peur ette qu'un paradoxe pou t cour ra tlonali srne agl ).ost ique .Mais les hornrnes celestes de l'Antic{ltiuilfla Ecclesia savaient t resbien ce qu e c'ctuit, er il DOllS a e r e dit deja qu'ils partiripaienruu privilege de certe perception angelique (randis que I'hornmespiriruel a conscience, rnais n'a pas de perception, e t que j 'hom memort, lui, n'a m e me pas conscience), La l:lercepti()n esr de deuxsortes ; ilen est un e qui consisre a percevoi r direcre rnenr la verireo u la fa usser e, l'etre all It' non-Sere d'une chose, er a percevoiraussi la source merue de la pensee ; er il em es c uneaurre sorre,commune ~LtL"Anges et aux Esprits. qui consisre a percevoir laqu.aLire d'un eue qu i v ie nt v er s eux, simplernenr pal' son approcheet par nne seule de ses idees') I,Mais In theorie tie certe perception precede, chez Swedenborg,d 'un se IlCimenr p rofond e me n r er au r h enriq uernen t m ys t ique,

    C'est qu'elle 501 pose une transparence. une diaphaneite parfaire,en ce sens que l'erre a qui elle est irnparrie sair qu'en fait leSujet acrif, dans chacun de ses acres de connairre er de penser,de vouloir er d'agir, est Ie Seigneur lui-meme!P, C'est eo quelquesorte la subsr iution du f(),~it(/r au cagito carresieu, et c'est ce larnerne qui falL de I'hornrne celesriel un paradis, c'esr-a-dire le jardin du Seigueur En revanche, il es c des esprits qui nepeuvent t~Ljreaurrernenr que tie supposer qu'ils sam les propres;!gents de leurs acres de connaitre, de leur intelligence er de leursagesse, et que, si rout cela em i t

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    1n4 rA cE ' DF D1EU. FACE DE L'110MMflcornprendre ce qu'esr la / J e r c e p t i l J t l et cc qu'est La vie, c'est-a-direce mysrerieux influx du monde spirituel qui est la lurniere dechaque hornrne narurel'". Et ne pouvanr le comprendre, ils sereplient sur un moi illusoire, et plus i . 1 5 s' y agrippent. plus ilsd ev ie nn en c r en eb reu x er opaques a cerre lurniere. Ils ne peuveruplus rerrouver ce qui est en {"UK leur vrai rnoi ; its cornrnecrenrune confusion rnortelle concernanr Ie p r o p r i t l J 1 l de l'hornrne ; ilssent chasses du jardin que I'hornrne emit lui-merne, dans saoette, a l'erar de t ransparence divine . Mais puisque l'hornrne ftoilce jardin, erre chasse de celui-ci, ce n'esr pas autre chose pourI 'hornrne que d'Prre chasse de soi-merne. Ce fur cela la decadencede t'AI7titplini1l1.C1 Balesi, c'est-a-dire de l'homrne celesrlel, dont1 3 posteri re fur suffoquee finalemeor par le Deluge.

    5. L E S{ l;N SSPIRITUEL o n t 'H !S T lR J:! f) 'A DA MII nous faut resumer iei a l 'exrrerne, au risque de rrop sirn-plifier, les longues pages Cr(!S denses de Swedenborg. Le / 1 e / l d'un

    0Crt spirituel eranc sao etar interieur, le jardin, le paradis, estdone bien l'hurnrne celestiel lui-rnerne, son ecur inrerl eur, Lesurhrr-...de ct" ;;lrdin, re sonr routes ses p e r c o p t i o t l S possibles d'arnourcr d'inn;lligtlln .. ', ~hlBien et du V rai ~ nous venous deu vail' Iesens technique, il est decisif pour ce qui va suivre, Mais parmires arhres. i eo est II n uuq uel iLne doi r pHS toucher, SOilS pei nede mort. Au niveau de l'herrneneucique spirituelle, qu'esr-ce ad ire ~L'hornrne celesriel, l'horn me de 1. 'Ant iq l liJJ ' i1J lo Ealesia; avairune perception direcre de routes les choses du Ciel par uncommerce direct avec Ie Seigneur et le Anges, par des revla-tions, des isions er des reves. Ce que SOil mode d'erre lui per-rnertair, c'erair done l'infiJlHe de ces perceptions aerivees duPrincipe divin accif en lui, mais ce que son mode d'erre luiinrerdisair, c'emir de faire deriver ces perccprions de lui-rnerneer du rnonde, c'esc-a-dire de scrueer les choses du Ciel au moyendes choses des sens, des rhoses dices scienrifiques , Car alors

    9;;, IhU, art. 13~5-l_ 87,

    HERMllNEUTIQlrE 'PIRrJ1JE1.Ll! OMPAREE 10')

    l e celestie l de Lafoi est de trui t. Le desir de scrurer les rnysreresde Ia foi au moyen des choses ernpiriques er scientifiques ne (utpas seulernenr la cause de Ja chute de la po_m~rlu~ de L'Amillliir-Ji11lCl Eaiuia, m r. it ee d an s I e c ha pi e re II de Ia G enese, m ars auss iIa cause dt la chute de chsque E al es i ; car de L a viennenr non'11' . . I I J . ' : /4sculernent les u lISlOOS, .rnats aussi tous es rnaux (e a vre .

    Puisque eclate ai ns i la signi ficarion roujours actuelle de cechapirre de LaGenese , enrendons-nous bien sur ce que veut direSwedenborg. Conualtrc les chases celestes, le s chases suprasen-sibles, par l 'interrnediaire des choses sensibles, c'esc la demarchemE'me de la connaissance t l f l< 'dogiql l ,e, de fa perception des sym-boles. Bien entendu, ce n'est pas eeLa qui esc vise ici, ccrte science des correspondances qui est, oOU~ l'avons VU, lascience par excellence, la science des sciences , et que notrecheosophe, qui [ut aussi un grand hornrne de science, a lui-rnemeprariquee tout au long de ses cornrnenraires blbliques, rnontranr ,par exernple, comment I'anatom ic d u cerveau hurnain peut nonsdevoiler analogiquernenc la ropographie du CieL comme [{tIlJif)maximns. Non pas, La faure serair lei justernenr d'oublier lademarche du raisonnernent analogique, I 'df laplwye, pour exigeren son Lieu et place une de.monstration scienrifique, reduisanrI'analogue Ii I'idcntique. L'arbre iuterd]t, la connaissance inter-dire, c'esr celle a Iaquelle pretend l'homrne de ce monde-ci,quand ilexigI" pour les chases suprasensibles de la foi, que I'evi-deuce lui en soir donnee par une demonstration cantor logiquerancor empirique, iure de laquelle il leur refuse route adhesion.Or, cetre exigcnce er I n . connai ssance qu'ell e posrule precedentdu p1'ojJritJlll de l 'homrne, c 'esr-a-dirc d'un homrne is(>Jdu Prin-cipe qui esc sa vie er sa lurniere. Aussi nne telle connaissunceest-elle impossible, parce qu'elle violerair l'ordr des choses, Elkpretend assimiler rationnellernent le suprasensible au sensible,eli miner le premier eo ramenant les choses ii leur apparence sen-sible au en les reduisanc a leur cquivalem marhernarique, ce quiest done rom le contraire de Ia connaissance analogique, c'est-a-dire herrneneurique. Celle-ci recoic sa lurniere du Seuil qu'elle

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    t06 F AC E " DE D l'E U, fACI] D E L 'H OMM Efrunchir er Oil est [a vie; l'aurre ne precede que de l'hornrne dece rnonde, restc de ce c6te.~cidu monde er porte en elle la mon~5 ,Nous savons reop comment, de nos [ours, certaines anticipar ionsdires ".~rif'ntifiquts~, prerendenr decrire l'avenir de l'hornrne,en ignorant tout du S eu il q u'i l leur faudrair Franchir .Or, c'est ce drarne qUE' raconteur les trois premiers chapirres

    de ta Genese, en racontanr 1'" hisroi re " de I'/lmiq.flisJim Erdesidepuis s a premiere periode, celle de sa 1100aison, quand I'hurnmeetaie un hornme celesriel, [usqu'aux periodes de son declin et desa disparirion, Pour bien saisir les inrentions de l 'herrneneutiqi ..eswedenborgienne, il imporre de grouper quelques traits essen-riels: (ecce AnliqffiHilfut Ealesi est celle qu i est desi.go.e C:Q01'il'leHomu, l'hornrue, dont nous savons deja qu'il a e re c re e rnascuiinel fminin, er quelle en est In signification, La chute, Ie declin.er In disparirioo de sa posn"lrire seronr arnenes par un artachernenrcroissant a . ce que Sweden borg designe comme le p r o p r i u 1 f j . deI'hornrne. Que! lien y a-t-il done entre res deux representationsde ['H01lfO er de son p r Q P r i u 1 J l ?Ce que designe ce dernier rnor dans le lexique de Swedenborg,c'est ce qui appart ienc ell propre a I'hornme. son soi-rnerne. sonijwfilt (Selb.l ' fh t li t. . I' l il /h {)od) . Mais cerre ipseite personnelle peLItavnir consclencc de sci cornrne inseparable de son Principe ; eUelui est alors rransparente : la vie et la lurniere qui sent en ellesent Iu vie et In lurniere de so n Principe meme (c'est l'eracqu'exprirne en spiritualire islarnique In devise: Celui qui Sf'connair soi-rneme, connate son Seigneur ).Ou bien au rcnrraire{' [Ie pem se considerer cornrne si e lle exisrai t independarnrnenrde son Principe; die se ferrne a lui, dans son auconornie fictive,et du rnerne COliP s 'enrenebre et succornbe au neanr et a ia rnorr.Telle est la clef des etars du projlrirml de l'homrne, de son ipseitepropre, selon qu'i1 s'agic, conformement IlIJ schema de l'aarhro-pologie que nous connaissons deja, de l'homme celestiel, deI'hornrne spi rituel ou de I'hom O1 e materie l. Chez ce dernier, so nrnoi propre, son projJri ltm, esc absolurnenr rour ; it n'imagine pasqu'il puisse continuer d'etre s'il venait a le perdre, Chez Ie second,

    IJ~ /Ind., oIFI, I :!'~-12\1.

    HERMNEUT1QUE S'PlIUTUEWd (X)MPAREE 1 ! J 7lhornme spirituel, le sentiment et la conviction qLle son Prirn:i[ll'(Ie Seigneur) est" en personne " le pouvoir de penserer d'a~jrqui est en lui, soru en quelque sorte une connaissance cheorique.Scul le premier, l'hornme celesriel, en a vraimenr [a perceptionv(:cue. Aussi, bien qu' il n'en ai r pas le desi r, un pmpl'ium, unsoi-rneme, lu i est ....aiment donne, Ainsi en esr-il de l'Ange qui,en la supreme sereniee, goute a la joie de 5 1 ' : ' gnuverner soi-rncmepar un soi-meme, un pn;p r i ll-1 lt. " au ily a routes les choses quiwilt du Sci,gneur meme n , C'esr cela rnerne leplofJrinm, le 50i-meme celesriel, modis que celui de l'homrne materiel est le 50 iinfernal, l'enfer meJ. l1e~6,De s lars leSeV~neOlents s'enchainent d'une rnaniere rigoll-

    rcuse : la pos(erite de l 'Anl.iquisri7'M Ecclesia n'erair pas disposee;1 habirer seule , c'est-a-dire a n'etre guidee que par ce p r o -/!I'ium inrerieur, ce Sei-meme celesriel. EUe desira, cornrne une.urrre Erdesia plus rard, ". etrc parmi ies narions . Ee parreI[li'elle le desirait, il est die: It n'esr pas bon que l 'homrnereset" seul j, (Gen. 2: 18)9" Voici doric qu'un profond sornmeilrurnbe sur l'hornrne (Gen. 2: 21). Ce somrneil, c'esr jusrementretat dans lequel l'homme fur conduit all poinr quil Iui sernbldtI'usseder soi-rnerne une ]pseire propre, etre soi-rnerne par sci-Int1me, tear qui est en effer un profond somrneil, puisquel'hornme ne se connait alors soi-rnerne que COIDme s'il vivait,Il~sai t, par Iai [ e r ag issai r de par $0i-rnerne. Quand i l comrnence;I en reconnairre I'illusion, c'esr qu 'alors ils'eveille er se leverornme s'il sorrait d'un profond sornrneilf",Son eve-il de re sornrneil , c'esr ju sr em en r, s elo n le CeCil

    h,bligue, 110:nornenr au , ayant fuc;onne nne de ses cotes 'It'llline femme, le Seigneur In lu i presente (Gen. 2 : 22) , L 'hom men'estplus seul. Bien enrendu, il ne s'agit pas de quelque ope-rarien chirurgica]e prariquee sur la personne physique de l'indi-vidu Adam, rnais de I'un des plus profonds an:al1.,' l qu'il y air a

    1)6. 1 1 1 M "

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    10K liACt DE DIf.U. FMI DE LHOMME

    1l1&lirer. Cette "cote >', ce t eho:mem de I'appareil osseux qu icnroure la poi trine er Iecreur, symbolise If' p.roprtUIl l de J 'hornrne,car, rel que le voieru les Anges du Gel. Iepl'lJpriltltl, le Soi incirnede I'homme, apparalt ccrnmc quelque chose d'osseux, iani me,comme une chose motte et illusoire, bien qu'il apparaisse a .[ 'homrne Iui-rnerne cornme quelque chose de reel. En fair, 51 l avie de son Principe (Ie Seigneur) sen retire, il rornbe mort,cornrne unc pierre qui rornbe . En revanche, lorsqu'il a en lui, erqu'il sa it avoir en lui, la vie de son Principe (son Seigneur), SOnpYfJjJl'iut/I apparaic aux Anges non plus COIDmE' de I'os, maiscornmc une chair vivanre, certe (hair donr U esr dir qu'elle prir1aplace de cerre cote~.1.La femme, Eve, est done re pIY/primll, ceSoi de lhornrne, vivjfje par le Seigneur, C'est pourquoiil esc ditnon pas que La femme fur creee ", rnais que la _,., o(e" de-I'hornrne, son So i intirne, son p"r!jn"julll, fu r tac;onnef:' en unef emmew o.

    Alo rs r ep n rr on s- no u s a I 'ex.egese prCcedctltt' I L I I du verser (lU iIs'agissait non pas de l'iociividu Adam, rnais Je Homo . Masculinet feminin IlJe rrea (Gen. 1 : 27). Certe exegese nous a apprisque le rnasculin ou lhornrne (t'ir) siguifle ou typifle I'inreliigencet't tour c~qui ressorrir a celle-cl, consequemrnenc toures chasesdt' I I I Sllt;l~S:S!;"er de lu .foi , randis que lc teminin ou la ff:'mmt'signitlt" ou typrCje 13 volonre, consequernrnenr toutes choses rela-rives ;1 I 'amour, r?l consetluemment relariyes a la vie, pu isque Iiivi e ne precede que de l'amour'", Or, Ia puissance designeecomme vnlonre, c'est e!le le fUtd~/tJ, le teem Ie plus jncime del : e t T { ~ hurnain. Aussi bien csr-il dir que J "A rb re d e 1 .1 Vie qui esrI amour tot done [a fO f de.rive emit" au centre du Jardin , c'esr-a-di.re dans la volonte, Ie coeur de I'bornme incericur':". Le

    99. ibid. arr, 148 IA9.J()O. !Md. , art. I 50-113W 1. Cf ci-dessus 4 (tex[~ p'r~cedaru lappel de In note 83 l .102. us, an. :H, 252, 476.103 . .Mid.,. 'HL 1.05: ' . L'Arlm rI~\lic, c 'e sf larnnur e r III fiJi 9ui en deriv( -,

    lli l lII i/iUIItill jflrdill. (" e st a d ire dans la vo l.onr de l 'hurnrue imfrieur. La"olotltl:' qui dans I n Pa ro l e est appclee It::UMI,., est possession p re mie re d lJS e, is ne ur c he z rhomme er ell!:z rAnge., Mais wmme persunnf' 11ept'll[ tiI.ine"

    ! - lER MENEUTIQ uE SP .l (U TL J ELLE COM VA IlitE I ()~)11'11111110ans l 'etre humain, ou Ie fe-minio inrerieur a l'hornrnc,I~I done b ien le Soi de l'hom rne, son p l " / J P r i w l I 2 , m ills u n Soi-rnerne11'.III~pilrem au Principe g u i le v i v i f i e , car tel q L H ; o S f ' trouve11UIl-ritur- I 'hornme celes-dd au matin du seprierne jOLlI, .il est1 1 1 I 1 l ! U , rnascul in er femi nin ( m l l s ftfltillt.f

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    t l ( ) PACE DE DlEV, F A C: E D E L'IrOMML

    ]erem ie (3 l 22) O ll il est d it: -] ehov llh a c r e e une chose nou-velle sur la erre : In femme entoure I 'homrne. ~ < C'es Iernariage celesricl qui est signif ie dans ce verser, rlit-i] , ou par lafemme esc signifie Ie Soi, Ie /Jropl'iltm viviHe par le Seigneur, et01.! 1'acre d'entourer est acrribue a la femme, parce que ce P"I)/Jl"i1l17t(ce oil esr tel qu'il enroure, comrne une core faice chair enrourele coeur 1 11 1. "Mais precisernenr B meme. dans cerre ex eriorisarion du Sol ,

    de l'ipseire propre ou pYOprimfl. Sf:' trouvair le gerrne cluperil.Car cette f:'xceriorisatiO[J du proprium porrait en soi-rnerne lamenace des volonres de puissance, des v lontes possessives, quiseront In destruccion de l'arnour er du rnariage celestiels. 11 y aun parallelisrne Irappanr entre le drarne de la connaissance, ledecl ~nde ln conscience c61esrielle de I'homme J 'une part, tel quew edenborg le trouve s i g l 1 L f J e dans les prem iers chapirres de IaGenese, et d'aurre parr le contraste entre I'amour Ies[iel etl'arnour debalKh, infernal, conrraste qui IU L a inspire un de sesplus beaux livres, livre des plus riches en doctrine er eo vision,(,t recelanr pem-erre le fond merne de sa pensee'!". Chezl'hommecelesriel IIIitia l, I'hom me inrerieur erair si bien d i ffetencie deI'hornrnc l'xtcrieur quil percevaic ce qui apparrienr a l'un et al'aurre, er perceva.ir comment Ie Seigneur gouverne l 'bomrneexrerieur pa r I 'hornrne inrerieur. Mais sa p os re ri te e pr ou va ledesir crnissanr du !}/'f/!11';1I111 qu i apparrient a I 'homrne exrerieur :UD e alrerurion si radirale s 'cn suiv ir qu e Its hornmes ne pers;ur[:'orrnerne plus la difference de J'hornrne inrerieur er de l'hornrneexrerieur, mais s 'irnaginerenr t l L l E ' l'un se contend avec l'autre '!",U, mero.e s'or i,gine cerre aspirat ion a posseder une connaissancequi metre en possession rnerne de I'objer in ac ce ssib le - inacces-sible pourranr a route cormaissance autre qu'une perception dela foi derivanr de l'arnour. Et cerre aspiration sera la mort del'hommc celestiel,

    104_ An'li1t1 (.7l

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    11 2 FACE DE 01eu EiACF.I)P. L'llmM ..ml'Alltiqt1iSJima Ecc l / l . l i a a . ses debuts, rnais c'esr a cela que succornba

    , ,111"sa posrerire ',La rnurarion s'annonce dam un symbolisrne eloguent. At!

    debur il esr dir (Gen. 2 : 9) qu e c~e[ait l 'Arbre de la Vie qwetaic au centre du jardin (ce Jardin qut' I'homme emit alors lui-meme), Ensuire, lars de I'enrrecien du serpent avec Eve, voicique c' e st l'Arb re de LaCon naissance, I 'Arb re donr 00 ne do i[ pa smanger, qui est si~w~au centre du jardin (Gen. 2 : 17 et 3: 3).C'est qu'en effet il ne s'agir plus du meme homrne, au du memeetat de l'hornrne. Cl,.,lui pour qui l'Arbre de la Vieesc au centredu jardin, c'esr l'hornrne en quj predornine l 'arnour, I'hornrnerhez qui route connaissance er route sagesse precedent deI'amour; c'est encore par l'arnour qu'un tel homrne salt ce qu'estla fot. Quand cerre generation eur disparu, il yeut l'bornme chezqui ce n'est plus l 'Arbre de la Vie, rnais I'Arbre de la Connais-sance qui est au milieu du jardin; l'ordre des puissances estinverse. Ce n'esr plus pa.r l'arnour que les hornmes om connais-sance des choses de la foi, rnais par les connaissances de la toi ilarrive qu'ils aient connaissance aussi de ce 'lui est l'amour, bienque chez beaucoup il yair rarernenr autre chose qu'une connais-sance purernenr rheorique'!".

    ese ( " ( : 0 1 1 < , qui r u n s i s r e 1 1 l e ( ; on s iJ t: lr t' r c o rn r ne c r - . ! I I r a . mus: eganls It , conrraireJ r . : la IVlatiht. 00 en a. done conclu: la .M:~1: ihe11 une forme, done I 'Esprirn'en a ri1s: Ia lvbt.e,f{ a une substance, dnnc l'Esprit n'en ~ jms, De cecrernan ier e on r efuse a . J"Esprir route extsrence possible, Le chrctlen en r esr e Iii,Ja ils I" rn es urc Oll i l : lf fi rT I lt , b re n cnrcndu, I'exisrence de l'Espri t, muis endeni~lu que 1'OIl pulsse [it'll savoir d!: plus 1 i son sujet, Nombreux pourc\intsOl lr reuxqui font un pas de p lus au-uc la de c (:t t( : conc lusion dsasrreuSll. ' , erqUI denien , purcrnenc et simplernenr l'exiscence de I'Esprir, E~ Lese Ia COnSC-quence logigue .. c ar ladfnegiltion 11

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    114 .PACE DE D JEU. M eR DFll"HOMMnprofane, c'esr desormais I'acces de l'Arbre de la Vie qui estimerdi[II~.Ainsi Sf' sent suceede les ecats de l'AnliqltiJJillld licdesia:

    1. HIi.ll/,l) a l 'CE'at d'unirude (rnasruIin- f e r n ini [I). 2 . Ex re ri or is a-ti.~n de l'ip~eire propre, du prl!pt~itu/lt signifiee dans la formationdrive. 3. Eclosion du doure. .4 . La chute, 5, L'expulsion dupara~is, Les 6" er 7 " posterires (Gen. :3 : 2 4 Jc or nb e re nt a u- de ss ou sdu ol ,veau de l'homme ; ces exiles du paradis, donr la corruptionfue d amant plus grande qu'.i!s rom be re nr d 'u n degre plus. eleve,furem le peuple du Deluge, Les chapirres IVer V du livre dela Genese ne fonr que traiter de la de_generescence de l'Af/tiquis-sill~a ~.aieJia Iu. La dizai ne de noma (Serh, Henoch, Kenan, etc.)C /U t s echelcnnenc au cours du chapitre V jusqu'a N a e " . t , sigrii-ien: non pas de'S individualires persounelles, rnais des doctrines,~esecoles, les etalie~ de [a decroissance de I'Ii'.tiqltiJ'rl7lfCl, jusqu'aLE que finaiemeoC' il ne resre plus que Ie petit nornbre decrir

    HERJ;ltN I'.UTlQUE SPIRjTU EllE COMPA!ttL 115srais le nom de No e cornrne la NWtI Ecdesi, resllrg.issanr desteneb res " 1 ~ .

    6 . LESENS SPLlUn;EL DE J."H1ST01!tE DE NOE

    " Et Jehovah vi& que le mal de l'homme s'erair rnuleiplie surla terre, et que route l'imagination despens~s de son coeurn'etait chaque jour poreee qu'au mal (Gf'O, 6: 5). Au senslirreral, la Terre, c'esr la ou est l 'hornrne, mais aLL sens inre.rieufc'esr H I a u est I'arnour, puisque l 'hornrne esc tel qu'est son amOULOc, I'arneur ressorrir a certe puissance Oll realite fonciere etconstitutive de l'hornrne qui s'appelle volonre ; c'esr pourquoi InTerre signifie ici In volonte rnerne de l'hamrne : car c'esr biend'apres er selon son voaloir fancier que l'hornrne est hom me,non p . 1 S ranr d'apttos et selen ses ronnaissances er son intell igence,car celles-ci Of" font que proceder de sa realile fonciere, a reipnint merne (.ju'il ot' veut ni connaltre ni comprenclre ce qui, . lo.J Iilln en proceue pas ,D'aurre parr, est signifiee par ....Noe nne NIII/a Er:desia,laquelle, nous le savons, sera appelee Al1Iiqlfo Balssia pour Ladisringuer aussi bien de celie qui Ia preceda, avant Ie Deluge,que de celle qui l u i s u cc e J. atll. Mais l'erar de l'uneer de ['aurredi.i:Iereprofondemenr. Cette difference, nous l'avons deja crouveedecrite .. Les hornrnes de l 'A1lIiquiJsil l l .a avaienr une percept ionimmediate er direcre du Bien divin er de la verire qui ell prochle.Ceux de l 'AmiqltCl.. '< No e , n'eurent plus I" perception direcre,rnais it s curenc 1 3 conscience er In connaissance. Or, Ja perceptiondirecre designe autre chose que la conscience (cxposee, s i el le estseule, a rnus Its domes), et c'esr aussi tnutc If! di fferelKL'entrel'hornrne qm Sweclenborg caracrerise cornrne I'h(,rnme dlescieJ,et relu i qu'i design e corn me l'h om me spi ri rue I. Au prern j er ,

    I1S, Nous averts djj eu I )cca. sion de N1ppd~r ci-dessus ( ~ ) l'analogide n 'ne runcepnon avec eelle de~ Q i y ' h m ' i . l d'... s Ill., l ,{no~~ism:uHiennc.! I (i. Ar,'n;/f l rau/eJlia. art, 58 ' 5 .1 1 7 . (J, ri -de ssus 3 ',

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    11 6 FACh UE DfEU. !lACE DE i'HOMMEc'csr par I 'amour quil ecair donne de percevoir coures verices,c elle s d e l'Inrelligence er de la roi; chez I L l ~ , La rO t C 'C l a c on n ai s-sance etaienr amour. 11 en alla diffremmcnt de l'hornrne del'Allliqll(l. "".En prelude a son exegese du chapirre VI de la Genese,

    Swedenborg repere I'nvcrrissernenr quil a rnulriplie dans sesIivres. Nul ne peur voir ni entendre en son sens vrai I 'h istoirede Nof s'i] pretend s'arracher exclusivernenr au sens de Ia lerrrc,car ici encore le , r l ) " e en apparence hisrnrique est en n~alite syrn-bolique, c'esc-a-dire mctahistorique ; ce ne sonr pas des evene-merits extcneurs qui irnposeraient leur trarne a une relar ionhisrorique, ce sour des evenemenrs de 1'5me qui sam" hisroria-lists" cn forme d'hi sroi re exrerieurc'!", L'f!.rdIJsia appelee Noehit le residu, Ja relique" de l 'Antiq qLl i ~UIV"'l1r (Cl'nl'se ') ; 14) , et par I I? f im que la Parcle duSl'ignel,r purruur impljvcl{t s . n Sweden-bnrg remarqut' qui] en Vii de mcme dans 1 . 1 " CIl$ du berceau de Mor se (Exode2: 3), c l l : ' l 'A r uh e d 'a i li tt IJC 'e . Scm blahlernenr le t emple d~ Salomon n'er::tirn ul le rn en r s ai ru i'i c au se d e lu i-rn ern e, n i a m use d e I'( ;r, e l l ' l'u rg cu r. d u h nisde cedrt, er de Lnpier re qui y etaienr iueorpores, rnais en r aison de eoures h-sl hoses que celles- I represtnrrut'nr (Ull cypifilllenr). La gnose ismaEliellfll'profeSSl'fo.la m e :m " dm ;r ri ne \luan~ 1i L'{soteriljLtt' (MpI7) .sigllifl6 par l'A.rehe

    ITERMENEtJTIQUI i S il l R 1 TU 1 :: UE COMPA I~1'(1" I I 1Si elle en est Ie syrnbole, c 'esr parc!" que fut re~u en cllc 1 01 1 1

    c(, qui possedair er rneritait de posseder encore Ia vie. Mais

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    118 1'I\C E D r-; m EV . F AC E DE T.:HOMtliHiporte de I'Atche (Gen. 7: (6), L'homme-No or peut plusavoit de communication inrerieure avec le Ciel, En talc. II rcsrcune communication possible, cat les degreser modalites de lacommunication avec le monde spirituel sonr sans limite; merneIe rnauvais, le maJef iquc, en a une, si faible ct si loinraine soir-elle, J)ur lcs Anges qui sent pres de lui, sinon I'homrne ne pour-mit pas meme existcc Mais depuis que 4. la porre fur fermee ",jamais plus les rnondes spirituels n'ont e re ouverts comme ilsl'avaienrere pour l'homme de l 'AfltiqujJJillitl Eaiesi, BeaucoupQnt eu ensuire des entreriens avec les Esprits er lesAnges, commeMvYse,Aaron ec ram d'aucres, rnais d'une rnaniere enrierementdiftcreme, Er la cloture est relle, Laraison en est .~lprofondernenrcaches, que l'homrne de nos jours ne sait merne pas qu'il y 3 desEspri rs, mains encore qu'iI y 11 - desAnges avee .1 i,er qu' i ts ' ima-gine ette enrieremem seul quand it0'3 pa s de compagnons visi-bles, ee etre pcnsanr par lui-rnerne, c'est-a-dire par la seuledeliberation de son propr ium, de son rnoi illusoire. La raison dece r re occ ul ra t ion es t profond e, er Swedenborg I'analyse en uneobservation non moins profonde, C'esr que les hommes ant tel-lemenr interverri les ordres de la vie, succornbe a ill rnanie dene vouloir juger des chases suprasensibles que sur le modele erJ'apres la le i des choses st'llsibles, que dans cererar tome mani-festation des chases . du Ciel serait excremernenc perilleuse poureux ; elle abcut.irair inevitahlernenra la profanacion er au blas-pheme, a cerre confusion clu sacre et du profane (du spirituel etdu social) qui, si elle se produit dans un esprit, It-met en C()nSO~ciarion dans l'aurre vie avec les Esprits inrernauxl2l.C'ese que I 'h or nr ne a cq uie rr nne vie, sa vie, par routes 1(1,';

    chases qu'il professe, donr It porte en lui ill convicrion, Cellesqui ne l'affecteor pas sene cornme si elles n'exisraienc pas 1'/)/1.,.lui , puisquc c'esr p ' d r lui qu'elles devraienr sxisrer. D'oir la pro-fanation irremissible des chases sainees n'ess possible qu'a celuiqu i en fur LIne fo is con vu i ncu, er puis en est venu a les n i er t:tales rejerer. Ceuxqui ne les reconnaissent pa s er qu'elles naffec-(en t pas peuvenr roujours savoir : c'esr COl11IllE s'ils ne savaienr

    [2:;. (bid., art" ' 1 0 I , 7M ,

    I I HRMI' ! N L lUTrQU [! snarruauu C OM P A.R E F. I II)pas, cat Ieur cas est parei I ~ eel ui de gens qui connaissenr deschoses 0'ayanr pas cl'exisrence. C'est pourquoi les mysrcrcs de::hifiJi ne .sonr reveles que lorsque fetal des hornrnes CSt tel qu'jIsn'y croienr plus er que