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Homélies du Père Vincent ILBOUDO ANNEE 2006

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Homélies du Père Vincent ILBOUDO ANNEE 2006

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Dimanche 1er janvier 2006Fête de Marie, Mère de DieuÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Luc 2, 22-4022 Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, 23 selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. 24 Ils venaient aussi présenter en offrande le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes. 25 Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C'était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui. 26 L'Esprit lui avait révélé qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Messie du Seigneur. 27 Poussé par l'Esprit, Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l'enfant Jésus pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient. 28 Syméon prit l'enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : 29 « Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole. 30 Car mes yeux ont vu ton salut, 31 que tu as préparé à la face de tous les peuples : 32 lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d'Israël ton peuple. » 33 Le père et la mère de l'enfant s'étonnaient de ce qu'on disait de lui. 34 Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. 35 - Et toi-même, ton coeur sera transpercé par une épée. - Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d'un grand nombre. » 36 Il y avait là une femme qui était prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. 37 Demeurée veuve après sept ans de mariage, elle avait atteint l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s'éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. 38 S'approchant d'eux à ce moment, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. 39 Lorsqu'ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. 40 L'enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. Bien chers frères et sœurs en Christ, Nous voici parvenus à la fin de l’année 2005, pendant que les portes de l’année 2006 s’ouvrent devant nous. Une année qui prend fin avec ses joies et ses peines, ses réussites et ses échecs que nous avons sans doute vécus, au fur et à mesure que les jours se succédaient. Une autre année qui commence et qui nourrit nos espoirs de vie, d’amour, de paix, de justice, de vérité, de prospérité…et de bénédiction. La Parole de Dieu qui nous est donnée en cette occasion nous révèle que toute bénédiction, toute grâce ou tout don vient de Dieu. « Que le Seigneur te bénisse et te garde…Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage… ». Cette prière de l’Ancien Testament manifeste que Dieu est la source de prospérité, de bien et de bonheur pour l’homme. Mais il faut que l’homme reconnaisse et accepte Dieu comme tel pour en recevoir davantage de grâces et en porter beaucoup de fruits. « Que le Seigneur se penche vers toi… » C’est la suite de cette même prière qui nous dit quel est le projet de Dieu : c’est de révéler son visage aux hommes, et de se faire connaître comme le seul Dieu plein de bonté, d’amour et de miséricorde.

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St Paul nous dit ceci : « lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils » le Christ Jésus. Le Fils de Dieu a pris chair dans notre humanité, c’est ce que nous avons célébré dimanche passé, avec la Fête de Noël. En prenant chair de notre chair, le Fils de Dieu nous comble de bénédictions et nous révèle le visage du Père aussi bien qu’il nous montre notre propre visage, nous qui sommes créés à l’image de Dieu. Par le Verbe fait chair, et dans l’Esprit Saint, le Père fait de nous ses fils adoptifs appelés à partager sa vie divine dont nous sommes les héritiers selon l’enseignement de St Paul. « Dieu nous a envoyé son Fils, né d’une femme ».

Aujourd’hui, en cette célébration du 1er jour de l’an, la figure de la Vierge Marie nous est donnée pour exemple. En effet, Marie est pour nous le modèle de l’accueil de l’Esprit dans lequel le Père engendre le Fils. Elle a enfanté le Verbe fait chair, et nous, nous sommes appelés à l’enfanter spirituellement. Marie est donc celle que Dieu lui-même nous propose en exemple, afin de pouvoir pleinement l’accueillir. Avec elle, apprenons à accueillir chaque jour dans la foi et dans la prière le Salut que Dieu ne cesse de donner à ceux qui ont confiance dans son amour miséricordieux. Pour ce faire, nous devons adopter l’attitude de Marie « qui retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur » (cf. l’Evangile du jour). Dieu nous révèle son visage et nous comble de bénédictions chaque jour de notre vie… Il le fait à travers les évènements que nous vivons : joyeux, malheureux, les grands et extraordinaires comme les insignifiants et ordinaires…Nous avons donc à être attentifs à chaque instant, tous les jours et tout au long de l’année pour reconnaître dans ce qui nous arrive et ce que nous vivons, la Providence de Dieu et y lire la parole qu’il nous communique. Cette attitude qui permet de reconnaître l’action de Dieu dans nos vies, nous conduit à adopter également le regard et l’acte de foi des bergers qui ont reconnu l’Enfant de Dieu dans les bras de Marie et de Joseph. Ivres de joie et pleins de reconnaissance, ils ont proclamé la bonne nouvelle afin que la terre entière se tourne vers Dieu pour l’adorer. La reconnaissance de l’intervention providentielle de Dieu à travers les évènements qui rythment nos vies, nous conduit à le louer et à l’adorer pour en recueillir davantage sa vie, son amour, et sa paix qu’il ne cesse de donner aux hommes.

Aujourd’hui encore, 1er jour de l’année, l’Eglise nous propose de prier pour la paix dans le monde et de demander à Dieu la grâce d’être ses enfants qui savent rechercher et construire la paix les uns avec les autres. A la suite de ses Prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II, le Pape Benoît XVI nous rappelle dans son message pour cette journée mondiale de la paix 2006, que « la paix apparaît comme une don céleste et une grâce divine ». Une telle paix est accordée aux hommes à travers la naissance du Verbe de Dieu dans notre monde et sa présence dans nos vies. « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix aux hommes qu’il aime », chantait le chœur des anges après l’annonce faite aux bergers. Pour Benoît XVI, lorsque l’homme se laisse éclairer par la splendeur de la vérité révélée en Jésus Christ, il engendre presque naturellement le chemin de la paix. Il nous invite

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ainsi à rechercher « la paix dans la vérité » en fuyant, en premier lieu, le mensonge qui s’oppose à la pratique de la foi et auquel est lié le péché et ses conséquences néfastes pour la vie des individus et des nations. De plus, « Dieu est Amour qui sauve, Père aimant qui désire voir ses enfants se reconnaître entre eux comme des frères cherchant de manière responsable à mettre leurs différents talents au service du bien commun de la famille humaine… La paix dans la vérité appelle donc tous les hommes à entretenir des relations fécondes et sincères ». Vivre « la paix dans la vérité » suppose alors que chacun reconnaisse l’autre comme fils de Dieu par grâce autant que lui-même. Et se voir enfant de Dieu dans l’autre conduit à l’aimer, à l’accueillir dans sa différence et à collaborer avec lui pour améliorer les conditions de vie dans le monde par la justice, l’égalité et la solidarité ; En somme, rechercher « la paix dans la vérité », c’est reconnaître et accueillir dans sa vie Jésus qui est la Vérité qui nous donne la paix. Alors, nos cœurs apaisés de nos peines et souffrances, nous pourront vivre au quotidien dans l’amour réel et travailler pour un monde meilleur. Que Marie, Mère du Prince de la Paix, nous aide à accueillir et à l’enfanter la paix en nous, en famille, au service et partout dans le monde durant cette année 2006. Que la Paix de Dieu soit avec vous !

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Homélie de l’Epiphanie du Seigneur (B) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Matthieu 2, 1-121 Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem 2 et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » 3 En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d'inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. 4 Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d'Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : 5 « A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : 6 Et toi, Bethléem en Judée, tu n'es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d'Israël mon peuple. » 7 Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l'étoile était apparue ; 8 puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l'enfant. Et quand vous l'aurez trouvé, avertissez-moi pour que j'aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » 9 Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l'étoile qu'ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s'arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l'enfant. 10 Quand ils virent l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. 11 En entrant dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. 12 Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. « Où est le roi des juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile… ». Une étoile s’est levée, c’est le signe de la manifestation de la présence de Dieu dans notre monde. Grâce à leur science, à leur génie ou leur habilité à lire les signes du ciel, les mages d’Orient ont été conduits à faire la rencontre avec Celui qui est la source et l’origine de la clarté de l’étoile qui a suscité leur attention. Ils ont reconnue dans la clarté de l’étoile la venue au monde de Celui qu’ils ont nommé le « Roi des Juifs », Jésus le Fils du Dieu Sauveur. C’est bien curieux. Ce n’est pas de prime abord, dans les Ecritures qu’ils ont reconnu la naissance de ce roi, mais bien dans les faits de nature, comme pour dire que Dieu se révèle à nous d’abord, à travers sa création. En cette façon, Dieu peut bien être reconnu par tous ceux qui sont attentifs aux merveilles qu’ils réalisent dans le monde. Cette perception ‘naturelle’ de la présence de Dieu est donnée à tout homme pour lui permettre de chercher à reconnaître et à entrer dans l’intimité de son Créateur. Bien avant les mages, il y a eu Abraham qui a su entendre l’appel du Seigneur pour quitter ses terres, faire route avec Dieu et marcher en sa présence vers la terre promise. Avec les mages d’Orient, nous comprenons que tous les hommes peuvent accéder à la connaissance de Dieu à travers les signes par lesquels Dieu se révèle. Toutefois, il faut, sans nul doute, les vérifier à la Lumière de la Révélation faite par le Christ, et surtout, en tirer les conséquences. C’est ainsi que les Ecritures Saintes nous sont données pour éclairer notre route et nous amener à Dieu.

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Combien y a-t-il d’étoiles ou de signes dans le monde ? Innombrables… Malheureusement, ces étoiles et tous ces signes qui sont une émanation du Divin, sont comme brouillés par les interférences avec les activités du monde des ténèbres.- D’abord l’orgueil et l’ingratitude des hommes les poussent à refuser de reconnaître Dieu comme source de leur intelligence.- Ensuite, le bavardage des hommes, leur manie d’expliquer, de définir ou de voir les faits et les évènements au gré seulement de leur entendement et de leurs intérêts propres, les désorientent et les éloignent de Dieu.- De plus, le rationalisme, c’est-à-dire la tentation de vouloir tout justifier par la raison, et le matérialisme qui se manifeste par l’âpreté aux gains, l’attachement aux richesses et la quête du plaisir mondain, ne laissent pas la clarté de l’étoile du Seigneur touché le cœur de l’homme, mais le détournent de la foi en Dieu, Source du vrai bonheur. L’attitude du pouvoir religieux et des scribes devant les mages nous le dit bien. Ils reconnaissent à travers les Ecritures où devait naître le Messie mais ils ne se donnent pas la peine d’aller vérifier. Ils ne jugent pas utile de se mettre en route pour voir Celui dont ils viennent de parler. Ils restent figés et enfermés dans leurs propres certitudes. Faisons donc bien attention, car notre propre réflexion peut parfois nous éloigner de Dieu. Il nous faut alors adopter la simplicité des mages qui d’une part, ont reconnu dans l’étoile une manifestation révélatrice d’un mystère dont ils ne se tracassaient pas la tête pour trop savoir ce que c’était, et d’autre part, se sont laissés réorienter par la lumière des Ecritures à partir de la bouche des scribes, pour retrouver l’étoile qui les a conduits à la crèche où se trouvait l’Enfant Dieu. Toujours attentifs aux signes de Dieu, après avoir adoré le Roi dont le Royaume n’est pas de ce monde, les mages prêtent l’oreille à Dieu qui leur parle en songe, et rentrent chez eux par un autre chemin. Quel beau parcours de foi : ils ont senti la présence de Dieu ; ils prennent un chemin qui semblait les égarer ; ils retrouvent leur route à la lumière des Ecritures ; ils font la rencontre avec l’Enfant Dieu ; ils lui offrent leurs présents et en même temps leurs vies en signe d’adoration, et ils rentrent chez par un autre chemin… ‘Un autre chemin’ où ils n’ont plus besoin d’étoile car ils n’ont plus peur de se perdre, parce qu’ils ont su donné leurs vies à Celui qui est la Lumière des Nations : c’est lui qui les conduit désormais, et qui fait route avec eux vers d’autres rencontres. ‘L’Etoile’… ‘le songe’… signes de la présence et de l’action de Dieu dans le monde… Bien chers et sœurs,

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Il y a bien d’autres merveilles de Dieu tout autour de nous. Demandons à Dieu la grâce de savoir reconnaître les signes qui nous révèlent sa présence et nous laisser ainsi éclairer et guider vers lui. Prions également pour qu’à l’exemple des mages, nous acceptions de lire ou d’entendre les Ecritures et les mettre en pratique de sorte que les philosophes, les ‘maîtres penseurs’, les sciences de ce monde et même nos propres certitudes, ne nous troublent pas dans nos convictions de foi, pour nous éloigner de Dieu. Enfin, que Dieu accueille en ce jour nos offrandes que sont nos vies avec leurs qualités et leurs défauts, et nous donne de savoir prendre le chemin de l’humilité et de la foi qui nous fera discernés sa présence dans les signes fragiles, discrets et parfois inattendus qui rythment nos vies au quotidien. Puisse l’Eucharistie que nous vivons, lieu où Dieu vient à notre rencontre, nous transformer les cœurs et nous donner l’audace d’une vie qui témoigne de Dieu, et qui éclaire ceux qui se perdent dans leur foi, afin qu’ils fassent, eux aussi, l’expérience d’une véritable rencontre avec le Roi des Nations qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 2ème Dimanche du Temps Ordinaire ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Jean 1, 35-4235 Jean Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. 36 Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : "Voici l'Agneau de Dieu." 37 Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus. 38 Celui-ci se retourna, vit qu'ils le suivaient, et leur dit : "Que cherchez-vous ?" Ils lui répondirent : "Rabbi (c'est-à-dire : 'Maître'), où demeures-tu ?" 39 Il leur dit : "Venez, et vous verrez." Ils l'accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C'était vers quatre heures du soir. 40 André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. 41 Il trouve d'abord son frère Simon et lui dit : "Nous avons trouvé le Messie" (autrement dit : "le Christ"). 42 André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : "Tu es Simon, fils de Jean ; tu t'appelleras Képha", (ce qui veut dire : "pierre"). Bien chers frères et sœurs en Christ, La Parole de Dieu de ce jour nous donne une réponse par rapport aux multiples questions que nous nous posons sur le sens de notre vie, ou sur l’orientation à donner à sa vie. Tout se résume dans la rencontre entre Jésus et ses premiers disciples, dans ce dialogue où chaque interlocuteur commence par une question :- Jésus aux disciples : « Que cherchez-vous ? »- Les disciples à Jésus : « Maître, où demeures-tu ? » « Que cherchez-vous ? ». C’est la question de Dieu qui rejoint l’homme dans sa vie, dans ses activités, ses pensées, ses questions… Dieu rejoint toujours l’homme dans ses préoccupations : « Où es-tu ? », c’est la question posée en Adam qui avait honte de lui-même et de la faute qu’il avait commise ; « Que cherchez-vous ? », Jésus s’adresse aux disciples qu avaient soif d’un enseignement ou d’un conseil pour mieux s’orienter dans leur vie ? C’est bien vrai, Dieu a donné à l’homme le soin de soumettre et de dominer la terre. Il l’a voulu pour que l’homme s’épanouisse dans ses propres œuvres. Et l’homme s’y prend plus ou moins bien. Des fois, il construit un monde merveilleux et riche, comme il lui arrive aussi de dégrader la terre par les œuvres de ses mains. Il se défonce jour et nuit pour se trouver des conditions de vie agréables, mais en fin de compte, il n’est jamais comblé… Il produit, il transforme, il invente…mais toujours, il finit par se rendre compte que ce monde, en dépit de la diversité des ses richesses, est superficiel et précaire. Même s’il gagne tout l’or du monde, il demeure insatisfait, et même malheureux. Mais où trouver ce qui pourra bien combler nos attentes ? Où rencontrer celui qui, seul, pourra donner sens à notre vie ? « Maître, où demeures-tu ? »

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La Parole de Dieu nous désigne trois lieux. D’abord, dans nos relations humaines. Dans l’appel du jeune Samuel, nous comprenons que ce qui peut nous combler, et bien plus, celui qui peut donner sens à notre vie, se révèle à nous à travers nos relations humaines. C’est par l’intermédiaire du Prophète Eli que Samuel a pu reconnaître qui l’appelait et qui se tenait près de lui. Enfermé seul dans la solitude, ne vivant que pour soi-même, il est difficile de faire la rencontre avec celui qui nous comble par sa présence, de même qu’il est difficile de donner un sens à notre vie. Nous savons bien que la solitude est pour beaucoup dans le taux de suicide… Par contre quand on s’ouvre aux autres, ils comblent notre manque, notre insuffisance, et nous transmettent de multiple grâces de la part de Dieu : l’amour, la joie, la paix du cœur, la consolation, le réconfort…tout cela nous vient de Dieu à travers notre conjoint ou conjointe, notre frère ou sœur, nos amis ou nos collègues avec qui nous sommes en relation tous les jours.

Le 2ème lieu de rencontre, c’est en chacun de nous-mêmes ; St Paul nous dit que notre corps est le temple de l’Esprit Saint qui est en nous et que nous avons reçu de Dieu. Notre vie, notre être en tant que corps et âme, est le reflet de la présence de Dieu. Mais cette présence en nous est comme effacée ou étouffée par le mal qui nous affecte et que nous commettons. Un des plus graves, c’est l’impureté qui brise notre union avec Dieu. Il nous faut donc fuir le mal sous toutes ses formes pour laisser Dieu prendre possession de nous et nous combler de ses dons.

Le 3ème lieu de rencontre, c’est dans le Christ lui-même. « Venez et vous verrez. Ils l’accompagnèrent et ils virent où il demeurait, et ils restèrent avec lui… ». Les deux disciples ont retrouvé en Jésus la réponse à leur question de sens. Ils demeurèrent avec lui, et certainement qu’ils ont passé le temps à écouter Celui qui est la Source de la Parole qui donne sens à leur vie, la Parole qui donne vie. Heureux de leur rencontre, ils peuvent l’annoncer à leurs frères notamment à Simon : « nous avons trouvé le Messie ». Simon qui était sans doute dans la même quête de sens, se laisse entraîner vers Jésus, vers une rencontre qui va bouleverser sa vie. De Simon, il devient Képha, rocher ou pierre solide dans la foi en Dieu. De pêcheur au bord du Lac de Génésareth, il devient pêcheur d’hommes pour rassembler le nouveau peuple de Dieu. Désormais, c’est dans le nouveau peuple qu’est l’Eglise que le Christ se donne aux hommes comme nourriture qui apaise leurs cœurs, leur redonne vie et leur comble de bénédictions. C’est dans l’Eglise que nous pouvons faisons la rencontre avec Jésus, capable de transformer nos vies, et de nous faire participer à la vie de Dieu, en attendant de l’avoir en plénitude un jour. En somme, « venez et vous verrez » pourra bien signifier, « je suis avec vous… je demeure en chacun de vous… et tous, vous demeurez en moi ». Nous trouvons la réponse à nos questions dans l’union et l’intimité avec Jésus, en l’accueillant et en lui donnant la place dans nos vies, en vivant dans la charité, la justice et l’amour avec les autres.

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Demandons à Dieu de nous ouvrir tous les yeux de la foi pour que nous puissions voir sa présence cachée en nous, dans nos communautés, et dans les sacrements que nous recevons et vivons, afin de le proclamer à nos frères de façon convaincante par toute notre vie, nos paroles et nos actes. Que la paix de Dieu demeure sur nous à jamais.

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Homélie du 3ème Dimanche du Temps Ordinaire ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 1, 14-2014 Après l'arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu ; il disait : 15 "Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle." 16 Passant au bord du lac de Galilée, il vit Simon et son frère André en train de jeter leurs filets : c'étaient des pêcheurs. 17 Jésus leur dit : "Venez derrière moi. Je ferai de vous des pêcheurs d'hommes." 18 Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent. 19 Un peu plus loin, Jésus vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient aussi dans leur barque et préparaient leurs filets. 20 Jésus les appela aussitôt. Alors, laissant dans la barque leur père avec ses ouvriers, ils partirent derrière lui. Bien chers frères et sœurs en Christ, L’Evangile de ce jour nous présente le premier Message de Jésus lorsqu’il a commencé son ministère. « Il partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu…les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche ». C’est une proclamation qui s’impose du point de vu de son contenu, comme pour nous dire que le temps est venu pour nous de vivre un autre règne, celui de Dieu, celui où Dieu se fait proche des hommes. Dieu est tout proche des hommes, c’est-à-dire qu’il est à côté de nous, et même au milieu de nous. C’est cela la Bonne Nouvelle. Et la présence de Dieu au milieu des hommes est rendue effective en la personne de son Fils incarné, le Christ Jésus. Sa présence s’accompagne de signes rendus visibles : « les aveugles voient, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent… » (Mt 11, 4-5). C’est donc le temps de la révélation ou de la manifestation de la miséricorde, de l’amour et de la bonté de Dieu pour les hommes. C’est le temps de la réconciliation, du rapprochement entre Dieu et l’homme. La Bonne Nouvelle, c’est aussi ceci : nous n’avons pas à dépenser quoi que ce soit pour entrer dans le règne de Dieu. Il a été établi pour nous ; il est là pour nous. Nous n’avons qu’à nous tourner vers Dieu et l’accueillir. « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Pour entrer dans le Royaume de Dieu, nous avons seulement à nous convertir. Nous ‘convertir’, c’est nous tourner vers Dieu pour bénéficier de son amour et de son pardon. L’action de Dieu à l’égard des ninivites qui se sont tournés vers lui, nous démontre bien que la miséricorde de Dieu n’attend seulement qu’un geste de l’homme pour lui donner la grâce de revivre. Devant Dieu personne n’est définitivement condamnée car il pardonne toujours quelle que soit la faute, si toutefois, nos oreilles et nos cœurs sont toujours ouverts à son appel et à sa parole de pardon. ‘Croire en la Bonne Nouvelle’, c’est accueillir la plénitude de ce mystère de sa présence au milieu de nous dans la foi, c’est faire une adhésion totale au Christ qui est

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là, avec nous, même dans le silence ; il est avec nous pour changer nos vies, pour combattre le mal en nous et autour de nous, pour nous donner sa paix, pour nous réconforter et nous fortifier dans nos épreuves. Nous ‘convertir’, c’est finalement, faire le retour vers Celui qui appelle à sa suite, sans traîner le pas, confiant qu’il est à mesure de nos combler bien au-delà de ce que nous osons abandonner pour le suivre. ‘Aussitôt’, laissant là leurs filets, ils le suivirent…’ Voilà le comportement que nous sommes appelés à adopter en réponse à l’appel du Christ. La conversion que le Seigneur attend de nous consiste en un décentrement de nous-mêmes, en vue d’une plus grande disponibilité à le suivre. St Paul nous invite à un examen de conscience sur notre liberté intérieure face aux évènements qui nous affectent, aux biens de ce monde, voire à nos relations même les plus intimes. Alors, ne laissons pas nos activités, nos loisirs ou nos relations nous saisir au point que nous n’ayons plus du temps pour suivre Dieu, écouter sa Parole ou le prier… Nous aurons perdu tout notre temps pour quelque chose qui ‘est en train de passer’. Qu’allons-nous gagner ?... Peut-être ou sûrement la mauvaise nouvelle : celle de notre destruction. Dieu se fait proche de nous chaque jour, et de façon spéciale dans l’Eucharistie que nous célébrons. Ne manquons pas ce rendez-vous quel que soit le prétexte (temps, distance, occupations…). Allons à lui pour qu’il nous fasse vivre dans son règne de paix, de joie et d’amour, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 4ème Dimanche du Temps Ordinaire (B) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 1, 21-2821 Jésus, accompagné de ses disciples, arrive à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. 22 On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. 23 Or, il y avait dans leur synagogue un homme, tourmenté par un esprit mauvais, qui se mit à crier : 24 "Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es : le Saint, le Saint de Dieu." 25 Jésus l'interpella vivement : "Silence ! Sors de cet homme." 26 L'esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri. 27 Saisis de frayeur, tous s'interrogeaient : "Qu'est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité ! Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui obéissent." 28 Dès lors, sa renommée se répandit dans toute la région de la Galilée. Bien chers frères et sœurs en Christ, Jésus Christ, le Fils de Dieu est venu instaurer sur terre le règne de Dieu. L’Evangile de ce jour nous le présente qui lutte contre les forces du mal qui prennent possession de l’homme et qui le conduisent à la perdition. Dans ce combat, Jésus s’impose non pas par la puissance des armes, mais par l’autorité de son enseignement. Ce n’est donc pas une autorité de domination mais une autorité qui invite à la foi et à la confiance à travers sa parole de vérité et de liberté. L’enseignement que donne Jésus est bien différent de celui des scribes car il ne cherche pas à tromper qui que ce soit, ni à endormir la conscience de son auditoire pour qu’il le suive sans réfléchir. Son enseignement touche le cœur de l’homme et lui transmet la connaissance du plan d’amour de Dieu pour l’humanité : sauver tous les hommes et les rétablir dans leur liberté et dignité d’enfants de Dieu. La Parole de Jésus se révèle ainsi comme anéantissement de toutes les forces du mal et toutes les formes de puissance qui retiennent l’homme loin de Dieu, en prenant possession de leurs vies. Pour nous, nous retenons que si Jésus a de l’autorité dans enseignement, c’est qu’il est la Parole de Vérité, lui le Verbe de Dieu fait chair. Alors nous n’avons plus qu’à nos tourner vers Celui dont la Parole qui est efficace peut nous libérer de toutes les forces du mal. Nous tourner vers Jésus suppose que nous sachions fermer nos oreilles et détourner notre attention de ce qui peut être la source de notre égarement. « Silence, sors de cet homme ». Jésus interpelle ainsi l’esprit mauvais, le père du mensonge pour qu’il se taise et libère sa proie. Il continue encore d’interpeller ces esprits qui nous enchaînent dans nos vies et nos activités. Mais il attend notre coopération pour les éloigner tous de nous. Il y a de nos jours ces esprits, surtout le père du mensonge, qui profitent des maîtres penseurs, de leurs œuvres dans la presse, à la télé, comme dans les films pour nous détourner de Dieu.

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Il n’est pas rare de rencontrer des gens qui ne se donnent même pas la peine de lire un passage biblique, mais qui sont vite à l’affût des écrits ou des émissions qui traitent, par exempl,e des « relations de Jésus avec Marie Madeleine ». Et pire, il suffit qu’un « pseudo illuminé » ou un psychopathe écrive quelque chose contre la vie de Jésus ou contre un passage biblique pour qu’ils le brandissent comme une preuve que Dieu n’existe pas, ou qu’il ne sert à rien de croire. Et quand on va jusqu’au bout de l’analyse, dans certains de ces films qui fustigent l’existence de Dieu ou la création de l’univers par Dieu, on constate toujours qu’il y a un héros qui survient pour faire face à la force de destruction qui est mise en œuvre. Et cela ne fait que nous confirmer qu’il y a quelqu’un qui incarne le Bien et qui l’emporte toujours sur les puissances du mal. Jésus a déjà vaincu les forces du mal par sa Parole, par sa mort et sa résurrection, et il nous donne le grâce d’être vainqueurs du mal par lui et en lui. Alors, demandons à Dieu la grâce de savoir détourner nos oreilles des enseignements des faux maîtres, pour n’écouter que sa Parole avec foi et espérance, afin qu’elle nous pénètre, nous libère, nous transforme et nous vivifie. Puisse l’Eucharistie à laquelle nous prenons tous part nous fortifie et nous donner de vaincre le mal en commençant par refuser le mensonge et toutes les formes de mal qui nous conduise aux péchés.

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Homélie du 5ème Dimanche du Temps Ordinaire (B) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 1, 29-3929 En quittant la synagogue de Capharnaüm, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean, alla chez Simon et André. 30 Or, la belle-mère de Simon était au lit avec de la fièvre. Sans plus attendre, on parle à Jésus de la malade. 31 Jésus s'approcha d'elle, la prit par la main, et il la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. 32 Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades, et ceux qui étaient possédés par des esprits mauvais. 33 La ville entière se pressait à la porte. 34 Il guérit toutes sortes de malades, il chassa beaucoup d'esprits mauvais et il les empêchait de parler, parce qu'ils savaient, eux, qui il était. 35 Le lendemain, bien avant l'aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait. 36 Simon et ses compagnons se mirent à sa recherche. 37 Quand ils l'ont trouvé, ils lui disent : "Tout le monde te cherche." 38 Mais Jésus leur répond : "Partons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle ; car c'est pour cela que je suis sorti." 39 Il parcourut donc toute la Galilée, proclamant la Bonne Nouvelle dans leurs synagogues, et chassant les esprits mauvais. Bien chers et frères en Christ,L’Evangile de ce jour nous donne une sorte de résumé des activités de Jésus en même temps qu’il nous permet de relever les points forts de son emploi du temps : témoigner, guérir et prier. TémoignerAu début de son ministère public, Jésus proclame la Bonn Nouvelle de Salut qui constitue le temps favorable, et le temps de règne de Dieu où les sourds entendent, les boiteux marchent, les lépreux guérissent, les morts sont ramenés à la vie et les prisonniers libérés. Et Jésus rend effectif ce Règne de Dieu par sa présence au milieu des hommes, parcourant les villes et les villages pour leur parler de Dieu et leur révéler son amour et sa bonté de Dieu pour eux. Ce témoignage sur la réalité des temps nouveaux s’accompagnent de signes de guérissons, et de libérations. GuérirLa vie de Jésus a été aussi un temps de lutte contre les maux sont souffraient les hommes : la maladie sous toutes ses formes, les esprits mauvais dans leurs diverses formes de possession, le péché et ses conséquences, et bien d’autres maux. « Il guérit toutes sortes de malades et chassa les esprits mauvais » nous dit St Marc. A la belle-mère de Simon comme à d’autres malades, il prend la main, non seulement pour lui donner la guérison, mais aussi pour prendre sur lui nos faiblesses et se charger de nos douleurs. Il donne l’ordre aux esprits mauvais de se taire et de se retirer pour rétablir l’homme dans sa liberté d’enfant de Dieu et manifester ainsi sa puissance et sa domination sur toutes les forces de la création.De partout, les gens de toutes les conditions et de toutes les catégories sociales venaient à lui, au point qu’il était difficile de trouver le temps de s’asseoir et d’être en intimité avec ses disciples… Néanmoins, il trouve le temps du repos…

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PrierA certains moments Jésus invitait ses disciples à disciples à se mettre à l’écart pour reprendre des forces et se ressourcer loin du bruit du monde. Et lui-même en fait davantage mieux. Avant le lever du soleil, il se rend dans un endroit calme et silencieux pour prier. Ce temps de prière auquel il ne manquait pas, était un instant de rencontre avec son Père. Là, il est bien précisé qu’il le fait à la 1ère heure du jour comme pour présenter à son Père ses activités et lui en rendre grâce.Cette vie de prière de Jésus nous révèle la source et la fin de nos activités : tout vient de Dieu et tout retourne à lui. L’annonce de la Bonne Nouvelle, les signes et les activités qui l’accompagnent prennent leur source en Dieu et trouvent en lui leur accomplissement. C’est ainsi que la mission de Jésus reste équilibrée. Les activités de Jésus ne le séparent pas de son Père, de même que sa prière ne le détache pas de la vie des hommes. En somme, sa mission auprès des hommes trouve sa fécondité en Dieu le Père. Voilà donc le point fort de l’enseignement de ce jour. Il est bien d’être à nos activités et à nos responsabilités quotidiennes, mais nous portons davantage de fruits si nous savons prendre le temps de la rencontre avec Dieu.Le récit de Job qui est une mise en scène de la vie de l’homme déchiré dans son corps et dans son âme, et de l’humanité aux prises avec le malheur et les questions sans réponses, nous confirme de l’importance de savoir garder cette relation avec Dieu. Quand l’homme ploie sous le poids de la souffrance, même abandonné à lui-même, il reste encore quelqu’un vers qui se tourner : Dieu. L’homme broyé qui sait se tourner vers Dieu rencontre toujours sa présence qui réconforte, soutient, guérit. Sans ce regard vers Dieu, la souffrance de l’homme n’est qu’une ‘corvée’ qui ne paie que le néant. Et pire, sans Dieu, la vie ne vaut rien… mieux vaut le suicide… Mais tel n’est pas le cas pour l’homme qui prie Dieu. Dans la prière, sa souffrance, même si elle demeure un mal à combattre, trouve un autre sens et ouvre à l’espérance. Pour celui qui reste attaché à Dieu, dans sa nuit de souffrance, la lumière du Christ victorieux de tout mal, fait naître en lui une espérance véritable. Et celui qui s’engage aux côtés de ceux qui sont broyés par la souffrance, l’angoisse, la solitude, la misère et la violence, il trouve toujours en Dieu la force pour tendre la main qui soutient, relève, apaise, guérit et libère…De même, pour ceux qui ont des devoirs, des responsabilités, des missions ou simplement des travaux ou des occupations qui sont d’une nécessité qui s’impose à eux, c’est faire preuve de sagesse que de reconnaître, à l’exemple de St Paul, qu’ils n’ont pas à le faire d’eux-mêmes, mais pour la gloire de Dieu et le salut des hommes. En dehors de ce regard toujours tourné vers Dieu, les activités humaines, même celles qui sont d’une nécessité vitale, courent le risque de devenir lieu de destruction de l’homme : et c’est encore une autre forme de misère qui s’installe…En somme, tout est question de savoir où tourner nos regards, à quoi accorder de l’importance. St Paul dit à cet effet : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’évangile » comme pour nous rappeler que chacun de nous existe pour répondre à un appel du Seigneur. L’obéissance à cet appel est un impératif qui surpasse toute considération et qui conduit au bonheur. De ce point de vue, l’Apôtre n’attend même plus la récompense que son travail mérite mais trouve sa récompense dans le fait de correspondre à son appel. Voilà comment le Seigneur transforme ceux qui se laissent toucher dans la détresse, voilà comment il

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élève les humbles. Être disciple tout donné au Christ n’empêche pas d’avoir les pieds bien sur terre (St Paul continue à travailler pour gagner sa vie), mais cela transforme le quotidien !Demandons à Dieu la grâce de savoir recentrer nos vies en lui et trouver du temps pour le rencontrer en dépit de nos agendas parfois trop chargés. Et que sa présence à côté à chaque instant nous révèle que la vie a un sens et que son amour nos montre qu’il est le sens de notre vie, lui qui règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 5ème Dimanche du Temps Ordinaire (B) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 1, 40-4540 Un lépreux vient trouver Jésus ; il tombe à ses genoux et le supplie : "Si tu le veux, tu peux me purifier." 41 Pris de pitié devant cet homme, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : "Je le veux, sois purifié." 42 A l’instant même, sa lèpre le quitta et il fut purifié. 43 Aussitôt Jésus le renvoya avec cet avertissement sévère : "Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. Et donne pour ta purification ce que Moïse prescrit dans la Loi : ta guérison sera pour les gens un témoignage." 44 Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte qu’il n’était plus possible à Jésus d’entrer ouvertement dans une ville. Il était obligé d’éviter les lieux habités, mais de partout on venait à lui. Bien chers et frères en Christ,L’Evangile de ce jour nous donne une sorte de résumé des activités de Jésus en même temps qu’il nous permet de relever les points forts de son emploi du temps : témoigner, guérir et prier. TémoignerAu début de son ministère public, Jésus proclame la Bonn Nouvelle de Salut qui constitue le temps favorable, et le temps de règne de Dieu où les sourds entendent, les boiteux marchent, les lépreux guérissent, les morts sont ramenés à la vie et les prisonniers libérés. Et Jésus rend effectif ce Règne de Dieu par sa présence au milieu des hommes, parcourant les villes et les villages pour leur parler de Dieu et leur révéler son amour et sa bonté de Dieu pour eux. Ce témoignage sur la réalité des temps nouveaux s’accompagnent de signes de guérissons, et de libérations. GuérirLa vie de Jésus a été aussi un temps de lutte contre les maux sont souffraient les hommes : la maladie sous toutes ses formes, les esprits mauvais dans leurs diverses formes de possession, le péché et ses conséquences, et bien d’autres maux. « Il guérit toutes sortes de malades et chassa les esprits mauvais » nous dit St Marc. A la belle-mère de Simon comme à d’autres malades, il prend la main, non seulement pour lui donner la guérison, mais aussi pour prendre sur lui nos faiblesses et se charger de nos douleurs. Il donne l’ordre aux esprits mauvais de se taire et de se retirer pour rétablir l’homme dans sa liberté d’enfant de Dieu et manifester ainsi sa puissance et sa domination sur toutes les forces de la création.De partout, les gens de toutes les conditions et de toutes les catégories sociales venaient à lui, au point qu’il était difficile de trouver le temps de s’asseoir et d’être en intimité avec ses disciples… Néanmoins, il trouve le temps du repos… PrierA certains moments Jésus invitait ses disciples à disciples à se mettre à l’écart pour reprendre des forces et se ressourcer loin du bruit du monde. Et lui-même en fait

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davantage mieux. Avant le lever du soleil, il se rend dans un endroit calme et silencieux pour prier. Ce temps de prière auquel il ne manquait pas, était un instant de rencontre avec son Père. Là, il est bien précisé qu’il le fait à la 1ère heure du jour comme pour présenter à son Père ses activités et lui en rendre grâce.Cette vie de prière de Jésus nous révèle la source et la fin de nos activités : tout vient de Dieu et tout retourne à lui. L’annonce de la Bonne Nouvelle, les signes et les activités qui l’accompagnent prennent leur source en Dieu et trouvent en lui leur accomplissement. C’est ainsi que la mission de Jésus reste équilibrée. Les activités de Jésus ne le séparent pas de son Père, de même que sa prière ne le détache pas de la vie des hommes. En somme, sa mission auprès des hommes trouve sa fécondité en Dieu le Père. Voilà donc le point fort de l’enseignement de ce jour. Il est bien d’être à nos activités et à nos responsabilités quotidiennes, mais nous portons davantage de fruits si nous savons prendre le temps de la rencontre avec Dieu.Le récit de Job qui est une mise en scène de la vie de l’homme déchiré dans son corps et dans son âme, et de l’humanité aux prises avec le malheur et les questions sans réponses, nous confirme de l’importance de savoir garder cette relation avec Dieu. Quand l’homme ploie sous le poids de la souffrance, même abandonné à lui-même, il reste encore quelqu’un vers qui se tourner : Dieu. L’homme broyé qui sait se tourner vers Dieu rencontre toujours sa présence qui réconforte, soutient, guérit. Sans ce regard vers Dieu, la souffrance de l’homme n’est qu’une ‘corvée’ qui ne paie que le néant. Et pire, sans Dieu, la vie ne vaut rien… mieux vaut le suicide… Mais tel n’est pas le cas pour l’homme qui prie Dieu. Dans la prière, sa souffrance, même si elle demeure un mal à combattre, trouve un autre sens et ouvre à l’espérance. Pour celui qui reste attaché à Dieu, dans sa nuit de souffrance, la lumière du Christ victorieux de tout mal, fait naître en lui une espérance véritable. Et celui qui s’engage aux côtés de ceux qui sont broyés par la souffrance, l’angoisse, la solitude, la misère et la violence, il trouve toujours en Dieu la force pour tendre la main qui soutient, relève, apaise, guérit et libère…De même, pour ceux qui ont des devoirs, des responsabilités, des missions ou simplement des travaux ou des occupations qui sont d’une nécessité qui s’impose à eux, c’est faire preuve de sagesse que de reconnaître, à l’exemple de St Paul, qu’ils n’ont pas à le faire d’eux-mêmes, mais pour la gloire de Dieu et le salut des hommes. En dehors de ce regard toujours tourné vers Dieu, les activités humaines, même celles qui sont d’une nécessité vitale, courent le risque de devenir lieu de destruction de l’homme : et c’est encore une autre forme de misère qui s’installe…En somme, tout est question de savoir où tourner nos regards, à quoi accorder de l’importance. St Paul dit à cet effet : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’évangile » comme pour nous rappeler que chacun de nous existe pour répondre à un appel du Seigneur. L’obéissance à cet appel est un impératif qui surpasse toute considération et qui conduit au bonheur. De ce point de vue, l’Apôtre n’attend même plus la récompense que son travail mérite mais trouve sa récompense dans le fait de correspondre à son appel. Voilà comment le Seigneur transforme ceux qui se laissent toucher dans la détresse, voilà comment il élève les humbles. Être disciple tout donné au Christ n’empêche pas d’avoir les pieds bien sur terre (St Paul continue à travailler pour gagner sa vie), mais cela transforme le quotidien !

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Demandons à Dieu la grâce de savoir recentrer nos vies en lui et trouver du temps pour le rencontrer en dépit de nos agendas parfois trop chargés. Et que sa présence à côté à chaque instant nous révèle que la vie a un sens et que son amour nos montre qu’il est le sens de notre vie, lui qui règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 7ème Dimanche du Temps Ordinaire (B) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 2, 1-121 Jésus était de retour à Capharnaüm, et la nouvelle se répandit qu'il était à la maison. 2 Tant de monde s'y rassembla qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte. Jésus leur annonçait la Parole. 3 Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes. 4 Comme ils ne peuvent l'approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus de Jésus, font une ouverture, et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé. 5 Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : "Mon fils, tes péchés sont pardonnés." 6 Or, il y avait dans l'assistance quelques scribes qui raisonnaient en eux-mêmes : 7 "Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ?" 8 Saisissant aussitôt dans son esprit les raisonnements qu'ils faisaient, Jésus leur dit : "Pourquoi tenir de tels raisonnements ? 9 Qu'est-ce qui est le plus facile ? De dire au paralysé : Tes péchés sont pardonnés, ou bien de dire : Lève-toi, prends ton brancard et marche ? 10 Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de pardonner les péchés sur la terre, 11 Je te l'ordonne, (dit-il au paralysé), lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi." 12 L'homme se leva, prit aussitôt son brancard, et sortit devant tout le monde. Tous étaient stupéfaits et rendaient gloire à Dieu, en disant : "Nous n'avons jamais rien vu de pareil." Bien chers frères et sœurs en Christ, Les deux dimanches précédents, la liturgie nous a présenté Jésus qui, dans son élan de solidarité avec l’homme, combat le mal sous toutes ses formes. Aujourd’hui, elle nous montre Jésus qui admire la solidarité dans la foi de cinq hommes.Quatre hommes tentent de conduire leur ami paralysé pour qu’il fasse la rencontre avec Jésus. Mais il y a une foule qui se bouscule au point que l’entrée dans la maison où se trouvait Jésus est obstruée. Toutefois, ils ne baissent pas les bras. Ils font jusqu’au bout de leur entreprise. Alors pour rejoindre Jésus, ils essaient de contourner les obstacles. Ils ne reculent pas devant les obstacles sur le chemin vers Jésus. Ils demeurent solidaires tous les quatre autour de leur ami.« Voyant leur foi ».Jésus admire non seulement l’acte de foi du paralysé dont il a compris l’objet de sa démarche, mais aussi, celle des porteurs qui, dans ce service à rendre, ne se sont pas découragés devant les obstacles. Ils sont unis dans une même certitude. Grâce à leur intervention, Jésus peut guérir leur ami. A l’acte de foi du paralysé et des porteurs, Jésus répond par le don de son amour et de sa grâce.Cette démarche commune des cinq pour rencontrer Jésus nous donne de précieux enseignements.Tout d’abord, dans cette solidarité, nous comprenons que chacun de nous a besoin des autres pour être conduit aux pieds de Jésus et en recevoir ses grâces. C’est bien vrai que la foi vient d’une rencontre personnelle avec Dieu, mais elle ne peut y parvenir, grandir et produire des fruits que dans la mesure où nous recevons le secours ou le concours les uns des autres. J’ai bien besoin de l’apport de mes frères dans ma vie de foi autant qu’ils ont besoin de moi.C’est là que nous trouvons une des justifications de la nécessité de faire communauté

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pour célébrer ensemble l’Eucharistie, pour prier et pour trouver des chemins pour mieux vivre ensemble notre foi…Cet enseignement va contre toutes les idées contemporaines qui tentent de nous écarter de la vie de la communauté en osant affirmer que la foi relève du domaine privé et personnel et donc point n’est besoin de venir à l’église le dimanche pour prier avec les autres. Ce sont là des idées erronées, propres à détruire non seulement notre vie de foi mais aussi la vie communautaire faite d’unité, de solidarité, de partage et de soutien mutuel.Ensuite, cet enseignement nous démontre que le Seigneur attend nos sursauts audacieux de foi pour accomplir des actes positifs à la louange de sa gloire, puisque, malgré nos infirmités spirituelles, il nous donne cette possibilité de nous lever, de nous dresser et de marcher.Dieu a besoin de notre acte de foi, ou de notre cri de secours pour agir en notre faveur et nous transformer la vie. Quelqu’un a su dire que « Dieu qui nous a créés sans nous ne nous sauvera pas sans nous ». Il faut notre participation active.Parfois, nous crions vers Dieu, lui demandant de prendre pitié de nous, de nous sauver ou de nous épargner ceci ou cela…et pourtant, on ne veut pas faire l’effort de lever le petit doigt vers pour manifester que nous sommes bien décidés à ce qu’il intervienne dans notre vie. Dieu attend de chaque baptisé non seulement une participation personnelle à sa propre conversion par exemple, mais aussi un une participation aux changements des conditions de vie des autres et de nos communautés de vie, à travers un engagement fait de solidarité, de partage, de disponibilité…Bien chers frères et sœurs en Christ,Prions pour demander à Dieu une foi agissante et solidaire les uns avec les autres. Demandons également le retour dans la communauté de foi de nos frères et sœurs qui se sont enfermés dernière leurs idées de foi solitaire, privée et personnelle. Enfin, Que Dieu nous réveille tous au sens de l’engagement et de la prise de responsabilité pour construire ensemble un monde nouveau pour la louange et la gloire de Dieu qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 8ème Dimanche du Temps Ordinaire (B) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 2, 18-2218 Comme les disciples de Jean-Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vient demander à Jésus : "Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ?" 19 Jésus répond : "Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner, pendant que l'Epoux est avec eux ? Tant qu'ils ont l'Epoux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. 20 Mais un temps viendra où l'Epoux leur sera enlevé : ce jour-là ils jeûneront. 21 Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une pièce d'étoffe neuve ; autrement la pièce neuve tire sur le vieux tissu et le déchire davantage. 22 Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement la fermentation fait éclater les outres, et l'on perd à la fois le vin et les outres. A vin nouveau, outres neuves." Bien chers frères et sœurs en Christ, La liturgie de ce dimanche nous invite à méditer sur notre relation avec Dieu, d’une part, à travers les figures de l’époux fidèle et de l’épouse infidèle, et d’autre part, selon le rite du jeune. Dieu a le cœur débordant d’amour si bien qu’il n’accepte pas laisser l’homme aller à sa perte. Il prend l’initiative d’aller à sa recherche et de le ramener sur le chemin du véritable bonheur. Fidèle dans son immense amour, Dieu ne se laisse pas vaincre par les trahisons répétées de celui que son cœur aime. « Mon épouse infidèle, je vais la séduire… »Dans la relation de Dieu avec le peuple d’Israël, nous constatons qu’il n’a jamais détourné son regard de celui-ci en dépit de ses multiples actes de rébellion et d’adoration de faux dieux. Il reste fidèle à son plan d’amour pour son peuple c’est-à-dire qu’il ne change pas d’avis quant à sa volonté d’amener l’homme à vivre dans le bonheur, la paix et la justice. Du côté de l’homme, sa fidélité consisterait donc à faire l’effort d’agir en conformité avec le plan de salut de Dieu pour lui. Celui qui reste droit sur ce chemin bénéficie de la bonté et de la largesse du cœur de Dieu. L’infidèle, c’est-à-dire, celui qui s’en écarte du chemin de Dieu, ou qui refuse de le suivre, manque de voir se réaliser dans sa vie les bienfaisances de Dieu. La fidélité de Dieu se révèle aussi dans la manifestation de sa miséricorde : il pardonne toujours et ne se décourage jamais malgré les actes de rébellion et de reniement de l’homme. Il ne cesse pas de poser un regard d’amour sur l’homme : un regard qui ne condamne pas l’homme infidèle, amis qui comprend la profondeur de sa misère et cherche à le soulager.

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Pour ramener celui qui s’égard à reprendre le chemin de la vie véritable, le regard de Dieu cherche à le séduire. Pour Dieu, « séduire » l’homme, c’est chercher à toucher son cœur par sa miséricorde qui le comprend toujours et ne retient pas les fautes, et par son amour qui lui donne de retrouver sa dignité d’enfant de Dieu. « Le lui parlerai cœur à cœur… »Dieu cherche toujours à rétablir le dialogue avec l’homme pour que celui-ci découvre combien il se fait lui-même du mal à chaque fois que sa vie n’est pas conforme au plan de salut de chemin, et pour qu’il revienne à de bons sentiments. En somme, dans sa fidélité, Dieu comble l’homme de ses bienfaits, de sa miséricorde et de son amour, et l’homme accueil, telle une fiancée ce projet de bonheur de Dieu et essaie d’y conformer sa vie. Avec Jésus, nous comprenons davantage que Dieu cherche à s’unir à tous les hommes. Il voudrait qu’ils demeurent dans son amour pour obtenir de lui la vie nouvelle et pour devenir « participants » de la vie divine. « Les invités de la noce pourrait-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux ? ».La présence de Jésus au milieu des hommes leur donne l’occasion d’entrer en intimité avec lui. Dans l’Ancien Testament, l’homme jeûnait pour redresser ses désirs et les réorienter vers Dieu, l’unique nécessaire. Mais quand celui-ci est là, ce n’est évidemment plus le moment de jeûner. Du moins, le jeûne consistera à maintenir le désir ardent en Dieu, et à lui rester uni de cœur et dans la volonté. Mais Jésus est bien là, dans sa Parole et dans son Eucharistie. Il est là au fond de nos cœurs et au sein de nos communautés… Mais réellement, sommes-nous à mesure de vivre une telle intimité avec le Seigneur ? Aussi longtemps que nous cheminons dans ce monde marqué par les conséquences du péché, l’inertie de la chair nous entraîne inexorablement vers des désirs et des sentiments humains, et notre cœur menace sans cesse de tomber dans les séductions mondaines. Il nous faut le reconnaître : ce n’est guère facile pour nous de demeurer dans cette union intime avec Dieu : il y a trop d’activités, trop de désirs ou de plaisirs qui nous en éloignent. De plus, pendant longtemps, la foi en Dieu a été présentée comme le respect d’interdits et l’observance de lois qui, parfois, représentent des contraintes et un poids trop pesant pour nous. Avec le Christ, nous comprenons que notre relation avec Dieu ne doit pas se reposer sur des lois et des interdits, mais plutôt sur sa Parole qui est Bonne Nouvelle d’amour, de paix et de justice… La foi au Christ Sauveur est une adhésion à son enseignement comme notre véritable chemin de libération et de bonheur. Notre relation à Dieu ne s’exprime plus en des termes de loi à observer : cela relève du

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« vieux vêtement » et de « vieilles outres » devenues incommodes. Plutôt que de chercher à fuir des lois qui nous priveraient de notre liberté, nous devons chercher à discerner les idoles qui nous éloignent de Dieu et nous donnent l’illusion d’une réussite ou d’une sécurité plus ou moins assurée face aux incertitudes de la vie. Puissions obtenir de cette Eucharistie, la grâce d’une union indéfectible au Christ venu nous sauver, et de la fidélité à sa Parole qui nous redonne vie maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

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Homélie du 1er Dimanche de Carême ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 1, 12-15Jésus venait d'être baptisé 12 Aussitôt l'Esprit le pousse au désert. 13 Et dans le désert il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. 14 Après l'arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu ; il disait : "Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle."

Les textes de ce 1er Dimanche de Carême nous invitent à méditer sur le sens de notre baptême et de notre vie chrétienne. L’Evangéliste Marc nous présente de façon brève le baptême de Jésus et sa tentation par Satan au désert. Jésus n’avait pas besoin de recevoir le baptême de pénitence de Jean-Baptiste qui, d’ailleurs avait pris soin de le lui signifier. Toutefois, il a voulu assumer toute notre humanité avec sa misère dans sa totalité, hors mis le péché, afin de pouvoir redonner, dans son corps et dans sa vie, une nouvelle naissance à l’homme défiguré par le péché.Par sa descente dans l’eau du Jourdain, Jésus a anéanti les forces de l’eau qui ravageait et tue l’homme habité par le mal, le péché et ses conséquences : l’eau a noyé les contemporains de Noé…elle a noyé les égyptiens au temps de Moïse. Cependant, dans sa passion, sa mort et sa résurrection, Jésus donne à cette même eau, la grâce de purification du péché pour tous les hommes, même les pécheurs, et celle de renaissance à la vie d’enfant de Dieu pour tous ceux qui croient en son nom. Désormais, l’eau qui a épargné Noé et sa famille, et protégé le peuple d’Israël pendant le passage de la Mer Rouge devient force de vie pour tous les êtres, et fait de ceux qui reçoivent le baptême les frères de Jésus Christ.En somme, l’eau du baptême renouvelle l’alliance entre Dieu et l’homme et rétablit dans le baptisé l’image et la ressemblance de Dieu. St Pierre rend plus explicite cette signification du baptême lors qu’il affirme que « être baptisé, ce n’est pas être purifié des souillures extérieures, mais s’engager envers Dieu avec une conscience droite ».Quand Jésus sort des eaux du Jourdain, l’Esprit le pousse au désert où il subit l’épreuve de la tentation par Satan. Marc ne précise pas de quelles tentations il s’agit, mais la suite de son Evangile nous permet de les deviner : c’est toutes les fois où il a était amené à dire non à tout ce qui semblait l’écarter dans sa mission. Au désert comme à certains moments de sa vie, Jésus a dû faire sans cesse le choix de la fidélité à son Père. Tour à tour, Jésus fait fasse à la tentation des richesses, du pouvoir, de la gloire, de la réussite, faire des actes spectaculaires, de ne pas souffrir…Mais à chaque fois, il arrive à s’en libérer, gardant toujours conscience qu’il ne fait pas qu’il se détourne de sa mission. Il tient la tête haute devant les épreuves en restant en totale communion avec son Père lorsqu’il déclare au Jardin de Gethsémani : « …non pas ma volonté mais la tienne… ».L’expérience du baptême et du désert trace ainsi pour nous le chemin de la vie chrétienne. Par notre baptême, nous faisons chacun l’expérience de la traversée des eaux de la mort pour accéder à la vie nouvelle, celle de la manifestation de l’Amour de Dieu qui veut sauver l’homme et lui donner d’avoir part à sa vie divine. Mais tout cela se passe n’ont plus à travers les océans, mais tout au fond de notre cœur, en nous engageant envers Dieu avec une « conscience droite » selon les propos de St Pierre.

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Avoir une « conscience droite », c’est abandonner ou refuser tout ce qui détournerait de Dieu. Baptisés, nous sommes aussi conduits au désert. Nous faisons l’expérience du désert à chaque fois que nous sommes confrontés à faire le choix pour Dieu. Devant les pièges des richesses, du confort matériel, l’avidité de domination et du pouvoir, de la soif du plaisir de bonheur ou de vie, le besoin de s’évader, se distraire, se divertir ou s’éclater…nous avons toujours eu besoin de faire appel à notre conscience. Chacun, à sa manière, a toujours eu à vivre cette nuit de combat au moment d’une décision, d’un choix, ou d’une option de vie qui engage toute sa personne et tout son être. A l’exemple de Jésus, nous sommes invités à dire ce « Oui » qui nous engage en réponse à la grâce de Dieu sur nous. Ce temps de désert auquel nous n’échappons pas nous permet alors de donner la preuve de notre fidélité à Dieu. Ce « Oui » qu’il faut savoir laisser échapper, parfois au milieu des hésitations, marque notre liberté à l’égard du péché, notre fidélité et notre confiance en Celui qui est le seul Chemin de notre bonheur.Vivre ce temps de désert, c’est pouvoir également faire le vide et le silence autour de nous, retrouver le chemin de notre cœur, nous soustraire au vacarme, aux sollicitations extérieures, pour entrer au contact avec la source la plus profonde de notre être.Nous avons besoin quelques fois de prendre nous-même ce temps de désert pour mieux nous recentrer sur Dieu et réorienter notre vie. A un certain moment de la journée, ou à une certaine période de notre vie, ce temps de retour à notre propre conscience nous permet d’échapper aux agitations extérieures, au vacarme qui nous désoriente, et aux sollicitations qui nous font capituler. Un temps de prière, une journée de récollection, de retraite, un pèlerinage ou une visite à un sanctuaire peut nous ramener à retrouver le calme et le chemin de la fidélité et de la confiance en Dieu.Ce temps de carême est aussi favorable au cheminement dans le désert. Puissions-nous à travers la prière, le jeûne, l’aumône et nos différents engagements obtenir la grâce de rompre avec toute complicité dans le mal et le péché, pour nous unir davantage au Christ, en qui nous avons le vrai bonheur et la vraie vie. Que l’Esprit qui poussé Jésus au désert nous habite et nous accompagne dans ce combat maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

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Homélie du 2ème Dimanche de Carême (b) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 9, 2-102 Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l'écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. 3 Ses vêtements devinrent resplendissants, d'une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. 4 Elie leur apparut avec Moïse, et ils s'entretenaient avec Jésus. 5 Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : "Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ; dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie." 6 De fait, il ne savait que dire, tant était grande leur frayeur. 7 Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le." 8 Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. 9 En descendant de la montagne, Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu'ils avaient vu, avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. 10 Et ils restèrent fermement attachés à cette consigne, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : "ressusciter d'entre les morts". Bien chers frères et sœurs en Christ,

Les textes de ce 2ème dimanche de Carême nous révèlent le projet de Dieu pour l’humanité à travers la scène du Sacrifice d’Abraham et de celle de la Transfiguration. Le projet de Dieu pour chacun de nous, c’est de nous conduire à lui, et de nous faire bénéficier de sa gloire divine. La scène de la Transfiguration nous est présentée comme pour nous révéler notre prochaine « intégration » dans la vie divine. Mais pour y accéder, nous avons un chemin à suivre et une voix à écouter.Il nous faut à la suite du Christ, descendre de la montagne vers la plaine, qui est non seulement un lieu de combat quotidien et d’épreuve de la tentation, mais aussi un lieu de renoncement et de sacrifice pour Dieu.Dans l’expérience d’Abraham, nous comprenons que l’union à Dieu nous demande un effort de renoncement à toute idée de possession, et donc un détachement par rapport à tout ce qui, de l’intérieur comme de l’extérieur, pourrait nous donner l’impression de suffisance, de sécurité…Chacun de nous est invité à accepter abandonner ce qui retient et occupe l’espace dans sa vie pour accéder à ce qui lui rend sa liberté et sa identité profondes en Dieu. Et c’est en cela que nous comprenons le sens du sacrifice, celui d’Abraham et plus tard celui du Christ. Quand Dieu demande à Abraham de sacrifier son unique enfant, il ne lui dit pas « tue ton fils ». Sa demande veut plutôt signifier qu’il le rende sacré, en l’offrant au Dieu de la vie. Il s’agissait de faire de son fils une offrande, c’est-à-dire un don dont Dieu peut disposer pour réaliser sa promesse.Dieu lui-même, selon St Paul sacrifié son Fils pour nous ; il l’a livré, c’est-à-dire, offert, pour que nous ayons la plénitude de la vie.En outre, le chemin vers notre propre transfiguration passe par l’imitation du Christ, dans la plaine du service fraternel fait parfois d’abaissement, d’humiliation et de souffrance. Après la Transfiguration, Jésus ramène les pieds des disciples sur terre. Il redescend avec eux sur la plaine pour poursuivre sa route, car la manifestation de sa gloire ne les dispense pas des exigences de sa mission : donner sa vie pour le salut des hommes.

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La prédication de la Bonne Nouvelle, les gestes de miséricorde, les humiliations et la vie toute donnée sur la croix, ont ainsi conduit Jésus à la gloire de la vie nouvelle : la résurrection. Nous comprenons alors que les promesses de bonheur de la part de Dieu, ou le chemin qui nous conduit à la vie divine passe aussi par les différentes épreuves de la vie.Au cœur des mystères dans lesquels nous vivons parfois, au milieu de toutes les questions qui se posent sur le sens de nos vies, sur le sens de nos souffrances, sur les sens du monde qui nous paraît souvent obscur et confus, il est bon de nous rappeler la grande lumière qui est celle du Christ donnée, en un instant, aux apôtres à la Transfiguration. C’est dire que même au milieu de nos épreuves, et de nos souffrances, la grâce ou la gloire de Dieu peut nous être manifestée. C’est le fond du mystère de gloire et de la souffrance.Pour entrer dans ce mystère de la gloire et de la souffrance, il nous est demandé d’écouter la voix du Fils bien Aimé de Dieu : Jésus Christ. Ecouter Jésus, c’est entrer dans son intimité et comprendre comment orienter notre vie pour que la gloire de Dieu se manifeste en nous : il nous donne d’entendre sa voix à travers les Ecritures et les enseignements de l’Eglise.Ecouter Jésus, c’est aussi refuser ou renoncer à nous laisser posséder, détourner ou hypnotiser par les paroles des mages, des devins, des faux illuminés, des diseurs d’horoscopes ou de prétendus messages d’extra-terrestres. Ecouter Jésus, c’est reconnaître qu’il est le seul médiateur entre Dieu et les hommes, et qu’il est le seul capable de nous conduire de la vie d’ici-bas avec tout ce qu’elle suppose pour l’homme, à son admirable lumière.Puissions-nous, par l’écoute de la Parole de Dieu et la communion à son Eucharistie puiser la force nécessaire pour savoir nous arracher de ce qui nous empêche de suivre le Christ et parvenir, au-delà des épreuves de la vie, à la gloire de la Résurrection avec Celui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

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Homélie du 4ème Dimanche du Temps de Carême (b) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Jean 3, 14-2114 De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, 15 afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. 16 Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. 17 Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. 18 Celui qui croit en lui échappe au jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. 19 Et le jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises. 20 En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses oeuvres ne lui soient reprochées ; 21 mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses oeuvres soient reconnues comme des oeuvres de Dieu. Bien chers frères et sœurs en Christ, La Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à rentrer au fond de nous-mêmes pour reconnaître ce que nous sommes en réalité et mieux orienter notre vie selon le plan d’amour de Dieu.St Paul déclare que Dieu nous a fait revivre avec le Christ pour attirer notre attention sur le fait que chacun de nous est un être de prédilection. En effet, Dieu déborde d’amour pour l’homme qu’il a créé et qu’il continue de faire vivre. Comme tel, l’homme est une merveille de Dieu, un trésor qui n’a pas du pris aux yeux de Dieu. C’est pourquoi, il n’hésite pas à « nous montrer la richesse infinie de sa grâce ». La venue de son Fils dans notre monde, sa vie, sa souffrance et sa mort sur la croix... tout cela manifeste la grâce de Dieu pour l’homme. Dieu a permis tout cela pour que l’homme vive libre et heureux et pour qu’il ait désormais une raison de vivre. « Dieu a tant aimé l’homme qu’il lui a donné son Fils » pouvons-nous dire alors. Sous d’autres cieux, il existait bien cette pratique qui consistait à donner une de sa progéniture à son compagnon, en signe d’amitié. C’est une pratique bien sûr condamnable parce qu’elle ne respecte pas la valeur humaine, mais elle avait l’avantage de consolider l’amitié entre deux être et d’établir une alliance entre eux. Se priver de son fils ou de sa fille pour son ami exprimait bien le lien très fort qui lie les personnes, et le refus de ce don traduisait aussi le refus de l’amitié. C’est ce que Dieu a fait avec nous en nous donnant son Fils et en acceptant qu’il passe par l’épreuve de la souffrance et de la mort pour que nous ayons la vie.Et voilà ce qui nous est révélé : notre vie a du pris au yeux de Dieu, et ce que nous sommes, nous le devons par la bonté, et par l’immense amour de Dieu pour nous. « Cela ne vient pas de nos actes, il n’y a pas en tirer orgueil » nous rappelle l’Apôtre Paul. Refuser de reconnaître sa vie comme une œuvre de l’amour de Dieu, c’est aller à sa perte. Par contre, « tout homme qui croit en cet amour de Dieu ne périra pas, il obtiendra par lui la vie éternelle ». Nous sommes ainsi conduits à la reconnaissance de cet Amour infini de Dieu pour nous. Reconnaître l’amour de Dieu, c’est d’abord accepter le fait que je sois un être qui vit de par la grâce de Dieu. Ce qui implique que j’abandonne toute idée de me suffire à

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moi-même, de m’accrocher uniquement que sur des sécurités acquises, et de croire que je peux me réaliser en dehors de toute intervention de la part de Dieu.Ensuite, reconnaître l’amour de Dieu, c’est lever les yeux vers Celui qui s’est offert en sacrifice pour que j’aie la vie, non seulement en signe de reconnaissance pour son amour pour moi, mais aussi comme un acte d’abandon entre les mains de Celui qui peut tout vaincre. « Je lève les yeux vers toi mon Seigneur » chante le psalmiste. En Jésus crucifié, c’est la grâce de la guérison spirituelle et de la rédemption qui m’est offerte.Enfin, reconnaître l’amour de Dieu, c’est accepter qu’il n’y a pas d’autres chemins que le Christ pour connaître la vérité de ce que nous sommes et ce que nous voulons et devons être. Il est le Chemin qui nous conduit à la Vie. Cela nous demande de savoir opter pour demeurer dans la Lumière, et nous arracher à « nos mauvaises conduites » pour adhérer au Christ. « Dieu nous a recréés en lui, pour que nos actes soient conformes à la voie qu’il a tracée pour nous et que nous devons suivre » nous dit St Paul. Nous devons alors considérer notre vie seulement à partir Celui qui est la Lumière du monde : le Christ Jésus, et non plus à partir de nos seuls critères ou raisonnements. Ce ne sont ni les raisonnements, ni les grandes idées de ce monde qui nous conduisent à la joie et au bonheur infinis, mais la foi au Dieu d’Amour et l’accueil de sa Lumière de vérité. Ainsi, nous œuvres seront-elles reconnues comme œuvres de Dieu.Bien chers frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous donner le désir et la force d’approcher la Lumière qui fait sortir de la confusion entre le bien et le mal, entre la vérité et le mensonge. Puissions-nous dans la contemplation du Christ en croix, qui continue de se donner à nous dans l’Eucharistie rester unis à Lui, et devenir à notre tour lumière pour éclairer tant d’hommes et de femmes qui sont encore loin de le Vrai Lumière, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

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Homélie du 5ème Dimanche de Carême (B) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Jean 12, 20-33Parmi les Grecs qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu durant la Pâque, quelques-uns abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée. Ils lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. » Philippe va le dire à André ; et tous deux vont le dire à Jésus. 20 Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle. 21 Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. 22 Maintenant, je suis bouleversé. Que puis-je dire ? Dirai-je : « Père, délivre-moi de cette heure ? » -Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! 23 Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre ; d’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. » 24 Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi que cette voix s’est fait entendre, c’est pour vous. Voici maintenant que ce monde est jugé ; voici maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » 33 Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir. Bien chers frères et sœurs en Christ,La Parole de Dieu de ce dimanche nous enseigne que de tout temps, les hommes ont toujours eu besoin d’apprendre à connaître le Seigneur. Et la voie qu’il faut emprunter pour y parvenir, c’est celle de l’obéissance à sa volonté à la suite de son Fils Jésus Christ.Tous et chacun, d’une manière ou d’une autre, nous sommes en quête de sens pour la réalisation de notre existence et de notre personnalité. Dans cette quête de sens, par la complicité de la laïcité, et de la sécularisation, certains sont parvenus à considérer la foi en Dieu comme quelque chose qui relève du domaine privé de l’homme. Dans une certaine mesure, ils ont raison : mais plutôt que de parler de domaine privé, il faut dire que la foi relève d’abord du domaine personnel, c’est-à-dire qu’elle naît d’une rencontre entre l’homme et Dieu, son Créateur. C’est ce que nous enseigne le texte du prophète Jérémie qui nous parle d’une alliance nouvelle que Dieu veut établir avec l’homme : « Je mettrai ma loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai dans leur cœur…tous me connaîtront des petits jusqu’aux plus grands ». Dieu se révèle à l’homme tout au fond de son cœur, et la foi en Dieu vient de cette reconnaissance de l’action de Dieu dans sa vie et elle se maintient dans le relation d’amour avec Dieu et avec les autres hommes.Toutefois, on ne peut pas s’asseoir seulement sur cette conception qui relègue la foi dans le domaine personnel, car nous ne pouvons pas la mettre en œuvre tout seul. Tout d’abord, de par lui-même, l’homme ne peut pas atteindre Dieu et le connaître, lui qui est bien au-delà des pensées humaines. En effet, « Connaître Dieu » dans le langage biblique ne relève pas de l’ordre de l’intelligence : il s’agit plutôt d’une relation d’intimité où Dieu fait prendre conscience à l’homme de son amour pour lui, et où en retour, l’homme cherche à demeurer dans cette intimité avec Dieu.La quête de la connaissance de Dieu conduit ainsi l’homme à rechercher ce qui est de Dieu et ce qui correspond à sa volonté et à son amour pour lui. C’est en cela que le

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Christ nous donne un parfait exemple. Il déclare en effet : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de mon Père ». Dans la tristesse et dans l’angoisse devant sa mort prochaine, il prie son Père, acceptant de faire passer le désir de celui-ci avant son bien propre. Il fait ainsi une confiance absolue en son Père et se remet à lui pour que sa volonté s’accomplisse. Il nous apprend de cette manière que notre bonheur et notre salut ne nous viennent pas du fait de pouvoir faire ce que nous voulons, mais tiennent de la confiance totale faite au Dieu de la vie.C’est cela que l’auteur de la lettre aux Hébreux qualifie de « soumission » ou « d’obéissance ». Obéir à Dieu, c’est donc faire confiance en lui, et lui laisser le soin de réaliser ce qu’il veut en nous et par nous. Se soumettre à Dieu, c’est être à l’écoute de Dieu et le laisser prendre l’initiative pour nous. Devant toute situation, se soumettre à Dieu consistera alors à demander d’abord à Dieu dans la prière, s’il relève de sa volonté que j’effectue tel voyage, que je réalise tel travail ou non… De cette façon, je démontre que je ne cherche pas que Dieu entérine un acte dont j’ai déjà pris la décision de faire, mais que je renonce à décider de moi-même. Je laisse ainsi à Dieu la possibilité d’intervenir dans ma vie, afin que ce que je vais faire corresponde à son attente. Cette procédure me permet de céder les rênes de ma vie à Dieu pour que sa volonté pénètre profondément mon être tout entier en l’enrichissant. Il fait alors de ma vie « un sacrifice vivant, saint et agréable » (cf. Rm 12, 1).En outre, cette obéissance à la volonté de Dieu nous conduit à comprendre que la foi ne doit pas être confinée mais qu’elle a besoin d’un espace pour croître. En effet, le croyant qui tient que la foi ne relève que du domaine personne court le risque de tomber dans un repli sur soi-même, et donc dans la solitude. Il lui faut alors accepter et assumer le fait qu’il vit dans un monde dans lequel il est d’une certaine manière lié aux autres. Il n’y a de vie et de vitalité que dans l’échange permanent et harmonieux avec Dieu et avec les hommes ses frères. Or cet échange nécessite bien des sacrifices pour unir nos points de vue et nos orientations, pour communier en une même réalisation.Dans l’obéissance à son Père, le Christ a accepté le sacrifice de la croix pour le salut des hommes. Suivre le Christ sur le chemin de l’obéissance, c’est accepter aussi que Dieu dispose de moi, de mon temps, de mes biens et de ma vie pour le bien et le bonheur des autres. Suivre le Christ, c’est accepter de me détacher de ma vie pour m’unir intimement à Dieu, et la perdre par et dans l’amour et la solidarité vécus avec et pour les autres hommes mes frères : « Qui veut gagner sa vie la perdra ; mais celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle ».Frères et sœurs, puissions-nous par la grâce de cette célébration obtenir que le Christ s’établisse dans nos cœurs et dans nos vies, et nous permettre de partager sa volonté afin d’accomplir chaque jour des gestes d’amour, de solidarité et de salut tout autour de nous maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du Dimanche des Rameaux (B) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 15, 1-3915,1 Dès le matin, les chefs des prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le grand conseil. Puis ils enchaînèrent Jésus et l'emmenèrent pour le livrer à Pilate.2 Celui-ci l'interrogea : «Es-tu le roi des Juifs?» Jésus répond : «C'est toi qui le dis. »3 Les chefs des prêtres multiplièrent contre lui les accusations.4 Pilate lui demandait à nouveau : «Tu ne réponds rien?Vois toutes les accusations qu'ils portent contre toi. »5 Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate s'en étonnait.6 A chaque fête de Pâque, il relâchait un prisonnier, celui que la foule demandait.7 Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas,arrêté avec des émeutiers pour avoir tué un homme lors de l'émeute.La foule monta donc, et se mit à demander à Pilate la grâce qu'il accordait d'habitude.9 Pilate leur répondit : “Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs?»10 (Il se rendait bien compteque c'était par jalousie que les chefs des prêtres l'avaient livré.)11 Ces derniers excitèrent la foule à demander plutôt la grâce de Barabbas.12 Et comme Pilate reprenait :« Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs? »13 ils crièrent de nouveau : «Crucifie-le!»14 Pilate leur disait :«Qu'a-t-il donc fait de mal?» Mais ils crièrent encore plus fort :"Crucifie-le!»15 Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas.Et après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu'il soit crucifié.16 Les soldats l'emmenèrent à I'intérieur du Prétoire,c'est-à-dire dans le palais du gouverneur.Ils appellent toute la garde,17 ils lui mettent un manteau rouge, et lui posent sur la tête une couronne d'épines qu'ils ont tressée. 18 Puis ils se mirent à lui faire des révérences :« Salut, roi des Juifs. »19 Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui,et s'agenouillaient pour lui rendre hommage.20 Quand ils se furent bien moqués de lui,ils lui otêrent le manteau rouge, et lui remirent ses vêtements.

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Puis ils l'emmenèrent pour le crucifier,21 et ils réquisitionnent, pour porter la croix,un passant, Simon de Cyrène, le père d'Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs.22 Et ils amènent Jésus à l'endroit appelé Golgotha, c'est-à-dire Lieu-du-Crâne ou Calvaire.23 Ils lui offraient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n'en prit pas.24 Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.25 Il était neuf heures lorsqu'on le crucifia.26 L'inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots :«Le roi des Juifs».27 Avec lui on crucifie deux bandits, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche.29 Les passants l'injuriaient en hochant la tête :« Hé! toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours,30 sauve-toi toi-même, descends de la croix! »» 31 De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux : « Il en a sauvé d'autres, et il ne peut pas se sauver lui-même!32 Que le Messie, le roi d'Israël, descende maintenant de la croix ;alors nous verrons et nous croirons. » Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l'insultaient.33 Quand arriva l'heure de midi, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusque vers trois heures.34 Et à trois heures, Jésus cria d'une voix forte :«Eloï, Eloï, lama sabactani ?» ce qui veut dire :«Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?»35 Quelques-uns de ceux qui étaient là disaient en l'entendant :« Voilà qu'il appelle le prophète Elie! »36 L'un d'eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d'un roseau, et il lui donnait à boire, en disant :«Attendez! Nous verrons bien si Elie vient le descendre de là! »37 Mais Jésus, poussant un grand cri, expira.38 Le rideau du Temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas.39 Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, s'écria : «Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu!» Bien chers frères et sœurs en Christ,En ce dimanche des Rameaux, nous entrons dans la semaine sainte pendant laquelle, la liturgie nous présente les derniers instants de la vie de Jésus sur terre : son dernier

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repas, son arrestation, sa passion, sa mort et sa résurrection.Nous venons d’écouter le récit de ces derniers instants du Christ. Cela nous donne comme objet de méditation l’amour de Dieu pour les hommes. Ce récit de permet de voir comment la manière de Dieu d’aimer les hommes est différente de celle dont les hommes s’aiment et aiment Dieu.Quand Dieu aime, il se dépouille lui-même, s’abaisse et devient serviteur comme le souligne St Paul dans sa lettre aux Philippiens. Dans son amour pour l’homme, Dieu prend la condition humaine, pour que l’homme obtienne une part de sa gloire. Dans son abaissement, il se fait serviteur de l’homme et donne sa vie pour le sauver du péché et de la mort. Même quand l’homme se fait son ennemi, il ne l’abandonne pas. Lui-même fait don de sa vie pour réconcilier l’homme avec Dieu.Du côté des hommes, quand ils aiment quelqu’un, ils l’élèvent. Ils acclament et couvrent d’honneur ceux qui ont du mérite à leurs yeux et suscitent leur estime. Dans certaines cérémonies, nous voyons bien comment les gens acclament leurs stars préférées. Mais ces élévations sont parfois de courte durée car quand celui qui est au haut niveau vient à faillir, on ne s’intéresse plus à lui, on l’abandonne pour un autre. Tandis que Dieu s’abaisse pour rejoindre l’homme dans sa situation, et prend la cause sur lui la cause et la souffrance de l’homme, ce dernier le porte haut mais l’abandonne quelques temps après. C’est ainsi que la foule qui acclamait Jésus avec les rameaux, s’est retournée contre lui au point que tout le monde l’abandonne à son propre sort lorsqu’il s’est retrouvé face à ceux qui complotaient sa mort.Dans son grand amour pour l’homme, Dieu ne l’abandonne pas même quand cela lui coûte de se livrer en victime expiatoire. Devant le rejet, le mépris et la torture, il ne demande qu’une chose : que soit accordé le pardon à tous les hommes, même à ceux qui l’ont livré ou crucifié : « Père, pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’il font ». Il nous donne l’exemple de l’amour véritable : l’amour rejoint l’être aimé, se donne et assume avec lui les faiblesses et les souffrances humaines, et lui reste fidèle en l’élevant dans sa gloire et en lui ouvrant les portes de son Royaumes.En revivant ces moments de la vie de Jésus, puissions-nous l’accueillir en nous afin qu’il continue d’assumer nos faiblesses humaines. Apprenons également de lui le véritable amour qui nous fera rejoindre nos frères et sœurs chacun dans sa situation, dans ses espoirs et désespoirs, dans ses joies et peines. Et quand nous sommes contraints au silence parce que n’ayant pas le pouvoir de tout maîtriser, que cela ne traduise pas nos fuites et trahisons, mais témoigne de notre acte d’abandon entre les mains de Dieu pour que se manifeste la puissance de sa miséricorde et de son amour, et qu’éclate la gloire du Ressuscité maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie de Pâques 2006 (B) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Jean 20, 1-91 Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu'il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau. 2 Elle court donc trouver Simon-Pierre et l'autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l'a mis. » 3 Pierre partit donc avec l'autre disciple pour se rendre au tombeau. 4 Ils couraient tous les deux ensemble, mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. 5 En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n'entre pas. 6 Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, 7 et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place. 8 C'est alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. 9 Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas vu que, d'après l'Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts. Bien chers frères et sœurs en Christ,Nous célébrons en ce jour la Résurrection de notre Seigneur Jésus Christ. Au-delà de la réalité de ce Grand mystère de notre foi, c’est notre propre résurrection, celle de l’humanité que nous célébrons.Le matin de Pâques, alors qu’il fait encore sombre, Marie-Madeleine, sort et se rend au tombeau où on avait déposé le corps de Jésus. Il y avait encore l’ombre de la nuit, et elle-même était toujours plongée dans la nuit de la foi. A l’instar des autres disciples et des Apôtres, elle ne s’était pas encore remise des émotions vécues deux jours auparavant, et elle restait encore bouleversée : pourquoi cette mort tragique… ? Qu’allons-nous devenir… ?Mais voilà que devant le tombeau grand ouvert, elle devient encore davantage désorientée. Elle court alerter les autres disciples : « on a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis ». A leur tour, les disciples se retrouvent devant le tombeau vide, mais cette fois-ci, la lumière de la Résurrection les illumine et les fait sortir de l’ombre de la nuit : « Il vit et il crut »… « Il fallait que le Christ ressuscite d’entre les morts ».Le spectacle de la Résurrection produit un choc dans le cœur des disciples et ouvre leur intelligence à la connaissance des paroles, faits et gestes antérieurs du Christ. « Les hommes l’ont fait mourir, mais Dieu l’a ressuscité »… « Il est mort, mais il est ressuscité, il est vivant » témoignent les disciples. Celui que les hommes ont rejeté, humilié, ridiculisé et mis à mort, est en définitive le Vainqueur. Il a vaincu le mal par le bien, la haine par l’amour et la mort par la vie.La Résurrection vient alors comme une réponse à l’éternelle question de l’homme : « qu’y a-t-il après la mort ? ». Après la mort, au-delà de la mort, et dans la mort même, il y a la vie. C’est la révélation que les disciples du Christ reçoivent le jour de la Pâques. Grâce à cette Révélation, leurs yeux s’ouvrent, et ils obtiennent la libération de la peur, de l’angoisse, du non-sens de leur vie. Ainsi fortifiés dans leur foi, ils deviennent les messagers de la vie nouvelle dans le Christ ressuscité. Dans le message de Pâques, ils nous révèlent que l’ennemi de l’homme, c’est le péché. Il engendre la mort parce qu’il introduit le désordre, la déchéance sous toutes ses formes,

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détruit l’homme. Mais, dans la Résurrection du Christ, nous sommes restaurés parce que nous retrouvons la vie.Que d’hommes et de femmes à restaurer aujourd’hui, parce qu’ils sont pris dans l’engrenage du péché, du mal et de la haine. Ils ne sont plus que des ruines, des lambeaux d’humanité, dénaturés qu’ils sont par le vice, torturés, humiliés et bafoués dans leur dignité, emprisonnés dans leurs propres convictions idéologiques mondaines, asservis au rendement, réduits à n’être que des objets de profit ou de plaisir, utilisés pour assouvir la soif du pouvoir…Au cœur de cette déchéance, le Christ ressuscité fait jaillir une vie nouvelle. La mort et le péché ne sont plus un tombeau qui enferme notre espérance et la détruit. La Résurrection nous apprend alors que l’homme est aimé d’un amour infini, et qu’il est créé pour la vie éternelle. Tout redevient possible à celui qui laisse Dieu le rejoindre dans sa misère et qui, dans la confiance, offre sa nuit aux rayons bienfaisants de sa lumière d’amour. Si après la mort, il y a la vie, c’est parce qu’avant la mort il y a l’amour. Avec Ce message de Pâques, nous comprenons que tout est possible, grâce à l’amour dont le Christ nous aime, et dans la vie qu’il nous donne. Tout est possible, mais il nous faut tendre vers ce qui conduit à la vie, et adopter une nouvelle manière de vivre. Notre vie, notre résurrection est déjà accomplie en Jésus Christ, mais il nous reste à vivre cette réalité profonde très concrètement au long des jours. Notre vie, comme notre passage sur la terre, est unique et chaque jour nous est offert comme une chance supplémentaire de nous améliorer et de progresser dans l’amour.Ressuscité, Jésus est vivant. Il nous a aimés et nous a donnés la vie par sa mort et sa résurrection, pour que nous soyons à notre tour témoins de son amour et donneurs de vie. Comme il l’a fait pour nous, il nous charge de redonner à tout homme ses chances de vie en libérant en lui la capacité d’aimer que le péché a verrouillée, en l’aidant à se défaire du mal qui l’enferme dans la mort et tout ce qui en lui est germe de poison et de mort.Puisse le Christ ressuscité nous remplir de la lumière de son Esprit afin que nous soyons à mesure de lire dans nos vies et dans la vie du monde les signes de la Résurrection, et que nous ayons toujours la force de courir inviter nos frères et sœurs à sa rencontre de Celui qui est à jamais Vivant, et qui règne maintenant et pour les siècles des siècles.

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Homélie du 2ème Dimanche de Pâques (b) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Jean 20, 19-3119 Ce même soir, le premier jour de la semaine, les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » 20 Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. 21 Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » 22 Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint. 23 Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. » 24 Or, l'un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n'était pas avec eux quand Jésus était venu. 25 Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » 26 Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d'eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » 27 Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant. » 28 Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » 29 Jésus lui dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » 30 1l y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. 31 Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom. Bien chers frères et sœurs en Christ,

Nous célébrons en ce jour le 2ème Dimanche de Pâques dédié à la Miséricorde divine comme pour nous amener à voir dans la Résurrection du Christ, une manifestation de l’amour et de la miséricorde de Dieu dont les disciples sont les premiers témoins.Après sa Résurrection, Jésus n’abandonne pas ses disciples mais prend soin de les rejoindre même dans leur peur, leur tristesse et leur désarroi, malgré les portes closes, et les verrous de leur cœur : « Il était là au milieu d’eux ». Le Christ ressuscité nous rejoint là où nous sommes, dans la mesure où nous souhaitons sa présence.Etonnés, les Apôtres perçoivent, à travers la Résurrection que Jésus est aussi présent et attentif à leur vie que lorsqu’il était au milieu d’eux et partageait leur existence. Malgré les apparences de son silence ou de son absence, il est là. Quels que soient notre enfermement, nos peurs, nos doutes, nos chaînes, nos portes closes, nos blocages, nos souffrances, nos reniements (Pierre), nos larmes (Marie-Madeleine)…Il suffit de crier et de le regarder. Il nous rejoint jusque dans nos péchés, comme la Samaritaine. « Il leur montra ses mains et son côté »Quel sens faut-il attribuer à ces blessures visibles sur le Ressuscité ? Si elles ont permis, dans un premier temps, d’identifier Jésus et de reconnaître que le Crucifié et le

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Ressuscité sont la même personne, à savoir que Jésus mis au tombeau, réellement mort et transpercé par le soldat, est maintenant pleinement vivant, ces blessures sont également porteuses d’autres messages pour l’Eglise.Leur permanence sur le Ressuscité indique que, parce qu’elles sont blessures d’amour, elles sont le signe que Dieu nous aime d’un amour éternel, et la plaie visible du côté est révélation de la blessure invisible de l’amour du Père pour l’homme. A cause de cela, elles signifient que l’Amour a vaincu la haine, que le vie a triomphé de la mort, que cette dernière n’a rien pu faire contre l’Amour et n’a pu l’empêcher de donner la Vie.La présence de ces blessures, infligés par le péché et la méchanceté de l’homme pour causer la mort de Dieu, témoignent maintenant de son pardon et de la fidélité de son amour envers les pécheurs qui se repentent et accueillent la paix qu’il leur offre. Elles proclament que rien ne peut éteindre l’amour et qu’aucune blessure du péché ne saurait désormais entraîner la mort du pécheur qui se tourne vers Dieu dans la confiance. « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie… »Avant d’envoyer ses disciples être témoins de la vérité, la seule dont les hommes ont besoin pour vivre : témoigner que Dieu est Père, plein d’amour, de pardon et de miséricorde, Jésus leur montre d’abord ses mains. Dans la Bible, les mains signifient l’œuvre de Dieu à accomplir. En leur montrant donc ses mains, il les invite à œuvrer avec lui et à investir de leur personne, d’une manière concrète (avec les mains), pour collaborer à sa mission. Mais pas de n’importe quelle manière. Immédiatement après, il précise dans quel esprit ou comment ils doivent le faire. Il leur montre son côté et propose à Thomas de le touché.Dans son ultime message, Jésus ressuscité nous invite à croire en son amour, à aimer comme il nous a aimés en puisant, dans son Cœur ouvert, l’Esprit qui fait de nous des partenaires de son amour. Cela signifie que le disciple est appelé à collaborer à l’œuvre et à la mission du Christ, non seulement avec ses mains, mais surtout en adoptant les sentiments d’amour qui animent son Cœur. L’amour nous pousse à la ressemblance. Nos actes, s’ils ne sont pas inspirés par l’amour du Cœur du Christ, ne servent pas au Royaume. Ils ne manifestent rien d’autre que notre volonté et nos désirs. Notre amour, s’il ne se traduit pas en actes concrets, est stérile et illusoire. Jésus nous montre ses mains et son côté pour que nous collaborions à son œuvre en agissant avec nos mains et en ayant, en nous, l’amour de son Cœur. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaîtra comme mes disciples ». Notre engagement pour vivre et répandre l’amour de Dieu nous amène à construire une communauté d’amour où l’on se reconnaît l’un et l’autre comme frère et sœur, tous enfants de Dieu le Père, et où chacun prend à cœur les soucis et les besoins de l’autre et s’investit corps et âme pour un renouveau et un meilleur devenir de tous.Bien chers frères et sœurs en Christ, que la célébration de cette Eucharistie nous donne la grâce d’accueillir le Christ qui est et fait route avec nous, et qu’elle nous dispose à mettre nos mains dans celles du Ressuscité pour continuer à travailler au renouvellement de nos vies maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

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Homélie du 3ème Dimanche du Temps Pascal (b) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Luc 24, 35-48Les disciples qui rentraient d'Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons 35 ce qui s'était passé sur la route, et comment ils avaient reconnu le Seigneur quand il avait rompu le pain. 36 Comme ils en parlaient encore, lui-même était là au milieu d'eux, et il leur dit : "La paix soit avec vous." 37 Frappés de stupeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. 38 Jésus leur dit : "Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ? 39 Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n'a pas de chair ni d'os, et vous constatez que j'en ai." 40 Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. 41 Dans leur joie, ils n'osaient pas encore y croire, et restaient saisis d'étonnement. Jésus leur dit : "Avez-vous ici quelque chose à manger ?" 42 Ils lui offrirent un morceau de poisson grillé. 43 Il le prit et le mangea devant eux. 44 Puis il déclara : "Rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j'étais encore avec vous : Il fallait que s'accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes." 45 Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Ecritures. 46 Il conclut : "C'est bien ce qui était annoncé par l'Ecriture : les souffrances du Messie, sa résurrection d'entre les morts le troisième jour, 47 et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. 48 C'est vous qui en êtes les témoins." Bien chers frères et sœurs en Christ,La Résurrection de notre Seigneur Jésus Christ, nous ouvre les yeux et nous donne de comprendre que Dieu veut que l’homme vive. Dans les textes de ce jour, deux gestes du Ressuscité nous démontrent bien cela : le geste du pardon qui redonne vie et celui de l’Eucharistie qui nourrit.Dimanche dernier, nous avons célébré la Fête de la Divine miséricorde. Dans de l’Evangile de ce jour-là, St Jean nous rapportait que lorsque Jésus est apparu à ses disciples, il leur a souhaité la paix, et il a répandu sur eux le souffle de son Esprit avant de les charger d’être les « dealers » de sa miséricorde : « recevez l’Esprit Saint, tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, il lui seront maintenus ». Jésus donne ainsi à ses disciples le pouvoir de restauration de l’homme et de sa re-création à l’image et à la ressemblance de Dieu.Ceci nous convainc d’une chose, c’est que l’homme est pécheur. Nous sommes tous pécheurs. Mais en Jésus, nous sommes pardonnés. Il s’est offert en victime pour nos péchés, pour que nous soyons libérés de l’emprise du mal, et que nous ayons la vie éternelle. Le péché nous emprisonne, et nous empoisonne, mais le Christ nous libère, et nous obtient la miséricorde de Dieu. Par le Christ, la miséricorde de Dieu nous réintroduit dans son amour qui nous fait revivre.En leur communiquant l’Esprit et en leur apportant la paix, Jésus fait de ses disciples des créatures nouvelles. Il leur donne un cœur nouveau, un cœur de chair pour qu’ils soient dans le monde ce qu’il a été, le Cœur plein de miséricorde de Dieu. Pardonnés, ils sont envoyés comme « ouvriers-réparateurs » de la gloire de Dieu ternie par le péché en l’homme. Il leur offre la paix et le pardon pour qu’ils recréent l’homme en ouvrant son cœur cadenassé par le péché à l’amour qui fait vivre.Faire vivre l’homme, telle est la mission que le Christ nous confie. Comme il l’a fait pour nous, il nous demande de redonner à tout homme ses chances de vie, en ayant en son

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égard un cœur compatissant et plein d’amour qui écrase la haine, désamorce les tensions de conflits et de disputes, et réconcilie les cœurs.Toutefois, redonner vie à l’homme suppose que nous soyons nous-même plein de vie. Jésus nous donne la vie pour que nous soyons donneurs de vie. Mais il nous donne aussi de quoi rester vivants. C’est pourquoi, il reprend le geste du repas : « Avez-vous quelque chose à manger ? ». Le geste du repas est présent dans certaines scènes d’apparition du Christ. Par ce geste, le Ressuscité se fait reconnaître aux yeux des ses disciples : lors de la fraction du pain à la table des disciples d’Emmaüs, au soir de la Résurrection, il mange du poisson grillé, et quelques jours après, à la suite de la pêche miraculeuse (selon St Jean), il invite les disciples à manger du pain et du poisson.Si l’on rattache ce geste à celui du soir du jeudi saint, nous comprenons que Jésus lie ce repas à la résurrection. Ce repas qu’il donne ou qu’il prend avec ses disciples, c’est son corps livré pour la vie du monde, et la résurrection, c’est la vie donnée aux hommes. Celui qui mange son corps, même s’il meurt, aura la vie éternelle. C’est cela la révélation : nous trouvons dans l’Eucharistie la force de vie et de survie par le Christ qui se livre à nous et qui est vivant à jamais. Par l’Eucharistie, Jésus se livre à nous tout entier, il nous fait don de sa vie, preuve suprême de son amour pour nous. En communiant au Corps et au Sang du Christ, nous nous unissons à lui pour devenir capables du don de l’amour pour nos frères et sœurs.En somme, par les gestes pardon et du repas, le Christ nous donne non seulement les moyens de vivre ou de revivre, mais aussi les raisons de vivre : aimer Dieu et être pour nos frères et sœurs signes de la présence fidèle et aimante de Dieu et instruments de sa miséricorde dans le monde.Puissions-nous accueillir dans l’Eucharistie que nous célébrons Celui qui, par amour, se livre à nous, et être davantage pour les uns pour les autres signes de paix, de pardon, de bonté et d’amour maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 4ème Dimanche du Temps Pascal ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Jean 10, 11-18 Jésus disait aux Juifs : 11 Je suis le bon pasteur (le vrai berger). Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. 12 Le berger mercenaire, lui, n'est pas le pasteur, car les brebis ne lui appartiennent pas : s'il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s'enfuit ; le loup s'en empare et les disperse. 13 Ce berger n'est qu'un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. 14 Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, 15 comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. 16 J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. 17 Le Père m'aime parce que je donne ma vie, pour la reprendre ensuite. 18 Personne n'a pu me l'enlever : je la donne de moi-même. J'ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j'ai reçu de mon Père." Bien chers frères et sœurs en Christ,Aujourd’hui, en célébrant le dimanche du Bon Pasteur, l’occasion nous est donnée de méditer sur la sollicitude de Dieu pour les hommes et l’attitude que nous devons avoir en retour.Dans l’Evangile, Jésus reprend l’image du berger qui est un thème préféré du peuple d’Israël pour marquer la relation de Dieu avec les hommes qu’il a créés. Dieu nous aime d’un amour si grand et infini qu’il a voulu faire de nous ses enfants bien aimés qui partagent sa gloire et sa divinité. Nous sommes enfants de Dieu, mais cette identité demeure pour le moment encore cachée, puisqu’il s’agit d’une participation à la vie de Dieu, lui que malheureusement le monde n’a pas encore découvert en totalité. Toutefois, en attendant la révélation parfaite du Visage de Dieu, nous participons déjà à la vie du Fils unique, car le Berger s’est fait Agneau afin que le Père le reconnaisse en nous, et qu’en lui, nous connaissions le Père.En tant que Pasteur de son peuple, Jésus nous introduit déjà dans la vie de Dieu en prenant soin de nous. Comme un berger garde son troupeau, il se laisse attendrir par la détresse morale et physique des hommes. Il se fait proche de ceux qui n’ont plus le moral et sont déprimés, abandonnés, désemparés et qui errent à la recherche de quelqu’un qui puisse les accueillir, les accompagner et les faire vivre. Il prend également soin de ceux qui ont faim ou qui sont malades en leur donnant à manger et en guérissant leurs infirmités. Il va à la recherche des égarés pour les ramenés au bercail comme Marie-Madeleine, Zachée, la Samaritaine, Mathieu… A chacun, il donne le réconfort et le fait renaître à l’espérance.Le bon berger aime ses brebis. Elles sont précieuses à ses yeux. Il les connaît et les appelle chacune par son nom. Ce qui veut dire qu’il a avec chacune une relation personnelle et affectueuse. Chacune est unique pour lui et vaut toutes les autres à tel point que, pour cette unique brebis égarée, il prend le risque de laisser les 99 autres dans le désert pour aller à la recherche de celle qui est perdue. Oui, bien chers frères et sœurs,

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Aux yeux du Christ, Bon Pasteur, chaque homme a autant de prix que l’humanité entière. Chacun de nous est l’unique, le plus beau, le meilleur parce qu’il nous aime comme un Père et nous regarde comme une mère regarde son nouveau-né.Mais, le vrai Berger ne s’en tient pas là. Il se fait Agneau, et donne aux hommes qu’il aime non seulement, son Corps et son Sang comme nourriture, mais aussi sa propre vie pour qu’ils aient la vie en abondance. Il se donne à nous pour qu’en écoutant sa voix, sa Parole, en croyant en lui et en recevant son Corps et son Sang, nous ayons la vie éternelle.« Le Père m’aime parce que je donne ma vie… », nous dit Jésus ; et lui, il nous aime et il veut qu’à notre tour nous ayons les mêmes sentiments du bon Berger les uns à l’égard des autres. « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ». Ce que Jésus attend de nous c’est que nous soyons à notre tour, berger des autres brebis. Ainsi, nous sommes tous le berger de chacun : l’époux est berger pour sa épouse et inversement, les parents pour les enfants, l’enfant pour son père ou sa mère, chacun est berger de son voisin, de son collègue, de son ami comme de l’étranger…Alors, sommes-nous de bons bergers pour les brebis qui nous sont confiées ? Les aimons-nous ou les asservissons-nous ? Les servons-nous ou les utilisons-nous ? Quoi qu’il en soit, le service par amour, ou l’amour dans le service à la suite de Jésus, ne consiste pas à faire des choses extraordinaires, mais à mettre dans les menus services quotidiens, souvent inaperçus, autant d’amour que si l’on donnait sa vie. Qu’importe que le service soit grand ou petit, remarqué ou ignoré, pourvu qu’il soit fait avec amour.Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin d’hommes et de femmes qui acceptent se dépassement de soi dans le service aussi bien dans l’église que dans la vie familiale et professionnelle. Nous avons besoins de ceux-là qui acceptent oublier leurs intérêts personnels pour défendre la cause des autres, surtout les plus faible et les plus fragiles, et leur redonner des raisons de vivre.En cette journée pour les vocations, prions le Seigneur de renouveler son Eglise par le don de l’Esprit Saint, afin que les jeunes d’aujourd’hui puissent comprendre l’enjeu de la vie, et accepter de se laisser entraîner dans cette logique du don sans mesure et sans retour. Prions pour que ceux que le Père appelle acceptent écouter sa voix pour rassembler en son Nom les brebis dispersées par toute la terre. Prions enfin pour que l’Esprit Saint nous donne de toujours déborder d’amour et de générosité au service des besoins de nos frères et sœurs que le Seigneur nous confie chaque jour et pour la plus grande gloire de Celui qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 5ème Dimanche de Pâques (b)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Jean 15, 1-8A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : 1 « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. 2 Tout sarment qui est en moi, et qui ne porte pas de fruit, mon Père l'enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie, pour qu'il en donne davantage. 3 Mais vous, déjà vous voici nets et purifiés grâce à la parole que je vous ai dite : 4 Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. 5 Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. 6 Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu'on a jeté dehors, et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. 7 Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l'obtiendrez. 8 Ce qui fait la gloire de mon Père, c'est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi, vous serez pour moi des disciples. »

Bien chers frères et sœurs,

Les textes de ce 5ème Dimanche de Pâques nous invitent à fortifier notre union avec notre Seigneur Jésus Christ, mort et ressuscité pour nous, union dont la qualité et la profondeur apparaîtront au travers des fruits que nous porterons dans nos paroles et nos actes.Tout l’enseignement de ce jour repose sur cette déclaration du Seigneur : « Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire ». Cette déclaration voudrait bien nous signifier que lorsque nous faisons une expérience concrète et vivante dans notre relation avec le Seigneur, cela nous transforme dans notre manière d’être et stimule dans notre vie de foi au point de nous faire porter un autre regard sur ceux avec qui nous vivons.Le récit de la conversion de St Paul nous donne l’exemple de l’expérience unitive qu’il a faite avec le Seigneur sur le chemin de Damas. Quand il prenait la route de Damas, il était animé de la générosité de défendre toute erreur, toute déviation et toute insurrection contre ce qui, à sa compréhension, était le Vérité. Il menait un combat noble, mais en réalité, il avait pris le chemin de travers si bien qu’en pensant bien faire, il levait l’épée contre Dieu. Mais, à la suite de sa rencontre « foudroyante », il obtient une lecture renouvelée des Ecritures Saintes qui lui fait découvrir le plan d’amour de Dieu pour les hommes. Les yeux ainsi ouverts, il devient alors, malgré les menaces de mort qui pesaient sur lui, un témoin intrépide de la Bonne nouvelle, et lumière pour éclairer les hommes qui vivent dans les ténèbres de l’ignorance. Désormais uni au Christ et ne faisant qu’un avec lui, il est animé des mêmes pensées, des mêmes sentiments et des mêmes désir que son Seigneur.Notre monde est rempli de personnes qui développent de grands idéaux et de projets ambitieux. Depuis près de 7 mois, nous sommes témoins de ces projets : « la politique de la ville », « le projet CPE », « le projet sur l’immigration choisi »…, des projets nobles en soi, mais dont l’application est rendue difficile parce qu’une autre dimension de l’homme et des relations humaines a été négligée. « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » nous dit Jésus, n’ont pas pour affirmer que nous sommes incapables de rien, mais pour

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signifier qu’on ne peut prétendre assurer le bonheur de l’homme en dehors de toute considération de Celui qui, seul, peut répondre à la soif de bonheur du cœur humain. Reconnaissons-le, il n’y a pas que ces projets-là, nous en construisons d’autres chacun en son propre compte, ou pour son entourage. On veut bien construire quelque fois sont petit monde sans Dieu : ce n’est donc pas étonnant que l’on retrouve emporté par des fortes pulsions au point de porter atteinte à la vie d’un innocent, ou bien plongé dans la déception, et le non sens de la vie humaine, sociale ou matrimoniale. En somme, notre relation avec Dieu est primordiale car elle est source de fécondité non seulement dans notre vie, mais aussi dans toutes nos activités humaines. En d’autres termes, nous ne devons pas négliger notre temps de prière ou nos occasions de rencontre avec Dieu afin d’obtenir de lui la fécondité dans nos activités. Le contact vivant avec le Christ est le soutien déterminant pour rester sur la voie droite : ni tomber dans un orgueil qui méprise l’homme, qui en réalité n’est pas constructif mais plutôt détruit, ni s’abandonner à la résignation, qui empêcherait de poursuivre tout combat, confiant et comptant sur la grâce de main secourable du Christ.En outre, si Jésus nous invite, comme ses disciples, à demeurer en lui, ce n’est pas simplement pour nous préserver de notre fidélité ou pour nous rappeler que c’est là l’unique condition pour porter du fruit. C’est aussi pour nous faire comprendre que c’est grâce à nous qu’il peut se rendre concrètement présent aux hommes. En effet, Jésus qui demeure en nous voudrait pousser des rameaux (des sarments) en nous afin d’atteindre nos frères et sœurs. Nous portons du fruit, lorsque à travers nos paroles et nos actes, nous permettons, en nous cette rencontre entre le Seigneur et les âmes vers lesquelles il nous envoie. Ma rencontre intime avec Dieu établit une communion de volonté et de sentiment qui lui permet de toucher la personne que je rencontre et vers qui il m’envoie. J’apprends alors à regarder cette autre personne non plus seulement avec mes yeux et mes sentiments, mais selon la perspective de Jésus Christ. Son ami est mon ami. Je vois avec les yeux du Christ et je peux donner à l’autre bien plus que les choses qui lui sont extérieurement nécessaires: je peux lui donner le regard d’amour dont il a besoin. Par contre, si le contact avec Dieu me fait complètement défaut dans ma vie, je ne peux jamais voir en l’autre que l’autre. Pire encore je ne vois en lui qu’un ennemi, celui qui est de trop et qui m’empêche de m’épanouir, ou bien celui que je peux bien utiliser ou exploiter pour assouvir mes passions.Pour reprendre l’affirmation du Pape Benoît XVI dans son encyclique « Dieu est Amour », nous pouvons dire que : « Le moment est venu de réaffirmer l’importance de la prière face à l’activisme et au sécularisme dominant de nombreux chrétiens engagés dans le travail caritatif. Bien sûr, le chrétien qui prie ne prétend pas changer les plans de Dieu ni corriger ce que Dieu a prévu. Il cherche plutôt à rencontrer le Père de Jésus Christ, lui demandant d’être présent en lui et dans son action par le secours de son Esprit. La familiarité avec le Dieu personnel et l’abandon à sa volonté empêchent la dégradation de l’homme, l’empêchent d’être prisonnier de doctrines fanatiques et terroristes ».Par cette eucharistie que nous célébrons, demandons à Dieu de nous accorder de demeurer dans son amour et que nos actes de charité, de justice et de solidarité envers nos frères et sœurs soient féconds et fructueux, grâce à notre union intime avec Celui qui vit et demeure en nous, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 6ème Dimanche de Pâques

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Jean 15, 9-17A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : 9 "Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. 10 Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi, j'ai gardé fidèlement les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. 11 Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie. 12 Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. 13 Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. 14 Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. 15 Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître ; maintenant, je vous appelle mes amis, car tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître. 16 Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l'accordera. 17 Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres."

Bien chers frères et sœurs en Christ,

Les textes de ce 6ème dimanche de Pâques nous rappellent que Jésus Christ qui est le Seigneur de tous les hommes, est l’ami de tous, et souhaite nous voir nous aimer les uns les autres.Nous aimer les uns les autres, suppose d’une part, que nous changions chacun son regard sur l’autre pour voir en lui un autre semblable que soi que Dieu a créé et qu’il aime de tout son cœur, et d’autre part, que nous acceptions sortir hors des frontières que nous avons toujours tendance à édifier entre « nous » et les « autres ».L’expérience de l’Apôtre Pierre avec le centurion romain Corneille nous éclaire bien sur ce que doit être nos rapports les uns avec les autres. Grâce à l’action de l’Esprit à la fois sur lui et sur le centurion, il comprend que « Dieu ne fait pas de différence entre les hommes » et fait le dépassement sur lui-même, sur sa propre conception de la vie et sur celle de la tradition juive, pour ce rendre chez un non juif et lui administrer le baptême.Pour mieux comprendre le texte qui nous est proposé, nous avons besoin de relire les quelques versets qui précèdent. Corneille, un centurion de l’armée romaine, fait une vision dans laquelle il entend un ange de Dieu lui dire : « Le Seigneur t’a entendu ; fais chercher Pierre pour qu’il vienne chez toi ».Presque au même moment, Pierre, à des kilomètres de là, lui aussi, il a eu une vision : une vision curieuse, qui a l’air de vouloir déranger ses habitudes. Dans cette vision, il a devant les yeux des quantités d’animaux, dont certains considérés par la loi juive comme impurs étaient strictement interdits, et une voix le pousse à désobéir : tue et mange ! Pierre qui est un scrupuleux, ne veut pas désobéir aux règles de son enfance ; alors la voix lui fait remarquer qu’il appartient à Dieu seul de décider ce qui est pur ou impur... pour l’instant, il ne s’agit que d’alimentation, mais, déjà, ses certitudes sur les sacro-saintes règles juives de pureté sont sérieusement battues en brèche ; il faut bien cela pour le préparer à ce qui l’attend ! Trois fois de suite, cette curieuse vision se reproduit... et Pierre reste bien perplexe ; c’est à ce moment précis que les envoyés de Corneille arrivent ; ils viennent demander à Pierre

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quelque chose de plus grave encore que de manquer chez soi aux règles alimentaires : ils viennent lui demander d’aller chez ce païen de Corneille ! On se rappelle le tollé quand Jésus allait manger chez des pécheurs comme Zachée, le collecteur d’impôts ! Et encore, il s’agissait de juifs ; cette fois, il s’agit d’un incirconcis, comme on disait. Remarquons au passage que tout opposait ces deux hommes : Pierre, le juif, croyant, convaincu, depuis peu devenu disciple de Jésus... et ce païen, quelqu’un qu’on ne fréquente pas : parce que, d’une part, il est l’occupant, mais plus encore parce qu’il est païen...C’est Dieu qui a tout organisé, si j’ose dire : il a préparé les deux hommes à ce qui devait être un événement très important pour la jeune communauté chrétienne. Mais, comme chacun sait, Dieu a de la suite dans les idées ; Luc, l’auteur des Actes des Apôtres, précise que l’Esprit Saint lui-même rassure Pierre sur ce qu’il va faire : « Pierre était toujours préoccupé de sa vision, mais l’Esprit lui dit : Voici deux hommes qui te cherchent. Descends donc tout de suite avec eux et prends la route avec eux sans te faire aucun scrupule : car c’est moi qui les envoie ». Evidemment, Pierre a obéi à cette voix, et le voilà chez Corneille.Et c’est là que commence notre texte d’aujourd’hui. Corneille, en voyant entrer Pierre, se jette à ses pieds, mais Pierre le relève : « Reste debout. Je ne suis qu’un homme moi aussi ». Il ne peut évidemment pas accepter des manifestations de respect qui ne sont dues qu’à Dieu seul. Et, tout d’un coup, Pierre comprend la vision qui l’avait tellement intrigué : les animaux n’étaient qu’une image destinée à lui faire comprendre autre chose ; à table, on sait qu’il était interdit par la loi religieuse de manger certains animaux considérés comme impurs : or la fameuse vision l’invitait à dépasser cet interdit parce que Dieu seul en définitive peut déterminer ce qui est pur ou impur. Mais il était également interdit de fréquenter les païens. Ce que Pierre est invité à découvrir, c’est que cette barrière-là, elle aussi, doit tomber. Pourquoi cette interdiction de fréquenter des païens ? Ce n’était pas du mépris ; mais, tout simplement, parce que leurs pratiques étant différentes, la fréquentation des païens risquait d’entraîner les Juifs à délaisser leurs propres pratiques. Pierre vient de comprendre : Dieu l’invite à dépasser cette loi ; tout comme la vision l’invitait à ne plus faire de distinction entre animaux purs et animaux impurs, désormais il ne faut plus faire de distinction entre hommes purs et hommes impurs ; cela permettra de fréquenter sans scrupule tout le monde.En somme, nous retenons de cette expérience que Dieu nous a créés tous pareils les uns les autres, et chacun, au-delà des frontières territoriales, des ethnies, des races, des cultures, des religions et autres, bénéficie de sa sollicitude, puisqu’il donne à tous son Esprit.En réalité, Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. Mais nous, les hommes nous construisons des barrières dans nos rapports sociaux à partir de ce qui constitue nos identités ou nos valeurs propres. En effet, chacun porte parfois un regard sur l’autre qui ressemble à la conception que Pierre avait sur la question de la nourriture : une conception traditionnelle qui déclare certains aliments purs et d’autres impurs, donc à rejeter. Il nous arrive quelques fois, ce qui est dommage, de chercher comment éviter ou de fuir la présence de certaines personnes. Quand nous avons cette manifestation de rejet, c’est que nous considérons ces personnes-là comme constituant une menace pour l’harmonie et l’épanouissement de notre vie propre. Selon notre jugement, ces personnes représentent un danger pour notre sécurité, et il nous faut choisir ceux qui peuvent venir ou vivre avec nous, si on ne les rejette pas tous.Cependant, et fort heureusement, Dieu n’a pas fait les choses ainsi. Pour celui qui connaît Dieu et qui demeure dans son amour, l’autre ne constitue pas une menace mais plutôt

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une chance. En effet, tout homme, dans sa particularité et sa singularité, sa beauté et sa laideur, ses forces et ses faiblesses, sa couleur et sa taille, constitue une chance pour son prochain. Nous acceptons bien volontiers ce principe élémentaire de la vie selon lequel l’être humain a toujours besoin de l’autre pour vivre. Mais un regard authentique sur une personne en face de moi, me permet de voir au-delà de ce principe élémentaire, une chance que Dieu me donne pour me dépasser, et sortir de moi-même pour aller vers un « autre moi ». C’est une chance que je dois saisir pour me rendre utile et faire quelque chose qui contribue à l’épanouissement de l’homme et à la construction de l’humanité à la suite du Créateur, à travers des paroles et des gestes qui relèvent, qui pardonnent, qui guérissent, qui rassurent, qui fait revivre et qui donnent la joie. L’autre est enfin une chance qui m’est accordée pour réaliser ma vocation humaine : progresser dans la connaissance et le service de Dieu à travers l’amour manifesté à son égard.

Bien chers frères et sœurs,Dieu nous aime tous, nous en sommes certains. Mais Dieu fait de chacun de nous un maillon de Amour pour que, pris l’un avec l’autre, nous formions ensemble cette longue chaîne qui part de Dieu, rejoint chaque homme et retourne se boucler en lui. Il nous faut alors être chacun ce maillon qui accueille son amour et qui le fait rejaillir dans la vie des autres. Nous demandons que l’Esprit du Seigneur nous donne la grâce de détruire nos barrières pour reconnaître son œuvre d’amour qui s’accomplit en nous et autour de nous, y compris à l’extérieur de nos groupes d’appartenance religieux, sociaux et familiaux, aujourd’hui, demain et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie de l’Ascension 2006

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 16, 15-20

15 Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. 16 Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. 17 Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; 18 ils prendront des serpents dans leurs mains, et, s'ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s'en trouveront bien. »19 Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s'assit à la droite de Dieu. 20 Quant à eux, ils s'en allèrent proclamer partout la Bonne Nouvelle. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l'accompagnaient.

Bien chers frères et sœurs en Christ,La célébration de la Solennité de l’Ascension nous donne l’occasion de méditer sur la montée au Ciel, ou plus précisément, sur l’absence de Notre Seigneur Jésus Christ. Après sa Résurrection, Jésus confie la suite de la mission à ses disciples en ces termes : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie… » (Jn 20, 21) ; « Allez, dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc 16, 15) ; « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde… » (Mt, 28, 20). Avant de retourner vers le Père, Jésus prend soin de préparer ses disciples à un autre mode d’être. Il s’en va, les laissant presque seuls, mais son absence apparente sera remplie de l’action de ceux-là qui ont été témoins des dons accordés aux hommes par sa vie, sa mort et sa résurrection. Son absence est ainsi comprise comme une présence aux hommes à travers la vie de ses disciples et de ceux qui croiront en lui : « En mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serpents dans leurs mains, et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. ». Après avoir ainsi parlé, Jésus fut enlevé au Ciel, laissant ses disciples dans la contemplation et sous l’émotion. « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le Ciel ? ». Voilà une question qui ramène les pieds des disciples sur terre. Le départ du Christ ne doit pas les conduire seulement à la contemplation, mais à l’action. Il leur faut se mettre au travail pour rendre le Christ présent au monde. C’est là une des raisons qui suscite l’engagement des disciples : rendre présent le Christ ressuscité aux hommes.Aujourd’hui comme hier, le Seigneur nous envoie. C’est à nous de prendre sa place pour que rien de ce que nous avons reçu de lui ne soit oublié. Il nous a comblé de ses dons par son grand amour pour nous. Il nous appartient maintenant de l’aimer en retour, de la faire connaître et le faire aimer. Notre regard de foi et d’amour sur lui nous pousse à vouloir partager sa façon d’être, de penser et de vivre, pour qu’il continue ainsi à se rendre présent à tous ceux qui ont faim et soif d’amour, de paix, de justice, de vie et de bonheur. Notre regarde de contemplation du Christ nous transforme et nous fait « parler un langage nouveau » dans un monde qui n’est pas toujours réceptif.En effet, Jésus nous envoie dans ce monde malmené et submergé pour que notre langage puisse allumer leur cœur l’espérance de vie et les faire renaître à nouveau. Mais très souvent, la souffrance qui atteint l’homme est si intense, le mal qui l’agresse et si

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violent et injuste que nous sommes dans l’impossibilité de faire quoi que ce soit pour y remédier. Toutefois, soyons rassurés, car il ne nous laisse pas seul. Non seulement, lui-même est présent au milieu de nous, mais encore, il nous assiste de la force de l’Esprit Saint. Même si nous sommes incapables de nous opposer au monde et à la souffrance qu’il engendre, son Esprit nous communique un autre langage qui nous permet de nous faire proches de celui qui souffre, de soulager sa détresse et, par notre présence fraternelle et affectueuse, de l’aider à ne pas sombrer dans le désespoir ou la révolte qui tue l’espérance et conduit à la mort.Même quand on ne peut pas faire vivre l’homme à la manière du Christ, la force de son Esprit peut nous accorder d’être à ses côtés, de lui offrir un sourire, un regard qui apaise et comprend, de risquer un geste de tendresse et qui réchauffe le cœur, soutient la confiance, rassure celui ou celle que la solitude désempare ou accable. Un coup de fil, une lettre, une visite…, que de petits moyens, mais combien importants, pour dire et révéler l’amour à celui qui attend au fond de son puit, enfermé dans sa tombe, muré dans sa dépression, pour lui donner le courage et l’envie de vivre.Par cette célébration, demandons au Christ qui monte au ciel dans la gloire de son Père, de nous envoyer son Esprit Saint qui prendra possession de nos vies et qui continuera de prolonger en nous le mystère de sa présence aimante au milieu des hommes, afin que par nous, son amour rayonne dans le monde d’aujourd’hui.

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Homélie du 7ème Dimanche de Pâques (b)

EVANGILE - Jean 17, 11b - 19 A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi : "Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Ecriture soit accomplie. Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Je leur ai fait don de ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde, de même que moi je ne suis pas du monde. Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux aussi consacrés par la vérité."

Bien chers frères et sœurs en Christ, Les textes de l’Ecriture de ce jour nous invitent à vivre le temps de l’absence apparente du Christ comme le temps de l’amour que nous puisons en Dieu. « Puisque Dieu a tant aimé le monde, nous devons nous aimer les uns les autres » nous dit St Jean.Dimanche dernier, nous lisions déjà dans cette même lettre de Jean : « L’amour vient de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est Amour » (1Jn 4, 8). La suite du texte que nous venons d’entendre nous proclame encore que « Dieu est Amour ». Ensuite il ajoute que l’Amour est parmi nous en Jésus venu habiter au milieu de nous. En lui, les hommes ont vu Dieu, et ils ont pu découvrir et constater de leurs yeux que Dieu n’est qu’Amour : « Personne n’a jamais vu Dieu ; mais le Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé » (Jn 1, 18 ). Puis, il nous souligne que l’Amour de Dieu a établi sa demeure dans l’homme. Selon lui en effet, ceux qui acceptent de croire en Jésus, de reconnaître en lui le visage d’amour du Père, se mettent par le fait même au diapason de l’Esprit de Dieu, ils deviennent une demeure pour l’Esprit d’amour, et partant, des enfants de Dieu : « A ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ceux-là ne sont pas nés du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu » (Jn 1, 12). Saint Paul le dit, lui aussi, à sa manière, dans la lettre aux Romains : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5...8). En somme, Dieu qui est Amour a envoyé son Fils unique dans le monde, pour que l’Esprit d’amour soit répandu sur la terre, et pour que les croyants deviennent à leur tour des sources d’amour. Si donc Dieu est amour, nous sommes alors faits pour aimer. En d’autres termes, tout amour vient de Dieu : aucun amour humain ne vient de l’homme seulement ; tout amour humain est dans l’homme une parcelle, une manifestation de l’amour de Dieu. Voilà une bonne nouvelle qui peut modifier notre regard sur l’amour humain !Tous les jours, nous mesurons notre difficulté à aimer vraiment ; mais après tout, ce n’est pas étonnant ! Si l’amour est la caractéristique de Dieu, rien d’étonnant à ce qu’il ne nous

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soit pas naturel ! Si, réellement, Dieu est Amour et l’Amour est Dieu, cela revient à dire que l’amour dépasse les limites humaines, qu’il est surhumain ; ce que nous savons bien !Alors, St Jean nous exhorte à rechercher l’amour non pas auprès des hommes, mais d’abord en Dieu, pour ensuite le donner aux autres. C’est pourquoi, il insiste tant sur le verbe « demeurer » : « Dieu est Amour, celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu en lui ». Nous ne pouvons aimer que dans la mesure où nous sommes habités par Dieu. Ce qui est possible si nous restons fermement greffés sur Jésus-Christ. La prière de Jésus insiste justement sur cette nécessité de demeurer en Dieu et nous révèle comment obtenir cette intimité. Il y a trois éléments qui nous sont donnés : la fidélité, l’unité et la vérité.Jésus prie pour que la grâce de la fidélité soit donnée à ces disciples. « Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage... Quand j’étais avec eux, je les gardais dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné ». Cette fidélité, pour Jésus, consistait à être parmi les hommes le reflet fidèle du Père ; désormais, en l’absence de Jésus, nous qui croyons en son Nom, nous sommes appelés à être les fidèles reflets du Père, et à reconnaître le Christ dans le visage de nos frères. En outre, la fidélité que nous devons vivre n’est pas absence de trahison, mais la vertu des cœurs totalement transparents qui permet de témoigner de l’amour le plus grand et le plus désintéressé qui soit, l’amour du Père.Ensuite, Jésus prie pour l’unité de ses disciples : « garde-les... pour qu’ils soient UN comme nous-mêmes » ; et nous avons tous en tête, bien sûr, la phrase qui suit tout juste le texte d’aujourd’hui : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21). Ce qui veut dire que l’unité n’est pas un but en soi ! Nous n’avons pas à la rechercher pour elle-même ; l’objectif, ce n’est pas l’unité d’abord, c’est que le monde croie. Nos divisions, nos querelles mangent nos énergies et sont un contre témoignage scandaleux. Comment être témoins dans le monde de la Trinité d’amour si tous ceux qui invoquent la Trinité ne s’aiment pas entre eux ? En revanche, si l’objectif commun de tous les croyants était que le monde croie, cet objectif commun serait le meilleur chemin de notre unité. Rien de tel pour se découvrir frères que d’avoir un projet commun au service des autres.Enfin, Jésus prie pour que ses disciples se sanctifie dans la vérité : « Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité ». Au début de l’histoire biblique, le mot « consacrer » signifiait « mettre à part », retirer du monde ; désormais, avec l’incarnation du Christ, le mot « consacrer » a changé de sens. Il signifie « participer à la sainteté de Dieu », et cela est accordé aux croyants, non pas pour qu’ils désertent le monde, mais pour qu’ils l’habitent à la manière de Dieu. Nous sommes inviter à coopérer dans la vérité, les uns avec les autres, à la transformation du monde de l’intérieur. Il ne s’agit donc pas de mépriser le monde, notre vie quotidienne, les gens que nous rencontrons, les soucis matériels et les réalités humaines, mais de rester en permanence libres et nous maintenir à distance des conduites qui se sont pas conformes au mode de vie du Royaume que nous voulons instaurer à la suite du Christ. Bien chers frères et sœurs, demandons au Seigneur d’envoyer sur nous son Esprit de fidélité qui suscitera en nous des gestes d’un amour authentique pour les hommes, son Esprit d’unité qui unira nos cœurs et harmoniser nos actes pour un monde d’amour et de paix, et son Esprit de Vérité qui nous fera progresser dans la sainteté de vie à travers nos engagements quotidiens. Que le Christ ressuscité nous accorde la grâce de continuer à le rendre vivant et présent à tout le monde, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie de la Pentecôte 2006 (b)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Jean 15, 26-27 ; 16, 12-15A l’Heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : 15 26 « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, vous qui êtes avec moi depuis le commencement. 16 12 J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter. 13 Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu’il aura entendu, et ce qui va venir, il vous le fera connaître. il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,La célébration de la Pentecôte, à la fois, nous rappelle la manifestation de l’Esprit Saint sur les disciples comme le Christ le leur avait promis avant de monter au ciel et nous donne d’accueillir nous aussi ce même Esprit avec l’abondance de ses dons. Ainsi, ce même Esprit Saint qui a brisé les liens des disciples par une flamme ardente pou qu’ils annoncent avec force, courage et intrépidité le message d’amour et de paix apporté par Jésus de Nazareth, continue de descendre sur l’Eglise et d’être source jaillissante de vie pour tous les croyants.Déjà, lors de son entretien avec Nicodème, Jésus lui disait qu’il fallait renaître de l’eau et de l’Esprit pour entrer dans le Royaume de Dieu. Et St Paul nous exhorte en ces termes : « Puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit » (Ga 5, 25). Par notre Baptême d’eau, nous avons fait la naissance dans l’Esprit. Mais il nous faut vivre, c’est ce même Esprit Saint qui nous fait vivre.Nous laisser conduire par l’Esprit comme nous le recommande St Paul, c’est chercher à coopérer avec sa grâce à une transformation profonde e notre être afin de « devenir participants de la vie divine » (2 P 1, 4). L’Esprit nous donne d’abord de croire en Jésus, Seigneur et Sauveur ; puis il nous conduit vers un attachement toujours plus radical à sa Personne, afin de vivre de sa vie. Nous laisser conduire par l’Esprit signifie donc nous soumettre en toutes choses à ses directives afin de ne plus « obéir aux tendances égoïstes de la chair » (Ga 5), et de vivre selon la loi de charité. Tel est le chemin que doivent suivre ceux qui « sont au Christ » (Ibid.) et progressent vers la vie filiale.Mais comment reconnaître que l’Esprit nous fait effectivement vivre ? St Paul nous donne des critères pour discerner les traces de l’Esprit qui est à l’œuvre en nous et autour de nous : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité, maîtrise de soi » (Ga 5). Il s’agit alors pour chacun de nous de faire la vérité sur nos comportements, afin d’extirper les agissements du vieil homme, qui sont incompatibles avec une vie en Christ.En outre, le Christ disait à Nicodème : « Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (Jn 3). Alors, nous laisser conduire par l’Esprit, c’est ne pas résister à la force de l’Esprit qui nous emporte au gré des vagues de l’océan de la vie. Nous avons tendance à vouloir maîtriser les évènements, nos programmes, notre avenir. Quand nous nous accrochons trop, tout vent contraire nous angoisse et nous met hors de nous-

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mêmes. Pourtant, celui qui sait s’en remettre à l’Esprit trouve la paix du cœur, et le calme même dans la tempête, la souffrance et la douleur.Enfin, nous laisser conduire par l’Esprit, c’est offrir à Dieu la chance de décider de ce qui est bien pour nous, en prenant le temps de nous asseoir pour lui présenter nos projets et nos activités comme nos angoisses et nos soucis. Et en retour, nous donner le temps de relire ce que nous vivons à la lumière de sa parole, plutôt que d’en rester à nos seules émotions. Celui qui sait donc prendre ce temps de recul en Dieu reçoit de lui le Feu de l’Esprit qui le renouvelle et le consacre dans la vérité.Bien chers frères et sœurs en Christ, demandons au Seigneur de permettre que son Esprit en nous renouvelle nos vies et nous libère des liens de la chair avec ses passions et ses tendances égoïstes pour que nos vies, nos actes et nos paroles témoignent de l’Amour de Dieu qui nous été accordé en Jésus-Christ qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie de la Sainte Trinité (b)

EVANGILE - Matthieu 28, 16 – 20

Au temps de Pâques, 16 Les onze disciples s'en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. 17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. 18 Jésus s'approcha d'eux et leur adressa ces paroles : "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. 19 Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit ; 20 et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde."

Bien chers frères et sœurs,La célébration de la solennité de la Ste Trinité nous permet de méditer sur un mystère fondamental de notre foi. Le mystère de la Ste Trinité dont nous avons eu la pleine révélation en Jésus Christ, est à la fois difficile et facile à comprendre : difficile en tant que mystère de Dieu, et facile parce que nous le vivons au quotidien en attendant le face à face avec Dieu qui nous rendra tel qu’il est. Alors essayons davantage de le comprendre pour mieux le vivre à travers sa révélation dans l’histoire du Salut de l’humanité, et sa manifestation en nous et dans nos relations humaines.En tant que mystère de Dieu, le mystère de la Sainte Trinité ne nous est connu que dans la mesure où il nous est révélé par Dieu lui-même. A travers l’Ancien Testament, Dieu se révèle au peuple Juif comme l’Unique, « là-haut dans le ciel et ici-bas sur la terre, et il n’y en a pas d’autres ». Il est le Dieu créateur qui « a fait les cieux par sa Parole, l’univers, par le souffle de sa bouche », le Dieu de Providence qui « veille sur ceux qui le craignent… », le Dieu de miséricorde « lent à la colère », qui ne condamne pas le pécheur, mais le relève, le comble de son amour et lui redonne vie. A travers toute l’histoire du salut, « Il a plu à Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l’Esprit Saint auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine » (Constitution dogmatique Dei Verbum, 2). Ainsi reconnaissons-nous en Dieu, un Être (Essence ou Nature) Unique en Trois Personnes : Dieu le Père, c’est lui qui donne la vie et qui se livre au Fils de telle sorte que tout ce qu’il possède, il le lui remet pour qu’il les entraîne jusqu’à la participation plénière à l’héritage de Dieu avec lui et pour être avec lui dans la gloire. Dieu le Fils nous parle de son Père et de l’amour qui les unit. Il est l’envoyé du Père pour qu’à notre tour, sauvés par Lui, nous puissions dire avec confiance comme lui seul a pu le dire : « Notre Père qui es aux cieux ». Dieu l’Esprit Saint est écoute et perception du Fils. Il est celui qui dit Dieu comme le Christ nous l’a dit. C’est lui qui, en Jésus, le Fils unique, fait de nous des Fils et nous fait nous tourner vers le Père pour l’appeler « Abba », Père !En définitive, chacune des Trois Personnes : Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint Esprit, se réfèrent l’une à l’autre, vivent ensemble une parfaite unité, et partage le même amour. Elles sont animées d’une même volonté qui est de partager aux hommes la gloire divine. Baptisés au Nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, nous avons été plongés dans la vie divine et nous devenus héritiers de Dieu, et donc habités par la Sainte Trinité. Cette vérité de l’inhabitation de la Trinité dans notre âme doit nous soutenir et nous stimuler au quotidien dans notre marche vers la pleine participation à la gloire divine.Par notre baptême, nous sommes devenus héritiers avec le Christ et Dieu est notre

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Père avec qui nous devons avoir des rapports de père à fils. Mais voilà, l’homme a bien du mal à se comporter en fils. Ne croyant pas que Dieu est Père, l’homme se comporte non pas en fils mais en esclave : il a peur de son maître et il lui prête toute sorte de mauvaises intentions : il imagine un maître jaloux, exigeant, vindicatif et injuste. Il est clair que dans tout le début de la lettre aux Romains, Paul a toujours devant les yeux le portrait d’Adam : Adam, c’est une manière d’être homme qui consiste justement à soupçonner Dieu ; Adam se méfie du commandement donné par Dieu, parce qu’il s’imagine que ce commandement est mal intentionné !... Et donc, Adam désobéit à la loi de Dieu, puis il se cache quand Dieu l’appelle, pensant que Dieu va sûrement se venger de cette désobéissance...Le Fils Unique, à travers, son incarnation, sa passion, sa mort et sa résurrection, accomplit la volonté du Père et nous montre le chemin de vraie vie qui passe par l’obéissance au Père. Et nous devons apprendre du Christ comment passer de l’attitude de l’esclave (celle d’Adam) à l’attitude de fils, celle de Jésus-Christ. Vivre comme le Christ, c’est donc faire confiance en Dieu au sein même de l’épreuve, garder le cap de notre vocation ou de nos engagements, et obéir à la volonté de Dieu qui ne veut que notre bien. Accepter de faire confiance en Dieu, c’est reprendre le même chemin que le Christ, et c’est finalement, nous conduire comme Jésus en fils de Dieu et vivre de sa vie.L’Esprit Saint qui nous a été donné à notre Baptême nous fait vivre, et en nous , il produit l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, l’humilité et la maîtrise de choix (cf. Ga.5). Même vécue imparfaitement dans le quotidien de nos doutes, de nos faiblesses, de notre offrande, de notre foi, chacune de nos vies est habitée par la Vérité divine. A nous de savoir être à son écoute et surtout, ne pas nous mettre au travers de son chemin, lui qui cherche à nous entraîner, à la suite du Christ, vers le Père. Dans nous relations humaines, lorsque nous ouvrons nos bras pour accueillir tous ceux qui viennent à nous, en manifestant à leur égard des sentiments de solidarité, de miséricorde et de justice sans chercher à exclure, rejeter, condamner, humilier ou détruire nos semblables, au-delà du simple instinct d’humanité, c’est l’expression de la réalité profonde qui existe entre les enfants d’un même Père que nous vivons : ce qui nous permet alors de nous tourner vers eux comme vers des frères et sœurs.Quand nous nous rassemblons pour prier d’un seul cœur, le Fils de Dieu est au milieu de nous. Nous le faisons davantage vivre en nous et à travers nous, lorsque nous nous aimons les uns les autres, et à chaque fois que nous acceptons nous engager dans la recherche de l’épanouissement et du bien être des autres dans la vérité, l’honnêteté, la dignité et le respect.Enfin, l’Esprit Saint distribue à chacun de nous ses dons spirituels pour le bien et le service de tous : à l’un la sagesse, à tel autre la science, à un autre la foi, à tel autre le don de guérison…pour qu’il n’y ait point de division dans le corps du Christ que nous formons tous, mais qu’au contraire les membres se témoignent une mutuelle sollicitude (cf. 1Co 12).Pour terminer, nous avons à reconnaître que le lieu par excellence de la manifestation de la Sainte Trinité, c’est l’Eucharistie. Par l’Esprit Saint, nous louons Dieu, et nous nous offrons à Lui en même temps que le Sacrifice Saint du Christ, en offrande agréable au Père qui, en retour, accueille entre ses mains, nos dons, et envoie son Esprit qui les transforme en nourriture spirituelle : corps et sang de son Fils pour la vie éternelle.Puissions-nous, par la grâce de cette célébration, découvrir au quotidien l’amour de Dieu le Père qui se manifeste à nous, et pouvoir ainsi le vivre et le répandre autour de nous à la suite de son Fils Jésus Christ, et sous la conduite du Saint Esprit maintenant et pour les

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siècles des siècles. Amen !

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Homélie de la Solennité du Saint Sacrement (B)

EVANGILE - Marc 14, 12-16. 22- 26

12 Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l'on immolait l'agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : "Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour ton repas pascal ?" 13 Il envoie deux disciples : "Allez à la ville ; vous y rencontrerez un homme portant une cruche d'eau. Suivez-le. 14 Et là où il entrera, dites au propriétaire : Le maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? 15 Il vous montrera à l'étage, une grande pièce toute prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs." 16 Les disciples partirent, allèrent en ville ; tout se passa comme Jésus le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque. 22 Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna, en disant : "Prenez, ceci est mon corps." 23 Puis, prenant une coupe, et rendant grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. 24 Et il leur dit : "Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, répandu pour la multitude. 25 Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu'à ce jour où je boirai un vin nouveau dans le royaume de Dieu." 26 Après le chant d'action de grâce, ils partirent pour le mont des Oliviers.

Bien chers frères et sœurs en Christ,La célébration de la Solennité du St Sacrement, Fête du Corps et du Sang du Christ, ou encore Fête-Dieu, nous donne de comprendre le plan d’Amour de Dieu pour les hommes. Dieu a voulu se faire proche des hommes, au point de leur communiquer sa vie divine. Il se fait proche de nous, en habitant au milieu de nous et en nous donnant sa vie en signe d’un grand Amour.Le peuple d’Israël a fait petit à petit l’expérience d’un Dieu qui est proche des hommes. Mais au départ, tout reposait sur l'idée d'un Dieu lointain, tout-puissant, qui tenait entre ses mains le sort de l'humanité. Tout-Autre que l'homme, il demeurait dans des horizons inaccessibles : aucun homme ne pouvait l'atteindre, ni même l'apercevoir : pour l'atteindre, il aurait presque fallu n'être plus un homme ; or il fallait bien l'atteindre pour qu'il entende les prières des hommes et qu'il répande sur eux tous les bienfaits dont lui seul avait le secret. De là est née l'institution du sacerdoce : certains hommes étaient mis à part, séparés des autres, pour être réservés (on disait "consacrés") au rôle d'intermédiaires entre Dieu et le reste du peuple. Par la suite, il se dit que le prêtre ne pouvait pas entrer en contact avec Dieu n’importe où et n’importe comment : d’où l’institution du Temple où réside la présence du Seigneur, où se fait également la rencontre entre Dieu et son peuple : la tente de Réunion. Ainsi, le Temple a-t-il été construit comme signe visible de l’amour fidèle de Dieu qui veut être plus proche son peuple.Ensuite, le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi les hommes. Par son Incarnation, le Christ nous révèle que Dieu est tout proche de l’homme. L’Amour rejoint celui qu’il aime. Avec Jésus, Dieu sort de lui-même pour se faire proche de ceux qu’il aime, pour les assister, les soutenir et les guider. Au cours de la dernière Cène, il révèle à ses disciples que l’amour qu’il leur porte est si intense, si profondément humain et divin qu’il ne peut se résoudre à les abandonner. Tout en disparaissant à leurs yeux, il veut demeurer avec eux, encore plus réellement et profondément qu’auparavant. Il se livre tout entier à eux, et à travers eux, à tous les hommes. Il ne pouvait pas aller au-delà : se faire manger par ceux qu’il aime pour demeurer en eux, n’être qu’un avec eux, et les faire demeurer en lui.

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Pour que nous puissions l’accueillir sans crainte et dans la liberté d’amour, il se donne de la manière la plus banale et la plus significative : un morceau de pain, fruit de notre travail et symbole de notre vie avec ses joies et ses peines, le pain de chaque jour nous fait vivre. Voici que Dieu se fait « pain quotidien » de ceux qui l’aiment et veulent vivre de lui, afin que leur vie devienne « pain de Dieu » livré à la faim des hommes. En communiant au Corps du Christ, notre chair mortelle s’unit à la chair du Ressuscité. Le vie qui est en lui déborde en nous : « celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, il demeure en moi et moi en lui… » (Jn 6, 56).Après la Résurrection, les disciples font de « la Fraction du Pain » le mémorial de l’amour jusqu’au bout du Christ, l’Eucharistie devient le moyen et le signe efficace par lequel cet amour nous est transmis. Elle actualise pour nous son amour sauveur et par elle nous pouvons nous approprier les fruits de la rédemption, le salut.Toutefois, communier au Corps et au Sang du Christ, implique un engagement nouveau de notre part, un commandement nouveau qui est de nous aimer les uns les autres, comme Jésus nous a aimés. Cela nous engage à donner notre vie pour nos frères comme le Christ l’a fait pour nous, à les aimer comme il nous a aimés en devenant leurs serviteurs. La recommandation du Christ : « Ce que j’ai fait, faites-le vous aussi » (Jn 13, 15), de même que « Faites cela en mémoire de moi », veut bien dire : « Comme je vous ai aimés, aimez vous les uns les autres… », ou bien, « souvenez vous de moi en vous rendant proche les uns les autres, en vous offrant les uns aux autres… ». On ne peut faire alors « mémoire du Christ » dans l’Eucharistie sans faire « mémoire de lui » dans les frères, puisque l’amour qui l’a poussé à se livrer dans l’Eucharistie est le même que celui qui l’a mis à genoux devant ses disciples pour le leur laver les piedsL’Eucharistie nous est donc donnée non pas seulement pour adorer Dieu et son amour, mais aussi et surtout, pour nous unir à lui, le servir et l’aimer en aimant l’homme. Par là, l’Eucharistie se prolonge dans l’amour fraternel, et l’amour nous pousse à la ressemblance pour que, à l’exemple du Christ, ou en souvenir de lui, nous nous fassions proche de tout homme, surtout celui qui est démuni, éprouvé et malheureux. « Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l’un d’entre nous leur dise : ‘Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous’, sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? » (Jc 2, 15-16).La souffrance de l’homme doit pouvoir pénétrer en nous, résonner en nous, nous bouleverser et nous fendre le cœur jusqu’à nous faire sortir de nous-mêmes pour nous rendre proches du malheureux qui, souvent, vit à la porte ou dans notre entourage immédiat. Comme Dieu l’a fait pour nous, il nous faut avoir l’audace de rejoindre l’homme dans ses chaînes, de prendre le parti des humiliés, des exclus, des abandonnés, des sans voix, des pauvres et des petits, des laissés-pour-compte, de tous les cœurs blessés et désemparés, rebuts et déchets de notre société.Quels sont les maux dont souffrent ceux qui nous entourent ? Quelles sont les peurs et les détresses de l’homme moderne ? Quels sont ses cris ? Quels sont les esclavages dont il a un urgent besoin d’être libéré ? N’ont-ils pas tous la même origine : l’égoïsme et l’orgueil qui dressent des murs de séparation entre les hommes, qui font de l’homme un loup pour l’homme, engendrent toutes les espèces d’exclusions et d’injustices dont les fruits sont tous les handicapés de cœur, de notre société ? Le manque de cœur dont est victime l’homme moderne est à l’origine de nos drames humains et sociaux, tant sur le plan personnel que sur le plan collectif, car au lieu de rassembler les hommes dans la confiance, la justice, la paix et la prospérité, il les enferme dans l’anonymat, le chacun pour soi, la solitude, la pauvreté, la méfiance, la vengeance et la peur.Bien chers frères et sœurs en Christ,

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Par son Corps et son Sang, Jésus se livre entre nos mains, comme source de miséricorde et de vie, chemin de liberté et de salut, et force de renouvellement et de conversion. Puissions-nous, à chaque fois que nous tendons la main pour l’accueillir, être remplis de la force de son amour, pour continuer à le rendre présents aux hommes à travers l’amour et le service les uns pour les autres.

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Homélie du 12ème Dimanche du Temps Ordinaire (b)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 4, 35-41Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule en paraboles. 35 Le soir venu, il dit à ses disciples : "Passons sur l’autre rive." 36 Quittant la foule, ils emmènent Jésus dans la barque, comme il était ; et d’autres barques le suivaient. 37 Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait d’eau. 38 Lui dormait sur le cousin à l’arrière. Ses compagnons le réveillent et lui crient : "Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ?" 39 Réveillé, il interpelle le vent avec vivacité et dit à la mer : "Silence, tais-toi." Le vent tomba, et il se fit un grand calme. 40 Jésus leur dit : "Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ?" 41 Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : "Qui est-il donc, pour que même le vent et la mer lui obéissent ?"

La Parole de Dieu de ce jour nous invite à cultiver la confiance au Seigneur dont le vrai Visage demeure caché au cœur de l’ordinaire de nos jours, si discret qu’il semble dormir, mais qui possède pourtant la puissance de mettre des limites aux forces du mal. Essayons de comprendre le message contenu pour nous aujourd’hui dans cette page de l’Evangile. « Passons sur l’autre rive ». Par cette invitation, Jésus amène ces disciples à faire l’expérience de la traversée de la mer de Galilée. Cette indique celle de la vie. La mer représente notre famille, notre communauté, notre cœur lui-même : des petites mers, mais dans lesquelles, nous le savons, peuvent se déclencher à l’improviste, de grandes tempêtes. Qui n’a pas connu une de ces tempêtes, lorsque tout s’assombrit et la petite barque de notre vie commence à prendre l’eau de toutes parts, et que Dieu semble être absent ou dormir ? Une réponse alarmante du médecin et nous voilà en pleine tempête. Un fils qui prend un mauvais chemin et fait parler de lui, et voilà les parents en pleine tempête. Une crise financière, la perte d’un travail, de l’amour du fiancé, du conjoint, et nous voilà en pleine tempête. Les tempêtes sont multiples autour de nous et en nous pour peu que nous pensions aux drames qui menacent la vie de notre entourage : divorce, chômage, accident de travail, maladie, deuil. Pour les uns ces événements seront source de révolte : lorsque la tempête se soulève et nous secoue les entrailles comme dans une zone de turbulences, il n’est pas rare que notre foi vacille à la manière de la flamme d’une bougie qui manque de s’éteindre au moindre courant d’air. Que faire ? A quoi pouvons-nous nous rattacher, de quel côté pouvons-nous jeter l’ancre ? Jésus ne nous donne pas de recette magique pour éviter toutes les tempêtes de notre vie. Il n’a pas promis de nous épargner toutes les difficultés ; il nous a en revanche promis la force pour les surmonter, si nous la lui demandons.Pour d’autres au contraire, le temps de la tempête est une occasion de réflexion, d’intériorisation, de conversion, d’un profond enracinement dans la foi en Dieu qui seul peut retenir la fureur de la mer. Le temps de la tempête doit donc être pour nous le lieu de la confiance en Dieu : voilà le message de l’Evangile. Ce jour-là, c’est parce qu’ils avaient pris Jésus avec eux dans la barque avant de commencer la traversée, que les disciples ont été sauvés. Et ceci est pour nous également la meilleure garantie contre les tempêtes de la vie. Avoir Jésus avec nous. Le moyen pour garder Jésus dans la petite barque de notre vie et de notre famille, c’est la foi, la prière et la fidélité à la Parole de vie qu’est l’Evangile.

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Cependant, peut-on avoir confiance en Dieu quand nos cris semblent n’avoir pour réponse que son silence ? Comment ne pas avoir peur quand Jésus semble dormir tranquillement à l’arrière sur le coussin ? Il faut le reconnaître, le silence ou le sommeil de Dieu au moment de nos épreuves, nous plonge parfois dans le doute et la peur au point que cela soit perçue comme une non-participation de sa puissance en face de nos faiblesses : dans ces circonstances, il nous est parfois difficile de percevoir que Dieu partage notre humanité et qu’il vit à travers nous.Cependant, même s’il nous est difficile de discerner la présence rassurante de Notre Seigneur Jésus, dans nos barques ballottées sur les flots en furie de nos vies en proie à tant de difficultés, Dieu n’a jamais abandonné l’homme. Au contraire, c’est au cœur même des tempêtes de nos vies, qu’il nous est plus que jamais présent, avec toute sa puissance qui nous tire de la détresse, nous soulage de nos peines et nous porte sur ses épaules quand nous ployons sous le poids de toutes nos souffrances. Nous n’avons pas de raison d’avoir peur, car lui-même a déjà victorieusement traversé toutes nos tempêtes. La mer, symbole de la mort menaçante, ce sont aussi les pharisiens, scribes, sadducéens, hérodiens qui se sont acharnés contre lui, au point de l’endormir non plus sur un cousin, mais sur le bois de la croix. Mais Jésus qui a accepté la mort pour nous tous, s’est réveillé vainqueur de toutes les forces de destruction de l’homme, faisant de nous des créatures nouvelles.Désormais nous vivons de la vie nouvelle du Ressuscité, vie faite de solidarité, de justice, de partage ; désormais nous pouvons vivre comme le Christ non pour être servis, mais pour servir ; si nous vivons greffés sur lui, nous vivons de sa vie, une vie au service des autres ; nous sommes capables, désormais, de pleurer avec ceux qui pleurent et d’affronter les mêmes combats que Jésus pour maîtriser toutes les tempêtes des hommes, le mal et la haine sous toutes ses formes. Tout chrétien peut dire comme Saint Paul « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi... » Il nous suffit comme dit la lettre aux Hébreux de « garder les regards fixés sur celui qui est l’initiateur de la foi et la mène à son accomplissement » (He 12, 2).Puisse cette célébration eucharistie nourrir et fortifier notre foi en Dieu et notre confiance au Christ Ressuscité présent au cœur des tourments de nos vies. Et que le Christ, toujours à nos côtés dans nos barques humaines, nous donne l’audace de sortir de nos peurs, de nos réticences ou de nos indifférences pour être présents, nous aussi, aux côtés de ceux qui se débattent contre vents et marées dans leurs vies. Que le Christ nous aide tous à toujours traverser les rives de nos vies pleines de turbulences sans peur et dans une confiance totale à lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 14ème Dimanche du Temps Ordinaire (b)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 5, 21-4321 Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui. Il était au bord du lac. 22 Arrive un chef de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment : 23 "Ma petite fille est à toute extrémité. Viens lui imposer les mains, pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive." 24 Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait. 25 Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans... 26 - elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans aucune amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré - 27 ... cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par derrière dans la foule et toucha son vêtement. 28 Car elle se disait : "Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée." 29 A l’instant, l’hémorragie s’arrêta,et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. 30 Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : "Qui a touché mes vêtements ?" 31 Ses disciples lui répondaient : "Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : Qui m’a touché ?" 32 Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait ce geste. 33 Alors la femme, craintive et tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. 34 Mais Jésus reprit : "Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal." 35 Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre pour annoncer à celui-ci : "Ta fille vient de mourir. A quoi bon déranger encore le maître ?" 36 Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de la synagogue : "Ne crains pas, crois seulement." 37 Il ne laissa personne l’accompagner, sinon Pierre, Jacques, et Jean son frère. 38 Ils arrivent à la maison du chef de la synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. 39 Il entre et leur dit : "Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort." 40 Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui l’accompagnent. Puis il pénètre là où reposait la jeune fille. 41 Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : "Talitha koum" ; ce qui signifie : "Jeune fille, je te le dis, lève-toi." 42 Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher - elle avait douze ans -. Ils en furent complètement bouleversés. 43 Mais Jésus leur recommanda avec insistance que personne ne le sache ; puis il leur dit de la faire manger.

Bien chers frères et sœurs en Christ,L’Evangile de ce dimanche nous présente l’attitude des gens de Nazareth face à l’identité de Jésus. Revenu à Nazareth où il a grandi, Jésus rendre dans une synagogue pour enseigner à ses concitoyens la Bonne Nouvelle du Salut. Son auditoire était profondément choqué à cause de lui, nous dit l’évangéliste Marc. Ils reconnaissaient bien la sagesse dont il faisait preuve et les miracles qui se réalisaient par ses mains, mais ils refusaient d’envisager que le Très-Haut, puisse s’abaisser et agir à travers « le charpentier » de leur village, qui a grandi au milieu d’eux, au sein d’une famille qu’ils côtoient tous les jours.Les concitoyens de Jésus le connaissaient trop bien. Dans le village de Nazareth, les uns et les autres savaient qui étaient son père et sa mère ; ils ont certainement vu Jésus dans les bras de Marie, comme tous les autres bébés ; ils ont été ses condisciples lorsqu’il apprit, comme eux et avec eux, les textes sacrés ; il a dû jouer, rire et bavarder avec eux ; ils reconnaissaient dans ses mains le charpentier auprès de qui ils ont dû discuter le prix d’une porte où d’une poudre.

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Jésus était donc trop connu, mais à la fois méconnu. Ses concitoyens en effet, ne restent qu’à son état civil : son métier, sa famille, sa parenté. « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? ». Ils s’arrêtent à l’immédiat et n’arrivent pas à accepter son identité divine. Leur manque de foi les empêche d’ accueillir Jésus comme l’Envoyé de Dieu. Et par ce fait même, Jésus se retrouve face à un mur qui l’empêche de communiquer à ses concitoyens les grâces divines.Encore aujourd’hui, ce refus ou ce manque de foi des gens de Nazareth persiste toujours. Le message du Christ rencontre de nos jours le rejet ou l’indifférence des hommes. Et certains messagers, certains témoins de la Bonne Nouvelle du Christ, sont parfois tournés en ridicule ou en dérision par leurs proches. D’autres hommes n’arrivent pas à croire parce qu’ils connaissent trop. Nous sommes aujourd’hui dans un monde où les hommes sont très intelligents (ce qui est bien), mais avec un esprit scientifique, qui ne veut rien admettre sans avoir des preuves. Les uns rejettent les paroles, et mêmes les vérités qui les dérangent dans leurs acquis, et qui n’obéissent pas à leurs schèmes de penser. Quand ils viennent à l’Eglise, c’est pour entendre le curé bénir ce qu’ils font, ou ce qu’ils vivent. Et si le curé ne le fait pas, ou bien s’il dénonce leurs conduites qui ne correspondent pas avec le commandement de Dieu, ils trouvent que ce dernier doit changer sa façon de voir la vie : on entend souvent dire : « il faut que le pape changent ses idées », ou bien, « il faut que l’Eglise change ». Les autres vont jusqu’à écrire eux-mêmes les paroles qu’ils veulent entendre au point que leurs récits, qui deviennent des best-sellers, soient plus lus aujourd’hui que la Bible.En ce temps de vacances, beaucoup d’hommes et de femmes font à la découverte de splendides paysages, églises et sanctuaires. Ils admirent leur beauté et le génie des architectes, des peintres et des sculpteurs. Mais leur regard ne va plus loin que le plaisir des yeux. Peu sont ceux qui y reconnaissent l’œuvre de Créateur à travers la main des hommes.Nous avons donc à changer notre regard pour aller au cœur des êtres et des choses, au cœur de toute l’humanité, ce qu’ l’on appelle l’intelligence du cœur. Nous avons besoin de retrouver le « regard du cœur » qui nous permet de sentir et reconnaître la présence de Dieu en tout être, même le plus misérable ou le plus laid. Nous avons à discerner comment le Royaume de l’amour émergent lentement, à travers mille petits gestes répétés de défi, de courage, de tendresse, et grâce aux belles œuvres réalisées par les hommes.En somme, il nous faut regarder le monde et les hommes avec les yeux de la foi. Nous prions le Seigneur pour que, par son Esprit qui est en nous, notre intelligence, notre capacité de créer de belles œuvres, comme les techniques, les médias, et bien d’autres réalités historiques, contemporaines, sociales et économiques, nous aident à retrouver la foi, ou à grandir dans la foi en Dieu qui nous appelle toujours à vivre dans son amour, dans sa paix, et sa joie maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

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Homélie du 13ème Dimanche du Temps Ordinaire (b)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 6, 1-61 Jésus est parti pour son pays, et ses disciples le suivent. 2 Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Les nombreux auditeurs, frappés d'étonnement, disaient : "D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? 3 N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses soeurs ne sont-elles pas ici chez nous ?" Et ils étaient profondément choqués à cause de lui. 4 Jésus leur disait : "Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison." 5 Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. 6 Il s'étonna de leur manque de foi. Alors il parcourait les villages d'alentour en enseignant.

Bien chers frères et sœurs en Christ,Les textes bibliques de ce jour nous révèlent le cœur de la mission de Jésus : relever l’homme pour qu’il se tienne debout, lui redonner vie et étouffer en lui tous les germes de mort.La sagesse biblique est plus qu’explicite là-dessus. Pour elle en effet, « Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable… », et lui a donné d’avoir part à la vie divine. Mais dans son parcours terrestre, l’homme est confronté à la mort, et à son poison qui fait mourir : la souffrance, la maladie, la détresse, et tout ce qui dégrade la vie de l’homme : la haine et la discrimination qui conduisent au rejet des autres, et toutes les formes d’homicide telles que la guerre, le terrorisme, l’avortement… Tout cela constitue des « hémorragies » qui pompent ou aspirent le sang de l’homme jusqu’à l’affaiblir et le laisser inerte et sans vie…Mais le Cœur aimant de Dieu ne peut laisser l’homme sans vie ni l’abandonner au vouloir de la mort et toutes ses forces destructrices. C’est pourquoi le Fils de Dieu a pris la vie de l’homme pour lui donner lui donner la force de se relever et se tenir debout : « Talitha koum… Jeune fille, je te le dis, lève toi » lance-t-il. « Aussitôt, la jeune fille se leva et se mit à marcher ». Dieu nous donne la force d’être debout et de marcher malgré le poison du mal que sont toutes le difficultés que nous rencontrons et traversons au quotidien.Toutefois, pour que nous arrivions à mettre debout et à marcher, il nous faut la force de la foi, à l’exemple de Jaïre, un chef de synagogue et de cette femme qui avait le perte de sang. Ce qui est remarquable dans l’attitude de ces deux personnages, c’est leur audace pour s’approcher de Jésus malgré leurs situations. Jaïre, bien que chef de synagogue, n’a pas hésité à se compromettre devant celui que certains de ces confrères refusaient d’accueillir comme envoyé de Dieu. Il va jusqu’à s’exposer en public pour supplier Jésus de sauver sa fille. Quant à la femme, elle a bravé la foule qui enserrait Jésus pour toucher rien que la frange de son vêtement…Jésus a approuvé la démarche audacieuse de chacun d’eux et les encouragé : « Ma fille, ta foi t’a sauvée » dit-il à la femme qui, morte de peur, se dénonce, et au chef de synagogue, « Ne crains pas, crois seulement ».Je ne doute pas de la foi que nous portons au Christ, notre Sauveur, mais je ne puis m’empêcher de me demander si nous avons assez audace ou de conviction dans

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notre foi dans notre relation avec Dieu. Ne sommes-nous pas coincés ou endormis par la tiédeur de notre foi ? Quand je parle de tiédeur, je veux dire que, parfois, nous donnons l’impression d’avoir la foi, alors que nous laissons davantage porter par des habitudes routinières ; on n’est pas contre Dieu, mais on n’a pas grand-chose à lui dire ou à poser comme geste qui témoigne de notre foi ; on se contente de venir à l’église le dimanche ou à certaines occasions et c’est tout. Pour d’autres, l’absence de Dieu n’est pas un manque ; on fait cœur à part ou on vit à côté de lui sans le déranger et sans se laisser déranger par lui. D’autres encore sont plongés dans un sommeil spirituel : le temps de la prière se réduisent au minimum ; on ne prit Dieu que quand il y a des problèmes ; on n’a pas le temps le temps de le prier parce qu’on est trop chargé dans son calendrier, ou bien, parce qu’on est fatigué… La Parole de Dieu, à peine écoutée, est oubliée… On peut bien continuer à faire se qui est indispensable, mais le cœur n’y est pas. Et je n’ose pas parler de ceux-là qui ont honte de venir à l’église ou de se montrer pratiquants : j’ai entendu l’histoire d’un diacre dont les enfants ont affirmé qu’ils ont honte de leur peur, parce que tout le monde se moquait d’eux dans la rue…Bref ! Je voudrais simplement, à travers ce tableau, attirer notre attention sur la tiédeur dans la foi qui peur nous ensabler dans l’indifférence à l’égard de Dieu, et de la pratique dans notre vie de foi. Cette tiédeur est comme une hémorragie qui nous fait perdre petit à petit la foi pour finir par nous endormir dans la mort spirituelle que représentent le manque de pratique religieuse et l’incroyance.Bien chers frères et sœurs, il nous faut nous relever ; du moins, il nous faut avoir l’audace de rechercher à toucher la frange du vêtement de Jésus. Nous pouvons bien sûr penser : « si je pouvais seulement toucher Jésus, ce serait merveilleux » ou bien, « si je vivais à l’époque de Jésus ! Je pourrais aller le voir et même le toucher avec foi comme cette femme l’a fait ».Et bien, sachons que nous n’avons pas besoin de retourner à l’époque de Jésus. Nous avons mieux que ça. Nous pouvons faire mieux que toucher le vêtement de Jésus, car il nous est donné de pouvoir réellement le recevoir. A chaque fois que nous tendons la main pour communier, c’est Jésus que nous recevons. A chaque fois que nous écoutons ou lisons la Parole de Dieu, c’est Jésus lui-même qui nous dit : « Ne crains pas, crois seulement » ou bien « Va en paix, et sois guérie de ton mal ». A chaque fois que nous prions, c’est à Jésus pardon que nous nous unissons. A chaque fois que nous allons nous confesser, c’est encore son nous accueillons : « va et désormais, ne pêche plus ». C’est à travers la prière, la Parole de Dieu, l’Eucharistie, et les autres sacrements que Dieu nous donne de sentir sa présence et son amour, d’une façon incontestable et personnelle, au cœur de la réalité de nos vies. Avons-nous cette foi qui nous permet de croire en cela ?Demandons au Christ de nous fortifier dans la foi pour que nous ayons l’audace de nous approcher de lui avec conviction et ferveur, et témoigner de lui qui ne cesse de nous enrichir de sa vie et qui règne maintenant et pour les siècles des siècles.

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Homélie du Dimanche de la Transfiguration (b)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 9, 2-102 Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l'écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. 3 Ses vêtements devinrent resplendissants, d'une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. 4 Elie leur apparut avec Moïse, et ils s'entretenaient avec Jésus. 5 Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : "Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ; dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie." 6 De fait, il ne savait que dire, tant était grande leur frayeur. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le." 8 Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. 9 En descendant de la montagne, Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu'ils avaient vu, avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. 10 Et ils restèrent fermement attachés à cette consigne, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : "ressusciter d'entre les morts".

Bien chers frères et sœurs en Christ,

En cette période de vacances où les uns et les autres s’arrangent pour prendre un temps de repos ou de loisir, en montagne, au borde de la mer ou ailleurs, Jésus nous invite à faire la montée avec lui pour contempler sa gloire dont il veut nous faire bénéficier. L’Evangile de ce dimanche de la Transfiguration nous rapporte qu’un jour, Jésus a amené trois de ses disciples, Pierre, Jacques et Jean, à l’écart sur une haute montagne. Et là, il leur a donné de voir la gloire de Dieu présente parmi les hommes. C’est ainsi que plus tard, l’Apôtre Pierre a pu affirmé avec conviction et foi : « Nous l’avons contemplé lui-même dans sa grandeur ».

Cependant, l’expérience de ce spectacle ne leur donne pas seulement de reconnaître la puissance et l’éclat de Dieu. Elle leur dévoile également le projet de Dieu qui veut faire communauté avec les hommes. C’est ainsi que Moïse et Elie apparaissent eux aussi et s’entretiennent avec Jésus, celui dont ils avaient jadis annoncé la venue. Dieu ne se contente donc pas seulement d’être au milieu des hommes et de vivre avec eux, il leur donne aussi d’être à sa ressemblance et de resplendir eux aussi de son éclat.

Et pendant que Pierre et ses compagnons de fortune savouraient la joie de cette majesté de Dieu, la voix du Père se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le Et Jésus lui-même précisera ce que signifier ce message divin : « écoutez-le », en recommandant à ses disciples de garder le secret qui verra sa pleine manifestation lorsqu’il ressuscitera d’entre les morts. Mais que signifie pour nous cette exhortation : « Ecoutez-le »

Tout d’abord, écouter Jésus, c’est chercher à concentrer sur lui seul notre attention et notre regard, ne point nous laisser distraire par les matérialités du monde, ne point nous

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laisser accaparer uniquement par ceux que nous rencontrons et font appel à nous. Mais aussi sans s'en détacher. Cela ne veut pas dire qu’il faille fermer les yeux au monde qui nous entoure et qui a besoin de nous.

Nous n’avons pas à renoncer à un contact reconnaissant avec les choses créées, à un contact aimant et dévoué avec les hommes. Mais, dans le même temps, nous pouvons atteindre un degré de foi et de charité par lequel Jésus deviendra transparent au travers des hommes et des choses. C’est Jésus seul qui, en eux, par la beauté et la lumière de sa présence que nous avons perçue, nous fera connaître toute beauté naturelle, toute beauté humaine qui réside cachée en tout être, même le plus dégradé.

Parfois nous éprouvons d’une manière intense que la lumière intérieure, cette lumière de la grâce donnée à tout homme venant en ce monde pour guider sa pensée et son action, s’identifie à la personne même du Christ. C’est lors que nous devenons conscients de la présence de Jésus en tel homme ou en telle femme que Dieu a mis sur notre chemin, surtout quand il nous est donné de nous pencher avec amour sur leurs souffrances. Cet homme, cette femme, se transfigure en Jésus-Christ, par les yeux de la foi.

En outre, écouter Jésus, c’est avoir l’audace de descendre au milieu des hommes, et prendre le chemin du véritable amour, celui qui conduit au don total de soi pour les autres jusqu’au sommet de la croix. Le sommet du calvaire semble se situer à l’opposé de celui de la Transfiguration, mais en réalité, c’est le premier qui conduit au second. Il faut passer par le col de la Croix pour atteindre celui de la Transfiguration.

La Croix est en effet, la preuve suprême de l’amour de Dieu qui accepte se perdre pour faire vivre l’homme, puisque, après la mort du Christ apparaît la Lumière de la Résurrection qui conduit l’homme à la vie sans fin. Par la Croix a lieu le rayonnement de l’amour qui révèle la gloire suprême de Dieu. Alors, écouter Jésus, c’est vivre à sa suite cet amour qui nous fait perdre nos vies pour les autres. En d’autres, écouter Jésus, c’est dépenser, prendre du temps pour les autres, faire don de ce que nous sommes, et de ce que nous avons pour le meilleur des autres.

La gloire de Dieu est au milieu de nous quand nous vivons ce don de soi à l’exemple de Jésus. La gloire de Dieu est même en nous et nous laissons apparaître son reflet à chaque fois que nous manifestation de la sympathie et de l’amour pour les autres. Dans la simplicité comme il l’est dans la Sainte Communion que nous recevons à l’Eucharistie, Jésus laisse apparaître la joie de sa Transfiguration dans le cœur de tous ceux sur lesquels nous ouvrons les yeux et tendons nos mains en signe de sympathie, de solidarité, de soutien et de réconfort.

En somme, nous devons chercher à reconnaître la lumière du Christ qui donnera sens à notre vie et nous permettra de vivre dans la clarté de son amour. Nous prions pour que le Christ que nous continuons de contempler et de recevoir à chaque Eucharistie nous transfigure pour que nous soyons à mesure de rayonner de son éclat à travers nos multiples gestes et témoignages d’amour auprès de nos frères et sœurs. Et que tout ce que nous accomplissons comme bien et comme preuve de notre amour pour Dieu et pour les hommes contribue à transfigurer l’humanité à l’image de la Gloire de Dieu qui vit et

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règne dans les siècles et des siècles. Amen !

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Homélie du 19ème Dimanche du Temps Ordinaire (B) EVANGILE - Jean 6, 41 - 51 41 Comme Jésus avait dit : "Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel", les Juifs écriminaient contre lui : 42 "Cet homme-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous onnaissons bien son père et sa mère. Alors, comment peut-il dire : Je suis descendu du ciel ?"43 Jésus reprit la parole : "Ne récriminez pas entre vous. 44 Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. 45 Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Tout homme qui coute les enseignements du Père vient à moi. 46 Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. 47 Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi a la vie éternelle. 48 Moi, je suis le pain de la vie. 49 Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; 50 mais ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas. 51 Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie." Bien chers frères et sœurs en Christ, La Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à reprendre des forces pour aller toujours de l’avant dans notre relation avec Dieu et avec les autres. A l’exemple du Prophète Elie, à certaines périodes de nos vies, nous faisons l’expérience de la détresse, soit à cause de nos limites humaines quand, le mal, la souffrance, la maladie, la vieillesse et la mort nous affligent, soit à cause de l’hostilité d’une part, des hommes : la violence, l’injustice, la haine, la guerre, ou d’autre part, de la nature : la chaleur, la sècheresse, la famine, les tremblements de terre et autres catastrophes naturelles. Au cœur de ces épreuves, il peut nous arriver de nous laisser gagner par le découragement, et vouloir baisser les bras, et pire souhaiter la mort. « Maintenant, Seigneur, s’en est trop ! Reprends ma vie… », murmurait Elie contre Dieu avant de s’étendre à l’ombre d’un buisson et d’endormir comme s’il voulait se laisser mourir. Un tel effondrement peut vouloir dire que nous avons oublié Dieu dans sa toute puissance de création, de bienfaisance et de rédemption. Et dans ces circonstances, il arrive que l’on considère que Dieu est hors de nos vies : c’est ce qui conduit certains à la dépression ou au suicide. Et pour d’autres qui n’arrivent pas à reconnaître Dieu, ou l’admettre quand il paraît silencieux, absent, ou quand il laisse tout faire, même le mal, il faut mieux, selon leur entendement, se débrouiller tout seul avec ses capacités humaines. Cependant, Bien que cela paraisse contradictoire, le désespoir qui nous envahit à certains moments, témoigne aussi de notre désir de bonheur, de vie réussie et heureuse… Il y

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a toujours un besoin de vie qui en enraciné au fond de l’homme malgré les expériences douloureuses de la finitude humaine. Ce besoin inné de l’homme est une parcelle du divin qui est en Dieu. En d’autres termes, disons qu’il y a en l’homme, une force qui émane de Dieu et qui lui permet, qu’il soit conscient ou pas, de rechercher ou de faire le bien, de refuser ou de combattre mal. C’est là que Jésus vient nous rejoindre comme manifestation de la toute puissance de Dieu, comme force de vie et de rédemption. Déjà, le Prophète Elie, au sein même de sa détresse et de sa fuite, fait l’expérience de l’ange du Seigneur qui lui apporte la nourriture nécessaire pour survivre dans sa longue marche en lui disant : « Lève-toi et mange, car autrement le chemin serait trop long pour toi ». Il y puisera la force de marcher quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne du Sinaï où il découvrira le vrai visage de Dieu qui est Tout-puissant, mais dont la toute-puissance est celle de l’amour qui se manifeste dans la douceur d’une brise légère. Dieu n’est donc pas loin de l’homme en détresse. Il lui reste attentif pour renouveler ses forces dans cette longue marche vers la plénitude de la vie. Il nous attire vers son Fils Jésus, « le Pain de la vie qui descend du Ciel ». Le pain est l’image de ce qu’il est et de ce qu’il apporte. Comme la manne, il est le Don de Dieu à son peuple afin de le nourrir de sa Parole et lui donner la vie éternelle. Jésus se donne pour qu’en écoutant sa Parole, en croyant en lui et en mangeant sa chair, nous ayons la vie éternelle, la même vie de Dieu. « Croire en lui, manger sa chair », sont des expressions pour dire : accueillir dans la foi la personne du Christ, Parole de Dieu faite chair, maintenant offerte à l’homme pour sa vie. Pour nous catholiques, l’Eucharistie (ou la messe) est le lieu par excellence où le Christ continue de s’offrir comme « Pain de vie » par sa Parole que nous écoutons, et par son Corps et son Sang auxquels nous communions. Le Pain de vie que nous recevons communique l’immortalité à notre chair mortelle, par l’Esprit qui a ressuscité Jésus, puisque, en communiant, notre chair mortelle s’unit à la chair du Ressuscité. La vie qui est en lui déborde en nous : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang à la vie éternelle, il demeure en moi et moi en lui. Et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 56). Dans l’Eucharistie, nous accueillons également Jésus comme « pain quotidien » pour devenir à notre tour, « pain de Dieu » livré à la faim des hommes. En écoutant la Parole de Jésus, et le recevant dans la Communion à son Corps et à son Sang, nous nous unissons à lui pour le servir et l’aimer en aimant les hommes et les femmes qu’il nous donne de rencontrer. Quelqu’un peut bien murmurer en faisant cette objection : « Si je prie chaque jour, si je pratique la charité et l’amour envers les autres, est-ce que cela ne vaut pas mieux ? ». Cela est bien, mais n’oublions pas que la plénitude de cet amour du prochain n’a sa source et ne se réalise que dans le partage du Pain vivant que Dieu nous donne en son amour. C’est en nous unissant à Jésus dans l’Eucharistie que nous parvenons à l’imiter, en vivant dans la générosité et la tendresse, la miséricorde et le pardon, l’amour et le don de soi. Alors demandons à Dieu la grâce de la docilité du cœur pour nous laisser attirer par lui vers son Fils Jésus, celle de la foi pour croire à la puissance de sa Parole de vie, et

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celle de la joie de toujours nous approcher de son autel pour le recevoir le « Pain de vie » avec un cœur préparer et fervent. Et que le Christ, « Pain de vie » nous fortifie dans notre amour pour Dieu et pour nos frères et sœurs, lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Fête de l’Assomption de la Vierge Marie

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Luc 1, 39-5639 En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. 40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. 41 Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, 42 et s'écria d'une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. 43 Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ? 44 Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi. 45 Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » 46 Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, 47 mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. 48 Il s'est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. 49 Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! 50 Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. 51 Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. 52 Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. 53 Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides. 54 Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, 55 de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race à jamais. » 56 Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s'en retourna chez elle.

Bien chers frères et sœurs en Christ,La célébration de la Fête de l’Assomption nous donne l’occasion de contempler Marie, la Mère du Fils de Dieu que le Livre de l’Apocalypse nous présente de façon grandiose comme la « Femme » qui apparaît au Ciel, « ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles », la « Femme » à qui Dieu a accordé la grâce de mettre au monde un fils, Berger toutes les nations et Sauveur de l’Humanité.Et contempler aujourd’hui la Vierge Marie dans la Gloire du Ciel, c’est accueillir d’elle le bonheur que Dieu nous donne et apprendre d’elle comment répandre les dons de Dieu dans le cœur des hommes.Marie a bénéficié de Dieu une grâce spéciale, celle de concevoir et d’enfanter le Fils du Très-Haut, celui qui apportera le Salut qu’attendait le Peuple d’Israël. Elle accueille cette annonce de l’Ange avec foi et confiance. Elle se prête disponible comme servante du Seigneur, mais aussi elle accepte de collaborer en donnant son corps comme lieu de conception et de gestation du Fils du Dieu : « Le Verbe de Dieu a pris chair dans ses entrailles ». Et qui parle de chair, parle aussi des sentiments ou les vertus qu’elle peut porter : l’affection, la joie, la tendresse, la douceur, l’obéissance… Il est bien vrai, nous ne l’oublions pas, que Marie a reçu l’onction du Saint-Esprit avec tous ses dons pour concevoir Jésus en elle, mais nous ne pouvons manquer de noter qu’elle a su communiquer ces dons à l’être humain qui se formait en elle, au point que l’on puisse dire que « le Christ a pris notre condition humaine à l’exception du péché ». Marie a donc su communiquer à ce corps humain du Fils de Dieu, ses sentiments de mère à savoir l’amour, la tendresse, la joie…De plus, les grâces qu’elle a reçues de l’Esprit Saint, débordent du cœur de Marie et se communiquent à ses proches. L’Evangéliste Luc souligne que Marie se met en route rapidement (en hâte) pour aller chez sa cousine Elisabeth. Pourquoi était-elle si pressée d’arriver le plus tôt chez sa parente alors que, visiblement, elle n’avait aucune mission à

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remplir et que la naissance de Jean ne devait avoir lieu que trois mois après ? Il semble qu’un feu intérieur animait Marie au point de lui permettre de franchir allégrement la distance à parcourir. Marie devait porter en elle le désir de partager avec Elisabeth la joie de la venue du Sauveur. Certes, la première intention qui motive le voyage était l’aide à apporter à parente à vue d’une naissance toute proche. Mais, tout en voulant avant tout se mettre au service d’Elisabeth, Marie se réjouissait de pouvoir s’entretenir avec elle du grand évènement qui allait transformée la destinée de l’humanité. La hâte de la route était donc celle d’une joie qui demandait à s’exprimer.Plus tard, aux premiers jours de la vie publique de Jésus, lors d’un mariage à Cana, Marie, qui partageait la joie des nouveaux mariés et des invités, intervient avec délicatesse auprès de Celui qui est la Source de sa joie. Sentant que la pénurie de vin allait faire tourner au vinaigre l’ambiance festive des noces, elle prend l’initiative de présentement discrètement la situation à Jésus. Son cœur de mère obtient l’anticipation de l’heure du Messie pour que la joie des époux et de leurs invités augmente de plus belle.Par sa discrète demande, Marie contribue à ce que Jésus sauve les noces de la menace qui pesait sur elles en fournissant un vin meilleur. Grâce à son initiative, Jésus distribue la joie avec une extraordinaire abondance. C’est ainsi que Marie se révèle comme celle qui coopère à l’œuvre de Salut, et comme celle par qui l’humanité obtient les dons de la richesse divine. Nous avons donc en Marie, une mère qui exerce une fonction de sollicitude et joue un rôle actif de médiation ou d’intercession dans le développement de la vie de la grâce.Saint Jean, le disciple qui s’est retrouvé aux pieds de la Croix, a bien compris la place de la Mère du Fils de Dieu, lorsqu’il a accueilli avec foi la parole du Crucifié en prenant Marie chez lui. Son geste d’accueil nous permet de comprendre que prendre Marie chez nous, c’est lui faire une place dans notre vie, dans notre pensée, dans notre cœur. C’est lui confier tout ce qui est pénible et douloureux, en sachant qu’elle s’intéresse à tout, et que jamais elle n’abandonne ceux qui invoquent son aide. On la prend vraiment chez soi parce qu’on n’hésite pas à lui parler de tout ce qui constitue la vie quotidienne, afin d’obtenir son soutien.Par cette célébration nous demandons au Christ de nous accorder la grâce d’un amour filial envers Marie sa Mère qu’il nous confie. Que notre amour pour Marie nous donne d’accueillir d’elle d’abondantes grâces que nous saurons avec empressement partager avec nos frères et sœurs. Et que Marie nous donne de savoir collaborer avec Dieu pour porter l’amour et la joie que nous accueillons du Christ à tous ceux que nous connaissons ou rencontrons, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 20ème Dimanche du Temps Ordinaire (b)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Jean 6, 51-58

Après avoir multiplié les pains, Jésus disait à la foule : 51 "Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie." 52 Les Juifs discutaient entre eux : "Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? 53 Jésus leur dit alors : "Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. 54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. 55 En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. 56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. 57 De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi. 58 Tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement."

Bien chers frères et sœurs en Christ,

Les textes bibliques de ce dimanche nous invitent à rechercher en Dieu, la nourriture spirituelle de notre âme. Autant nous avons prenons soin de notre corps et de notre vie, en nous trouvons de quoi survivre, de quoi nous maintenir, de quoi nous réjouir…autant devons-nous chercher à raviver et à soutenir notre vie spirituelle.

Tout d’abord, dans notre conduite, St Paul nous exhorte à vivre non pas comme des fous mais comme des sages. Dans notre conception humaine, la sagesse traduit le comportement de l’homme qui est modéré et raisonnable, qui est réglé dans ses mœurs et qui se met à l’abri des passions. La sagesse biblique intègre toute cette conception humaine : l’homme sans sagesse est celui qui manque d’intelligence et qui se conduit avec folie. Mais elle va bien au-delà de ce qui relève seulement de l’homme, car seul Dieu connaît la vraie sagesse, et toute sagesse humaine vient de lui.

Le sage est donc l’homme qui accepte se soumettre à Dieu, et qui recherche l’accomplissement de ce qui correspond à la volonté de Dieu. La sagesse est dans la réalisation de la volonté de Dieu, d’où l’invitation suivante du livre des Proverbes : « Quittez votre folie et vous vivrez, suivez le chemin de l’intelligence ». Celui qui veut vivre, celui qui veut trouver le bonheur, qu’il ne suive pas sa propre intelligence, son propre raisonnement, ou ses propres désirs, mais qu’il suive les chemins de Dieu et garde ses commandements. « Celui qui me trouve, a trouvé la vie, et il a rencontré la faveur du Seigneur…Abandonnez vos niaiseries et vous vivrez » (Prv 8, 5). Marcher vers le Seigneur est la vraie sagesse.

De plus, la Sagesse est en Dieu se fait proche de l’homme et se propose comme force de vie. Elle s’offre à tous : elle a bâtie sa maison et sculpté sept colonnes, c’est-à-dire qu’elle est inébranlable. Et elle propose généreusement son festin : « Elle a tué ses bêtes,

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apprêté son vin, dressé sa table, et envoyé ses servantes…A l’homme sans intelligence, elle dit : ‘Venez manger mon pain, et boire le vin que j’ai apprêté’ » (1ère Lecture). Refuser son invitation, ses refuser d’accéder à la sagesse, c’est demeurer dans notre intelligence naturelle, c’est vouloir compter sur nos propres ressources et capacités humaines… c’est finalement manquez d’intelligence… c’est bien cela la folie humaine.

C’est de la folie que de tourner le dos à Dieu, vraie Lumière, vraie Source de bonheur et de vie. Voilà l’enseignement que nous tirons de cette leçon : vivre heureux, avoir le bonheur, ce n’est pas faire ce que je veux ni ce qui me plaît, mais c’est cherchez à accomplir la volonté de Dieu. Et la sagesse à laquelle nous invite St Paul, c’est cette manière de nous conduire non pas à la manière du monde, mais d’une façon conforme à notre vocation humaine, dans l’amour : « Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait » (Rm 12, 2).

Ensuite, la Sagesse de Dieu se fait nourriture pour la vie en Dieu. Je reprends cette invitation : « Venez manger mon pain, et boire le vin que j’ai apprêté… », à laquelle je joins cette déclaration de Jésus : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie ». La sagesse du monde nous montre comment vivre, et nous donne quoi vivre. La Sagesse qui vient de Dieu, Jésus-Christ, lui nous donne la vraie vie. On le sait bien, l’homme ne vit pas seulement de pain, ni du « comment » ou du « quoi », car il y a en chacun de nous des besoins profonds que rien ou presque ne peut combler durablement ; quand bien même nous parvenons à nourrir nos corps et les gaver même, il restera encore et toujours en nous une autre faim que nous ne savons pas combler nous-mêmes. C’est pour cette faim-là que Jésus se donne à nous : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous… Le pain qui descend du ciel n’est pas comme ce que vos pères ont mangé ; eux, ils sont morts. Celui qui mange ce pain vivra éternellement ».

Il n’y a donc rien d’autre que la foi en Dieu, l’union avec lui dans la prière et dans l’Eucharistie pour garantir la nourriture qui donne la survie, qui rassasie et abreuve notre âme. Il nous faut donc savoir consacrer de temps pour nous alimenter spirituellement : une participation plus assidue et plus fervente à l’Eucharistie, la lecture de la Bible, ou d’un livre d’inspiration chrétienne, un temps quotidien de prière, la participation aux réunions et rencontres de la communauté…. Voici autant de lieux et de moyens pour nous alimenter spirituellement.

Enfin, pour nous soutenir dans notre vie spirituelle, nous devons savoir tirer parti du temps présent, et rendre grâce à Dieu le Père, à tout moment et pour toutes choses. En rapport avec le monde dans lequel nous vivons, nous n’avons pas à le fuir, mais à y vivre dans la foi. Nos conditions de vie, nos situations familiale, professionnelle et sociale ne devraient pas nous détourner de notre foi en Dieu. « Que le sage ne se vante pas de sa sagesse ! Que l’homme fort ne se vante pas de sa force ! Que le riche ne se vante pas de sa richesse ! » Mais que chacun accueille sa situation avec foi et confiance en Dieu, et qu’il la mette en profit, pour la vivre selon la volonté de Dieu. Et que tout cela nous inspire l’action de grâce et la louange incessante à Dieu de qui nous tenons la vie.

Bien chers frères et sœurs, demandons, par la grâce de cette célébration, que le Christ,

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vraie Nourriture et vraie Boisson, nous délivre de la folie des faux bonheurs et de l’ivresse des plaisirs jamais satisfaits, pour toujours rechercher la vraie Joie et la vraie Sagesse qui conduisent à la vraie vie. Et que son Esprit nous assiste et nous inspire de véritables chants d’action de grâce à Dieu maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Ensemble Paroissial des douze Apôtres en Pays d’Aix

EVANGILE - Jean 6, 60 – 69

Jésus avait dit dans la synagogue de Capharnaüm : "Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle." 60 Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, s’écrièrent : "Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter !" 61 Jésus connaissait par lui-même ces récriminations des disciples. Il leur dit : "Cela vous heurte ? 62 Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ?... 63 C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. 64 Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas." Jésus savait en effet depuis le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et celui qui le livrerait. 65 Il ajouta : "Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père." 66 A partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui. 67 Alors Jésus dit aux Douze : "Voulez-vous partir, vous aussi ?" 68 Simon-Pierre lui répondit : "Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. 69 Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu."

Homélie du 21ème Dimanche du Temps Ordinaire (B)

Bien chers frères et sœurs en Christ,Le passage de l’Evangile qui nous est proposé en ce jour fait suite au récit que nous avons écouté les deux dimanches précédents : le discours de Jésus sur le pain de vie. A la suite de la multiplication des pains, selon l’évangéliste Jean, (cf. le chapitre 6), une foule de braves gens couraient partout à la recherche de Jésus, et le trouvent finalement au bord de la mer à Capharnaüm. Jésus qui a su lire au fond d’eux l’objet de leur quête, leur donne cette réponse : « En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle… » (v. 26-27). Pour se montrer bien disposés, les braves gens lui demandent : « Que nous faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ?... Toi-même quel signe fais-tu pour que nous voyons et que nous puissions te croire » (v. 28 à 30). Mais lorsque Jésus leur fait la déclaration qu’il est « le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde », les religieux juifs qui se trouvaient au milieu d’eux réagissent : « Comment peut-il déclarer : je suis descendu du ciel ... ? Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger… ? » (v. 41 et 52). Et parmi les disciples mêmes de Jésus, ceux qui trouvaient ses propos scandaleux et inadmissibles s’en allèrent et cessèrent de le suivre.A l’apparente bonne volonté initiale de la foule, des juifs et de certains disciples, ont succédé un scepticisme et un refus de voir dans le l’homme qu’ils admiraient tantôt, comme la manifestation de Dieu. Ils demandaient un signe du Ciel, alors qu’il est lui-même le Pain descendu du Ciel, et le Fils de Dieu au milieu des hommes. Ils s’en allaient donc scandalisés par les propos de celui dont ils connaissaient les parents, alors qu’il était là devant eux comme signe de l’amour de Dieu pour les hommes, comme chemin et nourriture de la vie éternelle.

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Voyant les uns et les autres s’en aller, Jésus se tourne vers les douze autres : « Voulez-vous partir vous aussi ? ». Pierre, au nom des autres disciples, se décide pour le Christ : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (v. 68-69). Une décision qui veut bien dire, non pas qu’ils ne savaient pas où aller, mais qu’ils avaient trouvé en lui ce qu’ils recherchaient : « les paroles de la vie éternelle », le chemin qui conduit au bonheur auprès de Dieu. Jésus pose une question de confiance : « Voulez-vous partir vous aussi ? ». Il me semble que les uns et les autres s’en allaient, non pas seulement parce que les paroles de Jésus étaient dures à comprendre, mais surtout parce qu’ils ne croyaient pas en ces propos. Ils avaient bien de l’admiration pour lui à cause des miracles qu’il accomplissait, mais ils n’avaient pas foi en lui ni à ce qu’il disait : son origine divine, et la question de manger sa chair et de boire son sang pour avoir la vie éternelle. Ils étaient restés sur leurs appréhensions et sentiments humains. Nous comprenons alors que venir à Jésus n’est pas une question de simple admiration. La foi n’est pas une question de sentiment. Elle est d’abord l’accueil de Dieu, qui dans grand amour pour nous veut faire chemin avec nous pour nous renouveler et rendre davantage semblable à lui : « Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (v. 44). Elle est ensuite l’adhésion à Jésus à partir de ce qu’il est pour nous : Lumière, Chemin, Vérité, Vie, Paix, Joie, Sauveur qui nous aime….C’est à partir de là que nous pouvons bien rejoindre Pierre dans sa profession de foi : « Quant à nous, nous croyons et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu ». Nous retrouverons une profession de foi semblable de Pierre lorsque Jésus posera à ses disciples la question sur son identité : « Pour vous, qui suis-je ?». La réponse de Pierre sera : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (cf. Mt, 16, 15-16).Comme les disciples, nous sommes invités à nous positionner : Jésus est-il le Fils de Dieu ou bien un prédicateur comme tant d’autres ? Nous avons à donner notre propre réponse d’adhésion : « Pour vous, qui suis-je ? ». Nous ne saurons mieux répondre à cette question que dans la mesure où nous accepterons Jésus comme le seul capable de combler notre soif de bonheur, de joie, de paix, d’amour…Et d’où peut venir notre manque de foi ? Du moins, qu’est-ce qui peut nous amener à tourner le dos à Dieu ? Je reprends les termes : « manque de foi », ou « tourner le dos », pour préciser que pour beaucoup, nous ne sommes pas sans une connaissance de Dieu : deux français sur trois se déclarent catholiques, selon les récents sondages sociologiques. Malheureusement, parmi ces deux sur trois, certains se reconnaissent être des catholiques sans pratiquer, et d’autres des pratiquants sans aller à la messe. Pourquoi donc cela ?Sans prétendre circonscrire toute la vérité, je dirai que je perçois trois catégories de catholiques qui vivent dans une tiédeur de la foi. La première catégorie regroupe les croyants qui se sont écartés de Dieu à la suite d’une expérience malheureuse ou douloureuse à une certaine période de leur vie : la séparation avec un conjoint (une conjointe), ou avec un des parents, la mort d’un proche, la perte d’un emploi… autant d’épreuves qui ont pu les conduire au rejet de Dieu ou vers l’éloignement de l’Eglise.La deuxième catégorie est celle des croyants qui ont dû idéaliser Dieu ou qui se sont fiés à leurs propres conceptions des réalités divines, et qui ont été déçus de constater que la réponse de Dieu ne correspondait pas à leurs attentes. Ceux-là s’en vont comme ces disciples qui attendaient de Jésus un signe et qui, finalement, sont scandalisés par son discours de chair qu’il faut manger et de sang qu’il faut boire. Ils n’ont pas su se

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dépouiller de leurs propres points de vue humains pour entrer dans les vues de Dieu.La troisième catégorie se compose de ceux qui trouvent que la Parole de Dieu est dure, les commandements de Dieu très difficiles à suivre, et les lois de l’Eglise oppressantes. Il y a trop d’interdictions, ou trop d’engagements qui ne laissent plus la liberté de faire ce que l’on veut. De ce point de vue, ils préfèrent être loin de l’Eglise pour jouir de leur liberté…Toutes ces expériences qui conduisent à l’abandon ou au rejet de Dieu prouvent que nous sommes trop attachés à nos capacités humaines qui, malheureusement, sont aussi nos limites. Or, suivre Jésus est bien plus que le fruit d’une conception humaine : sur le chemin à sa suite, arrive pour tous un moment où l’humain ne suffit plus et où il est nécessaire de choisir de rester fidèle uniquement par foi. « Seigneur, à qui irions-nous ?» a su répondre Pierre, même si son désir de suivre le Seigneur fléchira quand viendra l’heure de la passion. Quoi qu’il en soit, il a toujours su se mettre en route à la suite du Seigneur, et bien plus, courir pour le rechercher après l’annonce du tombeau vide.Bien chers frères et sœurs en Christ, demandons au Seigneur la grâce de savoir nous engager à sa suite non pas seulement du bout des lèvres mais résolument, en lui faisant une place plus grande dans nos vies. Que son Esprit nous assiste et fasse de nous des « chercheurs » de Dieu, non seulement dans la prière, mais aussi à travers nos différents engagements matrimoniaux, familiaux et professionnels, et même au cœur de nos multiples et quotidiennes épreuves, lui qui vit avec nous et qui règne pour les siècles des siècles.

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Homélie du 22ème Dimanche du Temps Ordinaire (B)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 7, 1-8, 14-15, 21-231 Les pharisiens et quelques scribes étaient venus de Jérusalem. Ils se réunissent autour de Jésus 2 et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c'est-à-dire non lavées. 3 - Les pharisiens, en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, fidèles à la tradition des anciens ; 4 et au retour du marché ils ne mangent pas avant de s'être aspergés d'eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d'autres pratiques : lavage de coupes, de cruches et de plats. - 5 Alors les pharisiens et les scribes demandent à Jésus : "Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Il prennent leur repas sans s'être lavé les mains." 6 Jésus leur répond : "Isaïe a fait une bonne prophétie sur vous, hypocrites, dans ce passage de l'Ecriture : Ce peuple m'honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi. 7 Il est inutile, le culte qu'ils me rendent ; les doctrines qu'ils enseignent ne sont que des préceptes humains. 8 Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes ." 14 Puis Jésus appela de nouveau la foule : "Ecoutez-moi tous, et comprenez bien. 15 Rien de ce qui est extérieur à l'homme et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui rend l'homme impur." 21 Il disait encore à ses disciples, à l'écart de la foule : "C'est du dedans, du coeur de l'homme que sortent les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, 22 adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. 23 Tout ce mal vient du dedans, et rend l'homme impur."

Bien chers frères et sœurs,Dans les trois lectures de ce jour, il est question de mise en pratique des commandements de Dieu. Le livre du Deutéronome exhorte le peuple d’Israël à écouter les lois de Dieu pour les mettre en pratique. St Jacques, en s’adressant à des nouveaux baptisés, les invite à être des réalisateurs de la Parole de Dieu car c’est elle seule qui est capable de les sauver. Jésus, dans l’Evangile ramène les pharisiens à ce qui fait la valeur d’un acte religieux, à savoir l’intention qui le porte et la finalité qu’il vise.

A la suite d’une remarque faite par les pharisiens sur le comportement des disciples de Jésus, ce dernier en profite pour dénoncer leur hypocrisie, dans la mise en application des commandements de Dieu. Tout a commencé parce que les disciples de Jésus ne se sont pas lavés les mains avant le repas. Et l’évangéliste Marc explique pourquoi les pharisiens font cette remarque. Les pharisiens, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, fidèles à la tradition des anciens. Les juifs s’imposaient donc cette discipline par fidélité à leur religion. Et, à leurs yeux, cette rigueur d’observance paraissait essentielle car il s’agissait de préserver l’identité juive ; le peuple élu concevait son élection comme une mise à part et donc tout contact avec des païens (ou des objets touchés par eux) rendait impur, c’est-à-dire inapte à célébrer et même à vivre dignement la vie quotidienne.

Ce désir de se garder dans la pureté a inspiré la naissance d’un mouvement religieux, le pharisianisme qui, en lui-même, est respectable. Le nom pharisien qui veut dire ‘séparé’

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traduit un refus de toute compromission morale, sociale ou politique, et de tout laisser-aller dans la pratique religieuse. Pris comme tel, cet idéal religieux est noble, et bien sûr, ce n’est donc pas sous cet aspect que Jésus attaque pharisiens. C’est plutôt les dangers dans lesquels ils n’ont pas manqué de plonger.

Tout d’abord, la rigueur de l’observance leur donnait une trop bonne conscience au point qu’ils se rendent méprisants pour ceux qui n’en faisaient pas autant. Nous nous rappelons de cette parabole du pharisien et du publicain en prière dans le temple. Le premier disait : « Mon Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain ; je jeûne deux fois dans la semaine, je donne la dîme de tout ce que j’acquiers » (Lc 18, 11-12). Jésus dénonce cette forme de déviance qui conduit à l’exclusion des autres : « Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes » et à des préceptes humains. Pour Jésus, c’est mal comprendre les commandements de Dieu que de croire qu’il faudrait être séparer des autres pour s’approcher de Dieu. Au contraire, le véritable culte qui plaît à Dieu commence par le respect des hommes : servir Dieu ne peut porter au mépris des autres. Et le projet de Dieu, c’est de rassembler tous les hommes dans l’amour : c’est pour cela que son Fils est venu dans le monde.

Une autre déviance que Jésus a dénoncé chez les pharisiens, c’est leur prétention de mériter le salut par le seul accomplissement des prescriptions traditionnelles. Pour Jésus, à quoi bon purifier indéfiniment les ustensiles et faire des ablutions si notre cœur demeure impur en raison des pensées perverses qu’il abrite avec notre consentement ? Le culte formel est inutile ; les rites sans âme demeurent stériles : les purifications extérieures n’ont de sens que dans la mesure où elles sont l’expression d’une sincère conversion intérieure. Et l’authenticité de celle-ci se vérifie à la générosité de notre engagement au service de nos frères. « Devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde » nous le rappelle St Jacques.

Ces différents de Jésus à l’égard de la mise en pratique des commandements de Dieu des pharisiens et des juifs en général, constitue aussi une mise en garde pour nous.

De nos jours, dans la vie sociale, nous délaissons les lois de Dieu, pour ériger des lois sociales, civiles ou administratives qui nous amènent à l’exclusion d’autres personnes plus défavorables. Et parfois, notre désir de vivre en paix, nous amène à fermer nos portes ou à nous refermer sur nous-mêmes, sans contact avec d’autres, pas même ceux avec qui nous partageons la même foi, encore moins nos voisins même les plus immédiats.

Sur le plan religieux, on parle maintenant de relations intimes et personnelles à Dieu, ou de religion du cœur, si bien que l’on néglige certaines pratiques comme la messe tous les dimanches ou la confession individuelle devant un prêtre. Je ne dis pas que la pratique est forcément signe d’une grande foi, mais je ne peux m’empêcher de reconnaître que la foi a besoin aussi de certaines pratiques pour se maintenir, et se développer. Avoir la foi implique aussi des comportements et des signes même anodins : exercice de la charité, se rendre proche de celui qui est dans la misère, participer régulièrement à la

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messe, consacrer du temps pour la prière, seul ou avec des amis.

Bien chers frères et sœurs, n’hésitons pas à faire nôtre cette exhortation de St Jacques : « Mettez la Parole en application, ne vous contenter pas de l’écouter ». Puissions-nous, dans cette application de la Parole de Dieu, grandir dans l’amour de Dieu, et dans le dévouement au service de nos frères et sœurs. Et que cet amour répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, nous donne de savoir rejeter ce qui en nous, génère des pensées destructrices pour nous et pour autres, et nous rende dignes d’honorer le Saint Nom de Dieu non pas par nos lèves seulement, mais en toute vérité par nos actes d’amour, de solidarité et de générosité au quotidien, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

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Homélie du 23ème Dimanche du Temps Ordinaire (B)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 7, 31-37

31 Jésus quitta la région de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction du lac de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. 32 On lui amène un sourd-muet, et on le prie de poser la main sur lui. 33 Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, prenant de la salive, lui toucha la langue. 34 Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : "Effata!", c’est à dire : "Ouvre-toi !" 35 Ses oreilles s’ouvrirent ; aussitôt sa langue se délia, et il parlait correctement. 36 Alors Jésus leur recommanda de n’en rien dire à personne ; mais plus il le leur défendait, plus ils le proclamaient. 37 Très vivement frappés, ils disaient : "Tout ce qu’il fait est admirable : il fait entendre les sourds et parler les muets."

Bien chers frères et sœurs en Christ,Dieu, en créant la nature humaine, lui a communiqué son souffle de vie pour que les hommes lui deviennent semblables. Ensuite, en créant l’homme et la femme, il a voulu établir entre eux une relation faite de dialogue et d’échange, en formant tous ensemble une communauté de vie. Puis, l’homme s’est laissé détourné par le mal si bien que la communication entre lui et Dieu s’est rompue, de même que l’échange entre les humains s’est brouillé. Rappelons-nous d’une part, la fugue d’Adam après avoir désobéi à Dieu, et d’autre part, la dispersion par le langage, à la suite de la construction de la tour de Babel.L’Evangile de ce jour nous présente Jésus qui rend manifeste un des aspects de sa mission : rétablir la communication du côté de l’homme avec Dieu, et des hommes entre eux. Après la discussion avec les juifs sur les règles de pureté, Jésus était parti en territoire païen ; là, il a guéri la fille d’une syro-phénicienne qui avait manifesté une foi que Jésus aurait bien voulu trouver auprès de ses compatriotes. Puis son entourage lui présente un homme qui, sans doute était un non juif, et qui était atteint d’un double handicap : « un sourd, qui de plus parlait difficilement… » (selon d’autres versions comme la Bible de Jérusalem). Il s’agissait donc d’un homme qui avait des difficultés à communiquer avec les autres, qui ne pouvait pas avoir de bonnes et belles relations avec eux, ni écouter leur voix et exprimer ses propres sentiments et ses besoins. Il n’y a rien de pire pour l’homme que de vivre cette séparation d’avec les autres. Devant cette détresse de l’homme, Jésus fait quelque chose qu’il n’avait jamais fait jusqu’ici, il emmène l’infirme à l’écart, loin de la foule et il fait sur lui les gestes que faisaient habituellement les guérisseurs : « Il lui mit les doigts dans les oreilles, et, prenant de la salive, lui toucha la langue ». Il reprend donc les gestes des guérisseurs de son époque, mais il leur donne un sens nouveau : Dieu qui partage la souffrance des hommes, la puissance de Dieu qui prend sa revanche, non pas contre nous, mais contre le mal qui nous atteint, qui nous sépare de lui et nous abîme. Le prophète Isaïe proclamait : « Voici la revanche de Dieu », comme pour dire que Dieu qui nous aime, vient lui-même nous libérer de la misère physique ou morale que nous subissons, pour nous rétablir dans notre dignité d’enfants de Dieu.Jésus utilise des gestes familiers : mettre les doigts dans les oreilles pour les déboucher, prendre de la salive pour délier ce qui est retenu, mais des gestes corporels qui nous associent à Dieu. Déjà, par l’Incarnation, la condition humaine est entrée dans l’être même de Dieu ; et par les gestes humains du Christ, Dieu s’associe à nous par la médiation de notre corps, et en lui conférant ainsi une éminente dignité, il nous confère notre dignité de

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fils adoptifs.« Effata » dit-il, et voilà un infirme qui retrouve la guérison : « Ses oreilles s’ouvrirent ; aussitôt sa langue se délia, et il parlait correctement ». Dès que ses oreilles s’ouvrent à la Parole de Jésus, sa langue se délie. Alors, tout heureux de retrouver l’usage de ses organes de communication, ce dernier ne peut plus se retenir de proclamer les merveilles de Dieu.De plus, la guérison d’un non-juif, en dehors du territoire juif, était porteur d’une signification : le salut de Dieu s’étend à tous les hommes, et les non-juifs ont aussi accès à la foi. Ainsi cette présence de Jésus dans des contrées qui ne sont pas celles de la Terre Promise, ses gestes qui le mettent en contact avec les païens, sont donc une rupture avec le comportement des Juifs, qui évitaient une telle proximité et une telle promiscuité : Dieu rassemble tous les hommes ; et en lui, il n’y a plus de différences ni de barrières en les hommes qui sont tous des enfants bien aimés de Dieu. Jésus est donc venu pour nous « réconcilier avec Dieu » et ainsi nous réconcilier les uns avec les autres.

Bien chers frères et sœurs, si la surdité et le mutisme consistent dans l’incapacité de communiquer correctement avec son prochain, d’avoir de bonnes et belles relations, alors nous avons à reconnaître que nous sommes tous plus ou moins des sourds-muets, et que le cri de Jésus « Effata ! » s’adresse aussi à tous.Nous sommes sourds, lorsque nous manquons de nous mettre à l’écoute de Dieu dans la prière pour savoir ce qu’il attend de nous, et pour faire en sorte que nos activités, nos paroles et nos gestes correspondent à sa volonté. Nous sommes également sourds, lorsque nous n’entendons pas le cri de détresse qui s’élève vers nous et préférons placer le « double vitrage » de l’indifférence entre nous et le prochain, entre ceux qui nous sont sympathiques et ceux qui ne le sont pas… Certains parents sont sourds lorsqu’ils ne comprennent pas que certains comportements étranges ou négligés de leurs enfants cachent une demande d’attention et d’amour. Un mari est sourd lorsqu’il ne sait pas voir dans la nervosité de sa femme un signe de fatigue ou le besoin d’un éclaircissement. Et vice versa pour la femme.Nous sommes enfin sourds, lorsque nous nous enfermons dans un silence méprisant et fâché, alors qu’il suffirait peut-être d’un mot d’excuse et de pardon pour ramener la paix et la sérénité à la maison. Ce qui détermine la rupture de la communication, et qui caractérise notre difficulté à entretenir des relations saines et belles les uns avec les autres, c’est d’une part le fait de cherche toujours à accuser l’autre, ou à rejeter la cause de notre malheur sur autrui, et d’autre part, c’est notre incapacité à nous maîtriser afin de parler ou de ne pas parler, d’agir ou de ne pas agir par amour et pour le bien des autres.Toutefois, Dieu sait toujours se rendre proche de nous pour nous guérir de tout aveuglement, toute surdité et tout mutisme. Et c’est à travers des gestes et des signes qui nous sont propres, surtout les sacrements, qu’il continue de « nous toucher » physiquement pour nous guérir spirituellement. Le sacrement de l’Eucharistie en particulier, nous aide à vaincre l’incapacité de communiquer avec notre prochain, en nous faisant vivre la plus merveilleuse communion avec Dieu.Demandons au Seigneur de toucher nos cœurs fermés et malades par la puissance de sa Parole pour nous guérir, et nous donner de grandir dans une même simplicité de relation et une fraternité authentique à travers nos paroles et nos gestes d’accueil, de pardon, d’amour, et de soutien les uns à l’égard des autres, et qu’il délie nos langues pour que nous acceptions proclamer son Nom et témoigner de son amour pour nous partout où nous sommes, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 24ème Dimanche du Temps Ordinaire (B)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 8, 27-3527 Jésus s'en alla avec ses disciples vers les villages situés dans la région de Césarée de Philippe. Chemin faisant, il les interrogeait : "Pour les gens, qui suisje ?" 28 Ils répondirent: "Jean-Baptiste; pour d'autres, Elie ; pour d'autres, un des prophètes." 29 Il les interrogeait de nouveau: "Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis je ?" Pierre prend la parole et répond : "Tu es le Messie." 30 Il leur défendit alors vivement de parler de lui à personne. 31 Et pour la première fois, il leur enseigna qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. 32 Jésus disait cela ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. 33 Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : "Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes." 34 Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : "Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive. 35 Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Evangile la sauvera."

Bien chers frères et sœurs en Christ,Les textes bibliques qui nous sont donnés en méditation en ce dimanche nous rappellent que la foi n’est jamais une chose acquise une fois pour toutes. Elle rebondit toujours sur des questionnements dont les réponses restent parfois inappropriées par rapport aux attentes de Dieu.

A la suite de la question que Jésus adresse à ses disciples sur son identité : « Pour vous, qui suis-je ? », Pierre fait une déclaration admirable : « Tu est le Messie ». Jésus accepte cette profession de foi mais il donne tout le même une consigne de silence. Pour Jésus, la réponse est bien juste dans la mesure où il est vraiment l’Envoyé de Dieu. Mais elle demeure insatisfaisante. Il est bien le Messie qu’on attendait, mais pas du tout comme on l’attend.

Jésus accepte d’être identifié avec le Messie attendu, mais pas avec l’idée que le judaïsme avait fini par se faire du Messie. Dans l’opinion de la majorité, il était considéré comme un chef politique et militaire qui devait venir libérer Israël de la domination païenne et instauré le royaume de Dieu sur la terre, par la force. Beaucoup de ses contemporains attendaient donc un Messie-roi, triomphant, glorieux, puissant, et qui allait chasser une bonne fois de la Palestine l’occupant romain.

Jésus se devait de corriger en profondeur cette idée, partagée par les apôtres eux-mêmes, avant de permettre que l’on parle de lui comme du Messie. C’est le but du discours qui vient immédiatement après : « il leur enseigna qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup… ». On comprend alors la réaction de Pierre qui pensait ramener Jésus à la raison. Pour lui, ce que annonce Jésus est inadmissible ; le Dieu tout-puissant ne pas laisser faire des choses pareilles. Juste réaction de Pierre, mais une

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réaction suscitée par des pensées humaines.

Jésus profite de cette incompréhension pour souligner l’écart qui se trouve entre les pensées de Dieu et celles de hommes. Le salut que Dieu veut accorder aux hommes viendra, non pas par suppression de l’ennemi, par le sacrifice de soi, du don de la vie « en rançon pour une multitude ». Le plan de salut de Dieu ne s’accommode pas d’un Messie triomphant : pour que les hommes « parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 4), il faut qu’ils découvrent le Dieu de tendresse et de pardon, de miséricorde et de pitié ; cela ne peut pas se faire dans des actes de puissance mais dans le don suprême de la vie du Fils : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13).

Ensuite, Jésus invite son auditoire à se laisser modeler selon les vues de Dieu. La gloire de Dieu n’est pas dans l’assujettissement et la domination des hommes, mais dans le don qu’il fait de son Fils Unique qui a accepté se mettre au service de ceux qu’il aime. Il nous a donné de partager sa vie par l’offrande de sa mort et le don de sa Résurrection. Avoir la pensée de Dieu, c’est alors accepter aussi partager notre vie avec lui, par l’offrande de notre vie, à son Père et pour nos frères.

De plus, nul ne peut se sauver sans un renoncement qui, loin de conduire à une impasse, ou à un suicide, nous ouvre à une vie féconde. Devant la recherche d’une vie oisive, devant le désir de vivre sans être déranger par qui ou quoi que ce soit, Jésus nous invite au don de soi, c’est-à-dire faire de notre vie une offrande pour le bien des autres, car seul se qui est donné est fécond. Notre bonheur n’est pas seulement dans l’acquisition des richesses, mais dans l’usage de ce qui Dieu nous donne au profit des autres. Devant l’individualisme et le repli sur soi, même dans la pratique de la foi, Jésus nous donne l’exemple de l’ouverture aux autres dans une charité désintéressée, une solidarité active et une générosité bienfaisante.

Et pour Saint Jacques, notre foi meurt de n’être pas mise en pratique, c’est-à-dire, mise au service des autres. Avoir la foi en Dieu, croire au fond de soi-même en Dieu, ne suffit pas. Il nous faut en plus de cela accepter bouger ne serait-ce que le petit doigt pour les autres. En d’autres termes, pour se faire disciple de Jésus, il faut certes prier, mais aussi prendre sa part dans la transformation du monde, dans l’avènement du Royaume de Dieu sur notre monde. Il nous faudrait alors trouver chaque jour non seulement la réponse qui nous enracine dans notre foi, mais aussi l’acte à poser, le mot juste ou le geste simple qui feraient alors rayonner un peu plus de soleil autour de nous, surtout dans nos communautés où l’Eglise semble perdre sa place faute de pratiquants.

Par cette célébration, demandons à Dieu de nous donner la grâce de savoir nous laisser instruire par sa Parole pour savoir comment mettre en pratique son appel à la foi, à la solidarité et au partage, lui qui vit et qui règne pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 25ème Dimanche du Temps Ordinaire (B)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 9, 30-3730 Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu'on le sache. 31 Car il les instruisait en disant: « Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera » 32 Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l'interroger 33 Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demandait: « De quoi discutiez-vous en chemin ? » 34 Ils se taisaient, car, sur la route, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. 35 S'étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » 36 Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d'eux, l'embrassa, et leur dit : 37 « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille. Et celui qui m'accueille ne m'accueille pas moi, mais Celui qui m'a envoyé. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,

Nous pouvons retenir des textes bibliques de ce dimanche cette vérité qui ne souffre d’aucune évidence : il demeure enracinées au fond de nos cœurs des aspirations dont la réalisation requiert une bonne dose de sagesse. Nous manifestons en effets une volonté de dépassement ou de surpassement, un désir de réussite ou de promotion tant au niveau individuel, familial que professionnel.

Le désir d’exceller, de réussir, de faire de grandes choses dans la vie, de donner le meilleur de soi-même, est très noble, mais quelques fois, il engendre des troubles en nous et autour de nous. En effet, il n’est pas toujours évident d’avoir une certaine maîtrise de nos désirs qui deviennent alors des passions. En nous-mêmes, ces passions génèrent « la jalousie, les rivalités qui mènent au désordre, et à toutes sortes d’actions malfaisantes », et nous n’avons jamais la paix du cœur et la quiétude dans la pensée ou dans les actions. Autour de nous, c’est la tromperie, la fourberie, le double jeu, l’usage de moyens pas du tout honnêtes : pensons un peu aux problèmes de dopage dans les compétions sportives, ou aux scandales financiers dont témoignent certains dirigeants politiques ou institutionnels.

Notre volonté de dépassement ou de surpassement nous conduit à la recherche d’une force ou d’une puissance qui, très souvent, est aussi source de trouble en nous et autour de nous, entraîne la domination sur les autres ou à leur détriment, et engendre les conflits et les guerres. La volonté de puissance conduit à une situation dans laquelle l’un domine et les autres servent ; l’un est rendu « heureux » (s’il peut exister un bonheur en cela), les autres malheureux ; un seul en sort vainqueur, tous les autres vaincus ; l’un domine, les autres sont dominés. Dans la deuxième lecture, Saint Jacques se pose l’éternelle et angoissante question : « D’où viennent les guerres ? » Jésus nous donne la réponse dans l’Evangile : du désir de dominer ! La domination d’un peuple sur un autre, d’une race sur l’autre, d’un parti sur les autres, d’un sexe sur l’autre, d’une religion sur l’autre…

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En réalité, désirer exceller ou vouloir être le premier n’est pas mauvais en soi. Cependant, sa réalisation requiert une grande sagesse à laquelle Jésus nous invite : « Si quelqu’un veut être le premier… », - remarquons au passage que Jésus ne nous l’interdit pas mais nous y encourage en nous proposant une voie constructive - , qu’il le devienne non pas au détriment des autres, mais en faveur des autres, « … qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ».

Nous devons donc rechercher la grandeur en nous mettant chacun au service de l’autre. Dans le service en effet, chacun bénéficie de la grandeur de l’autre. Celui qui est grand dans le service, est lui-même grand et rend les autres grands ; au lieu de s’élever au-dessus des autres, il élève les autres avec lui. Celui qui se met au service des autres ne recherche pas d’abord son propre bien mais le bonheur des autres. C’est qui doit être le fondement de toutes nos relations humaines, que ça soit entre conjoints, entre parents et enfants, entre amis ou entre collègues ou partenaires dans une quelconque entreprise.

Un époux qui dit aimer son épouse doit d’abord rechercher à rendre sa femme heureuse et vice-versa. Une mère est comblée dans la mesure où son enfant est heureux. Je ne peux faire de bonnes affaires dans mon entreprise que lorsque j’arrive à satisfaire ma clientèle et mes collaborateurs ou partenaires. Nous n’aimons pas les autres pour qu’ils nous rendent heureux, mais nous cherchons à les rendre heureux en les aimant, en prenant soin d’eux, en servant ou défendant leur cause, surtout lorsqu’ils sont victimes de l’injustice, de l’exclusion, de l’oppression ou de la guerre.

En somme, pour être le premier, il faut être le dernier et le serviteur de tous, c’est-à-dire déborder d’amour pour les autres et rechercher en premier lieu leur bonheur, leur épanouissement, leur soulagement, leur consolation. C’est donc se montrer accueillant pour celui qui ne se suffit pas à lui-même pour l’aider à grandir. En prenant un enfant comme signe de cet accueil, Jésus nous rappelle que nous devons accueillir tout homme rencontré dans sa misère, sa pauvreté, sa faim, sa solitude, sa souffrance…et être pour lui la main qui soutient et fortifie, la parole qui console et redonne courage, le geste qui apaise et fait revivre.

Et la particularité de cet accueil, c’est que la main, la parole ou le geste, nous ne les faisons pas seulement par un zèle humanitaire, mais au nom du Christ : « Celui qui accueille EN MON NOM un enfant… » a-t-il dit. La grandeur aux yeux de Dieu, ce ne sont ni les actions ni les personnes qui les réalisent, mais c’est de les faire au nom de Jésus-Christ.

Bien chers frères et sœurs, en enfants bien aimés de Dieu, nous lui demandons de nous délivrer d’une recherche passionnée de grandeur qui nous éloignerait de lui et nous mettrait en tension avec les autres, et de nous donner la grâce de savoir nous remettre sans cesse dans la main de Dieu pour qu’il nous apprenne à mieux nous occuper des autres avec humilité et amour, pour la gloire de son Saint Nom, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 26ème Dimanche du Temps Ordinaire (B)

EVANGILE - Marc 9, 38-43. 45. 47-48

38 Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l’en empêcher, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » 39 Jésus répondit : « Ne l’empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; 40 celui qui n’est pas contre nous est pour nous. 41 Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. 42 Celui qui entraînera la chute d’un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. 43 Et si ta main t’entraîne au péché, coupe-la. Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d’être jeté avec tes deux mains dans la géhenne, là où le feu ne s’éteint pas. 45 Si ton pied t’entraîne au péché, coupe-le. Il vaut mieux entrer estropié dans la vie éternelle que d’être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne. 47 Si ton oeil t’entraîne au péché, arrache-le. Il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne, 48 là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas. »

Bien chers frères et sœurs en Christ, les textes bibliques de ce 26ème dimanche nous rappellent trois attitudes fondamentales de celui qui veut se mettre à la suite de Jésus.

Tout d’abord, Dieu qui aime tous les hommes ne cesse de les couvrir de sa bénédiction et de les combler de ses dons. Ce qui veut dire alors que nous ne pouvons pas nous estimer propriétaires des dons de Dieu en raison de notre pratique religieuse, de notre appartenance à l’Eglise. Cela compte mais nous ne devons pas oublier que les dons de Dieu sont toujours gratuits et ne nous sont pas attribués en raison de nos actions, aussi justes soient-elles. Si notre fidélité importe, c’est parce qu’elle contribue à disposer toujours davantage notre cœur à la grâce de Dieu.

Dans l’Evangile en effet, Saint Marc nous relate l’épisode de Jean qui voulait empêcher l’extension du don de Dieu par d’autres que le groupe des douze à qui Jésus l’avait transmis. Un « intrus » chassait les esprits mauvais au nom de Jésus. « Nous avons vu quelqu’un qui chassait les démons en ton nom sans faire partie de notre groupe, nous avons cherché à l’en empêcher ». En parlant ainsi : « nous suivent », les apôtres manifestent leur tendance à se considérer comme un ensemble que les autres doivent rejoindre pour recevoir les dons qu’ils ont reçus. Leur groupe est bien délimité – on connaît les noms des douze et ceux des femmes qui les accompagnaient – et ils ont conscience d’avoir reçu de Jésus le pouvoir de chasser le démon. Il n’est donc pas étonnant qu’ils réagissent aux prétentions de ceux qui, sans faire partie de ce petit groupe d’élite, osent chasser les démons en son nom.

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Jean a exactement la réaction de Josué dans la première lecture. C’est d’abord une réaction d’inquiétude : « Moïse, mon maître, arrête-les ! » ; « Nous ne maîtrisons pas tout ! ». Il n’accepte pas que des gens qui font preuve d’indépendance prétendent se conduire comme s’ils avaient reçu l’esprit. Moïse au contraire se réjouit du fait que le Seigneur accorde son Esprit à des gens qui ne semblent pas en harmonie avec lui. Voici une bonne leçon qui nous ramène à ce qui est vrai et juste : nous ne sommes pas les seuls à posséder la vérité. Voici de quoi nous calmer dans nos ardeurs à vouloir démontrer aux autres que seul ce que nous disons est vrai, et que les propos de son conjoint ou sa conjointe, son collègue, sa voisine… sont toujours déplacés, s’ils ne manquent pas de raison. « Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! ». Tel était le souhait de Moïse. Mais n’avons-nous pas tous reçu ce même Esprit de Dieu à notre Baptême ?

La réaction de Josué, comme celle des disciples peut encore être interprétée comme une forme d’exclusion. Là aussi, l’intervention de Jésus : « Ne l’empêchez pas... », témoigne qu’il admet que quelqu’un puisse faire un miracle en son nom, bien que n’appartenant pas au groupe qu’il a lui-même choisi. En quelque sorte, il la partage avec des gens qu’il ne connaît même pas. Et il invite du coup ses disciples à ouvrir la porte : « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous » ; ce qui revient à dire « il y a des gens qui sont des nôtres même s’ils ne sont pas sur vos listes ». Voilà une réponse du Christ qui peut nous éclairer sur un des gestes du Pape Benoît XVI qui, il y a quelques semaines, a ouvert les portes de l’Eglise pour un retour à la communion de quelques membres qui restent adeptes de la Fraternité Saint Pie X. fondée par Mgr Lefèvre en 1970. C’est une manière de reconnaître que, même s’ils sont restés attachés à la Tradition tridentine, ils agissent au nom du Christ. C’est cela la pointe de l’enseignement du Christ : tout ce qui se fait « en son nom » a une valeur particulière. Agir au nom du Christ, c’est bien sûr, invoquer son nom, sa personne, et accomplir ou en imitant les faits et les gestes de Jésus avec la même intention que lui.

Agir au nom, cela nous conduit à la deuxième attitude qu’il nous faut adopter pour suivre le Christ. « Qui accueille un de ces petits en mon nom, m’accueille et non pas moi seulement, amis celui qui m’a envoyé ». Là, Jésus nous ramène au sens de notre engagement dans la foi : découvrir le Christ dans le plus pauvre. Nous avons à nous remettre sans cesse devant ce choix de disponibilité, d’accueil et d’aide envers les plus démunis de notre société, que leur pauvreté soit matérielle, humaine ou spirituelle. Découvrir le Christ dans le plus pauvre, c’est aussi le meilleur chemin pour découvrir que l’amour de Jésus pour nous, et celui qu’il infuse en nous pour nos frères en humanité, est notre seule richesse. N’est-ce pas là le trésor trouvé par tous les saints ?

Dans la deuxième lecture, Saint Jacques semble partir en guerre contre les riches et leurs richesses, mais en réalité, il leur donne un enseignement sur le non-usage ou le mauvais usage des richesses, et leur met en face de leurs responsabilités. Selon lui, les richesses sont faites pour servir à tous : l’argent doit contribuer au bonheur de tous. C’est cela ce que Dieu attend des riches. La richesse nous donne des responsabilités envers les autres. Mais reconnaissons bien de quelle richesse il s’agit. Il y a des riches de biens et beaucoup d’entre eux sont en même temps riches d’un amour vrai et authentique. Il y a aussi ceux qui sont riches de biens et pauvres d’amour et enfin ceux qui sont pauvres de bien et riches de leur soucis de posséder, d’accumuler. La véritable richesse consiste dans la sainteté qui supplante toutes les autres aussi légitimes soient-elles. Et toutes les autres formes de richesses qui ne nous conduisent pas à

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l’amour des autres ou à une sainteté de vie, ce sont des mites qui nous mangent ou de la rouille qui nous nous dévore la chair comme le feu. Là, il faut nous en débarrasser.

Et nous voici enfin à la troisième attitude pour une véritable richesse dans notre vie de foi. « Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la… ». Il est bien évident que Jésus ne conseille à personne de se mutiler : mais par ces phrases si violentes, il veut nous mettre en garde contre l’habitude et la routine, la torpeur et l’engourdissement dans notre façon de vivre l’Evangile. Il nous demande de « couper » c’est-à-dire, briser les liens qui nous empêchent de le vivre dans sa plénitude et sa radicalité. Jésus nous renvoie ici à notre responsabilité : « coupe-le ». C’est bien à moi d’agir, de couper ce qui en moi est mauvais et m’entraîne au péché. Jésus ne fait pas à ma place. Autrement dit, si je ne veux pas me convertir, Dieu ne me forcera pas. Autant ma liberté peut-elle coopérer à la grâce, autant peut-elle y faire obstacle.

Bien chers frères et sœurs, demandons à travers cette Eucharistie que l’Esprit du Seigneur en nous, nous dispose à un bon accueil et un bon usage de ses dons. Qu’il nous ouvre à la reconnaissance de son action dans tout homme que nous rencontrons pour nous enrichir mutuellement des grâces de Dieu. Et que, par sa puissance, nos efforts fournis pour être plus aimables et plus justes avec les autres, plus vrais et plus fidèles à Dieu, nous donnent de progresser chaque jour dans une sainteté de vie, jusqu’au jour où nous serons tous semblables à Celui qui vit et qui règnent maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie

du 27ème Dimanche du Temps Ordinaire (B)ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 10, 2-16Un jour, 2 des pharisiens abordèrent Jésus et pour le mettre à l'épreuve, ils lui demandaient : "Est-il permis à un mari de envoyer sa femme ?" 3 Jésus dit : "Que vous a prescrit Moïse ?" 4 Ils lui répondirent : "Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d'établir un acte de répudiation." 5 Jésus répliqua : "C'est en raison de votre endurcissement qu'il a formulé cette loi. 6 Mais, au commencement de la création, il les fit homme et femme. 7 A cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, 8 il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu'un. 9 Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas !" 10 De retour à la maison, les disciples l'interrogeaient de nouveau sur cette question. 11 Il leur répond : "Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d'adultère envers elle. 12 Si une femme a renvoyé son mari et en épouse un autre, elle est coupable d'adultère." 13 On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher ; mais les disciples les écartaient vivement. 14 Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : "Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. 15 Amen, je vous le dis : Celui qui n'accueille pas le royaume de Dieu à la manière d'un enfant, n'y entrera pas." 16 Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains. Bien chers frères et sœurs en Christ, Les textes de la liturgie de ce dimanche nous donnent de méditer sur la grandeur et la profondeur de l’amour conjugal. Si nous nous référons au livre de la Genèse, le projet de Dieu, c’est de construire une communauté d’amour, à travers le couple « homme et femme », ou par le biais du foyer ou de la famille où son Amour se communique aux hommes qu’il a créés : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance… » ; c’est d’établir ensuite un royaume où son amour grandit et s’épanouit dans les relations humaines : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul… » « Dieu créa l’homme a son image, à l’image de Dieu il le créa ; homme et femme il les créa ». La sagesse biblique nous enseigne que la vraie destinée du couple, c’est d’être à l’image de Dieu. Pour ce faire, « l’homme quitte son père et sa mère… » : quitter ses parents en vue de fonder publiquement une nouvelle communauté de personnes, est une action qui implique non seulement un départ physique, du moins du point de vue symbolique, car il ne s’agit pas de les abandonner, mais également un départ psychologique et spirituel. Cela souligne donc que chacun des conjoints fait preuve de liberté dans son engagement pour fonder leur foyer d’amour. « …Il s’attachera à sa femme… » : l’attachement dont il est question ici n’appartient pas uniquement à l’ordre de l’affection et des passions, mais aussi et surtout à celui de l’engagement de cœur envers l’autre. Les deux conjoints sont appelés à s’attacher volontairement l’un à l’autre au fil des jours et à œuvrer ensemble pour devenir plus pleinement une seule chair.

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L’homme et la femme, en formant une communauté d’amour ont donc pour finalité de devenir l’image de Dieu en eux et par l’union entre eux. A terme, ils sont appelés à se sanctifier et à être saints comme Dieu est saint. C’est pourquoi leur union ne doit pas souffrir d’adultère, encore moins de rupture ou de divorce, car l’un et l’autre souligne une blessure ou un échec. Aujourd’hui, le mariage, qu’il ait été contracté devant le maire ou devant le curé, est devenu un lieu de souffrance. Et pourquoi cela ? L’une des réponses semble être le fait que beaucoup d’hommes et de femmes n’arrivent pas à reconnaître la valeur et la dignité du mariage pour le vivre comme une communion d’amour selon le projet divin. Certains pensent en effet que le mariage n’est qu’une question de sentiment privé qu'un être éprouve pour un autre être, une personne pour une autre personne. Rien n'est plus variable qu'un sentiment, c'est pourquoi rien n'est devenu plus fragile que l'amour. Dès lors que vous définissez l'amour comme un sentiment privé, vous réduisez la perception de l'autre au sentiment que vous en avez. Le mariage ne se construit pas sur le sentiment que l’on a pour une personne : on ne se marie pas seulement parce que l’on aime tel homme ou telle femme, mais on se marie surtout pour vivre ensemble. Parler de « vivre ensemble », c’est laisser entendre que l’on voudrait chercher à créer de l'amour, à partir des ennuis, des joies, des détresses, des accidents, des espérances, de tout ce qu'une journée et une vie peuvent apporter. D’autres également marquent une dissociation du lien matrimonial entre sa dimension institutionnelle et ses dimensions relatives à l’amour, la sexualité et la fécondité : « Nous n’avons pas besoin de nous marier à la mairie ou à l’Eglise pour nous aimer ! Notre amour ne regarde que nous… ». Face à cette objection, il est convient de noter que fonder un foyer n’est pas une simple aventure, mais relève d’une grâce divine que l’on reçoit. Cette grâce, en retour, se fructifie à travers la fécondité biologique, l’enfant que l’on accueille comme fruit de l’amour, et elle se répand en fécondité spirituelle, l’amour des enfants, des parents, des amis, de tous. Rappelons-nous que le lien matrimonial s’inscrit dans le cadre du projet de Dieu qui veut construise une communauté d’amour à l’image des Trois Personnes divines. Quand un homme et une femme s'aiment, leur amour a un sens pour l'humanité tout entière. Ils vivent à deux ce que Dieu voudrait que l'humanité vive dans son entier : une humanité communionnelle, réconciliée, où les différences soient respectées comme source d'entente, d'enrichissement et non comme hostilité ou concurrence. Dans ces conditions, le foyer ou la famille symbolise ce qu'une société a pour exigence, au nom de la création, de vivre et de promouvoir : le respect de la dualité « homme et femme », le fait qu'une différence n'est pas une inégalité et que l'endroit des différences devient l'endroit de la communion. Voilà, bien chers frères et sœurs, nous sommes tous appelés à constituer et à

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construire ensemble la grande communauté d’amour. Et ce n’est pas un travail d’une journée, mais de tous les jours. Demandons au Seigneur par la grâce de cette Eucharistie, Sacrement (Signe) de son Amour pour nous, de nous apprendre à nous aimer véritablement les uns les autres, malgré nos blessures et nos limites, nos déviances et nos péchés. Puisse-t-il nous donner surtout la force, le courage et la patience de nos engager jour après jour pour le bonheur les uns pour les autres, lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 28ème Dimanche de Temps Ordinaire (B) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 10, 17-30 17 Jésus se mettait en route quand un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui demanda : "Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?" 18 Jésus lui dit : "Pourquoi m’appelles-tu bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul. 19 Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère." 20 L’homme répondit : "Maître, j’ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse." 21 Posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer. Il lui dit : "Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi." 22 Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. 23 Alors Jésus regarde tout autour de lui et dit à ses disciples : "Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu !" 24 Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Mais Jésus reprend : ` "Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu ! 25 Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’un aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu." 26 De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : "Mais alors, qui peut être sauvé ?" 27 Jésus les regarde et répond : "Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu." 28 Pierre se mit à dire à Jésus : "Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre." 29 Jésus déclara : "Amen, je vous le dis : personne n’aura quitté, à cause de moi et de l’Evangile, une maison, des frères, des soeurs, une mère, un père, des enfants ou une terre, 30 sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, soeurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions et, dans le monde à venir, la vie éternelle." Bien chers frères et sœurs en Christ, Les textes liturgiques de ce jour nous nous rappellent que le bonheur ne se trouve pas dans le cumul des richesses, mais en Jésus Christ, en qui nous avons la vraie vie, la plénitude de la joie, la paix véritable, l’authentique amour et la sagesse infinie. Une méditation du l’épisode de Jésus et du jeune homme riche nous permet de mieux comprendre cette sagesse biblique.La question posée à Jésus est pleine de bonne volonté : « Bon Maître, que dois-je faire... pour avoir en héritage ?... » et Jésus, répond sur le même registre : pour avoir droit à la vie éternelle, voici ce qu’il faut faire : observer les commandements : « Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne tromperas pas, tu ne feras de tort à personne, tu honoreras ton père et ta mère ». Et l’homme lui répond : « Maître, j’ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse ». Il est bien honnête en répondant ainsi, mais il reste à ses propres forces, à ses propres réalisations. Pour Jésus, il ne faut pas en rester là, il faut aller plus loin, car les commandements ne sont qu’une étape. « Une seule chose te manque, va ; vends tout ce que tu as… puis viens et suis-moi », lui demande Jésus. La suite nous renseigne que l’homme qui, au départ, était plein de bonne volonté, est reparti l’âme au talon, tout triste au regard de ses richesses.

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Jésus souligne alors pour conclure : « Comme il est difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le Royaume de Dieu ! » Ne soyons pas stupéfaits comme les disciples, mais plutôt rassurés, car Jésus n’est pas contre ceux qui ont des biens, ni contre l’usage des richesses. Cependant, il veut bien nous rappeler que quelque fois, notre rapport avec tout ce qui relève des biens matériels, atteste que ce sont nos richesses qui nous possèdent au point de nous rendre esclaves. J’en veux pour preuves les multiples et foudroyantes publicités qui incitent à l’avidité des biens, à la recherche effrénée du confort, des dernières sorties ou dernières marques, les derniers tops models qu’il faut avoir pour paraître bien branché ou très connecté…A certains égards, nous sommes aussi ficelés par nos biens au point que nous en détacher devient source de souffrance. Nous déplacer pour rendre visite à une personnes et lui faire plaisir, ou pour participer à une rencontre de la communauté, nous coûte du temps, de l’énergie, du carburant… Un regard souvent jeté sur la quête à la fin des messes, me laisse dire que l’on y abandonne, négligemment peut-être, quelques centimes ou une pièce de un ou deux euros, alors que l’on dépensera volontiers 10 ou 20 euros pour l’achat d’un cadeau à la Toussaint ou à Noël à un enfant ou à un petit fils : un jeu vidéo ou un robot qui sera vite abandonné dès le premier de l’an…Nos richesses nous apprennent également à nous suffire de nous-mêmes et ne nous enseignent pas à être dans la position de celui qui reçoit ou qui attend tout de Dieu. Comme le jeune homme riche, on préfère ses comptes en banque à l’amour que Jésus propose, on aime bien ses temps de loisirs, de repos, son week-end ou ses vacances, ses courses dans les supermarchés ou les surfaces plutôt que venir s’asseoir une heure de temps à l’église le dimanche. Lors de mon premier séjour ici en France, c’était il y a 2 ans, j’ai été dans une région et au cours d’un échange, j’ai été amené à parler de la foi dans mon Pays au Burkina Faso, où les églises refusent du monde le dimanche. A mon propos, un de mes interlocuteurs a réagit presque en ces termes : « Oui, en Afrique, les gens viennent à l’église parce qu’ils sont pauvres ! » Je lui ai répondu : « C’est bien vrai qu’ils sont pauvres, mais ils trouvent dans la foi en Dieu, leur joie et leur bonheur de vivre… »Bien chers frères et sœurs, voilà où nous conduit l’enseignement de ce jour : « Viens et suis-moi », c’est ce que Jésus à dit au jeune homme. Oui, il nous faut nous mettre à la suite du Christ pour trouver auprès de lui notre richesse, notre joie, et notre bonheur de vivre. Il nous faut préférer la Sagesse divine aux trônes et aux sceptres, et tenir pour rien la richesse, les loisirs, les vacances… Tout l’or du monde n’est que du sable pour celui qui donne la priorité à Dieu et à sa vie de foi.Pour ce faire, il nous faut être libre de tout. Le jeune homme riche n’a pas su saisir cette richesse incalculable que le Christ lui proposait. « Il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens ». Ses richesses ne lui laissent plus de liberté, et ne lui donnent pas de joie. Il est devenu triste quand le Christ lui a proposé de s’en détacher pour les pauvres.Saint Pierre, à l’inverse, fait remarquer : « Nous avons tout quitté pour te suivre », et Jésus de préciser alors ce que doit être ce « tout » : toutes les richesses, même les plus légitimes, même celles qu’apporte l’amour d’homme à savoir : famille, propriété, maison, frères, sœurs, mères, pères, enfants, terre… Et même quand ils auront tout quitter, qu’ils ne s’attendent pas à être applaudis. Ils subiront toutes sortes d’épreuves. Mais au-delà de tout et par-dessus tout, ils recevront bien plus que ce qu’ils auront abandonné : le centuple de tout non seulement en ce monde, mais aussi dans la vie à venir.Demandons au Seigneur la grâce de nous laisser habités par la lumière et

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l’intelligence de son Esprit, afin de parvenir à nous attacher à lui de tout notre cœur, le suivre jour après jour. Et que ce qu’il nous accorde comme biens et richesses nous fasse grandir dans l’amour les uns avec les autres et unissent à lui qui est la Source de la vie et du vrai bonheur, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 29ème Dimanche du Temps Ordinaire EVANGILE - Marc 10, 35-45 35 Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s'approchent de Jésus et lui disent : "Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande." 36 Il leur dit : "Que voudriez-vous que je fasse pour vous ?" 37 Ils lui répondent : "Accorde-nous de siéger, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ta gloire." 38 Jésus leur dit : "Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ?" 39 Ils lui disaient : "Nous le pouvons." Il répond : "La coupe que je vais boire, vous y boirez ; et le baptême dans lequel je vais être plongé, vous le recevrez. 40 Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m'appartient pas de l'accorder, il y a ceux pour qui ces places sont préparées." 41 Les dix autres avaient entendu, et ils s'indignaient contre Jacques et Jean. 42 Jésus les appelle et leur dit : "Vous le savez : ceux que l'on regarde comme chefs des nations païennes commandent en maîtres ; les grands font sentir leur pouvoir. 43 Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. 44 Celui qui veut être le premier sera l'esclave de tous : 45 car le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude." Bien chers frères et sœurs,Les textes bibliques de ce dimanche nous donnent un enseignement sur le sens et la valeur du sacrifice, et nous invitent à savoir faire de notre vie, à la suite du Christ, une coupe de salut pour les autres.Pour ce faire, il nous d’abord comprendre ce que signifie le sacrifice pour un chrétien. Souvent, on assimile à tord ou à raison le sacrifice au sens évangélique au bain de sang, comme ce qui s’est passé pour le Christ. C’est pour cela d’ailleurs que certains le considèrent comme horrible et ne voudraient pas entendre parler de faire de leur vie un sacrifice. Mais, ne nous laissons pas attrister par cette vision d’horreur car pour le Christ, ce n’est pas cela qui compte, mais plutôt son sens évangélique.Lorsque les Jacques et Jean ont adressé leur demande pour occuper les sièges tout près de Jésus, il leur a proposé de boire à la coupe qu’il devrait boire et de recevoir le baptême dans lequel il devait être plongé. Puis, il précise qu’il est venu non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. Il me semble que tout le sens du sacrifice du Christ se retrouve là : boire à la coupe et donner sa vie en rançon pour la multitude.Boire à la coupe nous fait penser à la coupe de sang que le Christ a versé pour nous sauver. Mais là, la coupe à laquelle le Christ boit, c’est celle qui est remplit de la souffrance du monde, de la misère des hommes… Boire à la coupe, c’est donc communier à toute cette amertume faite de souffrance, de misère, de pauvreté, de pleurs, de détresse…dont témoignent les hommes ; finalement, comme le précise le prophète Isaïe, « ce sont nos souffrances qu’il portait, nos douleur dont il était chargé…Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison » (Is 53, 4-5). Ce qui est souligné, c’est le fait que le serviteur souffrant accepte endurer l’épreuve pour que même les coupables obtiennent libération et remise de leurs fautes.

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Pour le Christ lui-même, cette épreuve est pour lui, une manière de donner sa vie en rançon pour la multitude. Là aussi, le mot rançon peut évoquer pour nous une somme exigée par des ravisseurs pour la libération d’otages. Mais le Christ a voulu ici dire que par toute sa vie, sa naissance, son ministère, et tout ce qu’il va subir de la méchanceté de ses contemporains, il se charge de délier ou de délivrer tout homme du poids toute souffrance et de toute détresse. En somme le Christ obtient notre libération de tout mal ne assumant dans son corps et dans son âme la souffrance de chaque homme et de tous les hommes. Il nous a rejoint dans nos faiblesses, afin de nous donner part à sa vie. C’est le vrai sens du sacrifice du Christ : se rendre solidaire de l’homme. Pour nous témoigner son amour et nous sauver du péché, Dieu a choisi de nous rejoindre dans notre mal. Il ne s’est pas contenté de nous libérer à distance, du haut du ciel. Il est venu jusqu’à nous dans notre détresse, s’est proche de nous, à partager notre vie. Dans cette solidarité, il se dérobe pas du chemin de souffrance et de mort sur lequel les hommes l’entraîne vaincre le mal et la haine par la non-violence et le pardon.C’est sur ce même chemin qu’il invite ses disciples pour qu’ils acceptent devenir à leur tour solidaires de leurs frères et sœurs. Et telle est notre mission aujourd’hui : devenir comme Jésus, signes de la présence fidèle et aimante de Dieu, instruments de sa miséricorde dans le monde ; être comme lui et avec lui solidaires des hommes.Boire à la même coupe que le Christ, c’est donc être solidaires des hommes, c’est-à-dire accueillir l’homme tel qu’il est, reconnaître en lui un frère et nous faire proches de lui jusqu’à le rejoindre dans sa détresse, jusqu’à lui être solidaires comme Dieu l’est vis-à-vis de nous. Cette manière de vivre et de donner sens à notre vie nous conduit à nous rendre solidaires de celui qui est victime du mal quelle que soit l’origine de sa détresse spirituelle, humaine, affective, physique, morale… afin de lui témoigner la compassion de Dieu, de lui donner secours et de travailler, dans la mesure de nos possibilités, à sa guérison, à son salut et à sa liberté. A la suite des disciples, beaucoup d’hommes et de femmes ont accepté faire ainsi de leur vie un sacrifice pour que la Bonne Nouvelle de paix, d’amour, de justice et de joie pénètre les cœurs partout dans le monde entier. Toutefois, cette forme de sacrifice ou de solidarité n’est pas seulement réservée aux milliers de missionnaires dispersés dans les quatre coins du monde. Il nous appartient aussi de savoir boire à la coupe du Seigneur là où nous sommes, là où nous vivons, là où nous travaillons, car être solidaire, c’est en dernier ressort, se sentir relié à un groupe de personnes, à d’autres êtres humains, avoir quelque chose de commun avec eux, être liés de telle sorte que chacun se sente interpellé, touché, quand l’un d’eux est dans la gêne, affecté et meurtri.Voilà, bien chers frères et sœurs, en prions aujourd’hui pour les missions, nous demandons au Seigneur d’unir nos cœurs, nos désirs et nos forces pour qu’ensemble, nous recherchions à vivre cette solidarité dans nos petites communautés, chacun donnant de son temps, de ses talents, de son génie, de savoir faire, et partageant son amour et sa joie comme sa déception et ses peines avec les autres. Que le Christ nous fortifie dans cette mission pour que nous soyons les uns pour les autres signes de l’amour et de la tendresse de Dieu qui vit avec nous maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

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Homélie du 30ème Dimanche du Temps Ordinaire (B)

EVANGILE - Marc 10, 46b - 52

46 Tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route. 47 Apprenant que c'était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : "Jésus, fils de David, aie pitié de moi !" 48 Beaucoup de gens l'interpellaient vivement pour le faire taire, mais il criait de plus belle : "Fils de David, aie pitié de moi !" 49 Jésus s'arrête et dit : "Appelez-le." On appelle donc l'aveugle, et on lui dit : "Confiance, lève-toi ; il t'appelle." 50 L'aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. 51 Jésus lui dit : "Que veux-tu que je fasse pour toi ? Rabbouni, que je voie." 52 Et Jésus lui dit : "Va, ta foi t'a sauvé." Aussitôt l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route.

Bien chers frères et sœurs en Christ,

Avec l’épisode de l’aveugle de Jéricho, nous sommes invités à aller à la rencontre de Jésus pour obtenir la lumière de la foi, et pour mieux vivre dans la solidarité les uns avec les autres.L’aveugle Bartimée a su sentir la présence de Dieu au passage de Jésus. Malgré son handicap et à l’écart de la société, il connaît la bienveillance de Dieu et reconnaît sa présence à ses côtés. Il crie d’une voix à déranger la foule pour demander la miséricorde de Dieu. Et lorsque Jésus le fit appeler, il ne perd pas une seconde : il jette son manteau, et d’un bond, court vers son Seigneur et Sauveur. A la question de Jésus : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? », il répond : « Maître, que je voie ».Ce qui est remarquable ce cet aveugle, c’est sa foi et sa confiance en Jésus lorsqu’il l’a senti passé. Et sachant que c’est lui qui peut lui donner le bonheur qu’il recherche, il brave la foule pour faire entendre sa voix. Il abandonne son manteau lorsque Jésus lui fait signe. Le manteau est ce qui, à la fois, exposait et couvrait sa misère ; c’est aussi ce qui lui servait de protection contre le vent, le froid, le soleil…et lui donnait une assurance de vie et de survie. C’est donc un bien auquel il devrait être très attaché. Mais à l’appel de Jésus, sans hésiter, il s’en débarrasse pour un bien plus grand. Lui qui ne possédait rien d’autre que son malheur et ses larmes, il abandonne tout et s’élance vers son salut. Cette foi et cette confiance de Bartimée nous confirment une chose : Dieu est à l’écoute de nos prières. Il nous rejoint toujours, même dans nos lieux d’exil, et nous fait signe. Toutefois, il attend de nous non seulement, un regard de reconnaissance de sa présence, mais aussi un geste de dépouillement de nos sécurités humaines ou matérielles, un geste de confiance en lui.Bien souvent, nous crions vers Dieu qui nous fait signe de façons multiples. Mais nous sommes comme plongés dans la cécité au point de ne plus être à mesure de discerner sa présence et son action en nos vies, et par-là même coopérer à son dessein de salut. Nous sommes parfois derrière le voile de nos misères, ou bien accrochés à certaines pensées philosophiques, à des conduites, des biens, ou des personnes qui semblent nous apaiser, nous assurer protection et nous donner un quelconque et provisoire bonheur. Il arrive que quelqu’un reste attaché à son travail, à son loisir, à certaines relations et à quelques passions qui, bien qu’ils lui procurent de l’assurance, du plaisir ou un certain bien-être, sont sources de souffrance spirituelle et de

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destruction de sa vie, parce qu’ils ne lui permettent d’aller à la rencontre de Dieu. Nous avons besoin de lâcher ces différents manteaux de misère pour obtenir de Dieu la guérison, la paix et la pureté du cœur.Dans l’itinéraire de guérison de l’aveugle de Jéricho, il y a eu un obstacle qui a voulu entraver son élan : beaucoup cherchaient à le faire taire, comme s’il n’était pas digne de parler à Jésus. Mais, plus la foule s’interposait, plus il criait de plus belle. Cette manière d’exclure les autres que l’on juge sévèrement nous interpelle aussi.A cet propos, nous avons l’écho du message du Conseil permanent des Evêques à l’occasion des prochaines élections : il s’intitule, « Qu’as-tu fait de ton frère ? », et date du 18 octobre dernier. Les Evêques s’expriment en ces termes : « Nous aussi, nous sommes pour l’épanouissement de la personne, mais un épanouissement qui soit pleinement responsable, qui respecte la dignité humaine, la défense des faibles et permette l’instauration d’une société de confiance… ». Ils ne manquent pas de se poser des questions sur certains faits qui témoignent d’une volonté d’exclusion. « Comment construire la confiance si la société accepte l’exclusion des plus faibles, depuis la pratique de l’avortement jusqu’à la tentation de l’euthanasie ? Comment construire la confiance s’il est des malheurs que l’on ne peut exprimer : par exemple, la difficulté pour une femme, dans certains cas, de refuser l’avortement devant la pression qui s’exerce sur elle ; ou la difficulté pour des enfants d’exprimer leur souffrance face au divorce de leurs parents ; ou encore celle d’enfants qui ne peuvent exprimer leur désarroi d’ignorer qui est leur père ou leur mère… ? »Nous pouvons répondre en retournant sur l’épisode de Bartimée. Quand Jésus a fait signe de l’appeler, il y a eu des gens qui lui ont tendu la main avec des paroles de sympathie : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle ». Le message des Evêques prend à leur compte l’interrogation de Dieu : « Qu’as-tu fait de ton frère ? », et nous donne une piste de réponse en ces termes : « Aimer son pays ne consiste pas seulement à l’aimer virtuellement, par à coup, ou lorsque tel ou tel évènement suscite l’émotion. Beaucoup d’hommes et de femmes aujourd’hui, en France et dans le monde, se sentent blessés, exclus, mis sur le bord de la route pour des raisons personnelles, sociales, économiques, politiques, religieuses. Parce que nous voulons mettre en œuvre le double commandement du Seigneur, nous, chrétiens français, entendons ces hommes et ces femmes nous interroger : ‘Si je suis ton frère, vas-tu passer ton chemin ?’ ». Bien chers frères et sœurs, faisons notre cette préoccupation de nos Evêques, et laissons monter nos voix vers le Seigneur pour qu’il nous ouvre les yeux et nous permettent de reconnaître les signes de son appel, d’aller à sa rencontre et trouver en lui ce qui nous fait défaut dans notre recherche de paix, de justice, et d’amour ; qu’il nous donne l’audace et le courage de combattre tout ce qui tente d’étouffer les cris des plus faibles pour construire ensemble une société de liberté qui soit plus fraternelle. Puissions-nous être illuminés de sa lumière pour le reconnaître sur le visage de chaque homme ou femme, lui qui vit au milieu de nous et qui règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie de la Solennité de la Toussaint 2006

Matthieu 5, 1-12a

Quand Jésus vit la foule, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent. 2 Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :3 « Heureux les pauvres de coeur : le Royaume des cieux est à eux !4 Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !5 Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés !7 Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !8 Heureux les coeurs purs : ils verront Dieu !9 Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !11 Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.12 Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! C'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

Bien chers frères et sœurs en Christ,

La célébration de la Solennité de la Toussaint nous donne l’occasion de méditer sur la sainteté. La fête de tous les saints connus et inconnus nous permet de vivre notre espérance sur la fin et la finalité de notre vie : devenir saint à l’image de Dieu, comme nous y invite l’injonction biblique : « Soyez saints car moi, Yahvé, votre Dieu, je suis saint » (Lv 19, 2). Et lorsque l’on considère que les saints sont ceux-là qui bénéficient de la plénitude de vie avec Dieu, on est tenté de dire que la sainteté n’est pas de ce monde, et qu’une telle vie ne nous est pas donnée aujourd’hui.

Mais à entendre Jésus proclamer les béatitudes, nous voyons que tout part de la vie d’ici-bas avec tout ce qu’elle comporte comme joies, peines, et engagements : la pauvreté, les pleurs, la justice, la paix, la miséricorde… tout cela fait partie de notre quotidien. Et s’il en est tel, c’est que la sainteté n’appartient pas seulement à la vie à venir, mais appartient à la vie sur la terre. Elle témoigne que la vie que nous menons ici, toute mêlée au corps, avec ses faiblesses, avec ses trivialités, est capable de recevoir le reflet d’une lumière surnaturelle, qu’elle peut acquérir une signification qui la dépasse, qui nous apprend non pas seulement à la supporter, mais à la vouloir et à l’aimer. De plus, il nous semble toujours que le saint est un être d’exception, qui s’est séparé de la vie commune, qui ne participe plus à sa misère et qui vit en communion avec Dieu, et non plus avec nous. Mais ne nous laissons pas trompés : la sainteté n’est pas réservée à des élites. Elle est l’épanouissement voulu par Dieu pour tous les hommes. La sainteté n’est pas un idéal inaccessible et inhumain. Certes, elle dépasse, et de loin, nos seules forces. Mais elle vient insuffler dans notre unique existence un principe de croissance, de progrès ; elle vient nous préparer, de l’intérieur, à la plénitude de notre unique identité.

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La sainteté n’est pas une autre vie, édifiée en opposition à la vie d’ici-bas. Notre marche vers la sainteté commence dès la naissance, puis elle prend ses racines dans le baptême et est renouvelée par les autres sacrements, principalement par l’Eucharistie et le Sacrement de réconciliation. Nous sommes appelés à la sainteté à chaque saison de notre vie : au printemps de notre naissance, pendant l’été de notre jeunesse, dans l’automne de notre maturité et l’hiver de notre vieillesse, à l’heure de notre mort et enfin, au-delà de la mort. Le propre de la sainteté, c’est de nous découvrir la relation entre les deux mondes, c’est-à-dire entre le matériel et le spirituel, ou encore de nous montrer qu’il n’y a qu’un monde, mais qui a une face obscure et une face lumineuse, et qui est tel que nous pouvons nous laisser séduire par son apparence, avec laquelle nous ne cessons de passer et de périr. Le saint vit au milieu de toutes les misères de l’existence. Il est même accablé par elles au point que toutes les grandeurs de la terre nous paraissent indifférentes. C’est ainsi qu’il montre d’une manière plus éclatante que les véritables biens sont ailleurs.Dieu nous appelle tous à la sainteté, sans aucune exception, mais chacun dans les circonstances concrètes où sa vocation humaine l'a placé : pour les uns, c’est à travers la vie familiale, pour d’autres, c’est dans l’exercice de leur profession, et pour d’autres encore, à travers leur vie toute donnée à Dieu. Les voies de la sainteté sont multiples et adaptées à la vocation de chacun. Les parcours de la sainteté sont personnels et adaptés aux rythmes des personnes. Mais quelle que soit la voie, il demeure un élément fondamental : la quête permanente d’une union de vie, et d’une communion dans l’action avec Dieu. Pour faire du bien au prochain par exemple, il s’agit de ne pas quitter Dieu pour aller à nos frères, mais plutôt de porter Dieu à nos frères. Souvenons nous de la loi fondamentale qui gouverne l'action chrétienne : tout apostolat qui ne prend pas sa source dans une abondante contemplation est infécond et peut même devenir nuisible à celui qui l'exerce. Toute vie active qui se développe au détriment de la vie intérieure va contre la volonté de Dieu. Que jamais la part donnée au prochain ne diminue la part donnée à Dieu. Que notre action ne se sépare pas de notre contemplation, mais qu'elle soit encore notre contemplation qui s'extériorise, qui s'épanche dans l'âme de nos frères.En somme, si nous sommes dès ici-bas tout tendus vers Dieu, avec toujours le désir de n’accomplir que sa volonté, c’est que nous sommes des saints en puissance, mais notre sainteté a encore à faire ses preuves à travers les vicissitudes de la vie pour parvenir à la plénitude en Dieu. Demandons au Seigneur de nous accorder que à travers nos différentes épreuves, nous sachions réajuster notre vie à celle que le Christ est venu nous proposer afin que notre sainteté se confirme de jour en jour, jusqu’à la plénitude de la gloire avec Lui qui vit et qui règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 31ème Dimanche du Temps Ordinaire (B)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 12, 28b-34

28 Un scribe s'avança vers Jésus pour lui demander : "Quel est le premier de tous les commandements ?"29 Jésus lui fit cette réponse :"Voici le premier : Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur. 30 Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. 31 Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas de commandement plus grand que ceux-là." 32 Le scribe reprit : "Fort bien, Maître, tu as raison de dire que Dieu est l'Unique et qu'il n'y en a pas d'autre que lui. 33 L'aimer de tout son coeur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices." 34 Jésus, voyant qu'il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : "Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu." Et personne n'osait plus l'interroger.

Bien chers frères et sœurs en Christ,

« Tu n’es pas loin du royaume de Dieu », voici une déclaration de Jésus qui traduit tout ce qu’il souhaite pour les hommes. Il est venu dans le monde pour instaurer le royaume de Dieu. Et ce royaume n’est rien d’autre que celui de l’amour : l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Celui qui vit dans cet amour entre dans le règne de Dieu.

Profitant d’un dialogue suscité par la question d’un scribe sur la priorité dans les commandements de Dieu, Jésus donne une précision de l’ordre, non pas seulement de la préséance, mais surtout de l’importance. L’orientation fondamentale de la vie de l’homme, c’est d’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même. C’est le chemin du vrai bonheur, le chemin de la vie parfaite, comme manifestation du règne de Dieu.

Déjà, dans la loi de Moïse, il était fortement prescrit d’aimer Dieu, et lui seul, pour marcher sur le chemin de la vérité, du « bonheur », de la « fécondité », de la vie. Le pieux israélite devait observer ce précepte, ainsi que les autres qui en découlent, à tout instant de sa vie, à la maison, sur la route, au cœur de ses occupations et même dans son sommeil, afin d’obtenir la bénédiction de Dieu, sa protection contre les ennemis, la longue vie, le bonheur et la prospérité (cf. Dt 30 15-20). Tout le destin du peuple élu était donc dans l’amour de Dieu qui se traduisait par l’accueil et la pratique de la Loi.

Toutefois, Jésus donne une précision sur une autre face du bonheur ou de la sainteté en Dieu qui est l’amour du prochain avec toutes ses harmoniques : amitié, compassion, tolérance, espérance, joie, miséricorde, justice, solidarité... Lui qui a été le premier à donner l’exemple sur le véritable amour, il le présente à ses disciples comme son commandement : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13, 34). Il fait ainsi de l’amour du prochain, un amour fraternel et universel, sans discrimination et sans barrières de rang social, de race, d’ethnie, de langue ou de religion. Un amour qui accueille surtout les plus pauvres, les plus faibles, les plus petits,

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et qui ouvre les bras, même à ses propres ennemis, et aux ennemis de Dieu que sont les pécheurs, pour les couvrir de pardon et de miséricorde.

Nous aimez comme le Seigneur nous a aimés, c’est rejoindre le Christ dans le don de soi, c’est nous laisser emporter par la force intérieure qui nous pousse à aimer les autres, et à nous donner à eux sans condition. Nous aimer comme lui nous a aimés, c’est finalement rejoindre Dieu qui est la Source de l’Amour, car le Christ, lui nous a aimés comme son Père l’aime.

En somme, nous sommes en face d’un unique commandement : dans l’amour fraternel, nous rencontrer Dieu. Il ne peut avoir un véritable et parfait amour de Dieu en dehors de l’amour du prochain, sans aimer de sincèrement ceux en qui Dieu nous prescrit de le reconnaître. De même, il n’y a pas de véritable et parfait amour du prochain si nous refusons de voir Dieu en lui et si nous rabaissons la charité au niveau d’une pure philanthropie, en l’amputant de sa dimension transcendante. La loi fondamentale de la perfection humaine et donc de la transformation du monde est le commandement nouveau de l’amour.

Qui vit ce commandement n’est pas loin du royaume de Dieu. Celui qui a comprit que le plus important, c’est d’aimer comme Jésus, vivre dans l’amour de Dieu qui nourrit l’amour des autres, heureux est-il, il tout près du royaume de Dieu. Notre participation au royaume de Dieu est à la mesure de l’amour dont nous témoignons concrètement dans notre vie. Par l’amour, nous sommes en Dieu et nous participons à la Vie divine.

Bien chers frères et sœurs, laissons nos cœurs s’embraser par le feu de « l’amour que Dieu a répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5). Puissions-nous puiser dans cet amour l’assurance de nous savoir aimés de Dieu, la stabilité pour notre vie à la suite du Christ, la joie d’être comme des instruments entre les mains de Dieu, de telle sorte que toutes nos actions, tant de l’ordre de la nature que dans celui de la grâce, soient un agir divin et contribuent à la rédemption du monde. Et que le Christ lui-même nous confirme dans cet amour pour royaume, lui le Roi d’amour qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 32ème Dimanche du Temps Ordinaire (B)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 12, 38-44Dans son enseignement, Jésus disait : 38 "Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à sortir en robes solennelles et qui aiment les salutations sur les places publiques, 39 les premiers rangs dans les synagogues et les places d'honneur dans les dîners. 40 Ils dévorent les biens des veuves et affectent de prier longuement : ils seront d'autant plus sévèrement condamnés." 41 Jésus s'était assis dans le Temple en face de la salle du trésor et regardait la foule déposer de l'argent dans le tronc. Beaucoup de gens riches y mettaient de grosses sommes. 42 Une pauvre veuve s'avança et déposa deux piécettes. 43 Jésus s'adressa à ses disciples : "Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde. 44 Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu'elle avait pour vivre."

Bien chers frères et sœurs en Christ,

Des textes bibliques de ce jour, il ressort une conduite qui nous est proposée en imitation. Deux veuves - l’une dans la première lecture, la veuve de Sarepta dans le 1er livre des Rois, l’autre, la veuve du Temple dans l’Evangile de Marc – manifestent leur générosité en donnant tout du peu qu’elles avaient comme moyen de subsistance.

Ce qui est admirable, ce n’est pas tant leur générosité, qui est, sans nul doute, hors du commun, que la foi et la confiance qui ont inspiré et accompagné leurs gestes. La veuve de Sarepta, qui ne fait même pas partie du peuple élu, a foi et confiance en Dieu en la personne de son envoyé, le prophète Elie ; la veuve du Temple abandonne tout à Dieu en mettant ses deux pièces dans le tronc. Toutes les deux offrent ce qu’elles avaient pour vivre : en donnant tout, c’est aussi toute leur vie qu’elles abandonnent à Dieu.

Le don de foi de ces deux veuves illustre par avance l’attitude du Christ qui offre toute sa vie à Dieu par amour pour l’humanité. Lui-même invitera ses disciples à emprunter ce chemin du don total de soi-même en ces termes : « Celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera » (Mc 8,35). Tout donner, partager notre nécessaire, perdre sa vie… c’est entrer dans le mouvement de la gratuité de la charité divine telle que nous la voyons se manifester dans la vie de Jésus.

Dans un monde où tout nous pousse non seulement à l’équipement, à la consommation, au cumul des biens, mais aussi au surplus, au trop plein, à l’abondance ou surabondance jusqu’au rejet dans les poubelles, tout donner c’est laisser échapper de notre cœur la puissance d’amour et de générosité envers ceux qui manquent du nécessaire, à l’exemple de Marie à Cana : « Ils n’ont plus de vin », ou de Jésus qui est pris de pitié devant la foule affamée : « donnez-leur vous-mêmes à manger… ».

De façon concrète, tout donner c’est d’abord avoir la juste mesure en tout pour éviter tout gaspillage, toute surabondance nuisible, puis tout mettre en œuvre pour que ceux

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qui manquent du peu puissent trouver de quoi sauver leur vie. Sur le plan mondial, on parle de commerce équitable, de solidarité avec les pays en voix de développement, de remise de dettes… il ne faudrait pas que cela reste seulement des discours enchanteurs, mais qu’il se traduise par une réelle volonté d’œuvrer pour que personne ne meurt de faim parce que d’autres en ont trop ou ont pris le peu qu’elle possédait.

De plus, le partage de notre nécessaire ne concerne pas seulement ce qui touche au domaine matériel. Elle s’exprime aussi et surtout par un geste de confiance et d’abandon à Dieu : des attitudes qui nous poussent à servir Dieu le premier, c’est-à-dire, lui offrir les moments de nos journées les plus féconds comme les plus arides, car tout vient de lui et tout est pour lui.

De la même façon mais par rapport à nos frères et sœurs, partager notre nécessaire, c’est savoir perdre notre vie, du moins notre temps pour eux, c’est-à-dire, nous tenir à tout instant du jour dans une véritable disponibilité de cœur pour répondre à celui ou celle qui viendra solliciter notre écoute ou notre attention.

Bien chers frères et sœurs en Christ, par cette célébration, demandons au Christ de nous éclairer sur le geste de confiance qu’il revient à tous et à chacun de poser, pour aller au-delà des limites et vaincre nos peurs profondes qui nous habitent et nous empêchent de donner ou de nous donner. Puisse-t-il également ouvrir nos yeux, nos coeurs et nos mains afin que nous continuions à répandre son amour et sa grâce tout autour de nous. Accueillons-le à cette table eucharistique où il se donne à nous afin qu’il nous fasse grandir dans cette générosité discrète de la veuve, et dans la gratuité de son amour, lui qui vit et qui règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 33ème Dimanche du Temps Ordinaire (B)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Marc 13, 24-32Jésus parlait à ses disciples de sa venue : 24 "En ces temps-là, après une terrible détresse, le soleil s'obscurcira et la lune perdra son éclat. 25 Les étoiles tomberont du ciel et les puissances célestes seront ébranlées. 26 Alors on verra le Fils de l'homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire. 27 Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l'extrémité de la terre à l'extrémité du ciel. 28 Que la comparaison du figuier vous instruise : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l'été est proche. 29 De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l'homme est proche, à votre porte. 30 Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n'arrive. 31 Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. 32 Quant au jour et à l'heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père."

Bien chers frères et sœurs en Christ,A travers les textes bibliques de ce dimanche, le Christ nous exhorte à une vigilance active sans découragement devant les épreuves que nous vivons dans ce monde. Notre vie présente nous donne de la joie, mais nous plonge aussi dans la détresse si bien que nous cherchons toujours à la maîtriser, ou à connaître tout ce que nous arriver ou qui est susceptible de nous arriver. Il est rare aujourd’hui de parcourir un journal ou une magazine sans voir une ou deux pages réservées à l’horoscope que certains consultent pour savoir ce qui est supposé leur arriver dans la journée ou dans les jours à venir. Ces pratiques traduisent parfois un mal être en homme face à sa situation présente ou face à son devenir. Devant leur incapacité à maîtriser les évènements présents, certains veulent « se consoler » en essayant de contrôler ce qui relève du domaine de l’insaisissable en interrogeant les astres, en lisant les paumes des mains, en jouant des cartes ou en regardant à travers un cristal.L’enseignement qui nous est donné en ce jour vise à nous amener à sortir de cette ardeur qui nous pousse à vouloir mettre la main sur ce qui est supposé nous arriver. Dans un premier temps, il nous dit que même si notre vie présente ressemble parfois à un redoutable temps d’épreuve et de détresse, il demeure la certitude que Dieu qui nous aime ne nous abandonne jamais. Dieu qui ne veut que du bien pour nous ne saurait nous laisser dans les chaînes de la mort.Dans un second temps, il nous ouvre à l’espérance. Même si ce que nous voyons, ce que nous vivons, c’est l’échec, la mort des meilleurs, l’horreur… nous n’avons pas à nous décourager. Il nous faut tenir bon dans les épreuves, notre victoire est déjà assurée par le Christ qui, par le don de sa vie pour nous, par sa mort et sa résurrection, nous affranchit du péché et de la mort, et fait de nous des hommes et des femmes libres : libres de ne pas retomber dans la haine, la violence, la jalousie ; libre de vivre en fils et filles de Dieu, et en frères et sœurs entre nous. Dieu est et demeure le Maître de l’histoire et le jour vient où le mal disparaîtra : ça sera la transformation et le renouvellement du monde, le règne du Dieu d’amour.Enfin, nous apprenons que le Christ, « par son unique sacrifice à mener à leur perfection ceux qui reçoivent de lui la sainteté ». Nous avons été menés par le Christ à notre accomplissement. Désormais, nous n’avons qu’à laisser l’Esprit Saint mener nos vies. Nous n’avons plus à nous inquiéter de ce que sera notre avenir, car personne

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ne connaît ni le jour, ni l’heure, ni comment il adviendra. Personne ne peut s’assurer par quoi que ce soit de ce qui l’attend, et il est vain chercher à fixer une date. En retour, il nous faut en toute simplicité chercher à nous tenir prêts dans une vigilance de chaque instant, car il est bien certain que le Seigneur, Vainqueur de tout combat, se manifestera et viendra pour chacun comme il l’a bien dit : « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde… », « Je reviendrai vous prendre avec moi… » En somme, le Christ demeure notre avenir. Notre espérance chrétienne trouve cette certitude non dans de vains calculs qui permettent de prévoir l’avenir à partir des évènements de l’histoire ou des phénomènes de la nature, mais dans ces paroles de Christ même. Demandons à Dieu de nous accorder la grâce de savoir lire et accueillir dans chaque évènement, chaque épreuve, chaque échec comme chaque réussite, la manifester de sa présence et de son action à notre égard. Puisse-t-il nous donner de l’accueillir dans une vigilance de chaque instant de notre vie en attendant qu’il nous porte à l’accomplissement quand il viendra sur les nuées avec grande puissance et grande gloire, lui qui vit et qui règne à jamais, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie de la Solennité du Christ Roi de l’Univers (B) EVANGILE - Jean 18, 33b – 37Lorsque Jésus comparut devant Pilate, celui-ci l'interrogea : 33 "Es-tu le roi des Juifs ?" 34 Jésus lui demanda : "Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d'autres te l'ont dit ?" 35 Pilate répondit : "Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les chefs des prêtres t'ont livré à moi : qu'as-tu donc fait ?" 36 Jésus déclara : "Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j'aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d'ici." 37 Pilate lui dit : "Alors, tu es roi ?" Jésus répondit : "C'est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix." Bien chers frères et sœurs en Christ, Nous voici encore à la fin d’une année liturgique, celle de l’année B, où nous sommes invités à célébrer la Royauté de notre Seigneur Jésus Christ, qui règne sur tout l’univers, sur terre comme au ciel. Le Seigneur Jésus règne, mais de quel règne s’agit-il ?De notre héritage de la tradition juive, nous retenons du livre de Daniel que le Christ, le Messie est un « fils d’homme », c’est-à-dire un homme, vraiment homme qui fait partie donc du monde de l’homme est introduit dans le monde de Dieu où il reçoit gloire, puissance et royauté sans pareille sur tous les peuples, nations et langues. Jésus lui-même reprend à son compte cette notion de « fils d’homme » tout en apportant une nuance remarquable. Il passe de l’appellation « fils d’homme » à celle de « Fils de l’homme » pour désigner non pas ici son humanité, mais tout son Être en tant que porteur du destin de l’Humanité toute entière. A la représentation classique du fils d’homme qui met l’accent sur son aspect glorieux, et dont il reprend l’image dans les évangélistes : « On verra le Fils de l’homme venir, entouré de nuées, dans la plénitude de la puissance et de la gloire… » (Mc 13, 26), il ajoute un autre aspect auquel personne ne s’y attendait, celui de la souffrance : « Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes ; ils le tueront… » (Mc 9, 13). Finalement, l’éclat de sa royauté nous est rendue manifeste à travers le sens qu’il donne à sa souffrance et à sa mort : c’est le signe suprême de son grand Amour pour l’Humanité, et de sa victoire, (puissance et domination) sur toutes les forces de destruction du monde. Ainsi, le règne du Fils de l’homme est celui de la victoire de l’Amour sur la violence, sur la haine, sur le mal…Selon les disciples de Christ, la victoire de l’amour de Dieu commence d’abord dans sa volonté d’habiter avec les hommes pour que toute l’Humanité reçoive de lui la stabilité, l’harmonie et la paix auxquelles elle aspire. St Paul dans ses lettres comme St Jean dans le livre de l’Apocalypse, se plaît à formuler ce souhait à ses frères : « Que la grâce et la paix vous soient données de la part du Seigneur Jésus Christ… ». Cette formule se révèle être à la fois une affirmation et une invitation.Le règne de paix est inauguré avec l’amour du Christ pour l’Humanité, et dans sa vie donnée pour nous libérer du mal. Par la présence du Fils de Dieu au milieu de nous, le Prince de la paix est venu pour nous ; par lui, Dieu nous donne sans cesse sans grâce, sa paix, sa bénédiction. Toutefois, même grâce et paix nous sont offertes, il nous faut nous rendre perméables

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à leur rayonnement permanent. Nous reconnaissons certes en Jésus, Celui qui se fait proche de nous, au point de partager nos luttes, nos rébellions, notre désir d’une vie normale, de paix et de bonheur, mais nous avons parfois du mal à le reconnaître comme Seigneur (Dominus), c’est-à-dire, comme Celui qui habite nos cœurs et qui en est le Maître, Celui qui peut porter nos désirs à leur meilleur accomplissement, Celui qui a le pouvoir de nous faire entrer dans la grâce et la paix prévues pour nous par Dieu de toute éternité. Il nous faut alors nous mettre à l’écoute de la Voix du Maître qui possède la Vérité sur notre devenir, et qui est la Vérité même.Enfin, pour St Jean, le règne du Christ est celui de la Vérité. Devant Pilate, Jésus affirme : « Ma royauté ne vient pas de ce monde…Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la Vérité… ». Et la Vérité, c’est Dieu lui-même. Comme tant d’autres contemporains de Jésus, Pilate n’a pas voulu reconnaître que celui qui était là en face de lui était la Vérité même. Il croyait détenir lui-même la Vérité, alors que personne ne peut prétendre la posséder puisque elle est une Personne : Dieu lui-même. La Vérité ne nous appartient pas comme Dieu ne appartient pas : on appartient plutôt à la Vérité comme on appartient à Dieu. Que de querelles inutiles en famille, entre conjoints ou entre collègues, et même des guerres meurtrières dans le monde, parce que l’un ou l’autre a prétendu posséder la vérité… En revanche, la seule chose importante, c’est d’être pris par la Vérité et lui appartenir, l’écouter et se laisser instruire par elle… « Tout homme qui appartient à la Vérité écoute ma voix », ce qui revient à dire, « celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu… » (Jn 8, 47). Pour participer à la royauté du Christ, et permettre au « dessein bienveillant » de Dieu t’atteindre son accomplissement en nous, il nous faut écouter Jésus comme le Père lui-même nous y invite lors de la Transfiguration : « Celui est mon Fils bien-aimé, écoutez-le… » Bien chers frères et sœurs, ayons une oreille attentive à la Voix du Christ pour que sa Parole nous transforme les cœurs et nous rendent doux et humbles, qualités nécessaires pour être des serviteurs de son règne d’amour, de paix et de vérité. La royauté du Christ sera définitive quand les cœurs des hommes seront transformés. Nous appelons de tout notre cœur le règne du Prince de la Paix, accueillons dans son Eucharistie la grâce et la force de faire grandir son Royaume dans nos cœurs, dans nos vies et par toutes nos activités, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 1er Dimanche de l’Avent (C) EVANGILE - Luc 21, 25-28, 34-36 Jésus parlait à ses disciples de sa venue : 25 - « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées par le fracas de la mer et de la tempête. 26 - Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. 27 - Alors on verra le Fils de l'homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire. 28 - Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. 34 - Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre coeur ne s'alourdisse dans la débauche, l'ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l'improviste. 35 - Comme un filet, il s'abattra sur tous les hommes de la terre. 36 - Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d'échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l'homme. » Bien chers frères et sœurs en Christ, A cette période l’année, les uns et les autres s’activent pour préparer les fêtes de fin d’année (Noël, le 31 décembre et le premier de l’an). Les rues sont déjà illuminées, les vitrines ont pris des couleurs vives et attrayantes, les magasins recrutent des intérimaires, les entreprises et les services sont aux bilans, dans les stations, on s’impatiente du retard de la neige, dans les familles, on s’active pour les sapins de Noël, pour les cadeaux, pour le repas familial… bref, nous vivons actuellement une certaine animation, et même un surchauffement, pour ne pas rater ces évènements de fin d’année. L’Eglise elle aussi nous propose de tourner nos regards vers la prochaine célébration de la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ, mais avec une note tout à fait à l’opposé de l’ambiance ordinaire dans laquelle les uns et les autres vivent déjà. Avec le temps de l’Avent qui nous ouvre une nouvelle année liturgique (l’année C), l’Eglise nous invite à garder notre attention tournée vers l’avenir et d’adopter l’attitude de ceux attendent la venue ou le retour d’un être aimé. « Voici venir des jours… », proclame Jérémie, et Jésus de poursuivre sur un ton déroutant : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune…les puissances des cieux seront ébranlées… » Voici ainsi donnée la description d’un temps apocalyptique que personne se souhaite vivre. Mais cette description nous laisse une note rassurante : « Alors, on verra le Fils de l’homme venir…avec grande puissance et grande gloire… » Finalement, cette description semble vouloir nous rappeler que le monde passe. Cela est bien évident, et n’oublions donc pas qu’il n’y a pas que les activités. C’est bien de vaquer à ses occupations quotidiennes, d’embellir les rues, de préparer les fêtes, mais n’oublions pas que tout cela ne peut pas durer pour toujours. Noël et ses sapins, de même que ses cadeaux passeront, la neige viendra mais elle passera, les jeux de lumière s’éteindront, les activités finiront, la vie prendra fin… mais que nous restera-t-il alors ?

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Le monde passe, ou plutôt, nous passons en ce monde pour en accueillir un autre, celui du règne du Fils de l’homme. Il nous faut alors chercher à orienter notre vie dans la bonne direction, de manière à plaire Dieu. « Quand ces évènement commenceront, redressez-vous et relevez la tête… et tenez-vous sur vos gardes… ». Ce qui revient à dire : « Faites attentions pour que vos occupations, les préparations des fêtes, les activités multiformes qui vous enserrent, certains passions, les soucis de la vie… que tout cela ne vous fasse pas sombrer dans un obscurcissement spirituel et vous empêche de faire la rencontre avec Celui qui vous a créés et qui donne sens à votre vie… » Ceux qui s’attacheront à toutes ces choses qui passent seront comme terrifiés devant la perte irrémédiable de tout ce en quoi ils avaient mis leur espoir. Pour que cette catastrophe ne s’abatte pas sur nous, pour que cela ne tombe pas sur nous à l’improviste, du moins, pour réussir la rencontre avec le Seigneur, il nous faut tenir sur nos gardes pour que notre cœur ne s’alourdisse pas, et rester éveillés dans la prière. Nous devons donc prendre acte de ce qui peut nous détourner de l’attente du Seigneur afin de pouvoir orienter notre vie sur quelque chose de solide. A nous aussi de savoir choisir un point d’attention qui pourra soutenir notre désir de la rencontre avec le Seigneur. En somme, il nous faut avoir un cœur éveillé…Et pour St Paul, un cœur éveillé, c’est celui qui sait mettre toute sa vie en perspective de ce « jour où notre Seigneur Jésus viendra avec tous les saints… ». Avoir un cœur éveillé, c’est toujours cherché à plaire à Dieu en ayant « un amour de plus en plus intense et débordant à l’égard de tous les hommes » pour construire avec eux une communauté où tous ensemble, on cherche à faire la paix, où l’on s’accepte les uns les autres malgré les défauts et les différences, où l’on partage avec les autres son temps, son avoir et son avoir. Enfin, un cœur éveillé sait faire un peu de place à Dieu, et le laisser paraître dans sa vie concrète, familiale, conjugale, associative, professionnelle, ecclésiale… Que Dieu nous établisse fermement dans notre désir de faire un jour la véritable rencontre avec lui, et nous rassure déjà de sa présence dans l’effort que nous consentons chaque pour vivre dans l’amour, l’entente, la paix et la solidarité, lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 2ème Dimanche de l’Avent (C)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Luc 3, 1-6

1 L'an quinze du règne de l'empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode, prince de Galilée, son frère Philippe, prince du pays d'Iturée et de Traconitide, Lysanias, prince d'Abilène, 2 les grands prêtres étant Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie. 3 Il parcourut toute la région du Jourdain ; il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés, 4 comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe : A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. 5 Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les routes déformées seront aplaties ; 6 et tout homme verra le salut de Dieu.

Bien chers frères et sœur en ChristPlus nous avançons vers les fêtes de fin d’année, plus les rues s’animent, plus il y a de l’embellissement, plus on ressent de la joie, plus la vie prend des couleurs festives…La Parole de Dieu qui nous donnée en ce dimanche, nous invite aussi à nous laisser envahir par une certaine joie : « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse… ». Par cet appel, le prophète Baruc s’adressait aux juifs du 6ème siècle avant la venue de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, à une période où ils étaient dans le découragement et la morosité parce que dispersés dans le monde greco-romain, pour qu’ils retrouvent foi et espérance en Dieu. Les drames qu’ils vivaient ne devraient pas les plonger dans la tristesse, car les promesses de Dieu s’accompliront : Jérusalem sera revêtue de gloire, les exilés prendront le chemin du retour ; et bien plus, ils chemineront en sécurité dans la joie et la gloire de Dieu.Aujourd’hui, ce même message nous rejoint mais avec une note particulière. Il y a bien sûr des drames que nous vivons en nous-mêmes, chez nous, autour de nous et dans le monde, mais la ferveur avec laquelle nous préparons les fêtes de fin d’année me permet de dire que rien ne semble pouvoir nous empêcher de vivre les fêtes qui approchent : aucun drame, pas même la guerre…exceptée bien sûr la mort.Toutefois, nous avons besoin de mieux orienter nos sentiments, de mieux réajuster nos vies. En effet, c’est bien de nous réjouir, mais il faut que nos cœurs soient orientés vers Dieu d’où ils tiennent ce qui fait l’objet de leur joie.« Quitte ta robe de tristesse » peut alors raisonner en ces termes : « Quitte ta joie passagère pour retrouver en Dieu ta joie inépuisable », ou encore : « Quitte cette vie qui, à terme, ne te procure que amertume, regret, déception et morosité, pour accueillir et vivre en Dieu un bonheur sans fin, un bonheur qui ne se confond pas à un simple bien-être ou à l’absence de contrariétés ».Pour ce faire, il faut que les hautes montagnes et les collines éternelles soient abaissées, les vallées comblées, la terre aplanie et les passages tortueux rectifiés. Nous reconnaissons là un appel à la conversion dont Jean-Baptiste fera sans cesse écho. La conversion dont il question ici revient à chercher à ajuster nos joies, nos sentiments, notre amour…bref, notre vie à l’amour et à la volonté de Dieu.Saint Paul nous encourage dans cette démarche en nous confiant ceci : « Dans ma

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prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance qui vous feront discerner ce qui est plus important ». C’est donc cet amour véritable et cette parfaite clairvoyance qui nous permettent de désencombrer nos cœurs pour accueillir, dans la célébration de la Nativité mais aussi des fêtes de fin d’année, le Dieu qui vient à nous comme Celui dont la joie est de manifester sa bonté et sa tendresse pour les hommes.Bien chers frères et sœurs, laissons-nous travailler par Dieu qui nous inspire tout à la fois le désir de conversion et la force de l’accomplir, et implorons l’Esprit pour qu’il vienne purifier nos sentiments, et nous rende aptes à recevoir le salut et la joie de Celui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 3ème Dimanche du Temps de l’Avent (Année C)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Luc 3, 10-18

10 Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » 11 Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu'il partage avec celui qui n'en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu'il fasse de même ! » 12 Des publicains (collecteurs d'impôts) vinrent aussi se faire baptiser et lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? » 13 Il leur répondit : « N'exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » 14 A leur tour, des soldats lui demandaient : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites ni violence ni tort à personne ; et contentez-vous de votre solde. » 15 Or, le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n'était pas le Messie. 16 Jean s'adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l'eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu. 17 Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas. » 18 Par ces exhortations et bien d'autres encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.

Bien chers frères et sœurs,Dans la perspective de la célébration de la Naissance de notre Seigneur Jésus, nous sommes invités à rechercher notre véritable joie en Dieu. « Pousse des cris de joie…Le Seigneur est en toi… Il apporte le salut… », disait le prophète Sophonie. Mais pour avoir la joie il faut commencer par un acte de retour vers le Seigneur : la conversion du cœur comme Jean Baptiste l’a proclamé.Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandait : « Que devons-nous faire ». C’est sous-entendu : « Que nous faut-il faire pour échapper à la colère de Dieu qui vient… », mais nous pouvons aussi interpréter la requête ou l’inquiétude des foules en ces termes : « Que faire pour avoir la joie du salut quand le Sauveur sera là ? »Jean les appelle à la conversion du cœur tout en précisant que pour les uns, il faut avoir un cœur qui sait partager avec ceux qui sont dans la gêne, pour les autres, un cœur juste et honnête dans les affaires, ne s’attribuant pas plus que ce qui leur revient, et pour d’autres encore, un cœur doux et non-violent qui ne recherche que la paix et l’entente. Ces recommandations nous permettent de comprendre que la conversion se fait à travers les activités ordinaires qui nous engagent dans la vie sociale. Ces activités sont des actes qui relèvent de l’amour du prochain et qui nous portent toujours plus là où Dieu est menacé dans l’homme.C’est dans la mesure où nous vivrons dans le partage, la justice et la paix que nous verrons rayonner de nos personnes et de nos activités la joie du Salut de Dieu. Dans notre témoignage de foi, nous laissons jaillir la joie de Celui qui est l’objet de notre témoignage.Le Seigneur ne nous demande pas des choses extraordinaires qui seraient hors de notre portée. Il nous demande seulement d’accueillir sa présence en nos vies, et de le laisser nous renouveler par son amour : « Ne crains pas, Sion !... Le Seigneur ton Dieu est en toi… Il aura en toi sa joie et son allégresse… ».

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Saint Paul prend en son compte cet appel à la joie : « Frères, soyez dans la joie du Seigneur… », car le Seigneur est proche. La joie est le signe de Dieu dans nos vies. Certes, le baptême n’est pas une assurance contre les difficultés, les épreuves, les souffrances…Mais à la lumière de la Venue du Fils de Dieu dans notre monde, nous devrions parvenir à conserver en toutes circonstances la joie spirituelle, celle qui trouve sa source dans la certitude du salut accordé.Être Chrétien, c’est être du Christ, c’est appartenir au Christ, et donc être rempli de la joie même du Christ. Et la mission du chrétien c’est de rayonner de cette joie et la porter aux autres. Pour ceux dont la vie est morose, cruel, sans valeur ou sans aucun sens, le chrétien doit être celui qui réoriente et redonne joie de vivre en proclamant : « Ne soyez inquiets de rien... » comme pour dire : « Nous sommes dans la main de Dieu ». Pour ceux qui croient trouver leur joie seulement dans leurs activités, dans leurs biens, dans leurs loisirs, le chrétien doit être celui qui rappelle que la vraie joie découle du Seigneur. La vocation du chrétien, c’est donc de révéler aux autres la présence de Dieu et leur communiquer la joie de Seigneur. L’Eucharistie est le lieu par excellence de la présence du Seigneur, demandons lui d’inonder nos cœurs de sa joie paisible et de sa paix profonde pour que nous soyons au cœur de nos familles, nos services et tous nos lieux de vie, les signes et les témoins de sa joie inépuisable, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 4ème Dimanche du Temps de l’Avent (Année C) ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Luc 1, 39-45 39 En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. 40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. 41 Or, quand Elisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle. Alors Elisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, 42 et s'écria d'une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. 43 Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ? 44 Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi. 45 Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Bien chers frères et sœurs en Christ, Au moment où nous nous préparons à accueillir le Fils de Dieu à travers la célébration de sa Naissance, la Liturgie nous invite à méditer sur l’exemple de deux personnages qui ont su se rendre disponibles à de Dieu qui se fait homme. L’épisode de la visitation qui met en scène Marie et sa cousine Elisabeth fait suite à l’annonce de la naissance du Sauveur par la venue du Saint Esprit. Après avoir entendu des paroles de l’Ange que Elisabeth attend un enfant par la grâce de Dieu, Marie manifeste un sursaut spirituel. L’Evangéliste nous dit que Marie « s’est levée », qu’elle « prit sa décision », ou qu’elle « partit », selon les traductions. Il est certain que la nouvelle bouleversante de sa cousine suffisait à mettre Marie en mouvement, mais la précision de St Luc nous permet de noter que cette démarche est faite sous une impulsion de l’Esprit Saint : l’effet de la rencontre entre les deux cousines et les ‘deux cousins’ nous confirme cette impulsion secrète. S’étant levé, Marie « se mit en route rapidement », « partit sans perdre du temps », ou « se rendit en hâte… », « elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth ». Vraisemblablement, Marie n’avait aucune mission urgente à remplir, et la naissance du fils de Zacharie n’était pas prévue avant trois mois. Cependant, elle se presse…C’est dire alors qu’un feu intérieur l’animait et lui faisait franchir allégrement la distance à parcourir. Sa hâte manifeste le désir de partager avec Elisabeth la joie de la venue du Sauveur. Certes, la première intention qui motivait le voyage était l’aide à apporter à sa parente en vue d’une naissance toute proche. Mais en voulant avant tout se mettre au service de sa cousine, Marie se réjouissait de pouvoir s’entretenir avec elle du grand évènement de la prochaine venue du Messie. Sa hâte pourrait donc se définir comme celle de la porteuse de bonne nouvelle avide de communiquer la joie d’un proche évènement dont elle connaît l’importance pour le monde. La hâte de la route était donc celle d’une joie qui demandait à s’exprimer.

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Lors de la rencontre, cette joie éclate, se libère et se communique à travers la salutation adressée à sa parente. En même temps que la joie, Elisabeth reçoit de l’Esprit Saint, une lumière qui lui permet de reconnaître en Marie la mère du Messie. Voici une merveilleuse expérience des dons de Dieu entre deux mères qui montrent comment vivre l’accueil de Dieu qui entre dans notre histoire humaine. En Jésus, l’homme accueille les dons de Dieu et les répands dans le cœur de ses frères et sœurs. Déjà, la salutation de l’Ange invitait Marie à la joie : « Réjouis-toi…» Cette joie trouve en Marie un accueil : « Je suis la servante du Seigneur… » Finalement, cette joie qui s’est emparée de la mère du Messie trouve en Elisabeth une parfaite communion d’âme dans le bonheur. C’est alors qu’Elisabeth s’émerveille des dons de Dieu en Marie : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». De Marie, nous avons la foi qui accueille non seulement le Don de Dieu pour l’humanité, mais aussi et de surcroît, se rend disponible pour le communiquer au monde. Son expérience de la rencontre avec l’Ange, la salutation qu’elle adresse à sa cousine, sa joie de son âme qui loue Dieu… tout laisse voir en elle la présence et l’action de Dieu. Pour nous chrétiens, notre vie, nos actions, nos paroles, les évènements que nous traversons… tout doit laisser voir en nous, la visite du Seigneur, la joie de son action, le bonheur de sa rencontre. Quant à Elisabeth, elle reconnaît en Marie la présence de Dieu : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Ses yeux voit Dieu agir en Marie et dans l’enfant qu’elle porte en son sein : « Le fruit de tes entrailles est béni… ». Grâce à l’action de l’Esprit Saint, nous découvrons à travers nos rencontres humaines, dans nos vies et celle des autres, la trace de l’œuvre de Dieu. Bienheureux serons-nous alors si, dans les visages de nos proches, de ceux qui font partie de notre vie quotidienne, nous reconnaissons la ressemblance à notre Seigneur. Demandons à Celui qui vient bientôt de nous accorder la grâce de savoir le reconnaître, lui qui est à l’œuvre chaque jour dans nos vies pour nous réjouir de sa présence, de son action, de ses bienfaits pour nous et dans notre monde. Puissions-nous ainsi, à travers notre joie de vivre, à travers nos rencontres humaines communiquer aux autres, la vie même de Celui qui est venu habité notre humanité et qui règne pour les siècles des siècles. Amen ! P. ILBOUDO Vincent

Homélie du la Messe de la Nuit de Noël 2006 (Année C) (Textes de la Messe de Minuit) Bien chers frères et sœurs en Christ,

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En cette nuit bénie, nous célébrons le mystère de la rencontre entre Dieu et l’humanité. Dans la personne de l’Enfant couché dans la l’étable, c’est Dieu qui vient rencontrer les hommes.J’ai retenu pour partager avec vous un récit de Henri CALDELARI, dans son ouvrage, L’homme au cœur de Dieu : le récit qui est intitulé « l’Homme venu d’ailleurs… » nous dit comment Dieu continue d’aller à la rencontre des hommes. L’Homme venu d’ailleurs… (…) L’Homme était assis sur un banc au soleil. Il donnait l’impression d’attendre quelqu’un. Son regard scrutait la foule. Visiblement il cherchait un visage. Une femme errait de-ci, de-là, ballottée et bousculée par la foule indifférente. Les yeux perdus au loin, elle guettait un coin de lumière où elle pourrait enfin s’asseoir et reposer sa peine. Tous les bancs étaient occupés, l’un par un clochard qui cuvait son vin, la bouteille vide sous sa tête, l’autre assiégé par un couple d’amoureux. Le troisième était cassé. Des vandales en avaient dispersé les morceaux sur la place. Sur le quatrième, deux hommes se faisaient les yeux doux tandis que dans leur dos un drogué, les yeux hagards, venait de s’injecter sa dose. Il ne restait qu’un banc, celui de l’Homme. Lasse et craintive, elle se décida à tenter sa chance. L’Homme la voyait venir. Leurs regards se croisèrent. Un grand sourire illumina son visage.- Asseyez-vous, madame, vous êtes fatiguée, reposez-vous un peu.Rassurée, elle s’assit.- Merci, dit-elle. Puis elle ajouta : « Quelle vie ! »L’Homme ne disait rien. Souriant, il la regardait toujours.- Vous avez quelle heure Madame ?- Il est midi- Vous êtes là depuis longtemps ? murmura-t-elle ?- Oui, répondit-il…je vous attendais.- Vous m’entendiez ? Je ne vous connais pas, monsieur ! Nous ne nous sommes même jamais rencontrés.- Je sais… Je sais…mais je vous ai vue désemparée, découragée, fuyant votre vie et votre maison.- Ça se voit donc tant que ça ?Un long silence, aussi long qu’une vie douloureuse, coupa la conversation.Elle regarda l’Homme qui lui souriait encore… Un sentiment de paix l’envahit. L’Homme lui était sympathique. Elle s’enhardit et, sans rendre compte, elle se mit à le tutoyer.- Tu m’entendais… ! Quelle bonne blague ! Je vous que tu as du temps à perdre ! Que fais-tu donc ? Où vas-tu ? Ça se remarque bien que tu n’es pas comme tout le monde… Tu n’es pas d’ici, sans doute… Ici, on est tous pressés. Toi, tu prends ton temps… Comme si tu n’avais rien d’autre à faire qu’à attendre sur ton banc… je ne sais qui, je ne sais quoi…- Oui, je viens d’ailleurs, répondit l’Homme et je repartirai ailleurs bientôt. J’ai tout le

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temps et je le donne à qui me le demande.Elle compris qu’il ne voulait pas parler de lui, mais qu’il était prêt à l’écouter. Son cœur allait exploser tellement il était révolté, rempli de chagrin et de colère. Elle avait un besoin immense de parler à quelqu’un, de déverser sa bile, de crier sa douleur, de libérer son cœur. Voilà qu’elle rencontre, sans l’avoir cherché, en allant faire ses courses, cet Homme qui avait deviné sa peine. Sans lui, elle aurait sûrement craqué et se serait engloutie dans une dépression interminable, dans un puits de désespoir au fond duquel il n’y a que la noyade pour mêler ses larmes à l’eau de la mort.Un autre silence…Un profond soupir précéda l’ouverture des portes de son cœur. Ses paroles se bousculaient et montaient du fond de sa nuit, du fond de son désespoir. Des cris d’abord…puis, plus calme, elle déversa son immense souffrance. Un flot de questions acheva sa confidence.- Quelle chienne de vie ! lança-t-elle en direction de l’Homme.Il l’écoutait les yeux baissés.- Regarde…Toi qui as le temps d’observer le monde, dis-moi donc où vont tous ces gens qui traversent la place en courant, sans un regard, sans un mot, sans un sourire, les yeux fixés droit devant eux ! Où vont-ils ? Après quoi courent-ils ? Qu’ont-ils à la place du cœur ? Une horloge, une pierre ? On les dirait sans âme. Foule anonyme qui travers la vie comme un troupeau que l’on mène à l’abattoir. Le sais-tu, toi ? Sais-tu où leurs pas les conduisent, vers quel horizon ils se dirigent ?- Ils croient le savoir, répondit l’Homme. Mais ils ne vont nulle part si ce n’est à la rencontre de leur égoïsme. Oubliant que l’homme est créé pour l’amour et la vie, que le bonheur est dans l’échange et le partage, ils ne courent qu’après leurs rêves de grandeur, de réussite humaine et professionnelle, de pouvoir, de richesses, rêvent auxquels ils sacrifient toue : famille, conjoint, honneur, santé, religion… Comme toi…, ils fuient leur vie et se bercent d’illusions. Doutant d’une vie éternelle, ils se raccrochent à ce que leurs mains peuvent saisir et à ce que leurs yeux voient. Sans espérance, incertains de l’avenir, ils se construisent leur paradis sur terre, chacun chez soi, chacun pour soi, inconscients de la mort qui rôde autour d’eux et peut leur ravir en un clin d’œil ce qu’ils ont péniblement amassé aux dépens des autres, inconscients de la mort qui, sans crier gare, met fin inexorablement à toutes leurs folies. Ils ont troqué leur cœur contre l’Argent et le pouvoir que celui-ci accorde à ses dévots. Tu as raison de dire : « Ils n’ont plus de cœur, ils n’ont plus d’âme… ! » Pauvres hommes devenus « machines à sous » ! Et toi, comme ces gens, tu passes ton existence à te faire mail, tuer la vie et à détruire l’amour comme on tue le temps…- On dirait que tu lis dans mes pensées, dit-elle, surprise.Elle continua véhémente et violente.- Ce monde pourri où « les affaires » éclatent comme les bourgeons au printemps, où le mensonge a l’apparence de la vérité, où les exclus deviennent majoritaires, ce monde-là, je le hais. Je l’exècre ! Regarde tous ces malheureux qui hantent nos places et parcourent les rues à la recherche d’un boulot, d’un sourire, d’un geste de tendresse, d’un regard qui lui fasse exister, qui les sorte de la solitude pesante de l’anonymat et leur permette de croire qu’ils ne sont pas que des choses que l’on utilise pour son plaisir ou son profit. Regarde… Ne vois-tu pas tous ces visages qui vont et viennent comme des étoiles filantes ? Leurs yeux éteints contemplent le vide…, visages dures, fermés, indifférents, apeurés et douloureux… Regarde-les… ces hommes et ces femmes qui traînent leur vie comme un boulet attaché à leurs pieds, blessés dans leur cœur, dans leur

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corps, dans leur honneur ou dans leur dignité. Où donc est Dieu dans tout cela ? Y a-t-il au moins un Dieu ? Que fait-il donc ? A quoi sert-il ? Non, dit-elle, il n’y a pas de « Bon Dieu », même pas de Dieu du tout ! Notre monde est foutu ! Pourri ! Une vraie saleté ! Une poubelle infecte ! Regarde comment se traitent ceux qui devraient être des frères : guerre, violence, terrorisme, racisme, fanatisme religieux et j’en passe ! Vois comme on jette à la rue ceux que l’on a pressés comme un citron dès qu’on n’en a plus besoin, dès qu’ils ne sont plus rentables ou qu’ils coûtent trop cher à la société. L’homme ne vaut plus que sa valeur de rendement. Que penses-tu, toi, l’étranger, de cette vie que l’on achève avant l’heure da sa fin, simplement parce qu’elle dérange ? De cette vie que l’on supprime sans raison, bêtement, comme on le voit dans les films, pour un peu d’argent, pour une insulte, pour rien quoi… ?L’Homme écoutait, silencieux. Il ne répondait rien. Il n’avait rien à dire. Il accueillait cette révolte qui se déroulait comme une pelote de laine dont le fil s’embrouille dans la complexité des problèmes et des questions soulevées.- Tu ne dis rien ? Tu ne penses rien ? Tu es bien comme tout le monde ! Faut surtout pas changer l’ordre établi ! La richesse aux riches, la pauvreté aux pauvres ! De toute façon, tu dois pense qu’on ne peut rien faire si ce n’est subir et crever comme un chien… à moins qu’on ne meure sur un lit d’hôpital, malade d’avoir trop bouffé et entouré d’une cohorte d’amis qui n’attendent que ta mort pour empocher ton pognon. Tu n’as pas de solution, toi non plus ? Ah ! si seulement une bombe atomique pouvait nettoyer la terre de cette misérable vermine ! On serait heureux au moins ! Les morts ne s’embêtent plus ! Ils ne souffrent plus… ils n’existent tout simplement plus ! Chienne de vie, vie de chien… !Elle s’arrêta comme épuisée par tout ce qui était sorti de son cœur. Ça lui faisait du bien de l’avoir craché.L’Homme leva les yeux, ses yeux clairs et purs, ses yeux lumineux comme le soleil. Elle baissa les siens…Un long soupir s’échappa de sa poitrine. Quelques larmes perlaient à ses yeux. Elle éclata en sanglots.- Moi aussi, tu sais, je n’en peux plus ! J’en ai ras-le-bol de ma vie. Ça me dégoûte. Tu ne peux imaginer à quel point…un vrai gâchis ! Je ne veux plus vivre… Je suis déjà morte… et depuis longtemps (…) Et me voilà… malade, salie, humiliée, assoiffée d’amour et privée de tendresse… Quelle chienne de vie ! Qui m’en délivrera ? Je n’ai même plus le courage de me jeter sous un train ! Je suis minable ! J’ai l’impression que je n’ai plus de cœur, qu’il est complètement desséché, vide de vie et d’amour, dur comme la pierre.Elle s’interrompit brusquement.- Non, dit l’Homme, tu es malheureuse et ton cœur attend la lumière. Il espère la vie et l’amour qui lui feront battre à nouveau. Elle se retourna vers l’Homme qui le regardait, ému et bouleversé par cette confession.- Tu ne me juges pas ? Tu acceptes encore que je sois assise sur ton banc ? N’es-tu pas dégoûté de moi ?Elle comprit qu’il ne la jugeait pas et vit jaillir de ses yeux deux précieuses larmes qui s’échappait en brillant au soleil comme des pierres précieuses d’amitié. Un silence plein d’amour et de respect fut la réponse à ses questions. Alors elle lui ouvrit son cœur tout grand, son cœur plein de question et qui n’arrivait pas à renoncer à la vie ni à l’amour.- Dis-moi, est-ce que tu crois en Dieu ? Qu’est-ce que la vie pour toi ? La vie a-t-elle un sens ? A quoi cela sert-il de vivre ? D’aimer ? Pourquoi sommes-nous sur la terre ? Seulement pou y souffrir et mourir défigurés par la douleur ? Sais-tu me dire d’où nous

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venons… et où nous allons ? Toi qui connais le cœur de l’homme, sais-tu à quoi ça sert un cœur ?L’Homme se leva. Il regarda la femme droit dans les yeux et dit :- Lève-toi, allons vers les sources qui murmurent là-bas. Elle se mit debout et, côte à côte, ils marchèrent vers la source fleurie. L’eau se recueillait dans un petit bassin où des oiseaux venaient boire et se baigner. Ce spectacle l’amusa et lui changea un peu les idées. C’était mignon et touchant à la fois !- Tu vois cette eau ? dit-il. Tu n’en connais pas le goût. Elle caresse les pierres et les baigne, mais sans les pénétrer. Pourquoi à ton avis ?La femme ne comprenait pas.- Je ne sais pas, répondit-elle.- Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te parle… alors de ton cœur de pierre une source jaillirait pure, fraîche, claire, bonne comme cette eau.De plus en plus étonnée, elle le regardait et l’interrogeait des yeux.- Reviens ici demain, dit l’Homme. Je te ferai voir mon trésor. Je te partagerai mon secret, le secret du bonheur. Tu y trouveras la réponse à tes questions et ton cœur reprendra vie.- Le secret du bonheur, est-ce possible ? murmura-t-elle, partagée entre l’espérance et l’incrédulité.- Oui, reviens demain et tous les jours suivants. Il se pencha vers elle et lui murmura au creux de l’oreille, comme un secret d’amour :- « Apprends le Cœur de Dieu dans la Parole de Dieu ».- C’est quoi, dit-elle, « la Parole de Dieu » ?Et elle pensa en elle-même : « Dieu aurait-il un cœur ? L’homme en aurait-il un lui aussi ? Et mon cœur à moi pourrait-il revivre ? »L’Homme lui sourit encore.L’air pressé, il s’en alla bien vite. A distance, il lui fit un petit signe de la main et cria :- A demain, il faut que j’aille encore sur d’autres places. Il y a encore d’autres cœurs comme le tien qui attendent ma venue.Il fondit dans la foule. Elle le suivait des yeux quelques instants. Puis elle le perdit de vue. Elle restait là, debout, un peu perdue devant la source. Elle aurait bien voulu le retenir ou le suivre, mais il avait disparu aussi rapidement que sa rencontre avait été inattendue. Elle regarda la source qui coulait paisible et gaie, miroitant au soleil. Son cœur se mit à chanter. Elle pencha, but de l’eau de la source, se lava le visage et se frotta vivement les yeux. Elle sentit la vie renaître en elle. Son cœur devint brûlant d’amour et rayonnant de joie. Comme une folle, elle traversa le jardin et se mit à tournoyer sur la place. Les gens s’écartaient et continuaient à passer sans mot dire, sans un regard pour celle qui les gênait dans leur trajectoire programmée. Heureuse, elle dansait et chantait à tue-tête : « Il a pris ma peine… Il m’a montré la source… Il reviendra demain me partager son secret ». Puis d’un pas calme et rassuré, elle se remit en marche vers sa vie et fit ses courses, le cœur léger, flottant dans sa poitrine comme un ballon gonflé d’oxygène. Ses yeux

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s’ouvraient à la lumière. Elle s’aperçut alors que la place avait changé d’aspect. Elle remarqua au coin de la rue le « Resto du Cœur ». Elle se mit à sourire au clochard qui venait de se réveiller. Il y a deux heures à peine, elle l’avait regardé avec mépris, tellement il lui rappelait son passé récent. Elle s’arrêta et lui demanda s’il avait, lui aussi, rencontré l’Homme.- Non ! répondit-il, mais j’ai l’impression de le voir dans tes yeux. Demain, tu me conduiras vers lui, n’est-ce pas, quand il reviendra sur la place ?- C’est promis ! dit-elle.Elle traversa la place en regardant les gens.« Quelle tristesse ! » pensa-t-elle. « Je les plains. Que pourrais-je faire pour les rendre heureux ? »

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Homélie du la Messe du Jour de Noël 2006 (Année C) (Textes de la Messe du jour) Bien chers frères et sœurs en Christ, « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tous les hommes en venant dans le monde, Il était dans le monde, lui par qui le monde s’était fait mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu… ». A la naissance de Jésus, peu sont ceux qui l’on reconnu parce qu’ils avaient le cœur occupé par d’autres valeurs qu’ils percevaient comme importantes. Aujourd’hui encore, notre société semble revivre ce rejet de Dieu. Entraînée par le tourbillon des progrès techniques, la course à la consommation, le besoin effréné des plaisirs et loisirs, la quête de survis… notre société, surtout athée et libérale, n’a plus l’oreille pour Dieu. Le sens de Dieu est remplacé par le sens des affaires, les valeurs du cœur par la réussite matérielle, la rentabilité et l’efficacité. La société a ainsi éclaté dans tous les domaines. Il s’en suit une grande déception et une grave crise d’identité. L’homme qui pensait trouver le bonheur dans le bien-être matériel et le progrès technique semble s’être trompé. Le bien être matériel est incapable de combler ses besoins spirituels. En abandonnant Dieu pour les avantages du progrès technique, il se retrouve piégé par cette illusion, dépouillé de sa dignité et perd, du même coup le sens de la vie et même celui de sa propre vie. Lui qui était fait pour les valeurs spirituelles se découvre esclave des choses. L’homme, image de Dieu, est ainsi mis au rang des choses. Cette crise dans laquelle vit l’homme de nos jours est la preuve qu’il ne peut pas se suffire à lui-même. Il ne peut pas trouver, ni en lui-même, ni dans les autres, toutes ses raisons de vivre. C’est alors que le prodigieux mystère que nous célébrons à chaque Noël redonne une notre d’espoir aux hommes. « Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous… et ceux tous ceux qui l’on reçu, ceux qui croit en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu… » Jésus vient nous rejoindre, chacun dans sa situation pour redonner sens à nos vies. Il vient accompagner les personnes en solitude du fait de la maladie ou du poids de l’âge pour leur dire que leur vie a du prix à ses yeux et qu’il demeure leur seule richesse. L’Enfant Dieu qui est né à l’étable s’invite aussi dans les foyers, les familles et les ménages en tension, menacés d’éclatement, de séparation ou de divorce à cause d’un manque de fidélité, de pardon et d’harmonie, pour leur apprendre le véritable amour

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fait de miséricorde, de tendresse et de confiance. Aux jeunes qui courent après tout ce que le monde leur propose pour s’éclater et se faire plaisir, celui qui s’est fait pauvre au milieu des hommes leur rappelle que le véritable bonheur se trouve en Dieu qu’il faut rechercher dans la prière confiante, l’adoration et la louange. Jésus est celui qui tend les mains et qui veut accueillir dans ses bras tous ces enfants qui semblent être trop protégés (sinon gâtés) par leurs parents au point de ne pas savoir ce que c’est que manquer du nécessaire. Il rejoint aussi ces enfants dont les parents, parce que trop occupés par le travail, et bien d’autres urgences… ne leur donnent plus une éducation adéquate pour qu’ils puissent affronter la vie, mais leur laissent passer le temps devant l’écran d’un ordinateur, d’une télévision ou d’un play station. Il accompagne enfin ces enfants dont la séparation des parents leur prive de ce qu’est l’amour, l’affection ou la tendresse d’une mère ou d’un père… Pour tous et pour chacun, Jésus vient pour refaire toute chose nouvelle. En Jésus, Dieu sort de lui-même pour se faire proche de nous, pour nous assister, prendre notre défense, nous soutenir et nous guider. Demandons à Celui qui est venu habiter parmi nous, de nous communiquer sa vie, de nous remplir de sa présence pour que nous ne cherchions qu’en lui la vraie Lumière, le vrai Bonheur, le véritable Amour, lui qui vit et qui règne pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie de la Fête de la Sainte Famille (Année C) EVANGILE Luc 2, 41 -52 41 Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. 42 Quand il eut douze ans, ils firent le pèlerinage comme de coutume. 43 Comme ils s'en retournaient à la fin de la semaine, le jeune Jésus resta à Jérusalem sans que ses parents s'en aperçoivent. 44 Pensant qu'il était avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances. 45 Ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem en continuant à le chercher. 46 C'est au bout de trois jours qu'ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions, 47 et tous ceux qui l'entendaient s'extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. 48 En le voyant, ses parents furent stupéfaits, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! » 49 Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m'ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C'est chez mon Père que je dois être. » 50 Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait. 51 Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son coeur tous ces événements. 52 Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes. Bien chers frères et sœurs en Christ,La célébration de la Fête de la Sainte Famille, le dimanche qui suit la fête de Noël est pour nous une manière de reconnaître l’amour de Dieu qui le conduit à faire la rencontre avec l’homme pour faire sienne l’histoire de l’humanité, et par le même coup, rétablir l’image de la famille humaine et de la communauté humaine.Par le mystère de l’Incarnation que consacre la naissance de son Fils, devenu Homme parmi les hommes, Dieu se fait un des membres d’une famille humaine : la famille de Nazareth que constitue Marie, Joseph et Jésus, une famille qui s’est fondée sur et pour la Parole de Dieu. Marie, reçoit de l’Ange du Seigneur l’annonce qu’elle va concevoir et enfanter le Fils du Très-Haut, celui qui est le Verbe, la Parole de Dieu. Par son fiat, elle lui a donné un corps, une âme et son amour. C’est elle qui au travers de l’enfantement, en a fait l’homme qu’Il est. Au jour le jour de la vie familiale, le bébé, le petit enfant, l’enfant, l’adolescent, va recevoir de Marie, ce que tout être reçoit de sa mère. Le sourire de la vie, l’exemplarité du devoir à accomplir, la délicatesse dans la vie quotidienne, la réalisation de la Parole de Dieu au travers des faits et gestes d’une femme. Joseph, le père qui adopte cet enfant avec amour, patience et sens des responsabilités, lui donne le métier de charpentier. Il lui apprend les gestes méticuleux, laborieux de l’homme qui sculpte les matériaux, les ajuste avec précision, les fait devenir utiles et beaux. Joseph lui apprend à parler aux hommes, avec les hommes. Au travers des souhaits à réaliser, au travers des discussions pour le prix du travail, au travers des impatiences du demandeur, Joseph apprend à Jésus le sens de la vie parmi les hommes.Le soir, en famille, l’enfant, l’adolescent, le jeune homme, se retrouve avec ses parents, avec ses cousins et cousines, avec ses amis, à la maison comme sur la place du village.

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Ils parlent, ils se réjouissent, ils s’attristent de la mort d’un proche. Jésus, Expression de Dieu, partage ainsi la vie de la famille de Marie et de Joseph. Et par sa famille, la vie de tout son entourage.En somme, le tableau de la famille de Nazareth nous dit comment Marie et Joseph ont répondu dans l’amour à la volonté de Dieu, et comment Jésus, à travers eux, conduit tous les hommes à la connaissance de son amour. Aujourd’hui, notre Seigneur descend avec chacun de nous dans notre Nazareth quotidien respectif. C’est là, au cœur de nos familles humaines qui veulent vivre de sa présence, qu’il continue de déverser sa grâce et son amour.La famille de Nazareth nous est aussi présentée comme lieu de sanctification. Cependant, cette famille reste comme un idéal d’une part, au regard de ce que nous avons de nos jours comme modèles et formes de famille et de ménages, et d’autre part, en prenant en en considération le désarroi et l’angoisse qui résultent des expériences douloureuses de la vie familiale.En outre, le langage de Jésus lui-même au sujet de la famille et des liens de parenté n’est pas de prime abord encourageant. Certes, à Cana, il a changé l’eau en vin pour le bonheur des nouveaux mariés et de leurs convives, mais ailleurs, il se montre sans indulgence pour les liens familiaux. Plusieurs fois, il durcit le ton, s’impatiente contre les obligations rituelles, l’étroitesse du clan. A douze ans, il éconduit son père et sa mère, qui s’inquiétaient depuis trois jours de sa disparition. A la question : « Ta mère et tes frères sont là et demandent à te parler ? », il semble ne pas les reconnaître : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Puis, étendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères ! Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, c’est lui qui est mon frère et ma sœur et ma mère » (cf. Mt, 12, 46-50). Lorsque de la foule, une voix s’écrit : « Heureux le ventre qui t’a porté et les seins qui t’ont allaité ! », il dévie le compliment : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l’observent » (cf. Lc 11, 27-28). Enfin, il tient un langage dur à propos de ceux qui veulent le suivre : « Si quelqu’un vient à moi sans haïr, son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu’à sa propre vie, il ne peut être mon disciple » (cf. Lc 4, 26-27).Toutefois, quand on considère l’énumération qui est faite, on comprend que le Christ vise ici un clan, plutôt que des personnes individualisées. La notion de cercle familiale, avec sa suffisance, ne paraît pas être admise par le Fils du Très-Haut. Ce qu’il déteste en réalité, c’est la corruption des sentiments familiaux, qui ne cultivent pas forcément le pur amour : ainsi du pouvoir marital, dont la flagrante injustice éclate dans le divorce (Mc 10, 4), ou l’ingratitude des enfants qui affament des vieux parents (Mt 15, 4-6). Mais aussi l’étroitesse des attachements, le caractère exclusif et confirmé de cette société ; il voit bien que l’esprit de charité ne dépasse pas la loi du sang et que l’amour sort malaisément de l’enclos des parentés.Finalement, si Jésus élève la voix contre les liens familiaux trop refermés, c’est pour leur donner une dimension qui fracasse leur étroitesse. Le nom de mère, il le discerne à Marie une seule fois, du haut de la Croix, et pour lui donner, en la personne de son disciple Jean, un fils qui n’est pas son fils selon la chair (cf. Jn 16,21). Mère par le sang, elle devient mère par l’esprit. Et là où la Parole de Dieu est écoutée, Jésus retrouve une ou des mères. Ainsi le fils se trouve beaucoup de mères et la mère se donne beaucoup de fils.Les termes de frère et de sœur se chargent également d’une valeur spirituelle qui leur confère la même dimension. Ses frères sont « ceux qui font la volonté du Père ». Quant à celui qu’il invoque sous le nom de Père, ce n’est évidemment pas Joseph, l’époux de

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Marie, mais le Dieu qui règne dans les cieux : et là, il nous apprend que nous sommes tous des enfants du même Père. En se faisant l’un de nous au sein d’une famille humaine, Jésus a voulu les amener à se déplier sans limites pour recouvrir l’ensemble de la société, l’ensemble de la Famille humaine et pour que tous les hommes vivent et partagent l’amour du Père.Bien chers frères et sœurs, prions en ce jour pour toutes, les parents, les enfants, les familles, et pour tous nos frères et sœurs dispersés à travers le monde, pour que le Seigneur nous accorde de revêtir nos cœurs de tendresse, de douceur et de patience dans nos relations, pour bâtir par-delà nous différences et nos frontières, une véritable famille d’amour, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !