Hommage à Jean Vaquié_VIRION Pierre

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  • 7/31/2019 Hommage Jean Vaqui_VIRION Pierre

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    JEAN VAQUI

    HOMMAGE JEAN VAQUI

    Pierre VIRION, In Memoriam

    CONCEPTIONS SUR LES ENNEMIS ET LA MANUVREInterview de Jean Vaqui par Christian Lagrave

    VENT DE DISCORDE

    AUTOUR DU VNRABLE HOLZHAUSER

    LA ROMANIT EST INDLBILE

    UN CORPS LA FOIS MORT ET DIVIN

    LE PASTEUR FRAPP ET LES BREBIS DISPERSES

    RFLEXIONS DUN LAQUE SUR LA MESSEFACE AUX FIDLES

    ET LA LITURGIE EN LANGUE VULGAIRE

    LE MOUVEMENT LITURGIQUEpar labb Bonneterre

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    HOMMAGE JEAN VAQUIE

    Notre ami Jean Vaqui a t rappel Dieu depuis la parution de notre prc-dent Cahier. Afin de lui rendre un ultime hommage, nous reproduisons ci-dessousles articles parus dans la presse amie au moment de son dcs.

    Nous venons de perdre un ami trs cher en la personne de Jean Vaqui, d-cd Lyon, le 30 dcembre dernier, l'ge de 81 ans.

    Il tait n Bordeaux, en 1911, et trs vite (ds les annes 30) il s'est int-ress aux questions qu'il a traites ensuite avec la plus grande aisance et uneconnaissance pratiquement sans faille : la rvolution, la gnose, la rformeliturgique, la subversion dans I'Eglise.

    Une amiti de toujours, des conceptions identiques et des convergencesd'ides l'ont li Lon de Poncins jusqu' la mort de celui-ci en 1975.

    En 1947, la priode dite de l'puration, il avait publi sous le pseudonyme deJean Gonthier, justifi par les circonstances troubles de l'poque, un recueil destextes prophtiques et mystiques sous le titre Maldictions et Bndictions, r-dit par la suite deux reprises.

    Ds la nouvelle constitution liturgique en 1963, J. Vaqui fut un des premiers s'lever avec une argumentation cohrente contre les innovations liturgiques. Etaprs la mise en place de la nouvelle liturgie de la messe selon l'Ordo Missae du3 avril 1969, il a rassembl ses rflexions en un livre qui fit grand bruit lors de laparution en 1971 La rvolution liturgique(Ed. de Chir).

    Depuis il n'a cess de poursuivre ses travaux pour dnoncer cette nouvelle li-turgie et les dangers qu'elle fait courir la foi catholique.Ami de longue date et trs fidle de notre centre de Chir, Jean Vaqui tait

    un collaborateur rgulier de Lecture et Traditionqui a publi plusieurs de ses tex-tes remarquables ; il faisait galement partie du Comit de rdaction de la Contre-Encyclopdie pour laquelle il avait plusieurs notices en prparation.

    Sauf cas de force majeure, il tait trs assidment prsent aux annuelles"Journes Chouannes" au cours desquelles il avait pris la parole quelques re-prises.

    Il tait aussi un des principaux animateurs et rdacteurs de la Socit AugustinBarruel ( Lyon) qui effectue avec constance et qualit d'excellentes tudes et re-cherches sur la pntration et le dveloppement de la rvolution dans le christia-nisme.

    Ses obsques ont t clbres, Lyon, le samedi 2 janvier 1993, en pr-sence de nombreux et proches amis, parmi lesquels Jean Auguy reprsentaittoute l'quipe de Chir.

    La direction et la rdaction de Lectures Franaisesadressent ses enfants etpetits-enfants l'expression de leurs condolances mues et l'assurance de leurvive sympathie.

    Lectures Franaises, n430, fvrier 1993

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    "J'ai combattu le bon combat,j'ai achev ma course, j'ai gard la FOI"(2 ptre de saint Paul Timothe, IV, 7)

    La Contre-rvolution catholique vient de perdre un matre. Jean Vaqui s'estteint dans sa 82 anne ! Il est dcd pieusement, entour de ses enfants et

    petits-enfants en rcitant le chapelet, lucide jusqu' la dernire extrmit.

    Jean Vaqui a men tout sa vie le "bon combat" du camp de la vrit et aforg pour ses amis des armes prcieuses, trs utiles un moment o lapuissance des Forces de Rvolution est son point culminant. Ses critsconstituent des guides srs pour rsister l'influence irrsistible de la Contre-Eglise qui entrane, tel un torrent dvastateur, les peuples et les religions lafuneste unit de Babel !

    A l'issue de la deuxime guerre mondiale, Jean Vaqui, qui avait fait partied'un rseau de rsistance, tmoigna au procs de Lon de Poncins et lui vitaainsi le peloton d'excution, car les haines taient vives l'endroit de l'crivain quiavait si bien dnonc la Conjuration maonnico-bolchevique. Le tmoignage deJean Vaqui sur l'appartenance de Lon de Poncins un rseau anglo-franaisde rsistance rduisit nant toute l'accusation de l'adversaire qui ignorait ce fait.Une amiti de toujours, et des conceptions identiques sur les problmes rvolu-tionnaires liaient les deux hommes. L'Ennemi en fut provisoirement pour ses frais,

    car il sut se venger en provoquant, dans les annes soixante, un accident quilaissa le comte de Poncins douloureusement infirme jusqu' la fin de ses jours...

    Le premier ouvrage de Jean Vaqui parut la priode dite de "lpuration", en1947. Par prudence l'auteur choisit le pseudonyme de Jean Gonthier. L'ouvrages'intitulait Maldictions et Bndictions (ditions Mazarine, Paris) et traitait desprophties de la rvlation prive. Les circonstances troubles justifiaient l'emploid'un pseudonyme et la parution d'un recueil de textes prophtiques et mystiquescar il nexistait plus en librairie cette poque de compilation de cet ordre. D'autre

    part, les vnements permettaient de comprendre des choses qui paraissaientinimaginables quelques dcades auparavant. Cela devint encore plus clair aprsle "Concile Vatican Il"...

    Le livre, qui se basait sur un grand nombre d'ouvrages revtus de l 'imprimatur,fut rdit en 1963 aux ditions du Carmel. En 1987 il reparut chez DominiqueMartin Morin, revu et augment, sous le titre "Bndictions et Maldictions, Pro-phties de la Rvlation prive". Ds 1947, ce livre circula longtemps bas bruitchez les fidles inquiets de la suite des vnements. Son influence fut certaine.

    Jean Vaqui fut l'un des premiers s'lever, avec une argumentation coh-rente, contre les innovations liturgiques qui apparurent avant le concile. En 1956,

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    il publia dans la "Pense Catholique" (N45-46) un article intitul : Rflexionsd'un laque sur la Messe face aux fidles et la liturgie en langue vulgaire. Aprsle concile, parut chez Diffusion de la Pense Franaise (en 1971 exactement) unouvrage qui fit du bruit et fut rapidement puis : "La Rvolution Liturgique" ; iltait prfac par son vieil ami Lon de Poncins. Ce livre, qui drangeait le con-formisme ambiant, dmontait le mcanisme des divers subterfuges employs par

    la Subversion Ecclsiastique pour nous amener progressivement des pratiquesauxquelles nous n'aurions jamais voulu souscrire si on nous les avait annoncesd'emble ! Il dvoilait les piges d'une grande subtilit que reclent les documentsles plus solennels et analysait le processus la fois audacieux et prudent suivipar l'intelligentsia progressiste en vue d'aboutir cette rforme liturgique. La"Nouvelle constitution Liturgiquedu 4 dcembre 1963" et la "Nouvelle liturgie duNovus Ordo Missaedu 3 avril 1969" taient ainsi passes au crible!

    En 1977 notre auteur publia aux ditions de Chirun ouvrage d'extraits des"Institutions liturgiques" de dom Guranger. Dom Guranger, restaurateur del'Ordre Bndictin en France et fondateur de l'abbaye de Solesmes est surtoutconnu pour son "Anne Liturgique". En revanche, ses "Institutions liturgiques" lesont beaucoup moins cause de leur raret. Or cette uvre capitale qui opra leretour des diocses de France aux authentiques livres romains de l'Office et de laMesse mritait d'tre tire de l'oubli. A dfaut de rdition (I'uvre compte quatrenormes volumes), les extraits tablis par Jean Vaqui constituent un outil de tra-vail important dans l'tude des institutions liturgiques. Il fallait un bon esprit de

    synthse pour livrer l'essentiel de son contenu sans en modifier la dmonstration,rester fidle au texte primitif et conserver les crits o se dessinent avec force etclart, le raisonnement historique et liturgique.

    Entre temps Jean Vaqui amora une collaboration avec la revue Lecture etTradition, revue fonde par Jean Auguy, l'diteur de ses deux derniers livres pr-cits. Il y publia des articles et des recensions de livres, remarquables d'analyse.Le "danger hindouiste", la "Mtaphysique de Ren Gunon","l'Imposture Guno-nienne" (...) clairrent plus d'un lecteur ! C'est dans le cadre de cette revue que

    Jean Vaqui fit paratre des numros spciaux, essentiels, comme le n110 inti-tul "Le retour offensif de la gnose" dans lequel il dcrivait les jalons les plus ca-ractristiques de la gnose, "Thologie de la Contre-Eglise". Il y voquait les pre-miers courants de pense gnostique (ou "gnose historique") depuis Simon le Ma-gicien, Valentin, l'Ecole d'Alexandrie, le Manichisme, les Mahomtans, pour enarriver l'analyse de la lettre G des cussons maonniques du XVIll sicle, puis l'examen des penseurs gnostiques contemporains comme Ren Gunon, Ray-mond Ruyer et la Gnose de Princeton, Raymond Abellio et le G.R,A.C. de Perpi-gnan.

    Le numro spcial 126 constitue n'en point douter un des documents lesplus prcieux qu'ait crit Jean Vaqui. Ce texte circula ds 1962-63 sous forme

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    ronote dans les milieux contre-rvolutionnaires aprs la perte de l'Algrie Fran-aise. La version actuelle a t revue et s'intitule : "Rflexions sur les ennemis etla manuvre". Ce guide est une analyse remarquable de la situation actuelle, desforces en prsence, des tactiques employes par les ennemis de la France tradi-tionnelle. Il met en garde contre la manuvre insidieuse que ces suppts de Sa-tan mettent en place pour dtourner de leur but toutes les tentatives de saine

    raction leur plan diabolique. C'est un ouvrage consulter souvent et mditer!

    Dans le n134 de Lecture et Tradition, Jean Vaqui prcisa Christian La-grave ses conceptions sur les "Ennemis et la Manuvre". Un complment utilebourr d'analyses pertinentes tout comme le "demi nspcial " intitul : "La ba-taille prliminaire" (N155), analyse soulignant la ncessit d'une do uble-tactiqueet attirant l'attention sur les erreurs ne pas commettre tandis que l'ennemi esttout puissant...

    Songeant au combat quotidien, Jean Vaqui fit paratre "L'Action familiale etscolaire" une brochure d'une cinquantaine de pages sur "Les principaux thmesgnostiques : Occultisme et Foi Catholique", thmes qui se sont dvelopps avecune incroyable volubilit dans la littrature occultiste, sotrique et gnostiquecontemporaine. Cet ouvrage facilite l'identification des grands thmes gnostiquesdans les documents que la vie moderne nous met sous les yeux.

    C'est galement dans un souci de clarification que Jean Vaqui publia "Le

    brlant problme de la tradition" (L. et T. n167) pour que les catholiques traditi o-nalistes sachent quoi s'en tenir sur la Tradition de l'Eglise et la Tradition de laContre-Eglise. En un temps o la confusion rgne autour du sens rel du mot"Tradition", Jean Vaqui a tenu clairer puis mettre en garde contre une anti-tradition composite, aussi ancienne que l'authentique et qui ose se rpandre au-

    jourd'hui, tel un dluge, sur le monde entier. Ce sont bien les "Deux tendards"des "Deux cits" ! Ce texte parut d'abord en premire dition dans les Cahiers dela Revue Barrueldont nous parlerons un peu plus bas.

    Avec son "Abrg de Dmonologie" (ditions Sainte Jeanne dArc1), Jean Va-qui a fait une application de la Dmonologie chrtienne la crise de la socitcontemporaine. En un temps o la dmonologie n'est plus enseigne dans lessminaires, o les bons ouvrages sur la question sont devenus trs rares, JeanVaqui a crit un livre salutaire ! Avec ce titre, il ne sera plus possible d'ignorercette science ! La nature et l'influence des dmons y sont magistralement expo-ses. Prcisons que cet ouvrage en est sa deuxime dition, entirement re-fondue et augmente.

    1 Cet article est crit en 1973. Aujourdhui en 2001, ce livre est puis aux Ed.Sainte Jeanne dArc. Il est maintenant disponible aux Ed. Saint-Rmi, BP 79,33410 Cadillac et bien sr DPF.

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    Outre ces crits de grande qualit, Jean Vaqui a particip avec Paul Raynalet tienne Couvert, en 1979-1980, la fondation d'une revue unique au monde.

    Il s'agit l galement d'une uvre de salut public, pour la dfense de l'gliseCatholique et le combat contre la Synagogue de Satan. J'ai nomm la "SocitAugustin Barruel", de Lyon. La Socit dont la revue porte le mme nom, se pr-

    sente comme un "Centre d'tudes et de recherches sur la pntration et le dve-loppement de la rvolution dans le christianisme". La revue parait deux fois par anet en est son 23 numro. Les tudes parues dans ces 23 numros sont remar-quables : elles constituent une mine de renseignements et de formation, centresur le "Combat des deux cits". C'est dans le cadre de cette revue que Jean Va-qui a publi ce que l'on peut considrer comme son dernier livre : "L'cole mo-derne de l'sotrisme chrtien" (N22 et 23, 162 pages). Cette dition est le r-sum d'un gros ouvrage en trois tomes, rserv aux spcialistes. Livre solidementargument dont le but est d'clairer les catholiques sur un courant de pense"Lsotrisme soi-disant chrtien" que l'on peut considrer comme un vritablecancer, un acide qui ronge les dogmes, une peste qui imprgne aujourd'hui lesmilieux traditionalistes eux-mmes !

    C'est un des dangers de l'heure prsente ! Jean Vaqui nous dvoile dans cetravail les hommes et les doctrines de ce courant qui ose maintenant s'afficherpubliquement, tant la dcrpitude de l'glise conciliaire est aveuglante.

    Ce que Ren Gunon n'a pu accomplir de son vivant, la gnration d'sot-ristes dits chrtiens forme par les disciples du "Matre" est en train de le raliser,ce qu' Dieu ne plaise ! Maintenant que le dogme catholique a vol en clats, lathologie de la Contre-Eglise se fraie une voie royale pour tout subvertir ! Nous enrevenons toujours au Solve et Coagulacher aux sectateurs de "la Veuve" !

    Ce dernier travail de Jean Vaqui est donc un signal service pour tous lescontre-rvolutionnaires qui connaissent leur religion et ne veulent s'en laisserconter aucun prix ! Ils disposent l d'une arme prcieuse contre la subversion

    sotro-occultiste !

    Nous devons reconnatre que Jean Vaqui a accompli une belle uvre apolo-gtique. Il a su dfendre la doctrine mais aussi attirer l'attention sur les chausse-trapes de l'Ennemi. Son action s'est encore exerce par une collaboration diver-ses revues de la Tradition. Nous pensons notamment "De Rome et dAilleurs","Montjoie Saint Denis", "Monde et Vie", "Les cahiers de Chir", "Sous la Ban-nire". Il serait trs opportun de runir en volume les articles parus dans ces re-vues ; citons entre autre :

    "Le Concile des Mchants m'a assig","Les finalits rvolutionnaires du Nouvel ge","Les manifestes rosicruciens" (collaboration un ouvrage collectif),

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    "Le pasteur frapp et les brebis disperses","Les documents de la Haute Vente","Un corps la fois mort et divin","Lon de Poncins est-il disciple de Ren Gunon et de Julius Evola ? ","Les prcurseurs de lre du Verseau" etc...

    Jean Vaqui a donc bien crit - nous regrettons qu'il ne l'ait pas faitdavantage !... - mais il a aussi bien uvr par des confrences passionnantes,trs prises de ses auditeurs.

    Monarchiste Providentialiste, grand dfenseur de la Tradition, Jean Vaquis'est toujours gard de tout activisme dplac, mais a su mener un combat dechaque instant servi par une solide formation puise auprs de l'Ecriture, des p-res de l'glise, des docteurs, des mystiques, des grands doctrinaires catholiqueset des contre-rvolutionnaires. Homme lui-mme trs mystique, Jean Vaqui taitd'une haute probit intellectuelle. Ses dons d'analyse taient remarquables et ilsavait prsenter d'une faon trs claire les doctrines des "deux traditions" dontl'exposition n'est pas toujours aise. Il avait d'ailleurs un flair incomparable pourreprer les dangers du moment. Aller droit l'essentiel puis l'exposer dans unelangue claire et agrable n'est pas rserv tout le monde ! Jean Vaqui poss-dait ce don de la clart.

    Quoique la situation pt paratre dsespre aux yeux du commun, Jean Va-

    qui avait la certitude inbranlable de la victoire finale. Ses crits en tmoignent.ils dmontrent mme que tout en s'affirmant "providentialiste" il est possible, mal-gr l'troite marge de manuvre qui nous est encore laisse, d'uvrer pour lagloire de Dieu et ldification "des restes qui allaient prir"...

    Jean Vaqui fut pour notre poque un soutien prcieux!Oui, la Tradition vient de perdre un grand homme ! Puisse-t-il nous soutenir

    maintenant de L-Haut puisque nous ne disposons plus de ses lumires ici-bas !Que nos prires montent pour lui vers le Dieu des misricordes pour qu'Il lui rende

    L-Haut les fruits de son labeur ici-bas.

    "Les forces de la rvolution peuvent occupe tout le terrain.Dieu ne permettra pas que tous ses serviteurs disparaissent.

    Dieu a besoin de"petits riens" pour tout reconstruire". (Jean Vaqui).

    En ce 21 janvier 1993Bicentenaire du Martyre de Louis XVI et origine de tous nos maux !

    Flix CAUSAS(Sous la Bannire, n45, janvier-fvrier 1993)

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    La nouvelle nous a frapp la veille de la Saint-Sylvestre. Jean Vaqui s'estteint chez lui, en rcitant le chapelet en compagnie de ses enfants et petits-enfants. Il tait dans sa quatre-vingt deuxime anne.

    Durant la dernire guerre, Jean Vaqui avait fait partie du rseau Roy del'abb Lapouge. On l'appelait "Le Grand". De cette poque de la Rsistance dateune longue et fidle amiti avec certains de ses compagnons de lutte

    qu'unissaient les mmes convictions politiques et religieuses.En 1953, il abandonnait les bords de sa Garonne natale pour venir habiter une

    ancienne abbaye, au milieu de la Sane, un peu en dehors de Lyon, dans cettele Barbe qu'il n'allait plus quitter.

    Au fil des ans, bien que toujours effac, Jean Vaqui s'affirme comme un desplus solides dfenseurs de la Tradition. Providentialiste, en marge de tout acti-visme, il n'en mne pas moins en toute humilit, par ses crits et par ses conf-rences, un combat de chaque instant. Homme de grande rigueur intellectuelle etde haute spiritualit, il n'avait pas son pareil pour dcortiquer un texte ou un dis-cours, pour en dbusquer les erreurs. Allant toujours l'essentiel, il s'exprimaitdans une langue claire et prcise, lapidaire, comme sa pense, toute pntre dela vrit des Ecritures, de l'enseignement des Pres de l'Eglise, des mystiques,des prophtes. Il avait le don de la formule, et ces pointes d'humour qui touchentd'autant plus qu'elles sont le fruit de l'innocence visionnaire, celle des enfants etdes saints.

    Le combat de Jean Vaqui pour l'Eglise sera double : la fois contre le virusmoderniste - trs tt il dnonce la rforme liturgique, les mfaits de la collgialit,

    du pluralisme, de I'cumnisme - et contre "l'acide sotrique" qui "vient rongerles dogmes". Dans un cas comme dans l'autre, il constate et dplore la dmissionou les silences de l'Eglise officielle, devenue "une coquille vide", "enrle" par lamaonnerie.

    Malgr ce terrible constat, Jean Vaqui n'en dlivre pas moins un message defoi et d'esprance en rappelant la parole vanglique :

    "Cette maladie ne va pas la mort mais elle est pour la gloire de Dieu" (JeanXI, 4), de Dieu "qui prouve la divinit de Ses uvres par des miracles de rsur-rection".

    Et de proclamer son inbranlable confiance dans "les formidables dogmescatholiques qui font frissonner Lucifer et les lucifriens".Jean Vaqui ne disait pas : "Aide-toi, le ciel l'aidera", mais : "Il faut aider le

    ciel", ce qu'il a fait sa vie durant et par ses crits : des modles qui nous le ren-dent plus que jamais prsent. Parmi eux, citons La Rvolution Liturgique, Bn-dictions et Maldictions, recueil de textes prophtiques de la "rvlation prive",son Abrg de Dmonologie, et ses tudes sur la gnose parus dans Lecture etTraditionou les Cahiers Augustin Barrueldont il tait un actif collaborateur. Voiraussi ses articles de Monde et Vie, notamment La mare gnostique(n398 et 399

    de juin et juillet 1984) et La romanit indlbile(n437, du 24 octobre 1986).Pierre de PLACE

    (Monde et Vie, n542, 14 janvier 1993)

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    PIERRE VIRION

    L'crivain Pierre Virion, que beaucoup d'entre nous ont connu personnelle-ment, est dcd le 27 mai 1988, dans sa 90 anne, muni des sacrements del'glise. Son corps repose maintenant au cimetire de Maulvrier en Vende.Aprs avoir retrac brivement sa carrire, nous rappellerons ses principales u-vres qui ont jou un grand rle dans l'laboration de l'esprit traditionnel de la g-nration prsente.

    P. Virion reut une solide formation classique dans un collge dominicain. Puisil devint lui-mme professeur de lettres, mais cette fois, chez les Jsuites. Pourconserver toute son indpendance d'esprit et pour d'autres raisons matrielles, ils'orienta vers le prceptorat libre. Il devint donc prcepteur dans une famille deVende. Les enfants dont il assurait l'instruction ayant termin leurs tudes, il alla

    exercer son prceptorat dans la famille de Bourbon-Parme avec laquelle il restaensuite trs li. Cette amiti lui procura de frquents contacts avec Otto de Habs-bourg dont il a conserv un abondant courrier.

    P. Virion sjourna Rome o il fut prcepteur du jeune prince Collona. Sonlve, avec lequel il resta toujours en correspondance, est mort l'automne der-nier l'ge de 72 ans. Ce poste de prcepteur romain l'amena connatre le RoiHumbert dItalie par qui il fut aussi trs apprci. Cette situation le mit galementen rapport trs troit avec le cardinal Ottaviani avec lequel il a correspondu jus-

    qu' sa mort.

    De Rome, P. Virion crivait Mgr Jouin, le fondateur de la Revue Internatio-nale des Socits Secrtes (R.I.S.S.) qui a exerc, sur la formation intellectuelleet religieuse de l'lite nationale d'entre les deux guerres, une influence que l'on nesaurait exagrer. Ce fut surtout lors de son retour Paris que leur collaborationfut vraiment suivie. Pendant toute une priode, les deux hommes se retrouvrentplusieurs soirs par semaine, durant une heure ou deux, aprs le travail de P. Vi-rion.

    Ce fut l'poque o, abandonnant le prceptorat, et faisant valoir la licence dedroit qu'il avait acquise, il accepta un poste au Secrtariat gnral des Chambresde Commerce de la Seine. Il passa ensuite au Crdit Lyonnais o il eut un rleassez important Paris, et o il fit une assez longue carrire. Il avait pous Ma-demoiselle Yvonne Galmard et il fallait bien assurer la vie familiale et l'ducationde ses deux filles.

    Nanmoins ses proccupations intellectuelles majeures le poussaient criredes articles et des monographies pour divers groupements nationaux. C'est ainsiqu'il rdigea plusieurs plaquettes pour "La Cit Catholique" anime par JeanOusset. Il s'intressa, comme beaucoup d'entre nous, toutes les tentatives, plus

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    ou moins heureuses, de redressement national et religieux. C'est ainsi qu'il entre-tint un moment des rapports avec le mouvement Poujade. Il voyagea en Espagneet au Portugal o il rencontra Salazar. A la mort du gnral Weygand, il le rem-plaa la prsidence des "Amis de Jeanne dArc" et il collabora activement larevue dite par cette association.

    P. Virion s'intressa aux vnements de Garabandal et collabora avec le R. P.Laffineur. Il visita assez souvent les voyantes et en particulier Conchita.

    Pierre Lemaire, directeur des ditions Saint-Michel Saint-Cnr enMayenne, puis de Tqui, rue Bonaparte Paris, devint son diteur attitr. Il entre-tint aussi des rapports constants et amicaux avec Mgr Ducaud-Bourget. Dans lesdernires annes de sa vie, il s'tait retir Bernay, dans lEure. Il avait gardtoute sa vivacit. A 90 ans, il conduisait encore sa voiture en ville mais il vitaittout de mme de se lancer dans de grandes randonnes.

    Il est temps de rcapituler I'uvre de cet crivain traditionaliste. Son premierlivre, si je me souviens bien, s'intitule "Civilisation notre bien commun". Il parutavec une prface de Joseph de Pesquidoux de lAcadmie Franaise. Par la suiteses ouvrages furent publis chez Tqui.

    "Les forces occultes dans le monde moderne", est le sujet d'une confrenceprononce Rome le 25 octobre 1965, sous les auspices de lAssociation

    Romana Colloquia. Cette confrence a t dite Saint-Cnr en Mayenne. P.Virion y expose le systme synarchique de Saint-Yves d'Alveydre, projet d'ungouvernement mondial sous le rgime d'un socialisme universel et d'une religionuniverselle. A l'poque, ces notions nous taient beaucoup moins familiresqu'aujourd'hui. Cette confrence a fait date et elle fournit dj le schma gnralde toute I'uvre de P. Virion.

    Puis parat, toujours chez Tqui, "Mystre d'iniquit" qui fait grand bruit. C'estla rvlation de toute la tendance mystique de la franc-maonnerie qui, pendant la

    priode anticlricale de la Ill Rpublique, avait t domine et oblitre par latendance rationaliste. C'est dans ce livre que P. Virion cite et analyse les ouvra-ges du fameux ex-chanoine Roca qui avait pour ambition de transformer lente-ment mais fondamentalement lEglise en lui inoculant le virus gnostique et occul-tiste. Il rappelle aussi les crits, tout fait oublis, de deux prtres qui, ds lespremires annes du XX sicle, professaient dj des conceptions analoguesmais qui restrent dans lEglise pour mieux la faire voluer du dedans, inaugurantainsi une mthode largement imite par la suite : l'abb Mlinge, cur de Morignyprs dEtampes au diocse de Versailles, qui se faisait appeler le Docteur Alta et

    l'abb Jeannin, auteur d'un livre intitul "Eglise et fin de sicle".

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    C'est l encore qu'il expose, en le clarifiant de son mieux, le plan synarchiquede Saint-Yves d'Alveydre et non seulement le plan mais la ralisation de ce plan travers les tractations entre lEglise et la Franc-Maonnerie, lesquelles sont expo-ses avec des dtails que l'on aurait intrt revoir aujourd'hui.

    Vient ensuite "Bientt un gouvernement mondial - Une super et contre-glise",

    galement chez Tqui (la quatrime dition est de 1968). Ce livre est une mine derenseignements qui sont toujours trs prcieux et qui l'taient encore plus l'po-que. C'est lui qui a dvoil, pour la premire fois l'organisation mondiale des Bil-derbergers, fournissant une surprenante liste de noms. Dans ce livre on trouvegalement les premires apprciations judicieuses qui aient parues sur la compo-sition et le rle du "Council on Foreign Relations"(C.F.R.) et sur la "Central Inteli-gence Agency" (C.I.A.) ainsi que sur une foule de conciliabules plus ou moins se-crets et permanents qui travaillent en vue de raliser une hgmonie financire etidologique mondiale.

    "Le complot" est une plaquette des ditions Saint-Michel, trs bien illustre quiparut aprs mai 68 et qui rsume magistralement l'organisation de ce qu'on a ap-pel le "para-concile". "Le complot" contient des dveloppements trs intressantssur l'IDO-C (Centre International dInformation et de Documentation sur lEgliseConciliaire) qui donna une impulsion rapide et nergique aux rformes que lestextes de Vatican Il contenaient seulement en germe

    "Le nouvel ordre du monde" parat chez Tqui en 1974. C'est principalementune tude sur l'organisation "British-Isral". P. Virion y dploie une grande con-naissance des milieux bancaires anglo-saxons. La "British-Isral" est fonde surle principe suivant :

    La Grande Bretagne et ses ex-dominions avec la Rpublique amricaine etles Juifs, constituent la moderne race dIsral, laquelle hrite des promessesd'hgmonie qui lui ont t faites.

    C'est cette race qui doit instaurer le gouvernement mondial, appel dans les

    Ecritures le royaume de Dieu.

    Cette organisation publie, sous la direction de Herbert Armstrong, deux men-suels internationaux : "Le Monde Venir" et "La Pure Vrit". L'tude de P. Virionest une monographie de 125 pages fortement documente.

    Puis viennent trois ouvrages qui rpondent une proccupation toute diff-rente, non point oppose certes, mais complmentaire. Les deux premiers con-cernant Jeanne d'Arc. Ce sont : "Jeanne en son temps Jeanne en notre temps" et

    "Le mystre de Jeanne dArc et la politique des Nations". Le troisime a pour titre"Le Christ qui est Roi de France". On peut rattacher ces trois livres ce qu'il faut

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    bien appeler lEcole "La Franquerie" que je dfinirai pour ma part, comme l'Ecoledu lgitimisme mystique, en attendant une meilleure dfinition.

    Le dernier ouvrage de P. Virion : "LEurope, aprs sa dernire chance, sondestin", toujours chez Tqui, n'a pas connu un grand succs, sans doute faute depublicit.

    On voit que Pierre Virion tient une place importante dans l'laboration de lapense traditionnelle d'aujourd'hui dont il a ressenti, avec une grande acuit, lafois le ple rpulsif et le ple attractif.

    Le ple rpulsif constitu par les forces secrtes de rvolution. L, P. Virionprend la succession des crivains, dont le plus reprsentatif est Lon de Poncins,qui avaient combattu principalement la franc-maonnerie rationaliste, de beau-coup la plus dangereuse leur poque. Par ses rvlations sur les Bilderbergers,P. Virion avance d'une longue tape dans l'investigation de la surprenante conni-vence entre les ploutocrates et les collectivistes. Par ses travaux sur les crits deRoca et du Docteur Alta, il montre les liens de ces mmes collectivistes avec l'oc-cultisme et la gnose. En cheminant sur ces deux voies parallles, il dcouvre lesprparatifs d'un gouvernement mondial et d'une religion universelle au profit d'unepuissance formidable et obscure qu'il nhsite pas dclarer lucifrienne.

    Mais P. Virion est galement sensible au ple attractif de la philosophie tradi-

    tionnelle, ple qui s'identifie avec les origines de notre monarchie, ainsi d'ailleursqu'avec la mission posthume de sainte Jeanne dArc.

    Penseur solide et orthodoxe que P. Virion. Mieux taill pour la dcouverte quepour l'exposition mais dont les ouvrages ont nourri la gnration des traditionalis-tes qui s'est forme entre les annes 1950 et 1970, c'est--dire l'poque duConcile.

    Jean VAQUI

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    JEAN VAQUI PRCISE CHRISTIAN LAGRAVE SES

    CONCEPTIONS SUR LES ENNEMIS ET LA MANUVRE

    Christian Lagrave. - Jean Vaqui, la premire version de vos "Rflexions"(Cf.Lecture et Traditionn126 "Rflexion sur les ennemis et la manuvre", toujoursdisponible DPF) avait circul dans les milieux contre-rvolutionnaires, en 1963

    je crois, sous la forme d'un texte anonyme ronotyp. Vous l'avez revu etprofondment remani. En 1963 au lendemain de l'chec de lO.A.S. il s'agissaitde tirer les leons d'une dfaite. En 1987 il sagit, si j'ai bien compris, de mettrenos amis en garde la veille d'une bataille que vous pressentez dcisive ?

    Jean Vaqui. - C'est exactement cela. Il tait dj vident, ds la fin de laguerre d'Algrie, que cette bataille, relativement circonscrite, avait t le premier

    pisode du passage de tout le Bassin mditerranen dans la zone d'influence so-vitique, et que par consquent la perte de l'Algrie annonait la sovitisation nonseulement de la France mais de l'Europe. Ce danger, prvisible voil dj 25 ans,n'a fait depuis que se prciser puisqu'aujourd'hui les politologues et les futurolo-gues de formation scientifique, comme les mystiques chrtiens contemporains,laissent prvoir une conflagration mondiale d'un genre nouveau qu'ils dcriventtour tour comme une guerre gnrale ou comme une rvolution universelle.Quand Jean Auguy et vous-mme m'avez demand de publier ces Rflexions, j'ait oblig de les remanier presque compltement et cela pour deux raisons trs

    comprhensibles. D'abord parce que la guerre rvolutionnaire que l'on sent venirne se rduira pas la France et prendra rapidement l'allure d'une perturbationmondiale. Et ensuite parce que les mentalits et les motivations rvolutionnairesont pris des formes nouvelles dans les pays qui seront vraisemblablement ba-lays par la secousse gnrale, et que ces mentalits nouvelles entraneront fa-talement des changements dans les processus rvolutionnaires.

    C.L. - Vous vous fondez sur l'criture sainte, en particulier sur lApocalypse, pourdfinir une stratgie de la Contre-Rvolution, et sur les prophties de la Rvla-

    tion prive pour en tirer une tactique adapte au moment prsent. Or si les pro-phties de la Bible doivent forcment se raliser un jour ou l'autre, celles de laRvlation prive sont conditionnelles donc incertaines. Par ailleurs mme si l'onpense quelles se raliseront, nous ne savons pas quelle date. Or plusieurs g-nrations, depuis plus d'un sicle, ont cru que lre des grands chtiments suivisdu rgne rparateur tait venue : en 1870, en 1914, en 1940... Nos ans se sonttromps et ltat de la France est all toujours en empirant. Il semble bien quenous ayons craindre de nouveaux chtiments dans un avenir proche, mais quinous dit que la phase consolation ne se fera pas attendre pendant un sicle ouplus ?

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    J.V. - C'est videmment une trs grave question. Pour y rpondre le plusclairement possible, je vais vous demander la permission de la diviser en deuxsous-questions. Il faut d'abord examiner s'il est vraiment ncessaire de recouriraux prophties.Et il faut ensuite se demander si les prvisions et les esprancesque l'on en retire sont vraiment applicables la crise qui vient.

    Je rponds la premire sous-question. Nous sommes bien obligs de

    constater que nous n'avons pas le choix si nous voulons conserver l'attitude anti-rvolutionnaire et ne pas sombrer dans le dsespoir. Nous sommes absolumentcontraints de recourir cette source surnaturelle d'information et d'inspirationparce que nous avons puis tous les moyens humains. Il suffit de parlerquelques instants des choses de la Religion et de la Cit avec un simplecatholique de bon sens pour lui entendre dire : "Humainement nous sommesperdus". Telle est la rflexion unanime. Pour ma part je l'adopte comme base deraisonnement : les forces de rvolution sont aujourd'hui au maximum de leurpuissance ; elles sont absolument irrsistibles puisqu'elles ont russi envahir et neutraliser jusqu'au Sige de Pierre. Sans compter qu'il y a encore ceci : quevoulez-vous tenter, avec les seuls moyens-humains, contre des forces qui, endernire analyse, sont de nature dmoniaque, ainsi que tout le monde l'admetaujourd'hui.

    La lutte contre les ennemis de lEglise et de ce qui reste de la chrtient nerelve plus que de Dieu. Il est donc tout fait logique de se retourner vers destextes qui peuvent rvler les intentions de Dieu. Car enfin il s'agit de la survie del'Eglise qui est I'uvre de Dieu sur la terre.

    Que compte-t-Il faire pour en assurer la continuit ?Ce n'est pas une vaine curiosit que d'essayer de le savoir, c'est unencessit de guerre.

    Or prcisment, nous trouvons dans ces textes, en mme temps que l'an-nonce d'pisodes trs svres, de grands encouragements. Et de fait ces encou-ragements, qui taient jusqu' une poque rcente l'apanage de quelques "pi-toyables dphass" dont je faisais partie d'ailleurs, sont maintenant connus etadmis par un public toujours plus nombreux. La rfrence ces textes appartientdsormais nos rflexes mentaux les plus courants. Bien sr les politiciens et

    ceux qui partagent leur esprit ricanent des prophties. Mais le catholique de sou-che y puise ses dernires esprances. Voyez par exemple l'extraordinaire popula-rit de Fatima. Quel est celui d'entre nous qui ne se rpte pas de temps autre,pour se rconforter : "A la fin mon Cur Immacul triomphera".

    Par consquent, ne faisons pas les tonns devant une rfrence aux proph-ties qui est devenue, pour beaucoup d'entre nous une vritable habitude d'esprit,non sans quelques bonnes raisons on nous l'accordera.

    Je vais essayer maintenant de rpondre votre deuxime sous-question, savoir : ces promesses prophtiques sont-elles vraiment applicables la crise qui

    vient ?On les a dj appliques aux crises prcdentes et elles ont t lettre morte,

    me faites-vous remarquer. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que les prophties,

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    tout au moins celles qui sont vritablement d'origine divine, ne constituent pas descanevas venir. Elles ne forment pas un quadrillage mathmatique du futur. Ellesprsentent, quant leurs dlais de ralisation une certaine souplesse. C'estpourquoi l'on dit :

    "Dieu ne mesure pas le temps comme nous".Les prophties divines nous font entrer dans le monde surnaturel, autrement

    dit dans le monde de la Grce. Elles sont positivement des rprimandes que Dieuadresse des enfants insupportables afin de les avertir et de leur pargner descorrections rigoureuses. On peut les rsumer ainsi :

    "Si vous continuez, vous allez la catastrophe. Souvenez-vous donc que Jevous ai promis une restauration brillante".On ne comprend vraiment les prophties que si l'on y voit des paternelles me-

    naces, ritres de crise en crise avec la patience d'un Dieu lent la colre. Orles svres corrections, nous les avons dj prouves plusieurs fois, vous venezde le dire ; mais, la brillante rcompense n'est pas venue et c'est l que vous medemandez des explications.

    Et pourquoi n'est-elle pas venue ?Pour le comprendre, il faut bien saisir ce que l'on entend par "conomie de la

    Grce" : ce sont les modalits de la distribution des faveurs. Les dons de Dieudemandent tre dsirs parce qu'ils ne sont pas dus. La ncessit de les dsirerest donc une rgle de justice qui ne peut pas tre transgresse. Le Verbe incarnLui-mme est tenu de dsirer et de demander l'hritage qui Lui est pourtantpromis :

    "Demande Moi et Je Te donnerai les Nations pour hritage et pour limites lesextrmits de la terre".Les nations lui sont destines en partage et pourtant il faut qu'Il les demande.Conformment cette mme rgle, nous devons aujourd'hui demander l'inter-

    vention divine que Dieu est Lui-mme impatient de nous accorder. Il veut que lasomme de nos dsirs ait atteint la mesure comble. L rside le seul vritable pro-blme avec lequel notre gnration est confronte : combler la mesure des dsirs.

    Si nous comprenions cela nous abandonnerions toute autre activit pour nousconsacrer cette demande. Bien sr je fais l une hypothse chimrique.

    Quel est le peuple qui serait capable d'un tel dtachement ?Il faudra la douleur des preuves pour que nous songions nous tourner versle ciel. Esprons qu'alors enfin nous comblerons la somme des dsirs spirituelsqui sont ncessaires pour obtenir le secours de celui qui est appel "le Dsir desNations".

    Mais vous faites bien de vous poser la question, elle est loin d'tre superflue. Ilne faut pas nous dissimuler que nous allons courir un grand risque. Engluequ'elle est dans son agnosticisme, cette nation saura-t-elle lever ses regardsvers le Ciel avec l'insistance et la confiance ncessaires, mme au milieu de la

    douleur ? Ce n'est pas vident d'avance. Aurons-nous assez de foi pour arracherau Ciel le miracle prpar ? Pour ma part je fais tous mes efforts pour que l'on

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    prenne conscience de cette ncessit aussi imprieuse que difficile compren-dre.C.L. - L'histoire moderne nous donne deux exemples de gouvernements, non pascontre-rvolutionnaires mais anti-rvolutionnaires, qui ont pu s'installer au pouvoirgrce l'effondrement militaire du rgime rvolutionnaire en place : la Restaura-tion et le gouvernement de Vichy. Je n'ignore rien des insuffisances de ces rgi-

    mes qui, je le rpte, n'taient pas contre-rvolutionnaires, qui n'ont t que pro-visoires et dont le dernier a servi de prtexte aux rvolutionnaires pour massacrerbeaucoup des ntres. Mais si demain la Rpublique s'effondrait par sa faute dansle sang ou dans la boue et si le pouvoir tait ramasser, quelle devrait tre l'atti-tude des contre-rvolutionnaires ? Se lancer dans l'action avec tous les risquesd'chec, de rpression, de rcupration, de fourvoiement que cela comporte, ouse tenir l'cart au risque de paratre lches et de faciliter le triomphe del'ennemi?

    J.V. - Vous nous placez l dans une hypothse qui s'est dj ralise en effet et ilest trs possible que nous voyions se reproduire le mme cas de figure. Je vou-drais d'abord prciser, autant qu'on peut le faire bien entendu, la position relativede l'pisode en question et de l'apoge de la crise. Je m'explique : l'apoge de lacrise c'est le fameux "tout semblera perdu", qui est le point de convergence detoutes les prophties ; c'est le trou noir qui ne relve plus d'aucune mdicationhumaine, toute la nation tant dans un tat de complte sidration. Si vous parlezde "pouvoir ramasser" c'est donc que vous vous placez avant ce trou noir, avant

    cet apoge de la crise, et donc pendant la priode d'incubation. Et en effet, aucours de cette priode de troubles croissants, un pisode de vacance du pouvoirpeut trs bien se produire. Il n'est pas exclu qu'il se produise mme plusieurs fois.

    Dans une pareille circonstance, personne n'empchera les grands dbrouil-lards de se prcipiter pour occuper le pouvoir et de rditer, sous une forme ousous une autre, les cas historiques que vous citez. Nous nous trouverons alorsdans une situation typique de pseudo-raction qui devra tout aux combinaisonshumaines et rien la magnanimit de Dieu.

    Or, et c'est l que je rponds plus prcisment votre question, des traditiona-

    listes instruits se trouveront forcment mls ces oprations pseudo-ractionnaires.Leur conseillera-t-on de les torpiller sous prtexte qu'elles ne correspondent

    pas aux normes prophtiques ?videmment non. Ce serait la pire des erreurs et mme la dernire des mal-

    honntets, et cela pour deux raisons qui s'additionnent. D'abord, mme impar-faite, une opration pseudo-ractionnaire n'en est pas moins une raction et doncelle opre dans le sens contre-rvolutionnaire. Mais il y a encore ceci : on n'estpas oblig de croire aux prophties prives. Certes elles facilitent l'intelligence des

    vnements et sont par consquent trs prcieuses. Mais enfin elles ne sont pas"de foi". Elles ne sont donc pas "opposables aux tiers" comme l'on dit en droit et

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    l'on ne peut donc pas, en leur seul nom, prononcer un jugement radical d'hostilitcontre une opration politique.

    Il faut seulement savoir, et il faudra se souvenir, que des oprations pseudo-ractionnaires ventuelles ne seront jamais que des palliatifs phmres, trs ttbalays, et qui ne rgleront pas fondamentalement la question du pouvoir.

    C.L. - Certains disent : "Puisque seul le roi lgitime dsign et soutenu par Dieupourra vaincre les ennemis de la France et de lEglise, il est inutile de rien faire, etil faut se contenter de prier et d'attendre". Quen pensez-vous?

    J.V. - Il est certain que tout cet ensemble de forces hostiles que des crivainscomme Lon de Poncins, entre autres, qualifient de "forces secrtes de rvolu-tions", il est certain que toutes ces forces, mondialement organises, sont de na-ture supra-humaine. Tout cet ensemble est anim et dirig par les mauvais es-prits. C'est une vidence laquelle un grand nombre de chrtiens se rallientmaintenant. Et ces forces, comme nous venons de le voir, sont au maximum deleur puissance. Telle est la caractristique de notre poque.

    On comprend que, pour venir bout de tout ce complexe surhumain, il faut unpersonnage non seulement dsign par Dieu mais surtout dot par Lui de qualitssurnaturelles. C'est prcisment ce que sera le sauveur annonc par les proph-ties prives. Avant qu'il ne se manifeste nous pourrons seulement mener descombats de retraite plus ou moins efficacement retardateurs et qui ne rgleront

    jamais long terme la question du pouvoir. Les prophties prives apportent lune notion stratgique extrmement importante qui claire considrablement lasituation mais laquelle, encore une fois, on nest pas oblig d'adhrer.

    Vous vous placez donc dans ce temps d'expectative et vous demandez :"Doit-on se contenter de prier et d'attendre ? "

    Je rponds tout de suite : pour certains oui, mais pour d'autres c'est impossible.Sous le rapport qui nous intresse ici, on rencontre deux sortes de tempra-

    ments d'hommes : il y a les "actifs" qui forment l'immense majorit des traditiona-listes, et il y a ceux que nous appellerons schmatiquement les "contemplatifs".

    On ne fera jamais comprendre aux actifs qu'il faut commencer par rflchir avantd'agir et donc, dans les circonstances actuelles, qu'il faut prier longuement avantde se lancer dans l'action. Ils voudront toujours se dsigner eux-mmes pourtoutes sortes d'entreprises, devancer la Grce au lieu de la suivre et mettre lepropre esprit avant le Saint-Esprit. Et ils estimeront, en agissant ainsi, qu'ils ont"les pieds sur terre" et qu'eux au moins sont ralistes. Ceux-l n'acceptent pas deprier d'abord puis d'attendre. Ils ne veulent pas de "la solution des paresseux". Ilsagissent d'abord et demandent ensuite les bndictions de Dieu sur les uvresqu'ils ont entreprises de leur propre chef. Ne leur demandons pas ce qui leur est

    impossible. D'autant plus qu'ils russiront brillamment dans des actions ponctuel-les, limites et donc sans lendemain.

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    Ceux que nous avons appels, pour aller vite, "les contemplatifs" comprennentl'essence surnaturelle de la crise que nous vivons. Ils oprent selon des modlescomme par exemple sainte Thrse de Lisieux, patronne des missions lointaines,qui n'a jamais quitt son couvent. Selon le modle de sainte Jeanne d'Arc qui acommenc par couter ses voix pendant de longues annes, qui ne s'est pas d-signe elle-mme pour sa mission et qui ne s'est lance dans l'action qu'aprs

    des mois de prires intenses. Selon le modle par excellence de Notre-SeigneurJsus-Christ qui a vcu 30 ans de vie cache pour 3 ans de vie publique, donnantainsi la proportion idale qui doit exister entre la rflexion et l'action.

    On ne peut pas demander la gnralit des traditionalistes ce que l'on de-mande aux "contemplatifs". Il faut reconnatre cependant que les plus efficaces,malgr les apparences, surtout dans la priode actuelle d'expectative, sont lescontemplatifs dont I'uvre spirituelle contribue augmenter la somme des dsirspour qu'ils atteignent la mesure comble et qu'ainsi Dieu Se dcide nous montrerSa magnificence. C'est pourquoi j'ai fait votre question une rponse un peunormande. La bonne stratgie ne consiste pas souhaiter, sur le papier, destroupes idales, mais utiliser, sur le terrain, les troupes telles qu'elles sont.

    Il me semble cependant que les hommes d'action devraient faire une place deplus en plus grande la prire nonobstant leur temprament. Il faudrait qu'ils arri-vent comprendre qu'il y a un temps pour tout. Je les incite, une fois de plus, relire Ecclsiaste III, 1-8 :

    " ... un temps pour la guerre et un temps pour la paix".Ils sont impatients de voir venir "le temps pour la guerre". Ils l'auront un jour.

    Mais ils se prpareront des victoires pour demain en se concentrant dans le re-cueillement aujourd'hui. Ils auront l'action qu'ils dsirent. Car je puis vous assurerque le "Rgne du Sacr Cur" sera beaucoup moins fade et beaucoup plus"sportif" qu'on ne se l'imagine quand on se rfre uniquement l'iconographiesulpicienne. Ceux qui aspirent cogner cogneront, on peut le leur assurer. Alorsle temps de la prire sera abrg, enfin. Il faudra une prire courte et bien sentie.On leur conseillera alors celle du capitaine La Hire, l'un des compagnons deJeanne d'Arc qui s'adressait Dieu en disant :

    "qu'il Vous plaise, Seigneur, faire aujourd'hui pour La Hire ce que Vous vou-

    driez que La Hire fit pour Vous, si La Hire tait Dieu et si Vous tiez La Hire".

    C.L.. - Quels modes dactions conseilleriez-vous dans l'immdiat des militantscontre-rvolutionnaires qui estimeraient que leur solide formation doctrinale etleur profonde vie religieuse et sacramentelle leur permettent de se lancerutilement dans l'action ?

    J.V. - Il est certain que les traditionalistes actuels alignent sur l'chiquier une intel-ligentsia qui est loin d'tre mdiocre. Bien sr, on se dispute comme des chiffon-

    niers, c'est bien connu. Mais remarquez que ces disputes roulent toujours sur desquestions de tactique. Chacun cherche dsesprment une solution humaine une situation qui ne comporte qu'une solution divine. La doctrine fondamentale,

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    au contraire, est toujours fidlement, et mme amoureusement et unanimement,respecte. Du fait de cet miettement tactique, regrettable sans doute mais se-condaire, il existe de nombreux groupes et de multiples publications. Mais cesgroupes et ces publications tmoignent d'une fermentation intellectuelle tout faitremarquable quant son niveau et quant sa spontanit. Lorsque, plus tard, onen fera une anthologie, on n'aura que l'embarras du choix pour y faire figurer des

    pices d'une rare vigueur. Je ne nomme personne parce que je ne peux pasnommer tout le monde.

    O je veux en venir ?Les militants de qualit que vous dsignez dans votre question sont d'ores et

    dj dans ces groupes et ces publications o ils trouvent leurs places et leurs ac-tivits. A mon avis, il ne faut surtout pas les encourager quitter ces places et cesactivits parce qu'elles correspondent une ncessit empirique qu'il faudraitmme appeler historique. Il serait dtestable de dmolir ce qui a t fait avec tantde zle et au prix de tels efforts. Il faut conserver tout cela parce que tout cela estimparfait certes mais ncessaire.

    Je dis seulement... je le dis parce que vous me le demandez, mais je ne veuxpas prendre le ton professoral... que les vies de ces militants, grands ou petits,sont prcieuses et qu'il faut les mnager. Il faut le moins possible les engagerdans des aventures prmatures. C'est l qu'intervient cette qualit de calme quinous est demande avec tant de nettet par Notre-Dame de Pellevoisin. Ne medemandez pas d'entrer dans plus de dtails, je n'ai pas qualit pour le faire.

    Un dernier mot sur ce sujet. Un vieux proverbe s'applique admirablement

    notre situation : ne mettons pas tous nos ufs dans le mme panier. Plus l'litetraditionaliste sera disperse, au moins pendant toute la priode prparatoire,mieux cela vaudra. Elle sera ainsi moins vulnrable.

    C.L. - Dans votre chapitre intitul "Le prochain scnario" vous voquez la menaced'un dferlement sovitique sur lEurope occidentale. Si cela se ralisait quellesseraient pour les contre-rvolutionnaires les ractions possibles et souhaitables ?

    J.V. - Vous me posez l, avouez-le, une question bien difficile. Nous pouvons

    toujours essayer de rflchir ensemble. Prenons garde tout d'abord de ne pas rai-sonner par analogie avec l'occupation Allemande de 1940 1944. Il est peu pro-bable, en effet, que les choses se reproduisent exactement de la mme manire.Voyons donc quelles diffrences nous pourrions rencontrer.

    Aussitt aprs le vote de la constitution laque de 1958, j'ai entendu dire, parune mystique qui je rendais visite assez rgulirement, que l'preuve rcentesubie par la France du fait d'une arme trangre tait le chtiment des fautescommises par la France contre les nations trangres (par exemple les guerresnapoloniennes qui ont rpandu le jacobinisme en Europe). Et la personne privi-

    lgie continuait en disant qu'une nouvelle preuve se prparait qui serait le ch-timent des fautes commises par la France sur elle-mme, dont la plus grave est ladclaration solennelle de lacit de l'Etat, lEtat dclarant ignorer Dieu.

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    Il est donc vraisemblable, si l'on tient compte de cette prdiction (et de quel-ques autres dans le mme sens), que les Sovitiques qui auront pntr enFrance, en librateurs comme d'habitude, prsideront une sorte de guerre civileplus ou moins officialise qui pourrait tre en grand ce que "l'puration" a t enpetit. Telle est, mon avis, la signification "surnaturelle" que l'on peut donner une occupation sovitique qui sera sans doute en mme temps une occupation

    musulmane. Voil, je crois, le tableau gnral. Conseiller une attitude aux contre-rvolutionnaires franais dans de pareilles conditions ne peut pas se faire enquelques mots.

    Ce qui est peu prs certain c'est que les nationaux et les traditionalistes vontse trouver confronts avec le trs dlicat problme des alliances.

    qui demander de l'aide ?Or une aide extrieure se proposera presque coup sr c'est celle des Anglo-

    Amricains. Les Anglo-Saxons organiseront des rseaux de rsistance o le dol-lar coulera flot. Humainement, une telle alliance prsentera une certaine logi-que. Les grands activistes se prcipiteront l-dedans, pensant saisir la dernireoccasion.

    Mais sur le plan surnaturel la coopration avec les Anglo-Saxons sera trsdangereuse. Pourquoi cela ?

    Parce que les buts de guerre des Anglo-Amricains seront toujours maonni-ques, ploutocratiques et "fabiens". Je dis "fabiens" pour mettre en relief une con-nivence sournoise avec les Sovitiques contre lesquels on sera cens combattre.Ces buts de guerre seront donc trs diffrents de ceux des traditionalistes fran-

    ais lesquels dfendent ce que l'on est convenu d'appeler les "valeurs" franaiseset catholiques.Sera-t-il prudent de faire alliance avec eux ?La question sera certainement dbattue avec pret. On s'assassinera pour ce

    motif. Il faudra se rappeler alors que c'est dj une alliance anglo-saxonne quinous a amen le gaullisme, lequel a t une catastrophe pour la France et mmepour lEglise car l'esprit "conciliaire" n'est pas autre chose qu'un gaullisme eccl-siastique. Si cette exprience, qui n'tait dj pas la premire ne nous a pas suffi,nous n'avons plus qu' recommencer. Humainement plus alatoire, mais surnatu-

    rellement beaucoup plus sre serait une alliance avec le Ciel, c'est--dire l'inten-sification des prires publiques, selon les modalits qui seront alors possibles,plerinages, vux personnels et collectifs, tout ce que le chrtien sait inventerdans ces cas l pour flchir la justice divine et obtenir Sa misricorde. L'histoirede France est pleine de prcdents.

    Selon l'alliance qui aura t choisie, nous aurons le rgne de consolation quenous sommes en droit d'esprer, ou bien il sera repouss, encore une fois, quisait quand.

    Jean VAQUI

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    VENT DE DISCORDE

    Reportons-nous, pour servir de point de dpart notre raisonnement, la p-riode de la fin du Concile. Certains observateurs particulirement perspicaces, parexemple labb Dulac dans le "Courrier de Rome", remarqurent d'emble l'ambi-gut des textes qui venaient d'tre promulgus. Mais il fallut un certain tempspour que cette ambigut soit perue par les fidles et qu'elle engendrt l'atmo-sphre d'incertitude qui n'a cess de s'aggraver depuis. Il devint peu peu vi-dent pour tous que I'Eglise avait abandonn son ancienne identit et qu'elle s'entait donn une nouvelle, encore mal dfinie mais inquitante. Elle avait nan-

    moins conserv les anciennes apparences. Le rcipient restait le mme mais ladenre qu'il contenait avait t change.

    Aujourd'hui la mutation n'est plus conteste par personne. Le changementd'esprit n'a pargn aucun des organes de l'administration romaine. Aucun n'estrest fermement attach l'ancien esprit ni mme la foi proprement dite. Ni leConcile, ni le Conclave, ni le Synode, ni le Consistoire, ni les anciens Dicastres,ni aucune des Maisons Gnralices, ni le Pape lui-mme ne constituent des m-les srs auxquels on pourrait se raccrocher. Il n'y a plus aucune instance eccl-

    siastique qui puisse servir de point d'appui pour une ventuelle raction. Bref il n'ya plus aucun moyen ecclsiastique de sortir de la crise.

    Le pasteur a t frapp et il s'en est suivi la dislocation du troupeau. Les brebiss'en sont alles par groupes, cherchant un pturage. Les uns ont dit :

    "Sauvons lEglise par la discipline".Les autres ont dit :"Sauvons-la par la foi".Et d'autres :

    "Sauvons-la par la pit".

    Mais les plus nombreux, dsabuss par une Eglise qui doute d'elle-mme, l'ontquitte. En l'absence d'un bon pasteur, la discipline, la foi et la pit se querellent.Le morcellement est partout. Un vent de discorde souffle sur IEglise.

    Existerait-il un moyen d'arrter ce vent de discorde ?A quel remde peut-on songer ?Efforons-nous d'examiner cette question. Mais pour ne pas raviver les plaies

    de tant dmes corches vives, ne prononons aucun nom et ne faisons de re-proches personne parmi les traditionalistes.

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    Aprs le Concile, l'Eglise s'est d'abord divise en deux.- La fraction la plus importante accepte les "nouvelles orientations", c'estl'Eglise pro-conciliaire.- La plus petite s'indigne des innovations et elle les repousse, c'est l'Egliseanti-conciliaire.

    Ces deux glises s'anathmatisent l'une l'autre, juste raison d'ailleurs, parcequ'en effet elles sont irrmdiablement inconciliables. Le Concile a si bien travaillqu'il existe dsormais deux Religions catholiques : l'ancienne qui est restechristocentrique et la nouvelle qui est devenu anthropocentrique. Quant au ventde discorde, il n'a pargn aucune des deux.

    Dans lEglise pro-conciliaire, le morcellement a mme t officialis sous lenom de pluralisme. On renonce l'unit. Autrefois l'Eglise tait une. C'est--dire la fois unique et unie. C'tait la premire de ses quatre "notes", une, sainte, ca-tholique et apostolique. Dsormais elle est pluraliste. La seule unit qu'elle reven-dique est celle d'une allgeance verbale la personne du Pontife romain, en toutelibert de doctrine. Moyennant cette allgeance, le Pontife romain accepte danssa "communion" de multiples sensibilits.

    La "sensibilit", nous explique-t-on, c'est quelque chose de comparable spi-ritualit. Il y a dj, au sein de l'Eglise, plusieurs spiritualits, c'est--dire plusieursformes particulires de pit. Il y a plusieurs "familles spirituelles" qui ne sont pas

    rivales mais complmentaires. Par exemple la spiritualit bndictine, la spiritua-lit carmlitaine, celle de la famille franciscaine, celle de saint Dominique, celledes Jsuites... De la mme manire on accueillera dornavant autant de sensibi-lits qu'il le faudra.

    En premier lieu la sensibilit progressiste, bien entendu, puisque c'est celle duConcile. Mais aussi la sensibilit charismatique. Quant la sensibilit traditiona-liste, elle ne sera pas exclue la condition qu'elle se contente d'tre une sensibi-lit parmi d'autres. La liste des sensibilits n'est pas close. Il y aura place pour les

    sensibilits naissantes du type gnostique dont les reprsentants s'infiltrent djpartout.

    L'Eglise pro-conciliaire est tolrante. Tolrante comme la franc-maonnerieavec laquelle elle collabore sur le vaste chantier des droits de l'homme et de"l'minente dignit de la personne humaine".

    Ainsi, pense-t-on en haut lieu, la paix religieuse s'tablira peu peu dans lemonde sous l'gide du Pontife romain. Cette paix thorique et lointaine ne s'est

    encore traduite, dans les ralits immdiates, que par de graves divergences.Trois tendances principales partagent lglise pro-conciliaire :

    A. - le progressisme,

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    B. - l'obdientialisme (nous allons justifier cette appellation),C. - le charismatisme.A. Les cercles modernistes d'avant-guerre ont pris le nom de progressistespendant la priode de prparation du Concile. Ils se sont donn ce nom parcequ'ils travaillent l'adaptation de l'Eglise au progrs du monde. Pendant leConcile, les progressistes ont form de nombreux groupes de pression autour

    de "l'aura" et il est incontestable qu'ils ont t les guides intellectuels des P-res conciliaires. La nouvelle Religion catholique est la fille du progressisme.Rods aux techniques de groupes et l'action clandestine, les progressistescontinuent, aprs le Concile, leur pression sur les vchs, sur les instancescollgiales de l'piscopat et jusque sur les paroisses. Ils sont aussi trs in-fluents Rome, comme chacun sait. Ils communiquent toute l'administrationpontificale leur volont farouche de ne lcher aucune des "acquisitions conci-liaires" et de ne pas "revenir en arrire". Ils poursuivent leur action rformatriceavec prudence et opinitret. On a pu observer leur action dans les dernierssynodes o ils ont fait triompher l'esprit d'volution.

    B. Quand le grand public commena s'apercevoir que le Concile avait d-clench une crise sans prcdent, la majorit du clerg et des fidles s'est ins-tinctivement pos cette question : Comment sauver l'Eglise, dans ce cyclone, si ce n'est par la discipline ? Il s'est ainsi form un conformisme officiel, pas trs enthousiaste certes, ni f-cond en grandes uvres, mais jug indispensable pour viter la dsagrga-

    tion gnrale. A ce conformisme instinctif de la majorit nous donnons le nomd'obdientialisme pour marquer que c'est l'obissance inconditionnelle quien forme l'esprit fondamental.L'obissance remplace la Foi, elle remplace toute rflexion et elle devient laquintessence de la Religion. Jamais on n'avait rpt avec autant d'insistancela locution vanglique fameuse "Qui vous coute, m'coute". En coutant lePape infaillible et les vques nous coutons Jsus-Christ. Faisons taire nosinquitudes. Les "nouvelles orientations" sont voulues par Dieu. C'est en vertude cet obdientialisme gnral que la rvolution religieuse, qui ne provient pas

    de la base mais se trouve impose d'en haut, a pu se rpandre dans I'Egliseentire.

    C. Une "sensibilit" particulire a pris naissance au milieu du grand courantobdientialiste : la sensibilit charismatique. "Sauvons l'Eglise par la pit".N'entrons pas, disent les charismatiques, dans les discussions canoniques etdoctrinales que soulvent l'interprtation des textes conciliaires et les nouvel-les normes religieuses qui en sont issues. Seule la dvotion confiante est es-sentielle. Seule elle flchit le Ciel et attire les bndictions.

    Il n'y a pas lieu de s'tonner de l'apparition de cette nouvelle "sensibilit".Toute crise religieuse d'une certaine gravit engendre un phnomne de pi-tisme. Et toute raction pitiste hypertrophie la spontanit dans l'expression

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    dvotionnelle. Elle abolit les rgles fixes qui nuisent, pense-t-on, cette n-cessaire spontanit. Mais alors elle s'mancipe, entre autres rgles, de celledu discernement des esprits. Il en rsulte, dans certains groupes charismati-ques, une dvotion dsordonne o se manifestent des influences spirituellesqui ne sont pas du Ciel.

    Ces trois familles d'esprits, le progressisme, l'obdientialisme et le charisma-tisme, qui ne sont que les principales, vivent-elles en paix au sein du pluralismepontifical ?

    Certainement pas pour longtemps. LEglise pro-conciliaire est volutive etquivoque de par le Concile. Elle est donc promise la turbulence et non latranquillit intrieure.

    Comment une Eglise qui se dclare pluraliste pourrait-elle en mme temps seprtendre pacifique ?

    Il n'y a de vritable paix que dans l'unit et dans la vrit.

    L'Eglise anti-conciliaire a pour devise "Sauvons avant tout la Foi". Il est videntque la Foi est en cours de perdition. Mais rares sont les documents de Vatican Ilqui contredisent formellement un article de la Foi. On l'a dit trs justement :

    le Concile n'a pas profr l'hrsie mais il lui a dlibrment ouvert la porte.

    C'est en cela qu'il est quivoque. Il a dtruit tout le systme de protection du

    dogme qui avait t codifi par des Papes comme Grgoire XVI (dans Mirari Vos),Pie IX (dans Quanta Curaet le Syllabus), Pie X (dans Pascendi).

    Les traditionalistes ressaisissent tout ce systme de dfense antimoderniste.Ils remettent en vigueur l'esprit du Syllabusdont ils se servent d'arme contre lesinnombrables "thologiens" (vques ou pas) qui se sont engouffrs par la porteouverte. On peut donc dire que l'Eglise anti-conciliaire dfend authentiquement lafoi et le dogme, comme elle se le propose, puisque d'une part elle referme lesportes ouvertes par le Concile en restaurant le systme de sauvegarde, et que

    d'autre part elle argumente prement contre les "thologiens" positivement hrti-ques qui profitent des "ouvertures" de l'aggiornamento. Cette hostilit au moder-nisme est unanime dans tous les groupes constitutifs de l'glise anti-conciliaire.C'est l'ennemi commun.

    Cependant il est un document conciliaire qui exprime une hrsie formelle,c'est la Dclaration Dignitatis humansur la libert religieuse. Aussi a-t-elle tdissque avec la plus grande attention par beaucoup de ceux que l'on peutappeler les "doctrinaires" de l'glise anticonciliaire. Ils ont montr, avec des

    arguments fortement motivs, que cette Dclaration s'carte de la doctrinetraditionnelle de lEglise. Il faut citer en particulier le bulletin "De Rome etd'Ailleurs" (surtout le n87 de juin 88 et le n89 de septe mbre 88) et l'ouvrage

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    "tude sur la Libert Religieuse dans la doctrine de lEglise" par labb BernardLucien ( demander D.P.F.). Sur ce sujet de la libert religieuse, l'unanimitanti-moderniste a t rompue car la Dclaration Dignitatis humana trouv desapologistes dans les rangs mme des traditionalistes.

    Quelles sont les "pommes de discorde" qui sparent si violemment les grou-

    pes, les coles et les chefs traditionalistes ?On peut en compter trois principales :A. Le Concile,B. La Nouvelle Messe,C. Le Pape.

    A. Le Concile n'est pas ressenti tout fait de la mme faon dans toutes lesparties de l'glise anti-conciliaire.

    - 1. Pour les uns la nocivit du Concile tient l'interprtation qui en est don-ne. Les textes, en eux-mmes, ont exprim quelques bons principes que l'onpeut accepter. Ds lors qu'il est interprt la lumire de la tradition, le Con-cile devient recevable. Ce qui est rejeter ce sont les "orientations" dites con-ciliaires formules par les Confrences piscopales et mme dans certains caspar le Saint Sige. Ainsi raisonnent les traditionalistes modrs. Ils hsitent prendre une position trop absolue cause du prestige attach au terme de"Concile cumnique".

    - 2. Pour d'autres, le Concile doit tre rejet en bloc. Car du fait de lambigutde ses dclarations, on ne pourra jamais en tirer rien de bon. Une loi ambiguest une mauvaise loi, il faut l'abroger et en refaire une autre. Le Concile n'est niinfaillible ni irrformable. Il faut cesser de s'y rfrer. C'est un concile pastoralqui s'est content de formuler des "orientations" mais qui n'a rien dfini.La hirarchie nous demande d'tudier les productions du Concile. C'estprcisment pour les avoir tudies que nous les rejetons. Elles contiennentindubitablement un plan de mutation du catholicisme auquel nous ne saurions

    souscrire.

    B. La Nouvelle Messe. Les traditionalistes restent unanimement fidles l'ancienne Messe. Le rite dit de saint Pie V (qu'il serait plus exact de qualifierd'apostolique tant il est primitif) est mme leur signe de ralliement et leur marquede fidlit. Il est pour eux la forme surminente de la liturgie eucharistique.

    En effet, oprant ce qu'il signifie comme tous les sacrements, il ralise lerenouvellement non sanglant du Sacrifice du Calvaire. On ne trouve en lui aucunequivoque. Il est parfaitement orthodoxe. Ce n'est pas sur l'ancienne Messe que

    les avis sont partags, c'est sur la nouvelle. On observe l, dans lEgliseanticonciliaire, deux attitudes, qui naturellement se font la guerre, tant donnl'importance de l'objet.

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    Il n'est pas possible, estiment certains, que des personnages qui conduisentl'Eglise l'abme soient d'authentiques Pontifes romains.Il y a l une antinomie qui rend le cumul impossible. On ne peut pas la foispousser lEglise au syncrtisme universel et se prtendre Pape lgitime.Mais alors, que sont-ils au juste ces Pontifes d'un genre indit ?C'est l que l'on voit surgir, chez les traditionalistes, une nouvelle cause de

    discorde. Trois opinions s'affrontent (a, b, c).

    a. L'opinion la plus radicale est celle qui a pris le nom de sdvacantisme.Il y a vacance du Saint Sige pour deux raisons :- La premire raison est que les circonstances de leur lection sont loind'tre claires. On a choisi des sujets douteux et canoniquement inligi-bles. Et aussi des pressions extrieures se sont exerces sur le Con-clave.- La deuxime raison est l'htrodoxie de leur enseignement. Certes ilssigent dans la mme chaire que leurs prdcesseurs mais ils y donnentun enseignement contraire. Pour toutes ces raisons, il y a vacance duSaint Sige.

    b. Devant les consquences catastrophiques pour I'Eglise qu'un raison-nement si absolu ne manquerait pas de provoquer, une opinion plus mo-dre a t mise. Si l'on dclare vacant le Sige de Pierre, on justifiel'outrecuidance des pires ennemis de l'Eglise :

    C'est bien ce que nous vous disions, lEglise catholique est dfinitive-ment morte, elle avoue elle mme qu'elle n'a plus de Pape.C'est dj ce qui se dit hors de l'Eglise, depuis un certain temps.Allons-nous permettre que cela se dise aussi l'intrieur de lEglise ?On provoquerait une commotion religieuse d'une extension incalculable.Il faut donc accepter le fait historique parce qu'il s'impose. Il est certainque les trois derniers Papes ont occup le trne de Pierre materialiter. Onne peut pas nier qu'ils ont "pass pour Papes lgitimes". Mais ils n'ont pasoccup ce Sige formaliterc'est--dire "dans les formes requises". Ainsi

    le Sige pontifical n'est-il pas vacant mais il est occup irrgulirement.Cette doctrine n'est, au fond, pas trs diffrente du sdvacantisme. Carun Sige apostolique qui n'est occup que "materialiter", c'est--dire ensomme par un figurant, et qui ne l'est pas "dans les bonnes formes", n'estpas trs loign d'tre vacant.

    c. Ni le sdvacantisme radical, ni l'opinion modre (materialiter forma-lit) n'ont fait l'unanimit des traditionalistes. Beaucoup leur ont reprochde ngliger, dans un raisonnement qui parat cependant logique, d'im-

    portants postulats.De sorte qu'une troisime opinion, plus gnralement admise celle-l, apris corps. En voici le rsum :

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    Les portes de l'enfer ne prvaudront pas contre lEglise.Ainsi sont formules, dans l'Ecriture, ce que l'on appelle les promesses deprennit qui constituent l'une des bases du statut de I'Eglise terrestre.Mais alors on conoit difficilement, dans la succession des Papes, uneinterruption qui se prolongerait pendant trois pontificats conscutifs. Uninterrgne aussi durable serait une vritable victoire de l'enfer sur I'Eglise

    et ferait mentir les promesses de prennit. On est donc conduit tenirferme sur la lgitimit des trois Papes litigieux. Il faut leur laisser leur rangchronologique et leur numro d'ordre dans la liste officielle des Souve-rains Pontifes. Ils sont d'authentiques Papes, mme s'ils sont contesta-bles dans l'usage quils font de leur pouvoir. On est bien oblig de cons-tater, en faveur de ces Papes, l'acceptation universelle dont ils sont l'ob-

    jet. Ils sont reconnus comme tels par l'piscopat catholique unanime, partous les chefs dtats sans exception ainsi que par la quasi-universalitdes fidles. Il y a l une indication d'ordre providentiel que l'on n'a pas ledroit de ngliger.Cependant il n'est pas question de s'aveugler quant aux dviations deleur enseignement et de leur gouvernement. Et les traditionalistes s'auto-risent du droit de remontrance dont beaucoup de saints et de saintes sesont toujours prvalus l'gard du Pontificat quand c'tait ncessaire. Etl'on cite maint exemple fourni par l'histoire de lEglise.

    Le droit de remontrance ne se confond pas avec l'acte de rbellion. Au

    contraire mme, il contient une reconnaissance implicite de l'autorit.Il rsulte de tout cela que lEglise n'est pas physiquement morte puis-qu'elle a encore ses Papes, donc sa tte. Elle ne l'est que mystiquement.LEglise ne peut pas mourir physiquement puisqu'elle jouit des promessesde prennit. Elle doit se perptuer jusqu' la fin des temps sans solutionde continuit. Mais "le Corps mystique de N.S.J.C. ", qui est donc l'abride la mort physique, peut tout de mme mourir mystiquement. Cettephase de mort mystique correspond, dans la vie de lEglise, la mortcharnelle, c'est--dire physique, de "lagneau Immol". Dans le Saint S-

    pulcre, le corps de Notre Seigneur reste divin, puisqu'il est celui del'Homme-Dieu et pourtant il est vraiment mort comme l'enseigne le Sym-bole des Aptres ...a t crucifi, est mort, a t enseveli... . Un mys-tre analogue se produit pour lEglise. Elle est dans un certain tat demort, comme cela est signifi "lAnge de Sardes" :"On te dit vivant, mais tu es mort" (Apoc. III, 1) et cependant elle reste di-vine et sans clipse "Les portes de l'enfer ne prvaudront pas ..." Bref le"mauvais Pape" ne cesse pas d'appartenir la succession officielle desPontifes romains.

    Et de mme que Notre Seigneur, au moment de la Rsurrection, n'a pasrevtu un corps nouveau mais a redonn vie son corps ancien, demme lEglise, quand le moment sera venu, ne prendra pas un corps

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    nouveau mais c'est son ancien corps qui sera ramen aux bonnes rglesde la discipline et l'orthodoxie de la foi.

    Nous en avons termin avec les divers systmes d'argumentation qui ontcours chez les traditionalistes concernant les trs embarrassants problmes duConcile, de la Messe et des Papes. Nous les avons rsums en esprant ne pas

    les avoir dforms.

    La discorde rebondit encore quand il s'agit de rpondre la question :Que faire en prsence d'une situation aussi grave ?Nous n'avons pas chapp, l encore, la diversit des analyses.

    Et pourtant lEglise anti-conciliaire, l'unanimit, a pris conscience de la gra-vit de la crise :

    "Humainement tout est perdu. Dieu seul peut rtablir l'ordre".Tel est le fond mental commun tous les groupes traditionalistes. Mais l'una-

    nimit s'est arrte ce principe. Des variantes ont pouss sur ce fond mentalcommun quant aux modalits d'application. C'est ainsi que se sont affronts lesprovidentialistes (plus logiques) et "ceux qui ne le sont pas" (plus pragmatiques).

    L'affrontement s'est manifest violemment l'occasion de l'affaire des sacres.Les providentialistes formulent ainsi leur position :

    "Si Dieu a fait surgir tant de si belles vocations dans l'Eglise anti-conciliaire, il

    aurait su galement les conduire jusqu' l'ordination sans transgresser les lois.Il fallait s'abstenir de sacrer afin de rester dans la rgularit canonique et d'treainsi inattaquables". Raisonnement simple mais plein de logique surnaturelle.

    Ceux qui ne sont pas providentialistes rpondent :"Il aurait fallu, chez les jeunes vocations un dtachement, que l'on ne pouvaitpas demander tous, pour entreprendre les tudes sacerdotales tout en cou-rant le risque de ne jamais tre ordonn. C'eut t, coup sr, tarir le recrute-ment. La position idale des providentialistes n'tait pas viable. Quant pour-

    suivre les tractations avec les prlats romains jusqu' conclusion d'un accord,vous en parlez votre aise vous qui ne vous tes jamais heurts leur colos-sale mauvaise foi".

    Le problme pos par les ordinations ne recevra jamais de solution. Il appar-tient l'quivoque gnrale de l'aprs-concile. Certes les sacres ont fourni unearme aux prlats progressistes dans leur guerre acharne contre les ngateurs duConcile. Mais cette arme est-elle aussi contondante qu'on le dit ? A quoi peut-elleleur servir terme ? Car enfin quand on fera les comptes, on s'apercevra que les

    sacres constituent une peccadille en comparaison du monceau de transgressionset de dsobissances sur lequel lEglise pro-conciliaire est difie.

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    CONCLUSION

    La discorde a sa source dans les quivoques de ce lamentable Concile etdans l'occupation de Rome par les agents feutrs de la Contre-Eglise. Il est in-contestable que le Pasteur a t frapp. Consquence inluctable : la dispersionet la querelle dans le troupeau. Il n'y a plus aujourd'hui aucune instance eccl-

    siastique capable de rtablir l'unit. Tous les moyens canoniques sont puiss.Dieu seul peut maintenant ramener la paix dans l'Eglise et cela par des moyensexceptionnels, c'est--dire dans l'ordre du miracle. Nous sommes, pour l'instant,contraints vivre dans cet tat de division.

    Mais cette division force n'a pas que des inconvnients. Elle ralise providen-tiellement l'ordre dispers qui est une vritable sauvegarde. Tous les militants quiont un minimum d'exprience savent pourquoi.

    En second lieu, les groupements traditionalistes ont besoin les uns des autres.C'est ainsi que les "rallis" ont besoin des "non-rallis" pour les aider, par leurexemple et leur soutien, rsister aux injonctions piscopales et en particulier la conclbration.

    Il y a aussi autre chose l'actif de cette dispersion qui nous met tant l'preuve. Le divin stratge, qui ne cesse pas un instant de tout coordonner, vientde conduire lEglise anti-conciliaire une victoire incontestable. Cette victoire c'est

    le sauvetage de l'ancien rite de la Messe. Et il a remport cette victoire avec destroupes en pleine dislocation. L'ancienne Messe, moribonde aprs la publicationdu nouvel Ordo, n'a cess d'tendre son aire de restauration. Et cette extensionse poursuit. Grce aux "rallis", elle vient de faire sa rentre officielle dans lEglisepro-conciliaire, qui l'avait pourtant si ardemment combattue. C'est uneconsquence, assez paradoxale d'ailleurs, de la fameuse excommunication des"schismatiques". Ironie du sort.

    La division ncessaire serait moins pnible si nous arrivions faire taire la

    hargne. On a d remarquer, au cours de notre expos, que les traditionalistes sedisputent seulement pour des questions secondaires de canonicit et de tactique.Pourquoi s'triper mutuellement sur de simples problmes de mthodologie ?

    La hargne une fois teinte, tout ne serait pas rgl, loin de l. L'ennemi com-mun rde autour de nous. C'est lui qui souffle la discorde. Et il la fait natre surtouten attisant les ambitions personnelles et les combinaisons tactiques. Tout celaengendre l'agitation. Il y a beaucoup trop de fbrilit. La voyante de Pellevoisin,Estelle Faguette, s'est entendu dire un jour par la Sainte Vierge :

    "Tu t'es prive de ma visite, tu n'avais pas assez de calme".Esprons que nous ne nous mettrons pas dans ce cas.

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    Le vent de discorde souffl par l'enfer et la fbrilit qu'il provoque parmi noussont trs prouvants, c'est certain. Ils sont la consquence inluctable de la d-faillance des pasteurs. Nous sommes bien obligs d'en prendre notre parti et deles supporter le plus calmement possible.

    Celui qui prtendrait restaurer l'unit et la paix dans la phase actuelle de la

    crise ne tendrait rien moins qu' se dsigner lui-mme comme sauveur. Ce se-rait une attitude proprement rvolutionnaire.

    Le vrai sauveur ne peut tre dsign que par Dieu. C'est l que rside l'es-sence du traditionalisme.

    Jean VAQUIAot 1991

    Note de lditeur.Dix ans aprs, il est de plus en plus vident quil ny a plus grand chose decatholiques dans lglise conciliaire.La foi est devenue cumnique ou charismatique.Tous les rituels des sacrements sont changs : quelle est lintention de ceux quiont imposs ces changements ? En particulier les rituels de lordre et du sacre

    piscopale. Sont-ils prtres ? Sont-ils vques ? Quelles sont les intentions desnouveaux rites1 ?Tous les catchismes sont un mlange de vrits anciennes (de moins en moins )et dhrsies.Toute la discipline est change.Tous les dogmes sont attaqus.Etc., etcIl ne reste plus rien de lEglise catholique. Pire, ceux qui veulent faire et croire cequi a toujours t fait et cru, sont devenus les seuls ennemis.

    Il est de plus en plus vident que la prophtie de La Salette est accomplie :lEglise est clipse. Quand il y a clipse, il y a deux astres. Et si lEglise estclipse, lautre astre nest pas lEglise. Ce ne peut tre quune secte.Et lclipse nest pas termine. Elle sera totale, mais une clipse ne sarrte pas ;dans la seconde suivante, lEglise rapparatra.

    Tel que nous lavons connu, nous pensons srieusement que Jean Vaqui auraitpartag cette manire de comprendre la situation.

    1 lire la brochure, toujours non rfute : Les vques sacrs suivant le nouveauritesont-ils vques ?disponible DPF.

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    AUTOUR DU VNRABLE HOLZHAUSER

    I. LE PORTRAIT DU GRAND MONARQUEPAR BARTHELEMY HOLZHAUSER

    Barthlmy Holzhauser est un prtre rhnan du XVII sicle. Il fut cur de pa-roisse dans la petite ville de Bingen qui est situe au confluent de la Nahe et duRhin, entre Mayence et Coblence.

    Bingen est la ville o dj sainte Hildegarde, au milieu du XII sicle, avaitfond le monastre des Bndictines de saint Rupert et o elle mit par crit, avecl'autorisation du Pape Eugne III, ses fameuses prophties.

    Quatre cent cinquante ans plus tard, Monsieur le Cur de Bingen, saisi sontour par l'esprit prophtique, crivit un commentaire de l'Apocalypse de saintJean, commentaire dans lequel on s'accorde reconnatre l'assistance du Saint-Esprit.

    Barthlmy Holzhauser commente presque exclusivement les trois premierschapitres de l'Apocalypse de saint Jean lesquels forment une sorte de prfaceconnue sous le nom de "Ddicace aux Sept glises d'Asie" : Ephse, Smyrne,Pergame, Thyatire, Sarde, Philadelphie et Laodice. Les sept glises primitives

    d'Asie-Mineure fournirent saint Jean le type des sept priodes en lesquelles al-laient se diviser l'Histoire de l'Eglise qui ne faisait que commencer.

    Saint Jean, clair par la lumire divine, voyait en chacune d'elles les mmesqualits et les mmes dfauts qui allaient caractriser chacune des sept priodesde l'Eglise au cours de son droulement historique.

    En commentant la ddicace aux sept glises, Barthlmy Holzhauser rsumedonc l'histoire (ou la prophtie) de ces sept priodes de l'Eglise universelle.

    Il se place lui-mme comme vivant au dbut de l'glise de Sarde. Son com-mentaire est donc historique jusqu' cette glise (ou priode) de Sarde puisqu'il ydcrit des temps rvolus.

    Et il devient prophtique pour les trois priodes non rvolues de l'glise deSarde qui reste courir, puis de l'glise de Philadelphie et enfin de l'glise deLaodice.

    Dlaissant la priode de Sarde, dans laquelle hlas nous sommes encore etqui malheureusement n'encourt que des reproches, nous entrerons dans la pro-phtie de B. Holzhauser au moment o il aborde la priode de Philadelphie qui

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    doit succder Sarde. Il commence, selon la bonne logique, par citer le versetapocalyptique dont il va faire l'interprtation :

    "cris encore l'ange de l'glise de Philadelphie : Voici ce que dit le Saint, leVritable, celui qui a la clef de David, Celui qui ouvre et personne ne ferme, quiferme et personne n'ouvre". (Apoc III, 7). Cette citation faite, Holzhausercommence sa prophtie.

    "La sixime priode de l'glise commencera avec le Monarque puissant et lePontife saint dont on a dj parl et durera jusqu' l'apparition de l'Antchrist.Cette priode sera celle de la consolation dans laquelle Dieu consolera SonEglise sainte de l'affliction et des grandes tribulations qu'elle aura enduresdans la cinquime priode."Toutes les nations seront rendues l'unit de la foi catholique. Le sacerdocefleurira plus que jamais, et les hommes chercheront le royaume de Dieu et Sa

    justice en toute sollicitude. Le Seigneur donnera l'glise de bons pasteurs.Les hommes vivront en paix, chacun dans sa vigne et dans son champ. Cettepaix leur sera accorde parce qu'ils se seront rconcilis avec Dieu mme. Ilsvivront l'ombre des ailes du Monarque puissant et de ses successeurs."Nous trouvons le type de cette priode dans la sixime poque du monde, quicommence avec l'mancipation du peuple d'Isral, et la restauration du Tem-ple et de la ville de Jrusalem, et dura jusqu' la venue de Jsus-Christ. Car,de mme qu' cette poque, le peuple d'Isral fut consol au plus haut degrpar le Seigneur son Dieu, et par la dlivrance de sa captivit ; que Jrusalemet son Temple furent restaurs ; que les royaumes, les nations et les peuples

    soumis l'empire romain furent vaincus et subjugus par Csar-Auguste, mo-narque trs puissant et trs distingu, qui gouverna pendant cinquante-six ans,rendit la paix l'univers et rgna seul jusqu' la venue de Notre Seigneur J-sus-Christ, et mme aprs ; ainsi dans la sixime priode, Dieu rjouira SonEglise par la prosprit la plus grande".

    Nous continuerons, dans un prochain article, les dveloppements de B. Hol-zhauser concernant la priode de Philadelphie, dans laquelle la France aspireaujourd'hui entrer.

    Jean VAQUIEDcembre 1985

    Barthlmy Holzhauser, a tabli une remarquable interprtation de la"Ddicace aux Sept Eglise" qui constitue le prologue de l'Apocalypse de saintJean. Selon l'inspiration dont il a visiblement bnfici, il pense que l'glise dePhiladelphie dont il est question dans le texte johannique est la figure de lapriode du Grand Monarque.

    Cette sixime priode correspond la sixime glise de la Ddicace. C'estcelle qui, dans d'autres prophties, est appele "Rgne du Sacr Cur". Nous

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    reprenons la suite du texte de Barthlmy Holzhauser que nous avons d inter-rompre dans le prcdent numro.

    "Car, bien que, dans la cinquime priode nous ne voyons partout que les ca-lamits les plus dplorables, tandis que tout est dvast par la guerre, que lescatholiques sont opprims par les hrtiques et les mauvais chrtiens, queI'Eglise et ses ministres sont rendus tributaires, que les principauts sont bou-

    leverses, que les monarques sont tus, et que tous les hommes conspirent riger des rpubliques, il se fait (au cours de la sixime Eglise) un changementtonnant par la main de Dieu Tout puissant, tel que personne ne peut humai-nement se l'imaginer"Car ce Monarque puissant qui viendra comme envoy de Dieu, dtruira lesrpubliques de fond en comble. Il soumettra tout son pouvoir (sibi subjugabitomnia) et emploiera son zle pour la vraie Eglise du Christ. Toutes les hr-sies seront relgues en enfer. L'empire des Turcs sera bris, et ce Monarquergnera en Orient et en Occident. Toutes les nations viendront et adoreront leSeigneur leur Dieu dans la vraie foi catholique et romaine. Beaucoup de saintset de docteurs fleuriront sur la terre. Les hommes aimeront le jugement et la

    justice. La paix rgnera dans tout l'univers, parce que la puissance divine lieraSatan pour plusieurs annes jusqu ce que vienne le fils de perdition qui ledliera de nouveau."C'est aussi cette sixime priode, qu'en raison de la similitude de sa perfec-tion, se rapporte, le sixime jour de la cration, lorsque Dieu, fit lhomme Saressemblance, et lui soumit toutes les cratures du monde pour en tre le sei-

    gneur et le matre. Or c'est ainsi que dominera ce monarque sur toutes lesbtes de la terre ; c'est--dire sur les nations barbares, sur les peuples rebel-les, sur les rpubliques hrtiques et sur tous les hommes qui seront dominspar leurs mauvaises passions".

    Les dveloppements de Barthlmy Holzhauser contiennent encore beaucoupd'autres notions prophtiques intressantes. Nous en continuerons la publicationdans nos numros suivants.

    Jean VAQUIE

    janvier 1986

    II. L'EGLISE DE "LAMITI DES FRRES"

    D'aprs Barthlmy HOLZHAUSER.les versets de l'Apocalypse qui sont con-sacrs "lEglise de Philadelphie" dcrivent par avance ltat de l'Eglise sous lergne du Grand Monarque.

    Nous avons vu, dans l'article prcdent, que notre commentateur met en rap-

    port lEglise de cette sixime priode avec le sixime jour de la Cration. Aujour-d'hui nous allons voir comment cette sixime priode de lEglise doit tre claire,plus particulirement, par lesprit de sagesse.

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    C'est encore, cette sixime priode que se rapporte le sixime esprit duSeigneur; savoir : L'esprit de Sagesse, que Dieu rpandra en abondance surtoute la surface du globe, en ce temps-l. Car les hommes craindront le Sei-gneur leur Dieu, ils observeront Sa Loi et le serviront de tout leur cur. Lessciences seront multiplies et parfaites sur la terre. La Sainte Ecriture seracomprise unanimement, sans contro