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HORS SÉRIE #002 - Villes africaines, Blue tech et good tech Crédit photo Ralph Chami PAROLES D’EXPERT DOSSIER SPÉCIAL CYBER- ATTAQUES Page 04 Page 08 Page 14 STÉPHANIE DOS SANTOS ZOË HARRIES JEANNIE COINTRE Tour d’horizon Smart Cities et Zones Speciales Une réalité africaine Oui, l’interprétation d’un chiffre est très rarement neutre et vous faites bien de faire du tri ! 189 ZES sont actives sur le continent Les attaques sont motivées par des intérêts variés...

HORS SÉRIE #002 - Villes africaines, Blue tech et good tech · 2021. 4. 21. · #4 2 - HORS SÉRIE : VILLES AFRICAINES GOOD TECH. Démographe et sociologue à l’Institut de Recherche

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Page 1: HORS SÉRIE #002 - Villes africaines, Blue tech et good tech · 2021. 4. 21. · #4 2 - HORS SÉRIE : VILLES AFRICAINES GOOD TECH. Démographe et sociologue à l’Institut de Recherche

HORS SÉRIE #002 - Villes africaines, Blue tech et good tech

Crédit photo Ralph Chami

PAROLESD’EXPERT

DOSSIERSPÉCIAL

CYBER-ATTAQUES

Page 04 Page 08 Page 14

STÉPHANIEDOS SANTOS

ZOËHARRIES

JEANNIECOINTRE

Tourd’horizon

Smart Cities et Zones Speciales

Une réalitéafricaine

Oui, l’interprétation d’un chiffre est très rarement neutreet vous faites bien de faire du tri !

189 ZES sontactives surle continent

Les attaques sont motivées par des intérêts variés...

Page 3: HORS SÉRIE #002 - Villes africaines, Blue tech et good tech · 2021. 4. 21. · #4 2 - HORS SÉRIE : VILLES AFRICAINES GOOD TECH. Démographe et sociologue à l’Institut de Recherche

*2 - HORS SÉRIE : VILLES AFRICAINES GOOD TECH#3

Plus de la moitié de la croissance démographique dans le monde d’ici à 2050 aura lieu en Afrique, affirme l’Organisation des Nations Unies. Plus qu’une donnée. Un record. Une réalité. Le Caire et Lagos en tête avec plus de 23 millions. Penser la ville africaine durable aujourd’hui, c’est l’envisager dans son offre de services essentiels avec une vision politique pensée, définie, planifiée face aux défis à relever en matière de sécurité (intérieure et extérieure); de gestion de ressources (eau, air, déchets) ; de production et de la consommation locale (agriculture, agro-alimentaire, commerces, restaurants, etc.) ; d’infrastructures et de transports (mobilité, réseau routier, gares, ports, fleuves, aéroports) ; d’accès à l’électricité, aux logements, à l’éducation, à la santé, à l’internet, à la formation, à la culture, au sport ; un aménagement planifié (gestion du patrimoine, architecture, espaces verts, mobilier urbain, écotourisme, etc.). En tentant aussi d’inverser la pyramide des âges et des classes, en pensant sociétal et social, et en misant sur la lutte contre la menace terroriste, les cyberattaques.

La gestion des ressources est un enjeu mondial pour la survie de populations toujours plus nombreuses tandis que les ressources vitales se raréfient. La saturation foncière est, et sera, une cause majeure de violentes crises sociales. En Afrique de l’Ouest on dénombrait 306 millions d’habitants en 2010 (United Nations, 2010). En 1900, environ 30 millions d’habitants. Un accroissement inégalé, par son ampleur et sa rapidité dont la densité varie selon l’histoire de chaque pays. Ainsi, le continent aura

04 Tour d’horizon - Paroles d’expert.Décrypter les dynamiques d’urbanisation.

05 L’assurance, une réalité digitale.Les Insurtech au coeur de la stratégie de digitalisation d’Allianz Africa.

06 Blue economy, un continent de potentialités. Monaco Ocean Week.

07 Une mutation en marche,nouveau model économique.Définition et future de la Blue Economy en AfriqueLes vagues du Cap Vert.

09 LE VITIB en chiffres.

08 DOSSIER SPÉCIAL : Smart Cities et Zones Speciales.Les Zones économiques spéciales en Afrique.Des Smart cities ODD?

10 ECO-Innovation, l’Afrique Sub-Sharienne se met au vertTour d’Horizon : exemple de smart cities

11 Data management, l’Afrique du Nord en pointe.Importance de la coordination régionale : l’inconnu Smart Africa.

12 Good Tech, des solutions face à la croissance urbaine en Afrique ?Des transports intelligents.

13 Vraies et fausses clean tech.Cleantech, le double enjeu stratégique.

14 Cyberattaques, une réalité africaine.Sans data, pas de cartographie.

15 Décryptage numérique et politiques publiques.Sans data, pas de cartographie.

16 Villes africaines connectées.TMT Prédictions 2021.Deloitte Côte d’Ivoire déménage à Cocody.

17 Les smart city et les nouveaux enjeux des objets connectés en Afrique.Afrique et numérique.

18 La ville Africaine en construction.Quand la 5 G s’invite dans les villes africaines : le cas du Togo.

19 Zoom sur l’innovation dans le traitement des eaux.Phoenix H2O.Des filtres à Nanoparticules,la dernière innovation.

ÉDITO

DES VILLES ET DES HOMMESmultiplié sa densité par dix-huit en 150 ans. L’Europe et la Chine ont vu leurs populations multipliées seulement par cinq en quatre siècles (entre 1500 et 1900). Selon la Banque mondiale, en 2017 la moitié de la population d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et le tiers de la population de Dar es-Salaam (Tanzanie) vivent en moyenne à 3 habitants par pièce. Dans l’ouvrage paru en 2011, « Un siècle de peuplement en Afrique de l’Ouest », Fabrice Courtin et Jean-Pierre Guengant, analysent l’accroissement par facteur 10 de la population de l’Afrique de l’Ouest en 100 ans. Tout confirme qu’un triplement va suivre d’ici 2050. La plupart des villes africaines sont des chantiers. Les villes ont appris à penser développement et investissements directs étrangers, inventant de nouveaux modèles de co-développement, investissant sur la technologie et le développement durable.

Une coopération multilatérale décentralisée, des bailleurs de fonds internationaux et des fonds d’investissement, une fiscalité adaptée avec une sécurité renforcée devraient accélérer leur adaptabilité aux modalités d’émergence de villes durables et profitables à l’essor des pays du continent. Les villes nouvelles, les zones d’échanges spéciales, les smart-cities, l’ont compris. Davantage que des simples hubs technologiques, ces nouveaux écosystèmes intègrent des solutions de désengorgements et des axes de solutions économiques et écologiques d’habitat, loin de

Denses cités. Les villes africaines sont les championnes du monde de la croissance. Depuis 1950 l’urbanisation est sans équivalent. Selon l’ouvrage “Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020, une nouvelle géographie urbaine“, publié par le Club du Sahel et l’OCDE, on estime que la population africaine doublera d’ici à 2050, absorbée aux deux tiers par les villes, soit 950 millions de nouveaux urbains, 15% de la population mondiale actuelle. Plus qu’une transition, un nouveau continent qui va modifier la géographie sociale, économique et politique. En 2010, le continent comptait dix-sept villes millionnaires (dont huit situées au Nigeria). Selon “ Population Data “, il existe désormais 93 villes africaines de plus d’1 million d’habitants.La gestion de l’urbain est l’enjeu stratégique principal des agendas politiques. Outre les villes du Caire ou de Lagos, qui comptent autant d’habitants que la Côte d’Ivoire, de nouveaux schémas de mobilité apparaissent et la régionalisation des dynamiques urbaines se multiplie. Plus rapide que l’intégration régionale politique, le continent est en chantier. L’Union Africaine appuie dix autoroutes géantes d’une moyenne de 8000km par projet pour relier les grands pôles du continent, le transport routier représentant encore 80% des échanges. En 1950 le continent comptait 27 millions d’habitants, 2,5 milliards sont annoncés en 2050, 4,4 milliards en 2100 selon l’ONU. A quoi ressembleront ces mégalopoles et comment les technologies vont-elles faciliter leur fonctionnement tout en respectant les objectifs de développement durable ? Des villes pour toutes les classes sociales ? Après une première euphorie dans les années 2000, les cleantech font leur retour, une seconde vague de technologies qui regroupe les technologies de décarbonation, émissions négatives,

adaptation, dessalement. Le Cloud, la Blokchain, l’IOT, les Drônes sont également des solutions numériques sociales et environnementales. Alors que près de 300 millions d’habitants vivent à plus de 50 km d’un réseau haut débit, selon l’UNESCO, la réduction de la fracture numérique coûterait 100Mds USD. Nous nous sommes posés aussi la question de l’état des lieux des Smart Cities ou Zones économiques spéciales. Nous nous sommes interrogés sur d’autres paradigmes, et sur la place des océans et comment la Blue Economy serait vertueuse pour le Continent, dont la dernière Ocean Week à Monaco s’est fait l’écho. Nous avons recueilli, l’avis d’experts, nous avons interviewé 7 femmes, et des acteurs majeurs qui vivent ce changement. De quoi vous proposer, dans ce second Hors-Série des pistes et débuts de réponse. Merci à toutes et tous pour votre soutien et de nous rejoindre toujours plus nombreux, chaque mois.

écrit par

Franck Berthod

écrit par

Dr Yves Youant

la pression foncière urbaine. L’Afrique ne vit pas un exode rural massif, bien au contraire. Dans 22 pays d’Afrique, les deux tiers de la croissance urbaine sont alimentés par les naissances d’enfants de citadins, et non pas par des migrations des campagnes vers les villes. L’urbanisation se réalise principalement dans les campagnes et dans les villes petites et moyennes. Contrairement à ce qu’on imagine, les bourgs ruraux deviennent des villes en se densifiant, et sans grignoter massivement les terres cultivées et irriguées, et les campagnes ne se dépeuplent pas. La croissance urbaine africaine n’est pas synonyme d’étalement spatial au sens de dilution. Le dernier rapport de l’OCDE et de l’Union Africaine « Des infrastructures de qualité pour l’Afrique du XXIe siècle » met l’accent sur l’accélération du développement des infrastructures sous peine d’asphyxie démographique. Avec un déficit global de 130 milliards $ par an, les objectifs de 2063 avec plus de 400 grands projets sont en retard. La nécessaire coordination continentale et la gouvernance des infrastructures urbaines sont un impératif.

source : africapolis

03 Édito.Des villes et des hommes.

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SOMMAIRE

Page 4: HORS SÉRIE #002 - Villes africaines, Blue tech et good tech · 2021. 4. 21. · #4 2 - HORS SÉRIE : VILLES AFRICAINES GOOD TECH. Démographe et sociologue à l’Institut de Recherche

*2 - HORS SÉRIE : VILLES AFRICAINES GOOD TECH#4

Démographe et sociologue à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) depuis 2007, Stéphanie Dos Santos est actuellement affectée à Abidjan. Elle mène des recherches sur les conditions de vie des populations des villes ouest-africaines et notamment sur les vulnérabilités face aux événements climatiques extrêmes. Elle a tout dernièrement été nommée Conseillère Scientifique sur les Villes Durables auprès de la PDG de l’IRD. Nous l’avons Interviewé à Abidjan afin de nous situer sur la réalité des chiffres et des enjeux.

EiA : A l’occasion de la journée mondiale de la Terre, et de ce numéro spécial, on ne peut s’empêcher de faire le tri dans tous les chiffres annoncés sur les villes africaines et cette croissance inégalée et inégale. Quel est votre avis ?

Oui, l’interprétation d’un chiffre est très rarement neutre et vous faites bien de faire du tri ! Concernant le phénomène d’urbanisation, il est en effet sans précédent dans l’histoire de l’humanité : ce n’est qu’en 2007 que la population mondiale a été majoritairement urbaine par rapport à la proportion de la population vivant en milieu rural. Alors qu’on estime la population urbaine mondiale en 1800 à 10 % de la population totale. Par ailleurs, l’intensité et les tendances de ce phénomène sont très variables d’une région du monde à l’autre. Par exemple, en Amérique du Nord, en Europe de l’Ouest ou au Moyen-Orient, plus de 80 % de la population vit en ville. A l’opposé, l’Afrique sub-saharienne est aujourd’hui la seule région du monde où la majorité de la population vit encore en milieu rural, avec 40 % de la population vivant en ville. C’est aussi en Afrique sub-saharienne que l’urbanisation est la plus rapide des deux dernières décennies : le taux d’urbanisation est passé de 15 % en 1960 à 40 % en 2010 et devrait atteindre 60 % en 2050.Les réalités sont également très contrastées et c’est sur le continent africain qu’elles sont les plus fortes : la proportion d’urbains oscille entre 16,4 % au Niger et 90 % au Gabon.

EiA : D’un côté la gestion des villes et des déchets est problématique, et des solutions sociales et environnementales simples existent, de l’autre, la technologie pourrait aussi être utilisée à bon escient, et pas seulement dans les Smart Cities. La pandémie actuelle va elle favoriser un meilleur dosage ?

TOUR D’HORIZONParoles d’Expert

Je ne saurais dire quels seront les effets de la gestion de la pandémie actuelle car l’incertitude est grande sur ce qu’on en sait aujourd’hui. En revanche, je suis plus d’avis d’analyser les effets conjoints que les oppositions en matière de solution. Les changements sont rapides et invitent à trouver de nouveaux équilibres entre des enjeux économiques, sanitaires, environnementaux et sociétaux. Je pense par exemple à des projets comme ceux d’utiliser les eaux usées domestiques pour reverdir les villes, comme celui actuellement en cours à Dakar

EiA : Les enjeux de la ville durable sont au cœur de l’Agenda international et des ODD. Quels sont les bons exemples à suivre sur le continent où près de 100 villes dépassent désormais le million d’habitants ? Existe-t-il un bon équilibre avec les parties prenantes ?

La base des enjeux n’est pas spécialement posée par le nombre d’habitant.e.s en tant que tel, mais davantage par une planification urbaine qui doit être éclairée par des données fiables, fines et probantes dans tous les domaines. Et la grille d’actions des ODD, accompagnée par une démarche de sciences de la durabilité, faisant appel à l’interdisciplinarité, l’Intersectorialité et le dialogue science-société (avec toutes les parties prenantes, dont le secteur privé) est un outil qui peut être efficient et équitable. Le projet-pilote Douala Ville Durable en est un exemple. Co-financé par la Communauté Urbaine de Douala, l’Etat camerounais et l’AFD, le projet vise à réaménager l’un des quartiers marécageux et inondables de Makepe Missoke à partir de cette approche multi-acteurs.

EiA : L’UN Habitat estimerait que près de 400 millions de populations vivent dans les ghettos ou les camps de réfugiés. Comment l’habitat durable, les sciences et les technologies peuvent rattraper le gap et reprendre de l’avance face à la démographie à venir ?

Il est nécessaire de questionner à quelle réalité renvoie ce chiffre. On peut penser que le nombre de personnes vivant dans un habitat non durable est encore largement supérieur : est-ce que les habitant.e.s du quartier de Palmeraie à Abidjan, qui connaissent des inondations chaque année aux conséquences parfois fatales, sont comptabilisé.e.s comme vivant dans des conditions environnementales non durables ? Je ne le pense pas. Et pourtant…Le chiffre doit servir à éclairer l’action, et non à l’instrumentaliser en stigmatisant des groupes sociaux par exemple. Dans leur ensemble, les territoires urbains n’occupent qu’une petite partie de la surface du globe. Or, leurs enjeux sociétaux et impacts environnementaux sont majeurs. Finalement, il s’agit d’analyser avec rigueur la réalité et d’accompagner les mutations en les anticipant notamment, par une planification urbaine volontaire. Par exemple, il faut savoir que 60% des zones qui seront urbanisées en 2030 ne sont pas encore aménagées. Il est donc encore temps d’agir.Le dernier rapport de l’OCDE et de l’Union Africaine « Des infrastructures de qualité pour l’Afrique du XXIe siècle » met l’accent sur l’accélération du développement des

Le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest et l’équipe e-Geopolis ont décrypté de nouvelles facettes de l’urbanité africaine. Ce travail effectué dans 50 pays sur une période allant de 1950 à 2015 y préférant celui d’agglomération défini comme un centre urbain de plus de 10 000 habitants. L’analyse comparées des données des Nations Unies sur l’augmentation de la part de la population urbaine dans le monde, démontre que l’Afrique sub-saharienne est parmi les 20 pays qui ont le taux d’urbanisation le plus élevé au monde dans un contexte de décroissance.La congestion des villes pèse lourdement sur l’habitabilité. La mobilité est abordée avec des solutions occidentales classiques (réseaux de bus, métro, tramway, taxis, etc). Si le multimodal et les interconnections posent problème (une voie expresse à Dakar ou Grand Bassam qui laissent les carrefours bloquer la circulation ou des piétons traverser ou des transports en communs rouler en contre sens, désorganise les flux et représentent un danger sur le plan sécuritaire), les systèmes de transport en commun informels, répondent, cependant aux besoins de mobilité de la population et s’inscrivent dans une véritable logique d’organisation des flux économiques associés. L’enjeu est de coordonner les flux et les usages. Plusieurs villes ont recours aux nouvelles technologies pour définir les grands axes de développement des transports en commun. C’est le cas de l’initiative Accra Mobility.La cartographie de ces itinéraires et la collecte des durées de trajets et des tarifs peuvent fournir des informations sur les zones urbaines sous-desservies. Une autre lecture.

infrastructures sous peine d’asphyxie démographique. Avec un déficit global de 130 milliards $ par an, les objectifs de 2063 avec plus de 400 grands projets sont en retard. La nécessaire coordination continentale et la gouvernance des infrastructures urbaines sont un impératif.

Décrypter les dynamiques d’urbanisation

Crédit photo Banque Africaine de Développement

source ONU

écrit par

Niamkey Kablan

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*2 - HORS SÉRIE : VILLES AFRICAINES GOOD TECH#5

EiA : Quel est le retour d’expérience, voire les opportunités dans le secteur des assurances après la COVID-19 ?

Allianz Africa est depuis longtemps engagée dans un processus de digitalisation. La Covid-19 nous a enseigné la nécessité de le poursuivre et d’accélérer. Cela est d’autant plus utile, qu’une grande partie des populations a de plus en plus accès à l’internet. En termes d’offre, certains types d’assurances ont été particulièrement sollicités durant la pandémie, j’en citerai quatre, pour lesquelles Allianz Africa a une expertise de longue date :

- L’assurance-crédit, boostée par la confiance des entreprises pour le commerce intra-africain.- Les assurances Santé et Vie pour les particuliers qui ont connu un regain d’intérêt, il est fort probable que dans le futur, nous puissions voir des populations de plus en plus sensibles à la couverture des risques liés à la santé mais également à la prévoyance.- Les assurances Dommage pour les PME, TPE : la pandémie a montré la vulnérabilité des entreprises, surtout les plus petites d’entre elles. Leur résilience gagne à être renforcée à travers des produits d’assurances adaptés. - L’assurance agricole, car la croissance démographique et les défis climatiques ont révélé l’urgence de mettre en place une agriculture résiliente au niveau du continent, surtout que ce secteur représente jusqu’à 50% du PIB de certains pays.

EiA : La densité urbaine est très forte, est-ce un enjeu pour un assureur ou une contrainte ?

La géolocalisation a souvent été une contrainte dans certaines villes africaines, notamment sur les problématiques d’adressage. Désormais, avec l’acquisition de Jubilee Non Vie, par exemple, ce sont de fait plus de 160 millions d’habitants d’Afrique de l’Est qui vont ainsi bénéficier de l’expertise d’Allianz Africa dans des pays comme l’Ouganda, la Tanzanie, le Burundi ou l’Ile Maurice, sans oublier le Kenya où nous sommes déjà présents. En fait, il ne s’agira probablement plus d’ouvrir des Agences tous azimuts, mais plutôt de s’appuyer sur nos partenariats, notamment bancaires, et

En plein COVID19, les secteurs de la santé, du digital et des risques économiques sont au cœur du réacteur. Nous avons souhaité obtenir l’avis d’une pro du secteur des assurances et de voir comment un acteur comme Allianz Africa traverse ce contexte et pilote sa croissance. Delphine Traore figure parmi les femmes africaines francophones les plus influentes du continent africain. Directrice des opérations d’Allianz Africa, elle a été nommée présidente de l’Organisation des Assurances Africaines (OAA) en juin 2019. Avec 25 années d’expérience dans le secteur des assurances, nous avons plaisir à la retrouver pour partager son regard sur l’avenir des villes africaines, le développement démographique et les impacts socio-économiques.

L’ASSURANCE,une réalité digitale.

sur nos propres solutions digitales pour proposer des assurances au plus grand nombre, en zone urbaine et périurbaine. Cette densité de la population, rapportée aux solutions virtuelles, représente un atout pour accroître le taux de pénétration de l’assurance.

EiA : Quelles sont les perspectives de croissance à long terme ? Ciblez-vous des pays en particulier ?

Une étude McKinsey, pré-COVID19, indiquait que le marché de l’assurance en Afrique connaîtra une croissance de 7% entre 2020 et 2025, soit beaucoup plus qu’en Asie, trois fois plus qu’en Europe et deux fois plus qu’aux USA. Certes, l’assurance est moins ‘’populaire’’ sur le continent africain, qu’ailleurs, mais cela présente un grand challenge et le secteur présente un fort potentiel de croissance.Selon le rapport 2019 de l’Organisation Africaine des Assurances (OAA), « près de 50 % des assureurs interrogés appliquent une stratégie d’expansion géographique» La croissance est un objectif, les économies d’échelle et la réduction des charges d’exploitation également. A priori, les opportunités de croissance vont sans doute se concentrer dans les villes à forte densité humaine. Le Nigeria par exemple, le Ghana et les pays d’Afrique de l’Est, sont les zones à fort potentiel de développement, compte tenu de leur forte densité urbaine. Notre vision 1Allianz4Africa, est de mettre en place une stratégie de développement panafricaine, tout en apportant des solutions et des adaptations locales. C’est aussi le sens, de l’acquisition des activités Non Vie de Jubilee en Afrique de l’Est, afin de matérialiser notre ambition : accompagner une population africaine de plus en plus sensible à l’importance des risques et donc des couvertures d’assurance.

Malgré la pandémie Covid-19, Allianz Africa continue de développer ses partenariats bancaires et Mobile money, pour se rapprocher des populations. Des chiffres révèlent que 90% des clients de banque interagissent directement avec leurs conseillers clientèle et 25% auraient ouvert leurs comptes en ligne avec 400 millions de porte-monnaie électroniques. Moins de 30% des assureurs d’Afrique sub-saharienne (hors Afrique du Sud) permettent de consulter un compte client en ligne et seulement 5% de souscrire une assurance en ligne. Un potentiel à couvrir.Allianz Africa développe une stratégie par un repositionnement géographique et des partenariats avec les insurtech. Deux participations ont été opérées.

- BIMA, une startup de micro-assurance leader dans les pays émergents, qui utilise la technologie mobile pour fournir des produits d’assurance et de santé abordables aux consommateurs et à leurs familles. Ses plates-formes technologiques créent une expérience sans papier et permettent une évolutivité. Cette approche technologique est la clé de la croissance de BIMA, atteignant 31 millions d’assurés sur 10 marchés en Afrique et en Asie.- SafeBoda, une plateforme de taximotos qui couvre principalement l’Afrique de l’Est pour le moment, et qui fournit également des services financiers supplémentaires, des paiements et d’autres services à la demande.

ABS, la plateforme technologique est installée sur le Continent, le cœur du réacteur. Un véritable agrégateur de la vision digitale d’Allianz Africa. Une approche agile face aux réalités locales et aux besoins des individuels et des entreprises.

Les Insurtech au cœur de la stratégie de digitalisation d’Allianz Africa

écrit par

Franck Berthod

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*2 - HORS SÉRIE : VILLES AFRICAINES GOOD TECH#6

Le continent couvre environ 47 millions de km2 soit un cinquième de la surface de la Terre. Avec 38 pays côtiers, la couverture du littoral est de 26000 miles nautiques, l’Afrique est aussi un réseau de lacs, de rivières riches en ressources naturelles. Quand on sait que 90% du commerce mondial et les deux tiers de fourniture en énergie sont effectuées par voie maritime, l’économie bleue est aussi, un levier stratégique pour le continent. L’Union Africaine dans son document « Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans - horizon 2050» mise sur le sujet et rappelle que 90% des importations se fait par l’eau.

Les eaux territoriales sous juridiction africaine totalisent quelques 13 millions de kilomètres carrés, et le plateau continental s’étend sur environ 6,5 millions de km². Avec une superficie d’à peine 1 850 km², Maurice est l’un des plus petits pays d’Afrique et au monde, mais ses eaux territoriales en font un pays de 1,9 million de km², la taille de l’Afrique du Sud. Selon une étude de la FAO, la valeur ajoutée brute totale du secteur de la pêche et de l’aquaculture en Afrique est évaluée à 24 milliards de dollars américains, soit 1,6 % du PIB de tous les pays africains. D’autres secteurs économiques constituent des leviers de l’économie bleue comme l’hydraulique, la biomasse, des énergies des vagues et marées, les mangroves, les hydravions, la biologie marine, les MPA etc. Selon l’AIE (Agence Mondiale de l’Energie), la valeur économique de l’énergie liée aux affaires maritimes, dépassait 2,5 milliards euros en 2020. Les énergies renouvelables de l’océan peuvent fournir jusqu’à 400 % de la demande mondiale actuelle en énergie. L’OCDE estimant qu’au niveau mondial le chiffre d’affaires des activités liées au monde de la mer devrait doubler pour passer à environ 3 000 milliards d’USD à l’horizon 2030.Le secteur de la pêche, à lui seul, fait travailler 12 millions de personnes et assure la sécurité alimentaire de plus de 200 millions d’Africains, générant une valeur ajoutée de plus de 24 milliards de dollars, soit 1,26% du PIB de l’ensemble des pays africains. Selon un rapport de la CEA, on estimait, en 2010, à 1500 milliards d’euros, le chiffre d’affaires des activités liées au monde de la mer, un chiffre prévu pour atteindre les 2500 milliards, d’ici 2020.L’un des principaux défis réside dans le fait que les océans et les mers absorbent environ 25% des émissions supplémentaires de dioxyde de carbone dues à la combustion de combustibles fossiles. Le pétrole et le gaz restent les principales sources d’énergie, 30% environ de la production étant réalisée en mer. Un potentiel qui nécessite une coordination à minima, le Bureau maritime international (BMI), indiquant que les eaux du golfe de Guinée sont aujourd’hui les plus dangereuses au monde. L’institut de recherche anglais Chatham House estime à 1 milliard de dollars les pertes annuelles causée par les actes de piraterie et la pêche illégale met en cause la création de plus de 50 000 emplois. Des activités qui pourraient aussi menacer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

BLUE ECONOMY,un continent de potentialités.

Source photo : CMAF. Cluster Maritime d’Afrique Francophone

En première partie, Dr Nathalie Hilmi a animé un panel après une introduction de Damian Payiatakis, Directeur de l’investissement durable & impact chez Barclays. Ralph Chami, Directeur Assistant de l’Institute for Capacity Development au FMI, qui nous interroge : peut-on donner une valeur marché à la nature? « Lorsque quelque chose est supposé être abondant, il est supposé avoir un prix de zéro dans notre système de marché. Hors les grandes baleines aident à capturer et séquestrer le CO2 équivalent à des milliers d’arbres! Pourtant, une baleine vivante a un prix de zéro. ». Nicolas Pascal, Directeur et cofondateur de Blue Finance Impact a fait la démonstration de deux solutions d’investissement de financement mixte pour la gestion efficace des aires marines protégées en République Dominicaine et aux Philippines. Selon lui « l’approche repose sur un bail de gestion innovant avec des modèles de revenus tangibles, mis à profit par un financement mixte et l’autonomisation des communautés locales ». Walid Al Saqqaf, CEO Insureblocks, nous a placé devant l’insuffisance des moyens de la compensation carbone. Un échec pour créer un changement efficace dans notre société. A travers son mouvement Rebalance Earth, il imagine un mécanisme de financement pour transférer des fonds de compensation carbone aux communautés locales.

En deuxième partie, Patricia Cressot a animé un panel « Vers une Afrique verte et bleue ». Après une introduction de Betrand

La dernière édition Monaco Ocean Week a refermé ses portes. On le sait mais tout prend un autre sens en cette période de crise climatique et de pandémie. L’océan couvre les 3/4 de la surface de la Terre et représente 99% de l’espace vital en volume. ODD n°14, l’Humanité dépend des océans en absorbant en autre 30% du dioxyde de carbone émis en amortissant les effets du réchauffement climatique.La semaine était consacrée à la protection des océans, organisée par la Fondation du Prince Albert II et Dr.Nathalie Hilmi, du Conseil Scientifique de Monaco et Patricia Cressot, responsable Afrique à Rosemont International, et fondatrice de l’ONG Sowl Initiative, avaient invité une dizaine de speakers. Le compte-rendu comme si vous y étiez.

Monaco Ocean Week

Badré, Ex-DG de la Banque mondiale, aujourd’hui le PDG et fondateur du fonds d’investissement Blue Like an Orange Sustainable Capital, nous explique comment les financements peuvent être exploités pour nous aider à résoudre bon nombre des plus grands problèmes mondiaux dont le changement climatique. « Oui la finance peut sauver le monde lorsqu’elle est contrôlée et utilisée intelligemment, avec bienveillance et inventivité ». Pour Maître Stéphane Brabant, associé au sein du Cabinet Herbert Smith Freehills, co-Responsable de la pratique Afrique du cabinet, Business & Human Rights et Responsable du groupe Gestion des Crises (Afrique) « le droit est sans aucun doute en Afrique - comme ailleurs - un soutien de la gouvernance et, donc, du développement de l’Économie Verte et de l’Économie Bleue. Zoe Harries Consultant senior en IDE et ZES, Directeur Général d’Impact les Zones, nous a expliqué comment Zones Economiques Spéciales peuvent avoir un impact positif sur l’économie bleue en attirant les investissements, tout en plaçant la durabilité et la préservation en son centre. Gonçalo Terrenas, Président de la Chambre de Commerce du Portugal à Dakar a conclu le panel en réitérant l’intérêt du secteur privé et des institutions, faisant écho à l’appel lancé par Angèle Lecomte Directrice d’Océanium qui, depuis 2006, a restauré 15000 hectares de mangrove soit 100 millions d’arbres plantés, « c’est l’équivalent de 75 fois la surface de la Principauté de Monaco ».

Source photo : agriculturaemar.com

écrit par

Patricia Cressot

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La clef pour lui, dans la prise en compte, est d’évaluer les services écosystémiques en termes monétaires, ce qui permet d’organiser les marchés autour de la protection et de la régénération de la nature. « En montrant qu’une nature vivante et prospère est rentable, nous serons en mesure de modifier notre comportement », précise l’expert, en vue d’une prospérité durable et inclusive pour tous, ainsi que de la protection et la régénération du monde naturel et de sa biodiversité. Si les baleines revenaient à leur niveau normal de capture de tonne de carbone (4 à 5 milliards au lieu de 1,7 milliards de tonnes aujourd’hui annuellement) cela impacterait le phytoplancton et la capture du carbone dans les océans. Une simple augmentation de 1% produirait l’équivalent de carbone dégagé par deux milliards d’Arbres. Une solution qui consiste à utiliser la nature pour ce qu’elle est et non pas la consommer à l’encontre de réalités qu’il a modélisé de manière économique.

Laurent Develle est avocat d’affaires international. Il conseille des entreprises, des équipes de direction et des conseils d’administration, en particulier dans les domaines de l’énergie et des énergies renouvelables et du transport durable. Il enseigne et croit aux avantages d’une approche transdisciplinaire pour résoudre les défis actuels en matière de durabilité et les possibilités d’innovation, par exemple dans le domaine en pleine croissance de la conservation des océans et de l’utilisation durable « Blue Economy », un domaine dans lequel il participe activement en tant qu’expert juridique à l’UICN, conseiller à l’incubateur BlueTech Sea-Ahead, basé à Boston, et conférencier à diverses conférences internationales.

Pour lui, rien d’étonnant que l’Afrique soit devenue au cours des dernières années un sujet essentiel de la Blue Economy. Tant la vulnérabilité des villes et populations du continent Africain aux changements climatiques a ouvert la voie à la création en 2015 de l’Initiative Africaine d’Adaptation (AAI), qui vise à fédérer les efforts et politiques de plusieurs États en vue de minimiser les impacts et risques résultant de situations climatiques extrêmes. Au-delà de cette stratégie que l’on pourrait qualifier de défensive, la Conférence sur l’économie bleue durable, tenue à Nairobi (Kenya) en novembre 2018, a confirmé les richesses en ressources aquatiques et marines du continent Africain (en particulier, pêche, aquaculture, transports, tourisme, irrigation, énergie, etc.) sources de défis mais aussi d’opportunités de développement exceptionnelles, à condition qu’elles soient envisagées de manière responsable et durable. Les émissions d’obligations « vertes/bleues », de coalition d’Etats, à l’aune de l’émission très réussie d’un « sustainability bond de 750M Euros, de la Banque Africaine de Développement début 2021 pourraient être envisagées.

Si le changement de paradigme est en marche, et qu’on observe une mutationentre les mondes scientifiques, solidaires, technologiques et économiques,qui convergent et se parlent, tout est aussi une question de volonté politiqueau niveau des pays. Trois exemples qui nous le font comprendre.

Ralph Chami est Directeur Adjoint de l’Institute for Capacity Development au Fonds Monétaire International (FMI), il a plaidé durant la récente Ocean Week de Monaco, pour un changement du paradigme économique « pour passer d’une vision extractive de la nature à une vision régénératrice, il faut commencer par traduire la valeur financière de la nature pour l’humanité en des termes parlants à toute la société, des consommateurs aux décideurs » a-t-il précisé.

UNE MUTATION EN MARCHE

Définition et future dela Blue Economy en Afrique

Les vagues du Cap VertSelon McKinsey & Company, « L’approvisionnement en eau douce diminue régulièrement tandis que la demande augmente régulièrement. Au 20e siècle, la population mondiale a quadruplé, mais l’utilisation de l’eau a été multipliée par six ». Les mers sont une source illimitée d’énergie cinétique. Une vague moyenne de 1,2 mètre et 10 secondes frappant une côte produit plus de 35 000 chevaux par mile de côte. L’énergie des vagues est difficile à exploiter mais il y a eu un pilote prometteur en Australie occidentale. En 2014, Garden Island est devenu le premier « projet houlomoteur à échelle commerciale au monde à démontrer à la fois la production d’énergie et d’eau douce à partir des vagues de l’océan », selon Water Technology. Un système de dessalement houlomoteur est également prévu au Cap-Vert, au large de la côte ouest de l’Afrique. Le développeur, Resolute Marine Energy, affirme que la centrale appelée Wave20 produira de l’eau potable à un tiers du prix des systèmes conventionnels. Le système exploite l’énergie des vagues pour pressuriser l’eau et la pomper vers une centrale de traitement à terre, tandis qu’une série de pagaies se déplace d’avant en arrière par les vagues pour créer de l’électricité qui est utilisée pour filtrer l’eau de mer.

Crédits photo : Ralph Chami

Source photo : Abdul Latif Jameel - Dubai

nouveau model économique

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DOSSIER SPÉCIAL

Zoë Harries est Directeur de projet à l’Organisation Mondiale des Free Zones (World FZO) et fondatrice d’ Impact Zones, un cabinet de conseil spécialisé sur le sujet, basé à Amsterdam et Dubai. Avec 25 années d’expérience professionnelle, elle accompagne des gouvernements, et des ZES (Zones économiques spéciales) afin d’accélérer leur croissance durable et participer à la montée en puissance des Investissements Directs Etrangers (IDE). C’est tout naturellement que nous ouvrons ce dossier special par un tour d’Horizon avec cet entretien réalisé depuis Dubai, que nous avons choisi de laisser en anglais pour plus de pertinence.

EiA : What is the mission and main pillars of the World FZO ?

The World Free Zones Organization (World FZO) is a global non-profit free zones’ association. Our mission is to bring together free zones and stakeholders and promote their positive impacts by providing guidance, knowledge and services to enhance free zones’ contribution in the economic prosperity and social development of their host country. World FZO shares its exclusive global free zones’ expertise with members and stakeholders through networking events, webinars, training, publications and advisory services.

EiA : Many words and naming regarding «New cities» or «Special Zones» or Smart Cities, can you help us to make it clear ?

A smart city is an urban development based on holistic ecosystems, building thriving communities based on digitalization and ESG principles. Smart cities provide access to healthcare, smart networks, smart mobility, AI, clean water and waste management, renewable energy, quality education and employment and smart governance. Special Economic Zones are geographically delimited areas within which governments facilitate industrial activities through fiscal and regulatory incentives and infrastructure support. They are generally established with a few specific, but by no means exclusive, policy goals, with export promotion, import substitution, job creation and foreign direct investment (FDI) attraction central to almost all zones. SEZs also unlock agglomeration economies and create clusters by concentrating economic infrastructure and public goods in one geographic area, allowing

: Smart Cities et Zones Speciales

industries to overcome minimum size thresholds and begin to leverage scale economies. SEZs go by different names, including free zones, economic zones, export processing zones, industrial parks. SEZs are designed as instruments of trade, investment and spatial industrial policy. Many developing countries adopt a regime of SEZs to support partial exposure to global markets while maintaining protective barriers in a ‘stepwise’ approach to economic, social and political reform.A Smart City SEZ is a mixed-use SEZ, integrated industrial and residential digital, sustainable, resilient and inclusive infrastructure development, offering favorable economic and fiscal benefits are increasingly recognized as key enables of economic recovery.

EiA : Africa is growing with 2,2 millions of unhabitants expected in 2050, and more than 200 hundred cities with more than 1 millions of people. How the Special zones can help to support a sustainable growth ?

SEZs programs are usually adopted to meet countries’ quantitative growth goals (i.e. investment attraction, trade promotion, job creation and exports increase), dynamic (i.e. industrial upgrading, skills development, economic diversification and structural change, as well as integration into value chains) and socioeconomic (i.e. sustainable development, quality of employment and environmental protection) objectives. Although the objective of most SEZs in Africa, especially in Sub-Saharan Africa, is to enhance manufacturing and exports in low-skill, labour-intensive industries such as garments and textiles, some countries are targeting diverse sectors and higher value addition.

EiA : What are the trends and main achivements in Africa regarding ESG and Smart Cities and what kind of acceleration or trends does the COVID19 resilience operate ?

The global pandemic has intensified the global political, economic and social challenges and cities are at the center of this global crisis. Cities are rethinking their strategies for economic growth, recalibrate their approaches to providing city services and jumpstart the recovery to build back better and become more liveable, sustainable, resilient and affordable. Reduction of carbon emissions through energy efficient buildings and technology, smart energy infrastructure, and clean electrification. Smart cities are emerging rapidly, using innovative technologies to improve the management and efficiency of the urban environment. The 2030 Agenda for Sustainable Development recognizes the importance of inclusive and sustainable industrialization and the infrastructure that supports in eradicating poverty. It should be noted that SEZs also contribute to SDGs through promoting socially and environmentally responsible industrialization within the zones themselves, as well as by demonstrating what is possible to the rest of the country.

Les ZES participent fortement à la transformation industrielle et à la croissance économique du continent. Des pays comme le Maroc, l’Egypte, l’Afrique du Sud et l’Ethiopie ont lancé des ZES de classe mondiale attirant de nombreux investissements étrangers. Si les ZES se sont développées relativement tard sur le continent, et que la plupart des pays ont débuté entre les années 1990 et 2000, en 2019 on estime à 189 le nombre de ZES actives sur le continent et une presence effective dans 47 des 54 pays.L’Afrique de l’Est compte le plus grand nombre de ces zones avec 29% du total existant, suivi par l’Afrique du Nord (28%), l’Afrique de l’Ouest (19%). L’Afrique Australe et Centrale ne compte que 15 et 8% du total. Actuellement 57 nouvelles ZES sont en projet dont la moitié en Afrique de l’Est qui poursuit son leadership et un engagement trés fort et une stratégie très claire des gouvernements de la region. Le Maroc, l’Egypte, mais aussi le Nigéria et l’Afrique du Sud développent également de grands projets. Stratégiquement positionné en face du détroit de Gilbraltar, la Zone de Tanger Med a été récompensée comme la meilleure en Afrique, offrant un accés unique entre l’Europe et l’Afrique, avec plus de 900 sociétés implantées dans les secteurs de l’Automobile, de l’Aéronautique, la logistique et le textile. Zoe Harries.

Si les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) commencent à s’installer sur le continent africain (En avril 2019, Google à Accra avec son premier centre de recherche en intelligence artificielle et Facebook en Ouganda et Nigeria avec des Hub de développeurs et de la fibre), les écosystèmes et les smart cities cherchent leur modèles, car au fond, l’énergie, la mobilité et la gestion des déchets demeurent des contraintes de fonds de ce qui est censé créer de la valeur, des emplois et accompagner un développement dit durable. Aïda Ndiaye, Responsable Affaires publiques en Afrique francophone chez Facebook, mise, quant à elle, sur Yabacon Valley, un centre qui regroupe des développeurs et des incubateurs de start-up à Lagos. La firme a par ailleurs rejoint le comité de pilotage de Smart Africa dont on essayera dans les pages suivantes, de comprendre le rôle réel et l’impact. Mais beaucoup d’efforts demeurent. De l’avis de la Banque Africaine de Développement (BAD), la mission et le modèle de la Smart city africaine devrait s’orienter vers la mobilité, l’efficacité énergétique, la gestion des déchets et l’assainissement.

Les Zones économiques spéciales en Afrique

Des Smart cities ODD?

écrit par

Franck Berthod

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Le VITIB en 2021 c’est :

- Un territoire de 624Ha, propriété de l’État de Côte d’Ivoire- Un régime fiscal : 0% d’impôt, 0% de douanes, 0% de taxes- 60 entreprises en opération- Un hub pharmaceutique en pleine expansion, avec trois usines inaugurées- Un hub audio-visuel en gestation, avec cinq entreprises déjà agréées- 1000 emplois, dont la moitié dans la construction- Un ambitieux plan de masse incarnant la mission et l’ambition « Smart City »- Un hub co-working abritant des startups technologiques- 1.5 Milliard FCFA de chiffre d’affaires

Le VITIB en projet et en chiffres

Philippe Pango (Ph.D) est un manager expérimenté, doté d’un background important en ingénierie. Après une longue carrière d’ingénieur et d’entrepreneur au Canada, il devient Directeur Général de VITIB SA en juillet 2012, avec pour mission principale d’attirer les industriels et investisseurs du Numérique et de la Biotechnologie, dans la zone économique spéciale de grand-Bassam en Côte d’Ivoire. Nous l’avons interviewé durant notre visite au VITIB de Grand Bassam.

EiA : Le VITIB est un projet privé, initié avec les autorités ivoiriennes il y a plus de 20 ans, ce qui fait dire à certains observateurs que le projet est un autre éléphant blanc. Quelle est la réalité ?

VITIB SA a connu bien des mutations au cours de son histoire. La période 2006 à 2012 fut la phase « startup », marquée hélas par des déficits récurrents, le non-démarrage des grands projets d’infrastructure, et une perte progressive de la confiance des bailleurs de fonds et même de la population ivoirienne. En 2012, il n’existait plus qu’une dizaine d’entreprises actives. Tous les financements extérieurs du projet étaient gelés ou suspendus. De 2013 à 2019, nous avons lancé une phase de restructuration qui a permis trois grands résultats ; un cœur de métier en croissance de 29% chaque année, plus de déficit, la viabilisation de 180Ha, avec 10 kilomètres de routes internes, les réseaux d’eau, d’électricité, et de fibre optique. En 2020, le point d’inflexion que nous avons atteint permet d’activer la troisième phase ; l’accélération. Notre nouveau siège de 3000m2 de bureaux, a affiché complet cinq mois après son inauguration.

EiA : Le continent croît à une vitesse folle, la population rurale est multipliée par trois et la population urbaine par 22 sur les soixante dernières années. En quoi les Zones Économiques Spéciales contribuent à ouvrir les villes africaines et créent des espaces durables et des emplois ?

L’atout premier des Zones économiques spéciales réside dans un process simplifié et plus fluide, vis-à-vis des pratiques sur le territoire national. Pour créer des emplois pérennes en attirant des entreprises, une zone économique se doit d’être un havre de bonne gouvernance et d’efficacité dans le pays qui l’abrite.

Cela suppose une implantation intelligente, avec pour but de solutionner des problématiques précises. Le VITIB a été conçu pour servir de catalyseur aux secteurs du Numérique et de la Biotechnologie. Une déclinaison cohérente avec l’émergence d’une génération connectée et respectueuse de son environnement.

EiA : D’autres zones similaires existent en Afrique de l’Ouest, le business devient mondial et ce qui fait le succès des Smart Cities outre l’attractivité, ce sont les passerelles en matière d’emplois et d’éducation. Comment se situe le VITIB dans le benchmarking régional et quelles sont ses forces ?

Le VITIB tire sa force par sa formule unique au monde. Primo, notre modèle Hybride ; un parc technologique qui bénéficie d’un statut de zone économique spéciale. Deuxio, notre zone est dirigée par un joint-venture, l’entreprise VITIB SA, dans laquelle l’État a su s’associer au secteur privé, national comme international. Cela nous donne une certaine agilité dans l’action, et une efficacité dans nos processus décisionnels. Nous sommes fiers de pouvoir agréer une entreprise et lui mettre à disposition un terrain en moins d’un mois.Tertio, notre crédo, c’est l’innovation technologique. Notre territoire est parcouru par cinq réseaux de fibre optique distincts, et le point d’atterrissage d’un câble sous-marin international. L’ensemble de ces forces nous permet d’aspirer légitimement à une place de leader dans la sous-région et en Afrique.

EiA : L’énergie est le cœur de votre back-office tout comme la bande passante, comment avez-vous sécurisé cet aspect et quelle est votre politique de protection de l’environnement et face au réchauffement climatique?

Certaines industries, tels les Data Centers, sont particulièrement énergivores. La convention de concession VITIB-Etat stipule clairement que le VITIB a toute l’autorité pour assurer son autonomie en eau et en électricité. Ainsi, libre à nous de prendre une sérieuse option sur la production locale d’énergie, verte et renouvelable, en phase avec notre statut de parc technologique et les attentes de notre clientèle. Plusieurs schémas sont présentement à l’étude. L’immensité des terres du VITIB nous permet de rêver au solaire comme énergie d’appoint. Ainsi, nous sommes ouverts à toute proposition qui pourrait nous être faite dans l’optique d’une production locale d’énergie destinée à notre parc d’entreprises.

EiA : La COVID19, outre ses conséquences sanitaires, n’est-elle pas votre alliée, créant ainsi une course au distanciel et une culture du regroupement régional avec son lot d’économie de charges fixes ?

La COVID19 peut être perçue comme une calamité par certains. Au VITIB, on préfère y voir une opportunité. 2020 fut une de nos meilleures années en termes d’attrait de nouvelles entreprises. L’expérience du télétravail a révélé l’économie de charges d’exploitation favorisant la digitalisation de nos procédures et des interactions interservices. Aujourd’hui on produit au VITIB, de la chloroquine et de l’Azithromycine, une première en Côte d’Ivoire. Deux entreprises européennes nous ont rejoints : l’une se spécialisant dans la confection de masques chirurgicaux et les tests biomédicaux, et

l’autre dans la fabrication des tests de détection de la COVID19. Toute cette révolution biotechnologique est la résultante d’un environnement stimulant créé au sein du VITIB.

EiA : En quelques mots, quelle est la vision? A quoi ressemblera le VITIB dans 15 ans et quelles sont vos next step ?

Il vous faut visualiser une zone de production desservie par deux autoroutes, un train urbain et une voie lagunaire qui relieront Abidjan à la zone administrative du VITIB, le second centre des affaires de la Côte d’Ivoire après la commune du Plateau. En sus, dans 15 ans, nous serons déjà implantés au-delà des 242Ha actuellement en aménagement. Bref, dans 15 ans, la ville nouvelle et technologique sera une smart city, ultra connectée, abritant près de 30,000 employés. Les entreprises d’ici et d’ailleurs pourront, à partir de Grand Bassam, produire et distribuer leurs biens et services, ciblant le marché Ouest-africain.

LE VITIBEN CHIFFRES.

écrit par

Niamkey Kablan

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Située à proximité de l’Ethiopie, l’économie africaine qui bat les record de croissance depuis vingt ans, ce petit territoire entend jouer la carte de sa position géostratégique jusqu’au bout. Porte d’entrée francophone de l’Afrique de l’Est, la République de DJIBOUTI avec des perspectives de croissance de 7,1 % pour 2021(source Banque Mondiale) mise les technologies dans son développement. De l’avis de Pierre M.TERRIER, Fondateur du tout nouveau DTI (DJIBOUTI, Territoires, Innovation) la réactivité des acteurs publics et la volonté politique constituent un atout pour les entreprises françaises intervenant dans les domaines du développement durable. Des compétiteurs Mondiaux, solides, appuyés par leurs états respectifs l’ont compris. « Djibouti investit aujourd’hui dans le dessalement d’eau de mer, dans les énergies renouvelables et demain dans le digital et les services associés car le pays a bien compris que son émergence reposerait d’abord sur l’Intelligence partagée, sur la formation de sa jeunesse et sur l’invention de nouveaux modèles durables. » Né de de la volonté des autorités djiboutiennes et de l’engagement d’entrepreneurs français porteurs de technologies innovantes et responsables, DTI se définit comme une plateforme d’accueil pour les entreprises qui veulent expérimenter, co-développer, et valider leurs solutions tout en apportant à la population djiboutienne, des bénéfices immédiats. Plusieurs projets ont été lancés dans le domaine de l’eau Potable, et la mesure en temps réel de sa qualité, le traitement des vidanges avec des unités containers, l’assainissement sous vide dans le quartier d’Haramous avec des bornes anti-moustiques permettant de neutraliser les moustiques femelles. De par son climat et sa géographie, Djibouti offre également de nombreuses opportunités aux entreprises innovantes désireuses de se créer de solides références sur le continent africain et d’éprouver la résistance et la performance de leurs solutions. Djibouti offre ainsi par son caractère de « Territoire d’innovations » un espace de démonstration et de consolidation des futures technologies qui seront demain la norme du continent. Afin d’assurer une parfaite interface entre les entreprises porteuses de projets et les acteurs locaux privés et publics, le cluster sera piloté par un comité constitué des principales autorités et organisations économiques djiboutiennes. L’initiative est soutenue par le Club ADEME International qui réunit près de 200 entreprises éco[1]innovantes, le SIAAP, premier Syndicat européen dans le domaine de l’Assainissement.

www.djiboutinov.com

ECO-INNOVATION,

En mars dernier, l’Agence française de développement (AFD) a sélectionné 12 villes africaines pour former un réseau africain de villes intelligentes (ASToN-African smart towns network) : Alger (Algérie), Bamako (Mali), Benguérir (Maroc), Sèmè-Kpodji (Bénin),Bizerte (Tunisie), Kampala (Ouganda), Kigali (Rwanda), Kumasi (Ghana), Lagos (Nigeria), Maputo-Matola (Mozambique), Niamey (Niger) et Nouakchott (Mauritanie). Si de nombreux projets sont en cours ou en prévision, les positionnements commencent à se préciser. Le projet Konza Technopolis; projet phare du plan de développement national « Kenya 2030 »Le Kenya est un des pionniers des smart cities africaines. L’ambition du projet de développement « Konza Technopolis est de créer 200 000 emplois d’ici 2030, un chiffre considérable dans ce pays où le taux de chômage des jeunes s’élève à 17% selon la Banque Mondiale. Initié en 2013 il vise un hub technologique pour l’ensemble de la région Est- africaine sur 2000 hectares. La gestion de l’environnement est intégrée. Des capteurs installés dans la ville seront en mesure de surveiller la circulation des piétons et des automobiles afin de réguler les feux de circulation. Un système permettra de contrôler les débits d’eau utilisés et d’arrêter immédiatement les robinets après consommation pour éviter le gaspillage.

Au Bénin, le gouvernement a lancé depuis 2017 le programme Sèmè-City qui vise à créer une ville intelligente dédiée à l’innovation et au savoir, dans la ville de Sèmè-Kpodji, située entre Cotonou et la capitale Porto-Novo. l’Etat béninois espère former 200 000 apprenants à des programmes axés sur l’innovation, d’ici 2030, tout en créant plus de 190 000 emplois directs et indirects dont un tiers d’auto-emplois.Au Rwanda la Cité de l’Innovation de Kigali, financée par la Banque Africaine de Développement (BAD) et dont la valeur est estimée à plus de 2 milliards $ est en cours avec un objectif de création de 50000 emplois. En novembre 2018, le fonds Africa50 avait également annoncé qu’il investirait environ 400 millions $ dans la KIC rwandaise.C’est sans doute en Egypte que se trouve le projet le plus pharaonique de ville intelligente africaine. D’un coût global estimé à 45 milliards $, la « Sissi City » vise à construire sur plus de 700 km² une ville fondée sur les technologies de l’information et la connectivité. A 45 km à l’est du Caire, une nouvelle capitale administrative égyptienne est en cours de construction depuis 2015. Environ dix mille kilomètres de voies nouvelles et plus de 663 infrastructures de santé devraient y être construits.Huawei se tient prêt à déployer sa technologie 5G dans les smart cities africaines et y investir plus d’1,5 milliards $.

Tour d’Horizon : exemple de smart cities

l’Afrique Sub-Sharienne se met au vert

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l’Afrique du Nord en pointeImportance de la coordination régionale : l’inconnu Smart Africa

C’est un peu Air Afrique en version numérique. Même si l’on souhaite que l’initiative connaisse une issue durable. Avec un budget estimé à 5 millions$, l’Alliance Smart Africa a été fondée en 2013 à Kigali pour « connecter l’Afrique et aider les pays membres à atteindre les objectifs du développement durable en capitalisant sur les TIC ». Sa mission repose sur cinq piliers : la politique, l’accès, l’e-gouvernement, le secteur privé (entrepreneuriat) et le développement durable. On peut se demander quel est le rôle et la stratégie de cette alliance et son impact réel après 8 ans et comment elle contribue à faciliter la nécessaire coordination continentale. Les appels à projets et la tentative de se positionner comme un grand agrégateur de projets post covid19 a été un échec, dans un contexte de course au leadership mondial après un silence assourdissant de toutes les organisations africaines au premier quarter 2020.

Misant sur sa mission d’origine, l’Agence Française de Développement, (AFD) avait signé en 2019, un partenariat d’appui à la transition numérique au service des Objectifs de Développement Durable sur le continent afin de bâtir une économie connectée, inclusive et sécurisée autour de quatre axes :• L’émergence de smart cities africaines• Le soutien d’écosystèmes entrepreneuriaux numériques via Bamboo capital• L’extension de l’accès au haut débit et des interconnexions internationales• Instaurer la confiance dans l’espace numérique

Une mission qui a bien évolué. Tantôt présentée, comme une alliance coordonnée par l’Union africaine (mais qui ne dispose que de 31 pays membres sur 54), tantôt, comme une organisation en charge de la promotion et de l’hamonisation des réglementations sur secteur numérique, tantôt comme un think tank, tantôt comme « un réseau qui ambitionne de développer le digital en Afrique et transformer le continent en un marché numérique unique », l’alliance perd toute lisibilité. Des objectifs trop larges, de rares publications, de rares bilans d’impact, des partenaires hybrides qui ressemblent davantage à une course aux annonces privées, l’inconnu s’est encore illustré mi-février avec la nomination de son directeur général, à l’advisory Board d’une société américaine de services aux Smart Citis (Town connect). En façade les postures sont limpides. De la même manière que le milliardaire Aliko Dangote décrit l’absurdité du nombre de passeports et contraintes de voyage qui existent sur le Continent, Paul Kagame, président du Rwanda, fondateur de Smart Africa, insiste « Quand je veux me rendre de Kigali à Bamako, je ne passe pas par la Pologne, alors pourquoi mes données devraient-elles le faire ? Ça n’a pas de sens. » Avec un projet sur quinze ans à hauteur de 1,5 milliard de dollars, accompagné par Global Voice Group, le Ghana s’est imposé comme le modèle continental en matière de digitalisation des services de l’Etat (procédures Citizen to Government, transparence, lutte contre la corruption etc). Au Ghana, la ministre Ursula Owusu Ekuful enchérit « C’est le nouvel or noir des grandes entreprises comme des Etats aujourd’hui. L’enjeu de la collecte, du stockage, de l’accès et de l’utilisation du big data est capital, c’est une question de souveraineté ». Global Voice n’a pas été retenu par Smart Africa pour décliner le modèle ghanéen, qui préfère miser sur un data center continental annoncé à Djibouti. Le sujet de la souveraineté Africaine est critique. Le continent manque de big data et d’intelligence numérique concertée. Si la course au marché numérique peut aller plus vite que la mise en œuvre de la Zone de libre Echange, les hésitations du Nigéria à rejoindre l’alliance, ressemblent à celles sur la ZLECA. Derrière les annonces officielles, une guerre de l’intelligence numérique semble avoir commencé.

Le marché africain des data centers est estimé à 3 milliards de dollars en 2025, contre 646 millions de dollars en 2019. À partir de janvier 2021, l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) abritera le premier bureau en Afrique de l’incubateur américain Plug and Play. Soutenu par OCP, le projet offre un espace entièrement équipé en technologies de pointe, l’accès à des programmes de mentorat, des ateliers pratiques et un réseau de partenaires internationaux pour les porteurs de projets africains. Le premier programme d’accélération, qui sera lancé en début d’année, concerne le domaine des smart cities (internet des objets, mobilité urbaine, immobilier, énergie et santé). Selon Rudolf Giffinger, expert en recherche analytique sur le développement urbain et régional à l’université technologique de Vienne, une smart city doit répondre à 6 critères :

• Une administration intelligente• Un mode de vie intelligent• Des habitants intelligents• Une économie intelligente• Un environnement intelligent• Une mobilité intelligente

Plus jeunes et plus flexibles que les villes des pays développés, les métropoles africaines sont moins freinées par le poids des infrastructures existantes. Les applications concrètes se trouvent concentrées à ce jour dans une dizaine de pays sur 54 que compte le continent. Même si les villes nord-africaines (Le Caire, Tunis, Alger et Casablanca) sont en avance, de nombreuses mégapoles régionales comme Accra, Lagos, Kigali ou Nairobi sont également très performantes en termes d’attractivité économique pour les investisseurs et de croissance pour leur classe moyenne. Le Maroc et l’Egypte sont clairement inspirés de l’influence émirati dont le développement urbain est issu d’un découpage urbain hyper segmenté. L’innovation guidant les émirats, déjà représentée par l’exemple de Mazdar dans le désert.Le Maroc figure parmi les pays les plus avancés avec par exemple la métropole de Casablanca.

L’intermodalité des transports et la dématérialisation des modes de paiement est l’un des aspects clés du projet smart city porté par e-Madina au Maroc.Le Méga projet « The capital Cairo », la nouvelle capitale de l’Egypte sera conçue pour accueillir 5 millions d’habitants. Cette nouvelle ville sera constituée de plans d’eau, des centaines de km² d’espaces verts, des fermes solaires qui s’étendent sur 91 km², un quartier d’affaires et des zones ultra-sécurisées pour les administrations et les institutions. (en partenariat avec le groupe émirati Capital City Partners).L’objectif de ce méga projet serait également de désengorger Le Caire, asphyxié et paralysé par la surpopulation et les embouteillages, et de délocaliser les principaux bâtiments administratifs, sièges institutionnels et représentations diplomatiques.

DATA MANAGEMENT,

Casanearshore park smart village. source : www.e-madina.org/activites/projets/

Source : www.dailynewsegypt.comécrit par

Dr Yves Youant

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Le vocabulaire évolue aussi vite que les technologies qui en sont l’objet. On parle de Révolution Numérique/Digitale, d’Intelligence Artificielle, de Blockchain, de Big Data, d’IoT, de Smart Cities. Dans le « wording » actuel, la « Good Tech » est l’utilisation des nouvelles technologies dans une vision d’économie durable, d’amélioration sociale. L’objectif est l’usage de la technologie pour améliorer la vie des concitoyens, pour changer le monde, changer nos villes et atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD). Avec plus de 3 enfants par femme, les risques démographiques et de santé publique existent. Dans un monde dominé par la Chine et les USA en matière de Machine learning et d’informatique quantique, le challenge repose aussi sur la capacité continentale à innover d’elle-même pour elle-même. Prenons trois domaines qui doivent continuer à nous inspirer : le Transport et la mobilité urbaine, l’Energie et l’Eau et enfin le Traitement des déchets.

Le Transport et la mobilité urbaineUn des challenges pour rendre les villes intelligentes que ce soit au Caire, à Lagos ou à Abidjan. Les nouvelles technologies couplées aux pratiques collaboratives, offrent des possibilités inédites pour développer de nouveaux services.Des solutions de co-voiturage nationales apparaissent un peu partout, en Afrique du Sud avec CarTrip, au Bénin avec Vroomiste ou en Côte d’Ivoire avec DigiTrans. A Nairobi, Eparking Solutions propose une gestion intelligente des places de parking.A Cape Town, WhereIsMyTransport fournit des informations en temps réels sur les déplacements, les horaires, les incidents etc.

L’Energie et l’EauLes délestages sont fréquents. 645 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité, on oublie souvent le « last miles » quand on parle de « taux de raccordement ». C’est en Afrique Sub Saharienne que le déficit demeure. Aujourd’hui, des projets vont au-delà des compteurs intelligents. La notion de Smart Grid permet de recevoir les flux bidirectionnels d’énergie, de faire interagir les producteurs et les consommateurs, de déterminer à l’avance les besoins de la consommation et d’adapter avec flexibilité la production et la consommation d’électricité ». En Afrique du Sud, iShack fournit de l’électricité solaire aux habitants des quartiers informels. Les Kits d’alimentation par énergie solaire se multiplient aussi. Des acteurs comme BBOXX, spécialiste britannique des services solaires off-grid, lèvent des millions de dollars et se déploient avec des partenaires stratégiques comme Orange ou EDF au Sénégal, Mali, Guinée, et Côte d’Ivoire, visant 50 000 foyers africains à l’horizon 2030.En Côte d’Ivoire le gouvernement vient de mettre 40 Millions d’Euros sur la table afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 28% d’ici 10ans.Au Niger, la startup française CityTaps propose une solution pour répondre aux besoins des opérateurs d’eau comme à leurs abonnés, avec un compteur d’eau intelligent et un paiement mobile prépayé adapté.

Le Traitement des déchets et l’AssainissementL’urbanisation galopante pose également la problématique des déchets et de l’assainissement des villes. Seulement 39% de ces

GOOD TECH,des solutions face à la croissance urbaine en Afrique ?

déchets africains font l’objet d’une collecte organisée. A Abidjan, malgré les efforts de collectes récents, on préfère….l’enfouissement. Il suffit de quitter les nationales pour les retrouver dans les voies parallèles ou se repérer aux fumées. Outre l’institutionnalisation, une génération est nécessaire pour que cela devienne un geste, un comportement citoyen. C’est le cas à Dakar, où les dépôts sauvages d’ordures sont un réel problème. L’Unité de coordination de la Gestion des déchets solides (UCG) avec son application Settal 2.0 a donné la possibilité à tout citoyen de participer à cette identification des dépôts sauvages et bacs ordures avec photographie et GPS. A Kampala, en Ouganda, l’application Yo-Waste regroupe tous les acteurs de la Gestion des Déchets pour permettre aux citoyens d’être partie prenante dans cette gestion collaborative des déchets.Au Tchad, plus de sept ans de vie sont perdus à cause de la pollution atmosphérique. Thomas Münzel, professeur au centre médical de l’université allemande de Mayence, co-auteur d’une célèbre étude en 2015, estime qu’environ deux tiers des décès prématurés causés par la pollution dans le monde peuvent être attribués à l’action humaine. Une pandémie atmosphérique invisible.

ConclusionLa Formation, le changement des mentalités, la réelle implication des pouvoirs publics, la mutualisation des actions, sont des solutions. Une vision et une stratégie régionale serait un must.Pas besoin d’Eléphant blanc ni de « gros machin budgétivore », une succession de petite rivières qui ravivent nos fleuves et sont proches de nos réalités. Une motivation vertueuse pour des Green Tech africaines. Un soft power essentiel. En amont, dès le plus jeune âge et au cours de la formation des cadres africains.Good Tech africaines unissez-vous !

Francis BoussougouthFrancis est spécialiste du Management des Systèmes d’Information, expert TCO, certifié SAP Finance. Il a travaillé sur plusieurs continents (Afrique, Amérique, Europe) dans des grands groupes (AstraZeneca, Sanofi, Exxon, Safran, SAP, etc…) et est installé depuis 5 ans à Abidjan en Côte d’Ivoire.

Des transports intelligentsLe secteur des transports urbains est aujourd’hui un des éléments‐clé pour les pouvoirs publics africains. Il est considéré comme une condition préalable au développement des activités économiques sur le continent.Mais à l’heure actuelle, les réponses apportées à cette demande croissante de mobilité urbaine n’est pas satisfaite.Cependant, certains pays comme l’Éthiopie réussissent tant bien que mal à tirer leur épingle du jeu. L’Éthiopie ayant vu sa population urbaine doubler en 35 ans (passant de 8,5% de la population nationale en 1967 à 17,4% en 2012), a mis en place un réseau de tramway lui permettant aujourd’hui de transporter 600.000 personnes par jour; offrant ainsi une solution de transport rapide et abordable, qui facilite l’accès à la ville à des résidents éloignés et à des personnes précaires.En Côte d’ivoire, ce sont pas moins de 4 milliards de Fcfa dépensés par jour par les abidjanais selon la Banque Mondiale. Les enjeux sont donc très importants. Il devient alors impératif de trouver des solutions de décongestionnement basées sur le digital.

A Nairobi par exemple, Ma3Route est une plateforme de crowdsourcing des données sur le trafic urbain. Elle permet à la population de partager et d’accéder à des informations sur l’état de la circulation, les conditions routières et même les accidents.

La ville de Xi’an en Chine quant à elle, utilise un système de gestion du trafic à l’aide de caméras intelligentes Hikvision. Il s’agit d’une technologie vidéo optimisée par l’IA. Ce système analyse des données complètes et détaillées sur les mouvements du trafic et utilise les éléments de connaissance recueillis pour fluidifier le flux de circulation de trois principales manières que sont la surveillance complète des infractions au code de la route, la plateforme visuelle intégrée de commandement et de dispatching et enfin l’amélioration de la capacité de flux des véhicules grâce à un contrôle intelligent des feux tricolores.

Alexandre N’GUESSAN, Expert en IOT et Blockchain, Fondateur de Xtechcloud.

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La ville de Kigali va mettre en place un système intelligent de gestion des déchets dont la phase pilote coûtera 100 000 dollars et permettra la collecte, le transport, le traitement, le recyclage et l’élimination des déchets. La solution retenue devant fournir des poubelles intelligentes dotées d’un système de surveillance en temps réel, qui utilisera des capteurs pour alerter les collecteurs sur les niveaux de remplissage des déchets. Le système fonctionnera également avec un système d’information géographique (SIG) et des caméras, alimenté en solaire, et se concentre sur 10 marchés de la capitale. Le prochain défi sera d’étendre le système aux ménages de la ville de Kigali. La ville accueille plus de 1,6 million de personnes. Cette population pourrait doubler d’ici 2030 et seulement 36 % des citadins sont desservis par des services de collecte des déchets.En Côte d’Ivoire une startup avait tenté de fédérer les collecteurs et utilisait le troc pour fidéliser les ménages via une application. Allant de pitch en pitch au gré de concours davantage orientés sur la communication de marques Telecom, le modèle n’a pas résisté et végète depuis 5 ans. Effet classique d’absence de modèle et de crédibilité malgré un marché de 50 milliards de Francs CFA qui laissait la place à de vraies initiatives d’open innovation avec des acteurs comme Veolia ou autre qui ont misé depuis longtemps sur l’uberisation de la pré-collecte et collecte des déchets.La prévention et le traitement des déchets est une affaire sérieuse. La moitié des ODD sont concernés directement, avec des impacts majeurs sur l’environnement, la santé et les conditions de vie et de travail des populations La Banque mondiale estime que la production mondiale atteindra 3,4 milliards de tonnes en 2050, soit une augmentation de 70 % en seulement 30 ans. Dans les pays du Sud, la problématique date des années 1990, avec le changement de consommation et l’arrivée de produits importés et de plastiques à usage unique. Plus de 90 % des déchets sont encore déversés à ciel ouvert ou brûlés.

La ville de Kigali va mettre en place un système intelligent de gestion des déchets dont la phase pilote coûtera 100 000 dollars et permettra la collecte, le transport, le traitement, le recyclage et l’élimination des déchets. La solution retenue devant fournir des poubelles intelligentes dotées d’un système de surveillance en temps réel, qui utilisera des capteurs pour alerter les collecteurs sur les niveaux de remplissage des déchets. Le système fonctionnera également avec un système d’information géographique (SIG) et des caméras, alimenté en solaire, et se concentre sur 10 marchés de la capitale. Le prochain défi sera d’étendre le système aux ménages de la ville de Kigali. La ville accueille plus de 1,6 million de personnes. Cette population pourrait doubler d’ici 2030 et seulement 36 % des citadins sont desservis par des services de collecte des déchets.En Côte d’Ivoire une startup avait tenté de fédérer les collecteurs et utilisait le troc pour fidéliser les ménages via une application. Allant de pitch en pitch au gré de concours davantage orientés sur la communication de marques Telecom, le modèle n’a pas résisté et végète depuis 5 ans. Effet classique d’absence de modèle et de crédibilité malgré un marché de 50 milliards de Francs CFA qui laissait la place à de vraies initiatives d’open innovation avec des acteurs comme Veolia ou autre qui ont misé depuis longtemps sur l’uberisation de la pré-collecte et collecte des déchets.La prévention et le traitement des déchets est une affaire sérieuse. La moitié des ODD sont concernés directement, avec des impacts majeurs sur l’environnement, la santé et les conditions de vie et de travail des populations La Banque mondiale estime que la production mondiale atteindra 3,4 milliards de tonnes en 2050, soit une augmentation de 70 % en seulement 30 ans. Dans les pays du Sud, la problématique date des années 1990, avec le changement de consommation et l’arrivée de produits importés et de plastiques à usage unique. Plus de 90 % des déchets sont encore déversés à ciel ouvert ou brûlés.

VRAIES ET FAUSSESCLEAN TECH

L’ONG GRET, adopte une stratégie d’intervention globale

Cleantech,le double enjeu stratégique

Alors que les cleantech et le sujet de l’énergie revient en force, le continent profite de l’opportunité des crises climatiques et écologiques et de la démocratisation du point de bascule pour se positionner. L’Energie représente un double enjeu ; de déploiement à grande échelle et de percées technologiquesSous ses différentes formes, notre consommation énergétique génère 72% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dont 25% dédiés à la seule production d’électricité (GIEC AR5, 2014). Les coûts de l’éolien et, surtout, du photovoltaïque, ont chuté, et les installations de capacités laissent entrevoir un déploiement accéléré dans la prochaine décennie, notamment dans les régions où le mix électrique est très carboné. Les technologies progressent très rapidement (rendements photovoltaiques, flotteurs, énergies marines, hydrogène vert, batteries, grid edge etc).La maîtrise du stockage d’énergie est un défi majeur à relever afin de décarboner. L’enjeu est à la fois de gérer l’intermittence du solaire et de l’éolien, mais aussi les variations de la demande selon l’heure de la journée ou la période de l’année. La consommation énergétique des bâtiments représente 18% des émissions mondiales de GES, et 10% de la consommation d’eau potable. Les technologies permettant d’aller plus loin sur l’efficacité énergétique incluent notamment : les solutions de solutions de bâtiment intelligent, les climatiseurs bas-carbone, les ciments bas-carbone, l’acier zéro-carbone, les matériaux circulaires, les piles à combustibles, les murs et toits végétaux. Les matériaux à faible empreinte environnementale constituent donc un terrain privilégié pour les innovateurs des cleantech de la construction.

Dans le domaine de l’énergie, les projets se concentrent souvent sur l’augmentation des capacités de production électrique grâce aux énergies renouvelables : construction de la centrale solaire photovoltaïque de Santhiou-Mekhe au Sénégal, renforcement du réseau de haute tension en Afrique du Sud ou encore déploiement de compteurs communicants en Côte d’Ivoire. D’autres solutions off-grid permettent aux ménages plus éloignés des centres-villes, et même aux ruraux, de produire leur propre électricité. Avec la startup californienne OGE, EDF a ainsi développé des kits solaires capables d’alimenter des appareils domestiques basse consommation (TV, radio, ventilateur, chargeur électrique) commercialisés en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Togo. Déterminée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 28 % d’ici 2030 en produisant 16 % d’énergies renouvelables, la Côte d’Ivoire a lancé depuis 2010 une politique d’investissements estimée à 40 millions d’euros pour développer ses infrastructures smart grid.

Face à un manque d’accès à l’électricité Mahazava, une start-up Malgache a mis au point un mini-kit solaire permettant de charger de petits appareils ou d’éclairer l’équivalent de trois ampoules pendant sept heures. Elle se finance avec ses clients qui achètent des crédits pour devenir propriétaire du kit.Au Ghana, le cadastre numérique et participatif Bitland est un projet pour le moins innovant, qui fonctionne grâce à la blockchain. A Nairobi, capitale du Kenya, la municipalité a inauguré un tout nouveau système de gestion de la circulation, afin d’optimiser le trafic. Ces innovations Jugaad (concept de frugalité favorisant la créativité et la croissance dite « inversée » Sud /Nord) favorisent l’open innovation et attirent les grands groupes énergétiques comme EDF et Engie. Une filière qui fera parler d’elle.

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CYBERATTAQUES,

EIA : Le grand public découvre dans les médias de nouvelles formes de conflits et de crises ; les cyberattaques. Sont-elles aussi une réalité africaine ?

De toute évidence, la pénétration croissante d’internet en Afrique a favorisé le phénomène. Les dommages causés ne sont pas négligeables et les cyberattaques d’envergure mondiale comme Wannacry, NotPetya n’ont pas épargné le continent., La typologie des attaquants (Etats, groupes cybercriminels, individus « justiciers » ou malveillants) et des attaques (phishing, rançongiciels, DDoS, la désinformation par fakenews ou par deepfakes, la fraude au président …) est identique. Ce qui fait la spécialité du continent c’est qui est devenu « l’épicentre de la cybercriminalité» selon INTERPOL. Un paradoxe quand on sait que des gouvernements utilisent des logiciels espions sur leurs propres citoyens. Une cybercriminalité qui coûterait chaque année au continent environ 3 Milliards et demi d’euros.

EIA : Quelles sont les causes de ces attaques et quelles en sont les conséquences ?

Les attaques sont motivées par des intérêts variés. Les principales causes proviennent du manque de responsabilisation des acteurs impliqués, dans un contexte de quasi-absence ou à la fragmentation du cadre juridique face à la cybersécurité. En outre, le fait que la presse, le milieu académique, les organisations de la société civile aient accusé du retard dans la sensibilisation et l’éducation à l’hygiène numérique contribue à laisser grandes ouvertes les failles. Cette réalité a des effets immédiats. Selon une étude réalisée en 2020 par Dataprotect, 85% des établissements bancaires ont été victimes une ou plusieurs fois de cyberattaques notamment au sein de l’UEMOA et en Afrique centrale. Par ailleurs, l’utilisation des logiciels espions sur des citoyens (journalistes, défenseurs des droits, opposants politiques et même religieux) constitue des violations flagrantes des droits et libertés fondamentaux garantis par les instruments internationaux de protection des droits de l’homme en général et de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples en particulier sans oublier le coût humain des attaques pouvant cibler les infrastructures civiles essentielles notamment le secteur de la santé. Le CyberPeace Institute met l’accent sur ce coût humain dans son rapport stratégique 2021 intitulé « Nos vies en péril. Pirater la santé c’est pirater les personnes » .

EIA : Comment réduire ces risques et comment lutter contre ces nouveaux fléaux ?

Le continent doit favoriser une quête de cyberpaix. Cette notion n’a pas encore de définition consensuelle ni conventionnelle. On peut la définir comme l’absence de cyberconflits (cyberguerre, cybercriminalité, cyberterrorisme, cyberespionnage…) dans l’espace numérique. Le défi pour l’Afrique est de réussir à promouvoir une utilisation responsable du cyberespace en mettant au cœur du recours au numérique des valeurs de dignité, d’équité et de sécurité. C’est ce que nous prônons au CyberPeace Institute. Ce rôle incombe également à tous les acteurs. Si les Etats doivent travailler à la régulation de l’espace tant au niveau national que continental et développer des mécanismes de coopération judiciaire pour lutter contre ce phénomène, il revient aux organisations de la société civile de les y encourager et au secteur privé de développer une véritable culture de la cybersécurité.

Une étude du Global Infrastructure Hub, estime à 2400 milliards de dollars d’ici 2050 le besoin de financement des infrastructures en Afrique. Le déficit actuel se situe à 160 milliards $ par an. Si la Banque Africaine de Développement (BAD) estime que le manque d’infrastructure équivaut à 40 % de productivité en moins sur les Produit Intérieur Brut (PIB), ce sont près de300 millions d’habitants qui vivent à plus de 50 km d’un réseau haut débit ou du câble. (Etude 2019, (UIT) et l’UNESCO). Au moment des débats sur la 5G et de la course quantique que se livrent la Chine et les Etats Unis, un certain chao numérique profite du déficit d’infrastructures et de culture numérique, notamment dans les domaines de la protection des données. La réduction de la fracture numérique sur le continent, coûterait 100Mds USD. Mais combien coutent les guerres numériques invisibles qui se traduisent, quand elles remontent à la surface, les cyberattaques ? Nous avons posé la question à Jeannie Cointre, en charge des levées de Fonds au sein de l’Institut Cyberpeace à Genève.

une réalité africaine

Une ONG internationale basée à Genève en Suisse, qui se préoccupe et mène recherches, actions de sensibilisation, de publications, pour la justice et la paix sur Internet. Des soutiens de poids appuient la Fondation, au nombre desquels Microsoft, Visa, Mastercard, les fondations Hewlett, Bertlesmann. www.cyberpeaceinstitute.org

Bruno Halopeau, Chief Technology Officer de l’Institut rappelait récemment que 59% des pays du continent ont des réformes engagées mais non mises en œuvre intégralement. La Convention contre la Cybercriminalité (ou Convention de Budapest) n’a été ratifiée que par 19% d’entre eux. Les besoins sont forts avec une estimation de 120 milliards USD pour 2021 pour le marché global. La Fondation Mastercard, un des mécènes fondateurs de l’Institut, s’est engagée pour l’Afrique à hauteur de 200 millions USD sur cinq ans en faveur de l’éducation, la formation et la productivité sur la chaîne de valeur agricole.

Le Cyperpeace Institute

écrit par

Niamkey Kablan

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*2 - HORS SÉRIE : VILLES AFRICAINES GOOD TECH#15

Mario Pezzini est directeur du Centre de développement de l’OCDE et a publié avec l’Union Africaine en Janvier 2021 le rapport « Dynamiques du développement en Afrique 2021 : transformation digitale et qualité de l’emploi ». Un rapport qui durant 17 ans était édité sur les perspectives économiques de l’Afrique avec la Banque africaine de développement (BAD). En 2017, le directeur du Centre de développement de l’OCDE a souhaité l’orienté vers l’Union Africaine. «La BAD est une banque d’une part, et différentes nationalités non africaines sont représentées au conseil d’administration d’autre part, alors que l’UA est une institution qui rassemble des gouvernements nationaux [...]. Par ailleurs, nous avons estimé qu’il fallait choisir des experts africains pour dégager des grandes tendances par région » explique Mario Pezzini.

DÉCRYPTAGE NUMÉRIQUE ET POLITIQUES PUBLIQUES Sans data, pas de cartographie

La crise liée au COVID-19 renforce l’importance de la digitalisation et la mise en œuvre de la vision de l’Union Africaine formalisée dans l’Agenda 2063. La transformation digitale touche aujourd’hui presque tous les secteurs économiques, à commencer par la santé et les fintech avec un record mondial de 300 millions de comptes. Depuis 1995, Tactis mène des projets d’innovation auprès d’acteurs publics et privés dans le déploiement d’infrastructures numériques et le développement de « smart territoires » (inclusion numérique, participation citoyenne, ecosystème innovation, objets connectés, gestion de la donnée, smart mobilité, smart grid, sécurité).

Elle a développé avec Smart Africa, la plateforme Do4africa qui recense 150 projets proposant des solutions numériques face aux défis urbains. Des projets portés par des autorités locales ou nationales, des startups, des grandes entreprises, des PME ou parfois par la société civile. L’urbanisation informelle produit un étalement hors planification. Des quartiers poussent comme des champignons, des villes autrefois éloignées se touchent. Des quartiers souvent invisibles pour les autorités, sans données, qui ne les cotoyent qu’en période de déguerpissement. Les cadastres sont un levier. Obsolètes, et source de conflit foncier et communautaire, ils sont la porte d’entrée de la blockchain, qui garantit fiabilité et rapidité pour sécuriser ce que les agences foncières qualifient sur le terrain. La Côte d’Ivoire, accompagné par l’Union Européenne, la compris très tôt comme la startup ghanéene BenBen, qui propose une solution digitale pour la sécurité foncière.

Si le continent regorge de pépites, avec environ 600 espaces dédiés aux numériques (trop peu encore sont de vrais pôle de développement technologique) seules les KINGs et notamment l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria se classent dans le top mondial. La résilience numérique passe aussi par l’harmonisation des politiques publiques ; seuls 28 des 54 pays africains disposent d’un dispositif relatif à la protection des données personnelles et 11 pays ont adopté des lois concernant la sécurité numérique.Globalement, les emplois directs des télécommunications et des 20 startups à plus forte croissance représentent 300 000 personnes. « A lui seul, le secteur numérique ne parviendra manifestement pas à offrir une formation et des emplois aux 29 millions de jeunes par an qui fêteront leur 16e anniversaire d’ici 2030 », conclut l’étude.Les disparités régionales sont notoires.Si l’Afrique du Sud est le pays le plus digitalisé du continent, en Angola, au Malawi, au Mozambique, en Zambie et au Zimbabwe, « la transformation digitale n’en est qu’à ses balbutiements avec seulement 25 % de la population ayant accès à Internet ». Seulement 22.6 % des habitants d’Afrique australe peuvent d’offrir des données en prépayé.En Afrique Centrale, moins de 48 % de la population a accès à l’électricité et le taux d’abonnement à la téléphonie mobile (66.9 %) est inférieur à la moyenne africaine.L’Afrique de l’Est concentre les levées de fonds (environ 1,2 milliard de dollars par an) avec des usages très pratiques dans l’éducation, l’agriculture, les services financiers, la santé.

Le nord de l’Afrique est en avance avec 67 % d’accès au téléphone mobile et 48.3 % à Internet » confirme le rapport. L’Afrique de l’Ouest où les moins de 24 ans représentent 65 % de la population, dispose d’un écosystème qui emploie « 200 000 personnes et 800 000 de manière informelle [...] et a contribué à hauteur de 3.5 % au produit intérieur brut (PIB) -auxquels- s’ajoutent 600 000 emplois indirects ». Absence de stratégie commune.L’harmonisation d’une stratégie numérique continentale s’impose. « La plupart des stratégies nationales visent à transformer un pays en « centre numérique régional (...) Les organismes de réglementation nationaux ne peuvent pas gérer isolément les problèmes liés à la technologie » conclu le rapport.Les conclusions formulent quatre recommandations aux pouvoirs publics :- assurer la diffusion des innovations numériques en dehors des grandes villes. Seulement 35 % des villes intermédiaires sont connectées à des réseaux de fibre optique terrestres alors que 73 % des Africains vivront dans des villes intermédiaires et rurales d’ici 2040. - Investir dans le développement des compétences locales et offrir une protection sociale aux iWorkers du secteur informel. - Eliminer les obstacles qui freinent les petites entreprises (les seules villes de Cape Town, Lagos, Johannesburg, Nairobi et Le Caire concentrent la moitié des startups les plus dynamiques d’Afrique)- Actualiser et harmoniser les réglementations aux niveaux régional et continental.

Source Tactis

écrit par

Dr Yves Youant

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Marc Wabi est le Directeur Région Afrique de l’Ouest Deloitte, Expert-Comptable, il met depuis près de 25 ans, sa riche expérience au service des économies ivoiriennes et africaines et du développement continental. A l’occasion de la 9ème édition des TMT Prédictions, nous avons réalisé cet Interview à Abidjan au sein du nouveau siège à Cocody.

EiA : Vous avez récemment présenté les 7 tendances des usages numériques dans différents secteurs, quelles sont ces tendances ?

Concernant la Côte d’Ivoire et plus largement l’Afrique, il s’agit de (1) l’accélération du cloud, (2) des risques de santé liés à la 5G, (3) l’Open Radio Access Network (RAN), (4) la monétisation du sport féminin, (5) de la réalité virtuelle, (6) de la Télémédecine et de (7) de la Data et du Sport. Dans le contexte actuel de la covid-19, les consultations médicales à distances ont explosées. L’on prédit qu’en 2021, le nombre de visites médicales virtuelles sera multiplié par 5. La télémédecine constitue donc un formidable outil d’amélioration et d’accessibilité de l’offre de santé. Ainsi, tout en améliorant la couverture médicale des zones géographiques les plus éloignées, la télémédecine permet de développer la formation et l’apprentissage à distance des agents de santé. La tendance relative au cloud est un challenge pour les entreprises privées installées en Afrique, mais davantage pour les gouvernements dans le cadre de sécurisation et la conservation des informations publiques. Les Etats devront-ils se doter de data center propres ou s’associer entre eux ou déléguer la gestion et la conservation des données publiques à des tiers ? Des problématiques que nos Etats devront résoudre en urgence.

EiA 2 : Durant la conférence on a insisté beaucoup sur l’authentification et la sécurisation des données. Un sujet clé dans l’accélération forte de l’urbanisation. Comment le continent s’y prépare quand on voit le nombre récurrent de cyberattaques et les nombreux abus sur Internet ? La pandémie de la COVID19 a permis de rappeler l’importance de la dématérialisation des services, de l’authentification et de la conservation des données à travers le cloud par exemple. Une accélération qui permettra de favoriser les échanges entre l’administration et les populations, d’accélérer la modernisation des procédures publiques, de garantir la qualité de collecte, de stockage, d’analyse et de protection des données. Sur ce dernier point, les initiatives en matière de cyberdéfense ne sont pas très développées au niveau du continent. Les Etats Africains doivent se doter d’organes de gouvernance et de management de la sécurité des systèmes d’information. Certains pays ont pris de l’avance en créant des agences nationales de sécurité des systèmes d’information en vue d’adresser, de façon autonome, les problématiques de cyberdéfense EiA 3 : Le leadership digital, et notamment celui des Etats, semble désorganisé et très dépendant des grandes puissances du Nord, comment les Etats s’y préparent ? Ont-ils conscience du chaos numérique existant et des menaces que cela représente ?

Nos Etats ont bien compris que le numérique pourrait permettre à l’Afrique de se repositionner au niveau mondial mais aussi de contribuer aux développement des économies du continent. En effet, on note, au niveau du continent, l’élaboration de politique nationale numérique incluant toutes les actions pour permettre de réussir le passage à l’ère digitale dans la majorité des Etats. Il y a donc une volonté politique clairement affichée d’embrasser le digital. Cependant, il existe encore de nombreuses difficultés dans le financement des projets et dans la mise en œuvre de ceux-ci. Nous accompagnons donc les Etats à définir et à mettre en œuvre leur stratégie nationale numérique.

VILLES AFRICAINES CONNECTÉESNous avons interrogé deux spécialistes du marché numérique africain sur les enjeux et les risques en présence sur le continent à l’occasion de leur dernières publications.

Avec pour thème, « Covid-19, l’accélérateur de transformation », les TMT Prédictions du cabinet Deloitte donnent tous les ans un aperçu des principales tendances du secteur des technologies. Deloitte Côte d’Ivoire aide les organisations privées et publiques, multinationales et panafricaines, à relever le défi de la croissance et de leur transformation digitale et à gagner dans un monde qui change. Pour chacune des tendances révélées par l’étude mondiale, les experts de Deloitte Côte d’Ivoire, de concert avec ceux du Ministère de la Modernisation de l’Administration et de l’Innovation du Service Public., ont mis en lumière les décisions déjà prises ou les recommandations de projets à initier, pour aligner la Côte d’Ivoire, et profiter pleinement des importantes évolutions technologiques que le monde connaît. Sept (7) des tendances les plus représentatives de l’évolution des usages numérique en Côte d’Ivoire et en Afrique ont été présentées. Ainsi, pour permettre à la Côte d’Ivoire d’adopter toutes ces évolutions technologiques, le secteur public ivoirien doit « évoluer au même rythme, sinon devancer le secteur privé dans l’appropriation des nouvelles technologies pour la modernisation de l’administration, l’amélioration du service public et le confort du citoyen. » a indiqué Monsieur Marc Wabi, Managing Partner de Deloitte Côte d’Ivoire.

Le Ministre Roger ADOM a relevé que le numérique représente 8% du Produit intérieur brut (PIB) de la Côte d’Ivoire, qui est le second pays après le Kenya, à utiliser le plus le mobile money sous ses différentes déclinaisons. Le ministre a cependant reconnu que la Côte d’Ivoire est confrontée à de nombreux défis dans le domaine du numérique, notamment la réduction de la fracture numérique et de la fracture territoriale, le renforcement de la sécurité et de la cyber sécurité, la protection de la vie privée et des données personnelles, le renforcement des capacités en TMT et la digitalisation et la collecte, le stockage, le traitement et le protection des données.

La mise en œuvre d’un cadre stratégique de la modernisation de l’État et en concertation avec d’autres ministères et institutions est une solution, comme l’avait mis en place en direct avec le Président, l’Agence numérique en charge de la réforme et du développement d’une stratégie intégrée au Bénin.

La filiale du leader mondial des services professionnels s’est installé début Février à Cocody sur plus de 1 600 m2, dans l’immeuble Ivoire Trade Center (ITC), un ensemble immobilier moderne conçu par PFO Immobilier, à proximité du Sofitel Hôtel Ivoire. Un changement d’adresse qui traduit l’engagement du Cabinet d’aller de l’avant et investir plusieurs milliards de FCFA en période de crise sanitaire et mettre à la disposition de ses 170 collaborateurs un cadre de travail moderne et innovant. Les nouveaux locaux de la firme intègrent également un espace de plus de 150 m2 doté des dernières technologies audiovisuelles dédié à l’innovation et à la co-création de projets. La GreenHouse de Deloitte Côte d’Ivoire permettra ainsi à ses clients, prospects et partenaires de développer notamment leurs plans stratégiques, leurs projets de digitalisation et leurs nouveaux produits ou services

TMT Prédictions 2021

Deloitte Côte d’Ivoire déménage à Cocody.

écrit par

Franck Berthod

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LES SMART CITY ET LES NOUVEAUX ENJEUX DES OBJETS CONNECTÉS EN AFRIQUE

Les objets connectés touchent déjà des secteurs stratégiques en Afrique, comme la santé, l’agriculture, la logistique ou même le secteur minier. Plusieurs cas d’usage font déjà leur preuve. Les Smart city sont aussi un cas d’usage intéressant dans un contexte où l’urbanisation de masse se poursuit à travers l’Afrique. La mise en place de l’infrastructure fondamentale nécessaire à la construction de villes intelligentes n’a jamais été aussi importante et pertinente à la fois. L’Afrique est unique dans le sens où elle dispose de la possibilité de construire des « villes intelligentes », de nouvelles infrastructures, sans pour autant souffrir des contraintes d’une urbanisation trop développée, dont les coûts de mise à niveau seraient bien trop élevés. Des villes intelligentes émergent déjà à travers le continent. Des pôles technologiques tels que Hope City au Ghana, des zones d’affaires et résidentielles, comme la ville de Waterfall à Johannesburg, Eko Atlantic à Lagos et Konza City au Kenya font déjà leurs preuves.

Les dépenses consacrées aux technologies des villes intelligentes devraient atteindre 1 milliard de dollars sur le continent en 2021 (source : IDC). Les investissements se concentreront principalement dans l’administration publique intelligente, le transport intelligent, l’agriculture et la santé intelligentes. Au Rwanda, les autorités prévoient de déployer un réseau d’internet des objets (Internet of Things d’où l’acronyme d’IoT) à l’échelle de la ville de Kigali pour améliorer l’accès à une eau potable et sûre, pour adopter des méthodes de culture plus rentables et moins coûteuses ou encore pour apporter une aide humanitaire dans les zones dévastées par des catastrophes naturelles. Un réseau étendu dédié à l’IoT a été conçu et déployé pour prendre en charge des millions d’appareils dans la ville. Un bus intelligent équipé d’Internet par satellite permet, par exemple, une connectivité omniprésente pour les communautés éloignées et l’acquisition de données en temps réel auprès des communautés qu’il dessert. De même, une initiative d’agriculture de précision, destinée à augmenter le rendement des cultures et à mieux gérer les ressources en eau a été lancée.Les économies africaines les plus dynamiques disposent d’ores et déjà d’un écosystème de startups et centres de recherches créant un terreau favorable au développement de solutions innovantes autours de l’IoT. Localement, au plus près des enjeux quotidiens de l’Afrique et de sa population, ce tissu d’acteurs tend à répondre aux enjeux technologiques africains et à favoriser la contextualisation des usages. Parmi les initiatives locales dédiées à l’innovation, on compte aussi les FabLab. Il s’agit de la de la contraction de Fabrication Laboratory, laboratoire de fabrication en français, est un lieu ouvert au public mettant à la disposition de ce dernier un arsenal de machines et d’outils utilisés pour la conception et la réalisation d’objets de toutes sortes.

Les Fab Labs se fixent des objectifs éducationnels, avec une volonté de partage des connaissances, d’ouverture et d’innovation, et qui visent à répondre aux besoins locaux avec des solutions simples et adaptées (WoeLab au Togo, BabyLab en Côte d’Ivoire, BloLab au Bénin…). A titre d’exemple, BloLab a pour objectif de favoriser l’alphabétisation numérique des jeunes et des professionnels locaux. Cet espace de démocratisation technologique réunit une communauté diversifiée (développeurs, agriculteurs, artisans…) afin de les aider à développer des solutions peu coûteuses adaptées aux besoins locaux. Ce FabLab a également permis le développement d’une application de dénonciation des cas de violences fondées sur le genre. Au-delà des fablabs, les grands acteurs du marché contribuent à l’innovation à travers la mise en place de centres de recherche dédiés. Google a créé son 1er centre de R&D en intelligence artificielle au Ghana, ciblant des recherches axées sur les domaines de l’agriculture, de la santé et de l’éducation. IBM a également ouvert un centre de recherche en Afrique du Sud spécialisé dans l’IoT et les écosystèmes numériques, ayant pour but de développer des solutions numériques adaptées aux spécificités africaines, principalement en matière de santé, transport, énergie et urbanisme. Ces investissements internationaux, qui constituent certes un réel catalyseur de l’innovation en Afrique (financier, technologique et scientifique), posent néanmoins la question de la captation de la valeur locale créée sur place, au détriment des pays hôtes.

Jean-Michel Huet, associé BearingPoint et auteur d’Afrique et Numérique (Pearson, février 2021), président de la commission digitale du CIAN.

Depuis de nombreuses années, plusieurs dynamiques sont à l’œuvre pour accroître le poids et le rôle du digital en Afrique. Data, internet des objets, progrès du digital dans l’agriculture, succès des start-up africaines… Tous ces sujets illustrent en fait l’existence de trois catalyseurs qui accélèrent la digitalisation de l’Afrique et permettent l’essor numérique que connaît actuellement le continent :

• La technologie d’abord au travers de la blockchain, du rôle des données et du déploiement de l’Internet des objets,• Ensuite, les acteurs eux-mêmes, qu’ils soient bailleurs de fonds, institutions publiques, entreprises et start-up … qui sont des « facilitateurs »,• Enfin, l’usage qui est fait de ces technologie dans la vie quotidienne. Il est à noter que l’apport du digital est particulièrement remarquable dans les secteurs de l’agriculture et de l’énergie africains.

Jean-Michel Huet est associé au sein du cabinet BearingPoint. Il accompagne depuis plus de 20 ans, les opérateurs télécoms et utilities, médias, gouvernements et institutions internationales dans leur stratégie de développement. Il intervient notamment dans la transformation digitale des organisations. Il dirige les activités « Africa & International Development » (A&ID) de BearingPoint. Par ailleurs, il préside la commission digitale du CIAN. Jean-Michel est diplômé de Sciences-Po Paris et de Neoma Business School

Jean-Michel Huet remarque « Nous analysons à chaque fois l’impact des technologies décrites en montrant comment elles permettent de nouveaux usages. Dans le domaine de la santé justement, face à la pandémie actuelle, le digital apparaît comme un moyen de contourner certaines difficultés.».

Afriqueet numérique

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La ville africaine peut être symptomatique des caractéristiques des économies des pays africains. En effet, elle fait face aux mêmes défis et aux mêmes problématiques environnementales, sociétales, culturelles et économiques qui se retrouvent à des points de vue plus globaux. Ainsi, il devient impératif d’apporter des réflexions, et des solutions pour définir des visions et des axes stratégiques pour les années à venir. Plus que jamais la construction et la définition de la ville de demain deviennent des enjeux de développement pour les états et les économies en Afrique.

Intelligence territoriale et Ville africaineSelon les prévisions actuelles, l’Afrique s’urbanise beaucoup plus vite que n’importe quelle autre partie de la planète. De plus, 80% de l’augmentation démographique se produira dans les villes. Cette concentration urbaine actuelle et à venir demande une profonde refondation des paradigmes organisationnels pour répondre aux besoins d’infrastructures, de services, d’emplois et de logistique. Penser la ville africaine de demain, est une opportunité unique de redéfinir le concept même de ville pour l’intégrer à l’échelle des territoires. Avant de penser la ville, il faut penser les territoires en termes d’organisation et de synergie entre toutes les parties prenantes politiques, administratives, financières et économiques. La ville doit s’intégrer dans un ensemble cohérent avec une finalité économique et sociale.

Appropriation et adaptation des conceptsOn remarque des idéologies différentes pour définir le concept de ville de demain. Un premier concept où la technologie devient le cœur du développement des villes, et un deuxième concept où le développement durable vient au service de la ville. Ces concepts sont des vecteurs de soft power de la part des états et de leurs entreprises qui interviennent, qui influenceront à la fois les économies, les dépendances mais également les modes de vie en Afrique. Il y a une réflexion à mener aujourd’hui de la part des états africains qui devront discerner en fonction de leurs réalités sociétales et économiques. Il leur faudrait de pas être de simples consommateurs des technologies et innovations proposées. Les états africains doivent s’approprier les fondamentaux et développer leur propre vision du concept de ville. Si le continent connait une urbanisation galopante, il est primordial que la ville africaine soit un outil de développement propre à l’Afrique. Il est grand temps d’apporter des solutions pertinentes locales à la fois novatrices et sur-mesure. Aujourd’hui, le continent africain doit être attentif et nouer des partenariats avec les états et les entreprises qui répondent à leurs besoins et réalités pour repenser la ville. C’est la vision puis les objectifs stratégiques propres aux états qui devront déterminer les axes de développement des villes du continent.

Financement de la ville africaineOn ne peut pas penser la ville africaine sans apporter des solutions économiques et financières. Le financement de la ville africaine de demain fait partie des priorités pour les états africains. Si la ville est pensée comme étant intégrée dans les territoires, tous les acteurs devraient jouer un rôle dans la conception, mais aussi dans le financement du développement des villes africaines. Aujourd’hui, il devient urgent de favoriser les partenariats état- secteur privés pour financer ces projets locaux et territoriaux de la ville africaine. Encore une fois, il faut faire coïncider les réalités économiques locales avec les ressources locales. En ce qui concerne le financement extérieur, il faut également qu’il soit judicieux et porté sur des projets dont la rentabilité et la profitabilité soient bien entendu établies mais également que ces projets soient porteurs de solutions frugales adaptées aux besoins réels des écosystèmes qui en bénéficieront ; Chaque territoire a ses particularités économiques et démographiques et la ville africaine intégrée dans des territoires se développera si les investissements sont ciblés et les coûts maitrisés.

Captation et monétisation de la dataA l’échelle des états, il est clairement établi que la construction de la ville africaine intégrée devra s’appuyer sur les ressources locales existantes ; La première étape logique pour bâtir la ville intégrée passe nécessairement par la valorisation et la capitalisation de ses ressources. La donnée africaine bien qu’existante est éparse et fragmentée. Plusieurs exemples à travers le monde ont montré que la monétisation de la donnée est un excellent moyen d’auto-financement des projets d’infrastructures. L’enjeu pour les pays africains au niveau des investissements futurs, pourrait se situer sur la capacité à capter, stocker et monétiser la donnée ; Ce schéma d’auto-financement dans la construction de la ville intégrée impliquerait des partenariats investisseurs-états-spécialistes de la monétisation de la data pour des investissements plus efficaces et plus sécurisés.

LA VILLE AFRICAINE EN CONSTRUCTION

Le 30 Novembre 2020, Nokia a annoncé avoir été sélectionné par Togocom à travers un accord de 3 ans pour déployer la 5G au Togo. Nécessaire pour les uns, décriée par les autres, la 5G est au cœur des débats et de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. En choisissant Nokia, le Togo a fait le choix de la protection de sa souveraineté numérique. Il devrait cependant veiller à ce que des ingénieurs étrangers interviennent peu sur certains pans sensibles du réseau. L’Etat pourrait pousser sa vigilance en désignant au sein de l’ANCy des auditeurs qui examineront les infrastructures de l’équipementier étranger pour une meilleure sécurité des réseaux.

Sur la question de la fracture numérique

Elle n’est pas critique au Togo dans la mesure où le déploiement de cette technologie va être progressif et finir par profiter à terme à l’ensemble du territoire national. Certes tous les Togolais n’auront pas les moyens de se procurer des Smartphones ou des objets compatibles à la 5G mais la 3G et la 4G restent opérationnelles et Nokia s’est engagé à les améliorer. De surcroît, la 5G devra être prépondérante dans les usages professionnels.

Sur les questions eco-environnementales

Si les risques environnementaux et écologiques sont importants ils ne sont pas apocalyptiques. Le Togo ne fait pas partie des grands pollueurs de la planète. Certes, il a ratifié l’accord de Paris sur le climat le 27 Juin 2017 mais les engagements pris dans cet accord ne l’obligent pas plus que les grands pollueurs (la Chine, l’Union Européenne, le Qatar etc.) qui ont signé cet accord et qui sont résolument engagés dans la course pour la 5G.

Sur les risques sanitaires

Certes, aucune étude ne dément les risques épidémiologiques de la 5G mais aucune ne le démontre non plus. Si l’Etat se donne les moyens de moderniser les hôpitaux avec des matériaux de dernière génération, la population pourra avoir accès à des médecins pratiquant de la télé-chirurgie. Le risque zéro étant par principe inexistant, ne pas oser le risque de déployer cette technologie est un risque encore plus grand.Retrouver l’article complet de KOUMAKO Yao Justinsur https://cio-mag.com/la-5g-au-togo-desastre-ou-opportunite/

L’Ecole de Guerre Economique (EGE) est aujourd’hui la formation de référence en intelligence économique en France. La réussite de cette communauté passe par le développement de ses clubs. Le club Afrique est le lieu de rencontre des étudiants de l’EGE et du réseau AEGE pour une appropriation pragmatique de l’Intelligence Economique sur le continent. Valérie Houphouet-Boignyen est la responsable. Un de ses credo : l’intelligence économique africaine. Un de ses modèles d’inspiration ; la Corée du Sud. Pour elle, le déficit structurel de formation à cette discipline, n’empêche pas l’existence de stratégies de puissance. A titre d’exemple, l’Ethiopie et ses axes stratégiques dans la guerre de l’eau.

Quand la 5 G s’invite dans les villes africaines : le cas du Lomé

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EiA : Vous présidez Phoenix H20, une entreprise innovante qui met à disposition des technologies éprouvées dans le secteur de l’eau. Quels sont vos domaines d’intervention ?

Depuis plus de 5 ans, nous proposons des solutions écologiques et pérennes aux états et aux industries afin de fournir au plus grand nombre de l’eau potable.Nous travaillons aussi à la protection des mers et des océans et avons créé des filtres pour nanoparticules plastiques à insérer dans les laves linge afin d’éradiquer la propagation des particules de plastique. Les nano particules représentent environ 30 % de la pollution des plastiques en mer. EiA : Vous avez très tôt avancé en terre africaine, sur des sujets relatifs à la gestion des villes et au désenclavement des villages manquant d’eau potable ou d’irrigation pour les cultures. Quels sont vos retours d’expérience ? Depuis sa création, nous prenons en compte toutes les sollicitations que ce soit pour de petites unités ou pour des gros volumes. Notre philosophie est de ne jamais abandonner personne. L’accès à l’eau potable pour tous est pour nous une priorité. Il est vrai que depuis nos débuts, le continent compte parmi nos premières expériences, en Afrique de l’Ouest et en Afrique Australe.En ce qui concerne les villages, les écoles, les hôpitaux et les dispensaires, nous disposons d’unités mobiles de potabilisation qui sont installées sur des petits camions ((PHOENIX TRUKS) et effectuent des circuits courts afin d’alimenter au mieux un plus grand nombre. C’est parfois un paradoxe. La mise en place de nos unités nécessite l’aval des autorités locales, il est difficile d’accéder aux décideurs, même si les besoins sont vitaux et réels. EiA : A l’occasion de la Semaine de l’Océan organisée récemment à Monaco, vous avez annoncé une Unité innovante «2OMEGA « qui permet la désalinisation des eaux salées sans rejet de déchet, notamment, de sel. Un nouveau marché ? Avec plus de 2.1 Milliards d’êtres humains qui non pas accès à l’eau potable, les besoins sont infinis et notre marché en plein essor. Plus qu’un marché, c’est une nécessité écologique, souvent méconnue du grand public. La plupart des dispositifs de désalinisation polluent. Un autre paradoxe, l’incidence de la désalinisation par osmose inverse dans les écosystèmes engendre la disparition de nombreuses espèces de la faune et la flore marine, en rejetant du sel en forte concentration. Nous avons développé une réponse. Nos unités potabilisent sans créer de dommages collatéraux. Une bonne nouvelle aussi pour les aspects budgétaires car les coûts de production sont inférieurs à ceux des unités d’osmose inverse classiques. EiA : Vous évoluez dans la chaîne des valeurs, avec de nouvelles innovations, et de nouvelles cibles, notamment les Zones Economiques Spéciales. Quelle est votre vision ESG et vos Next step ? Nous sommes en mouvement en permanence. L’agilité de nos solutions s’applique à notre développement. Nos technologies sont destinées à améliorer la vie des populations, nous sommes à l’écoute de tous nouveaux projets avec des réponses pour les zones « concentrées » ou « déconcentrées ». Concernant Nos unités 2OMEGA, nous avons plusieurs projets en cours sur le continent Africain, afin de fournir des villes en pénurie d’eau ou avec un réseau dysfonctionnel. Nous montons en puissance sur les sujets d’infrastructures également en nous donnant les moyens.Notre dernier projet nécessite la fourniture de plus de 100 000 M3 d’eau potable par 24H. Notre fond d’investissement ayant donné son accord, les prochaines étapes concernent le choix d’un pays et d’un site pour l’installation de l’unité et le lancement de la production sur le continent africain.

ZOOM SUR L’INNOVATION DANS LE TRAITEMENT DES EAUX.

PHOENIX H2O

Des filtres à Nanoparticules, la dernière innovation.

Deux milliards d’êtres humains n’ont toujours pas un accès sécurisé à l’eau potable. Le manque d’eau et sa pollution, tue chaque année près de trois millions de personnes. PHOENIX H2O commercialise des solutions issues de la recherche pour l’armée américaine à travers le monde. C’est notamment le cas avec le traitement des eaux saumâtres pour fournir de l’eau potable. En Afrique, la société propose des solutions intégrales et écologiques, de la fabrication d’unités de potabilisation en passant par le financement, la maintenance et la mise en service. Les unités sont transportables et autonomes en énergie (Panneaux solaires, éoliennes) ou s’installent.Plus récemment, la société a développé les unités 2OMEGA, pour que la potabilisation et le déssalement des eaux de mer et océans, ne rejette aucun déchet (les déchets salins sont reconditionnés pour diverses industries). Contacts : [email protected].

La mauvaise nouvelle, c’est que vous mangez des poissons et fruits de mer avec le plastique qu’ils ont eux-mêmes ingéré. Des chercheurs de l’université de Tokyo révèlent la présence de microplastiques dans plus de 80% des animaux marins prélevés.Le plastique provient des sacs et bouteilles jetables mais également des vêtements lavés par des microfibres de plastiques qui finissent dans les eaux usées. Top petites pour être filtrées.On estime que pour une consommation moyenne en Europe, chaque personne ingère jusqu’à 11000 morceaux de microplastiques par an .

Phoenix H2O et NANOCAPTIS ont mis au point des filtres à nanoparticules à intégrer dans la fabrication des laves linge. Une innovation en cours de lancement, qui a été présentée à Monaco par les ingénieurs et chercheurs qui l’ont conçue ; George Cancelmo( Phoenix h2o) , Paul Chambers (NSRDEC), Brenna Eckert et Rick Auclair.

Phoenix H2o est une société créée en 2016 par deux amis d’enfance et passionnés d’écologie,George Cancelmo, Ingénieur de formation, et Martine Riez qui la préside. L’entreprise propose des technologies « green » utiles à destination des populations. La dernière innovation a été présentée durant la Semaine de l’Océan à Monaco, une solution de désalinisation propre qui protège les mers et les océans. Entretien avec la Présidente de Phoenix H2O.

nanocaptis 3

écrit par

Patricia Cressot