104
Histoire de l’art. Introduction. L’histoire de l’art est l’étude des arts plastiques (point de vue structure et sociologie). Ce terme apparait à la fin du 19 e début du 20 e siècle à une époque où se forme le nationalisme. La culture est alors le ciment des collectivités. De Vinci dit « la peinture est une connaissance rationnelle ». Beaux-arts : peinture, sculpture, architecture (non utilitaire) Arts appliqués : céramique, orfèvrerie (utilitaire) Arts mineurs : ethnologie, … Les arts plastiques sont liés à d’autres formes d’art. Il existe des contacts multiples entre les arts plastiques et la littérature (ex : titres, œuvres portant des écrits, références d’artiste ou d’œuvres dans la littérature,…) Gautier « un tableau doit être apprécié pour lui-même ». Mais, les peintures expriment une idée (politique, religieuse,..) : les images ne font pas qu’illustrer : elles veulent convaincre. Les œuvres s’insèrent dans un contexte et sont un moyen d’action et de propagande, elles sont tournées vers le futur (ex : révolution, …), elles sont un élément de combat. 1

!Histoire de L_art Syllabus Pirate!

  • Upload
    bb5505

  • View
    38

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Histoire de l’art.Introduction.

L’histoire de l’art est l’étude des arts plastiques (point de vue structure et sociologie). Ce terme apparait à la fin du 19e début du 20e siècle à une époque où se forme le nationalisme. La culture est alors le ciment des collectivités.De Vinci dit « la peinture est une connaissance rationnelle ».

Beaux-arts : peinture, sculpture, architecture (non utilitaire)Arts appliqués : céramique, orfèvrerie (utilitaire)Arts mineurs : ethnologie, …

Les arts plastiques sont liés à d’autres formes d’art. Il existe des contacts multiples entre les arts plastiques et la littérature (ex : titres, œuvres portant des écrits, références d’artiste ou d’œuvres dans la littérature,…)

Gautier « un tableau doit être apprécié pour lui-même ».Mais, les peintures expriment une idée (politique, religieuse,..) : les images ne font pas qu’illustrer : elles veulent convaincre. Les œuvres s’insèrent dans un contexte et sont un moyen d’action et de propagande, elles sont tournées vers le futur (ex : révolution, …), elles sont un élément de combat.

1

Page 2: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

I. Les Temps Modernes

Introduction

L’ère moderne débute en 1453 (chute de Constantinople, fin du Moyen Age et début de la Renaissance) et se termine en 1789 (Révolution française et début de l’époque contemporaine). Mais en Italie, la Renaissance commence avant le XVe siècle, ce qui n’est pas le cas pour le reste de l’Europe. 1453 est donc une date « entre les deux » et est aussi celle d’une révolution culturelle.

Dès 1789, les artistes reçoivent de moins en moins de commandes : l’offre précède la demande. Les artistes vont devoir se distinguer les uns des autres par les sujets peints et leur technique.

La RenaissanceOn veut faire renaitre les valeurs de l’Antiquité gréco-romaine : l’Humanisme, l’individu, la valorisation de la réalité terrestre.Contrairement au mot « Moyen Age » qui est péjoratif, le mot « renaissance » a été choisi par les gens de l’époque et qui offre une vision positive du monde.

Les grandes caractéristiques des Temps Modernes   :

1°) Il y a une modification profonde dans le statut du créateur, qui est une valorisation.Au Moyen Age, la notion d’artiste n’existe pas. Celui qui réalise les œuvres a un statut inférieur : un statut d’ouvrier, d’exécuteur, d’artisan. Il s’agit plutôt d’un art religieux dont les moines sont les concepteurs. Cela va changer à la Renaissance : les artistes revendiquent un statut supérieur. Léonard de Vinci a d’ailleurs dit « La peinture est une chose mentale » et « Le peintre est un intellectuel ». Il revendique le statut d’une profession intellectuelle, libérale. L’artiste est un concepteur. Il pense. Les artistes se regroupent en corporations selon leur discipline pour réglementer leur profession (quantité de production, …). Il s’agit de la Renaissance des artistes. Les artistes se valorisent car on a besoin d’eux. L’artisan (du Moyen Age) devient l’artiste (de la Renaissance).

2°) La peinture domine. Elle prime sur les autres disciplines alors que l’architecture primait au Moyen Age et que la peinture et la sculpture ne servaient qu’à la valoriser. Elle se développe car il nait un certain besoin d’images (facilité, rapidité,…). Elle devient alors un art majeur, plus du tout utilitaire de la même façon.

3°) L’art a une fonction de représentation alors qu’au Moyen Age il avait une fonction symbolique (représentation négative du monde). L’art de la Renaissance valorise quelque

2

Page 3: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

chose de terrestre : on représente une nature morte ou on fait un portrait par exemple. On cherche à garder un souvenir et à représenter la réalité, ce qui nous entoure, c’est une vision plus positive du monde. L’art a aussi une fonction de représentation imaginaire et traite de religions, de la mythologie. On essaye de rendre l’œuvre plus réelle possible afin qu’elle ressemble à la réalité. C’est un mélange savant de symbolisme et de réalité.Contexte : On vivait une époque conflictuelle due à la scission entre les protestants et les catholiques. On va donc chercher à convaincre à l’échelle de masse grâce à l’appareil de propagande qu’est devenu la peinture. Plus les images sont réalistes, plus cela peut convaincre. La peinture devient un art individualiste. On « s’arrache » les meilleurs artistes qui constituent la noblesse intellectuelle de l’époque.

Chapitre 1. Le Quattrocento – XVe siècle.

La Renaissance ne commence pas partout en même temps. L’Italie a près d’un siècle d’avance culturellement parlant par rapport au reste de l’Europe : tout nait à Florence, qui a une particularité : c’est une ville politiquement indépendante, une « cité-état » ce qui lui confère une plus grande marge de manœuvre. (cf. On trouve aussi une cité-état chez les Grecs). La ville de Florence est une ville riche dont l’ascension économique a débuté au Moyen Age et avec une activité bancaire de très haut niveau. La bourgeoisie est la classe sociale dominante. Les bourgeois sont ambitieux et veulent grimper dans l’échelle sociale, en particulier les Médicis, une famille très importante. Mais la codification sociale qui veut que la bourgeoisie ne compte pas, n’ai pas de poids politique, pose problème. L’ascension des bourgeois est freinée.Les différents corps sociaux sont :

- La noblesse (1er état)- Le clergé (2e état)- Le Tiers état (bourgeois, paysans, ouvriers)

Les Médicis substituent alors à la véritable aristocratie de sang une élite qui est celle de l’intelligence et de l’esprit et de la culture. Bref, celles des intellectuels. Ils prennent exemple sur l’Antiquité, où l’artiste est un intellectuel. L’idéologie de la Renaissance est que l’Homme doit se faire tout seul, il n’appartient pas à une famille (cf. l’individualisme dans la Rome antique). Les Médicis ont imposé cette idée aux gens. Pour gravir les échelons, les Médicis, de grands banquiers très riches, prêtaient de l’argent aux aristocrates. S’ils ne sont pas toujours remboursés, ils s’en servent pour une ascension progressive. Les Médicis vont s’entourer d’intellectuels : on reconnait alors aux artistes un statut intellectuel comme dans l’Antiquité (qui est alors une sorte de modèle).Ils rassemblent donc les humanistes, les artisans, … pour créer une cour. La famille assoit cette revendication sur la tradition gréco-romaine. Cette conception de l’ascension dans l’échelle sociale est fondamentalement individualiste (ce qui prévalait durant l’Antiquité). Les artistes s’intègrent de plus en plus et de mieux en mieux, on connait à présent leur nom et plus

3

Page 4: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

seulement leurs œuvres. (L. De Vinci est considéré comme un des plus grands peintres et intellectuel de l’Histoire). Ce modèle de société se réparti ensuite dans toute l’Europe.

L’architecture à Florence.

Francesco di Giorgio Martini - Perspective pour une cité idéale (1)

Perspective pour une cité idéale est son titre d’époque. C’est un motif récurrent à Florence.La « cité idéale » est anonyme et évoque l’antiquité. Elle est « idéale » c’est donc une utopie, une invention. C’est un tableau abstrait. Ici, la peinture est un moyen d’action pour transformer le monde.

On observe une grande place et des colonnes. La ville, lieu de bourgeoisie, est mise en avant. Cette cité idéale évoque une architecture à venir (rien à voir avec celle du Moyen Age). L’architecture va s’inspirer des éléments présents dans la peinture. L’architecture suit le peuple. Ce tableau est témoin du fait que la peinture domine l’architecture. Les peintres conçoivent. Ils maitrisent la géométrie.

Ce tableau nous propose un point de vue sur les choses. Le point de vue est celui de l’artiste La taille des bâtiments correspond à la distance à laquelle l’individu se trouve.

Il s’agit d’une perspective linéaire, géométrique. Cela correspond à ce que l’on verrait dans une avenue. Les lignes semblent converger vers un point central précis. Les bâtiments deviennent de plus en plus petits. On a l’impression que les façades des maisons se rejoignent à l’horizon, qu’elles se rapprochent au fur et à mesure (fonction de représentation, c’est un moyen de donner de la profondeur). Tout est positionné en fonction de la position du regard. Toute est tracé et conçu de manière rationnelle. Il s’agit d’une perspective individuelle : pour

4

Perspective pour une cité idéale, 1450

Page 5: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

bien voir le tableau il faut se placer en face et au milieu. (cf. l’Individualisme = attitude qui privilégie l’individu sur la collectivité). L’homme voit tout, tout est à sa mesure.

Au Moyen Age, c’était différent : la taille des personnages représentés correspondait à leur position hiérarchique. On était en plein Symbolisme. Il s’agissait donc d’une perspective symbolique (la taille en fonction du statut) et collective (tout le monde voit la même chose). Dans la cité médiévale, l’Eglise est au milieu du village.

Or, dans ce tableau, il y a un bâtiment au centre, sa porte est ouverte comme pour inviter le spectateur à entrer. On peut parler d’une désacralisation du christianisme. La fonction du bâtiment n’est pas indiquée. Pour ce qui est de sa forme, il est décoré de motifs antiques. En effet, l’architecture fait penser à celle des bâtiments antiques. Il s’agit d’un plan circulaire : c’est une grande caractéristique de l’art de la Renaissance. Tout est parfaitement régulier, centré (= à égale distance du centre). Si tout est placé à égale distance du centre, c’est parce que l’architecture met l’Homme au centre du bâtiment et de l’Univers qui l’entoure : le spectateur est seul dans le tableau.

RATIONALITE & INDIVIDUALISME

Brunelleschi – le dôme de la cathédrale de Florence (2)

La construction de la cathédrale gothique a débuté au Moyen Age mais la coupole date de la Renaissance. Au Moyen Age, des maîtres d’œuvres répondent à des demandes précises. Mais à la Renaissance, l’époque est à la rivalité entre les villes (laquelle aurait le bâtiment le plus grand et le plus prestigieux).

A Sienne, on avait construit une gigantesque cathédrale au plan du sol. Mais ce n’est pas possible à Florence car il n’y a plus de place au sol. Il faut innover. On construit alors la plus grande coupole d’Italie.

Mais il y a un problème pour la construire : il y a trop de pierres et les échafaudages risquent de s’écrouler. Il restait donc un grand trou.

L’architecte Brunelleschi a trouvé la solution. Il a calculé la résistance des matériaux (pierres faites sur mesure) et construit 2 coupoles : faites de bandes qui se superposent et ne sera pas inclinée trop fort. Il a agi en ingénieur, et réinvente l’architecture. Il a réalisé un exploit intellectuel, ce qui démontre le génie personnel de l’architecte (cf. Médicis et les

5

Dôme de la cathédrale de Florence, Sainte-Marie-des-Fleurs, Brunelleschi, 1420-1436.

Page 6: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

artistes). Il devient l’architecte préféré des Médicis. Son rival, Alberti, n’a jamais mis les pieds sur un chantier et ne travaillait que sur plans.

Brunelleschi – la chapelle des Pazzi (3)

Il s’agit d’un édifice religieux mais rien ne l’indique de l’extérieur. C’est une chapelle privée appartenant à la famille Piazzi (famille apparentée aux Médicis) : c’est ce qu’on appelle la privatisation de la religion, de l’espace de culte. C’est une révolution des esprits.

D’un point de vue esthétique, on a recours à des motifs de l’Antiquité : les colonnes, le portique (cfr arc de triomphe), les frontons en triangle, le tambour de la coupole (cfr temples antiques) et les fenêtres circulaires (=oculi).

Il s’agit d’un édifice de plan central : c’est un plan cubique où s’inscrit un cercle correspondant à la coupole centrale (cf. la cité idéale). Il n’y a pas de motifs religieux. Selon les religieux, les religions de l’Antiquité (les païens) sont des religions incompatibles à la religion chrétienne. Savonarole, un conservateur qui a réussi à éjecter les Médicis, a d’ailleurs fait brûler les livres en rapport avec l’Antiquité.

La sculpture à Florence.

Lorenzo Ghiberti – Scènes de la vie de Joseph (4)

6

La chapelle des Pazzi, Brunelleschi, 1429.

Scènes de la vie de Joseph, Ghiberti, 1425-1452.

Page 7: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

La cathédrale de Florence est entourée d’annexes. En face se trouve une chapelle en voie d’achèvement : il manque trois portes. Pour décorer la première, la municipalité florentine organise un concours d’idées. Cela n’était pas courant à l’époque car les commandes étaient faites à la corporation et de façon hiérarchique (au plus âgé). Mais on rompt avec cela : tout le monde peut concourir, quel que soit l’âge et le métier de l’artiste. Le gagnant fera la sculpture pour décorer la porte. Brunelleschi a concouru : l’idée qu’un architecte sculpte était inédite à l’époque. Cela était interdit au Moyen Age car les artistes étaient répartis par savoir-faire en corporations. Ici, le savoir-faire manuel n’est pas le plus important mais bien le génie intellectuel. Leonard de Vinci, par exemple, était un artiste polyvalent.

Dans ce concours, on propose donc à un artiste de se détacher des autres, de se distinguer et de réaliser un exploit individuel (cf. l’individualisme). Ici encore, il y a une référence à l’Antiquité : les Grecs organisaient des concours comme les Jeux Olympiques, les concours de poésie ou de théâtre.

Un très jeune sculpteur, Gilberti, gagne avec une réalisation un peu gothique. On va lui confier aussi la 3ème porte : « la porte dorée » (appelée ainsi car il y a un panneau de laiton fixé sur la porte en bois).

En ce qui concerne les « Scènes de la vie de Joseph », il s’agit d’un panneau de la porte racontant la vie de Joseph, un personnage biblique de l’Ancien Testament.

Joseph est le fils d’une très bonne famille nombreuse juive. Il est le préféré de tout son entourage car il est paré de toutes les vertus. Ses frères, jaloux, décident de l’éliminer. Mais Yahvé le sauve. Joseph va se retrouver en bas de l’échelle. C’est alors que le Pharaon de l’époque fait un rêve étrange : les vaches du pays sont en bonne santé puis soudain, elles meurent. Il s’agit d’un rêve prémonitoire mais personne ne sait l’interpréter. Il fait donc un appel au public. Joseph tente donc sa chance en disant qu’il s’agit de l’avenir de l’Egypte à court et à moyen termes : tout se passe bien mais l’Egypte va connaître une grande crise. Il va falloir faire des réserves. Le pharaon nomme Joseph ministre. Ce que Joseph avait prédit se produisit mais le pays est sauvé par les réserves. Seulement les Juifs n’ont pas fait de réserves ! Ils envoient alors une délégation composée des frères de Joseph pour demander de l’aide.

C’est une œuvre religieuse mais la mentalité de l’époque est présente également: il s’agit d’un jeune homme qui va pouvoir monter les échelons de la société grâce à son intelligence (cf. le souhait des Médicis). Florence, en prenant Joseph comme modèle, veut montrer qu’elle compte de bons gestionnaires. La religion n’est qu’un prétexte pour montrer des valeurs civiques, elle sert l’état.

Nationalisation du religieux.Sur la sculpture, on peut voir Joseph sur le trône et les frères s’excusant, le puits, les

Egyptiens faisant la distribution des réserves (montrant ainsi les bienfaits de l’administration).

7

Page 8: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

D’un point de vue esthétique, on remarque des références à l’antiquité, comme le bâtiment circulaire.

La perspective linéaire est utilisée par les peintres pour représenter l’illusion de profondeur. Il s’agit d’une illusion d’optique. Mais le sculpteur travaille dans les 3 dimensions. Le relief est peu en profondeur. Les lignes de fuite ne sont pas sculptées mais gravées. Le sculpteur a cherché des moyens chez les peintres. La peinture influence

l’architecture et la sculpture.

Donatello – David (5)

David est un personnage biblique. C’est la sculpture qui lance Donatello. Ici, il n’est pas représenté comme roi (comme au Moyen Age) mais comme un jeune homme.

David est intervenu lors de la guerre qui opposait l’armée d’Israël et les Philistins. De guerre lasse, ils décident d’organiser un duel pour en finir. Goliath, un géant invincible, représente les Philistins. L’armée d’Israël tente de trouver quelqu’un pour le battre. David, un jeune écuyer, se propose pour sauver l’honneur de son armée. David se dirige vers Goliath, prend une fronde et la lance. Le géant s’effondre et David lui tranche la tête. C’est le début de son ascension. Il devient roi : il s’agit de l’ascension de la ruse et de l’intelligence contre la force physique (cf. Joseph et les Médicis).

Florence, même si elle compte un petit nombre d’habitants, rivalise avec les plus grandes villes par ses élites. Les florentins se retrouvent dans l’histoire de David. Cette statue est commandée de nombreuses fois tout au long du Quattrocento car plus la ville de Florence grandissait plus la statue de David se faisait imposante.

Donatello s’inspire de modèles antiques. La nudité a une valeur symbolique : le personnage ne porte pas les vêtements de l’époque. Il est intemporel. Le physique a quelque chose de positif : on s’intéresse à l’anatomie.

La statue pivote comme pour nous inviter à en faire le tour. Elle fait également allusion aux dieux antiques aussi représentés en tant qu’adolescents. C’est une valorisation de l’être humain. La nudité + la pose nonchalante donne une impression de séduction.

Donatello a choisi le bronze (cher à l’Antiquité) comme matériau : il donne ainsi à la peau de l’adolescent un effet lisse. C’est un matériau très utilisé mais ce n’est pas une technique simple (approche plus intellectuelle). Donatello ne met pas seulement en avant son savoir-faire mais aussi son savoir intellectuel.

8

David, Donatello, 1442-1450.

Page 9: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Verrocchio – Le Colleone (7)

La statue a été réalisée à Venise, à l’autre bout de l’Italie, ce qui témoigne du rayonnement de la culture florentine qui se répand.

Verrochio est un artiste peintre et sculpteur.Le Colleone représente un condottière (grandeur nature), un chef militaire qui dirige

une milice privée (l’aristocratie a le monopole des armes). On paye ces mercenaires pour régler les conflits. Ils sont dangereux car ils pourraient prendre la ville. C’est pourquoi on veut les flatter en leur érigeant, par exemple, une statue sur une place publique. L’œuvre est donc publique et non religieuse : un personnage profane devient un héros.

Dans l’Antiquité, les statues équestres étaient destinées aux empereurs, il y a donc une valorisation du personnage représenté.

Au Moyen Age, les statues représentaient des personnages religieux, pas des individus que l’on mettait en avant.

Le fait de mettre un homme en avant est encore une référence à l’antiquité où l’on faisait des statues équestres des généraux, des Césars ou des chefs militaires pour les flatter.Le sculpteur a utilisé le bronze mais il ne l’a pas travaillé au marteau. Après avoir modelé un objet en cire, on le recouvre d’un mélange à base d’argile. On le fait cuire, ce qui vide la cire. Ensuite on y coule le bronze. Il ne reste qu’à briser le moule de terre cuite pour voir apparaitre l’objet. Il s’agit d’un procédé complexe qu’il faut concevoir à l’avance. Il faut faire preuve de génie. Il réalise ici un exploit en faisant tenir le cheval sur 3 pattes.

9

Monument équestre au Colleone, Verrocchio, 1483-1485.

Page 10: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

La peinture du Quattrocento. La 1 ère moitié du Quattrocento.

Masaccio – La crucifixion du Polyptyque de Pise (8)

Masaccio est un des premiers peintres à intervenir dans la peintre de la Renaissance. Il entame la révolution artistique de l’image.

La « crucifixion du Polyptyque de Pise » est une peinture sur bois. Un polyptyque est une peinture constituée d’un

ensemble de panneaux peints ou sculptés, liés entre eux. Ce polyptyque décore l’autel d’une église. Il représente la crucifixion. On y voit le Christ, Marie, Saint Jean et Marie-Madelaine : il s’agit du schéma minimum quand on veut représenter cette scène.

Ce tableau n’est pas tout à fait une rupture : il y a encore des éléments médiévaux :- Le fond d’or : l’or est symbole d’éternité, de lumière, de vérité. (élément religieux).- L’absence de décor.

Mais il y a aussi des éléments de rupture :- Les personnages sont dotés d’un volume.- Le Christ a la tête plantée directement sur le corps. Il manque le cou. Cela témoigne

d’un point de vue particulier. Quand on le regarde d’en bas, les parties en arrière ne sont plus visibles. C’est une logique visuelle. On porte un nouveau regard sur le monde environnant. Il en ressort une vraisemblance : si le peintre avait été témoin de la scène il ne l’aurait pas représenté autrement.

Masaccio – Le tribut de Saint Pierre (9)

10

La crucifixion de Polyptyque de Pise, Masaccio, 1426.

Le tribut de Saint Pierre, Masaccio, 1427.

Page 11: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

« Le tribut de Saint Pierre » de Masaccio est une fresque. Une fresque est une peinture murale qui utilise une technique particulière : une réaction chimique avec la chaux. Il faut être très rapide car cela sèche vite. On n’a pas le temps de fignoler les détails.

Sur la fresque, le Christ est entouré de ses apôtres. Pierre ne veut pas payer l’impôt mais Jésus l’invite à le faire. Ce n’est pas un moment important dans la tradition catholique.

L’artiste a créé un espace en profondeur (arbres, rochers) et a multiplié les personnages. Les personnages sacrés ont une auréole, les autres n’en ont pas.

Le défi du peintre est de montrer les nombreux personnages comme s’ils étaient à sa hauteur. Il veut donner l’impression qu’ils ont de l’espace pour se mouvoir. Il a conceptualisé et rationnalisé les choses. Il a utilisé une forme géométrique : le Christ est le pivot et il est entouré de deux cercles. Le peintre créer un problème pour le résoudre :

Idée de surpassement (dimension intellectuelle).Le sujet n’est pas sacré. Il délivre plutôt un message : celui de payer ses impôts (cf.

l’histoire de Joseph). On utilise la religion comme prétexte à un message profane.Masaccio va loin dans le sens de la réalité mais il est obligé de dessiner les auréoles,

symbole du sacré. Les auréoles sont comme des disques posés sur la tête des personnages, il y a une certaine matérialisation. On n’est pas encore tout à fait dans une période de rupture complète avec le Moyen Age. Mais il fait de l’auréole un objet réel en la positionnant en

fonction de la position du personnage. Les montagnes à l’arrière servent de barrières.

Fra Angelico –

L’annonciation (10)

Fra Angelico est un moine dominicain, peintre. Il a décoré le couvent de San Marco, qui est aussi le couvent de Savonarole. Fra Angelico va aussi avoir du succès à l’extérieur.

Ce tableau évoque l’Annonciation, l’annonce faite à Marie par Gabriel qu’elle va enfanter le fils de Dieu. Le sujet est conforme à la tradition iconographique du Moyen Age. Mais l’écart concerne la forme.

Pour la première fois, l’Antiquité apparait dans une peinture religieuse : les personnages sont dans un décor architectural avec des colonnes et des chapiteaux grecs (corinthiens, ioniques). Ce paganisme est justifié par le fait

11

L’annonciation, Fra Angelico, 1440.

Page 12: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

que le Christ vivait pendant l’Antiquité. Fra Angelico a la volonté de réconcilier le christianisme et l’antiquité.

Les lignes de fuite convergent l’une vers l’autre et donnent une profondeur au tableau. Mais il dessine un espace fermé, cubique. Le regard est arrêté par les murs et la palissade. Il n’y a pas d’horizon. La perspective linéaire correspond à notre

vision. La profondeur est scénique (comme au théâtre) et cette fermeture est voulue. Fra Angelico est bloqué à l’arrière-plan. Cela correspond à l’Hortus conclusus (le jardin clos) qui est une métaphore évoquant la virginité de la vierge.

Paolo Uccello – La bataille de San Romano (11)

Paolo Uccello va plus loin dans le développement de la perspective. Il est le plus grand virtuose de la perspective linéaire de son époque.

Ce tableau appartient à une série de trois peintures. Il représente une bataille par condottières interposés opposant Florence à Sienne. Florence fut vainqueur et ce tableau est un hommage aux condottières.

Il y a un défi en ce qui concerne la forme : il oppose le chaos d’une bataille à la rectitude de la perspective linéaire : il est difficile de tout disposer de façon géométrique. Il trouve une solution avec les éléments qui jonchent le sol. Ils forment une sorte de mikado. Les motifs sont orientés d’une certaine manière : ils se redressent plus on avance. Mais ce n’est pas un hasard. Il dessine un réseau de lignes qui se rejoignent au centre du tableau. C’est un réseau de ligne de fuite.

En ce qui concerne l’arrière-plan, on le voit d’en haut comme une sorte de plongée. La perspective est différente de celle du combat. Cela s’appelle la perspective cavalière. Le sol « se relève ». Mais il n’est pas arrivé à aller jusqu’au bout : il y a une barrière végétale qui est

une démarcation entre l’espace de perspective linéaire et celui de perspective cavalière.

12

La bataille de San Romano, Paolo Uccello, 1435-1440.

Page 13: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

La 2 ème moitié du Quattrocento.

Botticelli - La naissance de Vénus (12)

Botticelli est un peintre emblématique. Il est le favori de Laurent de Médicis. Dans les peintures du Moyen Age, les sujets mythologiques avaient été bannis. Il réinvente l’iconographie.

Le tableau donne un message : pendant la Renaissance, on veut faire revivre l’antiquité pour valoriser Florence.

La religion antique est polythéiste. Les dieux sont proches des êtres humains. Chaque dieu a sa ville et réciproquement : Zeus à Olympie, Apollon à Delphes, Athéna à Athènes. Mais il y a un problème avec Vénus : elle est née en mer, dans un grand coquillage.

Sur la peinture, elle va aborder le rivage. Un dieu l’aide en soufflant et une femme l’accueille. On ne sait pas exactement où elle est née : tout le monde essaye alors de se l’approprier. On l’associe à Florence qui devient ainsi l’égale des grands centres de l’art de l’antiquité. Vénus s’apprête à se vêtir du drapeau florentin. C’est une allégorie de Florence (= représentation imagée d’une chose abstraite, souvent sous la forme d’un personnage accompagné d’éléments symboliques). L’Arno, un cours d’eau de Florence, est représenté sur le tableau.

Botticelli s’inspire de Praxitèle en représentant des nus. Vénus est la déesse de l’amour physique et intellectuel, de la fécondité. Elle est la déesse du cycle de la vie, du printemps (qui est le moment de la renaissance). Elle est donc le symbole de la Renaissance. Elle est donc la patronne mythologique de Florence.

13

La naissance de Vénus, Botticelli, 1484.

Page 14: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Botticelli marque un temps d’arrêt en ce qui concerne l’évolution de la perspective. Derrière les personnages, il y a directement un arbre. On voit des maisons et des arbres à l’arrière-plan, il s’agit d’une perspective cavalière. Les personnages, eux, sont à la même hauteur que nous. Botticelli développe autre chose : le dessin (cheveux de Vénus, vêtements). C’est un dessinateur hors pair.

Botticelli est un des premiers peintres importants de la deuxième moitié du Quattrocento car :

- Il réintroduit dans la peinture des sujets mythologiques de l’antiquité.- Il travaille sur la diversification des recherches formelles, comme la première partie de

la peinture selon la perspective linéaire mais il ne sait pas l’étendre jusqu’à l’horizon.

- Il se perfectionne pour le dessin.- Par la réhabilitation des sujets antiques, il délivre un message politique. En attribuant à

Florence le parrainage de Vénus, la ville devient l’égale des sociétés antiques.

Botticelli – Le printemps (13)

Le dispositif est plus complexe : il y a plus de personnages. Vénus se trouve au centre, surélevée par rapport aux autres personnages qui l’entourent : cette perspective hiérarchique est un élément symbolique du Moyen Age.

Les personnages se trouvant à droite de Vénus (c’est-à-dire à notre gauche) ont une position privilégiée et sont plus importants. Encore aujourd’hui la symbolique de la droite et de la gauche persiste : on dit de quelqu’un qu’il est adroit ou gauche par exemple. Au-dessus de la déesse, on voit Eros, son messager. Avec ses flèches, il convertit à l’amour ceux qu’il va toucher. Avec sa flèche, il insiste sur les trois personnages à la droite de Vénus. Il s’agit des trois grâces. Elles symbolisent la communion spirituelle, par opposition à l’amour physique. L’amour est quelque chose qui tient à l’esprit.

14

Le printemps, Botticelli, 1482.

Page 15: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

A sa gauche, il y a un autre trio à la gestuelle différente. Il s’agit en fait de deux personnages  : une jeune femme à deux moments de son évolution et Zéphyr. Zéphyr, le vent du printemps, était tombé amoureux de la nymphe Phyllis. Après leur union, Phyllis s’est transformée en Flora, déesse des fleurs et du printemps (cf. Flora ~ Florence). Elle porte des vêtements de la même couleur que l’allégorie de Florence. Elle représente l’amour spirituel et l’amour physique fécond.A gauche du tableau, il y a Mars, le Dieu de la guerre. De la main, il arrête des nuages sombres qui s’apprêtent à envahir la scène.

Il s’agit en fait d’un portrait de Laurent le Magnifique (un Médicis). Il est mis en scène en tant que protecteur du printemps et de la Renaissance dans tous les sens du terme. Le Dieu Mercure est représenté avec son visage.

En ce qui concerne la forme, la perspective est mise hors-jeu mais le dessin est très bien travaillé. Par

exemple, les trois grâces sont recouvertes d’un voile transparent. Botticelli a réalisé cela grâce à un réseau de lignes blanches. Le blanc sur la chair cache la chair, comme la peinture cache le blanc.

C’est un tableau intellectuel car il faut des connaissances mythologiques pour le comprendre. Dans ce tableau la perspective est absente pour mettre en valeur le dessin qui lui-même donne de la profondeur. Le dessin est à son apogée. Le peintre transforme son handicap en atout (ex : transparence). La peinture est un instrument omniprésent d’évocation du monde.

Leonard de Vinci – Sainte-Anne, la Madone et l’enfant (14)

Léonard de Vinci a plein d’autres talents en plus de la peinture. Il est aussi scientifique par exemple. Il transcende toutes les disciplines. Son succès est international. Il s’installera d’ailleurs au château Chantilly en France sur la demande de François 1er. Un florentin passe les frontières de l’Italie : c’est la preuve de l’internationalisation de la Renaissance. Théoricien de la peinture, il en a écrit un livre. Il a déclaré : « la peinture est une chose mentale ». Il n’a pas réinventé l’iconographie. Il a laissé peu d’œuvres peintes (environs 10) mais il a laissé beaucoup de dessins.

15

Sainte-Anne, la Madone et l’enfant, Leonard de Vinci, 1510-1513.

Page 16: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Ce tableau représente la vierge, Sainte-Anne (sa mère) et l’enfant Jésus. Il s’agit d’un vieux motif de l’histoire de l’art religieux. Le thème est traditionnel ; il n’y a pas de démarche intellectuelle de la part de De Vinci.

En ce qui concerne la forme, tous ces tableaux sont inachevés. Ici, l’arrière-plan est seulement dessiné.Avant de peindre, les artistes recouvrent le panneau d’un enduit blanc. Ensuite, ils dessinent puis ils colorient. Les artistes pensent d’abord, dessinent ensuite.La question que l’on peut se poser est la suivante : s’il ne termine pas ses tableaux, pourquoi se l’arrache-t-on ? Parce que c’est ce qui fait sa particularité ! Il considère un tableau comme une chose mentale, un problème à résoudre. Donc quand le problème est résolu, il passe à autre chose.Dans ce tableau, il y a deux problèmes :

- Le problème de la perspective. Les personnages sont assez proches de nous mais il a poussé l’arrière-plan assez loin (l’arbre est plus petit). Il ne va pas jusqu’au bout  : il y a un gouffre. Il progresse mais il ne sait pas aller plus loin. Donc il n’achève pas le tableau.

- Le deuxième problème est un problème résolu. Dans les tableaux de Botticelli, les figures sont découpées, ce qui s’oppose à la réalité. Leonard de Vinci propose une solution à ce problème d’homogénéité. Il y a une séparation entre les motifs et des lignes de démarcation et cela pose problème. Il veut faire oublier ces lignes. Il y parvient avec de l’ombre (cf. Marie et Jésus). Il ombre le dessin. La technique qui utilise l’ombre s’appelle le sfumato. Mais il y a un risque : plus on utilise du noir, moins on voit les choses. On peut aussi utiliser la lumière. Le choix des personnages est une métaphore du fait de fusionner les motifs (mère-enfant). Il crée ainsi une nouveauté qui est la CONTINUITE.

Il y a des mystères autour des tableaux de Leonard de Vinci. Sigmund Freud a observé des choses à propos de ce tableau. Il a écrit un essai sur l’artiste. C’est contradictoire car il avait dit n’exercer la psychanalyse que sur des personnes avec qui il y a un contact direct. Il rompt avec un principe qu’il s’était forgé. Leonard de Vinci a laissé des traces de sa biographie et de sa petite enfance dans ses peintures. Pour Freud, c’est intéressant car tout se joue dans la petite enfance. Les parents de Léonard de Vinci se sont séparés. Son père s’est ensuite remarié et avait une garde alternée. Dans ses peintures, il évoque aussi ses rêves d’enfant : il se retrouvait dans son berceau avec un grand oiseau qui l’embrassait avec son bec (cf. la robe de Marie). Léonard de Vinci a toujours dit que pour être créatif, il fallait adopter une position passive, regarder la forme des nuages et des tâches d’humidité (cf. le test de Rorschach en psychanalyse). On sort des images de son inconscient.Dans ce tableau :

- Il y a deux femmes : la mère et la fille. On les distingue car il y en a une sur les genoux de l’autre alors qu’elles sont aussi jeunes l’une que l’autre. => la mère de Léonard de Vinci et sa mère adoptive ont le même âge. Impression de superposition d’images.

- L’enfant Jésus essaye de s’échapper des bras de sa mère. C’est différent de la façon dont on le représente d’habitude. Peut-être le résultat d’une situation conflictuelle ?

16

Page 17: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

L’agneau est le symbole de Jésus. Ici, il essaye de lui grimper dessus, de lui tirer les oreilles.

- Freud va plus loin encore : on voit l’oiseau dans le tableau. C’est la seule tâche bleue (comme le ciel).

Dans ses tableaux, il injecte des éléments personnels. Il marque son emprise sur ses tableaux. On ne pourra jamais lui enlever sa peinture complètement. Il s’en accapare. De Vinci est le premier peintre de l’Histoire à peindre intégralement pour lui. PROJECTION INDIVIDUALITE

Il est le vrai maître de sa peinture > mystère De Vinci

Piero Della Francesca – La flagellation du Christ (16)

On quitte Florence mais pas le Quattrocento. Cela prouve l’expansion de la culture florentine. Des artistes non florentins vont adhérer à cette culture. Le rayonnement est progressif : la Toscane sera touchée, puis la région du centre de l’Italie, avec comme figure majeure Piero Della Francesca.

Dans « La flagellation du Christ », le Christ est attaché à une colonne, sous les yeux d’un juge. Ce titre a entrainé des malentendus : s’il s’agit de la flagellation du Christ, pourquoi n’est-il pas mis en avant ? En avant, il y a des personnages indifférents à ce qui se passe. Francesca marque une distance par rapport à la religion.

Ce tableau est une commande d’une petite municipalité italienne qui voulait restaurer l’honneur de trois personnages accusés à tort. L’évocation du Christ est un élément de référence à l’injustice.

Au Moyen Age, quand on représente quelqu’un qui n’a pas assisté à la scène, il reste serein, indifférent.

Il se présente alors un problème d’anachronisme entre les deux parties du tableau. Pour le Christ, il représente un cadre antique justifié par le fait que le Christ vivait à cette

époque (colonnes,…). A droite, il s’agit d’un cadre actuel. Il fait cela pour éliminer l’anachronisme (erreur commise contre la vraisemblance historique). On sent qu’on est dans l’entre-deux. La distance spatiale représente la distance chronologique entre les deux parties du tableau.

Mantegna – La crucifixion (15)

17

La flagellation du Christ, Piero Della Francesca, 1450-1460.

La crucifixion, Mantegna, 1459.

Page 18: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Mantegna est un peintre non florentin. Padoue est une ville importante pour lui. Cette ville abrite une université avancée en médecine et dans l’étude de l’Antiquité. Son art sera orienté par ses recherches car il travaille pour le milieu universitaire. Il y a une visée archéologique en ce qui concerne la manière de vivre pendant l’antiquité.

Les premiers antiquaires apparaissent : ils collectionnent les vestiges romains pour documentation. Ils demandent à des artistes de recopier des reliefs, des monnaies, etc. pour avoir des documents.

En ce qui concerne la médecine, il y a des interdits de l’Eglise concernant le corps humain et la dissection (à cause de l’âme). Donc on ne connait pas vraiment le corps humain. Des médecins vont braver ces interdits. Il va y avoir des trafics de cadavres, etc. On demande aussi à des artistes de faire l’imagerie de ces dissections. Mantegna va le faire. Il connait donc le corps humain.

Le tableau représente une crucifixion développée : il y a beaucoup de détails.Les deux larrons sont nus. Mantegna montre sa connaissance du corps humain. On distingue bien les muscles, le squelette. De plus, il est bon dessinateur.A droite, il y a des soldats romains habillés différemment. C’est le reflet de ses connaissances sur l’histoire du costume romain.

A gauche sont représentés Marie, St Jean et des femmes.En ce qui concerne les rochers, on a l’impression que toutes les strates ont été évoquées.A l’arrière-plan, on voit la ville de Jérusalem. On reconnait les monuments. Cela témoigne d’une documentation topographique.La perspective se creuse vers l’arrière. Il parvient à aller un peu plus loin.Sur le sol, on observe une

courbure. Cela correspond à notre regard : quand on regarde l’horizon, il semble rond. (cf. les temples grecs).Il y a deux personnages tronqués à l’avant. Ils sont sans importance par rapport à la scène. Ce sont des soldats romains. Il y en a un dont on ne voit que la tête : il donne une impression de prolongement. > la réalité nous dépasse comme elle dépasse le tableau. Ils sont là pour donner l’impression que le tableau est une photographie, une fenêtre sur la réalité avec hors champ. Cela rend le tableau plus réel. Le peintre veut faire coller la perspective avec notre vision de la réalité.

CREDIBILISATION DE L’IMAGE SUPPOSITION REALITE PRE-EXISTENCE

18

Page 19: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

La Renaissance à Venise.Venise joue un rôle de plus en plus important dans l’histoire de l’art européen. C’est un deuxième pôle dans le développement de la peinture.Venise est comparable à Florence :

- C’est une ville autonome, indépendante.Venise est un port : elle a un rôle politique et économique qui dépasse ses frontières. Venise construit des bateaux. Elle les loue. Ses bateaux ont servi lors des Croisades. Cela témoigne d’une implication religieuse. La Méditerranée est le cœur du commerce et des guerres religieuses. Venise a une position stratégique.A la différence de Florence, Venise est dominée par l’aristocratie (à Florence, ce sont les bourgeois). Mais la culture, séduite par Florence, est bourgeoise. Mais la peinture ne sera pas si démonstrative ou si argumentative qu’à Florence. L’art montre l’opulence, le luxe et les plaisirs des familles de Venise. Il n’y a pas de discours d’autojustification de la bourgeoisie.Le plaisir (des sens) est mis en avant.

Giovanni Bellini – La Madone aux arbrisseaux (18)

19

La Madone aux arbrisseaux, Bellini, 1487.

Page 20: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Bellini est un parent par alliance de Mantegna et il a été son élève. Il a appris la perspective et le dessin. Ses premiers tableaux évoquent Mantegna. Puis il s’installe à Venise et représente presque toujours la Vierge et

l’enfant.

Le thème de « La Madone aux arbrisseaux » est monotone. Le dispositif d’ensemble est répétitif. Il y a un écran de couleur verte : il renonce à la perspective.

Mais il y a aussi du positif en ce qui concerne la couleur : les couleurs sont pâles, laiteuses (saturées de blanc). Il y a des reflets sur les vêtements. Il se concentre sur les couleurs. Il unifie sa peinture via la couleur (contrairement à la perspective où les lignes donnent la cohérence). La couleur est du sens de l’affectif, contrairement à la perspective qui est du sens de la géographie (Cf. la réalité et Leonard de Vinci).

On unifie les couleurs pour qu’il n’y ait pas de lignes, pour rendre la peinture plus réelle. Pour cela, les Vénitiens utilisent la lumière.

Vittore Carpaccio – Scènes de la vie de sainte Ursule (19)

C’est un surnom qui signifie « chair » à cause de sa manière de peindre la chair. Les noms des peintres évoquent les couleurs : Véronèse donne son nom à une couleur par exemple. Carpaccio fait des peintures qui décorent des corporations et des peintres publiques.

Cette peinture publique a été faite pour des marchands allemands. Le sujet du tableau est Sainte Ursule. Mais il a représenté l’architecture de Venise, la fête (musiciens et drapeaux) et les vêtements. Le commerce de Venise est évoqué par les tapis d’Orient.

20

Scènes de la vie de Sainte Ursule, Carpaccio, 1490-1498.

Page 21: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Du point de vue formel, il unifie sa composition à travers le blanc. On retrouve des reflets blancs sur les vêtements. On y retrouve l’exactitude archéologique, la profondeur, et le blanc émane de l’architecture.

Vittore Carpaccio – Les deux courtisanes (20)

Cette peinture privée représente deux courtisanes. Ces tableaux sont conçus en coédition par le peintre et le commanditaire. Ils représentent la vie privée du commanditaire. Pour les analyser, il faut connaitre leur vie. Cette peinture est une énigme. On ne sait pas qui sont ces courtisanes, ni comment relier tous les éléments. On se demande ce que ça raconte. Il y a plusieurs symboles dans cette peinture : le chien, par exemple, est le symbole de la fidélité et le vase représente la féminité. C’est une peinture intellectuelle car il faut avoir des clés pour l’interpréter. Mais c’est aussi un jeu  : on prend plaisir à essayer de la déchiffrer. Ce tableau est discriminant : pour pouvoir l’interpréter, il faut faire partie de l’élite qui connait les deux femmes.

HERMETIQUE & ELITISTERemarquons le bain de lumière (univers glauque). Les personnages se ressemblent et sont dans une pose statique, il n’y a pas d’histoire.Ce tableau est différent de ceux de Florence qui veulent montrer quelque chose, il n’y a pas de sens et pas de message. Mais présence d’un érotisme sous-jacent et de sensualité.

Chapitre 2. Le XVIe siècle.

Le XVIe siècle concerne toute l’Europe. Il est divisé en deux parties :

la Haute Renaissance (1er tiers) le maniérisme (2 derniers tiers)

La Haute Renaissance

C’est l’aboutissement de toutes les recherches dispersées du Quattrocento. Cela ne concerne que l’Italie avec deux foyers moteurs : Rome et Venise. C’est l’époque où se font les deriers réglages pour rendre l’image crédible. C’est l’apogée d’un système. 

Rome C’est le déplacement de l’élite florentine vers Rome. Les Florentins vont squatter la papauté (notamment les Médicis). C’est la montée en puissance de la bourgeoisie dans la politique. L’Eglise va légitimer la Renaissance, qui va être adoptée partout.

21

Les deux courtisanes, Carpaccio, 1510.

Page 22: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Il y a des raisons politiques à cette légitimation : c’est le siècle de la Réforme protestante. Luther apparaît et la contestation au sein de l’Eglise est de plus en plus forte. On reproche à l’Eglise d’être corrompue. L’Eglise est critiquée et il faut réagir :

- Les papes vont essayer de se doter d’un état. Ils prennent les armes pour conquérir un territoire.

- Ils vont renforcer le prestige et l’autorité du pape de manière symbolique. C’est ici que l’art de la Renaissance va jouer un rôle. Les papes vont essayer de se faire passer pour des descendants des Césars. Un pape romain a d’ailleurs choisi Jules comme prénom (nom de famille des Julie). L’empereur

romain était le chef de la religion (pontificus maximus). Donc, ils ne critiqueront pas l’art romain et vont faire revivre l’héritage antique. La papauté en difficulté veut renforcer son autorité par l’Antiquité.Cf. Charlemagne avait fait la même chose : il s’est fait couronné empereur romain germanique.Tsar = contraction de César.

A cette époque, Rome est petite et en déclin : les papes lui rendent son luxe par une politique de reconstruction. En faisant les fondations de nouvelles constructions, on a retrouvé des vestiges antiques qui vont stimuler les artistes. La ville devient florissante au niveau artistique et une nouvelle culture apparaît. Il se produit une ascension sociale des familles florentines qui prennent peu à peu du pouvoir. La papauté et l’Eglise sont affaiblies, s’impose alors une solution de renforcement de la politique religieuse. Car la bourgeoisie s’est déjà convertie au protestantisme. Les Etats pontificaux engagent alors des répressions armées qui seront une semi-réussite.Apparition également d’une politique de prestige, une revendication de l’héritage romain dans les rangs religieux (Caesaro papism > PONTIFEX MAXIMUS) pour affirmer son autorité religieuse et politique. Conséquence, l’Eglise remet l’Antiquité au goût du jour. Avec la restauration de vieux bâtiments et l’exposition d’objets antiques. A ce stade, il est impossible de rejeter la Rome antique. Ce qui est une opportunité pour les artistes !

Fête à Rome (La basilique Saint-Pierre en construction, 1550) (21)

La basilique Saint-Pierre est la première église de la Chrétienté.‘basilique’ vient de ‘bisileus’ = empereur (nom donné par le pape).L’architecte s’appelle BRAMANTE, il meurt peu après le début des travaux. C’est MICHEL-ANGE qui lui succède en tant qu’artiste unique (il est chargé de tout !). Son principal apport est la coupole, écrasante et surdimensionnée dont le tambour est surélevé (force ascendante) ce qui lui confère une impression de force et de puissance. Ce qui est pour le pape une manière d’affirmer son pouvoir et son autorité.

L’artiste a représenté une fête à Rome sous l’égide du pape (en haut à gauche).La basilique est à l’arrière au centre : on voit la façade telle qu’elle existe depuis l’époque romaine au moment où il est décidé de la reconstruire. Le but était de construire la plus grande église du monde. A l’arrière-plan, on voit la base de la coupole de la basilique telle qu’on est en train de la construire.

22

Basilique Saint-Pierre

Page 23: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Raphaël – Les noces de la Vierge (23)

Raphaël vient d’Urbin. Il n’est donc pas florentin mais est fort marqué par cette culture.

Il va réussir à porter à son sommet l’ensemble du cheminement d’une peinture convaincante. Il est arrivé à l’aboutissement de quelque chose qui était encore expérimental au Quattrocento. Raphaël synthétise toutes les découvertes en peinture du Quattrocento (ombres > De Vinci ; vêtements >Boticcelli) et trouve des solutions aux problèmes non résolus).

Ce tableau représente le mariage (ce n’est pas le premier mariage représenté) de Marie avec Saint Joseph, choisi par Marie et par Dieu. Ils ont entourés de témoins. Le rôle médiateur du prêtre est mis en évidence. Les sacrements sont mis en avant. Ils sont très important car ils suivent le chrétien tout au long de sa vie : la communion, la confession (qui est un élément de contrôle). L’Eglise prend en main les catholiques. Le prêtre doit toujours intervenir quelle que soit la personne. Ce tableau est significatif de cette reprise en main.

Raphaël connaît bien les techniques expérimentées avant lui :- Les personnages sont liés entre eux par des

jeux d’ombre pour créer une homogénéité.- En ce qui concerne le problème de la

perspective, l’arrière-plan est très éloigné de la scène principale. La ligne d’horizon est bien présente : les lignes de fuite se rejoignent à l’horizon. Les collines convergent vers le point de fuite : cela créée une illusion d’optique

Raphaël – L’école d’Athènes (24)

23

Les noces de la Vierge, Raphaël, 1504.

L’école d’Athènes, Raphaël, 1508-1511.

Page 24: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Raphaël a beaucoup travaillé pour les papes, pour leurs résidences. La décoration (entièrement réalisée par Raphaël) de la Chambre de la Signature est stratégique car c’est dans cette salle que sont apposées les signatures des papes sur les documents officiels. C’est l’endroit où l’on officialise les traités. Cette salle a une fonction diplomatique internationale. Dans cette salle, les peintures servent de décoration et aussi de messages.

L’école d’Athènes se trouve sur un long mur en face de la Dispute du Saint Sacrement. Il y a plusieurs images de papes liées à l’intronisation des sacrements. Sur ce tableau, il n’y a pas un seul personnage religieux. Les costumes sont diversifiés. L’école d’Athènes représente l’ensemble des personnes qui ont suivi une leçon, une activité intellectuelle. Athènes est le

berceau de la philosophie et des sciences.

Au centre, il y a deux philosophes : Platon et Aristote. Tous les personnages sont soit des philosophes (Diogène sur les escaliers) soit des savants (des mathématiciens, des géographes).Plus on avance à l’avant du tableau, plus on remonte le temps.

On peut voir Dante, peintre du Moyen Age, qui s’est intéressé à l’Antiquité. Il appartient donc à l’école d’Athènes.Il y a Averroès, un savant arabe, surtout dans le domaine des mathématiques. Il ne partage pas la religion chrétienne. Le représenter est une grande audace probablement à l’invitation du pape.On peut voir aussi Raphaël, Bramante et Michel-Ange (appuyé sur un bloc de pierre).On voit des dieux grecs : Apollon, dieux des arts et Athéna, déesse de la raison et patronne d’Athènes. La religion païenne est ainsi évoquée. L’Antiquité est donc considérée comme une base de la culture chrétienne. C’est un jeu de hiérarchie. Les papes sont à la suite de cette grande culture antique.Sur ce tableau, Raphaël se représente comme étant l’égal des grands philosophes. Il revendique le statut intellectuel des artistes.Il y a une LEGITIMATION de la Renaissance et des artistes.Au point de vue de la forme, il y a plus de personnages. Leurs gestes révèlent leur psychologie, leur activité. La perspective est vertigineuse. Le décor architectural contient des statues en marbres, une galerie voutée (une voute en demi-cercle décorée par des caissons : partie creuse aux bords généralement ornés de moulures servant d'élément décoratif (des plafonds)). Cette galerie débouche sur un espace de forme circulaire qui peut soutenir une coupole. Puis il y a un médaillon et une nouvelle galerie.

24

Page 25: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Apport de la perspective grâce à l’architecture : 1) statues en marbre dans des niches 2) espace vouté avec caissons 3) espace en dessous de la coupole 4) arc ouvert en plein ciel.

Tous ces éléments se rapportent à l’intérieur de la Basilique St Pierre.

Basilique Saint-Pierre, vue intérieure (25)

On observe aussi des statues en marbre, une grande nef, des caissons, un médaillon ovale (petit bas-relief circulaire ou rond représentant une

effigie). Elle a la même structure que l’Ecole d’Athènes : l’architecture s’inspire de ce qui existait en peinture. Cette architecture évoque un temple antique. Cette église est donc l’héritière du temple antique. Il y a une fusion entre l’église et la culture antique.

Raphaël – La Dispute du Sacrement (26)

Le mot « dispute » vient du latin « dispetatio » qui signifie « discussion ». Des intellectuels de l’Eglise, que l’on appelle les pères de l’Eglise (Saint Augustin), discutent autour d’un autel où il y en une hostie. L’Eucharistie est le souvenir de la dernière cène du Christ. La scène se déroule sous la protection du Christ. Le thème de cette peinture est un sacrement qui suit le Chrétien toute sa vie : si on en parle, c’est qu’il est

25

Basilique Saint-Pierre, vue intérieure.

La dispute du Sacrement, Raphaël, 1508-1511.

Page 26: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

contesté ! On assiste avec cette peinture à l’affirmation d’un dogme (pain=corps ; vin=sang) en opposition au protestantisme. Entre l’Ecole d’Athènes et la Dispute du Sacrement, il y a un lien d’égalité entre les intellectuels laïques et chrétiens. Ils dialoguent.

FUSION

Michel-Ange – David (27)

Michel-Ange occupe toutes les fonctions artistiques. Il est florentin. On ne peut plus se passer de lui. Il est un peintre, un sculpteur et un architecte efficace.Le David a été réalisé pour la ville de Florence qui veut s’imposer par son raffinement. La municipalité avait acheté un bloc de marbre très couteux pour réaliser David. Des sculpteurs ont découvert que cette pierre avait des

défauts. Michel-Ange, jeune artiste à l’époque, arrive à la sculpter. Il est porté en triomphe. C’est un exploit individuel qui dépasse le manuel. David est la figure emblématique de Florence, c’est une statue publique de 5m de haut.Donatello avait représenté un jeune David pas très costaud mais qui triomphe grâce à sa ruse.Michel-Ange, lui, représente David portant la fronde. Maintenant, c’est David le surhomme (5metres !). Il n’est plus vraiment un adolescent. Sa force physique est manifeste. Ses mains sont beaucoup trop grandes mais c’était voulu par l’artiste qui prend des libertés par rapport aux conventions. Il considérait les mains comme le réceptacle de la force physique. La puissance démesurée de David est mise en avant, il renforce sa puissance. Michel-Ange peut

se permettre des écarts artistiques. Pour réaliser ses œuvres, il n’a jamais utilisé que des modèles masculins, même pour représenter des femmes.

Michel-Ange – Le tombeau de Jules II (28)

Jules II a commandé son tombeau. L’élément central est le sarcophage de Jules II. Assis dessus, il y a Moïse. En dessous, il y a

des Atlantes, des figures masculines surnommées ici les « esclaves ».Moïse est le dirigeant spirituel et politique du peuple juif. C’est un personnage important de l’Ancien Testament. Il est représenté puissant, en colère et portant les 10 commandements. Il est furieux suite à l’épisode du Veau d’or : son peuple est en train de se tourner vers une autre religion. Cela fait allusion à la situation à Rome : Jules II s’érige ne redresseur de tord religieux.

26

David, Michel-Ange, 1501-1504.

Deux esclaves du tombeau de Jules II, Michel-Ange, 1519.

Page 27: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Les Atlantes sont un motif architectural. Ce sont des colonnes prenant la forme d’hommes. C’est une allusion aux enfants d’Atlas, le titan qui porte le monde sur ses épaules. L’Antiquité et sa religion sont évoquées.

Jules II devient le point de rencontre entre l’Ancien Testament et l’Antiquité. Ses figures sont achevées mais elles ont l’air dégrossies. Ces corps sont comme prisonniers de la matière (« esclaves »). C’est comme ça que Michel-Ange voulait voir ces statues. La figure n’est pas aboutie : c’est la technique du non finito. L’objectif est de montrer une idée de combat, une force qui s’exerce contre quelque chose.

Les esclaves se battent contre de la matière brute. Cela a un rapport aussi avec le

sculpteur qui doit agresser le marbre : c’est le combat du sculpteur contre le bloc brut pour en faire émerger quelque chose.

Michel-Ange – Le jugement dernier (30)Michel-Ange est le peintre attitré de la papauté. Il a

réalisé le plafond de la chapelle Sixteen et le Jugement dernier. Ce sont des réalisations gigantesques. La chapelle Sixteen est un petit lieu de culte. C’est là que l’on élit les papes et que se produisent des grands conciles. Les images qui décorent la chapelle doivent inspirer, délivrer un message.Tous les regards convergent vers le Jugement dernier. Ce n’est pas innocent : cela doit faire peur, faire réfléchir au camp à choisir.

Michel-Ange – La sibylle lybique (29)

Le plafond, qui est une surface très étendue, s’articule sur plusieurs éléments. Au milieu de la voute, il y a des tableaux isolés mais reliés thématiquement qui solidarisent les traditions de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ces tableaux sont environnés de figures monumentales parmi lesquelles figurent les Sibylles. Ce sont des prêtresses de la religion grecque, qui vivaient ne nombre restreint au bord de la Méditerranée. Elles étaient maintenues dans une sorte de transe et

27

Le jugement dernier, Michel-Ange, 1536-1541.

La sibylle lybique, Michel-Ange, 1511.

Page 28: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

proféraient des paroles énigmatiques que des prêtres spécialisés interprétaient pour celui qui était venu consulter. Des théologiens se sont tournés vers des textes antiques et vers les messages des Sibylles. Ils y ont trouvé des textes sur le Christ : il s’agit plutôt d’une manipulation des textes. Les sociétés antiques allaient donc dans la bonne direction puisque leurs prêtresses annonçaient le Christ. Ils veulent faire fusionner l’Antiquité et le Christianisme.La femme représentée a une apparence virile qui lui confère une impression de puissance (Michel-Ange n’a jamais utilisé de modèle féminin). Il met en avant la force physique : le mouvement de la Sibylle est identique à celui d’un lanceur de disque. La grandeur du livre porté à bouts de bras exprime également la force. Cette peinture fait penser à la représentation d’une sculpture de par ce semblant de socle.

Venise

Venise, cité-état indépendante, émerge à la fin du Quattrocento et devient de plus en plus influente. Elle joue un rôle important dans l’exportation de la Renaissance à l’Europe.L’art est plus aristocratique que bourgeois. Il est lié au plaisir et à la recherche d’une discrimination sociale. Venise se manifeste surtout en peinture. Peinture non démonstrative qui vise le plaisir, la sensualité avec des nuances (ex : couleurs).

Giorgione – La tempête (31)

Les peintures de Giorgione sont rares et énigmatiques car en cours d’élaboration, il modifie et ajoute des choses dans le tableau dont le sujet était simple au départ.

28

La tempête, Giorgione, 1506-1508.

Page 29: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

La tempête est un tableau privé et énigmatique. On voit une femme qui allaite, un homme avec un bâton, un cours d’eau, un éclair, une ville. On s’interroge sur ce tableau : plus de 80 interprétations différentes.Salvatore Settis propose une interprétation complète et cohérente. Il a fait une très longue enquête. Il recherche des informations sur le mécène, celui qui a commandé le tableau. Grâce aux rayons X, il a analysé ce qu’il y avait en dessous de la peinture. Il a pu voir les modifications du peintre. Il propose une interprétation : il s’agirait d’Adam et Eve, chassés du Paradis terrestre. Mais il y a différentes objections :

- Il manque Dieu, ou un archange. Mais il y a un substitut : l’orage, l’éclair. Dans l’iconographie chrétienne, la foudre n’est pas associée à Dieu. Mais pendant l’Antiquité, la foudre était

associée à Jupiter. Dans les poèmes, la foudre est associée à la colère de Dieu. - Adam et Eve ont été chassés du Paradis mais dans cette peinture ils sont séparés et

exclus de la ville (>< au Paradis naturel). Dans la tradition chrétienne, il y a deux paradis : le paradis originel, inaccessible et le paradis que l’on appelle la Jérusalem Céleste auquel ils peuvent espérer accéder.

- La présence d’un bébé ne concorde pas avec l’épisode biblique décrit dans la Genèse.

Les conséquences de l’exclusion (malédiction) d’Adam et Eve sont également représentée :- « Tu enfanteras dans la douleur ».- « Tu travailleras à la sueur de ton front » : Adam est représenté avec un bâton, le

symbole du berger.- « Tu auras honte de ton corps » : ils sont habillés. Eve a un voile et Giorgione a

dessiné un petit arbuste qui forme une sorte de protection.- La mort est symbolisée par les deux colonnes interrompues. Dans la tradition antique,

la colonne est une métaphore de l’être humain.Le peintre a également représenté un serpent, rappel de la tentation d’Adam et Eve.Grâce aux rayons X, on a observé qu’Adam était au départ représenté à côté d’Eve : le fait de l’éloigner rend les choses encore moins claires. Il y a un jeu discriminatoire : pour comprendre ce tableau, il faut faire partie de l’entourage du mécène.

Giorgione et Le Titien – Vénus endormie (32)

C’est la dernière peinture de Giorgione. Elle fut achevée par Le Titien. Giorgione a réalisé la Vénus et Le Titien a réalisé les accessoires et

29

Vénus endormie, Giorgione et Le Titien, 1509-1510.

Page 30: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

le paysage. Le tableau ne contient pas de message est en fait un outil de propagande pour la ville de Florence. Ce tableau est un archétype car il sera de nombreuses fois représenté. Ici, la peinture est érotique (sens du plaisir).La sensualité est due à la forme : Le Titien a enrichi cette peinture avec de la lumière dorée (>< lumière blanche du Quattrocento). On y retrouve une homogénéité dans la lumières et les couleurs (ex : le doré dans le drap qui donne un aspect plus luxueux). Cela va se propager dans toute l’Europe par l’influence de l’Italie.

Le Titien – L’homme aux yeux glauques (33)

Il a fait une belle carrière internationale. Il a pratiqué tous les genres de peinture mais le portrait est sa spécialité. Il est le peintre officiel de Charles Quint. On raconte d’ailleurs que ce dernier se baissera pour ramasser un de ses pinceaux. (> valorisation de l’artiste). Le Titien possède de grandes qualités en tant que portraitiste. Il veut toucher une sorte d’intériorité suggérée par l’emploi des couleurs avec lesquelles il crée expressivité et sens.Ce portrait a été réalisé à Venise. Il représente un vénitien. L’homme aux yeux glauques est le fils d’un doge de Venise. Le personnage est fort, jeune, dur et inquiétant. « Glauque » fait

allusion à la couleur de ses yeux (couleur verte qui tire sur le bleu). Il fait en sorte que ce tableau perturbe, pas seulement au niveau du personnage. Il n’y a pas de décor, donc pas d’échappatoire pour notre regard. La couleur dominante est le noir : la chaine d’or est comme mangée par le noir. Le noir s’étend à travers l’ombre du personnage. La couleur est utilisée pour accentuer l’émotion du spectateur.

Véronèse – Le repas chez Lévi (34)

30

L’homme aux yeux glauques, Le Titien, 1545.

Page 31: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Il est originaire de Vérone d’où son nom. Avec ce tableau, il flatte le narcissisme vénitien.« Le repas chez Lévi » est un épisode du Nouveau Testament. Lévi (en rouge), un grand

prêtre, a invité le Christ. Il y a beaucoup de personnages aux costumes variés. C’est une sorte de grand banquet. Cette peinture a été commandée pour décorer le réfectoire des moines de Venise. Cela est curieux car les moines sont sensés vivre dans la pauvreté. Ces moines sont en fait des cadets de familles d’aristocrates. Cela est significatif de la manière dont vit l’élite vénitienne. On a reproché à Véronèse ce côté fastueux de la peinture, allant presque jusqu’au procès. Mais il a été protégé par les autorités vénitiennes. Du point de vue formel, on remarque la lumière et le talent de dessinateur du peintre. Les pauses des personnages et la structure architecturale font penser à « L’école d’Athènes ». Il y a une perspective à l’arrière-plan et une architecture vénitienne.

Le Tintoret – L’Ascension (35)Le Tintoret (= le teinturier) est un peintre qui a eu une grande influence sur la peinture maniériste, qui embête les vénitiens car il s’écarte de ce qu’on lui demande. Il représente

surtout des scènes religieuses dont beaucoup sont consacrées à la vie du Christ. « L’ascension » (qu’il remet en question) est la dernière composition d’une série décorant la Scuola Grande San Rocco.Il y a des anges et des apôtres qui créent une confusion de par l’obscurité volontaire. Le noir domine : il crée une atmosphère sombre. L’ascension du Christ est un moment glorieux, de joie. Mais ici,

1. Le Christ est soutenu comme si il tombait.2. Les couleurs sont sombres et le décor désertique.3. Marc se protège, comme face à un danger imminent.

Il s’agit d’une vision pessimiste. Le luxe et l’opulence ne sont pas représentés.

Le maniérisme (1540 à 1600)

31

Le repas chez Lévi, Véronèse, 1573.

L’ascension, Le Tintoret, 1564-1587.

Page 32: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Ce mouvement est créé en Italie et s’exporte vers l’Europe. Le terme maniérisme a un triple sens :

1) C’est un superlatif. Le mot manière en peinture est une façon de peindre. Il s’agit de travailler à la manière de quelqu’un, en suivant un modèle ou une tradition qui existe déjà. Les maniéristes ont plusieurs références : Léonard de Vinci, Raphaël et Botticelli, par exemple. Les artistes européens vont travailler à la manière des artistes italiens. L’idée qu’on ne saura plus progresser va faire se tourner les artistes vers les valeurs sûres du passé. Il y a des inquiétudes sur l’avenir de l’art.

2) Maniéré signifie artificiel, l’opposé du naturel et de l’authentique. Ces artistes mettent en évidences des questions de forme et de style. La forme devient plus importante que le contenu. Elle se développe au détriment de la véracité du contenu. Les artistes ne croient plus au contenu : il devient accessoire (FORMALISME). Il y a une perte de confiance dans le système de valeurs et de pensée de l’époque où le protestantisme émerge. Il s’agit d’un problème politique qui se développe d’abord en Allemagne. L’église anglaise va aussi se séparer du Christianisme (=Anglicanisme). On instrumentalise la religion en politique. L’Europe se divise et connait de terribles guerres de religion. On est plus sûr de rien. Puisque la vérité est insaisissable, il n’y a plus de message porteur.

3) L’art maniériste privilégie l’étrange, l’irréel, le fantastique, l’imaginaire. C’est une évasion de la réalité inconfortable.

Palladio – Villa Rotonde (36)Palladio est un architecte, originaire de Vicence. Son surnom le place comme hériter d’Athènes (Pallace est le deuxième nom d’Athéna). Il a une vision archéologique de l’architecture. La façade de ses bâtiments évoque des temples antiques, elle possède des

portiques supportés par des colonnes sur les 4faces. La villa Rotonde est une maison privée, construite sur une grande salle ronde dans un carré. On sacralise ainsi la maison ( respectabilité).

Le Parmesan – La Madone au long cou (37)

32

Villa Rotonde, Palladio, 1567-1569.

Page 33: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Le Parmeson est l’îcone du maniérisme, peintre religieux.Le titre de la peinture fait référence au cou disproportionné de la Vierge. Ses mains et ses pieds sont également étirés. La vierge est alongée dans son ensemble. L’artiste prend des libertés par rapport au rendu du réel. L’allongement permet de dessiner des arabesques. (IRREALISME – PAS DE CREDIBILITE).On remarque la virtuosité du dessin au détriment du contenu. Le Parmesan a été influencé par Botticelli et la douceur des visages évoque Raphaël. La peinture a un caractère étrange. Il y a une colonne qui ne supporte rien. On remarque un personnage avec une chartre. En ce qui concerne l’enfant Jésus, la fusion entre la mère et l’enfant n’est pas évoquée : il est en train de tomber. Il est physiquement en déséquilibre et a l’air malade (attaque des protestants).

Giuseppe Arcimboldo – Le feu (39)Arcimboldo est originaire de Venise. Il a passé l’essentiel de sa carrière à Prague, la capitale

de l’empire romain germanique. Il joue un rôle important dans la diffusion de la Renaissance vers le Nord (peintre et collectionneur). Il collectionnait des cornes de licornes, des coquillages, etc. Rodolphe II s’entourait de savants et d’alchimistes : cette ambiance de sorcellerie renforçait le côté fantastique de Prague. Il faisait décorer le palais d’une série de tableaux, des allégories regroupées en séries représentant des découvertes ou des connaissances (le feu, la terre, l’eau et l’air : les connaissances de la matière par exemple).

Cette peinture est une allégorie du feu (personnification d’une notion abstraite). Arcimboldo assemble différents objets disparates qui ont un rapport avec le feu pour constituer une forme monstrueuse : un

braisier pour les cheveux, une mèche enroulée pour le front, des briquets pour le nez et les oreilles, des lampes à huile, des cierges, des canons, des pièces d’orfèvrerie (art du fer). Cette forme humaine n’est pas crédible : c’est une opposition entre la virtuosité et la vraisemblance. La peinture a un caractère irréel.L’inventeur de ce type de forme est Leonard de Vinci (dans ses cahiers). Le visage se détache d’un fond noir : la forme semble aller vers nous de manière agressive.Les éléments maniéristes sont le fond noir, la couleur dorée et l’acte de virtuosité exercé au détriment de la crédibilité (artificiel).

33

La Madone au long cou, Le Parmesan, 1534.

Le feu, Arcimboldo, 1566.

Page 34: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Le maniérisme en France

La Renaissance italienne dans sa version maniériste va s’intensifier et s’exporter à travers l’Europe mais les motivations sont différentes, apparaît un souffle créateur. La France est le premier pays à se tourner vers l’Italie. Leonard de Vinci a d’ailleurs terminé sa carrière en France, invité par le roi François Ier. Cette motivation politique était l’expansion de l’influence de la France. L’Italie, quant à elle, est affaiblie par ses divisions. Les Français essayent de conquérir l’Italie. Ils veulent amadouer les futurs territoires en adoptant la culture italienne afin qu’ils soient sur la même longueur d’ondes d’un point de vue intellectuel et artistique. D’un point de vue politique, Marie de Médicis est devenue reine de France.Pour décorer les bâtiments et pour former les artistes français, on fait appel à des artistes italiens. On les regroupe au Palais de Fontainebleau. On parle d’ailleurs de « l’école de Fontainebleau » en évoquant ces artistes et leurs élèves. Les châteaux de la Loire ont été construits sous l’influence de l’Italie.

Tour d’escalier du château de Blois (40)Cette tour d’escalier domine la cours intérieure du château de Blois. L’architecture repose sur des corps de métiers et un savoir-faire particulier : il y a une résistance technique à l’adoption du maniérisme. L’essentiel du bâtiment est lié à l’art gothique : pilastres (pilier généralement rectangulaire et faiblement en saillie d’un mur - antique), motifs de frontons,… Le plus grand écart à l’Italie est l’escalier asymétrique en colimaçon (médiéval – asymétrie). Les gargouilles (gothique) servent à évacuer l’eau, à la projeter loin des murs. En Italie, on n’a pas ce problème de pluie. Il y a aussi des pinacles (gothique) pour protéger les statues de la pluie.

Le Primatice – Vénus et Adonis avec Cupidon endormi (41)Il s’agit d’un dessin de Primatice, chef de Fontainebleau et directeur d’académie, à la pierre sanguine (Venise), ce qui lui donne sa couleur rouge et apporte quelque chose de sensuel. Ce dessin représente un sujet mythologique lié à l’amour. Vénus est allongée (cf. La Vénus endormie). Du point de vue du maniérisme, on remarque l’allongement des figures (cf. Madone au long cou), la multiplication des motifs, l’horreur du vide. Le dessin a un côté troublant, fantastique. Les sentiments sont exprimés par la couleur. Le dessin est l’instrument didactique par excellence.

34

Tour d’escalier du château de Blois, 1515-1524.

Page 35: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Jean Cousin – Eva Prima Pandora (42)= Eve, première femme dans la Bible.= Pandore, première femme antique.

Une seule femme est représentée : elle est à la fois Eve et Pandore. Association entre traditions biblique et antique. Les deux femmes sont à l’origine de la chute de l’Homme à cause de leur curiosité. Pandore est la gardienne d’une boîte contenant tous les malheurs et on lui a défendu de l’ouvrir. Mais poussée par la curiosité, elle ouvre la boîte. Le personnage pose la main sur le couvercle

d’un vase évoquant la boîte de Pandore. Il y a aussi une branche avec une pomme et un serpent évoquant Eve. La tête de mort représente le fait que l’homme est devenu mortel.Le physique du personnage est très étiré. La pose est alanguie (cf. Venise). La coiffure est une coiffure romaine. Elle a un nez grec. On retrouve les références à l’antiquité. Une lumière dorée baigne l’ensemble.En arrière-plan, un paysage dessiné mais sans couleur (cf. Leonard de Vinci). Ici, il ne s’agit d’un problème que l’artiste ne peut pas résoudre : il veut rendre hommage à Leonard de Vinci.

Jean Goujon – La Diane d’Anet (43)Cette sculpture représente Diane, déesse de la chasse chez les Romains. Elle se trouve au château d’Anet, une des résidences du roi de France. La déesse est représentée nue avec un chien et un cerf. Il s’agit en fait du portrait de Diane de Poitier, la maitresse de François Ier. Les gens de la haute société se comparent aux dieux (cf. Louis XIV = le roi soleil, Apollon). On remarque le même étirement, le même

allongement et la position alanguie, caractéristique du maniérisme. L’œuvre est en marbre, un matériau cher aux sculpteurs de la Renaissance qui le reprenne aux Romains et aux Grecs. Le marbre est dur à tailler. Jean Goujon prend des risques, surtout pour sculpter les pates du cerf (virtuosité).

35

Eva Prima Pandora, Jean Cousin, 1550.

La Diane d’Anet, Jean Goujon, 1554.

Page 36: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

La Flandre. Jusqu’à la Renaissance, la Flandre est le plus grand foyer de production et d’exportation (Anvers – domination commerciale) de peinture en Europe. La Renaissance italienne a de plus en plus de succès et cela pose un problème économique en Flandre. Les artistes se reconvertissent et vont alors se tourner vers l’Italie pour avoir des parts du marché. On va envoyer des artistes se former en Italie. Ils devaient ramener des dessins, des croquis, des modèles. C’est une sorte d’espionnage industriel. L’art italien sert de modèle à la reconversion de nombreux artistes. Ecole artistique des Primitifs flamands.

Jean Gossaert – Danaé (44)Originaire de France. Il représente la nymphe Danaé (divinité secondaire). C’est une des conquêtes de Zeus. Danaé est connue pour son amour pour l’or. Pour la séduire, Zeus prend donc la forme d’une pluie d’or. C’est un message purement érotique. Le nu féminin est inspiré de Venise. A l’arrière-plan, on remarque une architecture blanche antique. Décor antique : colonnes de marbre (Venise) >< Bâtiments gothiques (Flandres). Succès de la reconversion = travail fini >< L. DeVinci

Bruegel – La danse des paysans (45)Bruegel est un peintre important et un artiste populaire. Il se situe en marge de ce courant romaniste florissant. Il a fait partie des jeunes artistes envoyés en Italie. Il a ramené des vues de montagnes prises à la frontière. Il s’installe à son compte et faire ses propres peintures. Son art à part a eu beaucoup de succès : il a réalisé certaines de ses peintures en plusieurs exemplaires. En ce qui concerne les gravures, elles ont plus de public car elles sont moins chères. Bruegel répond à une

attente sociale. Il représente beaucoup de paysans mais ce ne sont pas les paysans qui achètent ses peintures. Ils sont peints à la demande des bourgeois flamands (cf. la Renaissance est née grâce aux bourgeois de Florence). La bourgeoisie est florissante mais elle reste méprisée sur le plan social. (cf. Tiers état = paysans et bourgeois). Elle veut donc s’affirmer et ne pas être confondue avec les paysans.Le tableau est une sorte de caricatures des paysans, c’est un sujet populaire et local. Ils ne sont pas embellis : on les voit boire et leurs vices sont mis en avant. Cela sert de repoussoir. Les bourgeois veulent montrer qu’ils sont différents. Les paysans ne sont représentés positivement que lorsqu’ils travaillent. Bruegel utilise la perspective linéaire.

36

Danaé, Jean Gossaert, 1527.

La danse des paysans, Bruegel, 1568.

Page 37: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Bruegel – Paysage avec la chute d’Icare (46)La chute d’Icare est un sujet mythologique. Sur le tableau, on cherche Icare mais on ne voit qu’une étendue d’eau et un paysage. On voit seulement les deux jambes d’Icare (en haut à droite).Bruegel connait la mythologie et il représente un anti-héro, quelqu’un qui a échoué. Mais il y a un message. Le soleil dépend d’une divinité, Apollon qui le transporte sur son char. Icare s’est cru l’égal d’un Dieu. Il a été orgueilleux. Les

nobles se croient au-dessus du commun des mortels (cf. Diane de Poitier). On voit une tour, une entrée évoquant le palais du roi Minos. Icare est relégué. Un paysan travaille et lui tourne le dos. Le berger et le pêcheur ne lui prêtent pas attention non plus. Un bateau marchand s’éloigne de lui. Le tiers état, tout confondu, s’éloigne de la noblesse. Ce tableau dénonce l’excès d’orgueil.

L’Allemagne. L’Allemagne est aussi morcelée que l’Italie. Les activités artistiques et commerciales sont florissantes. La motivation est d’ordre religieux : le protestantisme gagne du terrain. On va donc réinventer l’iconographie et se tourner vers l’Italie.Les raisons de sa conversion à la Renaissance :

1. suivre la mode2. propagande par l’image (analphabétisme)

Catholique (gothique) >< Protestantisme (renaissance)

Albrecht Dürer – Autoportrait (47)Il va s’imprégner de l’Italie, où il va passer plusieurs années de sa carrière. Il est connu pour ses portraits en gravure. Il fait partie de ses diffuseurs d’images.Il a réalisé son autoportrait (cf. Raphaël dans l’Ecole d’Athènes). Il se place au même niveau que les personnes les plus hautes de la société, en se donnant une apparence luxueuse. C’était également l’enjeu de l’école d’Athènes. Les artistes sont comme des vedettes pour le public (orgueil de l’artiste).Il est le seul sujet du tableau. Le fond est noir. Dürer est projeté vers l’avant. Il n’y a pas d’échappatoire pour notre regard. Il est habillé comme un riche. Il a un visage orgueilleux, conscient de sa valeur.

Le sujet est imposé, aucune échappatoire possible > MANIERISME

37

Paysage avec la chute d’Icare, Bruegel, 1558.

Autoportrait, Albrecht Dürer, 1500.

Page 38: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Grünewald – La crucifixion (49)Il a la volonté de rester à une tradition plus ancienne mais n’est pas totalement conservateur. Un polyptique est un ensemble de tableaux articulés qui décorent un autel. Le dernier panneau représente la crucifixion et était montré le vendredi saint. Il attirait les foules. La mort du Christ est représentée de façon tragique (>< Renaissance). Son corps est écartelé. Il pèse sur la croix. C’est une vision tragique du corps humain.

On remarque la présence d’un personnage serein, contrairement à Saint Jean, Marie et Marie-Madeleine. L’agneau pascal est représenté, il porte une croix et son sang se déverse dans un calice. Le fond est noir. En ce qui concerne le maniérisme, il connait les coloristes italiens et est un virtuose de la couleur. Le voile de la vierge accentue son côté fantomatique.Eléments de la tradition médiévale :

1. souffrance corporelle2. st Paul (convention)3. st Jean-Baptiste (serein car historiquement, il n’a pas assisté à la scène).

Hans le Jeune Holbein – Les ambassadeurs (50)Ce portraitiste se fait d’abord connaitre dans sa région avant d’acquérir une renommée nationale. Il passera l’essentiel de sa carrière en Angleterre. Il fut le peintre officiel d’Henri XVI (qui a créé l’Anglicanisme). Il a réalisé « les ambassadeurs » qui sont deux personnages diplomatiques. Le portrait est destiné à la résidence à Londres d’un de deux ambassadeurs français. Il délivre un message d’ordre politique : en faisant appel à un peintre de la cours d’Henri XVI, on reconnait son bon goût. Ils veulent maintenir la communication avec

l’Angleterre, en étant tolérant avec les protestants sans renier le christianisme. Le personnage de gauche est protestant. Celui de droite est un évêque catholique. Au centre, on trouve une série d’objet lié à la culture essentiellement scientifique. Les deux livres ouverts sont les écrits de Luther (intellectuel). Le pavement est la réplique exacte du pavement du centre de l’église anglicane. Il y a une forme blanchatre à l’avant : il s’agit d’un crâne humain composé suivant

38

La crucifixion, Grünewald, 1511-1516.

Les Ambassadeurs, Hans le Jeune Holbein, 1533.

Page 39: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

une autre perspective (comme vu à travers un miroir déformé). Ce jeu de perspective, l’anamorphose, est utilisé parfois comme message codé. Ici, le tableau se trouve à côté d’une porte et le crâne se recompose à chaque fois que l’on passe la porte. Il est associé à la vanité de la vie humaine. C’est un rappel que l’homme est mortel. Le message du crâne est le suivant : malgré la puissance, la culture et le statut des ambassadeurs, ils font preuve d’humilité. Le placer là donne une force troublante. Il montre la finitude de notre univers. Dans ce tableau, nous retrouvons des caractéristiques maniéristes : la recherche du raffinement formel et la présence du fantastique.

Lucas Cranach le Jeune – Vénus et l’Amour (51)Cranach exploite des thèmes communs qui permettent une large diffusion. C’est un artiste proche de Luther. Il est le principal illustrateur de la doctrine protestante. Le développement d’une peinture érotique (inspirée de la mythologie) a beaucoup de succès. Vénus cheveux flottant accompagnée de Cupidon. Femme mince, silhouette allongée, sourire ironique. L’absence de décor et le fond noir apportent un côté irréel au tableau. Il y a un côté artificiel dans la pose. Cupidon, posé sur un socle, ressemble à une sculpture.

39

Vénus et l’Amour, Lucas Cranach le Jeune.

Page 40: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

L’Espagne

Le Greco – Le Christ au jardin des oliviers (52)Il a débuté en Crète puis a été amené à Venise. Il va étudier la peinture du Tintoret. Il s’installe ensuite définitivement en Espagne où il est le peintre majeur de son époque.

Ici, il a représenté le Christ au jardin des oliviers, la veille de son arrestation. A droite, on voit un groupe de soldat accompagné de Juda. Il vient de prononcer ces paroles : « seigneur, éloigne ce calice ». Il se résigne mais finit par accepter son sort. Un ange lui apporte le calice.

Des éléments montrent la part divine du Christ : la sérénité dans son visage, qui est blafard (il n’a plus d’existence corporelle, l’esprit survit). Sa maigreur témoigne de la perte de substance :

on est à l’ordre du spirituel. Il n’est pas vraiment sur le sol, il s’élève vers l’ange. Il monte vers le ciel, il se spiritualise pour fusionner avec la divinité. La lumière de la Lune est un blanc unificateur (technique venant de Venise). Les nuages et les rochers ont la même couleur. On a l’impression d’un rêve dans ce jardin désertique.Mysticisme : adhésion quasi physique à l’esprit divin. Fusion totale.Christ : attitude d’acceptation, tête amincie, corps allongé (perte de sa matérialité), ombre du vêtement (élévation).Blanc : reflet sur le vêtement, pleine lune, visage du Christ > S’écarte du réel !Le Jardin des Oliviers est peu fourni et peu verdoyant. > Éloignement du ‘laid’ monde terrestre pour s’élever vers le monde céleste. > Les choses se confondent.

Hommage à des artistes antérieursIrréalismeProcédés utilisés pour créer une ambiance surnaturelle

40

Le Christ au jardin des oliviers, Le Greco, 1588.

Page 41: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Chapitre 3. Le XVIIe siècle.

L’art baroque. Le XVIIe siècle sera un siècle de style baroque, un style avec des nuances et des éléments d’unité. Il n’y a pas de révolution fondamentale. C’est la primauté de la peinture, avec l’importance de la fonction de représentation pour délivrer un message. Ainsi que la promotion de l’artiste et la dévotion à l’image qui priment. Il y a beaucoup de conflits en Europe au XVIIe siècle, d’où le besoin de convaincre par la propagande. L’art baroque concerne l’ensemble de la production européenne du XVIIe siècle. Il a son origine dans la réaction de l’église catholique face au protestantisme. C’est ce qu’on appelle la « contre-réforme ».Ce mouvement a deux aspects :

- Un aspect de réforme interne (rénovation) : l’église catholique fait le ménage à l’intérieur même de ses structures. Elle accorde une grande importance à l’enseignement et à l’instruction pour les prêtres. L’élite intellectuelle est prise en charge par les Jésuites, qui se battent par le discours (ce qui implique d’avoir eu un bon enseignement). Ils sont à l’origine de la plupart des collèges. Cela aura des conséquences bien au-delà du cadre religieux. La Vulgate (traduction latine de la Bible) va être revisitée par des études linguistiques (Salamandre). On passe au crible la biographie des saints. C’est un travail de critique historique : on élimine les saints trop légendaires.

- Une politique extérieure : on mène un combat contre les protestants. L’image sert à convaincre ceux qui ont quitté l’église catholique et à maintenir ceux qui sont encore catholiques (les mobiliser, les émouvoir, les stimuler, leur faire peur des conséquences d’un reniement). On demande à l’art d’être compréhensible et direct pour tout le monde. Ce doit être une peinture qui touche les gens et qui ne soit pas trop intellectuelle. Elle ne doit pas faire réfléchir mais faire éprouver : c’est un art populaire. Les protestants vont aussi adopter l’art baroque. Il y aura aussi une nationalisation de l’art baroque (plus laïque), surtout en France. Son discours est diversifié. L’art baroque se construit à Rome puis va se perfectionner au fur et à mesure qu’il sera adopté.

L’architecture L’architecture a un caractère collectif, populaire et sensible. Elle doit toucher le plus grand monde possible. (cf. en littérature, il y avait beaucoup de pièces de théâtre car c’est quelque chose de collectif). C’est un puissant moyen de diffuser des valeurs et de toucher les gens.A Rome, il y a deux grands architectes :

- Le Bernin, architecte attitré de la papauté, de référence, urbaniste et sculpteur.- Borromini, sollicité par les Jésuites.

41

Page 42: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Le Bernin – La place Saint-Pierre à Rome (53)Il a eu une longue carrière internationale. Plusieurs papes vont lui faire confiance. La ville de Rome est son laboratoire : il va la restaurer, l’embellir. Il est aussi sculpteur : c’est un artiste omnipotent.

1) Les extrémités de la place ressemblent à des mains qui rassemblent Volonté de rassembler le plus de fidèles possible Discours de masse / mobilisation collective (>< Quattrocento)

2) Statues de saint tout autour.3) Symbolique solaire

Il y a un obélisque en son centre. Dans le pavement, on voit se dessiner un cercle et des rayons représentant le

soleil. Les rayons partent du centre et rayonnent vers l’extérieur. Cela symbolise le pape, qui est le centre de la religion catholique et qui doit s’étendre à l’extérieur. (Louis XIV aussi a utilisé la symbolique du soleil (par exemple, on assistait à son lever et à son coucher)).

4) La place est elliptique, non régulière. Physiquement : impossible de se placer au centre car 2 foyers. Point de vue fragmentaire : multiplicité.

L’ouverture à l’arrière de la place n’existait pas à l’époque. Le Bernin avait conçu une place fermée. On ne pouvait entrer que par des ouvertures par les colonnades. La place était dans le centre ancien de Rome. Il y avait beaucoup de ruelles, un peu comme dans un labyrinthe. Pour qu’un pèlerin y arrive, il lui fallait cheminer dans l’obscurité. Les colonnades cachaient la place. Ensuite, on accédait à une lumière. Il s’agissait d’un chemin initiatique. Le Bernin a dramatisé l’espace. L’espace se démultiplie (par opposition à l’unité de la Renaissance). S’il y a plusieurs espaces, il y a un décentrement. L’individu se sent opprimé. C’est la collectivité qui prime.

42

Place Saint-Pierre de Rome, Le Bernin, 1656-1667.

Page 43: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Borromini – Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines (54) L’église Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines s’éloigne de la Renaissance tandis que Sainte-Suzanne la représente. Contraintes pour Saintes-Charles: elle se trouve dans une rue très étroite. On n’a pas beaucoup de recul si on veut voir l’ensemble.

Sainte Suzanne Saint CharlesVue de face Vue biaisée (pas de recul)

Spectateur confronté à ses limites (humilité) Besoin de déplacement pour tout voir, 4

fontaines non-visibles en même temps Fontaine sur pan coupé – visible que de face ><

facade Jamais de perception entière

Articulation façade :- Plusieurs niveaux :colonnes engagées et pilastres

- Façade rectiligne

- Equilibre entre les dimensions

Articulation façade :- Plusieurs niveaux : que des colonnes engagées

supportant corniche Fragilité (mise en scène)- Ellipse penchée soutenue par anges Déséquilibre (illusion)- Façade courbe – éléments en relief Contraste ombre-lumière- Plus verticale qu’horizontale

Borromini – La coupole de Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines (55)Le plan de cette coupole est elliptique : peu commun !Multiplicité car double foyer et caissons.Impression : équilibre instable – pression sur la coupole

Différents reliefs Effet sur spectateur > point de rupture : tomber ou pas ? Contraste ombre et lumière (caissons)

Puis de lumière dans un sombre édifice

43

Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines, Borromini, 1638-1667.

La coupole de Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines, Borromini, 1638-1667.

Page 44: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

La peinture

Le Caravage – La corbeille de fruits de l’Ambrosienne (56)Le Caravage est le fondateur du baroque. Il a eu quelques difficultés de reconnaissance mais il va influencer beaucoup de monde car il a mis au point une efficacité du langage. Il est protégé par l’église car il est utile à la propagande.

Nature morte (2) : image représentant des objets inanimés sans présence humaine. Banalité la plus quotidienne des objets qui nous entourent.

Il existait une hiérarchie dans les thèmes :- La peinture historique (religieuse, réelle ou mythologique) > Caravage - Le portrait- La nature morte, le paysage

Caractéristiques du caravagisme :1°) C’est la popularisation des motifs. Le Caravage ira chercher ses modèles dans le quart monde romain (même pour des sujets religieux). Il représente le Christ comme étant quelqu’un comme tout le monde, à notre niveau. But : se rapprocher du plus gd nombre de personnes.2°) Le réalisme : les objets ne sont pas embellis. Les raisins sont pourris, les pommes tâchées, les feuilles mangées par des parasites. C’est un réalisme qui démocratise la peinture. Ce peintre ne ment pas, il est transparent. C’est une peinture objective. > Véracité 3°) La dramatisation :

- Objet sorti du contexte, mis en avant. On ne peut pas identifier ce qui l’entoure. La lumière est dorée (cf. fond d’or venant de l’art byzantin). Elle symbolise ce qui est précieux. Elle est liée à la pérennité, la sacralisation de la corbeille. Elle est digne d’être peinte. Par opposition à cette lumière, nous avons l’ombre (cf. le clair-obscur). On se demande d’où vient cette lumière. Comme au théâtre, le coup de projecteur attire notre œil sur ce qui est important. Cela focalise notre regard.

- Déséquilibre : La corbeille s’avance vers nous. Elle peut tomber… - La présence des feuilles noire présente un paradoxe entre le réalisme et la mise en

scène (qui est une sorte de manipulation). Est-ce normal qu’elles soient noires ? Sont-elles dans l’ombre, l’obscurité ? Cela semble illogique car la branche est éclairée. Cela est fait exprès pour dire « je vous manipule ».

44

La corbeille de fruits de l’Ambrosienne, Le Caravage, 1596.

Page 45: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Bruegel – Nature morte (57)Il s’agit de la norme de la nature morte. On y voit des objets précieux : une coupe d’orfèvrerie, des bijoux, une boîte. Ce genre de peinture est aimé par les bourgeois car leur production est représentée.

Le Caravage – Jeune homme présentant une corbeille de fruits (58)Le motif de la corbeille est un leitmotiv. Il s’agit de la même corbeille que dans l’autre peinture (fruits communs, osier) mais elle a ici un présentateur qui nous la propose. Réalisme/ popularisation : garçon de la rue coupé de son environnement qui ferait qu’on n’y porterait pas attention. Mise en scène : bouche ouverte : il semble nous parler. La lumière forme une auréole, cela évoque la peinture religieuse et donne de la valeur au personnage.

Le Caravage – Bacchus adolescent (59)C’est un sujet mythologique. Il est un peu enveloppé >< idéalisation habituelle des dieux. Il n’a pas l’air bien. Yeux vides. Il a des feuilles jaunies sur la tête et les fruits sont pourris >< dieu de la fécondité. Le sujet est banalisé.Déséquilibre : sa coupe en verre penche, le vin est strié à sa surface, comme s’il tremblait. Il y a aussi un jeu d’ombre et de lumière.

45

Nature morte, Bruegel, 1618.

Jeune homme présentant une corbeille de fruits, Le Caravage, 1593.

Bacchus adolescent, Le Caravage, 1596.

Page 46: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Le Caravage – Les pèlerins d’Emmaüs (60)Ce thème était fort utilisé à l’époque baroque ; c’était un thème religieux privilégié.Les pèlerins sont des sympathisants du Christ qui, alors qu’ils voyageaient, apprennent les malheurs du Christ et rebroussent chemin. Pendant qu’ils mangent, un autre convive se joint à eux ; il s’agit du Christ : il s’identifie comme tel puis disparaît. Les pèlerins voient alors là leur foi réconciliée.

C’est un message de l’Eglise : C’est le Christ lui-même qui rappelle à l’ordre, l’Eglise veut rétablir sa position. L’enjeu de la contre-réforme est symbolisé.

Il y a 4 personnages mais l’espace est restreint.

Christ   : présenté comme tout le monde, ce n’est pas un surhomme : popularisation. Mais il est au centre et tous les regards sont dirigés vers lui.

Pèlerin de droite   : représenté comme un pilier de cabaret. Porte un coquillage. Bras en croix. Dans la lumière (adhésion aux paroles du Christ)

Pèlerin de gauche : vêtements troués : réalisme. Les défauts ne sont pas cachés : il faut rendre les choses visibles. Résistance, il s’accroche à son siège et est dans l’ombre.

Mise en scène : décor est réduit à sa plus simple expression. Le regard est aussi dirigé par le clair-obscur. La lumière est dirigée sur le Christ, tel un symbole de vérité.C’est le moment crucial où le Christ s’identifie et disparaît. C’est un moment de tension.

Au centre du tableau, il y a une corbeille de fruits. Elle donne l’impression d’un déséquilibre (au bord de la table). C’est un moment où l’on bascule de l’ignorance à la vérité.

C’est la peinture Caravagesque (à son apogée).

46

Les pèlerins d’Emmaüs, 1601-1602.

Page 47: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

L’Espagne

Elle joue un rôle majeur dans la contre-réforme : elle en est le bras droit armé dans les guerres qui l’oppose à l’Angleterre et aux Pays-Bas. Les Jésuites sont espagnols. L’Espagne est un pays clé pour le développement de l’art baroque car cette patrie est un subtil mélange aristocratique et populaire. L’âge d’or de la peinture espagnole est le 17e siècle.

Diego Velázquez – Les Ménines (61)Il commence par toucher au caravagisme. Il est un remarquable coloriste. Il était le peintre bourgeois de la cour royale. Il était portraitiste mais il a également produit des peintures religieuses et mythologiques ainsi que des scènes de genre.Ici, il s’agit d’un portrait collectif qui pose beaucoup de questions énigmatiques.Une ménine est une jeune aristocrate qui s’occupe d’une princesse. Ici, il y en a deux, elles l’entourent, la protège. Le tableau se nomme ‘les Ménines’ mais l’objet central du tableau est la princesse.A gauche, on voit Velázquez avec une palette. Une toile se dresse devant lui, des dimensions de la peinture. Il regarde vers l’extérieur. Le peintre du tableau ne peint pas la princesse (elle lui tourne le dos). Dans un miroir au fond, on aperçoit le roi et

la reine (à la place du public) en train de poser. C’est eux que le peintre représente.Il y a également un personnage qui épie dans les escaliers.On oblige le spectateur à adopter différents points de vue. Des choses lui sont cachées. Il passe de point de vue en point de vue.Il y a tellement de points de vue différents dans ce tableau qu’on ne sait plus ce qui est important.Interprétation / mise en scène : Ce tableau représente le système politique espagnol de l’époque :Sous l’autorité du couple royal, les princesses sont des instruments politiques pour faire des alliances (par leurs mariages). Quant à l’aristocratie, elle est symbolisée par les Ménines. Sont évoqués également une religieuse et un précepteur de la princesse : l’Église et l’hidalgo. Restent à l’avant-plan deux nains, personnages issus du peuple et amuseurs de la princesse et à l’arrière-plan, le premier ministre. C’est une allégorie de la société espagnole. Les spectateurs assistent à une scène (théâtre). La scène est réaliste grâce à la présence de nains.Clair-obscur : princesse éclairée – contre-jour avec le ministre – reflet dans le miroir.

José de Ribera – Le pied-bot (62)

47

Les Ménines, Diego Velázquez, 1656-1657.

Page 48: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Ribera est le plus caravagesque des peintres espagnols. Il a peint des sujets religieux mais aussi des scènes de genre (anecdotique, avec des personnages populaires). > ne respecte pas la hiérarchie des sujets de peinture.Ici, c’est une scène de genre de très grand format. Le personnage est infirme sur le plan physique mais aussi sur le plan mental (de par son visage). C’est un mendiant > réalisme / popularisation. Il s’impose à nous !Cette œuvre est une commande d’un aristocrate espagnol qui voulait faire état de ses actions charitables. Cela témoigne d’une évolution des esprits : on se préoccupe des gens du peuple, on veut qu’ils aient de meilleures conditions de vie.Clair-obscur : personnage est sombre, son visage est illuminé (lumière dorée des nuages).

Murillo – L’immaculée conception (64)Murillo était un professionnel en matière de peinture religieuse qu’il centrait surtout sur la Vierge.Murillo s’écarte du Caravagisme : Ici, il y a idéalisation de la Vierge (pas popularisation).La virginité et l’ascension de la Vierge ont eu un succès populaire gigantesque => preuve que l’Église a gagné un pari car les Protestants. Le culte marial constituait le fon de commerce de l’Église ; il faut taper sur le clou pour reconquérir les faveurs du peuple. Elle est représentée comme une déesse, pas avec réalisme. Mais le peintre utilise le clair-obscur. Le croissant de lune est le symbole de la virginité de Marie (cf. Artémis, déesse de la chasse chez les Grecs était aussi vierge). Elle est dans la lumière, tandis que les zones d’ombres représentent l’obscurantisme protestant. La Vierge est entourée d’anges qui

la protègent, elle fuit l’obscurité.

Frères Machado- Commande- Réalisme (détails)- Mise en scène (dépouillement environnement > mise en valeur personnage)- Clair-obscur (éclairage personnage)

Zurbaran – Peintre religieux - Portraits de saint

48

Page 49: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

La Flandre La Flandre, sous tutelle espagnole, a quand même une certaine autonomie. Charles Quint a été bercé par la peinture flamande et amène avec lui des artistes flamands lorsqu’il va en Espagne. Elle joue un rôle capital dans l’expansion et le développement de l’art Baroque. En effet, la Flandre a des positions acquises précédemment (leadership de l’exportation). La mode change, les artistes se reconvertissent avec succès (vedettes comme Rubens).La Flandre occupe aussi une place particulière au niveau géographique. En effet, elle est une région catholique au milieu de nations protestantes. Stratégiquement, la Flandre représente un pont catholique. Il y a donc une forte propagande vers l’extérieur, mais aussi vers l’intérieur car il y a un risque pour l’église catholique de perdre la Flandre. L’art baroque est florissant, plein de séduction.

Pieter Paul Rubens – La Vierge et l’Enfant avec Saint Jérôme (65)/ Sainte ConversationRubens dirigea un atelier qui était presque une usine. Il a eu plus d’une centaine de collaborateurs. Ses œuvres se diffuseront dans toute l’Europe (il a même reçu des commandes pour l’Angleterre et la France). Il est à l’origine d’une impressionnante pléiade d’artistes qui sont passés par son atelier. Il occupa des fonctions politiques officielles, confiées par la cours d’Espagne : il était ambassadeur. Il fut formé en Italie. L’influence de Caravage est flagrante et c’est Rubens qui va pousser le caravagisme à son paroxysme innovant. Son succès est dû à son génie ; il poussa le baroque jusque dans ses derniers retranchements, il influencera l’évolution de l’art. Il était au service de la Contre-Réforme. Il a peint des épopées catholiques mais aussi mythologiques

Sainte conversation : autour de la Vierge à l’Enfant se trouvent réunis d’autres saints personnages. Le thème était déjà utilisé au Moyen Age mais le message est différent selon les Saints que l’on représente.Plus les personnages sont proches de la Vierge, plus ils sont privilégiés. La Vierge est au centre et les saints représentés sont ceux contestés par le protestantisme (on les revalorise dans l’iconographie religieuse). Le pape est représenté près de la Vierge (il est important de montrer la hiérarchie). L’enfant va vers lui, il est l’élu.Il y a aussi trois saintes femmes, des amies proches de la Vierge.Deux personnages protègent la scène.A gauche : Saint Georges est saint patron de l’Angleterre qui s’est égarée depuis l’anglicanisme de Henri VIII. Il est présenté comme un soldat prêt à se battre (coin inférieur gauche : une tête de dragon symbolisant le mal vaincu, le diable, et un bout de lance) : même s’il s’est acquitté de sa mission, il est prêt à repartir à l’assaut.À travers saint Georges, on a l’image d’une Église reconquérant, prête à récupérer le terrain qu’elle avait perdu avec la Réforme. Elle avait d’ailleurs envoyés des Jésuites en Angleterre.A droite, Sant Jérôme est l’un des pères de l’Eglise. Il est représenté très vieux (car il est très proche de l’époque du Christ). Le fait que les théologiens de l’église catholique soient presque contemporains au Christ ajoute à l’antériorité et à l’authenticité du discours.

49

Page 50: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Il a l’air en colère, sa force est mise en valeur : sa puissance physique est liée à sa puissance spirituelle. Ses Bras en cercle se resserrent vers la Vierge, protecteur. Il écrase un lion, symbole de sa puissance.Rubens a connu le Caravage mais il s’en est démarqué. Son plus, c’est le tonus : ses personnages ont de la santé, une force physique et spirituelle. On le remarque dans les sourires des femmes, dans les poses et l’utilisation de couleurs chaudes qui stimulent les sens (jaune, rouge).Rubens atteint le sommet de l’art baroque avec les bases du Caravage.

- Tonus des personnages : vigueur et santé de St George et St Jérôme- Aspect formel : couleurs liées à l’action – mouvement > mobilisation du regard

Antoine Van Dyck – Charles Ier à la chasse (66)Van Dyck fut le meilleur élève de Rubens. Il devint le portraitiste le plus important dans le monde catholique et à l’échelle internationale. Avant d’être attaché à la cour des Stuart en Angleterre, il a travaillé à Londres, où l’on faisait appel aux peintres flamands et aux grands artistes catholiques. Excellent coloriste.Ce portrait fait sensation (il ne ressemble pas aux portraits royaux de l’époque).Ici, n’importe quel aristocrate pourrait être représenté.Il y a deux autres personnages, deux serviteurs (popularisation) et un cheval.Le monarque s’est isolé de son château, …Il semble contemplatif, individu simple. Cela donne de la sympathie au personnage. Même attitude que les serviteurs.

C’est le premier portrait peint d’un personnage important dans un paysage.Les procédés du Caravage sont ici utilisés dans la politique.

- Clair-obscur (végétation par rapport au personnage et ombre du chapeau par rapport au visage).

- Le roi est orienté vers la mer, vers le ciel (ancêtre de la peinture romantique, mélancolie). => Dialogue entre Personnage et Nature

- Utilisation des couleurs (naturelles) : Ciel mitigé se retrouve dans la couleur de la robe du cheval. => harmonie.

Il existe des genres de peinture qui sont Majeurs : - Peinture historique (thèmes religieux, mythologiques, d’actualité).- Les portraits

Il y a aussi les genres mineurs : - Paysages- Natures mortes- Les scènes de genresLa peinture flamande s’est illustrée dans tous ces genres.

50

Charles Ier à la chasse, Van Dyck, 1635.

Page 51: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

La Hollande

La Hollande est un pays matériellement prospère, politiquement indépendant et protestant. L’art qui s’y développe est dès lors, différent. La peinture l’emporte sur la sculpture et l’architecture. Les protestants refusent l’image religieuse dans les temples, chant d’action fort réduit. De plus, la Hollande est une république dominée par la bourgeoisie alors que partout ailleurs, c’est l’aristocratie qui domine. Les genres mineurs sont donc mis en avant => Inversion des genres (mineurs et majeurs)Les peintres hollandais ont moins de commandes, ils doivent peindre et ensuite tenter de vendre leurs œuvres. Ils ne peignent plus pour l’aristocratie et l’église, d’où la diminution de commandes. Il faut donc plaire et avoir son propre style. Les artistes vont se spécialiser dans un genre. Ils peindront selon les thèmes (portraits, paysages, etc.). L’offre précède la demande (évolution de l’art rapide, concurrence => Modernité).Au niveau stylistique, le caravagisme est au cœur des recherches de ces peintres hollandais ; d’ailleurs Rembrandt lui- même est issu de l’école caravagesque.

Teniers – Le fumeur (67)Teniers est considéré comme un «petit maître» car il était un professionnel des petits genres (héritage de Bruegel). Avec lui, c’est la valorisation des scènes populaires alors que chez Bruegel, les paysans étaient dépeints de manière plutôt négative. Il était le peintre officiel des archiducs des Pays-Bas du Sud.Les cabarets, les cafés donnent des images négatives de débauche. Cela attaque les milieux populaires. Les personnages secondaires jouent aux cartes et paraissent bien peu sympathiques, une serveuse épie.L’artiste ne flatte pas les gens du peuple et leurs loisirs. Mais, le personnage central est un Bourgeois qui fume. Il n’est pas valorisé (gaspillage).=> On admet que la bourgeoisie à ses vices.

Il y a une pipe cassée au sol (tradition bruegélienne).

Adriaen Brouwer – La douleur (68)Il est un peintre majeur dans son domaine et à son époque.La représentation des charlatans (faux médecins) dans le tableau dénonce la naïveté des gens.Le charlatan (rebouteux) n’a pas l’air d’avoir de mauvaises intentions, au contraire, il a l’air de vouloir aider, soulager la douleur. Il s’applique.Le blessé, il représente un instantané de la douleur (manière expressive) c’est une vision objective des choses > compte-rendu. Cela attire la compassion chez le spectateur. Par l’affirmation des coups de pinceau, la griffe du peintre est mise en avant. Il y a un équilibre entre l’objectivité et la subjectivité ; cet équilibre dû au fait que cette peinture semble avoir été

51

Le fumeur, Teniers.

Page 52: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

peinte en vitesse, dans l’urgence ; comme un instantané ; il a fallu griffonner vite pour saisir sincèrement ce qu’il voyait. Cette impression donnée n’est que pure illusion ; la mise en scène est faite pour manipuler le public. Le chiffon en déséquilibre sur le rebord de la table évoque le Caravage certaine filiation : populisme, réalisme et jeux de lumière.

Rembrandt – Autoportrait de l’artiste à son chevalet (69)Son œuvre est abondante et variée, influence caravagiste. Le clair-obscur est très présent dans son œuvre => ambiance mystérieuse et mystique. Rembrandt était très polyvalent (peintre, graveur,…) peintre très personnel (une centaine d’autoportraits). Mais il ne peignait pas pour se mettre en valeur (≠ Dürer). De plus, selon lui, un seul portrait ne permet pas de cerner la personnalité de quelqu’un (car la personnalité est évolutive), cela n’est possible qu’avec une personne : soi-même. Produire un si grand nombre d’autoportraits montre un certain orgueil. Il tente d’utiliser la peinture à des fins de connaissance et de psychologie mais il en montre les limites. C’est une sorte d’obsession : il veut atteindre la quintessence psychologique du portrait et multiplie ainsi les points de vues (cf. le baroque).

Rembrandt continue de peindre des œuvres religieuses et mythologiques malgré le fait que la demande soit inexistante. On retrouve des caractéristiques baroques dans cette œuvre :- Le réalisme- Le clair-obscur (très subtil): le visage est éclairé, mais une partie reste dans l’ombre.Rembrandt met en avant la matérialité de la peinture. Sa peinture n’est pas lisse mais en croûte, il y a de l’épaisseur. Il utilise une spatule, une brosse. L’artiste doit lutter contre la matière. Il y a un combat pour arracher une forme signifiante à la matière. Il veut nous envoyer une substitution de la réalité. Une part d’artifice et d’inachèvement se révèle.

52

Page 53: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Rembrandt – Danaé (70)Il a aussi réalisé des tableaux mythologiques. Ce tableau est de petit format, ce qui donne une idée de confidentialité. - Danaé, couchée sur le lit regarde vers la lumière, quelque

chose qui nous est caché.On retrouve les caractéristiques baroques :- Le clair-obscur, avec une lumière tamisée, poussiéreuse. - Une mise en scène - La popularisation des motifs : Rembrandt a pris sa

servante comme modèle pour Danaé.

Franz Hals - Le joyeux buveur (71)Hals est un portraitiste. Le joyeux buveur du portrait est un nain bourgeois de Harlem, pilier de comptoir. On retrouve le réalisme lié à une imperfection physique. En ce qui concerne la forme du tableau, on retrouve le clair-obscur : le visage ressort tandis que le chapeau est opaque.Dans sa main, on voit que le verre penche, donnant une idée de déséquilibre. Hals met en avant sa manière personnelle de peindre, par hachures (cf. la collerette, les ombres de la main). Cette touche nerveuse dynamise le personnage : on a l’impression qu’il tremble.Le chapeau est problématique : si on le sort de la peinture, on ne voit qu’une tâche de noir. Nous ne l’identifions comme un

chapeau que parce qu’il est contextualité comme tel.

53

Page 54: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Vermeer – La lettre d’amour (72)Ses peintures sont centrées sur le monde de la bourgeoisie, des scènes d’intérieur. La lettre d’amour comporte une pointe érotique. A l’époque, il y avait beaucoup de tableau évoquant la correspondance. On savait qu’il s’agissait d’une lettre d’amour car un visage masculin apparaissait, épiant la liseuse. Ici, il n’y a aucune présence masculine.Le groupe central : on voit une jeune femme, avec un luth. Elle tient une lettre dans la main droite et regarde la servante d’un air interrogateur. Cette dernière ouvre la bouche, comme pour révéler à la jeune femme qui a écrit la lettre. Il s’agit d’un secret dont nous sommes exclus.

Il réfléchit sur les limites de l’image en termes de connaissance.Le cadrage est particulier. A droite, il y a un fauteuil, une tenture, une sorte de couloir dans la pénombre qui donne au spectateur l’impression d’être dans le placard, d’être voyeur et indiscret. Le spectateur réfléchit sur son statut.On retrouve des éléments baroques : le clair-obscur, le personnage populaire (la servante fait partie de la scène). Il s’agit d’un moment crucial où la jeune femme quitte l’ignorance pour connaitre l’expéditeur de la lettre : on retrouve l’élément théâtral.La peinture est une sorte de photo, fignolée. > Technique de peinture. > Véracité

Van Ruysdael – Le cimetière juif ou les tombes profanées (73)Le paysage est un autre genre. Il est pur, sans présence humaine et il n’est pas lié à une histoire. Van Ruysdael est une exception. Il représentera aussi bien les Ardennes hollandaises (des paysages boisés, des rivières) que des paysages inventés.Dans le cimetière juif, on voit des tombes en mauvais état, en ruine. Il y a un édifice religieux à l’arrière-plan. Il n’y a pas de personnage mais la peinture a un côté dramatique. Les tombes sont brisées. On a l’idée d’un retour à la nature.

Certaines tensions sont créées, ce qui est typique de l’art baroque :- Un torrent sépare le cimetière en deux. Chaque partie du cimetière était reliée par un tronc

d’arbre maintenant brisé.- Dans le ciel, on voit un arc-en-ciel ET un orage

Même sans personnage, on peut créer du théâtral, du drame.

54

Page 55: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

La France

Le règne de Louis XIV marque un retour à l’ordre sur le plan politique, économique, moral, philosophique et artistique. C’est une période de prestige et d’impérialisme. La France est un état moderne, centralisé autour de la figure royale jusqu’à la Révolution Française. Le modèle français, le contrôle des institutions artistiques par l’état, va s’imposer et coexister avec le marché de l’art.Au niveau artistique, la France est marqué par le Caravagisme. Elle s’impose au XVIIe siècle comme le plus grand centre de productions artistiques et est le point de lancement de nouvelles modes. (Influence jusqu’en 1945). Les forces artistiques sont évidemment liées à la mise en avant de l’Etat. (Par exemple, des styles portent le nom d’un souverain : Style Louis XIV). Les arts plastiques sont des instruments politiques (cf. l’art gotique créé pour le prestige du roi). L’art est un instrument de propagande, de prestige.C’est la période de création d’Académies, qui sont des organisations structurelles et professionnelles. Elles qui remplacent les corporations. Les artistes bénéficient d’un autonomie du point de vue de la profession, de la diffusion (dans les salons) et de l’enseignement.Cette période est aussi celle des nombreux salons où l’on présentait ses œuvres à un vaste public et de l’émancipation des artistes. Ces derniers s’auto-dirigent. Les salons sont ouverts aux artistes étrangers.Il y a plus de subsides. Mais la mainmise de l’état est très forte en ce qui concerne l’administration de l’académie. Il y a un paradoxe entre l’émancipation des artistes et le contrôle de l’état.C’est aussi la période de la nationalisation des arts décoratifs (arts appliqués, tapisserie, céramique, verre). Il y a des regroupements au sein de grandes entreprises, que l’on appelle des manufactures. Exemples : la manufacture des Gobelins (tapisserie, mobilier : créée le mobilier de l’état) ; la manufacture de Sèvres ; la manufacture de Dakar. Cela nationalise et dope la production, qui sera ensuite exportée. Les modèles décoratifs sont conçus par des artistes dirigeant l’académie.Il y a une politique de commande publique : on organisera des grands travaux publics, avec la priorité au palais de Versailles.Les préférences du Roi-Soleil vont à l’architecture.

55

Page 56: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Palais et jardins de Versailles (74)Le palais de Versailles a été voulu par Louis XIV. Après avoir été une résidence secondaire, elle deviendra un lieu de résidence principale. Mais derrière sa construction, il y avait un but politique : il fallait construire le palais le plus riche pour en imposer à l’intérieur et à l’extérieur. Ce n’est pas qu’une résidence royale. C’est aussi le lieu où réside l’aristocratie française. Si l’aristocratie bénéficie de certains privilèges, le roi l’a sous sa coupe.

Tout le monde y a accès. C’est un lieu public. Par exemple, on assistait au lever et au coucher du roi (cf. Louis XIV se surnommait le roi soleil). C’était aussi un lieu de pouvoir. Ce chantier va ruiner l’état français. Sa construction a nécessité la main d’œuvre de milliers d’ouvriers ou d’artisans. De plus, l’aristocratie va elle aussi rénover des palais.La ville de Versailles sera réorganisée. Il y aura des avenues convergeant vers le palais, vers la chambre du roi. Louis XIV se faisait d’ailleurs représenté sous les traits d’Apollon. L’art français est plus rationnel : la ligne droite prévaut sur la ligne courbe.Il y a un côté labyrinthique (des portes cachées etc.). L’espace est démultiplié par l’aménagement de la ville. Il y a des bâtiments annexes, comme la cuisine. Jamais de vue d’ensemble !!Le jardin est très vaste. Il y a des pièces d’eau (conçues par des Liégeois).Les grandes caractéristiques du baroque se retrouvent aussi au palais de Versailles.Le classicisme ne s’impose que progressivement avec les transformations et agrandissement de Versailles par Jules Hardouin-Mansart (galerie des Glaces, le grand Trianon, la Chapelle). Hardouin-Mansart a réalisé la Chapelle royale Sainte-Louis-des-Invalides.Les Jardins de Versailles furent réalisés par Le Nôtre.

Louis XIV visitant la manufacture des Gobelins – Charles Le Brun (75)Il s’agit d’une tapisserie issue de la manufacture des Gobelins. Il représente Louis XIV visitant la manufacture des Gobelins sous la conduite de Charles Le Brun.Cette tapisserie résume le centralisme de la production artistique.Louis XIV veut apparaitre comme un chef de guerre. Le style Louis XIV est caractérisé par des formes de tentes militaires, de boucliers.Il s’agit d’une scène pacifique (exception). Des éléments de l’iconographie militaire sont tout de même présents : des artisans rassemblent des objets = le partage des butins. On retrouve l’exaltation baroque et un apparent désordre.

56

Page 57: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Georges De La Tour – Marie-Madeleine repentante (76)Ce peintre a été oublié jusqu’en 1950. En effet, ses tableaux étaient anonymes. Il n’est pas français : il vit à Nancy, en Lorraine, indépendante à l’époque. Artiste caravagesque.Ce tableau est une peinture teintée de caravagisme, dont on observe les différentes caractéristiques : - le clair-obscur, de décor dépouillé, les objets réalistes représentés

sur la table. Ce sont des objets de torture. Elle se punit pour atteindre la spiritualité.

- Crucifix ~ Corbeille de fruitsLe thème ici est la repentance (thème de la contre-réforme). Le personnage médite sur la vie (crâne symbole de la vanité – Corde serrant sa taille pour représenter la souffrance – des livres pour

apprendre).Il y a une lampe à huile : à elle seule, elle ne peut pas illuminer le personnage. Mais il y a une certaine perversité car on pense à une logique dans la lumière (dans les autres peintures, il n’y avait pas de sources lumineuses).Le personnage est synthétique : il n’y a pas de plis dans les vêtements, les cheveux forment une masse, la silhouette est fort dépouillée. Il y a une idéalisation de la figure.

Nicolas Poussin – L’inspiration du poète (77)Il est le créateur d’un art spécifiquement français.Il a fait sa formation et toute sa carrière en Italie.« L’inspiration d’un poète » met en scène un poète. Les autres personnages sont Apollon (Dieu des Arts et des Sciences), une muse et un angelot (messager des dieux). Apollon pose son doigt sur le cahier du poète : il semble lui dicter quelque chose. Le poète, docile, se voit alors couronné de laurier. Le clair-obscur a disparu. Tout est stable, organisé. Des

formes triangulaires se dessinent. La couleur est structurée par le dessin. Il n’y a pas de réalisme ou de populisme. Il prend le contre-pied du baroque. Cette spécificité vient du fait qu’il ait été formé en Italie. >< Caravage

IDEALISME

57

Page 58: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Nicolas Poussin – L’hiver ou le déluge (78) Cette peinture fait partie d’un ensemble de quarte peintures représentant les saisons. Ici, le déluge est représenté par l’arche de Noé et symbolise l’hiver. Il y a de la violence, des tensions représentées par une chute d’eau, des arbres morts, des rochers déchiquetés. Cela renforce le côté dramaturgique (élément baroque).

TRAGEDIE

Claude Lorrain – Paysage avec saint Georges (79)Il est présent sous trois appellations : Claude Gellée en Italie, Claude en Angleterre et Claude le Lorrain en France.Il est lorrain, pas français. A 12 ans, il est parti faire son écolage en Italie, où il fera sa vie. Il a eu du succès en France. Il avait d’ailleurs un livre de vérité, contenant une miniature de tous ses tableaux pour

pouvoir les authentifier. Il était le plus grand paysagiste mais pas le plus novateur. Cette peinture représente Saint Georges terrassant un dragon. Il s’agit donc d’un paysage dans lequel il y a une histoire. Mais étant en Italie, il ne pouvait pas faire des paysages purs comme la Hollande qui était en avance.Un suisse a analysé l’ensemble de sa production. Il a remarqué que les peintures étaient conçues par paires, que les histoires étaient complémentaires. Un épisode de la Bible était ainsi rapproché à un épisode de la mythologie. Cela se décidait lors des commandes. C’est toujours le même schéma qui est proposé :- Un rideau végétal à l’avant plan- Des éléments verticaux (arbres ou architecture)- La présence de l’eau (torrent, lac, rivière)- Un arrière-plan fortement marqué (horizontal ou accidenté par une montagne)Les choses changent en fonction du sujet. Ici, il a représenté le combat de Saint Georges contre le dragon. Il y a des ronces (agressivité). Il n’y a pas d’architecture (au lointain si), rien de civilisé. Il y a des arbres puissants mais brisés : ils ont subi une force. L’eau est en mouvement (torrent). Le paysage est déchiqueté, il n’est pas apaisé. Il y a une sorte de mise en scène (cf. la théâtralité baroque). A gauche, il y a des personnages qui s’enfuient. Un muret les sépare de la scène. Ils s’assoient et regardent la scène comme un spectacle. Nous aussi, nous avons un statut de spectateur, séparés de la scène par le buisson à l’avant plan).

58

Page 59: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Philippe de Champaigne – Ex-voto (80)Il est né à Bruxelles. Mais il est le peintre officiel de la cour, portraitiste de Louis XIII. Il a réalisé plusieurs portraits de Richelieu. Il va quitter volontairement ses fonctions officielles.Il se mettra au service du Jansénisme, courant de l’Eglise catholique française. Le noyau du Jansénisme se trouvait au Couvent de Port Royal – Paris, et attirait du monde – Racine, Pascal. La doctrine janséniste prônait la croyance de la prédestination – l’homme naît damné ou sauvé – le salut se manifeste par la réussie

sociale, la vertu morale, la réussite économique. Cette doctrine sera réprimée par l’Eglise et le pouvoir politique, mais sera aussi défendue par l’Eglise Protestante. Le jansénisme est un instrument de critique contre la cour française (monde de débauche) car il met en avant la valeur morale. Le jansénisme sera interdit et le couvent fermé.

Portrait religieux (hors champ aristocratique). Il veut délivrer un message : c’est un art d’opposition au pouvoir. Ces deux religieuses appartiennent au couvent de Port-Royal. Elles sont dépouillées de bien matériels.On voit la fille du peintre, atteinte par la maladie, et une religieuse plus âgée. Un bonheur tranquille émane d’elles : elles sont touchées par la grâce. Elles sont des exemples.Il n’y a pas de coup de théâtre mais le clair-obscur est présent, semblant émaner des deux personnages. Le réalisme est évoqué par la maladie et la religion. Le caravagisme est ici utilisé à des fins de propagandes.

Louis Le Nain – Paysans devant une ferme / A la ferme (81)Les frères LE NAIN pratiquaient la scène de genre (scènes anecdotiques,…) qui occupait le bas de l’échelle dans la hiérarchie picturale. Les peintres travaillaient généralement pour la bourgeoisie.De nombreux tableaux furent consacrés au monde rural.Ce tableau est sobre. Le fond est presque non travaillé. La botte de foin semble avoir été réalisée rapidement en quelques coups de pinceau. On a l’impression d’un problème de cadrage : au centre, il y a du décor, un grand

vide séparant deux groupes de personnages. C’est une sorte de prise sur le vif du monde paysan.Mais ce tableau est une construction et il délivre un message.La mère portant son bébé nous regarde. Son sourire évoque une force intérieure. C’est une image très valorisante du monde paysan.Les enfants ont une position très importante alors qu’à l’époque ils ne comptaient pas vraiment.C’est une femme qui tient le rôle principal, pas un père de famille, alors qu’elle était considérée comme inférieure à l’époque. Ce qui ne compte pas normalement est donc valorisé.Il y a un ordre de lecture pour ce tableau. Il représente des Ages de la Vie (Cycle). En bas à droite, il y a un bébé. Un peu plus haut, une groupe d’enfants et puis des adolescents (dont un qui garde la basse-cour). La jeune femme recommence le cycle. Cette idée de cycle est soulignée par la présence de roues de charrettes.

59

Page 60: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Il y a une sorte de mise en scène mais rien de dramatique.

Chapitre 4   : le 18 ème siècle.

C’est l’époque du classicisme, du baroque et du style rococo. C’est le siècle maudit en Histoire de l’Art, il fut négligé, décrié. On lui reproche d’avoir créé un art superficiel, sans messages, sans causes. On dit même que c’est un siècle d’amoralité, d’athéisme, avec des artistes comme le marquis de Sade et Voltaire. C’est le siècle de l’art féminin. Le style Louis XV sera d’ailleurs surnommé « le style Pompadour », pour dire que c’est un siècle sans virilité.La France est le pays qui fait «l’effet» des différents courants artistiques, elle représente une sorte d’autorité culturelle ; c’est elle qui oriente les goûts esthétiques.Mais la Révolution française (1789 Fin de l’Ancien Régime) sera un engagement, un combat  ; les artistes servent une cause politique. La critique a caricaturé la production artistique du 18 e alors qu’il y a eu une très grande variété du point de vue stylistique, alors que le 17e était fort homogène.Le style rococo correspond au règne de Louis XV.Quatre styles vont se développer et cohabiter :- Le baroque perdure (en Italie et en Autriche, il n’y aura que du baroque)- Le rococo se développe sur une trentaine d’années- Le néo-classicisme- Le romantisme.Ces deux derniers sont engagés sur le plan politique.Le rococo a deux tendances :- Une tendance aristocratique qui touche à l’érotisme- Un style bourgeois.Une polémique interne se développe.Le 18e siècle n’est pas un siècle athée : les églises allemandes utiliseront le style rococo, rendant la spiritualité possible.Les artistes connaissances des périodes différentes dans leur production. L’artiste est complexe.

60

Page 61: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

L’Italie

Venise est au sommet de la création artistique, un lieu de passage obligatoire pour les élites. Elle est le premier foyer de l’activité touristique. La clientèle fortunée (touristes ; surtout les étrangers anglais qui lancent cette mode du voyage) ramène des souvenirs de luxe dans leur pays. Il s’agit d’un art commercial.Le paysage et la scène de genre sont les genres importants vu que cette peinture de Venise est essentiellement orientée vers le souvenir (c.-à-d. une Venise pittoresque appréciée des touristes).La production vénitienne est aussi très diverse.

Canaletto - Le Grand Canal vu de la ca’ Foscari’ (82)Le paysage tient du genre commercial ; c’est ce qui a fait le succès de Canaletto.C’est un paysage pur (architecture, gondoles).C’est une peinture qui ne fait que reproduire des éléments de la réalité (exactitude extraordinaire) ; on veut ramener un souvenir de quelque chose qu’on a pu voir. La nostalgie se dégage, renforcée par les couleurs passées. Il n’y a pas de message politique à faire passer. La couleur est l’élément

premier : plus on avance, plus le sujet est de moins en moins importants au profit de la couleur. Il y a une idée d’homogénéité entre le gris de l’eau et le gris du ciel.

FLOU ARTISTIQUE

Guardi - Gondole sur la lagune (83)Il est le concurrent de Canaletto. C’est un petit maître qui a été réhabilité au titre de grand peintre vénitien.Il y a très peu de détails : l’architecture est projetée à l’arrière.Il n’y a plus de perspective mais la peinture est traitée en surface par la couleur. Il y a une solidarité entre la mer et le ciel (leurs gris se confondent). Le sujet se dissout au profit de la couleur.

Démolition de la perspective pour mettre en valeur la surface du tableau.

Piranèse - Les prisons (84)

61

Page 62: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

C’est un graveur vénitien (la gravure était un art de diffusion mais un art mineur).Il a fait des gravures de reproduction (de peintures, de paysages, de scènes, de motifs de décoration, des vues de Rome). Mais il y a des exceptions, avec des gravures d’invention : il est peintre et graveur en même temps.Il s’installe à Rome et propose des images reproduisant des bâtiments romains. Mais il ne reproduit pas les proportions exactes de ces bâtiments. Les personnages sont minuscules par rapport à l’architecture.Il compose des séries de gravures, comme les Prisons (totalement imaginaire). On quitte le domaine de la réalité. Ces prisons évoquent des labyrinthes (passerelles, escaliers, couloirs,…). Il y a une allégorie désenchantée de la position humaine dans le monde.Pré- romantisme, de pré- surréalisme. Ces prisons sont loin de la

frivolité du rococo.

Tiepolo – L’investiture d’Herold Résidence de Würzbourg (85)C’est un spécialiste de la peinture murale. Il intervient en Espagne, en Allemagne. C’est la relève

du style rococo. On retrouve des caractéristiques du style rococo dans la fresque, utilisée pour la décoration d’une salle dans un palais.Pour réaliser une fresque, le peintre doit travailler rapidement sur un fond humide. Une réaction chimique s’opère : cela produit une couche vitrifiée en surface. Le nombre de pigments utilisables est réduit. Généralement, les détails ne sont pas fignolés mais ce peintre a surmonté ces obstacles, d’où sa réputation.Cette peinture mélange tous les genres :- La sculpture : l’angelot, les tentures en relief- L’architecture : la corniche (elle semble se prolonger dans

l’escalier peint), le chien, la lance qui « débordent ».On ne voit pas très bien la limite entre les différentes disciplines. Il réconcilie et confond quelque chose que l’on sépare. Cette réunification se fait par le blanc (résultat de la fusion entre

différentes ondes lumineuses).

62

Page 63: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

La France

Lors de la révolution française, de grands intellectuels (comme Voltaire ou Diderot) se charge de la propagande de l’art français par la critique d’art. Ils conseillent des étrangers pour qu’ils achètent des œuvres françaises.Il y a un pôle aristocratique et un pôle bourgeois en art. Ces intellectuels sont les défenseurs d’une vision bourgeoise de l’art. L’aristocratie va se mettre à acheter ces tableaux : il y a un renversement dans la hiérarchie.

Jean-Antoine Watteau – L’embarquement pour Cythère (86)Il s’agit d’un sous-genre : la fête galante. Il s’agit d’une peinture érotique qui réunit des jeunes gens, des coupes dans des lieux naturels. La dominante érotique est une caractéristique de l’art aristocratique à Venise. C’est une scène de genre, une peinture qui se rapproche de la scène anecdotique (par opposition à la scène historique). Ce genre de peinture est qualifiée de peinture superficielle et sans valeurs. Mais elle a une profondeur.

Cythère est l’île de l’amour dans la mythologie grecque. Cette peinture est un hymne à l’amour. Les personnages portent des vêtements contemporains. On voit trois couples aux mouvements successifs : - Le jeune homme est agenouillé près de la jeune femme, comme pour l’inciter à partir avec lui.- Le jeune homme est debout et semble aider la jeune femme à se lever.- Le jeune homme entraine la jeune femme.Il y a une tonalité de l’ensemble : les couleurs de l’automne donnent une impression de quelque chose de fané, de passé.Il y a un grand vide, une marque de séparation qui sépare le spectateur de la scène. Des personnages s’éloignent et nous tournent le dos. Cela dégage de la mélancolie. Cette île n’est pas un paradis terrestre (montagne etc.). Cette peinture montre la mélancolie sur ce qu’est le plaisir fugace de la vie.

Jean Honoré Fragonard – Les hasards heureux de l’escarpolette (87)C’est un tableau lié au badinage, au marivaudage, et érotique. On y voit une jeune femme sur une balançoire balancée par un vieil homme. Un jeune homme, dans une position avantagée, lui fait la cour. Cela s’oppose à la végétation envahissante, qui introduit le trouble.A cette époque, les artistes connaissent plusieurs phases dans leur production. Fragonard a évolué en trois phases : 1) Il peint une femme frivole.2) Il peint la femme comme une mère de famille (cf. peinture

bourgeoise).3) Il peint des tableaux sérieux, inspirés.

63

Page 64: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Jean Honoré Fragonard – L’inspiration (88) Autoportrait.Source de son inspiration non indiquée. Un effet mystique est évoqué par le clair-obscur. La lumière vient de l’extérieur ou émane du peintre. Le peintre est rongé de l’intérieur. Il souffre, ce qui est typique du romantisme. Faire pictural mis en avant (coups de pinceaux) Plus large ouverture !!

François Boucher – La toilette de Vénus (89)Il est le peintre officiel de Louis XV. Il a été directeur d’une académie de peinture, de la coordination des manufactures officielles, …Sujets érotiques.Peintre d’histoire mais intègre des paysans dans des représentations de la cour.Ce tableau représente un sujet mythologique mais il a aussi réalisé des peintures évoquant l’amour des paysans (modification dans les rapports sociaux).Travail minutieux.

Jean-Baptiste Greuze – La cruche cassée (90)Il propose une peinture de valeurs bourgeoises (travail, éthique, économie). Il montre des gens comme tout le monde pour que tout le monde puisse s’y identifier. Les paysans sont dotés de toutes les vertus. Dans cette peinture, la jeune fille paysanne devait aller chercher de l’eau mais elle a laissé tomber sa cruche. L’insouciance est condamnée. Ses vêtements désordonnés sous-entendent qu’elle a été distraite par un épisode amoureux. Le paysan évoqué ici est plutôt un fantasme du public du peintre. Il s’agit d’une peinture bourgeoise qui va vers une sensualité aristocratique.

IDEALISATION

64

Page 65: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Chardin – Le bénédicité ou madame Chardin et ses enfants (91)Chardin n’a pratiquement représenté que son intérieur : il se concentre donc sur des choses proches, assimilées. Il représente ici la scène du bénédicité : une femme fait dire la prière à ses deux filles.Il y a un message particulier : la jeune femme s’occupe à la fois des besoins matériels de sa famille (repas) mais aussi de l’éducation. Cette femme est séduisante, élégante mais cela n’a rien à voir avec de beaux vêtements. Ça émane d’elle (cf. les religieuses de Port Royal).L’intérieur n’est pas un intérieur pauvre (fauteuil) mais il n’y a pas non plus de luxe. Les enfants sont authentiques : une des fillettes tapait sur un tambour.Remarquons la place du couvert qui déborde de la table : c’est un

clin d’œil au Caravage. > déséquilibreClair-obscur & mise en scène

65

Page 66: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

L’Angleterre

En Angleterre, il y a deux groupes : la noblesse anglaise et la bourgeoisie (><France où la bourgeoisie fait partie du tiers état). En Angleterre, la bourgeoisie est devenue une classe dominante sans révolution. Il y a deux parlements : la chambre des Lords et la chambre des communes. Cette dernière est devenue la première : les bourgeois payent des impôts et peuvent gérer leur argent. Ils ont du pouvoir mais sont en concurrence avec l’aristocratie. La peinture bourgeoise attaque l’aristocratie. C’est un art au service d’un combat (ils veulent avoir plus de voix etc.). Les artistes sont à l’origine de la caricature politique.

William Hogarth – Le mariage à la mode, après le mariage (92)Ses gravures sont satyriques et moralisatrices. C’est très didactique. Cette peinture attaque les nobles. Cette peinture, « après le mariage », fait partie d’une série de 6 peintures appelée « Le mariage à la mode ». La peinture parle d’un mariage d’argent. Elle dénonce la corruption de l’aristocratie. Elle sert aussi d’avertissement pour les bourgeois qui voudraient devenir aristocrates. Après le mariage, les deux jeunes gens ne sont pas partis ensemble. L’histoire dit que le jeune homme a tué l’amant et que la jeune femme s’est ensuite suicidée.

On voit la jeune femme s’étirer et le mari se laisser aller. Le chien, symbole de la fidélité, renifle ce qu’il y a dans la poche du marié ‘sous-vêtements). Le comptable s’en va, une pile de factures à la main (cf. c’est un mariage d’argent).

PEINTURE INSTRUMENTALE

John Hoppner – La comtesse d’Oxford (93)Production locale, ils réalisent des portraits.Sur le portait de la comtesse d’Oxford, rien n’indique son statut, son rang. L’ambiance du tableau est liée au paysage, au ciel. C’est un paysage sombre qui souligne la tristesse qui se dégage du personnage. Le portrait est individualisé : cela fait partie des valeurs que développe la bourgeoisie et qui s’étendent partout dans la société.

66

Page 67: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Résumé   : les grands courants

Le classicismeIl respecte un ensemble de règle et a traversé toutes les époques : l’antiquité, le Moyen Age, la Renaissance, le 18ème siècle (néo-classicisme).Il correspond à une recherche d’équilibre par :

la construction : il faut trouver un juste équilibre entre ce qui porte et ce qui est porté. Il y a un équilibre entre le vertical et l’horizontal, entre l’ombre et la lumière. Cet équilibre n’est pas réel. C’est une mise en scène de l’architecture qui vise un effet visuel d’équilibre.

la gestion de l’espace, avec une forme circulaire. Il y a une unité spatiale, appréciable géographiquement quand on est au centre

Jacques Ange Gabriel – Le petit Trianon à Versailles (95)Il s’agit de néo-classicisme. C’est un bâtiment de plan carré. La façade est basse. Il y a un équilibre entre porteur et porté et les colonnes apportent de l’ombre.- - Unité centrée- - Rationalité (bâtiment carré)- => ESTHETIQUE DU COMPROMIS => EQUILIBRE

Le baroqueEn ce qui concerne la gestion spatiale, l’espace est démultiplié. L’individu est dépassé, il n’a jamais une vue d’ensemble.La tension est accentuée (on a l’impression d’une chute).Contradiction avec le Classicisme.

Le Bernin – Entrée du palais du Quirinal, Rome (97)Les deux colonnes ont l’air très fortes. C’est le chapiteau qui supporte le fronton. Zone d’ombre entre les chapiteaux > étroitesse > fragilitéCourbe non complète > fronton brisé > déséquilibrePersonnages alourdissant + inconfort (glissement)Morceau manquant du fronton. C’est un motif qui a l’air de ne pas avoir tenu le coup, ce qui explicite les tensions. Visuellement, on est incapable de saisir la logique des choses.Le plan est un ovale, ce qui accentue la dualité.

67

Page 68: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Saint Charles aux 4 fontainesSe déplacer pour voir toute la façade. Apparence constructive :

Colonnes bas = colonnes haut mais doivent supporter des poids différents > déséquilibreMédaillon ovale basculant vers l’avant > déséquilibreRelief (ombres) > contraste

Couple : caissons écrasés > point de rupture > ombre/lumière // clair-obscur

Place St PierrePlacée dans le circuit de la villeForme elliptique

Apparence constructive Gestion de l’espace

Classicisme Equilibre UnitéBaroque Déséquilibre ombre/lumière –

horizontal/verticalMultiples espaces

Rococo Brouillage par la déco et la forme Multiples espaces formant un tout

68

Page 69: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Le rococoLe rococo est né en France. Il fait comme s’il n’y avait pas de problèmes de construction.

a) Apparence constructive

Germain Boffrand – Salon de l’hôtel de Soubise, Paris (99)C’est aujourd’hui un des sièges des archives nationales en France.

La décoration est très concentrée au point de contact entre ce qui porte et ce qui est porté. On se demande où commence le plafond et où se termine le mur. Il y a un passage insensible entre les deux. Cela est rassurant car ça ressemble à un cocon.Ce n’est pas de la déco pour elle-même.

Description difficile et longue > défie le langage et les éléments de tension !

La décoration défie la description : - Les murs et le plafond sont incurvés> Pas de démarcation entre porteur et porté- Lumière blanche contient toutes les couleurs unifiées qui ne peuvent plus contraster> Confusion par la fusion

La surface blanche est dominante dans le rococo (mélange de toutes les couleurs non distinguées) => PAS DE CONTRASTE

69

Page 70: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

2) Gestion de l’espaceArchitecture religieuse (églises monumentales en milieu rural, église de pèlerinages qui accueillent donc des citadins) en Bavière.

Les frères Zimmermann – Eglise de Steinhausen, vue extérieure (100)Elle est destinée aux gens de la ville qui viennent y faire des pèlerinages. Elle est discrète de l’extérieur. Esthétique à l’intérieur, l’extérieur ne distingue pas le style du bâtiment. L’intérieur et l’extérieur ne correspondent pas (architecture concave) >< place St Pierre (=baroque)

Intérieur : Une forme elliptique > œuf > esthétique de cocon du rococo > impression de protection notamment en ignorant les problèmes soulevés par le classicisme et le baroque. Bain de lumière et de blancheur > émerveillement> Confusion : comment se repérer : tout se confond

Pas de déco partout (parties élevées)Voute : couleurs, motifs déco < contraste !! déco n’est pas un but en soi ! Choc entre ce qui pèse et ce qui porte.Peinture : pas de distinction de l’ellipse car contour fantaisiste (pas de géométrie)Indistinction entre la sculpture et la peinture (balustrades) ~ peinture en relief ! Sculptures de bergers qui semblent « sortir » de la peinture. > Brouillage de la perception> Unité perceptible mais qui ne peut être rationnalisée

Les frères Zimmermann – plan de l’église de Steinhausen (102)La forme elliptique est complète. Une unité transparait. Ça ressemble à un œuf.

Les frères Zimmermann – Eglise de Steinhausen, vue de la nef centrale (103)On a une impression d’unité mais on ne sait pas dire de quelle forme il s’agit. La décoration est très concentrée, ce qui brouille les pistes. La rationalité est défiée. Tout est en blanc, tout se confond (le blanc confond toutes les couleurs de l’arc-en-ciel). Il n’y a plus de conflits.

Les frères Zimmermann – Eglise de Steinhausen, vue de la voute (105)Tout nous détourne de l’ellipse. Ce qui est sculpté (balustrades) s’entremêle avec ce qui est peint (le parc). Ici encore, il n’y a pas de conflits.

70

Page 71: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Neumann – Plan de l’église des 14-Saints-Intercesseurs (Vierzehnheiligen) (101)

Le plan est en forme de croix. En ce qui concerne le découpage intérieur, les colonnes ne sont pas alignées. Il y a trois ellipses. Le chœur aussi est une ellipse. On ne voit pas ces courbes à l’extérieur.Eglise de pèlerinage Plan traditionnel (en croix) + éléments horizontaux prédominants

Extérieur : Escaliers extérieur > elliptique

Intérieur :3 couloirs centraux et 2 couloirs latéraux séparées par des colonnes supportant les voutes et séparant les nefs.Les colonnes ne sont pas alignées ! On passe de fragments en fragments d’ellipses jusqu’au cœur.Ellipse (figure baroque) mais unité car les ellipses s’interpénètrent sans cesse > unité irrationnelle. Les espaces sont reliés entre eux (esthétique de l’osmose).Murs courbés >< extérieur : murs droits !

Tiepolo – Plafond de la salle impériale de la Résidence de Würzbourg (107)La forme est vaguement ovale. L’espace entre la voute et le mur est brouillé par la décoration. Le blanc est présent. La peinture va vers la sculpture (nuages). On ne sait plus très bien dans quel espace on se trouve (peinture ou sculpture). C’est la négation de la tension architecturale. L’espace est une unité irrationnelle, affective. Il n’est ni géométrique, ni centré.Ellipse + voute

Encadrement :- irrégulier, ne permet pas de distinguer l’ellipse- Présence de blanc – couleurs laiteuses> Point de rencontre entre la voute et les murs- isoler l’espace de ce qui est représenté > distinction entre ce qui est à l’intérieur et ce qui est hors-cadreOn dirait qu’il n’existe que pour que la peinture en déborde (ex : nuages, voile bleu, …)- L’encadrement qui discrimine est mis hors-jeu : nuages deviennent réalité> Frontière entre fiction et réel remise en question> Imaginaire pour réalité > rassurant !

71

Page 72: !Histoire de L_art Syllabus Pirate!

Examen 1) question de synthèse – en travers du cours (point de vue géographique)2) identification d’illustrations – auteur, situation dans la (sous-) période + justification

72