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HISTOIRE SANS LIMITES

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NORBERT LELUBRE

H i s t o i r e

s a n s l i m i t e s

1 9 3 0 - 1 9 9 8

Éditions du Petit Véhicule

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Préface d'Alain Lebeau Postface deJean Laroche

Illustrateurs des originaux : Henry Leray

Geneviève Couteau Renée Leclerc Henry Leray

Flo Creach-Lelubre Émile Pescher

Jacqueline Beauclair

Éditeurs des originaux : Histoire sans l imi tes - 1957 (Chiffoleau)

Deux ballades (Traces) Chansons des treize mélancolies (Traces)

Cantate pour une mort (Traces) Rue de minuit (Traces)

La muse visible (Traces) Trois ballades (seconde édition) (Traces)

L'Illustre ou la folie du printemps (Traces) Histoire sans limites (choix de poèmes de 1930 à 1975) (Traces)

Ce noir éblouissant (Traces) Dans les yeux de ce monde (Traces)

Jusqu 'au pays léger (Traces)

@ Édifionsrçkj Petit Véhicule, 1998. 20, rue. du Coudray — 44000 Nantes \ r. ^ i

1ISBN 2-84273-108-5

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Préface

NORBERT LELUBRE L'HOMME AUX LIMITES DES CHIMÈRES

C'est en 1964 que Norbert Lelubre, nous donna à lire ses Deux ballades. Nous sommes nombreux, de- puis, à murmurer sans cesse comme la houle qui la porte, la « grande ballade le longs de la mer ». Un vent ivre nous revenait du large et nous tenait en partance. D'une manière ou d'une autre, nous avons levé l'ancre et nous devons à Norbert Lelubre le noroît qui gonfle les voiles de nos navires au cap affolé.

Partez ! Partez puisque la mer est libre et se donne partez puisqu'il fait jour, partez puisqu'il faut vivre les meneurs d'horizon, les marins de la terre les haleurs, les sonneurs d'un isthme ensoleillé tous les gars du voyage, roturiers d'aventure les soldats sans souliers de la franche équipée partez sur des chansons et sur des matins de haut bord allez jeter le lest, allez rallumer des feux dans les nuages...

Depuis que nous connaissons ce « commis-voyageur en poésie » — comme l'appelle affectueusement Claude Serreau — nous ne nous sommes plus quittés, ni en poésie ni en amitié. Nous avons vu nos êtres chers naître ou mourir, nous avons ensemble vidé des verres de Muscadet avec nos amis de « Traces » et ri sérieusement de poésie, de musique, de peinture, de politique. D'amour? Curieusement non. Sans doute parce que nous nous contentions d'écouter battre le poème et que la muse visible n'était jamais bien loin.

aujourd'hui je n'ai plus la force de te chercher au bout des rues au fond des livres d'allumer pour te voir les oiseaux du jardin je ne puis te nommer sans rire et je hausse l'épaule sans savoir que je t'aime

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peut-être existes-tu si près de moi que tu es invisible

Je ne pouvais pas parler de toi, de nous, sans parler d'elle. J'ai posé sur la table, près de moi, cette photo que tu m'as laissé choisir. Elle m'émeut aux larmes. J'ai écrit ces quelques mots :

En souvenir de Jacqueline Beauclair.

Jamais je n'avais vu autant de bonheur que dans les yeux de cette femme mourante qu'on avait habillée en mariée pour recevoir l'alliance de son compagnon de vie

Un jour, un jour d'avant, tu as écrit : « Tu dors et je t'apporte ce qu'il reste de l'aube » Elle dort. Sans doute t'a t'elle un peu emporté « vers l'oubli dans sa main ensoleillée ». << La main de son amour qui dort près de lui... » dont parle Simonomis dans un poème en mémoire de

Jacqueline. Je ne parlerai pas savamment de ta poésie, parce que je ne saurais pas le faire : d'autres, des spécia-

listes, des exégètes, le feront très bien. Si je parle de moi, de nous, c'est pour mieux dire l'homme, « l'homme nu « comme écrivait notre vieux copain Michel Lavaur. Car tu es un homme de chair, de cœur et de poésie. Tu écris la langue muette de la mer, la plus belle, celle qui chante à plein vers le vent et tu parles celle des conteurs de merveilles. Nous avons passé des heures et des heures à évoquer les lieux où tu as vécu, les gens que tu as rencontrés, les événements que tu as vécus et rarement — Jean Laroche en cite ce- pendant quelques témoignages dans sa belle préface aux Histoires sans limites — très rarement, nous re- trouvons la chair de tout ça dans tes poèmes, seulement l'âme, au pays des paradis perdus, à la manière de l'enfant qui descend de son cœur « par l'échelle du clair de lune ».

« La transposition par le fantastique est peut-être un bon moyen de rendre l'aspect du neuf à ce qui nous entoure ou d'accentuer la réalité ». Au fil des années, j'ai appris le passe-muraille entre le monde de tes poèmes et celui de l'immense scène naturelle « où les hommes ne sont quand même pas tout ». À chaque fois tu me surprends, tu me racontes avec d'autres couleurs, d'autres musiques, cinquante ans de l'histoire de Nantes, de son port, de ses rues, de ses artistes. Et toujours tu ris, tu me fais rire, rire aux larmes parfois, de tant de tendresse pour les personnages, les peintres surtout, Michel Noury, Henri Leray, Emile Pescher et tous ceux à qui tu as dédié tant de poèmes. Tu es fasciné par les couleurs et par ceux qui osent en marier les extrêmes. «... les roses sont vertes les étoiles sont noires mes mains étincellent. Viens... la vie est bleue dans les arbres »

Tu parles... chez toi, au téléphone, le long de la mer, tu parles et jamais on ne s'ennuie, au contraire, on aime à relancer le conte d'un mot, d'une image, c'est si facile quand on aime ta voix, tes yeux rieurs ou si profonds quand y passe le hasard des ombres. Et quand tu te tais, que nous sommes encore pleins de tes contes ou se côtoient Desnos, la dame pipi du Quai de la Fosse, ou la couleur du ciel sur le marais vendéen, alors, on peut ouvrir l'histoire sans limites et la lire avec les yeux surnaturels car tu ne fus jamais qu'un en- fant chasseur de saisons et d'étoiles et s'enivrer de l'extraordinaire foisonnement du langage total, celui de tous les sens sollicités et de l'esprit éveillé.

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Dehors, qu'il tempête ou qu'il rit, le temps est couleur de jour et de nuit. Chez toi, il y a un piano, des tableaux et des livres. Et toi, l'ami. Le magicien qui allume le premiers verre. Et tout s'illumine, même la question sans réponse.

Que viens-tu chercher sur la lande? Où vas-tu si seul, où vas-tu? Très haut, très loin passent les oies sauvages et nul ne sait où le courant mène la barque abandonnée

ALAIN LEBEAU La Baule, août 1998

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histoire s a n s limites

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Petites cloches nuit mutine ramiers lumière à tire d'aile cryptes de vos musiques d'eau colonnes

ce que l'on chuchote : « je suis là involontairement... il ne faut plus partir »

soleils blancs vapeur de paroles une belle femme n'est qu'un port endormi et comme dans les nuits de noël un pas monte dans la mer

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ritournelle

Comme un violon infini entre ciel et tour retient le vent et se- coue les petites fenêtres

(Les dents mortes des rivages les chiens de plomb veillant la mer...)

Monte ta place monte et le ciel maintenant libre va flotter pour longtemps.

Les cerfs trépassés croassent... la nuit boit sa gourde invi- sible.

Comme un violon ton rire relève le front du Rêve et les cor- beaux se chassent.

Comme un violon infini éboulant le vieux temps... comme un violon marcherait au pas des vallées cherchant (et les prés écoutent et les gouttes battent) au fond des matins tes yeux et tes mains et leurs pierres tournées vers le clair terrestre

1932

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dans la plus grande nuit

Les sirènes ne chantaient plus les échos brisés luisaient fragments déçus aux tournants des montagnes l'homme écoutait toujours les tambours de la mer

Alors Ulysse vieux retour des aventures fuma tranquillement devant le rivage et ne daigna rien raconter ce fut le premier coup porté aux vieux usages

Un grand cheval sans cavalier j'ai vu briller les étriers se posta resta comme un nuage

aux escaliers du crépuscule

les sirènes ne chantaient plus et les femmes prudentes ne réveillaient pas

le beau navire échoué qui dormait dans la toile des tarentules

1933

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chevaux — voiles

Dans l'eau pâle du printemps aux quatre coins du monde les doigts du cor — amour — aux vitres flagellées les grands arceaux nocturnes enlacés aux murailles le carbone des oiseaux se mêle aux cendres des vagues

la terre ralentit tremble de toutes ses détonations un train qui passe sur la colline de lumière éveille les chevaux dans les lacs mystification les lacs veilleurs

l'homme et son fils chantent le décalogue à la chaleur auréole des vagues des vagues qui rejettent des branches de lumière et des serpents de feutre que les chevaux dévorent

1934

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nuit

Horizon attaché les oiseaux s'évaporent la nuit à la coque fragile se lézarde sur la terre bruyante les coqs s'ouvrent montrent leurs plaintes leur plâtre triste mais aux cordes basses du ciel une aurore en robe d'enfant passe et vient jouer sans rien dire

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fille de sable

Colonnes gutturales et levers d'oiseaux minuits blancs statue ou Beauté que la mer relève et abaisse abaisse et relève FILLE DE SABLE

les harpes et leurs nuages aux pays défendus écaillés aux bords de leurs filets bleus et le sol où les boules de plomb luisent à nouveau bien avant l'argent étendu et pelé

FILLE DE SABLE

couvre toi Regard-Ciel calme toi Temps-Sargasse (échos-algues palpi- tant tristesse jetant feux...)

dehors dans le massacre des halos c'est de la pluie rousse que les chevaux s 'abreuvent

1936

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future

Il viendra un temps pour t'aimer toutes les mers seront favorables toutes les terres désirables

les arbres regretteront leur passé et le diront tes mains viendront riantes sous ma tête tes lèvres se feront si claires sur ma soif je dirai : « qui es- tu? » Je te garderai je te connaîtrai je te sourirai dans les nuages de tes caresses

1940

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belvédère, par le fond du drame, par la mélodie qui nous mène encore à la Voie Lactée toute proche. Je viens la rejoindre entre les herbiers, les pommiers en quinconce. Mezza voce... Senza voce... car je la supplie, je n'ai rien à dire. À la muette aussi je lui prends le bras. Un genou à terre je lui tends la rose, l'unique, la seule que j'aie jamais offerte.

Soudain je me souviens de ma mission et, les yeux fermés, les ailes en croix, je vais la troubler, je vais l'envoûter, je vais lui mimer la vie de l'illustre. Je fais un pas... deux pas. Sans la réveiller et pour nous distraire je la fais sourire et je l'environne : je la frôle encore aussi près que possible et puis je m'arrête... Perdendosi.

CORYPHÉE

Cornets et bugles! On joue « Sambre et Meuse », c'est un défilé monstre des fantassins en veste bleue et pantalon garance vont au pas gymnastique, bai'onnette au canon; des pieds plats Saint-Cyriens, d'autres polytarsiens font effort pour les suivre mais comme ils sont en bois ils vacillent, culbutent. Et ce n'est qu'un début! Car, baudrier rose et tambour à fleurs, dix mille majorettes précèdent les magots les prévôts les ja- bots les patauds les courtauds les bedeaux les cornettes... Aux flonflons des marsouins, des chaloupés ma- rins qui prêtent leur pompon sous le clin d'œil du chef à la basse, au piston ; on active la claque et l'on s'em- brasse en rond, on se pâme on rend l'âme aux sons des mirlitons. Et passent en bon ordre les Poussahs les prud'hommes, les Dandins les grondins, les petits les moyens, tous les gros bourdons les baudruches : ceux qui ont la vessie en forme de poisson, le faux-col à hélice et par nœud-papillon. Enfin l'apothéose : trois cents épiciers, quatre cents pâtissiers soufflant geignant bavant mourant dans les brancards et tramant derrière eux le fruit de leurs veilles, leur chef-d'œuvre : la pièce montée où Miss Monde, sur lit de nénu- phars, envoie des baisers et nous montre son ventre piqué de cocardes, ce ventre qui fera (on nous l'a pro- mis) la nouvelle avant-scène de l'Opéra. Des infirmiers l'entourent; toutes les dix minutes on l'épi le, on la purge. Elle bénit la foule. Alors on s'agenouille, on lui jette des sous. Mais des zélateurs portés en triomphe, des provocateurs dans le Char des Pauvres l'abjurent, s'insurgent; un passant, par erreur, entonne à voix haute la Déclaration des droits de l'homme et c'est l'inévitable : on se fâche, on en vient aux mains. On frappe, on tape — à coups de drapeaux, à coups de panneaux, à coups de pancartes. Il faut avancer en ra- sant les murs, user de prudence car des forcenés occupent les balcons, s'excitent, trépignent. On les me- nace. On fait appel au calme. On les somme de se rendre. Ils refusent. On braque sur eux un énorme canon. Le coup part et n'émet aucun bruit mais les gargouilles s'envolent... On regarde à perte de vue cette nuée de chimères.

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RÉCITANT

Ah! L'une d'elles est tombée. Je me précipite, je la berce, je la console : « Comment pourrais-je t'abandonner, t'oublier? N'es-tu pas ma gigogne et ma mélancolie? » Elle est blessée à mort. Elle pleure, elle pleure son silence perdu. Il ne fallait pas vivre... Elle sanglote et rien n'est plus triste que les larmes sur cette face fardée et sur ces pustules. Elle darde sur moi ses yeux à facettes, ses yeux de sauterelle, ses yeux de sangsue. Elle est vraiment hideuse et je la caresse. Je ne puis résister à ce chant d'amour.

Un petit homme en complet noir et tout lustré m'aborde. Il se présente : c'est un ancien décapité. Fatigué de porter sa tête à la main il l'a suspendue en sautoir, attachée à ce qu'il lui reste de cou avec ses bretelles. Sa barbe, son front dégarni, son teint bilieux me disent quelque chose. Je pense à Landru mais ce n'est pas sé- rieux. J'imagine plutôt Loyola ou Lénine.

L'entretien est pénible. Je pratique peu l'alphabet des sourds-muets et il a les doigts très agiles. Je crois comprendre qu'il a beaucoup réfléchi depuis son décès et qu'il en sait long sur la terre le ciel et les enfers. Il en rit tout seul. Si vraiment j'y tiens, il peut me conduire. Je le remercie. Ne sachant où je vais je ne vois pas l'utilité d'un guide. Et je ne suis pas Dante et il n'est pas Virgile.

Il pleut sur les manèges. Il pleut sur le Grand Huit. Il pleut doucement aux confins de la nuit et de Luna Park.

Et je regarde les passe-boules dans leur baraque illuminée.

CHŒUR

Être pass'boul' Vivre pass'boul' PENSER pass'boul.

RÉCITANT

Oui ! Être ou ne pas être passe-boules c'est la question.

C'est Hamlet qui le dit dans son faux cimetière, Hamlet toujours debout sur la nécropole