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Histoire, mystère, sacrements Daniélou · 2015-09-15 · centenaire de la naissance du cardinal Jean Daniélou, je tiens à m’associer à vous par la prière, ainsi qu’aux membres

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  • Histoire,mystère,sacrementsL‘initiationchrétiennedansl’œuvredeJean

    Daniélou

  • GuillaumeDerville

    HISTOIRE,MYSTÈRE,

    SACREMENTS

    L‘INITIATIONCHRÉTIENNEDANSL‘ŒUVREDEJEANDANIÉLOU

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  • contemporaine est « la découverte de la valeur dulangagemétaphoriqueetsymbolique1.»L’intuition de la récurrence des mêmes gestes de

    DieusousdifférentsmodesamèneDaniélouàidentifiercequ’ilappelleles«mœursdeDieu».Cesmœurs,quisont lamarquedeDieumaisaussicellede l’unitédel’histoire, centrée sur le Christ et lisible en quelquesortedansl’Écriture,sontdoncmisenévidencedanslechapitre II. Puis, une fois cernée, au chapitre III, lanotiondesacrementsenrapportaumystèrepaulinien,il s’agira de voir s’il est possible de systématiser lapensée de Daniélou autour de chacun des troissacrements de l’initiation chrétienne. Cette tentativesuitàchaquefoislamêmeapproche,endeuxtemps.Lepremierconsisteàvérifiersidanslebaptême,la

    confirmation et l’eucharistie les mœurs de Dieu serépètent suivant les cinq catégories identifiées parDaniélou : création, libération, alliance, jugement etdemeure.Ledeuxièmetempsfaitl’objetdedeuxperspectives

    dans le cadre de la divinisation de l’homme par lagrâce : d’une part dans l’union mystérieuse à lapersonne du Christ, qui se réalise dans chaquesacrement,de l’autreparuneparticipationnouvelleàchacundesmystèresde savie.Au fil du chapitre IV,surlebaptêmeetlaconfirmation,etduchapitreV,surl’eucharistie, l’on interrogera Daniélou : souvent, ce

  • sont les Pères qui établissent ces rapprochementssuggestifs;parfois,c’estDaniéloului-même,toujoursdans l’esprit qui paraît si spontanément biblique etpatristiquedesapensée.Patristique?Lacatéchèsequiprépare à la réception des sacrements enseigne cequ’est le dessein de Dieu, révélé par grâce dans leChristetdoncliéàl’économiedusalut.C’estdoncàlacatéchèse sacramentaire des Pères queDaniélou s’estparticulièrement attaché. Comme l’a dit Rondeau,Daniélouremet«envaleurdestextesquin’étaientpasjusqu’alorslesplusétudiésdelalittératurepatristique,et auxquels on songeait plutôt à demander desrenseignements sur les rites qu’une théologie del’histoire1».L’histoireestpourDaniéloulelieudelaréalisation

    d’unplandivin,ce«mystère»dontparlel’épîtreauxÉphésiens. Ainsi est mystique ce qui est relatif aumystère chrétien, c’est-à-dire au plan divin du salutqui,parleChrist,s’opèredansl’histoire;unehistoire«mystique»,lieudelaréalisationdumystère.Orl’Écrituredonnebiencetteclédel’histoiredont

    Daniélounecessedechercherlescontoursexacts,elleest la parole qui annonce et proclame la Paroleincarnée,Verbe présent et donné dans les sacrements,Verbe présent au commencement et attendu dans sonavènement. Voilà pourquoi les premiers mots de cetouvrage devaient être ceux de la Genèse : « Au

  • commencement Dieu créa le ciel et la terre », voilàpourquoilesdernièreslignesreprennentl’exclamationqui clôt l’Apocalypse : « Marana tha. Amen, viensSeigneurJésus.»

    Avertissementsetremerciements

    Le parcours de la route ainsi tracée suppose laconnaissance de tous les écrits théologiques deDaniélou, qui constituent les sources et donnent sontitreaupremierchapitre.Ellesenglobentpratiquementtous les livres de Daniélou ainsi que ses articles lesplus significatifs ; l’entreprise était d’autant plusnécessaire que l’auteur n’a pas laissé une somme dethéologie systématiquement ordonnée. Il me sembleessentield’indiquericiquec’estprécisémentunesortede systématisation de la pensée de Daniélou surl’histoireet les sacrementsque jeveux tâcherd’offriraulecteur.Jem’empressed’ajouterquecettetentativeestconstammentaccompagnéed’uneffortpourlaisserparlerDaniélou;lalecturedespagesquisuiventetlesexplications qu’apportent à ce sujet la conclusion del’ouvrage justifient, me semble-t-il, les raisons de cechoix.Par ailleurs, la littérature secondaire du corpus

    méritait un détour : il s’agit des écrits publiés à

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  • Daniélou aura été l’un de ces serviteurs fidèles etavisésque leMaîtreestheureuxde trouveréveillésàsonretour.Sescompétencesmultiples,sadisponibilitépastorale, son sens de l’Église lui méritaientl’hommage public qui lui est aujourd’hui rendu.Souhaitant que de nombreux disciples sachenttransmettre ce qu’ils ont reçu de lui, le Saint Pèreaccorde volontiers sa bénédiction apostolique à tousceux qui vous entourent lors de cette messed’intercessionetd’actiondegrâce1.»Ainsi la vie de Jean Daniélou réunit-elle des

    conditions exceptionnelles à l’épanouissement d’unepensée : l’accès facilité par son père au mondepolitique,parsamèreaumondelittéraire,notammentcatholique;sonélanapostolique;l’étudedesPèresdel’Église ; l’intérêt pour l’œcuménisme et pour lesreligions non-chrétiennes ; l’approfondissement desrites liturgiques ; le long et intense accompagnementspirituel d’un mouvement apostolique comme ladirection de nombreuses âmes1 ; la fréquentation dethéologiensdèsFourvièreetjusqu’auConcile;autantde ferments d’une théologie renouvelée dans l’unitéd’une pensée, d’une spiritualité et d’une vie2 : cellesd’un«hommelibre»,«vraichrétien1».Comment terminer ces lignes sans reproduire ici le

    message de Benoît XVI au cardinal Jean-Marie

  • Lustigeràl’occasionducentenairedelanaissancedeJeanDaniélou?«Alorsquevousprésidezunemesseàl’occasiondu

    centenairede lanaissanceducardinal JeanDaniélou,jetiensàm’associeràvousparlaprière,ainsiqu’auxmembresdelaSociétédesamisducardinalDaniélou,aux prêtres et à toutes les personnes qui vousentourent,rendantgrâcepourlamissionaccomplieparceserviteurduChristetdesonÉglise.Commentnepasévoquerlafiguredecethéologiendela Compagnie de Jésus, passionné par le service del’ÉgliseetpétriparladoctrinedesPèresdel’Église?Seslecturesdel’Écrituresaintemanifestaientsahauteculture théologique et sa profonde spiritualité ; ellesont marqué en particulier des générationsd’universitaires. Son souci de la vérité et sondynamismemissionnaire invitentnoscontemporainsàannoncerl’Évangiledanslemondedelacultureetdela science, en déployant toutes les ressources de laraison et de l’intelligence, en demeurant fixés sur leChrist,quiestlechemin,lavéritéetlavie.Bienavantl’ouverture du deuxième concile du Vatican par lebienheureux pape Jean XXIII, le père Daniélouénonçait l’impérieuse nécessité pour l’Église deprendreunepartactivedansledialogueaveclemondecontemporain, où il était urgent de faire résonner lemessage du Christ auquel il avait voué toute sa vie

  • sacerdotale.Évoquer le cardinal Daniélou, c’est aussi évoquer samère, Madame Madeleine Daniélou, qui, avec sonprofondsenspédagogique,fitdécouvriràl’enfantqu’ilétaitalorslesmagnaliaDei,l’aidantàsetournerversDieu. Elle fonda la communauté apostolique Saint-François-Xavier de femmes consacrées à Dieu pouraccompagner les jeunes dans leur croissanceintellectuelle,humaineetspirituelle.Invoquant sur vous et sur toutes les personnesrassemblées en cette circonstance l’intercession deNotre-Dame, Trône de la Sagesse, je vous accorde àtousuneaffectueusebénédictionapostolique.

    DuVatican,le20mai2005BenedictusPPXVI2»

    Aperçudel’œuvrethéologiquedeJeanDaniélou

    L’introduction générale de cette étude laisseentrevoir les grands traits de la pensée deDaniélou :elleestexpriméedansdesouvragesetdansdesarticlesdont la nature mérite ici un exposé succinct, quirenvoie, pour plus de détails, à la bibliographieraisonnée qui figure en annexe I. Celle-ci contientégalement une description des études effectuées sur

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  • Évocationschématiquedequelquesauteursderéférence

    Si l’on voulait évoquer, ne fût-ce quesommairement, les influences qui jouèrent sur lapensée de Jean Daniélou – et notre propos estbeaucoupplusmodeste–on serait amenéàdiscernernonseulementlamarqueévidentedelaπαιδείαdesontemps4,maisaussicelledesaformationjésuiteetdelamystique ignacienne : ce sont, après saint Ignace etaprès JérômeNadal5, à des degrés divers les grandesfiguresd’AugusteValensin1,LéoncedeGrandmaison2,Jules Lebreton3, Yves de Montcheuil1 et GastonFessard2.Maisc’estd’abord la lumièredespèresde l’Église

    retrouvée, et pour ainsi dire ressortie de dessous leboisseau,quiéclaireDaniélouetsapensée,imprégnée,comme son enseignement scientifique et pastoral, dethéologiebibliqueetpatristique.Ilfaudraitmentionnerd’abord les premiers écrivains chrétiens, avantd’évoquerquelquesgrandsauteursspirituelsdupassé,pour mesurer ensuite, dans leurs grandes lignes, lesincidenceslesplussignificatives,chezDaniélou,delaviedel’espritauXXesiècle,spécialementenFranceetenAllemagne.Ils’agitdelalittératuredethéologiensou d’auteurs spirituels contemporains, qu’ils soient

  • dans la ligne catholique, dans l’horizon protestant oudans celui de l’orthodoxie, puis la pensée d’écrivainscontemporains,enfincelledequelquesphilosophes.Uneremarques’imposetoutefoisd’emblée:l’enjeu

    quereprésenteraituneapprocheexhaustive,etsurtoutpondérée, des influences sur la pensée de JeanDaniélou, dépasse largement le cadre et la fin de laprésente recherche. Sans prétendre donc traiter laquestion des influences, on se bornera à évoquerquelques noms, quelques œuvres aussi, en laissantsurtout parler Daniélou. Nulle prétention ici àidentifier de manière stricte les intercesseurs, lesinterlocuteurs, les contradicteurs. Frei offre 54 pagesdebibliographiedesœuvrescitéesoumentionnéesparDaniélou dans ses propres écrits : c’est à elles qu’ilconviendradesereporterpourlesaspectsquantitatifs.–ÉcrivainschrétiensanciensS’il fallait citer quelques noms, sans hésiter une

    seconde on mentionnerait d’abord les Grecs,spécialementsaintGrégoiredeNysseetOrigène;puissaint Irénée de Lyon, pour sa vision de l’histoire1 ;ensuite peut-être saint Hilaire de Poitiers, et saintAmbroise2,pourlathéologiesacramentaire,maisaussisaintCyrilledeJérusalem3,ThéodoredeMopsuesteettous les autres auteurs de catéchèses baptismales. Sil’on rappelle à quel point ce dernier, et plus encore

  • Hilaire, « l’Athanase de l’Occident », ont reçul’impulsion et l’influence de la théologie grecque, onmesuremieuxàquelpointc’estellequiinspiresurtoutl’œuvredeDaniélou.Aufildeschapitressuivantscesécrivains anciens reviendront souvent. Signalons quesaint Augustin n’a chez lui qu’une importancesecondaire1.–Quelquesgrands auteurs spirituels et théologiens

    anciensSaintThomasd’Aquin,etplusencorelascolastique,

    ne manquent pas d’inspirer à Daniélou quelquesréticences,qu’ilévoquedanssesMémoires2.Daniélou cite volontiers les auteurs mystiques

    commeRuysbroeck1etTauler2.SaintBernard3,sainteThérèsed’Avila4 et saint Jeande laCroix,5 ainsi quesainte Catherine de Gênes6 et sainte Catherine deSienne7 reviennent, surtout dans ses premiers écritsspirituels, moins souvent sainte Thérèse de Lisieux1.Charles de Foucauld2 a pu influencer Daniélou tantdans sa vie intérieure que dans sa théologie de lamission3. Au chapitre suivant l’on s’arrêtera sur uneinfluenceparticulièreducardinalPierredeBérulle etdel’écolefrançaise.–ThéologiensetauteursdanslatraditioncatholiqueContrairement à cequecertainsontpudire,Pierre

    Teilhard de Chardin n’a pas eu d’influence

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  • missionnaireest-ellecelledesgrandesœuvresdeDieu.Pas de mission sans foi. Daniélou se sent chargé,justement, de défendre cette foi dans la crise de lasociété contemporaine. Il souffre de voir combien ladisparitiondelacivilisationchrétiennepeutnuireauxâmes.Ceux qui croient vraiment ne sont, à son sens,qu’unpetit nombre.Daniélou appellede sesvœux lacréation d’institutions chrétiennes et fait fi del’intellectualismestériledesonépoque.Autermedecechapitrepremier,ledécorestplanté:

    laissons les aperçus généraux pour suivre Daniéloudanssapenséesurl’histoiredusalut.

    1. Bibliographie sur Jean Daniélou : 1) Écritsautobiographiques.Etquiestmonprochain?Mémoires,Stock,Paris1974,253p.Carnetsspirituels,Cerf,Paris1993,407p.,recueilledestextesintimesdesannées1936-1957(vid.infrainII.). 2) Bulletin des amis du cardinal Daniélou, publiéannuellementdepuis1975(désormaisabrégé:«Bulletin»).3)PaulLebeausj,JeanDaniélou,Col.«Théologiensetspirituelscontemporains », Fleurus, Paris 1967, 162 p. (cité infra :Lebeau). 4) Jacques Chancel, Radioscopie, Robert Laffont,Paris 1970, 307 p. : les p. 36-55 recueillent son interview deDaniélouàRadioFrance; toutefois« lesproposeffectivementtenusparlecardinalDaniélousontremaniésdefaçonsensible.Laversionauthentiqueest laversionenregistrée, reproduiteenminicassette » (« Bulletin » 2 [1976] 100). 5) Jean Daniélou1905/1974, Axes/Cerf, Paris 1975, 205 p. (« Axes » est une

  • revue ; nous renverrons à ce numéro spécial en indiquantsimplement Axes). 6) Françoise Jacquin, Histoire du CercleSaint-JeanBaptiste,L’enseignement dupèreDaniélou,Préfacede Rondeau, Beauchesne, Paris 1987, 271 p. (cité infra :Jacquin). 7) Emmanuelle de Boysson, Le cardinal etl’hindouiste. Le mystère des frères Daniélou, Albin Michel,Paris 1999, 320 p. 8) Dictionnaires a) DTC (1951) Tablesgénérales col. 904. b) Daniélou (Jean) in « Catholicisme »,Letouzey et Ané 1954, col. 456. c) in New CatholicEncyclopedia. d) in Encyclopedia Universalis Rondeaul’homme, Marrou la pensée. e) Daniélou, Jean in GrandeDizionarioEnciclopedico (UTET)1991, t.VI,225.d)BattistaMondin,Dizionario dei teologi, Edizioni StudioDomenicano,Bologna 1992 : les p. 202-206 concernent Daniélou. f) U.DomínguezdelVal,Daniélou,JeaninGranEnciclopediaRialp,Madrid1989,t.7,252-253.10)FranceCatholique,n°2444(25mars1994)10-18.1. Il fut proche de leurs fondateurs,Mounier et Izard, pour lapremière,Lubac,FessardetChailletpourl’autre.2.BibliographiesurMadeleineDaniélou:M.-T.Abgrall,Prier15 joursavecMadeleineDaniélou,Col.«Prier15 jours»58,Nouvelle Cité, Montrouge 2001, 127 p. P. Archambault,Daniélou (Madame, née Madeleine Clamorgan) in«Catholicisme »T. 3,Letouzey etAné, Paris 1954, col. 456-457. Daniélou Madeleine Clamorgan, in Dictionnaire debiographie française 10, Paris 1962, 123. Cahiers de Neuilly,janvier 1967 (M.J. Chaumeil et G. d’Ynglemare). Axes, 202.Mémoires33s.3.Cf.W.d’Ormesson,quiréserveraàMmeDaniélouplusieurspages (64-71) de son discours de réception du cardinal àl’AcadémieFrançaise:«Cen’estpasseulementparcequ’ilm’a

  • paru juste de rendre hommage à cette grande mémoire, c’estaussi parce qu’il est impossible de parler de vous sans parlerd’elle. Votre mère ne vous a pas seulement engendré dans lachair,ellevousaengendrédansl’esprit»(Discoursderéceptionde S.E. le cardinal Jean Daniélou à l’Académie Française etréponse de M. Wladimir d’Ormesson, Arthème Fayard, Paris1973,70).«Inmemoriammatrisdilectissimæquædocuitmihidiligere Christum » : cette dédicace de Approches du Christ(seulsdeuxautreslivresdeJeanDaniélouportentunedédicace:SaintetéetDieu)illustrelaplaceextraordinairequetintsamèredans la vie de Jean, non moins que la piètre attention à lagrammairelatinedecedernier,puisquec’est«docuitme»qu’ilfaudraitécrire.4.FilleaînéedugénéralClamorgan,décédéauTonkinen1904,MadeleineClamorganpassa, enfant,deuxansen Indochine.Àl’âgededixans,ellenesaitnilireniécrire.ÉtudessecondairesàBrestpuis,àpartirde1897,étudessupérieuresdephilosophieàParis.5.Cf.Carnets(1939-1940)146-147,note9 :M.LeFerdeLaMotte(1862-1933),«marrainedeJeanDaniélou,avaitété,souslenomdeMèreMarieMercédèsdelaRésurrection,prieuredel’Oratoire de saint Philippe deNéri à Paris. Elle opta pour lasécularisation lors de la loi expulsant les congrégations.Personnalité spirituelle vigoureuse et séduisante, sensible à ladimension mystique du christianisme en un temps où celle-ciétait plutôt tenue enméfiance, elle réunissait chez elle, soit àNeuilly, soit au manoir du Ris en Bretagne, un cénacle assezhétéroclite […]. L’abbé Courtade en était l’aumônier. Elleexerça une grande influence sur les parents de JeanDaniélou.C’est elle qui révéla à Madeleine Clamorgan la libertéspirituelle,etc’estauprèsd’ellequelejeuneCharlesDaniélou

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  • 2. Axes 196. Il noue des relations avec des universitaireslyonnais:J.Lacroix,A.Latreille,J.Hoursnotamment.3.Rondeau,JeanDaniélou,Henri-IrénéeMarrouetlerenouveaudesétudespatristiques inLesPèresde l’ÉgliseauXXe siècle.Histoire, littérature, théologie. L’aventure des Sourceschétiennes,«Patrimoines»,Cerf,Paris1997,360.4. Carnets (1937) 77 : « Veiller au caractère sacerdotal :profession, fonction, fidélité ; réserve, mystère ; tristesse : leprodigue,lepardon;force;éviterlafrivolité,lagaîtéexcessive,l’empressement, le bavardage, l’indiscrétion, la littérature, lapolitique. » Ib. 92 : « Concevoir ma préparation sacerdotalecommeuneparticipationausacerdocedeJésus,quisupposesonimitation.»Ib.110:«M’humilierentièrement.Renonceràtoutcequin’estpas lesacerdoceet lasainteté. […]Saisir lacroixdu sacerdoce et ne plus m’en séparer. […] La préparation dusacerdoce : créer l’atmosphère de mon âme : désir, prière,purification.»5. Par le cardinal Gerlier, le 24 août 1938, cf. Lebeau 159 ;Rondeaumeconfirme : c’était la fêtede l’apôtreBarthélémy ;TillietteinCarnets,Avant-propos,16;Carnets(1936-1937)86note125;Frei3et418:«pourlavérificationdesdatesdelaviereligieuse,cf.MendizábalR.,s.j.,Catalogusdefunctoruminrenata Societate Iesu ab a. 1814 ad a. 1970, Primumsupplementum ab a. 1970 ad a. 1976, Rome : apud CuriamPatrisGeneralis1976,p.33».Etnonpasle19août,datequedonneMémoires86.Nile20août,datedel’AP,de1970(44*)à1973(43*).Sous-diacrele11juin1938,diaconatle12juin:cf. Carnets (1937-1938) 118 note 70.Cf.Carnets (1936) 52 :« Les vocations : d’abord comment les discerner ; on dit :l’appel de l’évêque ou du supérieur ; mais comment celui-ciappellera-t-il?Est-cel’attraitsensible(recueillement,conquêtes

  • apostoliques) ou la volonté ? La volonté, dit le père Delbrel.Maisalors,unenfantraisonnable,cherchantlavielaplushaute,pourrasecroireobligédesefaireprêtre.Ilfautautrechose:unattrait,maisunattraitdevolonté:quiestledésirdusacrifice.»Cf. ib. (1937)111 :«Le sacerdoceestun sacrifice : toutdoitêtre désormais donné, dévouement effectif, ce qui memanqueavant tout. […]Toutbrûler,branchesvaines, tout cequine seconvertitpasencharité,enJésusdonnéetreçu.»Cf.ib.(1938)124:«Aveclesacerdoce,c’estuneresponsabilité,unefonctiondans leCorpsMystique.Pour l’accomplir, jedois renoncer aureste,àl’écrivainetaucritique,aupolitiqueetausociologue,ausavant et au professeur que je ne serai pas : belles vocationsrenoncées–sansretour;jedoisaussirenonceràmafamille.Ilfaut,foncièrement,êtresurleplandudivinetdel’Église,dansune hiérarchie, soumis à des directives, totalement consacré,danscefonddemoi-mêmequin’étaitpasencoredonné.Pourlapremièrefoispeut-êtrejesenslesacrifice.Toutcequin’estpassacerdotal est désormais une infidélité dans ma vie. » Cf.ib.132:«Cequ’offrelesacerdos,c’estd’abordlui,enholocauste,danslesflammesdelacharité;parunetotaleobéissance,usqueadmortem.»Cf.ib.84:«Quelquesaspectsdusacerdoce:donvolontaire et libre ; don total, sans réserve ; chasteté entière,conditiondelaféconditéspirituelle.»Cf.ib.110-111:«Ilyala poésie du sacerdoce : et c’est la splendeur liturgique, labeautédespsaumes, la plénitudedes rites, la transparencedessymboles : sacerdoce, sommet de l’édifice humano-divin ; lesacerdoce est contemplation, vie perdue en Dieu, abîmée enDieu, adoration, consécration totale ; le sacerdoce est amitié :amitié de Jésus qui associe à son œuvre de sanctification, devivification ; amitié des âmes, toutes mes amitiés viennent serassembler dans l’offrande sacerdotale, dans lememento de lasynaxe, dans l’intimité de l’oraison […]. » Cf. ib. 132 :

  • «ÉtudierJésusdansl’Évangilepourl’imiter;lesacerdoceestlacontinuationdesamission,c’estencoreJésusenmoiquiparleraaux publicains ou aux petits-enfants ; le sacerdoce est cela.Vivre comme Jésus, en Jésus, dans l’intimité du Père, et lerayonner parmi les hommes. Tout est possible dans cettelumière. Pourmamission le Saint-Esprit répandra enmoi sescharismes[…].»Cf.ib.(1939)141:«DonnerJésus:laParoleetlePain.C’esttout.Laisserlereste.»Cf.Mémoires68-69et116:«PourFrançoisMauriacetGeorgesBernanos,cequifaitl’importanceduprêtrecen’estpassavaleurhumaine[…]maislagrâcequil’habite,lecaractèresacerdotalquileconstitue,sonétat d’intercesseur et l’esprit de sacrifice que sa mission luiimpose.LeChristasauvélemondeparsacroixplusqueparsesœuvresoupar ses discours ; le prêtre deMauriac (n’a-t-il pasappelé un de ses romansL’Agneau ?) et deBernanos est à saressemblance. L’esprit de sacrifice est l’expression du dond’amour;dansmonimaged’ordination,j’aichoisidemettrelaphrasedesaintJean:“Vousaussi,vousdevezdonnervotreviepour vos frères”. Si l’on ne partage pas cette idée si haute duprêtre, si l’on n’admet pas que donner les sacrements est unefonctionabsolumentessentielle, jenecomprendspaspourquoionseferaitprêtre.[…]J’aitoujoursditauxjeunes:“[…]Matâcheàmoi,prêtre,consisteàvousaideràaffermirvotrefoi,àsavoirpourquoivouscroyezàJésus-Christ.”[…]Cequiest leplusprofondenmoi,c’estledésirapostolique,quej’aihéritédemamère,ledésird’aiderceuxquineconnaissentpasleChristàlerencontrer,ceuxquil’ontrencontréàl’aimerdavantage.C’estlàlerôleessentielduprêtre.Jemesensprêtre,témoindeDieutelqu’ilsemanifestedansleChrist.»Cf.Carnets(1939)141:«Êtreprêtre,n’êtrequeprêtre.»Sonpremierministère,attribuéparlepèreProvincial,estauprèsdesmalades,cf.Carnets(1938)135.Lanote67suggèreHautevillecommelieudeceministère.

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  • information sur la vie missionnaire de l’Église grâce à destémoignages divers ». Rondeau m’indique qu’il y avait deséquipes.Daniélous’occupad’équipessurlemondeouvrier,surlemarxismeetd’ungroupedediscussionssurdeslivresrécentsen rapportavec lespréoccupationsduCercle.Cf. Jacquin51 :« Le Programme était construit autour de trois axes :contemplation, formation, accueil. Les activités s’ébauchèrentdoncautourdeceschémaquireste,quaranteansaprès,celuidelastructureduCercleactuel.»1.Mémoires 162 : «L’élément contemplatif y jouait un grandrôle,maisorientéverslapréoccupationdumondenonchrétien.Le cercle s’est beaucoup inspiré du père de Foucauld, de saconception d’une présence d’adoration dans unmonde encoreétranger,quin’estpasprêtàseconvertir.»Tilliettesouligneque«l’engagementsocialetlesoucidutiers-monde–constammentprésent à travers leCercleSaint-JeanBaptiste – étaient inclusdanssagénérositéetsaprédication»(Carnets32).2. Après la « recherche d’un nouveau souffle (1965-1974) »(Jacquin 151), la mort de Mère Marie de l’Assomption et,l’annéesuivante,celledeDaniélou,lesactivitésduCerclen’ontplusconnuleurampleurpassée.LesaumôniersduCerclefurent,avec Daniélou, Yves Raguin, s.j., Édouard Duperray, s.a.m.,Irénée-Henri Dalmais, o.p., François Houang, de l’Oratoire,MichelHayek,MichelTerrien.3. Cf.D’une extrémité à l’autre, «Bulletin » 10 (1984) 3-4 :«[…]LepropredumissionnaireestdevivreaucœurdumondepaïenquiestséparédelaTrinité.Notrevocationestprécisémentdeporterennousledéchirementdeleurséparation.Alorscettedivision que nous sentions ne sera plus quelque chosed’extérieur, mais le retentissement en nous, volontairementconsenti,duscandalede laséparationdeshommesetdeDieu.

  • C’est le mystère même de la Passion du Christ […]. Cettedivisionquinouscrucifie,cetteincompatibilitédansnotrecœurde porter à la fois l’amour de la Trinité très sainte et l’amourd’un monde étranger à la Trinité très sainte, c’est la Passionmême duFils unique, qu’Il nous appelle à partager, Lui qui avoulu porter en Lui cette séparation, pour la détruire en Lui,maisquinel’adétruitequeparcequ’Ill’ad’abordportée.Ilvad’uneextrémitéà l’autre. […]Maisnousportons,commeseultrésor,aucœurinaccessibledenotrecœur,dansleTabernacleoùelledemeure,laTrinitébienheureuse.»4.Cf.Mémoires114.EtaussiLustigerinAxes,«Vingtansdequartier latin»,146-148.EtLustiger,LechoixdeDieu,144 :« Mon premier souci, en arrivant sur le pavé de Paris et enm’installantàlaSorbonne,aétéd’allertrouverl’aumônierdelasection de Sorbonne de la J.E.C. C’était un père jésuite ; ils’appelait Daniélou. Je suis tombé sur un jeune pèreextrêmementvif,pleindepétulance,àquidès lorsm’a liéunerespectueuse et reconnaissante amitié.Dès la rentrée de 1944,j’ai commencé à faire partie de ce groupe animé d’une viséepolitico-religieuse.»1. Cf. Mémoires 185-220. Témoignage du cardinal Gabriel-MarieGarrone in «Bulletin » (1975) 32-34.Cf. Jacquin142-148.Cf.Mémoires185:«J’enaiététrèssurpris,carjen’avaispasparticipéautravaildescommissionspréparatoires.Pendantquatreans,j’aiétéassiduàtouteslessessionsduConcile[…].SurlarecommandationdeMgrVeuillot,quiavaitparlédemoiàMgrGarrone,j’aifaitpartiedelaCommissionthéologique,unedes plus importantes […]. J’ai aussi fait écho au Concile enFrance, j’ai publié alors beaucoup d’articles dans la presse,notammentdansLeFigaro.»2.Cf.«Bulletin»15(1989)1.

  • 3.Cf.«Bulletin»16(1990).EtUssel,inAxes31s.4.Cf.«Bulletin»13(1987)3et14(1988).5.Cf. «Bulletin » 1 (1975) et 11 (1985) 1.Card.Garrone in« Bulletin » 1 (1975) 33 : « Le premier chapitre de la futureconstitution est demeuré pratiquement tel qu’il avait étéproposé. Il ne fut pas le moins durement discuté. Ayant eul’honneurd’êtrechargédecettepréparation,envuedutravaildela Commission, je m’assurai de l’aide du père Daniélou. […]J’aipuapprécieralors[…]safermetédepenséeetsonhumilité.OnretrouvedanscespremièrespagesdeDVdeuxidéesquiluiont toujours paru capitales et qu’on lui a souvent entenduexprimer:quelarévélation,etdonclafoi,portentsurdesfaitsnonmoinsquesurdesparoles;quelarévélationchrétienneestundonnéabsolu et définitif.LeConcile luidoit certainement,pour une bonne part, la mise en plein relief de ces deuxcertitudes.»6.Cf.Rondeau in«Bulletin»18 (1992)3-39.«Daniélounejoua aucun rôle au sein de la Commission préparatoire.Maisensuite, avec constance, la Commission conciliaire pourl’apostolatdeslaïcsl’invitaàparticiperàsestravaux»(13-14).En1964,ilcommenceàintervenirdefaçonplusdécisive.SuiteàladiscussionduschémaIII,ilélaboreraunenouvellerédactionduPrœmiumetdestroispremiersnumérosduchap.I.Cetexteseraremaniéplusieursfoisjusqu’audocumentdéfinitifde1965.7.Cf.«Bulletin»17(1991)5.8.Cf.«Bulletin»1(1975)33,ducard.Garrone:«Lepèrefutun très précieux collaborateur, notamment dans la premièrepartie, où il voyait avec une extrême clarté, par exemple, lanécessité d’affirmer la capacité de l’intelligence humaine àdépasserlesapparencessensiblespouratteindreune“vérité”ausens ferme du mot. » En p. 32, Lubac écrit : « Rappelons

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  • j’aurais pu parvenir à une œuvre plus totalement achevée sij’avaischoisideconcentrertoutesmesforcessuruneactivité,larecherchescientifiqueoul’enseignementspirituel.[…]J’auraistrahiunepartdemoi-mêmesijem’étaiscantonnédanslapureérudition,maisjen’auraispasétésatisfaitnonplussijem’étaisconsacréauseulenseignementspirituel.»2. Paul Lebeau s.j., Jean Daniélou, Col. « Théologiens etspirituelscontemporains»,Fleurus,Paris1967,162p.3. Jean Daniélou 1905/1974, Axes/Cerf, Paris 1975, 205 p. ;présentation deMarie-JosèpheRondeau. Il faut enfin regretterici qu’un troisième ouvrage donne une interprétation tropsuperficielle de la vie du cardinal, en dépit de quelquesinformationsintéressantes,surtoutsursajeunesseetsursamort(surcedernierpoint,Daniélousortgrandi).Nousvoulonsparlerde Emmanuelle de Boysson, Le cardinal et l’hindouiste, lemystèredesfrèresDaniélou,AlbinMichel,Paris1999,312p.1. Françoise Jacquin, Histoire du Cercle Saint-Jean Baptiste,L’enseignementdupèreDaniélou,Beauchesne,Paris1987,271p.;préfacedeRondeau.2. Actualité de Jean Daniélou, J. Fontaine (dir.), Cerf, Paris2006,230p.3.BulletindesAmisducardinalDaniélou,publiéchaqueannée(dunuméro1,septembre1975,aunuméro25,décembre1999)parlaSociétédesAmisducardinalDaniélou.4. Thèse de doctorat au Latran, Libreria Editrice UniversitàLateranense,Roma1970,CXLVIIp.+230p.1.Rome1976,88pages.2. Thèse de doctorat en théologie, Pontificia UniversitasGregoriana(456p.).3. Thèse de doctorat en théologie, Pontificia UniversitasGregorianaen1981.Berne1981,474p.

  • 1. La théologie missionnaire en France, de 1945 à 1965 :l’apport de Jean Daniélou, 159 p. Mémoire pour le Diplômed’ÉtudesApprofondiesen théologiecatholiqueà laFacultédeThéologiecatholiquedel’UniversitédesSciencesHumainesdeStrasbourg,soutenuen1987.2.FacultédeThéologie,UniversitédeLaval,Québecjuin1990,471p.3. Thèse doctorale, Institut catholique de Toulouse, 1996.Cf. Pierre d’Ornellas, Liberté, que dis-tu de toi-même ? Unelecture des travaux du concileVatican II. 25 janvier 1959 – 8décembre1965,ÉcoleCathédrale,Col.Paroleet silence,Paris1999,707p.4.Thèsededoctorat en théologie, Institut catholiquedeParis,U.E.R.dethéologieetdesciencesreligieuses,1995,392p.5.Vid.parex.ChristophSchönborn,AmarelaChiesa,EsercizispiritualipredicatiaPapaGiovanniPaoloII,Col.“DimensionidelloSpirito”34,éd.SãoPaolo,Milano1997,169p.quiciteDaniélouauxp.45et47.OuencoreJosephRatzinger,Discoursde remerciement lors de la réception des insignes decommandeur de la Légion d’honneur à la villa Bonaparte àRome,le11mai1998,inFrCath2646(22mai1998)23,aprèsunélogedeLubac:«J’aidécouvertaussid’autresthéologiensfrançais comme Congar, Daniélou, Chenu : ma pensée s’estcharpentée au contact avec ces maîtres en qui je trouvais unesynthèseexemplaireentrespiritualitéetsciences,entreintuitionetrigueurméthodologique.»Vid.aussiinfra,chapitreIII.Dieuagitmystérieusement…,infine.1.Vid.parex.W.Sandfuchs,MinutederBesinnungVI,WorteinderTag,EchterVerlag,Würzburg1978,quiciteDaniélouauxdatesdes8marset25septembre.Ouencore,Grandemissioneper la città diRoma,Levirtù di chi opera nella vita pubblica,

  • Testi scelti, Roma 1996, 42 p., correspondant aux Incontri dispiritualità promus par le Vicariat apostolique de Rome, quireprenduntextetirédeL’oraison,problèmepolitiqueenp.21-24.2.Vid.parex.ScottetKimberlyHahn,Romesweethome,OurjourneytoCatholicism,éd.IgnatiusPress,SanFrancisco1993,183p.Daniélou,parmid’autres,estcitép.63(chap.«Scott’ssearchfortheChurch»).3. Deux exemples : Les symboles chrétiens primitifs (Seuil,Paris1996).Lesangesetleurmission,rééditionitalienne:Gliangeli e la loro missione, Gribaudi, Milan 1998, 139 p. ;cf. recension inOR (4 septembre 1998) 4 : «Un testo perciòcompleto,disommautilitàperlacatechesielapastorale».4.Onnereviendrapassurl’influencedesamèrenisurcelledeMèreMariedel’Assomption(cf.supraI).A.5. Sur saint Ignace de Loyola : cf. supra I. etMémoires 83s,Carnets(1936)58;(1937)93,99etc.;Cf.Lebeau56.SurlesDeuxétendards,cf.CanévetinAxes15.Lamystiqueignacienneest peut-être plus présente dans sa vie que dans sa pensée.Cf.Carnets(1936)46,51,53,58,(1937-1938)107.SurJérômeNadal:DaniélouécritunepréfacepourlatraductionduDiario;cf.Avent202,205-206(lamystiqueignaciennecommemystiqueapostoliqueetprophétique),CanévetinAxes20,UsselinAxes32,Gandillac inAxes139.Sur saintAlphonsedeRodriguez :cf.Carnets(1940)237,244,246;(1940-1941)361;Avent204.Daniélou, selon Tilliette, « était ignacien et jésuite jusqu’auxfibres,decœuretdevolonté»(Carnets17).Cf.Mémoires100:« Je souhaite très profondément que la Compagnie de Jésusdemeurefidèleàl’espritdesonfondateur.»1. 1879-1953. Vid. André Boland in DSp t. XVI (1994) col.141-146. Jésuite,Valensin fréquenta « lesmeilleurs esprits de

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  • 4. Le culte dans l’Église primitive (1944) et Les Sacrementsdansl’Évangilejohannique(1951).5. Cf. Recension de Le culte… in DViv 7 (1946). Daniélouacceptel’importancecentraleducultedanslechristianismequiy est mise en relief comme action présente du Christ ; ilapplaudit à la place que Cullmann reconnaît à la liturgieeucharistiquedansl’Égliseprimitive;enrevanche,ilnepartagepassavisiondel’éternitécommeinfiltrationplatoniciennedansla théologie chrétienne et se rallie plutôt à Barth pour uneconceptionde laTrinité comme transcendante au temps.EnfinDaniélou ne voit pas pourquoi Cullmann minimise lacontinuationdansl’ÉglisedesréalitésduChrist(cf.Dialogues153-154;Essai264).1.Cf.DalmaisinAxes81.Cf.Essai218,222-224.2.Cf.DieuVivantn°23,45-68;n°24;26(1954)73-78.Dieuetnous182-197.Mémoires216-217.Dialogue,écritCullmann,qui « ne pouvait qu’être fécond puisque de part et d’autre letemps de l’Église est considéré comme faisant partie del’histoiredusalut»(Axes188).3.Mémoires245.Cf.aussiClémentinAxes181-186.4. Cf. Clément in Axes 181. Vid. Mémoires 151. Même siDaniélou sedémarquedeBerdiaeff,par exemple sur l’Église :cf. Évangile 51-52. Dans Essai, Daniélou cite Essai demétaphysique eschatologique. Acte créateur et objectivation,Col.«Philosophiedel’esprit»,Aubier-Montaigne,Paris1946,287p.5. Vid. aussi Platonisme 144 et 209 citant « La théologienégativedansladoctrinedeDenysl’Aréopagite»inRevScPhTh(1939)204s.6.IlcitenotammentDuVerbeincarné(AgnusDei),Col.«Lesreligions, la sagesse divine et la théanthropie », Aubier-

  • Montaigne,Paris1943,382p.,inNations,AventetApproches.7.IlleciteinEssai45s,renvoyantàVoiesdelathéologierusseinDViv13(1949)39-62.8.Cf.ClémentinAxes182:«Ilaimaitl’Orthodoxieparcequ’iltrouvait en elle une grande fidélité non seulement à laspiritualitémaisàladoctrinedesPères.Aufond,c’étaitbiensadoctrine à lui […]. Son approche doctrinale du mystère étaitpatristique. L’Église orthodoxe représentait donc pour lui unegrande réserve d’intelligence mystique, une mystiqueinséparable du dogme et du sacrement dans la vaste synthèseecclésiale»;cf.ib.184.Cf.ProyartinAxes167-169.1.TillietteinCarnets22.2.Discoursàl’Académiefrançaise,cit.,11.3. 1873-1914. Écrivain français, fonda les Cahiers de laQuinzaine. Il revint à la foi catholique.Tué à la bataille de laMarne, il laisseuneœuvredepoète,depolémiste,d’essayiste.Cf. Tilliette in Axes 95 : Péguy fut « sa plus fidèle, sa plusconstanteadmirationlittéraire».TillietteévoquelesclassesqueDaniélou donna sur Péguy en 1941 et la représentation deJeanne d’Arc qui inspira à Daniélou son article Péguy poètenationalinCitéNouvelle10(1941)945-961.Vid.aussiTillietteinCarnets27:«Péguysurtoutresurgitpériodiquementdanssavie : chaque fois l’emballement est total, fougueux. » Vid. J.Sabiani, « Un fidèle de Péguy », in Axes 143-145. Daniéloureconnaît in Mémoires 60 : « J’ai acquis une nouvelleintelligencedePéguygrâceàJacquesViard,quej’aiconnuparJulieSabiani[…].SonouvragePhilosophiedel’artlittéraireetsocialismeselonPéguyetquelquesautresm’apermisdesaisirlegénielittérairedePéguy.»4. Laquelle vouait un culte à Péguy : cf. Mémoires 44, 58.Cf. Discours de réception à l’Académie française par W.

  • d’Ormesson, cit., 70 : « Si l’on ajoute, à l’action pratique devotremère,le«climat»danslequelellevivait,leculte–lemotn’estpasexagéré–qu’ellevouait àCharlesPéguydont le filsaîné fut un de ses familiers […]. » Cf. Mémoires 58-59 :« L’œuvre de Charles Péguy est sans doute une de celles quim’ont le plus profondément nourri ; elle constituait le plusefficace des contrepoisons contre ma tentation gidienne. […]C’est son œuvre poétique qui m’a le plus marqué, elle estd’ailleurs le prolongement de la première. » Vid. Tilliette inCarnets 16. Cf. Carnets (1937) 98. Daniélou a contribuédirectementauretourdePéguy,marquéparlapublicationdeLaPenséedePéguy.«Jedevaiscollaboreràcetouvrage,néd’uncercle Péguy que j’avais fondé avec Emmanuel Mounier etGeorges Izard ; […] l’influencedePéguya jouéungrand rôledanslacréationd’Esprit.»Cf.Lebeau25s,139.1.Vid. à cet égardTilliette inCarnets 19.Cf.Carnets (1939-1940) 207. Distanciation quant au nationalisme de Péguy :cf.Carnets(1939-1940)149.Cf.Mémoires100:«SiPéguyaexercé une si grande influence surmoi, surma vocation, c’estparsonexpériencefondamentaledelaprésencedumaldanslemonde […]. » Cf. à cet égard Carnets (1938) 122 : « Parailleurs, servir Dieu, c’est coopérer de toutes façons àl’avènementdecettehumanitéde louange,etdoncd’abordparlepaindu corps, par le servicedans le temporel : ainsiPéguy[…].»Cf.SabianiinAxes144-145:«Reprenantàsoncomptel’exégèse de ce “théologien laïc”. » Daniélou avançait troispropositions:«lapremière,quelechristianismen’estpasunesecte de purs, mais une foule de saints et de pécheurs ; ladeuxième, que le christianisme n’est pas seulement uneadhésionpersonnelle,maisaussiune traditionsociale […] ; latroisième, qu’il n’y a pas de séparation entre religion etcivilisation[…],maisqueletemporelaunedimensionsacrée».

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  • comme « profane », pour en affirmer aussitôt lareprésentationparlapenséeetl’écriture.Ilyalàdeuxconcepts bien distincts. Si l’on s’arrête au second,c’est-à-direàl’histoireconsidéréecommeconnaissanceou relation des événements du passé, elle est ce queDaniélou appelle encore « histoire universitaire, àlaquelle donnent accès les documents3 ». Ici le mothistoire signifie, pour reprendre les mots deMarrou,l’histoiredeshistoriens,l’histoirecommescience,«lepassé humain dans la mesure où un traitementapproprié des documents retrouvés permet de leconnaître1 ». Marrou distingue ainsi la res gestæhumanæ, res victa, l’histoire vécue, de cellequ’écrivent les historiens, res historiæ. Cette dernièreest ce qu’Isidore appelait déjà les memorabilia dupassé,quelesmonumentagardentouramènentànotremémoire. Dans la succession d’événements spatio-temporels, se font jour une connexion et desdéveloppements significatifs.Marrou se demandait sil’onpouvaitinterpréterl’histoire,sionpouvaitlalire.L’histoire devient ainsi « le problème qui se pose ànotre conscience, l’histoire réellement vécue parl’humanitéàtraverslatotalitédeladuréeetàlaquellechacun de nous se trouve intimement associé par lecaractèrehistoriquedesapropreexistence.C’estpourtout dire en un mot, le problème du “sens de

  • l’histoire”2.»

    Histoiredusalutethistoireprofane

    Or c’est précisément cette question du sens del’histoire qui porte Daniélou non pas seulement del’histoirevécueàsonécriture,maisdel’histoirevécue,et éventuellement écrite, à son interprétation comme«histoiresainte,oùpénètreleregardprophétique»;ilajoute : « Il importe de se mouvoir sur les deuxregistres, en n’en séparant pas les objets, mais enrespectant lesméthodes. Il s’agit de niveaux divers àl’intérieurd’uneréalitéquiestune1.»Quelle est celle réalité unique ? Meslin explique

    comment Raymond Aron avait posé la question dès1938 : « Si toute ordonnance des faits du passé parl’historiensupposedéjàuneinterprétationdel’histoire,n’est-ilpasalorspossibled’interpréter cettehistoireàla lumière même de l’Écriture, c’est-à-dire de larévélationduplandeDieusur l’humanité?D’autantplusque,commelemontraitl’œuvredeToynbee,queles Français découvrent dans les années cinquante,mais qui est antérieure à 1939, l’historien le plusminutieux ne parvient pas à trouver un sens del’histoirelisibledanslemélangeempiriquedesfaits,etn’aboutit qu’à prendre conscience des limites mêmes

  • de l’histoire en découvrant un mystère. Ce mystèremême impose le recours à une explicationthéologique2. » Daniélou affirme dès 1949 que c’estl’attente de la parousie qui donne tout son sens àl’histoire du peuple de Dieu, et qu’il y a interactionentre l’histoireprofaneet l’histoiredusalut.Tout faitpartie de la création et rentre donc dans le plan deDieu3.MeslinexpliquequelamêmeannéeButterfieldpublie Christianity and History, où « Daniélou allaittrouver confirmation du lien qu’il jugeait nécessaireentre la vision de l’historien et celle du théologienbiblique. L’examen objectif de la réalité historiqueconduisaiteneffetButterfieldàaffirmerquel’histoirene trouve son sens que dans le mystère même del’hommeoùl’introduitlarévélationbiblique.Unetelleexpérience lui permettait d’affirmer qu’un chrétienpouvait avoir, dans l’analysemême de l’histoire, unevueplusnetteetplus réelledeschoses,dès lorsqu’illesjugeaitauregardmêmedeDieu.Pourtantl’histoireprofane et l’histoire du salut semblent bien être deuxréalités indépendantes l’une de l’autre, et relevant dedeux types de connaissance différents : une enquêteanalysantdesdocumentsetuneexpériencedelafoi.Lefosséentrelesdeuxest-ilinfranchissable?Ouexiste-t-ilunequelconquepossibilitéderencontre?Laréponsene fait aucun doute pour le P. Daniélou : l’histoireprofanen’apasdesensenelle-même;ellen’enprend

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  • lescorps,maislacréationtoutentière.Ainsil’histoiredusalutsesitueentredeuxactionsdeportéecosmiqueembrassant la totalité de l’univers5. » Pour Daniéloul’eschatonestdoncunactecréateur.

    LeDieuUnetTrine,principed’unité

    Lavéritablehistoireestdoncl’histoiresainte,c’est-à-dire la suite des œuvres de Dieu auxquellesrépondentcellesdel’homme.Cettehistoirecommenceaveclacréationets’achèveraquandelleauraatteintsafin.EllesedérouledanslaprésencedeDieu,quiyfaitirruption,etsoussadépendance.Ce Dieu est Un et Trine. Dans sa révélation, la

    Trinité de Dieu dit que « le un est un nous6 », et«“Qu’ilssoientuns”signifieeneffetuneunitéquiestla constitution d’une communion, puisque là aussic’est à nouveau l’unité d’un nous, c’est-à-dire lacommunionentredespersonnesquisontd’autantpluspersonnesqu’ellessontunes,etquisontd’autantplusunes qu’elles sont personnes1. » Daniélou rejettel’affirmationdeParodiselonlaquelleleDieupersonneet le Dieu principe d’unité s’excluent par tous leurscaractères, le premier impliquant détermination etsingularité, le second infinité et indétermination2. IlrépondeneffetqueladistinctionduDieu-personneet

  • du Dieu-nature se ramène « finalement à distinguerdeuxmodesd’attributiondesperfectionsdivines,ceuxmêmes que saint Thomas distingue au début de laSomme. “De Deo loquentes utimur nominibusconcretisutsignificemusejussubsistentiam,quiaapudnosnonsubsistuntnisicomposita,etutimurnominibusabstractis, ut significemus ejus simplicitatem3.”Subsistentia,simplicitas,personnalité,unité,cesontlesmêmestermesdel’antinomieposée[…]parParodietquisetrouveainsirésolue.[…]NouspensonsavecJ.Maritainque“lamétaphysiquesaitdémonstrativementque l’essence divine subsiste en elle-même commeinfiniepersonnalité”4.»« C’est Dieu qui par sa Parole et par son Esprit

    suscite,vivifie,gouverneetconduitl’univers.Ilyalàunepremièreapproche, importantedans lamesureoùellemetlemystèretrinitaireenrapportaveclaréalitémêmedumondematériel5.»L’unitédel’histoiredusalutsefondesurledessein

    unique de Dieu le Père (cf. II infra). Menacée parl’homme quand il rejette ce dessein (cf III infra),l’unitéestretrouvéeetcentréesurlapersonneduFils(cf. IV infra). L’Esprit, enfin, réalise l’histoire (cf. Vinfra) et en donne l’intelligence (cf. VI infra). Maiscréationetrédemptiondemeurentinséparables1.DieuestTrine.Daniélounemanquepasdedégager

  • quelles en sont, pour l’homme, les conséquences.« Que ce qui est absolument premier ce soit despersonnes,quecettecommuniondespersonnessoit lefondmême,l’archétypedetouteréalité,ceàquoitoutparconséquentdoitseconfigurer,estlefondmêmedelarévélationchrétienne.Nouscomprenonspourquoilacommunion humaine est suspendue à la communiontrinitaire2.»

    LedesseinuniquedeDieulePère,fondementdel’unitédel’histoiredusalut

    L’histoiredusalutestdesseinduPère

    «LaPaternitédeDieusignified’abordquec’estdelui que tout procède, que c’est lui qui est l’origine,l’ἀρχή, comme dit le texte grec, le principe originel.[…]C’est aussi du Père que procèdent toutes chosesdansledesseindusalut.[…]C’estdesonamour[…]que le dessein de la création tire son origine3. » Del’amour du Père, « amour dont à la fois procèdentéternellement le Fils et l’Esprit », « procèdent aussitemporellement la création et la rédemption4 ». Demêmequ’il n’y aqu’unDieu, il n’y aqu’undesseindivin et une radicale dépendance à son égard1. Ce

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  • développementdusensdelapersonnel’accentmisparlechristianismesurl’historicité.Iciencorelemessagechrétien allait trop à contre-courant de la penséegrecque pour pouvoir dégager aussitôt toutes sesconséquences.Maiscertainesdonnéesapparaissenttrèstôt.Dèslorsqueletempsn’étaitpluslerefletimparfaitde l’éternité, mais le lieu d’une action divine, ladécisiondela libertéprenaitunevaleursingulière,enmême temps que s’approfondissait le sens de laresponsabilité. Par ailleurs, à l’idéal d’une libérationintérieure, par dépassement des limites de l’existenceindividuelleetd’abordducorps,sesubstituaitl’attented’une libération eschatologique, qui confère uneexistence incorruptible à l’individu et à son corps2. »LetempsapourobjetdepermettreleretouràDieudeslibertés.Ilestlelieud’unprocessusdedivinisation3.L’hommeprisdans cedramen’ad’autre issueque

    d’accepter le salut comme le « don royal4 » de celuiqui le possède en plénitude, Jésus-Christ, afin dedevenirl’«hommenouveau5».

    L’unitédel’histoiredusalutcentréesurleChrist

    LeVerbecréateur,rédempteur,juge,Parolerévélatrice

  • LeVerbecréateur

    L’histoire du salut est l’histoire tout court, car lemême Verbe est créateur, rédempteur et juge. Cetteréalité fondamentale a déjà été évoquée à plusieursreprises.LeVerbeest«parolecréatrice1».Eneffet«laCréationprocèdeduPèreparleFils,leVerbecréateur.C’est par lui que cegranddesseindu salut, qui nousdévoile le sens dernier du monde et de l’existencehumaine, est accompli. Comme le dit le début duProloguede saint Jean : “C’estpar luique toutaétéfait, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui”(Jn1,2).LeVerbeestdoncd’abordleVerbecréateur,celuidontprocèdeabsolumenttouteexistence.Quandnous contemplons ce mystère du Verbe, nous devonsluidonner toute sonamplitudecosmique. Il embrassela totalitéde lacréation.C’estcequedit l’épîtreauxColossiens 1,16 : “Car c’est en lui qu’ont été crééestouteschosesdanslescieuxetsurlaterre…toutaétécrééparluietpourlui.Ilestavanttouteschosesettoutsubsiste en lui”2. » Dans l’hébreu dabar, observeDaniélou,quelegrecatraduitparλόγoςetlelatinparverbum, la parole apparaît, plutôt qu’énoncéintelligible (d’où loi intérieure des choses, raison),«commeopérantcequ’elleénonce,commeparoledebénédictionoudemalédiction.Elleestunacteetnon

  • seulement une signification. Appliquée à la sphèredivine, la parole de Dieu se manifeste avant toutcomme force. C’est d’abord une force créatrice1. »«Déjà, dans les origines profondes de toutes choses,apparaîtcetterelationintimedetoutelacréationavecleVerbe.Onpeutdirequ’ence sens lacréationn’estqu’une irradiation de la génération éternelle. Le Pèreengendre le Fils qui est sa parfaite image et cettegénérationéternelleserépercuteenquelquesortedansla création entière, qui est comme un libreprolongement de la génération éternelle et qui estcommecachéeenelle2.»LeVerbeest«lasourcedelavie»,«principevivifiantdetoutelacréation»;parlui«touteschosespersévèrentdansl’être–etd’abordlescréaturesspirituelles3».

    LeVerberédempteur

    En même temps, souligne Daniélou reprenantIrénée, nous sommes « εἰκών εἰκόνoς, l’icône del’icône […], une image de l’image, puisque c’est leVerbe qui est la parfaite image. Et c’est en nousconformant au Verbe que nous devenons image duPère. LeVerbe a fait l’homme à son image. Et c’estpourquoi, quand cette image sera déformée par lepéché,leVerbeviendralareformerpourlaconformerà

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  • observent le sabbat après la résurrection (Ac 13,14 ;16,3), Daniélou constate que l’on est « à un de cesgondsdel’histoire,àunearticulationessentielleoùlaréaliténouvelleapparaîtetsedégageprogressivementd’unmondeancienquivaseflétrir2»:«laréalitéestdansleChrist»(Col2,16).Événementessentiel,leChristestdonclemilieu,le

    centre de l’histoire. Daniélou trouve ceci notammentdans la typologie de la Prima Petri telle que Justinl’explicite à partir de la figure de Noé3.L’accomplissement de cela arrive « dans lesmystèresde la passion et de la résurrection, où, dans l’uniquepersonne du Christ, lemonde ancien est détruit et lacréation nouvelle inaugurée. C’est l’achèvement decette création nouvelle par l’édification du corps duChristquiestdésormaisattendu1.»

    Jésusrécapitulelacréation

    L’univers entier, et en particulier le cosmos desesprits,est intégrédans lemystèreduChristcar,écritDaniélou, « le mystère du Christ est un mystèrecosmiqueetpas seulementhumain.Par l’Incarnation,le Verbe de Dieu ressaisit toutes choses pour lesrapporterauPère2.»Aussilemystèredesangesest-ilintégré dans le mystère du salut3. Si le Christ est le

  • centredel’histoiredusalut,«lemondedesangestoutentier est auprès de lui pour le servir. […] L’aspecthiérarchique apparaît ici à l’intérieur de l’aspecthistorique4».« C’est en lui que toutes choses sont consommées

    […] dans la mesure où en lui est déjà pleinementréalisélesensdelacréation.[…]Onn’apasbesoindesortirduChrist,parcequeleChristcontientlatotalitédes espaces, des espaces visibles et des espacesinvisibles. Il coïncide enquelque sorte avec la réalitémême de l’être créé dans sa totalité. […] Le Christépuiseen lui toutes lespossibilités. Iln’yapasd’au-delà ni dans le temps, ni dans l’espace. Il contienttouteschoses,cellesquisontdans lecieletcellesquisontsurlaterre.Commeleditl’épîtreauxColossiens:“Dieus’estpluàfairehabiterenluitoutelaplénitude”(Col 1,19). Il rassemble donc en lui toutes choses.C’estpourquoiilestétablicommelecentreetlecœurdelacréationtoutentière1.»Jésusest lenouvelAdam2. Il récapitule la création

    et Adam qui en est comme le symbole3. Larécapitulationest«lareproductionparleChristdecequi avait été le fait d’Abraham, sur un plansupérieur»,elle«exigeuneressemblance–etpourtantune différence4 ». La vie du Christ « apparaît toutentièrecomme la reprisedecequi avait été inauguré

  • en Adam5 ». Le Nouveau Testament montre dans leChrist la réalisation de cela : les Évangiles etl’Apocalypse le suggèrent par leurs allusions6, saintPaull’exprimedanssonexplicitationthéologique7.Lanaissance d’Adam figure celle du Christ8. La mortd’Adam, de même, figure celle du Christ9. « Latypologieiciestl’expressionmêmedelathéologie:ledogme du Christ nouvel Adam, de la médiationmariale reposent sur la signification typologique durécitdelaGenèse.Contestercettetypologieseraitallercontretoutelatraditionecclésiastiquequiafaitsiennesles vues d’Irénée, lesquelles ne sont que l’écho de latradition la plus antique1. » Daniélou relève leséléments essentiels de la typologie adamique : lesparallélismes entre la désobéissance d’Adam etl’obéissanceduChrist,entrel’arbredevieetl’arbredela croix2, entre le sommeil d’Adam et la Passion duChrist3, et jusqu’au nom d’Adam qui, pour Hilaire,figurelanaissanceduSeigneur4.«Cen’estplusaveclesvocationsprophétiques,maisaveclegesteduVerbedeDieuintroduisantlepremierAdamdansleParadisquepeutseulêtremisenparallèlelegesteduVerbedeDieu ressaisissant Adam pour l’introduireirrévocablementdansleParadis5.»NotonsenfinquelarécapitulationdetoutesaintetéparleChristestmiseenparallèle, par Irénée, avec la récapitulation de toute

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  • cequifaitdireàDaniélouqu’ils’agitd’uneprophétieausensstrict(cf.Mt22,44)6.–LeBonPasteurLe Nouveau Testament montre que la figure

    eschatologique du Bon Pasteur (Ps 23[22]) estaccompliedansleChrist7.–LefilsdumaîtredelavigneDaniéloumontre le rapport entre le cantique de la

    vigne(Is5),lePs80(79)etlaparaboledesvigneronshomicides(Mt21,33s),ainsiqueJn15,1-8.«C’estledramede l’histoire saintequi surgit […], le contrastedel’infidélitédel’hommeetdelafidélitédeDieu8.»Le Christ est le fils du maître de la vigne. « Toutel’histoired’Israëlestdestinéeàmontrerque l’hommeest impuissant par lui-même à réaliser ce que Dieudemandaitdelui9.»–Peupled’IsraëlPourDaniélou, une impression très forte émanede

    la Bible : « L’intention manifeste des auteurs duNouveauTestamentdeprésenterlesmystèresduChristà la fois comme prolongeant et comme dépassant lesgrands événements de l’histoire d’Israël au temps deMoïse […]. Tout le propos des auteurs du NouveauTestament est de montrer que c’est là ce qui estaccomplidansJésus-Christ1.»Nombreux sont les symboles qui se réfèrent au

  • Christ, qu’il s’agisse de choses ou d’abstractions, etqueDaniéloumetenrelief.Citonssimplementlesplussignificatifs : le bélier, le soleil, le Jourdain, le jour,l’Orient, l’épée, le bâton, la pierre, le sabbat, ledimanche,lesprémices2.

    LesétapesdanslaviedeJésus-Christ

    « La vie de Jésus comprend des étapes qui ontchacuneleurcontenupropre.CesétapesentrentdansledesseindeDieu3.»«IlyaunerigoureusecontinuitéentreleVerbedeDieucréateur,laSagessequiassistaitles prophètes, l’enfant de Bethléem, le crucifié duGolgotha,leChristdegloireprésentdansl’eucharistie,leMaître intérieur qui instruit les saints. Il ne s’agit,selonlemotdeBérulle,quedesdiversétatsduVerbeincarné4. » Ces étapes surgissent à des momentsdéterminés qui les inscrivent dans le registreprophétique. « C’est un fait remarquable que lesgrandsévénementsdelavieduChrists’inscriventdanslecadredesgrandesfêtesdujudaïsme,laRésurrectiondans le cadre pascal, l’envoi de l’Esprit Saint danscelui de la Pentecôte. Il est bien clair que ceci estdestinéàmontrerdansleChristl’accomplissementdesfigures de l’Ancien Testament, dont ces fêtes étaientdesmémorials1.»Parcouronslesétapesessentiellesde

  • la vie du Christ pour tâcher demettre en lumière laplace que Daniélou leur assigne dans l’histoire dusalut.

    L’incarnation

    L’incarnationest la frontièreentredeuxéconomies,lesommetdel’histoiresainte.Elle«estessentiellementune action créatrice2 ». Elle est la forme suprême dugeste de Dieu vers l’homme. En un sens, écritDaniélou,l’AncienTestamentestdéjàuneincarnationavant l’incarnation3. L’incarnation est « l’événementenvueduquelIsraëlaétéconstitué4»,«lesommetdetouteunehistoiresaintequilaprécèdeetdanslaquelleleVerbeestdéjàvenuchezlessiens5».Ellemarquelafrontièreentrelesdeuxéconomies,celledel’Ancienetcelle du Nouveau Testament6. C’est Dieu qui vientchercher l’homme7. L’incarnation est l’heure décisivedel’histoire,leκαίρoςparexcellence8.Elleest«pourIrénéelaclefdel’histoiredusalutdanssatotalité9 ».Notonsqu’elleesthistorique:Jésusestnésousla loi(cf.Ga4,4).L’incarnationestaussiunereprisedelacréation.Ce

    n’est pas seulement dans le Fils que le Père metéternellement toutes ses complaisances, c’est aussidésormais dans l’humanité que le Fils a assumée10.

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  • promessemosaïque:nonseulementfiguredansl’ordrede l’essence, préreprésentation, linéament de l’ordrefutur, mais témoignage aussi dans l’ordre del’existence et de la promesse, sceau de l’alliance etgarant de l’accomplissement.Or ici voici à la fois laFigureet laRéalité, lapromesseet ledon. […]C’estaucœurmêmedelafigurequelagrâceaétédonnée.“Il y a ici plus que leTemple”1. »Nous reviendronsinfrasur«l’ordre»des«présentations».Daniélou explique comment la liturgie romaine

    rassemble dans la fête de l’Épiphanie l’adoration desmages, le baptême de Jésus dans le Jourdain et lesnoces de Cana2. L’Épiphanie, fête du cycle primitif,s’attache moins à l’histoire de Jésus, comme laNativité, qu’au mystère du Christ. « C’est une fêtepaulinienne,cellede la réalisationde lapromesse,dutestamentum,parl’accessiondesgentilsausalut.Aussiles Pères y voient-ils comme un résumé, uneἀνακεφαλαίωσιςdel’ordrenouveau:lamanifestationde la Trinité dans le baptême et la désignation duChrist comme Verbe Incarné, l’appel de l’humanitétotale dans les mages étrangers à la communautéjudaïque, le sceau du miracle désignant le Messie àCana;unepremièreesquisse,σκία,de l’économiedecetordre[…];lavoied’entréedanscetordrequiestlafoi[…].C’estlafêtequifaitlajointuredel’Ancienetdu Nouveau Testament, c’est la réalisation de la

  • promessefaiteàAbraham3.»L’adorationdesmages est l’esquissede l’économie

    d’unnouvelordre,enmêmetempsqu’ellecorrespondà«unedonnéehistorique»,quiplusest,à«un traitprécisdesmœursdutemps1».LebaptêmedeJésuspar Jeanapparaît commeune

    charnièrede l’histoiredusalut. Ilmarque la finde lavie cachée et rentre dans l’ordre des abaissements duChrist. Mais lorsque Jésus est à peine sorti duJourdain, l’Esprit se pose sur lui et la voix du Pèreretentit. Les temps messianiques sont inaugurés2. Lejudéo-christianisme originel accordera une placeexceptionnelle au baptême du Christ3. « Ecce AgnusDei : c’est aussi la parousie historique, Jean quidésigne celui qui devait venir à ses disciples4. » Lebaptême de Jésus par Jean, et lamanifestation qui lesuit,sontaussicommelapréfigurationdelamortetdelarésurrectionduChrist5.La liturgie inspire à Daniélou le rapport de ces

    événements avec la Pentecôte : il y retrouve l’ordreliturgiquedelamanifestationetlefaitdelaconversiondesnations6.Les tentations du Christ sont liées au nœud de

    l’histoire.Ledépartde Jésusaudésert est en relationavecleséjourd’Israëldansledésertdel’Exode1etlesdeux événements manifestent la fidélité du Dieu qui

  • fait alliance2. Les tentations au désert sontmises parl’Évangile en rapport avec les trois tentations duChrist3 ; elles s’exercent dans trois lieux saints : ledésert, le temple, la montagne4. Satan n’a pas vu larelation du Christ avec le Temple5 : la tentation auTempleportesurcequiestlenœuddel’histoire,surlepassaged’unsiècleàunautre,d’ununiversàunautre.Et«cesonttouteslesplusgrandesimagesdel’AncienTestamentquisonticicommerassembléesetlastaturede Jésus y apparaît comme celle du plus grand desprophètes », mais précisément il n’en est pas un6.Daniélou remarqueenfinque laCène, la résurrectionet l’ascension, trois grands éons de la vie de Jésus,reproduisent dans leur ordre les trois étapes de latentation, et il en fait le parallèle avec le corpseucharistique,lecorpsglorieuxetlecorpsmystique1.Les repas du Christ sont une préfiguration de la

    communautémessianique.L’Évangile,noteDaniélou,encontinuitéavec l’AncienTestament, faitunemploireligieuxdelamétaphoredurepas.Lasignificationdesrepas n’est pas seulement religieusemais proprementmessianique : les repas de l’Ancien Testament sontréalisés par ceux du Christ dans l’Évangile ; ilspréfigurent l’admission des nations à la communautémessianique2.La transfiguration est le signe que sont arrivés les

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  • del’infidélitéde l’homme2».Voicidoncunealliance«fondéesurlafidélitédeDieuauxpromesses3»,surletsédeqdivin,sajustice.CettenotiondejusticeduDieude la Bible, « c’est la manière dont il tient sesengagements, dont il réalise ses promesses1 », « lafidélité de l’amour lui-même2 » : « L’authentiquejustice de Dieu est la conformité à ce qu’Il est, unefidélité de l’amour à lui-même3. » Elle correspond,pourDieu,à«cequ’ilsedoitàlui-même.Lajusticeprolongeainsilavérité.ElleconsistepourDieuàtenirsesengagementsetàmanifesterainsisafidélité.C’estl’accomplissement de ses promesses qui atteste lajusticedeDieu4.»Aussi,pourl’homme,lajusticeseralaconformitéaudesseindeDieu5,lajusticeétantdonc« la suitedes temps fixéspar lePère6 ».Elledésigne«laréalisationdudesseindeDieu1»,leroyaume,aveclequel elle fait « une seule et même chose », car lajustice apparaît dans l’accomplissement, elle a uncaractèreeschatologique2.

    L’agirdelaTrinitéadextra:lesmœursdivinesdansl’histoire

    Dieuétantlemaîtredel’histoire,celle-cisedéroulesuivant les mœurs divines. L’unité de l’histoirereproduit lescaractéristiquesdecelles-ci, lesquelles,à

  • leur tour, nous sont parfois connues par la révélationou la spéculation théologique, et aussi par l’histoireelle-même.

    Lesmœursdivines

    Qu’entend Daniélou par l’expression de « mœursdivines » ? Le vocable « mœurs3 », renvoie, enfrançais, à ceux de coutumes, d’usages, decomportements,d’habitudesdevie,deprincipesaussi.Avant d’essayer d’en cerner le sens exact chez

    Daniélou, on peut s’interroger ici sur la paternité duconceptdanssonexpressionfrançaise:«mœurs».OrDaniélou, à notre connaissance, n’en donne la pistequ’à deux reprises. D’abord dans Le mystère del’Avent:«Ilfallait,suivantlesbellespenséesdesaintIrénée, que l’homme prît des mœurs divines et queDieuprennedesmœurshumaines1»;letexted’Irénée,en réalité, n’emploie pas l’expression qui nousintéresse2.Toutefois,iln’estpasinterditdepenserqueDaniélou dépend tout simplement d’Irénée, dont il acondensél’idéedansunmotdesoncru.Ensuite,dans la synthèsequeDaniélouoffre sur la

    communauté chrétienne du second siècle, le mot« mœurs » apparaît en effet dans une traduction desaintIgnaced’Antioche.Daniélouécrit:«Lamission

  • de l’évêque est avant tout d’assurer l’unité de lacommunauté. Ainsi dans l’Épître aux Magnésiens :“Ayez à cœur de faire toutes choses dans une divineconcorde, sous la présidence de l’évêque qui tient laplacedeDieu,despresbytresqui tiennent laplacedusénat des apôtres, et des diacres quime sont chers, àquiaétéconfiéleservicedeJésus-Christ.PrenezdonclesmœursdeDieu :aimez-vous lesuns lesautresenJésus-Christ”(VI,2)3.»Τòἦθoςadmetdeuxgroupesdetraductions:lepremier,aupluriel,renvoieàl’idéedeséjourhabituel,dedemeure,derésidence,derégionoù le soleil se lève ; le second, à partir de l’idée de«caractèrehabituel»,atroisacceptions:i)coutume,usage;ii)manièred’êtreouhabitudesd’unepersonne,caractère,etaupluriellapersonneelle-même;iii)parextension, mœurs (ainsi chez Platon et chez biend’autres)1.C’estaussiducôtédelaDidachèquel’ontrouvece

    concept, appliqué à Dieu, exprimé, cette fois, par lemotgrecτρόπoς.On lit eneffetdansLadoctrinedesdouze apôtres : « Tout homme qui parle sousl’inspirationdel’Espritn’estprophèteeneffetques’ilalesfaçonsdevivreduSeigneur2.»DaniélourenvoieàcepassagedansJudéo-christianisme,enexprimantleconceptparlemot«conduite3».Ὁτρόπoς,rencontréchez les Pères, admet différentes traductions, et

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  • cosmos8, les six âges proprement dits qui précèdentl’avènement du Christ partent d’Adam. Avec luicommence la période la plus longue, celle qui vad’Adam àAbraham et que nous résumentGn 3-119.Daniélouydistinguecommedeuxparties, ce sont lesdeuxpremiersâges.– D’Adam à Noé, c’est la préhistoire du salut,

    première étape, époque des religions païennes, qui« sont avant tout périmées, vestige d’un âge del’histoire du salut qui n’est plus le nôtre10 ». Cesreligions se caractérisent par le fait « qu’ellesatteignentquelquechosedeDieuà traverssonactiondans le cosmos visible, c’est-à-dire dans son actioncréatriceetprovidentielle,etnondanssesinterventionshistoriquesquiapparaissentseulementavecAbraham.En ce sens la religion naturelle est le domaineprivilégié de la symbolique religieuse1. » Leshiérophaniesyjouentunrôleprépondérant2.Ilyauraunedifférence fondamentaleentre le livre

    saintdesJuifsetceuxdesreligionsnaturelles.«Celles-cionttoujourspourobjetunmytheoriginel,subsistantdans le temps archétype et auquel l’homme emportépar le flot destructeur du temps profane s’efforce departiciper par la vertu des rites, qui renouvellent lesforcesdelavieauxsourcesdelacréationoriginelle3.»La « préhistoire du salut » a comporté deux grandes

  • étapes. Celle des patriarches antédiluviens, d’Abel àHénoch,d’abord.Ledélugecorrespondàun« tempsduchâtiment4».– Entre Noé et Abraham se déroule la deuxième

    étapedelapréhistoiredusalut:avecNoéun«secondâge»commence1,puiscette«préhistoiredusalut»setermineraaveclaTourdeBabeletsadestruction2.–D’AbrahamàMoïses’écouleunnouvelâge,car

    avec Abraham « l’histoire du salut proprement ditecommence3 », le « temps d’Israël, celui despréparations4 ». L’élection d’Abraham inaugurel’histoiredupeupledeDieu.Elle«marqueencesensun seuil décisif et engage déjà les affirmationsfondamentales dont le Christ sera l’expressionsuprême5»,àsavoirl’existencedesmagnaliaDei6etlaprophétie7.–DeMoïseàJeanBaptiste : lavocationdeMoïse

    auquelDieu se révèledans lebuissonardent sousunnomnouveaumarqueunnouvelâgedelarévélation8.Les quarante années au désert seront un temps dechâtiment,maisaussiuntempsd’épreuveetuntempsdegrâce9,letempsdudésert10,letempsdelafoi11.– Jean Baptiste « à lui seul représente un âge du

    monde. […] Bref quant à son déploiement temporel,cetâgen’encomportepasmoinsuncontenupropre1».JeanBaptistesesituedans laperspectivede l’histoire

  • sainte et « en représente un moment éminent2 ».CommeNoé ouAbraham, il est à une « articulationmajeure de l’histoire sainte3 ».Mais il présente cetteoriginalité d’être « la dernière étape de l’AncienTestament ; il est entre l’Ancien et le NouveauTestament, comme une charnière entre les deux. Ilappartient à l’Ancien Testament pour la premièrepartiedesavie;ilestduNouveauTestamentpourladeuxième partie de sa vie, ce qui rend son rôle trèsparticulier4.»Eneffet,JeanBaptiste«récapituleenluitouteslesétapesdelapréparationdelafindestemps5»etilestenmêmetempsungrandprophète6,ledernierdesprophètes7.SamissionestdepréparerlesvoiesduSeigneuretd’instruirelepeupleàreconnaîtrelesalut8.Jean Baptiste montre que « le Dieu qui a suscitéd’Abraham non seulement la génération charnelled’Israël,maissafiliationparlafoi,peutsuscitercettefiliationdelafoiendehorsdelaraced’Abraham1».JeanBaptisteestdéjàtoutentierrapportéauChrist2.

    Il annonce en effet le surgissement, au sein del’histoire, de l’événement auquel en dernier lieu seréfèrecelle-ci,événementquiest jugementdeDieuetauquel tous les hommes seront un jour confrontés.Sous l’apparente continuité du déploiement desévénementshistoriques,l’âgedeJeanBaptisteannoncela mutation essentielle de l’histoire, le passage de

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  • lui-mêmequiserévèledansleChrist2.Il y a aussi rupture entre les deux Testaments.

    Daniéloulemetenrelief,parexemple,àproposdelaprésencedivinedanslaSainteVierge.Ilyacontinuité,carcequ’étaitl’archedansl’AncienneAlliance,lelieuoù Yahweh demeurait parmi son peuple, Marie l’estdanslaNouvelle,carleVerbedemeureenelle.Ainsile« même mouvement de l’histoire sainte continue1 ».«Maiss’ilyaainsiuneanalogieentrel’Ancienet leNouveauTestament,entrelaprésencedeDieudansletabernacleetlaprésencedeDieuenMarie,ellenedoitpas nous masquer l’abîme qui sépare les deuxmoments.Laprésencedansl’archeappartientencoreàl’ordre des figures. La présence enMarie est déjà del’ordredel’accomplissement1.»S’ilyaunecontinuitéentre l’annonciationfaiteàZacharieet l’annonciationduSeigneur,l’incrédulitédeZacharies’opposeàlafoide Marie. Mais cette opposition implique uneanalogie2.La position deDaniélou lui-même sur le caractère

    périméounondujudaïsmedemanderaituneétudeplusapprofondie3.

    LeChristestcontinuitéetdiscontinuité

    Il existe donc un «mouvementmême de l’histoire

  • sainte1 », marqué par une continuité, mais aussi unerupture.Celasemanifestedanslerécitmêmedecettehistoire, c’est-à-dire dans l’Écriture. « Il est normal[…]qu’enprésentantunévénementunauteurbibliques’inspire de la manière dont étaient présentés desévénementsanaloguesdansl’Écriture.C’estainsiqu’ilyaungenrelittérairedesannonciations.Cesanalogieslittéraires sont d’ailleurs unemanière pour l’écrivainbibliquedemontrerl’analogiedesréalitéselles-mêmeset donc la continuité de l’histoire du salut, enmêmetempsquesesruptures2.»Au centre de ce mouvement, le Christ lui-même

    « est continuité et discontinuité. L’hostilité des juifsmanifeste la discontinuité de l’ordre ancien et del’ordrenouveau,etparconséquentrendtémoignageàl’ordrenouveau3 ». LeChrist n’a pas prétendu, noussemble-t-il, sortirde la ligned’Israëlpour fonderunesecte, au sens ancien du terme, sans connotationpéjorative.Ilvientsauveret«accomplir»toutIsraël.C’est Israël qui l’a rejeté. Le sens de l’hostilité desJuifs auChrist est celui d’une« résistancede l’ordreancienàl’ordrenouveauetdoncleurdiscontinuité4».Avec Origène, Daniélou affirme que refuser le

    Christéquivautàrefuserl’histoire:anachronisme,carleChristestàlafois«l’hommenouveau»quisuccèdeà«l’hommeancien»,au«vieilhomme»,et«l’Adam

  • spirituel»quisuccèdeà«l’Adampsychique».Icilaposition d’Origène à l’égard du judaïsme rappelle leregard qu’il porte sur les cultes païens, doublementvieux puisqu’ils refusent l’événement du judaïsme etceluiduchristianisme.Lecritère,pourOrigène,quandil juge les réalités historiques, est avant toutchronologique1.

    Progressiondel’histoire

    Ainsi«laloidel’économiedel’Incarnationestàlafoisuneloiderépétitionetuneloideprogression,unecontinuité et une discontinuité, une familiarité et unenouveauté2».«L’abolitiondel’ordreancienesttoutepositive. Elle enlève les imperfections de l’ordreancien,elleenconservelesrichesses:rienn’estperdu,toutestrepris,assumé,ordonnéàunesignificationplushaute,c’estunepurepromotion,unprogrèsabsolu3.»

    ProgressiondesmagnaliaDei,progressiondelarévélationdansl’histoire

    LeChristprolongeetdépasselesgrandsévénementsde l’histoire d’Israël. Daniélou conçoit l’histoirecomme « l’accomplissement des grands desseins de

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  • SeidlanalyselelivredeGerhardBauerGeschichtlichkeit.Wegeund Irrwege eines Begriffes (Historicité. Chemins et faussespistes d‘un concept),Berlin 1963.Dans l’art. cit. supra, Seidlrésume les réflexions que lui inspirent Bauer. Il offre unpanoramaetuneévaluationdeconceptionsphilosophiques surl’historicité.Elles sontmultiples.L’histoirepeut désigner tousles événements dans la nature, ou dans l’homme – espace,temps, développements humains, activités psychiques ouspirituelles, événements objectifs et aspects subjectifs (445).Chaque conception de l’histoire est liée à une conception duréeletdel’homme,aveclerisquedeconfusionentrelesfaitsetleurinterprétation.Kantsépareceux-ci,usantdedeuxconceptsd’histoire. Seidl insiste en revanche sur la cohérence globale,mais cachée, de l’histoire du genre humain, clarifiée dans larévélationchrétienne(446).L’idéalismeallemandconfondDieuet créationcommemomentsd’ununiqueprocessusévolutifdu« Weltgeist » (esprit du monde). Chez Hegel, l’histoire estdéveloppement de l’esprit. Seidl objecte que le sujet del’histoireest l’hommeconcret, immergédansunchampspatio-temporel. Hegel identifie esprits humain et divin (447). AprèscelledeBurckardt,Seidlévoque lesconceptionsdeDilhteyetYorck (vsWartenburg) : l’histoire comme expression de la viehumaine, laconnaissancecommeessentiellementhistorique,cequiconduitànier lasupérioritédel’espritsur l’histoire(448),contreunetraditionmillénairedanslaquelles’inscritl’AquinateinSummaI85,4,ad1:intellectusestsupratempus(457);jeprécise que selon saintThomas l’intellect créé (les hommes etlesanges)estau-delàdelanumérationdecequiestantérieuroupostérieurdans lasuccessiondumouvement,maisnonpasau-delà du temps au sens augustinien selon lequel les« vicissitudines cogitationum » marquent l’antériorité et lapostérité,maisnonpaslasuccessiondelaviematérielle(cf.S.

  • Th.I,q.85,a.4,ad1[textecomplet];I,q.10a.5).Jereprendsmon survol de l’art. de Seidl. Spengler s’intéresse à l’histoiredespeuples,Toynbeedistingueàjustetitrehistoiredessociétéset histoire des cultures (448).Heidegger, avecHegel, identifiehistoireetcultureaveclaréalitétotaledontilsfontdel’hommelecréateur(449).PourGuardini,larévélationoffreunregardsurl’histoire entière,où lebienquivientdeDieudoit se réaliser,mais où lemal peut arriver, et de fait arrive (452). L’histoire,conclutSeidl,cesontlesévénementsaccomplisparleshommesdansle tempset l’espace,maisaussi lesconnexionsentreeux,et les développements des individus, des peuples et du genrehumain dans les différents domaines, avec leur intelligibilité(455-456).Lesujetenest l’hommeentier,mûparsondésirdeliberté. Ontologiquement, elle appartient à la temporalité dumonde(456-457).1.Cf.J.Paramelles.j.,Retourà«Bibleetliturgie».Àproposd’un article récent in « Bulletin » 18 (1992) 52, sur laconférence deGeoffreyWainwright auCongrès de la SocietasLiturgica (Toronto, 1991), reproduite sous le titre Bible etliturgiequaranteansaprèsDaniélou inMDieu189 (1992)41-53.2.Approches84.3.Cf.JeanBaptiste7.1.Marrou15.2.Marrou 15, qui continue : « Oui, quel est le sens de cettelonguemarcheàtraverslatemporalité–j’avaisd’abordécritdece lent pèlerinage,mais je ne veux pas imposer àmon lecteurdès cette première page ce vocabulaire trop augustinien –, decette successiond’empires,pourparler comme lesAnciens,decivilisations, comme nous disons maintenant, de cultures (s’ilfautadopterlejargongermano-américaindesethnologues).»In

  • ib. 178, Marrou signale que 21 grandes civilisations sontcataloguées dans nos histoires, comme, par exemple, lachrétienté médiévale, la civilisation impériale romaine et lalibérale moderne. Pour Marrou, très augustinien, la seuleconnaissancequenous ayonsdu sensde l’histoire, c’est, pourschématiser, le fait que l’humanité, grâce aux sacrements del’Église, cheminevers lavie éternelle.Remarquons aupassageque le problème du sens de l’histoire a été traîné comme unecasserole par les intellectuels des années du marxisme.Cf.Lustiger,LechoixdeDieu,Fallois,Paris1987,153,quiciteDaniélouetMarroucommeartisansdelaclarification.1.JeanBaptiste7.2.Meslin,Sensdel’histoireetthéologiedesreligions…36.3.Cf.Meslin,Sensde l’histoireet théologiedes religions36-37,quiprécisequ’en1949«DaniélouprésenteàlaConférencede l’Institut œcuménique de Bossey un rapport sur « laconception de l’histoire dans la tradition chrétienne » où l’ontrouve déjà les linéaments de l’Essai sur le mystère del’histoire » : le texte parut dans Le sens de l’histoire (encollaboration), in « Le Semeur » 3-4 (1950), en anglais Theconception of history in the christian tradition in « Journal ofthereligion»30(1950)171-179.DaniéloureprendlathèsedeCullmann sur « l’attente eschatologique et le devoirmissionnaire».1. Meslin, Sens de l’histoire et théologie des religions… 37,citantEssai104.2.Cf.Meslin,Sensdel’histoireetthéologiedesreligions…38,quisitueDaniéloudansledébatdumilieudusiècle«entrelestenants d’une eschatologie conséquente (A.Schweitzer), d’uneeschatologie réalisée (C.H.Dodd) ou existentielle (Bultmann),ou d’une eschatologie anticipée (O. Cullmann) », situant

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  • merveilleux, inEnfance95,àproposdusongedeJosephetdel’étoiledesmages:«Quandils’agitdumerveilleux,ilnes’agitpas de l’intervention de Dieu dans les événements et enparticulierdans les lumièresdonnéesàJoseph.Ceci faitpartiede la réalité historique. Il s’agit de la présentation de cetteinterventionenfonctiondelamentalitédel’époque.Rienn’estplus important que de distinguer l’action divine, qui est lecontenumêmedel’histoiresainte,et lemerveilleux,quiestunphénomène culturel. » Ou encore, in Approches 60 : « PourJean, la transcendance de Dieu est la souveraine liberté d’unDieuvivantquiseplaîtàfaireéclatersagloireenaccomplissantdesœuvresadmirablesquidéconcertentlaraisonhumaineetquin’ont d’autre raison que la gratuité de son amour. » Cf. Dieu224. Cf. Message 195 : « mirabilia Dei, des œuvres de lapuissancedeDieu.»Cf.Message257:«lapluspurethéologiedel’histoiresainte,commehistoiredesmagnaliaDei».1.Cf.JeanBaptiste36.2.Cf.Commencement38.3. Cf. Bible 194, où Daniélou, commente les Constitutionsapostoliques(livreVIII):danslaMesse,laprièreconsécratoire« commence par le rappel des grandes œuvres accomplies parDieu dans le passé […]. Elle comprend ensuite le rappel desgrandes œuvres de Dieu dans le Nouveau Testament et desmystèresduChrist […].Etelles’achèvepar l’épiclèse,quiestla demande adressée à l’Esprit Saint, qui a opéré ces grandesœuvresdanslepassé,delescontinuerdansleprésent.»1.Cf.Commencement99.2.Approches84.Cf.JeanBaptiste58:«Lafoineconsistepasà croire que Dieu existe, mais que Dieu intervient dansl’histoire. […]» ; Il y a « des irruptions deDieu, des actionsproprementdivines,oùDieucrée,visite,sauve».Cf.aussiJean

  • Baptiste111:«Ledomainedelafoi,c’est-à-direledomainedel’intervention de Dieu dans notre existence […]. » DaniélouaffirmeinMémoires160quen’estpointsusceptibled’évolutionce qui constitue la substance même de la foi et que nousconfessons dans le Credo : la reconnaissance dans l’histoirehumainedecequeDieufait,àtraverslesmystèresduChrist,àtraverslessaints.3.Cf.Approches84.4. Essai 164. Cf. Essai 181 : les réponses de l’homme, dansl’Ancien Testament, apparaissent « comme surtout négatives »mêmes’ilya«uneprogression».5.Cf.Essai181:«Dansl’AncienTestament,l’histoiredusalutprésentaitunedoubleligne:d’unepart,ellenousestprésentéecomme une suite d’interventions divines, comme une histoiredes actions de Dieu ; de l’autre nous y avons vu la suite desréponsesdel’homme.»6. Cf. Enfance 64 : « Le propre précisément de l’histoire dusalutestd’être l’histoiredesmirabiliaDeienmêmetempsquedescirconstanceshumainesquilesaccompagnent.»1.Commencement62.2.Essai181.3.Cf.Essai181:«Cettedoublehistoirenedevenaitpleinementintelligible et en même temps n’atteignait son pleinaccomplissementquedanslapersonneduVerbeincarné.»4.Cf.infraIV.5. Essai 34. Daniélou remarque que saint Augustin metexplicitementcesdeuxactionsenparallèle.CeciestdéveloppéinfrainIV.6.Trinité54.1.Trinité54.2.Cf.Dieu72citantDupositivismeàl’idéalisme,121.

  • 3.I,q.III.,a.3,adI.4.Dieu73-74,citantLesdegrésdusavoir,464.Cetextenedoitpas être interprété comme s’il y avait une personne divine àl’extérieurdes troispersonnesdivines, cequ’évidemment saintThomasneditpas.5.Trinité13.1.Cf. à ce sujet, par exemple, JoséMaríaGalván, Il problemateologico degli attributi divini : considerazioni metodologiche(I)inATh8(1994)295.2. Trinité 53. Cf. par exemple Dieu 43 : « C’est en quoil’affirmationchrétiennequeleTroisestaussiprimitifqueleUnetqu’ilestconstitutifdelastructuredel’Êtreestleplusgranddesparadoxes.Et c’est cette consistancede laTrinité enDieumêmequigarantitdanslacréationlaconsistancedespersonneshumaines.»3.Trinité76.4.Trinité82.1.Cf. JeanBaptiste136 :«“Jean répondit :personnenepeutrien prendre que ce qui lui a été donné du ciel.” Ceci estl’admirable expression de la totale dépendance par rapport àl’action du Père. “Je ne fais rien de moi-même” dit Jésus(Jn5,19).Chacund’entrenousn’arienquecequiluiestdonnéduciel.»2. Cf. Message 197 : Justin « constate des faits tangibles,appartenant à l’actualité historique, attestés comme tels. Ilmontre d’autre part que ces événements concrets ont étéannoncés par les prophètes. Il en conclut qu’ils sont laréalisationd’undesseindeDieuetnondesépisodesdénuésdesignification.»3.Commencement24.4.Trinité80-81.

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  • 5. Essai 188-189. Daniélou suit ici Cullmann in Christ et letemps.6.Cf.Cullmann,op.cit.86.1.He9,12:«Οὐδὲδι’αἵματoςτράγωνκαὶμόσχωνδιὰδὲτoῦἰδίoυαἵματoςεἰσῆλθενἐφάπαξεἰς τὰἅγιααἰωνίανλύτρωσινεὑράμενoς. » He 9,26b : « νυνὶ δὲ ἅπαξ ἐπι συντελείᾳ τῶναἰώνων εἰς ἀθέτησιν [τῆς] ἁμαρτίας διὰ τής θυσίας αὐτoῦπεφανέρωται. » Cf. Rm 9,10 et He 7,27. Cf. Catéchisme del’Églisecatholiquen.1085.2.Essai189.3. Essai 189, cf. E. Stauffer, Die Theologie des NeuenTestaments,4eéd.,1948,99.4.Remarquonsque,duconcileVatican II auMagistère récent,ce caractère définitif de l’incarnation ne manque pas d’êtresouligné.LeSeigneurJésusestletermedel’histoirehumaine,lepoint vers lequel convergent les désirs de l’histoire et de lacivilisation, le centre du genre humain (cf. ConcileVatican II,Constitution pastorale Gaudium et spes, 45/2). Le Christ estmediatorsimuletplenitudototiusrevelationis(ConcileVaticanII, Const. dogm.DeiVerbum 2). C’est par leVerbe queDieucrée (cf. Jn 1,3) et conserve toutes choses (cf. ib.). Aussil’économie chrétienne, Alliance Nouvelle et définitive, nepasserajamais,etaucunenouvellerévélationpubliquen’estdèslorsàattendreavantlamanifestationglorieusedenotreSeigneurJésus-Christ(cf.1Tm6,14;Tt2,13)(cf. ib.4/2).«EnJésus-Christ,toutnousaétéàlafoisdonnéetrévélé»écrivaitLubacinLeproblèmedudéveloppementdudogme,«RechScRel»35(1948) 157-158. En effet, dans le Christ, Dieu s’est dit lui-même:iln’ariend’autreàdire.Dansl’optiquechristologique,la révélation trouve sa plénitude et son accomplissement. LeChristestlecentreduprojetdivinsurlecosmosetlerévélateur

  • définitifdelavéritésurl’homme.«Lecieletlaterrepasseront,maismesparolesnepasserontpoint»(Mt24,25)(Vid.aussi :Jn1,3;Ep1,3-10;Col1,13-20;He1,1-3).1.Essai190.2.LavéritédeDieuin«Bulletin»6(1980)9.3.Cf.LavéritédeDieuin«Bulletin»6(1980)9.4.Essai190.Cf.1P1,4.5.DoctrinedéveloppéeparticulièrementparGrégoiredeNyssevs Apollinaire. Cf. aussi (entre autres) Platonisme 6 (doctrinequel’onretrouvechezCabasilas).Cf.Essai116:«MystèredelaTrinité, connu par la présence duVerbe venu dans la chair,mystère de la divinisation de l’homme en lui, c’est là tout lechristianisme.»1.Essai267quicontinue:«C’estlàcequicaractériselavisionchrétienne de l’histoire et la distingue de toute conceptionévolutionniste qui attendrait de l’avenir quelque chose d’aussiimportantetpourquidèslorsleChristreprésenteraituneétapedestinéeàêtredépassée.»2.L’incarnationmanifestelavolontédivinedes’uniràl’hommedans le Christ. En résolvant l’apparente contradiction entreimmanence et transcendance divines, l’incarnation dépassetotalement l’attente de l’homme. Elle est bien plus qu’unegnose, qu’une simple connaissancedeDieu et dumonde.Elleestd’abordl’offrandequeDieufaitdelui-mêmeàl’homme.Lemystèreestoffert,lemystèreestdon,auto-donationdeDieu.Lafinalitédel’hommeestalorsl’incorporationauChrist.Cf.Jean-PaulII,Tertiomillennioadvenienten.6:«LeVerbeincarnéestdonc l’accomplissement de l’attente présente dans toutes lesreligionsdel’humanité:cetaccomplissementestœuvredeDieuet va au-delà de toute attente humaine. C’est un mystère degrâce.»LeChristrelèved’unordredegrandeurquiestceluide

  • lasainteté,àlaquelleilnousappelle.L’ordredelasagesse,celuide Bouddha ou de Socrate, relevait encore de l’ordre desgrandeurs de l’homme. L’Esprit Saint fait que l’homme « soitaussi fils, à la ressemblanceduChrist, et héritier de cesbiensqui constituent la part du fils (cf.Ga4,7).En cela consiste lareligion du “demeurer dans la vie intime de Dieu”, quicommence avec l’Incarnation du Fils de Dieu » (Jean-Paul II,Tertiomillennioadveniente,8).3.Cf. Essai 191 faisant référence àHe 5,5.Daniélou rappelleque saint Thomas d’Aquin donna sa forme définitive à ladoctrine de l’union hypostatique dès le premier moment del’incarnation (Daniélou renvoie à S. Th. III, q. 22, a 1-6 ;d’autres références seraient plus appropriées, comme III, q. 2,12;III,q.9,a.1-4).1.Essai192-193.2.Cf. Essai 264.DonatienMollat in SDB, IV, 23, col. 1355,1357. Daniélou rejette diverses conceptions de l’eschatologie,sans toutefois les mettre sur le même plan. L’eschatologieconséquentedeSchweitzer (l’attenteduChristpourunprocheavenir :Essai263).L’eschatologieréaliséedeDodd(lafindestempsdéjàréaliséeenJésus-Christ:Essai263).L’eschatologieexistentielledeBultmann(iln’yapasd’autre jugementque ladécision par laquelle l’homme à chaque instant se pose parrapport à Dieu : Essai 263). L’eschatologie anticipée deCullmann(l’événementessentiel,larésurrection,estdéjàarrivé:Essai264).Daniélou,s’ilrefuselaconceptiondeSchweitzeretde Bultmann, reconnaît une large part de vérité chez Dodd etCullmann.3. Essai 264-265. Cf. Essai 269-270 : sans illuminisme niapocalyptiquedecalcul,nipharisaïsme,lavéritableeschatologieest,pourDaniélou,«cellequinousrappelleque,mêmes’ilsse

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  • facteurs des relations des hommes avecDieu ; celles-ci à leurtoursebasentsurlarelationantécédentedeDieuavecl’homme.Christologieetecclésiologiesontdoncinséparables:l’actiondeDieucréele“peupledeDieu”,etle“peupledeDieu”devientàpartir du Christ “corps du Christ”, selon la profondeinterprétationquePaul,danssalett