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Laissez-vous conter la cathédrale de Soissons 1914-1918 Soissons reste pendant près de trois ans sur la ligne de front, de 1914 à 1917. Dès les premiers mois de la guerre, la cathédrale est atteinte par les tirs d’obus. La nef est la partie la plus touchée. Une partie de sa voûte s’effondre Le martyre de la cathédrale en mars 1915. En 1918, le clocher s’écrase sur le parvis, seuls restent intacts les deux contreforts occidentaux. Les images de ruine sont exploitées par les guides touristiques « Michelin », les cartes postales, la peinture de chevalet.... Le chantier du XII e siècle Initié par l’évêque Nivelon de Quierzy (1176-1207), le chantier débute par le bras sud du transept qui est la partie la plus ancienne de la cathédrale. Sa forme en hémicycle met en valeur les jeux subtils de lumière dispensée par les quatre niveaux de l’élévation. De nouvelles formes au XIII e siècle Le chantier se poursuit rapidement au XIII e siècle avec la construction du chœur (1212) qui adopte une élévation à trois niveaux. Les tribunes ont disparu et les fenêtres hautes sont plus développées. En 1212, Soissons présente un nouveau chœur pour l’architecture gothique. Cette élévation est reprise dans la nef (1212-1240). Le chantier se termine par le bras nord du transept à la fin du XIII e siècle. La cathédrale est consacrée par l’évêque Jean Milet le 25 avril 1479. La cathédrale du XVI e siècle au XIX e siècle L’occupation de Soissons par les Huguenots en 1567 n’épargne pas la cathédrale qui voit ses portails mutilés et une grande partie du mobilier détruit. Le plan reliquaire conservé au musée correspond à la période de restauration qui s’ensuivit. La cathédrale y figure avec ses deux tours, exprimant la renaissance de l’église après ces épreuves. Elle ferme ses portes durant la Révolution française puis est occupée en 1798 par les théophilanthropes. Elle est classée au titre des Monuments historiques en 1840. XII e siècle Fin XII e début XIII e siècle XIII e siècle Fin XIII e siècle XIV e siècle XVI e siècle XVIII e siècle Histoire de la cathédrale en un clin d’œil Plan reliquaire de la ville de Soissons, vers 1600. Musée de Soissons. La cathédrale en ruine. La Reconstruction Un immense chantier visant à reconstruire la cathédrale dans l’esprit d’origine s’ouvre dès 1919. Il se termine en 1937 avec l’inauguration des portails. Quelques traces d’éclats d’obus ont volontairement été laissés en place sur une colonne de la nef. Quelques photographies près de l’entrée nord laissent imaginer l’ampleur des destructions et de la reconstruction. Le diocèse de Soissons Le diocèse de Soissons a été fondé par les saints Sixte et Sinice au début du IV e siècle. Après la Révolution française, la carte religieuse du diocèse est réorganisée. Le siège de l’évêché est fixé à Soissons. Le territoire de l’actuel diocèse a été délimité le 10 avril 1802 et correspond aux limites du département de l’Aisne. Le pape Léon XIII accorde le titre d’évêque de Soissons et de Laon auquel se rajoute Saint-Quentin en 1901, en souvenir de l’évêché de Vermandois. « Il n’y a point d’heures dans cette cathédrale, il y a l’éternité. » Auguste Rodin Les cathédrales de France, 1914 Informations : CIAP Abbaye Saint-Jean-des-Vignes 03 23 93 30 56 http://patrimoine.ville-soissons.fr Crédits photo : Thierry Lefèbure, Marie-Laure Monnehay-Vulliet, Irwin Leullier © Région Picardie - Inventaire général Ministère de la Culture et de la Communication Musée de Soissons, cdt02 © Jean-Pierre Gilson. Conception et mise en page : Service du patrimoine, Frédérique Hérin. Adaptation d’une création graphique de LM communiquer. L’atelier de sculpture vers 1920.

Histoire de la cathédrale en un clin d’œilaisne.media.tourinsoft.com/upload/Cathedrale-de... · évêque de Milan au IV e siècle. Les reliques furent placées sous le maître

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Laissez-vous conterla cathédrale

de Soissons

1914-1918 Soissons reste pendant près de trois ans sur la ligne de front, de 1914 à 1917. Dès les premiers mois de la guerre, la cathédrale est atteinte par les tirs d’obus. La nef est la partie la plus touchée. Une partie de sa voûte s’effondre

Le martyre de la cathédrale

en mars 1915. En 1918, le clocher s’écrase sur le parvis, seuls restent intacts les deux contreforts occidentaux. Les images de ruine sont exploitées par les guides touristiques « Michelin », les cartes postales, la peinture de chevalet....

Le chantier du XIIe siècleInitié par l’évêque Nivelon de Quierzy (1176-1207), le chantier débute par le bras sud du transept qui est la partie la plus ancienne de la cathédrale. Sa forme en hémicycle met en valeur les jeux subtils de lumière dispensée par les quatre niveaux de l’élévation.

De nouvelles formes au XIIIe siècleLe chantier se poursuit rapidement au XIIIe siècle avec la construction du chœur (1212) qui adopte une élévation à trois niveaux. Les tribunes ont disparu et les fenêtres hautes sont plus développées. En 1212, Soissons présente un nouveau chœur pour l’architecture gothique. Cette élévation est reprise dans la nef (1212-1240). Le chantier se termine par le bras nord du transept à la fin du XIIIe siècle. La cathédrale est consacrée par l’évêque Jean Milet le 25 avril 1479.

La cathédrale du XVIe siècle au XIXe siècleL’occupation de Soissons par les Huguenots en 1567 n’épargne pas la cathédrale qui voit ses portails mutilés et une grande partie du mobilier détruit. Le plan reliquaire conservé au musée correspond à la période de restauration qui s’ensuivit. La cathédrale y figure avec ses deux tours, exprimant la renaissance de l’église après ces épreuves. Elle ferme ses portes durant la Révolution française puis est occupée en 1798 par les théophilanthropes. Elle est classée au titre des Monuments historiques en 1840.

XIIe siècle

Fin XIIe début XIIIe siècle

XIIIe siècle

Fin XIIIe siècle

XIVe siècle

XVIe siècle

XVIIIe siècle

Histoire de la cathédrale en un clin d’œil

Plan reliquaire de la ville de Soissons, vers 1600. Musée de Soissons.

La cathédrale en ruine.

La Reconstruction Un immense chantier visant à reconstruire la cathédrale dans l’esprit d’origine s’ouvre dès 1919. Il se termine en 1937 avec l’inauguration des portails. Quelques traces d’éclats d’obus ont volontairement été laissés en place sur une colonne de la nef. Quelques photographies près de l’entrée nord laissent imaginer l’ampleur des destructions et de la reconstruction.

Le diocèse de Soissons Le diocèse de Soissons a été fondé par les saints Sixte et Sinice au début du IVe siècle. Après la Révolution française, la carte religieuse du diocèse est réorganisée. Le siège de l’évêché est fixé à Soissons. Le territoire de l’actuel diocèse a été délimité le 10 avril 1802 et correspond aux limites du département de l’Aisne. Le pape Léon XIII accorde le titre d’évêque de Soissons et de Laon auquel se rajoute Saint-Quentin en 1901, en souvenir de l’évêché de Vermandois.

« Il n’y a point d’heures dans cette cathédrale, il y a l’éternité. »

Auguste Rodin Les cathédrales de France, 1914

Informations : CIAPAbbaye Saint-Jean-des-Vignes03 23 93 30 56http://patrimoine.ville-soissons.fr

Crédits photo :Thierry Lefèbure, Marie-Laure Monnehay-Vulliet, Irwin Leullier © Région Picardie - Inventaire général Ministère de la Culture et de la Communication Musée de Soissons, cdt02 © Jean-Pierre Gilson.

Conception et mise en page : Service du patrimoine, Frédérique Hérin.

Adaptation d’une création graphique de LM communiquer.

L’atelier de sculpture vers 1920.

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Parcours découverte de la cathédrale Un chœur de 800 ans....

« l’an 1212, le 13 mai, le collège des chanoines prit possession de ce chœur ». Cette inscription est visible dans la chapelle Saint-Protais. Le chœur de cinq travées est conçu pour accueillir un nombre important de chanoines. Construit immédiatement après le bras sud, il inaugure une nouvelle élévation qui voit disparaître les tribunes et apparaître la pile soissonnaise, pile flanquée d’une colonnette vers la nef.

6 Plaque commémorative de l’achèvement du chœur de la cathédrale, 1212.

...réaménagé au cours des sièclesLe décor actuel fait suite aux réaménagements liturgiques des trois derniers siècles. Autrefois fermé aux fidèles par un jubé, le chœur fait l’objet de profondes transformations au XVIIIe siècle. Un nouveau décor est dessiné par M.A. Slodtz. De celui-ci, il reste le maître autel, le dallage, les crédences et les grilles. En 1866, la clôture de chœur est démontée, le chœur s’ouvre désormais aux regards. Depuis les années 1970, le maître autel est placé en avant de l’ancien chœur des chanoines.

7 Vue générale du maître autel consacré en 1771.

L’évêque et le chapitre de la cathédraleAu Moyen Age, l’évêque de Soissons avait un prestige considérable. C’est à lui que revenait le droit de sacrer les rois de France lorsque l’archevêque de Reims s’en trouvait empêché. C’est ainsi que Louis IX fut sacré par Jacques de Bazoches en 1226 et Louis XIV par Simon Legras en 1653. Les évêques de Soissons avaient leur résidence au sud de la cathédrale. Au nord s’étendait le quartier canonial, réservé aux chanoines. Ils étaient plus de cinquante à assister l’évêque pour les offices mais aussi pour l’organisation de la vie religieuse dans le diocèse.

La nefLa nef s’étire sur sept travées. La grande unité qui s’en dégage se poursuit jusqu’au chœur, témoignant ainsi de la cohérence du projet architectural au XIIIe siècle. L’élévation est à trois niveaux : grandes arcades, triforium et fenêtres hautes avec une hauteur sous voûte de 30 mètres. Quatre chapelles ont été construites le long des bas-côtés, au XIVe et au XVIIIe siècle.

La Nef.

Le bras nord du transeptLe mur pignon du bras nord contraste avec l’élévation en hémicycle du bras sud. Au-dessus d’un mur aveugle, le triforium à claire-voie et la rose portée par quatre lancettes témoignent du raffinement d’un art gothique rayonnant.

Le bras sud du transeptLe bras sud est la partie la plus ancienne de la cathédrale actuelle. Il offre une élévation à quatre niveaux (grandes arcades, tribunes, triforium et fenêtres hautes) aux subtils effets de lumière. Le déambulatoire du bras sud s’ouvre sur une chapelle oblique (1190) dont la clef de voûte représente l’Agnus Dei porté par deux anges dont les ailes épousent la forme ronde du support. Suite à d’importants travaux de restaurations dus à l’explosion d’une poudrière à proximité de la cathédrale en 1815, la chapelle oblique se voit doter d’un autel néo-roman sous lequel est placé en 1881, un Christ au tombeau. Le sculpteur, Michel Dagand, s’inspire des gisants de la Renaissance et signe ici une œuvre magistrale dans le marbre blanc de Carrare.

Saint Gervais et saint ProtaisGervais et Protais étaient des saints particulièrement vénérés au Moyen Age. De nombreuses églises en France leur sont consacrées. Ils moururent martyrisés sous l’empereur Néron au 1er siècle. Leurs corps, de grande taille parait-il, furent découverts par saint Ambroise, évêque de Milan au IVe siècle. Les reliques furent placées sous le maître autel de la basilique de Milan

Statue de saint Gervais par Gilles Guérin, vers 1664.

Avant d’entrer, la façadeLes aléas de l’histoire ont profondément marqué cette partie de l’édifice : la tour nord ne fut jamais construite et le décor sculpté a progressivement disparu entre le XVIe et le XVIIe siècle. Les trois portails supportent une vaste tribune certainement utilisée au Moyen Age par le clergé pour marquer, en chantant, l’arrivée des processions les jours de fête.

Façade harmonique de la cathédrale de Soissons.

Le clocherEn 1918, le clocher ruiné dressait lamentablement deux moignons vers le ciel. Seules quelques statues sont restées en place sur les vingt quatre existantes en 1914. Celles-ci représentaient le Christ et les apôtres, des saints ou des patrons locaux. Deux têtes sont exposées dans le bas-côté sud de la nef. Le torse de saint Pierre est aujourd’hui au centre du jardin lapidaire.

Le parvis de la cathédrale et la Place Mantoue….Le parvis, espace ouvert sur la ville et la cathédrale, forme une sorte de belvédère dominant la place Mantoue au sud. Tous deux mettent en valeur les vestiges de la tour de l’évêché, la borne milliaire symbole des routes royales et la fontaine conçue pour cette place au XIXe siècle.

La légende du guetteurEn haut du clocher, au XIXe siècle, les guetteurs se sont succédé. Nommés par le Maire, tous cordonniers, ils surveillaient la ville tout en ressemelant les souliers. Monsieur Le Paon exerça la profession pendant 54 ans, de 1839 à 1892. En haut de la tour, il cultivait des haricots dont il distribuait la récolte aux touristes qui venaient le voir. Il serait à l’origine de la confiserie appelée « haricot de Soissons », spécialité locale !

1 L’Adoration des Bergers de Pierre-Paul RubensCe tableau témoigne de l’influence de l’évêque Simon le Gras et de la renaissance que connut Soissons au XVIIe siècle. La Vierge représentée allaitant l’Enfant est rare chez Rubens. La toile de Soissons datable des années 1620 serait la dernière de ce sujet dans l’œuvre du maître.

2 Grisaille du XIIIe siècleCette verrière reconstituée en 1988 remploie des pièces de verres du XIIIe siècle provenant de la nef et appelées grisailles en raison de la quasi absence de verres colorés.

3 Vitrail Scènes de la vie de la ViergeEn 1924, le Comité américain pour les Régions dévastées finance les vitraux du pignon nord. Louis Mazetier dessine les scènes de la Vie de la Vierge et choisit des teintes bleues qui contrastent avec les couleurs de la rose (1300), extrêmement remaniée au XIXe et au XXe siècle.

4 Plaque de BarilletEn 1924, une plaque commémorative des morts de la paroisse pendant la guerre de 1914-1918 est réalisée par Louis Barillet, peintre verrier, qui expérimente la technique de la pierre gravée.

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5 Le Christ au tombeau, détail, vers 1885.

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