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Histoire de la philosophie islamique by Majid FakhryReview by: Constant HamèsArchives de sciences sociales des religions, 37e Année, No. 78 (Apr. - Jun., 1992), pp. 225-226Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127173 .

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78.25 ELLACURIA (Ignacio).

Veinte ajios de historia en El Salvador (1969-1989). Escritos politicos. San Salvador, UCA, 1991, 1897 p. (3 volumes).

I.E. etait non seulement un des principaux th6ologiens de la lib6ration, mais aussi, en tant que recteur de l'Universit6 Centre-Am6ricaine (j6suite) d'El Salvador, un des meilleurs ana- lystes de la vie politique du pays et un homme profond6ment engag6 pour la paix et la justice sociale. Cela lui a coit6 la vie, puisqu'il fut assassin6 par les militaires (avec 6 autres j6- suites, professeurs de l'UCA) en novembre 1989.

L'UCA a r6cemment publi6 un recueil en trois volumes de ses 6crits politiques au cours des ann6es 1969-1989. Dans cette masse de do- cuments, quelques-uns touchent directement B la place du religieux dans la vie politique du pays. C'est le cas notamment de trois essais importants.

Les deux premiers datent de 1978 : ils abor- dent la question explosive des rapports entre l'Eglise et les organisations populaires (syndi- cats urbains et ruraux, organisations 6tudiantes et de quartier), de culture B la fois chr6tienne et marxiste. Cette question avait fait l'objet d'une < Carte pastorale > de deux 6v~ques sal- vadoriens, Monseigneur Romero (assassin6 en 1980) et Monseigneur Rivera y Damas (actuel archev~que de San Salvador), longuement comment6e par Ellacuria. Le theme central de ces deux textes est la n6cessaire solidarit6 de l'Eglise avec les pauvres et leurs organisations, et, simultandment, la non-identification de l'E- glise (ou de ses communaut6s de base) avec ces organisations.

Le troisibme article date de 1984 et pr6sente le point de vue de l'auieur sur la signification et le r61e de la thdologie de la liberation en Am6rique latine. Pour dissiper les malentendus (aussi bien chez des partisans que des adver- saires de ce courant), I.E. fait la mise au point suivante: ( La thdologie de la lib6ration pr6- tend se situer dans la tradition thfologique... Elle n'est pas, par cons6quent, une sociologie

ou une politologie, mais un savoir sp6cifique, dont les sources ou principes sont la r6v6lation, la tradition et le magistbre, au service desquels se mettent certaines m6diations. Si parmi ces m6diations celle des sciences sociales, 6cono- miques, historiques et politiques a une certaine importance, cela n'implique pas, n6cessaire- ment, qu'elle se transforme en une de ces sciences avec un langage th6ologique, de m~me que la pr6f6rence classique pour la m6- diation de la philosophie ne faisait pas n6ces- sairement de la th6ologie ant6rieure une forme de philosophie. Dans son intention, dans sa m6thodologie, dans les faits, la th6ologie de la lib6ration se montre chaque fois davantage comme une th6ologie >.

II d6veloppe ensuite une typologie critique de certaines formes de rapport entre la th6olo- gie de la lib6ration et la sphere politique - le moralisme nai'f, le fanatisme fondamentaliste, le simplisme messianique, le r6ductionnisme (tantat religieux, tant6t politique)- pour plai- der en conclusion pour un r6alisme, qui prenne en consid6ration aussi bien l'aspect positif de l'apport 6vang6lique A l'action politique en Am6rique latine, que les limites de cette contribution, r6sultant de la n6cessaire autono- mie des deux domaines.

Michaiel L6wy.

BULLETIN DES OUVRAGES

pr6cis6ment les anciens r6seaux de solidarit6. A lire les r6ponses aux enquates, on lui don- nerait volontiers raison. Reste B savoir si cette chance de survie demeurera longtemps compa- tible avec la visfe pastorale d'une 6vang6lisa- tion en profondeur que proposent les thfologiens. Les auteurs de cet ouvrage, en tout cas, laissent la question ouverte.

Willem Frijhoff.

78.26 FAKHRY (Majid).

Histoire de la philosophie islamique. Ed. du Cerf, 1989, 416 p. (Trad. de l'anglais par Nasr Marouane).

Voici une tentative de pr6sentation syst6ma- tique de la pens6e islamique vue surtout sous l'angle du discours rationnel, en particulier philosophique. Le

mfrite principal en est la mise en 6vidence de l'articulation entre raison et religion, depuis les premibres querelles th6o- logiques sur le libre arbitre jusqu'd l'affronte- ment entre thdologiens et philosophes aristot61iciens ou n6o-platoniciens (avec un prolongement en direction des marxistes contemporains). Le mirite secondaire en est un apport r6flexif personnel de l'auteur qui ne s'est pas (toujours) content6 d'un assemblage de figures et de thdories mais qui, par recours (souvent) B une lecture directe, met en pers- pective, compare, 61imine, r6tablit. Cela est rendu possible par un long travail sur les pen- seurs importants : al-Kindi (IXes), ar-Rizi, al- Farabi, Ibn Sina (XC s.), al-Ghazili, Ibn Rushd (XII' s.) etc. dont les ouvrages et les theses sont I'objet d'une analyse approfondie; pour prendre un seul exemple, pros de 20 pages sont

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

consacrdes A al-Kindi, historiquement le pre- mier des philosophes arabes musulmans. Un effort documentaire important a permis d'in- troduire l'ouvrage par un panorama ddtaill6 du contexte et des auteurs qui ont fait p6n6trer, le plus souvent par traductions, l'h6ritage grec (mais aussi persan, voire indien) dans le monde arabo-musulman, aux premiers temps de l'empire abbasside (IXe-Xe s.); ces pages sont pleines d'int6ri~t car elles d6voilent la complexit6 des courants culturels en oeuvre (grec, syriaque, persan, indien, chr6tien et juif, sans doute aussi zoroastrien) et elles mettent bien ent lumibre le r81e catalyseur du pouvoir bagdadien et de son environnement de m6- cenes.

L'ouvrage pourra servir de r6f6rence et d'outil de travail g ceux qui s'intfressent i la pens1e islamique extra-doctrinale et qui ont d6ji un bagage minimum de connaissances sur l'histoire de l'expansion islamique.

II faut cependant signaler que tout n'est pas parfait dans une 6valuation aussi considdrable. Publi6 d'abord en anglais en 1970, ldgarement remani6 pour une seconde 6dition en 1983, pr&- sent6 au public frangais en 1989, l'ouvrage < penche

, fortement du c~td anglo-saxon et

nombre de travaux de langue frangaise (traduc- tions ou 6tudes) ou mime de publications d'o- riginaux arabes au Maghreb (par ex. ar-risdlat al-lawhfyat d'Ibn Sina, Tunis, 1975) sont igno- r6s, sans compter parfois I'anciennet6 des rd- f6rences. Parmi celles-ci, l'Encyclopidie de l'Islam aurait pu figurer en bonne part; on note, p. 398, Krecht au lieu de Krehl etc. Du point de vue des annotations, on ne sait pas avec certitude de qui sont les notes de bas de page pr6c6ddes d'une 6toile.

Certains passages sont formellement contra- dictoires : par ex. Hasan al-Basri est-il pour ou contre le libre arbitre ? Le calife al-Ma'mcin est-il tol6rant ou intoldrant ? On trouve aussi des r6p6titions par ci par l' et des termes non expliques lorsqu'ils apparaissent pour la pre- miere fois (ex. mutakallimn).

La traduction entraine quelques incorrec- tions de langue qui ralentissent parfois simple- ment la lecture mais qui parfois aussi font 16gbrement glisser le sens (p. 86, le fait de met- tre << seuls >> devant plut~t qu'aprits < sinc6rit6 et courage >> en est un exemple).

Notons enfin, dans l'introduction, I'utilisa- tion malvenue (auteur ? traducteur ?) du terme < race >> pour qualifier les Arabes, les Persans,

les Berbbres etc. (p. 15), ainsi que p. 59 (< l'al- 16geance raciale des Persans >), alors que p. 89 on a un terme plus scientifiquc : <au scns ethnique >.

On voit done que si cette 6tude reste indis- pensable, utile, une r66dition (frangaise) n6ces- siterait une r6vision soign6e pour rendre ce savoir plus performant auprbs du public fran- 9ais concern6.

Constant Hambs.

78.27 FILORAMO (Giovanni).

II Risveglio della gnosi ovvero diventare Dio. Bari-Rome, Laterza, 1990, X-235 p.

Se sp6cialiser dans la gnose, n'est-ce pas s'isoler des preoccupations du monde contem- porain ? G. F. ne le pense pas. C'est l'histoire pr6sente qui provoque le pass6 i devenir, pa- radoxalement, m6morial de ce que nous vi- vons.

G.F. a d6jO montr6 ailleurs la possibilit6 d'interpr6ter comme gnosticisme les Nouvelles Religions actuelles (Cf. Arch., 64, n 252). Avec raison, il distingue entre un gnosticisme historique et un module gnostique, forme mal- 16able - et comme telle transmissible- de croyances et de pratiques dis lors r6interpr6- tables i l'infini ; mais aussi forme susceptible de r6invention hors de toute g6n6alogie rep6- rable, mais pas pour autant prot6g6e de l'om- bre 16gitimatrice a posteriori des < nu6es de t6moins >.

Les essais r6unis ici, dont deux seulement ont 6t6 6crits dans la perspective du pr6sent recueil sont, pour la plupart, consacr6s au gnosticisme ancien. Nous en avons (en amateur dbloui) admir6 le brio et I'rudition, la pru- dence interpr6tative aussi ; l'auteur conclut ra- rement ; il soulive plut~t de nouveaux probldmes.

Les deux premiers essais du recueil traitent du gnosticisme dans la modernit6 : de ce qu'il y a de forme gnostique dans certains courants de pens6e - de l'avant-guerre i nos jours -, surtout dans l'Europe de l'Ouest et aux U.S.A. Les milieux de l'6sotfrisme distingu6, et m~me certaines coteries savantes du c~t6 de Cordoue, sans parler de tels anthropologues de la reli- gion se trouvent (entre autres) 6voqu6s.

De toute 6vidence, l'ouvrage, aussi trudit quand il traite du pr6sent que de l'antiquit6 tar- dive, est A verser au dossier des religions me- taphoriques et des Nouveaux Mouvements Religieux.

Jean S6guy.

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