Embed Size (px)
Citation preview
Hôtel deRochechouart
En classe, le travail des petitsHenry Jules Jean Geoffroy (1853 –1924)Huile sur toile, 1889
1
Hôtel deRochechouartministère de l’Éducation nationale
Bienvenue au ministère de l’Éducation nationale
Bâti entre 1776 et 1778, au cœur du Faubourg Saint-Germain, l’hôtel de Rochechouart est le siège du ministère chargé de l’Éducation depuis 1829, moins d’un an après sa création. Depuis près de deux siècles, les lieux où vous vous trouvez ont donc été le théâtre des discussions et des décisions qui ont permis de bâtir, pierre après pierre, l’école de la République et de donner au système éducatif français la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.
Ces lieux portent d’ailleurs la marque et le souvenir de cette histoire. Au cours de la visite, vous parcourrez en effet le salon Jules Ferry, ainsi nommé en l’honneur du père de l’école républicaine, le salon Julie Daubié, qui rappelle la mémoire de la première femme bachelière en 1861, et encore, dans le grand escalier du cabinet, la galerie des portraits de tous les ministres en charge de l’Éducation qui se sont succédé depuis 1828. Au premier étage, le tableau, En classe, le travail des petits d’Henry Jules Jean Geoffroy évoque quant à lui les débuts de l’école gratuite, laïque et obligatoire.
Demeure aristocratique avant de devenir le siège du ministère de l’Éducation, l’hôtel de Rochechouart a connu, depuis le XIXe siècle, des agrandissements et des aménagements successifs qui lui ont donné ses dimensions actuelles avant qu’une dernière restauration, en 2002, ne rende aux façades et aux salons leur aspect d’origine.
Bonne visite à tous !
Luc ChatelMinistre de l’Éducation nationale Porte-parole du Gouvernement
2
L’Hôtel de RochechouartAu début du XVIIIe siècle, le Pré-aux-Clercs, futur Faubourg Saint-Germain, est
un quartier champêtre de la capitale, occupé par des jardins, des vignes et des vergers. Il est réputé pour l’air non vicié que l’on y respire. Peu à peu, la noblesse y fait construire des hôtels particuliers : on en compte vingt en 1720 et plus de deux cents en 1750. Les demeures aristocratiques bordent les rues de Grenelle, de l’Université, de Varenne, et la rue Saint-Dominique. Ce mouvement d’urbanisation tient à deux raisons essentielles : le quartier offre l’espace pour bâtir des palais « à l’italienne », clairs, aérés et disposant de vastes jardins attenants, tout en restant à portée des Tuileries et du Louvre, siège du pouvoir, grâce à la construction du Pont Royal. Le Faubourg Saint-Germain est né. Sa vie mondaine inspirera les plus grands romanciers français comme Stendhal, Balzac et Proust.
Gra
vure
, ver
s 17
79-1
789.
BnF
, est
., VA
273
c F
ol.
3
Hôtel deRochechouartministère de l’Éducation nationale
En 1776, la marquise de Courteilles acquiert une parcelle de terrain rue de Grenelle, afin d’y faire construire un hôtel pour sa fille Madeleine Mélanie, épouse du futur comte Aimery Louis Roger de Rochechouart. L’union des deux familles est emblématique d’une époque où la noblesse de robe s’allie à la noblesse d’épée : une famille de « haute finance » – le marquis de Courteilles était très proche de Machault d’Arnouville, contrôleur des Finances sous Louis XV – s’unit avec une des maisons les plus anciennes du royaume.
La construction de l’hôtel est confiée à Mathurin Cherpitel, architecte du roi. Elle prend fin en 1778. Un passage pavé et planté d’arbres conduisait alors à la cour d’honneur. De part et d’autre de l’accès s’élevaient deux pavillons incurvés contenant, l’un l’écurie, l’autre les cuisines.
Membre de l’Assemblée des notables, le comte de Rochechouart est élu député de la noblesse de Paris aux états généraux. Noble libéral, il fait partie du groupe des quarante-sept qui se rallie dès le 25 juin 1789 au tiers, permettant la transformation des états généraux en Assemblée Constituante.
Profondément affecté par la mort de sa fille aînée en 1790 et par le cours des événements révolutionnaires, il meurt le 6 juillet 1791, quelques jours après l’arrestation du roi à Varennes.
La comtesse de Rochechouart vend l’hôtel en 1804 à Charles François Augereau, duc de Castiglione, le seul Parisien d’origine parmi les maréchaux de l’Empire. Farouchement jacobin pendant la Révolution, Augereau, dont la jeunesse fut tumultueuse, est né dans un milieu déshérité : son père est domestique et sa mère « fruitière » dans le très pauvre et remuant Faubourg Saint- Marceau. Il s’est rallié à Bonaparte et couvert de gloire lors de la campagne d’Italie. Pendant la bataille du pont de Lodi, le 10 mai 1796, le mouvement tournant de ses troupes contribue à la victoire. Mais c’est à Castiglione, le 5 août 1796, qu’il rend le service le plus éclatant en renversant le sort de la bataille. Il est aussi présent, le 15 novembre, à Arcole, où il s’élance sur le pont à la tête de ses troupes. Favorable aux Bourbons à la première Restauration, il est nommé pair de France par Louis XVIII. Il est écarté du pouvoir après 1815.
4
Locataire de l’hôtel à partir de 1820, quatre ans après la mort du maréchal, le ministère de l’Intérieur de Louis XVIII y installe la direction de l’Instruction publique dont le ministre, le comte de Siméon, a la responsabilité. À la fin du règne de Charles X, la veuve d’Augereau, devenue comtesse de Sainte- Aldegonde, cède l’hôtel en 1829 au ministère de l’Instruction publique, qui vient d’être créé. À partir de 1829 et de manière ininterrompue, l’hôtel de Rochechouart devient le siège du ministère en charge de l’Éducation.
L’Administration des Cultes a souvent été rattachée à l’Instruction publique, au début de la Monarchie de Juillet, sous la IIe République et le second Empire puis de façon discontinue entre 1870 et 1896. Le rattachement de l’administration des Beaux-Arts, en revanche, a été beaucoup plus stable et durable : inauguré par le ministre Jules Simon dans le gouvernement provisoire formé le 4 septembre 1870, il perdure jusqu’à la création, en 1959, du ministère des Affaires culturelles sous la Ve République.
Entre 1838 et 1892, plusieurs surélévations, constructions et acquisitions permettent l’extension des locaux du ministère : construction de la salle du conseil royal et aménagement de la bibliothèque et de salles de commissions par l’architecte Gisors, acquisition des immeubles des 54 et 56 rue de Bellechasse, achat des 108, 112, 114 et 118 rue de Grenelle.
Le ministère de l’Instruction publique en 1856, porte cochère sur la rue.
Gra
vure
, 185
6. B
nF, e
st.,
VA 2
73 b
Fol
.
5
Hôtel deRochechouartministère de l’Éducation nationale
En 1912, l’architecte Gagné procède à la surélévation du bâtiment de la rue de Grenelle et à la construction de l’aile de la rue de Bellechasse. Un bâtiment de style moderne, œuvre de Lemaresquier, prolonge le précédent dans la rue de Bellechasse en 1935. Le grand escalier du cabinet du ministre et le bâtiment en retour sur la cour d’honneur à gauche ont été édifiés en 1956 par Aublet. Effectuées en 2002, les dernières restaurations ont permis de redonner aux façades et aux salons leur disposition d’origine.
Les façades sur cour, le jardin, d’une superficie de 1 300 m², le Grand salon doré qui est actuellement le bureau du ministre, le salon Julie Daubié et le petit bureau de Guy de Maupassant ont été classés monuments historiques en 1937 ; l’ensemble de l’hôtel de Rochechouart a été classé en 1993.
Parmi les « hôtes » célèbres de l’hôtel de Rochechouart, on compte, en effet, Guy de Maupassant, nommé en 1878 attaché au cabinet du ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts, où il est chargé de la correspondance du ministre.
On ne saurait quitter l’hôtel de Rochechouart sans évoquer la grande figure de Jules Ferry. Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts à trois reprises de 1879 à 1883, Jules Ferry est le promoteur de réformes fondamentales, avec la gratuité de l’enseignement primaire (16 juin 1881), la laïcité et l’obligation d’instruction primaire jusqu’à l’âge de treize ans (28 mars 1882), et la création de l’enseignement secondaire féminin (21 décembre 1880).
C’est à l’hôtel de Rochechouart, élégante demeure aristocratique du XVIIIe siècle, qu’est née l’école républicaine.
6
Les ministres de la Ve République
Pierre Sudreau1962 – 1962
Lucien Paye1961 – 1962
Louis Joxe1960 – 1960
André Boulloche1959 – 1959
Jean Berthoin1958 – 1959
Edgar Faure1968 – 1969
François-Xavier Ortoli1968 – 1968
Alain Peyrefitte1967 – 1968
Christian Fouchet1962 – 1967
Louis Joxe1962 – 1962
Alain Savary1981 – 1984
Christian Beullac1978 – 1981
René Haby1974 – 1978
Joseph Fontanet1972 – 1974
Olivier Guichard1969 – 1972
François Bayrou1993 – 1997
Jack Lang1992 – 1993
Lionel Jospin1988 – 1992
René Monory1986 – 1988
Jean-Pierre Chevènement1984 – 1986
Gilles de Robien2005 – 2007
François Fillon2004 – 2005
Luc Ferry2002 – 2004
Jack Lang2000 – 2002
Claude Allègre1997 – 2000
Luc Chatel2009
Xavier Darcos 2007-2009
7
Hôtel deRochechouartministère de l’Éducation nationale
Ils ont marqué
l’Histoire
8
Coupe transversale des projets d’agrandissement de l’hôtel de Rochechouart par A. de Gisors, 1853
9
Hôtel deRochechouartministère de l’Éducation nationale
a Hall d’accueil
b Salon des “Alechinsky”
c Salle de réunion
d Salon Jules Ferry, bureau du ministre
e Salon Julie Daubié
f Jardins
g Bureau de Maupassant
h Escalier d'honneurh
g
f
ed
cb
a
i Grand escalier du cabinet et la galerie des portraits
j Bibliothèque
k Antichambre “Putman”
l Salons de réception
m Salle blanche
j k l
m
i
Premier étage
Rez-de-chaussée
10
La façade sur courExemple typique de l’architecture néo-
classique en vogue sous Louis XVI, la façade sur cour de l’hôtel de Rochechouart se caractérise par une alternance de baies et de pilastres* cannelés* à chapiteaux* corinthiens*. Le mur est en pierres de taille de la vallée de l’Oise, en élévation, et du bassin parisien, en soubassement. Le sol de la cour d’honneur est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Des travaux ont été menés à partir de 2002 afin de redonner aux salons et aux façades leur disposition du XVIIIe siècle n
L’escalier d’honneurAu XVIIIe siècle, l’entrée principale s’effectuait
par le perron de droite qui menait au vestibule et à l’escalier d’honneur, avec sa rampe en fer forgé au motif de volutes et de feuilles d’acanthe.
En 1846, lorsque le ministre Salvandy décide de réaménager l’hôtel de Rochechouart, on installa dans l’escalier d’honneur les trois statues monumentales, commandées aux sculpteurs Barre et Debay père. Elles représentent Pierre-Simon, marquis de Laplace (1749-1827), astronome, mathématicien et physicien, Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), contrôleur général des Finances, secrétaire d’État à la Maison du Roi et à la Marine sous Louis XIV, et Mathieu Molé (1584-1656), Premier président du parlement de Paris et garde des sceaux au début du règne de Louis XIV n
* Les mots suivis d’un astérisque sont définis dans le glossaire à la fin du guide.
11
Hôtel deRochechouartministère de l’Éducation nationale
La bibliothèqueSituée au premier étage de l’aile
ouest, la bibliothèque a été aménagée en 1858. Elle possède une mezzanine et abrite une collection complète des journaux officiels de la République. Cette pièce est utilisée pour l’accueil de ministres étrangers ou la signature de conventions. Elle accueille les plus importantes réunions ministérielles n
L’antichambre « Putman » Pour accéder à l’antichambre « Putman », les
visiteurs empruntent le grand escalier. Le mobilier de l’antichambre, aménagée fin 2001, est signé Andrée Putman.
Née en 1925 à Paris, cette architecte d’intérieur et designer mondialement reconnue a d’abord acquis sa célébrité à New-York où elle s’imposa comme une icône parisienne du goût français.
Son « esthétique désencombrée » lui permet de révéler les lieux qu’elle investit : des boutiques (Yves Saint-Laurent, Balenciaga, Lagerfeld...), de grands hôtels internationaux, comme le Saint James Club à Paris, l’avion Concorde, ou le musée des Beaux-Arts de la ville de Rouen n
12
La galerie des portraits
Le grand escalier du cabinet du ministre a été construit dans cette aile en 1956 par l’architecte Aublet. Une galerie de portraits située sur le palier présente l’ensemble des ministres en charge de l’Éducation de 1828, date de la création du ministère, à nos jours n
Le salon des « Alechinsky »Il fait suite au hall dans le corps principal du
bâtiment, et était l’ancienne salle à manger du maréchal Augereau. La décoration de ce salon a été confiée, en 1992, au peintre contemporain Pierre Alechinsky, qui a réalisé cinq panneaux amovibles figurant des arabesques colorées, déclinées à partir du thème de l’arbre. Le mobilier est signé Andrée Putman.
Pierre Alechinsky est né à Bruxelles en 1927. Peintre, dessinateur et poète, il a étudié la lithographie et la gravure en Belgique, puis à Paris, où il s’est fixé. Il fut l’un des principaux animateurs du groupe d’avant-garde CoBrA réunissant des artistes de Copenhague, Bruxelles et Amsterdam. Il peint des œuvres où s’animent des formes véhémentes faites de violentes touches colorées. Il a également réalisé de nombreuses illustrations de recueils de poésie n
13
Hôtel deRochechouartministère de l’Éducation nationale
La salle de réunion
Petit salon en 1820, à l’époque de la comtesse de Sainte-Aldegonde, cette pièce a été le salon d’attente du ministre à partir des années 1840. C’est maintenant la salle de réunion du ministre n
Le salon Jules Ferry, bureau du ministre
Situé au milieu du bâtiment côté jardin, le Grand salon doré, renommé salon Jules Ferry, est aujourd’hui le bureau du ministre. Cette pièce présente un ensemble intact de décorations de style Louis XVI. Des pilastres* corinthiens* encadrent des glaces enchâssées* dans un cadre cintré* et des portes à doubles vantaux*. Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, occupa ce lieu de 1879 à 1883. C’est ici qu’est née l’école républicaine, laïque, gratuite et obligatoire n
14
La façade sur le jardin
Elle est composée de neuf travées* et de trois avant-corps* : un avant-corps central peu saillant, rythmé par trois travées de baies, et deux avant-corps plus étroits aux deux extrémités. Le balcon central et les appuis des fenêtres et du balcon en fer forgé traduisent un esprit traditionnel. Des branches de laurier s’épanouissent aux archivoltes* des trois baies cintrées* qui éclairent le Grand salon doré n
Le jardinDébut 2002, les 1 300 m2 de
jardin ont été entièrement réaménagés. L’espace est organisé autour du grand platane qui a très certainement été planté lors de la construction de l’hôtel n
15
Hôtel deRochechouartministère de l’Éducation nationale
Le bureau de Maupassant
Ancien boudoir de Madame Augereau, ce bureau est situé dans l’aile est de l’hôtel, côté jardin. Guy de Maupassant est nommé en 1878 attaché au cabinet du ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts, où il est chargé de la correspondance du ministre n
Le salon Julie Daubié Situé entre le salon Jules Ferry et le bureau
de Maupassant, le salon Julie Daubié est l’ancienne chambre de Madame Augereau. Les lambris, peintures, dorures et parquets ont été restaurés en 2002. Ce salon a été ainsi baptisé en hommage à Julie Victoire Daubié, première femme à obtenir le baccalauréat en août 1861. Cette institutrice d’origine vosgienne, que la faculté des lettres de Paris n’a pas admise à passer le baccalauréat, l’obtient à Lyon et réussit par la suite aux examens de la licence.
À cette époque, les femmes bachelières sont peu nombreuses : on en compte quinze entre 1861 et 1873 n
16
Glossaire
n ArchivoltesBandes moulurées concentriques à l’intrados (partie intérieure et concave d’un arc, d’une voûte) d’une arcade. Désigne aussi l’ensemble des voussures (arcs concentriques) d’une arcade, d’un portail.
n Avant-corpsPartie d’un bâtiment qui est en saillie sur l’alignement de la façade.
n CanneléQui présente des cannelures, des sillons longitudinaux creusés dans du bois, de la pierre, du métal.
n ChapiteauxParties élargies situées entre le fût d’une colonne et la charge. Par extension, ornements architecturaux formant un couronnement.
n CintréQualifie la courbure hémisphérique concave de la surface intérieure d’une voûte, d’un arc. Par extension, désigne une figure en arc de cercle.
n CorinthienOrdre d’architecture grecque, caractérisé par un chapiteau orné de deux rangs de feuilles d’acanthe entre lesquelles s’élèvent des volutes.
n EnchâsséFixé dans une entaille, un châssis, un encadrement.
n PilastresPiliers engagés, colonnes plates engagées dans un mur ou un support et formant une légère saillie.
n TravéesParties d’un édifice, d’un local, comprises entre deux supports, ou séparées des autres par un cloisonnement.
n VantauxPanneaux mobiles pivotant autour d’un axe. Les vantaux d’une fenêtre, d’une armoire... Au singulier : vantail.
Conception graphique : Délégation à la communication
Crédits photographiques : Caroline Lucas, Philippe Devernay
Impression : MEN - 5 000 exemplaires - septembre 2010
