Hermant. La vie de S. Athanase, patriarche d'Alexandrie. 1671. Volume 1

8/4/2019 Hermant. La vie de S. Athanase, patriarche d'Alexandrie. 1671. Volume 1.

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L A V I ES ATHANASEPATRIARCHED'ALEXANDRIE-

-DiriSE'E EN BOVZE LIBRES.Qui comprend encore l'hiftoire de S. Euftathe d'Antioctie, de

S. Paul de Conftantinople,deS. Hilaire de Poitiers, de S. EufebedeVerceil,des Papes Jules & Libere,& de plufieurs autres Saints-Avec la naifTance & le progre's de 1'Arianifme.

Par M.Godefroy Hermant, Doreur en Thologie ,de la Mai/on & Socit de Sorbonne , & Chanoine

de VEglife de Beau


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A MONSEIGNEURL'ARCHEVES QJJ EDE NAZIANZECOADJVTEVR DE REIMS-ONSEIGNEVR,

Quoy que S. Athanafe riait hefoin ny de montravail ,ny 'aucune autre recommandation quea tj


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E P I S T R E.de fon nom 6f de fon mrite , pourJe faire con-noijire noftre France , qui a moins eft fongard un lieu d'exil qu'un refuge t$ un afyledans la perfiecution 5 nanmoins Dieu ayant'voulu fefervir de moy pour recueillir de festrait-tezj & de toute l'antiquit fainte les particula-rit^ de fa 'vie > fay creu que 'vous naurie^pasdefagreable de recevoir fous vofire protection unouvrage qui peut fournir un parfait modette atous les Prlats , & contribuer a l'dification detous lesfidelies.fay d'autantplusfu\et,MONSEIGNEUR,d'efiererde vous cettefaveur , qu en vous offrantune vie fi difiante 3 je ne fais que fatisfaire l 'engagement que favois pris avec vous fur cefujet vers le temps que toute noftre Province fai-fibit des vux pour l'heureux fiuccs de vofire fia-cre. Je me promis dslors que comme vous avieZdeffendu avec tant de capacit au milieu de laSorbonne la docTrine t$ l'innocence de S.Atha-nafie dans vos effais Theologiques > l'onBion epi-fcopale feroit voir en vous un redoublement delumire & de liqueur.Et en effet , JiONSEIGNEVR, Vex-prience a fiait connoiftre tout le monde qu'ilvous a eft trs avantageux de puifer dans lesmefmes fources dont j'ay tir mon hifioire. LeConcile gnerai de Nice qui en fiait une partie,


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E P I S T R E.vous avoit appris l'importance des Conciles pro-vinciaux , quand vous avez* ejie Vorgane de toutle Clerg de France pour demander au Roy avectant d'loquence t$ de force le rtabliffement decet ancien ufage , dont une plus longue inter-ruption ne pourroit caufer qu'un trs grand re-lchement dans la difcipline& dans les murs.zAinfi , tMONSEIGNEVR, la vie deS. ^thanafe que je publie maintenant _, eft un-champ fertile d'o les Eve[ques & les Prejlrespeuvent recueillir une abondante moiffon : Etpre's qu'ils auront tir de cefonds la force& lafubfiftance de leurs mes , & la nourriture despeuples , il demeurera toujours inpuifable.

Je fuis entr, ^MONSEIGNEUR 3 dansles travaux desfaints Pres de l'Eglife 3 & deJes pl/4S clbres hiforiens pourfaire cette rcol-te j mais ce n'a point ejl fans beaucoup de pei-ne 5 & fay eu befoin d'une refolution ajfe^ fortepourne pasficcomberfous le poids d 'une figrandeentreprife. Nanmoins 3 sMONSEIGNEVR,Dieu m'afotenupar l 'ejperance du fruit qu'unevie fi exemplaire peut produire dans ceux quila liront avec piet 5 ff je me fuis perfuad quefifa divine Adajefl rpand l 'efj?rit de fa grcefur le corps de cette hifloire que j'aj form detant de parties diffrentes , ceux qui chercheront s'inflruire pounont efire touchez* de cette lon~a iij


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E P I S T R E.me (itte d'venemens extraordinaires 3 ou ledoigt de la providence efi marqufenfiblement.Usy pourront voir, *M ONSEIGNEVR,la realit de ce 'vritable Sage , dont la Philo-fophie profane n'a jamais form qu'une idefortimparfaite. Ils y pourront lire la generofit in-branlable d'un homme de Dieu dont la grces'efi fervy pour la deffenfe de la vrit contre laplus opinitre ^ la plus puisante de toutes leshrefies 3 (S? qui a eu ajfez, de force pour foutenirprefque tout feul tout le poids d'une trs cruellej) trs longue perfecution. Ils pourront remar-quer dans toute la fuitte de cette hifloire qu'il atoujours efl intrpide dans les prils , modrdans les bons fuccs , confiantdans les affichions,par tout uniforme , partout gal luymefme.Ils n auront fans doute qu'une profonde vnra-tion pour cet art divin par lequel il afeu aliierune douceur pleine de condefcendance avec uneforce plus qu'hroque 3 $/ ils rvreront enfaperfonne cette patiencefi merveilleufe qui le re-lev d 'autant plus au dejfus de la plufpart desfaints Evefques } qu'il y en a peu dontDieu aitexerc la vertu par une fi longue preuve 9 l'in-terruption de fes maux , qui ont efl entrecoup-peZjde temps en tempspar une tranquillitpajfa-gere , n'ayant fervy qu' rendre fa croix plusdifficile afupporter.


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E P I S T R E.a^Cais ces tempefies mefmes ,


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E P I S T R E.Je fouhaitterois , *MONSEIGNEVR ;

avoir pu apporter a ce grand dejjein autant delumire que de T^ele.


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AVERTISSEMENT.i Eux qui ont tudi l'hiftoire ecclefiafti-que dans les anciens originaux , & quiont pris plus de foin de confulter lesfources que les ruifTeaux pour en ac-

qurir la connoiffance , ne feront nullement fur-pris de ce que j'ay diffre il long temps publierla vie de S. Athanale, puis qu'ils favent qu'elle eitpleine de tant de difficultez , & entrecouppe detant d'embarras dans la fuitte del plufpart de Cesevenemens,qu'il n'y a rien de plus difficile que de l'-crire avec quelque exacfitude.il eft vray qu'il y a plusde huit ans que je l'avois acheve la premire fois,& qu'elle eult pu paroiftre ds ce temps l fi je mefuffe content de la vouloir rendre difiante. Maiscomme la vrit eft lame de toutes les hiltoires , &particulirement de celles qui ont pour objet de re-prefenter les combats des faints Pres de l'Eglifecontre la malignit & la violence des hrtiques, jen'ay point cr me devoir contenter de ce premiertravail, & j'en ay entrepris un fcond pour examinertout de nouveau fur les originaux ce que j'avais djfait , & y ajouter diverfes chofesque j'avoisomifesd'abord.


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AVERTISSEMENT.On comprendra aifment quel travail je mefuis engag quand j'ay entrepris d'crire la vie d'unSaint que Dieu a (uicit pour s'oppofer l'Aria-nifme pendant plus de cinquante ans. Car (dans le temps mefme que cette herefie eftoit ex-pofe la veu de toute l'Eglife , elle s'eft cou-verte de tant de nuages que les efprits les plus -clairez n'ont prefque point pu en faire le difcerne-ment, il ne faut pas s'tonner qu'aprs plus de treizefiecles on ait tant de peine dmefler les intriguesde fespartifans, & dilcemer leurs diffrentes er-reurs ; ces hommes artificieux aiant puif toute l'ad-dreffede leurs efprits ou iupprimer les vritableshiftoires de leur impiet , ou en fuppofer defauffes.C eit alfez vrayfemblablement ce qui a fait per-dre la polterit les Ates du Concile gnerai deNice, qui nous apprendroient l'origine, le pro-grs, &le dtail de la condamnation de cette er-reur capitale contre la divinit du Verbe ternel, fices monumens authentiques eftoient venus jufques nous , au lieu qu'il ne nous en eit prefque reit queles Canons. Et au contraire l'hiltoire de Philoitorge.qui eit un amas de toutes fortes de fauffetez, & lecomble de l'impudence, s'eltant conferve jufquesau temps dcPhotius,il en a fait un extrait fort ample,qui ne mrite pas d'autre rfutation que la fimpleexpofitionde tous les faits qu'il contient, commeeflant manifcitcment contraires au confentementgnerai de ce que Ion lit de plus avr& de plus cer-tain fur ce fujet dans toute l'antiquit ccclefiaiti-que.


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AVERTISSEMENT.Quant Eufebe Evefque de Cefre en Paleftinequi s'eft rendu fi clbre par l'hiftoire des premiersfiecles de l'Eglife, ce n'eft pas de luy qu'il faut atten-dre les plus pures lumires dont on a befoin pourformer un juite corps de l'hiftoire de S. Athanafe,puis qu'aianteft engage dans lafedte des Ariens,non feulement par les interelts communs d'un mef-me party, mais aufli par la deffenle des meimes dog-mes , il nous doit eftre fufpect en cette matire tantpar l'affectation fi maligne qu'il fait paroiftre dansion filence , que par la manire dont il dguife le fu-jet de la convocation du Concile deNice,pournepas fre paffer fa propre confufon dans tous les fie-cls avenir.

Theodoret eft plus fincere : mais quoy qu'il ait lecccur droit , fon hiftoire ne comprend qu'une petitepartie de l'Arianifme ; & on n'y remarque pas mef-me toute l'exactitude que l'on pouvoit fe promettred'un fi favant auteur ; ce qui nous donne fujet decoire que laplufpart des originaux de cette hiftoireeftoient dj perdus de's fon temps.Plufieurs clbres auteurs de noftrefiecleavoient

dj remarqu un trs -grand nombre de fautesdans 1 hiftoire de Socrate, dont Sozomene n'apref-que eft que le copifte. Et en effet cet hiftoricnaiant fuivi en plufieurs rencontres un ancien au-teur nomm Sabin de la fecte des Macdoniens, ilne faut pas s'tonner qu'il fe foit gar fous la con-duite de ce guide , que l'on peut preiumer raifonna-blement n'avoir pas eft fort fidelle.

Il eft auffi trs-difficile de tirer beaucoup de fe-cours de Gelafe de Cyzique , fi l'on ne prend un foin

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AVERTISSEMENT,tout particulier de difcerner le vray d'avec le faux; &il paroift vifiblement par la manire dont il racontece qui s'eft paiT dans le Concile de Nice , que laconnoifTance en eftoit dj fort altre dans le fiecleo il crivoit.

C'eft une chofe tonnante que S. Epiphane mef-me qui traitte de l'Arianiftne dans fon ouvragecontre toutes les herefies, ne nous ait laifTe fur cefujet que des lumires fort imparfaites , parcequ'aiant eft trop crdule aux relations des Mele-tiens , qui ont dguif i'hiftoire de leur fedte & cel-le des Ariens leurs confederez, il nous amis horsd'eftatdeleconfulter comme l'oracle le plus fur decette hiftoire, dans laquelle il paroift fi peu exa6t,qu'il a crit qu'Anus eftoit mort avant le Concilede Nice, ce qui eft tout fait infotenable.

S. SulpiceSevere qui n'a crit I'hiftoire de l'Egli-fe qu'en abbreg, eft tomb aufti dans de trs-gran-des fautes ;& Paul Orofe a parl fi fuccintementdel'Arianifme, que ce qu il en dit n'eft prefque pointconsidrable.Voil, ce me femble,tous les anciens hiftoriens que

l'on peut confulter fur la vie de S. Athanafe; fi cen'eft que l'on y ajoute encore Ammien Marcellin,qui n'en a parl qu'en pafant, & avec toute la proc-cupation d'un homme environn des tnbres de lafupcrftitionpayenne. Car pour ce qui eft de la viedecefaintEvefquequi fe trouve dans la Biblioth-que de Photius, c'eft l'ouvrage d'un Grec beaucouppofterieur S. Athanafe; & elle eft pleine de tantde fautes qu'elle n'eft capable que de faire tomberdans l'erreur ceux quivoudroients'y arrefter.


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AVERTISSEMENT.Ainfje me fuis trouv oblig de remonter jufques

la fource, & d tudier la vie de S. Athanafe dans S.Athanafe mefme. Mais quoy que ce foit la voye laplus droite & la plus re, nanmoins je n'ayplaprendre fans m'engager dans un travail prefque in-concevable. Car comme S. Athanafe ne fut pastoujours Tordre naturel dans fes relations , il eil dif-ficile de fixer les poques des evenemens qu'ilraconte. Son texte eft mefme corrompu en diversendroits; ce qui m'a cauf d'autant plus de peineque le lieu o mon miniftere m'attache me privedu fecoursdes grandes bibliothques o j'enfle puconfulter les diffrentes ditions , & que je n'ayjamais eft aflez heureux pour voir aucun manu-fcrit de ce Saint. Nannius qui l'a traduit en la-tin, a tellement renverffonfens enplufieurs en-droits, qu'au lieu de nous faire entendre ce qui eftobfcur dans le grec , il a fait tomber en diverfes fau-tes ceux qui ont fuivi (a verfion ; & ceux cy en ontenfuite tromp plusieurs autres par l'autorit qu'ilsavoient acquife.

Mais ncantmoins comme les difficultez des plusgrandes entreprifes ne nous doivent point rebuterquand nous fommes perfuadez de leur utilit, &convaincus de leur importance, j'ay cr qu'en joi-gnant aux ouvrages de S. Athanafe le pangyri-que que S. Grgoire de Nazianze a prononc en ionhonneur , en y ajoutant les Conciles qui fe fonttenus fon fujet , les uvres de Lucifer Evef-que de Cagliari , celles de S. Hilaire de Poitiers,& de quelques auteurs du mefme fiecle , il yen auroir, aflez pour mettre cette vie dans fou

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AVERTISSEMENT.jour , & pour en rapporter les evenemens flonleur ordre.

C'eft cette efperance qui m'a fait refoudre taf-cherde cueillir des fleurs & des fruits au milieu detant d'pines-, &ne pouvant crire la vie de S. Atha-nafe fans y faire entrer celle de plufieurs Saints tres-illuftres du mefme temps , & ce que lhiftoire del'Eglife renferme de plus confiderable pendant prsd'unfiecle, j'ay trouv cet employfi conforme laprofeflion d'un Thologien, &c fi digne d'occuperun Preftre, que je m'y luis engag avec une fecret-te conlblation.

Et en effet on n'y trouvera pas feulement la viede ce grand Saint, mais aulli celle de S. Alexan-dre fon predeceffeur dans le fiege d'Alexandriecelle de S. Euftathe d'Antioche, celle de S. PaulEvefque de Confhntinople, deS.Denys de Mi-lan , de S. Eukbe de Verceil , de S. Hilaire dePoitiers, dOfius fameux Eveique de Cordoiie, desPapes Jules & Libre, & de plufieurs autres Saints.Et comme les diffrentes rvolutions de l'empireRomain ont fouvent ou allum, ourallenti, ou faitccifer la perfecution de S. Athanafe & celle de toutel'Eglife dont il eftoitle deffenfeur, j'ay elle obligde remarquer les plus confiderables evenemens quifont arrivez fous le rgne du grand Conftantin, fousceluydefes trois fils, de Julien l'Apoftat, de Jovien,& de Valens ; ce qui eft d'une prodigieufe tendue.

J'ay mefme jug que l'hiftoire de S. Milles & desautres Martyrs de Perfe pourroit trouver fa placedans la vie de S. Athanafe , & que les circonftancesdifiantes dont ces Adlesfont remplis, pourroient


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AVERTISSEMENT.d'autant plus en eftre les orncmens,que perfonne neles a encore rapportez en noftre langue.

La recherche pure de la vrit a donc eft l'uni-que voye que je me fuis propofe dans tout mon tra-vail. Mais afin que tout le monde en puft eifre di-fie' , jen'ay pas voulu interrompre le fil de ma nar-ration par l'examen des difficultez qui concernentla critique, &qui ne iont pas proportionnes lacapacit de toutes fortes de perlonnes. Auih elleseitoient en fi grand nombre qu'il n'y euft eu rien deplus ennuyeux que d'en faire ladifcufion au milieudu corps de l'ouvrage -, de forte qu'il a elfe abfolu-ment neceiaire de les mettre part fous le titre d'E-claircifTemens -, fi ce n'ell en quelques endroits affezcourts o elles fervent de liaifon.On verra dans ces EclaircifTemens que je tafche derendre compte de tout ce qui peut paroiftre nou-veau ou dans Tordre c la fuitre de mon hilloire, oudans la manire de rapporter quelques faits ; &c l'ony trouvera plufieurs choies que je ne propole quecomme de (impies conjectures, quand je ne trouverien d'affez decififdans l'antiquit pour en parlerplus hardiment.

J'y rfute en tant d'endroits le Miniftre Blon-del & quelques autres auteurs de fa religion ,que l'on ne pourroit fans injuftice m'aceufer deles avoir pris pour mes guides dans ledifeernementdes faits. Et quoy que je m'loigne aifez lou-vent du fentiment du Cardinal Baromus , je lefotiens nanmoins en tant de rencontres con-tre quelques-uns de fes cenfeurs, que l'on ne mepeut reprocher avec fondement aucune mali-


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AVERTISSEMENT,snit contre cetilluftre auceur des Annales de TE-glife.

J'ay fouvent marqu la marge le chiffre des pa-ges de S. Athanafe , parceque comme Tes traittezfont fort longs, & ne font pas diftinguez par cha-pitres, j'ay cr devoir pargner en cela la peine deceux qui voudront confronter mes citations fur letexte original j & je les dois avertir que l'dition deS. Athanafe que j'ay fuivie eft celle qui fe donna Paris en grec c en latin l'an 1617. J'ay citSocra-te & Sozomene flon la diftinc-tion des chapitresqui ell dans l'dition de Chriftophorfon , parceque lors que j'achevay la premire fois cette vie,le docte Monfieur Valois n'avoit pas encore mis enlumire l'excellente traduction de ces deux auteursdont il a enrichi le public.

Apres tout , je me condamnerois moy mefmed'une extrme tmrit, fi j'avois excut une figrande entreprife fans conlulter ceux de mes amisqui ont le plus de pntration& d'intelligence deces matires. J'ay fouvent emprunt leurs lumiresavant que de les communiquer aux autres. Je meluis fournis leur jugement avant que dem'expofera celuy du public : Et bien loin de m'eriger en cen-feur univerlel de tous les auteurs clbres, je feraytoujours tres-difpof couter avec beaucoup dedocilit ceux qui auront la charit de m'inltruire.Je voudrois icy pouvoir tmoigner ma reconnoiflance a ceux qui m'ont fait cette faveur -y mais leurmodeftie eil un obftacle cette dclaration , &m'empcfche de dire icy tout ce que je fouhaitte-rois touchant le fecours que j'en ay receu.

L'amour


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AVERTISSEMENT.L'amour que Dieu m'a donn pour fEglife

m'aiant fait entreprendre ce travail, je revereraytoute ma vie Ton autorit, & fes dcidons me fe-ront toujours des loix inviolables. Les Ariens quiluy ont dclar la guerre, ne font pas tellement -teints , qu'ils ne revivent encore en la perfonne desSocinicns qui fe font multipliez en plufieurs en-droits du Nord, & qui n'ont point pargn dansleurs crits la perfonne de S. Athanafe. Mais lafincerit avec laquelle j'ay tafch d'crire fa vie,pourra fervir les convaincre dimpolture tout denouveau ; & pour peu que Ton ait d'quit, on feraoblig de convenir que l'on ne peut fltrir la rputa-tion de ce grand Saint qu'en renouvellant des ca-lomnies dtruites par la voix de la vrit, & parleconfentement de toute la terre pendant plufieursfiecles.

J'attends du fecours du ciel les bndictionsneceiTaires un travail qui peut contribuer nonfeulement affermir les Catholiques dans la vri-table crance de nos myfteres , mais aufTi tablirles Chreftiens dans les maximes d'une folide piet,& d'une entire foumiflon aux ordres de la provi-dence , qui n'a fait pafTer S. Athanafe par tant detours & de retours,que pour couronner plus glorieu-fement fa fermet & fa confiance.


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EXTRAIT BV PRIVILEGE BV ROY.[p^&gs1

, A F- Lettres Patentes du Roy donnes Paris le 20. jour| | 0*i ^e May 1670. fgnes Maboul, & fcelles du grandf:v4^^1 Sceau c' e c ' re j aune mr fimple queue : Il eft permis Bgayrg,ffi i Jean du Pui s Libraire & Imprimeur Paris, d'im-primer ou faire imprimer un Livre intitul, La Vie de S. AthanafePatriarche d'Alexandrie : Compofe par le Sieur GodefroyH e r m a n t Dotteur de Sorbonne , & ce durant le temps & efpaccde dix annes, compter du jour qu'il fera achev d'imprimer : Ecdeffenies font faites toutes perfonnes de quelque qualit & conditionqu'elles foient, d'imprimer ou faire imprimer ledit livre, ny mefmed'en vendre de contrefaits , peine de quinze cens livres d'amende,de confifeation des Exemplaires contrefaits , de Preffes, Caractresqui y auront fervi , & de tous dpens , dommages & interefts , commeil eft plus amplement port par lefdites Lettres.Et ledit du Puis a fait part du Privilge cy-deflus PierreA u b o 1 n , pour en jouir fuivant l'accord fait entr'eux.

T^jiftrfurie Livre de la Communaut des Libraires r Imprimeurs*fuivant & conformment ai ArreftduParlementdu% . AvriliCtf.

S ign j Louis SevbstreS yndic.Achev d'imprimer pour la premire fois le 1. Juin 167 1.

Les Exemplaires ont efl fournis.


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Approbations de MeiTeigneurs les Prlats.approbation de Monfeigneur VArchevefque de Sens.LE grand S. Athanafc cft un parfait modle pour tous les Evefqucs. Sa conduiteleur apprend comment ils doivent joindre au rclpect & i'obelfancc qui! faut

tendre aux Souverains, le zle qu'ils l'ont obligez d'avoir pour la dcfFenfcdes veri-tezdela foy & des rgles lintes de l'Eglifc. Ce grand homme a paru galement l'preuve des |.erfecutions,& des vaincs cfperanet s de la fortune; & la lecture del'Iiiftoire de (a vie doit porter tous les vritables enfans de l'Eglifc demanderaDieu qu'il luy donne dans tous les temps en la peifonncde les Prlats de pareils de-fenfeurs , & aufli intrpides que ce grand Evefque. L'Auteur en a recucilly toutes lescirconftanccsavec tant de fidlit & d'exactitude, & il l'a crite avec tant de piet,que nous lbmmcs perfuadez , aprs l'avoir lue fort exactement , qu'elle fera utile toute forte de pcrlbnnes , & que ceux qui la liront concevront combien cft grand,liant c lev l'efpritqiii anime l'Eglifc, & qui doit animer fes Paftcurs, puisqu'ila donne la force faim Athanafc de refifter prelquelcul pendant plus de quaranteannes toutes ies puiflancesde la terre & de l'enter, pour fotenir la Divinit deJ e s u s-C H R i s t & la difeipline de fa fainte E poule , au milieu des perfecutionsquienavoient abbatu ou branl prefque toutes les colomnes. Donn Sens Je di-xime jour du mois de May 1671.Louis Henry de GondRin Archcvefquc de Sens.De Monfeigneur TEvefque& Comte de Chaulons ,Tair de France.TOus les Chrcltfcns qui aiment vritablement noftrc Seigneur Jesus-Christ,font obligez de s'intereller la gloire de S. Athanafc, ledcrR-nfeur invincible de

la Divinit du Fiisdc Dieu, & rien ne pouvoir relever davantage les travaux & lesvertusde cegrand Saint , que cette admirable biftoire d'une vie lluftrc. Tout yeftproportionn la grandeur du fujet , & plein de force & d'dification tout enlcmble.Les Evelques y trouveront un excellent modle dcfagefle & de fermet apoftoliqriepour la derFenle de l'Eglifc , & les fidelles de quelque condition qu'ils (oient , de bellesiolides inftrudtionsdu refpect & de l'amour qu'ils doivent avoir pour elle. Fait Joinvillece 16. jour de May 167 1. F e l i x E. & C. de Chaalons.

T>e iJM onfeigneur VSvefque de Tournay.LA Vie de S. Athanafc cft un fi grand exemple de fermet dans la fc-y de l'Eglifc,ju'il n'y a point de fidelles qui elle ne puilfc cftrc une tics-utile inftruction.Mais fur tout la vigueur epifcopale y paroift dans toute fa plnitude, & nulle lectu-re n'eft plus propreaux Prclatsque celle de cette hiftoirc fainte Monficur Hermancqui nous la donne en noftre langue, l'a crite exactement , fi loquemment, &avec tant d'rudition 8c de piet,qu'il auroit fait une efpecc d'injufticc au public de laluyrefufer. C'eft le jugementque j'en fais aprs l'avoir lue avec beaucoup de foin ;& je croy que non feulement la critique la plus fine ne trouvera rien dans cet excel-lent ouvrage qui foit conttaire la foy Catholique ou aux bonnes murs : maisque tous ceux qui le liront,en recevront beaucoup de fatisfaction & en feront trs-difiez- Donne Tournay le 19. d'Avril 1671.Gilbert Evefque de Tournay."De Monfeigneur ["Evefque & Comte de BeauvaUiPair de France.T3 u s ceux qui aiment J e s u s-C H R 1 s r & (on Eglifc rvreront jufqucs a lafin du monde le nom & le mrite de S. Athanafe , qui a fotenu avec une fagefleplus qu'humaine & une vigueur vritablement apoftoliquc, la Divinit du Vctbe

ternel, & les droits inviolables de cette chafte Epoufe du S.Efprit. C'eft ce qui me


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Approbations.fait cfpercr que I'hiftoircdefa vie, que M Hermant Do&cur JcSorbonnea criteavec l'on loquence ordinaire, l'ayant recueillie avec beaucoup de foin des plus c-lbres monumens de l'antiquit, ne fera pas moins l'tonnement & l'dification denoftrc ficel, qu'elle a eft l'honneur & la gloire de celuy pendant lequel il a vefeu,& que tous les ridelles depuis les Prlats |ii(qucs aux moindres des laques, y ap-prendront fervir Dieu fans tideur , & d'une manire digne de luy. Comme ce li-vre dont j'ay Couvent oiiy la lecture avec beaucoup de fatisfaction de la bouche mef-me de l'Auteur, a pris naillancc dans mon diocefc , & paroift maint liant la facede toute l'Eglifc , on voit alfez que j'ay des raifons particulires pour luy l'oiihaiterles bnficiions du Ciel , & pour en recommander la lecture tous ceux que Dieu aconfiez ma conduite; afin que les grandes veritez & les grands exemples dont cetexcellent ouvrage eft rempli , trouvent des imitateurs parmy ceux qui s'en inftrui-ront , & qu'il inipire aux Chreflicns un zele aident pour les interdis de Dieu, &pour leur propre (alut. C'cft leluccsque je luy fouhaitc aprs avoir dclar que je'ay trouv tout--fait conforme aux fentimens de la toy, aux rgles de la piet Chrc-fticnne, & aux doomes de la morale evangelique. Donn Creildans le cours denofhe viiitc, le 6. May 1671. Nicolas E. & C. de Beauvais.

De M onfeigneur l'Svefque Comte de Noyon,?air de France.Franois de Clermont par la Grce de Dieu Evefque Comte de NoyonPair de France. La gloire couronne les Saints dans le Ciel : la grce qui les fait

les donne l'Eglife , & la Providence a foin d'en confcrvcrprccieuicmcnt la mmoi-re fur la terre dans les fidelles archives des hiftoircs lacres. C'elt ce qui nous pa-roift auii fneercment qu'heureufement accomply dans le livre de la vie du grandS. Athanafc,que l'Auteur s'eft enfin refolu d'accorder autant ou plus aux beloinsqu'aux inftances du public , pour en clairer l'erreur avec de G vives lumires , ani-mer la langueur par un zelefi fcivent,& fortifier la foiblclfcla veti'dc tant de puif-fans exemples. Les circonftanccs particulires qu'il a recherches , les faintesmaximes qu'il cniigne, & les )uftes conlequcnccs qu'il en tire, ajoutent im-perceptiblement aux qualitez d'exact hiftorien & d'loquent orateur, celle deprdicateur evangelique : & fans qu'aucune des trois Se detruife, en dilant ce quecet incomparable l'rclat a fait en plufieurs diffrentes & difficiles occafions , il prou-ve tout le monde ce qu'il faut faire. Tel eft le jugement que nous formons de cetexcellent ouvrage que nous eftimons utile , & mcfme neceifairc pour inlpircr l'a-mour & ladeffenfede la verir , & qui par confequent doit eftre univerlcllementapprouv comme le modclle de la conduite des parfaits Evefques , le fruit des tra-vaux d'un digne Picftrc, & l'objet de la vnration des vritables Chreflicns. Donne Noyon dans noftre palais epilcopal, ce vingt-ciuquime de Mars mille fix canefoixarite & onze.

f. F R. d s Clermont E. Comte de Noyon.Approbations des Docteurs.

approbation de iJM' . le Vaillant DoEleur en Thologie de la maifottde Navarre , rj Cur de S. Chriftophe.

SI la vie de S. Athanafc a eft mene & conduite autrefois par une lumire 8c unevertu toute extraordinaire, on peut dire aufli qu'elle eft crite aujourd'huy avecune addrefle & une loquence bien particulire , & d'autant plus mon avis qu'ony dcouvre jar tout un mlange & un tcmpcrammeiu admirable d'hiftoirc, de


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Approbations.louange, & d'inftruction. Les rgles de- l'hiftoucy font exactement gardes dansl'ordre & le temps de ces grandes veritez , qucl'illuflrc deffenfeurde la Divinit deJsus-Christ a preique feulconftamment loutcnus. La louange s'y joint Seluit neceffairement par une inclination qu'elle a de retourner ecluy , qui parfesactions mci vciileufes l'a fi juftement mrite. Ht I'infti uftion fe tire de l'exemple Sedes paroles d'un homme , (ans lequel Dieu mcfme euft paru comme muet Se morttout enfemble, puilque rhcrefctafchantdc luy ravir la gloire d'avoir engendr lofils, elle vouloitaufli luy ofter la parole & la vie: DtHsmutis,0> Deus mortuut.Mais que tout cil vif Se anime dans cette belle vie que nous approuvons! Le PcrcEternel y parle & vit dans le Fils, le Fils dans le Saint, le Saint dans l'Auteur,l'Auteur dans fon ouvrage toujours lumineux , toujours clattant, toujours diver-fifi; foit qu'il narre, foit qu'il loic , foit qu'il inftruife. Ajoutons aslfiquece rare& excellent crit vivra auffi dans la mmoire & dans le cur de tous ceux qui leconfidereront comme j'ay fait fans prjug & (ans envie. Ils ne jugeront pas feule-ment qu'il n'avance rien de contraire la foyde l'Eglife ny aux bonnes murs ; ilsfc verront de plus comme forcez de l'couter & l'entendre lansdgouft, de le loiietavec fincerit, & de recevoir les enfeignemens avec autant de plaifir que d'utilit.A paris le premier Avril 1671.

A. li Vaillant."De


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Approbations.chofestres-curicufes & trs- recherches appartenantes l'hiftoirc de l'Egliic &r aatemps de ce Saint , il le compofe & le forme, flon ce qui a rendu fa vie toute clat-tante pour luy , toute pleine d'dification pour fon fiecle, & toute pleine de modclles& de matires d'imitation pour le noftrc. Son cfprit tout angelique s'y voit fanseftrctcrny d'aucun nuage qui le dfigure: fes murs toutes pures & toutes faintes yfont affermies contre l'envie la plus envenime ; fa foy faine & orthodoxe y triom-phe toujours ; fon zle pour l'eftablir y eft confiant , ion travail pour la dcfR-ndrc in-fatigable, fon couraga pour la fotenir intrpide , fa fermet inbranlable & to-ours la mefme, fous des nues de confpirations formes contre luy , fous les mena-ces , les exils, les proferiptions. Et pour le dire en un mot , c'eft moins icy S. Atha-nafe repicfent^quc la mefme vertu portraitc fous fon auguft nom , qui l'exprime &l'abbiegc toute, & fous laquelle ce Saint fc fait voir comme faint Jean Chryfoftomevoyoit S. Paul dans les Epiftres de cet Apoftre. Ilfalloitune main aufli hardie quecelledccet auteur pour faire une pice autant acheve que cellc-cy, pour entrepren-dre ce prodigieux travail, & pour le portraire avec une mervcilleufe reflcmblanccde ce qu'il cftoit fur la terre, avant que Dieu euft coronn fes vertus dans le Ciel. Lafoy de cet homme apoftolique citant devenue celle de l'Egliic ,qui luy en fait fi fou-vent hommage dans le fymbole qu'on luy attribue , il eft efperer que fes vertus &fes murs qui font mitesieyen leur jour, deviendront pareillement les murs &les vertus , 6c de ceux qui foticnnent la dodrine de l'Egliic par leurs illuftres ca-ractres , & de ceux qui compofent & forment fon corps en qualit de fimples fidcl-leSjlcsuns & les autres trouvant icy partager entr'eux cette foule de vertus que cegrand Saint avoit toutes riinics en luy avec tant de perfection, qu'elles l'ont mis encftat d'efnc juftement appelle le Saint de toutes les vernis-, ainfi qu'il a voulu appel-lcr luy mefme un autre Saint de fon ficel. Cette vicie peut donc lirceftant touteconforme la foy de l'Eglifc Catholique , & aux murs qu'elle profefle. A Paris ce10. Avril 1671. G B. s n ex Doflcur de la maifon & Socit ds Sorbon-

nc, & Cur de S. Bcnoift.1>e tfW. Chaffebras Dotleur en Thologie de la maifon & focitt deSorbonne , Archiprefire & Cure de la


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Approations.De *JM'. Fortin rDofteur en Thologie de la Facult de Paris , Provifeurdu Collge d'Harcourt. Tte e


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Approbations.De M. Petitpied Dofteur en Thologie de la mai/on & fociett de

Sorbonne.LA crance de la Divinit du Fils de Dieu qui nous fait vritablement Chreftiens,a produit des Docteurs dans tous les ficels ; mais elle n'a jamais cft fotenupar des deffenfeurs plus gnreux , que lors qu'elle a cft expofe la violence de lesplus cruels ennemis ; Si par une conduite autant furprenante qu'admirable del Pro-vidence divine , ceux qui ont voulu rpandre les tnbres de leurs erreurs fur ce m y-ftercincomprehenfiblc, & qui ont entrepris d'ofter J e su s-C h r is t l'hom-mage que les Catholiques luy doivent comme au Fils de Dieu , & que tant de Mar-tyrs luy ont conferv aux dpens de leur fang , n'ont fait qu'accroiftie la force de fe*rayons, & l'clat de fa lumire. Comme il n'eftoit pas pofible que Jesus-Christperdift le mrite de fon fang precieux , & que la malice des nommes luy oftaft laqualit de Fils de Dieu, auit ne fe pouvoit-il faire que la tmrit d'Arius euftlaforce d'oppiimer la vrit Catholique. Mais en melmc temps que l'enfer produi-sit cet herefiarque pour empoifonner les ames par fa doctrine pernicieufe , le Cielproduifoit le grand S. Athanafe pour dtruire par les armes de la Tradition divine,ceux quioppofoientla crance univerfellc de l'Eglife l'orgueil des dmons Si lafubtilitedes philofophcs. S. Grgoire de Nazianze dans l'orailbn il, qu'il a com-pofee en mmoire du grand Athanafe Archevcfquc d'Alexandrie , nous apprendqu'en faifant l'loge d'Athanafc, c'eft faire l'elogc de la vertu , & que prononcer fonnom , c'eft faire le panegyriquede la vertu mcfme. A3"aiaW 'raiiu , ^fcTljm.M'-Qua-i. Tout )h cc'i te axiit x, afiiluL iirainimi Que fi quelqu'un s'eft acquittdignement de cette fainte entrcprifaprcsS. Grgoire de Nazianze , c'eft l'Auteurde cette Vie de S. Athanafe &c. parce qu'eftant entr parfaitement dans les fentimensde l'Eglife , il dveloppe avec une clart mcrvcilleufc les richelTes de la Tradition,&la fuite de plufieurs annes. Il fait parler aux Conciles & aux Papes lemelme langa-ge qu'ils tiendtoicnt s'ils eftoient eux-mefmcs les ridelles interprtes de leurs pen-fes. Il ajoute leraifonnement l'autorit. Il mcfle la piet l'loquence. Sa pro-fonde rudition difie ceux qu'il inftruit , & fa charit en feigne ceux qu'il a convain-cus. C'eft le jugement que je dois rendre la vrit qui me doit eftre plus precieufeque la vie, aprs avoir jur & promis fadeffenfe fur l'autel des faints Martyrs. Etaprs avoir Jou Dieu de ce qu'il a donn ce favant thologien toutes les qualitczqui (ont necciTanespour rendre l'Eglife Catholique un fervice fignaldans le be loinfi preflant qu'elle en avoit, je fouhaitequc les fidelles fe rendent tant de pures lu-mires , & que les lecteurs les fanent palier de leurs cfpnts dans leurs curs , com-me ne contenant rien que de trcs-confoime la doctrine Catholique, Apoftolique& Romaine. Fait Paris en Sorbonne ce 11. de Mars 1671.N. Pititpied.

*De .M. Faure Dotleur en Thologie de la Facult' de Paris.QUo y que l'hiftoirc de l'Eglife Gallicane nous reprefente plufieurs Evefqucs,

lont la piet, la fermet, & l'rudition peuvent fumTammcnt animer leursluco-iiurs- imiter ces grands exemples, comme ils font les heritiets de leurs fiegcs& de leur autorit ; jenedoutepasque cette mefmc Eglile ne regarde comme unfecours contiJciablc la vie de S. Athanafe compolc par M. Hcrmant , auteur aflezconnu par lcscxcellcns ouvrages qu'il a donnez au public. Ce grand Saint a inftruitl'Eglife d'Egypteiil a efte la langue &|la plume de l'Eglife univerfellc contre les enne-mis du Fils de Dieu : il a fervi d'exemple tous les gnreux Evefqucs qui ont du de-

puis


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Approbations.puis fbutenuavee une confiance digne de leur caractre les veritezdc la Religion. Siles barbares & les infidellcs ontquafi eftcinr la puret du Chriftianifme dans Ion pays,il re retire prefentement dans l'Eglife de France comme dans un afyle allure, o il netrouvera pas moins de lumire, de zele, & dccliarit parmy les Collgues , qu'il ena prouve l'ous l'Empire de Conftantin. Si les Paftcurs remarquent dans cet ouvragede "rands exemples de charit, d'une &ge conduite , d'une fermet inbranlable , lespeuples ne feront pas moins difiez du zele & de la faintet des fid lies , qui ibufFri-rent de fi cruelles perlecutions pour ladcffenfede la foy & pour l'innocence de leurEvcique , les favans leront furpi is de voir une hiitoirc fi vafle , fi obfcurc , & enve-loppe d'un fi grand nombre de faits ,traitte avec tant d'ordre & de nettet, enri-chie d'obfeivations & reftitutions de plufieurs palagcs qui ne font pas moins fa-vantes que curieufes. J'aurois louhait que dans un ouvrage qui fera eftim de tousles fidclles , & qui fera indubitablement l'admiration des ficels venir , on et don-n une ide moins defavantagcule d'un ancien auteur ccclcfiaftjquc, qui nous de-vons plufii urs monumensde l'antiquit, qui ne nous inftruifcnt pas moins qu'ils loncutiles rfuter les hrtiques. Fait Paris ce 10. May 1671.

A. F AUR .

1)e Af. "Soi/eau Docteur en Thologie de la maifon & fociet de Sorbon-ne , Doyen de l'Eglife Mtropolitaine de Sens.SAint Athanalc ayant cit pendant fa vie le defFenfeur Se le foutiendela FoyCatholique r& en cette qualit l'objet de la haine & de la violence de toutes lespuilfanccs du monde qui l'ont attaque; il eftoie impoflibled'ecriic la vie de cegrand Evefque de l'Eglife primitive fans y comprendre tout ce qui regarde l'hiftoi-redu temps o il a vefeu. Ceft auffi dequoy l'on peut dire que l'auteur de cet ou-vrage s'eft parfaitement acquitt,n'ayant rien trouv d'obfcur & de cach dans l'an-tiquit concernant les actions de cet Uluftre Saint , qu'il n'ait pntr par fon travail,ou qui ait pu chapper fa docte & favanrc exactitude. Les plus clairez tholo-giens trouveront dans ce livre dequoy s'infhuirc & le rendre, flon les termes deS. Chryfoftomc, des docteurs formidables aux ennemis de la vrit Les Evcfquesy verront un modle admirable du courage & de la fermet qu'ils doivent avoir pourJadeffcndrc. Et les Princes Chreftiens mefmcs y pourroient apprendre par la chiitedes Empereurs qui le lailferent furprendreaux flatteries des Ariens, avec combien deprcaution ils doivent couter ceux qui s'attachent fuivre leur Cour lors qu'ilsleur parlent des affaires de la Religion : parce que n'y ayant pour l'ordinaire quedes veus purement temporelles & humaines, ils ne regardent Couvent l'intereft del'Eglife que par rappoit leur fortune & leurs prtentions. Ce (ont l les fruits qu ilnie lmble qu'on pourra tirer de la lecture de ce livre & qui m'obligent de luy don-ner mon approbation , avec toutes les marques d'eftime dont je fuis capable pour unouvrage de cette imporunce & qui ne peut efhc que tres-utile l'Eglife. Fait Sens.le jour de S. Athanai z. du mois de May 1 671. Bcu'iau.

DeM. Grard Dofteuren Thologie de la Facult de Taris ,& Cha-noine de l'Eglife de 'Beauvais.CE t t 1 viede S.Athanafecft pleine d'une rudition furprenante, & d'une con-noi fiance tics grande de l'hiftoirc; Se jcme perfuade que je ne fera y point (eutdans l'ronnemcnt de voir paroiftre dans le 17 fiecle de l'Eglife , la vie d'un de fesplus illuftres Evefqucs mort il y a treize censans, dans un dtail auffi jufte c auffiexact que s'il n'y en avoit que cinquante ou foixante que les actions qui en font le fu~O


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A PPR.OB ATI ONS.ietfe fartent p*iTcs. Mais comme l'utilit que les fidelles peuvent tirer pour leuefalutdcces hiftoircs, en fait le principal prix au jugement de l'Eglifc, il cft facilede reconnoiftr- que cellc-cy leur m piclentc des moyens tres-puiflns dans la fainedoctrine qu'elle expofe avec autant de claire que d'loquence, & dans cette longuefuite d'actions difiantes , qui ont elle le fruit d'une charit toute Chrcftiennc &vrayement epifcopale. Car que peut-il y avoir dplus difiant & de plu conlblancpour ceux qui aiuunt la vrit , que de voir que Dieu tait lervir d'appuy Se de fou-tic l'Eglifc, qui eft fa maiion , la fermetd'un fcul Evelquc ? Que cet Evelquc,tout accable qu'il paroift , empcfclie de tomber les premires colomnes de cette mef-meEglifc qui eftoient dj branles, ou qu'il relev celles que les artifices &. laviolence des ennemis de la Divinit du Verbeavoicntabbatus ? Quelle preuve plusfcnfiblc peut il y avoir de la perptuit de l'Eglile , que de voir , que lors qu'il lem-ble que Dieu l'abandonne la difcretion de fes ennemis, en permettant que la caufsdevienne celle d'un Evelquc proferit & pcrlccut par toute la puirt'anec de l'EmpireRomain , c'eft pour lors qu'il fait triompher avec plus d'clat cette Epoufe de l'onFils, & que par un rciVorticrcr de la Providence, il fait que les Vierges & les Con-fcflcuis de l'Eglile deviennent les Martyrs de Jsus-Christ, en fc declarancpour l'innocence d'Athanafc perfecut. Lavicdccet homme Apoftolique efc touteremplie de (cmblables evenemens qui apprennent tout enfemblc les plus fubhmesventezdu Chriftianifmc, & la manirre de les pratiquer humblement avec le fecoursde la grce de Jsus- Chris t. C'eft pourquoy elperant que les Pafteurs en re-commanderont avec foin la le dure aux anus qui leur font commifes , il ne nous relieplus que de prier Dieuqu'il farte palier dans nos curs & dans nos mains ces mefinesveritez , qui font prefentement dans le Ciel toute la g'oire du s rand Athanalc, com-mcclles ont efttoutc fa conlolation , pendant les arH:c"tions dont fa vie mortelle aeft continuellement traverlec. J'elpeieavccle fecou.sdu Ciel de m'acquiter ridellement de ce devoir , aprs avoir tmoign l'Eglile que jen'ayrien trouv dans cegtand ouvrage que de conforme fa dorinc, la morale de l'Evangile, & la v-rit de l'hiftoire. Fait Beauvais le vingtime du mois de Mari 167 1.Isaac Anselme Grard Chanoine de Beauvais.De M. Crejf Dotteur en Thologie ,& Doyen de noftre 'Dame du Val

de Provins.IL ne faut que lire le livre intitul , La vie de S . yithanafe Arehevefqnc d'Alexan-drie , pour apprendre avec quelle prcaution les hrtiques ont loin dedeguilerleurs fentimens, afin d'introduire leurs erreurs avec plus de facilite : puifquc l'au-teur de ce bel ouvrage ayaur entrepris de nous rcprclenter la confiance admirable decet illuftre dcffenlcui de la foy contre les petlecuteurs, & de rechercher toutes lescirconftances notables de fa vie , n'a pas manqu de nous dcouvrir les artifices & lesdtours dont les Ariens fe font fervis, pour paroi lire Carholiqucs dans le temps qu'ilstiavailloicnt puiflammciit la dcftrudtion de la vritable docrinc de l'Eglile. C'eftpourquoy ce livre peut beaucoup lervii non feulement pour encourager les fidelles l'exemple d'un fi digne Prlat , de foufftii gencteufemenr pour la derfence de la vri-t ; maisaufli pour viter les piges dangereux des hrtique.-. Jcl'ayl& exami-n, & n'y ay rien trouv qui ne fuft tres-orthodoxe, enfey dequoy j'ay ligne Pa-ris le 6. Mars 1671. C R i s s e'.

LA VE


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LA VIES ATHANA SE-ARCHE VESQUED'ALEXANDRIELIVRE PREMIER.Contenant fa naiflance , fon ducation , & les

principaux evenemens de l'Empire& de l'Eglifependant ce temps-l , jufques au Concile deNice.

Chapitre Premier.Ide gnrale de la vie de ce Saint..

'A Y deflein , avec la grce de Dieu , d'cri-re la vie de S. Athanafe , &. d'expofer auxyeux de tous les fidelles l'image de cet invin-cible Deffenfeur des veritez de noftre Reli-gion contre la plus grande de toutes lesim-pietez , & la plus opiniaftre de toutes les he-

refies. C'eft une entreprife dont la grandeur m'pouvanteavec raiibn , puifqu'lle n'a prefque point de bornes nyA


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i La Vie de S. Athakase,dans l'tendue de f matire , ny dans la varit des eve-nemens qui s'y rencontrent, ny dans le nombre des per-fonnes qui ont eu quelque liaifon avec ce grand Saint pourla caufe de PEglife , ou qui ont fait clater fa confianceepifcopale par leurs perfecutions.

lia eft ou l'ame ou la matire de tous les conciles quife font tenus pendant fa vie j & jamais PEglife n'a veuaflem-blertantde conciles en fi peu de temps. N'eflant encoreque diacre de l'eglife d'Alexandrie , il combatit en prefen-cedetousIesPeresdeNice,c'eft dire de plus de 300.evefques , contre l'herefiarque Arius , c en fa perfonnecontre toutes les puifTances de l'enfer -y &c le fuccs de lavictoire qu'il remporta fur les ennemis dclarez du fils deDieu, le rendit fi odieux cette fe&e , qu'elle fit un capitalde fa ruine, Rejoignit la violence la calomnie pour l'op-primer.Dieu qui l'avoit fait monter fur le fige d'Alexandrieaprs la mort de fon Archevefque , permit que la malicede fes ennemis le depofaft par des jugemens irreguliers -tque f fermet fuft prouve par quatre bannifTemensj quefes protecteurs &. (es amis fufTent traittez comme les enne-mis de PEglife 2c de l'Empire -y que les plus fints evefquesde l'Orient 6c de l'Occident. fufTent relguez pour f feuleoccafion j que l'on outrageaft avec un excs d'inhumanitles preflres les plus orthodoxes , & les vierges les plus fain-tes qui ne vouloient point trahir fa caufe 6c fe fparcr de fcommunion 5 que les papes mefmes fufTent profcrits pouravoir rendu un glorieux tmoignage la puret de fa foy& l'innocence de fa vie 5 enfin que dans le temps mefmeque PEglife commenoit refpireraprsla defraite du pa-ganifme,on vift au milieu de fa tranquillit 2c de fa paix,des outrages auffi fimglans que ceux qui avoient fait gmircette fainte mre pendant que fes enfans eftoient expofez la fureur des idoltres.Ain fi la faintet des papes Se des evefques , la dignit dugrand Conftantin & de cinq autres empereurs, la piet desfolitaires, la puret des vierges chrtiennes, & en unmottout ce qu'il y a eu de grand 6c d'augufte pendant prs d'unfiecle dans l'empire de PEpoufedejEsus-CHiusT, entre


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Livre I. Chapitre I. 3d'une part dans l'hiftoire de S. Athanafe : Et de l'autre onvoitauf que l'aveuglement des payens , la vaine fubtilitdes philofophes , la fureur opiniaftre des Ariens, la noir-ceur Se la malignit de cette herefie , la confpiration desGrands de la Cour Se des princefls envenimes , la ru-nion de toutes les forces du monde Se de l'enfer dans unfeul party , fert de matire la vie de cet homme apofto-lique.De forte que comme S. Grgoire de Nazianze a com-menc autrefois l'loge de ce lint Prlat par cette dcla-ration , Que c'eft louer la vertu mefrne que de louer S. Athanafe', Gregor. Na-on peut dire que c'eft crire l'hiftoire de toute l'Eglife pen- #* orat-dant un fiecle que d'crire celle de ce Saint , qui s'eft rendu

"'fi considrable , que nous ne contons encore aujourd'huyparmy les evefques vraiment orthodoxes Se irrprochablesde fon temps , que ceux qui font demeurez attachez facommunion ce fa deffenfe ; fes perfecuteurs Se fes defer-teurs eftant maintenant fltris dans l'eftime de toute lapofterit catholique.

Certes il ne parut jamais plus vifiblement qu'en fa per-fonne , ce que peut un homme feul pour la deffenfe de tou-te l'Eglife, comme on ne vit jamais plus clairement qu'enla perfonne d'Arius , combien un homme feul eft perni-cieux tous les ridelles. Il faut donc croire que tous ceuxqui font animez d'un faint zle pour les interefts de noftrereligion , liront avec dification une vie dont toutes lescirconftances prefehent le parfait dtachement que doi-vent avoir ceux qui font engagez par la providence fou-tenir les veritez de la foy. Mais noftre France a un intereftparticulier de s'inftruire des fouffrances de S. Athanafe,puifque plufeurs de nos prlats ont eft fes deffenfeurs , Seque la ville de Trves , qui eftoit alors dans l'tendue denos provinces , a eft difie de fa fainte converfation enluy fervant de retraitte pendant fon exil.On voit auf avec confolation dans la fin de cette hiftoi-re , le foin que Dieu prend de combatre du haut du cielpour la protection de ceux qui combatent fur la terre pourfa vrit Se pour fa juftice. Et quand on confidere que cetilluftre gnerai des armes de Jesus-Chbjst meurt paifl-Aij


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4 La Vie de S. Athanase,blement dans fon lie , dans fon fiege archiepifcopal , & aumilieu des embraffemens de fon peuple, aprs quarante-fixannes de combats 6c quatre banniflemens , on adore laprovidence qui ne referve pas toujours la fin des fiecles lajuftification de ceux que nulles confiderations humainesne peuvent dtourner de Iavoyedela piet.Mais plus cette matire eft prcieule Se pleine d'difica-tion, plusjemefens oblig de regretter que S. Grgoirede Nazianze n'ait pas entrepris ce qu'il dclare qu'il auroitfait volontiers, c'eft dire,qu'il n'ait pas crit l'hiftoire deS . Athanafe , au lieu de compofer feulement l'loge de cethomme merveilleux,qu'il pronona quelques annes aprsfa mort dans Conftantinople , la prire de l'empereurTheodofe le Grand, ainfi que nous apprenons du plus an-

Wiiu cre- cien de fes interprtes. Car cet loquent Pre de l'EglifcsGn' grccclue tmoigne qu'il auroit crit avec joye l'hiftoire dejn^m^. S. Athanafe , comme S. Athanafe avoit autrefois crit luymefme la vie de S. Antoine. Et certes il faut avouer n-

tre confufion , que la vie de ces Saints ne devroit eftre cri-te que par d'autres Saints : Et il auroit eft fouhaiter queceluy qui a eft le panegynfte de S. Athanafe, euft eu leloifir ou l'occafion d'en eftre l'hiftorien. Mais puifqueDieu n'a pas permis que nous euffions fon portrait de lamain d'un fi grand peintre , il faut l'entreprendre avectremblement , 6c en emprunter les couleurs de fes critsmefmes , de ceux des faints pres de fon fiecle , 6c des autresauteurs ecclefiaftiques.Le Verbe dont il a eft IedefFenfeur,peutfotenirmafoibleffe dans une fi haute entrepnfe 5 6c ce Saint mefme eftafTez puiflantdans la Cour du Roy des Rois , pour m'obte-nir les lumires 6c les grces que je ne puis me promettrede mon impuifiance. J'efpere au moins de la grce du Predes mifericordes , que je tafcheiay d'apporter dans cet ou-vrage l'humble foumiffion d'un difciple, c que S. Atha-nafe fera mon maiftre 6c mon docteur , comme il eft lefujet de cette hiftoire , dans laquelle nous ne le verrions pasvictorieux de l'erreur& de l'hcrefic , s'il n'avoit choifi pourrgles l'Ecriture 6c la Tradition , qui feront aufli les mien,ncs.


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Livre I. Chapitre II.Chapitre II.

iTaijptnce de S. Athanafc dans la ville d'Alexandrie.'Eglise eftoit encore dans le calme, mais fur le pointL, de fouffrir la plus fanglante de toutes les perfecutionsfous l'empire deDiocletien & de Maximien Ces ennemis

capitaux , lorfque Dieu fitnaiftre S. Athanafe dans la villed'Alexandrie , qui alloit lire arrofe du fang d'une infinitde Martyrs. L'ayant deftin pour eftre un jour le martyr dela vent pendant la paix, il avoit voulu l'affermir dans ladeffenfe de la foy par des exemples domeftiques , de luyfaire trouver dans fa propre ville plufieurs modelles de lageneroiit chrtienne c epifcopale , qui devoit claterdans toutes fes a&ions. Il eftoit il jeune au temps de cette Athanaf.perfecution , que quand il en parle, il ne dit pas ce qu'il a *dsjl,t*r>veu , mais ce qu'il a appris de Ces pres.La ville d'Alexandrie eftoit alors la fconde de toutesles villes du monde. Depuis qu'elle avoit eft baftie parAlexandre le Grand comme un des plus glorieux monu-mens de Ces conqueftes,elIe eftoit devenue clbre par tou-te la terre. Soit que l'on confideraft l'avantage de fa fitua-tion, la fertilit de fon territoire,la magnificence de fes b-timens& de fon port 3 foit que l'on euft gard aux feiencesSe aux arts dont elle faifoit profefTion , elle fembloit l'em-porter fur toutes les autres : Et les rois d'Egypte qui l'a-voient choile pour capitale de leur royaume,l'avoient ren-due 11 illuftre qu'elle ne cedoit qu' Rome feule. AuflilesRomains quiavoient fait cefler la domination de ces prin-ces en la perfonne de Cleopatre , s'eftant rendu maiftresde toute l'Egypte , avoient toujours conferv la fplendeurde cette ville-, & la qualit de citoyen d'Alexandrie leureftoit f conliderable, que les empereurs endonnoient deslettres avec plus de prcaution &: de referve , qu'ils n'au-roientfait pour donner la qualit de citoyen Romain , des perfonnes dont ils euflnt voulu recompenfer le mrite.

Mais quoyque ces avantages fignalez eufTent acquis Alexandrie le nom de Ville par excellence , auffi bien qu'A iij


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d La Vie de S. Athanase.celle de Rome ; nanmoins fa grandeur eccleflaftiqueeftoit encore prfrable fonclat temporel. Car S. Pier-re avoit fond cette eglife par fon diciple S. Marc ; Sec'eftoit le fcond fiege Patriarchal de ce Prince des Apo-ftres ; I'evcfque d'Alexandrie n'ayant aucun prlat audeflus de luy que celuy de Rome , Se tenant un rang d'hon-neur au deflus de celuy d'Antioche mcfme. Les plus fa-vans hommes des premiers flecles de l'Eglife avoient eftinflruits dans l'cole de cette eglife patriarchale. S. Cl-ment d'Alexandrie Se IefavantOrigene en avoient eft lesprincipaux ornemens. S. Heracle 6c S.Denys,dont le der-nier a eft l'un des plus clbres prlats du troifime fecle,avoient eft inftruits tous deux dans cette cole clbre, Seenavoict enfuitte eft les maiftres,avant que d'eftre levez la dignit d'archevefques d'Alexandrie: oeil n'y avoit pasencore longtemps que Theonas n'y avoit pas moins fleurypar la rputation de fa fcience, que par toutes les vertus quieftoient montes avec luy fur cette chaire patriarchale.Ce fut cette grande ville que Dieu choifit entre tous leslieux du monde pour donner la naiflance S. Athanafecomme il avoit choifi S. Athanafe de toute ternit poureftre le pre Se le pafteur defes citoyens Se de fes frres,fur ce fcond fiege de S. Pierre. Et il paroiftaflez qu'il

jtZlT.'t'. eftoit- originaire d'Alexandrie , puifque Confiance le rap-79- 770. pellant, dit qu'il le veut rtablir dans fa patrie Se dans fa?r'*Anl-~ raa on paternelle : Se il prend luy-mefme fa patrie Se fonnos. eglife pour la mefme chofe.

L'antiquit ne nous apprend prefque rien de Ces parens.Un auteur Grec qui a cfcntfivie plufieurs fecles aprs famort , tmoigne qu'ils eftoient tres-nobles Se de trs-grande piet. Mais il ne nous en marque pas lenom , & necite aucun auteur pour garand de ce qu'il avance. Tout ceque l'on en peut dire de plus afleur , cft qu'ils eftoientcatholiques , Se qu'ils fe trouvrent engagez dans laper-

. ,. fecutionde ce Saint. Car nous apprenons de luy-mefme,Id.adSli- r i rri j "Utor.p. 8i 7 . que la tante citant morte durant la tyrannie de Grgoirel'un des ufurpatcurs de fon fiege, ce barbare aprs l'avoirperfecute pendant fa vie , ne voulut point permettrequ'on l'enterrait aprs fa mort } de forte que fi ceux qui

Athanaf.


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Livre I. Chapitre II. yluy rendirent ce devoir n'euflent fait pafler Ton corpspourceluy d'un autre mort qui leur appartenoit, ellefe-roit demeure en effet fans fepulture.On voit auffi par une lettre de ce mefme Saint qui fetrouve avec les oeuvres de Lucifer evefque de Cagliari , &qu'il peut luy avoir critte vers l'an 358. qu'il fe plaint quedepuis le temps de fa perfecution , il n'a point eu feule-ment la libert de voir les parens qu'il avoit , parce queles Ariens avoient tant de loin d'obferver les chemins , &d'examiner ceux qui entroient dans la ville d'Alexandrieou qui en fortoient, qu'il avoit eft priv de cette confo-Jation. Comme nous n'avons cette lettre qu'en latin, Tcftis eftl'expreffion dont il fe fert femble marquer que fon pre Dominus& fa mre ont vcu jufqu' une extrme vieillene, c qu'ils 5^*^cdemeuroient encore Alexandrie quand il fouflenoit ce quos ha-g^nd orage. *&$Voil tout ce que nous avons defes parens. Et fi Dieu LHdf.f.^6.n'a point permis que nous en feeuffions davantage , c'eftqu'ayant refolu de faire clatter la vertu miraculeufe de fagrce dans la conduite de ce Saint , qui eft le plus parfaitmodelle de tout ce qu'il y a jamais eu de plus gnreux&de plus lluftre dans l'Eglife , il n'a pas voulu nous le faireconfiderer par les avantages extrieurs que l'on tire de lachair & du fang , & a traitt cet homme tout Apofloli-que comme il avoit fait la plufpart de fes Apoftres , dequi nous nelifons rien fur ce fujet que le lieu de leurnaif-fance.

Chapitre III.Enfance de S. Athanafe. De ce qui eft rapport de luy qu'ilbaptifa quelques petits enfans en jouant avec eux.

Quelles furent fes tudes.TOUT ce que nous avons de l'enfance de S. Athana-fe fe rduit une feule action afTez douteufe , queplufieurs ont confdre comme un prefage de toute fa viej Rup, iuvoicy comment Rufin la raconte. Ceux de la ville d'A- 1. 14.


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8 La Vie de S. Athanase,lexandrie avoient accouftum de clbrer tous les ansavec beaucoup defolcmnit c de pompe, la ferle de S.

Tufeb. I. 7. Pierre leur archevefque , qui avoit fouffert le martyre lac ~ '% neuvime anne de la perfecution de Diocletien. SaintAlexandre archevefque d'Alexandrie , ayant clbrecette grande fefte avec Ton peuple , &: offert les fints my-fteres, attendoit quelques perfonnes qui dvoient venirdifner chez luy. Comme il eftoit feul dans fa chambre , il'jetta les yeux du coll de la mer, Se vit de loin quelquesenfans qui joiioient enfemblefur le rivage, reprefentantdans leur divertifTement ce que font d'ordinaire les evel-ques , c ce quife pratiquedans I'Eghfe.D'abord iJ prit plaifir ce fpe&acle , parce qu'il luyfembloit innocent, & que cette imitation des choies fain-tes 'avoit en elle-melme aucun apparence de danger.Mais quand il vit que ces enfans alloient plus loin c paf-foient la reprefentation de tout cequ'ilyadeplusfecret& de plus faint dans nos myfleres ; le trouble qu'il en ref-fentiten luy mefme, l'obligea d'appeller quelques-uns desplus coniiderables de fon clerg , pour leur monflrer ceque faifoient ces enfans. En mefme temps ayant comman-d qu'on les fin: tous vt--"'- vers luy, il leur demanda quel-le eftoit cette forte de jeu auquel ils fe divcrtifTbicnt , dequelles paroles ils s'eftoient fervis, & quelles fortes- d'a-ctions ils y avoient pratiques.La demande de ce faint pr-lat ayant pouvant ces enfans t ils ne vouloient pas luyRpondre. Mais comme il les prefTa d'avouer tout, ils-luydclarrent que l'un d'entr'eux, favoir Athanafe, avoirefl le chef de toute la troupe, & avoitfaitleperfonnaged'Evefque, bc qu'en cette qualit il avoit baptiz quelquesenfans , quijufques l n'avoient pas encore receu le baptef-me. S. Alexandre s'informa d'eux exactement de ce queleur avoit dit cet Evefque enfant , ce qu'il avoit fait danscejeu, quelle rponfe ils luy avoient Elite de leur part, &quelle inftruction ils avoient recec de luy. Sur quoy ayantremarque que tout ce qui fc pratique dans l'administrationdu baptefme avoit efl obferv exactement en cette ren-contre, & ayant pris l'avis des Prcftres qui efloient auprsde luyjil approuva ce baptefmc,defFendit de rebaptizer ces

enfans


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Livre I. Chapitre III. 9enfans , qui venoLnt de recevoir la grce de Dieu dansune grande (implicite , &fe contenta d'achever en eux lesautres myfteres qui ne fe donnent que par des perfonnesonfacres. Et quant S. Athanafe & aux autres enfansqui avoient fait en cette rencontre l'office de preftres &la fonction de diacres , il les donna leurs parens en laprefence de Dieu qu'il prit tmoin,pour les faire inftruirecomme des perfonnes deftmes au miniflere de I'Eglife , &qui dvoient s'acquiter unjour effectivement des mefmeschofes qu'ils venoient de pratiquer dans le jeu. Quclqu;temps aprs, il fit venir S. Athanafe chez luy pour y de-meurer, & s'en fervit pour crire. De forte qu'ayant eftlev dans la connoifTance de la grammaire &; de la rh-torique , il devint tres-confiderable lorfqu'ii fut arriv unge plus avanc , & pafla pour un homme fage &: loquentdans l'eftime de tous ceux qui eurent quelque habitudeavec luy avant fon epifeopat.

Voil ce que nous rapporte Rufin, touchant l'enfance&. l'ducation de nofbre Saint, &c il dit l'avoir appris deceux mefmes qui avoient vcu avec fint Athanafe. Maisquoyqu'il l'ait perfuad quelques auteurs , dont nan-moins les plus anciens n'en parlent qu'avec quelque dou-te, ce qu'il dit de l'approbation donne par faint Alexan-dre au baptme de ces enfans , eft une conduite fi extraor-dinaire qu'elle ne peut fervir de rgle dans l'ufage deI'Eglife. Et cela feul effc capable de faire rvoquer endoute la vrit de cette hiftoire, quand mefme il ne fe- Edamif-roitpas trs- difficile de l'accorder avec l'ge de noftre menul-Saint.Quant fon ducation dans les feiences humaines quifont neceflaires aux grands prlats , nous apprenons deS. Grgoire de Nazianze, qu'aprs avoir paft quelque c , Gregor.peu de temps dans cette forte d'exercice pour ne point pa-roiftre entirement ignorant de ces connoifTances qu'ilavoit refolu de mpnfer, il s'appliqua tout d'un coup _l'tude des lettres divines & del fainte difeiplinc de l'E- uglife. Car il ne voulut pas permettre, dit ce Saint, que la ctnoblefTe &: la generofit de foname fuft anantie dans ces avaines occupations 3 ny qu'il luy arrivait la mefme chofe ^B

Orat. il,


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io La Vie de S. Athanase,h qu' ces athltes peu intelligens , qui ne remportent pas le prix caufe qu'ils frappent plultoft l'air , que le corps>3 de ceux contre lefquels ils combatent. S'eftant donc appli->5 que une feriexife & profonde mditation de l'ancien&M du nouveau Teftament , dont il favoit tous les livres avec>j plus de perfection que les autres n'en fcavent un lul en s particulier , il acquit en mefme temps les richefTes de la contemplation clestrefors d'une vie l'ainte .& clattante , faifant de ces deux chofes une chaunemervcilleufec tou-3 te d'or , dont l'union Se PalTemblage eft fi difficile l'gard, de plusieurs perfonnes -, fefervant de l'innocence de l vie pour rgler c pour conduire fa contemplation , & de lan contemplation comme d'un fceau& d'un cachet qu'il im- prima fortement fur toute la conduite de fa vie. Voi- l quelle fut fon ducation , continue Saint Grgoire de Nazianze , &; voil auffi quelle devroit eftre enco->> re aujourd'huy l'ducation de ceux qui font deftinez gouverner unjour les peuples en qualit de Prlats, 6c tenir en leurs mains l'augufte corps de Jsus-Ch ri ST.Mais quoyque S. Athanafe n'ait employ que peu don-nes l'tude des feiences profanes -, on voit nanmoinsdans fes crits qu'il en avoit une connoilTance trs ten-due. Les livres qu'il a compofez pour la deffenfe de no-ftre Religion en gnerai, & dans lefquels il montre com-bien les fables des payens font ridicules, nous tmoignentqu'il avoit acquis dans fajeuncfTeune trs-grande intclli-

Athanaj. genec des potes Grecs 3 c il cite quelques vers de I'Odyf-"tr^Ana-noi. ^c d'Homre dans une des oraifons qu'il acompofes con-fia.*^ tre les Ariens.*." nif A ~ Le Cardinal Baronius dit que ce Saint fcavoitla jurif-

Alcxandii prudence- & il appuie Ion lentiment iur l'autorit de S.Epiicopum Sulpicc Scvcre qui Iuy donne Je nom de Junfconfulte.tamni.oi Mais il eft croire que par l, il faut feulement entendreapud Ni qu'il avoit une grande connoilTance du droit ecclefiafti-noium ad" l 110 &" ^cs ^ints Canons. Car il eft peuvray-fmblablefaer*c,jg. que S. Alexandre qui le dcftinoit au facerdoce , & quigrediuBtur. prenoit vn foin particulier de fon ducation flon ce".[unjk rocfme Cardinal , l'ait fait inilruire dans l'tude du droitftoru.


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Livre!. C^hapite III. hcivil, plus convenable un avocat ou un juge,, qu' unminiftredejESus-CHRisT ScdefonEglife. Onvoitmefmepar ce que nous venons de rapporter de S. Grgoire deNazianze^qu'il eut une fainte impatience de quitter l'tudedes lettres humaines pour fe donner tout fait celle del'Ecriture Se des divines coutumes, x'eftadire, des faintsCanons, qui font les rgles inviolables de la difeipline del'Eglife. Aufli il cft certain que c'eft par l'autorit de l'E-criture c des Canons , c non par celle des loix civiles, qu'ila deffendu la foy &c Ibuftenu la religion orthodoxe. fmmtx

Il faut croire que depuis qu'il s'eft donnfon Arche-vefque, il a toujours eft nourri auprs de luy dans le feinde l'Eglife mefme , . dont il eftoit alors le tres-humble en-fant i. dont il devoit eftrc un jour le chef&: le pere. C'eftainfy qu'il faut lever les Evefques , citant difficile qu'ils feremplirent de l'efprit ecclefiaftique dans le commerce dumonde, & qu'ils confervent leur innocence dans un air ficontagieux 6c f corrompu.

.

Chapitre IV,Changement notable arriv dans l'empire Romain & daml'Eglife pendant l'enfance & la jcunefje

die S. Athanafc.PEndant que S. Athanafe s'appliquoit dans l'coled'Alexandrie l'tude des lettres humaines & de lafcience des faints, Dieu qui veille toujours pour la con-duite de fon Eglife, prenoit un foin particulier de travailler fon repos, &: de luy rendre le calme aprs une fi longue& fi horrible tempefte.Le changement inopin qui fe fit dans le gouvernementdci'empire , rallcntit d'abord la perfecution , & en fuitte lafit cefTer entirement d'une manire miraculeufe c toutedivine. Ds les premires annes de l'enfance de noftreSaint , Diocletien le plus cruel de tous les perfecuteurs del'Eglife,furprit tous les hommes de fon fiecle lorfqu'en l'an-ne 304. aprs avoir rgn zo. ans , il renona de. luy


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i La Vie de S. Athnase,mefme la dignit impriale pour palier le relie de lesjours dans une vie prive , pcrfuadant Maxitaien lbn tftfoci l'empire de raire la mefme chofe.Une refolution f tonnante &c fi fubite adonn lieu deformer divers jugemens fur le motif que cet empereur putavoir quand il fe deveftit de la pourpre dans la ville de Ni-

tufeb in comdie, & perfuada Maximien de s'en dpouiller danschron, & /. Milan. Les uns ont creu que cette conduitefut l'effet de*?# u- Qn defefpoir, g^ qu'aprs avoir rpandu le fang de tantmartyrs par toute la terre , il'ne put fbuffrir de voir que les

chreibiens fe multiplioient d'autant plus qu'il avoit em-ploy avec plus de rigueur tous les fupplices imaginablespour les dtruire Se pour les exterminer. Quoy qu'il fefuftvant par des inferiptions publiques d'en avoir aboli lenom , c'eftoit pltoft pour flatter fa paffion par les mar-ques d'un triomphe imaginaire,que pour recueillir les fruitsd'une victoire effective. Sur ce principe ils prtendent qu'ilne commena vouloir vivre en philofophc qu'aprs avoirveu l'inutilit de fes cruautez tyranniques, ck qu'il formale deflein de cultiver un jardin dans fa ville de Saloneen Dalmatic , quand il reconnut que le fang des Martyrseftoit une femence fconde qui en faifoit tous les joursnaiflre de nouveaux.

Les autres ont creu qu'ayant perdu l'efprit en punitionde la fureur qu'il avoit exerce contre la religion chreftien-ne , il fut oblig de prononcer contre luy mefme l'arrefr. defa condamnation en quittant l'empire pour paner le reliede fes jours dans les tnbres d'une chetive maifon. Mais ficette folie eft vritable , comme il n'y a pas lieu d'en doig-ter aprs le tmoignage d'Eufebe 8c ceuy de l'empereur

EuM. !. s. Conitantin qui avoit eft lev chez luy -, il faut croire quehiflor. con- ce drglement de fon efprit ne fut pas une maladie de lon-Tfanii*-' guc dure. Car outre que les empereurs qui luyfuccede-rum ctum rcnt,lc traitterent toujours avec beaucoup de refpect, il r-Eumen m poncn t en homme de bon fens deux d'entr'eux qui leFaneur, prioient de reprendre le gouvernement de l'Empire, leur

difant qu'il fouhaitoit qu'ils puflent voir Salone les her-bes qu'il y avoit plantes de les mains.Quoy qu'il en loir. , f retraite lit un peu rcfpircr l'Eglifc}.


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Livre I. C h a p. IV. r& elle trouva quelque efperance de libert fous l'un de Cesfucceffeurs. Je parle de Confiance Chlore pre du grandConftantin , qui entra alors dans la pleine pofleflion del'empire , qu'il partagea avec Galre Maximien furnonvm Armentarius. Confiance qui defeendoit d'une fille del'empereur Claude fcond du nom , eftoit entr il y avoitdj quelques annes dans l'alliance de Maximien furnom-m Hercule , collgue de Diocletien , ayant poufThodore fille de fa femme ; & ce mariage luy avoit acquisle rang &c le titre de Cefar que les Empereurs luy donnrentavec la commilon de faire la ruerre dans les ifles Britan-niques. Diocletien avoit donn l fille Valrie GalreMaximien qu'il avoit autfi cr Cefar , l'envoyant enOrient pour y domter les rebelles de l'empire.La retraite des deux beaux-peres tabhflnt Confian-ce& Galre dans une pleine autorit, ils quittrent le nomde Cefrs pour prendre celuy d'Auguftes : mais en mefmetemps ils crrent trois nouveaux Cefars. Car GalreMaximien en ayant nomm deux pour le gouvernement dela portion de l'empire Romain, qui luy eftoit cheu enpartage, favoirSevere &c Galre Maximin, dont le dernierefloit fils d'une de Ces furs j Confiance qui avoit eu laGrande-Bretagne, les Gaules &: l'Efpagne pour fon par-tage, donna le nom de Cefar fon fils Conftantin quidevoir eflre le librateur de l'Eglife. Cette nouvelle cra-tion de Cefirs arriva en 305. ou 306. L'Italie cheut S-vre , l'Orient Maximin , c Maximien demeura dansl'Illyrie & l'Afie-mineure.Tous ces princes efloient payens : mais quoyque leur re-ligion fuft femblable , la difpofition de leur efprit eftoit dif-frente. Car l'Empereur Confiance eftoit tres-civil 2ctrs-doux $ &c bien loin de continuer la perfecution con-tre les Chrefliens , il confidera plus que les autres ceuxde fa cour qui furent afTez gnreux pour faire profef- 2u reh {fion publique de noftre Religion. Car nous apprenons de -vit*'d'Eufebe , qu'il fit un fge difcemement de ceux qui Conft*n">avoient un vritable zle pour la foy , d'avec ceux quin'eftoient Chrefliens que de bienfance. Ce fut en fai-fant venir devant luy tous les officiers de fa cour , juf-B iij


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-4 La Vie de S. Atha^ase.ques au juges fouvcrams , pour leur donner le choixou de conlerver leurs charges & la libert de. demeu-rer auprs de luy en facrifiant aux dieux ,. ou de quitter kcour & de renoncer fon amiti s'ils refufoient de le faire.Cette proportion fit prendre deux differens partis tousles chreftiens qui fe trouvrent la fuitte de fa cour. Lesuns aimrent mieux la quitter que renoncer la foy par unelafchet fi intereflee & fi criminelle, les autres furent aflTezmalheureux pour faire moins d'eftat du fervice de J e s u s-Christ que de celuy de Confiance. Mais alors ce fageprince, qui n'avoit mis en ufage cet artifice que pour d-couvrir en fuitte fes vritables intentions , blma haute-ment la timidit de ces hommes lches que la crainte dequitter la cour avoit portez cet excs de complaifance, 6cloua publiquement la fermet de ces gnreux chreiHens,

.

qui avoient pris la refolution de perdre pluftoflla faveurde l'Empereur, que de trahir leur religion 6c leur con-fidence. Il alla mefme plus avant, & ne voulut pasfefer-vir plus long temps de ceux qu'il connoifloit traiftres Dieu6c drferteurs de leur religion , difant qu'il n'eftoit pas pofi-

.

ble que des perfonnes qui avoient eft perfides leur Dieu,fufTent ridelles leur prince. . Il chala donc de fa cour cesmalheureux ; . & jugeant que les autres dontlagenerofitvenoit d'efbre. reconnue, par cette preuve, avoient lamefme difpofitionfon gard qu'ils avoient envers Dieu^

,

il les choifit pour eftre les gardiens & les protecteurs de fonempire , les receut.au nombre de fes plus intimes amis , &les regarda comme des biens prfrables aux plus riches 6caux plus prcieux threfors.

.

Nanmoins quelque doux que fuft le gouvernement deConfiance, laperfecution ne ceflpas encore tout faitpendant fon rgne , non pas mefme dans l'Occident. Caroutre que ceux qui avoient partag l'empire avec luyeftoient des hommes tres-vioIensSctout fait ennemis denofrxe Religion, fon gouvernement ne dura pas allez long-temps pour appaifer enticremet la tempefte que Diocletienavoit excite. Ilnevefcut que deux ans 6c quelque mois de-puis qu'il eufl pris le nom d'Auguftc : mais il acquit la gloireentr tous les princes de fon ficel de n'avoir pas charg fes


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Livre . Chafitr IV. ijfujets de tributs & de fubfides, aimant mieux que les richef-fes publiques fuflent pofledes par les particuliers,que d'en-richir I'efpargne par des exactions & des violences.

Il avoit trois fils, favoir Conftantin,Jules-Conftance,&Dalmace -y c trois filles , favoir Anaftafie , Conftancie&Entropie. Confiance fut pcrede Gallus Cefar, & dejulicnl'Apoftat. Dalmace laifla (on nom fon fils , que Conftan-tin fit Cefar , & eut encore pour fils Annibalien roy duPont &: de l'Armnie mineure. La princefTe Anaftafie futmarie Baffien , que Conftantin voulut faire Cefar , maisqui aima mieux f perdre en embraflant le party de Licine.Conftancie poufa l'an 313. Milan le mefme Empereur Li-cine^ 6c Eutropie devint mre de Nepotien quipnt lapour-pre en 350.Conftantin, qui on a donn le nom de Grand , caufede la grandeur de fes actions , eftoit l'aifn de tous : maisla mre qui Iuy avoit donn la naifTance n'eftoit pas d'unecondition auffi illuftre que celle de fes frres. C'eftoitSainte Hlne , que quelques uns ont voulu faire paf-fer pour Angloife , mais qui plus vrai-femblablement eftoicdeDrepani dans la Bithynie: ce qui porta fon fils Conf-tantin changer le nom de cette ville , quand il devintmaiftre de tout l'univers , & luy donner celuy d'He-lenople. Zofime 6c quelques autres hiftoriens ont --crit qu'elle n'eftoit pas femme lgitime de Confiance.Qnelqnes autres en ont parl comme de fa femme lgitimequoyque de baffe condition ; Se ce fait eft demeur afezdouteux dans la pofterit. Mais cette princefTe a fait voirdanslafuitedefaviequelafaintetrendilluftres ceux quin'ont pas pour eux les avantages del naiflance,comme fonfils Conftantin a acquis plus de rputation & plus de gloirequ'aucun Prince qui ait rgn devant luy depuis les pre-miers Cefars , & a laifT tous les Empereurs fuivans l'idede la piet 6c de la generofit que doit avoir un defFenfeurde l'Eglife.

Les qualitez excellentes qui reluifoient enfaperfonne T.ufeh.U.dtaiant port l'Empereur Galre Maximien luy drefTer des ojticoftm.embufches,il fe fentit oblig de pourvoir promptement fa '""' '' *"feuret j 6c pour cet effet il fe retira vers fon pre ayee tant


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La Vie de S. Athanase,de prcaution qu'il eflropia tous les chevaux de pofle danstous les lieux o il pafbit, afin que cefuy qui vouloit atten-ter fur fa peiTonne,ne pull pas le faire arreiler fur le chemin.Il trouva Confiance Boulogne ou Calais -y mais il nejouit pas long-temps de cette confolation. Car ce Princetant demeur malade quelque temps aprs York en An-gleterre, y mourutentre les bras de ls enfans,laifant l'em-pire au mefme Conflantin fon fils aifn, qui l contenta dunom de Cefar,&, ne porta celuy d'Augufle que par l'occa-fion de fon mariage qui fe fit l'anne luivante.Ce fut donc en l'anne 306. que le grand Conflantin fuc-ceda fon pere Confiance , Se que luy aiant rendu les der-niers devoirs de la piet par des funrailles magnifiques,,le peuple c l'arme qui affilirent ce fpectacleen An-gleterre , le reconnurent tout de nouveau pour Empe-reur par des cris de joye &par une configuration univer-felle.

%0f.L1.hifi. Mais fes images ne furent pas plutofl apportes Romeflon la couflume de ce temps-l, que Maxence fils de l'an-Kax. in Ta- c*m Maximien forma un puiffant parti pour s'oppofr ntsyr.conf- cette nouvelle dignit. Un ancien panegynfle loue Conf-tuntm. tantin d'avoir cherch toutes les voyes d'accommodementavec luy, aimant mieux vaincre les vices que les armes de ce

tyran. Mais ce fut inutilement qu'il voulut traitter avecun homme qui s'efloit refolu de ne luy laifTer aucune parcdans le gouvernement de l'empire , Se quife fervoit de tousles moyens imaginables pours'eflablir. Car aiant attir fon parti Marcellin Se Marcel gnraux d'arme,Se tous lesfoldats des gardes, il s'leva par leur moyen fur le throne,Seil leur promit de leur faire refTcntir les effets de fa libralitSe de fa reconnoifTance : Se afin de s'autorifer par l'aggre-ment de tout le monde , aprs avoir fait de grandes carcfcsau peuple Romain , il donna ordre aux officiers de faire cef-fr la perfecution contre les Chreflicns 3 affectant de paroifl

Tufeb. 1. 8. ftrc beaucoup plus doux 6c plus modr que les Empereursib.16. qui avoient rgn devantluy, quoyqu'il ne diffrait pa&^ong-temps lever le mafque..

Chat.


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Liv. I. Chapitre V. 17Chapitre V.

Les Empereurs fe fortifient contre Maxence par des alliancesnouvelles. Conftantin marche contre luy & eft ajjiir de la.victoire par une vifion miraculcufc de la croix de Jsus-Christ, qu'ilfait reprefenter fur un tendart. Il dfaitMaxence qui efl noy dans le Tybre. il dlivre Rome & l'E-glife de l'opprc.ljon o elles cjloient , & furmonte tous fesennemis.LE bruit de la rvolte de Maxence Se de fort ufurpatioirtyrannique s'eftant rpandu par toute la terre,Galere

Maxnr.un envoya Severel'un des Cefars pour s'y oppofer.Mais ce n'eftoitpas Severe que Dieu avoitchoif pour d-livrer l'empire Romain 5c i'Eglife de la cruaut de ce tyran,qui aiant eu allez d'adreffe pour engager dans fon partiAnullin prfet duPretoire,&: pour corrompre par argent la.plufpart des foldats de Severe > deffit ce prince, Ik. l'obligeade fe retirer Ravenne o il I'aiTiegca. Mais comme c'eftoitune ville forte 6c trs pcuplcyl perdit i'eiperance de reiffirdans cette entreprife. Il eut donc recours latrahifon ; fei-gnit une entire reconciliation avec Severe ^ &. l'ayanttromp par les fermens les plus faints &c les plus religieuxpour le portera venir Rome , il luy drefla des embufehes,&Je fit trangler fur le chemin. Maximien Galre afflig dece mauvais fuccs, voulut s'en vanger en perfonne. Maiscitant venu jufqucs en Italie, le peu de fidlit qu'il trouvadans fes foldats le contraignit de retourner en lllyrie fansdonner bataille.

Toutes ces motions publiques rveillrent encore unefois l'ambition de l'ancien Maximien, dont la retraite eftoitaccompagne de beaucoup d'impatience. Il voulut remon-ter fur le throne , d'o il n'eftoit defeendu que malgr Iityj& citant venu de la Liicanie Rome , il alla chercher Dio-cletien, non Chartres dans noftre France, comme Zo-fime crit , ny a Salone, comme Victor a cftim , mais Carnunte dans la Pannonie, pour luy perfuader de repren-C


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,3 La Vie de S. Athanase,dre le gouvernement. Mais n'ayant pu en infpirer le defir un homme qui gouftoit la douceur de Ton repos , ou quicraio-noit de ne pas reffir dans cette entreprife , il voulutprendre d'autres mefures i &: afin d'engager Conftantin dansies interefts,il fe rendit Ravenne &ipaf de l vers lesAlpespour luy donner en mariage fa fille Faufte, &pour le por-ter enfuate de cette alliance nouvelle, pourluivre GalreMaximien au temps qu'il fe rctiroit d'Italie , fins pargnermefme ion fils Maxcnce.La rputation de Conftantin qui s'eftoit accreu par lesgrandes actions qu'il avoit faites depuis la mort de l'on perc,eftoit un grand fujet dejaloufie Maximien. Il prevoyoitquel devoiteftre le fuccs des armes de ce jeune Cefar, qui

Mnximian venoit de vaincre deux Rois barbares, fivoir Aicane &c>conft*n- Gafe , 6c de remplir de terreur toute la Hollande & uneht'rlmar partie de l'Allemagne. Ce fut ce qui l'obligea luy don-coflanw. ner fa fille pour femme avec la qualit d'Augufte. Et il

avoitaflez de malignit pour vouloir femer de la divifionentre fon fils Maxence &c Confbantin fon beau-fils , Se pourfedefFaire d'eux par leurs propres mains. Ses premiers ef-forts parurent tendre la rune de fon propre fils. Mais foitque les piges qu'il luy avoit tendus enflent eft dcou-verts, ou qu'il n'agift en tout cela que de concert avec Ma-xence 5 aprs avoir eft chafT de Rome , il fe retira dansles Gaules vers Conftantin plutoftpourle perdre que pourfe fauver foy-mefme.Cependant Galre Maximien qui s'eftoit retir dans l'II-Ann. 308. lyrie 5 travailloit de fon coft la rune de Maxence. Lemoyen qui luy parut le plus propre pour excuter cette cn-trcpnfe,fut de donner le titre d'Augufte Licine,qu'il avoitconnu depuis long-temps dans les armes. Ainfi le monde

,. , fe trouva gouvern tout la fois par quatre Empereurs,dont les deux premiers, favpir Conitannn& Maxence, a-v oient deux Auguftes pour percs, Se les deux autres,favoirGalre Maximien &: Licine, s'eftoient levez depuis peu cette haute dignit fans avoir aucun avantage par leur naif-fance.

Ann. 310. Enfin le venin que le vieux Mximicn cachoit dans lecoeur contre Conftantin, fe dcouvrit auboutfde quelques


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Livre I. Chapitre V. 19annes-, 5c il ne tint pas luy qu'il ne luy oftaft l'empire 6cJa vie. Mais Dieu qui le rclcrvoit pour eftre unjour le lib-rateur de ion Eglu, ne permit pas qu'il fuft la victime deceluy qui en avoit cft rennemy. Faufleeut plus de fid-lit pour Ton mary que de complaifancepourla perfidie defon pere ; Se l'a. ant dcel elle mefme, il fut contraint des'enfuir Mari eille, o il receut la jufte punition de les cri-mes par une mort violente.

Galre Maximien qui avoit marche fur fes traces dans la Ann. 5 n.perfecution de l'EgIife,relIntit auffi l'anne fuivante les ef- \H[cb - L g-rets de la vengeance de Dieu par une maladie honteufe, qui & 7 \ 'le fit prir rong de vers & plein d'ulcres , Se le rcduifit rvoquer avant fa mort les edits qu'il avoit faits contre lesChreftiens.Au milieu de toutes ces rvolutions Rome gcmifoit tou-jours fous la tyrannie de Maxence. Cet impie nefaifoit EufcU.unulle difficult d'arracher les plus lluitrcs Dames Romai- ^wc-ns, Se mefme les femmes des Snateurs, d'entre les bras de ^*nm -t -ii 'leurs maris, Se de les leur renvoyer aprs les avoir violes.JVIais celles qui eftoient chrefHennes, refifterent genereufe-ment fes artifices Se fes carelTes 5 Se elles aimrent mieuxexpofer leurs corps la mort la plus cruelle,q uc de les aban-donner lapaflon de cet ennemy public de Dieu Se deshommes. Iln'eftoitpas moins cruel qu'impudique. Carfesgardes Prtoriennes gorgrent unjour pour un fujet tres-leger une trs-grande multitude de peuple. Il n'pargna pasmefme les Senateurs,e il en fit mourir une tresgrande quan-tit pour s'emparer de leurs biens. Et cme il donnoit beau-coup la fupcrftition Se la magie pour dcouvrir les cho-fes futures, cette curiofitcfacnlcgc cota la vieplufeursfemmes grolTes , 6c des enfans nouveaux nez , dont il fitdchirer les entrailles pour l'inquitude qu'il avoit d'y trou-ver la connoifFnce des evenemens de la guerre , que legrand Conflantin s'eftoitveu oblig de luy dclarer , nonfeulement pour vanger le renverfement de fes ftatus

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mais auffi pour dlivrer Rome de l'oppreflion o elleeftoit. lbid . c . l7Mais pendant que fon ennemv confultoit l'enfer pour l8z s- 3.s'inftruire de l'avenir par le moyen des dmons, le ciel veil- '''C ii


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io La Vie de S. Athanase,loit fur luy pour le rendre victorieux de fon erreur 8cde Maxence. Ilavoitdja remarqu que les Dieux du pa-ganifme eftoient de foibles deffenfeurs pour protger ceuxcjui tabliloient fur leur fecours toute la confiance de leursarmes. Galre Maximien , qui eftoit venu de l'Ulyrie avecune puifTante arme pour chafler Maxence , avoit elle con-traint de fe retirer honteufement. L'autre Maximien s'toictrangl luy-mefme pour ne pas furvivre fa ruine. La finfunefle de ces deux Empereurs fzelezpour lepaganifmeluy fit concevoir la faufTet d'une religion pour laquelle ilsavoient rpandu tantdefng.Un jour qu'il repafToit toutes ces penfes dans fon efprir,il fut furpris d'une vifion extraordinaire qu'Eufebe rapporteaprs l'avoir oie de fa propre bouche 5 ce grand Empereurla luy ayant attefte avec ferment, Se l'vnement ayantfait voir depuis ce temps- l qu'il n'y avoit rien que de vri-table dans la relation d'une chofe fi miraculeufe. Comme ilmarchoit avec toute fon arme un p eu aprs midy , il vit audefTous du foleil lefacr trophe del croix quin'eftoit for-m que de la lumire mefme dont il clattoit. Ce fpeda-cle ayant cauf un grand tonnement dans fon efprit Sedans celuy de tous les foldats dont il eftoit accompagn, ilfut long-temps en peine de ce quepouvoit fignifier une vi-fion fimyfleneufe Se fi extraordinaire. Mais la nuiteftantfurvenu , Jesvs Christ luy apparut en dormant avec lemefme tendait qu'il avoit veu dans le ciel , Se luy comman-da de fe fervir de ce modelle pour en faire un tout femblable,qui luy ferviroit l'avenir de defenfe Se de protection das lesarmes.En fuittes'eftant lev ds le point du jour,U cmuni-cjua ce fecret fes amis ; Se ayant fait venir tous les ouvriersde fa cour, quitravailloientenor Se en pierreries, ils'affitau milieu d'eux pour leur reprefenter par fon difeours la for-me de cet tendart , Se leur ordonna d'y employer les ma-tires les plus precieufes. Eufebe qui dit l'avoir veu quel-quefois, le dcrit ainfi.

C'eftoitune longue pique toute couverte d'or Se traver-fe commed'une efpece de croix. Une couronne brillanted'or Se de pierreries eftoit attache la partie la plus mi-nente de cette pique : mais elle avoit pour principal orne^


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Livre I. Chapitre V. timent les deux premires lettres grecques du nom de Chrift,dont la premire traverfant la fconde y formoit une autrecroix j Se Conftantin fit auf graver depuis ce temps l cesdeux lettres fur fon cafque pour en faire fa force dans tousls comb

Documents

Hermant. La vie de S. Athanase, patriarche d'Alexandrie. 1671. Volume 1