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Université Bordeaux 2 – Victor Segalen U.F.R. DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES Année 2005 Thèse n°86 Thèse pour l’obtention du DIPLÔME d’ÉTAT de DOCTEUR EN PHARMACIE Présentée et soutenue publiquement le 12 décembre 2005 Par Frédéric RENOU Né le 30 Octobre 1979 à Bordeaux HISTOIRE DE LA PHARMACIE DES CARMES A BORDEAUX DE SA CRÉATION À LA DISPARITION DE SA PRÉPARATION LA PLUS CÉLÈBRE : L’EAU DE MÉLISSE DES CARMES Directeur de thèse Melle C. Chèze EXAMINATEURS DE LA THESE Melle C. CHEZE, Maître de Conférences à l’Université de Bordeaux 2 Président M. G. DEVAUX, Professeur Emérite à l’Université de Bordeaux 2 Assesseur Melle M. ANDRIEUX Maître de Conférences Honoraire à l’Université de Bordeaux 2 Assesseur Melle I. BAUDRIMONT Maître de Conférences à l’Université de Bordeaux 2 Assesseur M. E. TURCAT Pharmacien Invité

HISTOIRE DE LA PHARMACIE DES CARMES · Monsieur PABIA, pharmacien titulaire de la Pharmacie des Carmes de 1953 à 1962. Le personnel des Archives Départementales de la Gironde

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Université Bordeaux 2 – Victor Segalen

U.F.R. DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES Année 2005 Thèse n°86

Thèse pour l’obtention du

DIPLÔME d’ÉTAT de DOCTEUR EN PHARMACIE

Présentée et soutenue publiquement le 12 décembre 2005

Par Frédéric RENOU

Né le 30 Octobre 1979 à Bordeaux

HISTOIRE DE LA PHARMACIE DES CARMES A BORDEAUX

DE SA CRÉATION À LA DISPARITION DE SA PRÉPARATION LA PLUS CÉLÈBRE :

L’EAU DE MÉLISSE DES CARMES

Directeur de thèse Melle C. Chèze

EXAMINATEURS DE LA THESE

Melle C. CHEZE, Maître de Conférences à l’Université de Bordeaux 2 Président M. G. DEVAUX, Professeur Emérite à l’Université de Bordeaux 2 Assesseur Melle M. ANDRIEUX Maître de Conférences Honoraire à l’Université de Bordeaux 2 Assesseur Melle I. BAUDRIMONT Maître de Conférences à l’Université de Bordeaux 2 Assesseur M. E. TURCAT Pharmacien Invité

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A Marlène Qui m’a apporté son aide et son soutien tout au long de ce travail. En témoignage de ma profonde affection A mes parents Qui m’ont encouragé et soutenu tout au long de mes études. A ma famille A mes amis

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Nous remercions bien sincèrement toutes les personnes qui d’une manière ou d’une autre nous ont aidés à compléter cette documentation : Monsieur SERVANTIE, descendant de la famille SERVANTIE. Monsieur PABIA, pharmacien titulaire de la Pharmacie des Carmes de 1953 à 1962. Le personnel des Archives Départementales de la Gironde. Le personnel des Archives Municipales de Bordeaux. Le personnel de la Bibliothèque Universitaire de Bordeaux 2. Le personnel de la Bibliothèque Municipale de Bordeaux. Le personnel de l’office du tourisme de Bordeaux. Le Conseil de l’Ordre des Pharmaciens d’Aquitaine. Que tous soient assurés de notre reconnaissance.

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A NOS JUGES Monsieur le Professeur Guy DEVAUX Professeur émérite à l’Université de Bordeaux 2 Pour tous les conseils que vous nous avez prodigués tout au long de ce travail, nous vous exprimons notre profonde reconnaissance. Mademoiselle Monique ANDRIEUX Maître de Conférences honoraire au laboratoire de Toxicologie de l’U.F.R des Sciences pharmaceutiques de l’Université Bordeaux 2 Vous avez accepté, avec beaucoup de gentillesse, de participer à notre jury. Veuillez trouver ici nos sincères remerciements. Mademoiselle Isabelle BAUDRIMONT Maître de Conférences au laboratoire de Toxicologie de l’U.F.R des Sciences pharmaceutiques de l’Université Bordeaux 2 Très sensible à l’honneur que vous nous faites en acceptant de juger ce travail, nous vous exprimons toute notre gratitude. Monsieur Erick TURCAT Pharmacien titulaire de la Pharmacie des Carmes depuis 2001 Pour la gentillesse et la disponibilité dont vous avez fait preuve nous sommes honorés de vous compter parmi les membres de notre jury.

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A NOTRE PRESIDENT DE THESE Mademoiselle Catherine CHEZE Maître de Conférences au laboratoire de Pharmacognosie de l’U.F.R des Sciences pharmaceutique à l’Université Bordeaux 2. Pour tous les encouragements que vous nous avez prodigués ainsi que pour l’enthousiasme dont vous avez fait preuve durant toute la conception de cette Thèse, nous vous exprimons toute notre reconnaissance.

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SOMMAIRE

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INTRODUCTION............................................................................................... 17 Chapitre I: DESCRIPTION DE LA PHARMACIE DES CARMES ................. 21 A.Emplacement géographique ................................................................... 23 B.Architecture extérieure ........................................................................... 25

1.Les deux vases sculptés ........................................................................................ 25

2.La façade ............................................................................................................... 25

3.La porte d’entrée ................................................................................................... 28 C.Intérieur................................................................................................... 28

1.Architecture et mobilier ........................................................................................ 28

2.Les pots ................................................................................................................. 32 2-1 Les faïences de l’apothicairerie des Carmes ............................................... 32

a.Itinéraire des pots .............................................................................. 32 b.Description ........................................................................................ 36

2-2 Les autres collections de pots de la pharmacie ........................................... 40

3.Mortiers ................................................................................................................. 42 3-1 Grand mortier en bronze ............................................................................. 42 3-2 Mortier en marbre........................................................................................ 43

Chapitre II: LES DIFFERENTS PHARMACIENS............................................ 45 A.Pierre CATINOT.................................................................................... 47

1.Le moine................................................................................................................ 47

2.L’apothicaire ......................................................................................................... 48 2-1 Le diplôme de Catinot ................................................................................. 48 2-2 Installation de Catinot en ville .................................................................... 49 2-3 Quand s’est-il installé rue Castillon ? ......................................................... 50 2-4 Sa place au sein de la communauté des pharmaciens ................................ 52 2-5 La suite de la vie de Pierre Catinot jusqu’à sa mort.................................... 54

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B.MAGONTY père et fils.......................................................................... 56

1.Léon…………....................................................................................................... 56

2.Henry..................................................................................................................... 58 2-1 Ses études .................................................................................................... 58 2-2 Henry MAGONTY et la Société de Pharmacie de Bordeaux..................... 59

a.Les travaux médicaux........................................................................ 59 b.Rôle administratif au sein de la Société de Pharmacie...................... 62

2-3 Henry MAGONTY et l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux............................................................................................................................ 66 2-4 Autres travaux ............................................................................................. 68 2-5 Vie familiale................................................................................................ 69

C.Les SERVANTIE ................................................................................... 70

1.Félix....................................................................................................................... 70

2.Xavier .................................................................................................................... 72

3.René GUYOT........................................................................................................ 75

3-1 Ses études .................................................................................................... 75 3-2 Publications ................................................................................................. 78

a.Rédaction d’un cahier de stage........................................................... 78 b.Publications pharmaceutiques et médicales ....................................... 81 c.L’Armillaire et le Pin des Landes ...................................................... 88 d.Bactéries luminescentes ..................................................................... 90

D.Les successeurs de Guyot....................................................................... 92 Chapitre III: L’EAU DE MELISSE DES CARMES.......................................... 93 A.Histoire ................................................................................................... 95 B.Les différentes formules ......................................................................... 98

1.La formule du R .P. Poncelet (Chymie du goût et de l’odorat, 1755) .................. 98 2.La formule de Morelot (Cours de Pharmacie,1803)…………………………………....99

3.La formule du Collège de 1818 ............................................................................ 99

4.Formule de Chevalier dans son Manuel du pharmacien..................................... 100

5.La formule du : « Jardin de Santé à l’usage de la Pharmacie des Récollets » .... 101

6.La véritable formule de l’Eau des Carmes de la place Maubert. ........................ 101

7.Formule de Baumé 1797 ..................................................................................... 104

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8.Formule de Baudot .............................................................................................. 104

9.Formule du codex de 1965 .................................................................................. 105 C.Intérêt thérapeutique ............................................................................. 106 D.Conditionnements anciens de l’Eau de Mélisse des Carmes de Bordeaux........................................................................................................................... 109 Conclusion…………………..………………………………………………...111 Sources………………………………………………………………………..115 Annexes……………………………………………………………………….123 Tables……………………………...………………………………………….147

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INTRODUCTION

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La Pharmacie des Carmes de Bordeaux a une histoire unique, liée à son fondateur Pierre Catinot, moine apothicaire, et, à travers lui, à l’Eau de mélisse des Carmes, la plus célèbre de ses préparations pharmaceutiques qui fit longtemps la réputation de cette officine.

Son histoire remonte à la Révolution française et nous replonge ainsi dans une époque

où le destin des monastères d’un coté et celui de la corporation des apothicaires de l’autre vont vivre un véritable tournant.

En effet, c’est durant cette période de l’histoire de France que de nombreuses institutions, religieuses en particulier, durent fermer leurs portes, ce qui a amené plusieurs apothicaires moines à demander à exercer en ville. Or, dans la ville de Bordeaux, et c’est ce qui confère un caractère unique à cette situation, seul Pierre Catinot, en religion Frère Placide de la Circoncision, eut le droit de patente. Cette chose paraît invraisemblable lorsque nous savons la rivalité qu’il y eut durant des siècles entre les apothicaires diplômés et les moines apothicaires1. De plus, c’est durant les années 1790 que le terme d’apothicaire a disparu au profit de celui de pharmacien et la réglementation de la profession n’en est devenue que plus stricte. Le fait que l’on ait laissé une personne non diplômée s’installer ainsi surprend donc encore plus.

Le caractère unique de cette officine réside également dans le lien étroit qu’elle a entretenu jusque dans les années 1940 avec l’Eau de mélisse des Carmes qui l’a rendue célèbre à un niveau local mais dont la distribution dépassait largement les frontières du département et même du pays. Ce lien est ancré jusque dans les murs de cette pharmacie et nous ne pouvons découvrir l’architecture de cette officine sans s’imaginer Catinot en train de distiller sa précieuse eau. Sa formule reste un mystère et, même s’il en existe encore de nombreuses, celle des Petits Carmes a bel et bien disparu avec la Seconde Guerre mondiale.

C’est pour toutes ces raisons que nous prendrons pour commencement de notre étude

la date de création de l’officine en 1791, et nous arrêterons nos recherches peu après la disparition de la fabrication de l’Eau de mélisse des Carmes.

Cette pharmacie est baignée d’histoire, depuis sa façade montrant deux grands vases de

pharmacie jusqu’à ses boiseries intérieures, une histoire qui a réussi à traverser les siècles et que nous nous sommes appliqués à reconstituer.

1 LEBRETON (Dominique). Apothicaires et moines à Bordeaux à la fin de l’Ancien Régime. Thèse Doct. Pharm. : Bordeaux II : 1983, n°42.

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CHAPITRE I : Description de la

Pharmacie des Carmes

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Après avoir situé la pharmacie dans Bordeaux, nous nous intéresserons successivement à

son architecture extérieure et à son agencement intérieur, en essayant de décrire l’état d’origine et son évolution jusqu’à nos jours.

A. Emplacement géographique

Avant de commencer la description de l’officine, nous allons la situer géographiquement. La Pharmacie des Carmes est toujours à son emplacement originel depuis plus de deux

siècles, c’est-à-dire à l’angle de la rue Castillon et de la rue Margaux. Aujourd’hui, cet endroit paraît anodin mais Catinot ne choisit pas ce lieu par hasard lorsqu’il s’y s’installa en 1791.

Il faut se référer au plan de Bordeaux de cette époque (figure 1, p24) pour remarquer l’extrême proximité de la pharmacie et de l’ancien couvent des Petits Carmes dans lequel Catinot officia pendant trente-quatre ans. En effet, ce couvent était situé à l’emplacement de l’actuelle rue Père Louis-de-Jabrun avec une issue sur la Grande rue Saint André, actuelle rue des Trois Conils.

A cette époque, la paroisse Saint Christoly s’étendait vers l’ouest jusqu'à l’angle des rues

Bouffard et Porte Dijeaux. Les percements des rues ont changé la topologie des lieux car il faut savoir qu’à cette époque trois voies sur le même alignement séparaient la paroisse en deux parties égales. Ces voies se devinent encore de nos jours : à l’ouest, la première rue partait de la rue saint Paul (actuelle rue de Ruat) sous le nom de rue Montméjan ; au centre, une autre rue, la rue Saint Christoly s’étendait de la rue Beaubadat à la rue des Treilles (actuelle rue de Grassi) et c’est à l’angle de ces deux rues (rue des Treilles et rue Saint Christoly) que se trouvait l’église Saint Christoly. Enfin, la rue Saint Christoly termine cette séparation en communiquant avec le carrefour des rues Castillon, Margaux et Judaïque-en-la-ville par une rue appelée rue des Petits Carmes, ce qui ne laisse aucun doute sur la situation géographique du couvent. L’ensemble de cette voie prendra le nom actuel de rue Poquelin-Molière en 1898.2

Il est vrai que la chose ne paraît pas étonnante pour autant : Frère Placide connaissait

probablement très bien le quartier et a fort logiquement voulu y rester après son installation en ville. Mais c’est une autre raison qui le fit demeurer dans le même quartier. En effet, nous pouvons trouver aux archives départementales de la Gironde une requête intitulée : « Requête aux administrateurs du département, exposant les services rendus par l’Apothicaire des Carmes Déchaux, qui livre les remèdes aux pauvres à vil prix et demande que le Frère Placide reste l’apothicaire des pauvres » datant de 17903 (Annexe III p129). Ce document nous permet de penser que Catinot a pu s’installer en ville grâce à cette demande mais à la condition de rester près des pauvres, c’est-à-dire à proximité de l’ancien couvent.

2 MAGNIEN (René). Le vieux quartier Saint-Christoly. Bordeaux, Delmas, 1963, p.13-14. 3 « Requêtes aux administrateurs du département, exposant les services rendus par l’apothicaire des Carmes Déchaux, qui livre les remèdes aux pauvres à vil prix et demande que le Frère Placide reste l’apothicaire des pauvres ». Archives départementales de la Gironde. Cote G2403.

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Figure 1: Plan du quartier St Christoly vers 1755

sur lequel on a figuré le futur emplacement de la Pharmacie des Carmes

• Rue Saint-Christoly = actuelle Rue Poquelin-Molière • Rue des Treilles = actuelle Rue de Grassi • Rue Judaïque-en-la-ville = actuelle Rue de Cheverus

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En conclusion, nous pouvons remarquer la place stratégique qu’occupait cette officine à l’époque, en plein cœur de la paroisse Saint Christoly, tout près de l’ancien monastère.

B. Architecture extérieure

Il est impossible de passer devant la Pharmacie des Carmes sans être alerté par sa façade si particulière.

1. Les deux vases sculptés De part et d’autre de l’entrée nous pouvons remarquer la présence de deux vases taillés

dans la pierre. Ces vases ont été conçus à l’époque de Catinot. Comme c’était alors souvent l’usage4, ces pots, servant d’enseigne, signalent aux passants qu’il y a une pharmacie.

Comme dans les grands pots de monstre qui ornaient autrefois les apothicaireries, les anses de ces vases sont constituées de serpents, animal figurant fréquemment dans les attributs symboliques de la pharmacie.

Si nous nous référons aux dessins qu’en a publié Albert Laprade en 19775 (figure 2, p26), ces pots ont dû être peints en un ton ocre orangé avec un ornement en vert bronze foncé, le cartouche rectangulaire portant alors l’inscription « Eau de mélisse ». Actuellement, cette polychromie n’existe plus : les vases ont repris la teinte de la pierre et sont simplement ornés d’un rectangle de marbre vert (figures 6 et 7, p27). C’est Monsieur Pabia, titulaire de l’officine de 1953 à 1962, qui fit poser ces plaques de marbre à la place de l’ancienne inscription.

2. La façade

La façade a légèrement changé depuis sa création car tout laisse à penser que seul le rez-de-chaussée était construit lorsque Catinot devint propriétaire des lieux, alors qu’à l’heure actuelle elle compte deux étages supplémentaires. Nous remarquons aisément que les pierres du premier et du deuxième étage ne sont pas de même taille et de même époque que celles du rez-de-chaussée. Ce fait m’a été confirmé par un descendant de la famille Servantie, famille qui est toujours propriétaire des murs : Xavier Servantie, titulaire de l’officine de 1882 à 1902, était père de douze enfants et dut donc faire agrandir la maison pour loger sa nombreuse famille, rajoutant un étage à la fin du XIXe siècle.

4 AVISSEAU (Jean-Paul) et POUSSOU (Jean-Pierre). Illustration du Vieux Bordeaux. Aubard, 1990. 5 LAPRADE (Albert). Croquis, troisième album. Paris, Vincent Freal et Cie, 1977, p.65.

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Figure 2: Croquis de la Pharmacie des Carmes réalisés par Albert Laprade

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Figure 3: Vue de la Pharmacie des Carmes depuis

la rue Castillon

Figure 4: Vue de la Pharmacie des Carmes depuis

la rue Margaux

Figure 5: Vue extérieure de la Pharmacie des Carmes

Figure 6: Vase sculpté sur la façade de la

Pharmacie

Figure 7: Partie supérieure du vase sculpté

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3. La porte d’entrée Pendant de nombreuses années, l’officine eut deux portes d’entrée : la première rue

Margaux et l’autre rue Castillon, ainsi qu’une fenêtre située à l’angle des deux rues6 (figure 8, p29). Or, dans les années 1950, Monsieur Pabia, alors titulaire, décida de changer l’emplacement de l’entrée. Il la plaça alors à la place de la fenêtre et fit des deux anciennes portes deux vitrines. Cette organisation est toujours la même aujourd’hui (figure 9, p29).

Il ne faut pas oublier que, même si de nos jours l’aspect extérieur ressemble à un

commerce, à l’époque, Catinot installa son officine dans une simple maison. Pour en finir avec l’aspect extérieur de la pharmacie, nous remarquerons la différence

entre la pharmacie actuelle équipée de vitrines et de portes coulissantes et l’apothicairerie originale qui, sans ces deux vases sculptés sur les murs, ne se différencierait en rien d’une maison ordinaire.

C. Intérieur Pénétrons maintenant à l’intérieur de l’officine et, à partir des éléments actuels, essayons de nous la représenter dans la période antérieure.

1. Architecture et mobilier

En entrant maintenant dans cette pharmacie, ce qui se remarque en premier sont les boiseries qui couvrent deux pans de mur et vont jusqu’au plafond. Ce sont sûrement les seuls éléments qui restent de l’aménagement initial de l’officine (figures 10 et 11, p31).

D’après l’aspect, nous pouvons dire qu’elles sont en bois fruitier et les différents actes de

vente7 8 nous précisent qu’il s’agit de noyer. Elles sont de style Directoire avec des motifs décoratifs néo-classiques et peuvent être datées de la fin du XVIIIe siècle.

Si l’on détaille ces boiseries, nous voyons qu’elles sont rythmées par des colonnes surmontées de chapiteaux ornés de feuilles d’acanthe en bois doré à la feuille. La base des colonnes est également dorée (figures 12 et 15, p31).

Une corniche ornée de denticules termine la boiserie à la partie supérieure.

6 LAPRADE (Albert). Croquis, troisième album. Paris, Vincent Freal et Cie, 1977, p.65. 7 Acte de vente de la Pharmacie des Carmes de Pierre Catinot à Léon Magonty. Archives départementales de la Gironde. Cote 3 E 21762. 8 Acte de vente de la Pharmacie des Carmes de Henri Magonty à Félix Servantie. Archives départementales de la Gironde. Cote 3 E 26154.

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Figure 8: Plan de l'intérieur de la Pharmacie des Carmes

en 1953

Figure 9: Plan de l'intérieur de la Pharmacie des Carmes

en 2005

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A deux endroits bien visibles par les clients de la pharmacie, un baromètre et une horloge ont été intégrés à la boiserie (figure 14, p31). Le baromètre, signé Gibert, a été daté par un spécialiste comme étant de l’époque des boiseries, ce qui n’est pas le cas de l’horloge qui fut remplacée bien plus tard et n’a donc que peu de valeur.

Dans un coin de la pièce, une cheminée, puis un poêle, encore présent vers 1950,

permettaient le chauffage. L’installation du chauffage central amena leur disparition (figure 8, p29).

En ce qui concerne les comptoirs, il y eut pendant des années, depuis l’installation de

Catinot en 1791 jusqu'à l’acquisition de l'officine par Mr Pabia en 1953, deux magnifiques comptoirs avec un dessus en marbre9 10. L’un d’eux était un coffre de mariage en marqueterie ayant appartenu à la famille de Verthamon11 que les frères carmes auraient récupéré durant la Révolution. On y avait ajouté une plaque de marbre pour s’en servir de comptoir. Nous en trouvons la trace dans les actes de vente jusqu'à celui de Guyot 12 (Annexe VII p139). Mais le métier a évolué, et, du pharmacien qui prépare ses remèdes, nous sommes passés au pharmacien qui délivre des spécialités. Trouvant ce comptoir bien trop large et fort peu pratique, Mr Pabia décida donc de s’en séparer. Lors d’une vente aux enchères, il fut acheté en sous-main par un antiquaire bordelais et serait depuis parti pour les Etats-Unis.

Très souvent, les pharmacies anciennes ont un plafond très haut, ceci en vue de stocker

un maximum de poudres et de plantes séchées dans des pots ou dans des silènes. C’était le cas dans cette pharmacie mais l’évolution du métier a conduit l’actuel pharmacien à mettre le plancher à hauteur de la rue. Ceci rend plus facile l’accès à la pharmacie car il fallait descendre trois marches pour y pénétrer.

L’arrière-pharmacie, qui sert actuellement de réserve et contenant des étagères pour le

rangement des médicaments, constituait autrefois une pièce de vie réservée aux élèves où ils pouvaient réviser leurs reconnaissances.

Ajoutons encore que la pharmacie dispose d’une cour intérieure dans laquelle nous

pouvons voir un socle en pierre (figure 13, p31) sur lequel a reposé pendant des années un grand mortier en bronze (figure 29, p43) dans lequel on contusait la mélisse et c’est dans un local voisin, que se distillait son eau à l’aide d’un alambic qui fut démonté durant la Seconde Guerre mondiale et jamais remonté par la suite (figure 8, p29).

Familiarisés avec les lieux, il nous faut maintenant aller à la recherche de l’ancien

matériel dont disposait cette officine. 9 Acte de vente de la Pharmacie des Carmes de Pierre Catinot à Léon Magonty. Archives départementales de la Gironde. Cote 3 E 21762. 10 Acte de vente de la Pharmacie des Carmes de Henri Magonty à Félix Servantie. Archives départementales de la Gironde. Cote 3 E 26154. 11 Cette Famille, de très ancienne noblesse, était bien implantée à Bordeaux : François de Verthamon a été Intendant de Guyenne de 1630 à 1648. Au XVIIIe siècle le Président de Verthamon avait une belle propriété viticole à Talence, contiguë du vignoble Haut-Brion. Sur le cours de l’Intendance à Bordeaux, au n° 13, le Crédit Lyonnais est installé dans l’Hôtel de Verthamon, édifié vers 1830 pour le Comte de Verthamon par l’architecte bordelais Alexandre Poitevin. 12 Inventaire de la pharmacie lors de la mort de Xavier Servantie en 1902. Archives de la famille Servantie.

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Figure 10: Une vue de l'intérieur de la Pharmacie des

Carmes

Figure 11: Autre vue de l'intérieur de la Pharmacie

Figure 12: Dorure située sur le pied d'une colonne

Figure 13: Colonne en pierre, située dans la cour

intérieure où reposait le mortier en bronze

Figure 14: Baromètre intégré à la boiserie et signé

Guibert

Figure 15: Dorure en feuilles d'acanthe située au

sommet des colonnes

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2. Les pots

Lorsqu’il dut s’installer en ville, Catinot décida de prendre avec lui le matériel avec lequel il avait travaillé durant les trente-quatre dernières années.

Pour cela, il dut se porter acquéreur lors de ventes aux enchères des biens du monastère. Dans la vente des biens religieux, un premier document du 11 février 1791, nommé :

« Estimation de la pharmacie des Petits Carmes de la ville », donne un montant de 859,15 (Annexe I p125-126). Enfin, le 17 mars, il est signifié « Adjugé à Monsieur Francisque, pour 950 », mais le nom de Francisque est barré et nous lisons en dessous: « Cédé au S. Placide »13.

Un deuxième document concerne l’apothicairerie des Petits Carmes Déchaussés en-la-

ville ; on trouve à coté des six premières lignes de l’inventaire une mention : « Vendu par le district à l’apothicaire », datée du : « 4 sans culotide l’An second de la république14 »15.

Nous voyons à travers ces documents que Catinot a racheté le matériel de l’apothicairerie

monastique et les inventaires permettent de savoir que cet apothicaire possédait de nombreux pots en faïence qui ne sont plus dans la pharmacie à l’heure actuelle. Nous avons cependant retrouvé la trace de certains d’entre eux. En effet, les pots de pharmacie étaient couramment utilisés pour la conservation des matières médicales durant plusieurs siècles. Ils étaient alors le plus souvent décorés avec goût et délicatesse et donnaient aux apothicaireries un charme désormais perdu avec l’apparition de nouveaux conditionnements. Ils se trouvent aujourd’hui dans les musées ou chez les collectionneurs amateurs d’art.

2-1 Les faïences de l’apothicairerie des Carmes

a. Itinéraire des pots

Si les céramiques pharmaceutiques de l’apothicairerie des Carmes ne sont plus à Bordeaux, leur qualité artistique les a amenées dans divers musées européens ou dans des collections privées.

C’est ainsi que nous avons pu localiser plusieurs pots comportant le blason de l’Ordre des Carmes et provenant d’une faïencerie bordelaise.

Au Welcome Institute of the History of Medicine de Londres se trouve un grand pot couvert, d’une hauteur de trente-six centimètre, portant l’inscription THYRIACA ; nous en donnons la reproduction photographique d’après un ouvrage de Rudolf Drey.16 (figure 24, p39)

13 Archives départementales de la Gironde. Carmes déchaussés et Petits Carmes. Cotes Q 891 14 20 Septembre 1794 15 Eléments vendus à l’apothicaire : 2 alambics de cuivre à feu nuit, 3 chaudières et 4 boitons en cuir, 3 petits mortiers de fonte, une trèpe, un mortier de fer, autres petits ustensiles de peu de valeur. 16 DREY (Rudolph E.A.). Apothecary Jars. London Boston, Faber and Faber, 1978, p.102-103.

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Figure 16: Affiche de la vente aux enchères des matériaux lors de la démolition du couvent des

Petits Carmes en-la-ville en 1792 (Archives départementales de la Gironde : Q891)

Figure 17: Affiche de la ventes aux enchères des

boiseries du couvent des Petits Carmes en-la-ville en 1792

(Archives départementales de la Gironde : Q891)

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Au Schweizerisches Pharmazie Historisches Museum de Bâle est conservé un pot

ressemblant au précédent (hauteur de trente-sept centimètres, mais avec l’inscription THERIACA, reproduit ci-après d’après un autre ouvrage du même auteur.17 (figure 20, p39)

Ce pot pourrait être le même que celui dont Dominique Le Breton avait donné la reproduction dans sa thèse après l’avoir photographié dans la collection du Dr Charles Lasserre, ancien chirurgien des Hôpitaux de Bordeaux.18 (figure 23, p39)

Dans l’ancienne collection Louis Lafond, un pharmacien parisien qui avait réuni un bel ensemble de céramiques pharmaceutiques anciennes, se trouvait un pot du même modèle, visible sur une photographie de l’appartement de ce collectionneur19. Nous ne savons pas ce qu’est devenue cette pièce qui ne figurait pas dans la vente du 4 juin 2002 à Paris où la collection Louis Lafond a été dispersée.

Figure 18: Photo de l'appartement de Louis Lafond

17 DREY (Rudolph E.A.). Les pots de Pharmacie du monde entier. Paris, Vilo-La Porte Verte, 1984, p.78-79. 18 LEBRETON (Dominique). Apothicaires et moines à Bordeaux à la fin de l’Ancien Régime. Thèse Doct. Pharm. : Bordeaux II : 1983, n°42. 19 « Céramiques et objets de pharmacie : ancienne collection Louis Lafond ». Catalogue de la vente du Mardi 4 juin 2002 à l’Hôtel Marcel Dassault, Paris (Commissaire-priseur : Françis Briest ; Expert: Robert Montagut). Page 3 de couverture et n° 143, p.46

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Deux arguments permettent toutefois d’affirmer que ce pot est différent de ceux conservés à Londres et à Bale. Si nous faisons abstraction de l’inscription (THERIACA), identique à celle qui figure sur le pot du Schweizerisches Pharmazie – Historisches Museum, nous remarquons en effet :

d’une part la présence d’une ébréchure à la base du pot, sur sa face avant,

d’autre part une taille nettement supérieure. Si la hauteur du pot n’est pas mentionnée, nous pouvons facilement l’apprécier par rapport à celle des pots marqués MITHRIDATUM et OPPIATA SALOM, qui l’encadrent sur la photographie. Ces derniers ont en effet figuré à la vente du 4 juin 2002 et sont reproduits sous le numéro 143 à la page 46 du catalogue. Leur hauteur est mentionnée : 39 cm. Une simple mesure comparative effectuée sur la photographie prise dans l’appartement de Louis Lafond permet d’estimer sensiblement à 73 cm au moins la hauteur du pot aux armes des Carmes, à comparer aux 36 et 37 cm de ceux conservés dans les collections londonienne et suisse.

Il est vraisemblable que ce vase de la collection Lafond soit entré dans une autre collection privée et qu’il corresponde à celui qui a été exposé avec d’autres pots de monstre au Palais Ducal de Nevers en 2003. Référencé sous le n°19 dans le catalogue de cette exposition, ce pot mesure très exactement 78 cm de hauteur.20 (figure 21, p39)

La photo de deux pots canons couverts appartenant à un collectionneur anglais a en

outre récemment été envoyée à l’actuel propriétaire de la pharmacie. Ces deux pots portent des inscriptions latines, SALVIOE21 pour le premier et ANTHOS22 pour le second (figure 22, p39). La ressemblance des décorations est frappante entre ces deux pots et les vases précédents.

Enfin, le reste de la collection s’est évaporé et est probablement resté entre les mains de

certains pharmaciens, faisant dorénavant partie de leur collection personnelle. Abordons maintenant un fait qui prête à controverse : une des plus belles et des plus

importantes collections de faïence bordelaise serait issue du monastère des Petits Carmes puis de la pharmacie qui nous occupe, et aurait été fabriquée par Hustin dans les années 1750.

L’histoire de cette collection, qui contient 119 pots, nous est contée par Méaudre de

Lapouyade23. Elle aurait tout d’abord appartenue au couvent des Carmes puis serait passée aux mains du Frère Catinot au moment de son installation en ville, lors de la Révolution. Elle resta dans la pharmacie pendant la période des Magonty père et fils puis de Félix Servantie. Ce dernier donna la collection à son ami le Dr Levieux qui, à son tour, en fit présent aux sœurs du bureau de bienfaisance.

20 « Les Pots de Montre, chef d’œuvres du grand feu ». Catalogue d’exposition (28juin-21 septembre 2003) Palais Ducal. Nevers. Pot n°19. 21 Sauge. 22 Romarin. 23 Méaudre de Lapouyade (Maurice). Essai d’histoire des faïenceries de Bordeaux du 18eme siècle à nos jours. Bordeaux, Méaudre de Lapouyade, 1928, p.48-50.

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Si Méaudre de Lapouyade cite de façon précise le couvent des Petits Carmes comme étant à l’origine de la collection de pots de pharmacie du bureau de bienfaisance, il semble y avoir de sa part confusion avec la collection « provenant de l’ancienne pharmacie du couvent des sœurs de Saint-Projet déposée depuis de longues années à la IIIe maison de Secours, 13, 15, et 17, rue de Cheverus » ainsi que le mentionne Camille de Mensignac à l’occasion de l’achat de cette collection par la ville de Bordeaux en mars 1909.24

La description que donne Camille de Mensignac des différentes pièces n’en montre aucune comportant le blason des Carmes. Aujourd’hui conservées au Musée des Arts décoratifs de Bordeaux, elles s’apparentent au contraire à celles de la pharmacie de l’ancien Hôpital des Enfants du cours de l’Argonne25, qui proviennent du vieil Hôpital de la Manufacture fondé sous Louis XIV dans le quartier de Paludate.

Aujourd’hui propriété du Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux, cette dernière

collection est regroupée dans l’hôtel Saint Marc, siège de la commission du patrimoine des hôpitaux. Elle est classée monument historique et reste la collection la plus intéressante de ce type à Bordeaux.

Elle est entièrement référencée dans la thèse de Sophie Lahitette sur les céramiques pharmaceutiques26 et de nombreuses pièces en ont été montrées lors d’une exposition au Musée des Arts décoratifs de Bordeaux en 199627

Ainsi, seules les céramiques portant le blason de leur Ordre peuvent être attribuées avec

certitude aux apothicaireries carmélitaines dont étaient munis leurs monastères et dont Pierre Catinot s’est porté acquéreur.

b. Description

• Des pots en faïence sortis de la Manufacture de HUSTIN28

À cette époque, toutes les boutiques d’apothicaire étaient garnies jusqu’au plafond d’une

quantité de pots en faïence dans lesquels étaient conservés bon nombre de médicaments simples ou composés.

Avant le début du 18ème siècle, les pots venaient principalement d’Italie, de Lyon, de

Rouen, de Nevers, puis ils étaient fabriqués directement dans les régions des apothicaires. Ce fut le cas à Bordeaux avec l’arrivée de Hustin qui donna un important développement à sa manufacture de faïence. Avec leurs commandes importantes, les apothicaires constituaient une clientèle à ne pas négliger et Hustin ne manqua pas de se lancer dans la production de pots pour les officines.

24 MENSIGNAC (C. de). Note sur l’achat fait par la ville de Bordeaux de 130 faïences anciennes provenant de la IIIème maison de secours. Mém. Soc. Archéol. Bordeaux. 1910, 32, p.89-96. 25 NERIN (Jean-Pierre). Hôpitaux et hospices de Bordeaux au temps de la Belle Epoque au travers de la carte postale. Bordeaux, Les Dossiers d’Aquitaine, 1993, p.65 (carte postale n°23-A. Cavaillé, photographe). 26 LAHITETTE (Sophie). Essai d’inventaires des céramiques pharmaceutiques, conservées dans les musées, Hôpitaux et lieux ouverts au public de la Région Aquitaine. Thèse Doct.Pharm. : Victor-Segalen (Bordeaux 2) : 1997, n° 123, p.181-183. 27 La faïence de Bordeaux au service de la Santé (catalogue d’exposition). Bordeaux, Musée des Arts décoratifs, 1996. 28 MEAUDRE de LAPOUYADE (Maurice). Essai d’histoire des faïenceries de Bordeaux du 18eme siècle à nos jours. Bordeaux, Méaudre de Lapouyade, 1928, p.48-50.

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Au début, Hustin ne décora ses vases qu’en camaïeu bleu et ses peintres, dont plusieurs arrivaient de Nevers, se contentèrent de reproduire les modèles qu’ils avaient l’habitude d’exécuter dans les ateliers de leur ville natale. Aussi, certains pots bordelais peuvent être facilement confondus avec les vases nivernais.

Par la suite, Hustin modifia la forme et la décoration de ses vases de pharmacie. La ligne

devint plus élégante, le décor plus délicat. Nous vîmes apparaître, dans plusieurs dimensions, la forme droite sans pied, la forme balustre sur piédouche, les cols bas et la large panse de cruches à sirop, dites chevrettes. Le décor, polychrome dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, comporta d’élégantes et souples guirlandes faites de fleurettes et de feuillage, ainsi que les couleurs de grand feu habituellement utilisées à la manufacture bordelaise, ce qui rend particulièrement aisé l’identification de ces nouvelles pièces.

C’est à cette époque-là que Hustin fabriqua la collection de pots du couvent des Carmes que nous allons décrire par la suite.

• Des pots à l’emblème des Carmes Nous avons déjà souligné que les pots comportaient l’emblème de l’Ordre des Carmes.

Cet Ordre avait été institué au XIIe siècle pour donner une règle aux ermites qui vivaient auprès de la fontaine d’Elie sur le mont Carmel, en Palestine. Ce fut l’un des quatre Ordres mendiants avec ceux des Franciscains, des Dominicains et des Augustins. Il s’introduisit en France sous Louis IX et, en 1451, une congrégation analogue, les Carmélites, fut fondée par Jean Soreth pour les femmes.

Comme tous les ordres religieux, les Carmes se dotèrent d’un blason, dont les meubles

héraldiques reflètent leur histoire et leur spiritualité. Ainsi, peut-on distinguer deux éléments fondamentaux dans le blason carmélitain (figure 19, p38) :

D’une part, une montagne stylisée dont le sommet projeté sur le ciel présente des cotés arrondis, claire référence au mont Carmel, lieu d’origine de l’Ordre. A noter que depuis le XVIIe siècle, les Carmes Déchaux ont rajouté une croix pattée au sommet de la montagne29.

D’autre part, trois étoiles d’or à six pointes, dont une au centre de la montagne et les deux autres disposées symétriquement dans le ciel. L’étoile du bas évoque la Vierge Marie (Stella matutina, Stella maris30), les deux étoiles supérieures symbolisent les prophètes Elie et Elisée, rappelant le caractère marial de l’Ordre et son origine « élienne ».

L’ensemble est surmonté d’une couronne ducale à cinq fleurons d’or. Les armoiries comportaient également au cimier un demi-cercle de douze étoiles d’or avec le bras d’Elie armé d’une épée pour le combat spirituel. Mais ce motif du cimier ne se retrouve pas, ou tout au plus incomplet, sur nos pots de pharmacie. L’écu est simplement accosté de deux angelots assis sur un terre-plein à croisillons, tandis qu’au-dessus est déployé un ruban supposant porter l’inscription qui accompagne habituellement cet emblème : Zelo zelatus pro Domino Deo exercitum31.

29 BOAGA (E.). Come pietre vive… Rome, Institutum Carmelitanum, 1993, p.135. 30 « Etoile du matin, Etoile de la mer » : Qualificatifs donnés à la vierge Marie qui guide vers Jésus à la façon de l’étoile dont le marin se sert pour se guider sur la mer. 31 Je brûle de zèle pour le Seigneur, Dieu des armées.

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Figure 19: Emblème des Carmes peint sur

un grand pot de monstrance de la collection Lafond.

• Les pots de monstrance

Ce sont des vases cylindriques couverts à deux anses en entrelacs, qui portent l’écusson

aux armes de l’Ordre des Carmes32. Le couvercle est bombé, haut, et terminé par un bouton en cloche. Les anses sont torsadées et mouchetées de points bleu cobalt. Le décor polychrome réalisé au poncif dans des couleurs de grand feu assez sombres égayées par quelques touches de rouge de fer, comporte, outre le blason carmélitain précédemment décrit, des rinceaux de feuillage de part et d’autre d’une coquille, et des guirlandes fleuries. L’ensemble encadre le cartouche porteur de l’inscription tracée en manganèse. Sur les couvercles, nous retrouvons le même décor dans des proportions plus appropriées. Un quatrième pot plus grand et majestueux que les précédents a également été découvert. Même s’il est très ressemblant avec les pots précédents, les dimensions supérieures de ce vase permettent plus de détails au niveau du blason carmélitain :

présence de 7 étoiles entre la couronne et le ruban les étoiles sur l’écusson sont beaucoup plus travaillées et deux d’entre elles

sont bleues enfin, l’inscription notée sur le ruban est bien lisible.

En outre, différence essentielle, le décor de ce pot n’est pas polychrome mais traité entièrement dans un camaïeu bleu de cobalt. L’existence de ces trois pots de montre en faïence de Bordeaux et aux armes des Carmes suscite des interrogations :

Trois monastères de Carmes existaient à Bordeaux au XVIIIe siècle : celui des Grands Carmes occupait l’espace compris entre les rues Sainte-Catherine et Canihac sur l’actuel cours Victor-Hugo, une partie de cette dernière artère ayant longtemps porté le nom de Fossé des Carmes. Quant aux Petits Carmes, ou Carmes Déchaux, ils disposaient de deux couvents : le premier, dit de Saint-Louis-en-la-ville, se situait dans le quartier Saint-Christoly sur l’emplacement de la rue Père Louis-de-Jabrun ; le second était établi depuis 1667 rue Notre-Dame, dans le quartier des Chartrons, où il subsiste encore la chapelle qui

32 DREY (Rudolph E.A.). Les pots de Pharmacie du monde entier. Paris, Vilo-La Porte Verte, 1984, p.78-79.

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Figure 20: Pot conservé au musée de Bâle

Figure 21: Grand pot présenté à l'exposition de

Nevers

Figure 22: Pots-Canons appartenant à un collectionneur anglais

Figure 23: Pot ayant appartenu à un collectionneur

bordelais

Figure 24: Pot à thériaque conservé au Wellcome Institute of the History of Medecine de Londres

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constitue l’actuelle église Saint-Louis. Chacun de ces trois couvents possédait une apothicairerie pour son usage intérieur. Alors, le grand pot pour l’apothicairerie des Grands Carmes, et les petits pots pour celles des Petits Carmes ? Explication simpliste…que rien ne vient soutenir.

Faut-il donc envisager dans la même apothicairerie le grand pot trônant en position centrale, encadré de part et d’autre par ses deux « frères » plus petits ? Assurément, sur le plan de l’esthétique, l’ensemble aurait été du meilleur effet. Mais aucun argument ne permet de conforter cette hypothèse, et en l’absence de découverte de tout document décisif, il nous faut en rester sur cette incertitude.

• Les deux pots-canons couverts

Ils appartiennent à un collectionneur anglais, et nous ne connaissons pas leurs mensurations exactes. Leur décoration est similaire à celle des pots vus précédemment, non seulement au niveau des couleurs mais aussi du décor. On remarque également la présence de deux prises latérales en forme de mascaron figurant des têtes d’homme.

2-2 Les autres collections de pots de la pharmacie Deux autres collections de pots ont appartenu à cette pharmacie. Leur existence nous fut rapportée jusque dans les années 1960. La première collection est facilement datable car elle est signée des initiales du successeur de Catinot, Léon Magonty, qui fut titulaire de l’officine de 1804 à 1846. C’est donc dans cette période que cette collection fut créée. (figure 25, p41) Il s’agit de pots couverts droits en faïence. Ils sont sobrement décorés d’une guirlande de feuilles entourant le nom latin de la plante contenue, surmontée d’une nouvelle couronne, plus petite, encerclant les initiales L M entrelacées. Les feuilles sont de couleur verte, et les inscriptions sont tracées en noir. La seconde collection consiste en une série de pots couverts en porcelaine, de style Empire ou Directoire (figure 26, p41). Nous pouvons y voir une guirlande de laurier ainsi qu’une couronne de trèfle dorée. L’inscription latine correspondant au contenu figure au centre. Au sommet des guirlandes, le décor est complété par deux serpents dorés entrelacés entourant une coupe d’Hygie de couleur violette. Les branches de laurier sont réunies à la base par un nœud peint de la même couleur violette. Enfin, le couvercle comporte lui aussi des filets dorés. En dehors de ces pots, il reste également d’autres récipients plus petits, de couleur blanche, et probablement en faïence, qui servaient à la conservation des extraits. (figure 27, p41) Enfin, une autre pièce qui semble également ancienne, est un bocal couvert en cristal soufflé revêtu d’une étiquette dorée sur fond noir (figure 28, p41). Elle comporte l’inscription en français de la plante contenue entourée de quatre dessins. Le premier situé au dessus du nom représente des ustensiles de laboratoire. Au-dessous, nous trouvons un mortier et un pilon. Enfin, sur les côtés, des personnages placés sur un socle pourraient figurer Hippocrate et Galien.

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Figure 25: Pot en faïence aux initiales de Léon

Magonty

Figure 26: Pot en porcelaine de style Directoire

ou Empire

Figure 27: Pots servant à la conservation des extraits

Figure 28: Pots en verre soufflé

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3. Mortiers Deux mortiers datant de l’origine de la Pharmacie des Carmes ont été également identifiés.

3-1 Grand mortier en bronze

Nous retrouvons la trace de ce mortier dans de nombreux documents qui traitent de l’histoire de Bordeaux ou des apothicaires33 34. Il est actuellement conservé au Musée des Arts décoratifs de la ville. (figure 29, p43)

Sa date de fabrication ainsi que son créateur sont connus par l’inscription qui figure sur sa

panse. En effet, on peut lire : « TURMEAU MA FAIT A BORDEAUX L’AN MDCCLXXXIV », le nom de l’apothicaire semblant enlevé au couteau.

Ces informations nous apprennent qu’il fut fabriqué en 1784 peu de temps avant la

fermeture du couvent et à une période où Catinot y était apothicaire. Mais, surtout, nous y apprenons que son créateur n’est autre que Turmeau, un fondeur de cloches bordelais réputé, qui a réalisé de nombreux mortiers mais dont l’œuvre la plus connue est la Grosse Cloche qu’il coula en 1775 et qui reste si célèbre de nos jours à Bordeaux.

Le mortier qui nous occupe est en bronze, de forme tronconique ; son poids exact est de

58 kilogrammes et sa capacité de 16,15 litres. Ses dimensions extérieures sont les suivantes : diamètre supérieur 423 millimètres, diamètre inférieur 282 millimètres, hauteur 282 millimètres. Ses dimensions intérieures sont précisément : diamètre supérieur 210 millimètres, profondeur 313 millimètres et épaisseur 55 millimètres. Sa patine est verdâtre et sa surface est lisse35.

Sa bordure supérieure porte une inscription en caractères romains majuscules, le corps est divisé en deux parties par un cordon médian ; la partie supérieure porte deux poignées en gueule de chien, tandis que le blason du couvent des Carmes orne la partie inférieure. Deux larges cordons délimitent le bas de la panse. Nous pouvons rapprocher cette pièce des autres mortiers fondus par Turmeau et nous pourrons nous reporter pour cela à la thèse soutenue par Elisabeth Graciet en 199136.

Chose étonnante, ce mortier ne fut porté dans aucun inventaire, ni au moment de la vente de l’apothicairerie du monastère, ni lors de la vente de la pharmacie de Catinot à Magonty. Il y a donc une forte présomption que Catinot ait voulu cacher l’origine de ce mortier, ceci expliquerait l’inscription rayée au couteau qui devait être comme nous allons le voir, le nom de l’apothicaire et celui du monastère. En effet, nous trouvons des mortiers similaires sur

33 RECHE (Albert). Mille ans de médecine et de pharmacie à Bordeaux. Bordeaux, Mollat, 1980, p.83. 34 MAGNEN (René). Place Saint-Christoly. Bordeaux, Delmas, 1963, p.35. 35 GRACIET (Elizabeth). Inventaire des mortiers d’apothicaires et autres mortiers conservés en Aquitaine dans les Musées, Hôpitaux, et Monuments ouverts au public. Thèse Doct. Pharm. : Bordeaux 2 : 1991, n°89, p.191-192. 36 GRACIET (Elizabeth). Inventaire des mortiers d’apothicaires et autres mortiers conservés en Aquitaine dans les Musées, Hôpitaux, et Monuments ouverts au public. Thèse Doct. Pharm. : Bordeaux 2 : 1991, n°89.

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lesquels figurent ces différentes informations, prenons pour exemple un mortier en bronze sur lequel nous pouvons lire : « Couvent de la merci, F. Maurice Guichard, apothicaire, 1758, Turmeau ma fait à Bordeaux ». Mais, malgré cela, la présence du blason et les inscriptions ne laissent aucun doute quant à l’origine du mortier.

Ce mortier, tout comme la recette de l’Eau de mélisse, fut transmis de propriétaire en propriétaire jusqu'à ce que les descendants Servantie en fassent don à la ville de Bordeaux en 1959.

Figure 29: Grand mortier en bronze fondu par Turmeau en 1784

3-2 Mortier en marbre Actuellement propriété d’un collectionneur privé, on en trouve trace lors de l’inventaire réalisé à la mort de Xavier Servantie en 1902. Il s’agit d’un mortier assez volumineux, dont le diamètre supérieur avoisine 30 cm.

Figure 30: Mortier en marbre

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CHAPITRE II : Les différents pharmaciens

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Dans la période qui nous intéresse, seulement trois familles se sont succédées à la tête de

l’officine. Bien que cela puisse sembler étonnant sur une si longue période, il faut savoir qu’il était très courant à Bordeaux comme ailleurs de céder sa pharmacie à son fils. Preuve en est le peu d’inventaires d’officine que nous pouvons retrouver, alors que ce sont des actes notariés courants dans le cas d’une vente.

A. Pierre CATINOT

Plus que le créateur de cette officine, il fut également une figure incontournable et unique de la pharmacie bordelaise post-révolutionnaire.

1. Le moine

Pierre Catinot naquit à Tulle le 10 janvier 1725. Il entra par la suite dans la vie religieuse et prit le nom de frère Placide de la

Circoncision.37 Nous ne savons que peu de chose du moine Catinot, mais d’après certains documents

d’archive, nous pouvons dire que frère Placide travailla comme apothicaire aux Chartrons pendant les années 1770 puis exerça pendant au moins quatorze ans au couvent Saint Louis. Preuve en est ce document de juin 1778, où le couvreur Rosa mit en tête de son mémoire de frais pour réparations : « Savoir : pour avoir fermé les trous et lézardes et blanchi à deux couches la chambre du frère Placide : 2 livres. » 38

D’autres documents du couvent montrent sa présence jusqu'à l’inventaire des

différents moines du couvent en 1790.39

Catinot devint par la suite maître en pharmacie alors qu’il était encore aux Petits Carmes. En effet, un certificat de travail contenu dans le dossier d’Etienne Desaybats40, ancien pharmacien des hôpitaux de la marine et de l’armée, fut son premier acte professionnel : « Je soussigné, maître en pharmacie à Bordeaux, certifie que M. Desaybats (le jeune) a exercé chez moi l’art de la pharmacie pendant quatre ans et huit mois, avec intelligence et assiduité, en foi de quoi je lui ai livré le présent certificat à Bordeaux le 23 juillet 1789. Signé P. Catinot, dit Placide. »41 37 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.100. 38 Archives départementales de la Gironde. Fonds H. Carmes Déchaussés, non classé. 39 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.95-97. 40 Etienne Desaybats s’installera à Bordeaux après avoir acquis en 1792 l’officine du célèbre apothicaire bordelais Marc-Hilaire Vilaris, qu’il transférera de la rue des Ayres au n°3 de la Place du Château royal (actuelle Place Pey-Berland). Actuellement cette officine existe toujours et a été déplacée au 7, Place Pey-Berland. 41 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.100.

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Nous pouvons donc affirmer que Catinot pouvait fournir un certificat comme maître en pharmacie depuis au moins 1784. Il apparut pour la première fois comme frère Apothicaire du couvent le 29 avril 1790 dans l’état officiel du couvent des Carmes Déchaux Saint-Louis-en-la-ville lorsqu’il remit l’inventaire de la pharmacie aux officiers municipaux. C’est le 3 mars 1791 qu’il reçut un diplôme public qui le reconnaissait maître apothicaire de la ville de Bordeaux.

2. L’apothicaire

2-1 Le diplôme de Catinot

Ce diplôme de maître apothicaire fut enregistré tour à tour en 1791, puis en 1793, conformément à une délibération du Conseil Général de la commune de Bordeaux du 12 février 1793 qui exigeait que tous les maîtres apothicaires justifient de leur titre et leur diplôme, et en l’an XI du calendrier révolutionnaire où Catinot fut reconnu d’emblée comme pharmacien.

Voici le document en question :42 « Les maires et officiers municipaux de la ville de Bordeaux et tous ceux qui ces présentes

verront , salut : savoir faisions qu’étant bien et duement certains et informés des bonne vie, mœurs, suffisance, capacité et expérience de sieur Pierre Placide surnommé Catinot , apothicaire habitant de cette ville , pour être reçut maître en icelle ; à ces causes et autres bonnes et juste considérations à ce nous mouvons avons reçu et recevons par ces présentes ledit sieur Pierre Placide maître apothicaire en la présent ville et faux bourgs, pour de la dite maîtrise droits et privilège y attribués, jouir et user tout ainsi et de même que les autres maîtres apothicaire en la présente ville ont accoutumé et doivent jouir, à charge par lui d’exécuter les règlements et statuts, aux peines y contenues. Lequel nous a fait et prêté le serment au cas requis et accoutumé, après avoir fait enquête de ses bonnes vies et mœurs devant M.Lagarde, officié municipal à ce député. Donné à Bordeaux dans la chambre du conseil de la maison commune le 3 mars 1791. Signé : Dassetesre, Sre. Gal.

Vu par nous commissaire, conformément à la délibération du conseil général de la commune du 12 février dernier. Fait à Bordeaux dans la maison commune 15 mars 1793 an II de la république française, B. Marchand, Off. Municipal, Furtado, officier municipal. »

Il est rajouté à la fin du diplôme de Catinot : « Vu et collationné par nous, maire du troisième arrondissement, dit du centre. La

présente copie conforme à l’original qui nous a été présenté et retiré à l’instant par le dit citoyen Placide fait à Bordeaux en l’hôtel de la mairie le 29 thermidor an XI de la République Française. »

42 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.101.

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Ce fait nous amène à une interrogation : comment un moine apothicaire a-t-il pu s’installer en ville avec les diplômes de maître apothicaire puis de pharmacien à une époque où ses frères était dénigrés par toute la profession ?

2-2 Installation de Catinot en ville Comment put-il s’installer ? Une première réponse nous est apportée par certains documents dont une requête

explicite intitulée : « Requête aux administrateurs du département, exposant les services rendus par l’apothicaire des Carmes Déchaux, qui livre les remèdes aux pauvres à vil prix et demande que le frère Placide reste l’apothicaire des pauvres ( 1790) ».43 (Annexe III p129)

Dans le dossier de l’ancienne paroisse Saint-Christoly, il existe, en effet, deux documents concernant frère Placide. Les habitants de cette paroisse s’adressèrent aux administrateurs du département de la Gironde pour conserver la pharmacie des Carmes Déchaussés :

« Ce considéré, il vous plaît, messieurs, ordonner que frère Placide, apothicaire de la dite communauté aura le droit de travailler comme apothicaire des pauvres de la dite paroisse et ferès justice. »

La première explication apparaît clairement grâce à ces textes. Catinot offrait contre très

peu d’argent ses services médicaux aux pauvres de sa paroisse, il était donc indispensable vis-à-vis de ces gens-là et était reconnu comme tel.

Mais cette raison ne suffit pas à expliquer sa nomination car il faut aussi prouver que

Catinot, qui n’avait aucun diplôme, maîtrisait les sciences de la médecine car sinon il serait plus dangereux pour les malades que bénéfique.

Une autre feuille du dossier précédent y répond : « Frère Placide, âgé de soixante-six ans, est réputé et connu dans toute la ville et

faubourgs et de messieurs les médecins de la ville pour très versé dans la pharmacie. » De plus, à ce moment-là, Catinot avait plus de vingt ans de pratique derrière lui, rien ne

s’opposait donc au fait qu’il s’installe en ville, à condition bien sûr de rester à proximité des gens dont il s’occupait précédemment.

Une autre explication, plus économique, peut être évoquée ; en effet, le couvent et Catinot

auraient commercé avec Saint Domingue44 bien qu’il n’y ait que peu de preuves de ce commerce.

On peut remarquer également que Pierre Catinot était affilié à la loge maçonnique

« L’Amitié » et, de ce fait, considéré comme favorable à l’esprit des Lumières. La franc-

43 « Requêtes aux administrateurs du département, exposant les services rendus par l’apothicaire des Carmes Déchaux, qui livre les remèdes aux pauvres à vil prix et demande que le Frère Placide reste l’apothicaire des pauvres ». Archives départementales de la Gironde. Cote G2403. 44 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.106.

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maçonnerie était une famille de pensée bien représentée à Bordeaux et notamment chez les apothicaires45. Peut-être les affinités maçonniques de notre moine apothicaire peuvent-elle expliquer la tolérance dont il bénéficia au moment de la période révolutionnaire ? Nous pouvons d’ailleurs noter que Pierre Catinot céda son officine à Léon Bertrand Magonty, lui-même maçon (affilié à la loge « Triangle-Chapitre Essence de la Paix ») qui enverra Joseph Henry, son fils, comme élève à la Pharmacie Pelletier à Paris ; or nous savons que Bertrand Pelletier ainsi que son fils Joseph étaient également maçons46.

La requête fut acceptée : il fut non seulement nommé apothicaire juré mais il put

également acheter l’apothicairerie des Carmes et obtint de rester dans le couvent après avoir abandonné son ordre.

Preuve en est cette lettre du 15 avril 179147 où il demanda à ce que sa pension lui soit

versée directement : « À Messieurs les administrateurs du directoire du département de la Gironde, Placide Catinot, religieux profès du couvent des carmes déchaussés de cette ville, dont le

traitement a été fixé par l’Assemblée nationale à 400 livres, dont le premier quartier a été payé à son supérieur le 26 février dernier, prie messieurs du directoire d’avoir à lui payer à lui-même le montant du second quartier de l’année 1791 en raison de ce qu’il ne mène plus la vie commune avec ses confrères. Ils obligeront leur très humble serviteur. Placide Catinot. »

2-3 Quand s’est-il installé rue Castillon ? Il resta cependant dans son couvent en attendant que les démolisseurs interviennent, car il

existait un acte de location du 10 Octobre 1791 d’une partie du couvent des Carmes de la ville à Placide Catinot, apothicaire juré. D’ailleurs, il est mentionné en 1792 dans l’almanach Labottiere sur la liste des apothicaires : Catinot, apothicaire, rue des Petits Carmes48.

Le catalogue des ci-devant maîtres en Pharmacie de la ville de Bordeaux est également la

preuve de la reconnaissance de Catinot comme apothicaire juré dès 1791.

Le 15 janvier 1792, dans un constat fait par les officiers municipaux pour des objets déposés au couvent des Petits Carmes et qui auraient été enlevés, il est dit :

« Que s’est présenté le sieur Jacques Dupuy, associé du sieur Placide, absent, apothicaire,

demeurant dans la présente maison, et au cours du constat, se présentent : le sieur Jean Magonty, peintre, rue Porte Dijeaux, 21, et le sieur Placide Catinot, qui demeure, comme nous l’avons vu, en la présente maison. Le procès-verbal est signé : Catinot, Dupuy, Magonty, et Dambielle, Oré aîné, officiers municipaux. »49 45 ARLERY (S.). Une exposition sur la franc- maçonnerie au Musée d’Aquitaine. Présence de la Pharmacie. Le Pharmacien d’Aquitaine. 1994, n° spécial. 46 BAUMIER (M.). Les Amis Intimes, Loges et maçons parisiens avant et pendant la Révolution française. Mémoire de maîtrise d’Histoire moderne, Univ. Paris VII, juin 1990, dactylographié. (Paris, BNF : FM Fac-sim.91). 47 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.102. 48 Archives départementales de la Gironde : Q1037. 49 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.103.

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Le 25 avril 1792, une demande de pension confirma son domicile : « Je soussigné, Pierre Catinot, âgé de soixante-sept ans, ci-devant Frère lai carmes

Déchaux de la ville restant à cette époque à Bordeaux, département de la Gironde, district de bordeaux, déclare être dans l’intention de fixer mon domicile dans la ville de Bordeaux, paroisse saint André, maison des Carmes Déchaux de la ville et qu’à cet effet, je me suis fait inscrire au greffe de la municipalité le 25 avril 1792. Je déclare aussi que ma pension a été fixée à la somme de 400 livres par le district de Bordeaux, Département de la gironde.

A Bordeaux, le 25 avril 1792. Pour sieur Pierre Catinot : Signé : Dupuy. » Et, en marge, nous lisons: « M. Pierre Catinot n’a pu se présenter à cause de ses infirmités et s’est fait représenter

par M. Dupuy, ci-devant frère lai Carme Déchaux. Signé : Lafitte, officier municipal. »50 On remonte encore au 1er juin 1792, où chez Maître Duprat, notaire, il y a constitution de

rente viagère ainsi résumée : « Devant Me Duprat et Me X…, notaires, Me Chalu, notaire, rue Porte Dijeaux, lequel a

créé et constitué par ces présentes en faveur de Pierre Catinot, apothicaire de cette ville, demeurant rue des Petits Carmes, paroisse Saint-André, à ce présent et acceptant cinq cents livres de rentes viagère.

Rente ainsi faite moyennant la somme de 6000 livres que le dit sieur Chalut a reçu en espèces du cours, au vu des notaires.

Signé : Catinot, Chalut, Duprat. »51 A ce moment, le couvent des Carmes Saint Louis était en cours de démolition. Frère

Placide devait donc déménager : « Prestation de serment : les maires et officiers municipaux de la ville de Bordeaux

certifient que le sieur Pierre Catinot, ci-devant Frère Petit Carme de cette ville, y demeurant rue Castillon, a prêté devant nous le serment civique prescrit par la loi du 12 août 1792 duquel M. le Président lui a prononcé les termes. Fait à Bordeaux dans la chambre du Conseil de la maison commune le 12 septembre 1792, l’an IV de la liberté et le premier de l’Egalité. »52

C’est donc à ce moment précis que Catinot quitta son couvent pour aller s’installer tout

près de celui-ci au coin des rues Castillon et Margaux, où la pharmacie se trouve encore aujourd’hui.

50 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.103. 51 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.103. 52 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.104.

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2-4 Sa place au sein de la communauté des pharmaciens : Catinot fut donc reconnu par la commune et fut complètement associé avec les autres

apothicaires civils dans un document condensé ci-dessous. Ce dernier concerne en effet, en même temps, la lutte qui exista pendant toute l’époque

révolutionnaire entre les apothicaires moines, qui voulaient continuer à exercer la pharmacie, et les apothicaires jurés, qui voulaient leur interdire l’exercice de cette profession. Ce conflit fut jugé très différemment suivant les individus en cause. Pour Catinot, dit Placide, la preuve existait qu’il s’était associé aux autres apothicaires jurés contre les apothicaires moines. En effet, le 21 janvier 1792, nous trouvons un extrait du registre des arrêtés du directoire du département de la Gironde :

« Vu le mémoire des sieurs Falquet père, Cadilhon, Dubédat, f.m Mellville, Malleville

aîné, Dumaine, Oulés, Falquet fis, G. Villesuzanne, Lamégie, Falquet aîné, Gayet, Guignan, Darles, Doubrére, Catinot, Ali et Testas, citoyens actifs de la ville de Bordeaux, ensemble les pièces y jointes et l’avis du district du 26 novembre dernier (26 novembre 1791). »53

Ainsi, dix-huit des vingt apothicaires jurés, Catinot compris, demandèrent que les

apothicaires moines ne puissent pas avoir de patente d’apothicaire. Cela concernait les sieurs Gastelouzard54, Dupont55 et Macluzeau56. Le directoire du département ne donna pas entièrement raison aux apothicaires civils.

La conclusion est la suivante : « Arrête que, provisoirement et jusqu'à ce qu’il en ait été autrement ordonné, les dits ci-

devant Frères seront admis à se pourvoir de patente et maintenus dans l’exercice de profession de la même manière qu’ils l’ont exercée jusqu'à ce jour et qu’ils l’exercent actuellement. »

Catinot, ancien petit Carme Déchaux, n’hésita pas à porter plainte contre ses confrères

moines, ce qui prouve qu’il se jugeait bien supérieur à ceux-ci et cette valeur était reconnue par tous ses confrères civils.

La preuve que Catinot fut le seul apothicaire moine auquel fut accordée l’autorisation

d’exercer en ville est faite par la liste éditée par les maîtres en pharmacie au moment de la loi de germinal dans laquelle ne figurent ni Macluzeau ni Gastelouzard ni Dupont, mais Catinot .

De plus, l’application de la loi de germinal an XI souleva de nombreuses objections parmi

ceux qui n’étaient pas reconnus de plein droit. Un sous-préfet se plaignait de l’intransigeance des pharmaciens reconnus57. Le préfet de la Gironde transmit ces doléances à Paris et le ministre de l’intérieur donna sa décision sur l’application de la loi germinal de l’an XI aux anciens pharmaciens.

53 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.104-105. 54 Jean Gastelouzard (Frère Thomas, apothicaire des Récollets). 55 Jean Dupont (on n’a pas découvert à quel ordre il appartenait). 56 Pierre Macluzeau (Frère Gervais, apothicaire des Cordeliers). 57 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.110.

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Rappelons que la loi de germinal an XI sur la pharmacie, par son article 21, prescrivait à tout pharmacien ayant une officine ouverte d’adresser (dans le délai de trois mois après la publication de la loi), copie légalisée de son titre au préfet de police à Paris, et ailleurs, au préfet du département. L’application de cet article provoqua le catalogue des ci-devant maîtres en pharmacie de la ville de Bordeaux, à laquelle fut jointe, pour chaque pharmacien inscrit, la copie de son titre. L’article 26 concernait tous ceux qui, ayant une officine de pharmacie ouverte, ne pourraient faire la preuve d’un titre légal. A Bordeaux, ils devraient se présenter devant un jury pour y subir l’examen et y être reçus. L’article 23 concernait les pharmaciens reçus dans une des trois écoles : Paris, Strasbourg, Montpellier, qui pourraient s’établir et exercer leur profession dans toutes les parties du territoire français. L’article 24 concernait spécialement les pharmaciens reçus par un jury médical et précisait qu’ils ne pourraient s’établir que dans l’étendue du département ou ils auraient été reçus58.

Le Jury médical du département de la Gironde séant à Bordeaux, au ci-devant collège de

chirurgie, en l’an XII, le 17 fructidor (4 septembre 1804), reçut vingt pharmaciens parmi lesquels, en troisième place : Bertrand Léon Magonty, puis Gastelouzard n°8, et Macluzeau n°9. Sur la même feuille, nous lisons : « Permis pendant un an et devront se représenter à nouveau : Jean Dupont, Bordeaux, et Arnaud Cabois. »

Malgré leur patente provisoire accordée le 21 janvier 1792 par la préfecture du

département de la Gironde, les trois apothicaires moines : Gastelouzard, Dupont et Macluzeau ne furent pas reconnus d’emblée comme pharmaciens et durent passer devant le jury médical. Dupont fut même ajourné tandis que Bertrand-Léon Magonty fut reçu en très bon rang59.

Un imprimé préfectoral du 1er février 1819 donne le relevé des pharmaciens de Bordeaux. Il y avait trois catégories de pharmaciens : • Ceux reçus selon les anciennes formes : 17 • Ceux reçus par école spéciale : 12 • Ceux reçus par le jury médical : 20

Soit 49 pharmaciens à Bordeaux60. Donc, si nous reprenons le catalogue des maîtres en pharmacie de Cheylud61, nous remarquons à nouveau que, parmi les moines apothicaires, seul Catinot fut reconnu par la commune et par les apothicaires de la ville de Bordeaux. Il restera ainsi un cas unique dans l’histoire de la ville.

58 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.111. 59 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.111 60 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.111 61 CHEYLUD (Emile).Histoire de la Corporation des apothicaires de Bordeaux. De l’enseignement et de l’exercice de la pharmacie dans cette ville : 1355-1802. Bordeaux, Albert Mollat ; Paris, Alphonse Picard. 1897, p.137-138.

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2-5 La suite de la vie de Pierre Catinot jusqu’à sa mort

Nous retrouvons par la suite la trace de Catinot dans divers documents officiels. Le premier est un serment :

« Extraits des registres, bureau central de Bordeaux, quatrième jour complémentaire. Prestation de serment.

An V de la république Française, Pierre Catinot, demeurant rue margaux n° 11, » Après avoir justifié qu’il avait prêté le serment ordonné par la loi du 14 août 1792, il

prêta devant nous celui prescrit par la loi du 19 fructidor dernier dans les termes ci-après : « Je jure haine à la royauté, à l’anarchie, attachement et fidélité à la république et à la

constitution de l’an III. »62 Ensuite, en messidor an VI (juin-juillet 1798), il existe plusieurs pièces, dont un certificat

de civisme pour toucher sa rente à la caisse de la dette publique et des pensions. Signèrent comme témoins : Jacques Dupuy, rue Gouvion, sans numéro ; Léon Magonty, rue Porte Dijeaux, 21, et Jean Fénelon, rue des Trois-Conils, 20.

Catinot était marqué au 11, rue Margaux, et il allait encore confirmer son serment63 : « Je soussigné, déclare n’avoir point rétracté le serment civique prescrit par la loi de 1792

et que je n’ai reçu aucune succession depuis la dissolution de mon ordre. A Bordeaux, le 21 messidor, l’an sixième de la république Française64. Catinot, cy-devant Frère Carme Déchaux. »

Un acte notarié daté du 2 thermidor an IX65 nous montre que Catinot fit l’acquisition

d’une maison rue du Loup, qu’il loua. Le locataire était dénommé Guichard et le propriétaire : Catinot, pharmacien rue Margaux. Ceci prouve que Catinot sut faire fructifier ses affaires puisqu’il n’était installé que depuis six ans.66

La vente d’Eau des Carmes y est pour beaucoup mais nous retrouvons également un

certain nombre de transactions avec Saint-Domingue : 18 floréal an XIII67, une déclaration chez Duprat, notaire, par M. Gabriel Boubée-

Brouqueur, propriétaire à Bordeaux, qui stipulait que, pour obliger le sieur Placide Catinot, pharmacien, il se chargeait de poursuivre la liquidation des trois lettres de change à la Trésorerie ; qu’elles avaient été, en effet, liquidées à 3958,76 ; que le dit sieur Brouqueur n’en avaut point fourni la valeur au dit sieur Placide Catinot et qu’enfin, ce dernier devait en recevoir le montant. Droits : 39,60.68

Le 17 prairial an XIII69, une procuration en blanc fut enregistrée : Sieur Placide Catinot,

pharmacien à Bordeaux, pour retirer de la trésorerie impériale 3 lettres de change tirées du Cap en l’Isle Saint-Domingue.70

62 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.105 63 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.105 64 9 juillet 1798 65 21 juillet 1801 66 Archives départementales de la Gironde. Enregistrement Maître Triboulet. 67 8 mai 1805 68 Archives départementales de la Gironde. Enregistrement Maître Triboulet 2eme bureau C16. 69 6 juin 1805

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Placide Catinot céda sa pharmacie à Bertrand Léon Magonty; en effet, nous retrouvons un

acte notarié en date du 27 floréal an XIII 71 72 : « Enregistré une vente par le sieur Catinot, pharmacien, rue Margaux, en faveur du sieur

B.L. Magonty fils, aussi pharmacien, du fonds de pharmacie et autres objets mobiliers détaillés dans l’acte moyennant la somme de 1200 francs de rente annuelle et viagère que le dit acquéreur constitue en faveur du dit vendeur sous le cautionnement du sieur Arnaud Fabret, propriétaire rue Naujac. Reçu : 300 francs, Me Rauzan, notaire. »

Si nous examinons l’acte notarié signé par Catinot, Magonty et les notaires, nous

remarquons différents points (cf. Annexe II p127-128) : • Catinot a 79 ans, il cède donc son fond de commerce à Magonty qui travaille avec lui

depuis 18 ans pour les conditions vu précédemment. • Il cède tous le contenu de la pharmacie : poteries, boiseries, ustensiles, l’Eau des Carmes

déjà préparée.

Les conditions de vente sont les suivantes : • Catinot doit arrêter d’exercer la profession de pharmacien, il ne doit plus ni vendre ni ne

faire vendre d’Eau de mélisse des Carmes. • Catinot doit donner sa formule de l’Eau de mélisse à Magonty et doit en faire une

chauffée devant lui. • Catinot ne doit révéler à personne le secret de la composition de l’Eau de mélisse.

Par cet acte passé devant Maîtres Rauzan et Hazera le 13 floréal de l’an XIII73, nous avons la preuve que Catinot transmit directement à Léon Bertrand Magonty, son élève durant 18 ans, depuis peu reçu par le jury médical de l’an XII, non seulement sa pharmacie mais aussi sa recette unique de l’Eau de mélisse des Carmes.

Par la suite, Catinot se retira près de son ancien couvent et de son ancienne pharmacie. En effet, il s’installa au numéro 21 de la rue Gouvion, appelée maintenant rue Père-Louis-de-Jabrun.74 Sa signature apparaît également au bas du contrat de mariage de Magonty le 25 août 1806.75 Pierre Catinot décéda le 5 septembre 1811 à l’âge de 85 ans : « Catinot Pierre, ex Frère Petit Carme, célibataire, apothicaire, dit Placide, âgé de quatre-vingt-cinq ans, demeurant rue Gouvion, 21. »

De même, à la cathédrale Saint André, il est porté au registre mais au 7 septembre 1811 : « Les honneurs funèbre ont été rendus à Pierre Catinot, âgé de quatre-vingt-cinq ans et sept mois, ancien frère petit carme, mort la veille rue Gouvion, numéro 21. »76 70 Archives départementales de la Gironde. Enregistrement Maître Triboulet 2eme bureau, 17 prairial an XIII. 71 17 mai 1805 72 Archives départementales de la Gironde : 3 E 21762 73 3 mai 1805 74 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.108 75 Archives départementales de la Gironde. Enregistrement Maître Philippe Brun. 76 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.108

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Ainsi s’est terminée la vie d’une des figures de la pharmacie bordelaise qui laissera

pendant des années son souvenir au travers de l’Eau de mélisse des Carmes dont il transmit la formule.

B. MAGONTY père et fils

1. Léon Bertrand Léon Magonty naquit le 11 novembre 1774 au 21 de la rue Porte Dijeaux à

Bordeaux. Dans l’acte de vente en 1804 entre Catinot et Magonty, nous apprenons qu’ils avaient

vécu ensemble pendant près de 18 ans, ce qui veut dire que Magonty commença à fréquenter l’apothicairerie du couvent vers 1786, il avait alors 12 ans. Il suivit donc frère Placide lorsque celui-ci quitta le monastère pour s’installer en ville.

Léon Magonty fut reçu pharmacien par le jury médical de l’an XII en troisième position

sur vingt candidats (figure 31, p57). Il avait donc été très bien formé et ses compétences reconnues par le jury.

Il passa un contrat de mariage le 25 août 1806 avec Mademoiselle Claudine Loustau qui

était la fille de Joseph Loustau, docteur en chirurgie et maire de la ville de Pessac. Placide Catinot signa au bas du contrat de mariage en tant qu’ami du futur époux.77

Léon Magonty eut deux enfants. Le premier, Henry Magonty, né le quatre janvier 1808,

fit des études de pharmacie et se spécialisa dans la chimie. La seconde, Jeanne Heonide Magonty, naquit le 15 novembre 1810.78

Le 21 mars 1836, Léon Magonty devient membre titulaire de la Société de Médecine de

Bordeaux79 (figure 32, p57). D’autres pharmaciens faisaient partie de cette société savante, dont François Lartigue. Ils appartenaient au Comité de chimie de cette société, chargé de présenter « les faits les plus importants relatifs à l’art de guérir qui ont été publiés dans les ouvrages de chimie et de pharmacie et de faire les analyses chimiques dont la société peut avoir besoin. » Mis à part Magonty et Lartigue, nous retrouvons d’autres pharmaciens bordelais comme Clesse, Laudet, Loze, Gaubric, Gavarret, Loche, Bertin80. Léon Magonty fut également vice président de la Société de Pharmacie de Bordeaux lors de sa création en 1834.

Bertrand Léon Magonty décéda le 14 décembre184881 deux ans après la vente de la

pharmacie à la famille Servantie.

77 SERVANTIE (Louis). La Pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.108 78 Archives municipales de Bordeaux : 2 MID 3/18. 79 CHABE (Alexandre-Alfred). Histoire de la société de médecine et de chirurgie de Bordeaux à l’occasion de son cent-cinquantenaire (1798-1948). Bordeaux, R Samie. 1948 h.t, p.34-35. 80 ARLERY (Sylvie). Le pharmacien François Lartigue (1767-1842), les débuts de l’industrie chimique à Bordeaux. Thèse Doct. Pharm. : Bordeaux 2 : 1987, n°13, p.76. 81 Archives municipales de Bordeaux : 9 E 8

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Figure 31: Titre de réception de Pharmacien de Léon Magonty

Figure 32: Diplôme de membre de la Société de Médecine de Bordeaux de Léon Magonty

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2. Henry

2-1 Ses études

Joseph- Henry Magonty naquit à Bordeaux le 5 janvier 180882. Son père l’envoya faire ses études de pharmacie à Paris. Dans un registre d’inscription des

élèves de l’Ecole supérieure de Pharmacie de Paris83, nous découvrons que, le 25 juin 1831, Joseph Magonty de Bordeaux, 23 ans, débuta son stage chez Guibourt (l’emplacement pour la signature étant vierge). Nous retrouvons la signature en date du 21 juillet 1831. Le 8 mars 1832, il demeura comme élève en pharmacie chez Guillaume Duclou 15 rue Jacob avec deux autres élèves : Eymard Jean et Corriveaud, tous deux de Blaye et qui s’inscrivirent en même temps que lui. Duclou étant originaire de Blaye, il est fort possible que ce soit une connaissance de Léon Magonty, ce qui permis à Henry d’être pris comme élève dans cette illustre pharmacie. En 1833, il ne figurait pas dans le registre.

En effet, il s’agissait de la célèbre pharmacie Pelletier à Paris. Guillaume Duclou, né à Blaye, fut successivement l’élève, l’associé et le successeur de Joseph Pelletier, l’illustre pharmacien qui, avec Caventou, découvrit la quinine en 1820.

Henry Magonty réalisa de brillantes études : il fut lauréat de l’Ecole de Pharmacie de

Paris en 183484, ayant obtenu le deuxième prix de pharmacie au concours du 24 août 1833, ainsi que le premier prix de chimie et le deuxième prix de pharmacie au concours du 18 août 183485.

Il fut reçu au concours de l’internat en pharmacie des hôpitaux de Paris en 183486, il obtint

le diplôme de pharmacien première classe le 7 février 183587 avec une thèse intitulée : De l’électrochimie ou relations qui existent entre les actions électriques88. Enfin, il fut licencié ès sciences le 13 août 1838. Puis, il vint se fixer à Bordeaux où il succéda à son père.

82 Archives municipales de Bordeaux : 2 MI D 6/1. 83 Archives nationales : F8 248 : registre d’inscription des élèves de l’Ecole supérieure de Pharmacie de Paris. 84 FERET (Edouard). Statistique générale du département de la Gironde. Première partie : biographies. Bordeaux, Féret et fils. 1889, p.423. 85 DILLEMANN (G.). Les médailles, récompenses des étudiants en pharmacie lauréats au concours des prix. Deuxième partie : les prix de l’Ecole de Pharmacie de Paris (1804-1841). Rev. Hist. Pharm. 1985, 32 (265), p.168-182. 86 Centenaire de l’internat en pharmacie des hôpitaux et hospices civils de Paris. Paris, Imprimeries de la Cour d’appel. 1920, j VI. 87 FERET (Edouard). Statistique générale du département de la Gironde. Première partie : biographies. Bordeaux, Féret et fils. 1889, p.423. 88 Thèse présentée à l’Ecole de Pharmacie de Paris par Henri Magonty. Paris, Imprimeries de Poussielgue. 1835.

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2-2 Henry MAGONTY et la Société de Pharmacie de Bordeaux89

Le 19 février 1835, il reçut la faveur d’assister à une séance pour présenter sa thèse soutenue à Paris.

Il fut admis à l’unanimité comme membre de la Société de Pharmacie à la séance du 19 octobre 1835.

Ce sera un membre particulièrement actif, qui exposera régulièrement le résultat de ses recherches et qui occupera par la suite des fonctions importantes au sein de cette Société.

a. Travaux scientifiques

• Les calculs urinaires

Ce fut le premier sujet de recherche d’Henry Magonty comme le prouvent ces deux documents :

o le 17 septembre 1835, il fit sa demande de membre résident à la Société de Pharmacie en envoyant un mémoire intitulé « Réflexion sur les calculs d’oxalate de chaux. »

o en 1836, il écrivit un mémoire en collaboration avec M. Rey, chef interne des hôpitaux de Bordeaux, « Sur la litholysie, ou moyen de dissoudre les calculs dans la vessie ».

• L’anesthésie

Nous allons voir ici un appareil anesthésiant mis au point par Magonty. Il faut savoir qu’à

cette époque, il était courant que les pharmaciens donnent l’anesthésie. L’éminent membre et président de la Société de Pharmacie de Bordeaux Joseph Fauré en était un spécialiste90.

Le 8 avril 1847, Magonty indiqua les imperfections de quelques appareils employés pour aspirer l’éther sulfurique. Il présenta un appareil de son invention qu’il croyait pouvoir remplir d’une manière avantageuse le but des praticiens qui en faisaient usage. D’après lui, cet appareil remédierait à quelques inconvénients de l’appareil Charrière : « Il n’est pas fragile puisqu’il est en métal, il est portatif car il a un très petit volume. Il se compose de trois cylindres concentriques séparés les uns des autres par un espace annulaire de 5 millimètres. Le cylindre inférieur est fait en toile métallique à mailles larges dans lequel on place une éponge qui en occupe toute la capacité et qu’on imbibe d’éther. L’air atmosphérique arrive dans l’appareil par une galerie percée à jour placée latéralement et en haut du cylindre extérieur ; l’air passe ensuite au dessus de l’éponge éthérée et se tamise dans une atmosphère de vapeur d’éther pour arriver dans un tube flexible et enfin aux organes respiratoires ; un robinet placé au bas du tube flexible permet de donner au patient de l’air éthéré, de l’air pur, ou un mélange des deux. Les lettres A, E, AE, placées sur la douille du robinet indiquent les fonctions diverses qui donnent de l’air, de l’éther, ou un mélange d’air et d’éther. L’air expiré repasse par le même chemin et comme la capacité libre de l’appareil est très petite la quantité 89 Extraits du registre des procès-verbaux de la Société de Pharmacie de Bordeaux (septembre 1834-2 septembre 1847). Archives départementales de la Gironde : sous-série 4J (cotation en cours). 90 DEVAUX (G.). Quand les pharmaciens donnaient l’anesthésie. Rev. Hist. Pharm. 1995, 42 (304), p.7-15.

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d’acide carbonique qui y reste est très faible. L’acide carbonique au reste a été essayé seul et a produit le même effet hyposténiant que l’éther. Le diamètre du tube flexible, du robinet et des diverses parties de l’appareil est au moins celui de la glotte, ligaments qui forment les cordes vocales et qui laissent un espace beaucoup plus rétréci que le diamètre de la trachée artère. Déjà les essais, tentés à l’hôpital au service du M. Chaumet, permettent de penser que l’appareil de M. Magonty répondra à l’attente de son auteur. » Le 6 mai, il présentera une modification qu’il avait faite à son appareil.

• Travaux chimiques et analytiques

Comme nous allons le voir plus tard, Magonty, avant même d’être pharmacien, était surtout un bon chimiste. Il était reconnu comme tel par la profession mais aussi par les instances officielles.

Il eut de nombreuses analyses à faire pour les tribunaux. Donnons-en ici deux exemples. Le 14 janvier 1842, Magonty, accompagné de Loche, un de ses confrères bordelais, donna

lecture d’un rapport fait à la demande du tribunal sur l’examen de taches présumées de sang. Leur résultat n’étant pas probant, ils demandèrent conseil à Orfila, professeur à la Faculté de Médecine de Paris et fondateur de la toxicologie en médecine légale, qui leur proposa de nouveaux moyens pour découvrir la nature des taches.

Le 2 septembre 1847, Magonty communiqua à la Société de Pharmacie de Bordeaux les

recherches qu’il avait été chargé de faire par l’autorité, avec Barbet, sur des farines que l’on croyait fraudées ; il en était résulté que le mauvais goût que produisaient les farines soumises à leur analyse ne pouvait être attribué qu’à la présence de plusieurs graines étrangères au blé et dont il était souvent impossible de se débarrasser. A cette occasion, il mentionna à l’attention de l’assemblée le ventilateur qu’il avait eu l’occasion de voir à Blanquefort au moulin de Thil. Barbet exposa ses recherches pour reconnaître la nature et l’espèce de graine dont la présence infectait le blé.

En outre, Henry Magonty fit des recherches personnelles dont voici quelques-uns des thèmes.

Le 2 juin 1842, Magonty fit part à la Société de ses recherches dans l’argenture et la dorure des métaux par la voie humide et par l’électrolyse et des nouveaux moyens qu’il venait d’introduire dans ces opérations. Il se servit à cet effet du cyanure et du chlorure d’argent dissout dans des alcalis et de l’oxyde d’or dissout dans la potasse caustique. Ces diverses dissolutions métalliques étaient tenues bouillantes pendant que l’on voulait argenter ou dorer. Le résultat s’obtint instantanément. Le fer que l’on soumettait au même agent et dans le même but devait avoir été préalablement recouvert d’une très légère couche de cuivre en le trempant dans une dissolution de ce métal convenablement acidulée. Magonty fit observer que la cuivrure devait être la plus mince possible car, dans le cas contraire, le métal appliqué s’enlevait par écailles et ne contractait aucune adhérence avec le fer. Il montra à la Société divers objets qu’il avait ainsi argentés et dorés.

Le 6 juillet 1843, il donna également ses lumières au sujet du procédé de Chevalier pour constater la présence de glucose dans le sucre. Espic n’ayant pas obtenu les résultats escomptés, Magonty compléta le procédé en ajoutant un examen microscopique et une solution dans l’alcool.

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Le 7 décembre 1843, Magonty présenta à la Société un échantillon de sulfate de cuivre

provenant de sa fabrique de produits chimiques, remarquable par la délicatesse et le fini de la cristallisation, qui lui valut les félicitations des membres présents.

Le 7 mai 1846, Magonty déposa sur le bureau deux produits nouveaux qu’il nomma Picraine et Liparine, et deux acides qu’il désigna sous les noms d’acides Liarique et Liparique qu’il avait obtenus en traitant l’huile d’olive à froid par l’acide nitrique ; il proposait ce moyen pour reconnaître la falsification de l’huile d’olive avec l’huile de sésame qui, traitée par l’acide nitrique, prenait une couleur rouge sang tandis que l’huile d’olive restait d’une couleur blanchâtre ; par comparaison, on parvenait à connaître approximativement la quantité d’huile de sésame ajoutée à l’huile d’olive. Magonty annonca qu’il continuait ses recherches sur d’autres corps gras. Magonty s’occupa enfin tout particulièrement de l’arsenic et de nombreux travaux lui furent demandés sur ce sujet.

Le 29 octobre 1836, Magonty donna lecture de deux articles relatifs à un empoisonnement par l’arsenic. Il considérait que ces articles faisaient peser une négligence coupable sur la profession. Il s’agissait visiblement d’une erreur médicale puisque les personnes en charge de la surveillance d’un patient avaient arrêté son traitement à base de fer hydraté, ce qui avait causé sa mort. Le doute pesant également sur le fait que le produit responsable de la mort pouvait également se retrouver chez un droguiste. Il lui fut finalement confié la rédaction de la réclamation avec deux autres pharmaciens, M. Guimard aîné et Espic.

A la suite d’une discussion sur l’arsenic, Magonty fit remarquer que, d’après des observations récentes qu’il avait pu faire dans un cas d’empoisonnement, il s’est assuré que l’acide arsénieux passait dans les urines.

Le 1er juillet 1841, Magonty communiqua à la Société un rapport concernant plusieurs

mémoires sur l’emploi du procédé de Marsh dans les recherches de l’arsenic en Médecine légale. Les conclusions de ce rapport fait à l’Académie des sciences de Paris par MM. Thénard, Boussingault, Dumas et Regnault, étaient en tous points conformes à celles du travail fait sur le même sujet par MM. Barbet, Fauré et Magonty, Commission nommée par la Société de Médecine de Bordeaux.

Le 12 août 1841, Magonty qui était secrétaire d’une Commission chargée par la Société de Médecine de Bordeaux de faire de nouvelles recherches sur la présence de l’arsenic normal dans les os, offrit à chaque membre de la compagnie un exemplaire de son rapport. (Annexe IV p130)

Le 6 juillet 1843, nouvelle intervention de Magonty au sujet de l’arsenic, où il était question d’un article dans lequel était décrit un procédé pour la recherche de l’arsenic au moyen de cuivre. Magonty n’eut pas obtenu les résultats escomptés en utilisant cette méthode.

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• Diverses inventions et recherches

Voici quelques inventions de Magonty qui permettent d’avoir un aperçu supplémentaire de ses recherches et de son éclectisme scientifique.

Le 11 février 1841, Magonty fit connaître un porte-cornue de son invention. Il en expliqua le mécanisme et en développa les avantages.

Le 4 mars 1841, Magonty donna son opinion sur la nature du vase qui devait être utilisé

pour réaliser un onguent mercuriel. Il pensait qu’un mortier de marbre était préférable à un mortier de fer, car il croyait que l’extinction du mercure n’était pas étrangère à l’action électrique. Il émit des doutes sur la poudre grise qui se remarquait dans l’onguent mercuriel et qui était considérée comme de l’oxyde de mercure. Lui se demandait si ce n’était pas un sel de mercure. Ce point de vue n’était pas partagé par Fauré.

Le 12 août 1841, Magonty donna des démonstrations théoriques sur le daguerréotype dont il présenta un appareil spécialement destiné à obtenir des portraits. Une conférence s’ouvrit à ce sujet.

Cette découverte fut faite par Niepce et Daguerre et révélé par Arago au cours d’une communication à l’Académie des sciences le 19 août 1839. Les pharmaciens s’intéresseront très tôt à la daguerréotypie puis plus tard à la photographie91.

Le 6 février 1845, Magonty fit la description d’un moule-pilules dont l’auteur était un pharmacien de Bergerac du nom de Carré.

Le 2 avril 1846, Magonty présenta à la Société le célèbre ouvrage de François Dorvault intitulé « L’officine ou répertoire de pharmacie pratique ». Il en lit quelques fragments pour en démontrer toute l’utilité et toute l’importance et engagea ses confrères à se procurer un tel ouvrage.

b. Rôle administratif au sein de la Société de Pharmacie

• Vente illégale de remèdes.

A cette époque, malgré les lois, de nombreuses personnes vendaient illégalement des médicaments. La Société de Pharmacie de Bordeaux essayait de lutter contre cette pratique et Magonty fut un grand artisan de cette lutte.

Le 3 décembre 1836, Magonty proposa à l’administration un mode de fourniture des médicaments pour les pauvres de la ville selon un nouveau tarif. Cette proposition étant appuyée, une réduction de dix pour cents sur le tarif d’alors fut décidée, Magonty faisait partie de la commission qui rédigea un mémoire pour le maire au sujet de 1- l’illégalité de la

91 DEVAUX (G.). Les pharmaciens promoteurs de la photographie en France. Rev. Hist. Pharm. 1991, 38 (290), p. 372-373 ; 1991, 38 (291), p. 492-494 ; 1992, 39 (292), p.135-136 ; 1994, 41 (300), p.131-132. DEVAUX (G.). Quand la morphine servait à fabriquer des plaques photographiques. Rev. Hist. Pharm. 1994, 47 (321), p.154-155. DEVAUX (G.). De la photographie à la chrysothérapie : le sel de Fordos et Gélis. Rev. Hist. Pharm. 1999, 47 (323), p.347-354. DEVAUX (G.). Deschamps, d’Avallon et la photographie. Rev. Hist. Pharm. 2003, 51 (340), p.687-688. DEVAUX (G.). Le pharmacien Léopold Mathet et la photographie. Rev. Hist. Pharm. 2004, 52 (341), p.31-46.

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fourniture des médicaments aux pauvres par les sœurs de charité, 2- l’offre de fournir ces médicaments aux pauvres d’après un abandon de dix pour cent du tarif actuel.

Le 21 janvier 1837, le maire ayant refusé la proposition de Magonty, ce dernier fut

nommé avec deux de ses confrères, Dubédat et Artaud, à la commission pour répondre au maire paragraphe par paragraphe.

Le 15 avril 1837, Magonty fit un rapport qui lui avait été demandé sur les journaux de

médecine. Il souligna deux articles, un de Lartigue sur les eaux de Bordeaux, et enfin un article du journal de la chimie médicale sur le charlatanisme. Il sera alors décidé que la Société se porte partie civile dans ce genre de cas et que des fonds seront débloqués par la Société pour ce faire. Trois commissaires seront nommés pour traiter avec les avocats : il s’agit de Magonty, Dubédat et Biscaye.

Le 20 mai 1837, l’ordre du jour appelle le rapport de la commission chargée de dresser

une nouvelle pétition au Maire de Bordeaux pour demander la fourniture de médicaments aux pauvres de la ville et la cessation de la distribution desdits médicaments par les sœurs du bureau de bienfaisance. Magonty prépara seul la pétition, qui fut adoptée. Ce même jour, Magonty rendit compte des poursuites de la Société pour une histoire de farine avariée, Magonty sera même chargé par la ville d’examiner ces farines, les deux échantillons qu’il avait analysé étant de mauvaise qualité et impropres à la panification, ils seront détruits.

Le 11 février 1841, devant la proposition de Mr Faugas de se porter partie civile contre les

débiteurs de remèdes secrets, Magonty, à son double titre de membre de la Société de Pharmacie et de membre du Jury médical, rendit compte de toutes les démarches faites jusqu’à ce jour auprès des autorités compétentes, démarches qui sont restées infructueuses. Cependant, une nouvelle action fut portée contre plusieurs contraventions et les tribunaux ne peuvent tarder à porter un jugement sur cette affaire. Magonty engagea donc la Société à attendre l’issue de ce procès avant d’adopter cette proposition ; Faugas en convient.

Le 1er avril 1841, Magonty entretint la Société sur une démarche faite par le jury médical

de la Gironde et par les pharmaciens de plusieurs départements contre les détenteurs de remèdes secrets. Il proposa la formation d’une commission permanente qui s’occuperait des intérêts matériels de la Pharmacie et qui réclamerait la nomination d’un agent spécialement chargé de poursuivre les délits pharmaceutiques, en bref les prémices d’un syndicat des pharmaciens. Cette proposition étant combattue par Dubédat, Fauré et Ducomet, elle ne fut pas prise en considération mais tout de même appuyée par le président.

Le 6 mai 1841, Magonty annonça la condamnation des droguistes et ajouta qu’il avait appris par voie indirecte qu’ils étaient dans l’intention de faire appel devant la cour Royale.

Le 3 juin 1841, il donna lecture de divers jugements rendus par le tribunal correctionnel

de Nantes et d’un arrêt de la Cour Royale de Rennes condamnant divers vendeurs de remèdes secrets poursuivis par les pharmaciens de Nantes qui s’étaient portés parties civiles.

D’autres pharmaciens s’exprimèrent dans le même sens en signalant des infractions

commises par les parfumeurs, les épiciers. Ceci permet à Magonty de reprendre sa proposition tendant à la nomination d’une commission permanente pour veiller aux intérêts de la Pharmacie. Il demanda de réclamer de l’autorité municipale la désignation d’un Commissaire de police chargée de la Police pharmaceutique. Devant la perplexité de certains, Magonty

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expliqua que cette nomination n’entraînerait pas de dépense supplémentaire à la Mairie puisqu’il s’agissait de désigner des agents déjà existants, Mr. le commissaire de police ou l’agent de salubrité par exemple. Malgré l’opposition de Fauré, la proposition fut adoptée.

Le 7 juillet 1842, Magonty annonça au nom de la commission de surveillance que cinq

saisies venaient d’être opérées par ses soins pour vente illégale de médicaments. A ce moment, M. Vaspatani, substitut du procureur du Roi chargé de poursuivre, n’avait encore reçu qu’un seul procès-verbal.

Le 4 août 1842, Magonty fit part des démarches réitérées qu’il avait faites auprès du

procureur du Roi pour obtenir et transmettre les procès-verbaux des dernières contraventions pour vente illégale de médicaments à M. Vaspatani. Malheureusement, il ne put trouver chez le magistrat qu’une force d’inertie désespérante et funeste pour les intérêts de la pharmacie. Cependant, il déclara qu’il ne se lasserait pas et qu’il réitèrerait ses visites chez le procureur jusqu'à ce qu’il lui soit fait droit.

Magonty fit également connaître à la compagnie que le Jury médical avait dressé des

procès verbaux contre un épicier qui vendait du papier-poison contre les mouches, contre Mr et Mme Crespy pour récidive, et contre MM. Tapie, Mancel et Saladin pour annonces publiques de vente de médicaments.

Le 1er décembre 1842, au moment de céder sa place de président à Fauré, il fit connaître à la Société le résultat de ses démarches contre les faits illégaux que supportait actuellement la pharmacie tout en espérant que le nouveau bureau pourrait terminer une tache dont la lenteur des magistrats avait empêché l’accomplissement.

• Administration Les élections : Comme nous allons le voir, Magonty fut tour à tour Vice-président puis Président de la

Société de Pharmacie de Bordeaux. Le 12 janvier 1839, Magonty obtint 4 voix lors de l’élection du président de la Société

mais il fut battu par Guimard qui obtint 8 voix. Il fut maintenu Vice-président avec huit voix contre cinq.

Le 24 décembre 1840, Magonty fut de nouveau battu par Guimard lors des élections du

président, après deux tours durant lesquels Magonty obtint 9 voix contre 10 pour la majorité, il fut finalement battu au ballottage huit voix contre onze. Il fut à nouveau élu vice-président après deux tours et un ballottage où il battit Espic douze voix à trois.

Le 21 janvier 1841, de nombreuses réformes administratives furent au programme en

particulier au niveau du règlement. Les conditions pour faire partie de la Société furent donc adoptées. Il fut également voté à l’article 15 que : « le vice-président est élu pour un an et devient de droit président l’année suivante. » Magonty fit alors remarquer qu’ayant été élu sous l’ancien règlement il ne devrait pas bénéficier de la nouvelle disposition ; mais la Société adoptant la proposition de Dubédat décida que la nouvelle disposition établie pour l’article en discussion serait applicable à Magonty qui devint président au 1er janvier 1842.

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La commission permanente : Le 10 juin 1841 la commission permanente fut élue et comprennait : Fauré, Magonty,

Faugas, Loze et Ducomet.

Le 18 Novembre 1841, Magonty et Loze laissèrent deux places vacantes dans les commissions permanentes et furent remplacés par Guimard et Pauilhac.

Le 11 décembre, Magonty avec MM. Guimard, Fauré, Ducomet et Bruneau furent nommés membres de la commission permanente pour un an.

Le 8 janvier 1846, nous apprenons que Magonty ne put aller trouver les députés comme il était initialement prévu, car aucun des membres qui devaient l’accompagner n’était libre. Il décida donc d’envoyer les travaux de la commission permanente au congrès avec une notice explicative, et alla voir, accompagné de deux sociétaires, un député encore à Bordeaux, Mr. Wurtenberg.

Lors des séances du 20 novembre, du 4 décembre et du 11 décembre 1845, Magonty fit son rapport sur les travaux du congrès médical. Il fut grandement remercié pour son dévouement. Il incita également ses confrères à faire parvenir au député les travaux de la commission permanente du congrès.

Le 15 janvier 1846, Magonty lit au nom de la commission permanente dont il faisait partie un rapport sur l’Association pharmaceutique en France. La société approuva cette association et envoya à tous les pharmaciens une circulaire qui avait pour but de connaître leurs opinions à ce sujet.

Le 5 mars 1846, Magonty annonca la réception d’une lettre du député Duclos qui était prêt

à défendre les intérêts de la pharmacie.

Le 6 août 1846, Magonty annonça que l’Association pharmaceutique de France avait été autorisée par Mr le Ministre de l’instruction publique.

Le 7 janvier 1847, Magonty fit mention de la démarche qu’il avait faite avec Bruneau auprès de Duclos, Député de la Gironde, dans le but de lui signaler verbalement et par des exemplaires la décadence complète de la pharmacie. Duclos dut, à l’ouverture des Chambres, déposer un de ces exemplaires à chacune d’elles et les appuyer de son mieux dans notre intérêt. On apprit le 4 février 1847 que la pétition avait bien été déposée aux Chambres.

Le 4 mars 1847, Magonty déposa sur le bureau deux exemplaires de protestation contre

l’ordonnance royale du 29 octobre, concernant la vente des substances vénéneuses : ces exemplaires furent adressés au Ministre de l’Agriculture et du Commerce, l’un par la Société de Pharmacie de la Moselle, l’autre par l’Association pharmaceutique de la Gironde.

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Les actions sociales : De nombreuses actions sociales furent entreprises par la Société afin d’aider les

pharmaciens dans la difficulté. Le 7 janvier 1841, une cotisation supplémentaire de deux francs par an pour former une

caisse de secours qui sera utilisée pour aider les pharmaciens et les veuves de pharmaciens dans le besoin est décidée et Magonty propose qu’elle soit aussi utilisée pour les victimes des grandes calamités publiques. Le problème des absences et la solution des jetons est de nouveau mis à l’ordre du jour et vivement soutenu par Magonty. Il sera donc admis que chaque personne qui assiste à une séance recevra un demi jeton, chaque jeton ayant une valeur de deux francs.

Dans le prolongement des activités humanitaires de la Société de Pharmacie de Bordeaux,

un confrère pharmacien de Marmande à besoin de 200 francs pour passer aux Etats-Unis. Après maintes discussions, il fut décidé de verser une somme de 25 francs qui sera fournie par le trésor car la caisse de secours n’existe pas encore, les pharmaciens voulant faire un geste supplémentaire peuvent le faire individuellement.

Le registre des élèves :

Le 11 février 1841, Magonty est désigné à l’unanimité, sur proposition de Fauré, pour remplir la charge de la direction du registre des élèves.

Le 15 avril 1841, on procède à la nomination du Pharmacien directeur responsable du registre de élèves, Magonty nommé à ces fonctions avant le nouveau règlement demande un scrutin qui est adopté. Il est élu à l’unanimité pharmacien directeur du registre d’inscription des élèves. Il propose de commencer cette inscription au 1er mai. Adopté.

Le congrès médical :

Le 25 octobre 1845, il est question d’élire un représentant de la Société de Pharmacie de Bordeaux au congrès médical à Paris. Magonty est élu au second tour et accepte sa mission de représentant auprès du congrès.

Le 6 novembre 1845, le Président lit deux lettres envoyées par Magonty qui siège au

congrès médical à Paris.

2-3 Henry MAGONTY et l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux

Magonty devint membre de cette académie en 1842. Il y présenta de nombreuses études. En 1842, il publie un mémoire intitulé : « Considérations sur la pesanteur spécifique des

Métaux. »92 Il prouve par une expérience simple que la densité des métaux diffère en fonction de leur obtention. Pour cela, il prend du zinc dans différents états : tel quel, fondu puis refroidi

92 Actes de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux.1842 p.151-164 .

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à 14° puis à 0°, chauffé au rouge puis refroidi à 14° puis à 0° dans de l’eau. Une fois refroidis, les différents Zincs n’ont pas la même densité.

Il prouve la même chose pour le bismuth, l’antimoine, l’étain. Selon lui, le mode de

refroidissement influe énormément sur la pesanteur spécifique des métaux. Par la suite, il va comparer la densité et l’équivalent chimique de 27 métaux. En 1845, c’est sur les considérations chimiques et industrielles sur le noir animal qu’il lui

est demandé de travailler93. A cette époque, l’industrie du noir animal est en plein essor. Il faut savoir que pour obtenir

50kg de noir animal il faut 100 kg d’os. Et le souci est que le prix de l’os augmente et celui du noir animal baisse. Une solution est donc demandée à Magonty.

Après différentes expériences, Magonty conclut qu’il est possible de redonner au charbon

d’os qui à déjà servi ses propriétés premières à l’aide d’acide sulfureux ou de chlore. En 1847, il publie pour cette même académie : « De la panification »94. C’est une époque où les problèmes alimentaires (la disette) préoccupe les pouvoirs

publics. Voilà pourquoi Magonty a essayé de panifier deux végétaux, la pomme de terre et le maïs.

Pour la pomme de terre, il donne une formule qu’il a obtenue par le mélange de farine de froment et de pomme de terre bouillie et réduite en pâte. Il arrive à fabriquer du pain à moins de trois quart du prix du pain habituel.

Avec le maïs, il obtient un meilleur rendement (deux tiers du prix) et ainsi un important gain économique.

Puis, en 1852, Magonty écrit une « Note sur la maladie de quelques végétaux »95 qui

concerne l’oïdium de la vigne et dans laquelle il parle de sa propriété à Pessac et de ses tomates qui sont torréfiés par la maladie. Cette publication est accompagnée de la remarque suivante : «Dans sa séance du 19 août 1852, l’Académie, après une sérieuse discussion des moyens préservatifs proposés par M. Magonty, n’a pas adopté les opinions de l’auteur et les a trouvées trop radicales. »

Dans cette publication, il va chercher des solutions à plusieurs maladies concernant des végétaux tels que la vigne ou la pomme de terre. Il constate et démontre expérimentalement le passage de l’oïdium de la vigne aux tomates. Il lui donne le nom d’Oïdium ferrugineum et propose d’arracher tous les pieds malades avant que l’oïdium ait le temps de mûrir et de disperser ses spores au vent. Ces mesures sont trouvées trop radicales.

En 1854, il réalise un de ses travaux les plus intéressants en publiant une notice sur le vin

artificiel dans laquelle il relate ses expériences remontant à plus de vingt ans96. Magonty, craignant la pénurie de vin, essaie de fabriquer ici une : « boisson alcoolique qui imite le vin, qui en possède les principes chimiques et qui se comporte de la même manière. »

93Actes de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux. 1845, p.329-337. 94Actes de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux. 1847, p.201-211. 95Actes de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux. 1852, p.453-465. 96Actes de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux. 1854, p.517-527.

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Il procède de la façon suivante : dans un premier temps, il va chercher la composition chimique du moût de raisin, puis la composition d’un moût factice dans lequel on reprend les composants trouvés précédemment, tous cela avec économie. Il a donc fallu chercher comment trouver des composants suffisamment économiques.

Une fois cette composition réalisée, il faut la faire fermenter puis la placer dans les mêmes

conditions de conservation que le vin naturel. Il a obtenu un vin blanc très proche du naturel mais son prix est trop élevé et cette

méthode ne serait intéressante que lors d’une importante pénurie de vin.

2-4 Autres travaux

Henry Magonty fut nommé par la municipalité professeur de chimie, c’est d’ailleurs sous cette appellation et non celle de pharmacien qu’il signera son contrat de mariage et les actes de naissance de ses enfants.

Le 18 décembre 1834 et le 18 mars 1835, Magonty écrit deux lettres à la commission

d’instruction publique de Bordeaux97. Dans ces lettres, Magonty propose d’ouvrir un cours de chimie à Bordeaux, sous la protection de l’administration municipale moyennant un local fourni par la ville où il puisse établir son laboratoire de chimie à côté d’une grande salle où se feraient les leçons et une allocation suffisante de 15 cents francs pour subvenir aux frais que nécessitera cette entreprise. Le 2 novembre 1835, le conseil municipal de Bordeaux accepte la requête de Magonty qui fut appuyé par François Lartigue, pharmacien alors au conseil municipal. Ce cours sera gratuit moyennant une subvention de 2000 francs.

Il donna ce cours durant de nombreuses années puisqu’on retrouve à la Bibliothèque

nationale de France le « programme du cours municipal de chimie appliquée aux arts pour l’année scolaire 1846-1847… par M. Magonty… Bordeaux. »98

En 1851, la municipalité de Bordeaux, mise en demeure par la chambre de commerce de

cette ville, prit un arrêté sévère pour interdire le passage des barrières de l’action au glucose, qu’on mélangeait en assez forte proportion aux sucres blonds des colonies. Sur une plainte formée par les négociants de la même ville, on saisit chez deux de leurs confrères du sucre qui, d’après les analyses de Magonty et d’Auguste Laurent, Professeur de chimie de la Faculté des Sciences, contenait 20% de glucose. »99

Magonty fit aussi un rapport en séance générale de la Société philomathique de Bordeaux

sur le cours pratique de dévidage des cocons de soie100 et nous connaissons également de lui un mémoire sur la cristallisation de la quinine101.

97 Archives municipales de Bordeaux : 12 D 16. 27/04/1835 : Rapport de Lartigue au conseil municipal de Bordeaux au sujet d’un cours public de chimie. 98 MAGONTY (Henry). Programme du cours municipal de chimie appliquée aux arts pour l’année scolaire 1846-1847. Bordeaux, H. Faye, 1847, 16 p. (Bibliothèque Nationale de France : R 42 547). 99 CHEVALIER (A.). Dictionnaire des altérations et falsifications. 6ème édition. Paris, Asselin et Houzeau. 1882, p.1218. 100 MAGONTY (Henry). Société philomathique de Bordeaux. Rapport fait en séance générale sur le cours pratique de dévidage des cocons de soie. Bordeaux, H. Gazay,1839, 8 p. (Bibliothèque nationale de France : Vi 2899).

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Enfin, s’il est encore besoin de démontrer le talent et les connaissances de Magonty,

précisons aussi qu’il fut successivement nommé membre du Jury médical de la Gironde, membre correspondant de la Société de industrielle d’Angers et Inspecteur de la Salubrité publique de la ville de Bordeaux en 1849.102

2-5 Vie familiale

Henry Magonty se maria le 18 octobre 1849 avec Melle Caula Marguerite103 qui est alors âgée de 30 ans. Elle est née le 8 janvier 1819 à Bordeaux et y demeure au jour du mariage avec ses parents au 23 de la rue Sainte Catherine. Son père Joseph Caula est marchand mercier et sa mère se prénomme Thérèse Marguerite Pannelier. Magonty est quant à lui beaucoup plus âgé car il a 41 ans, il est indiqué sur l’acte de mariage qu’il réside avec sa mère au 26 rue Margaux, c’est-à-dire à la Pharmacie des Carmes avec comme mention de profession, Professeur de chimie.

Magonty a eu deux enfants : Joseph Léon Marie né le 04 septembre 1850104 et Jean

Claude Marcel né le 20 juillet 1853105. Il va vendre la Pharmacie des Carmes à Félix Servantie le 11 juin 1846 mais continuera

comme nous l’avons vu ses recherches scientifiques106. (Annexe V, p131 à 136) Il décédera d’ailleurs prématurément de sa passion pour la science le 11 mai 1858 à la

suite d’un accident de laboratoire. De nombreux hommages lui furent rendus. Nous pouvons citer la nécrologie de M. Costes dans le rapport général sur les travaux de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux pour l’année 1858107 dans laquelle il revient sur le don pour les sciences de Magonty et sa proximité pour les gens de Bordeaux. Cirot de la Ville a également prononcé un magnifique discours sur sa tombe108. Un hommage lui a été également rendu par la Société de Pharmacie de Bordeaux lors du compte-rendu pour l’année 1858109.

101 FERET (Edouard). Statistique générale du département de la Gironde. Première partie : biographies. Bordeaux, Féret et fils, 1889, p.423. 102 FERET (Edouard). Statistique générale du département de la Gironde. Première partie : biographies. Bordeaux, Féret et fils, 1889, p.423. 103 Archives municipales de Bordeaux : 2MI D4/57 deuxième série483. 104 Archives municipales de Bordeaux : 2MI D3/58. 105 Archives municipales de Bordeaux : 2MI D3/61. 106 Acte de vente de Magonty à Servantie le 11 juin 1846 par Dubosq, notaire. Archives départementales de la Gironde : 3 E 26. 154. 107 COSTES (M.). Rapport général sur les travaux de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux pour l’année 1858. Rec. Actes. Acad. Sc. Belles-Lettres Arts Bordeaux, 1858, 20, p.569-596. 108 Compte-rendu des séances de l’Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux.1858, p.71-72. 109 Journal de Pharmacie de Bordeaux. 1859, p.25 et suivantes : Compte-rendu des travaux de la Société de Pharmacie de Bordeaux année 1858.

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C. Les SERVANTIE

1. Félix

Jean Félix Servantie (en famille Félix) est né en 1817 à Salviac dans le département du Lot. Il a épousé le 17 mai 1847 à Bordeaux Melle Angéline-Leudocie Wilger, et est décédé le 17 septembre 1884 à Capian (Gironde)110.

Ses huit ans de stage en pharmacie furent effectués d’abord chez Dupont, puis chez

Fauré, aux Fossés de Bourgogne, actuel Cours Victor-Hugo111. Comme nous l’avons vu précédemment, Joseph Fauré fut un illustre pharmacien bordelais au même titre que Henry Magonty.

Il obtient son titre de pharmacien du Jury départemental de la Gironde le 21 octobre 1842

(figure 33, p71). Outre Bouissoz, un professeur de la faculté de Montpellier, on remarque dans le jury la présence de Henri Magonty112.

A cette époque, comme nous pouvons le voir sur son titre de réception, l’examen final du

diplôme de pharmacien se déroulait en trois parties : un examen sur les principes de l’art, un second le lendemain sur la botanique et l’histoire naturelle des drogues simples et enfin un examen pratique où il exécuta neuf opérations chimiques et pharmaceutiques qui lui ont été désignées.

Lors de l’achat de la Pharmacie des Carmes en 1846113, nous remarquons que son ancien

maître Joseph Fauré lui apporta une aide de 10000 francs. Nous trouvons également la mention du mortier en bronze jusque-là absent des actes de ventes.

Félix Servantie acheta par la suite aux Magonty les maisons du 28 rue Castillon et du 29

rue Margaux pour 52500 francs en 1856114. En plus de la pharmacie, Servantie acquit la fabrique d’eau de mélisse comme le prouve

cette thèse de Tournier où il est dit : « A Bordeaux, l’eau de mélisse est vendue par Servantie Félix, pharmacien, au coin des rues Castillon et Margaux, qui prétend donner la véritable formule créée, il y a deux cents ans, par les Petits Carmes, dont il est le successeur. Cet apothicaire édite un beau prospectus avec un dessin important entouré de la devise : Convent Burdigal St. Ludovici (Couvent Saint-Louis de Bordeaux) »115.

Félix Servantie aura deux enfants, Elisa Louise Servantie et Xavier Servantie dont nous

allons parler.

110 Communication personnelle de la famille Servantie. 111 SERVANTIE (Louis). La pharmacie à Bordeaux (1790-1804) Frère Placide, Petit Carme Déchaux. Rev. Hist. Bordeaux et Gironde. 1965, n°2, p.114. 112 Titre de réception de Pharmacien de Jean Félix Servantie. Archives de la famille Servantie. 113 Acte de vente de Magonty à Servantie le 11 juin 1846 par Dubosq, notaire. Archives départementales de la Gironde : 3 E 26. 154. 114 Communication personnelle de la famille Servantie. 115 TOURNIER (J.). Le Clergé et la Pharmacie : essai sur le rôle du clergé et plus particulièrement des congrégations religieuses dans la préparation et la distribution des remèdes avant la Révolution. Paris, Caffin. 1938, p.146.

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Il céda sa pharmacie à ce dernier le 31 décembre 1881 comme l’atteste le bail établi à cette occasion et resté dans la famille116. (Annexe VI, p137-138)

Dans celui-ci, nous découvrons que Félix loue à son fils le rez-de-chaussée des maisons 31 rue Margaux et 28 et 26 rue Castillon. Ceci correspond à la pharmacie, un cabinet de travail, deux petites pièces servant de chambre à coucher aux élèves, d’un laboratoire, d’une pièce servant de laboratoire de chimie, d’une cour vitrée dont une partie fermée par une grille en fer ; d’un second vitrage qui sert de laboratoire pour l’Eau des Carmes, d’un magasin et de quatre pièces servant de verrerie, de cave aux sirops et de magasin pour l’Eau des Carmes.

Cette location est faite pour neuf ans, le prix étant de deux mille cinq cents francs par an, payables en quatre trimestres.

Figure 33: Titre de réception de pharmacien de Félix Servantie.

116 Document manuscrit établi entre Félix et Xavier Servantie lors de la vente de la pharmacie entre ces deux personnes. Archives de la famille Servantie.

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2. Xavier

Jean Xavier (en famille Xavier) Servantie est né le 15 novembre 1850, à une heure du matin au 31 de la rue Margaux à Bordeaux117.

Il débuta ses études pharmaceutiques avec son père, mais il dût les interrompre pour

partir dans l’armée. Accompagné par sa mère au Mans, en pleine guerre, il s’enrôle dans la légion des

volontaires de l’ouest, levée par M. de Charrette avec les débris des zouaves pontificaux. Il resta au Mans du 3 octobre au 14 novembre 1870, date à laquelle il rejoint Marbois puis Châteaudun où se trouve le front. Il passa ensuite par Bonneval, Meung et participa à la bataille de Patay. Après une permission, il se rend en janvier 1871 à Poitiers, puis à Rennes en février et enfin en Mayenne118.

Le 15 mars 1871 à Faugères, il reçut son congé de libération où sa très bonne conduite

est mentionnée (figure 36, p73). Revenu à Bordeaux, Xavier Servantie recommence ses études de médecine et de

pharmacie. En 1873, à nouveau accompagné par sa mère qui adore les voyages, il part à Paris pour poursuivre ses études. Ses lettres envoyées par la suite à sa mère indiquent qu’il résidait à l’hôtel Belzunce, et fréquentait le cercle catholique où l’on donnait des concerts. Nous apprenons également qu’il étudiait la médecine à la Pitié où il vit son premier cas de choléra en novembre 1873.

Il commençait ses journées à 7 heures le matin, traversait le jardin de Luxembourg à 7

heures et demie pour aller aux cours de l’Ecole de Pharmacie, il rentrait à 16 heures à son hôtel.

Il déclare dans une lettre qu’il ne pensait pas que ses études de pharmacie lui prennent

autant de temps ce qui ne l’empêchera pas de passer en même temps ses examens de médecine. Il raconte également ses difficultés dans l’épreuve de reconnaissance des drogues.

Le 24 mars 1874, il annonce à ses parents qu’il est reçu 25ème au concours d’internat. Il

devient pharmacien de première Classe le 8 octobre 1875 et Docteur en médecine le 14 août 1876.

De retour à Bordeaux, il se marie le 20 septembre 1877 avec Jeanne Berge, fille de

Léopold, née le 24 Septembre 1859. Il succède à son père à la Pharmacie des Carmes en 1882. Par la suite, il deviendra

membre, secrétaire général (de 1886 à 1890), puis président de la Société de Pharmacie de Bordeaux en 1883 et en 1893.

117 Communication personnelle de la famille Servantie. 118 Communication personnelle de la famille Servantie.

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Figure 34: Portrait de Xavier Servantie avec sa collection de timbres.

Figure 35: Résultats d'analyses biologiques réalisées par Xavier Servantie.

Figure 36: Congé de Libération de Xavier Servantie.

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Il fut également désigné pour examiner la trésorerie de la Société durant les années 1879,

1880 et 1894 et est élu secrétaire adjoint en 1879. Durant l’année 1887, il fut membre du jury du prix de la Société de Pharmacie de

Bordeaux. Par la suite, en 1892, il est désigné comme juge aux examens de validation de stage pour les sessions d’août et de novembre.

Durant les séances de la Société de Pharmacie de Bordeaux, Xavier Servantie présente

quelques communications : Le 6 février 1879, il dit quelques mots sur : « La conservation par la glycérine, des

solutions aqueuses facilement décomposables, telles que les solutions de sulfate de cuivre et des sels de protoxyde de fer »119.

Le 7 octobre 1880, il décrit une urine qu’il a eu à examiner et dans laquelle se formait naturellement un coagulum très abondant. Il démontre qu’il s’agissait de paralbumine120.

Le 2 février 1882, il discute sur la façon de préparer l’acétate d’ammoniaque officinal. Ce même jour, il explique son essai de coloration artificielle du vin par de la safranine. Par la suite, il se chargera de faire une note complète sur tout ce qui a été publié sur la coloration artificielle des vins121.

En 1883, il tiendra une conférence intitulée : « Du sulfocarbonate de potasse »122. En 1887, il écrit un article intitulé : « Antipyrine et antifébrine »123. Enfin, en 1894, il est à l’origine d’un projet qui vise à élaborer un tableau analytique des

quinquinas actuellement dans le commerce pour guider les pharmaciens dans leurs achats en leur faisant connaître le rendement en quinine124.

Il eut une nombreuse famille de douze enfants, dont sept garçons, ce qui l’obligea à faire

rajouter un étage à la maison de la rue Margaux. Passionné par les timbres, il possédait une remarquable collection philatélique.

Diabétique, il décéda brutalement en 1902, laissant la pharmacie et la fabrication d’Eau

des Carmes à sa femme. Personnage reconnu de la communauté scientifique, une nécrologie fut publiée à sa mort dans le Bulletin des travaux de la Société de Pharmacie de Bordeaux125.

119 Bulletin des Travaux de la Société de Pharmacie de Bordeaux. 1879. 120 Bulletin des Travaux de la Société de Pharmacie de Bordeaux. 1880. 121 Bulletin des Travaux de la Société de Pharmacie de Bordeaux. 1882. 122 Bulletin des Travaux de la Société de Pharmacie de Bordeaux. 1883, p.107-115. 123 Bulletin des Travaux de la Société de Pharmacie de Bordeaux. 1887, p.273-276. 124 Bulletin des Travaux de la Société de Pharmacie de Bordeaux. 1894. 125 Article nécrologique. Xavier Servantie (1851-1902). Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1902, 42, p.161-162.

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3. René GUYOT

René Guyot est le gendre et successeur de Xavier Servantie à la tête de la Pharmacie des Carmes. Il est né le 28 décembre 1874 à La Réole (Gironde)126.

C’est le fils d’un colonel de l’armée impériale qui avait participé aux batailles de

Sébastopol, Rivoli, Solférino, Reichshoffen et à la guerre du Mexique. Il fut orphelin très jeune et fit des études brillantes127.

3-1 Ses études Tout d’abord, il s’inscrit le 26 juillet 1894 pour son premier stage en pharmacie chez

Darrigan, pharmacien à Bordeaux n°30 rue du Parlement Sainte-Catherine. Il y restera quatre ans jusqu’en 1898128 (figure 37, p77).

Lors de son inscription en 1898 à la Faculté de médecine et de pharmacie pour

l’obtention du diplôme de pharmacien de première classe129, il habite au 78 rue de Patay chez des parents car il est déjà orphelin à cette époque. Par la suite, il habitera au 174 rue de Pessac, il passa ses examens définitifs en 1901 et a obtenu aux trois épreuves la mention très bien, ce qui est remarquable et extrêmement rare pour le diplôme de pharmacien première classe130 (figure 38, p77). Son diplôme de pharmacien fut obtenu le 28 mars 1902. A noter que durant ses études de pharmacie, il fut le Préparateur du Professeur de Nabias, qui occupait la chaire de Matière médicale et qui sera Doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de 1898 à 1903.

Il acquit par la suite une licence ès sciences en une seule année au lieu des trois

normalement requises. Il raconta à son petit neveu comment il put réaliser cet exploit131 : Ceci put avoir lieu grâce au concours du Pr. Ulysse Gayon, alors doyen de la Faculté

des Sciences, et l’un des fondateurs de l’œnologie bordelaise : « À la fin de la première année, j’ai passé mon premier certificat et obtenu la mention

Bien. La mention Bien en sciences, c’est autant que très bien en médecine. Je suis allé voir le doyen et lui aie dit :

« M. le doyen, vous nous avez dit au début de l’année qu’il était impossible de passer la Licence en moins de trois ans. Cependant, je n’ai pas beaucoup de temps et voudrait essayer.

126 GUERIN (Jean et Bernard). Des hommes et des activités autour d’un demi-siècle. Bordeaux, B.E.B. 1957, p.358. 127 Communication personnelle de la famille Servantie. 128 Stage officinal des élèves en pharmacie de première classe, registre d’inscription. Archives départementales de la Gironde : T308. 129 Registre d’immatriculation pharmacie. Archives départementales de la Gironde : T192. 130 Registre d’inscription pour l’admission aux examens. Archives départementales de la Gironde : T214. 131 Communication personnelle de la famille Servantie.

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-Monsieur, a répondu le doyen, je connais vos mérites et veux bien consentir à votre demande. Etes-vous prêt ?

-Monsieur le doyen, un bon candidat n’est jamais totalement prêt. -Bravo pour cette réponse ! Tenez, allez au secrétariat, voici votre deuxième

certificat. » Pour le troisième certificat, il fallait avoir fait des travaux pratiques avec le bras droit

de M. Gayon, un certain M. Laborde, qui avait juré de me coller. Comment faire ? J’allais à St-André voir la Vierge des étudiants et lui demandais :

« Sainte Marie, Notre Mère, M. Laborde veut me coller. Que dois-je faire ? -Va sur le champ à la Douane ! (C’était là que M. Gayon avait son laboratoire de la

Faculté des Sciences) et si tu y arrives avant Laborde, tu auras gagné. » J’y suis allé en courant, me suis précipité chez M. Gayon qui m’a donné mon

certificat. » Plus tard, Gayon va prendre Guyot comme préparateur dans son laboratoire et c‘est lui

qui lui annonça : « M. Servantie, le célèbre pharmacien, vient de mourir, sautez sur l’occasion : il a des filles à marier. »

Guyot épousa donc Ida Servantie le 7 février 1903132 pour faire marcher la pharmacie,

mais avoue lui même qu’il n’était pas fait pour être pharmacien ; seul, il aurait fait faillite. En effet, son goût prononcé pour la science était plus fort ; il avoua133 : « En 1918, il y

eu l’épidémie de grippe espagnole. Je n’y pouvais pas grand-chose. J’envoyais les gens chez mes camarades ; et je partais sur le bassin d’Arcachon, où je cherchais à soigner les pins de M. Exchaw, mourant de l’Armillaria. »

Il eut quatre enfants : Xavier Guyot, né en 1903, Frédéric Guyot, né en 1904, qui

deviendra Pharmacien à Dax, Louis Guyot, né en 1906, qui sera employé du Ministère de l’Agriculture et Jeanne Guyot, née en 1910134.

René Guyot achète la pharmacie à Mme veuve Servantie le 7 février 1903, le jour

même de la signature de son contrat de mariage.135 (Annexes VIII et IX, p140 et 141) Il fut par la suite président de la Société de Pharmacie de Bordeaux en 1922 ;

secrétaire général puis président de la Société des pharmaciens agréés ; membre fondateur de la Société de Zoologie agricole de Bordeaux, il en devint le président, puis le président honoraire ; il fut également membre de l’Association française pour l’Avancement des Sciences et du Conseil national de l’Ordre des Pharmaciens ; il devient en 1927 membre correspondant de la Société de Pharmacie de Paris ; il fut membre correspondant de l’Académie de Pharmacie et lauréat de cette académie, lauréat de la Faculté de médecine et de pharmacie de Bordeaux (médaille d’or), du Conseil général, et titulaire de plusieurs autres distinctions. Chevalier de la santé publique ; officier de l’instruction publique136.

132 Acte de mariage devant Maître Faugère et Maître Coste. 7 février 1903. Archives départementales de la Gironde : 3 E NC 2058. 133 Communication personnelle de la famille Servantie. 134 Communication personnelle de la famille Servantie. 135 Archives départementales de la Gironde : 3 E NC 2058 136 GUERIN (Jean et Bernard). Des hommes et des activités autour d’un demi-siècle. Bordeaux, B.E.B. 1957, p.358.

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Figure 37: Formulaire d'inscription de René Guyot pour le diplôme de Pharmacien première classe en 1896 (Archives départementales de la Gironde : T 308)

Figure 38: Registre d'inscription pour l'admission aux examens de pharmacie pour l’année 1901.

(Archives départementales de la Gironde : T 214)

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3-2 Publications René Guyot publia de nombreux articles (plus de cent publications) dans diverses

revues, ses thèmes de prédilection étant les altérations physiques, chimiques et bactériologiques des médicaments et des aliments, l’armillaire, champignon parasite destructeur des pins, la maladie du rond, et enfin la radioactivité végétale, dont il a été un des premiers à signaler l’existence en 1920.

Nous allons classer ses publications par thème : a. Rédaction d’un cahier de stage

René Guyot écrivit un document intitulé : «Cahier de stage : de sa rédaction. Que faut-

il mettre ou ne pas y mettre?»137. Sa rédaction date de 1906. Le maître de stage y expose ses conseils et ses recommandations pour que les stagiaires présentent au jury de l’examen de validation de stage un document représentatif d’un travail sérieux durant leur séjour à l’officine. Nous avons la chance de pouvoir comparer ce document avec deux cahiers de stage ; le premier est celui d’un stagiaire de l’année 1896 à 1900 dans la pharmacie de M. Augereau138 et le second est celui de Melle Monique Andrieux qui fit son stage en pharmacie dans l’officine même de René Guyot de 1951 à 1952139. (Annexe X, p142-143)

• Vue d’ensemble du cahier de stage

En introduction, Guyot explique les différentes réformes du stage en officine qui passe

à un an, la scolarité passant de trois à quatre ans. Pour lui, un bon cahier de stage doit refléter vraiment le stage et ne pas être une copie

banale des formules du Codex et de leur commentaire dans les traités classiques. En bref, ce doit être une œuvre personnelle, originale, où chaque observation, chaque interprétation des phénomènes physiques ou chimiques aura sa place marquée.

Il est fait pour être consulté pendant la scolarité et on pourra y rajouter des notes par la suite.

Au sujet de ces premiers points, on remarque une certaine similitude avec le cahier de

stage de Melle Andrieux. En effet, à la fin de chaque formule, nous retrouvons une remarque dans laquelle sont inscrites les observations personnelles ainsi que des anecdotes probablement données par le maître de stage. Il en est de même pour le cahier de Jean André Labat qui avait à propos de chaque préparation une observation par laquelle il donnait des indications pratiques.

• Examen

Par la suite, René Guyot parle des examens de stage. Nous y apprenons que les

épreuves pratiques sont tirées au sort : le cahier de stage, les cours, manuels et notes 137 GUYOT (René). Cahier de stage. De sa rédaction. Que faut-il y mettre ou ne pas y mettre ? Bibliothèque Municipale de Bordeaux : Br 3423. 138 DEVAUX (Guy) et ARLERY (Sylvie). Un stage de Pharmacie à Bordeaux à la fin du XIXème. Rev. Hist. Pharm. 2004, 52 (342), p.209-228. 139 Cahier de stage de Melle Monique Andrieux (communication privée).

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personnelles sont remis au jury et ne doivent pas être consultés par les candidats pour rédiger un rapport sur les questions tirées. Ce rapport est devenu obligatoire, ce qui fait passer la durée de l’examen de 10 à 30 minutes. Le cahier permet de juger de la valeur du candidat, ce qui montre l’importance de celui-ci. René Guyot précise que « les cahiers bien rédigés sont le petit nombre ; la majorité ne sont qu’une copie anonyme, sans valeur. »

Guyot revient ensuite sur le caractère personnel du cahier : « Il doit être le fidèle

témoin de votre stage. » Il informe ensuite d’une possible réforme concernant l’inscription en pharmacie qui

sera autorisée uniquement pour les étudiants ayant un baccalauréat scientifique.

• Rédaction du cahier de stage

Nous pouvons comparer les recommandations de René Guyot pour l’établissement du cahier de stage avec ce qu’a réalisé André Labat, l’étudiant dont nous avons le cahier de stage, dans l’officine d’Alfred Augereau à la fin du XIXème siècle. Celui-ci a inscrit les préparations au jour le jour, dans l’ordre où il les a faites. Guyot met cependant un bémol, d’abord il faut parler des instruments (les balances, les densimètres, les alambics), du principe de la lixiviation, des posologies des principaux médicaments dont nous nous sommes servi, de la division des médicaments (usage interne, externe, tableaux A, B, C, cahier de toxique, armoire au poison etc), de l’ordonnancier, de la délivrance des toxiques, de l’étiquetage.

Une partie de ces recommandations se retrouvent sur le cahier de Melle Andrieux.

Nous y trouvons un cours sur la législation pharmaceutique ainsi que sur l’étiquetage. En ce qui concerne les préparations, elles sont notées au jour le jour comme le faisait André Labat bien avant.

• Préparations inscrites

Les préparations inscrites doivent bien sûr être réellement effectuées par le stagiaire.

Seules les préparations officinales seront inscrites en entier ; pour les préparations magistrales : « il faut faire un choix, écarter les banales, et retenir celles qui présentent un intérêt de manipulation, des réactions physiques ou chimiques, des incompatibilités, ou un tour de main pour bien les exécuter ». Il faut « écarter les préparations personnelles, spéciales de la pharmacie où vous vous trouvez. »

Si nous regardons le cahier de Melle Andrieux, nous remarquons que, sur 90

préparations qui y figurent, seulement 19 sont des préparations magistrales. Ce qui reflète bien les conseils de son maître de stage.

• Les préparations officinales

René Guyot conseille pour la rédaction des préparations officinales d’inscrire tout

d’abord la formule, puis le mode opératoire, et enfin des observations qui varieront avec chacun des stagiaires. Il conseille de laisser de la place afin d’ajouter par la suite les observations nouvelles. Ce système est respecté à la lettre par Monique Andrieux sous les appellations de composition, manipulation, remarque. Chez le jeune Labat, nous trouvons dans l’ordre : les produits nécessaires, les ustensiles, la préparation, le rendement et, ensuite, le prix de revient, l’origine des matières premières et les observations.

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• Le Cahier de brouillon

Guyot conseille au stagiaire de posséder un cahier de brouillon à la pharmacie pour établir les formules, les équations, faire les calculs et indiquer pour chaque préparation les quantités prises, le rendement utile.

• Exemples

Par la suite, il prend quelques exemples pour expliquer comment utiliser le cahier de

brouillon. Le premier est la teinture d’iode pour laquelle il revient tout d’abord sur les différentes

formules du Codex, il se pose ensuite les différentes questions chimiques pouvant entrer en jeu lors de la préparation. Il regarde aussi les incompatibilités possibles.

Les différents procédés de préparations du sirop iodotannique sont également abordés

en les expliquant. Viennent par la suite quelques variantes de cette préparation comme le sirop iodotannique phosphaté, le sirop d’iodure de fer, le sirop d’iodure de manganèse.

Il détaille par ailleurs l’obtention de l’acétate d’ammoniaque de la même façon qu’il

l’a fait pour la teinture d’iode, en se posant tout d’abord les questions sur la préparation puis en évoquant les différentes incompatibilités existant avec ce produit.

A noter que la teinture d’iode et l’acétate d’ammoniaque apparaissent sur les deux

cahiers de stage que nous avons examinés.

• Les préparations magistrales Guyot prédit l’avenir en déclarant à propos des spécialités : « Elles encombrent nos pharmacies, nous ne sommes plus des praticiens, nous devenons des vendeurs. La pharmacie glisse dans le domaine commercial. » Mr. Pabia m’a par ailleurs rapporté que lorsqu’il reprit la pharmacie à Mr. Guyot il n’y avait aucune spécialité en stock dans l’officine. René Guyot recommande pour les préparations magistrales de « reconnaître les erreurs médicales grossières, qui seraient fatales pour le malade » et les incompatibilités, qu’elles soient physiques (changement d’état) ou chimiques (changement de constitution).

• Stérilisation

Guyot explique dans ce passage les préparations d’ampoules injectables que nous retrouvons dans le cahier de stage de Melle Andrieux.

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• Altérations des médicaments

• Plantes

Un dernier paragraphe est consacré aux plantes pour lesquelles le maître de stage conseille de réserver quelques pages dans le cahier pour y mettre quelques plantes médicinales recueillies au cours d’herborisations, avec indication de la famille, quelques caractères généraux botaniques et surtout leur utilisation pharmaceutique.

Pour conclure sur cet ouvrage, nous pouvons dire que René Guyot l’a écrit grâce à son

expérience de maître de Stage qu’il exerçait depuis de nombreuses années et nous remarquons que ses recommandations étaient très proches de celles mises en oeuvre bien avant par André Labat lors de son stage, et qu’il a veillé à les faire appliquer par la suite à ses stagiaires.

b. Publications pharmaceutiques et médicales

• Toxicologie

« Sur un point de toxicologie : la benzine est elle toxique ? » Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1904, 44, 122-123 ; 157-159.

Guyot conclut à une faible toxicité de la benzine malgré des doses relativement élevées.

« D’un cas d’intoxication par un collyre d’atropine. Recherche d’atropine dans les urines ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1907, 205-210.

« Empoisonnement par les champignons ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 1927,

626-636. C’est un article de saison puisqu’il a été écrit à la période de la cueillette des champignons. Il est extrêmement complet et reprend en de nombreux points les bases du cours de mycologie qui m’a été enseigné trois-quarts de siècle plus tard. En effet, René Guyot insiste sur le fait que seule la connaissance morphologique et anatomique du champignon permet une bonne identification, et qu’aucun procédé empirique n’est efficace. Il revient plus en détail sur l’Amanite phalloïde, et certaines Russules. Il publie des tableaux comparatifs entre des champignons toxiques et des champignons que nous pourrions confondre. (Phalloïde blanche et Pratelle des prés, A.Caesaria et A. muscaria). Il décrit enfin les syndromes de chaque intoxication et explique les traitements existants.

• Altérations et incompatibilités

« Acétopyrine. Altération. Quelques réactions élémentaires ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1905, 289-293.

« Altération de potions. Fermentation visqueuse ». Bull. Trav. Soc. Pharm.

Bordeaux. 1910, 293-306.

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« Altération d’origine microbienne des collyres ». Bull. Trav. Soc. Pharm.

Bordeaux. 1910, 387-392.

« D’une altération d’origine microbienne des huiles de jusquiame simple et composée ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1913, 385-392.

« Incompatibilités de l’utropine mélangée avec le benzoate de Lithine et quelques

médicaments usuels ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1914, 60-64.

Altération et décolorations des plantes avec production d’ammoniaque sous l’influence des « Mucedinées ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1914, 364-370.

« Incompatibilités du salicylate de sodium et du peroxyde de magnésium ». Bull.

Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1921, 100-104.

« Altération de cachets de poudre placentaire ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1922, 21-22.

« Altération d’origine microbienne du lait ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux.

1922, 22-25.

« Quelques incompatibilités pharmaceutiques ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1922, 126-127.

« De l’altération microbienne du vin blanc et des vinaigres pharmaceutiques ».

Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1922, 179-184.

« Note de pharmacie pratique. Sur une nouvelle incompatibilité physique générale dans la préparation de certains médicaments ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1924, 101-102.

« Altération et décomposition de l’eau oxygénée boratée. Eau oxygénée sans

oxygène actif ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1924, 194-196.

« Altération d’origine microbienne d’ampoule de sérum glucosé ; fermentation butyrique ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1925, 47-50.

« Altération d’une solution d’iodure d’arsenic ». Bull. Trav. Soc. Pharm.

Bordeaux. 1926, 94-95.

« Note de pharmacie pratique ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux 1926, 95-96.

« Altération d’un sirop de narcéine. De quelques réactions chimiques caractéristiques ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1926, 196-199.

« Note de pharmacie pratique. De quelques incompatibilités ». Bull. Trav. Soc.

Pharm. Bordeaux. 1927, 86-88.

« Altération du dermatol ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1928, 18-23.

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« Altérations de cachets opothérapiques : présence d’acariens ». Bull. Trav. Soc.

Pharm. Bordeaux. 1928, 184-187.

« Altération microbienne de l’eau de fleurs d’oranger, eau de fleurs d’orange rose ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1941, 162-168.

« Altérations microbienne des laits ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1945, 97-

99. Présenté à l’AFAS (Association française pour l’avancement des Sciences) à Paris en 1945.

« Altération colorée des eaux distillées en général, de l’eau de fleurs d’oranger en

particulier. Eau de fleurs d’oranger verte. Solutions vertes ». Union pharmaceutique, 1916, 105-111 ; Journal de pharmacie et de chimie, 1916, 13, 37-46.

« Altération microbienne d’un looch blanc. Fermentation visqueuse ». Bull. Trav.

Soc. Pharm. Bordeaux 1949, 121-124.

« Incompatibilité du salicylate de sodium et du peroxyde de magnésium ». Union pharmaceutique. 1921.

« Sur une nouvelle incompatibilité physique générale dans la préparation de

certains médicaments ». Union pharmaceutique. 1924, 230-231.

« Altération d’origine microbienne d’ampoules de sérum glucosé ; fermentation butyrique ». Union pharmaceutique. 1925, 131.

« Altérations de cachets opothérapiques : présence d’acariens ». Union

pharmaceutique. 1928, 392-394. Ceci est un communiqué à l’Association française pour l’avancement des Sciences en juillet 1928 à La Rochelle.

« Altération d’origine microbienne d’ampoules de sérum glucosé. Fermentation butyrique ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 29/08/1926, 557-558.

« Sur une nouvelle incompatibilité physique générale dans la préparation de

certains médicaments ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 1926, 571.

« Altération et décomposition de l’oxygène boratée. Eau oxygénée sans oxygène actif ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 1926, 571-572.

« Altération d’origine microbienne d’ampoules de sérum glucosé. Fermentation

butyrique ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 1926, 620-621.

« Altération d’un sirop de narcéine. De quelques réactions chimiques caractéristiques ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 17/10/1926, 665-666.

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• Analyse biologique et chimique

« Solution de véronal pour injections hypodermiques ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1905, 293-301.

« Véronal. De quelques réactions nouvelles de ce composé. Réaction biologique.

Action du Micrococcus Ureae ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1906, 33-38.

« De quelques réactions de l’acide quinique ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1911, 52-56.

« Albumines urinaires acido-solubles ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1911,

359-364.

« Réaction différentielle du néo-salvarsan et du salvarsan ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1912, 482-494.

« De quelques causes d’erreur dans la recherche de l’arsenic au moyen du réactif

de Bougault ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1913, 337.

« Albumine acido-soluble. Hématurie. Bilharziose ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1917, 77-84.

« Considérations chimiques et cliniques sur l’albumine acido-soluble ». Bull. Trav.

Soc. Pharm. Bordeaux. 1917, 326-348 (en collaboration avec Boyé).

« Réaction oxydase du sang. Coloration bleue obtenue avec une teinture alcoolique faible de Bolet bleuissant (Boletus, Cyanescens). Application à la recherche du sang dans les liquides physiologiques, à la différentiation des hématuries des hémoglobinuries, à la valeur oxydante et, par suite, thérapeutique des hémoglobines commerciales ». ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1918, 88-108.

« Recherche simplifiée de l’urobiline dans les urines ». Bull. Trav. Soc. Pharm.

Bordeaux. 1918, 156-159.

« Procédé simple pour la recherche de l’urobiline dans l’urine ». Annales de chimie analytique et de chimie appliquée. 1919, 94-95.

« Diminution des chlorures urinaires dans l’acétonurie ». Bull. Trav. Soc. Pharm.

Bordeaux. 1920, 235-242.

« Nouvelle réaction colorée des phénols ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1921 p105 à 106

« De quelques réactions des pigments biliaires ». Bull. Trav. Soc. Pharm.

Bordeaux. 1922, 124-126.

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« De la disparition de l’acétone dans les urines en fermentation. De la conservation

des urines pour l’examen ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1922, 184-191.

« Solution de sulfate de cuivre ammoniacal ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1923, 126-127.

« Calculs intestinaux d’urate et de tyrosine ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux.

1924, 28-34.

« Urines rosées d’origine médicamenteuse ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1924, 97-100.

« Réaction colorée de l’adrénaline ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1925,

214-216.

« Réaction oxydase du sang ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1929, 131-140.

« Hématuries d’origine parasitaire : Bilharziose. Néphrites ». Journal de pharmacie et de chimie. 16, 8-18.

« D’une préparation de glycérophosphate de chaux et de soude dissous ». Bull.

Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1950, 75-77.

« Carence de la réaction de Causse-Bonnans dans le dosage d’une glucosurie après traitement au gentoside ». Bull. Soc. Pharm. Bordeaux. 1953, 182-184.

« Procédé simple pour la recherche de l’urobiline dans l’urine ». Union

pharmaceutique. 1919, 99.

« Influence des peptones dans le dosage de l’urée, dans les liquides gastriques par la méthode au xanthydrol de Fosse ». Union pharmaceutique. 1923 p225 227

« Calculs intestinaux d’urate et de tyrosine ». Union pharmaceutique. 1924, 272.

« Urines rosées d’origine médicamenteuse ». Union pharmaceutique. 1924, 297-

300.

« Réaction colorée de l’adrénaline ». Union pharmaceutique. 1926, 100-101.

« Variations des chlorures sous l’influence des ingestions et des injections d’étain dans la furonculose ». (avec le Dr Georges Boyé). Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 31/08/1919, 242-244.

« Réactions biologiques du sang ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 1920, 206-207.

« Note sur le traitement de la bilharziose ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. (avec

le Dr Georges Boyé). 1920, 422-423 le 05/09/1920.

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« Acétonurie et chlorures urinaires ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 17/07/1921, 339-341.

« Influence des peptones dans le dosage de l’urée dans les liquides gastriques par

la méthode au xanthydrol de Fosse ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 24/06/1923, 292-293.

« De la présence de l’urée dans les vomissements d’un anurique et de la

concordance relative de cet élément à la fois dans le sérum sanguin, l’urine et les vomissements ; concordance qui se maintient pour les chlorures et les phosphates ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 04/03/1923, 100-101.

« De l’influence des peptones dans le liquide gastrique des vomissements dans le

dosage de l’urée ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 25/03/1923, 137.

« Urines rosées d’origine médicamenteuse ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 22/08/1926, 541-542.

« De la disparition de l’acétone dans les urines en fermentation. De la conservation

des urines pour l’examen ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 26/9/1926, 618-620.

• Art de la pharmacie

« Glycérophosphate de chaux granulé sans glycérophosphate de chaux ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1906, 83-86.

« Pommades ophtalmiques aux oxydes de mercure ». Bull. Trav. Soc. Pharm.

Bordeaux. 1907, 71-78.

« Le flacon de pharmacie porteur de germes ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1911, 497-502.

« Falsification d’une repasse par addition de plâtre et de talc ». Bull. Trav. Soc.

Pharm. Bordeaux. 1912, 540-544.

« Sirop d’iodure de manganèse ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1921, 162-165.

« Ampoules de thiosinamine. Préparation et stérilisation ». Bull. Trav. Soc. Pharm.

Bordeaux. 1923, 123-125.

« Fermentation sulfhydrique d’un sirop d’hypophosphite de chaux ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1925, 50-53.

« Solution de triiodure d’arsenic. Conservation ». Bull. Trav. Soc. Pharm.

Bordeaux. 1925, 217-222.

« Sirop d’iodure de manganèse ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1927, 83-86.

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« Fermentation visqueuse des limonades commerciales ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1927, 138-152.

« Carence du caractère d’identité du sirop de quinquina du Codex, procédé

pratique pour l’obtenir ». Bull. Trav. Soc. Pharm.Bordeaux. 1930, 115-118.

« De quelques réactions nouvelles de la quinine pour la recherche de cet alcaloïde dans le sirop de quinquina. Réaction de la cyanoquinine ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1930, 118-121.

« Fermentation sulfhydrique de certaines eaux de fleurs d’oranger ». Bull. Trav.

Soc. Pharm. Bordeaux. 1930, 171-176.

« Contribution à l’étude des potions colorées ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1932, 41-57.

« Fermentation suiffeuse. Laits suiffeux ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux.

1946, 75-77.

« Bacilles chromogènes des eaux de fleurs d’oranger. Morphologie. Milieux de culture ». Journal de pharmacie et de chimie. 1917, 15, 12-19.

« Fermentation suiffeuse des laits. Lait en poudre ». Bull. Trav. Soc. Pharm.

Bordeaux. 1950, 73-75.

« Lait en poudre suiffeux. Altérations d’origine parasitaire : présence d’acariens ». Bull. Soc. Pharm. Bordeaux. 1953, 184-186.

« Fermentation sulhydrique d’une potion au thiosulfate de sodium ». Bull. Soc.

Pharm. Bordeaux. 1953, 186-187.

« Stérilisation d’ampoules de sulfate de cuivre ammoniacal de citrate de soude et de chloral ». Union pharmaceutique. 1923.

« Ampoules de thiosamine. Préparation et stérilisation ». Union pharmaceutique.

1923.

« De la présence d’inuline dans la teinture d’ail ». Union pharmaceutique. 1926, 289-292.

« Fermentation visqueuse des limonades commerciales ». Union pharmaceutique.

1928, 14-15.

« Fermentation sulfhydrique d’un sirop d’hyposulfite de chaux ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 05/09/1926, 570-571.

« Carence du caractère d’identité du sirop de quinquina du Codex, procédé

pratique pour l’obtenir ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 31/08/1930, 553-554.

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« De quelques réactions nouvelles de la quinine, pour la recherche de cet alcaloïde dans le sirop de quinquina. Réaction de la cyano-quinine ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 05/10/1930, 635-636.

• Publications médicales

« L’eau de mer isotonique ozonisée pour les pansements des plaies de guerre ». Journal de pharmacie et de chimie. 1916, 14, 41-48 ; 201-202.

« Du traitement des morsures de serpents et de scorpions ». Gaz. Hebd. Sc. Méd.

Bordeaux. 13/07/1913, 329-331.

« L’eau de mer isotonique. L’eau de mer isotonique soumise aux rayons X. L’eau de mer ozonisée pour le pansement des plaies ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux. 03/10/1915, 101-102.

« Calculs intestinaux d’origine médicamenteuse ». Gaz. Hebd. Sc. Méd. Bordeaux.

24/08/1930, 533-535.

• Publications diverses

« La teinture des divers bolets, réactifs général des sels de fer ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1923, 31-36.

Nécrologie du Pr. Grimbert. Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1931, 310-312.

Icerya purchasi et Ceroplastes rusci. Cochenilles exotiques hier, aujourd’hui

indigènes. Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1933, 151-160.

c. L’Armillaire et le Pin des Landes

• Congrès de l’Association française pour l’avancement des Sciences : En 1928 à La Rochelle : « De l’influence d’insectes xylophages dans la propagation de l’Armillaire. » En 1931 à Nancy : « De l’influence du carbonate de calcium et du carbonate de magnésium dans les cultures d’armillaire in vitro » En 1932 à Bruxelles : « De l’influence des solutions iodées dans les cultures in vitro d’Armillaria mellea. » En 1933, dans la Revue générale des Sciences : « De la maladie du rond. De l’influence des foyers ou des foyers d’incendie dans sa propagation » où, dans un premier temps, il évoque l’influence des incendies dans sa propagation, puis il parle de quelques foyers de ronds dus à l’armillaire, du traitement, et enfin des nouvelles méthodes.

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En 1935 à Nantes : - « Traitement du rond par la méthode iodée » les résultats obtenus par Guyot avec cette

méthode sont très satisfaisants, l’iode et ses dérivés sont reconnus comme agents actifs. - « Influence des cendres et des sels de potassium dans les cultures in vitro d’armillaire. »

Ici encore l’action des cendres est favorisante dans la plupart des cultures, notamment celle de la vigne.

- Guyot se demande si on ne peut pas retirer un antibiotique de l’armillaire. En 1948 à Saint-Marcelin : « Restauration de la région Landaise ». En 1949 à Clermont Ferrand : « Incendies dans les Landes : Armillaires et bostryches ».

• Bulletin des travaux de la Société de Pharmacie de Bordeaux

En 1919, il écrit : « Mycélium lumineux. Champignons phosphorescents. » p.6-15. En 1920, il continue avec : « Champignons phosphorescents (mycélium lumineux). (Action photochimique.) » p.106-117. En 1921, il publie : « Mycélium lumineux de l’armillaire ; de l’action de quelques agents physiques et chimiques sur la luminosité de l’armillaire : réveil de luminosité. » p.166-179. En 1924, il revient dans un article sur le « Mycélium lumineux de l’armillaire. » p.139-152. En 1926, il écrit deux articles sur l’armillaire, le premier intitulé : « Mycélium lumineux de l’armillaire. » p75-79, et le second qui a pour thème : « Mycélium lumineux de l’armillaire. Observations relatives au développement de rhizomorphes dans un milieu de culture. » p.80-82. En 1927, il publie à nouveau un article sur « Mycélium lumineux de l’armillaire. » p77-83. En 1928, trois nouveaux articles sur l ‘armillaire sont publiés. « L’armillaire, champignon parasite du pin. » p.161-168 ; « De quelques particularités de culture en milieu stérile du mycélium d’armillaire. » p.168-177 ; « De l’influence d’insecte xylophage dans la propagation de l’armillaire. » p.178-184. En 1942, il publie : « De l’influence des foyers de colonisation sur la propagation de la maladie du rond. » p.23-30 ; p.142-147. En 1945 : « Armillaire et bostrychis » p.42-48, présenté au congrès de l’AFAS à Paris en 1945. En 1949, il écrit : « A propos des incendies dans les Landes. » p.121-124. En 1950, il nous conte « Les pins des Landes et pénicilline. Mise au point au sujet d’un article intitulé « Les pins des Landes et la pénicilline », paru dans la chronique scientifique d’un grand quotidien parisien, sous la signature du Dr Ferré. »p.158-159. En 1951 : « Recherche d’antibiotique dans Armillaria mellea » (avec Brisou), p.214-217.

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En 1954 : « Vitalité des rhizomorphes d’armillaires. Son importance dans la transmission à longue échéance de la maladie du rond. » p.144-146. En 1955 : « L’armillaire. Champignons phosphorescents. Mycéliums lumineux. Maladie du rond, ses causes, son traitement. Radioactivité végétale. Antibiose. » p.243-267. Si nous pouvons résumer le travail de Guyot sur l’armillaire, nous pouvons dire que le mycélium et les rhizomorphes Armillaria mellea ont un rôle prépondérant dans la maladie du rond, maladie qui sévit à l’époque dans le massif forestier lando-girondin principalement boisé en pins maritimes. Les foyers d’incendie, les insectes xylophages ont une importance dans la propagation de cette maladie. Il prouve que le mycélium peut être cultivé in vitro et que nous pouvons contaminer les arbres en partant de cette culture. On peut également soigner ces arbres malades à l’aide d’antiseptiques (méthode iodée). René Guyot s’est également beaucoup intéressé à la luminescence du mycélium et des rhizomorphes, à leur action photochimique, à leur radioactivité ainsi qu’à la recherche d’antibiotique et des éléments de la biophotogénèse. Enfin, il a démontré l’extension de la maladie du rond aux essences indigènes et exotiques, aux vignobles, aux vergers et aux cultures maraîchères.

• L’Union pharmaceutique En 1927 : « Mycélium lumineux de l’armillaire » p.134-136.

d. Bactéries luminescentes

« Bacilles phosphorescents » Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1906, 74-82.

« Bacilles phosphorescents. Lumière froide. Action des antiseptiques. Action de l’électricité. Action du froid. Action du radium ». Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1906, 140-147.

« Bacilles photogènes, pathogènes, chromogènes. Champignons et mycéliums

phosphorescents, champignons se colorant par froissement ou brisure ». Association française pour l’avancement des Sciences. 1929

René Guyot décéda le 19 juillet 1970.

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Figure 39: Portrait de René Guyot

Figure 40: Article nécrologique sur René Guyot dans le

quotidien régional Sud-Ouest.

Figure 41: Etiquette de la Pharmacie Servantie/Guyot.

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D. Les successeurs de René Guyot

Jean Pabia racheta la pharmacie, en viager, à René Guyot et s’y installa le 1er février 1953. La pharmacie s’appelait à l’époque « Pharmacie Servantie/Guyot ». L’officine était assez vétuste (il n’y avait même pas de chauffage central), le chiffre d’affaire était assez bas et le stock de spécialités inexistant.

Figure 42: Etiquette de la Pharmacie des Carmes lors de son rachat par Jean Pabia.

Jean Pabia fut Pharmacien en 1950 et soutint une thèse en 1952 intitulée : « Essai

d’application du cupferron à la diagnose toxicologique des cations minéraux »140. Cette pharmacie est donc sa toute première et il est jeune diplômé lorsqu’il s’y installe. La mauvaise situation géographique de la pharmacie va le conduire à demander son transfert en 1961 mais celui-ci fut refusé.

Il vendit la pharmacie à Mme Taillez en 1962. L’officine passa ensuite entre les mains de plusieurs pharmaciens, jusqu’au titulaire actuel, Monsieur Eric Turcat :

- Mme Taillez en 1962 - Mr Lucien Christian en 1974 - Mme Lothaire Marie-Chantal en 1981 - Mme Bequain Marie-Rose en 1984 - Mr Mari Jean-François en 1990 - Mr Turcat Erick depuis 2001.

140 PABIA (Jean). Essai d’application du cupferron à la diagnose toxicologique des cations minéraux. Bordeaux, E. Drouillard, 1952.

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CHAPITRE III : L’Eau de Mélisse des

Carmes

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Nous terminerons cette plongée dans le passé de la Pharmacie des Carmes, en évoquant aussi l’histoire de la fameuse Eau des Carmes qui l’a si longtemps rendue célèbre à Bordeaux.

A. Histoire Dans les monastères, de nombreuses formules secrètes, inventées et mises au point par les

moines, se transmettaient de moines-apothicaires en moines-apothicaires. La plus ancienne encore sur le marché à l’heure actuelle est l’eau de mélisse des Carmes. Ces formules restaient la propriété de leur inventeur qui était seul à les exploiter.

C’est en 1605 que les Carmes déchaussés de la nouvelle réforme fondèrent rue de Vaugirard une maison-mère qui avait en France quarante-cinq couvents au moment de la Révolution, dont deux à Bordeaux.141

Le secret de la composition de l’eau de mélisse fut révélé en 1610 par le Père Damiens et elle fut mise en vente l’année suivante.

Certains disent que son origine vient d’un cosmétique italien ( ?) comme l’eau de Cologne. Une autre version tirée des « Mémoires de Chiniac de la Bastide, 1769 » nous dit que les druides faisaient un remède mystérieux à base de Sabine ; cette formule aurait été retrouvée par les Carmes qui se considèrent comme successeurs des druides. Cette version est reprise par Henri Martin « Les Carmes embrassaient, dans une espèce de christianisme antécédent au Christ, avec Elie et les solitaires hébreux du Carmel qu’ils prétendaient leurs auteurs immédiats, les Druides et les Pythagoriciens. Leur remède populaire, l’eau des Carmes, est une tradition druidique, c’est l’eau de selago ou l’herbe d’or, une des six plantes mystiques du bassin de Koridwen. »142

En 1765, dans sa « Description de Paris », Piganiol de la Force nous dit que c’est dans

l’apothicairerie du couvent des Carmes déchaussés, proche du palais du Luxembourg que l’eau des Carmes fut inventée. En effet c’est en la même année 1611 que ce monastère fut érigé et que l’eau de mélisse fut commercialisée. 143

Cette date est reprise par MM. Gildemeister et Hoffmann qui déclarent que : l’eau de

mélisse, l’eau de Cologne et l’eau de la reine de Hongrie peuvent être considérées comme les premiers types des parfums au XVIIeme siècle. 144

La réputation de cette eau va prendre rapidement beaucoup d’ampleur. Dès le XVIIeme

siècle Richelieu, qui souffrait de migraines extrêmement douloureuses, l’utilisait régulièrement pour se soulager. Une anecdote fait part d’une tentative d’empoisonnement sur 141 GERARDIN (E.). Histoire et pharmacologie de l’eau de Mélisse dite des Carmes. Bull. Sc. Pharmacol. 1910, p.667. 142 GERARDIN (E.). Histoire et pharmacologie de l’eau de Mélisse dite des Carmes. Bull. Sc. Pharmacol. 1910, p.668. 143 GERARDIN (E.). Histoire et pharmacologie de l’eau de Mélisse dite des Carmes. Bull. Sc. Pharmacol. 1910, p.670. 144 GERARDIN (E.). Histoire et pharmacologie de l’eau de Mélisse dite des Carmes. Bull. Sc. Pharmacol. 1910, p.671.

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le cardinal au moyen d’un flacon d’eau de mélisse, mais il connaissait le goût du remède et put ainsi éviter une mort certaine.145

Puis, sous Louis XIV, elle fit son entrée à la Cour de France. En effet à cette époque les courtisans du Roi devaient non seulement faire des voyages réguliers et fatigants jusqu’à Versailles mais aussi, pour satisfaire le Roi, ils devaient manger plus que de raison et assister aux interminables fêtes nocturnes. Il était donc fréquent que ces personnes aient des indigestions et le médecin de la Cour étant débordé, l’eau des Carmes fut utilisée et fit merveille. Ceci permit aux Carmes quelques années plus tard de se voir accorder des lettres patentes par Louis XIV, lettres qu’ils réclamaient depuis plus de 20 ans. 146

Cette réputation traversa même les frontières puisque la mère du Régent qui l’utilisait

pour faire passer le boudin, dont elle était extrêmement friande mais qu’elle digérait mal, la conseilla à ses parents en Allemagne.

Comme pour tout remède populaire de nombreuses contrefaçons commencèrent à voir le

jour, comme en 1667 où l’apothicaire Jean-Claude Verdeil eut un procès avec les Carmes et paya très cher la contrefaçon qu’il avait mise en vente. Dans le même temps, de nombreux monastères faisaient de même en donnant leur nom à des préparations similaires et furent eux laissés tranquilles.147

La célébrité de cette eau lui permis d’être citée par Voltaire en personne qui en vanta les

mérites, mais il avouait être gêné par les gains réalisés par la vente de ce produit par les moines et leur reprocha un certain manque de générosité. Ceci était vrai si ce n’est que les Carmes n’hésitaient pas à en donner aux personnes qui n’avaient pas les moyens de payer ce remède, ce fait étant attesté.

Le succès de l ‘eau de mélisse ne fit que croître jusqu'à la Révolution, et sa vente se

montait à Paris à plus de 3000 livres par mois. Les religieux s’étaient fait délivrer des brevets par le Roi le 15 février 1773 et le 9 janvier 1776 mais, lors de la troisième demande, ils durent faire des concessions car les pharmaciens opposèrent une certaine résistance.

Deux documents retracent ces concessions :

Le premier est le brevet du 1er septembre 1780 qui autorise pendant 20 ans la distribution de l’eau de mélisse sous la dénomination d’eau des Carmes. Nous y apprenons que pour contenter les pharmaciens, les Carmes verseront la somme de 1000 livres tous les ans au Collège de pharmacie, et qu’ils donneront la composition de cette eau à la Société Royale de médecine qui, d’après la préparation qui a été faite devant elle, a approuvé la formulation par délibération le 18 août 1780. Les Carmes devront également donner six bouteilles par an à la Société Royale de Médecine et devront se soumettre aux visites de ses commissaires. 148

145 LEFEBVRE (Christophe). La France des Pharmacies anciennes. Toulouse, Privat, 1999, p.23, 25, 56,83 146 GERARDIN (E.). Histoire et pharmacologie de l’eau de Mélisse dite des Carmes. Bull. Sc. Pharmacol. 1910, p.719. 147 GERARDIN (E.). Histoire et pharmacologie de l’eau de Mélisse dite des Carmes. Bull. Sc. Pharmacol. 1910, p.720. 148 BOUVET (M.). Contribution à l’histoire de l’eau de Mélisse des Carmes. Bull. Soc. Hist. Pharm., 1926, 4, (52), p. II, III.

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Le second est un acte notarié passé le 4 Octobre 1780 en l’étude de maître Lefebvre entre les Carmes et le Collège de Pharmacie dans lequel, les maîtres en pharmacie et leurs successeurs déclarent ne pas empêcher la fabrication et la distribution de l’eau par les Carmes à condition que ceux-ci versent 1000 livres par an au Collège de Pharmacie. 149

A Bordeaux, aucun document ne préfigure d’une discorde entre les pharmaciens et le

monastère des Carmes. Après la Révolution, les moines du couvent parisien formèrent une Société purement

commerciale afin d’exploiter l’eau de mélisse. Le dernier survivant, le frère Paradis, s’associa au sieur Royer et mourut en 1831. En 1840, un certain Boyer se maria à la veuve de Royer et devint le seul propriétaire de l’eau de Mélisse des Carmes150. L’eau de Mélisse des Carmes Boyer continue encore actuellement à être commercialisée.

A Bordeaux, la formule, qui était probablement légèrement différente de celle mise au

point par le couvent parisien, passa successivement entre les mains de Catinot puis de ses successeurs, Magonty père et fils, et enfin Félix et Xavier Servantie. A la mort de ce dernier, la pharmacie et la formule de l’eau des Carmes reviennent dans un premier temps à sa femme, veuve Servantie, qui va vendre la pharmacie à son gendre René Guyot et garder l’exploitation commerciale de l’eau de mélisse pour elle et ses enfants. A partir de ce moment, elle réalise elle-même les distillations avec l’aide de l’ancien laborantin de son mari, et ceci pendant de nombreuses années. Par la suite, quand Madame Servantie mère fut trop âgée, elle confia le secret de la formule à deux de ses enfants, Louis et sa sœur, la pharmacie n’étant plus que le dépositaire principal de cet alcoolat. La fabrication fut interrompue durant la seconde Guerre mondiale par manque d’alcool, et après celle-ci les enfants Servantie, propriétaires de la formule, étant nombreux et éparpillés sur la planète, la décision de suspendre définitivement la fabrication fut prise. 151

149 GERARDIN (E.). Histoire et pharmacologie de l’eau de Mélisse dite des Carmes. Bull. Sc. Pharmacol. 1910, p.721. 150 GERARDIN (E.). Histoire et pharmacologie de l’eau de Mélisse dite des Carmes. Bull. Sc. Pharmacol. 1910, p.723. 151 Communication personnelle de la famille Servantie.

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B. Les différentes formules

Au cours des siècles de nombreuses formules de ce célèbre remède vont voir le jour. Le secret de la composition de l’eau des Carmes aurait été donné en 1610 au Père Damien

par un médecin inconnu. Certes, mais lorsque, au XIXème siècle, pour obtenir leur brevet, les Carmes de la rue de Vaugirard durent la fabriquer devant la Faculté, des indiscrétions furent commises et de nombreuses recettes virent le jour telle que celle qui parut dans les pharmacopées ou celle du Codex français. 152

1. La formule du R .P. Poncelet (Chymie du goût et de l’odorat, 1755) 153 Le Père Poncelet déclare tenir sa recette de : « l’inventeur de cette eau ; il y a près de cent

ans qu’il est mort et j’ai copié la recette que je présente ici, qui venait directement de lui. Quoi qu’il en soit de cette particularité, dont je supprime les détails et les preuves, si l’on veut la révoquer en doute, j’en appelle au succès de l’opération, que je garantis infaillible, en suivant exactement ce que nous allons prescrire. »

Le révérend Père va par la suite nous donner la formule contenant seize plantes puisque en

plus des treize précédemment citées il rajoute la cardamome, le genièvre et l’absinthe. Il ne pratique qu’une seule distillation et utilise des cendres des résidus ce qui fait l’originalité de cette formule et ceci probablement dans un but économique : « Faites, dit-il, évaporer à siccité le résidu et mettez-y le feu ; jetez les cendres dans un vase plein d’eau bouillante, faites faire deux ou trois bouillons, laissez refroidir, filtrez, évaporez, et vous trouverez un sel fixe, bien pur, que vous ferez fondre dans votre Esprit ou Eau de Mélisse magistrale. » Même si cette méthode fut utilisée à plusieurs reprises dans d’autres préparations seul Poncelet utilise au point de vue médical le sel fixe des cendres des ingrédients, et ceci pourrait avoir une origine très ancienne.

Le secret de la formule aurait donc été transmis par le Père Damien à son couvent et ne

l’aurait pas été aux autres couvents du même Ordre. Mais, nous le savons, certains monastères carmélitains ont commercialisé de l’eau de Mélisse. Outre le monastère de Bordeaux, celui de Marseille par exemple, estime aussi avoir la formule vraie de l’Eau des Carmes

152 GERARDIN (E.). Histoire et pharmacologie de l’eau de Mélisse dite des Carmes. Bull. Sc. Pharmacol. 1910, p.723. 153 GERARDIN (E.). Histoire et pharmacologie de l’eau de Mélisse dite des Carmes. Bull. Sc. Pharmacol. 1910, p.724-725.

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2. La formule de Morelot (Cours de Pharmacie, 1803) 154

Morelot déclare dans son ouvrage : « L’alcool ou eau de mélisse du codex n’est pas

précisément le même que celui qui est connu sous le nom d’Eau de Mélisse des Carmes. Le Collège de Pharmacie de Paris est le seul dépositaire de la véritable recette des Carmes. Je dois, pour l’honneur de la vérité et pour le bien de l’humanité, déclarer publiquement que la véritable eau de Mélisse des Carmes ne se prépare que dans le laboratoire du dit Collège. Cette composition exige treize distillations particulières, outre les précautions dans le choix et la préparation des substances qui en sont les matières essentielles. Il ne m’est pas permis de publier ni la recette ni son mode de pratique ; mais l’exposition des substances qui entrent dans la composition ayant été faite publiquement, je puis, sans abuser de la confiance qui m’a été accordée, faire connaître la différence qui existe entre la formule du Codex et celle des Carmes.

Ingrédients de l’Eau de Mélisse des Carmes. Mélisse, romarin, marjolaine, hysope, thym,

sauge, angélique, cannelle, muscade, coriandre, anis vert, girofle et écorces de citrons. Remarque. Le nombre de ces ingrédients est plus considérable que ceux portés dans la

formule du Codex ; mais ce qui en fait encore plus le mérite, c’est la juste proportion qui en est ordonnée, pour que la réunion de tous forme un ensemble parfait. »

3. La formule du Collège de 1818 155

Cette formule présente des particularités à la distillation. Soubeiran en parle dans son

Traité de Pharmacie : « La formule de l’Eau de Mélisse des Carmes, comme suite à la formule du Codex est beaucoup moins simple, mais elle donne un alcoolat un peu plus suave. On prépare des alcoolats simples avec alcool à 56°, 32 parties, et 3 parties de chacune des matières qui doivent y entrer. On fait un premier mélange avec alcoolat de Cannelle 11 parties, de Coriandre 11 parties, de Girofle 9 parties ½, de Muscade 9 parties ½, d’Anis 6 parties, d’écorces de Citron ¾. Un second mélange avec alcoolat d’Angélique 32 parties, de Romarin 18 parties, d’Hysope 26 parties, de Marjolaine 32 parties, de Thym 22 parties, de Sauge 50 parties. On réunit dans la curcubite d’un alambic 1 partie du premier mélange, 1 partie du second et 1 partie d’alcoolat simple de Mélisse. On y ajoute 1/10 de leur totalité d’eau et 1/6 de sucre, lequel au reste est inutile. Aucune odeur ne doit dominer dans ce mélange, auquel cas on y ajoute par tâtonnement une nouvelle quantité des autres alcoolats. »

Cette formule, très compliquée et difficile à réaliser pourrait cependant ne pas être celle d’origine.

154 GERARDIN (E.). Histoire et pharmacologie de l’eau de Mélisse dite des Carmes. Bull. Sc. Pharmacol. 1910, p.724. 155 GERARDIN (E.). Histoire et pharmacologie de l’eau de Mélisse dite des Carmes. Bull. Sc. Pharmacol. 1910, p.726-727.

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4. Formule de Chevalier dans son Manuel du pharmacien156 Cette formule est la même que la précédente et Chevalier déclare : « Le procédé est long

et dispendieux ; mais il a l’avantage de fournir un alcoolat plus suave que celui que l’on se procure par des moyens différents.

Ce procédé consiste à préparer les alcoolats de cannelle, de girofle, de noix muscade, de semences d’anis, de semences de coriandre, d’écorces sèches de citron, en agissant de la manière suivante :

Prenez : cannelle de Ceylan pulvérisée grossièrement, 96 parties (3 onces) ; mettez la poudre en contact avec de l’alcool bien pur à 22° Baumé, 1,000 parties (2 livres) ; laissez en macération pendant 2 jours ; distillez ensuite au bain-marie jusqu'à ce que l’alcool cesse de couler au filet et ne passe plus que goutte à goutte ; arrêter alors l’opération.

Lorsque tous les alcoolats que nous venons d’indiquer sont obtenus, conservez-les convenablement ; préparez ensuite séparément, en temps convenable (c’est-à-dire au moment où les plantes sont les plus aromatiques) les alcoolats suivants :

Alcoolat d’angélique avec la plante déjà grande (et la racine si vous voulez), dans le moment ou les feuilles sont bien développées. Alcoolats de romarin, de marjolaine, d’hysope, de thym, de sauge.

Tous ces produits doivent être préparés avec les feuilles et les fleurs prises sur la tige, dans la proportion de 96 parties (3 onces) de substances sur 1,000 parties ( 2 livres) d’alcool à 22° Baumé, en laissant macérer pendant 2 jours, distillant ensuite tous ces alcoolats et les conservant.

Faites ensuite un alcoolat avec les feuilles de mélisse prises depuis le milieu de la tige jusqu'à la sommité en cueillant la mélisse au mois de mai, avant la floraison, ou dans le renouvellement de la pousse, au mois de septembre. Prenez les proportions suivantes : feuilles de mélisse, 96 grammes (3 onces) : alcool à 22°, 1,000 grammes (2 livres).

Lorsque vous avez obtenu tous les alcoolats, mêlez-les dans trois vases dans les proportions suivantes :

- Premier vase : Alcoolats préparés avec les aromates secs. Alcoolat de cannelle, 3,5 ; alcoolat de girofle, 3,0 ; alcoolat de noix muscade, 3,0 ; alcoolat de semences d’anis, 2,0 ; alcoolat de coriandre, 3,5 ; alcoolat de citron, 0,25.

- Deuxième vase : Alcoolats de plantes aromatiques. Alcoolats d’angélique, 10,0 ; alcoolat de romarin, 6,0 ; alcoolat de marjolaine, 7,0 ; alcoolat d’hysope, 8,0 ; alcoolat de thym, 7,0 ; alcoolat de sauge, 15,0.

- Troisième vase. Alcoolat de mélisse seulement.

Prenez de chacun de ces vases les quantités suivantes des trois alcoolats. Alcoolat composé des alcoolats d’aromates secs mélangés, 5 parties ; alcoolat composé

avec les alcoolats de plantes aromatiques mélangées, 5 parties ; alcoolat de mélisse simple, 5,5 parties.

Ces quantités d’alcoolats étant mêlées, ajoutez-y une dixième partie d’eau de fontaine, et la quatre-vingtième partie du poids de sucre pulvérisé, distillez au bain marie jusqu'à ce que vous ayez obtenu tout le liquide introduit dans l’alambic, à l’exception d’un cinquième qui doit rester dans ce vase. L’alcoolat de mélisse ainsi obtenu est d’une odeur très agréable. » Cette formule confirme toutes les informations données par Morelot, que ce soit au niveau

des substances qui sont identiques, mais également au niveau du nombre des distillations, 156 LANGUEPIN (G.). Recette de la véritable Eau de Mélisse des Carmes. Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1888, p.237-239

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treize au total. Elle nous donne également énormément d’informations sur les saisons de cueillette et les parties de plantes à utiliser.

5. La formule du : « Jardin de Santé à l’usage de la Pharmacie des Récollets. »157

Dans ce document, nous apprenons qu’il faut « plusieurs infusions réitérées des sommités

de Mélisse fleurie dans l’esprit-de-vin rectifié. » Il faut recommencer cette étape cinq ou six fois dans trois livres de cet esprit du vin

« rassasié des vertus de la mélisse. » Ensuite, il faut « faire infuser pendant deux ou trois fois vingt-quatre heures six poignées

de sommités de mélisse en fleurs sans tige, des écorces superficielles de citrons seichs, des noix muscades, de la coriandre bien nourrie et mondée, de chacun une once, après lequel temps on fait la distillation dans des vaisseaux de verre, à une chaleur très tempérée et très lente au bain marie ou vaporeux ».

Il est précisé qu’au début on faisait infuser toutes ces matières dans l’eau distillée de suc

de mélisse et d’eau-de-vie par parties égales mais l’esprit de vin fut employé pour rendre la préparation plus spiritueuse.

6. La véritable formule de l’eau des Carmes de la place Maubert : recette laissée au grand couvent des Carmes de la place Maubert par Frère Joachim de Saint-Jaques Profez de la Province de France en 1715.158

Préparation

« Il faut distiller chaque herbe et aromate en particulier, et avoir autant de cruches qu’il y

a de sortes de choses qui y entrent, et avoir bien soin d’écrire sur chaque cruche le nom de l’eau qu’elle contient, et bien boucher la cruche avec un papier collé avec empoix. Ayant ainsi toutes les eaux faites, il sera facile de faire la composition, comme est marqué ci après.

Observations

Il faut cueillir les herbes dans leur force, par exemple la mélisse un peu avant sa fleur, et

dans sa fleur au mois de mai, et celle qui a crue l’avoir coupée, elle est bonne au mois de septembre, l’éplucher, n’y mettre que les feuilles depuis le milieu de la tige jusqu’en haut.

Il faut cueillir le romarin lorsqu’il est en fleur, l’éplucher et n’y mettre que les fleurs et feuilles.

Le thym de même quand il est en fleur, et l’éplucher, n’y point mettre les cottons, n’y racines.

Il faut aussi cueillir la sauge dans sa fleur, l’éplucher, mettre feuille et fleurs.

157 BOUVET (M.). Contribution à l’histoire de l’Eau de Mélisse des Carmes. Bull. Soc. Hist. Pharm., 1926, 4, (52), p.III 158 BOUVET (Maurice). La véritable formule de l’Eau de Mélisse des Carmes de la place Maubert. Rev. Hist. Pharm., 1953-1954, 11 (139), p.173-176.

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La marjolaine doit aussi être cueillie lorsqu’elle est en fleur, l’éplucher, mettre fleurs et feuilles.

Il faut aussi attendre que l’isope soit en fleur pour la cueillir, l’éplucher, mettre fleurs et feuilles.

Angélique des jardins dont on fait de la conserve, on attend qu’elle soit montée afin que les cottons et les feuilles soient bons, quand on y mettrait, feuilles, fleurs, cottons et racines tout est bon.

Il faut hacher chaque sorte de ces herbes en particulier, et les mettre chacune dans une cruche, prés que l’emplir, et puis l’emplir de bonne eau-de-vie, laisser infuser deux fois 24 heures en été, ou dans un lieu chaud, et en hiver trois fois 24 heures. Au bout de deux fois 24 heures, il faut distiller chaque herbe, et, mettre dans une bouteille la distillation et écrire sur la bouteille le nom de l’herbe qu’on aura distillée, et bien boucher la bouteille.

Il faut faire toutes ses distillations d’herbe pendant l’été, afin d’en avoir la provision de tout ce qu’il faut pendant une année.

Aromates

Celles cy se trouvent toujours chez les épiciers en tout temps, ainsi on les distille a loisir

quand on en a besoin.

Préparation des aromates La cannelle, il faut la mettre en poudre grossière et la mettre dans une cruche. Semblablement de la muscade, il faut la battre dans un mortier, c’est a dire qu’elle soit

bien concassée, la mettre dans une autre cruche. La même chose de la coriandre, la concasser, et le mettre dans une cruche. L’anis vert de Verdun, le concasser, et le mettre dans une cruche. Il ne faut point concasser le Cloud de geroffre, il faut le mettre comme il est dans une

cruche tout entier. Des écorces de citrons seiches, les mettre par morceaux dans une cruche.

Règle générale Pour chaque chose cy dessus mise en cruche, il faut sur 3 onces, une pinte d’eau de vie,

c’est environ 6 pintes pour une livre, pour les faire infuser, bien boucher la cruche, et laisser infuser environ deux fois 24 heures en hiver moins en été.

Après quoi il faut distiller toutes séparément, mettre chaque distillation dans des bouteilles, et écrire dessus le nom de chaque eau.

Observations

Il ne faut mettre que la moitié plein dans l’alambic, et soit herbes ou aromates, il faut finir

la distillation, quand il ne distille plus que par gouttes, car il faut qu’elle distille ordinairement le fillet, et bien affraichir, c’est ce qui fait la bonté de l’eau de mélisse, sans quoi elle sens un goût d’empirume.

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Première composition Voici ce qu’il faut mettre dans la cruche des aromates c’est à dire les eaux de cannelle 3

pintes et demie ; cloud de girofle 3 pintes ; muscade 3 pintes et demi septier ; anis 2 pintes ; coriandre 3 pintes et demie ; eau d’écorce de citron un demi septier.

Voici ce qu’il faut mettre dans le tonneau de la composition des simples, c’est-à-dire les eaux distillées ; d’angelique 8 pintes ; de romarin 6 pintes ; de marjoleine 7 pintes et demie ; d’isope 8 pintes ; de tim 7 pintes ; de sauge 15 pintes et demie.

Recommencer jusqu'à ce que le tonneau soit plein. A l’égard du tonneau de Melisse on l’emplit avec l’eau de Melisse distillée seule.

Remarque Quoi que cette composition soit bonne et bien juste, il est de la prudence de goutter l’eau

de mellisse lorsqu’elle est faite pour savoir si rien ne domine, car quelquefois de la cannelle ou du cloud seront bons et forts et leur odeur l’emportera sur les autres drogues ; ainsi ces autres drogues peuvent l’emporter sur celles la.

De même des simples, si l’herbe de mélisse n’a pas crue en pays sec, ou n’a pas été cueillie en beau temps, elle ne sentira pas son fumet, en ce cas il y faut mettre un peu plus d’eau d’écorce de citrons pour y suppléer.

Au commencement que j’ai fait l’eau de mélisse, je la gouttais souvent, et trop souvent pour la rendre parfaite, et trop souvent, car c’est ce qui ma ruiné et brûlé la poitrine. Dieu soit béni.

Je soussigné certifie avoir donné ce présent secret ou recette pour bien faire l’eau de mélisse et l’eau vulnéraire dite d’Arquebusade au frère Gabriel de St-Nicolas avec permission du très R. Père Tiburse prieur du grand couvent place Maubert à Paris, en foy de quoy je signe.

Frère Joachim

Dernière composition Suit un petit tableau avec les indications suivantes :

1) Cruche aromates. Prenés en 5 pintes et les verses dans la cruche de la composition generalle ;

2) Tonneau de Melisse simple. Tirés en 5 pintes et demie et verses les dans la cruche de la composition generalle ;

3) Tonneau pour la composition des simples. Tirés en 4 pintes et les verses dans la cruche de la composition generalle.

4) Cruche pour la composition generalle. Voilà la composition entièrement faite. L’auteur reproduit ensuite un alambic B et complète ainsi ses révélations. Il faut prendre la cruche de composition générale 4 pintes et demie et les mettre dans

l’alambic B avec un peu d’eau de fontaine, ou de rivière, et une once de sucre et puis distiller, et en tirer environ 4 pintes ; c’est l’eau de mélisse entièrement faite et bonne à vendre.

Comme il en faut faire maintenant beaucoup, c’est ce qui m’a obligé d’avoir ces deux tonneaux, et de faire mes mélanges de la manière que je les viens d’expliquer, pour les mieux concevoir par celui qui me succédera.

Frère Joachim

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Quand on a distillé et tiré 4 pintes d’eau de mélisse parfaite, mettais ce qui reste dans une cruche chaque fois ; et parés on distille ces restes et on les mesle avec les restes d’eau vulnéraire, c’est pour les pauvres et pour nos amis.

Cette formule est proche de celle du Codex de 1818.

7. Formule de Baumé 1797159 Baumé donne la formule suivante :

Mélisse citronnée en fleurs et récente : Une livre et demi (750 gr.) Zestes de citrons recents : Quatre onces (125 gr.) Noix de muscades : Deux onces (64 gr.) Coriandre : huit gros (32 gr.) Girofles et cannelle aa deux onces (64 gr.) Racines sèches d’angéliques de Boheme : une once (32 gr.) Esprit de vin très rectifié : huit livres (4 kg.)

Faite macérer toutes les substances pendant 24 heures dans l’esprit de vin, distillez alors

au bain-marie de façon à retirer les huit livres d’esprit de vin employées ; rectifiez ensuite cette liqueur au bain-marie à une douce chaleur pour en tirer sept.

8. Formule de Baudot160

Feuilles de mélisse fraîches : 3 poignées Ecorce de citrons fraîches, noix muscades, semences de coriandre, girofle, le tout divisé :

aa 30 grammes. Vin blanc généreux, esprit de vin rectifié : aa 1,000 grammes

Placez le tout dans une cucurbite de verre ; laissez macérer pendant 24 heures en agitant

de temps à autre, et distillez ensuite au bain de sable pour retirer 1,000 grammes de produit.

159 LANGUEPIN (G.). Recette de la véritable Eau de Mélisse des Carmes. Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1888, p.235 160 LANGUEPIN (G.). Recette de la véritable Eau de Mélisse des Carmes. Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1888, p.236

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9. Formule du codex de 1965161 C’est la formule la plus récente qui se dit une simplification de l’original. Elle a pour

nom : « Alcoolat de mélisse composé. Eau de mélisse spiritueuse. Eau des Carmes. Eau de

mélisse des Carmes. Mélisse fraiche en fleurs 900 g Zestes frais de citrons 150 g Cannelle de Ceylan 80 g Girofle 80 g Muscades 80 g Coriandre 40 g Racine d’angélique 40 g Alcool à 80° 5000 g

Diviser convenablement les substances, les faire macérer dans l’alcool pendant 4 jours, et

distiller au bain-marie pour recueillir 4,250 kg d’alcoolat. Caractères : Liquide limpide, incolore, se troublant légèrement avec fluorescence bleutée

par addition de son volume d’eau distillée.

Titre alcoolique à 15° 76 à 82° Nombre de gouttes par gramme LVII gouttes Résidu fixe à 100° pratiquement nul

Ce n’est pas la véritable formule de l’eau de mélisse des Carmes déchaussés de la rue de

Vaugirard mais une simplification proposée par Baumé qui ne lui cède en rien pour la suavité et les propriétés médicales.

Taddei, Giordano, Paris, y faisaient entrer des cubèbes.

161 DORVAULT, 23e édition, p.51.

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C. Intérêt thérapeutique Baumé parle de la vertu de cette eau de la façon suivante : « cette eau est stomachique,

céphalique, vulnéraire, tonique, propre à dissiper les vapeurs et la mélancolie. » 162 Morelot en plus des propriétés précédentes dit : « Elle apaise les douleurs des dents, en

dissipe la carie ; on s’en sert extérieurement pour guérir les plaies récentes faites avec des instruments tranchants ; elle guérit sur-le-champ la brûlure. » 163

Dans le Codex 1965, nous pouvons lire : « Excitant, stimulant, nervin, considéré par

quelque personnes comme une panacée universelle. A l’intérieur, on le prend à la dose de ½ ou 1 cuillérée à café, délayée dans l’eau simple ou sucrée ; à l’extérieur en friction, fomentation, soit pur soit associé à un autre liquide. Il entre dans la composition du soluté d’arsénite de potassium ou liqueur de Fowler.164

On obtient l’eau de mélisse jaune en ajoutant à 100 g d’alcoolat de mélisse, 5 g de teinture de Safran. Cette dernière est plus spécialement employée à l’extérieur dans le public. »

A Bordeaux, dans l’imprimé destiné a accompagner chaque flacon sortant de la Pharmacie

des Carmes nous pouvons lire les indications suivantes 165 (Annexes XI et XII, p144 et 145) : « La vertu singulière de cette Eau, contre l’apoplexie et autres maladies est à présent si

connue de tout le monde qu’il est inutile d’en donner des preuves ; il suffit de marquer comment et en quelle occasion il faut en user.

Dans les attaques d’une si terrible maladie il faut donner d’abord au malade une cuillerée de cette eau pure, et si elle n’opère pas en quelques instants, réitérer jusqu'à ce que la connaissance lui soit revenue, ce qui arrive en peu de temps quand l’apoplexie n’est point parvenue jusqu'à ce point où la nature, ne pouvant agir avec les remèdes, ne cède à aucun, mais souvent le malade périt parce qu’on n’a point cette Eau pour lui en donner promptement, ou pour ne pas lui en avoir fait prendre… quand les signes de la maladie venaient…à se déclarer et à paraître, pendant que les humeurs sont encore en mouvement, et ne sont pas entièrement fixées, c’est alors que sans rien craindre, on en doit beaucoup frotter les malades, après les avoirs frottés d’une serviette chaude ; car ces frictions étant faites avec soin et diligence, ouvrent les pores, excitent la transpiration, dissipent les obstructions. On a vu en pareil cas des guérisons secondaires. Le tout consiste à s’en frotter chaudement la nuque, l’épine du dos et les membres attaqués par ce mal.

Elle est propre à désopiler la rate, dissiper les platuosités ou ventuosités qui souvent la grossissent à l’excès. Il faut après avoir fait chauffer cette Eau légèrement, y tremper une compresse pliée en quatre, et appliquer chaudement sur la région de la rate.

Elle est encore bonne contre les rhumatismes et la sciatique, provenant de causes froides, la faisant chauffer légèrement, en en frottant la partie douloureuse, et en l’enveloppant chaudement.

162 LANGUEPIN (G.). Recette de la véritable Eau de Mélisse des Carmes. Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1888, p.239 163 LANGUEPIN (G.). Recette de la véritable Eau de Mélisse des Carmes. Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1888, p.240 164 DORVAULT, 23e édition, p.51. 165 Archives Municipales de Bordeaux. Fond Delpit. Prospectus eau des Carmes : 66S60.

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Cette Eau est vulnéraire et guérit la gangrène provenant des causes externes, et la pourriture qui accompagne ordinairement les plaies les plus désespérées, ce qui se confirme par l’expérience.

On avertit que ceux qui prendront de l’une ou de l’autre Eau, que celle qui a le cachet noir est bonne pour frotter, et que celle qui a le cachet rouge est bonne pour boire et frotter. »

Figure 43: Formulaire en langue anglaise de l'Eau de Mélisse des Carmes Servantie.

Figure 44: Notice d'utilisation de l'Eau de Mélisse des Carmes.Servantie.

Figure 45: Conditionnements anciens de l'Eau de Mélisse des Carmes Servantie.

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Figure 46: Prospectus de l'Eau Véritable des Carmes Servantie.

Figure 47: Fin de l'imprimé destiné à accompagné chaque flacon d'Eau des

Carmes de Bordeaux. (Archives municipales de Bordeaux, fonds Delpit, Eau des Carmes)

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D. Conditionnements anciens de l’eau de Mélisse des Carmes de Bordeaux

En sachant que la production de l’Eau de Mélisse des Carmes Servantie a cessé en

1939166, il est rare de tomber sur des conditionnements de cette époque, et ce fut le cas du Pr. Devaux qui retrouva deux conditionnements anciens de cette préparation.

Il s’agit là de deux flacons de verre d’une capacité de 75 ml pour le plus grand et de 50 ml

pour le second. 167 Ils comportent tous les deux une inscription moulée dans le verre : - Eau véritable/ des/ Carmes/ Servantie/ Bordeaux pour la plus grande - Eau véritable des Carmes/ Servantie Bordeaux pour l’autre Nous trouvons également une étiquette, imprimée en noir sur fond blanc, reprenant la

même inscription avec en plus l’adresse de la pharmacie et le blason des Carmes (Convent. Burdigal. St Ludovici)

Sur une banderole placée au-dessous du blason, il est de nouveau précisé Eau de Mélisse

des Carmes. Une bande de garantie entoure le goulot du flacon ; nous pouvons y lire Eau véritable des

Carmes Servantie/ Bordeaux/ Exiger la signature/ Xavier Servantie. Ces flacons datent donc de la période d’exercice de Xavier Servantie c’est-à-dire entre 1882 et 1902.

Le plus grand possède sur la bande de garantie son cachet de papier rouge avec le blason

des Carmes en léger relief. Si nous nous en réfèrons à ce que nous avons vu précédemment cette couleur précise l’utilisation du contenu qui dans ce cas peut être utilisé « pour boire et pour frotter. »

166 Communication personnelle de la famille Servantie. 167 DEVAUX (Guy). Conditionnements anciens de l’Eau de Mélisse des Carmes de Bordeaux. Rev. Hist. Pharm.1990, 37 (284), p.37-39.

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CONCLUSION

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Tout au long de cette étude, nous avons suivi l’évolution de la Pharmacie des Carmes de Bordeaux et découvert de nombreuses parcelles de l’histoire de la Pharmacie dans cette ville dès sa création en 1792 par Catinot, ancien moine apothicaire du couvent des Petits Carmes. Le lien avec cet ordre est visible grâce aux blasons décorant les pots et les mortiers mais également grâce à la formule de l’Eau de Mélisse des Carmes de Bordeaux, créée par les frères Carmes et commercialisée ensuite dans la Pharmacie. Par la suite, les pharmaciens qui ont succédé au moine les deux siècles suivants nous ont montré au travers de leurs travaux scientifiques et de leurs différentes actions leur forte implantation dans le paysage pharmaceutique bordelais, et, ce, particulièrement lors de la présidence à la Société de Pharmacie de Bordeaux par Henry Magonty, Xavier Servantie et enfin René Guyot. La Pharmacie des Carmes est désormais menacée par une localisation dans la ville qui, depuis les années 1950, devient un inconvénient pour son équilibre économique: la désertion du quartier par ses habitants et la mise à l’écart des petites rues face aux grands axes commerciaux, font entrevoir la possibilité d’un déplacement, voire d’une fermeture de cette officine dont nous avons essayé de retracer la longue histoire.

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Sources

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Sources imprimées :

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GRACIET (Elizabeth). Inventaire des mortiers d’apothicaires et autres mortiers conservés en Aquitaine dans les Musées, Hopitaux, et Monuments ouverts au public. Thèse Doct. Pharm. : Bordeaux 2 : 1991, n°89, p.191-192.

GUERIN (Jean et Bernard). Des hommes et des activités autour d’un demi-siècle. Bordeaux, B.E.B. 1957, p.358.

GUYOT (René). Cahier de stage. De sa rédaction. Que faut-il y mettre ou ne pas y mettre ? Bibliothèque Municipale de Bordeaux : Br 3423.

LAHITETTE (Sophie). Essai d’inventaires des céramiques pharmaceutiques, conservées dans les musées, Hôpitaux et lieux ouverts au public de la Région Aquitaine. Thèse Doct.Pharm. : Victor-Segalen (Bordeaux 2) : 1997, n° 123, p181-183.

LAPRADE (Albert). Croquis, troisième album. Paris, Vincent Freal et Cie, 1977, page 65.

LANGUEPIN (G.). Recette de la véritable Eau de Mélisse des Carmes. Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux. 1888, p.234-240.

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LEBRETON (Dominique). Apothicaires et moines à Bordeaux à la fin de l’Ancien Régime. Thèse Doct. Pharm. : Bordeaux II : 1983, n°42.

LEFEBVRE (Christophe). La France des Pharmacies anciennes. Toulouse, Privat, 1999, p.23, 25, 56,83

MAGNIEN (René). Le vieux quartier Saint-Christoly. Bordeaux, Delmas, 1963, pages 13-14.

MAGONTY (Henry). De l’électrochimie ou relations qui existent entre les actions électriques. Paris, imprimerie de la Poussielgue, 1835.

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MEAUDRE DE LAPOUYADE (Maurice). Essai d’histoire des faienceries de Bordeaux du 18eme siècle à nos jours. Bordeaux, Méaudre de Lapouyade, 1928. Pages 48 à 50.

MENSIGNAC (C. de). Note sur l’achat fait par la ville de Bordeaux de 130 faïences anciennes provenant de la IIIeme maison de secours. Mém. Soc. Archéol. Bordeaux. 1910, 32, p 89-96.

NERIN (Jean-Pierre). Hôpitaux et hospices de Bordeaux au temps de la Belle Epoque au travers de la carte postale. Bordeaux, Les Dossiers d’Aquitaine, 1993. P. 65 (carte postale n°23-A. Cavaillé, photographe)

PABIA (Jean). Essai d’application du cupferron à la diagnose toxicologique des cations minéraux. Bordeaux, E. Drouillard, 1952

RECHE (Albert). Mille ans de médecine et de pharmacie à Bordeaux. Bordeaux, Mollat, 1980, p. 83.

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TOURNIER (J.). Le Clergé et la Pharmacie : essai sur le rôle du clergé et plus particulièrement des congrégations religieuses dans la préparation et la distribution des remèdes avant la Révolution. Paris, Caffin. 1938, p.146.

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Sources manuscrites et documents d’archives :

1. Archives départementales de la Gironde - « Requêtes aux administrateurs du département, exposant les services rendus par l’apothicaire des Carmes Déchaux, qui livre les remèdes aux pauvres à vil prix et demande que le Frère Placide reste l’apothicaire des pauvres » : G2403. - Acte de vente de la Pharmacie des Carmes par Pierre Catinot à Léon Magonty : 3 E 21762. - Acte de vente de la Pharmacie des Carmes par Henri Magonty à Félix Servantie : 3 E 26154. - Carmes déchaussés et Petits Carmes : Q 891 - Fonds H. Carmes Déchaussés, non classé. - Q1037. - Enregistrement Maitre Triboulet. - Enregistrement Maître Philippe Brun. - Extraits du registre des procès-verbaux de la Société de Pharmacie de Bordeaux (septembre 1834-2 septembre 1847). Archives départementales de la Gironde : sous-série 4J (cotation en cours). - Stage officinal des élèves en pharmacie de première classe, registre d’inscription: T308. - Registre d’immatriculation pharmacie: T192. - Registre d’inscription pour l’admission aux examens: T214. - Contrat de mariage de René Guyot et d’Ida Servantie passé devant Maître Faugère et Maître Coste. 7 février 1903: 3 E NC 2058.

2. Archives municipales de Bordeaux

- 2 MID 3/18. - 2 MID 6/1. - 12 D 16 - 2MI D4/57 deuxième série483. - 2MI D3/58. - 2MI D3/61.

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- Fond Delpit. Prospectus eau des Carmes : 66S60

3. Archives nationales : - Registre d’inscription des élèves de l’Ecole supérieure de Pharmacie de Paris : F8 248

Sources privées :

Inventaire de la pharmacie lors de la mort de Xavier Servantie en 1902. Archives de la famille Servantie.

Communication personnelle de la famille Servantie

Titre de réception de Pharmacien de Jean Félix Servantie. Archives de la famille Servantie

Document manuscrit établi entre Félix et Xavier Servantie lors de la vente de la pharmacie entre ces deux personnes. Archives de la famille Servantie.

Cahier de stage de Melle Monique Andrieux (communication privée).

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Annexes

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ANNEXE I : « Estimation de la pharmacie des Petits Carmes de la ville » le 11 février 1791.

(Archives départementales de la Gironde : Q 891) « Estimation de la pharmacie possédée cy-devant (sic) par les Petits Carmes de la ville. L’an 1791 et le 10 du mois de février, nous experts soussignés, agréés par le Directoire du District de cette ville, nous nous sommes transportés dans la pharmacie cy-devant (sic) possédée par les Petits Carmes de la ville pour procéder à l’estimation de la pharmacie, ustensiles et ses dépendances. La boiserie consiste en un corps d’armoire en sapin de la hauteur de trois pieds surmonté d’un cadre, avec quatre bouts de planche, le tout en sapin, avec six encoignures en sapin, le tout vieux, sommes convenus et demeurés d’accord quelles de la valeur de trois cent livres……………………………………………………………………………… …… …..300 Plus un comptoir en sapin……………………………………… ………………............……24 23 chevrettes en faïence bleue et blanche…........................................................................11,10 40 pots à canon, à onguent et électuaire………………………………………………………20 24 piluliers, même faïence, vieux ayant servis…………………………………...……………6 30 boucaux (sic) en verre blanc…………………………………………………………..……6 90 goulots renversés servant de poudrier………………………………………………….13,10 62 taupettes (sic) de plusieurs grandeurs……………………………………………...……….3 15 bouteilles grand frotignan verre noir…………………………..………………………….2,3 40 boîtes carrées à six pièces………………………………………………………...……….12 Total de la pharmacie………………………………………………………………...……398,3 Le laboratoire Une armoire à trois étagères, sans fond………………………………………………………24 Une presse en ormeau, les vis en noyer………………………………………………………20 Un vieux comptoir………………………………………………………..…………………..10 9 étagères en sapin fort vieilles…………………………………………………...……………8 7 matras, 2 grands et 5 petits…………………………………………………...…………...…3 3 cornus en verre, de moyenne grandeur………………………………………………………4 2 alambics en verre vert………………………………………………………………………..3 2 corbeilles en terre…………………………………………………………………………….2 24 boîtes carrées à épices……………………………………………………………………..18 3 petits mortiers en cuivre jaune avec leurs pilons, le tout vieux, pesant 33………..…….40,10 3 bassines en cuivre rouge pesant 27……………………………………………..……….29,14 162,4

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Suite du laboratoire………………………………………………………………………..162,4 Deux vieux alambics sans bain-marie, sans robinet, pesant ensemble 43, vieux cuivre…………………………………………………………………………………….….47,6 Un mortier de fer de feu avec un pilon et le support………………………………………….24 Deux petits bassins en étain………………………………………………………….………3,4 Un fourneau en terre cuite de moyenne grandeur…………………………….………………15 Total du laboratoire……………………………………...……………………………….251,14 Magasin Une armoire en sapin avec des étagères, sans être doublée…………………………..………30 9 étagères assez larges et fortes……………………………………………………………….18 Une vieille table à l’ancienne………………………………………………………..…………9 Une autre vieille table dont le dessus est en noyer………………………………………...…10 Une balance en cuivre, avec un poids de 25 et un de 10, et un de 5, le premier en fer et les deux autres en plomb…………………………………………………………………………12 78 flacons servant de poudrier……………………………..……………………………….7,16 27 Dames jane………………………………………………………………………...………67 8 chevrettes en faïence bleue et blanche……………………………………………………….4 34 cantines en verre vert de 2 à 3 pots………………………………………………………..51 Total du magasin……………………………………………………………………...….209,16 Nous experts après une exacte vérification des articles mentionnés et qui sont porté dans l’inventaire, qui composent la pharmacie, le laboratoire et le magasin avec les ustensiles, nous sommes convenus et demeurés d’accord que le tout est de la valeur de huit cent cinquante neuf livres quinze. A Bordeaux, le onzième jour de février 1791. Par leurs experts Première bougie : Delle 900 Francisque 950 Adjugé Francisque pour 950.

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ANNEXE II :

Acte de vente de la Pharmacie des Carmes entre Pierre Catinot et Léon Magonty. (Archives départementales de la Gironde : 3 E 21762)

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ANNEXE III : Requêtes aux administrateurs du département, exposant les services rendus par l’apothicaire

des Carmes Déchaux, qui livre les remèdes aux pauvres à vil prix et demande que le frère Placide reste l’apothicaire des pauvres.

(Archives départementales de la Gironde : G2403)

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ANNEXE IV :

Rapport fait à la Société de Médecine de Bordeaux sur l’arsenic normal par Henri Magonty (Archives de la Société de Pharmacie de Bordeaux)

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ANNEXE V : Extrait de l’acte de vente de la Pharmacie des Carmes entre Henri Magonty et Félix

Servantie. (Archives départementales de la Gironde : 3 E 26154)

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ANNEXE VI : Bail établi entre Félix et Xavier Servantie au moment de la cession de la pharmacie à Xavier.

(Archives de la famille Servantie)

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ANNEXE VII : Extrait de l’inventaire des biens de Xavier Servantie lors de sa mort en 1902.

(Archives de la famille Servantie)

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ANNEXE VIII : Extrait du contrat de mariage de René Guyot avec Melle Ida Servantie.

(Archives départementales de la Gironde : 3 E NC 2058)

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ANNEXE IX :

Lettre de René Guyot datée du 16 février 1942 où il reconnaît avoir acheté la Pharmacie des Carmes à Mme Veuve Servantie et à ses enfants.

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ANNEXE X :

Extrait du cahier de stage de Monique Andrieux durant l’année universitaire 1951-1952

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ANNEXE XI : Formulaire publicitaire de l’Eau de Mélisse des Carmes de Bordeaux.

(Deuxième moitié du XVIIIe siècle) Archives municipales de Bordeaux, fonds Delpit, Eau des Carmes

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ANNEXE XII : Autre formulaire publicitaire de l’Eau de Mélisse des Carmes.

(Deuxième moitié du XIXe siècle) Archives municipales de Bordeaux, fonds Delpit, Eau des Carmes

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ANNEXE XIII: Papier à lettre à l’en-tête de la Société d’Eau Véritable des Carmes Servantie.

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Tables

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Tables des illustrations

Figure 1: Plan du quartier St Christoly vers 1755.................................................................... 24 Figure 2: Croquis de la Pharmacie des Carmes réalisés par Albert Laprade ........................... 26 Figure 3: Vue de la Pharmacie des Carmes depuis la rue Castillon......................................... 27 Figure 4: Vue de la Pharmacie des Carmes depuis la rue Margaux......................................... 27 Figure 5: Vue extérieure de la Pharmacie des Carmes............................................................. 27 Figure 6: Vase sculpté sur la façade de la Pharmacie .............................................................. 27 Figure 7: Partie supérieure du vase sculpté.............................................................................. 27 Figure 8: Plan de l'intérieur de la Pharmacie des Carmes en 1953 .......................................... 29 Figure 9: Plan de l'intérieur de la Pharmacie des Carmes en 2005 .......................................... 29 Figure 10: Une vue de l'intérieur de la Pharmacie des Carmes................................................ 31 Figure 11: Autre vue de l'intérieur de la Pharmacie................................................................. 31 Figure 12: Dorure situé sur le pied d'une colonne.................................................................... 31 Figure 13: Socle en pierre, situé dans la cour intérieure où reposait le mortier en bronze. ..... 31 Figure 14: Baromètre intégré à la boiserie et signé Guibert. ................................................... 31 Figure 15: Chapiteau en feuille d'acanthe situé au sommet des colonnes................................ 31 Figure 16: Affiche de la vente aux enchères des matériaux lors de la démolition du couvent des Petits Carmes en-la-ville. ................................................................................................... 33 Figure 17: Affiche de la vente aux enchères des boiseries du couvent des Petits Carmes en-la-ville en 1792. ............................................................................................................................ 33 Figure 18: Photo de l'appartement de Louis Lafond ................................................................ 34 Figure 19: Emblème des Carmes peint sur un grand pot de monstrance de la collection Lafond.................................................................................................................................................. 38 Figure 20: Pot conservé au musée de Bâle…………………………………….......................................39 Figure 21: Grand pot présenté à l'exposition de Nevers…...……………………………...................39 Figure 22 Pots-Canons appartenant à un collectionneur anglais…...…………………...................39 Figure 23: Pot ayant appartenu à un collectionneur bordelais….…….………………...................39 Figure 24: Pot à thériaque conservé au Wellcome Inst. of the Hist. of Med. de Londres ....... 39

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Figure 25: Pot en faience aux initiales de Léon Magonty........................................................ 41 Figure 26: Pot en porcelaine de style Directoire ou Empire. ................................................... 41 Figure 27: Pots servant à la conservation des extraits.............................................................. 41 Figure 28: Pots en verre souflé................................................................................................. 41 Figure 29: Grand mortier en bronze fondu par Turmeau en 1784. .......................................... 43 Figure 30: Mortier en marbre. .................................................................................................. 43 Figure 31: Titre de réception de Pharmacien de Léon Magonty.............................................. 57 Figure 32: Diplôme de membre de la Société de médecine de Bordeaux de Léon Magonty. . 57 Figure 33: Titre de réception de pharmacien de Félix Servantie. ........................................... 71 Figure 34: Portrait photographique de Xavier Servantie avec sa collection de timbres........... 73 Figure 35: Résultats d'analyses biologiques réalisées par Xavier Servantie............................ 73 Figure 36: Congé de Libération de Xavier Servantie............................................................... 73 Figure 37: Formulaire d'inscription de René Guyot pour le diplôme de Pharmacien de premiere classe en 1896 ........................................................................................................... 77 Figure 38: Registre d'inscription pour l'admission aux examens de pharmacie pour l’année 1901.......................................................................................................................................... 77 Figure 39: Portrait photographique de René Guyot ................................................................. 91 Figure 40: Article nécrologique sur René Guyot dans le quotidien régional Sud-Ouest. ........ 91 Figure 41: Etiquette de la Pharmacie Servantie/Guyot. ........................................................... 91 Figure 42: Etiquette de la Pharmacie des Carmes lors de son rachat par Jean Pabia............... 92 Figure 43: Formulaire en langue anglaise de l'Eau de Mélisse des Carmes Servantie. ......... 107 Figure 44: Notice d'utilisation de l'Eau de Mélisse des Carmes.Servantie ; .......................... 107 Figure 45: Conditionnements ancien de l'Eau de Mélisse des Carmes Servantie.................. 107 Figure 46: Formulaire de l'Eau Véritable des Carmes Servantie. .......................................... 108 Figure 47: Fin de l'imprimé destiné à accompagné chaque flacon d'Eau des Carmes de Bordeaux. ............................................................................................................................... 108

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Table des annexes Annexe I : « Estimation de la pharmacie des Petits Carmes de la ville » le 11 février 1791. (Archives départementales de la Gironde : Q 891)………………………………………….125 Annexe II : Requêtes aux administrateurs de département, exposant les services rendus par l’apothicaire des Carmes Déchaux, qui livre les remèdes aux pauvres à vil prix et demande que le frère Placide reste l’apothicaire des pauvres. (Archives départementales de la Gironde : G2403)…………………………………………127 Annexe III : Acte de vente de la Pharmacie des Carmes entre Pierre Catinot et Léon Magonty. (Archives départementales de la Gironde : 3 E 21762)……………………………………..129 Annexe IV : Rapport fait à la société de médecine de Bordeaux sur l’arsenic normal par Henri Magonty. (Archives de la Société de pharmacie de Bordeaux)………………………………………..130 Annexe V : Extrait de l’acte de vente de la Pharmacie des Carmes entre Henri Magonty et Félix Servantie. (Archives départementales de la Gironde : 3 E 26154)…………………………………..…131 Annexe VI : Bail établi au moment de la cessation de la Pharmacie des Carmes par Félix Servantie à son fils Xavier. (Archives de la famille Servantie)…………………………………………………………..137 Annexe VII : Extrait de l’inventaire des biens de Xavier Servantie lors de sa mort en 1902. (Archives de la famille Servantie)……………………………………………………….….139 Annexe VIII : Extrait du contrat de mariage de René Guyot avec Melle Ida Servantie. (Archives départementales de la Gironde : 3 E NC 2058)………………………………….140 Annexe IX : Lettre de René Guyot datée du 16 février 1942 où il reconnaît avoir acheté la Pharmacie des Carmes à Mme Veuve Servantie et à ses enfants…………………………...141 Annexe X : Extrait du cahier de stage de Monique Andrieux durant l’année universitaire 1951-1952…………………………………………………………………………………...142 Annexe XI : Formulaire publicitaire de l’Eau de Mélisse des Carmes de Bordeaux. (Archives municipales de Bordeaux, fonds Delpit, Eau des Carmes)………………………144 Annexe XII : Autre formulaire publicitaire de l’Eau de Mélisse des Carmes. (Archives municipales de Bordeaux, fonds Delpit, Eau des Carmes)………………………145 Annexe XIII : Papier à lettre à l’en-tête de la Société de l’Eau Véritable des Carmes Servantie. ………………………………………………………………………………………………146

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Table des noms de personnes ALI – p.52 ANDRIEUX Monique – pp.78, 79, 80 ARAGO – p.62 ARTAUD – p.63 AUGEREAU Alfred – pp.78, 79 BARBET – p.60, 61 BAUDOT – p.104 BAUME – pp.104, 105, 106 BEQUAIN Marie-Rose – p.92 BERGE Léopold – p.72 BERTIN – p.56 BISCAYE – p.63 BOUBEE-BROUQUEUR – p.54 BOUISSOZ – p.70 BOUSSINGEAULT – p.61 BOYE Georges – p.85 BOYER – p.97 BRISOU – p.89 BRUNEAU – p.65 CADILHON – p.52 CARRE – p.62 CATINOT Pierre – pp.19, 23, 25, 28, 30, 32, 35, 36, 40, 42, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 97,113 CAULA Joseph – p.69 CAULA Marguerite – p.69 CAVENTOU – p.58 CHALU – p.51 CHARRETTE (de) – p.72 CHAUMET – p.60 CHEVALIER – p.100 CHEYLUD – p.53 CHINIAC de la BASTIDE– p.95 CHRISTIAN Lucien – p.92 CIROT de la VILLE – p.69 CLESSE – p.56 CORRIVEAUD – p.58 COSTES – p.69 CRESPY – p.64 DAGUERRE – p.62 DAMIEN (Père) – pp.95, 98 DARLES – p.52 DARRIGAN – p.75 DASSETESRE – p.48 DESAYBATS Etienne – p.47 DEVAUX Guy – p.109 DORVAULT – p.62

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DOUBRERE – p.52 DUBEDAT – pp.52, 63, 64 DUCLOS – p.65 DUCLOU Guillaume – p.58 DUCOMET – pp.63, 65 DUMAINE – p.52 DUMAS – p.61 DUPONT – pp.52, 53, 70 DUPRAT – pp. 51, 54 DUPUY Jacques – p.54 ESPIC – pp.60, 61, 64 EYMARD Jean – p.58 FABRET – p.55 FALQUET aîné – p.52 FALQUET fils – p.52 FALQUET père – p.52 FAUGAS – pp.63, 65 FAURE Joseph – pp.59, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 70 FENELON Jean – p.54 FERRE – p.89 FRANCISQUE – p.32 FURTADO – p.48 GABRIEL (Frère) – p.103 GALIEN – p.40 GASTELOUZARD – pp.52, 53 GAUBRIC – p.56 GAVARRET – p.56 GAYET – p.52 GAYON Ulysse – pp.75, 76 GERVAIS (Frère) : voir MACLUZEAU GIBERT – p.30 GILDEMEISTER – p.95 GIORDANO – p.105 GRACIET Elisabeth – p.42 GRIMBERT – p.88 GUIBOURT – p.58 GUICHARD Maurice – p.43, 54 GUIGNAN – p.52 GUIMARD – pp.61, 64, 65 GUYOT Frédéric – p.76 GUYOT Jeanne – p.76 GUYOT Ida: voir SERVANTIE Ida GUYOT Louis – p.76 GUYOT René – p.30, 75, 76,77, 78, 79, 80, 81, 89, 90,91, 97, 113 GUYOT Xavier – p.76 HAZERA – p.55 HIPPOCRATE – p.40 HOFFMANN – p.95 HUSTIN – pp.35, 36, 37 JOACHIM (Frère) – pp.101, 103

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LABAT André – pp.79, 81 LABORDE – p.76 LAFITTE – p.51 LAFOND Louis – p.34 LAGARDE – p.48 LAHITETTE Sophie – p.36 LAMEGIE – p.52 LAPRADE Albert – pp.25, 26 LARTIGUE François – p.56, 63, 68 LASSERRE Charles – p.34 LAUDET – p.56 LAURENT Auguste – p.68 LEBRETON Dominique – p.34 LEFEVBRE – p.97 LEVIEUX − p.35 LOCHE – pp.56, 60 LOTHAIRE Marie-Chantal – p.92 LOUSTAU Claudine – p.56 LOUSTAU Joseph – p.56 LOZE – pp.56, 65 MACLUZEAU – pp.52, 53 MAGONTY Claudine : voir LOUSTAU Claudine MAGONTY Henri – pp.35, 56, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 97, 113 MAGONTY Jean – pp.50, 69 MAGONTY Jeanne – p.56 MAGONTY Joseph – p.69 MAGONTY Léon – pp.35, 40, 42, 50, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 97 MAGONTY Marguerite : voir CAULA Marguerite MALLEVILLE aîné – p.52 MANCEL – p.64 MARCHAND – p.48 MARI Jean-François – p.92 MARTIN Henri – p.95 MEAUDRE de LAPOUYADE – p.35 MENSIGNAC (de) Camille – p.36 MORELOT – pp.99, 100, 106 NIEPCE – p.62 ORFILA – p.60 OULES – p.52 PABIA Jean – pp.25, 28, 30, 80, 92 PANNELIER Thérèse – p.69 PARADIS (Frère) – p.97 PARIS – p.105 PAUILHAC – p.65 PELLETIER Bertrand – p.50 PELLETIER Joseph – pp.50, 58 PIGANIOL de la FORCE – p.95 PLACIDE de la CIRCONCISION (Frère) : voir CATINOT Pierre PONCELET (Père) – p.98 RAUZAN – p.55

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REGNAULT – p.61 REY – p.59 ROSA – p.47 ROYER – p.97 SALADIN – p.64 SERVANTIE Elisa – p.70 SERVANTIE Félix – pp.35, 69, 70, 71, 97 SERVANTIE Ida – p.76 SERVANTIE Jeanne (née BERGE) – pp.72, 97 SERVANTIE Louis – p.97 SERVANTIE Xavier – pp.25, 43, 70, 72,73, 74, 75, 76, 97, 109,113 SORETH Jean – p.37 SOUBEIRAN – p.99 TADDEI – p.105 TAILLEZ – p.92 TAPIE – p.64 TESTAS – p.52 THENARD – p.61 THOMAS (Frère) : voir GASTELOUZARD TIBURSE (Père) – p.103 TURCAT Erick – p.92 TURMEAU – pp.42, 43 VASPATANI – p.64 VERDEIL Jean-Claude – p.96 VERTHAMON− p.30 VILLESUZANNE G. – p.52 VOLTAIRE – p.96 WILGER Angeline-Leudocie – p.70 WURTENBERG – p.65

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SERMENT DE GALIEN

Je jure, en présence des maîtres de la Faculté, des conseillers de l’Ordre des Pharmaciens et de mes condisciples : D’honorer ceux qui m’ont instruit dans les préceptes de mon art et de leur témoigner ma reconnaissance en restant fidèle à leur enseignement ; D’exercer, dans l’intérêt de la santé publique, ma profession avec conscience et de respecter non seulement la législation en vigueur, mais aussi les règles de l’honneur, de la probité et du désintéressement ; De ne jamais oublier ma responsabilité et mes devoirs envers le malade et sa dignité humaine. En aucun cas, je ne consentirai à utiliser mes connaissances et mon état pour corrompre les mœurs et favoriser des actes criminels. Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert d’opprobre et méprisé de mes confrères si j’y manque.