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Hypotension orthostatique : répercussions sur le traitement des maladies cardiovasculaires Jacques Mansourati 1,2 1. CHRU de Brest, hôpital de La Cavale Blanche, département de cardiologie, 29609 Brest cedex, France 2. Université de Bretagne Occidentale, EA 4324, 29238 Brest cedex 3, France Correspondance : Jacques Mansourati, CHRU de Brest, hôpital de La Cavale Blanche, département de cardiologie, boulevard Tanguy-Prigent, 29609 Brest cedex, France. [email protected] Disponible sur internet le : 21 juillet 2012 Presse Med. 2012; 41: 11111115 ß 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. en ligne sur / on line on www.em-consulte.com/revue/lpm www.sciencedirect.com Hypotension orthostatique Dossier thématique 1111 Mise au point Key points Orthostatic hypotension: Implications for the treatment of cardiovascular diseases Several cardiovascular drugs may induce or worsen ortho- static hypotension especially in patients treated for hyperten- sion, coronary artery disease and heart failure. Orthostatic hypotension is more frequent in polymedicated elderly patients with co-morbidities (prevalence 23%). In hypertensive elderly patients, the combination of three anti- hypertensive agents including a beta-blocker induces more frequently orthostatic hypotension. Supplementation in water and especially salt is generally not recommended in case of hypertension and heart failure. Edu- cation of patient to preventive counter-pressure maneuvers and muscle training of the lower limbs must be part of treatment. Midodrine causes supine hypertension in almost 25% of patients precluding to take this medication at the end of the afternoon. In severe heart failure, midodrine seems to be helpful to optimize drug treatment in patients suffering from hypotension. Points essentiels Plusieurs médicaments à visée cardiovasculaire font partie des traitements pouvant favoriser ou aggraver l’hypotension orthostatique en particulier dans l’hypertension artériellle (HTA), la coronaropathie et l’insuffisance cardiaque. Le sujet âgé polymédicamenté avec des co-morbidités est le terrain de prédilection de cette maladie (prévalence de 23 %). Dans l’HTA, l’association de trois antihypertenseurs dont un bêtabloqueur est une situation favorisant l’hypotension orthos- tatique. La supplémentation hydrique et surtout salée n’est pas réalisable en général en cas d’HTA et d’insuffisance cardiaque. ventives de contre-pression musculaire et l’entraînement musculaire des membres inférieurs doivent faire partie du traitement. La midodrine entraîne des hypertensions artérielles de décu- bitus chez environ 25 % des patients nécessitant son éviction en fin d’après-midi. Dans l’insuffisance cardiaque sévère, la midodrine permet- trait d’augmenter progressivement la posologie des différentes classes thérapeutiques en prévenant les symptômes de l’hypo- tension orthostatique. tome 41 > n811 > novembre 2012 http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2012.03.024

Hypotension orthostatique : répercussions sur le traitement des maladies cardiovasculaires

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Presse Med. 2012; 41: 1111–1115� 2012 Elsevier Masson SAS.Tous droits réservés.

en ligne sur / on line onwww.em-consulte.com/revue/lpmwww.sciencedirect.com Hypotension orthostatique

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Key points

Orthostatic hypotension: Implicardiovascular diseases

Several cardiovascular drugs mstatic hypotension especially in

sion, coronary artery disease anOrthostatic hypotension is morelderly patients with co-morbhypertensive elderly patients, thypertensive agents including

frequently orthostatic hypotensiSupplementation in water and erecommended in case of hypertcation of patient to preventiveand muscle training of the lotreatment.Midodrine causes supine hypepatients precluding to take ththe afternoon.In severe heart failure, midoto optimize drug treatment

hypotension.

tome 41 > n811 > novembre 2012http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2012.03.024

Hypotension orthostatique : répercussions surle traitement des maladies cardiovasculaires

Jacques Mansourati1,2

1. CHRU de Brest, hôpital de La Cavale Blanche, département de cardiologie, 29609Brest cedex, France

2. Université de Bretagne Occidentale, EA 4324, 29238 Brest cedex 3, France

Correspondance :Jacques Mansourati, CHRU de Brest, hôpital de La Cavale Blanche, département decardiologie, boulevard Tanguy-Prigent, 29609 Brest cedex, [email protected]

Disponible sur internet le :21 juillet 2012

cations for the treatment of

ay induce or worsen ortho-patients treated for hyperten-d heart failure.e frequent in polymedicatedidities (prevalence 23%). Inhe combination of three anti-a beta-blocker induces moreon.specially salt is generally not

ension and heart failure. Edu- counter-pressure maneuverswer limbs must be part of

rtension in almost 25% ofis medication at the end of

drine seems to be helpfulin patients suffering from

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Points essentiels

Plusieurs médicaments à visée cardiovasculaire font partiedes traitements pouvant favoriser ou aggraver l’hypotensionorthostatique en particulier dans l’hypertension artériellle(HTA), la coronaropathie et l’insuffisance cardiaque.Le sujet âgé polymédicamenté avec des co-morbidités est leterrain de prédilection de cette maladie (prévalence de 23 %).Dans l’HTA, l’association de trois antihypertenseurs dont unbêtabloqueur est une situation favorisant l’hypotension orthos-tatique.La supplémentation hydrique et surtout salée n’est pasréalisable en général en cas d’HTA et d’insuffisance cardiaque.ventives de contre-pression musculaire et l’entraînementmusculaire des membres inférieurs doivent faire partie dutraitement.La midodrine entraîne des hypertensions artérielles de décu-bitus chez environ 25 % des patients nécessitant son évictionen fin d’après-midi.Dans l’insuffisance cardiaque sévère, la midodrine permet-trait d’augmenter progressivement la posologie des différentesclasses thérapeutiques en prévenant les symptômes de l’hypo-tension orthostatique.

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Encadre 1

Hypotension orthostatique : traitements non médicamenteux

Parmi les moyens non médicamenteux de traitement del’hypotension orthostatique :

� prévenir les situations de déshydratation ;

� la supplémentation hydro-sodée est souvent délicate en cas

d’HTA et contre-indiquée en cas d’insuffisance cardiaque ;

� l’utilisation de moyens de contention (classe 2 ou 3) au niveau

des membres inférieurs (avant le premier lever) ;

� l’entraînement musculaire des membres inférieurs avec

éventuellement l’aide d’un kinésithérapeute ;

� surélever la tête du lit.

J Mansourati

L’hypotension orthostatique (HTO) est une causefréquente de syncopes, en particulier chez le sujet âgé poly-médicamenté et ayant des co-morbidités (comme le diabète oula maladie de Parkinson) [1]. Elle augmente le risque de chutes,d’accidents vasculaires cérébraux et même de mortalité [2–6].Parmi les causes iatrogènes de survenue des HTO, les vasodi-latateurs (VD) et les diurétiques sont le plus fréquemment cités.Cet effet secondaire pose ainsi le problème du maintien decertains de ces médicaments dans la prise en charge d’unemaladie chronique comme l’insuffisance cardiaque, l’angor,l’hypertension artérielle lorsque le patient est très symptoma-tique. Certains traitements (pharmacologiques ou non) de l’HTOpeuvent aussi être incompatibles avec ces situations cliniques.Enfin, c’est l’association d’autres traitements comme les anti-dépresseurs ou le traitement des troubles urinaires par exem-ple qui accentue le symptôme. Il convient alors de prioriser lesindications thérapeutiques.

Médicaments à visée cardiovasculaire ethypotension orthostatiqueDans les maladies cardiovasculaires, plusieurs situations patho-logiques entraînent la prescription de médicaments pouvantêtre à l’origine ou aggraver une HTO. Parmi ces situations, l’HTAest la plus fréquente [7–9]. La survenue d’une HTO dans ce casmet le médecin devant un dilemme : il faut, d’une part,contrôler les chiffres tensionnels élevés dont les conséquencespathologiques sont connues (atteintes cardiaques, accidentsvasculaires cérébraux, insuffisance rénale) et, d’autre part, nepas nuire au patient en favorisant l’HTO qui peut occasionnerdes chutes et des traumatismes voire aggraver le pronostic dupatient [10].Parmi les antihypertenseurs :� les alphabloquants provoquent une vasodilatation à la fois

veineuse et artérielle. Cette classe thérapeutique est moinsutilisée et ne figure pas dans les classes d’antihypertenseursde premier choix dans les recommandations actuelles ;

� les diurétiques, surtout lorsque le patient a d’autres facteursde déshydratation : chaleur ou fièvre favorisant la sudation,diarrhée, vomissements ;

� les bloqueurs du système rénine-angiotensine (SRA) :inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), antagonistesdes récepteurs de l’angiotensine II (sartan ou ARA II) ou enfininhibiteur de la rénine. Cette classe peut être délétère en casde déshydratation en raison du rôle du SRA dans l’adaptationde la pression artérielle à l’hypovolémie. Toutefois, l’HTO estmoins fréquente avec ces antihypertenseurs que lesinhibiteurs calciques par exemple [11] ;

� les bêtabloquants du fait du ralentissement de la fréquencecardiaque empêchant son accélération réactionnelle à unechute tensionnelle ;

� les antagonistes calciques (et l’hydralazine) du fait de leurrôle VD et des oedèmes des membres inférieurs qu’ils peuventprovoquer.

Deux autres situations pathologiques cardiaques nécessitentl’utilisation des mêmes médicaments pouvant favoriser l’HTO. Ils’agit de l’insuffisance cardiaque et de la coronaropathie. Dansces deux cas, les inhibiteurs du SRA et les bêtabloquants sontrecommandés. De plus, dans l’insuffisance cardiaque, l’utilisa-tion du furosémide, parfois des dérivés nitrés et la restrictionhydrosodée sont recommandées. Dans la coronaropathie, lesinhibiteurs calciques et dérivés nitrés, selon l’état fonctionneldu patient, sont source d’aggravation de l’HTO. Les dérivésnitrés sont d’ailleurs impliqués dans l’HTO du fait de leur effetVD. Là aussi le médecin se trouve devant un dilemme entre letraitement de la maladie et la nécessité de limiter lessymptômes liés à l’HTO.Il ne faut pas oublier que souvent ces patients ont defaçon concomitante d’autres traitements dont l’indication doitêtre réévaluée afin de ne pas majorer la symptomatologied’HTO. Parmi ces traitements : les alphabloquants pour letraitement des troubles mictionnels, les tranquillisants et hyp-notiques, les antidépresseurs tricycliques, les inhibiteurs de laMAO et les myorelaxants. Les soignants doivent garder à l’espritqu’il faut établir des priorités pour les indications de cesdifférents traitements ainsi que ceux à visée cardiovasculaire.

Moyens thérapeutiques devant unehypotension orthostatiqueGénéralement, la prise en charge d’une HTO fait appel, d’unepart, à la recherche d’une cause pour la traiter (effets secon-daires médicamenteux, déshydratation, anémie) et, d’autrepart, à des moyens non pharmacologiques (encadre 1) et encas de nécessité à des médicaments.La supplémentation en sel et en eau pour augmenter la volémieest la première mesure à évoquer, mais elle est souvent limitée

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en cas de chiffres tensionnels élevés ou en cas d’insuffisancecardiaque [12]. Le port de bas ou de collant de contention vienten complément. Le niveau de contention doit être suffisant(classe 2 ou 3). Pour être efficaces, les bas de contentiondoivent être portés avant le lever du lit le matin, ce qui rendleur utilisation difficile surtout chez une personne âgée. De cefait, bien que ce moyen soit efficace quel que soit l’état veineuxaux membres inférieurs, la compliance du patient n’est pastoujours optimale. L’entraînement physique dans le but d’aug-menter la musculation des membres inférieurs (vélo ou nata-tion) pour améliorer le retour veineux peut apporter unbénéfice chez certains patients. Enfin, l’éducation du patientà utiliser les manoeuvres physiques de mise sous tension desmuscles des membres supérieurs (crocheter les doigts enécartant avec force les bras, serrer fortement une balle dansles mains) et inférieurs (en croisant les jambes avec force) peutlui permettre de prévenir les syncopes [13].Le traitement pharmacologique intervient en dernier lieu dufait des effets secondaires potentiels surtout chez des patientsayant une maladie cardiovasculaire. Parmi ces médicaments,une substance pressive à demi-vie courte comme la midodrine(GutronW) (un alpha1-adrénergique entraînant une vasocon-striction périphérique) [14–16]. Les inhibiteurs de la prosta-glandine (comme l’indométacine) [17] ou la fludrocortisone(AdixoneW) [18] ont un effet favorable sur la volémie. Enfin,l’érythropoïétine semble aussi entraîner une augmentation dela volémie et a été aussi proposée dans le traitement de l’HTO[19] surtout en cas d’anémie. Ce traitement est toutefoiscoûteux et s’administre par voie injectable.

Situations cliniques et prise en charge del’ hypotension orthostatique

Hypertension artérielleChez les sujets hypertendus de plus de 65 ans, 23 % sontatteints d’une HT0 [20]. Ce chiffre montre l’importance de ceproblème dans la prise en charge de l’HTA. Au moment dudiagnostic, il est donc nécessaire de chercher une HTO enparticulier chez le sujet âgé (encadre 2). Si l’HTA est confirmée

Encadre 2

Trois règles dans le traitement de l’hypertension artérielle dusujet âgé

La recherche d’une hypotension orthostatique doit êtresystématique avant de débuter le traitement.Il faut débuter par une classe thérapeutique et augmenterprogressivement la posologie.À partir de trois antihypertenseurs, dont un bêtabloquant, le risqued’hypotension est plus élevé.

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et que le traitement médicamenteux s’impose, l’antihyperten-seur doit être débuté prudemment en utilisant une monothéra-pie dans un premier temps puis en ajoutant un autreantihypertenseur, si nécessaire, avec une période d’adaptationprudente du traitement [21]. L’HTO peut également survenirchez un patient ayant bien toléré initialement son traitementantihypertenseur. Il faut savoir dans ce cas le remettre enquestion et le remplacer ou diminuer la posologie. Dans unemême classe thérapeutique, les effets secondaires peuventdifférer d’un produit à un autre en fonction de leur pharma-cocinétique.Parmi les situations qui semblent favoriser l’HTO indépendam-ment des comorbidités éventuelles, l’utilisation d’un bêtablo-queur (empêchant l’accélération de la fréquence cardiaque enorthostatisme) ou l’association d’au moins trois antihyperten-seurs semblent les plus néfastes [22]. Dans ces conditions, lepatient doit être surveillé de près en évaluant ses symptômespour adapter le traitement antihypertenseur et prendre lesmesures nécessaires. La mesure ambulatoire de la pressionartérielle (MAPA) permet de vérifier l’évolution des chiffrestensionnels au cours du nycthémère et d’adapter les horairesdes prises du traitement. En cas de persistance des symptômesmalgré la modification du traitement antihypertenseur, ilconvient aussi de vérifier la participation d’autres traitementsantidépresseurs ou antiparkinsoniens.La supplémentation en sel et en eau doit être prudente du faitde l’HTA, mais ce moyen est utile en cas de déshydratation. Lesautres moyens non médicamenteux sont privilégiés ainsi que lefait de surélever la tête de lit qui aurait un effet antidiurétiqueet préviendrait l’HTO [23].La midodrine peut être utilisée pour diminuer les symptômeslorsqu’ils deviennent invalidants, principalement au cours de lajournée. Son utilisation la nuit est déconseillée en raison de lapossibilité d’une élévation de la pression artérielle en décubitus(chez 25 % des patients traités par midodrine). Cet effetsurvient chez les patients ayant préalablement des chiffrestensionnels élevés en décubitus. L’utilisation de midodrine chezces patients n’est donc pas recommandée. Dans les autres cas,lorsque ce traitement est utilisé, la dernière dose de la journéedoit être administrée au moins quatre heures avant le coucher(vers 18 h 00 par exemple). Au cours de la journée, la prise demidodrine permet au patient d’avoir une certaine activité sanssymptôme. Il lui est conseillé de ne pas s’allonger au cours de lajournée et de se reposer en position assise. La posologie dedépart est de 2,5 mg trois fois par jour avec une augmentationprogressive de 2,5 mg par prise chaque semaine en fonction dela réponse au traitement.Une des limitations de la midodrine est la nécessité de multi-plier les prises rendant l’observance du traitement difficile.Dans les dernières recommandations européennes, la stratégie« pill-in-the-pocket » bien que non évaluée, a été proposée ensuggérant par exemple le traitement, ponctuellement, une

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Encadre 3

Midodrine

En cas de coexistence d’hypertension et d’hypotensionorthostatique, si la midodrine est utilisée :

� débuter par des doses faibles ;

� augmenter la posologie progressivement en surveillant la

pression artérielle ;

� la pression artérielle doit être évaluée en position couchée et

debout en s’aidant éventuellement d’une table d’inclinaison ;

� la dernière dose de la journée doit être prise au plus tard à

18 h 00 ;

� la stratégie « pill-in-the-pocket » pourrait être utile pour prévenir

les malaises en cas de position debout prolongée en évitant de

multiplier les prises.

Encadre 4

Insuffisance cardiaque

Dans l’insuffisance cardiaque, une mauvaise tolérance tensionnellepeut survenir chez 35 % des patients sous fortes doses detraitement.La supplémentation sodée est contre-indiquée.En dehors des moyens non médicamenteux, la midodrine semblepermettre l’optimisation du traitement avec une bonne toléranceclinique dans l’insuffisance cardiaque sévère.

J Mansourati

heure avant de se trouver de façon prolongée dans une positiondebout [24]. Il est de ce fait essentiel de surveiller la pressionartérielle en position couchée et assise chez des patients traitéspar midodrine. Cette surveillance peut être aidée par le mon-itorage de la pression artérielle et la fréquence cardiaque surune table de test d’inclinaison par exemple en décubitus et enposition debout lors de l’adaptation du traitement (pour lamidodrine : encadre 3).L’utilisation de la fludrocortisone ou de l’indométacine chez unpatient hypertendu n’est pas sans risque et reste peu recom-mandée surtout chez un sujet âgé et polymédicamenté.

Insuffisance cardiaque

L’optimisation du traitement de l’insuffisance cardiaque enparticulier dans les stades sévères est souvent limitée par lasurvenue d’hypotension lors de l’association des quatre classesthérapeutiques IEC, bêtabloqueurs, furosémide et spironolac-tone ou lors de l’augmentation des posologies. Une mauvaisetolérance tensionnelle peut survenir chez 35 % des patientstraités par des fortes doses [25] (encadre 4). En dehors de lacontention, de l’exercice musculaire et de l’entraînement dupatient aux manoeuvres préventives de contre-pression, lasupplémentation en eau et en sel n’est pas recommandée.La midodrine semble permettre l’optimisation du traitementavec une bonne tolérance clinique. Une étude de Zakir et al. arapporté la bonne tolérance et l’efficacité de la midodrine chezdix patients en insuffisance cardiaque stade III de la NYHA à laposologie de 5 mg � 4/j augmentée éventuellement à10 mg � 4 permettant ainsi une augmentation de la posologiedes différents traitements de l’insuffisance cardiaque [26].

Coronaropathie

Chez le sujet atteint de maladie coronaire, l’association debêtabloqueurs, d’IEC, d’inhibiteurs calciques et de dérivés nitréspeut favoriser aussi la survenue d’HTO. Les dérivés nitrés seraientune des classes thérapeutiques les plus souvent responsablesd’HTO. Il est préférable dans ce cas de les éviter ou du moinsd’utiliser des doses modérées par voie percutanée. Si la voiesublinguale est nécessaire, il est recommandé au patient des’allonger pour prévenir l’hypotension. Toutefois, dans uneméta-analyse de 1999 rassemblant 29 publications évaluantla survenue de chutes en fonction du traitement, les auteursne trouvent pas de corrélation significative avec ces quatreclasses thérapeutiques [27]. Outre l’éducation du patient auxmanoeuvres de contre-pression, les bas de contention, la sup-plémentation hydrosodée, la midodrine est plutôt déconseilléedu fait de son effet vasoconstricteur dans cette situation.

Troubles du rythme

Dans la même méta-analyse citée précédemment, les antiar-ythmiques (en particulier de la classe IC) et la digoxine ont étéaussi évalués et semblent faiblement corrélés avec la survenuede malaises et de chutes [27]. En cas d’HTO, il est en tout casdéconseillé d’associer ces médicaments à la midodrine enraison du risque de bradycardie, de troubles conductifs auri-culoventriculaires voire intraventriculaires.

ConclusionDifférents traitements à visée cardiaque peuvent entraîner deshypotensions orthostatiques particulièrement chez le sujet âgépolymédicamenté. La présence d’autres comorbidités nécessitela hiérarchisation des traitements et parfois des compromis. Laprise en charge de l’HTO doit être prudente et adaptée car leschoix thérapeutiques sont plus limités et nécessitent unesurveillance plus rapprochée dans ces situations cliniques.

Déclaration d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts enrelation avec cet article.

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