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Historique

Historique - Trains-Expotrains-expo.fr/OE_Historique.pdf · marchands orientaux, des espions, des porteurs de secrets. ... La 1ere guerre mondiale achèvera malheureusement l’expérience

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Historique

Une révolution !

Au cours d’un voyage de 8 mois aux Etats-Unis, Georges Nagelmackers, un jeune ingénieur belge, va utiliser les trains de Georges Mortimer Pullman et ses fameux sleeping-cars. Il va réaliser que si ces trains sont très en avance technologiquement sur ceux de la vieille Europe, ils sont en revanche, très inconfortables.

Il reviendra alors en Europe avec une idée et des projets plein la tête: créer des trains luxueux et confortables pour la clientèle aisée.

Et ce fut là tout son génie : il va réussir à allier distance, confort, élégance et raffinement.

Le 4 décembre 1876, la toute nouvelle Compagnie Internationale des Wagons-Lits verra le jour et proposera aux voyageurs de monter à bord du Train Express de l’Orient qui sera très vite composé exclusivement de son propre matériel avec des voitures-lits, voitures-restaurants et voitures-salons ainsi que des fourgons assortis. Pour la première fois, on vivra à bord d’un train comme chez soi, on y dormira, on y déjeunera, on y dînera dans un confort et un raffinement parfaits et tout cela sans changer de train.

Le Train-Express de l’Orient qui deviendrait l’Orient Express était né et allait entrer dans la légende.

Quand l’Occident et l’Orient se rejoignent

Le 4 octobre 1883, l’Orient Express et ses dernières innovations techniques, est inauguré officiellement en grande pompe avec des personnalités du monde politique et ferroviaire ainsi que des journalistes et écrivains, en pré-sence d’une foule élégante venue fêter l’évènement sur le quai.

Pari réussi pour Georges Nagelmackers ! Cet aller-retour Paris-Constantinople de 3 094 kms en moins de 2semaines sera abondamment rapporté par la presse enthousiaste.

Le Train roule jour et nuit jusqu’à Bucarest. Là, faute d’avoir obtenu de concession au-delà du Danube, il doit stopper. Les voyageurs empruntent alors un train spécial jusqu’en Bulgarie puis un navire spécial l’Espero, les conduit dans le Bosphore.

Un Train de légende

Témoin un extrait de l’article du 20 octobre 1883que Georges Boyer, envoyé spécial du Figaro, a laissé :

“ ...Partis de la gare de l ’Est le 4 octobre à sept heures et demie du soir, nous sommes revenus le 16, à six heures, après être restés un jour en Roumanie et quatre jours et demi à Constantinople. C’est à la Compagnie interna-tionale des wagons-lits que l ’on doit ce prodige......Pour inaugurer l’Orient Express, on n’a voulu que des invités : Mr Olin, ministre des Travaux publics de Belgique (…), M. Georges Cochery, Blavier, Eschbacher, du ministère des Postes et Télégraphes, qui s’arrêtent à Vienne (…) une demi-douzaine de mes confrères de la France et de l’étranger.Nous sommes reçus par le directeur général de la Compagnie des wagons-lits, M. Nagelmackers, qui se donne, pour multiplier les gracieuses attentions, plus de mal qu’il en a eu pour orga-niser ses merveilleux services (... )A Ptesh, on s’éveille en plein pittoresque (... ) c’est le commencement des bottes : tout le monde en porte, hommes et femmes, et quand on aperçoit les routes détrempées par la pluie, on ne songe plus à s’en étonner(... ) Tout ce que nous avons pu rêver est dépassé par la splendeur du spectacle qui s’offre à nos yeux (... ) Grâce à l ’Orient Express, c’est bien facile maintenant. “

L’Orient Express fut le train le plus luxueux de cette période. Il va relier des pays et des peuples très divers :les Ottomans, les Bulgares, les Bavarois, les Serbes et les Français.

Il aura toujours une réputation un peu particulière. On y croisera notamment des demi-mondaines, de riches marchands orientaux, des espions, des porteurs de secrets.

Des personnages illustres et insolites vont renforcer la légende de l’Orient Express en l’empruntant :

Calouste Gulbenkian, le célèbre monsieur 5% fuyant les massacres de ses compatriotes arméniens par les Turcs, le roi de Bulgarie, Ferdinand de Bulgarie, faisant arrêter le train pour pouvoir monter dans la locomotive et conduire le train en le lançant à vive allure. Sa Majesté aime la vitesse !… ou bien encore Cosima, la fille de Liszt,

qui recevait dans la voiture de l’Orient Express comme dans son salon…

Georges Nagelmackers,le visionnaire

Le succès de l’Orient Express entraîna tout naturellement la mise en service de nouveaux Trains de luxe ainsi que l’ouverture de nouvelles lignes : le Nord-Express, le Sud-Express, le Calais-Nice-Rome-Express, etc.

Les trains de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits desserviront alors un grand nombre de capitales.

Non content de transporter les voyageurs à travers l’Europe, l’Orient et l’Asie, Georges Nagelmackers se soucie également du confort de ses passagers qui, une fois arrivés à destination ne trouvent pas toujours des hôtels à la mesure de leurs habitudes de vie.

Il fonde alors la Compagnie internationale des Grands Hôtels et crée des hôtels aux noms mythiques comme le Pera Palace à Constantinople, le Riviera Palace à Monte Carlo, l’Elysée Palace sur les Champs Elysées ou bien encore le Ghezireh Palace au Caire.

La première chaîne hôtelière internationale venait d’être inventée !

Le concept fera sensation, les Trains et les hôtels de luxe de la Compagnie vont devenir LE monde deraffinement : tout ce qui compte alors, entre têtes couronnées, aristocrates, milliardaires, hommes d’affaires, hommes politiques, artistes, intellectuels, va se côtoyer à bord et séjourner dans ces palaces tellement conformes à leur train de vie.

A la disparition de Georges Nagelmackers en 1905, la légende de l’Orient Express sera définitivement installée.

La 1ere guerre mondiale achèvera malheureusement l’expérience hôtelière de la Compagnie Internationale des Wagons-lits. Le produit de la vente des hôtels permettra de reconstruire le parc de voitures-lits et restau-rants décimés par le conflit parce qu’ils auront été réquisitionnés, éparpillés ou pire détruits. Après des annéesd’hostilité, l’Orient- Express n’existait plus.

Une voiture entrera pourtant dans l’histoire : la 2419 qui sera transformée en bureau pour le futur maréchal Foch et dans laquelle fut signée l’armistice du 11 novembre 1918. Elle est maintenant exposée au musée de l’Armée où l’on peut lire “Don fait à l’Etat par la Compagnie des Wagons-lits“.

L’âge d’or des trains de luxe

Ce monde de l’entre-deux guerre avec ses nouveaux équilibres politiques, ajouté au fait que les transports aériens offraient peu de possibilités de voyage entre les pays, ont permis et rendu nécessaires l’ouverture et le développement de nouvelles lignes ferroviaires régulières. Elles susciteront un véritable engouement.

Un nouveau train international sera crée en avril1919 : le Simplon-Orient Express. Il reliera Londres et Paris vers Constantinople par l’Europe méridionale. Ainsi, les capitales européennes seront reliées par voie de terre à l’Orient.

De nouveaux trains apparaissent également, qui ne tardent pas à atteindre la notoriété de leurs frères aînés, l’Orient et le Simplon. Ils auront pour noms l’Arl-berg-Orient Express qui desservira les stations de ski en vogue des Alpes (Zürs, Lech, Innsbruck, etc) ainsi que le Taurus-express qui prolongera le Simplon à par-tir d’Istanbul vers Damas et Téhéran.

Les trains de la Compagnie vont devenir plus luxueux et plus confortables que ceux imaginés par Nagelmackers.

Les voitures deviennent entièrement métalliques en 1922, une innovation qui supprime les craquements de bois des voitures en teck. Elles sont ensuite revêtues à l’extérieur d’une livrée bleu nuit rehaussée d’un filet d’or. L’histoire veut que le directeur, Mr Noblemaire,

ait décidé de ces deux couleurs en souvenir de son uniforme de chasseur alpin alors que les ateliers hé-sitaient à reprendre les couleurs bois des premières voitures. On le surnomma tout naturellement Le Train bleu.

La décoration de chacune de ces voitures est confiée à de grands artistes comme Albert Dunn et René Prou qui les habillent de marqueterie, de bois rares ou laqués, de fauteuils, de moquette et de lampes en bronze.

René Lalique, maître verrier, conçoit des panneaux de verre enchâssés dans des boiseries d’acajou.

L’Orient Express est l’expression de l’Art Nouveau avec ces artistes qui créent sur des thèmes liés à la Nature où l’on retrouve plantes, arbres, fleurs et autres lianes.

Leur style restera l’expression d’un art de vivre poussé jusqu’au raffinement.

La clientèle change également.

Les années 20-30

Des idylles célèbres s’af-fichent dans ces trains my-thiques comme Cocteau et Radiguet, Diaghilev et Lifar.

Marlene Dietrich entra pour la première fois dans un compartiment de l’Orient Express en 1928 pour un tournage, elle devait ensuite en devenir l’un dessymboles.

L’Orient Express fut emprunté par des aventuriers de tous genres ainsi que par d’authentiques espions et notamment de grands agents agissant pour le compte du Kremlin : Philby, Sorge, Eitington, Marcader…. Ils y avaient d’ailleurs été précédés pendant la première guerre mondiale par la célèbre Mata-Hari, convaincue d’espionnage pour les services secrets allemands et fusillée en 1917.

Tolstoï emprunta une voiture de l’Orient Express pour rejoindre le Bosphore lorsque Staline l’expulsa de l’Union soviétique.

Agatha Christie, rencontra son archéologue de mari à bord. Ils devaient par la suite très souvent l’utiliser pour rejoindre les chantiers de fouilles en Orient. Ces voyages devaient lui inspirer 3 romans dont le célèbre “Le crime de l’Orient Express“.

De nombreux autres auteurs et cinéastes devaient trouver l’inspiration avec l’Orient Express : de Joseph Kessel à Hemingway en passant par Graham Greene, Paul Morand et Edmond About, sans oublier Sydney Lumet pour la version filmée du crime de l’Orient Express et Alfred Hitchkock avec “Une femme dispa-rait“ (le film a été tourné dans un décor reproduisant à l’évidence une voiture de l’Orient Express).

La “ famille “ des Orient Express continua à se déve-lopper et la Compagnie Internationale des Wagons-lits de prospérer jusqu’à l’éclatement de la seconde guerre mondiale.

Les femmes coupent leurs cheveux. Sous l’impulsion du couturier Paul Poiret, elles enlèvent leurs corsets, raccourcissent leurs robes arborent le soir des décolletés ver-tigineux dans le dos, avec de lourds sautoirs de perles, un long-fume cigarettes à la main.

Les hommes ne sont pas en reste non plus : au lieu de redingotes, bottines et hauts de forme, on trouve des vestes, souliers et chapeaux mous. Les cheveux se plaquent et se gominent.

1939-1945

Hitler n’aimait pas l’Orient Express qui reliait les capi-tales entre elles. L’Allemagne hitlérienne tenta néan-moins de faire circuler un train de luxe, à l’attention des dignitaires nazis. Il était composé de voitures-lits et de voitures-restaurants de l’Orient, du Simplon et de l’Arlberg. Il s’avéra cependant peu sûr : les résis-tants sabotèrent régulièrement les lignes dans le cadre de la bataille du rail.

Il faut également mentionner et rendre hommage à Raoul Wallenberg, ce courageux suédois, enrôlé par les services secrets américains. Il accepta de prendre le train de luxe allemand pour Budapest officielle-ment pour y prendre ses fonctions de diplomate à l’ambassade de Suède.

Il sauvera des milliers de juifs en les plaçant sous protection suédoise. La paix revenue, on perdit sa trace malgré les demandes insistantes des gouverne-ments suédois et américains auprès des soviétiques qui l’avaient arrêté, pour apprendre officiellement sa mort en 1947 d’une “crise cardiaque“.

L’Arlberg-Orient Express reprend la première ligne civile, de Paris à Innsbruck, le 27 septembre 1945, quatre mois après la capitulation allemande.

En 1946, c’est au tour de l’Orient Express d’être remis en circulation.

Partout, on s’active pour retrouver le matériel man-quant en partant de l’inventaire de la Compagnie. On retrouve environ 200 voitures endommagées mais restaurables, 199 sont définitivement perdues, ainsi qu’une partie de la vaisselle, de la verrerie, de l’ar-genterie et du linge.

Ces trains de luxe paraissent cependant appartenir à une époque définitivement révolue, d’autant que d’autres dangers les menacent.

La guerre

La guerre occasionnera des dommages terribles, douloureux et irréversibles à l’Orient Express. Les gares, les voies les ponts furent bombardés, les voitures Les trains de la Compagnie furent supprimés :

en 1940 pour l’Orient Express et 1942 pour le Simplon-Orient Express.

Le nouveau visagedu monde

La partition de L’Europe entre Est et Ouest, alors ordre du monde de l’après-guerre, met la circulation des trains de la Compagnie en grand danger.

S’ils passent encore les frontières de l’Est, c’est au prix de beaucoup de tracasseries de la part des autorités soviétiques obsédées par les évasions de leurs ressortissants.

L’Orient Express perd son label de train de luxe en 1948.

La clientèle le boude également au profit de l’avion. Au luxe et au confort, les voyageurs préfèrent la vitesse des aéroplanes. La Compagnie est contrainte de vendre ses voitures les unes après les autres.

Certes, il existe toujours des trains de ce type dans ces années-là, mais les magnifiques voitures bleues au mono-gramme de la Compagnie, sont peu à peu remplacées par des voitures moins prestigieuses appartenant au réseau des démocraties populaires notamment.

L’agonie va durer jusqu’en 1977 avec des rebondissements, des espoirs, des déceptions jusqu’en mai 1977, date du dernier aller-retour Paris-Istanbul.

Et maintenant…

De l’aventure de l’Orient Express, il reste aujourd’hui un train composé de 7 voitures, propriété de la SNCF, classées monuments historiques. Taurus, Anatolie, Flèche d’Or, Riviera, Train bleu, Etoile du nord et Côte d’azur, sont issues de différents Express de luxe qui circulaient sur les lignes d’Europe

occidentale et orientale.

Ces noms font rêver et nous permettent de nous souvenir de cette époque révolue.

Annexes

Georges Nagelmackers

Il crée en 1876 laCompagnie internationale des Wagons-lits, puis l’Orient Express ...

Portrait de Georges Nagelmackers en 1897 par Theo Van Rysselberghe, huile sur toile.

Dates de création des trains

Source : Roman de l’Orient Express, 2006, V. Fédorovski.

1883 : Orient Express1887 : Sud-Express1890 : Bombay Express1890 : Peninsular & Oriental Express1890 : Malle des Indes1890 : Rome Express1894 : Ostende-Vienne Express1896 : Vienne-Nice Express1898 : Le Caire-Louxor Express1900 : Riviera Express1900 : Transatlantique Express1904 : Oberland-Leman Express1908 : Rome-Florence-Cannes Express1909 : Andalousie Express1919 : Paris-Prague Express1919 : Simplon-Orient Express1921 : Transmandchourien Express1922 : Le Train Bleu1926 : La Flèche d’or1927 : L’Etoile du Nord1927 : Londres-Vichy-Pullman-Express1929 : L’Oiseau bleu1929 : Côte d’Azur rapide1929 : Star of Egypt1929 : Taurus-Express1929 : Sunshine-Pullman-Express1931 : Golden-Moutain-Express1936 : Train-Ferry direct Paris-Londres1940 : Maroc-Express

Gastronomie à bord de l’Orient Express

Qu’il est bon de s’installer à bord de la voiture-restaurant afin de déguster quelques plats dignes d’unrestaurant de haute gastronomie de l’époque !

Menu du dîner17 avril 1884, Train d’Orient

EntréePotage, perles du Japon, poissons, pommes à l’anglaise

Plat Filet de bœuf jardinière,

RôtiPoulet du Mans au cresson

Chou-fleur au gratinDessert

Crème chocolat

Menus servis par la CIWLle jour de la signature de l’Armistice, le 11 novembre 1918

Déjeuner

Omelette paysanne, fricandeau florentineChoux-fleurs polonaise, viande froide à la gelée

Salade, dessert

DînerConsommé aux diablotins, langouste en Bellevue

Contre-filet à la Jussieu, endives demi-glaceDessert

Anecdotes amusantes

Les anecdotes ne manquent pas…

Les Trains de luxe suscitent un vif intérêt pour les voleurs…

Marqueteries, lustres en cristal, argenterie et vaisselle raffinée, cabinets de toilette individuels... Rien n’est trop beau pour ce train qui devient officiellement, en 1891, l’Orient Express. Le verrier d’art René Lalique (1860-1945) est même appelé pour participer à la dé-coration. De quoi attiser les convoitises... En 1891, le train est attaqué par des pillards qui repartent avec un butin de 120.000 £ et cinq voyageurs en otage…

Problème de freins ?

Le 6 décembre 1901, la locomotive qui n’a pas pu frei-ner plus tôt finit sa course à l’intérieur du buffet de la gare de Francfort… Ce qui évidemment, nous rappelle tristement le plus célèbre des accidents ferroviaires, celui du 22 octobre 1895 à la gare de Paris-Montpar-nasse.

L’Orient Express n’échappe pasau mauvais temps…

En 1929, dans les Balkans, le convoi est bloqué par une congère à Tcherkesskeuy en Thrace orientale à 130 kms d’Istanbul, bientôt recouvert de neige. La tempé-rature tombe à -25°C, -10°C à l’intérieur des voitures. Les secours tardent à venir : le personnel se démène

pour assurer le confort des passagers. Le chasse-neige met 4 jours pour parvenir jusqu’au train. Un Mahara-dja achète aux autres voyageurs à prix d’or les man-teaux dont ils veulent bien se défaire pour couvrir ses sept femmes. Au bout de trois jours, on décide de creu-ser un tunnel pour rejoindre le plus proche village turc. On n’en tire qu’un poulet et un mouton, attaqué par un loup au retour. Parti le 31 janvier de Paris, ce n’est que le 12 février que l’Orient Express entrera en gare de Constantinople avec 5 jours de retard : un record !

Les intempéries n’étaient pasles seuls obstacles !

Une lettre de voyageur, du 30 juin 1919, inédite, écrite entre Venise et Milan, parle “du fait inouî qui vient de nous arriver. La rame venant de Bucarest est arrêtée à Subotica, ville de la frontière yougoslave, faute de charbon depuis seize heures (…). Le chef de gare inter-rogé ne pouvant fournir aucune in formation sur une arrivée probable du combustible, et laissant entendre que cette immobilisation pourrait dure plusieurs jours, les voyageurs décident de se cotiser pour acheter un wagon de bois qui leur est proposé à 4 000 couronnes. Les discussions s’étant prolongées, le train repart deux heures plus tard.“

(“L’Orient Express“ de Jean des Cars et Jean-Paul Caracalla)

La li�érature et le 7ème art

L’Orient Express et la littérature

La li�érature et le 7ème art

L’Orient Express et ses luxueux wagons-lits proposent un voyage inoubliable, magique et fascinant. Il n’est donc pas surprenant que l’Orient Express ait autant inspiré les auteurs. Les artistes imaginent et fantasment sur des histoires toutes aussi délicieuses les unes que les autres se déroulant à un moment donné ou à un autre, à bord de l’Orient Express…En voici quelques extraits…

Edmond About, Récit du voyage inaugural du 4 octobre 1883

Edmond About est un des journalistes invités au voyage inaugural de ce train mythique qui emmena ses invités de Paris à Constantinople. de rêve qu’est l’Orient Express. Yeux grands ouverts et plume vive, son récit est un délice et nous emmène de Paris à Constantinople dans le luxe absolu et la curio-sité aiguisée.

Extrait :

L’aventure que je vais vous raconter par le menu ressemble pas mal au rêve d’un homme éveillé. J’en suis en-core ébloui et étourdi tout ensemble, et la légère trépidation du wagon-lit vibrera très probablement jusqu’à demain matin dans ma colonne vertébrale. Il y a exactement treize jours que je quittais les bords de l’Oise pour aller prendre le train rapide de l’Orient à la gare de Strasbourg ; et dans ces treize jours, c’est-à-dire en moins de temps qu’il n’en fallait à Mme de Sévigné pour aller de Paris à Grignan, je suis allé à Constantinople, je m’y suis promené, instruit et diverti, et j’en suis revenu sans fatigue, prêt à repartir demain si l’on veut, par la même voiture, pour Madrid ou Saint-Pétersbourg. Et notez que nous avons fait une halte de vingt-quatre heures dans cette France orientale qui s’appelle la Roumanie, assisté à l’inauguration d’un palais d’été dans les Carpates, pris le thé avec un roi et une reine et banqueté somptueusement chez le Pignon de Bucarest. On dit avec raison que notre temps est fertile en miracles ; je n’ai rien vu de plus étonnant que cette odyssée dont la poussière estompe encore mon chapeau.

Graham Greene,Orient Express, 1932

Stamboul-Train (titre original) évoque l’at-mosphère des années 1930 en Europe cen-trale.

Extrait :

Voilà l’Orient Express, songea-t-il, il a vingt minutes de retard ; peut-être a-t-il été arrêté par la neige. ‘Il mit sa montre à l’heure exacte, la replaça dans la poche et tira son gilet pour tendre les plis sur son ventre arrondi. ‘Après tout, pensa-t-il, c’est une chance d’être gros par une nuit comme celle-ci.

Agatha Christie,Le crime de

l’Orient Express, 1934

L’Orient Express a inspiré à Agatha Christie l’un de ses plus célèbres romans policiers, “Le Crime de l’Orient Express“, en forme de “huis-clos ferroviaire“ dans le wagon-litIstamboul-Calais, où son héros, HerculePoirot est confronté à un crime si particu-lier, que lui et les autres enquêteurs pré-fèrent passer outre la solution de l’énigme et laisser le crime impuni. Ce roman a

également fait l’objet d’une adaptationcinématographique réalisée en France et en Turquie par Sidney Lumet et sortie sur les écrans en 1974.

Extrait :

M. Bouc achevait son omelette.- J’ai jugé plus pratique de faire servirimmédiatement le déjeuner dans le wagon-restaurant. Une fois les tables débarrassées, M. Poirot pourra procéder à l’interrogatoire des voyageurs. En attendant, j’ai comman-dé qu’on nous apporte notre repas ici.- Excellente idée ! s’exclama Poirot.Aucun des trois hommes n’avait grand’ faim et le repas fut vite expédié, mais ce fut seulement au moment du café que M. Bouc fit allusion au sujet qui les préoccupait.- Eh bien ? demanda-t-il.- Eh bien, j’ai découvert l’identité de lavictime et je sais pour quelle raison cet homme a dû quitter l’Amérique.

On s’y délecte des aventures échevelées de la délicieuse, la scandaleuse, la très audacieuse Lady DianaWynham, racontées par le prince Séliman, son secrétaire et confident, qui nous entraînent dans une course poursuite effrénée d’un bout à l’autre de l’Europe.

Extrait :

Lady Diana s’interrompit pour lisser un cil rebelle du bout de son doigt rosi et reprit : Vous m’accompagnerez aussi en voyage, le cas échéant. Car vous n’ignorez sans doute pas que j’ai totalisé des milliers de miles sur les voies ferrées du continent et usé les carpettes de la Compagnie des Wagons-Lits. Un chroniqueur parisien m’a même surnommée la Madone des Sleepings… Sleepings avec un s, ce qui est un barbarisme anglais, à moins que vous n’ayez déjà annexé ce vocable d’outre-Manche ?

Premiers poèmes “modernistes“ français, célébrant les paquebots, les trains de luxe, les palaces cosmopo-lites. L’éducation sentimentale de Barnabooth, son goût de la liberté que freine seulement sa délicatesse nous entraînent dans les villes qu’il aime, d’Amsterdam à Florence, des paysages qui l’enchantent, de Moscou à Picadilly. A chaque page, ce sont des amitiés, des amours, des rencontres, des rêveries, une vie légère et grave à la fois, et dont la douceur enchante.

Extrait :

Ivresse de partir ! Me voici dans mon “single“. Quinze jours de vacances, quelle joie ! Mais quel sot me disait tantôt : “Pourquoi ne prenez-vous pas l’avion ? C’est beaucoup plus court, quatre heures de voyage seulement au lieu de vingt-quatre…“L’imbécile ! Quand je ne les donnerais pas pour un empire, justement ces vingt-quatre heures délicieuses, premier bonheur de l’expédition, avant-goût de la liberté ! Songez donc, ce repos forcé, cette détente, ce loisir, cette longue nuit de sommeil bercé, ce long jour de rêverie et de regard dérivant sur le paysage en fuite à travers la vitre, cette immobilité obligée, cette reprise de soi dans le farniente et la disponibilité parfaite de l’esprit, l’absence de courrier et de téléphone, le divin silence. Et soi enfin retrouvé, ce cher moi qu’on perd dans les besognes retrouvé comme un vieil ami revenu… Que j’ai de choses à me dire ! “

Maurice Tessier alias Maurice Dekobra, La Madone des sleepings, 1925

Valery Larbaud, A.O. Barnabooth, 1922

L’Orient Express et le 7ème art

Synopsis :

Dans une région montagneuse d’Europe de l’Est, une avalanche force un groupe de voyageurs à passer la nuit dans un petit hôtel.

Parmi eux se trouvent plusieurs Britanniquesfantasques dont Iris, une jeune femme qui doitprochainement se marier.

Le lendemain, à la gare, elle est assommée par un pot de fleur. Miss Froy, une vieille dame mélomane, s’occupe d’elle dans le train et la remet d’aplomb.

Peu après cet épisode, Iris fait une sieste, mais au réveil Miss Froy a disparu et, lorsque Iris la recherche, tous les voyageurs nient avoir vu cette vieille dame…

Puisque ce train merveilleux a tant inspiré les écrivains,

il est logique que le cinéma se soit également intéressé à lui !

Une Femme Disparaît, Alfred Hitchcock, 1938

L’inoubliable The Lady Vanishes qui confirma au public du monde entier le grand talent de metteur en scène d’Alfred Hitchcock ! Une Femme Disparaît permettra à Hitchcock d’entrer dans l’impitoyable et majestueux empire d’Hollywood.

Voyage avec ma tante,de George Cukor, 1972

Bien que Voyage avec ma tante n’ait pas connu le même succès que ses précédents longs métrages (souvenons-nous des chefs d’œuvres La Croisée des Destins en 1956 où le train occupe une place toute particulière, ou encore de l’indémodable My Fair Lady en 1964…), celui-ci reste néanmoins une brillantecomédie qui rend hommage à l’Age d’Or des comédies hollywoodiennes des années 30-40. Le film est inspiré d’une adaptation d’un roman de Graham Grenne Voyage avec ma tante. Au départ, en gare de Lyon son héros s’allonge sur son lit et déclare : “Après tout, je suis dans l’Orient Express !“

Synopsis :

Henry Pulling, un timide employé de banque, assiste à l’enterrement de sa mère soudain perturbé par l’arrivée intempestive de sa tante Augusta.Augusta, vieille dame aux manières peu orthodoxes, vit avec un noir, Wordsworth. En présence de Hen-ry, elle reçoit un colis dont le contenu l’émeut à tel point qu’elle s’évanouit : c’est le doigt de Visconti, sonpremier amant. Henry - forcé de quitter l’Angleterre car Wordsworth a remplacé les cendres de sa défunte mère par de la marijuana - accompagne sa tante à Paris où elle espère obtenir de l’argent pour libérer Visconti...

Bons Baisers de Russie,de Terence Young, 1963

Après une enquête et une chouette comédie, pas-sons à l’action ! Il est impensable d’aborder les films et l’Orient Express sans le plus célèbre des agents : l’Agent 007!

C’est par ce train mythique que le héros voyagera de pays en pays, et c’est à bord de celui-ci qu’aura lieu

la violente bagarre entre 007 et ses ennemis…

Synopsis :

James Bond reçoit pour double mis-sion de faire passer à l’Ouest Tatiana Romanova, un agent des renseigne-

ments soviétiques, et récupérer par la même occasion un décrypteur Lektor.

A travers un long parcours dans l’Orient Express, de Istanbul à Londres, en passant par Venise, 007devra faire face à de multiples dangers orchestrés par le SPECTRE, une organisation maléfique trèsintéressée par le Lektor