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67 e congrès de la Société nationale franc ¸ aise de médecine interne – 5, 6 et 7 juin 2013, Marseille / La Revue de médecine interne 34S (2013) A85–A186 A183 Discussion.– Le SHMA est une complication rare (1/10 000) rap- portée avec les anti-convulsivants principalement aromatiques (phénytoïne, carbamazépine, phénobarbital). Son association à des anticonvulsivants non-aromatiques tels que la lamotrigine est beaucoup moins classique. Il survient une à 12 semaines après l’exposition au traitement, et se présente typiquement par la triade fièvre, rash, et atteintes viscérales. Une éosinophilie est présente dans la moitié des cas ; son absence, comme chez notre patient, ne doit pas faire écarter le diagnostic. L’évolution peut être gravissime avec un syndrome de défaillance multiviscéral fatal dans 10 % des cas. La prise en charge repose sur la corticothérapie systémique, et l’arrêt impératif du traitement en cause [1]. Notre patient est exceptionnel par le polymorphisme et la gra- vité de ses manifestations, pouvant mimer des causes infectieuses, néoplasiques (lymphome) et inflammatoire (maladie de Still). Conclusion.– Le SHMA est une complication encore trop souvent méconnue des cliniciens, et la diversité de ses manifestations peut faire errer le diagnostic. Référence [1] Knowles SR. Exp Op Drug Saf 2012. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.216 CA212 Hypotension aux AINS : un effet indésirable méconnu, à connaître ! P. Bélénotti a , A. Benyamine b , L. Saby c , A. Lachaud a , J. Seguier a , L. Swiader a , J. Serratrice a , P.-J. Weiller a a Médecine interne, CHU La Timone, Marseille, France b Médecine interne, Assistance publique–Hôpitaux de Marseille, Marseille, France c Cardiologie, CHU La Timone, Marseille, France Introduction.– Les anti-inflammatoire non stéroïdiens (AINS), médi- caments en vente libre, ne sont pourtant pas dépourvus d’effets indésirables, le plus important étant le risque d’hémorragie diges- tive. Patients et méthodes.– Nous rapportons le cas d’une jeune fille de 23 ans, adressée pour l’exploration d’une hypotension orthosta- tique sévère. Résultats.– Une jeune fille de 23 ans, traitée par AINS (celecoxib 100 deux comprimés par jour) pour une hernie discale, est adressée par le service de cardiologie pour l’exploration d’une hypotension orthostatique sévère. En effet, alors que la tension couchée est à 13/7, elle passe à 7/4 à la mise en position debout, avec néan- moins une accélération compensatrice du rythme cardiaque, et des signes de lipothymie la forc ¸ ant à s’asseoir. Il n’y a pas d’autre signe clinique en faveur d’une atteinte du système nerveux auto- nome. L’auscultation cardiaque est normale, les pouls sont perc ¸ us aux quatre membres. Elle ne se plaint pas de troubles digestifs, n’a remarqué ni de selles noires ni de rectorragie. Elle a eu en cardiologie un bilan qui montre une hémoglobine à 13,5 g/dL, des réticulocytes à 7 %, pas de syndrome inflammatoire, pas de trouble ionique, une électrophorèse des protéines sériques normale. Le dosage de bêtaHCG est lui aussi négatif. La patiente se dit fatiguée depuis deux semaines, c’est elle qui a aiguillé d’ailleurs son médecin généraliste qui ne lui prenait la tension que couchée, en lui disant « Prenez-moi plutôt la ten- sion debout, c’est toujours quand je me lève que je ne me sens pas bien ». Depuis, malgré le port de bas de contention et la prise de chlorhydrate d’heptaminol, elle reste symptomatique à la mise en position debout, n’arrivant pas à aller travailler, la tension passant de 12/7 couchée à 9/7 debout. Pour sa hernie discale, elle prend en plus quatre ibuprofene à 400 mg/j depuis trois semaines, sans protecteur gastrique. Elle n’a pas remarqué néanmoins d’épigastralgie. Il est décidé de stopper à la fois les AINS (remplacer par des antalgiques de pallier 2) et le chlorhy- drate d’heptaminol et d’explorer la patiente en hospitalisation à la recherche d’une hémorragie digestive occulte. Faute de place elle n’est hospitalisée que trois jours plus tard. Elle arrive « guérie » selon ses dires, sans bas de contention. Effectivement, il n’y a plus d’hypotension orthostatique. La recherche de sang dans les selles est négative, la fibroscopie gastrique ne montre pas de gastrite pété- chiale ou suffisante pour expliquer un saignement. L’hémoglobine est stable à 13,5 g/dL. La fonction rénale est correcte avec une clairance à 85 mL/min, il n’y pas de protéinurie de leucocyturie ou d’hématurie. Après contact de la pharmacovigilance, il appa- raît que les AINS peuvent en eux-mêmes induire une hypotension orthostatique. Nous avons donc contre-indiqué la prise ultérieure d’AINS chez cette patiente qui n’a plus représenté depuis d’épisode similaire. Discussion.– Des cas d’hypotension sévère lors de la prise d’AINS sont rapportés dans la littérature, notamment en cas de surdosage. Ces hypotensions sont alors réfractaires, conduisant chez un enfant qui avait pris 50 g d’ibuprofène à recourir à des séances d’ECMO [1]. Un cas de décès par hypotension résistante malgré des mesures de réanimation optimales est également rapporté chez une femme de 51 ans, qui avait fait une tentative de suicide en prenant de nom- breuses boites d’AINS dont d’ibuprofène [2]. Chez notre patiente, il est intéressant de remarquer que celle- ci, achetant avec une ordonnance son celecoxib, ne considérait comme AINS que celui-ci, et non l’ibuprofène qu’elle achetait en vente libre et prenait pour un antalgique. En associant les deux elle arrivait à des doses toxiques d’AINS expliquant les symptômes d’hypotension. La disparition de ceux-ci dès l’arrêt des AINS va dans le sens de cette hypothèse. Conclusion.– Devant une hypotension orthostatique sévère sans autre signe clinique de dysautonomie ou d’hypovolémie, il faut pen- ser à rechercher une prise d’AINS. La disparition des signes cliniques à l’arrêt de ceux-ci confirme cet effet indésirable peu fréquent mais qui peut être dramatique. Références [1] Marciniak KE, et al. Pediatr Crit Care Med 2007;8(2):180–2. [2] Lodise M, et al. Am J Forensic Med Pathol 2012;33(3):242–6. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.217 CA213 Sinemet fait rouler la langue D. Voitel Warneke , K. Coulibaly , C. Ngygen , L. Brun , C. Gondoin , I. Mahé Médecine interne, hôpital Louis-Mourier, Colombes, France Introduction.– Le Sinemet, une combinaison de médicament conte- nant carbidopa et levodopa, est considérée comme le traitement de référence de maladie de Parkinson [1]. Différents effets secondaires et phénomènes de ce traitement ont été décrits. Nous rapportons le cas d’une patiente atteinte de maladie de Par- kinson ayant développé une dystonie de la langue sous traitement par Sinemet. Patients et méthodes.– Il s’agit d’un cas clinique. Cas clinique.– Une patiente de 75 ans est adressée aux urgences pour troubles de la vigilance en rapport avec une hypoxie provoquée par une révulsion de la langue en arrière, réalisant un équivalent de syndrome d’apnée de sommeil. Dans ces antécédents on note une maladie de Parkinson traitée par Sinemet depuis trois ans, actuellement à la dose de 100 mg/10 mg deux fois par jour. Elle présente à l’examen clinique une bascule postérieure de la langue obstruant les voies aériennes, responsable des pauses respiratoires et d’une vigilance fluctuante ainsi que de troubles de la déglutition. Les examens complémentaires ne révèlent pas de troubles méta- boliques, un scanner cérébral élimine un AVC, l’EEG ne montre pas d’argument en faveur d’une comitialité. L’IRM de la langue reste sans particularité. Une consultation ORL et la fibroscopie ne montrent pas d’anomalie pharyngo-laryngée, notamment pas de masse.

Hypotension aux AINS : un effet indésirable méconnu, à connaître !

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67e congrès de la Société nationale francaise de médecine interne – 5, 6 et 7 juin 2013, Marseille / La Revue de médecine interne 34S (2013) A85–A186 A183

Discussion.– Le SHMA est une complication rare (1/10 000) rap-portée avec les anti-convulsivants principalement aromatiques(phénytoïne, carbamazépine, phénobarbital). Son association à desanticonvulsivants non-aromatiques tels que la lamotrigine estbeaucoup moins classique. Il survient une à 12 semaines aprèsl’exposition au traitement, et se présente typiquement par la triadefièvre, rash, et atteintes viscérales. Une éosinophilie est présentedans la moitié des cas ; son absence, comme chez notre patient, nedoit pas faire écarter le diagnostic. L’évolution peut être gravissimeavec un syndrome de défaillance multiviscéral fatal dans 10 % descas. La prise en charge repose sur la corticothérapie systémique, etl’arrêt impératif du traitement en cause [1].Notre patient est exceptionnel par le polymorphisme et la gra-vité de ses manifestations, pouvant mimer des causes infectieuses,néoplasiques (lymphome) et inflammatoire (maladie de Still).Conclusion.– Le SHMA est une complication encore trop souventméconnue des cliniciens, et la diversité de ses manifestations peutfaire errer le diagnostic.Référence[1] Knowles SR. Exp Op Drug Saf 2012.

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.216

CA212Hypotension aux AINS : un effet indésirableméconnu, à connaître !P. Bélénotti a, A. Benyamine b, L. Saby c, A. Lachaud a, J. Seguier a,L. Swiader a, J. Serratrice a, P.-J. Weiller a

a Médecine interne, CHU La Timone, Marseille, Franceb Médecine interne, Assistance publique–Hôpitaux de Marseille,Marseille, Francec Cardiologie, CHU La Timone, Marseille, France

Introduction.– Les anti-inflammatoire non stéroïdiens (AINS), médi-caments en vente libre, ne sont pourtant pas dépourvus d’effetsindésirables, le plus important étant le risque d’hémorragie diges-tive.Patients et méthodes.– Nous rapportons le cas d’une jeune fille de23 ans, adressée pour l’exploration d’une hypotension orthosta-tique sévère.Résultats.– Une jeune fille de 23 ans, traitée par AINS (celecoxib100 deux comprimés par jour) pour une hernie discale, est adresséepar le service de cardiologie pour l’exploration d’une hypotensionorthostatique sévère. En effet, alors que la tension couchée est à13/7, elle passe à 7/4 à la mise en position debout, avec néan-moins une accélération compensatrice du rythme cardiaque, etdes signes de lipothymie la forcant à s’asseoir. Il n’y a pas d’autresigne clinique en faveur d’une atteinte du système nerveux auto-nome. L’auscultation cardiaque est normale, les pouls sont percusaux quatre membres. Elle ne se plaint pas de troubles digestifs,n’a remarqué ni de selles noires ni de rectorragie. Elle a eu encardiologie un bilan qui montre une hémoglobine à 13,5 g/dL, desréticulocytes à 7 %, pas de syndrome inflammatoire, pas de troubleionique, une électrophorèse des protéines sériques normale. Ledosage de bêtaHCG est lui aussi négatif.La patiente se dit fatiguée depuis deux semaines, c’est elle quia aiguillé d’ailleurs son médecin généraliste qui ne lui prenaitla tension que couchée, en lui disant « Prenez-moi plutôt la ten-sion debout, c’est toujours quand je me lève que je ne me senspas bien ». Depuis, malgré le port de bas de contention et laprise de chlorhydrate d’heptaminol, elle reste symptomatique àla mise en position debout, n’arrivant pas à aller travailler, latension passant de 12/7 couchée à 9/7 debout. Pour sa herniediscale, elle prend en plus quatre ibuprofene à 400 mg/j depuistrois semaines, sans protecteur gastrique. Elle n’a pas remarquénéanmoins d’épigastralgie. Il est décidé de stopper à la fois lesAINS (remplacer par des antalgiques de pallier 2) et le chlorhy-drate d’heptaminol et d’explorer la patiente en hospitalisation àla recherche d’une hémorragie digestive occulte. Faute de place

elle n’est hospitalisée que trois jours plus tard. Elle arrive « guérie »selon ses dires, sans bas de contention. Effectivement, il n’y a plusd’hypotension orthostatique. La recherche de sang dans les sellesest négative, la fibroscopie gastrique ne montre pas de gastrite pété-chiale ou suffisante pour expliquer un saignement. L’hémoglobineest stable à 13,5 g/dL. La fonction rénale est correcte avec uneclairance à 85 mL/min, il n’y pas de protéinurie de leucocyturieou d’hématurie. Après contact de la pharmacovigilance, il appa-raît que les AINS peuvent en eux-mêmes induire une hypotensionorthostatique. Nous avons donc contre-indiqué la prise ultérieured’AINS chez cette patiente qui n’a plus représenté depuis d’épisodesimilaire.Discussion.– Des cas d’hypotension sévère lors de la prise d’AINSsont rapportés dans la littérature, notamment en cas de surdosage.Ces hypotensions sont alors réfractaires, conduisant chez un enfantqui avait pris 50 g d’ibuprofène à recourir à des séances d’ECMO [1].Un cas de décès par hypotension résistante malgré des mesures deréanimation optimales est également rapporté chez une femme de51 ans, qui avait fait une tentative de suicide en prenant de nom-breuses boites d’AINS dont d’ibuprofène [2].Chez notre patiente, il est intéressant de remarquer que celle-ci, achetant avec une ordonnance son celecoxib, ne considéraitcomme AINS que celui-ci, et non l’ibuprofène qu’elle achetait envente libre et prenait pour un antalgique. En associant les deuxelle arrivait à des doses toxiques d’AINS expliquant les symptômesd’hypotension. La disparition de ceux-ci dès l’arrêt des AINS va dansle sens de cette hypothèse.Conclusion.– Devant une hypotension orthostatique sévère sansautre signe clinique de dysautonomie ou d’hypovolémie, il faut pen-ser à rechercher une prise d’AINS. La disparition des signes cliniquesà l’arrêt de ceux-ci confirme cet effet indésirable peu fréquent maisqui peut être dramatique.Références[1] Marciniak KE, et al. Pediatr Crit Care Med 2007;8(2):180–2.[2] Lodise M, et al. Am J Forensic Med Pathol 2012;33(3):242–6.

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.217

CA213Sinemet fait rouler la langueD. Voitel Warneke , K. Coulibaly , C. Ngygen , L. Brun , C. Gondoin ,I. MahéMédecine interne, hôpital Louis-Mourier, Colombes, France

Introduction.– Le Sinemet, une combinaison de médicament conte-nant carbidopa et levodopa, est considérée comme le traitement deréférence de maladie de Parkinson [1].Différents effets secondaires et phénomènes de ce traitement ontété décrits.Nous rapportons le cas d’une patiente atteinte de maladie de Par-kinson ayant développé une dystonie de la langue sous traitementpar Sinemet.Patients et méthodes.– Il s’agit d’un cas clinique.Cas clinique.– Une patiente de 75 ans est adressée aux urgences pourtroubles de la vigilance en rapport avec une hypoxie provoquée parune révulsion de la langue en arrière, réalisant un équivalent desyndrome d’apnée de sommeil.Dans ces antécédents on note une maladie de Parkinson traitée parSinemet depuis trois ans, actuellement à la dose de 100 mg/10 mgdeux fois par jour. Elle présente à l’examen clinique une basculepostérieure de la langue obstruant les voies aériennes, responsabledes pauses respiratoires et d’une vigilance fluctuante ainsi que detroubles de la déglutition.Les examens complémentaires ne révèlent pas de troubles méta-boliques, un scanner cérébral élimine un AVC, l’EEG ne montre pasd’argument en faveur d’une comitialité.L’IRM de la langue reste sans particularité. Une consultation ORLet la fibroscopie ne montrent pas d’anomalie pharyngo-laryngée,notamment pas de masse.