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I. L’ATOME : GÉNÉRALITÉS
I.1 Définition
Un élément chimique est défini par un nombre de protons Z (Z=Numéro Atomique, il varie de 1(H) à 92 (U) dans les éléments naturels). A: nombre de masse = nombre de nucléons Z: numéro atomique = nombre de protons N: nombre de neutrons Z+N=A Le nombre de neutrons peut varier pour un même élément chimique, on parle alors d’isotopes.
Isotopes de l’uranium atome protons Z neutrons N électrons abondance 234U 92 142 92 0,0056% 235U 92 143 92 0,718% 238U 92 146 92 99,276%
La masse molaire est une moyenne pondérée de la masse des différents isotopes.
I.2 Masse et volume
La masse d’un atome est contrôlée par la composition de son noyau. En effet la masse des protons et des neutrons est environ mille fois supérieure à la masse de l’électron.
Masse en Kg Masse en u
Neutron 1,6749534 10‐27 kg 1,0086 u
Proton 1,67264 10‐27 kg 1,0072 u
Electron 9,109534 10‐31 kg 0,00055 u Masse d'un noyau carbone 12 : m = 12 u =12×1,67.10‐27 kg La masse n’a que peu d’importance dans les systèmes magmatiques, son influence est négligeable sur le partage des éléments entre un magma et un solide cristallin. Elle aura par contre une importance considérable pour les études isotopiques portant sur les éléments légers (O, H, C,… ; Cf cours de géochimie isotopique) Le volume d’un atome est cependant contrôlé par la taille de son nuage électronique. Ci‐joint l’exemple de l’Hélium :
XAz
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Atome d’Hélium~100 10‐12m Noyau d’Hélium: ~1 10‐15m
I.3 Structure électronique
Les orbitales entourant un noyau sont caractérisées par un niveau d’énergie et une symétrie.
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La lettre caractérise la symétrie de l’orbitale et le chiffre son niveau d’énergie. Selon le modèle de Bohr, les niveaux énergétiques des orbitales étaient représentés par une lettre (K, L, M, …). Ainsi le Fer (Z= 26) a la structure électronique suivante à l’état fondamental :
Fe : 1s2 2s2 2p6 3s2 3p6 3d6 4s2
Et ses principaux ions : Fe2+ : 1s2 2s2 2p6 3s2 3p6 3d5 4s1
Fe3+ : 1s2 2s2 2p6 3s2 3p6 3d5 Les éléments d’une même colonne ont des propriétés chimiques similaires car ils sont caractérisés par la même configuration électronique externe:
Ex : les alcalins: Na: [Ne] 3s1 Ri: 102pm
K: [Ar] 4s1 Ri: 151pm
Rb: [Kr] 5s1 Ri: 161pm Ces trois éléments sont abondants dans les feldspaths, foïdes, la croûte continentale… Par contre, leur rayon ionique diffère car le nombre de couches électroniques est différent. Les éléments d’une même ligne (même nombre de couches électroniques) ont souvent des propriétés chimiques similaires car ils peuvent être caractérisés par une même configuration électronique externe et des rayons ioniques semblables.
Ex : les transitions du 1er ordre: Fe: 1s2 2s2 2p6 3s2 3p6 3d6 4s2 Ri: 55pm
Mn: 1s2 2s2 2p6 3s2 3p6 3d5 4s2 Ri: 67pm
Co: 1s2 2s2 2p6 3s2 3p6 3d7 4s2 Ri: 65pm Ces éléments sont abondants dans les silicates ferromagnésiens et les oxydes. En géochimie, l’atome est assimilé à une sphère formée par un noyau entouré de couches successives d’électrons (modèle de Bohr). Cette vision simpliste est toutefois appropriée pour le partage de la plupart des éléments entre le magma et les sites cristallographiques des minéraux cristallisant dans le magma.
II. COMPOSITION ET FORMATION DU SYSTÈME SOLAIRE ET DE SES CONSTITUANTS
II.1 Anatomie résumée
Le système solaire et constitué de son étoile (soleil), des planètes, des planètes naines et des petits corps.
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Les planètes sont définies comme des corps en orbite autour du soleil, ayant une masse suffisamment importante pour que la gravité supplante les déformations engendrées par les marées et la tectonique (forme +/‐ sphérique à l’équilibre) et ayant leur voisinage dégagé. Les planètes naines (Pluton et Eris) sont en orbite autour du soleil et ne sont pas le satellite d’une planète. Elles ont une masse suffisamment importante pour que la gravité supplante les déformations engendrées par les marées et la tectonique (forme +/‐ sphérique à l’équilibre). Leur voisinage n’est pas complètement dégagé. Les petits corps sont tous les objets du système solaire ne répondant pas aux définitions ci‐dessus et ne formant pas non plus un satellite planétaire (astéroïdes, poussières, nuages gazeux,…).
Nom Masse
comparée à la Terre
Diamètre à l’équateur
(km)
Densité moyenne (g/cm3)
Distance au Soleil (106km)
Soleil 1,9891×1030 kg 1 392 000 1400 0 Mercure 0,056 4860 5,6 58 Vénus 0,82 12 140 5,2 108 Terre 1 (5,97 1024kg) 12 760 5,5 150 Mars 0,11 6 800 3,9 228 Jupiter 318 143 200 1,3 778 Saturne 95 12 000 0,7 1400 Uranus 15 52 000 1,2 2870 Neptune 17 50 000 1,7 4500
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Conclusion importante : le soleil détient 99.86% de la masse du système solaire ; il domine donc la composition du système solaire.
II.2 Composition du système solaire
La composition du système solaire est déterminée par l’analyse spectroscopique de la photosphère du soleil. En effet, le rayonnement électromagnétique du soleil (hors atmosphère terrestre) peut être assimilé à celle d’un corps noir à 5700‐5900 °K. Dans le spectre solaire, on remarque des bandes d’absorption caractéristiques d’un élément chimique ou d’une molécule. Ces longueurs d’onde sont absorbées par les éléments pour provoquer des transitions électroniques d’une orbitale externe vers une orbitale interne.
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Plusieurs caractéristiques se démarquent dans la figure ci‐dessus :
• H et He sont les éléments dominants (100 à 1000x plus abondants que l’oxygène).
• Les éléments à Z pair et les éléments dont la masse atomique est un multiple de 4 sont particulièrement plus abondants.
• Les éléments légers sont en général plus abondants que les lourds.
• Certains éléments sont surabondants (Fe) ou sous abondants (Be, Sc) par rapport à la tendance générale.
Ce spectre d’abondance s’explique par les processus de nucléosynthèse, i.e. la formation des éléments chimiques dans les étoiles et lors des premiers instants suivant le Big‐Bang.
II.3 Nucléosynthèse et genèse des éléments
L’expansion actuelle du système solaire implique qu’il y a 15 109 ans, l’Univers était concentré en un point et était par conséquent plus dense et chaud (~1x1011 °K) qu’aujourd’hui. A ce stade, la matière n’est probablement représentée que par des particules isolées (protons, neutrons, électrons,…). Le système entre en expansion (Big‐Bang), se refroidit et les premiers noyaux stables sont formés en quelques minutes : c’est la
Abondance relative des élémentsdans le système solaire (Si fixé à 1) 1 H hydrogen 2.8×104 2 He helium 2.7×103
3 Li lithium 5.7×10−5 6 C carbon 1.0×101
7 N nitrogen 3.1×100
8 O oxygen 2.4×101
9 F fluorine 8.5×10−4 11 Na sodium 5.7×10−2 12 Mg magnesium 1.1×100 13 Al aluminium 8.5×10−2 14 Si silicon 1.0×100 16 S sulfur 5.2×10−1 19 K potassium 3.8×10−3 20 Ca calcium 6.1×10−2
26 Fe iron 9.0×10−1
28 Ni nickel 5.0×10−2
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nucléosynthèse primordiale. Seuls les noyaux 1H, 2H, 3H, 4He, 7Li sont formés avant que la température ne décroisse à 3x108 °K). Les deux principaux noyaux seront 4He (20‐30% en poids) et 1H (~75% en poids). A environ 3000°K, les électrons pourront venir former les couches électroniques autour des noyaux. Après ce stade primordial, les noyaux plus lourds ne seront formés que dans les étoiles : c’est la nucléosynthèse stellaire. Les étoiles se forment probablement dans des nœuds de la matière primordiale, suite à des instabilités gravitationnelles. La matière y devient dense et, par conséquent, plus chaude, ce qui va permettre la fusion des noyaux formés peu après le Big‐Bang. Pour vaincre la répulsion électrostatique entre les protons (seules particules chargées dans le noyau), la température dans les étoiles doit atteindre 106‐107 °K. Les noyaux d’1H vont fusionner en 4He.
41H=>4He+hν Cette réaction libère énormément d’énergie, ce qui provoque l’arrêt de la contraction des étoiles : c’est la séquence principale. Le soleil est, à cette phase d’évolution, comme la majorité des étoiles (80%). Lorsque le produit de cette réaction est consommé, l’étoile va brutalement se contracter en son centre. Cette contraction provoque la fusion en noyaux plus lourds :
4He + 4He => 8Be + hν 8Be + 4He => 12C + hν
12C + 4He => 16O
L’énergie libérée fait gonfler l’étoile en une géante rouge. L’évolution de la plupart des étoiles (95% des étoiles de la Voie Lactée) s’arrête ici. L’expansion des parties externes des géantes rouges donnera lieu à des nébuleuses, alors que le cœur subsistera en une naine blanche qui refroidira en une naine noire. L’augmentation de la température au cœur des étoiles plus massives (>4x la masse du soleil) va permettre la fusion des noyaux d’Hélium pour former du Carbone et ensuite de l’Oxygène. Ce stade débute quand la température atteint 1x108 °K et que la masse de l’étoile approche 0.8x la masse du soleil.
Quand la masse de l’étoile est de 6 à 11x la masse du soleil et la température 6x108°K (1% des étoiles), les processus de brûlage du C, de l’O et du Ne commencent.
12C + 12C => 20Ne + 4He + hν 16O + 16O => 28Si + 4He + hν
et 12C + 16O => 24Mg + 4He + hν A ce stade, Na, Al, P, S et K sont également formés (brûlage du Ne).
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Ensuite, vient le stade « e » (équilibre, brûlage du Si , T~109 °K) : les réactions se font dans les deux sens.
28Si + hν ↔ 24Ne + 4He 28Si + 4He ↔ 38S + hν 32S + 4He ↔ 36Ar + hν
Le noyau le plus lourd formé est alors le 56Fe. L’étoile se contracte brutalement car la fusion des noyaux en Fe est endothermique (l’étoile atteint un diamètre de quelques dizaines de kilomètres). Cette contraction provoque une hausse brutale de la T°, ce qui engendre la fission des noyaux (dont le Fe).
56Fe + hν => 13 4He + 4 1n 4He + hν => 2 1H + 2 1n
Ces réactions libèrent des particules à haute énergie ; l’expansion brutale des couches externes supplante alors la gravité : c’est la nucléosynthèse explosive ou stade Surpernova. Les stades « r » (ajout de neutrons) et « p » (ajout de protons) débutent alors. Les noyaux plus lourds que le 56Fe (jusqu’au 244Pu) sont alors formés. En 10 secondes, une supernova relâche autant d’énergie que celle émise par tout l’Univers en cet instant, c‐à‐d 100 fois plus d’énergie que le soleil libérera en 10 milliard d’années !!! Ces stades ne sont atteints que par les étoiles très massives. Les résidus de cette explosion deviendront une étoile à neutrons ou un trou noir. Ce modèle de nucléosynthèse explique donc les caractéristiques majeures du spectre d’abondance des éléments dans le système solaire :
• H et He sont formés dans les instants suivant le Big‐Bang et dans la majorité des étoiles (séquence principale).
• Les éléments plus lourds que C ne sont formés que dans moins de 5% des étoiles lors des derniers stades d’évolution (étoile massives, supernovas).
• Vu que la brique élémentaire pour former les noyaux plus lourds par fusion est le 4He, les éléments ayant une masse atomique multiple de 4 (et donc un Z multiple de 2) sont plus abondant que les éléments à Z impair.
Cependant, la nucléosynthèse n’explique par le pic d’abondance du Fe. En fait, ce dernier a un noyau très stable (la formation de noyaux de Fe par fusion est endothermique, à l’inverse de la majorité des autres réactions de fusion) car l’énergie de liaison par nucléon est la plus élevée. L’existence d’un noyau stable signifie que les nucléons sont dans un état lié. Puisque les protons dans un noyau sont soumis à une forte répulsion électrique, il doit exister une attraction encore plus forte qui les maintient ensemble et assure la cohésion du noyau. La force nucléaire est une interaction à courte portée, alors que l’interaction électromagnétique est une interaction à longue portée. La force nucléaire est la même pour tous les nucléons, quelle que soit leur charge.
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L’énergie de liaison El d’un noyau est l’énergie nécessaire pour séparer complètement les nucléons. L’origine de l’énergie de liaison peut s’expliquer à partir de la relation masse‐énergie (Einstein) :
²mcE Δ=Δ (c=299 792 458 ms‐1) où ∆m est la différence entre la masse totale des nucléons pris séparément (MT) et la masse du noyau stable (MC). La masse d’un noyau stable étant inférieure à la somme des masses de ses nucléons, l’énergie libérée lors de la formation d’un noyau stable est égale au produit de cette différence de masses par c2. Pour séparer les nucléons, il faut fournir une quantité au moins équivalente d’énergie.
L’énergie de liaison d’un nuclide XAZ s’exprime par :
( ) ².cMME CTl −=
L’énergie de liaison moyenne par nucléon (El/A) pour les noyaux stables est présentée sur la figure suivante. Cette énergie indique à quel point un nucléon est lié au noyau. La courbe atteint un maximum d’environ 8,75 MeV au voisinage de 56Fe puis décroît progressivement jusqu’à 7,6 MeV pour 238U. On peut aussi constater qu’au dessus de A=30, l’énergie de liaison par nucléon reste à peu près constante.
Energie de liaison par nucléon en MeV vs. Nombre de masse A (protons + neutrons). L'énergie de liaison par nucléon représente l'énergie à dépenser en moyenne pour arracher un nucléon d'un noyau. C'est un étalon de la stabilité d'un noyau. Cette courbe de l'énergie de liaison en fonction du nombre de nucléons porte le nom du physicien anglais F.W.Aston, qui fut un des pionniers des mesures de masse des noyaux et obtint un prix Nobel en 1922. Un classique de la physique nucléaire, la courbe d'Aston montre que pour les noyaux naturels il faut dépenser environ 8 MeV pour arracher un nucléon et que l'énergie de liaison passe par un maximum de 8,8 millions d'électronvolts (MeV) pour le nickel‐62 et diminue ensuite lentement pour atteindre 7,6 millions d'électronvolts pour l'uranium.
II.4 Formation du système solaire
La première condition nécessaire à la formation d’un système solaire est la présence d’un nuage de matière suffisamment massif (nébuleuse pré‐solaire contenant principalement du
Nombre de nucléons ou nombre de masse
Ené
rgie
de
liais
on/n
ucle
on e
n M
eV
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240
9
8
7
6
5
4
3
2
1
56Fe12C
16O
4He
238U
Fusion
Fission
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H et de l’He avec moins de 2% d’éléments lourds). Ces nuages moléculaires peuvent être par exemple dissipés par l’explosion d’une Supernova, c'est‐à‐dire l’explosion, en fin de vie, d’une étoile. Ce schéma d’évolution se base surtout sur les observations de divers systèmes solaires dans la galaxie. Si ce nuage entre en contraction gravitationnelle (étape 1, 0.1‐0.5 Ma) soit de manière autonome, soit suite à une onde de compression générée par une Supernova, il peut s’aplatir et former un disque protoplanétaire (étape 2, 0.05 Ma) avec formation d’un proto‐soleil en son centre. La condensation des gaz et l’accrétion des poussières dans les parties externes du disque vont former les premiers embryons planétaires : les planitésimaux (étape 3, 1‐2 Ma). A cette étape, le soleil est plus chaud que le disque, c’est le stade T Tauri. La contraction au centre du système devient très importante, la température au cœur du système augmente et les réactions de fusion nucléaire de 1H et 4He débutent (étape 4). Les poussières de la nébuleuse sont alors soufflées hors du système par l’intense vent solaire. Enfin, le système solaire atteint sa structure actuelle lors du regroupement des planitésimaux en planètes (étape 5).
II.5 Séquence de condensation et composition des planètes
La matière de la nébuleuse « coagule » par deux mécanismes : la condensation des gaz et l’accrétion des poussières. Une séquence de condensation des différents minéraux en fonction de la température dans le disque protoplanétaire a été établie expérimentalement.
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Les premiers éléments à condenser font former des oxydes d’Al, de Ti, des silicates de Ca‐Al, de silicates de Fe et Mg. Les éléments ayant condensé à haute température (>500°K) sont dits réfractaires. Les éléments ayant condensé à basse température sont dits volatils (Na, K, H, Ne, N, C, Rb, Pb,…) Ce comportement distinct des éléments en fonction de la température va expliquer pourquoi les planètes internes (telluriques) sont riches en éléments lourds et réfractaires et pourquoi les géantes externes sont riches en glace.
Certains indicateurs montrent qu’au‐delà de 5 UA ??, la température n’a probablement jamais dépassé 400 °K. Par contre, dans les parties internes du disque protoplanétaire, la température a pu atteindre 2000 °K suite aux radiations du proto‐soleil et à l’effet combiné des frictions et de la contraction gravifique. Le point de condensation des éléments volatils dans les planètes internes sera atteint après que le vent solaire ait balayé les gaz de la nébuleuse (fin de la phase T Tauri). Les planètes internes seront donc pauvres en éléments volatils et riches en éléments réfractaires formant les oxydes et les silicates. De plus, les planètes internes vont être soumises à un bombardement météoritique intense lors des premiers instants de leur existence. Ce bombardement va induire une
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augmentation de la température de surface et, par conséquent, une perte des éléments volatils. A contrario, au niveau des géantes gazeuses, la température de condensation des glaces est atteinte très tôt ; des particules et flocons de glaces et de silicates vont alors former les briques élémentaires des planètes externes.
Cette séquence de condensation et les principales étapes de la formation du système solaire ont pu être mises en évidence grâce aux observations astronomiques, aux travaux expérimentaux, mais également grâce à l’étude des météorites.
II.6 Météorites : témoins de la formation et de la composition du système solaire et des planètes
Structures internes comparées de Jupiter et de la Terre
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La plupart des météorites proviennent d’astéroïdes (notamment de la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter). Un petit nombre de ces objets provient cependant d’autres planètes du système solaire et en ont été arrachées lors d’impact avec d’autres météorites
(notamment les SNC : Shergotty, Nakhla et Chassigny, provenant de Mars). Les météorites provenant d’astéroïdes nous renseignent sur la formation des planètes internes du système solaire. Parmi les météorites qui tombent à la surface de la Terre, les chondrites sont les plus abondantes. Elles tirent leur nom de la présence de chondres (ou chondrules) : sphérules contenant des olivines, pyroxènes, une matrice de composition feldspathique (parfois vitreuse) et des sulfures et oxydes de Fe et de Ni. Ces sphérules seraient d’anciennes gouttelettes de matériel fondu ou partiellement fondu présentes avant l’accrétion planétaire. Les chondrites seraient donc des morceaux de planitésimaux contenant du matériel formé avant l’accrétion (chondrules, poussières cosmiques, condensats de haute température). Ces météorites seraient les briques initiales de la formation des planètes internes et leur composition devrait s’approcher du soleil, mis à part pour les éléments volatils (dont H et He). Sans entrer dans les détails, elles sont subdivisées en trois types :
• Chondrites carbonées (5% des chondrites): ce sont les plus riches en éléments volatils (H, C) et elles contiennent peu de chondrules (<50%). On note cependant la fréquente présence d’inclusions réfractaires riches en Calcium et Aluminium (CAI). Elles sont encore subdivisées selon leur provenance et leurs caractéristiques pétrographiques et géochimiques
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(CI, CO, CV, CM, CR). La composition des chondrites CI est la plus proche du système solaire. • Les chondrites ordinaires (90% de chondrites) sont riches en chondrules (>60%) et
métal. • Les chondrites à enstatite (~2% des chondrites) sont également riches en chondrules
(60‐80%) et métal, mais également riches en enstatite.
Les achondrites (riches en olivine et pyroxènes) sont des météorites différenciées, homogénéisées lors de l’accrétion de planitésimaux. L’augmentation de température provoquée par l’accrétion a probablement provoqué la fusion partielle des chondrites et la cristallisation lors du refroidissement a effacé toute trace de chondrules. On notera encore les sidérites, ou météorites métalliques (riches en Fe et Ni), qui proviennent probablement de planètes, ou de gros astéroïdes différenciés, où la fraction métallique a migré vers le centre de l’objet. Elles sont probablement de bons analogues, en termes de composition, au noyau terrestre.
On notera sur cette figure que la composition mesurée (par spectrométrie de masse) des chondrites est très proche de celle du soleil (déterminée à partir du spectre électromagnétique de la photosphère). Les éléments volatils sont moins abondants car ceux‐ci n’ont pratiquement pas condensé dans les chondrites. Ils ont été éjectés par les vents solaires alors que la température dans les zones internes du disque protoplanétaire était trop
élevée.
II.7 Composition de la Terre et de ses réservoirs
Vu que les chondrites sont les matériaux primitifs du système solaire, la plupart des géochimistes considèrent que la Terre a une distribution chondritique des éléments, mis à
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part pour les volatils. Ces derniers ont été perdus lors des bombardements météoritiques précoces, lors des premiers instants d’existence de la Terre. La composition de la Terre et de ses réservoirs peut être estimée à partir des mesures directes réalisées sur échantillons (croûte, péridotites), d’estimations basées sur les données géophysiques (la vitesse des ondes P est reliée à la densité du matériau, donc indirectement à sa composition) et de données issues de l’analyse des météorites.
Z Noyau Manteau Primitif
8 O 44 wt% 12 Mg 22,8 wt% 14 Si 6 21 wt% 26 Fe 85,5 6,26 wt% 20 Ca 2,53 wt% 13 Al 2,35 wt% 11 Na 0,27 wt% 22 Ti 0,12 wt% 25 Mn 0,1 wt% 19 K 0,02 wt% 28 Ni 5,4 wt% 16 S 1,9 wt%
La composition de la Terre totale est rarement donnée, les géochimistes préfèrent séparer le noyau du manteau primitif. Le manteau primitif est le manteau après la formation du noyau et avant la formation des croûtes océanique et continentale. Celui‐ci est donc très appauvri en éléments sidérophiles, ayant une affinité pour Fe. Sa composition est assimilable à celle de la Terre silicatée (= manteau actuel +croûtes ; Bulk Silicate Earth en anglais, BSE). Cette notion de Terre silicatée a cependant plus de sens géologique que la notion abstraite de manteau primitif vu qu’elle est directement mesurable.
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La figure ci‐dessus montre clairement que la terre silicatée est nettement appauvrie en éléments volatils (perdus lors des bombardements précoces) et en éléments sidérophiles (accumulés dans le noyau). Un autre type de composition est utilisé pour représenter la composition du manteau primitif, la pyrolite. C’est un modèle de composition qui est obtenu en ajoutant 1/3 de basalte tholéiitique de type MORB et 2/3 de péridotite de type harzburgite et/ou dunite (résidus de fusion partielle) que l’on retrouve sur les planchers océaniques actuels. La composition obtenue est sensiblement la même que celle du manteau primitif. Les croûtes ont des compositions différentes du manteau, elle sont enrichies en éléments lithophiles (ayant une affinité pour la l’oxygène et la lithosphère) par rapport au manteau primitif. Nous verrons par la suite que la plupart de ces éléments lithophiles sont incompatibles dans le manteau ou ont une affinité pour les magmas.
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Les éléments majeurs lithophiles sont : Si, Ti, Al, Na et K. La plupart des éléments en trace présentés dans le diagramme ci‐dessus sont lithophiles. Parmi les éléments non lithophiles, on notera les éléments du groupe du platine (sidérophiles/chalcophiles), les transitions du 1er ordre (Cr, Co,…) et le Fe. La composition des croûtes et du manteau primitif est reprise ci‐dessous.
III. CLASSIFICATION DES ÉLÉMENTS La classification des éléments en géochimie dépend des propriétés des éléments et pas directement de la structure électronique des atomes (ce qui sera pourtant parfois lié). La classification de Goldschmidt (datant des années 1920) répartit les éléments selon leur affinité pour un autre élément majeur ou pour une géosphère du globe terrestre. Les lithophiles ont une affinité pour l’oxygène et se retrouvent dans la structure des silicates. Ce sont les éléments que l’on retrouvera en grande quantité dans les enveloppes solides externes de la Terre. Parmi les plus abondants, on trouvera O, Si, Al, Na, K, Ca, Mg. Les chalcophiles ont une affinité pour le soufre et formeront notamment les sulfures. Ce sont Cu, Zn, Pb, As,….. Les sidérophiles ont une affinité pour le Fe. Ce sont des éléments qu’on trouvera en grande quantité dans le noyau. Exemples : Fe, Co, Ni, EGP. Les atmophiles ont une affinité pour les phases fluides. Parmi eux : H, N, Ar, C,…
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D’autres termes seront également utilisés en fonction du comportement des éléments :
• Volatils‐réfractaires : cette subdivision fait référence à la séquence de condensation dans la nébuleuse. Les éléments réfractaires sont ceux condensant à haute température (>500 ou >1000°K selon les auteurs) et les volatils sont ceux condensant à basse température. A l’inverse, les volatils seront « volatilisés » dés que la température dépassera leur basse température de condensation (bombardement météoritique précoce,…).
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• Mobiles‐immobiles : en présence d’eau, certains éléments vont entrer sous forme
dissoute dans le fluide aqueux et quitter le réseau des cristaux. Ces éléments sont appelés mobiles : ils sont solubles dans l’eau et ont un temps de résidence élevé dans l’eau. De bons exemples sont les alcalins (Na, K, Rb, Cs) et les halogénures (F, Cl, Br,…) ; c’est pourquoi l’eau de mer est salée….
• Mendéleiev : le tableau périodique est également souvent utilisé en géochimie : alcalins, alcalino‐terreux, lanthanides, transitions,…
• LILE (Large Ion Lithophile Elements) : éléments lithophiles à gros ions. Cations à valence faible (1 à 2) mais à rayon ionique élevé. La plupart sont solubles dans l’eau et se concentrent dans la croûte terrestre (Rb+, Cs+, K+, Ba+,…).
• HFSE (High Field Strength Elements) : éléments à fort effet de champ. Ce sont des cations à rayon ionique faible mais à valence élevée (Zr4+, Nb5+, REE ….).
Les LILE et les HFSE sont subdivisés selon leur potentiel ionique Z/R, les LILE ont un rapport Z/R <2.