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Histoire de la Guerre froide Septième cours : Guerre froide, prise II (1979-1984)

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Histoire de la Guerre froide

Septième cours : Guerre froide, prise II(1979-1984)

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Septième cours : Guerre froide, Prise II(1979-1984)

1 – 1 - Expansion de l’influence soviétique dans le monde

2 – L’Afghanistan jusqu’en 1986

3 – Le Kal-007

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1 - Expansion de l’influence soviétique dans le monde

• Avec l’arrivée de la nouvelle équipe dirigeante au milieu des années 60, les deux superpuissances augmentent la pression dans plusieurs régions du monde, ce qui va conduire à l’éclatement de nombreux conflits régionaux.

• L’Inde, qui entrera en conflit avec le Pakistan au milieu des années 60 et à nouveau en 1971, bénéficie de l’aide soviétique.

• De même, lors du conflit sino-indien de 1960-1963, sans s’impliquer dans le conflit, Moscou se garde bien de venir en aide à Pékin, ce qui contribue à éloigner les deux États.

• Grâce à l’appui de l’URSS, les longues guerres d’indépendance de l’Angola, du Mozambique, de la Guinée-Bissau aboutissent au milieu des années 70 à la reconnaissance de ces États par la communauté internationale.

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• Mais l’implication des deux superpuissances va transformer les guerres d’indépendance en guerres civiles, l’URSS soutenant les partis et les formations politiques pro-marxistes, les États-Unis soutenant les factions « démocrates » et libérales.

• L’aide importante apportée à l’Angola et au Mozambique conduira à la mise sur pied de gouvernements qui s’engageront dans la construction du socialisme.

• Scénario semblable en Éthiopie où, à la conclusion de la guerre civile, le gouvernement pro-soviétique va, grâce à l’aide de l’URSS, s’engager dans cette voie en copiant servilement le modèle soviétique.

• Les succès internationaux de l’URSS s’étendent à la chasse gardée américaine, l’Amérique latine : en 1979, la longue lutte de la guérilla sandiniste, appuyée par les Soviétiques et les Cubains, se conclue par le renversement du régime de Samoza et l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement pro-soviétique.

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• Ainsi, la décennie 70 est marquée de par le monde par une influence grandissante de l’URSS. L’accroissement de cette influence, ajoutée à l’élément déclencheur que fut la guerre d’Afghanistan, contribuera à l’élection de Reagan.

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2 – L’Afghanistan jusqu’en 1986

2.1 –Brève histoire du PNDA

• Les origines du PNDA se trouvent d'abord dans la société afghane, malgré la faiblesse du marxisme afghan.

• Le noyau dur des deux factions du PC afghan rassemblait en 1978 environ 5 000 membres.

• Bien des Afghans formés en URSS n'ont pas adhéré au PC, mais en revanche, beaucoup revenus de pays occidentaux sont devenus des léninistes fervents.

• Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose de ce marxisme, ce qui n’est guère étonnant après l’épisode 1978-1992.

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• Malgré sa faiblesse numérique, l’extrême gauche afghane n’en est pas moins très active. De l’avoir négligé aura couté la vie à Daoud

• De plus, elle était implantée dans le cœur et le cerveau de l'État : la bureaucratie, l'état-major et l'Université.

• À partir de 1946 commença à s'étendre un réseau de lycées dans les principales villes de province, et d'écoles primaires dans de nombreux chefs-lieux. À la veille du coup d'État de 1978, le pays comptait déjà 3 728 établissements scolaires.

• Le mouvement intégriste islamique fit énormément d'adeptes parmi les étudiants. Mais c'est dans la même couche sociale que le marxisme-léninisme se propagea rapidement à partir des années soixante.

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• La première contestation du régime royal remonte aux années 1947-1951 et est initiée par le « Réveil des jeunes ». Assemblage de tendances diverses, il accepte la nécessité du maintien du régime, mais réclame sa libéralisation.

• L'octroi de la démocratie formelle par le roi avec la Constitution de 1964 libère l'expression de forces politiques et le ler janvier 1965 est fondé le Parti national démocratique d'Afghanistan (PNDA).

• Quelques-uns de ces tout premiers communistes afghans étaient des anciens de l'aile gauche du « Réveil des jeunes ». C’est le cas de Mahmoudi et de Ghobar.

• Lorsqu’ils sont arrêtés en 1952, et ce, malgré leur libération en 1964, c’est une autre génération qui va s’imposer, celle des Taraki, Amin et Karmal.

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• Taraki appartient à la tribu des Ghilzaï et est issu d’un millier modeste, mais suffisamment aisé pour lui permettre de faire des études.

• De 1932 à 1939, il travaille en Inde où il apprend l'anglais et s'initie au marxisme; de retour en Afghanistan, il devient fonctionnaire et commence à militer à la fin des années quarante dans le « Réveil des jeunes ». De 1955 à 1958 puis de 1962 à 1963, il travaille comme traducteur pour les représentants américains.

• Son opposé, « Karmal » est né en 1929 à Kaboul. Par ses origines sociales, il se situe aux antipodes de Taraki. C'est un aristocrate Durani, lié à la famille royale. Babrak reçoit son éducation au lycée allemand de Kaboul. Il poursuit ses études à la faculté de droit et de sciences politiques à partir de 1951. Militant en vue de l'aile gauche du Wikh, il est arrêté en 1953 puis relâché en 1956.

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• Hafizollah Amîn est le troisième architecte du Parti communiste afghan et a les mêmes origines sociales et ethniques que Taraki.

• Il est formé au Lycée des instituteurs de Kaboul, où il apprend l'anglais, puis obtient son diplôme de la faculté des sciences en 1951; de 1951 à 1957, il enseigne dans différents lycées de Kaboul; de 1957 à 1959, puis de nouveau de 1962 à 1965, il reçoit des bourses pour étudier aux États-Unis.

• L'ouverture démocratique de 1963-1973 permettra au PC d'étendre son influence. Le but immédiat des dirigeants est se faire élire au Parlement. Lors des élections de 1965, Babrak est élu, Taraki et Amin sont battus.

• Les dissensions entre Karmal et Taraki vont faire éclater le PC dès les premières années de son existence.

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• Le journal de Taraki, Khalq est interdit au bout de six numéros par le gouvernement en 1966. Karmal propose alors de créer un nouveau journal, Partcham, et d'obtenir la permission de le publier grâce à une attitude plus concilliante envers le gouvernement.

• Taraki et Amin sont des purs et durs; les membres du Partcham de Karmal sont plus complaisants.

• De nouvelles fissures affaiblissent encore le Parti en 1968. Si l’hostilité Partcham/Khalq traduit la vieille rivalité au sein de l'ethnie pashtoune, les marxistes des autres ethnies afghanes refusent la prédominance de l'un ou l'autre de ces deux clans et forment leurs partis propres.

• Aux élections parlementaires de 1969, la représentation communiste est réduite. Amin du Khalq et Karmal du Partcham sont tous deux élus.

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Le KhalqNur Mohammad Taraki

(1913-1979)Hafizollah Amin

(1929-1979)

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Babrak Karmal(1919-1986)

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• Précisons que parmi le noyau prosoviétique des officiers de l‘État-major, Amin jouit d'un ascendant décisif.

• En juillet 1973 a lieu un premier coup d'État. Sans s’en rendre compte, Daoud rend aux deux factions du PNDA plusieurs immenses services : il installe leurs membres aux rouages de l'État, brise la continuité du gouvernement afghan en abolissant la monarchie.

• En 1977, les deux factions sont à égalité : le Partcham est implanté dans les ministères, mais le Khalq tient l'armée.

• En juillet 1977, Partcham et Khalq se réconcilient officiellement. Mais la tension subsiste : le Partcham veut continuer à gouverner derrière la façade de Dâoûd, mais le Khalq préconise la prise du pouvoir par coup d'État.

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2.2 – Réformes et soviétisation

• À mesure que se développe le marxisme dans les jeunes générations, la présence de l’Union soviétique se développe.

• À partir du premier gouvernement Daoud (1954-1963), cette influence ira croissante, se manifestant de trois façons : l’aide économique au développement, la fourniture d’armes et la formation des officiers, et enfin le commerce.

• L’aide économique : au cours de la période 1950-1977, l’aide soviétique et de ses alliés fut toujours supérieure à celle de l’occident. L’aide soviétique est plus attrayante parce que moins contraignante.

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• Le gros de ces investissements concerne les infrastructures civiles. La prédominance de l’aide soviétique aura des conséquences directes, puisqu’elle constitue un encouragement à la planification économique et à l’expansion du secteur public, au détriment du privé.

• C’est cependant grâce à la coopération militaire que l’URSS va accroître son influence en Afghanistan, laquelle finira par s’imposer d’autant plus facilement que Washington va longtemps refuser de fournir des armes.

• Entre 1955 et 1967, l’aide militaire soviétique directe s’élevait à près de 250 millions de dollars. Ce qui inclut des armes, mais aussi la formation des cadres et officiers : entre 1955 et 1970, plus de 7 000 officiers de l’armée afghane ont reçu une formation dans l’un des pays du pacte de Varsovie.

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• Au début de 1980, la quasi-totalité des armes dont disposaient les forces armées afghanes provenait de l’URSS ou de l’un de ses alliés.

• Enfin, le commerce. Dès avant l’arrivée de Daoud, l’URSS absorbe déjà plus de 30 % du volume des exportations de l’Afghanistan. Quant aux importations, dès le milieu des années 50, l’URSS prend la première place.

• Au moment où les tensions entre l’Afghanistan et le Pakistan seront les plus vives, l’Afghanistan dépendra à 100 % des routes soviétiques afin d’exporter sa production agricole.

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2.3 - Le dernier gouvernement Daoud (1973-1978)

• Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1973, alors qu'il séjournait en Italie, le cousin de Zaher, Daoud, le renversait par un coup d'État militaire.

• Nettement plus autoritaire que le roi déchu, Daoud s’attaque dès 1974 aux intégristes. C’est à cette époque que le parti d’Hekmatyar prend de l’importance.

• Pour empêcher le retour du roi, Daoud proclame une République afghane dont il devient le premier président. Son mandat n'est pas clair : la commission constitutionnelle n'a pas terminé ses travaux au moment du coup d'État d'avril 1978.

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Le roi Zaher Shah(1914-2007)

Mohammad Daoud Khan(1909-1978)

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• Son premier cabinet comporte une proportion importante de communistes, dont il se débarrassera à partir de 1974.

• Ce n'est pas un communiste, ni même un « homme de gauche ». Son attachement au modernisme lui donne un air « progressiste », et c'est lui qui permit aux femmes des villes de se dévoiler en 1959.

• L'idéologie de Daoud se ramenait à la pure exaltation du sang, de la race, de la langue et du sol, une sorte de sous-fascisme qui colore aussi les nationalismes turc, arabe et iranien dans le Proche-Orient d'après 1914-1918, en droite ligne avec l’Afghan Mellat, parti nationaliste des années 60, prônant la splendeur de la race pashtoune, le mépris des valeurs démocratiques occidentales et de l'élément culturel islamique et arabe.

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2.4 – Prélude à la guerre

• Le 18 avril 1978, Mir Akbar Khaïbar, ami de Babrak, est assassiné et le 20 avril, les deux factions organisent pour ses obsèques une manifestation monstre.

• Daoud est interloqué par l'ampleur de la manifestation. Il ne connaît probablement pas l’existence d’un complot, mais il est résolu à se débarrasser des dirigeants communistes.

• Le soir du 25 au 26 avril, la police arrête Taraki, Karmal et les autres membres du comité central. Mais pas Amin, ce qui laissera à ce dernier le temps nécessaire de finaliser les préparatifs du coup, avant son arrestation le 26 avril.

• L'arrestation de Taraki est le signal convenu avec les officiers pour l'insurrection générale. Le coup d'État du 27 avril est un modèle d'efficacité militaire.

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• Après s’être emparés des principaux points de contrôle de la capitale, les insurgés parviennent à libérer les dirigeants communistes de leur prison à 17 h 30.

• Ceux-ci commencent déjà à se disputer concernant le sort de Daoud barricadé avec sa famille à l'intérieur du palais présidentiel. Finalement, le 28 avril, les insurgés forcent l’entrée et massacrent à la mitraillette Daoud et sa famille.

• Le 30 avril, les pouvoirs sont répartis entre les deux factions et le président Taraki déclare la neutralité de son régime, reconnu le même jour par le gouvernement de l’URSS.

• La situation politique se détériore dès le lendemain du coup d'État. Le Khalq, qui a mené l’insurrection, s'irrite des prétentions du Partcham à s'approprier la direction de l'État.

• En juillet 1978, les ministres du Partcham sont écartés, certains pour être expédiés à leur tour en camp de concentration. Karmal, protégé par les Soviétiques, est envoyé comme ambassadeur à Prague.

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La résistance contre le régime commence à la fin de l'été 1978 et prend toute son ampleur au printemps de 1979.

• En quelques mois, la dissidence gagne tout l'Est afghan.• La dissolution de l'armée , qui passe de 80 000 hommes à 30 000

en quelques mois, sape les fondations mêmes du régime. • En mars 1979, le soulèvement de la garnison de Herat entraîne

le soulèvement de la ville.• Taraki est reçu par Brejnev au Kremlin. Leur plan consistera à

déclarer Amin responsable de tous les « excès » et à le destituer afin de regagner un peu de popularité dans le pays. Mais Amin a vent de ce plan, prend les devants et tue Taraki;

• Amin se refuse à appeler officiellement l'intervention de l'Armée rouge, mais ne peut décliner l'offre de renforts « fraternels » : vingt bataillons entrent en Afghanistan le 3 novembre; des troupes aéroportées débarquent à Kaboul les 3, 4 et 7 décembre. Mille cinq cents parachutistes soviétiques occupent la base aérienne de Bagrâm.

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2.5 – Les causes de l’invasion soviétique

• L’explication officielle, selon laquelle cette intervention était nécessaire à cause de mouvements religieux radicaux n’est guère convaincante : ces mouvements existaient, ils prenaient de l’ampleur, mais ils étaient loin de constituer une menace pour l’URSS dans ses territoires musulmans.

• Cette intervention ne répondait qu’à une logique de grande puissance : l’URSS s’étant empressée de reconnaître le nouveau gouvernement de Kaboul, elle devait tout faire pour ne pas perdre la face, pour empêcher l’effondrement du gouvernement de Kaboul.

• Les « notes de travail » du Politburo et les autres documents dont nous disposons démontrent que cette décision fut très difficile à prendre pour les dirigeants soviétiques.

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• Le clan des puritains, menés par le chef du KGB, Andropov, ainsi que le ministre de la Défense Oustinov, y étaient favorables, alors qu’en face, les pragmatiques, menés par Kossyguine, s’y refusaient catégoriquement.

• C’est donc le clan des conservateurs, menés par Brejnev, qui jouera le rôle d’arbitre. Croyant qu’il serait aisé de contrôler le pays et d’asseoir par les armes la légitimité du PNDA, ils finirent par consentir à expédier en Afghanistan ce qui porte le non de « contingent militaire limité », soit environ 75 000 hommes.

• Au plan politique, Taraki n’étant plus là, c’est vers Karmal que les Soviétiques vont se tourner.

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2.6 — La première phase de la guerre (1979-1986)

• De 1980 à 1986, les Soviétiques purent guerroyer presque en toute impunité.

• Leur embarras était d’abord politique. Le 14 janvier 1980, une résolution de l’ONU condamna l'invasion en exigeant le retrait des troupes soviétiques par un vote de 104 voix contre 18.

• En Afghanistan même, la désobéissance de la majorité de la population, la désertion de la plus grosse partie de l'armée afghane et le refus de collaboration opposé par l'ancienne élite rendaient le territoire ingouvernable.

• Jusqu’en 1986, les Soviétiques entendait créer une classe de collaborateurs afin qu'ils soient prêts à assurer la relève de l'occupation.

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• En attendant, il s'agissait de tenir un minimum de places fortes et l'Afghanistan insoumis serait laissé dans son isolement, jusqu’à sa reddition.

• Il fallait isoler les maquis les uns des autres pour les écraser individuellement, ce qui était facilité par la désunion des maquisards et l’absence de stratégie d’ensemble de leur part.

• L'état-major suivait le tracé de la route asphaltée pour élaborer sa stratégie d'isolement. Avec le verrouillage des régions frontalières s'achèverait la mise en place d'un double cordon sanitaire désertifié.

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La stratégie soviétique en Afghanistan (1979-1986)

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La désunion des maquisards

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• Ce programme de dépeuplement était vaste, car le gros de la population d'avant-guerre vivait précisément le long des frontières.

• Au terme de sept années de pression, l'Afghanistan avait perdu le tiers de sa population, soit plus de cinq millions d'âmes en exil en Iran et au Pakistan, la moitié de tous les réfugiés recensés dans le monde.

• Même si les maquisards bénéficiaient de complicités au sein de l'armée et du gouvernement et pouvaient entraver la mise en place du système répressif, il fallait être très optimiste pour croire en une victoire possible de la Résistance.

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3 – Le KAL-007

• Le 1er septembre 1983, un avion-espion américain, qui était en fait un avion de passagers, fut abattu.

• L’information arriva à Moscou le matin, en même temps qu'une demande d'information des Etats-Unis concernant la disparition d'un avion sud-coréen, avec à son bord 269 passagers et membres d’équipage

• L'état-major général déclara que les troupes de la défense antiaérienne étaient persuadées d'avoir abattu un avion de reconnaissance américain RC-135, qui avait pénétré l'espace aérien à 2 heures 45 minutes. À 4 heures 51 minutes, un second avion s'approcha de lui, identifié comme étant analogue au RC-135.

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• C'était le malheureux Boeing-747. Difficile de supposer qu'un avion de passager puisse dévier de 500 à 600 km de sa route sans que personne ne s’en rende compte.

• L'appareil s'est dirigé en direction du Kamtchatka, dans une zone où se trouvait une base des forces stratégiques nucléaires de l'URSS.

• Le commandement fit décoller des chasseurs et tenta de faire atterrir l'avion. Les tentatives furent vaines et l'avion parti en direction est à 6 heures 05 minutes du matin, puis quitta l'espace aérien soviétique.

• À 6 heures 13 minutes, l'avion entra de nouveau dans l'espace aérien soviétique, dans la région de Sakhaline. On fit prendre l'air à un chasseur d'interception SU-15, qui tenta d’établir le contact, sans succès, et de le forcer à atterrir.

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• À 6 heures 24 minutes du matin, on donna l'ordre de « détruire la cible ». Deux fusées furent tirées, qui touchèrent l'avion.

• Le secrétaire d'État Schultze accusa l'URSS de n’avoir rien fait pour avertir le pilote, conférant ainsi à l'URSS la responsabilité d’une destruction intentionnelle.

• Le ton de la déclaration officielle du politburo qui suivit témoigne de la panique qui s’était emparée de la direction soviétique.

• Le 2 septembre, une séance du Politburo fut consacrée exclusivement à tenter de comprendre ce qui s’était passé et la lecture des notes de cette séance témoigne du fait que la direction a été prise au dépourvu et qu'il ne peut être question d'une planification de cet incident.

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• Le 3 septembre, quand l’hystérie s’était emparé de l’ouest, TASS publia une déclaration encore plus embrouillée que la première, dans laquelle il était dit en bref « nous avons vu l'avion, nous avons tiré sur l'avion, mais ne l'avons pas atteint. L'avion est disparu et ce qui lui est arrivé par la suite, nous ne le savons pas. »

• Mensonges évidents qui par voie de conséquence firent paraîtres tout aussi mensongères les informations publiées précédemment, selon lesquelles :– l'avion sud-coréen volait en compagnie d'un avion-espion

américain;– ces avions avaient pénétré profondément une partie du

territoire déclarée zone interdite;– l’appareil se trouva constamment dans la zone de contrôle des

équipements de surveillance électronique américains.

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• Les mensonges soviétiques officiels furent utilisés par Washington et permirent de déployer une campagne de propagande.

• De son côté la machine propagandiste soviétique se déployait lentement. Le 4 septembre, la presse soviétique continuait à taire la tragédie.

• Ce n'est que le 7 septembre que le gouvernement annonça ce que l'on savait déjà. On y reconnaissait la responsabilité du gouvernement et exprimait des regrets « au sujet de la mort de gens parfaitement innocents. »

• Le 8 septembre, la direction soviétique organisa une conférence de presse, à laquelle le chef de l'État-major général participa.

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• Il y présenta différent éléments de preuve qui éclairent les événements :– corrélation entre la violation de l'espace aérien soviétique par

l'avion de ligne et l'activité des avions-espions américains; – coordination de ces actions avec le vol du satellite-espion

Ferret-2.

• Il évoqua aussi certains autre éléments troublants : - le retard de 40 minutes du Boeing sud-coréen à l'aéroport

d'Anchorage;- le fait que l'appareil se trouva en permanence dans la zone de

contrôle des systèmes radio américains;- l’augmentation de l'équipage du Boeing de 18 à 29 personnes;- le fait que le colonel de réserve des forces aériennes de la Corée

du Sud Tchan Ben Ir et le lieutenant-colonel de la réserve Son Don Vin pilotaient l'avion.

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• La publication en 2008 des documents américains classés ne permet pas de comprendre totalement ce qui s’est passé. Mais l’abandon de l’enquête de l’OACI dans les années 1980, pour « refus de collaborer de l’une des deux parties » permet de supposer que le gouvernement américain n’est pas étranger à la tragédie.

• On trouve dans la littérature des thèses très fantaisistes sur l’événement. Certaines accusent l’URSS, d’autres les États-Unis.

• Que l’avion ait été abattu est cependant une certitude, de même est considéré possible que l’appareil ait joué un rôle, peut être involontaire, dans une opération d’espionnage des sites de surveillance de l’URSS.

• Mais même dans ce cas, il est douteux que les Américains aient pu envisager l’issue de l’opération, sans doute convaincus que l’URSS n’abattrait jamais un avion civil.

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• Si les Américains n’avaient pas eu la fâcheuse habitude de monter des opérations d’espionnage du territoire soviétique, et si les Soviétiques n’avaient pas été de leur côté aux prises avec leur complexe d’assiégé, la violation de l’espace aérien soviétique se serait soldé par un échange de notes diplomatiques.

• L’incident a jeté de l’huile sur le feu dans une période de fortes tensions internationales. L’invasion de l’Afghanistan et l’arrivée de Reagan à la Maison blanche, entre autres, ont fait du début des années 80 une période très chaude.

• Washington ne se gênera pas pour exploiter à son avantage cette histoire, mentant lorsque nécessaire, afin de justifier une course aux armements destinée à détruire « l’empire du mal », qui n’hésite pas à assassiner des innocents si cela sert ses intérêts.

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• En URSS, l’affaire du KAL-007 va provoquer la plus grave crise sécuritaire de l’histoire du pays : pendant six semaines, les forces stratégiques soviétiques seront tenues en état d’alerte maximale, car du côté de la direction soviétique, on s’attend alors à ce que ce qui est vu comme une provocation de l’Occident ne soit que le prélude à une attaque nucléaire massive contre le pays.

• Heureusement, personne n’a vraiment suggéré à ce moment-là, à Moscou, de procéder à une frappe préventive sur le territoire américain…