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1 IAE ECONOMIE ET SCIENCE ECONOMIQUE On trouve des notions d’économie dans la Grèce antique, qui se sont enrichies tout au long du Moyen-âge (St-Thomas d’Aquin). Jusqu’au XVI ème siècle l’économie n’est pas autonome par rapport à la morale religieuse. Avec la Renaissance, on assiste en France et en Europe occidentale à l’émergence de nouveaux Etats, qui sont limités par des frontières difficiles à garder. Il faut donc des armées permanentes. Les 1 ers économistes vont s’intéresser à la question de la richesse des souverains car il faut des ressources pour entretenir une armée. Le 1 er économiste à avoir publié un ouvrage « Traité d’économie politique » en 1616 est Antoine de Montchrestien. Il se demande comment faire pour enrichir le souverain car richesse = puissance. Montchrestien va créer une des premières écoles de pensée, les Mercantilistes. La caractéristique fondamentale des économies d’alors est que ce sont des économies sans industrie où l’enrichissement vient surtout des échanges marchands. Dès la fin du XVI ème siècle, une autre préoccupation va intéresser les économistes. Ils voient que le commerce n’est pas tout et que si on consomme il faut produire. Certains vont se pencher sur le lien entre l’agriculture et l’économie : -le travail -le grain, la semence -la nature (indépendante de la volonté de l’homme) Les économistes seront bloqués par ce constat. Il y a quelque chose qu’on ne peut pas contrôler. Ils vont essayer de théoriser cet état. A la fin du XVI ème siècle, les Physiocrates vont introduire une notion fondamentale de l‘économie, l’ordre naturel. Cet ordre naturel est ce qui permet à la nature de tout mettre en ordre pour que tout se passe correctement. Ils vont mettre en cause la supériorité de l’Etat. Selon eux, il existe des lois économiques qui s’imposent aux hommes. Dès le XVIII ème arrivent les Classiques, qui vont évoluer. Ils arrivent en Angleterre au début du siècle, pendant la révolution industrielle. Ils vont approfondir les questions de lois économiques. D’où vient la richesse ? La production ? L’échange ? La formation de la valeur, du prix ? Adam Smith, 1 er des économistes classiques ; David Ricardo ; Robert Malthus sont des représentants de cette école, qui « vécut » de 1730 environ jusqu’en 1848. Ils présenteront un modèle économique simplifié, le modèle Classique, qui conduit à la conclusion pessimiste que l’économie industrielle d’alors va directement dans le mur. Ricardo appellera ça l’état stationnaire. Milieu du XIX ème , fin de l’école classique car évolution des pensées, le message des auteurs classiques (état stationnaire) est remit en cause par d’autres classiques, qui s’appelleront les Néoclassiques. Le XIX ème est un siècle de profonde injustice sociale, qui provoque l’émergence de théories qui vont s’efforcer de démontrer pourquoi cette économie n’a pas d’avenir. Dès 1948, premiers écrits néoclassiques. Si l’échange se réalise dans de bonnes conditions, la situation économique est un équilibre économique. Cet équilibre est la meilleure solution économique pour tous. C’est en même temps un équilibre social (=satisfaisant pour la société). Ils vont appeler ça un optimum économique. Quelques Néoclassiques : Stanley Jevons, Karl Menger, Alfred Marshall , Léon Walras , Vilfredo Pareto .

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Page 1: Iae Nanterre

1

IAE

ECONOMIE ET SCIENCE ECONOMIQUE

On trouve des notions d’économie dans la Grèce antique, qui se sont enrichies tout au long du

Moyen-âge (St-Thomas d’Aquin). Jusqu’au XVIème

siècle l’économie n’est pas autonome par

rapport à la morale religieuse.

Avec la Renaissance, on assiste en France et en Europe occidentale à l’émergence de

nouveaux Etats, qui sont limités par des frontières difficiles à garder. Il faut donc des armées

permanentes. Les 1ers

économistes vont s’intéresser à la question de la richesse des

souverains car il faut des ressources pour entretenir une armée.

Le 1er

économiste à avoir publié un ouvrage « Traité d’économie politique » en 1616 est

Antoine de Montchrestien. Il se demande comment faire pour enrichir le souverain car

richesse = puissance. Montchrestien va créer une des premières écoles de pensée, les

Mercantilistes.

La caractéristique fondamentale des économies d’alors est que ce sont des économies sans

industrie où l’enrichissement vient surtout des échanges marchands.

Dès la fin du XVIème

siècle, une autre préoccupation va intéresser les économistes. Ils voient

que le commerce n’est pas tout et que si on consomme il faut produire.

Certains vont se pencher sur le lien entre l’agriculture et l’économie :

-le travail

-le grain, la semence

-la nature (indépendante de la volonté de l’homme)

Les économistes seront bloqués par ce constat. Il y a quelque chose qu’on ne peut pas

contrôler. Ils vont essayer de théoriser cet état.

A la fin du XVIème

siècle, les Physiocrates vont introduire une notion fondamentale de

l‘économie, l’ordre naturel.

Cet ordre naturel est ce qui permet à la nature de tout mettre en ordre pour que tout se passe

correctement.

Ils vont mettre en cause la supériorité de l’Etat. Selon eux, il existe des lois économiques qui

s’imposent aux hommes.

Dès le XVIIIème

arrivent les Classiques, qui vont évoluer. Ils arrivent en Angleterre au début

du siècle, pendant la révolution industrielle. Ils vont approfondir les questions de lois

économiques. D’où vient la richesse ? La production ? L’échange ? La formation de la valeur,

du prix ? Adam Smith, 1er

des économistes classiques ; David Ricardo ; Robert Malthus sont

des représentants de cette école, qui « vécut » de 1730 environ jusqu’en 1848. Ils présenteront

un modèle économique simplifié, le modèle Classique, qui conduit à la conclusion pessimiste

que l’économie industrielle d’alors va directement dans le mur. Ricardo appellera ça l’état

stationnaire. Milieu du XIXème

, fin de l’école classique car évolution des pensées, le message

des auteurs classiques (état stationnaire) est remit en cause par d’autres classiques, qui

s’appelleront les Néoclassiques.

Le XIXème

est un siècle de profonde injustice sociale, qui provoque l’émergence de théories

qui vont s’efforcer de démontrer pourquoi cette économie n’a pas d’avenir.

Dès 1948, premiers écrits néoclassiques. Si l’échange se réalise dans de bonnes conditions, la

situation économique est un équilibre économique. Cet équilibre est la meilleure solution

économique pour tous. C’est en même temps un équilibre social (=satisfaisant pour la

société). Ils vont appeler ça un optimum économique.

Quelques Néoclassiques : Stanley Jevons, Karl Menger, Alfred Marshall, Léon Walras,

Vilfredo Pareto.

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2

Fin du XIXème

, expansion économique. La pensée néoclassique domine. Elle n’est pas

favorable à l’intervention de l’Etat dans l’économie. Pourtant on va sortir de la crise grâce à

l’intervention de l’Etat : chantier du Métropolitain (métro1) sur Paris par exemple.

1929 crise économique, on prend conscience que la théorie néoclassique n’a pas été capable

de l’anticiper. Après cette crise, émergence dans les années 30 de la théorie keynésienne

(John Maynard Keynes) et mise en place de ses applications dans cette économie.

On voit donc une profonde évolution entre 1615 et 1950 des théories économiques,

compréhensible entre autres, par le changement des économies elles-mêmes.

1.Mercantilistes

2.Physiocrates / Classiques (équilibre = stagnation)

2b.Karl Marx (équilibre = fin du capitalisme)

3.Néoclassiques (équilibre = meilleure situation pour tous)

4.Keynésiens

� Comment définir l’économie : identification de l’économie

Il y a plusieurs dénominations de l’économie :

-Ecopo

-sciences économiques

-analyse économique.

La première étape commence avec les Mercantilistes. L’économie sert à définir la

façon d’enrichir au mieux le souverain. Les Classiques s’occupent de l’économie

industrielle.

Définition 1 : « L’économie veut expliquer la manière dont se forment, se distribuent et

se consomment les richesses » par Jean-Baptiste Say dans « Traité d’économie

politique ». C’est la science de la richesse.

Les Néoclassiques sont la nouvelle référence pour les décideurs (fin 19ème

).

L’économie peut parvenir à l’équilibre qui est harmonieux et équitable, par l’échange.

On échange des biens économiques ou des services. Ces biens ont un prix ! C’est

l’échange marchand.

Définition 2 : « C’est la science de l’échange marchand ».

Mais à quel prix ? Néoclassiques = théorie de la formation des marchés et des prix

WWII nécessite l’intervention massive de l’Etat dans l’économie car il faut reconstruire

les villes dévastées (rupture par rapport aux autres théories). Il y a nécessité pour l’Etat

d’intervenir dès lors que le marché ne peut pas régler le problème tout seul. Comme on

ne peut pas tout faire en même temps, il faut choisir quoi reconstruire en premier =

arbitrage. Les économistes trouvent là une nouvelle fonction : l’aide à la décision

politique. L’économie est devenue une science des choix efficaces.

Définition 3 : « C’est la science qui étudie le comportement humain en tant que

relation entre les fins et les moyens rares à usage alternatif » par Lionel Robbins en

1947.

Recherche de la meilleure adéquation objectifs / moyens rares.

� L’économie est-elle une science ?

Oui mais c’est une science capable de se remettre en question.

Ex : l’inflation

Page 3: Iae Nanterre

3

Controverse de 1590 entre l’université de Paris et les pouvoirs publics (le roi). Le roi va

confier à Monsieur de Boisguillebert la mission de savoir pourquoi les prix augmentent.

Jean Bodin, professeur à la faculté de Paris va proposer une autre explication que celle

de Boisguillebert. L’histoire lui donnera raison sans toutefois donner tort à

Boisguillebert.

Pourquoi le prix du grain augmente ?

Boisguillebert fait ouvrir les livres de comptes des paysans et il constate que 10 ans

auparavant le quintal de blé valait 1 pièce d’or, contre 1 pièce d’or + 1 Louis d’argent

au moment de l’enquête.

Son hypothèse est : le processus d’échange de monnaie où les pièces passent de main

en main fait que les pièces s’usent. Pour lui la hausse des prix est donc due à l’usure

des pièces. Plus l’argent circule vite, plus il s’use donc plus les prix augmentent. Il fait

vérifier cela par les orfèvres qui montrent que les vieilles pièces ont un poids en or plus

faible.

Jean Bodin, professeur à la Sorbonne, enquête bien qu’il n’ait pas les mêmes

possibilités d’investigation. Il regarde les livres des fermiers généraux mais n’arrive pas

à la même conclusion que Boisguillebert. Il constate une modification dans

l’économie : la quantité d’or en stock a augmenté (pillages des conquistadors en

Amérique du Sud). Pour lui les hausses de prix sont causées par la hausse du stock

d’or, l’expansion monétaire. Or����� × 2; Grain������ = Prix × 2 Dans le courant du XIX

ème, cette opération sera résumée par d’autres économistes sous

la forme suivante, qui est l’équation quantitative de la monnaie: M = P × T (où M est la masse monétaire, P l’indice de prix et T le volume des

transactions)

Le roi ne donne pas raison à Bodin car c’est trop complexe pour être compris, par

rapport à la réponse intuitive de Boisguillebert.

Dans les deux théories, certaines hypothèses n’étaient pas vérifiées. Dans celle de

Boisguillebert M est constant ; cependant il a raison sur le point que l’inflation est liée

à la vitesse de circulation de la monnaie. Dans celle de Bodin, La vitesse de circulation

n’est pas essentielle ; cependant il a raison sur le fait que M a augmenté.

� la boîte à outils des économistes – les modèles et la confrontation avec la réalité

L’économie est une science car elle suit une méthode. L’économie construit, propose

une méthode explicative = modèle. C’est un résumé, une synthèse la plus explicative

possible de la réalité.

Ex : M PT=

Ensuite ce modèle est confronté à la réalité (analyse au travers de faits statistiques,

données réelles,…). Cette phase de confrontation n’est pas toujours satisfaisante. On va

donc reformuler les hypothèses et reconstruire le modèle. Si la confrontation est

satisfaisante on retient la réponse. Mais ça ne veut pas dire que ce soit la seule

explication !

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4

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1. DE LA DESCRIPTION A

L’ECONOMIE : L’ANALYSE EN TERME

Il y a deux conceptions de l’économie

1-L’économie comme un circuit

Elle fonctionne comme un circuit plus ou moins complexe. Toute action provoque une

réaction d’autres agents économiques.

Ex : une entreprise paie des salaires. Si elle les baisse, cela va faire baisser les dépenses et

donc faire baisser le prix d’achat. Il y a deux appro

nationale (description du circuit économique) et la théorie keynésienne (explication du circuit

économique).

2-Comme un ensemble de marchés

L’économie est un ensemble de marchés. On va chercher à savoir comment se

prix et se concluent les échanges. Les Classiques (Smith, Marx,…) et les Néoclassiques.

� La représentation simplifiée du circuit économique

Les Physiocrates vont proposer une représentation simplifiée en terme de circuit (1

François Quesnay).

Hypothèses simplificatrices

1-économie fermée

2-pas de banque, d’institutions financières (2 agents

Le marché ici est un lieu d’échanges

et celui du travail

Ce circuit économique simplifié possède plusieurs propriétés

5

DE LA DESCRIPTION A LA REPRESENTATION DE

: L’ANALYSE EN TERME DE CIRCUIT

Il y a deux conceptions de l’économie :

L’économie comme un circuit

comme un circuit plus ou moins complexe. Toute action provoque une

réaction d’autres agents économiques.

: une entreprise paie des salaires. Si elle les baisse, cela va faire baisser les dépenses et

donc faire baisser le prix d’achat. Il y a deux approches du circuit, celui de la comptabilité

nationale (description du circuit économique) et la théorie keynésienne (explication du circuit

Comme un ensemble de marchés

L’économie est un ensemble de marchés. On va chercher à savoir comment se

prix et se concluent les échanges. Les Classiques (Smith, Marx,…) et les Néoclassiques.

La représentation simplifiée du circuit économique

Les Physiocrates vont proposer une représentation simplifiée en terme de circuit (1

Hypothèses simplificatrices :

pas de banque, d’institutions financières (2 agents : ménages et entreprises)

Le marché ici est un lieu d’échanges, et il y a deux marchés, celui des biens et services

économique simplifié possède plusieurs propriétés :

LA REPRESENTATION DE

DE CIRCUIT

comme un circuit plus ou moins complexe. Toute action provoque une

: une entreprise paie des salaires. Si elle les baisse, cela va faire baisser les dépenses et

ches du circuit, celui de la comptabilité

nationale (description du circuit économique) et la théorie keynésienne (explication du circuit

L’économie est un ensemble de marchés. On va chercher à savoir comment se forment les

prix et se concluent les échanges. Les Classiques (Smith, Marx,…) et les Néoclassiques.

Les Physiocrates vont proposer une représentation simplifiée en terme de circuit (1er

: ménages et entreprises)

, et il y a deux marchés, celui des biens et services

Page 6: Iae Nanterre

6

-tout circuit est double (flux réels, flux monétaires)

-tout circuit est doublement équilibré (équilibre par marché et par agent)

: :travail O D ménages salaire consommation

par marché par agentB S O D entreprise recettes dépenses

⇒ = ⇒ =

+ ⇒ = ⇒ =

-tout circuit constitue un lien d’interdépendances (si on touche aux coûts de production,

on va affecter les recettes de production) = toute décision a une conséquence sur le

reste de l’économie.

Page 7: Iae Nanterre

7

1.a. LES GRANDES OPERATIONS ECONOMIQUES

1.a.1. La production et les productivités

1.a.1.1. LA PRODUCTION DE BIENS ET SERVICES ET LES FACTEURS DE PRODUCTION

1.a.1.1.1. Les facteurs de production

Pour bien produire, l’entreprise a besoin de locaux, de personnel, d’équipements, de

terrains, de matières premières, de consommations intermédiaires.

Les théories économiques nous disent qu’il faut distinguer deux choses :

-les facteurs de production

-les consommations intermédiaires CI (produit incorporé dans le nouveau produit,

partie qu’on prélève et qui disparaît)

Les Physiocrates, majoritairement français et occupés par l’agriculture vont discerner

ces deux choses de la façon suivante :

Facteurs = travail, terre, matériel (capital)

CI = semence

Les Classiques étudient les économies industrielles qui sont en train de se développer,

pour eux :

Facteurs = travail (L), capital (K), terre

Pour Marx enfin :

Facteurs = travail, capital (pas la terre, car elle n’est pas rare)

Ces deux facteurs L et K sont rares, ils ont donc un prix. Ils sont chers et les entreprises

vont devoir choisir entre les 2 = arbitrer. Ils sont également reproductibles.

1.a.1.1.2. Les techniques de production : domaine techniquement efficace et situations

économiquement acceptables

Ces facteurs ne sont en eux-mêmes pas suffisants pour produire. Pour pouvoir produire,

il va falloir combiner ces facteurs entre eux. La manière dont on les combine dépend du

choix de la technique de production qu’on a retenu.

Ex : On veut produire de l’électricité

-Dynamo = capital, celui qui pédale = travail

-Usine thermique = capital, ceux qui la font tourner = travail

La centrale thermique utilise beaucoup de capital mais nécessite peu de salariés donc

peu de travail. Pour la dynamo il faut peu de capital et beaucoup de travail.

La technique de production va résumer l’ensemble des connaissances et des savoirs

techniques dont on dispose au sein de la société. Le choix qui sera fait sera

probablement celui de la meilleure technique de production. Et la meilleure technique

de production est celle qui permettra de fabriquer le plus avec le moins de travail. C’est

le meilleur choix pour nous aussi bien technologiquement qu’économiquement.

La rationalité des agents économiques les conduit en permanence à retenir les

techniques de production qui sont technologiquement efficaces (on élimine le risque de

gaspillage technique) et économiquement acceptables (on élimine le risque de

gaspillage économique, on produit aux coûts de production les plus faibles par

exemple).

Page 8: Iae Nanterre

8

Quand on aura choisi une technique de production qui a ces deux critères, on dira qu’on

a sélectionné une fonction de production. La fonction de production va donc résumer

l’ensemble des choix techniques et économiques de l’entreprise et va nous permettre

d’associer à tout vecteur de facteur de production (L,K) un niveau de production Y

( , )Y F K L⇒ = où F représente la fonction de production

Exemple de fonction de production :

y K Lα β= +

Fonction linéaire à facteur substituable (on peut choisir d’utiliser un facteur plus qu’un

autre sans changer le niveau de production.

α et β sont des coefficients techniques, c’est-à-dire des coefficients de transformation

d’un facteur en niveau de production

Y K Lα β=

Fonction non linéaire à facteur substituable

1.a.1.1.3. Les fonctions de production : substituabilité et complémentarité

Toutes les fonctions de production ne sont pas à facteur substituable. Certaines sont à

facteur complémentaire, ce qui veut dire que la quantité de travail et de capital sont

liées de façon rigoureuse.

1.a.1.2. LA MESURE DE LA PRODUCTIVITE

1.a.1.2.1. Productivité totale, productivité moyenne et productivité marginale

On parlera de productivité totale lorsqu’on mesurera la productivité de Y=F(K,L).

On va mesurer une productivité moyenne notée PM, qui est le nombre d’unités de

production que fournit en moyenne chacune des unités de facteur travail employée.

Elle est notée L KY YPM PM

L K= =

Si par exemple PML

> PMK on peut dire qu’on aurait peut-être avantage à utiliser plus

de travail.

Cette mesure n’est pas suffisante.

Ex1 : la production de blé au XVIIème

sur un champ de 1 hectare. Il y a de la terre et du

travail. Au début le paysan est seul, il aura probablement un mauvais rendement car il

n’arrivera pas à faire tout le travail. On met un 2ème

paysan, la PML va augmenter. Elle

s’améliore encore avec un 3ème

. Avec un 4ème

paysan on va améliorer la qualité de

travail des 3 autres, cependant ça ne va pas accroître la PML mais la faire baisser. A

partir d’un certain nombre de paysans il y aura un encombrement. La PML

va

augmenter, stagner puis baisser.

Ex2 : chaîne de production de pots de yogourts. Il y a un certain nombre de postes de

travail (par exemple 5). On a ici du capital et du travail. Avec un ouvrier on aura du

mal, donc une PM faible. Si on en met deux ça sera un peu mieux. Avec 3, 4 et 5 il y a

encore une amélioration. Ce sera encore probablement le cas avec un 6ème

ouvrier, qui

sera multifonction et qui va remplacer pendant les pauses. Au-delà de 6 la PM va

sûrement baisser (rien à faire, papotage,…).

La PM ne permet pas de mesurer ça.

Page 9: Iae Nanterre

9

La productivité marginale. Un 2ème

ouvrier arrive, ça fait augmenter la productivité.

Cette augmentation est sa productivité marginale. On appelle productivité marginale du

travail (L

mP ), la quantité de production supplémentaire apportée par la dernière unité de

facteur travail employée.

On appelle L K

m mP P la variation de production imputable à la deuxième unité de facteur

travail ou capital employée.

L K

m m

Y YP P

L K

∆ ∆= =

∆ ∆

En général on considère que ces variations sont petites.

Ex : production de blé, un facteur de production (L)

Courbe de productivité totale

K et L seront pour nous des variables continues (≠ discrètes), c’est-à-dire

fractionnables. L* est le maximum de la production

Page 10: Iae Nanterre

10

L

mP nulle quand on est au maximum de la production L*. Elle est maximale au point

d’inflexion de la courbe de productivité totale ^

L . Jusqu’à ^

L la L

mP augmente. Entre

^

L

et L* la productivité marginale diminue et au-delà de L* elle est nulle.

1.a.1.2.2. Rendements factoriels et rendements d’échelle

1.a.1.2.3. La loi des rendements factoriels décroissants

1.a.1.3. DE LA PRODUCTION A LA VALEUR AJOUTEE

1.a.1.3.1. Production et consommations intermédiaires : l’approche microéconomique

1.a.1.3.2. Production et consommations intermédiaires : la mesure globale

1.a.1.3.3. La valeur ajoutée

La production n’est pas toujours synonyme de richesses créées. On va appeler valeur

ajoutée la production nette des consommations intermédiaires nécessaires.

VA Y CI= −

La particularité de cette V.A. est qu’elle est indépendante des choix de techniques de

production et d’organisation de la production.

Ex : production d’épingles

Entreprise 1 = extraction de minerai de fer

Entreprise 2 = transport de minerai (à dos d’homme)

Entreprise 3 = manufacture d’épingles

Entreprise Y CI VA

1 100 - 100

2 150 100 50

3 200 150 50

total économie 450 250 200

nouvelle entreprise 200 - 200

Nouvelle société qui a acheté les champs de minerais et qui s’est établie à côté de ces

champs. Même technique de production. La V.A. est la même car elle est indépendante

de la technique de production ou de l’organisation de l’entreprise.

Quand on parlera de création de richesse, on parlera de V.A. et pas de production.

1.a.2. La formation des revenus

Les auteurs classiques vont connaître une organisation économique et sociale moderne.

L’industrie appelle une nouvelle forme d’organisation du travail, le salariat. Il se caractérise

par le fait que l’ouvrier est lié à l’entreprise par une relation de travail (peut-être même par un

contrat de travail).

Le premier à voir cette nouvelle forme d’organisation apparaître et se développer est Adam

Smith car c’est le 1er

à s’intéresser à l’organisation du travail dans les manufactures.

Début XVIIIème

(1776), 1ère

publication d’Adam Smith, qui est une réflexion sur cette

nouvelle forme d’organisation. La question de la formation des revenus se pose depuis cette

période.

1.a.2.1. LA FORMATION DES SALAIRES ET DES PROFITS

1.a.2.1.1. La formation du salaire chez les Classiques et chez Marx

Page 11: Iae Nanterre

11

Le vrai théoricien de cette question ne sera pas Adam Smith mais un autre Classique,

David Ricardo. Ricardo va commencer par définir ce qu’est le salaire : « le prix naturel

du travail ».

Le prix naturel du travail est celui qui fournit aux ouvriers le moyen de subsister et de

perpétuer leur espèce sans accroissement ni diminution (2nd

moitié du XVIIIème

).

Cette définition souligne trois aspects principaux :

-salaire = prix naturel du travail (prix = quelque chose qui dépasse la volonté des

hommes, se fixe selon une loi qui s’impose)

-subsister = le salaire doit permettre de survivre (c’est une théorie du minimum

« vital »)

-perpétuer = se minimum permet de perpétuer sa race

Robert Malthus va présenter une loi économique qualifiée de naturelle. Une loi

naturelle est une loi imposée par la nature et contre laquelle les hommes ne peuvent

rien faire. Cette loi s’appelle « loi du développement de la population » ou « loi de la

population ».

Elle dit que la population, si elle ne se heurte à aucun obstacle, va doubler tous les 25

ans. Malthus est considéré comme le 1er

démographe économique.

Sa loi pose un problème car Ricardo a démontré, dans le même temps, que dans

l’agriculture on était confronté à une autre loi naturelle « la loi des rendements

décroissants » qui dit que la productivité marginale est décroissante. Donc lorsque la

population double, la production ne double pas, cela va poser un problème car la

Demande de blé < Production de blé.

Comment va-t-on fixer le prix naturel du travail ?

Pour Malthus il sera fixé au minimum vital. Ce minimum doit juste permettre de

perpétuer l’espèce (Malthusianisme). Si on le paie moins que le minimum, le travailleur

meurt et l’espèce ouvrière se décompose (et le capitalisme aussi). Si le salaire est

supérieur au minimum vital, l’ouvrier se reproduit et la population va s’élever plus vite,

ce qui va rapidement augmenter la quantité de travail et la productivité marginale va

donc baisser, ce qui va faire que la production de blé va croître moins vite et tous les

nouveaux travailleurs n’auront pas à manger. Il y aura une famine et l’ouvrier le plus

faible ne va pas résister. La population va baisser et les meilleurs resteront

(Darwinisme) puis tout va rentrer dans l’ordre. Selon Malthus il ne faut pas céder aux

exigences des ouvriers, le taux de salaire doit être le minimum vital, pour le bien de

tous.

Ricardo, quant à lui, pensait au minimum sociologique. Il note que le besoin de

l’ouvrier n’est pas le même partout. Il va analyser deux économies indépendantes,

l’Angleterre et le Portugal. L’Angleterre produit des tissus qu’elle vend aux Portugais

et les Portugais sont plus habiles dans les métiers de la terre notamment la production

de Porto. Comment fixer le prix du Porto ou du tissu ? Le minimum vital n’est pas le

même pour les deux car les Anglais vivent dans des conditions climatiques plus dures

est nécessitent donc plus de salaire.

Pour Marx, les capitalistes cherchent toujours à fixer le salaire au minimum vital. A un

moment donné (grâce au syndicalisme), le salaire est un minimum vital qui tient

compte des forces en présence (pouvoir des syndicats). C’est un minimum historique =

dépend du développement social d’une économie donnée.

Page 12: Iae Nanterre

12

Classiques _

W w L=

Où W est la masse salariale, _

w le minimum vital et L la quantité de travail.

1.a.2.1.2. L’analyse marginaliste de la formation des salaires

Cette théorie n’arrive pas à expliquer pourquoi les ouvriers ont un meilleur niveau de

vie que leurs ancêtres. Les Néoclassiques vont proposer une autre théorie « la

rémunération des facteurs de production à leur productivité marginale ».

1.a.2.1.3. La détermination du profit

Situation 0 : � = � + � = �� + �

Où W est la masse salariale, Π le profit, w le taux de salaire et π le taux de profit

(salaire naturel du capital).

Situation : ∶"#→"%↗# "%'("#⇒('*+*,'-.,%/"%'01/((#/"#)

⇔ � = 561 78 � = 56#

Les Néoclassiques disent que si on respecte cette forme de rémunération, il n’y aura pas

d’inégalité dans la distribution des revenus. Elle permet de traiter en même temps la

rémunération du travail et du capital.

1.a.2.2. REVENUS PRIMAIRES ET REVENUS DE TRANSFERT

Néoclassiques :K

mPπ =

Classiques : _

Y W R w L R= + Π + = + Π +

Les Classiques déterminent le salaire et la terre, le profit est le solde. En fait, _

Y w L RΠ = − − .

R se détermine par la théorie de la rente foncière, qui elle-même se détermine par la loi

des rendements décroissants (car l’agriculture n’a pas encore bénéficié des

développements industriels).

Ricardo constate que les terres agricoles les plus fertiles et accessibles ont été mises en

culture parmi les premières. Avec la progression de la civilisation, elles sont

transformées en terres d’habitation. Elles sont remplacées par de nouvelles terres moins

fertiles et moins accessibles. Il faudra plus de travail pour produire la même quantité de

blé. La L

mP a baissé, le prix du blé augmente et les anciennes terres fertiles bénéficient

d’une rente foncière (=résultat de productivités toujours plus faibles dans l’agriculture

du fait de la loi des rendements décroissants). Le profit est donc destiné à diminuer

inexorablement (théorie du profit résiduel). _

Y w L RΠ = − − , si R ou _

w L augmentent, Π diminue.

1.a.2.3. RENOUVELLEMENTS

Selon les Néoclassiques :

-le profit ne baisse pas inexorablement

-apparition de nouvelles formes de rémunération du capital

→ imperfections des marchés

Page 13: Iae Nanterre

13

Les Classiques ne se soucient pas de ça, pour eux le marché est parfait (sur lequel il y a

une liberté d’entreprendre, pas d’entraves ou règlementations, information gratuite et

parfaite).

Les économistes s’aperçoivent cependant que les marchés sont loin d’être parfaits :

-émergence de syndicats, quelques inférences de l’Etat

-pas de liberté d’entreprendre ou fortement dénaturée (trust,…)

-information payante et non parfaite

Alfred Marshall va commencer à représenter ce qu’est un marché et comment il

fonctionne pour la première fois. Ensuite les économistes vont étudier les monopoles et

la concurrence monopolistique. Ils montrent alors que le profit est plus élevé sur un

marché imparfait que ce qu’on observe sur un marché à concurrence parfaite. Il y a

apparition d’un profit exceptionnel = au-delà de la rémunération normale du capital.

Dans les années 1930, on va découvrir une 2ème

cause de hausse des profits, le rôle des

entrepreneurs (Joseph Schumpeter). Les entrepreneurs cherchent à innover, leur capital

devient plus productif. L’entrepreneur va bénéficier pendant un temps d’une rente de

situation, jusqu’à ce que les autres entrepreneurs se rendent compte qu’il a innové et

adoptent le même procédé technique.

Il y a également une troisième explication, l’incertitude.

L’entrepreneur va prendre des décisions en faisant des paris. Cela justifie l’existence

des profits simplement parce que l’entrepreneur est un calculateur avisé qui gagne

souvent ses paris.

C’est Knight qui va poser le principe de ce fondement.

La probabilité est la mesure que l’on associe à la survenance d’un événement. Si

l’événement est très probable cela signifie que la probabilité est très forte et un

événement peu probable a une probabilité faible.

On parle de probabilité en économie parce que si on peut mesurer une probabilité cela

signifie qu’on peut à peu près prévoir tel ou tel événement.

Au niveau démographique, Malthus a calculé le taux de mortalité pour avoir une table

de mortalité au fil des ans.

La loi de la probabilité permet de dire que telle ou telle personne née à telle date risque

de mourir au temps X = espérance de vie (statistiques).

En économie, présence d’une multitude de questions qui relèvent de cette probabilité.

Ex : risque d’incendie : que faut-il faire ? Prendre un contrat d’assurance incendie et

donc le jour où le risque survient, la compagnie d’assurance va rembourser le coût du

sinistre.

Quand on parle d’incendie on parle de risque assurable, qui est un type d’événement

(maladie, incendie) pour lequel on a pu mesurer une loi de probabilité qui mesure la

survenance de l’événement. Cependant il y a un événement qu’on ne peut pas mesurer :

le divorce (pas assurable pour des raisons morales ou économiques).

Ex : les perturbations climatiques, les tornades, les tempêtes et ouragans. Les

climatologues sont capables de mesurer la survenance d’un ouragan. Mais le risque

n’est pas assurable car il est tellement élevé que personne ne pourrait le proposer (de

couvrir les risques).

Il existe des situations où il est impossible de mesurer la probabilité.

Page 14: Iae Nanterre

14

Ex : la récession économique, on ne peut pas mesurer sa probabilité. Dans ce cas on ne

parle pas de risque mais d’incertitude (situation qu’un individu ou une petite population

ne peut traiter, à la limite un pays ou une grande structure pourrait le faire).

C’est l’entreprise qui réussira à déjouer la récession et à venir en tirer des profits.

1.a.2.4. REVENUS ET REVENU NATIONAL

1.a.3. La consommation et l’épargne

Quand on regarde comment fonctionne l’économie, les différentes variables, on se rend

compte que la consommation a une place très importante.

Les ménages consomment 85% de leur revenu. La consommation c’est à peu près 2/3 de

l’activité économique.

Les administrations consomment et les entreprises aussi (CI).

La consommation finale détruit les produits et la consommation intermédiaire les incorpore.

Opération de consommation finale des ménages :

Dans les théories économiques, la question de la consommation a été absente de réflexion

jusqu’aux auteurs néoclassiques.

Les Classiques (Marx) parlent sans aborder la question du comportement de ceux qui

consomment et donc jusqu’aux Néoclassiques on n’en parlait pas.

Les auteurs néoclassiques disent que les ménages sont rationnels et donc qu’ils choisissent de

consommer pour se procurer le plus de satisfaction possible, faire le bon usage des produits

qu’ils ont.

L’analyse microéconomique permet d’expliquer un comportement individuel dans des

questions plus généralisées sans porter sur une économie générale. Par exemple ces auteurs

ont expliqué les comportements individuels sans pour autant avoir pu expliquer les causes de

la crise de 1929. Pour l’expliquer, Keynes va proposer une analyse de la consommation des

ménages (approche globale). On appelle cela une approche macroéconomique.

1.a.3.1. LA FONCTION DE CONSOMMATION KEYNESIENNE

Le but est d’expliquer pourquoi à un moment donné le niveau de la consommation des

ménages est celui que l’on observe. On fait une approche globale de la consommation

des ménages (agrégats, consommation globale).

1.a.3.1.1. La loi psychologique fondamentale

Il va répondre à cette question en définissant ce qu’on appelle « la loi psychologique

fondamentale », énoncée dans l’ouvrage qu’il publie en 1936 « La théorie générale de

l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie ».

Elle s’énonce comme suit : « en moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à

accroître leur consommation à mesure que le revenu croît, mais pas d’une quantité

aussi grande que l’accroissement du revenu ». ↗ 9 :;7< ↗ � =:>? Δ9 < ΔY

Présence de trois propositions dans la loi.

En moyenne et la plupart du temps, il montre qu’il existe une fonction de

consommation. Par exemple il existe une forme fonctionnelle ( )C C Y+

= stable qui est

une relation positive entre revenu et consommation, mais la croissance de la

consommation est inférieure au revenu.

Page 15: Iae Nanterre

15

0 1

( ) 0 1

dC

dY

dCC C Y avec

dY+

< <

⇒ = < <

Dans la théorie générale, Keynes présente une représentation graphique.

1.a.3.1.2. La représentation de la fonction de consommation

La croissance qui ralentit signifie que la Pmc décroît, elle est inférieure à 1. Le revenu

explique la consommation moyenne et la plupart du temps la pente de la courbe est

positive.

Keynes introduit deux concepts fondamentaux dans son analyse appelée « la

propension à consommer ». Elle peut être moyenne, dans ce cas c’est la PMC ou elle

peut être marginale, dans ce cas c’est la Pmc.

CPMC

Y

dC dérivée deCPmc

dY dérivée deY

=

= =

Cette théorie keynésienne de la consommation est essentielle. Il y a deux expressions

analytiques de cette fonction que l’on va trouver partout :

1

ère forme = fonction linéaire

Proposition 1 : vérifiée la plupart du temps → oui

Proposition 2 : les hommes tendent à accroître leur consommation avec l’accroissement

du revenu → oui

0 1c avec c Pmc< < =

La particularité de cette fonction est que la dérivée dC C

c PMCdY Y

= = =

Page 16: Iae Nanterre

16

Proposition 3 : pas vérifiée

Cette première forme est presque bonne mais pas complètement, il va donc proposer

une 2nd

forme.

2

ème forme = fonction affine

0C C cY= +

Proposition 1 : il existe une forme fonctionnelle stable → oui

Proposition 2 : les hommes tendent à augmenter leur consommation quand leur revenu

augmente → oui 0 < c=Pmc < 1

Proposition 3 : n’est pas mieux vérifiée mais elle est moins mal vérifiée. Cette 3ème

proposition dit que la Pmc doit décroître, pourtant ici elle est stable

5C9 = 9� = 9D + <�� = 9D� + < > < = 5=<

La propension moyenne décroît. C’est un substitut, une mauvaise lecture mais

fréquemment utilisée parce que c’est la plus simple à utiliser.

1.a.3.1.3. La fonction d’épargne

L’épargne est la partie non consommée du revenu dans la théorie keynésienne :

S = Y-C

Donc il existe une fonction d’épargne compte tenu de cette définition

0 0 0( ) (1 )S Y C Y C cY Y C cY c Y C= − = − + = − − = − −

Où (1-c) est la propension marginale à épargner.

Page 17: Iae Nanterre

17

0C = niveau d’épargne pour lequel le revenu est nul. La valeur de Y pour laquelle

000 (1 ) 0

1

CS c Y C Y

c= ⇒ − − = ⇒ =

1.a.3.2. LES REMISES EN CAUSE DE L’EXTENSION

Un des points fondamentaux de la théorie keynésienne : le chômage déstabilise les

démocraties parlementaires. Dans le chômage il y a un risque. Keynes propose une

théorie active de lutte contre le chômage.

Elle dit que c’est parce que les ménages ne consomment pas assez qu’il y a du chômage

et donc il faut relancer la consommation des ménages.

1.a.3.2.1. Les tentatives de vérification empirique

La première tentative de vérification de la théorie keynésienne de la consommation va

être proposée en 1946 par un économiste américain, Kuznets, en se basant sur la

comptabilité nationale. Il travaille sur la consommation des ménages entre 1869 et 1938

et il représente tout d’abord les observations qu’il a pu faire, la consommation et les

revenus.

Proposition 1 : stable

Proposition 2 : oui

Proposition 3 : pas vérifié

Page 18: Iae Nanterre

18

Chaque couple d’observations, c’est le revenu x consommation de l’année ( , )A t

Y C et

il trouve que c’est une droite qui passe par l’origine et qui a une pente de 0,86.

Pmc = PMC parce que c’est une fonction linéaire qui ressort.

Le problème c’est que la théorie keynésienne est en partie vraie. C’est le premier doute

qui se pose depuis sur cette théorie.

D’autres économistes au cours des années 1950 vont s’efforcer d’approfondir cette

question. Ils ont à disposition des enquêtes de consommation auprès des ménages, qui

consistent à prendre un échantillon représentatif de consommateurs américains et de

mesurer la consommation et le revenu de chaque consommateur à une période donnée.

Elle permet de connaître pour un nombre de consommateurs important, la

consommation de chacun d’entre eux et son revenu.

{ }, ; 1,...,i i

N nombreconsommateurs

C Y i N

=

=

Représentation de l’ensemble des consommateurs. On trouve une fonction de

consommation, mais la propension marginale à consommer est toujours stable bien que

faible (0.4 - 0.5 au maximum). Comme l’enquête est de durée limitée, on parle de

propension marginale à consommer de courte période CPPmc . On trouve ici une

fonction affine un peu meilleure que la précédente mais guère mieux.

Kuznets a une approche sur séries chronologiques.

Les autres ont une approche en coupe instantanée.

L’approche de Kuznets est appelée analyse synchronique alors que celle en coupe

instantanée est appelée analyse diachronique. Comme aucune de ces analyses n’a réussi

à vérifier la fonction, ils vont essayer de l’étendre.

1.a.3.2.2. Les extensions de la représentation

On chercher à comprendre pourquoi le résultat en courte période et en longue période

est différent.

Les premiers travaux vont s’efforcer de demander pourquoi on trouve une fonction

affine en courte période et si c’est compatible avec la représentation de longue période.

C’est un économiste, Duesenberry qui en 1949 va proposer sa théorie « la théorie de

l’effet de démonstration ». Son approche a consisté à montrer que chaque

consommateur décide de sa consommation en tenant compte de deux catégories

d’informations.

-situation globale de son revenu, qui est un indicateur de richesse générale (Y)

Page 19: Iae Nanterre

19

-situation du groupe auquel il appartient

Car on ne consomme pas seulement en fonction de son revenu mais aussi pour

maintenir son image sociale, forgée par le groupe auquel on appartient (effet de

démonstration).

( ; )iLT CT

C f Y caractéristiques=

Duesenberry justifie et illustre la différence entre ces deux cas mais il ne débouche pas

sur une nouvelle fonction de consommation.

En se fondant sur l’analyse de Duesenberry, Brown en 1952 va proposer une extension

de la théorie keynésienne « théorie de l’effet de mémoire » ou « théorie de cliquet ». Il

repart de Duesenberry, se dit que la consommation est fonction de deux paramètres :

-le revenu courant

-la consommation d’aujourd’hui dépend de celle d’hier

Brown va proposer une expression de la fonction de consommation qui est la suivante :

1t t tC C cYα −= +

Cette fonction présente des caractéristiques importantes :

-en courte période les habitudes ne vont pas se modifier et le consommateur ne prend

en compte que le revenu, donc la consommation antérieure est une donnée (constante).

CP steC C cY= +

On retrouve le résultat de l’analyse diachronique

-en longue période tout est variable car le revenu change et les habitudes de

consommation vont évoluer. En longue période on se place en situation de régime

permanent, qui est une situation qui se caractérise par une variation conjointe de toutes

les variables. Dans cette situation de régime permanent il y a une situation particulière

où plus rien n’aura à bouger car on aura atteint une situation d’équilibre. En

l’occurrence ici il existe un niveau de revenu qui satisfait les consommateurs au point

qu’ils ne vont plus modifier leurs habitudes de consommation.

(1 )

Lp LP LP

LP LP LP

LP LP

C C cY

on peut résoudrecette formule

C C cY

C cY

α

α

α

= +

− =

− =

1

(1 )

LP LPC cYα

=−

Page 20: Iae Nanterre

20

L’approche de Brown permet donc d’englober l’analyse de CP et l’analyse de LP

(travaux d’enquête et travaux de Kuznets).

Les auteurs keynésiens paraissent satisfaits car ils ont une fonction de consommation

qui présente toutes les bonnes caractéristiques :

-la fonction de consommation existe

-la fonction est stable

-Pmc ≠ PMC

-Pmc < PMC

Tout laisse penser que cette Pmc peut bien diminuer. La loi psychologique

fondamentale est respectée.

A la fin des années 1950 les économistes vont développer des modèles

macroéconomiques basés sur les modèles que Brown a présentés.

1.a.3.2.3. La remise en question de Friedman

Un autre économiste, Friedman, va publier en 1957 un ouvrage qui remet en cause cette

théorie keynésienne.

Il va proposer de distinguer deux composantes dans le comportement des

consommateurs :

-CP

-LP

LP :

Pour lui en effet les consommateurs sont rationnels, normal il fait partie des

Néoclassiques. Le consommateur est capable de se projeter dans le futur sans trop se

tromper.

Aujourd’hui le consommateur est doté d’un capital qui va lui permettre de produire les

revenus dont il a besoin pour financer sa consommation. Ce capital est composé de

deux grandes catégories d’éléments : le capital humain et le capital matériel.

Le capital physique : titres de propriété, logements, actifs monétaires/financiers,

rendements de ses immeubles par exemple. Il peut anticiper les revenus de ce capital

physique.

Le capital humain est l’ensemble des connaissances qu’il a pu acquérir dans le cadre de

sa formation. Les revenus de ce capital humain vont être les revenus d’activités

(salaires, revenus d’indépendants). Le consommateur peut définir son profil de carrière

pour les prochaines années et peut anticiper ses revenus.

Pour Friedman il y a un revenu permanent. Comme le consommateur est rationnel et

qu’il peut connaître son revenu permanent, il peut donc aussi connaître sa

consommation permanente. P P

C cY=

CP :

En courte période, même si le consommateur est rationnel, il ne peut pas maîtriser tout

son environnement (maladie, sinistres et promotions par exemple). Ses revenus peuvent

donc être inférieurs à ce qu’il a anticipé sur le long terme. La consommation peut être

affectée (si on est malade on consomme moins) sans que cela ait un rapport avec le

revenu. Le revenu peut aussi être supérieur à ses prévisions.

Page 21: Iae Nanterre

21

CP LP CP LP

CP LP CP LP

Y Y C C

Y Y C C

< ≠

> ≠

Comme il existe un revenu permanent, il existe un revenu transitoire, qui correspond

aux variations inattendues/inespérées du revenu. Il n’est pas associé aux fluctuations de

consommation, qui elles sont liées à l’existence d’une consommation transitoire qui est

le reflet d’une situation inattendue.

( )T T T

P T

p T P T

Y C f Y

Y Y Y

C C C cY C

⇔ +

⇒ = +

= + = +

On n’est donc pas capable d’expliquer la propension à consommer, qu’elle soit

moyenne ou marginale.

Cela signifie qu’il n’existe pas de fonction de consommation stable et donc il n’existe

pas non plus de Pmc. Il n’y a pas de lien clair et précis entre revenu et consommation.

Pour Friedman, la fonction de consommation keynésienne est une illusion et tout ce qui

en découle n’a aucun lien théorique ou logique.

Pourquoi s’y attarder ?

Parce que tous les gouvernements ont adopté des politiques économiques

keynésiennes :

-lutte contre le chômage est une priorité absolue

-il est de la responsabilité de l’Etat d’intervenir si naturellement les marchés ne

conduisent pas au plein emploi.

1.a.3.3. LES ENJEUX DE LA REPRESENTATION (KEYNESIENNE)

1.a.3.3.1. Le multiplicateur keynésien

Il y a quelque chose qui se cache derrière la représentation keynésienne. On va

imaginer une économie très simplifiée. Il y a les entreprises et les ménages. On va

simplifier les habitudes de consommation des ménages. Les entreprises produisent deux

biens (de consommation, d’investissement).

Un modèle = représentation simplifiée, qui est composée d’équations. Dans ce modèle

il y a deux équations.

_

0

_

C cY C comportement consommateurs

Y C I comportement entreprises

= + = +

On a un modèle. 0C est la consommation incompressible ou autonome. I est donné,

constant et 0C aussi. On trouve donc deux équations et deux inconnues ici. On résout

ensuite l’équation ci-dessus pour trouver Y :

0

0

0

( )

(1 )

Y C I

Y cY C I

Y cY C I

Y c C I

= +

= + +

− = +

− + +

Page 22: Iae Nanterre

22

[ ]0

1

(1 )Y C I

c= +

Maintenant qu’on a résolu l’équation, on interprète.

S’il y a du chômage c’est que l’activité est insuffisante. Il faut donc augmenter la

production pour augmenter la quantité de travail et donc diminuer le chômage. ↗ � ⇒↗ � ⇒↘ <ℎô=:I7

Sinon, augmenter 0C ou I. Mais 0C est incompressible, il faut donc augmenter I, mais

les entreprises ne le font pas car elles n’ont aucune raison de le faire. Donc c’est l’Etat

qui va investir (politique de grands travaux). J ⇒↗ :<8>;>8é L7 11 − < = =OP8>QP><:87OR L′:<8>;>8é

Ex :

Selon Kuznets c=0.85, donc le multiplicateur vaut 1/(1-0.85)=1/0.15=environ 6.5

Dans ce cas un investissement entraîne une activité 6.5 fois supérieure.

Cette théorie légitime une intervention de l’Etat.

1.a.3.3.2. Le choix de la politique monétaire

Friedman va contredire la théorie ci-dessus car la fonction de consommation n’existe

pas et on ne peut donc pas en tirer le multiplicateur.

Selon Friedman, le chômage vient d’un déséquilibre du marché du travail (coûts trop

élevés par exemple). Pour relancer l’investissement il faut donc jouer sur les conditions

d’investissement, en jouant sur les taux d’intérêts. ↘ > ⇒↗ J

Dans les années 1960 les économistes keynésiens vont s’intéresser à la manière

d’accroître l’efficacité du multiplicateur keynésien sans pour autant augmenter les

investissements publics. Pourquoi ? Parce que le financement public est financé par les

impôts ou l’endettement.

On peut faire ça en touchant au niveau du multiplicateur

1

1Y I

c∆ = ∆

Rien de plus simple, il faut redistribuer les richesses. En effet, si on considère que

l’économie est composée de ménages pauvres et de ménages riches, en donnant plus

aux pauvres et moins aux riches on va augmenter c, car les riches consomment plus.

La politique de redistribution des revenus vise à accroître C, c’est ce qu’on appelle en

France les 30 Glorieuses.

Comment redistribuer ?

P P P P

RR R R

P R P P R R

P R P R

Y C c Y

YC c Y

Y

C C c Y c YCc

Y Y Y Y Y

=

=

+ += = =

+ +

Où α = Yp/(Yp+Yr), α est la part du revenu national accordé aux pauvres, on obtient

donc

Page 23: Iae Nanterre

23

(1 )P R

c c cα α= + −

Avec la loi psychologique fondamentale, on sait que Pmc diminue quand le revenu

augmente, donc P Rc c> .

On sait que la valeur du multiplicateur (1/(1-c)) augmente si c augmente. Donc en

augmentant la proportion de la richesse qui est distribuée aux pauvres, on accroît la

Pmc de l’économie et la valeur du multiplicateur.

Cette analyse a fondé les stratégies économiques de redistribution que les Etats

occidentaux ont appliquées.

Pour les monétaristes, cette stratégie est intolérable. Ils ont proposé une politique

monétariste à la place des politiques d’intervention keynésiennes.

1.a.3.3.3. Des options difficilement conciliables

Page 24: Iae Nanterre

24

1.b. L’APPROCHE DE LA COMPTABILITE NATIONALE

La comptabilité nationale propose un système comptable à l’échelle d’un pays. Ensemble de

règles, comptes, conventions, qui permettent de retracer l’activité économique d’un pays.

C’est une représentation économique simplifiée qui s’inscrit dans la logique du circuit

économique.

Les systèmes de comptabilité nationale sont récents, un peu plus de 50 ans. L’apparition du

système de comptabilité nationale date de la fin de WWII.

Les systèmes de comptabilités privées sont nettement plus anciens, ils apparaissent à la fin du

XIXème

. Ils apparaissent car les grandes entreprises sont en train de se développer. Elles font

appel à des actionnaires et des emprunts, elles font donc appel à l’épargne des particuliers. Le

problème est la question de l’information des actionnaires quant à la santé de l’entreprise.

L’idée se propage qu’il faut mettre en place un système d’information qui doit être commun à

toutes les entreprises et permettre de donner les grandes informations financières des

entreprises. Ce système doit être crédible. Le premier système de comptabilité d’entreprise a

une particularité, il est limité à l’élaboration d’un bilan, qui retrace la richesse et les dettes de

l’entreprise.

Les Etats, qui cherchent à moderniser leur fiscalité, veulent connaître les informations sur les

entreprises. On va donc voir apparaître le compte d’exploitation.

Buts de la comptabilité privée :

-mieux connaître pour les prêteurs

-mieux connaître pour avoir une fiscalité plus efficace

Jusqu’au années 1940, on ne parle pas de comptabilité nationale. Pourtant avec la théorie

générale de Keynes, les économistes vont se poser la question de la mesure (consommation

des ménages, des entreprises,..). Des économistes vont se demander comment on peut calculer

ces agrégats. Ils vont penser à transposer la comptabilité privée au niveau du pays =

comptabilité nationale.

Arrivée de WWII :

-transformation de l’économie en économie de guerre, qui est fortement planifiée =

administration des économies en cas de conflit.

-problèmes de reconstruction, qui nécessitent une intervention très forte de l’Etat

La comptabilité nationale va permettre d’y remédier. Les systèmes de comptabilité nationale

vont donc apparaître et se développer dès la fin des années 1940.

Il y a alors deux systèmes de comptabilité nationale qui voient le jour :

1-système de l’organisation européenne de coopération économique en 1950 : OECE, qui va

devenir l’OCDE. L’OECE propose dès 1950 un système de comptabilité nationale dit

« normalisé » = système de normes partagées par les pays. Il a pour ambition de mesurer les

grands agrégats économiques. Ce système propose un système de mesure de chaque agrégat.

La consommation finale est la consommation des ménages et autres, sans les investissements

et la consommation intermédiaire. Ce système va être repris par l’ONU et amélioré.

2-le système français à la fin des années 1940, début des années 1950. Système de

comptabilité nationale française CNF. Le pays est doté d’une comptabilité comme chaque

grand agent économique. En regroupant toutes ces comptabilités on peut sortir la valeur des

agrégats économiques. Ce système est capable d’expliquer la raison de la mesure alors que le

système normalisé ne permet que de prendre une mesure.

Page 25: Iae Nanterre

25

Le CNF va rester en vigueur en France jusqu’en 1976. A partir de là, les comptabilités

nationales vont commencer à se rapprocher. Le principe d’une comptabilité est intégré par

l’ONU et la CNF, qui jusque là ne s’intéressaient qu’à la production marchande

(administrations ne produisaient pas, ni les associations, qui étaient considérées comme des

administrations privées), va se rapprocher du système normalisé.

Dès 1976 apparaît le SECN, système élargi de comptabilité nationale. Elargit car on intègre

notamment la partie non marchande des activités. L’autre enjeu est l’harmonisation de toutes

les comptabilités nationales : Europe. Dans tous les états de l’Europe en construction, la

mesure de la richesse doit être la même. Les systèmes de comptabilités nationales devront

s’adapter.

Dès 1995 est mis en place un nouveau système de comptabilité nationale, le SEC, qui permet

de mesurer tous les comptes. Pour l’instant il n’évolue plus dans ses principes et méthodes, il

est figé pour un certain nombre d’années. A chaque fois qu’on change le système de

comptabilité nationale, il faut refaire les calculs pour les années antérieures.

1.b.1. Le champ et la méthode

1.b.1.1. L’ANALYSE EN TERMES DE FLUX

Les systèmes de comptabilité nationale sont des systèmes en termes de flux. Elle

s’intéresse à la manière dont la richesse est créée, (re)distribuée et utilisée. Ces

opérations se mesurent en termes de flux.

Les comptables nationaux vont être amenés à distinguer des comptes de flux mais aussi

à enrichir l’analyse de ces comptes par des comptes de stock.

1.b.1.1.1. Flux et stocks

Flux → compte central, une contrainte de cohérence globale est imposée à ce compte

Stock/patrimoine → comptes satellites (ex : compte patrimoine des ménages)

1.b.1.1.2. Flux bruts et flux nets

1.b.1.1.3. Amortissements, dépréciation, obsolescence

1.b.1.2. L’ANALYSE EN TERMES MONETAIRES

1.b.1.2.1. La convention monétaire

La comptabilité nationale propose aussi une analyse en termes monétaires. Flux

monétaire = contrepartie d’une activité économique réelle (ici réelle signifie non-

monétaire).

Cela ne signifie pas que les comptables nationaux vont se désintéresser de ce qui est

non monétaire. Mais ce qui est non monétaire ne sera pas traité dans le cadre du compte

central, mais dans les comptes satellites.

Ex :

dépenses de R&D = le compte central

nombre de chercheurs, brevets et autres = comptes satellites

1.b.1.2.2. Ouverture du droit ou date de versement

Comment mesurer les opérations économiques ? A l’ouverture du droit ou au moment

du paiement ?

Ex 1:

Consommation alimentaire d’1 paquet de riz. On paie le paquet → achat + paiement

Page 26: Iae Nanterre

26

Il y a identité entre la date d’ouverture du droit et la date de versement (se sont les

mêmes)

Ex 2 :

Achat d’une voiture à crédit.

Date d’ouverture = date de signature du contrat et d’obtention du prêt

Date de versement = premier versement après 30 jours.

Les systèmes de comptabilité nationale sont des systèmes en date d’ouverture du droit,

c’est-à-dire que l’opération économique est comptabilisée au moment de la naissance,

de la transformation ou de la disparition d’une valeur économique.

Plus précisément dans le SEC on parle de comptabilisation en droit constaté.

Cela signifie qu’il faudra, dans un autre compte, décrire la manière dont les

financements sont effectués.

Ce principe de droit constaté pose un problème à l’Etat mais pas aux entreprises, qui

connaissent déjà ce principe dans la comptabilité privée.

1.b.1.2.3. Valeurs et volumes

Les comptables nationaux sont confrontés à un problème : la comparaison des valeurs à

différentes périodes de temps.

Par exemple la production de 2006 par rapport à celle de 1995. Le problème c’est qu’il

y a eu une augmentation des prix, mais elle n’est pas la même pour tous les produits.

Ils ont donc été obligés de construire des indices de prix très compliqués. C’est avec

ces indices de prix imparfaits que les comptables nationaux corrigent les valeurs

monétaires pour construire ce qu’on appelle des évaluations en volume. Et ils précisent

« évaluation en volume au prix de l’année 1995 ».

1.b.1.3. LE CADRE COMPTABLE

Les systèmes de comptabilités nationales s’inscrivent aujourd’hui dans une approche

comptable.

Le principe d’un système comptable est le respect permanent de l’équilibre

emplois/ressources.

1.b.1.3.1. L’inscription comptable

Toute opération économique est inscrite dans un compte

1.b.1.3.2. La comptabilité en partie double

Double écriture : toute opération est inscrite deux fois dans les comptes nationaux =

« principe de comptabilité en partie double ». Car toute opération économique constitue

simultanément l’emploi pour un agent économique et une ressource pour un autre.

Ex :

Page 27: Iae Nanterre

27

Salaire versé par une entreprise entreprise emploi

salarié ressource

Consommation entreprise ressource

ménage emploi

1.b.1.3.3. L’équilibre emplois-ressources

1.b.2. Les conventions

1.b.2.1. LE CADRE SPATIAL ET TEMPOREL

1.b.2.1.1. Le cadre spatial

On va s’intéresser aux opérations qui sont réalisées par des agents économiques sur ce

qu’on appelle le territoire économique de référence.

En économie française ce cadre regroupe :

-la France métropolitaine (y compris la Corse)

-Drom (départements et régions d’outre-mer)

C’est donc le territoire national.

Toutes les opérations effectuées sur ce territoire économique de référence sont

comptabilisées, sauf deux exceptions :

-les enclaves étrangères sur le territoire national, de deux sortes principalement : les

territoires des ambassades qui bénéficient du principe d’extra-territorialité

-les concessions faites à des pays étrangers

+enclaves territoriales françaises à l’étranger

Les ambassades n’ont pas à rendre de compte au pays d’accueil, il n’est donc pas

possible de connaître les opérations économiques qui ont lieu sur leur territoire.

Les concessions territoriales : les cimetières étrangers sur le sol national par exemple.

Les concessions sont hors du système de la comptabilité nationale.

Le système de CN commence par rappeler ce qu’est le cadre spatial.

1.b.2.1.2. Le cadre temporel

Le cadre temporel est l’année civil. Pourquoi avoir pris ce cadre temporel ? à des fins

d’harmonisation !

Une exception : les comptes trimestriels.

Pour alimenter les comptes de la Nation, les comptables nationaux mobilisent une

grande diversité de sources statistiques (comptabilité d’entreprise, comptes de la Sécu,

comptes des administrations publiques, statistiques d’origine fiscale). Il faut donc

remonter à l’INSEE (en charge de la comptabilité nationale) les fichiers statistiques

correspondant à ces 4 sources.

Ex : sources fiscales

A priori ces sources sont exhaustives. Donc sauf en cas de fraude, omission, mauvaises

déclarations, elles permettent de connaître les revenus de tous les agents. La déclaration

générale des impôts (DGI) doit être remontée à l’INSEE.

Ces sources sont remontées dès qu’on en a connaissance. Par exemple les revenus 2006

sont connus dès que les déclarations (bénéfices non commerciaux, impôt sur les

Page 28: Iae Nanterre

28

sociétés IS, impôt sur le revenu) ont été renvoyées à l’administration fiscale, donc au

cours du mois de mai 2007.

Ces infos sont analysées, vérifiées et cela permet de disposer d’une information

collectée et vérifiée à partir de septembre 2007.

En fait à cette période, la marge d’erreur est d’environ 5% à cause des omissions

(erreurs de bonne foi), des mauvaises déclarations et des fraudes (courant dans les

professions libérales et dans certains secteurs comme l’hôtellerie par exemple). A partir

de l’automne 2007 l’administration fiscale commence à corriger les erreurs et

omissions et procède aux contrôles et redressements fiscaux. L’administration fiscale

va procéder à une première vague de correction d’ici à l’été 2008. Il reste 2% de marge

d’erreur. Entre l’été 2008 et l’été 2009, le reste des redressements fiscaux seront

effectués. Il restera alors une marge d’erreur de 1%.

Il est important d’avoir des données fiables, pour connaître la part des versements de la

France aux institutions européennes.

Si on s’intéresse aux comptes de la Nation de 2006, une première version de ces

comptes va être publiée au printemps 2007 (version provisoire). La marge d’erreur est

de l’ordre de 3-4%, ce qui est énorme. Au cours de l’année 2007, les estimations seront

améliorées et une version semi-définitive sera présentée au printemps 2008 avec une

marge d’erreur de 2%. Une publication définitive des comptes de la Nation de 2006

interviendra au printemps 2009. Cette estimation est définitive tant que la CN ne

change pas de base (SEC base de 1995 aujourd’hui).

On change de base environ tous les dix ans et cela prend environ 3 ans. C’est un travail

considérable car sur l’année de base les comptables nationaux rassemblent

l’information avec une marge d’erreur quasi nulle.

Ex : passage de SECN au SEC base 1995

La croissance économique a été corrigée de 0.6 points.

L’élaboration des comptes de la Nation prend du temps.

Il est évident cependant que les agents économiques ont besoin d’une information

économique beaucoup plus rapidement → comptes trimestriels

1.b.2.1.3. Les comptes trimestriels

Les comptes trimestriels constituent une version trimestrielle provisoire des comptes de

la Nation. Décalage de l’ordre de quatre mois (en novembre 2007 on dispose d’une

connaissance provisoire du 2ème

trimestre 2007). Les comptables nationaux mobilisent

les sources d’informations conjoncturelles.

On connaît les revenus par l’intermédiaire des versements de sécurité sociale, qui sont

semestriels.

1.b.2.2. LE DECOUPAGE EN SECTEURS INSTITUTIONNELS

1.b.2.2.1. Le découpage en secteurs institutionnels

Les comptables nationaux ont choisi de regrouper les centres de décisions (entreprises,

ménages,…) en secteurs institutionnels. Ils ne parlent pas d’agents économiques mais

de centres de décisions. Quand ils veulent parler d’une unité économique élémentaire

(un ménage par exemple) ils vont parler d’une unité institutionnelle. L’ensemble de

ces unités est regroupé en secteurs institutionnels. Il y a cinq secteurs institutionnels + 1

(car ce n’est pas un secteur institutionnel au sens précis du terme).

Page 29: Iae Nanterre

29

Ces secteurs sont représentés par : un nom + initiales + numéro

-1er

: S11 = les sociétés non financières (SNF) →ensemble des entreprises

-2èmé : S12 = sociétés financières (SF) → ensemble des banques, des institutions

financières et compagnies d’assurances

-3ème

: S13 = administrations publiques (APU) → Etat, administrations, collectivités

locales

-4èmé : S14 = les ménages, dont les entrepreneurs individuels (EI) → question

d’identification des comptabilités

-5ème

: S15 = institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM)

Ces cinq secteurs ont une particularité qui s’identifie par le point commun que leur

code commence par → S12.

Ils définissent le total des secteurs résidents : S1

-6èmé : S2 = reste du monde

La particularité d’un secteur institutionnel est qu’il va être doté d’une comptabilité

complète, c’est-à-dire une comptabilité permettant de retracer l’ensemble de ses

opérations.

Le reste du monde n’a pas de comptabilité.

Les comptables nationaux regroupent selon une logique qui renvoie à des concepts

fondamentaux en CN :

-concept de fonction principale

-concept de ressource principale

1.b.2.2.2. Fonctions principales et ressources principales

La fonction principale est l’activité économique principale des unités institutionnelles

(ex : pour les ménages c’est consommer).

Les ressources principales permettent d’identifier l’origine des revenus dont dispose le

secteur institutionnel.

Secteur institutionnel Fonction principale Ressource principale

SNF = S11 Produire des biens et

services marchands (qui

s’échangent sur le marché

en contrepartie d’une

redevance, d’un prix, taxe,

péage) non financiers (seuls

les services peuvent être

financiers, pas les biens)

Produits de la vente

SF = S12 Financer et/ou assurer

-financer veut dire

collecter, transformer,

répartir des disponibilités

financières

-assurer veut dire garantir

un paiement en cas de

réalisation d’un risque

assurable

Financer : fonds résultant

des engagements financiers

contractés (intérêts sur

prêts)

Assurer : primes

contractuelles ou

cotisations sociales

volontaires

APU = S13 Produire des services non Versements obligatoires

Page 30: Iae Nanterre

30

-APUC = administrations

centrale (Etat-Ministères)

-APUL = administrations

locales (communes,

départ.)

-ASSOC = administration

de la Sécu

marchands qui sont

destinés à la collectivité (le

bénéficiaire n’est pas

individuellement

identifiable) ou effectuer

des opérations de

redistribution des revenus

effectués par les autres

secteurs institutionnels

(impôts, taxes, cotisations

sociales)

Ménages + EI = S14 Consommer

Et en tant que EI, produire

des biens et des services

marchands non financiers

Fonction accessoire :

autoproduction, qui a 4

composantes : le bricolage,

production de jardins

familiaux, employeurs,

producteurs de service du

logement

Rémunérations versées par

les autres secteurs

institutionnels ou produits

de la vente

ISBLSM = S15 Production de biens et

services destinés en

exclusivité aux ménages

Fonction accessoire :

Production de biens et

services marchands (dont le

produit de la vente ne peut

excéder 50% du revenu de

l’association)

Contributions volontaires

uniquement

Ressources accessoires :

subventions versées par les

administrations

1.b.2.2.3. Les spécificités rencontrées

1.b.2.3. LES CATEGORIES D’OPERATIONS

Pourquoi créer des catégories ?

Car le nombre d’opérations qu’une UI peut effectuer est considérable (+ de 500'000

opérations réalisables par une UE = estimation).

Il y a trois grandes catégories d’opérations que distinguent les comptables nationaux :

-les opérations sur biens et services : ensemble des opérations nécessaires pour produire

et opérations qui résument l’utilisation des biens et services qui ont été créés.

-les opérations de répartition : opérations de répartition des richesses créées

(distribution et redistribution = comment par l’intermédiaire des impôts et prélèvements

obligatoires on redistribue les richesses entre les SI).

-les opérations financières, qui vont décrire comment se forment, circulent et

disparaissent les créances et les dettes, contreparties des activités économiques.

Ex : le salaire = créance du salarié sur l’entreprise, qui naît par le travail effectué et

meurt par le paiement du salaire, opération = virement du salaire.

1.b.2.3.1. Les opérations sur les biens et services

Page 31: Iae Nanterre

31

P1 : la production

On trouvera dans les comptes nationaux, une distinction entre production marchande

(P11), production pour comptes propres (P12), autres productions non marchandes

(P13).

P12 = autoproduction, pour consommer soi-même, pour un emploi final. On ne

comptabilise pas ici l’autoproduction de CI !

P11 → SF, SNF, EI

P12 → Ménages (hors EI)

P13 → APU, ISBLSM

« La production se définit comme l’activité socialement organisée des unités résidantes,

consistant à créer des biens et services habituellement échangés sur le marché et

obtenus à partir de facteurs de production s’échangeant sur le marché. »

Pourquoi doit-elle être obtenue à partir de facteurs de production s’échangeant sur le

marché ?

-car la production doit être marchande. C’est la façon d’intégrer ce qui est non

marchand.

-car il va falloir mesurer cette production. Comment ? Pour ce qui est marchand il y a

un prix mais pas pour ce qui est non marchand, dont la valeur sera calculée à partir des

coûts de production, calculés eux-mêmes à partir du prix des facteurs de production qui

eux ont un prix car ils s’échangent sur le marché.

On va mesurer la production, dès lors qu’elle est marchande, au prix de base. Le prix de

base est le montant que le producteur reçoit de l’acheteur, le prix d’acquisition diminué

(-) des impôts sur les produits et augmenté (+) des subventions sur les produits (la PITT

est un impôt sur les produits par exemple et comme exemple de subventions on peut

citer celles reçues des agriculteurs).

Il reste donc le revenu effectif du producteur. Le prix de base est donc la recette que le

producteur retire de la vente de sa production. Il y a par contre une marge dans un prix

de marché, c’est l’ensemble des coûts de production + la marge du producteur.

Une production non marchande (pas de marge) sera comptabilisée aux coûts de

production.

Ex : comment sera comptabilisé le coût de production des jardins familiaux ?

Ils additionnent l’ensemble des coûts nécessaires à la production (graines, brouette,

arrosoir,…)

Ex2 : comment va-t-on comptabiliser l’autoproduction des services domestiques des

ménages ?

Par les coûts de production, ici le salaire du personnel de maison (les comptables

nationaux disposent des clés de redressement nécessaires pour faire une bonne

évaluation)

P2 : La consommation intermédiaire

« C’est la valeur des biens autres que le capital fixe, valeur des biens et services

marchands consommés au cours de la période de production. »

P3-4 : Consommation finale

C’est ce qui va concerner la consommation finale. Mais les comptables nationaux

distinguent deux opérations différentes de consommation finale, car toute une partie de

l’activité des administrations publiques et ISBLSM produit des services non

Page 32: Iae Nanterre

32

marchands. Ils parleront alors de consommation finale individuelle. Egalement car les

administrations publiques et ISBLSM ne mettent pas directement à disposition cette

consommation, appelée consommation finale collective.

P3 = dépenses de consommation finale :

→ individuelle

→ collective (santé, enseignement,…)

P4 = consommation finale effective

P4 : consommation finale effective

C’est l’ensemble de la consommation des ménages, c’est-à-dire la somme de la dépense

de consommation des ménages (P3) et des consommations individualisables (= on est

capable d’identifier l’utilisateur final) incluses dans la dépense de consommation finale

des administrations publiques et ISBLSM.

La consommation finale est donc beaucoup plus large que la simple dépense de

consommation finale, car on incorpore ce qui est appelé la consommation

individualisable qui se trouve dans les comptes des APU et ISBLSM.

La dépense de consommation finale des ménages se limite donc aux dépenses qu’ils

supportent directement. Elle comprend la part des dépenses de santé, logement,

éducation restant à leur charge après les remboursements éventuels. On y inclut aussi le

loyer que le propriétaire est sensé se verser à lui-même pour occuper son propre

logement, appelé par les comptables nationaux le loyer imputé.

Dépenses de consommation finale =

Dépenses directement imputées

+ part des dépense de loyer restant à charge (loyer net d’allocation par exemple)

+ dépenses de santé restant à charge éventuellement (mutuelle, pas obligatoire, donc

ses remboursements ne sont pas déduits)

+ part des dépenses d’éducation restant à charge

+ partie des dépenses individualisables des APU et ISBLSM (allocations logement)

P3 ménages + P3 (APU + ISBLSM)

= P3 ménages + P3 individuelle (APU + ISBLSM) + P3 collectif (APU + ISBLSM)

= P4 ménages + P3 collectif (APU + ISBLSM)

P5 : Formation brute de capital (FBC)

Brute veut dire non corrigée des amortissements.

P51 = formation brute de capital fixe (investissement productif)

P52 = variations de stocks = production encore en stock dans l’entreprise à la fin de

l’année : que pour des biens et services qui vont incorporer le capital fixe ou la CI, pas

possible pour les biens de consommation finale.

P6 : Exportations

P7 : Importations

Page 33: Iae Nanterre

33

Ce qui caractérise ces opérations de biens et service, c’est l’existence d’une relation

d’équilibre qui les unit, appelée équilibre ressources/emplois.

Cela signifie que :

C (57) + 5RUL (51) = 9J (52) + 9V + VW9V(55)

L’équation d’équilibre R/E résume la comptabilité nationale.

R = Productions + importations

E= CI + exportations + consommation finale

La consommation qu’on va prendre en considération est la dépense de consommation

finale = consommation effective des ménages + dépenses de consommation effective

des APU et ISBLSM.

1.b.2.3.2. Les opérations de répartition

Derrière l’acte de production il y a une autre réalité économique, une richesse est créée.

Les opérations de répartition ont pour objet d’examiner la distribution et la

redistribution des revenus issus de la production ainsi que des flux de revenus issus du

reste du monde. Ce n’est rien d’autre que l’application de ce qu’on a rappelé

précédemment avec l’équilibre ressources/emplois.

Les opérations de répartition sont beaucoup plus nombreuses que celles sur les biens et

services.

Les opérations de répartition vont venir s’organiser au sein des comptes qui constituent

la CN.

D1 : Rémunération des salariés

Concerne tous les secteurs institutionnels.

Cette opération se distingue en deux rubriques :

D11 = salaires et traitements bruts

D12 = cotisations sociales à la charge des employeurs

La rémunération des salariés a 3 composantes :

-le salaire net (net de toutes cotisations sociales)

-les cotisations sociales à charge des salariés

-les cotisations sociales à charge des employeurs

Les deux premières représentent D11 et la troisième D12

Quand on mesure le coût global du travail, on intègre ces trois composantes.

L’ensemble des cotisations sociales sont celles des employés et des employeurs.

« Rémunération des salariés » est l’ensemble des versements faits par l’employeur au

titre de rémunération du travail accompli.

D2 : Impôts sur la production et les importations

Ces impôts sont des prélèvements obligatoires réalisés sur les producteurs à raison du

niveau de leur production ou des importations de biens et services.

On trouve :

-la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers)

-la TVA

-la taxe professionnelle

-la vignette automobile

Page 34: Iae Nanterre

34

Le prix de vente est corrigé à raison de ces impôts (-) mais aussi à raison des

subventions (+).

D3 : Subventions

Elles sont de deux ordres :

-sur les produits (affectée à un producteur pour un type de production : céréales, lait,…)

-d’exploitation (affectée à une activité)

Le but de la subvention est de permettre au producteur de continuer à produire sans

déficit d’exploitation majeur.

D4 : Revenu de la propriété

On s’intéresse à l’affectation de la richesse créée. Ce revenu de la propriété distingue

plusieurs composantes :

-les dividendes

-les intérêts

-les revenus de la propriété intellectuelle

-les revenus de la propriété agricole

Ce sont des revenus de la propriété de l’entreprise. On est donc resté sur la distribution

primaire des revenus (issus de la production aux facteurs de production) jusqu’ici. On

doit parler de la redistribution, mais pour cela il faut d’abord prélever.

D5 : Impôts courants (sur le revenu et le patrimoine)

IR = impôt sur le revenu

ISF = impôt sur la fortune

D6 : Cotisations sociales

De D1, les cotisations des employés et employeurs et de D5 car on prélève une

cotisation sociale sur la fortune ?

L’ensemble des cotisations prélevées sur l’ensemble des secteurs institutionnels.

Attention, quand les comptables nationaux parlent de cotisations sociales, cela peut

être :

D61 = cotisations sociales effectives (effectivement imputées)

D62 = prestations sociales (partie redistribuée : retraites, ass. maladie, ass. chômage)

Les comptables nationaux précisent qu’ils parlent des prestations sociales en espèce.

Cela signifie que ces prestations sociales correspondent à un versement qui est

identifiable. A distinguer des prestations sociales appelées transferts courants en nature.

D63 = transferts courants en nature

D7 : Autres transferts courants

Courant = habituel, il n’y a rien d’exceptionnel

On trouve principalement les primes et indemnités d’assurance chômage.

D9 : Transferts en capital

Page 35: Iae Nanterre

35

On trouve tout un ensemble d’opérations de répartition qui sont des opérations qu’on va

prendre en compte par exemple pour le financement des investissements de

l’entreprise.

-aides à l’investissement (très important)

D7 et D9 sont importantes mais inessentielles car elles ne représentent pas grand-chose.

D8 n’est pas traité car trop complexe.

1.b.2.3.3. Les opérations financières

Ce sont les opérations relatives à la création et à la circulation des moyens de paiement,

des placements et des financements.

Les moyens de paiement correspondent à l’ensemble des formules misent à disposition

des secteurs institutionnels (SI) pour assurer les paiements de leurs opérations sur biens

et services ou leurs opérations de répartition. On y trouve les pièces et les billets, la

monnaie scripturale. En général tous les titres de paiement acceptés dans une économie

à un moment donné. On va trouver les origines (création) de ces moyens de paiement et

comment ils circulent entre les SI.

Les SI disposent de capacité de placement plus ou moins importante. Cela va s’appeler

notamment de l’épargne. Elle n’est pas conservée par les SI mais placée. Ces

placements vont correspondre à l’ensemble des produits d’épargne, à l‘ensemble des

produits d’investissement financier mis à disposition des SI :

-les comptes à vue dès lors qu’ils sont rémunérés

-les produits (de placement obligataire, actions, épargne retraite)

Le financement c’est la capacité d’endettement, les produits d’endettement mis à

disposition des SI.

1.b.3. Les comptes réels et le compte financier

Réel = non financier

Le compte financier n’est pas celui qui permet d’articuler les opérations financières. C’est le

dernier des comptes réels (bien que ce n’en soit pas un), qui permet de faire apparaître ce qui

se passera sur les opérations financières.

La particularité de ces comptes est qu’ils seront tous équilibrés (par construction : principe de

l’inscription comptable en partie double, principe des systèmes de CN).

Ces comptes feront toujours apparaître un solde (un compte=un solde). Chaque solde a une

signification économique très précise. Et d’ailleurs ces soldes vont permettre de définir ce

qu’on appelle les agrégats (grandeur économique significative) de la CN.

Ces comptes sont articulés entre eux, ils sont emboîtés les uns dans les autres. La CN propose

donc un système de comptes emboîtés.

Il y a cinq comptes (1-5 comptes réels) + 1 compte = 7 comptes en fait

1)le compte de production

2)le compte de distribution primaire du revenu

3)le compte de distribution secondaire du revenu

4)le compte d’utilisation du revenu

Page 36: Iae Nanterre

36

5)le compte de redistribution du revenu

6)le compte de capital et le compte financier (=2 comptes)

Exemple de solde :

Le compte de production à un solde appelé VA, qui est un agrégat économique.

Quand on construit des comptes on a une double vérification à faire :

-toute opération a bien sa contrepartie dans un autre compte

-équilibre opération par opération (équilibre en ligne, un compte d’opération).

Ex :

Les ménages reçoivent des rémunérations qui viennent bien de quelque part. La rémunération

= le versement.

1.b.3.1. LES COMPTES DE PRODUCTION ET D’EXPLOITATION

Le compte de production a pour but de faire apparaître la VA créée par les SI résidants.

Le solde apparaît toujours du côté des emplois dans les différents comptes et il est

repris à l’identique en ressources du compte immédiatement inférieur.

Le compte d’utilisation primaire du revenu a deux comptes :

-exploitation

-affectation du revenu primaire

Le compte d’exploitation a pour objectif la description de la manière dont se forme

l’excédent d’exploitation des entreprises.

Le compte d’affectation du revenu primaire a pour objectif de faire ressortir SI par SI le

niveau de leur revenu primaire.

Compte Emplois Ressources

C7 Production CI

VA brute (solde qui va

apparaître du coté des

emplois car prod>CI)

Production (prix base)

Cpte utilisation primaire du

revenu

1/ compte d’exploitation

Rémunération salariés

Impôts sur la production

(nets des subventions)

Excédent brut

d’exploitation (solde)

Valeur ajoutée brute Rémunérations salariés

Impôts sur la production (-

subventions d’exploitation)

2/ compte d’affectation du

revenu primaire

Revenus de la propriété

Solde brut des revenus

primaire

Excédent brut

d’exploitation (EBE) Revenus de la propriété

1.b.3.2. LES COMPTES DE REVENU, D’UTILISATION DU REVENU ET DE CAPITAL

Le solde de ce compte va être fondamental car va permettre de faire apparaître le

revenu national.

Page 37: Iae Nanterre

37

C3 Distribution secondaire Impôt sur revenu et patrimoine Solde des revenus primaires

Cotisations salariales Impôt sur revenu et patrimoine

Prestations en espèces Cotisations sociales

Autres transferts courants Prestations sociales en espèces

Revenu disponible brut (RDB)

C4 Compte d'utilisation des Dépense de consomm finale

revenus Epargne brute

Redistr. Revenu en nature Utilisation du RD ajusté

Transferts sociaux RDB pour les ménages Consommation RDB ajusté

courants en nature Transferts sociaux finale effective

RDB ajusté en nature Epargne brute

Redistr. Revenu en nature Utilisation du RD ajusté

Transferts sociaux RDB pour les APU Consommation RDB ajusté

en nature finale effective

RDB ajusté Epargne brute

La 6ème

catégorie de comptes va nous permettre d’étudier la manière dont les SI

affectent leur épargne brute.

On simplifie en faisant disparaître un compte intermédiaire sans intérêt et en

construisant un compte de capital (des acquisitions, acquis non financiers).

C6 Compte de capital FCBF

Variation de stocks

Capacité (besoin) de

financement

Epargne brute

L’épargne brute va avoir deux affectations principales plus quelques autres qu’on va

ignorer. La formation brute de capital fixe (FBCF) et les variations de stocks.

Ces emplois ne vérifient pas la règle d’équilibre par ligne car ils représentent deux des

équations d’équilibre ressources/emplois.

Le solde de ce compte a une particularité, le solde « capacité de financement » est

positif pour les ménages et négatif pour les SNF « besoin de financement ». Mais il

apparaîtra toujours du côté des emplois qu’il soit positif ou négatif. Appart les

ménages, les autres secteurs ont en général un besoin de financement.

La somme capacité/besoin de financement ne s’annule jamais car :

-la comptabilité est imparfaite

-il y a le reste du monde

Si elle s’équilibrait entre les SI, cela signifierait que l’épargne des uns serait égale aux

besoins de financement des autres. Mais en réalité ce n’est pas le cas car le reste du

monde intervient dans l’investissement.

S’il n’y a pas d’imperfection, si la somme des besoins/capacités est positive, cela

signifie que l’épargne est excédentaire et qu’il y a un transfert de capitaux vers le reste

du monde. Dans le cas inverse, la balance des paiements est déficitaire et c’est

l’inverse.

Mais il n’y a aucun raison, même si la comptabilité est parfaite, pour que le solde

besoins/capacités de financement soit équivalent au solde de la balance commerciale.

Page 38: Iae Nanterre

38

L’équilibre ressources / emplois dit : C + YZ = VW9V + ∆?8U<\ + 9. ^>_:P7 + ` ` − C = YZ − (VW9V + Ya + 9. ^>_:P7)

Si le solde (X-M) est positif, cela signifie qu’on a crée plus de richesse qu’on en a

utilisées. On dit que le solde de la balance commerciale n’a aucune raison d’être

équivalent au solde besoins/capacités de financement car il y a tous les transferts de

ressources entre le reste du monde.

1.b.3.3. LE COMPTE FINANCIER

1.b.4. La synthèse des comptes

1.b.4.1. LES TABLEAUX DE SYNTHESE

1.b.4.2. UN TEE SIMPLIFIE

Page 39: Iae Nanterre

39

1.c. LA REPRESENTATION KEYNESIENNE SIMPLIFIEE

Circuit économique simplifié car :

-2 agents (entreprises, ménages)

-1 Etat

-3 marchés (marché des biens et services – consommation, marché du travail, marché des

biens d’investissement)

Cette analyse permet de tester les hypothèses de politiques économiques dans le but d’arriver

à la structure du plein emploi.

C’est une théorie en rupture avec celles qui la précèdent car elle considère que la recherche du

plein emploi est la priorité.

Keynes est un économiste anglais né en 1883, juste après la disparition de Marx. Il fait des

études à Cambridge. Ses professeurs sont les têtes de file de la pensée néoclassique, dont

Alfred Marshall.

Marshall est celui qui va introduire l’analyse, la réflexion sur le fonctionnement des marchés.

Il va notamment représenter le marché en concurrence pure et parfaite, mais de manière isolée

du reste de l’économie (approche en termes d’équilibre partiel). Il va ouvrir la porte aux

réflexions permettant de comprendre l’imperfection des marchés en mettant en évidence les

conditions nécessaires à un marché parfait.

Un autre professeur de Keynes, Chamberlain, va commencer à développer la théorie de la

concurrence imparfaite, qui va montrer qu’en réalité, les marchés peuvent fonctionner loin

d’un équilibre parfait même s’ils ne produisent pas tous les avantages d’une économie de

marché.

Ensuite, Keynes est pris dans la tourmente de la WWII et va participer en tant que

conservateur aux conférences préparatoires de ce que sera le Traité de Versailles et

notamment participer à la conférence de préparation du Traité de Paix. Durant cette

conférence, deux grandes thèses vont s’affronter.

-la thèse française qui veut que l’Allemagne paie toutes les réparations des dommages causés

-la thèse anglaise, qui est plus mesurée car elle ne veut pas que la France sorte grandie (traité

de paix avec réparations limitées)

John Maynard Keynes va aller plus loin et théoriser cette thèse anglaise. Il va expliquer que

faire payer l’Allemagne c’est créer une récession économique en Europe. Car les réparations

demandées sont exorbitantes et l’Allemagne devra consacrer une très grande quantité des

richesses créées aux réparations, ce qui va freiner la demande intérieure et faire s’effondrer

son économie et celles des pays autour. Mais c’est la thèse française qui gagne.

En 1919 Keynes publie « les conséquences économiques de la paix », qui est une théorie

macroéconomique car elle considère les agrégats globaux. Il explique que la question des

répartitions va plonger l’Allemagne dans une récession économique. Il n’a pas été écouté

mais il avait raison.

Churchill (ennemi de Keynes) aura comme stratégie pour redresser l’Angleterre, la mise en

œuvre d’une politique économique restrictive. L’Angleterre ca connaître une crise d’inflation

au lendemain de la guerre et les économistes en vogue vont y appliquer une économie

monétaire restrictive.

Page 40: Iae Nanterre

40

Cette théorie dit que si la masse monétaire augmente, cela va engendrer une hausse des prix.

Pour combattre l’inflation il faut donc diminuer la masse monétaire. La Banque d’Angleterre

le fait en augmentant les taux d’intérêt. Comme cela ne suffit pas, en 1924 Churchill réévalue

la livre. L’économie britannique entre en crise.

Keynes en profite pour publier en 1930 son « Traité de la monnaie ». Ce traité est

fondamental car c’est dans celui-ci que Keynes va développer sa théorie monétaire.

Jusqu’alors la théorie monétaire dominante était la théorie quantitative de la monnaie dont on

connaît une des expressions : C = 5 × b. Cette théorie propose une explication du monde

économique qui s’appelle l’approche dichotomique. Selon cette approche il y a deux secteurs

dans l’économie, le secteur réel et le secteur monétaire. Dans le secteur réel on détermine T et

dans le secteur monétaire on détermine M, du coup on peut trouver P.

Secteur réel : analyse de la production, de la

formation de la demande, de la formation des

échanges. C’est dans ce secteur que se

forment les rapports d’échange qui nous

expliquent pourquoi une quantité x d’une

marchandise va s’échanger contre une

quantité y d’une autre marchandise

Secteur monétaire : où se forment les prix

nominaux, monétaires. On va expliquer

comment se forment les prix. C’est

l’équilibre de la théorie quantitative de la

monnaie M=P*T

Dans cette approche il y a donc deux niveaux d’analyse. Les auteurs qui adhérent à cette

approche ont l’habitude de dire que pour comprendre le fonctionnement réel de l’économie, il

faut lever le voile monétaire (superflus) afin de comprendre la partie importante (le réel).

Ce qui va constituer la rupture de la théorie monétaire keynésienne c’est que selon lui seule

une approche monétaire permet de comprendre le fonctionnement réel de l’économie.

Ex : une augmentation de i entraîne une contraction de l’activité économique.

Keynes va également proposer une explication différente de l’inflation.

Dans la théorie quantitative, l’inflation est due à une masse monétaire trop importante par

rapport à la production. Pour Keynes l’inflation est le résultat d’une mauvaise anticipation des

agents économiques ou d’une absence de réalisation de leurs anticipations.

Ex : économie à deux secteurs (biens de consommation et biens d’investissement)

Les entreprises (agents) prennent la décision aujourd’hui pour qu’on utilise la production

demain. Introduction de la notion de temps. Il y a donc deux types d’entreprises, celles qui

produisent du Ca et celles qui produisent du I

a. Pour produire elles vont embaucher des

travailleurs. La production Ya qu’elles anticipent va nécessiter un certain niveau d’emploi. 9c + Ic = �c → 7=QPU>

En contrepartie de ces salaires elles vont verser le revenu Y 9c + Jc = � Et ça correspond au niveau de la production anticipée 9c + Jc = �c Les ménages (agents) reçoivent des revenus et épargnent la partie non consommée 9(�) + a = �

Si les anticipations des entreprises sont réalisées, les ménages vont consommer ce que les

entreprises avaient prévu : 9(�) = 9c

On trouvera sur le marché des biens de consommation exactement ce que les ménages vont

consommer. L’épargne sera de même niveau que l’investissement prévu. a = Jc

En cas d’erreur d’anticipation des entreprises 9c < 9(�)

Page 41: Iae Nanterre

41

On va rétablir l’équilibre par un phénomène purement monétaire par une hausse des prix des

biens de consommation. Situation de pression inflationniste car il y a une demande plus forte

que prévu.

Du même coup Jc > a, donc les entreprises sont obligées de baisser le prix des biens

d’investissement ou de faire des stocks. Ce qui va entraîner une baisse de l’activité (cf.

multiplicateur). Parce qu’il y a trop de demande il y a une dépression économique.

En 1929, effondrement de la bourse de New York. L’ensemble des économies rentrent en

récession. La crise de 1929 provoque un désordre dont beaucoup ne voient pas encore les

conséquences en 1930, le chômage. Dans la seconde moitié des années 1920 le chômage

explose en Allemagne. Ensuite toutes les économies sont touchées. Cette montée du chômage

déstabilise les économies.

1936 « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » de Keynes. Il va présenter

l’analyse qui va marquer sa rupture définitive avec l’approche des auteurs précédents. Son

analyse est simple. Si le chômage persiste à un niveau aussi important c’est parce que les

marchés sont défaillants. Lorsque les marchés sont défaillants il y a nécessité pour l’Etat

d’intervenir : par de l’investissement public.

Il va justifier cela par sa théorie du multiplicateur d’activité.

Après WWII sa théorie sera mise en œuvre dans la quasi-totalité des pays occidentaux.

1.c.1. L’approche keynésienne

1.c.1.1. LE CADRE DE L’ANALYSE

Cadre largement esquissé dans l’introduction mais dont on va rappeler les trois grands

principes :

1.c.1.1.1. Une approche monétaire

La théorie keynésienne rompt avec l’approche dichotomique des auteurs précédents.

1.c.1.1.2. Une approche en termes de circuit

Jusqu’à présent les approches proposées sont fondées sur un principe

d’interdépendance des marchés.

Léon Walras, père de la théorie de l’équilibre économique général. Dernier quart du

XIXème

siècle. L’économie est constituée d’un ensemble de marchés. Chaque marché

peut fonctionner à l’équilibre (équilibre partiel de Marshall). Qu’est-ce qui peut nous

garantir que tous les marchés pris ensemble seront alors à l’équilibre ? Loi de Say-

Walras (car Say l’a explicitée avant mais ne l’a pas démontrée). Elle dit que s’il y a

équilibre sur N-1 marchés, alors il y aura équilibre sur le Nième marché. Analyse en

termes d’interdépendance des marchés. O=D donc pas de chômage ni d’inflation car

Omonnaie = Dmonnaie et Dtravail = Otravail. Donc c’est un monde économique parfait.

Pour Keynes, cette approche en termes d’interdépendance ne peut être retenue pour

plusieurs raisons :

Les décisions des agents économiques sont séquentielles, c’est-à-dire pas instantanées

(pour les théories antérieures les décisions sont instantanées). Pour Keynes si une

entreprise décide de produire il faudra embaucher, ce qui prendra du temps, et rendre

effective la production avant de pouvoir la consommer. Il va se passer du temps entre

anticipation/Y/distribution/C.

Page 42: Iae Nanterre

42

En introduisant la notion de temps, Keynes introduit la notion de séquence dans les

opérations économiques. Cette "séquentialité" a une conséquence : les marchés ne

peuvent pas se trouver à l’équilibre instantanément. Les marchés sont hiérarchisés.

Etudier le marché du travail avant celui des biens et services et étudier les anticipations

des entreprises avant le marché du travail.

1.c.1.1.3. Une approche en sous-emploi

Jusqu’à Keynes les économies sont des économies de plein emploi. Pour deux raisons

principales :

-le salaire est flexible, il peut monter ou baisser selon les circonstances, en raison du jeu

de la concurrence

-il y a concurrence, les travailleurs se font concurrence, ce qui les amènent à accepter

un salaire plus bas

L’analyse est atemporelle dans ces analyses. Le jeu de la concurrence et la flexibilité

peuvent entraîner leurs conséquences car il n’y a pas de notion de temps. Il y a donc

plein emploi en permanence car salaires flexibles, concurrence parfaite et temps de

réalisation des conséquences infini.

La théorie keynésienne est une approche en termes de sous-emploi. Il y a sous-emploi

car la décision d’embaucher est préalable à la réalité de la production et à l’utilisation

de la production. L’entreprise décide de produire aujourd’hui, anticipe une production

pour demain et embauche en conséquence. Elle peut être pessimiste et anticiper un

niveau de production faible et donc faiblement embaucher, ce qui va entraîner du

chômage. Selon Keynes, il y a en permanence sous-emploi car le niveau de l’activité

anticipé par les entreprises est insuffisant pour assurer le plein emploi. Pas de place

pour des mécanismes correctifs car ce sont des décisions séquentielles.

CLASSIQUES ET NEOCLASSIQUES

L

O = offre par les travailleurs

LD = demande par les entreprises �e = taux naturel du travail

Plus le salaire est élevé, moins les entreprises vont demander de travail (LD).

Equilibre = intersection entre offre et demande

Il y a plein emploi. C’est-à-dire que tous les salariés qui acceptent de travailler au taux

de salaire en vigueur trouvent un emploi. Ça ne dit pas que tout le monde est employé.

Page 43: Iae Nanterre

43

Dire qu’il y a plein emploi signifie que tout chômage est et ne peut être que volontaire,

parce que ceux qui n’ont pas d’emploi sont ceux qui refusent de travailler au taux de

salaire en vigueur.

Si le salaire est plus élevé que �e , l’offre de travail des salariés est supérieure à la

demande de travail des entreprises. On est donc en situation de chômage.

Selon Malthus, la concurrence entre salariés ou les gens qui meurent de faim vont faire

redescendre le salaire au prix d’équilibre car LO

va descendre et LD va augmenter.

Il y a plein emploi car les salaires sont flexibles, on est en longue période (ajustements

possibles) et il y a concurrence entre les salariés.

Ce modèle est cohérent, c’est un point important.

KEYNES Salaires non flexibles car avant de commencer à travailler, les entreprises négocient

avec les salariés le taux de rémunération auquel ils vont être payés.

Analyse en courte période (analyse dans le temps de production, temps d’un cycle de

production). Sur ce point Keynes utilise la distinction que Marshall avait introduite.

Marshall distinguait :

• Long ou très long terme : tout est flexible, les entreprises peuvent décider de

changer la quantité de travail (L), la quantité de capital (K) et la technique de

production

• Moyen terme : la technique de production n’est pas flexible, mais le travail et le

capital le sont. Le Mt c’est au moins 1-2 ans

• Court terme : l’entreprise confrontée à une modification de sa demande ne peut

pas modifier son capital. Seul le travail est flexible à court terme. Court terme =

quelques mois

• Ultra-court terme : ni le travail, ni le capital ne sont flexibles. La seule

possibilité est de jouer sur les stocks. Ultra-court terme = quelques semaine,

quelques jours, voire quelques heures

L’analyse keynésienne s’inscrit dans une analyse de courte période, seul le travail est

flexible. En courte période, il y a du capital sous-employé dans l’analyse keynésienne.

Cette analyse keynésienne considère également que la concurrence est imparfaite,

notamment parce qu’il existe des syndicats qui sont susceptibles de contrarier la

flexibilité du salaire.

Page 44: Iae Nanterre

44

Keynes va dire qu’il y a du chômage mais qu’il est involontaire. Tous les salariés qui

acceptent de travailler au taux de salaire en vigueur ne trouvent pas forcément un

emploi.

Imaginons un plein emploi avec un emploi LPE

. Les entreprises vont quand même

décider de la quantité de travail.

Pour arriver au plein emploi, il faudrait largement baisser les salaires, ce qui n’est pas

possible.

Il faut donc déplacer la demande de travail, par une politique de grands travaux

(intervention de l’Etat) qui consiste à inciter les entreprises à subventionner les

emplois.

1.c.1.2. LES HYPOTHESES DU MODELE KEYNESIEN

1.c.1.2.1. Elasticité de l’offre et niveau des prix

Imaginons qu’on soit en situation de plein emploi et qu’on veuille accroître la

production. Pour produire plus, les entreprises nouvelles ont besoin de K et L, pour les

entreprises existantes, elles auront au moins besoin de plus de L. Pour produire plus, les

entreprises vont proposer aux entreprises du secteur des biens d’équipement de payer

les machines plus cher pour pouvoir les avoir plus facilement (concurrence par les

prix). Le prix du capital est plus élevé.

Pour avoir plus de travailleurs, elles vont aller débaucher des employeurs dans d’autres

entreprises. Il n’y aurait donc pas plus de travail vu qu’on serait déjà en plein emploi,

mais les prix seraient juste plus élevés. 5f ∶ ↗ L7=:_L7 ⇒ ↗ QRULO<8>U_ ⇒ ↗ QR>g En plein emploi, peut-il y avoir une variation (augmentation) de l’offre consécutive à

une variation de la production ? NON

Δ U^^R7Δ L7=:_L7 = 0 = éP:?8><>8é L7 PiU^^R7 à P: L7=:_L7

Page 45: Iae Nanterre

45

Si l’élasticité de l’offre à la demande est nulle, toute augmentation de la demande

provoquera une hausse des prix.

Dans une situation de plein emploi, les outils keynésiens seraient inefficaces.

Si on est en situation de sous-emploi, il y a donc du chômage du facteur travail. Il y a

une réserve de travailleurs disponibles. Il y a également sous-emploi du facteur capital,

les capacités de production sont donc sous-utilisées.

Par une intervention publique, il y a une augmentation de la demande. On peut

accroître la production sans tension sur les prix.

L’élasticité de l’offre à la demande est positive en situation de sous-emploi et une

augmentation de la demande n’entraîne pas une hausse des prix.

Il est important de diagnostiquer ensuite le niveau d’emploi où on se trouve, car si on

arrive au plein emploi (ce qui est le but) et qu’on continue cette politique, on va faire

augmenter les prix.

Y

PE = niveau de production de plein emploi, où il n’y a pas de chômage des facteurs

travail et capital. PE = pas de chômage involontaire = barrière de pleine emploi.

On est au départ dans une situation de sous-emploi. L’action des pouvoirs publics a

pour but de se rapprocher du plein emploi. On se rapproche du plein emploi et au début

l’accroissement de la production peut se faire sans tension inflationniste (inflation

contenue mais pas nulle). Plus on se rapproche de la barrière de plein emploi, plus les

tensions inflationnistes seront fortes. Ensuite en plein emploi, toute tentative

d’accroissement de la production se soldera par une hausse des prix.

1.c.1.2.2. L’équilibre

Cette hypothèse dit qu’à tout moment l’économie est en équilibre, ce qui ne signifie pas

qu’on est en plein emploi, ni que D=O.

C’est ce qu’on pourra appeler un équilibre de circuit, qui est un équilibre global et pas

marché par marché. C’est un équilibre entre l’offre globale et la demande globale

(analyse macroéconomique en termes de circuit). Pour le comprendre on va repartir de

l’analyse que Keynes propose.

Pour simplifier on se place dans une économie fermée (pas de X ni de M) à deux

agents.

Page 46: Iae Nanterre

46

/1/ � = k équation de définition de l’équilibre sur le marché des produits (B&S)

La demande des deux agents

/2/ D = C + I L’équation /1/ est ce qu’on appellera plus tard une équation d’équilibre comptable.

L’équation /2/ est une équation de définition, on définit la demande des entreprises et

des ménages.

Il y a deux façons d’apprécier l’offre, au travers de l’activité des entreprises (par la

fonction de production) ou à travers les conséquences qui sont les siennes du fait de la

distribution des prix que l’offre implique.

/3/ Y = C(Y) + S

Cette offre par l’intermédiaire des revenus permet aux ménages de consommer et

d’épargner.

/1/ Y = D

/2/ et /3/ dans /1/ C(Y) + S = C + I

On est à priori dans une approche comptable. Cela signifie notamment que les

décisions des agents économiques ont été prises. C(Y) est la consommation. Ce qui

revient à dire qu’il y a égalité si S=I. C’est ce qu’on appelle une équation d’équilibre ex

post (une fois les décisions prises). Au plan comptable l’équilibre est toujours réalisé.

Dans le « Traité de la monnaie » on distingue ce qui est anticipé de ce qui est réalisé.

Dans l’équation C(Y) + S = C + I, C et I sont réalisés et C(Y) et S sont anticipés. ⇒ C�(Y) + S� = C + I Si tout se passe bien, les ménages vont bien consommer comme les entreprises

l’avaient anticipé. Il n’y a pas de déséquilibre macroéconomique. Les entreprises

investissent d’après leurs anticipations.

I=S approche par anticipations, qui est un équilibre d’anticipation, ex ante (avant

décision)

La théorie keynésienne, lorsqu’elle dit qu’il y a équilibre sur le marché des B&S, nous

propose une approche macroéconomique globale. C’est une égalité qui sera toujours

vérifiée au plan comptable (approche d’équilibre de circuit) mais surtout c’est une

approche où on considère que les anticipations des agents économiques sont bien

toujours réalisées (appelé équilibre d’anticipation).

1.c.1.2.3. Le multiplicateur d’investissement

L’existence d’une fonction d’investissement stable se manifestant toujours par la

présence d’un multiplicateur. o� = 11 − < oJ

Tout accroissement du niveau de l’investissement sera à l’origine d’une variation du

niveau de la production, démultiplié à raison du niveau du multiplicateur. Plus c est

élevé, plus le niveau du multiplicateur est fort.

Le multiplicateur va permettre d’expliquer comment arriver au plein emploi, volume

d’investissement nécessaire pour y arriver.

Action volontariste qui permet d’arriver au plein emploi. Mais comment financer cet

investissement ? Ce n’est pas une question importante pour Keynes, c’est un faux

problème. Explications.

Page 47: Iae Nanterre

47

∆I est la variation de l’investissement réalisée à la fin de l’année O

t ∆Y induite ∆C ∆S

1 ∆I c∆I (1-c) ∆I

2 c∆I c2∆I c(1-c) ∆I

3 c2∆I c

3∆I c

2(1-c) ∆I

4 … … …

... … … …

En t2 : cqΔI + (1 − c)cΔI = cΔI(c + 1 − c) = cΔI

Au total que s’est-il passé ?

∆Y :

∆I + c∆I + c2∆I + …. = ∆I(1+c+c

2+…) progression géométrique de raison c = ΔI rs�trs�

pour c < 1 →u→v ∆J 11 − <

Le multiplicateur aura joué par les productions nouvelles allouées à la distribution des

revenus, revenus consommés par les ménages. Le jeu de la consommation explique le

pourquoi et le comment du multiplicateur.

∆C : c∆I + cq∆I + cw∆I = ∆I(c + cq + cw … ) = c∆I(1 + c + cq + ⋯ ) = <∆J 11 − <

∆S : ∆Y − ∆C = ∆I 11 − c − c∆I 11 − c = ∆I 11 − c (1 − c) = ∆J

Donc en fait, l’activité économique supplémentaire générée par l’investissement

procure un surcroit d’activité démultiplié (principe de multiplicateur keynésien).

Mais aussi l’épargne supplémentaire créée est de même montant que l’investissement

initial qui a été décide, c’est pourquoi le problème de l’investissement n’est pas

important pour Keynes.

Comment faire ?

-le déficit public est une nécessité dès lors qu’il se justifie par la lutte contre le

chômage dans la théorie de Keynes

-on passe par l’impôt et on redistribue et on relance l’investissement public.

1.c.1.3. LE PRINCIPE DE LA DEMANDE EFFECTIVE

Dans la théorie classique puis dans la théorie néoclassique, il y a en permanence

équilibre sur le marché des produits (B&S). Qu’est-ce qui nous permet d’en être sûr ? L

e jeu de la concurrence parfaite. Si la concurrence est imparfaite, l’équilibre n’est pas

atteint. Dans cette théorie, une loi résume cet équilibre permanent, la loi de Say (Jean-

Baptiste). Cette loi dit que l’offre crée sa propre demande. Toute la théorie classique est

construite autour de ça. Les Néoclassiques, Walras, vont la démontrer dans la loi de

Say/Walras. Dans les années 1950 elle sera démontrée mathématiquement par Debreu.

Elle dit que si il y a équilibre sur N-1 marchés alors il y a équilibre sur le nième

marché. Cette loi dit donc qu’en permanence, l’économie est à l’équilibre. Cela a des

Page 48: Iae Nanterre

48

conséquences, notamment sur le marché du travail où le chômage ne peut être que

volontaire.

Pour Keynes il y a changement radical de perspective. Il y a du chômage involontaire

car la production est insuffisante. Il peut donc pour lui y avoir un équilibre de sous-

emploi (des facteurs travail et capital). Du même coup il peut y avoir équilibre sur le

marché des B&S sans être au niveau maximum de production possible.

On explique cela grâce au principe de la demande effective.

« Nous appellerons demande effective le montant du produit attendu au point de la

courbe de la demande où elle est coupée par celle de l’offre globale », Keynes.

Deux idées fortes :

-attendue = anticipée

-intersection entre Og et D

g

Donc les entreprises anticipent la demande effective, qui correspond au point

d’intersection de l’offre globale et de la demande globale.

« En d’autres termes, elle est la somme des dépenses de consommation et des dépenses

d’investissement telles que les entrepreneurs les prévoient lorsqu’ils fixent le volume

de l’emploi ».

Donc en fonction du volume de l’activité prévu par eux, les entrepreneurs vont fixer le

niveau de l’emploi.

Le principe de la demande effective, si on voulait le schématiser, nous dirait la chose

suivante : C�, I� = demande globale ⟶ volume emploi ⟶ produire donc distribuer des revenus ⟶ C, S

Le principe de la demande effective est ce qui permet de comprendre que le niveau de

la production observé à un moment donné dans l’économie est le résultat des

anticipations que les entreprises ont pu nourrir auparavant.

Si elles sont optimistes, elles vont anticiper un volume d’activité important et donc

fixer l’emploi à un niveau très élevé. Mais si elles sont pessimistes elles vont anticiper

un faible volume d’activités et embaucheront peu, il y aura donc du chômage.

Le principe de la demande effective permet de comprendre pourquoi il y a du chômage

involontaire, c’est parce que les entreprises anticipent un faible niveau d’activité.

C’est une théorie fondamentale

-comprendre pourquoi il y a du chômage

-équilibre de sous emploi = une économie peut durablement rester dans un état de sous

emploi

Ce n’était pas possible avec la théorie classique. Il y avait pression sur les prix, qui

amenait les entreprises à produire plus.

1.c.2. Le modèle keynésien simplifié

1.c.2.1. QU’EST-CE QU’UN MODELE ?

C’est une représentation simplifiée de la réalité. Cela signifie qu’il va falloir préciser la

manière dont on simplifie la réalité :

-1ère

: économie fermée

-2ème

: pas de sociétés financières (banques)

-3ème

: pas d’Etat pour le moment

Page 49: Iae Nanterre

49

Le modèle keynésien simplifié est un modèle à 4 équations.

�9 = <� + 9D é�O:8>U_/1/ � = 9 + a é�O:8>U_/2/J = � − �> é�O:8>U_/3/J = a é�O:8>U_ /4/ �

Les équations /1/ et /3/ sont des équations de comportement

Les équations de comportement sont l’expression des choix que la théorie a pu faire.

Ces choix concernent la représentation des décisions que les agents économiques

peuvent faire.

/2/ est une équation d’équilibre comptable

Tous les agents économiques respectent un équilibre comptable

/4/ est une équation de définition

Les équations ont pour objet de mettre des variables en perspective.

1.c.2.1.1. Les types de variables

Dans ce modèle, C, Y, S, I et i sont des variables. C0, c, α et β sont des paramètres.

On distingue deux types de variables :

-les variables expliquées

-les variables explicatives

Expliquée Explicative

C /1/ /2/ /2/

Y /2/ /2/

S /2/ /4/ /2/ /4/

I /3/ /4/ /4/

i /3/

La seule vraie variable explicative est i.

On distingue également les variables :

-exogènes (dont le niveau se détermine à l’extérieur du modèle) → i

-endogènes (dont le niveau se détermine à l’intérieur du modèle) → C, S, Y, I

On utilise exogène/endogène pour expliquer le périmètre de détermination de la

variable.

On utilise expliquée/explicative pour qualifier la variable dans l’équation, mais ça n’a

de sens que pour les équations de comportement.

/1/ Y explicative C expliquée

/3/ i explicative I expliquée

1.c.2.1.2. Les relations d’un modèle

1.c.2.1.3. Forme structurelle et forme réduite

Le modèle de 4 équations écrit ici est sous forme structurelle.

Sous forme structurelle on n’est pas capable de déterminer ce qui détermine quoi.

On va donc s’efforcer d’expliquer les variables endogènes uniquement en fonction des

variables exogènes. On obtiendra une transformation du modèle et on aura une nouvelle

écriture du modèle sous la forme réduite, qui est le résultat de sa résolution analytique.

On peut résoudre analytiquement le modèle keynésien car il y a autant d’équations que

de variables endogènes.

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50

1.c.2.2. LE MODELE SIMPLIFIE

1.c.2.2.1. La fonction de consommation

1.c.2.2.2. La fonction d’investissement

L’efficacité marginale du capital (taux de rentabilité interne). C’est le taux d’escompte

qui, appliqué à la série d’annuités constituées par le rendement escompté de ce capital,

rend la valeur actuelle des annuités égales au prix d’offre de ce capital.

Le taux d’escompte sert à transformer les valeurs futures en valeurs actuelles.

Ex : -�(r/�)� = valeur actuelle, e = taux d’escompte

Pourquoi appliquer ce principe ?

Le principe d’analyse de rendement d’un placement 5Dqui est effectué au taux de

rémunération annuelle e.

Ex :

Une entreprise place un capital. Quelle est la valeur du placement à la période 1 ? 5D + 75D = 5D(1 + 7) = 5r Elle le réinvestit pour une période supplémentaire. Quelle est la valeur en période 2 ? 5r + 75r = 5r(1 + 7) = 5D(1 + 7)q = 5q

Au bout de n années de réinvestissement, quelle est la valeur du capital qu’elle va

récupérer ? 5u = (1 + 7)u5D Cette opération est appelée opération de capitalisation. On incorpore les intérêts de

période en période et on accroît le capital d’autant.

La transformation de la valeur future en valeur actuelle est appelée opération

d’escompte. 5D = 5u(1 + 7)u

On va maintenant considérer une entreprise qui réalise un investissement I à la fin de

l’année 0. L’intérêt de l’investissement est qu’il va permettre de produire et procurer

des recettes Rt.

Rt avec t=1,…,n

Chaque période on va voir des charges apparaître d’un montant Ct.

A chaque période elle va dégager un bénéfice d’exploitation Bt = Rt - Ct

Si on veut connaître B, qui est le bénéfice total qu’aura généré l’investissement, on

n’additionnera pas les B car on sait que la valeur future n’est pas comparable à la

valeur actuelle. Comment va-t-on l’actualiser ?

On va prendre un taux d’escompte qui va nous permettre de transformer les bénéfices

futurs en valeur d’aujourd’hui. ⇒ Wu(1 + 7)u + ⋯ + Wr(1 + 7)

B = ensemble des bénéfices actualisés

W = � W�(1 + 7)�u

�'r

Selon Keynes, on vient de calculer la série d’annuités constituées par les rendements

escomptés (actualisés) de ce capital. La somme des valeurs actualisées des bénéfices est

appelée VA (valeur actuelle) des flux générés par l’investissement.

Page 51: Iae Nanterre

51

Ensuite l’entreprise va procéder à un calcul économique. A quoi sert cette VA ?

Ce bénéfice est l’ensemble des ressources à disposition d’une entreprise (=cash flow)

une fois qu’elle a fait face à l’ensemble de ses coûts de production et de

fonctionnement. Elle sert donc normalement à remplacer le capital.

La VA doit donc être au moins égale à l’investissement réalisé (VA ≥ I).

Si la VA<I le projet est déficitaire et il sera abandonné sauf si l’entreprise reçoit par

exemple une subvention de capital.

Si la VA=I le projet est équilibré, c’est une opération blanche, c’est-à-dire que ça ne

rapporte rien mais permet juste de couvrir l’investissement initial.

Si la VA>I le projet est bénéficiaire et l’entreprise le réalisera sans aucun doute.

YZ� = � W�(1 + 7)�u

�'r − J

L’entreprise va réaliser tous les projets qui ont une VAN>0.

Dernière étape, l’efficacité marginale du capital = r. c’est le taux d’escompte tel que la

VAN=0. Tout simplement car à ce taux r la somme des valeurs escomptées = I. b�J: R 87P �O7 YZ� = 0

La fonction d’investissement de l’entreprise (microéconomique)

Capital initial I, affecté à des projets d’investissement. Ils sont plusieurs et

fractionnables (elle peut réaliser une partie d’entre eux). L’entreprise va classer les

projets d’investissement en fonction de leur TRI (décroissant).

On peut représenter graphiquement les choix auxquels l’entreprise est confrontée.

L’entreprise produira donc tout le projet I1, tout le projet I2 et une partie du projet I3.

Elle va investir du projet le plus rentable vers le moins rentable (jusqu’à épuiser son

budget). Au total, quelle est la rentabilité marginale de l’investissement ? C’est

l’efficacité marginale du dernier projet utilisé.

On ne peut pas se contenter de cette approche car en général l’entreprise ne traite pas le

problème en partant d’un capital initial, elle a aussi la possibilité de s’endetter ou de

faire appel à ses actionnaires.

On va maintenant présenter les projets d’investissement de façon discrète.

Page 52: Iae Nanterre

52

Deux situations possibles :

Situation 1

I ̅ est le capital dont elle dispose pour faire de l’investissement industriel ou des

placements.

Le taux d’intérêt de l’économie (i) est faible.

On va constater que l’entreprise investit I,̅ qui lui procure une productivité marginale r

de la dernière unité de capital investit.

r est largement supérieur à i.

Page 53: Iae Nanterre

53

L’entreprise va emprunter, s’endetter jusqu’à ce que r rejoigne i. Le montant de

l’investissement qu’elle va réaliser est donc I. Comment va-t-elle le financer ?

Par des fonds propres (autofinancement : I)̅ et par de l’endettement pour la différence

(I-I)̅. Donc la notion d’efficacité marginale du capital nous permet de construire la courbe

des opportunités d’investissement. Et le niveau des investissements de l’entreprise se

détermine le long de cette courbe en fonction du taux d’intérêt en vigueur dans

l’économie.

Situation 2

Taux d’intérêt de l’économie élevé.

Avec ce i, l’entreprise ne trouvera presque pas de projets rentables. Elle va investir

dans les projets industriels tant que r >i. Elle ne va pas faire d’investissement au-delà

de I car r serait inférieur à i. la différence I-I ̅sera placée au taux d’intérêt i.

On a ci une situation qui nous permet de comprendre ce qu’est le comportement

d’investissement de cette entreprise.

Le niveau de I se détermine le long de la courbe des opportunités d’investissement au

taux i en vigueur. Relation inverse entre niveau d’investissement et niveau de i.

La fonction d’investissement (macroéconomique)

L’économie est composée d’un grand nombre d’entreprises. Chaque entreprise est

rationnelle donc chacune des entreprises est dotée d’une fonction d’investissement.

Supposons par exemple qu’il y ait deux entreprises.

Page 54: Iae Nanterre

54

Elles n’ont pas le même comportement. La première entreprise, si on prend une faible

variation de i, la conséquence sur le niveau d’investissement est faible. Une variation

identique de i pour la deuxième entreprise entraîne un plus grand changement de I. on

dira que la fonction d’investissement de la 1ère

entreprise est inélastique au taux

d’intérêt et celle de la 2ème

est élastique (sensibilité de I par rapport à i). La fonction

d’investissement de l’économie est la somme des fonctions d’investissement de toutes

les entreprises. On la construit point par point. C’est une fonction qui relie de manière

inverse le niveau d’investissement et i.

J = � − �> On va traiter deux cas :

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55

La courbe 1 nous dit que l’investissement macroéconomique est faiblement sensible au

niveau des taux d’intérêt = situation d’inélasticité.

La courbe 2 nous dit que I est très sensible à i = situation très élastique, forte élasticité.

1.c.2.2.3. Les conditions de l’équilibre

1.c.2.3. LA RESOLUTION DU MODELE

1.c.2.3.1. La résolution analytique J = a � − �> = (1 − <)� − 9D � = �/��rs� − �rs� > c’est la courbe IS

Cette définition est celle de l’équilibre du marché des biens et services dans le modèle

keynésien.

Cette droite IS faite apparaître la variable exogène du modèle keynésien (i), les deux

paramètres (α et C0) et l’élasticité de l’investissement au taux d’intérêt (β).

Si β faible ( 0 < |�| < 1), l’investissement est relativement inélastique au niveau du

taux d’intérêt. Une variation de i a une faible incidence sur I.

Si β est élevé (|�| > 1), l’investissement est normalement, voire fortement élastique au

niveau du taux d’intérêt. Une variation de i a une incidence marquée sur le niveau de I.

IS fait également apparaître une variable, le multiplicateur keynésien (rrs�).

Cette droite IS nous dit que pour parvenir au plein emploi, pour augmenter le niveau

d’activité jusqu’au plein emploi, on a trois leviers de politique économique :

- ↘ > ⇒↗ J amplifié par le biais du multiplicateur keynésien

- Jouer sur les composantes autonomes de la demande globale (C0 = consommation

autonome et α = investissement autonome). Il est cependant très dur de jouer sur C0.

On va donc jouer sur α (par des investissements publics ou des entreprises).

L’impact est amplifié par le jeu du multiplicateur.

- La redistribution des revenus, qui va avoir comme effet d’augmenter la propension

marginale à consommer (c). on augmente le niveau du multiplicateur, ce qui

augmente le niveau de l’activité.

Action sur les taux d’intérêt

Elle nécessite une politique monétaire active, c’est-à-dire qui soit capable de provoquer

une baisse/hausse du niveau des taux d’intérêt.

On peut imaginer une Banque Centrale qui va jouer sur les taux d’intérêt (c’est le cas

aux USA et dans l’UE).

Cela peut aussi être une action sur la masse monétaire.

La théorie keynésienne considère que le marché des capitaux (de la monnaie)

fonctionne comme un vrai marché (les salaires ne sont pas flexibles, ils ne changent pas

en fonction de l’offre et de la demande). En revanche il considère que sur le marché des

capitaux les prix (i) sont flexibles. Le taux d’intérêt peut donc changer en fonction de

l’offre et la demande.

Donc si la masse monétaire (M) est plus importante, l’offre augmente et le prix i va

baisser. En revanche si on réduit M, les taux d’intérêt vont monter. La politique

monétaire est efficace si elle provoque une variation de l’investissement. Pour cela il

faut que l’investissement soit sensible au niveau des taux d’intérêts = normalement

élastique au taux d’intérêt (� élevé).

Dans la théorie keynésienne, la politique monétaire est inefficace parce que la fonction

d’investissement est inélastique.

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56

Dans la théorie néoclassique (plus exactement monétariste) la politique monétaire est

efficace car la fonction d’investissement est élastique au taux d’intérêt.

Jouer sur les composantes autonomes de la demande globale

Le principe : une dépense publique (directe : grands travaux financés par l’Etat ou

indirecte : aide fiscale à l’investissement) ou un déficit public qui redistribue aux

ménages (prestations sociales qui sont habituellement presque totalement

consommées).

Cette dépense est à l’origine d’un accroissement d’activité car il y a derrière le jeu du

multiplicateur d’activité.

Quand cette action est-elle efficace ?

Elle est efficace si le multiplicateur d’activité est élevé. Pour qu’il soit élevé, il faut que

la propension à consommer soit forte.

Le surcroit d’activité génère un surcroit d’épargne d’un montant équivalent au déficit

public initial.

Donc à priori cette politique est efficace mais elle peut avoir des inconvénients.

Lesquels ?

Le déficit public signifie au départ qu’une partie de l’épargne va être orientée vers le

financement de cette action publique. Si c’est une partie de l’épargne qui finance le

déficit cela va provoquer une raréfaction des ressources d’épargne sur le marché des

capitaux. L’offre baisse, ce qui veut dire que le prix i va monter.

Pour les auteurs keynésiens cela n’est pas gênant car la fonction d’investissement est

inélastique au taux d’intérêt. Mais cela est gênant pour les Classiques et Néoclassiques

car la fonction d’investissement est selon eux élastique au taux d’intérêt. Donc pour

eux la hausse de i annulera peut-être l’action publique initiale.

Le déplacement de la frontière entre secteur privé et secteur public. Les Néoclassiques

considèrent que toute l’activité développée sur le secteur public est inefficace. Seul le

secteur privé est productif.

Pour les auteurs keynésiens l’inconvénient n’existe pas car ils disent que s’il y a sous

emploi c’est que le secteur privé est inefficace, donc il faut lui substituer une action

publique.

Les auteurs monétaristes rajoutent que la fonction de consommation n’existant pas, il

n’y a pas de multiplicateur, donc l’argument de la composante autonome de la demande

globale n’a pas de fondement.

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57

1.c.2.3.2. L’analyse graphique

�� (1)U_ Q7O8 Lé87R=>_7R P: ^U_<8>U_ LiéQ:RI_7IRâ<7 à (1) 78 (2) (2) a = (1 − <)� − 9D (3)>_;7?8>??7=7_8 J = � − �> (4)U_ Lé87R=>_7 Pié�O>P>¢R7 J = a

� On part d’un niveau de revenu. Si il y a Y, il y a épargne. S’il y a équilibre sur le

marché des biens et services alors I=S. Donc il existe un niveau d’intérêt compatible

avec niveau de revenu Y. � → a → J = a → > > → J → J = a → �

Ce graphique est appelé graphique Hicks-Hansen.

On part d’un niveau (n°1 dans le graphique) d’activité donné, qui est le niveau de

revenu distribué aux ménages.

Le premier des cadrans permet de déterminer le niveau de l’épargne. S’il y a équilibre

sur le marché des B&S alors on peut trouver le niveau de l’investissement. On peut

ensuite déterminer le taux d’intérêt compatible avec le niveau de revenu. On obtient un

premier point mais cela ne suffit pas pour tracer la droite.

On part maintenant d’un niveau d’intérêt plus élevé (n° 2 dans le graphique) car

l’investissement est trop élevé. Cela fait baisser le niveau de l’investissement. Le

niveau d’épargne sera donc plus faible, car associé à un niveau de revenu plus faible.

Donc l’activité est moindre. On obtient un deuxième point.

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58

On relie les deux points et on obtient la droite IS, qui est l’ensemble des points

d’équilibre sur le marché des B&S. Un équilibre sur le marché des B&S se définit par

la donnée du couple taux d’intérêt et niveau d’activité.

Comment va-t-on faire pour atteindre l’équilibre de plein emploi si on n’y est pas ?

La situation de départ est la suivante : le couple Y/i n’est pas celui du plein emploi.

Comment y parvenir ?

Action sur les taux d’intérêt ↘ > ⇒ é�O>P>¢R7 Elle est efficace car la fonction d’investissement est normalement élastique.

Si on prend un cas où la fonction d’investissement est inélastique. I insensible à i.

Situation de départ i élevé et on baisse le niveau de i.

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Il ne s’est pas passé grand-chose. Comme la fonction d’investissement est faiblement

sensible à i, les conséquences sur l’investissement d’une baisse de i sont faibles ici IS

avec pente faibles. Pour parvenir au plein emploi, il faudrait baisser les taux d’intérêt

d’une manière tellement forte que cela paraît impossible (invraisemblable à LT).

Comment faire alors ?

Une action sur les dépenses publiques (investissement public supplémentaire = dépense

autonome). Si la fonction d’investissement est inélastique on arrive au plein emploi.

Dans ce graphique cela représente la nouvelle courbe d’I (celle du dessous dans le

dernier cadran).

1.c.2.3.3. L’action sur la demande globale

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60

2. L’ALLOCATION DES RESSOURCES ET LES THEORIES

DE LA VALEUR

� Introduction

1616 : Montchrestien « Traité d’économie politique » qui va fonder la pensée

mercantiliste. Ce n’est pas lui qui l’a inventée mais c’est lui qui l’a organisée.

Les Mercantilistes ont pour but de « donner à l’Etat les moyens de sa puissance »,

c’est-à-dire de construire le cadre dont les économies ont besoin pour se développer.

Cadre = sécurité intérieure et extérieure (développement des voies de communication,

les routes, les canaux, les fortifications = infrastructures nécessaires au développement

de l’économie).

Pour cela les auteurs mercantilistes sont favorables à l’intervention de l’Etat dans

l’économie pour :

-aménager le territoire

-réglementer (organisation des foires, protéger les artisans et professions naissantes,

réglementer le prix du blé et l’approvisionnement des villes en blé,…)

-taxer

Cet Etat va devenir puissant à un point tel que la France de la fin du XVIIème

est une

France très puissante. L’enrichissement de la nation favorise les progrès, la diffusion de

la richesse et le niveau de vie s’élève et la population croît. A la fin du XVIIème

il y a

presque 30'000'000 de Français. Mais rapidement (un siècle plus tard) les premières

remises en cause de cette stratégie commencent à se faire sentir. Dès le début du

XVIIIème

elles vont être exprimées.

En 1707 « Le factum de la France » est publié par Boisguillebert. Il va développer une

approche nouvelle. Mais son livre n’aura pas beaucoup de succès. Il va donc chercher à

diffuser ses idées en regroupant autour de lui un certain nombre d’économistes qui vont

porter ses idées. Il est en train de créer les fondements de l’école des physiocrates, qui

va inspirer le libéralisme économique qui inspirera lui-même la Révolution française.

Pour beaucoup d’économistes la France a évolué et il est temps de rééquilibrer le

pouvoir. Les Mercantilistes avaient contribué à transférer les pouvoirs de l’Eglise au

Roi, il est maintenant temps de les transférer du roi vers les bourgeoisies économiques

naissantes. Quels pouvoirs ? Les pouvoirs économiques !

Boisguillebert va développer cette théorie physiocrate qui s’appuie sur deux principes :

-il existe un ordre naturel (supérieur à l’homme et aux rois)

-proscrire toute intervention de l’Etat (car cet ordre naturel s’applique aussi à

l’économie)

Boisguillebert lance les prémisses du libéralisme économique. Il donne un exemple tiré

de son livre. Boisguillebert remarque que l’Etat a pris l’habitude de réglementer le prix

du blé pour permettre aux gens des villes de ne pas mourir de faim (lutter contre la

spéculation). Mais la conséquence de cette réglementation est que le blé n’est plus

suffisamment rentable et les paysans réduisent leur production. Donc l’Etat, par les

règles qu’il impose, contrarie l’initiative individuelle et parvient au résultat contraire de

celui recherché. Il y a pénurie.

Boisguillebert remet donc en cause la théorie de l’Etat tout puissant et contribue au

lancement d’une idée nouvelle, le libéralisme économique.

C’est dans cette perspective que va naître l’école classique. Elle propose une

représentation économique complète (le modèle classique) qui va expliquer pourquoi

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61

les recommandations économiques qu’ils formulent (le laissez-faire) sont les mieux

indiquées.

Deuxième grand apport : pour arriver à cette conclusion, ils ont réfléchi aux origines de

la valeur. D’où vient la valeur des objets qui s’échangent sur les marchés (théorie de la

valeur), quel est donc le prix de chaque objet ? A quel prix doit-on le payer ? Si on a

expliqué cela on a expliqué le salaire (car le travail est une marchandise).

Les auteurs classiques ont la particularité d’être quasi tous anglais (ils écrivent du

milieu du XVIIIème

au milieu du XIXème

).

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62

2.a. LA REPRESENTATION DE L’ECOLE CLASSIQUE

� Des Physiocrates à Adam Smith

L’école des physiocrates va trouver sa reconnaissance au milieu du XVIIIème

avec le

tableau économique de François Quesnay, qui est reconnu comme le père fondateur de

l’école physiocrate.

Cette école est plus un regroupement de réflexions d’économistes qui se reconnaissent

dans une même analyse. Ils aiment se qualifier de secte des philosophes économistes.

Ils ont une doctrine, qui va être portée par trois économistes : Mirabeau, Dupont de

Nemours et Mercier de la Rivière. Cette doctrine est celle de l’ordre naturel. Pour

Nemours, « les ordonnances des souverains que l’on appelle lois positives, ne doivent

être que des actes déclaratoires de ces lois essentielles de l’ordre social, lois établies par

l’être suprême ».

Jusqu’à présent, les lois qui s’imposaient aux hommes étaient des lois positives édictées

par le roi ; elles ne respectent donc pas l’ordre naturel selon les Physiocrates.

L’être suprême est la RAISON.

Les lois positives ne devraient donc être que l’expression des lois naturelles.

Quel est le fondement de cet ordre naturel ?

Les Physiocrates vont proposer certaines mesures qui seront quasi intégralement

reprises par la Déclaration des droits de l’homme de 1789.

-la suppression des servitudes

-la liberté de commerce et d’industrie

-instauration d’un impôt unique

-suppression des protections douanières, suppression des octrois

-abolition des corporations ouvrières et la suspension du secours aux chômeurs (qui

incite à la paresse)

Ces auteurs n’ont cependant pas encore totalement intégré ce phénomène nouveau

qu’est le développement de l’industrie.

Il y a des manufactures royales (pour montrer la force du roi) mais la France est

principalement rurale.

En Angleterre la situation est plus avancée au niveau de l’industrie. Dans la seconde

moitié du XVIIIème

l’Angleterre a amorcé sa révolution industrielle et les économistes

anglais qui intègrent cela vont former une nouvelle réflexion, la pensée de l’école

classique. On y rattache principalement :

Adam Smith « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » en

1776. Il va être celui qui va transposer le concept d’ordre naturel forgé par les

Physiocrates. Il s’appellera désormais « la main invisible ». Avant cela il avait publié

un ouvrage en 1759 qui explique la main invisible : « Théorie des sentiments moraux ».

Il est le père fondateur de l’école classique.

Deux grands économistes vont lui succéder.

Robert Malthus, qui a publié deux ouvrages. En 1798 « Essai sur le principe de

population », où il présente la loi de la population, qui est une analyse économico-

démographique qui explique pourquoi il faut toujours payer l’ouvrier au minimum

vital. En 1820 « Principes de l’économie politique et de l’impôt ».

David Ricardo, qui va publier un seul ouvrage en 1817, qui va motiver l’ouvrage de

Malthus en 1820 car il n’est pas d’accord avec Ricardo. L’ouvrage de Ricardo s’appelle

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63

« Principes de l’économie politique et de l’impôt », premier modèle économique

classique.

Deux auteurs vont contribuer au rayonnement de la pensée classique.

John Stuart Mill publie en 1848 « Principes de l’économie politique », dernier des

Classiques à publier. Met en forme la pensée classique.

Jean-Baptiste Say, qui va s’occuper de l’approche macroéconomique du marché. Il

publie en 1830 « Cours d’économie politique ».

2.a.1. Le marché et la main invisible

Adam Smith est le premier à aborder la question du marché. Cette transformation en

profondeur de l’économie est le salariat. Jusqu’à présent les économies étaient rurales et

agricoles. Elles étaient fondées sur un principe d’organisation ancien (terre détenue par le

seigneur qui utilise la main-d’œuvre et la nourrit plus ou moins, il n’y a pas de contrat de

travail entre le seigneur et les travailleurs, il y a également des artisans et des manufactures

royales).

En Angleterre le début de la révolution industrielle s’est ensuivi d’une nouvelle organisation.

Manufactures avec une grande quantité de travailleurs qui ont un salaire convenu entre

l’employeur et le salarié. On est passé à une nouvelle forme d’organisation du travail : le

salariat, qui transforme la vision que les économistes peuvent avoir sur l’économie.

Smith va forger les concepts qui vont permettre de comprendre comment cette nouvelle forme

d’organisation peut fonctionner. Il est le premier à s’intéresser à la façon dont est fixé le

salaire, comment l’ouvrier peut se fournir en biens.

Pour Smith il y a quelque chose qui est au-dessus de l’homme, la SYMPATHIE. Cette

sympathie est ce qui va influencer le comportement de l’individu, ce qui va le conduire à agir

en fonction de la nécessité du devoir. C’est donc une obligation morale qui s’impose à

chacun. Smith considère que l’homme agit toujours en fonction de son intérêt personnel,

mais aussi en fonction du jugement que les autres portent sur son action. « C’est la sympathie

que nous éprouvons pour les autres qui nous fait accepter leur jugement ». Tout le monde va

donc agir individuellement dans l’intérêt de tous. La sympathie est ce qui rend conciliable

l’intérêt individuel et l’intérêt collectif.

C’est fondamental pour Smith parce que pour lui quelque chose de nouveau est apparu : le

salariat et le marché. Comment faire pour que ce qui se passe sur le marché soit cohérent avec

les désirs des uns et des autres : la main invisible. Il n’y a donc pas de conflit entre l’intérêt

général et le marché. Compte tenu de cela le marché peut fonctionner, c’est le principe de la

main invisible.

2.a.1.1. LA MAIN INVISIBLE CHEZ ADAM SMITH

La main invisible permet de comprendre comment vont se former les équilibres dans

l’économie.

L’analyse des auteurs classiques va s’inscrire dans la perspective de fonctionnement de

marché et non de circuit. On se situe sur les marchés des B&S et du travail. On va

comprendre comment s’ajuste un marché grâce à la main invisible = comment l’offre et

la demande se rencontrent et à quel point l’offre égale la demande.

2.a.1.1.1. Prix, marché et concurrence

Le prix du marché est celui qui se constate à un moment donné sur un marché, le prix

auquel se réalisent les échanges. « C’est le prix actuel d’une marchandise » selon

Smith. « P »

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64

Le prix naturel. L’économie décrite par les Classiques comporte des salariés, des

fermiers et des capitalistes. Pour chaque classe sociale il existe une rémunération dont

il va falloir établir les conditions de détermination. Ces justes (=correspondances avec

leur place dans le marché) rémunérations vont être déterminées à partir de la théorie de

la valeur. Le taux de salaire naturel est une juste rémunération. Chaque facteur de

production bénéficie d’une juste rémunération. Une marchandise qui est produite a un

coût, qui est le coût du travail, du capital et de la terre nécessaire à sa production. Le

prix naturel d’une marchandise est l’ensemble des prix naturels supportés pour acquérir

les facteurs de production dont on a besoin pour produire une marchandise. C’est donc

l’ensemble des coûts, qui sont eux-mêmes les prix naturels des facteurs de production.

Cette théorie classique est une théorie du Prix-Coût. « Pn »

Le marché est le lieur de rencontre entre l’offre et la demande. C’est le lieu d’échange

des marchandises.

Les marchandises sont produites. Elles ont un prix naturel et sont présentées sur le

marché à ce prix naturel. Mais il peut arriver sur le marché que l’offre soit trop

abondante ou insuffisante par rapport à la demande.

O>D : les offreurs vont se concurrencer pour vendre le produit, ce qui va faire baisser

le prix. Le prix de marché va se fixer à un niveau inférieur au prix naturel.

O<D : pour pouvoir obtenir des marchandises, les acheteurs se font concurrence, ils

sont prêts à surenchérir, ce qui fait monter le prix. Le prix de marché est supérieur au

prix naturel des marchandises.

2.a.1.1.2. Main invisible et ajustement spontané du marché

C’est un mécanisme d’ajustement au gré des acheteurs ou de vendeurs. Il est rare en

général que le prix du marché égale le prix naturel car il y a quasi toujours un

désajustement entre l’offre et la demande. Cette perpétuelle recherche de l’équilibre est

appelée « théorie de la gravitation ». Le prix de marché gravite en fonction de l’état

relatif de l’offre et de la demande autour du prix naturel. Cette théorie permet de

comprendre les liens entre prix, O, D et marché.

Comment se fait-il qu’il n’y ait pas un grand déséquilibre ? Que O et D réussissent à se

concilier ? C’est possible parce que le jeu de la main invisible le permet. Le jeu de la

main invisible va permettre de concilier O et D en permanence.

Cette main invisible est naturellement (logiquement) là grâce à la théorie des

sentiments moraux. Donc chaque décision individuelle est cohérente avec l’intérêt

général. Il y a donc en permanence cohérence. Le principe de la main invisible est un

mécanisme impersonnel qui permet d’harmoniser. En dirigeant son activité de manière

à ce que son produit ait le plus de valeur, l’entrepreneur est conduit par une main

invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions. Son intérêt

individuel constitue le ciment de l’intérêt général.

2.a.1.2. L’EQUILIBRE DES MARCHES

Marché des marchandises et marché du travail.

Le prix naturel du salaire est le minimum vital.

Jean-Baptiste Say aborde le sujet de l’équilibre permanent entre l’offre et le demande

dans la « loi des débouchés ».

2.a.1.2.1. La loi des débouchés

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65

Cette loi dit que les produits s’échangent contre des produits. Il n’y a donc pas de

déséquilibre entre O et D. Tout ce qui est produit est vendu. L’offre crée sa propre

demande.

Cette loi dit que si la main invisible fonctionne il n’y a pas de surproduction et à priori

pas de sous-production. Le principe de cette loi est fondamental car cela signifie

qu’étudier la production c’est connaître la demande.

2.a.1.2.2. L’analyse dichotomique des Classiques

2.a.2. La théorie classique de la valeur

Elle permet de déterminer les prix naturels de toutes les marchandises, mais aussi les rapports

d’échange, c’est-à-dire les prix relatifs des marchandises entre elles.

Ricardo va appauvrir l’analyse qu’Adam Smith proposait, en écrivant la théorie de la valeur.

Cette théorie est une théorie objective de la valeur. Il y a dans l’approche des auteurs

classiques un fondement qui est susceptible de rendre objective leur théorie, la valeur-travail.

Pourquoi fonder la théorie de la valeur ? Pour déterminer le prix naturel. On fonde cette

théorie sur le travail car à l’époque ils sont dans une économie où émerge le salariat.

2.a.2.1. VALEUR D’USAGE ET VALEUR D’ECHANGE

Toute marchandise a une double particularité quand on la considère du point de vue qui

est le sien.

Chaque marchandise a d’abord une existence du fait de son utilité. On produit ce qui

est utile, c’est-à-dire ce qui a une utilité pour celui qui l’utilise. Donc on répond à un

besoin. On parlera de valeur d’usage. C’est cette valeur d’usage qui justifie qu’on

produise la marchandise.

Chaque marchandise a aussi la faculté que cette marchandise transmet à celui qui la

possède d’acquérir un autre bien grâce à elle (en l’échangeant). Cette faculté

particulière lui confère une valeur d’échange.

2.a.2.1.1. Rareté et reproductibilité

Pourquoi va-t-on produire un bien ?

On va produire une marchandise parce qu’elle est rare. En produisant on cherche à

rendre abondant une marchandise qui était rare. On cherche à satisfaire des besoins par

cette production.

L’intérêt de la production est qu’elle permet la reproductibilité, qui est donc le fait de

l’industrie humaine.

On va s’intéresser à des marchandises qui sont reproductibles. On va les produire par le

travail. Donc elle définit le travail. Le travail sera donc utilisé pour produire des

marchandises.

2.a.2.1.2. Le travail, fondement de la valeur

L’utilité d’une marchandise est la condition nécessaire à l’existence de sa valeur. Elle

n’est cependant pas suffisante. Pour que la marchandise prenne de la valeur elle doit

être échangée. C’est donc dans l’échange que se mesure la valeur de la marchandise. Sa

valeur est donc la valeur d’échange.

Pour produire la marchandise, comme on est dans un monde d’industrie, on utilise le

travail, qui est une marchandise qui s’échange sur le marché du travail. On va donc

commencer par échanger du travail, qui va conférer la valeur à la marchandise.

Page 66: Iae Nanterre

66

Théorie de la valeur-travail = le travail détermine/aide à former le prix des autres

marchandises. La valeur de chaque marchandise est la quantité de travail qu’il faut pour

la produire.

2.a.2.2. L’ANALYSE RICARDIENNE DE LA VALEUR

La valeur d’une marchandise (valeur d’échange) se détermine par le temps de travail

nécessaire pour la produire.

Le travail est donc la source et la mesure de la valeur.

Ce travail est celui qu’on constate ou un travail plus complexe ?

Pour Smith le travail est commandé, pour Ricardo il s’agira du travail incorporé.

Prend-on le travail moyen ou non ? Smith à vu le problème, Ricardo passera au-dessus.

Le travail commandé est le temps que la société estime en général nécessaire pour

produire la marchandise, c’est donc un consensus que la société accepte. La société

commande le temps de travail qui est accepté. Derrière cette théorie, il y a une

nécessité, mesurer le temps de travail nécessaire pour produire chaque objet. Il a

compris que certaines tâches étaient plus complexes et nécessitaient plus de travail ou

le travail à plusieurs. Pourtant il parle de l’état primitif de la société, qui est une société

où il n’y a pas une très grande complexité dans les tâches de production et on peut donc

déterminer le temps de travail nécessaire pour faire chaque objet.

2.a.2.2.1. La théorie du travail incorporé

Ricardo quant à lui, préfère la théorie du travail incorporé. Le travail qu’on va prendre

en compte, c’est tout le travail qui a été incorporé dans la marchandise. S’il faut un

grand nombre de personnes, on incorporera la somme des heures de travail de chaque

personne.

C’est la théorie de la valeur-travail selon Ricardo qui sera retenue.

Ex : Smith

On est dans un état primitif

L’économie est agricole

Pas de capital ni de capitalistes

Production de blé pour les hommes et d’avoine pour les bêtes

La terre est en libre accès

Blé : 5£ = ��£

Avoine : 5¤ = ��¤

Valeur d’échange entre PA et PB = ¥-¦-§¨ = 01¦01§ = 1¦1§ et le rapport d’échange est la quantité de travail incorporé

Ex : Ricardo cas 1

Economie agricole sans capital

2 biens : le blé et l’avoine

Economie de marché au sens smithien du terme, c’est-à-dire qu’il existe un prix naturel

de chaque marchandise. Le prix de marché se détermine selon le jeu de la concurrence.

Une marchandise = un prix de marché et un prix naturel uniquement.

Le travail est une marchandise et a donc un salaire unique, uniforme.

Blé :5£ = ��£

Avoine : 5¤ = ��¤

Page 67: Iae Nanterre

67

Le blé est la référence donc le rapport d’échange est : 5¤5£ = ��¤��£ = �¤�£

Les rapports d’échange sont bien déterminés par les quantités relatives de travail

nécessaire pour produire chacun des biens.

Il y a une différence entre capital moyen de production et capital propriété de

production (qui permet de financer).

Ex : Ricardo cas 2

Economie agricole avec capitaliste (détient la terre). Il met à disposition la terre pour le

travail en échange d’une rémunération (le profit = ici le prix naturel de la terre).

Dans ce cas, le prix = salaire + profit

Blé : 5£ = ��£ + (��£) ∗ R = ��£(1 + R)

Avoine : 5¤ = ��¤ + (��¤) ∗ R = ��¤(1 + R)

Le r est le taux de profit, qui est uniforme à cause du jeu de la concurrence

Donc le rapport d’échange ici est : 5¤5£ = ��¤(1 + R)��£(1 + R) = �¤�£

La théorie ricardienne de la valeur permet de régler leur problème car il trouve que la

valeur d’échange est la même avec ou sans capitaliste.

C’est le cas si on est dans une économie simple avec deux marchandises qui ne

s’imbriquent pas.

Pedro Sraffa va tenter de résoudre le problème sans succès

Ex :

Economie agricole avec capital et capitalistes

Production d’avoine, de blé et de capital.

Blé : 5£ = ��£(1 + R)

Capital : 5� = ���(1 + R)

Marchandise complexe : 5ª = ��ª + ��ª ∗ R + 5� ∗ R = (1 + R)��ª + R���(1 + R)

« Fonds de salaire » = avance que le capitaliste doit consentir pour que la production

soir engagée = wLX et wLC ici. Le nouveau produit nécessite du travail wLX, de la terre

mise à disposition par les capitalistes qui se rémunèrent wLXr et il nécessite du capital

acheté et mis à disposition, donc le capitaliste se rémunère aussi dessus 5�R.

5ª5£ = (1 + R)�(�ª + R��)(1 + R)��£ = �ª + R���£

La valeur d’échange ne dépend plus seulement des quantités de travail nécessaire, elle

dépend aussi du taux de profit de la structure de l’appareil de production. Le taux de

profit est le prix naturel du capital, qu’on ne connaît pas. On va espérer que le prix de

marché du capital va se fixer au prix naturel (théorie de la gravitation). On ne connaît

donc pas r et on est bloqué.

2.a.2.2.2. Les limites de l’analyse

La théorie de la valeur-travail proposée par les auteurs classiques n’est donc pas

pertinente de ce point de vue là. Ce constat d’incomplétude va se former dans les

années 1970. Pourtant l’école classique va se diriger dans une autre direction, qui est la

représentation du mode de fonctionnement de l’économie (la dynamique grandiose).

Page 68: Iae Nanterre

68

2.a.3. La dynamique grandiose des Classiques

Adam a pour préoccupation de comprendre comment fonctionnent les choses nouvelles.

Ricardo a une préoccupation plus globale (« macro »). Il veut comprendre comment

l’économie fonctionne dans son ensemble et où elle va.

Les Classiques sont inquiets au sujet de la croissance. En Angleterre au XVIIIème

la

production semble insuffisante. Pour y remédier, il faut pratiquer le libre échange. Ricardo va

soutenir le libre échange.

La propriété foncière en Angleterre c’est la Couronne et quelques bourgeois. Cette propriété

va entrer en conflit avec le développement industriel. Ricardo va tenter de le mettre en valeur.

Il va s’appuyer sur l’analyse de Smith.

Au milieu du XIXème

, les Néoclassiques vont s’efforcer de construire une théorie de

l’équilibre pour prouver que ce n’est pas vrai, en partant des théories de Smith et la main

invisible.

2.a.3.1. LES DETERMINANTS DE LA CROISSANCE

Les économistes estiment que, grâce à la révolution industrielle, la croissance va être

supérieure à 5% alors qu’avant elle existait mais était quasi nulle.

Ils découvrent la croissance car :

-elle est plus rapide

-la médecine fait des progrès (vaccins contre la variole par exemple), qui a pour

conséquence l’allongement de l’espérance de vie et donc permet la transmission des

connaissances

-invention de l’imprimerie, vecteur de transmission de la connaissance, alors qu’avant

les moines copistes reproduisaient les ouvrages

Les économistes prennent conscience que l’économie se transforme et bouge.

Quels sont les facteurs de croissance retenus pas les économistes classiques ?

Le capital moyen de production et la terre.

2.a.3.1.1. Accumulation de capital et division du travail

Le capital moyen de production est un moteur de croissance.

Smith comprend que l’accumulation du capital est permise par la division du travail.

Avant l’économie était basée sur l’artisanat. L’artisan vivait du produit de ses ventes et

il n’y a donc pas de distinction entre production et organisation de la production.

Avec l’apparition du salariat, cette distinction se fait. Celui qui produit n’est plus celui

qui décide. S’il y a du salariat, cela signifie qu’il va falloir faire une avance (fonds de

salaire) des fonds nécessaires pour acheter les machines. Ce fonds est l’accumulation

préalable qui vient du commerce, des pillages, guerres et autres.

Pourquoi les capitalistes acceptent d’utiliser ce capital pour produire ? L’appât du gain

certainement. Smith dit : « il est aussi impossible au fermier et au manufacturier de

vivre sans profit qu’à l’ouvrier de vivre sans salaire ». Donc il utilise son capital

accumulé pour faire du profit, qu’il va réinvestir et accroître donc son capital et donc

son profit. Plus il y a de capital investit, plus le profit est élevé (« loi de l’accumulation

du capital/profit » de Smith).

2.a.3.1.2. Rente foncière et rendement de croissance

Page 69: Iae Nanterre

69

La terre est un frein à la croissance.

Ricardo va l’étudier à titre principal. C’est ce qu’on appelle « théorie ricardienne de la

rente foncière ». Cette théorie est pour lui fondamentale.

Elle part du constat de différence marquée de fertilité enter les terres. Toutes les terres

ne sont pas identiquement fertiles, donc la productivité est différente d’une terre à

l’autre.

Les premières terres en culture sont les plus fertiles. Elles sont là où les alluvions ont

enrichis les sols, en général sur les plaines fertiles où les difficultés techniques sont

moindre (faciles d’accès). Ces terres sont en outre nombreuses dès lors que la

population est faiblement développée. C’est à ces endroits que les hommes ont établi

les premières villes. Le prix du blé est faible car la productivité du sol est forte et les

coûts de production faibles.

Ex : Paris avec du blé cultivé sur le Champs de Mars.

La population se développe et s’étend, bien souvent en empiétant sur les terres

agricoles les plus fertiles. Les terres nouvelles sont moins fertiles, donc pour produire il

faut plus de travail car la productivité marginale de la terre et donc du travail sont plus

faibles. Il faut du transport, autant celui de la marchandise que du matériel et des

ouvriers. La somme des coûts de production augmente et donc le prix du blé augmente

quand il est produit sur ces terres moins fertiles.

Le principe de l’économie classique est qu’il y a un seul prix du blé.

Donc si le prix du blé augmente, c’est car c’est la terre la moins fertile qui décide du

prix auquel il faut commercialiser le blé. Mais les terres les plus fertiles le vendent à ce

même prix, donc pour elles, le prix de marché du blé est supérieur au prix de

production. Cette différence est appelée « rente foncière ».

La rente foncière est donc le surplus que les terres les plus fertiles permettent d’obtenir

en comparaison des terres les moins fertiles, qui elles, déterminent le prix de marché du

blé. Donc plus on mettra en culture des terres nouvelles, plus le prix du blé va monter et

plus la rente foncière va s’élever.

En Angleterre cela profite donc à la Couronne et à une petite partie de la bourgeoisie.

2.a.3.2. L’ETAT STATIONNAIRE

2.a.3.2.1. La représentation de l’état stationnaire

L’état stationnaire c’est la stagnation de l’économie, une situation de non croissance.

Pour les Classiques, qui découvrent la croissance, c’est le pire qui puisse arriver.

Ricardo va représenter comment on arrive à l’état stationnaire. Il décrit le modèle

classique sur lequel les économistes vont longtemps travailler.

Il va représenter 3 classes qui font référence à des individus qui remplissent un objet

précis dans l’économie et pour lequel ils reçoivent une rémunération spécifique :

Classes Fonction Facteur de

production associé

à la fonction

Rémunération

associée à la

fonction

Propriétaires

fonciers

Mettre à disposition

la terre

Terre Rente foncière : R

Ouvriers,

travailleurs

Fournir le travail Travail Salaire w

W=wL

Capitalistes Investir Capital Le profit r

Π=rK

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70

Ricardo découpe la société car il remarque que les classes ne prospèrent pas en

harmonie, elles sont en conflit.

C’est un conflit de répartition qui vient du fait qu’à un moment donné le produit qui

nait de l’activité économique a à se répartir entre la rente, le salaire et le profit. � = � + � + Π Il y a conflit car en réalité l’économie est en croissance et la croissance fait que tous les

facteurs ne vont pas être rémunérés comme il se doit. Pourquoi ?

A chaque classe est associée une loi, qui est une loi naturelle au sens classique, et

chacune est l’expression de l’équilibre voulu par la main invisible.

Dans l’agriculture, la loi est celle des rendements décroissants.

Pour les travailleurs c’est la loi de la population de Malthus.

Et pour les capitalistes c’est la loi du profit.

La loi des rendements décroissants dans l’agriculture est une loi naturelle. Les terres

sont de moins en moins fertiles, donc les rendements sont décroissants dans

l’agriculture, ce qui signifie que si on augmente la production agricole, inévitablement

cela va engendrer une hausse du prix du blé.

Le développement économique, c’est l’accroissement de la production, ce qui nécessite

plus de travail car implicitement il y a chez les Classiques l’hypothèse des rendements

constants dans l’industrie, ce qui signifie que la production croît au même rythme que

les facteurs de production engagés. Il faut donc nourrir plus de travailleurs et donc

mettre en culture des terres nouvelles pour accroître la production de blé, et cela

provoque une hausse du prix du blé. Comme c’est une loi naturelle, on ne peut rien y

faire car c’est la nature qui le veut (car les Classiques n’ont pas vu que le progrès

industriel était en train d’envahir l’agriculture). Donc pour Ricardo, le développement

économique est systématiquement associé à une hausse du prix du blé.

La loi de la population est une loi naturelle qui dit qu’un développement trop rapide de

la population se heurtera à une insuffisance des ressources alimentaires. Donc il ne faut

pas qu’elle se développe plus que nécessaire. Les nécessaire est ce qui est bon pour

assurer le développement économique.

Conséquence de cette loi, le taux de salaire doit être fixé au minimum vital �e parce que

si on le fixe au-dessus, la population va croître plus vite que ce qui est nécessaire au

développement économique. Et de toute façon on aurait une demande de blé

supplémentaire qu’on ne pourrait pas satisfaire et la nature se chargera d’y mettre de

l’ordre par une famine. (Malthusianisme)

La loi du profit est aussi une loi naturelle. Le profit, tant qu’il est positif, va conduire le

capitaliste à investir (donc accumulation de capital). L’accumulation de capital permet

de produire plus et donc elle assure le développement économique. On produit plus

pour faire du profit supplémentaire. « Les profits d’aujourd’hui font la croissance de

demain ».

Donc � = � + �e� + Π

Si il ya a développement économique, cela signifie qu’on doit augmenter L, ce qui

entraîne une augmentation du prix du blé, ce qui entraîne dans le même temps une

augmentation du minimum vital. Il y a aussi une augmentation de la rente foncière. Y

augmente au même rythme que L (hypothèse des rendements constants dans

Page 71: Iae Nanterre

71

l’industrie) mais W augmente plus vite et R augmente également plus vite. Le profit est

un solde dans la théorie classique et ce solde baisse. Il peut baisser jusqu’à 0.

Et la crainte des auteurs classiques est que le développement provoque la disparition du

profit. C’est ce que Ricardo appelle l’état stationnaire.

En cas d’état stationnaire, le profit est nul et l’investissement aussi, il n’y a plus

d’accumulation de capital et donc il n’y a plus de développement économique. W et R

restent stables.

Il y a donc conflit entre les propriétaires fonciers et les industriels (capitalistes) chez les

Classiques. Pourquoi ? Parce que les propriétaires fonciers prélèvent R et ça se fait au

détriment du profit, qui est la source de l’investissement.

C’est un conflit important car selon Ricardo il va bloquer la croissance = le progrès. Et

donc s’il n’y a plus de croissance, il n’y aura plus de progrès (médecine, éducation,…),

qui est un progrès économique et social.

2.a.3.2.2. La régulation du système classique

Que faut-il faire pour débloquer la croissance ?

Pour Ricardo il faut développer le libre échange, car pour lui la régulation passe par là.

Le libre échange va permettre à l’Angleterre d’échanger avec d’autres partenaires

commerciaux, comme le Portugal (Porto).

L’Angleterre a aussi des échanges avec ses colonies et l’Amérique du Sud.

Ricardo pense qu’il faudrait importer du blé pour bloquer la hausse de son prix et

pourquoi pas provoquer la baisse. Une baisse du prix du blé signifie un effondrement

de la rente foncière et celui-ci permettrait au profit de se rétablir, ce qui rétablirait la

possibilité d’investir.

Ricardo propose donc une première théorie de la mondialisation de l’économie.

Cette représentation va à la fois inspirer des développements importants (par Marx) et

des remises en cause (par l’école des néoclassiques).

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72

2.b. L’ANALYSE MARXISTE DE LA VALEUR

Les thèmes de préoccupation sont proches de ceux de l’école classique. Société regroupée en

classes, analyse de la distribution des richesses, représentation globale du fonctionnement de

l’économie et théorie de la valeur qui tente de clarifier certains concepts de l’école classique.

L’analyse de Marx se distingue de celle des Classiques car :

- Analyse globale ** qui va conduire à des conclusions différentes de celles de

Ricardo

- Analyse s’inscrit dans la seconde moitié du XIXème

, donc le contexte est différent

Sa théorie de la valeur ne va quand même pas résoudre le problème qu’il cherche à résoudre,

c’est-à-dire comment se forment les prix, comment se déterminent les rapports d’échange

entre les marchandises. Il rencontrera les mêmes problèmes que les Classiques.

Marx est un auteur qui comme tous les économistes est marqué par son temps, le XIXème

. La

culture du XIXème

est celle de l’expansion du système capitaliste. Le XIXème

est le siècle du

développement de la grande industrie avec une conséquence, le développement très rapide des

grandes cités ouvrières. On voit se développer de nouvelles villes ou les anciennes villes se

transformer pour accueillir toute cette main-d’œuvre, qui est faiblement payée. Donc les

conditions de logement sont épouvantables. Le XIXème

va voir très tôt se succéder les rapports

alarmistes, par les médecins qui ont compris que les grandes épidémies venaient de

l’insalubrité des habitats. En 1840 le rapport Mallarmé fait prendre conscience à l’Etat des

problèmes de logements insalubres. Cela attire l’attention d’un certain nombre d’observateurs.

Friedrich Engels va en 1845 publier un ouvrage sur la condition de vie des ouvriers en

Angleterre : « Condition des classes laborieuses en Angleterre ». Engels va lier connaissance

avec Marx en 1844 et c’est à partir de là que Marx va se forger sa « conscience sociale » car il

découvre comme ses contemporains ce qu’est la condition ouvrière.

Marx va théoriser cette situation. Sa formation solide en philosophie et sa grande culture lui

serviront pour faire cette analyse.

Son premier ouvrage, publié en 1848 est « Le manifeste du parti communiste ». Cet ouvrage

est resté célèbre pour trois raison :

- Se finit par l’appel : « prolétaires de tous les pays unissez-vous »

- Très court et donc très diffusé, et beaucoup traduit

- On y retrouve toutes ses grandes idées

A la suite de cette publication il va diriger son activité dans deux directions :

L’action : il est porte-parole de l’organisation syndicale ouvrière. Il est fondateur de la 1ère

Internationale en 1864 et devient son président. Il va continuer sa réflexion et publier en 1867

le livre 1 du « Capital », qui élabore les concepts, qui réfléchit sur les fondements de la

théorie de la valeur. Il est très engagé et meurt en 1882 avant d’avoir publié son livre 2.

Engels termine la rédaction du livre 2. Dans ce deuxième tome, Marx propose une

représentation du fonctionnement de l’économie sous la forme de schémas de reproduction. Il

va nous livrer les clés (selon lui) du fonctionnement du mode de production capitaliste. Marx

avait commencé à travailler le livre 3 qui devait dans son idée opposer la vision globale du

fonctionnement du capitaliste. Engels va complètement écrire le livre 3 selon ce qu’il pensait

qu’était l’idée de Marx. Il est publié en 1913, il faudra attendre l’entre-deux guerres pour qu’il

soit diffusé.

2.b.1. Les spécificités de l’approche de Marx

2.b.1.1. LES CONCEPTS

2.b.1.1.1. Le matérialisme historique

Page 73: Iae Nanterre

73

Pour les auteurs classiques l’idée d’existence de lois naturelles est une idée permanente.

Pour les Classiques il existe donc des lois qui s’imposent aux hommes.

Marx considère quant à lui que les lois ne sont pas naturelles mais sont l’expression de

l’ordre économique et social et c’est ce qu’il va essayer de démontrer.

Sa conception matérialiste de l’histoire se décline en trois propositions :

- Il existe des lois économiques qui s’imposent aux hommes indépendamment de leur

volonté (ex : les rapports juridiques imposés par le droit, qui ont la particularité de

contribuer à l’ordre économique et social et qui sont obligatoires ou sanctionnées en

cas de violation).

- Ces lois n’ont cependant rien d’universel ou de naturel. Elles ne sont pas

universelles, certains pays par exemple ne connaissent pas le droit du travail. Elles

n’ont rien de naturel car les rapports juridiques par exemple sont le fait de décisions

humaines

- Ces lois portent en elles-mêmes les conditions de la destruction de la société

correspondante (ex : l’histoire des contestations depuis la Rome antique). Les

sociétés ne se sont pas développées dans l’harmonie mais dans le conflit permanent,

qui consistait en la remise en cause des lois qui à un moment donné étaient en

vigueur dans la société.

Pour Marx, ces lois sont :

- Historiquement datées

- Renvoient toutes à un état de développement économique et social

Donc Marx rejette les lois naturelles et fonde une approche basée sur les lois

historiques.

2.b.1.1.2. Le mode de production capitaliste

Le constat des Classiques, qui est partagé par Marx, est celui d’une transformation de la

société. Nouvelle forme d’organisation économique, l’industrie, le développement des

classes ouvrières, la transformation des rapports de production (maintenant rapport au

sein de grandes entreprises industrielles). Ce mode de production capitaliste s’oppose

aux modes qui l’on précédé (mode esclavagiste de la Grèce antique, mode de

production féodale, mode de production artisanal).

Qu’est-ce qui caractérise ce mode de production capitaliste ?

- Ce n’est pas la lutte des classes (idée des Classiques qu’ils appelaient conflit de

répartition), qui est dépassée pour Marx car pour lui il y a toujours eu lutte des

classes même si cela avait un autre nom

- Ce n’est pas non plus l’existence d’un échange marchand, qui a selon lui toujours

existé

- C’est l’existence du salariat qui caractérise le mode de production capitaliste. Le

salariat est la pseudo-liberté formelle qui serait celle du salarié qui ne possède que

son travail et qui aurait le choix d’aller l’échanger librement sur un marché.

Désormais pour travailler l’ouvrier noue des relations de travail avec l’entreprise.

Et dans cette relation de travail, il perd la propriété de la création de son travail. Il

pourra éventuellement négocier son salaire mais il ne récupérera jamais l’argent de

la vente de ses créations.

2.b.1.2. LA THEORIE DE LA VALEUR TRAVAIL

Il s’inscrit dans la logique de l’école classique, le travail est source et mesure de la

valeur. C’est la théorie de la valeur travail qu’on trouvait le mieux présentée chez

Ricardo. Les Classiques avaient rencontré des problèmes pour mesurer la quantité de

travail incorporé dès lors qu’ils n’étaient plus dans une économie simple.

Page 74: Iae Nanterre

74

Marx perçoit qu’il y a nécessité de préciser un certain nombre de concepts pour

mesurer la quantité de travaille qui sera incorporée dans chaque marchandise.

2.b.1.2.1. Travail concret et travail abstrait/travail simple et travail complexe

Il existe une première forme de travail, le travail concret qui a pour but de rendre utile

un objet, c’est-à-dire de le transformer de manière à satisfaire les besoins humains.

Aussi appelé travail utile.

Mais cela ne suffit pas, il faut aussi que l’ensemble des actions soient harmonisées. Il y

a donc un travail abstrait qui va venir coordonner ce travail concret. Par exemple pour

une maison il ne suffit pas du travail du maçon. Il prend cet exemple pour dire que le

travail n’est pas homogène, il y a du travail simple et du travail complexe.

Le travail simple est la quantité de travail qui peut être mesurée directement par la

durée qui lui est associée. C’est quand même un point difficile car la durée dépend

aussi de l’âge et de l’expérience du travailleur. L’unité élémentaire serait donc du

travail concret simple.

Le travail complexe est le constat que dans toute marchandise, il y a différentes formes

de travail qui sont incorporées et celles-ci ne peuvent pas être réduites à une addition

d’heures de travail simple.

Ex : simple = un ouvrier non qualifié en début de carrière

Ex : complexe = ingénieur de production avec grande expérience

2.b.1.2.2. La formation de la valeur

La mesure de la valeur d’une marchandise selon Marx ne peut pas se faire uniquement

en fonction de l’addition de ces différentes sortes de travail. Qu’est-ce qui pourrait faire

qu’une même marchandise produite dans des endroits différents aura une même valeur

dans l’échange ? C’est l’abstraction que permet le marché.

Cette abstraction c’est ce qui va permettre de gommer les différences de valeur entre

des objets identiques produits dans des endroits différents. Cette abstraction est une

forme de moyenne que Marx appelle « le temps de travail socialement nécessaire ».

C’est le temps de travail accepté par la société du fait de la pratique de l’échange (du

marché). En moyenne la société estime que le temps de travail nécessaire est de x.

La théorie de la valeur de Marx est une théorie de la valeur-travail.

Les entreprises qui produisent vite en tireront un avantage.

Marx n’a pas réglé le problème du passage du prix à la valeur. L’abstraction du

« travail socialement nécessaire » est une fiction intellectuelle qui n’a pas réglé le

problème.

2.b.2. La dynamique tendancielle chez Marx

La dynamique grandiose des Classiques car 1ère

analyse du fonctionnement global de

l’économie et description ** macroéconomique globale. Elle repose sur le respect de 3

lois naturelles. Marx remet en cause ces 3 lois en parlant à son tour de lois historiques,

c’est-à-dire des lois qui peuvent évoluer. On peut donc modifier provisoirement des

lois. Chez Marx on parle de dynamique tendancielle (varie en fonction des tendances).

Souvent certains ont tort parce qu’ils se sont trompés de contexte. Contexte du XIXème

siècle avec le capitalisme régulièrement en crise, jusqu’alors les économistes

connaissent des crises, des crises de natures différentes pour au moins deux raisons :

Page 75: Iae Nanterre

75

- jusqu’à la révolution industrielle, croissance faible : les crises sont petites.

L’ampleur des crises est bien plus importantes au XIXe siècle.

- crise différente de la précédente, jusqu’au XIXe siècle la crise est agricole : la crise

de sous production agricole avec des intempéries, cultures pourries, qui va entraîner

la famine.

Les crises se succèdent au rythme des perturbations climatiques. Et au XIXe siècle, la

crise industrielle, on produit et cette production doit trouver des débouchés, ce sont les

produits miniers, la sidérurgie, le textile. Le rail et les chemins de fer ne trouveront de

débouchés que si le pays se développe : c’est la première crise industrielle due au

ralentissement des programmes d’équipement ferroviaires en Europe et aux Etats-Unis.

Plusieurs industries et rails vont arrêter leur activité, beaucoup de licenciés, les petits

commerces font faillite, l’industrie minière arrête aussi son activité : c’est une crise

globale que découvrent les économistes, des crises très profondes qui bouleversent le

fonctionnement économique des pays. Les économistes découvrent quelque chose de

nouveau même s’il s’était déjà produit bien avant avec la guerre napoléonienne, cette

crise industrielle est en train de prendre de l’ampleur, elle plonge encore les ouvriers

dans une misère accrue et parmi les auteurs qui vont essayer de la théoriser afin de

trouver une solution figure Marx. Il rédige à ce propos son livre « Le capital » dont

Engel écrira le livre3.

Pour Marx, cette crise va conduire à l’effondrement, à la destruction du capitalisme, qui

était l’idée même des auteurs classiques, qui était l’état de stagnation de l’économie. Ce

sont des conclusions tout aussi identiquement apocalyptiques.

Ce que Marx va montrer, ce sont les tendances de ce capitalisme qui l’ont mené à sa

conclusion.

2.b.2.1. L’ACCUMULATION DU CAPITAL

2.b.2.1.1. Les concepts

Ce qui caractérise le capitalisme c’est l’accumulation du capital. Pour expliquer, Marx

va mettre en place un certains nombres de concepts déjà présents chez les Classiques,

mais de façon rigoureuse. Il définit le capital comme l’ensemble des moyens de

production. L’accumulation du capital est l’essence même de la croissance économique

mais il y a deux formes de capital : le capital moyen de production détenu par les

capitalistes, c’est le capital constant, l’ensemble des moyens de fonctionnement

physiques : les machines, l’équipement … Marx l’appelle « c ». Pour produire on a

besoin de machines, d’équipements mais également de l’autre type de capital « v » le

capital variable qui est la force de travail. Ce sont les deux facteurs de production. Ce

capital est combiné, organisé pour produire. Pour le combiner on a besoin d’une

technique de production, ce qui le caractérise, c’est le coefficient technique que Marx

appelle la composition organique �¬ , c et v sont mesurés à leur valeur travail. Ceci veut

dire que �¬ doit être mesuré = rapport d’échange. Si

�¬ est élevé cela signifie qu’on

utilise une technique de production qui consomme beaucoup de capital et peu de travail

et inversement si c’est le contraire.

Ici on produit des marchandises et on a deux façons de rendre compte du processus de

production des marchandises : selon le rythme de croissance de l’économie et selon le

rythme de développement du circuit de production ou du cycle de production plus

exactement. Pour le comprendre, dans son livre 2 « Le capital », Marx va présenter ce

qu’on appelle les schémas de reproduction et il va distinguer deux situations qui vont

correspondre chacune d’entre elles a un cycle de production différent.

2.b.2.1.2. La reproduction

Page 76: Iae Nanterre

76

Le schéma de reproduction simple : caractéristique d’une économie sans

accumulation accrue du capital, pas d’élargissement de la production, l’économie se

reproduit identiquement à elle-même. Dans cette économie il y a un capitaliste et ce

capitaliste dispose d’un capital argent A lui permettant d’acheter des marchandises et il

va acheter deux marchandises : le capital constant « c » et le capital variable « v » dans

les proportions déterminées par la composition organique du capital (c’est-à-dire selon

le mode de reproduction qu’il aura choisi). On est dans une approche classique ou la

valeur d’une marchandise, c’est la somme de ses coûts de production. La nouvelle

marchandise produite dont la valeur est m = c + v.

Cette nouvelle marchandise sera revendue, on récupérera le capital argent A investit au

départ, ceci signifie que le capitaliste pourrait repartir sur un nouveau cycle identique

de reproduction.

Le capital argent de départ est le même que le capital argent à l’arrivée : AM – AM

Schéma de reproduction simple : MA – M’A’ Ce qui caractérise ce cycle est qu’il est permanent, c’est comme l’état stationnaire des

auteurs classiques, ils reproduisent toujours à l’identique. Mais ce schéma de

reproduction simple n’est pas complet pour comprendre la dynamique.

Il manque ici des éléments importants : la rente foncière « R » et le profit.

Cependant Marx exclut ici la rente R parce que même l’agriculture est en train de

s’industrialiser avec l’usage des engrais, ce qui entraine une croissance énorme sans

précédent. L’agriculture est devenue un secteur croissant qui produit en abondance,

ceci exclut totalement les problèmes de rente foncière et l’exclut pour la même

occasion. Et donc maintenant seule l’industrie lutte contre la rareté par le salariat.

Le capitaliste ne distribue pas au capital constant et au capital variable la totalité de la

valeur qui a été créée, il conserve pour lui une partie de la valeur créée, ce que Marx

appelle la plus-value.

2e schéma : Le schéma de reproduction élargie

Le capitaliste à l’origine dispose d’un capital argent A avec lequel il acquiert des

marchandises : le capital constant et le capital variable avec la combinaison de ces deux

capitaux il va produire une nouvelle marchandise mais la valeur de cette nouvelle

marchandise est supérieure à la valeur des marchandises incorporées :

= = < + ; L7;>7_8 =i = < + ; + QP

Mc

c A M

Phase de création

de la valeur

Vente de la

marchandise =

réalisation de la valeur

Accumulation du

capital

v

A

Le capital argent permet

d’acquérir des

marchandises et ce capital

argent se trouve dans la

valeur des marchandises

acquises : capital constant

+ capital variable

Page 77: Iae Nanterre

77

(pl = plus-value : c’est la valeur supplémentaire qui a été créée et qui n’est pas

redistribuée aux facteurs de productions c et v) lorsque le capitaliste aura récupérer un

capital argent supérieur à raison de la plus value

Schéma de reproduction élargie : AM – M’A’

Si on continue ainsi, le capitaliste va ajouter une nouvelle action et va continuer à

accumuler le capital et la plus-value. Un nouveau cycle va nous écarter toujours un peu

plus de la ligne précédente impulsée par une force centrifuge, s’écartant ainsi de la

situation initiale. Avec plus de plus-value on se développe alors plus rapidement.

Marx repart de l’idée de l’accumulation du profit jadis présent chez Adam Smith. On

est sur un mécanisme de développement qui se nourrit de l’accumulation de la plus-

value. L’explication proposée par Marx approfondit celle des auteurs classiques, ce que

Marx propose est un schéma explicatif du mode de croissance s’inspirant encore

d’Adam Smith.

Les Néoclassiques pendant plus de 70 ans laisseront dans l’oubli cette théorie et c’est

just dans les années 1950 qu’ils s’y sont intéressés à nouveau. Pendant les années de

redéveloppement de la croissance économique, différentes questions se posent : d’où

vient cette croissance ? Pourquoi y a-t-il croissance économique ? Comment la

croissance se nourrit-elle ? Par l’investissement, … Pourquoi la croissance ralentit-

elle ? Soit parce qu’on n’investit pas assez soit parce qu’on ne fait plus assez de profit

et les plus-values sont utilisées. Pour que la croissance se fasse faut-il qu’il y ait

toujours la plus-value ?

Il constate donc que la loi de Say a peut-être des limites et qu’il pourrait y avoir

surproduction.

Pourquoi Marx considère-t-il qu’inexorablement le mode de capitaliste court à sa

perte ? Il l’expose en faisant des lois tendancielles.

2.b.2.2. LES LOIS TENDANCIELLES

Elles sont tendancielles parce qu’elles sont historiques et donc pas naturelles. Chez les

auteurs classiques il y avait 3 lois correspondant aux 3 classes et la mise en perspective

des 3 lois permettait d’expliquer l’état stationnaire.

Chez Marx par contre, il y a 2 classes (ouvrière et bourgeoise) et 3 lois qui sont :

La loi de la baisse tendancielle du taux de profit

La loi de la paupérisation

La loi de la concentration du capital

2.b.2.2.1. La baisse tendancielle du taux de profit

La loi de la baisse tendancielle du taux de profit

Page 78: Iae Nanterre

78

Pour comprendre cette loi il faut au préalable expliquer ce qu’est le taux de profit chez

Marx, c’est le rapport entre la plus-value et le capital utilisé.

Le taux de profit ρ = ­®�/¬ il mesure la capacité d’extorsion de la valeur.

Cette plus-value, comment est-elle créée ? Il y a du capital constant et du capital

variable mais la plus-value n’est créée que par le capital variable.

Marx considère que le capital constant ne crée pas de plus-value, seul le travail vivant

crée la plus-value : en réalité la plus-value vient du capital variable.

Marx défini un taux d’exploitation, un taux qui se mesure t est le rapport entre la plus-

value et le capital variable ¯ = QP ; . Plus le taux d’exploitation est élevé plus

l’exploitation du travailleur est grand

Taux de profit =

°±² ³² /r ´­®¬ = 8:Og Li7gQPU>8:8>U_ �¬ = <U=QU?>8>U_ URI:_>�O7 LO <:Q>8:P �

Ce qui constitue le propre du capitaliste c’est l’accumulation du capital. Or c’est

toujours plus de capital constant et de moins en moins de capital variable, ceci signifie

que ce qui constitue le développement du capitaliste c’est l’accroissement permanent de

la composition organique du capital¥�¬¨. Augmentation de �¬ parce qu’il y a

accumulation du capital, augmentation du capital constant et de moins en moins de

capital variable : c’est la mécanisation croissante de l’industrie et donc la composition

organique croît alors de plus en plus rapidement, et puisque c’est le capital variable qui

crée la plus-value, le taux de la plus-value au mieux reste constant et tend aussi à

baisser.

La loi de la baisse tendancielle du taux profit est la conséquence inéluctable (lois

historique) du taux de profit mais Marx nous explique que les capitalistes ont compris

et sont conscients de cette situation et ils vont essayer d’enrayer, de contrecarrer

(l’atténuer) cette baisse tendancielle du taux de profit sans pour autant la faire

disparaître.

Les lois tendancielles peuvent être contrecarrées. Et les réponses de Marx portent sur la

manière d’y arriver par les capitalistes.

5 = µ³²/r

Seul le capital est variable. La plus-value est générée par le travail.

Pourquoi y a-t-il baisse tendancielle du taux de profit ? Car il y a développement de la

concurrence entre capitalistes, qui les poussent à investir de plus en plus dans les

techniques de production les plus productives. Cela pousse les capitalistes à chercher

les meilleurs gains en productivité en permanence, donc à intégrer le progrès technique.

Conséquence selon Marx :

La composition organique du capital �¬ ne cesse d’augmenter car les techniques les plus

avancées utilisent moins de travail et y substituent du capital. Donc cela entraîne une

baisse du profit de manière tendancielle.

Deux évolutions possibles pour la contrecarrer :

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- Le développement de l’exploitation du travail par le capital. Cette intensification va

faire accroître la plus-value qui est prélevée sur le capital employé

(« développement de l’exploitation absolue »). Une hausse de la plus-value va donc

provoquer la baisse de la valeur du travail. M=c + v + pl

- Intensification de l’exploitation relative : les capitalistes vont développer de

nouvelles formes d’organisation du travail, qui sont rendues possibles par un

recours de plus en plus grand aux nouvelles techniques de production qui

permettent une exploitation intensive du travail (plus tard appelé fordisme).

Augmenter la plus-value relative, cela signifie qu’on augmente pl sans changer v.

donc augmentation de la valeur de la marchandise. On accroît ici la productivité.

m= < + ; + QP L7;>7_8 =i = < + ; + QP′ 2.b.2.2.2. La paupérisation croissante

La paupérisation accrue des travailleurs est une conséquence de la première loi.

Marx voit dans cette évolution une évolution tendancielle car en permanence les

capitalistes vont accroître la production.

Quel lien avec la paupérisation ?

La loi de Malthus nous parlait de minimum vital. Ricardo reprenait la notion de

minimum sociologique. Marx va parler de minimum historique. Ce minimum vital est

donc l’expression des évolutions technologiques qui sont intervenues dans le mode de

production et notamment des rapports de force qui peuvent s’établir entre capitalistes et

classe ouvrière. C’est le rôle des syndicats que Marx va vouloir mettre en évidence car

il considère que l’action des syndicats peut venir ralentir, contrecarrer cette loi de la

paupérisation croissante.

Pourquoi y a-t-il paupérisation (les pauvres sont de plus en plus pauvres) ?

Chez Malthus pour des raisons démographiques et naturelles. Pour Marx il y a

paupérisation parce que pour maintenir le taux de profit, les capitalistes accroissent

l’exploitation des travailleurs. C’est évident dans le cas d’une augmentation de

l’exploitation absolue mais ça l’est moins dans celui d’une augmentation de

l’exploitation relative.

Exploitation absolue : baisse de salaire

Exploitation relative : en effet pour accroître la productivité les capitalistes investissent

dans des techniques de production qui utilisent moins de travail. Ils produiront plus

avec moins de travail. Dans ce cas il se passe que comme on utilise moins de travail, il

y a plus de chômeurs.

La concurrence entre les capitalistes dit Marx entraîne une évolution technique,

technologique permanente qui permet la substitution du capital constant en capital

variable. L’utilisation de plus de capital variable entraîne une augmentation du

chômage. C’est ce que Marx va appeler « l’armée de réserve industrielle ». Cette armée

sert à comprendre que comme il y a concurrence entre travailleurs, le développement

de l’armée industrielle va provoquer une pression à la baisse sur les salaires.

Pourquoi les salaires baissent ?

- augmentation de la plus-value absolue

- augmentation de la plus-value relative : développement technique = chômage

technologique = baisse de salaire

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On arrive dans les deux cas de figure au même résultat, il y a paupérisation croissante.

Cette loi de la paupérisation croissante permet de voir une différence claire apparaître

entre les Classiques et Marx. Chez Marx il y a un chômage technologique, chez les

Classiques il n’y a normalement pas de chômage.

Cette paupérisation croissante est renforcée par la troisième loi tendancielle, qui est la

loi de la concentration croissante.

2.b.2.2.3. La concentration croissante

Concentration croissante du capital. En effet pour contrecarrer la baisse tendancielle du

taux de profit, les capitalistes vont investir dans des techniques de production de plus

en plus efficaces, c’est-à-dire dans des équipements de plus en plus gigantesques. Ces

nouvelles techniques de production supposent des unités de production de plus en plus

grandes. Cela suppose donc la poursuite du développement industriel, qui va se faire en

détruisant deux types de structures de production :

- les unités de production artisanales qui disparaissent progressivement les unes après

les autres

- toutes les entreprises qui ne réussissent pas à investir suffisamment, à moderniser

suffisamment leurs appareils de production (à accumuler du capital constant)

Cette destruction (« créatrice » selon Schumpeter) est le principe de la concurrence. Les

unités de production les moins rentables disparaissent. Elles disparaissent au bénéfice

des grosses entreprises qui investissent toujours plus. C’est la concentration croissante

du capital, qui a deux effets :

- moins d’artisans, de petites entreprises mais concentration des ouvriers dans des

unités de production de plus en plus grandes, appelé par Marx « prolétarisation

croissante »

- quand le capital se concentre, il détruit les petites entreprises artisanales dont les

propriétaires sont renvoyés dans le prolétariat. Ils deviennent salariés eux-mêmes,

ce qui renforce le mécanisme de prolétarisation. Marx résume cela en disant que ce

mécanisme de concentration est tel que les expropriateurs seront expropriés. Ils

seront absorbés ou mis en faillite.

Trois lois qui décrivent ce que Marx observe sur les tendances du capitalisme de la

seconde moitié du XIXème

. L’objectif qui est suivi va être de déboucher sur une

explication de l’évolution du mode de production capitaliste, que Marx appelle la

dynamique tendancielle.

2.b.2.3. LES CRISES DU CAPITALISME

2.b.2.3.1. Les crises sont possibles

Marx est témoin de la misère ouvrière et de crises économiques nouvelles qui se

succèdent à un rythme régulier. Les économistes vont commencer à s’intéresser à la

régularité de ces crises, qu’ils vont appeler « cycles économiques ».

Ces crises auraient selon eux quelque chose de salutaire car elles viendraient nettoyer

une situation économique qui s’était trop tendue. Les économistes développent ces

théories des cycles « récession /expansion ».

Marx quant à lui pense que ces crises sont en fait révélatrices des difficultés du mode

de production capitaliste à fonctionner normalement. Et d’ailleurs, il estime que ces

crises vont se dénouer en une crise finale qui entraînera la disparition du mode de

production capitaliste.

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Pourquoi ces crises se renforcent-elles jusqu’au point de non-retour ?

Le point de départ c’est la concurrence entre les capitalistes. La concurrence les conduit

à toujours investir plus dans des techniques de production qui permettent d’économiser

le travail. En investissant plus, ils accroissent de ce fait la composition organique du

capital et ceci a deux conséquences :

- renforce la concentration du capital

- renforce la prolétarisation et cela développe « l’armée de réserve industrielle »

En investissant plus cela provoque une baisse du taux de profit. Pour essayer de la

contrecarrer les capitalistes vont peser sur le taux d’exploitation « ¯ », les salaires (↓

w ou ↑ ¯).

Pourquoi ils peuvent baisser le taux de salaire ou exploiter plus ? Car il y a

développement de l’armée de réserve. Cela signifie qu’on va avoir d’abord

développement du syndicalisme ouvrier et d’autre part il y aura disparition des classes

moyennes qui sont les petits capitalistes qui constituaient l’intermédiaire entre les

grands groupes industriels et la classe ouvrière. Il y a bipolarisation croissante de la

société. Le développement du syndicalisme a pour effet de contrarier la baisse des

salaires, la hausse du taux d’exploitation. Il va donc contrarier ce qui permettait de

contrecarrer la baisse du taux de profit. Cela a donc pour effet d’accélérer la baisse du

taux de profit.

La bipolarisation a pour effet qu’il n’y a rien entre les ouvriers et les grands groupes, ce

qui est propice au développement des luttes. Marx pense que précisément ce

développement de l’armée de réserve crée les conditions de contrecarrer. C’est la

création de l’armée de réserve qui va conduire au point de non-retour. Ce point c’est

lorsque le développement des luttes ouvrières va venir écraser le mode de production

capitaliste. Il pense donc qu’il y a possibilité de développer cette lutte finale.

Son modèle est un modèle macroéconomique global et comme dans celui des

Classiques, l’histoire se termine mal. Pour les Classiques, la croissance disparaissait et

pour Marx c’est le mode de production capitaliste qui disparaît.

2.b.2.3.2. Les déterminants des crises : surproduction, sous-consommation et

surcapitalisme

Chez les Classiques, la loi de Say nous disait qu’il y avait en permanence équilibre sur

les marchés. Marx qui est le premier à théoriser ces nouvelles crises industrielles, nous

dit qu’il y a surproduction. S’il y a surproduction, on vendra moins bien, la valeur

baissera, la plus-value disparaîtra et le capitalisme s’effondrera. Chez les Classiques, il

faut toujours plus investir et en suivant Smith on sait que cela est bon.

Pour Marx qui cherche à comprendre ces nouvelles crises, il y a possibilité de

surcapitalisation, il peut y avoir excès de capital constant, trop d’accumulation du

capital peut conduire à la disparition du capitalisme.

Les Classiques décrivent quant à eux un monde sans chômage, ou la nature rend tout

équilibré.

Pour Marx il vit dans un monde où le chômage ne cesse de se développer et où la

misère ouvrière ne cesse de s’accentuer. Il n’y a plus équilibre, il n’y a plus perfection.

Il y a des situations qui s’aggravent sans qu’il y ait la possibilité de concilier intérêt

individuel des capitalistes et intérêt général.

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82

2.c. LA VISION DES ECONOMISTES NEOCLASSIQUES

� La révolution marginaliste

2.c.1. La théorie de la valeur-utilité et ses implications

2.c.1.1. LA THEORIE DE L’UTILITE

2.c.1.1.1. La mesure de l’utilité

2.c.1.1.2. La loi de Gossen

2.c.1.1.3. La rationalité du consommateur

2.c.1.2. LA CONTRAINTE DE REVENU

2.c.1.2.1. L’univers de rareté et les contraintes

2.c.1.2.2. La maximisation sous contrainte

2.c.1.2.3. Les règles de calcul économique

2.c.2. L’équilibre et l’optimum

2.c.2.1. L’EQUILIBRE NEOCLASSIQUE

2.c.2.1.1. L’équilibre partiel

2.c.2.1.2. L’équilibre général de Walras

2.c.2.2. L’OPTIMUM ECONOMIQUE

2.c.2.2.1. L’optimum de Pareto

2.c.2.2.2. Equilibre et optimum