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Historia 2e Guerre Mondiale 66 1821-1848 19690220

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Magazine hebdomadaire sur la deuxième guerre mondiale.Weekly magazine on second World War.

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  • 5 JUIN 1944. Tout en poursui El Dans un premier article, Ie gnral Barry tudie l'o rdre de bataille vant leur ofJensive en Extrme des forces allies qui vont tre lances sur Ie fron t de l'Ouest. Orient, les Britanniques et les

    A mricains onl accumul Ie maxi El Les matriels que vont utiliser ces armes font l'objet de I'tude de mum de moyens en Grande-Bretagne. Macksey. C'est grace la route ouverte par les nouveaux engins du Staline, lors de la confrence de gnral Hobart que dferleront les Sherman d' Eisenhower : les Thran, a, de son cot, promis de Tigre et ( Panther de Rundstedt ne pourront les arrter. lancer une nouvelle ofJensive sur Ie El Le temps des discussions entre les dirigeants politiques allis commefront de rEst, ds que les A nglo

    les divergences sur Ie choix des objectifs taient termins. Pour arriver Saxons auront dbarqu dans Ie ce 5 juin 1944, des annes de travail avaient , certes , t ncessaires. nord-ouest de la France, Mas Staline, la confrence de Thran, avait finalement oblig ChurDe mme que les partisans sovfchill et Roosevelt fixer une date prcise pour lancer I'arme Rouge et les tiques ont brillamment contribu forces anglo-am ricaines I'assaut de l'Europe. Un tmoin, Valentin Berejpar leur act ion aider l'arme kov, nous raconte comment I'homme d'tat sovitique parvint ses fin s. Rouge depuis Ie repli de la Wehr

    macht de Moscou et la chute de Stalingrad, les A nglo-Saxons comptent sur l'atde de ceux que ron appelIe les rsistants. Des milliers de TOnnes de matriels

    sont largues, ds les premiers jours de maf /944. sur les maquis el. plus particulirement. sur ceux qui en France sont, bien souvenl dj. passs l'action avec succs.

    Les Ptard '. mort Iers de 290 mm, envoyalen t la Poubelle volante , (18 kilos d'explosifs) su r les dents de Ilon , du mur de I'Atlantique.

    Sommaire:magazine 1821 l'armada allie Rdacteu r en chef

    Gnra/ R.H. Barry Conseiller historique1828 les forces blindes e n prsence Secrtaire gnral Major K.J. Macksey de la publicat ion 1838 A la confrenc e d e T hran : I( Overlord "

    Une publication TALlANDIER, sous la direction du gnral Andr BeaufreHISTORIA

    Va/entin Berejkov

    Purnell and Sons Ltd. 1966 Llbralrle Jules Tallandler , pour I'dltlon franaise, 1969.

    Magazine hebdomadaire paraissant tous les jeudis . Rdaction -Administration :

    Li b ra i r ie Ju les TA LLAN D IE R. 17, rue RemyDumoncel. Paris-14".

    Abonnements : 61, rue de la Tombe- Issoi re, Paris- 14 e - 707. 17-89

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    H I STa R IA- magaz ine Deuxime Guerre Mondiale

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    Secrtaire gnral de rdaction Secrtariat de rdaction

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    Toute demande de changement d'adresse doit tre accompa'lne de 0,80 F en timbres. Belgique : Abonnements auprs des marchands de journaux et S. A. Femmes d 'au lou rd 'hui 65. rue de Hennin, Bruxelles - C. C, P. Bruxelles 18-82-34. Couverrure Photo Holms-Lebel.

    Herv Laroche Christian Melchior-B onnet

    Jean Fontugne

    Jacques Kohlmann

    Paule Melot B. Le Pelley Fonteny Philippe Masson Franois Lourbet Franois Tesseyre Andr Ravaute Pierre Gaillard Edmond Pet it Franois Wi ttmann Claude Reblo

    Jacques Jourquin Michel Denis Chanta l de Pinsun Christian Clerc Georges Col let Roger Brimeur Michel Schefer Yveline Renaud

  • 1822

    Gnral R. H. Barry

    Au dbut de 1944, les Allis disposaient d'une indiscutable supriorit numenque et matrielle; mais sans I'intervention du facteur surprise, toute I'opration pouvait encore se sol der par une catastrophe. 11 fallut donc prendre des mesures de scurit particulirement pousses et mettre au point un vaste plan d' intoxication I ) .

    I L eta it impossible de di ssi muier q u' un e operUlion d'e nvergure se prpa ra il ; I'vo lution de la guerre e ll e -m me mo nl rai l aux

    r\lIemands que I' in vasio n " alla it se prod uire au cou r de I't de 19U . Les mesu res de sc uri te et Ie p lan d ' intoxi eali on " avai e nl done po ur bUl de eacher aux A llemands la dale e l I'e ndroit du d barqueme nl el m me de le ur faire c ro ire que Ie dbarquement aura it lieu une date el un e ndroi l diffrents de ceux qu ' ils avaienl prvus. Le problme du sec rel ta it facilit par la sup riorit a ri e nne allie ; lu Luftwaffe duit maintenant impuissan te el les reco nnai ssances a ri e nnes sur Ie sud de l' Angleterre ava ie nt pratiqu emc nt ce ss .

    Malgr tout, les plus g rande s prcautions ta ie nt e ncore neessaires . A [a fin, toutes les co mmunications avec [' ex t rieur y compris Ie trafic radio, furent svrement limites . au grand mcontentement de ce rlains gouve rnements a llis ; les troupes furent consignes dans [e urs cantonnements et la distribut ion de cartes et de plans directeurs fut reta rd e Ie plus [ongtemps possib[e .

    Le plan d' " inloxicalion " avai t ga[ ement un ca ract re abso[u, avec I'ava ntage supp[mentaire de se dcompose r e n d e ux phases : d 'abord, fa ire croire aux Allemands q ue I dbarquement tait pr vu d a ns une rgion d lermine, Ie pas de Cal a is ; e nsuite , les amene r croire , mme aprs la ral isat io n d u dbarqu emenl e n o rmandi e, qu ' il ne s'agi sait que d 'une oprali on de divers ion, qu i erait suivie du ,. vt:rita ble " dbarq uemenl dan. Ie pas de C a[ais . C e plan a va il une telle impor

    la nc e que, pe nda nt toute la prpa ra tio n a rienne, po ur un objectif a ttaqu dans la zone du d ba rquement il ye n e ut de ux I' ex t rieur.

    Po ur a pprci e r Ie succs de ces mesure s, il suffil d e conslate r qu e . Ie 6 ju in , Ie g ros des farces all ema nd es se tro uva it a u nord de la Se ine .

    Ptrole et bombes volantes Ce la dit, il est lemps d ' in siste r sur les prepa

    ralifs e t les for ces employes, D'abord, les farces a rie nnes : e'cst su r e [[ es que repo~ait [a mission d 'ouvrir une route I' ima... ion. Rappe[ons q ue , ds 1943, Ie gn ral '\1nrgan ",a it att ir I' alte nt io n sur les deu\ prob[me~ don I [a so luti o n commandail [e su..:C! ou (' che c de I'op rat ion : I'affaihli 'iement de [a pui ssanc e de ['av iation de cha......e allemande et la diminulion du f\ lhme de I'..trri\ee des renforts al lemands. Au dehul tie 191t, il ~ avail prs de 13000 apparei[ dan k Ro~ a um e- ni , donl 11000 taienl dl pllnlhle, pou r " Over[ord ,, ; ce tOlal engloh ,cependant. les 3500 bombardier... Illurd du Bomher Command brita nnique el de la -1 ir Fo rce amr ieai ne. Ces deu'\ Ilolle:~ elaienl engages dans un plan long t.:rme de des truc li o n d e I' induslrie ..til "mande, e:n pa rt icu li er d e I' industrie du p.:tfllk: "Ik~ n' ' ta ient pas sous les ordres du cllmmandemenl suprme a lli. Lllntralrement ce qu'on pourrait pense r,

    toule la puis~a nc e des 7500 appa reil s de I'avi a tion du ' orps expdilionnaire a[l i n'tait pa dl,pon ib le pour la prparatio n arienne .

    Pendan t I'hi ve r 1943-1 944, les pr paratifs a l Iema nds pour I'envo i des bombes volantes sur Lo nd res d e vi nre nt de p lus e n plu s nets et il fall ut d is trai re des forces importan les pour a ltaque r les rampes de la ncement. Quoi qu ' il en soit, I'efforl ar ien n cessaire po ur la prparation du dbarquemenl fUI consid rable tout point de \ ue .

    Le uet:s de I'opration contre la Luft\~affe fUI p re,que complet. Pe ndant les deux derniers moi s, I' aviation a ll emande perdit un tOlal d e I 858 av ions el , Ie jour " J H, I'oppo~lt i on aricnne fut pratiquemenl nuiie . Par la fo rce des choses, Ie pl an d e para lysie d es Ira nspo rts ne pul oble nir un succs aussi grand; eependanl , avec I' appui de [a Rsislanee, [a rducti on un ni veau supportab le du rylhme d 'arri ve d es re nforls allemands , a utour de la t te d e pont , consl itua, indiscutablement, un fa cteu r essen tie!.

    Co mme on pe ut Ie penser, I' o rga ni salion de I' assaut lui-mme fut peut- lre Ie problme Ie plus comp li qu que les lal '-majo rs eurent rsoud re : I'a ile dro ite, la Ir" arme am rieaine (so us les ordres d u g n ra l Bradley jusqu ' [a fo rmalion du X II" g roupe d'armes a mri cai n), avec deu\ di\ isi o ns lransportes pa r me r e t deux di\isilln aropo rtes, deva it d ba rq ue r la base de: la p resq u' il e du Cotentin e t a ltaquer e:n directIon de I'ouest e t du no rd -o uest pour i.,oler [a pre'>qulle et s'empare r du port de Cherbl)Urg.

    A I'aile: gauche . Ia 11 arme britannique, sous Ie ordre, du general Dempsey, a vec lrois di vision tran,portes pa r mer el une division

  • Pour raliser ropratlon Overlord ), les Alll s avalent concentr piusleurs mdllons d'hommes en Grande-Bretagne, Des mliliers de chars, en parti cul ier des Sherman ( gauche) et des centalnes d'avlons (c/-dessus) - des (Thunderbolt , - attendalent leurs qulpages pour donner I'assaut la forteresse Europe

    aroporte , devait dbarquer sur les p lages si tues en tre Port-en-Bessin et I'embouchure de l'Orne et ma rc he r e n d irec ti on d u sud e t d u sud-ouest, pou r p ro tger te fta nc gauche de la Irc arme amricaine,

    Les tro upes dbarques deva ie nt tre ensuite re nforces j usqu' constit uer de ux groupes d 'armes comp lets: I'oue st. Ie XII< groupe d'armes am ricain avec la Irc e t la IIlc arme commandes rcspccti vcmcnt par Ics gnraux. H odgc5 et Patton; r est, Ie XX Ic groupe d 'armes britannique comprena nt la Irc arme canadi enne e t la I1 e arme britann ique (g n raux C re ra r e t Dempsey). Aprs avoir rompu Ie prim tre de la tte

    de pont, la premire miss io n sera it d' occuper la Bretagne: e n suite, les fo rces amricain es feraient une conversion ve rs r es t e t tous les groupes d'armes avancera ien t en direction de la Se ine , de part et d'a utre de Paris ,

    Les premires un its prendre pied sur Ie sol fra nais seraien t le s trois d ivis io ns aroportes . La 82" et la 10I e amricaines sur Ie flan c d roit des fo rces amr icai nes et la 6e britannique, sur Ie Ranc gauch e des Brita nni q ues, Ce tte s imple opration supposa it Ie rassembleme nt e t la mise en rou te de I 100 avions de transport e t de 300 pla neurs qu i devaien t dcoller e t se d iriger vers les zones de largage d a ns I'obscurit . Dans l' e nsemble, I'assa ut par mer tai t e ncore plus compliqu . C inq divis ions deva ien t y participer ; d'ouest en est ou d e I' ail e droite I' a ile gauche, on compta it : Ia 4< division d 'infanterie a mricaine; Ia I re di vision d'in fa nteri e amricaine; Ia 50< di vis ion brita nnique ; Ia 3< divis ion canad ienne ; Ia 3e di vis ion britan nique,

    Ces ci nq divis ions all aient fo urn ir huit groupes d'assau t ou " groupes de combat de rgiment " (RCT Regiment Combat Team ), comprenan t chacu n de 5000 6 000 hommes et enviro n 700 vh icules spcialement qu ips pou r cette tache. 11 n'y avait pas une symtrie to ta le en tre les organisations amricai ne et bri tannique ; cependant, chaque RCT faisait interve nir dans I'assaut : Deux bataillons d ' infante rie ; Un bata ill on de chars amph ibi cs typc DO : Une batterie de canons d 'assaut pour Ie sout ien direct: Des un its spc ialises pour dgage r les o bstacles des plages comprenan t du person ne l de la mar ine, des pionni e rs et des vhicul es bl inds spc iaux .

    Une poussire de btiments lgers

    Pour transporter ces 40000 ou 50000 hommes ave c leurs vhicules et le ur quipement, il fa llut mobiliser une flo tte de p rs de 4000 navires de dbarqueme nt et d'embarcati o ns de types divers . La moiti de ces b timen ts pu t t rave rser la Manch e pa r ses propres moyens, les autres durent tre remo rqus o u transports bord de nav ires pl us grands . O n imaginera fac ileme nt les diffic ul ts d u pl an ni ng et de I'o rgan isation quand on sau ra que chaque homme et c haq ue vhic ule ava it sa place dte rmine bord d'un bateau ou d ' un navire de dba rqueme nt , que chaque vhicule devai t tre rendu tanc he avant I'embarq ue ment, que les hommes et les vhi cu les devai e nt arr iver I' heure exacte sur les hards (lie ux d 'embarquement improviss) ou Ie navire q ui leur tait a tt ribu se t rouva it accost.

    C e n'est qu 'aprs I'achvement de to utes ces o p ratio ns q ue devait co mmencer Ie travail

    co lossa l de la Royal Navy : r uni r , mett re en rou te, esco rte r cet assemblage htroclite de navires travers la Ma nche, Ie lo ng des passages mnags travers les champs d e mines, les faire a border sur les plages prvues et le ur fo urnir I'appui fe u indispensa ble .

    En dehors des navires de tra nsport et des bateaux de dbarquement transporta nt le s hommes, les vhicules et les mun itions , les marin es amricaine et brita nnique avaie nt run i pour I'escorte e t Ie sou tie n de I' op ration une fl otte de prs de I 500 bt im ents , depuis Ie nav ire de ligne j usqu 'a u landing craft a rm. Ces navires taient diviss e n deux task forces , la lask force occidentale de la marine amrica ine, appuyant Ie dbarquement du Cotentin , e t la task force orie nta le , fournie surtout pa r la Roya l Navy, appuyant Ie dbarquemen t britannique et canad ien. Chaque task fo rce tai t e ll e-mme d ivise e n forces, une par p lage, ayant pour mission d 'escorte r I' chelon d' assaut , de Ie guide r correc teme nt e t de lui donner l' appui feu au momen t d u dbarqueme nt. Le succs dpendai t en p remie r li e u du tir de I' arti lle r ie navale desti n rdu ire a u s ilence les batteries de cte a ll emandes e t les points de rsis ta nce .

    Pour juger de l'ampl eur de I'effo rt naval , iJ suffit de note r que les fo rces mariti mes compre naie nt 7 navires de ligne , 23 croise urs, 148 destroye rs, ainsi q u'une " po uss i re " d e btiments lgers : sloops, corvettes , frgates , patrou illeu rs et d ragueu rs de mines. De p lus , une ft oHe de 350 navires de d barque ment spcialement quips de cano ns, de fuses, de pices anti a rien nes et de mitra illeuses tait mobilise pour I'appu i di rect de l'che lon d' assa ut.

    Le sout ien arien tait construit sur une chelle aussi impressionnante. 11 comprenait

    lR23

  • 1824

    Entranement de soldats hritrlnniques (5 1 Hioh iandsl la bilonnette. Les exerci ces se droulaien t sur des terrains ou Ie commandemen t s'efforalt de reconsti tu er au milxlmum 10S conditions mmes des comba ts ven ir.

    les types d 'uppareils les plus modernes d isponib les I'poque, pri ncipal e ment des" Spitfire ", des Mustang ", des" Typhoon ", des " Lighlning )l t: l des " Thunderbol l Ol .

    Le droulement exact de I'assaut se rvla elre un problme punicu li remenl complexe avec des rperc uss ions sur l'poque pouvant convenir I'opratio n.

    Le c1air de lune tait indispensable Dj, du se ui point de vue des troupes d'as

    saut, on pouvait faire des rserves sur un dbarquement dans I'obscu rit; les navi res et I'aviat ion ava ient besoin de la lum ire du j~ur pour effect uer leurs bombardements et I'obscurit augmen te ra it s rieusement Ie risque de dbarquer les troupes un endroi t erron. Pou r assurcr la naviga tion et Ic parach utage des troupes aroportes, Ie clair de lune tail indispensable. Fina lement, les obslacles immergs , par les /\lIemands su r les pl ages amen rent fix er Ie dbut du dbarquement trois ou quatre heures avant la ma re haute. Par consquent, le s seules priodes valables pour Ie dbarq uement taient celles ou I'on pouvait compter sur quatre ou cinq heures de jou r e ntre I'aube et la mare haute et qui offra ient en mme temps un cla ir de lune suffis ant. Toutes ces condi t ions ne pouvaient se rencont re r que trois jours environ I' int rieur d ' un mois lu naire. Cependant, indpendamment de la pu is

    sance de ' I'assaut et de son succs initi al, il ne pouvait y avoi r d 'explo ita tion possi ble que si les lments dbarqus taient re nforcs plus rapidemenl que ceux de l'ennemi et ravitaills convenablemen t l'emplaceme nt ou ils se trouvaient. Cela ncessitai t trois conditions la prparation, I' escorte et la marche des convois de renfort ; la certitude que ces convois transporta ient bien Ie pe rsonnel, les

    vhicules el Jes quipements ind iqus el qu ' ils a rrive raie nt dans I'ord re ncessaire ; enfin , I'assurance qu' ils seraient rapidement dchargs ds I'arrive.

    15 navires de passage rs, 74 btiments de commerce de haute mer et plus de 200 caboteurs furent chargs avant Ie jour " J ,,; ils devaie nt const itue r Ie premie r che lon de re nforl. Les besoins ul t ri eurs exigeraient hui t convois par jour. Ma is, aprs avoi r assur Ie passage de l'chelon d'assaut, Ie mouvement de ces convois ne prsen ta it pas de problmes d iffi cil es pour les marines all ies . Au contraire, la nature du cha rgement,

    aprs Ie premier passage minutieusemenl prpar, tait plus dlicate ; une organisation spc iale , baptise Bui/d up Control (Buco), fut installe Sou thampton pour s'assurer que ce q ui tait transport travers la Manche correspondait bien aux exigences de la bata ill e . Le prob lme du dchargement rapide appa

    rut d 'emble comme Ie plus difficil e de tous. II ne pouvait s'e ffectuer que provisoiremen t sur les plages et les chances de s'emparer d' installations po rtuaires intactes taient fa ibles, tout au moins au dpart. Le problme fut rsol u par ce qui fut peut- tre l' invention la plus clb re de toute I'opration : les ports artific ie ls, connus sous Ie nom de " MuIberries ". lIs devaient leu r ex istence la prvoyance de Churchi ll lu i-mme, qui avait prcon is leur construction ds 1942, dans un rappo rt si sou vent cit : lIs doivent monter et descendre avec la mare ... Ne me fai tes pas d' objection [ ... 1. les difficu lts surgiront d 'e lles-mmes. " lIs consistaien t en un briselames extrieur form en partie de blockships immergs et en partie de caissons" de bton de 75 mtres de long qui devaient tre remorqus travers la Manche. Dans Ie plan d'eau bien abri t a insi cr , on ins ta ll e rait des j etes fl ottantes quipes pour I'accostage des cabo

    teu rs, des pniches et des navires de dbarquement. Les dchargements furent, par la suite , fac ili ts par une Hotte de camions amphibies appe ls DUKW. Pour app rcie r la valeur du systme, il suffit de rappeIer que peu de lemps aprs Ie dbarquement, une moyenne de 6500 vhicules et de p rs de 40000 ton nes d 'approvision nements fu renl dbarqus chaque semaine . Le rav ita illement en essence prsen tai t UD

    problme spcial. Au dpart, les ptroliers devaient mouilI e r proximit de la cte e t I'essence devait tre condu ite par pipe-li nes dans des rse rvoirs insta ll s te rre . Des prparati fs furent faits, cependant , pour tablir un pipe-li ne sous-mari n direct de I' Anglele rre la cte fran aise ; il fu t appel PLUTO, c'est--d ire Pipe-Line Under The Ocean. C'est ainsi, qu'au bou t d' un certa in temps, I'essence fu t direc tement envoye de G rande-Bretagne.

    Avec J'aide et Ie concours de la Rsistance On pourrait re ti rer I' impression que I'op

    ration eut un caract re uniquement angloamricano-canadien; mais on ne peut oublier la contr ibut ion des aut res pays al lis. Les Franais, pa r exemple, fou rni rent deux croiseurs, un dest royer, une division bl inde et quatre escadri ll es arie nnes; Jes Belges , une brigade et deux escadri ll es ; Jes Hollandais, de ux canonn i res, une brigade et deux escadr ill es; les Polonais, un croiseur, deux destroyers, une division blinde et neuf escadri ll es; les Norvgiens, trois destroye rs et quatre escad rill es; les Tchques, trois escadrilles; les Austra liens, cinq escadri ll es el les No-Zlandais galeme nt. Pratiquement, chaq ue pays occup fut reprsent d 'une mani re ou d 'une autre . Enfin , il ne faut pas oubli er que les forces

    d' invasion pouvaient compter sur I' appui d ' un all i en France mme. Le probl me de

  • la Rs ista nce sera tudi p lus en dtail, ma is dans Ie cadre de cette tude, les rsistants franais do ivent tre compts aux cts de s forc es a ll ies . Le S.O.E. avait I"a il Ie max imun pou r les organise r e t les armer ; au dbut de 1943, les exigences a ll emandes pour Ie travail forc ava ient facil it Ie recrulemenl. En 1944, prs de 100 000 jeunes gens ava ie nl pris Ie maquis. Les rsistan ts tenaien t la pl upart de le urs plans e n rse rve dans I' a ltente d u grand jour o ll les AlIi s dbarq ll e ra ie nt e n Fra nce. En 1943. il s avaient labo r un programme ambiti eux e n sept poin ts conce rnant les vo ies ferr es , les tra nsports par route , les t lcommunicutions , les dpOts de munitions, les install a tion s ptro lires, les quartiers gnraux e t les aiguillages dl:: chemin de fer.

    Au dbut de 1944 . cependant, plusieu rs rseaux avaient t dmantels pa r la Gestapo c t seul Ie plan de sabotage des voies ferres apparut co!nme ralisable en part ie. Quoi q u' il en soit, les effec t ifs disponi bles e t les arm es envoyes reprsenta ient un tota l importa nt : en mai, 80 000 m it raill ettes Ste n, 30000 pis tolets, 17000 fus il s et p rs de 3 500 brenguns avaient t parachu ts e n Fra nce . Au lotal , il y ava il prs de 100000 hommes, sans compte r 35 000 40000 maquisards qui possdaie nt une arme.

    Pour aider la Rsistance e t avoir la certitude que ses opra tions se ra ie nl lies celles des AlIi s, Ie S.O.E . avait pr pa r des q ui pes de trois hommes (Am ricain , Brita nnique et Franais) qui deva ient tre pa rac hutes dans les rg ions ou une rsista nce pouvait se dvelopper. Elles devaient , e n mme lemps , assu

    rer la liai son avec les troupes allies. De pl us, Ie British Special A ir Service et I'A merican Operational Group taient e ngags dans des raids d ive rs e t des op ratio ns de harclement pour lesquels ils esp raient obten ir l'aide et Ie concours de la Rsistance.

    Enfin , des mesu res avaie nt t pri ses pou r ass ure r I'adm in istration des rgions libres, dans l' attente de la reconnaissance d'u n gouvernement franais . L encore , le s A llis comptaient su r l'app ui de la Rsistance.

    Sur les larges paules d'Eisenhower Pou r donner une ide de I' importance de

    I'op ra tion. il suffit de rappe ier quelques chiffres : 50000 hommes da ns I'chelo n d'assaut, par tir de ci nq d iv isions; Prs de 2 millions d' hommes transporter en France , soi t un to tal de 39 divisions ; 138 navires de guerre principaux e ngags dans Ie dba rq uement, appuys par 22 1 b timents de faible tonnage; Prs de I 000 dragueurs de mines et navires auxiliaires; 4000 pn iches ou navires de dbarquement; 805 navires de commerce ; 59 blockships. Une pouss ire navale de 300 bt imen ts; I I 000 avions, chasseurs, bombardiers, transports et planeu rs ; Env iron 100000 hom mes de la Rs istance en partie arms e t prts apporter leur concours dans la mesure du possible.

    Avec de te ls moyens en hommes et en matriel, on pourrait penser que I'attaque se rail

    p ra ti quement irrsistible. Mais il ne faut pas oub lier deux inconnues : d ' abord, les risques, pu is la complexit extrme d' une opration amphib ie de ce tte importance, qui n'avait pas de prcde nt dans l'histo ire .

    Tous les prparati fs les pl us minutieux pouva ient tre ruin s et la plus grande confusion pouvai t survenir la suite d ' un lment imprvu ou d' un brusque changement de tem ps.

    Ensuite, il fau t tenir compte de la supriorit fo ncire de la dfense dans Ie cas d'un assa ut amph ib ie, d'alltant plus qu'il s'agissait de s'attaquer une cte bie n dfendue. Malgr I' importa nce de la supriorit a ll ie , I'tablissement d ' une simple tte de pont n'offrait pas de ce rtitude . L'op ration exigeait, pour r uss ir , de surprendre e t de tromper I' ennemi . D'ailleurs, il ne pouvait tre question d ' une surprise complte. Les A llemands savaient que Ie dbarquement tait imminent ; ce qu ' ils ignoraient, c ' tait la date e t Ie lieu .

    Bref, d' un ct comme de I'autre, on savait qu'i l s'agissait de I'opration dcisive de la gue rre. Si Ie dbarquement russissait, les All emands seraent t t ou ta rd crass en tre I' avance des forces russes et a llies. Si Ie dba rquement chouait, il fa udrai t probablement des annes aux Alli s pour r pa rer le urs pertes humaines, mat rielle s et morales . Les peuples de l' Europe occupe perdraient tout.espoir et les Allemands se raient libres de se retourner vers I'est et de rgler leurs comptes avec I.es Russes. Unc responsabilit norme pesai t sur les

    larges pa ules d u g nral Eisenhower.

    ( Vair hiographie de r au /e/a paf!c / 77. )

    Le gnral Elsenhower el Ie gnral Tedder devant un Sherman au cours du n exerclce d une unll de cha rs devant pa r!lcl per au dba rquement.

    1825

  • O.G. division 144 hommes

    I II

    Bgde infanterie Bgde infanterie Bgde infanterie 2944 h. 2944 h.2944 h.

    I Rg' de reconnaissance -Gnie Transmissions796 h. 24 et 28 ~ftMPCIrt .~a.G. brigade division ~d. iant6728 h. vhicules de66 hommes 1000 h. reconnaiss. et blinds

    '.. '. .

    I Bataillon de Bataillon de Bataillon de Bataillon de Artilleriemitrailleuses fusiliers fusiliersfusiliers divisionnaire697 h . 821 h. 821 h. 821 h. 36 Vickers MG

    Rgiment artiL Rgiment artiL Rgiment artiL Rg' anticharsRgiment DCA 24 pices de 24 pice5 de24 pice5 de 48 canon:. 54 bolors de 40

    878787de 76AA

    DlVISION O'INFANTERIE AMRICAINE (15289 hommes)

    O.G. division 162 hommes

    I

    Rgiment Rgiment Rgiment infanterie infanterie infanterie 3562 h. 3562 h. 3562 h.

    chelon de Cie de Ravitaillement reconnaissance transmissions

    Bat. du gnie tran8pOrt 149 h. 306 h.

    621 h. service de IIIInt 1092 h.

    Bataillon Bataillon Bataillon 13" Cie 14" Cie Rgiment infanterie infanterie infanteri.e (6obusiers (6obusiers artillerie 1 014 h. 101 4 h. 1014 h. de 105) de 106) 2273 h.

    Bat. artillerie Bat. artillerie Bat. artillerie Bat. artillerie (12 obusiers de 105) (12 obusiers de 105) (1 2 obusiers de 105) moyenne (12 obusiers de 155)

  • Brigade blinde

    moyens, 11 chars lgers

    R6giment de nnemlsalons

    728 h.

    Rgiment blind 666 h., 61 chars moyens, 1 1 chars

    lgers

    Gnl& division 1000 h.

    Rgiment blind 666 h., 61 chars moyens, 1 1 chars

    lgers

    O.G . division 200 h.

    8 chars moyens

    819h.

    DIVISION BLlNDE AMRICAIN E (10666 hommes)

    Bat.g6nie 698 h.

    O.G. division 28 7 h.

    . .

    ~ .,' . . ~ Rg' de reconnaissance 666 h. 61 chars moyens 11 ch8fs

    lgers < . .

    R6g' DCA 54 bofors de 40 AA

    Rg' antichars 48 pices de 84

    Comba! CommandA O.G. 184 h.

    Comba! Command B O.G. 184 h.

    Bat. chars 729 h.

    }. .

    de reconnaissance 931 h., 54 M-8 voitures blindes

    Ba!. de chars 729 h.

    Bat. chars 729 h.

    53 chars moy. 53 chars moyens 53 chars moy.

  • L

    Major K.J. Macksey La guerre des blinds avait subi une profonde volution depuis mai 1940, quand les panzers avaient inflig une dfaite humiliante aux units de chars allies. De part et d'autre, on avait assist I'apparition de conceptions, de matriels et de chefs nouveaux. Mais il fallait attendre la sanction du champ de bataille de Normandie pour savoir de quel ct se trouvait la supriorit.

    A campagne de 1940 avait rvl la domination du char sur Ie terrain et I'indiscutable ma tr ise des Allemands dans l'em

    p loi des blinds et de l'aviation. Leur triomphe tai t dO avant tout des conceptions d'emploi plus ra listes que celles des All is, qui poss dai c nt en effel un plus grand nombre de cha rs , el d' une quali l souve nl suprieure. En o utre, les AJIemands avaient derrire eux l'exprience de la guerre d'Espagne et de la campagne de Po logne, et leur confiance dans I'emploi des blinds lait beaucoup plus grande. Leur suprmatie semblait alors compltement assure, d'autant pl us que I'Aliemagne s'tait empare d 'un important matriel et qu'elle disposait des ressources de l'industrie fran a ise. Les Allis, y compris les Russes et les Am rieains. devaient done fourn ir un effort considrable pour rattraper leur retard dans tous les domaines.

    Le brillant Walter Christie L'vo lution de I'arme blinde dpendait

    naturellement de I'exprience de la bataille . Les Britann iques recueill irent leurs enseignements dans Ie dsert et dans Ie sud de l'Europe . Les Am ri cains. pour crer Ie premier noyau d' une force blinde, tudirent soigneusement toutes les eoneeptions en vigueur . Quant aux Allemands, ils s'efforaient de conserver leur avance initiale en insistant surtout sur l' entranement et la cohsion des divisions blindes, au dtr iment de nouveaux matricls .

    Mais I'impulsion dcisive dans Ie dveloppement des blinds vint d'une direct ion inattend ue ; malgr les terribles pertcs de I't de 1941, on assisla la rsurrection d'une form idab le arme bli nde sovitique. Dans les annes 30, les Russes avaient dj construit une norme masse de chars, compose d ' engins simples. robustes. parfaitement adapts des quipages d 'origine paysanne et aux cond iti ons physiques parti cul irement rudes des grandes tcndues de l'Est. Cc fut la gualit du matriel , et non la faon dont il fut employ , gui obligea le s Allemands recourir des mesures d 'extrme urgence sur Ie plan industr ie!, quand il s eurent la rv lation du potentiel techn ique insouponn de I'arme Rouge . En 193 1, les Russes avaient fai t I' acquisition

    des brevets de I'Amricai n J. Walter Christi e, esprit particul irement bri llan t, mais d ' un caractre difficile . lis entrepri rent alors la srie des chars BT (Bistry Tank : char rapide), dont la ralisation la plus remarquable fut Ie T-34. Ce char, arm d'un canon de 76 en 1941 , puis d'une pice de 85 en 1943, fut probabl ement un des engins les mieux russis jam ais construits . Son blindage incI in, la sirTlp li cit de son armemen t, la sO ret de son fonctionnement taient peine al trs par des procds de construction sommai res et rigides . Avec la srie des chars lourds, type KV, Ie T-34. gui entra en service mass ivement aprs 1941, devait donner aux Russes I'galit technig ue avec I'envah isseur. En outre, ds Ie dbut, les Russes cherch

    rent vis ibl ement arracher la primaut tec hnigue. lis se lancrent fond dans la course

    au calib re et la protection avec leurs program mes de chars plus lourds et amliors; ils abandonnrent les chars lge rs et mirent en service un nombre croissant de canons d' assau t automoteurs q uips de pices pl us rce ntes ct plus puissantes que ce lles utilises bo rd des cha rs toure ll e. En som me, les Russes accordrent la priorit la ncessit de surclasser .. les canons de la Wehrmacht, sans pe rdre de vue I'exigence de la supriorit numrique. D'aprs leurs dclarations, ils auraient construit 30000 chars, canons d 'assau t e t vhicules blinds au cours de chacune des trois dernires annes de la guerre . Si on ajoute ce chiffre les 11000 chars envoys par les Allis, la production allemande la plus leve - 19000 engins en 1944 - semble tonnammenl faible .

    Les Allemands furent done obligs d'engage r Ie gros de leurs blinds I'est pour contenir les Russes, d'autant que ceux-ci lanaient leurs chars dans la bataille de la mme faon que leur infanterie, soutenue par une arti ll erie considrable, c'est--dire en formations massives. Les Allemands ne laissrent donc I'oues!. en France et en Belgique en particulier (I ou les conditions d'emploi des blinds taient les meilleures), que des formations rduites. Les engins et les quipages durent faire preuve d'une gualit exceptionnelle pour compense r leur infriorit numrigue et viter la catastrophe. Mais la fin de la bataille de Stalingrad, la puissance des panzers tait tombe son niveau Ie plus bas et ces engins avaient perdu une grande partie de leur ancien ne valeur.

    Canons d'assaut pour la croix de fer Les Allemands se dcidrent alors rappeier

    Ie vie ux frondeur Heinz Guderian. Nomm par Hit ier inspecteur gnral de I'arme blinde, Gude rian fut charg de mettre en pratique ses propres ides sur I'immense terrain de I'organisation et de I'entranement des blinds. 11 eut encore la responsabilit de toutes les quest ions de dve loppement technique et de production en accord avec Ie nouveau min istrc des Armements et des Munitions, Albert Spee r. D'aprs ses Mmoires, l'objectif de Guderian tait de reconstituer, pour 1944, un e force blinde suffisante pour repousse r Ie dbarguement. Ses pouvo irs taient immenses, car l' " arme blinde englobait tous les lments des divisions de panze rs, y compris I'infanterie et les units antichars, mais I' exc lusion des canons d 'assaut. Hitier et G uderian ne russirent pas, en effet, briser Ie particularisme des armes. L'arti ll erie se fit attribuer des canons d'assaut, seul moyen, il est vrai, de gagner la croix de fe r !

    Indpendamment d'un effort t rs important pour aml iorer Ie niveau d'entranement, Gude rian, avec Ie soutien total et effic ace de Speer, rationalisa la production des engins de combat, abandonnan t des projets qui auraien t condu it des chars monstrueux, comme ce lu i qui en proposait un de I 500 tonnes ! 11 rclama, de toute urgence, une augmentation rap ide de la production du matriel existant, que I'on pouvait pe rfectionn er par des bli n

    dages plus pais et pa r des pices suprieures, sans nglige r, bien au contraire, l{amJioration des modles, infiniment plus puissants, qui venaient d'entrer en service. De son ct, Speer accl rait la producti on , soumise un contrle tota l et concentre sur les modles de base; ce gui mettait fi n la pratique coOteuse des diverses a rmes, qu i avaient l'habitude de t ra ite r directement avec leurs propres .. fourni sseurs .

    Les formidables Tigre Il Depuis 1941 , les vieux pzkw III e t IV ava ient

    dj t r guips progressivement avec ds canons plus puissants . 11 y avait l une preuve de la prvoyance gui avait prsid leur conception. Leurs toure ll es, largement calcules, pouvaient absorber Ie recul plus grand d'armes plus lourdes. Des pices plus importantes furent galement attribues aux canons d'assaut (Sturmgeschtz). Le canon d'assaut tait construit partir du chssis d'un char moyen ou lourd ; mais la pice de gros calibre, 75 long ou 88, n'tait pas installe sous tou relle, procd fragile et coOteux , mais en casemate fortement blinde . M ieux protg et plus facile construire gue Ie char, Ie canon d'assaut devai t, grace sa mobilit, engager grande distance Ie combat contre les bli nds; il frappait fort et loin . Mais la priorit fut aacorde la mise en service rapide des nouveaux chars " Panther " et Tigre ". Mme rajeuni, Ie MarkIV avait du mal tenir tete aux derniers modles russes, sans parier des engins qui pouvaient appara1t re dans Ie camp alli . 11 est piquant de constater que Ie commandement a llemand, gui avai t remport des victoires spectacul aires grce ses forces blindes. avait nglig, au moment de ses plus grands succs, d'acclrer I'entre en service d 'une nouvell e gnration d'engins de combal. La concept ion du " Tigre et du " Panther tait antr ieure 1940 . Mais aucune urgence ne paraissant s'impose r, Ie T igre " I ne commena ses essais gu'en 1941 et Ie char moyen " Pan the r " n'atteign it Ie stade du proto type gu'en mars 1942. Avec I'apparition du T-34, Ie p rocessus fut acclr e t Ie Tigre I-E, avec son canon de 88 , fut livr sur Ie front en septembre 1942. tandis gue Ie Panther", avec sa pice de 7S long, entra en service au dbut de 1943. L' un et I'aut re affi chaie nt une incontestable sup riori t sur tous les matrie ls blinds existants, mais la rapidit qui avait prsid leur mise au point et leur fabrication entrana un fonctionnement incertain qui , trop souvent, abouti t la isser entre les ma ins des Allis des engins intacts au cou rs des grandes retraites de 1943-1944.

    En jui n 1944. cependant, les fo rces blindes all emandes !'ouest avaient largement re trouv leur pui ssance et leur cohsion ; elles pouvaient a li gner, proximit de la cte, dix di vis ions blindes, diffrentes par I'effect if et I'a rmement, guipes la fo is de Mark-IV et de " Panther ". II Y avait en outre une division de grenadiers panzers, dont la puissance reposait sur 4S canons d'assaut, et plusieurs bataillons lourds composs de Tigre ou de canons d'assaut " Jagdpanther renforcs

    1829

  • enco re par des canons d'assa ut d 'armement va ri , uti li san t des chss is de c hars franais ou tc heques. Enfin, que lques formidables " T igre " 11, arms d' une pice de 88 long, commenaie nt faire le ur appari tion .

    Le re nfo rcement ultrieur de ces un its d pe ndait d e I' importance des ressources que I'on pou r rait rr lever sur le s autres th tres d ' op rations. L'emploi de ces rserves, prox imit immdia te du front , dpendait, e n partie, de l' in itiative de Rundstedt ou de Rommel e t, en partie, des dc isions capric ieuses e t loi nta ines de Hiti er. Toutefois, les re ta rds provoqus pa r les destructions des bo mba rdements a lli s ou de la Rsista nce me mt ai e nt d 'avo ir une in Auence profonde sur les rac tio ns d u commandement. Q uoi qu' il en soit , Ie re tour de Guder ian ava it provoqu un mi racle dans l'entralnement et Ie mora l des qu ipages . Mais la q ualit pourraite ll e I'empo rter su r Ie no mbre?

    Premire c1asse dans la Home Guard Les Briwnniques et les Amricains poss

    daient , en e ffet, la supr io rit numrique;

    ce qUI, sur Ie plan industrrel , rep rsente un ind is cu table tour de forc e , si on se rappelIe qu ' apres Du nkerque, la G ra nde-Bre tagne ne possda it plus q ue 200 cha rs ap tes au combat el que I' on pouvai l se demande r si les f lats-Unis d isposaienl alors d ' un se ul char op ra tionnel di gne de ce nom I

    En 1940, toute la capac it industrielIe britannique di sponible ava it l consac re immdiatemenL sans gard [Jour la quali t, au rarmeme nt du corps expd itionnaire; d 'ai lleu rs, C hurchill ava it donn I'ordre, sur Ie mome nt, d ' interrompre toutes les recherches pour ori e nter I' e ffort sur la production . C'est a insi que les chars dj en fabrication, ou sur Ie point de I'tre, comme les" Maliida ", " Valenline ", u C ruiser" IV, V, VI, el Ie nouveau c har lourd " C hurchill ", a rms uniformment de I' in vitable canon d e 40, sorlirent en nombre croissant des chl:tnes de montage, pendant que la g nration suivante resta it e n pa nne .

    Pour ajouter la confusion , I'organisation britannique d'approvisionnement e n chars reposait sur des fondations pourries. Un mois avant la dclaration de guerre, les rare s spc ialistes des chars du War O ffice ava ient t accapars par Ie nouveau ministre des Approvisionnements, privant Ie War O ffice de tout av is autoris sur la question. Un minist re des Chars, cr pour des raisons purement pol itiques, devait ass urer I'ori e ntation de toutes les questions rel alives aux blinds ; mais il tait cras pa r des responsabilits trop lourdes, sans pouvoir prendre de dcis ions, e t il fut atteinl d'une vague de dmissions, suivies de rinlgra l ions 11 choua d ans sa tche. Pour donn e r une ide de la confusion qui rgnait dans ce tle branche , il n'est pas inutil e de rappeier que Ie dernier des fa natiques britanniques de s cha rs, Ie gnral Hobart ,

    1830

    a vait t re lev de son commandeme nt de la 7< divisio n blinde dans Ie dse rt par les gnra ux Wilson et Wave ll , parce que Ie premier n'a vait " auc une confi a nce " dans sa man i re de commande r. Q uand G ude ria n dmontra , en mai 1940, que Hobart ava it vu jusIe , ce luic i tait a lors simple so ldal de Ire cl asse dans la Home G uard I Mais, I' a utomne de 1940, sur Ie point de ren trer e n g race, il avait tabli d es plans d'u ne nouve ll e arme blinde , e n liaison avec Ie g nra l Pile , aut re spc ia liste des cha rs vers la lle d 'une un it a nt iari e nn e. Ce p la n ta it bas sur des princi pes lout fa it comparables ceux que Guderian deva it tablir d eux ans plus tard .

    Sur l nsista nce de C hurchill , Hobart fut rappe l, e n princ ipe pou r mettr e sur pied une nouve ll e d ivisi o n blinde , e n rali t pour assurer l'en tra nement de tou tes les for ces bli ndes. Mais ni Ie C.J.G.S., Ie gnral D ill , ni Ie commandant des forc es mtropo lita ines, Ie g nral Brooke, n 'osrent accepter I' in tgra l it de son pl a n. Hobart pa rti t done rejoi ndre sa divisio n et Ie gn ra l Martel , un au tre p i-on nie r des chars de I' poq ue hro ique, accepta d 'assumer la tac he d 'un en lra-

    Le IC Tigre 11 , Ie plus puissant des chars allemands I'ouest.

    nement du lco r, sans bases solides . Pendant les de ux ann es suivantes, I' hi stoire des dfaites bri tan niques est t ro iteme nt Iie I' ulilisat ion md iocre d 'e ngins de qua lit infri eu re par des offic ie rs et des so ldats dont Ie co urage ne po uvai t compe nse r les au tres d fic ie nces. Cependant, la production de chars augme ntait rap ide ment avec , pour objecti f, la fo rmati on de 10 div isions blindes fo rtes chacune de 400 chars envi ron . Mai s, avant la guerre, I'tat-m ajor avait insi st sur la ncess it d e disposer d'un gra nd nombre d'engins d 'appui d ' infa nterie , le nts, trs protgs, da ns Ie cad re d 'u ne a rme de fa ntass ins. Cetle conception enlra na une pn urie d e c hars rapides pour les d ivis ions blindes. 11 fallul allendre les liv ra ison s amrica ines pour y mettre fin. En atte nda nt , ce fure nt les e hars desti ns I'infanterie q ui comblrent les vides dans les d ivis ions blindes , En tout cas, la nouvelle fo rmati o n de c ha rs rap ides, re prsente pa r Ie Centaur ", prouva des maladies te ch niq ues e t ne respec ta jamais les caractrist iques a nnonces ni les dates de livraison; ell e fut remplace par Ie " Cromwe ll ", qui entra en service avant Ie Centaur ". A son apparition , en 1944 seule men l, Ie " C romwell " e ntra en ligne avec un canon insuffisant , sans pouvoir rec evoir une arme pl us importa nte que Ie 57 (6 pounder J, rela t ivement faibl e , o u Ie 75 a vec lesq ue ls d ta it quip.

    Pour maintenir les vieilles tradit ions Ce t tat semi-permanent d'infri o ril de

    calibre reposait sur la conviction primitive, qui n'avait jama is re u la sanc tion des fai ts, que I' armeme nt du c har deva it passe r aprs la vitesse e t Ie blindage; on tait convai ncu que seule I'artillerie de campagne tait en

    mesure de fournir la g ra nde puissance de feu do nt les chars taie nt dmunis. C e tte thorie reut un cou p mortel ds les prem iers grands e ngagements ; on s'aper ut alors que dan s une re ncont re ou les adversa ires se dp laaient ra p idement, les c hars de vaient pouvoi r ragir par e ux-mmes, presq ue instan tan men t, et q ue I'artill e ri e, avec ses mthodes beaucoup plus lentes, ta it , la plupart d u temps, da ns I'incapac il d ' intervenir . Pa r la suite, la le nte ur avec laquelle furen t fabr iq u es e t montes les pices de 57 , de 75 e t, plus lard , de 76 tait d ue en grande part ie I'abse nce de eo nlacts en tre Ie Wa r Offic e et Ie ministre des Approvi sionn eme nt s. Le premie r ne prsenta it pas ses demandes avec assez de neltet; aussi Ie min is tre des Approvis io nn emen ts fa isa it-il parven ir aux troupes tou t ce qui lui paraissait acceptable . 11 y e ut a in s i un cha nge de propos assez vi fs q ua nd Ie mi nist re d es Approvisionne ments a ffirma , en 1942, q u ' il ta it impossi ble de monter Ie canon de 76 sur Ie Sherman ", ce qui n'empcha pas Ie War Offi ce de prouve r Ie contraire un a n plus tard et d'o bte nir une mod ifi catio n du rglem ent juste la ve ilIe d u 6 juin' La rorganisat ion des forces blindes

    Le (( Panther)l, rapide, puissant et bien arm.

    britan ni ques ex igea prs d ' un a n sous la pression des ides no uvelles e t aussi des combattants. En 1941 , un appe l pour un plus grand nombre de division s blindes la pi ace de d ivis ions d ' infanterie entrana la conversion de plus ie urs ba ta ill o ns (y compris la G arde) en units b lindes. Ce tte transformation, dsappro uve avan t la guerre, tait lie une tentative valable de ma in ten ir les vieill es traditions des rgiments dans un monde e n vo lution. Cependan t, Ie bouleve rse ment da ns I'esprit des fan tassi ns , bruta lement placs devant d e nouve Iles m thodes de penser et de COmbatt re , mil prs d'un an s'apaiser. Mais, la fin de 1942, la c ri se d 'ad aplation peine terrnine, une nouvell e d c ision fut prise de couper e n deu x chaque di vision blinde et d ' y intgrer plus d'infa nterie motorise. Les lments blinds re tirs constit uren t des brigades indpendan tes c harges d 'appuyer les formations d'infa nteri e. Ce tte double association entrana une inv itable confusion. Ainsi , I'arme blinde britanniquc ,e dve loppa sous Ie signe de la t ransplantation annuelIe . Ell e fut victime des hsita tion s du commandement, qui ne su t jamais tabl ir une doctrin e ferme en fonc tion des mthodes de combat de I'avenir.

    Pour Ie dbarquement, I'arme britannique disposa it , malgr tout, avec I' important contingent canadi en e t la Ire divi sio n blinde polonai se, d e 5 divi s ions blindes et de 8 brigades indpendan tes, sans compter certaines form ations blindes spci a lises; soit, au total , 3300 " Sherman ", Churchill ", et Cromweil .. . Ma is peine un " She rman .. sur vingt tai t q uip du 76 et, parmi les Churchill ", il fall a it compter 100 Mark-VII mieux protgs. Cette masse de chars tait complte par de confort a bl es rserves.

  • L' a rme blinde am ricaine n' avait pas connu les mmes viciss itudes que ce ll es d es autres pays aprs 1940 ; e ll e existait pe ine I'poq ue e t e lle n' tait reprse nte que pa r que lq ues ce ntain es d 'engins dmods e t par un petit noyau d ' quipages instruits su ivant les mthodes de la cavaleri e. L'Amriq ue difia e lle-mme son o rganisat ion de combat mode rne, ma is aprs une tude complte des ides e n cours dans les na tio ns e n guerre . Cepe ndant , Ju squ 'e n 1940, I' arme bl inde amricaine avait t touffe, d pe ndant d 'abord t ro itement de I'infanterie et e nsui te de la cavalerie .

    Le plus pittoresqQe des grands chefs de chars Le p rin c ipal c ha r d e combat amri cain fut

    Ie " She rman " qu ip d' un canon de 75 o u du 76, d ' un e e fficaci t nettemen t sup ri eure . A u dbut d e 194 1, la product ion de chars tait enco re ses dbuts; en 1942, e ll e a tteigni t 14000 Sh e rman Il et 2 1 000 I' an ne suivante. Le rythme continua d' uugmenter su iva nt les rgles de la prod uct io n de masse , conforme au dynamisme d u Nouveau Monde . Le nombre se ul, assoc i un fon c tion nement mca

    nl q uc trs sOr, donna au " Shcrman ", c t , par consque nt , aux A ll is, la possibi lit de djouer la supriorit a llemande e n blindage c t cn ca lib re . En m me temps , les centres d 'en tranement assura ie nt la format ion des quipages, se lon des no rmes ind ustr ielles . Ceux-c i avaie nt encore beaucoup apprendre, mais ils taient pi eins de confia nce grace I'impulsion du pl us p ittoresq ue des grands chefs de c hars, Ie gn ra l Patton, homologue am ricain de Guderian el de Hobart.

    En 1943 , eependanl, les Amricains a ura ient dO e t pu avoir un remarquable successeur a u " Sherman : Ie T-20, qu ip d 'un canon de 76, dont I'e ntre en service ta it poss ible e n 1944 . Ma is la convict io n q ue les " Sherman ", employs en gra nd nombre, sufl ra ie nl subrnerge r les d fe nses a ll emandes g race la scuri t de leu r foncti o nnnement et leur rap id it dans I'exp lo itation entrana la dcision d'a rrter la production du T-20, pour ne pas pert urber la so rt ie mass ive des " She rman ') des usines. Cest Ie p rivilge des gra ndes nat ions de sac rifi e r I' lgance de la manre uvre aux gros ba ta illo ns. Ce fut , da ns une large mesure, la politique amricaine d e 1944 .

    Piat et 88 tract C hac une des grandes puissances combat

    tantes ava it compris la ncess it d'associer I' infanle r ie et I'artill e rie avec les chars, mme si cette coop ration s'e ffectua d es nivea ux diffrents et sui va nt des m thodes de co rnm andemen t vari es . Les Allemands ava ie nt une pr fre nce pou r les groupes de combat mixtcs d ' une composi tion var iab ie I' int ri eur d e la d iv is ion blinde elle-mme. Les Britanniq ue s pr f rai e nt tablir une sparatio n nelte e ntre les formation s d' infa nterie

    el de bli nd s ; les regro upements pour J'appui de I'infanl e rie ne s'e ffec tua ien t Jamais audessous de la brigade b li nde .

    De le ur ct, les A m ricain s suivi re nt plutt I' exemple des All emands ; mai s, I'in tri eur de la di vis io n blinde, iJ s crre nt une o rgan isation trs souple avec les Combat Commands. au nomb re de deux , q ui co nstitua ient des gro upes mixtes d ' importance variabie, su ivant la natu re d es o prat ions env isages. 11 est vrai que la divisi on amricaine, pl us toffe que la di vision de pa nze rs type 1944 , avec 270 c hars cont re 180, se prta it d avanl age la forma lion pro viso ire de deux groupes de combal. Ce fut la dern ire innovation importa nte des Amrica ins. Au milieu d e 1944, e ll e tai t prat ique par leu rs s ix divisions blindes a insi que pa r la 2< O.B. franaise. Cependan t, al o rs q ue les Allemands utili

    saie nt uniquement les ca nons d'assaut e n appu i d irect de I'i nfante rie , la doc trin e amricaine finit par se rapprocher de ce ll e des Britanniq ues; des ba tai ll ons de c ha rs la disposition d u G .Q.G . taient prvus pour agir e n troite liaison ayec I' infanterie. Cet exemple trad uisai t la d iff rence fo ndamenta le

    Le IC Churchill 11, solide. mais arm d'un canon trop faible.

    de doctrine en tre les i\ lIis et Ics A llcmands. Ce ux-c i insistaien t e n effe t su r I' uti lit de division s groupes en corps blinds . Chaque systme avait ses avantages, dpendant de la connaissance des chefs da ns les possibil its des blinds, mais aussi des difficuIts du terrain et de I' importance de I'espace rserv la manreuvre . En Russie, les grandes plaines se prtaien t au mouvement des corps blinds a ll emands ; en Normandie, Ie bocage, troitement cadenass, risquait de conduire une barrire antichars ga rn ie de fan tassins efficacement sou tenus. Cette situation favorisa it Ie systme bri tannique .

    Depuis 1940, les modifications les plus importantes dans Ie rapport des forces bl indes concerna ient les progrs de la dfense sur Je terrain a vec I'efticac it acc rue des arm es an tic hars et la prolifration des mines . Alors que Ie canon antichar tract de base dans I'arme all emande tait, en 1940, Ie 37, en 1944, il ava it cd la place au 75 Pak-40, complt par la lourde et encombrante pice de 88 KWK-43 , capable de traverser 168 mm de b li ndage inc lin prs de I 000 mtres. Une d ivis io n d ' in fanterie allemande mettait e n batterie 31 canons an tichars qui pouva ient tre re nfo rcs par les pices de 88 t rac tes la d ispos ition du corps d ' a rme . Ce dp loiemen t impressio nnant tabl issa it un cran a ntic hars der ri re lequel se te na ient e n rse rve des engins blinds automoteurs . Enfi n, moins de 100 mtres, Ie fa ntass in pouvait ma inte nant tra nspercer les blindages les plus pais grce au Panzerfaust ou Panzerschreck sa ns recul, utilisant des proj e ctil es cha rge creuse , c 'est-dire I'quivale nt d u Pi at britanniqu e ou d u bazooka amr ica in. De leur ct , les' All is disposaient d'une

    collection presq ue compl te d 'armes a nti

    chars , en plus de leurs propres canons d 'assauL La division d' infanteri e am ricaine tai t a rme d e ca nons de 37 et d e 57, sans compter 588 bazookas ; la d ivision britannique tait aussi bie n quipe et possdait la pice de 76 parfaiteme nt prouve . Mais les canons antichars tracts sont d es arm es purement d fensive s et ex ige nt un ce rtain dlai pour tablir des cha mps de tir se soulenanI mutuellemenl , pou r se mettre en batterie et se dissimuIer convena bl ement. En fait, les pices antich ars tai e nt beaucoup plus utiJes aux A ll emands , condamns la d fensive, sur des posilions tab lies I' avance .

    Pour la mme raison , iJ s pouvaient recourir la rgeme nt I' emploi des m ines po ur protger leurs pos itions e t re ta rde r la progression des blinds a lli s. Leurs rserves mobil es avaie nl a insi Ie temps de prparer des contre-a ttaques sur les poin ts c r iliques d ' une rupture. Enfin, sur les plages, tout e une srie d 'obslacles tait truffe de mines, sans pa rler des inondatio ns el de la d fense naturelle d e la' mer . Tous les lments d fen sifs jouaie nt en fa

    veur des A llemands e t fa isaient pencher Ie ra pport des forces blindes de leur ct. Ce-

    Le Cromwell II ne sera jamais de taille se mesurer au Panther lI.

    pendant, les armes les p lus puissantes son t presque toujou rs les plus grosses e t les pl us e ncombrantes; e lks ex ige nl un plus g ra nd nombre de servants et une fo rce de tra cti o n suprieure pour se d placer su r Ie champ de bataille , ce q ui entrane les plus g ra ndes d ifficults quand il s'agit de trouver un emplacement de t ir satisfaisant. En outre, plus la vitesse initiale est grande, plus il est difficilc d 'observer la di stance laquelle Ie projecti le a marqu so n but; I'observation est encore complique par la fu me et la poussire qui n'o nt pas fini de se dissiper. Par consquent, les corrections de t ir se font constamment au petit bonheur, ce q ui contribue dim inuer les chances d'atteind re Ie bu l. Ces incon vnients ne pla ident pas en fave ur

    des g rosses pices d'art ill e ri e, d'au ta nt qu 'aprs chaque coup la lue ur d u dpart e t la fume signa lent I'emplacement de la p ice. Par une iro nie des choses, ces armes lourdes co ntr ibuaient rendre aux blinds une part ie de le ur e fficacit .

    Les dfenses alle mandes Ie lo ng de la cte ou les nids de rsistance d ans I' intrie ur, ta blis souvent autou r de poin ts nvralgiques, comme la station de rada r de Douvres-IaD li vra nde , e n No rmandie, cont ri buaie nt re nd re I'o p ra ti o n du dba rquement pa rticuli rement r isque; les A llis n' avaient jamais r ien rencontr d e compara ble d epuis Ie dbut de la gue rre . Ces dfenses taient Ie rsultat de quatre a ns d'e ffort s e t de rOex ion . Elks avai e nt t ren forces par les quelques mois d 'a rde nte ac ti vi t de Ro mmel, ra lli I' ide d' tabJ ir une ligne de d fe nse infranchissable su r les plages .

    A vrai d ire , les Am ricains avaient fini par admett re que les obstacles des plages interdisaient I'emp loi massif des blinds dans la pre

    1831

  • Un des progrs les plus intressants de rarmement la fin de la guerre fut I'emploi par Ie simple fantassin d'armes antichars efficaces. Les Amricains furent les premiers fabriquer un lanceLa nouvelle roquette lger et portatif - Ie bazooka (que I'on voit en position de tir au cours d'un exercice d'entrainement sur la photographie du bas). Le bazooka permettait au fantassin de dtruire les chars lourds sans avoir compter sur rartillerie ou les pices antichars, trop vulnrables. Les possibilits de cette arme nouvelle incitrent les principaux belligrants adopter un matriel identique, comme Ie Piat britannique et Ie Panzerfaust et Ie Panzerschreck allemands, qui pouvaient tre servis par un ou

    force de frappe deux hommes et utiliser des projectiles Cl charge creuse " grande capacit explosive; ilsde I' infanterie. taient efficaces la fois contre Ie blindage et Ie bton, pour un poids relativement faible.

    Panzerschreck : lanceroquette al lemand de 88 mm sans recul. I1 lIra lt un projectIie de 3 .200 kg capable de percer 12 cm de blindage 150 mtres.

    1832

  • ~ JE

    ~ ~ u

    Le Sherman MA, char standard des Allis , qUI purent aln si oppose r la quantit la qualit La dC ISlon du commandement se rv la Judicieuse

    mire phase du debarquement , Au contraire, chez les Britanniques, instruits pa r I'amre exprience de Dieppe, les obstacles faisaient I'effet d ' un stimulant ; il s'agissait de les dtruire par de s moyens indits, Un massacre sur Ie rivage ta it inacceptable pour Jes Britanniques, et C hurchilJ tait treint par une intense molion quand il imaginail que I'infanterie britannique pourrait tre impitoyablement fauche, sur son ordre, comme G allipoli, C'tait Ie sort que les Canadiens avaient con nu D ieppe ; les chars , peine dbarqus, ne russirent pas briser les dfenses ctires et ils lai ss rent I'i nfanterie sans protection. Quand les pionniers tentrent d ' ouvrir des p

  • 1834

    Les (( Funnies )) (les clowns)

    .

    une curleuse mnagerie de monstres blinds.

    Les experts allemands et anglais avaient compr is que Ie succs du dbarquement dpendait de la rapidn av()c laquelle les assaillants submerge raient les dfenses de la plage et s'enfonceraient dans les te rres. Aprs Ie dsastre de Dieppe, les Anglai s ava lent ralls que les troupes d'assa ut, notamment l'infanterie , devaient tre prcdes et aides par des lments bl inds spcialemen t transforms pour combattre les diffrents obstacles m is en place ur les plages. C est ainsi que les drles de choses ) . les clowns (FunniesJ. sortirent du cer veau du gnral Hobart, Hobo pour ses hommes.

  • , . Duplex Drive (DO) camion amphlble obtenu par la pose sur I'ossatu re d'un Sherman d'une toile impermable d'un systme waterproof et de deux hlices. Vitcsse dans I'eau : 4 ,3 nceuds (8 km/h environ) . Le DO bnficiait d 'une f10 ttabilit toute relative et ne pouvalt voluer normalement que sur un plan d'eau cal me. Ces limitalions allaient causer une catastrophe Ie jour du dbarquement. 2. Bobb in (Bobine) sur chassis ' rle

    Churchlll . 11 droule un lapis de tOlle arme de 2,50 m sur Ie sable pour facilite r Ie passage des vhicules. 3_ CRAB (Crabe) une des versions antimines du Sherman , qui dgageait un passage large d'une dizaine de mtres, 4 . CHURCHI LL AVRE (Armoured Vehicle Royal Engineer) (vhicule blind du gnie) quip d'un pont SBG qu'on pouvait mettre en place en 30 secondes et qui permettait Ie franchlssement par une charge de

    40 tonnes d'une coupure de 9 mtres ou _ d'un obstacle vertical de 4,50 m, 5 . Bulldozer bli nd partir d'un chaSSIS caterpill ar du commerce, 6. CH URCHI LL Cra codi le sur chassis Churchi ll Mark-VIII , Le lance-f1ammes, d' une porte de 120 mlres, ta it mont la pi ace de la mitrail leus J Le cambusti ble - 1 800 l itres - talt part par une remorque et conduit I'aju tage du lance-flammes par de I'azote comprim

    1835

  • l es (( Clowns du gnral Hobart en action 1. Le gnral Hobart. cho isi par Churchi/l . fil meme au poi nt d 'lOn nants engtns blinds. tels : Ie Bobbin carpet (2); Ie AVR E (3 et 4) en position de route et I'ceuvre ; Ie CRAB ou char flau (5 ) q UI pouvail ouvr ir un chem ln dans les champs de mines. Enfin Ie Duplex drive. char flottant imagin par l'ingnieu r hong rolS Strausser (. Ju pe repl ie (6) et jupe Jeve (7) 1.

    2

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    1836

    pour que I'on don nat aux Amricains la moiti des rali sations britanniq ues; il chargea Hoba rt de leu r fa ire une dmonstration de c haque in vention . Eise nhower comprit parfa itement I'intr t d u " Sherman >l DO et en demanda I'quivalent d'u ne brigade . Mais il laissa Bradley Ie choix des autres e ngins . Pour des raisons souvent peu convainca ntes, I'tat-major amricain repoussa la plupart des inventions. eeUe dcision devait avoir, par la suite, les plus t ragiques consquences. Les blinds spciaux la issa ie nt esprer Ie rt ablissement de I'quilib re dans Ie domaine des chars sur les plages contre les mines et les obstacles. Ils pourra ie nt ainsi frayer un chemin vers I' intrieur

  • la suprme opposition : vitesse et quantit contre puissance de feu et qualit.

    Essa i d'un Churchill dans la forme d'eau. En 1944 , les Allis, surtout en Angleterre , ;Jv;J ip.n t abandonn I' ide que Ie char ne pouva it tre engag qu'en accompagnement d l nfan te rie. Bie n que Ie Churchill (photocouleur le Ch urchill pendant ses essais d ' tanchit) russ! ple ln ement dans ce rle, leur char standard , Ie Sherman , rapide et manCBuvrable, rpondait aux impratifs de la guerre de mouvement. Par rapport aux ralisat ions allemandes, il tait infrieur en armement et ne pouvait surclasser ses adversaires qu'en les submergeant par Ie nombre, Plusieurs essais furent effec tus pour dOler Ie Sherman d'un mei 1leu r canon ; ils about irent au Sherman 11 Firefly (Lucio lel (dessin du haul) quip du ca non anglais de 84. Poids : 39 ,2 t. Vitesse : 30 km/h environ. Autonomie : 230 km. ~quipage : 4 hommes. Blindage : 81 mm (maxi muml. Armement : 1 ca non de 84. 1 mitrailleuse de 7.62. 1 mitrailleuse de 12.7. Cependan t. les Allemands avaient faire face un beso in tOUJours croissant d'quipement dfensif puissant qui p t contrebalancer la supriorit numrique allle , pou r cela. ils dvelopprent la cons truc tion d'engins plus importants , moins facil es manCBuvre r, mais quips de canon s de gros calibre. au ss i bien pou r leurs chars que pour les canons automoteurs. Le Strumpanzer IV (dessin du bas), Issu d'un programme pour engin d 'appui de 1' 1nfanterie, il connut un grand succs en Normandie. ou Ie te rrain permettait d'exploiter sa mobilit. Poids : 25 t. quipage : 5 hommes. Vitesse : 30 km/ho Autonomie : 120 km. Blindage : 80 mmo Armement : 1 canon de 75.2 mitrailleuses de 7.92 Le Jagdpanther (dessin du centreJ. Un des plus puissants vh icules chenills prOdui ts pendan t la guerre; tai t Ie rsulta t du mariage de I'extraord ina ire canon de 88 et du chassis du Panther . Vitesse : 40 km/ho Autonomie : 240 km. quipage : 5 hommes. Blindage : 80 mmo Armement : 1 canon de 88, 2 mitrailleuses de 7,92.

    1837

  • 1838

    28 novembre 1943 Va/entin Berejkov

    La phOIO hlslOrlque des ( Trols Grands> prise Thran . De gauche drO/le : Staline. Roosevelt et Churchtll.

    La Confrence de Thran a marqu I'apoge de la coalit ion antihitlrienne. A mesure que la victoire se faisait plus proche, des divergences graves se faisaient jour entre les membres de cette coalition. Elles devaient clater Yalta et Potsdam. Or, mme en 1943, Thran, lorsque la guerre tait son point culminant et que la ncessit de conjuguer les efforts face I'ennemi commun tait manifeste, les points de vue s'opposrent dj avec force. C'est Ie thme du rcit de Valentin Berejkov. 11 nous offre un tmoignage oculaire, Iimit dans Ie temps aux quatre jours de la confrence.

  • A L'AUTOM NE de 1943, un lou rnant I'avanlage des A lli s s' ta it dessi n dans Ie droul ement de la guerre . Voil pou r

    quo i des motifs non seu leme nt mili ta ires, mais politiques re ndaient urgente une rencon tre des tro is leaders de la coalit ion ant ihitlrienne. II fa lla it se concerter et disc uter de I'action commune en vue de rapprocher la victoire, procde r un change de vues su r I' o rganisation d 'aprs gue rre.

    La correspondance entre Staline, Roosevelt ct C hurchill au suj et de celle rencontre ava it t longue. En p ri nc ipe , tout Ie monde tai t d 'accord . Ma is la question du Iieu du rendezvous prsentait de grosses difficults. Staline prfrait que la confrence se tot Ie plus prs possi ble d u territo ire sovitique. L'envergure des op ratio ns sur Ie fro nt germano-sovitiq ue ne lu i pe rmettait pas, en tant que commandant suprme de I'a rme Rouge, de s'abse nter longtemps de Moscou .

    Roosevelt, de son ct, invoquait la Constitu t ion des ta ts-Unis qui lu i inte rd isai t, en tant q ue prsid ent , de s'lo igner de Washington pour une p riode prol onge . 11 est vraisemblable, cependan t, que des moti fs de p rest ige ont jou en I'occurrence . Church ill , en revanc he, qu i tait dj ve nu M oscou , se dclarait d ispos aller n 'impo rte ou. Fina lement Ie choix se porta su r T h ran.

    II e t t diffici le de t rouver un lieu convenan t davantage des e nt ret iens sec rets en tre les trois leaders d es pays en gue rre q ue I' ambassade sovi tique dans la capi tale ira ni enne . L, loin de la ru meur de cetle c it orien tale, r ie n ne po uvait trouble r les t ravaux des inte rlocu lcu rs. Une mu raille de maonnerie c!turai t la vaste ence inte. La dlgation so vit ique occupait plusieurs batiments e n bri4ues c1aires dans la verdure d 'un pa rc. La vill a cent ra le, abri tan t e n temps ordinai re les bu reaux de I'ambassade d 'U.R.S.S., avai t t amnage en rs ide nce I' inten tion de Roosevelt. L es pro tagon istes d u rendez-vous de Th

    ra n s'taient pe nchs sur la proposition de loger Ie p rsident des ta ts-Unis I' ambassade sovi tique. Les raisons de scu ri t a vaient fi nalement prvalu . En effet , la lgation amr icaine se t rouvait d a ns un faubou rg de la ville, tand is que les ambassades sov i tique et britannique taie nt vo isines. II suffisait de barrer la rue au Illoycn d'un d ispositif de pa nne;:1UXpou r mnager un passage entre les de ux villas et les r unir en un e nsemble homogne . Ainsi se trouvait assure la sc urit des dlgus sov itiques e t britan niq ues .

    Un avertissement venu des forts

    Selon certains rense ignements , le s services secrets hi t lriens prpar rent des atte ntats contre les interlocuteurs de Thran. Un quart de sicle plus tard , au cours d'une confrence de presse Madrid , O tto Sko rze ny, I'homme de confianee de Hitier, confirma qu 'i l avait t charg de kidnapper Roosevelt T heran. Bien entendu , les prparatifs de l'opration taient entours du sec ret Ie plus profond . On ne savait pas, Thran, que les impor

    tants renseignements sur Ie complot tram contre les leaders des trois p uissances provena ient des for ts de Rovno , ou oprait, sur les arrires de l' e nnemi, un dtachement spcial sovi tique command pa r D . Medvedev et A. Loukine. Faisait partie de ce groupe I'agent sec ret Nikola Kouznetsov , qui accomplit bon nombre d'oprations tmra ires dans la rgion de Rovno, occupe pa r les A llemands. Kouznetsov, qui parlait a lle mand la ' pe rfection , jouait avec maestria Ie r le de Paul Siebert, lieuten an t de la Wehrmacht.

    Nikola Kouznetsov, alias Paul Siebert, capta la co nfiance d u sturmbahnfhrer S.S. von Orthel , qui lui livra un secret de la plus haute importance . Von O rthel lu i avait p ropos de se fai re muter dans les S.S ., ou il tait pl us fac ile de faire carrire . Un jour q u' ils dnaient au cas ino d es offi c iers Rovno , von Orthel ritra son offre et prom it de meltre Siebe rt e n re lation avec Olto Skorzeny. Von Orthel devait b ientt effec tu e r avec ce lui-ci une mission importante. Ap rs de s li bat ions abondantes, sa langue se dlia:

    - Bientt, mon cher ami , je partira i pour l'lran, dit-il SUf Ie to n de la confidence . Les Trois Grands doivent s' y runir fi n novembre . Nous allons refaire I'opration Abruzzes (en /evement de Musso/ini) / Ce se ra une o pra ti on monst re ' Nous liqu ide ron s les T rois G rands e t changerons Ie cours de la guerre. Nous allons faire une tentative d 'enlvell\ent de Roosevelt pour ai de r Ie Fhrer ngocie r avec l'Amriq ue ... Plusieurs groupes sont engags dans I'opration. Les hommes sont forms dans une cole spciale Copenhague ...

    Lorsque I'on monta Ie complot contre les interlocuteurs de Tehera n (operation Bond dis tance ), Ie cho ix s'tait immdiatement port sur Skorzeny... Aprs avoi r soutir von O rthel ces prcieux

    re nseignements , Kouznetsov rejo ignit prc ipitamment Ie g roupe de Medvedev. Un radiog ramme fut aussi t6t ad ress Moscou, contenant un signal ement d e von O rthe!. Ce message confirm ait les informations puises d 'aut res sources par les services secre ts sovietiques. Immed iatement, toutes les mesures fu rent prises pour mcttre les agents all emands hors d'tat de nuire .

    En qualit de fossoyeur A l'poque, la capitale iranie nne gro uillai t

    de rfugis europens . Pa rmi eux, d ' innombrables agents hitlriens dont les activits e n Ira n taient favori ses no n seu lement par la situation du pays, ma is aussi par la p rotect ion q ue leur avait accorde Ie vie ux Reza Chah, chal eureux admirateur de Hitler. Lorsq ue des vagues de rfugis a fflurent en I ran, la G estapo sa isit I'occasi on po ur a ccrot re Ie nombre de ses age nts dans ce pays, q ui devait deven ir un impo rtant po int de t ra ns it des fournitures anglo-amricaines I' Union sovi tique . Aussi fall ut-i l q ue Ie vie ux Reza Chah a bdiqu t et s'expa tri t e n Afr ique d u Sud pour que pussent se rtabli r des relations am ica les en tre l'I ran et les Allis. Mme aprs ce la , les agents d u 111" Re ic h

    conti nurent d 'oprer e n Ira n. l is avaient leur t te des offic ie rs chevronns. L' un d 'eux, Schulze-H olthus, secr ta ire a u consula t d 'A llemagne T abriz, cumulait ses fonc tions avec celles de rsiden t de l'Abwehr. Quand Ie gouve rnement iranie n d cida d 'expulser les reprsentants d u lIl' Reich, Schul ze-H olthus passa dans la cla ndestini t.

    Avec une ba rbe tein te au henn, dguis en moll ah , Schulze parcou rai t Ie pays et racolait des age nts dans les mi lieux rac tion naires . Dans I' t de 1943, quand Schulze e ut ta bli son quart ie r gnra l parmi des trib us kaschgha is de la rgion d 'Ispahan , o n lui pa rachuta un groupe d 'agen ts dot d ' un metteur radio , ce qui lu i pe rmi t d' ta blir une li a ison direc te avec Be rli n. Ces hommes qui sortaient de I'cole d 'Otto Sko rzeny, apportaient ga lement des arm es, des explosifs e t , enfin , des lingots d ' or pour achete r des complicits sur place .

    Schul ze tai t e n li aiso n avec un missaire secret de H immler oprant da ns la rg ion de

    Thran, Mayr, d u S. D. (se rvice d e sc urit). Pass da ns la clandest in it en mme temps que Schulze-Holthus, Mayr se diss imui a pendant trois mo is au c imeti re a rm nien de T hran en qua lit de fossoye ur. Il incitai t les t r ibus nomades ira nie nnes s' insu rger con tre Ie gouve rnement ce ntra l, organisai t des a tte ntats et d es sa bo tages. Il tai t e n lia iso n radio avec Be rl in et , peu avant la confrence de Thran, six parachutistes vinre nt Ie rejo indre non loin de la ca p ita Ie iran ie nne.

    Comme on discuta it des mesu res prendre pou r assurer la scu rit d es T roi s G ra nds, Michael Rei lly, reprsentant des se rvices secrets am ricains, fit son tour observe r q ue, malgr toutes les mesures de prcautio n, de s d izaines d'age nts a ll emands se cachaient parmi les milli ers d'Eurooens r fugis Th ra n. Tout d'abord, Roosevelt ava it d clin I'offre

    de loge r l'ambassade sovitique. II p r frait , d isait- il, n 'tre I'hte de personne pour se senti r p lus indpendant. E n o utre, ayan t d j refus I'i nvitation des Britanniques, il r isquait de Jes fro isser e n accepta nt ce lle des Russes. Finalemen t, les consid rations de commodit , et su rtout de sc urit d e to us les membres de Ja confrence , eurent raison de ses hs ita tions.

    Du ct sovitique, tout ava it t fait pour que Ie sjour du prsident I'ambassade fat confortable e t plaisant. Ses appartements avaien t t mis l'enti re dispos ition des Amricains. Les repas du prs identtaient, comme d 'habitude, prpars par ses cuisiniers attitrs. 11 tait servi par des Philippins qui, quo ique offic ie ll ement marins militaires, taient afTects la Maiso n-Blanche e t avaient accompagn Rooseve lt Thran.

    La dlgation sovit iq ue, compose de Staline , Molotov et Vorochi lov , avait t loge non loin de I'difice pri nci pal , dans une petite vi lla un tage, rsidence o rdinaire de I' ambassade ur.

    Oit est donc votre pipe ? Je n'eus gu re Ie loisir de visiter Ie magni

    fi que pare : j ' uvai s e n effe l t prvenu qu ' 14 he ures aura it li eu un e nt re tien Sta lineRooseve lt o u je devais fa ire o ffic e d'in te rpr te . Dix mi nu tes pl us ta rd, un ca lepin la main. je courais ve rs I'dific e ce ntra!.

    Plu s d ' une fo is , dj , j 'avai s assum les fo ncti o ns d ' interp rte de Sta line. A Moscou,j'avais assis t plusie urs de ses en tret iens avec Ch urch ilI , Ie sec r ta ire d 'tat des USA. Corde ll Huil , Anthony Eden, alors mini stre des A ffa ires trangres de G ra nde-Bre tagne : avec Ave reil Ha rr iman, reprsentant spc ial d u p rs iden t d es ta ts-Uni s, puis ambassadeu r Moscou.

    Pou rtant. chaque foi s que j 'avais re ncontre r Sta line, I'motion m'treig na it. J' a i d' a illeurs remarqu que ce ux-I mmes qui avaient trava ill se s c6ts pendan t de longues a nnes prouvaient que lque malai se e n sa p rse nce. On conoit donc que Ie jour ou j'ai vu Staline pour la premire fois se so it grav dans ma mmoire . C' ta it en septembre 1941 , a u cours d'un

    dner tardif au Kremlin, offe r t I'occasio n de la ve nue Moscou de la mission a nglo-am ricai ne d ' app rovisionnement milita ire conduite pa r lord Beaverbrook e t Harriman. Sta line tait d ' une tai ll e au -dessous de la moyenne , maigre, Ie te int terreux, Ie visage gr l c re us par la fatigue. 11 ne portait alors ni son rutil ant uniforme de marc hal , ni pa ule ttes d 'o r, ni toi les de hros. Sa vare use de coupe mi li tai re ta it manifestement trop ample . II a va it un bras plus co urt que I' au tre, la main disparaissa it presq ue en ti remen t da ns la man che. C'ta ient les jours les plus d urs de la gue rre,

    1839

  • 1840

    quand la Wehrmacht se ru ait frntiquement I' intrieur de notre territoire, s'tai t empare de Kicv ct app roch ait de Moscou et d e Leningrad. Maintena nt, .a u momen t de la re ncontre

    Stalin e-Rooseve lt Thran, je me contraignais a u calme. Pour interprter Sta line , une sup rme te nsio n des forces tai t ncessaire . 11 parlai t bas , avec I'accent gorgien, et il n'tait pas quest ion de Ie prier dc rpter. 11 me falla it donc mobilise r to ute mon atte ntion pour pcrcevo ir in sta nlanmt:nt ce qul avait dit et Ic traduire incont inent en a ng lais. Pa r surc rol , il fa lla it pre nd re note de la teneur des enlre t iens. Fort hcurcuscment, Stalin c pa rl ait pos. me nt , s'arrtant aprs chaque phrase pour la t raduc Lion .. . Outre Staline, Roosevelt et moi-mme en

    ta nt qu ' inl erp r te, personne n'ass istait I'entre l ien en question . Le prsident avait prvenu qu 'i l sera il se ul, sa ns Cha rl es Bohlcn, qui fa isa it habituel lement office d ' interprte de la d lgation amricaine. Sans d ou te Rooseve lt ava it-il dc id de ne pas tre accompagn pou r c re r un cl imat de con ti ancc. Quand j'cntrai dans la pice a ttenante la ~alle des sances plni res , Stalin e, en uniforme de ma rchal. s'y t rouva it dj . Je Ic sa luai. pui~ m'approcha i d'un guridon bas autour duquel taient disposs un canap et des fauteuils, et posa i man calepin e t mon c rayon . Staline fit le ntemen t quelques pas. ouvrit une boite noir e t ver!. avec l'insc ripti on ,< Herzegovi nCl F lor ". C1lluma une cigarette . II me consi dra. les yeux p li sss . el demanda:

    - Pas trop fat igu du voyage? Yous tes prt C1l rauuire ~ L'cn trctien sera important.

    - Je suis prt. camarade Staline. Staline s'upprocha du guridon . posa dessus

    sa bote de c igarettes . IJ frotta une allume tte , Si! c igarcttc s ' tant tein te. Puis il agita I'allu mette d'un ge~te Ic nt pour I' teindrc ct dit . en la braquan t vers Ie canap :

    - Je me mcltrui iei . au bord: Roosevelt ar r i vera dans son fauteuil roulant, il s'installera ga uc he du fau te uil ou vous serez.

    Au bout de quclques minutes. Ia porte s' ouvrit et un vale t de chambre philippin rou la Ic fa uteuil ou se tenait. pesamment appuy

    sur les accoudo irs , Rooseve lt, tout souriant. - He llo! marcha l Stali ne , fit-i l avec

    entrain en tendant la main, je crois que j e me suis fait un peu attendre , pardonnez-moi.

    - Pas du to ut , rp liqua Slaline, vous arr i vez juste temps . Cest mo i q ui tais en ava nce . C'est mon devoir de matre d e maison. Paree q u'e nfi n, vous tes notre hOle, SUf un te rrito ire sovi t iq ue , e n quelque sorte ... - Je protes te, objecta Rooseve lt en riant.

    Nous dions bien d 'acco rd pou r nous rencontrer en territoi rc ne utre . A u surp lus, c 'est ici ma r side nce. Cest vo us qui tes mon hte .

    - Ne chi canons pas l-dessus, dites-moi pl utt, monsieur Ie prside nt, tes-vous bien install ici ? Avez-vous besoi n de quelque chose?

    - Non , merc i, to ut est parfai t , je me sens comme chez mo i ... - Youdriez-vous vous rapproche r de la

    tabIe? suggra St a l in e. Le vale t phili ppi n rou la Ie fauteui l I'en

    droit ind iqu. cffcctua une volte face. serra Ic rre in sur la roue cl smtit de la pice. Staline o ffri t Rooseve lt une cigarette. mais ce lui-c i refusa. tira so n tui. ses do igts longs e t fins mirent u ne cigarette dans u n lgant fum ecigarette e t "allumrent.

    - Je suis hab it u aux miennes, dit-il avec un sourire dsarmant. Ou est donc votre fameuse pipe. marchal Staline ')

    - Les mdec ins me conse ill e nt d ' e n user Ie mo ins possible . Je I'a i cependan t apporte et je la f"umerai la prochaine fois pour vous faire plaisir.

    Roosevelt, Staline... Ia France Sta line demanda alors : - Avczvous des suggcslions sur I'ordre

    du jour de notre entre t ien d'aujourd'hui? - Je ne pense pas tjue nous de vions,

    I" heure actuelle. dfinir str ictement les quest ions qui pourraient tre tudies . Nous pourri ons simplemen t nous borner un change de vues gnral su r ICI situation actuelle e t sur les perspectives d'avenir. J'aurais aim aussi que

    Affche sovitiq ue reprodlliSant la Cll aliOn de Roosevelt (Ce11e confp-rence i'l forg les Natlons-IJrles en un seul glalve au service d'un mme esprit el lenu par la mme main

    z Cl.

    vous me meltiez a u coura nt d e la situ a t io n sur Ie front sovi to-allemand.

    - J'accepte votre suggest io n, dit Sta li ne . D' un geste mesur, il saisit la bote d'" He r

    zegovina Flo r ", l'ouvrit ct choisit lo ngueme nt une cigarette , co mme si eJies se d ist inguaient en q uo i que ce fO t les un es des aut res . 11 po ursui vit , artic ula nt , sans h te :

    - En ce qui concerne la situat io n sur notre fro nt, I'essentiel, mon avis , c'est q ue , dernireme nt, nos troupes ont abandonn Jitomi r, un impor tant nce ud fe rrovia ire. - Quel temps fa it-i l sur Ie fro nt ) s' e nq uit

    Rooseve lt. - Le temps n' est beau qu 'en Ukraine, su r

    les a utres sect eurs Ie terra in est boueux, pas encore gel.

    - Je dsi re ra is dtou rn e r du fro nt sovitoa lle mand 30 ou 40 d ivisio ns a llemandes, d il Rooseve lt sur Ie to n d e la sy mpath ie. - Si c'tait poss ibl e . ce se ra it b ie n. - Cest un des poi nts sur lesquels j'e nte nds

    fou rnir des c lairci ssements dans les quel ques jours venir. ici mme, Thran. Ce qu i compl i'lu e les choses, c'est que les Amrica in s ont approvis ion ner des troupes tota lisan t de ux millions d ' hommes et se tro uvant 3000 m illes du con tinent amricain.

    - II fa ut pour cela de bons transports. je comprends pa rfaitement.

    - Je pense que nous pourrons rso udre ce prob lme car. aux tats-Un is, on construit des bateaux un rythm e sat isfa isanl...

    Puis la conversation rou la sur I'avenir de la France . Rooseve lt delara que de GaulI e lui dplaisait. ta ndis que Ie gnral Giraud lui paraissail un bomme trs sympathiq ue et un gn ral capable . II annona que les Amrica in s armaien ! onze divisio ns frana ises e l mentio nna ce propos la situat io n e n France et I'tat d'esprit des diverses couches de la population de ce pays.

    - Les Franais, fit observer Roosevelt. son t un bon peuple , mais il leur faut des dir igeants absolument nouvea ux. de moins de q uarante a ns, n'ayant occ up aucu n poste dans I" anc ien gouvernement frana is .

    Sta li ne m it I' opinion que pareils changements ncessilera ient de longs d lais . En ce qui concerne ce rt aines co uches dirigeantes en France, poursuivit-il, e lle s prsument q ue les Allis leu r offriront une F rance to ute faite et ils oe veulent pas faire la guerre aux cts des AlIis, prfrant collaborer avec les A ll emands. Mais elles ne demanden t pas I' av is du peuple frana is .

    Roosevelt dit que, selon Ch urchill , la France oprerait un rtablissemeo t comp let et devie ndrait bient6t une grande puissance.

    - Mais je ne pa rtage pas son avis , poursuivit Roosevelt. Je pense que de longues annes passeront avant que ce l a se produise ... Ces remarques d u prsident reAtaient le s

    graves di vergences entre les tats-Unis et la G rande-Bretagne sur la question de savo ir qui devai t exe rce r Ie pouvo ir sur Ie te rritoire libr d'Afrique du Nord et p lu s tard , aprs Ie dbarquemen t en No rmandie. en France m me . Comme il s' avra par la su ite , les tats-Unis, ayant dbClrqu e n Afrique du Nord , c royaient pouvo ir tablir leur con tr le mili taire et pol itique non se ulemen t sur c e ter rito ire, mais a uss i sur to ut e la Rsis tan ce franaise, afin que, par la su it e , la F ran ce le ur servit de poi nt d ' appui su r Ie cont inent europen .

    Anthony Eden crit dans ses Mmoires, publis e n 1965 : Mon adjoint parlementaire. Richard Lal"", a

    communiqu de Washington la teneur de son ent retien avec Sumner Welles (secr ta ire d 'tat

  • adjoint) , qui Ie gnral de GaulIe inspire de vives inquitudes. Selon Welles, nous serons bienII obligis de rompre avec lui. La wayanl object que ce serail un coup svere porli tI I' opinion lranaiw, Welles en e.,t convenu. sans pour aUlant se dpartir de la con viction que nous devrons peut-tre nous y rsoudre. Si de GaulIe arrive en France avec les troupes d'occupation el forme un gouvernement , il ne sera plus possihle de /'carter du pouvoir.

    En Afrique du Nord, aprs Ie meurtre de l'ami rul Darbn , l e~ Ameria ins tablre: nl sur Ie gnral G iraud. Eden crit ce propos:

    F.n dpit de tnus les eJJorls que j'ai dploys Londres. et Macmillan en A 19rie, il s 'est rvl difjicile d' organiser uue rencontre du gnral de GaulIe avec Ie gnral Giraud. La politique amricaine a encore aggrav ces difficults. Le gouvernemenl des lals-Unis demeurait oppos a l'inslituliun d'une aULOril franaise unique avanl Ie dharquement alli en France ... 11 continuait galement de nourrir soupons et animosit ef/vers Ie gnral de GaulIe. !I redoutait son caractre aCTif eT inergique et itait ene/in minimiser Ie soutien accord au gaullisme par la Rsistance en France mme.

    Washington fut fin alement oblig de se rconc ilie r avec de GaulIe, q ui dcida de

    " gagner la France peu aprS Ie dbarquement en Normandie .

    Le point faible de I' Allemagne

    Les sances pln ires de la confrence se tenaient dans une grande salie de style Empire . Au tour d 'une grande tab le ronde, nappe de drap .:rt:lIll::, des fauleuils d'acajou lendus de so ie raye taient di sposs. Au centre de la tabie, un soc le en boi s avec les pavillons des t rois pu issances. Sur la tabie, devant chaque fauteu il, des calepins e t des crayons taills. Les principaux membres des d lgations et les interprtes prenaien t place autour de la ta bi e. Les a ut res dlgus et Ie personnel techniqu e occ upai en t les si ges disposs en rangs symt riques de rri re les fa uteui ls .

    En sa nce pl ni re , la di sc uss ion tait libre, sans ordre du jour tabli I' avance. Au lieu de lire des tex tes rdi gs, les d lgus me ttaient s implemen t leu rs consid rat ions.

    La premire sance pln ire, prside par Roosevelt, tenue Ie 28 novcmbre 16 hcures, dura troi s heures et demie et porta sur de nombreuses questions. La p rincipa le tai t celle de I'ouverture du second fro nt e n Eu rope.

    Roosevel t souligna que I'opration du franchissement de la Manche tai t trs importante, ma is demanda it l'engageme nt de nombre ux bateau x spciaux. Depuis un a n et demi dj, dit -i l, les A ll is occ identaux labore nt des plans appropris, mais sans parve nir fixe r la date de I' oprat ion , fau te de moye ns de dbarquement suffisants.

    - Nous voulons, dit Ie prsident, non seul eme nt traverse r la> Manche, mais pourchasse r I'ennemi I' intrieur des terres. Or, les obstacles que nous oppose ce bras de me r inte rdisent que I'expdilion soit lance avant Ie Ier mai. C'est pourquo i Ie pla n tabli Qubec st ipul e que I'expdition trave rs la Manche sera ra lise vers Ie I er mai 1944.

    Puis il poursuivi t : - Si nous effe ctuons des oprations de

    dba rquement de grande envergure e n Mdite rra ne , il se pourra it que Ie franchissemen t de la Manche fOt retard de deux ou trois mois. C'est pourquoi no us voudrions recevoir z les conse ils d es Sovitiques sur ce point e t ~

    tout e n considrant qu'il y a l-bas peu de navi res. - Mais nous ne voulons pas repousser la date d ti dbarquement travers la Manche au-dd de mai ou de juin . En mme temps, il y a beaucoup d'e ndroits ou les troupes angloamr ica ines pourraie nt tre engages. Elles peuvent tre utilises en Ita lie, dans la rgio n de I'Ad riatique , de la mer ge et, en fi n, pour assister la T urqu ie , si die entrait e n guerre. C'est de tout cel a q ue nous devons dcider iei. Nous voudrions beaucoup veni r en a ide ('Un ion sovitiq ue e t d tourne r une partie des tro upes a ll emandes du fro nt sovi tique . Q uand il eut te rmin, Roosevelt demanda

    Church ill s' il ava it que lque chose ajouter. Churchill observa un b ref silence et rpondit

    Icntemen t, en mcho nna nt : - Je voudrais demander la permission de

    prend,e la parol e ap rs Ie marchal Staline. En mme lemps, je tiens p rcise r que je suis d'accord en princ ipe avec Ie prsident Rooseve lt.

    Selon tou te apparence , en refusant d'expose r sa position qui , en fait, d iff rait sensiblement d u point de vue amricain, Ie Premie r britannique vou la it sonder les reprse ntants sovi liques pour mieux toffer son argumentation. La mana:uvre de Churchill n'chappa point Staline. Parlant du second front, il donna entendre que l'Union sovitique comptait sur un dbarquemen t des Allis dans Ie nord de la France, prcisment, et sans nouveaux dlais, ca r seu le une pareiI le opration tait capable d 'amliorer la situation SUf Ie fro nl sovit iqu e. - Je rais peul-tre e rreur, d it Staline , mais

    nous au tres Russes pensons que Ie tha.tre italien des op rations vaut uniquement en ce qu'il assure: la libre navigation des navires a ll is en Mditerrane. Ce n'est que sous ce rapport que Ie thtre italien est important. Pour ce qlli est du lancement d'une offensive, directemenl contre I' Allemagne, en partant de l' ltalie, nous, Russes , considrons que Ie thal.tre italien ne convien t pas ... S'adressant la d lgati on sovi tique,

    Chu rch ill demanda : - Le gouvernement sovit iq ue a ttache-t- il

    de I' intrt nos oprations en Mditerrane orientale, qui pourra ient ventuell ement retarde r Ie franchissement de la Manche ? - 11 exis te e ncore une possibilit, intervint

    Roosevelt. 1I serait peut- tre oppo rtun de procde r un dba rqueme nt da ns Ie nord de l'Adriat ique lo rsque les armes sovitiques approc heron t d'Odessa .

    - Si nous prenons Rome e t bloquons l'Aliemagne par Ie sud , pou rsui vit Ie Premie r britann ique, nous pourrons passer ensuite aux oprations dans I'ouest e:t Ie midi de la F rance e t a ider galement les armes de part isa ns. Ces op rations n'ont pas encore t labores en dtail. Nous pourrions constituer une commission charge d' tudier ce tte q uest io n et de rdige r un document dtaill ... Stali ne, qui avait cout Churchill trs

    atte ntivement, demanda la pa raie. - ra i quelques questions poser. ra i bie n

    compris qu' il a t prvu 35 d ivisions po ur les oprations d'invas ion du no rd de la France?

    - Ou i, c 'est juste, admit Chur.chill. - Avan t de dc lencher ces oprations d' in

    vasion du nord de la France, poursuivit Staline, on prvoit une opration sur Ie tht re italien afin d'occuper Rome, aprs quoi on se propose de se mettre sur la dfensive e n Ita lie '? Churchi ll confirma. - J'ai compris que vous envisagez en ou tre

    tro is autres oprati ons, dOOl l'une de dbarquement dans la rg ion de l'Adriatique . Ai -je bien compris? - La ra lisat ion de ces op rat ions sera

    pe ut-tre ut il e a ux Russes, dit Churchi ll avec un vis ibl e dsappo intement.

    Pui s il entreprit d e dmon tre r que Ie plus gros p rob lme ta it ce lui du transfert des forces. L'opration " Overlord )) serait dclenche avec 35 di vis ions. Ensui te, ces effec ti fs sera ient po rts, grce aux divisio ns arrives des tats-Unis, 50, puis 60. Les fo rces a ri e nnes britann iq ues e t arnri caines en G rande-Bretagne seraie nt triples au cours des six mo is suivants.

    Sta line revint la charge: - Si j ' a i bien compris, part l'opration

    La dlgat lon sovitlque Ie marchal Vorochilov. Stalll1e ct Molotov. ministre dos Affaires trangres.

    aussi sur la me ill eure uti li satio