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Histoire — Thème 2 : Sociétés, Église et pouvoir politique dans l’Occident féodal (Xe-XVe siècle) Chapitre 3 : L’affirmation de l’État monarchique dans le royaume des Capétiens et des Valois

Histoire — Thème 2 : Sociétés, Église et pouvoir … · le roi Hugues et Robert, son fils, le menacèrent d’une ... porter sur le trône qu’un homme exceptionnel. Prenez

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Histoire — Thème 2 : Sociétés, Église et pouvoir politique dans

l’Occident féodal (Xe-XVe siècle)

Chapitre 3 : L’affirmation de l’État monarchique dans

le royaume des Capétiens et des Valois

Doc. 4 : Un roi faible

Hugues Capet souhaite imposer son autorité à ses vassaux. En 996, Adalbert de Périgord envahit la Touraine.

« Adalbert mit le siège devant la ville de Tours. Alors le roi Hugues et Robert, son fils, le menacèrent d’une guerre ; ils lui dirent : « Qui t’a fait comte ? »

Adalbert répondit : « Qui vous a fait rois ? » »

D’après Adémar de Chabannes, Chroniques, vers 1030

I/ Hugues Capet=> Comment Hugues Capet devient-il roi de France et quels sont ses pouvoirs ?

Doc. 2 : Le sacre d’Hugues Capet

Miniature extraite d’un manuscrit du XIVe siècle, BNF, Paris.

Le roi est sacré – c’est-à-dire marqué d’une huile sainte appelée le Saint Chrême – puis couronné.

A gauche les grands seigneurs, à droite les évêques.

Doc. 1 : Le choix d’un nouveau roi

En 987, le roi carolingien Louis V meurt à 20 ans d’un accident. Les grands seigneurs du royaume se réunissent pour choisir entre son cousin Charles et le duc Hugues.

« Au temps fixé, les grands seigneurs de la Gaule se réunirent à Senlis. Lorsqu’ils furent réunis, l’évêque de Reims, Adalbéron, leur parla ainsi : « Nous n’ignorons pas que Charles a des partisans : ils soutiennent qu’il a des droits à la couronne. Mais on ne doit porter sur le trône qu’un homme exceptionnel. Prenez donc pour chef le duc Hugues, recommandable par ses actions, sa noblesse et par ses troupes, en qui vous trouverez un défenseur, non seulement de la chose publique mais aussi de vos intérêts privés. » Cette opinion proclamée, le duc fut, d’un consentement unanime, porté sur le trône, couronné à Noyon par l’évêque de Reims, et reconnu pour roi. (…) Comme les grands seigneurs étaient réunis pour célébrer le couronnement du roi, Hugues couronna aussi solennellement Robert, son fils. »

D’après Richer, Histoire de son temps, vers 995-996

Q1 : (doc. 1) Le texte est-il contemporain de l’événement raconté ? A quelle dynastie succède Hugues Capet ? Qui soutient le choix de Hugues Capet et pourquoi ? Comment Hugues Capet installe-t-il durablement sa famille au pouvoir ?

Q2 : (doc. 2) Montrez que le roi est au-dessus des autres personnes et groupes de la société.

Q3 : (doc. 3 et 4) Que peut-on dire du pouvoir réel du roi dans son royaume ?

II/ La dynastie des Capétiens=> Comment les Capétiens renforcent-ils leurs pouvoirs et surmontent-ils les épreuves ?

Doc. 1 : Le royaume de France du XIe au XVe siècle (début)

Doc. 2 : Philippe Auguste confisque les terres du roi d’Angleterre

Nous sommes en 1202. Philippe II Auguste règne sur la France. Jean sans Terre (surnommé ainsi car il n’était originellement pas destiné à régner) est roi d’Angleterre mais dispose également de nombreux fiefs en France.

« La cour de France s’étant réunie jugea que le roi d’Angleterre devait être privé de toutes les terres que jusqu’alors lui et ses ancêtres avaient tenues du roi de France, pour la raison que depuis longtemps ils avaient négligé d’accomplir tous les services dus pour ces terres et ils ne voulaient pas obéir à leur seigneur. »

D’après la Chronique de Raoul de Coggeshall, moine anglais, XIIIe siècle

Doc. 1 : Le royaume de France du XIe au XVe siècle (suite)

Doc. 3 : Bouvines (1214)

Philippe Auguste affronte une coalition formée par le roi d’Angleterre, l’empereur Othon IV et des vassaux révoltés, en particulier Ferrand, comte de Flandres. La victoire capétienne est totale : Othon s’enfuit et perd sa couronne, Jean sans Terre abandonne ses possessions françaises, et les vassaux révoltés du roi sont dépossédés et emprisonnés.

Miniature extraite des Grandes chroniques de France, XIVe siècle, BNF, Paris.

Miniature, XVe siècle, Bibliothèque royale de Belgique. On voit le roi à cheval et Ferrand attaché.

Doc. 5 : Les Etats-Généraux de 1314

Philippe IV le Bel (1285-1314) puis ses successeurs prennent l’habitude de convoquer les Etats-Généraux pour obtenir des aides financières des habitants du royaume. En haut, de chaque côté du roi, la noblesse et le clergé. En bas devant lui les bourgeois représentants des communes auxquels il demande de nouveaux impôts, qui vont lui permettre de salarier une armée et de renforcer son pouvoir.

Miniature extraite des Mémoires de Philippe de Commynes, 1524, Musée Thomas Debrée, Nantes

Doc. 4 : L’ordonnance sur la monnaie du roi

« La monnaie royale aura désormais cours dans tout le royaume. Il est ordonné que nul ne puisse faire des monnaies semblables à la monnaie du Roi (…).

Et qu’on ne serve aucune autre monnaie que celle du Roi, dans le royaume à partir de la Saint Jean prochaine, là où il n’y a pas de monnaie particulière. »

Ordonnance de Louis IX (Saint-Louis), 1263

Un écu de Louis IX, monnaie en or, XIIIe siècle, BNF, Paris. On peut lire : « Ludovicus, Dei gracia Francorum rex » (Louis, par la grâce de Dieu, roi des Francs).

Doc. 6 : La fin des Capétiens directs

En 1328, les trois enfants de Philippe le Bel se sont succédés sans avoir d’héritier. Le troisième fils, Charles V, meurt tandis que sa femme est enceinte.

Se pose alors un double problème : qui choisir pour assurer la régence le temps qu’elle accouche ? Que se passera-t-il si l’enfant est une fille ou meurt rapidement (Jean mourra en fait avant l’âge d’une semaine) ?

Il existe deux prétendants : Édouard d’Angleterre, petit-fils de Philippe le Bel mais par Isabelle de France, et Philippe de Valois, cousin mais héritier par les hommes uniquement.

Doc. 7 : Jeanne d’Arc s’adresse au roi d’Angleterre

Avec la montée sur le trône de Philippe de Valois, les rois anglais considèrent que leurs droits ont été bafoués. Ils entrent donc en conflit contre les Capétiens-Valois. Ce conflit, qui dure de 1337 à 1453, est connue sous le nom de Guerre de Cent ans ; il est marqué par des trêves parfois longues, des défaites puis des victoires françaises. Mais le roi Charles VI, qui est fou, attribue sa couronne au roi d’Angleterre. Son fils Charles se réfugie à Bourges, tout le Nord du royaume étant occupé par les Anglais et les Bourguignons, leurs alliés. C’est alors qu’intervient l’épopée de Jeanne d’Arc.

« Roi d’Angleterre, rendez à la Pucelle ci-envoyée par Dieu les clés de toutes les bonnes villes que vous avez prises et violées en France. Si vous n’abandonnez pas, je suis chef de guerre, et en quelques lieux que j’atteindrai vos gens en France, je les ferai partir. Je suis venue, de par Dieu, le Roi du ciel, corps pour corps, pour vous bouter hors de toute France dont seul le Roi Charles est le vrai héritier. »

D’après une lettre de Jeanne d’Arc au roi d’Angleterre, 1429

Doc. 8 : Le sacre de Charles VII

Après son épopée, Jeanne d’Arc parvient à faire venir Charles VII à Reims où il est sacré.

« A l’heure que le roi fut sacré, et aussi quand on lui assit la couronne sur la tête, tout homme cria : Noël ! [Noël signifiait joie au Moyen Age] Et les trompettes sonnèrent en telle manière qu’il semblait que les voûtes de l’église devaient se fendre. Et durant la messe, la Pucelle s’est tenue toujours auprès du roi, tenant son étendard en sa main. Et c’était très belle chose de voir les belles manières du roi et de la Pucelle:

« Gentil roi, désormais est exécuté le plaisir de Dieu qui voulait que je lève le siège d’Orléans et que je vous mène en cette cité de Reims recevoir votre saint sacre en montrant que vous êtes vrai roi et celui au quelle royaume doit appartenir. » »

D’après un témoin, cité dans R. Pernoud et V. Clins, Jeanne d’Arc, ed. Fayard, 1986

Vitrail de Jules Lenepveu, Le Panthéon, 1886-1890

Q1 : (doc. 1) Décrivez les évolutions des limites du royaume de France, du domaine royal et des fiefs importants au cours du temps.

Q2 : (doc. 2) Expliquez ce texte en vous appuyant sur vos connaissances sur la féodalité (vous pouvez aussi vous aider du doc. 1) : qui sont les protagonistes, quelle est la décision prise, cette décision semble-t-elle légitime, etc. ?

Q3 : (doc. 1 et 3) Identifiez les personnages sur les deux miniatures.

Q4 : (doc. 1 à 5) Montrez comment les rois capétiens renforcent leurs pouvoirs, leurs terres, leur autorité et leur prestige.

Q5 : (doc. 6 à 8) En quoi peut-on dire que la Guerre de Cent ans marque une crise grave dans l’histoire du royaume de France ?

Q6 : (doc. 7 et 8) Montrez que Jeanne d’Arc se présente comme missionnée par Dieu.

Q7 : (doc. 7) Quelles sont ses exigences envers le roi d’Angleterre ?

Q8 : (doc. 8) Comment est montré son triomphe ?

III/ Les rois de France=> Quels sont les lieux et symboles du pouvoir des Capétiens et Capétiens-Valois ?

Doc. 1 : Le sacre d’un roi

Le roi est entouré de toute la haute société : grands seigneurs, évêques, etc.

Le roi est oint : il est marqué par l’évêque d’une huile sainte appelée le Saint Chrême, qui rappelle le baptême de Clovis, puisque conservé dans la Sainte Ampoule, qui aurait été apporté par l’Esprit saint à cette occasion.

On lui remet :

- le sceptre (bâton de commandement, insigne du pouvoir suprême que détient le roi),

- l’anneau (qui, comme dans un mariage, symbolise l’union entre le roi et son peuple),

- l’épée (symbole du pouvoir seigneurial),

- la main de justice (qui montre son pouvoir de juger)

Il prononce aussi les serments de défendre l’Église, la paix et la justice.

Il communie sous les deux espèces, comme seuls les clercs ont le droit de le faire dans l’Église catholique.

Il est enfin couronné.

Doc. 2 : La cathédrale de Reims

La cérémonie a lieu un dimanche ou pour une grande fête religieuse (Pentecôte, Ascension, etc.).

Une grande majorité des sacres des rois de France ont eu lieu à la cathédrale de Reims, où se déroula le baptême de Clovis.

Rédigez une réponse permettant de répondre à la problématique.

Vous pouvez aussi vous aider des documents des pages précédentes (comme le doc. 2 sur le sacre d’Hugues Capet ou le doc. 4 sur la monnaie royale)

Doc. 3 : La basilique de Saint-Denis

« Au nord de Paris, à Saint-Denis, s’élève une Basilique grandiose, indissociable de l’histoire de France.

Bâtie sur les fondements d’un cimetière gallo-romain et d’une chapelle du Vème siècle dédiée au culte de Saint Denis, premier évêque de Paris et martyr, la Basilique de Saint-Denis n’a cessé de s’agrandir au fil des siècles.

Ce joyau de l’architecture gothique et nécropole royale, abrite plus de 70 gisants médiévaux et tombeaux de la renaissance, en faisant le plus important ensemble de sculptures funéraires du XIIIe au XVIe siècle.

On compte aujourd’hui 43 rois, 32 reines, 63 princes et princesses et 10 grands serviteurs du royaume enterrés dans la Basilique et sa crypte.

Les plus célèbres sont : Clovis Ier, Dagobert, Pépin le Bref, François Ier, Louis XVI et Marie-Antoinette.

La Basilique vous invite à découvrir l'histoire de France à travers les gisants des rois et reines de France, ses sublimes vitraux et son architecture grandiose. »

Tiré du site Internet de la basilique de Saint-Denis

La basilique de Saint-Denis abritait également les objets du sacre, qui étaient donc transférés vers Reims à cette occasion.

Doc. 5 : Philippe Auguste et les rues de Paris

« Philippe,  toujours  auguste,  retenu  alors  quelques temps  à  Paris  par  les  affaires  de  l’État,  s'approcha d'une  des  fenêtres  de  son  palais,  où  il  se  mettait ordinairement pour  se distraire par  la  vue du  cours de  la  Seine.  Des  chariots  qui  traversaient,  en  ce moment  la Cité, ayant remué  la boue,  il  s'en exhala une telle puanteur que le roi ne put y tenir. Dès lors, il  forma  le  projet  d'un  travail  bien  ardu,  mais nécessaire, et qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait osé  entreprendre,  à  cause  des  grands  frais  et  des difficultés  que  présentaient  son  exécution  ;  il convoqua les bourgeois et le prévôt de Paris, et, en vertu de son autorité royale, il leur ordonna de faire paver  toutes  les  rues  et  places  de  la  ville,  avec  de fortes et dures pierres. »

D’après les Grandes chroniques de France, XIIIe siècle

Doc. 4 : Le sceau de Philippe le Bel en majesté

Le sceau, placé sur les documents, permettait d’authentifier les décisions royales.

(Philippus Dei Gracia Rex Francorum)

Doc. 6 : Paris au XIIIe siècle

Paris est devenue la plus grande ville d’Europe occidentale et compte jusqu’à 230.000 habitants en 1340, juste avant la Peste noire et les épreuves de la Guerre de Cent ans.

Le roi a son Palais sur l’île de la Cité. La rive droite (en haut) est surtout pour les activités économiques ; la rive gauche est surtout un lieu d’enseignement, avec la Sorbonne ; comme les cours ont lieu en latin, langue de l’Église, le quartier s’appelle quartier latin, nom qui lui est resté jusqu’à nos jours.

Doc. 7 : Le Palais de la Cité, vu du Sud

Tiré des Très riches heures du duc de Berry, XVe siècle, musée Condé, Chantilly

1 : La Seine.

2 : Tour de l’horloge (guet).

3 : Parlement (cour de justice).

4 : logis du roi.

5 : Sainte-Chapelle (qui abrite les reliques de la Passion, achetées par Louis IX, dit Saint Louis).

6 : Chambre des comptes (finances royales).

7 : Enceinte du Palais.