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 1 Textes spirituels d’Ibn Taymiyya. Nouvelle série XVIII. La Syrie Au tournant des VIIe/XIIIe et VIIIe/XIVe siècles, la Syrie 1  est débarrassée des Croisés venus d’Europe mais reste menacée par les Mongols d’Iran. Peut-être est-ce là le contexte dans lequel il fut demandé à Ibn Taymiyya si, religieusement parlant, il valait mieux s’y rendre – comprenons : pour mener le  jih!d  – et s’il y avait à ce sujet quelque source scripturaire. La chose n’est cependant pas certaine, vu l’absence de toute information sur les circonstances précises dans les- quelles il composa le présent fetwa en réponse à ces questions. La littérature religieuse islamique ne manque pas de textes vantant les mérites de la Syrie 2 . Le Shaykh de l’Islam damascain est d’autant plus prêt à mentionner et commenter divers "ad # ths et versets cora- niques confirmant ces mérites que son pays lui semble de fait, à son époque, plus profondément musulman que d’autres contrées. Il a notamment une piètre opinion d’une partie des résidents de la Mec- que, de Médine et de Jérusalem. En outre, alors que les débuts de l’Islam furent mecquois, c’est en Syrie que, selon lui, l’Islam de la fin des temps « apparaîtra plus manifestement ». N’est-ce d’ailleurs pas à Jérusalem que son Voyage nocturne mena le Prophète ? Le propos d’Ibn Taymiyya n’est cependant pas de rattacher la piété à une région spécifique. Comme Salm!n le Persan l’avait déjà bien compris, seul son agir sanctifie un homme. C’est par accident, non par essence, qu’une contrée est ou non demeure de l’Islam ou de la mécré- ance. Il n’y a donc pas de raison religieuse d’émigrer vers quelque pays supposément plus éminemment islamique que ce soit, à moins qu’il offre un cadre où être mieux obéissant à Dieu et à Son Messager. Le fait est pourtant, écrit le théologien damascain, qu’un tel cadre se trouve parfois en une terre « de mécréance et de perversité »… TRADUCTION 3  [Ibn Taymiyya] – Dieu lui fasse miséricorde ! – fut interrogé [comme suit] : Que disent les maîtres, les docteurs, les im !ms de la religion ? Vaut-il mieux (af $ al) séjourner en Syrie qu’en d’au- tres contrées ? Y a-t-il ou non, à ce sujet, un texte (na%%) dans le Coran ou les "ad # ths ? Répondez-nous, récompensés que vous serez ! — À Dieu la louange ! répondit le Shaykh de l’Islam et des Musulmans, qui aide la Sunna à vaincre, Taq  "  al-D  " n. Séjourner en tout endroit où l’individu est 4  plus obéissant à Dieu et à Son Messager et accomplit plus de bonnes œuvres et de bien – en ce sens qu’il a mieux connaissance de cela, en est plus capable et y consacre plus d’énergie vaut mieux que séjourner en un endroit où sa situation, pour ce qui est d’obéir à Dieu et à Son Messager, serait moins favorable. Tel est le fondement global. La plus noble des créatures, pour Dieu, est en effet celle d’entre elles qui [Le] craint le plus. 1. La Syrie (al-Sh!m) dont question dans ce Texte spirituel XVIII  est la région s’étendant de l’Euphrate au Sinaï et comprend donc à la fois la Syrie, le Liban, la Palestine et la Jordanie d’aujourd’hui. 2. Voir notamment M. N. D. AL-ALB#N$, Takhr#  j a"!d # th fa$!’il al- Sh!m wa Dimashq (Ab& l-  ' asan ‘Al#  b. Mu"ammad al-Rab‘#  : m. 444/ 1052). Édition corrigée et augmentée, Riyadh, Maktabat al-Ma‘ !rif li- l-Nashr wa l-Tawz  " ‘, 1420/2000 (sigle A) ; Ab! Sa‘d ‘Abd al-Kar  " m AL-SAMANI (m. 562/1167),  Kit !b Fa"!’il al-Sh!m. Éd. ‘A. ‘A. ‘UMAR , Damas, D#r al-Thaq#fat al-‘Arabiyya, 1412/1992 (sigle S). 3. IBN TAYMIYYA,  MF , éd. IBN Q#SIM, t. XXVII, p. 39-47 (sigle F). J’apporte diverses corrections à l’édition. Deux d’entre elles, nécessi- tées par le contexte, illustrent bien les risques de confusion graphique entre des mots arabes sans rapport de sens :  !"#$%& et !"#$%& (voir la note qui suit), !"#$ et !"#$ (voir p. 5, n. 8).  4. yak%n al-ins!n : tak%n al-asb!b F  Damas, vue du faubourg d’al-(!li"iyya 5  Où mieux craindre Dieu ? La crainte [de Dieu] (taqw!), c’est ce que le Dieu Très-Haut a donné comme interprétation de ce [mot] en disant : « La piété, c’est plutôt quiconque croit en Dieu, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux Prophètes, donne de son bien, malgré l’amour qu’il en a, aux proches, aux orphelins, aux pauvres, à celui qui est sur la route, aux quémandeurs et pour [redresser] les nuques 6 , célèbre la prière et donne l’aumône ; ce sont ceux qui sont fidèles à leurs engagements une fois engagés et ceux qui patientent dans la misère, la détresse et au moment du mal- heur : ceux-là sont les véridiques, ceux-là sont les craignants- Dieu 7 . » Globalement, elle consiste à faire ce que Dieu et Son Messager ont commandé et à délaisser ce que Dieu et Son Mes- sager ont interdit. Tel étant le fondement, ceci se diversifie en fonction de la diversité des situations de l’individu. Ainsi se peut-il que le séjour d’un homme en territoire (ar$ ) de mécréance et de perversité – s’agissant des diverses sortes d’innovations et de dépravation – vaille mieux [qu’un séjour ailleurs] quand, [dans ce territoire], il est un lutteur (muj !hid) sur le chemin de Dieu, de sa main ou de sa langue, en commandant [40] le convenable et en interdisant le répréhensible. [Il en serait ainsi] en ce sens que, s’il déménageait de ce territoire vers le territoire de la foi et de l’obéissance, ses bonnes œuvres [y] seraient moindres et il n’y serait plus un lutteur, quand bien même il [y] aurait le cœur plus reposé. Ainsi aussi en serait-il si le bien qu’il accomplis- sait dans les lieux de dépravation et d’innovations en venait [alors] à ne plus être. Voilà pourquoi séjourner dans les places fortes frontalières (thaghr)  avec l’intention d’[y] militer (mur!ba  ) a) sur le chemin du Dieu Très-Haut vaut mieux que s’installer dans le voisinage des Trois Mosquées 8  – il y a là-dessus accord des ulémas. Le 5. Illustration tirée de W. K. KELLY, Syria and the Holy Land, their Scenery and their People, Londres, Chapman & Hall, 1844, p. 182. 6. C’est-à-dire affranchir les esclaves et racheter les captifs. 7. Coran, al-Baqara - II, 177. Ibn Taymiyya ne cite en fait que le début et la fin du verset, en les joignant par « jusqu’à Ses paroles ». 8. La Mecque, Médine et Jérusalem.

Ibn Taymiyya : “La Syrie”. Textes spirituels, Nouvelle série, XVIII

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Yahya Michot, Hartford, Février 2015

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    Textes spirituels dIbn Taymiyya. Nouvelle srie XVIII. La Syrie

    Au tournant des VIIe/XIIIe et VIIIe/XIVe sicles, la Syrie1 est dbarrasse des Croiss venus dEurope mais reste menace par les Mongols dIran. Peut-tre est-ce l le contexte dans lequel il fut demand Ibn Taymiyya si, religieusement parlant, il valait mieux sy rendre comprenons : pour mener le jihd et sil y avait ce sujet quelque source scripturaire. La chose nest cependant pas certaine, vu labsence de toute information sur les circonstances prcises dans les-quelles il composa le prsent fetwa en rponse ces questions.

    La littrature religieuse islamique ne manque pas de textes vantant les mrites de la Syrie2. Le Shaykh de lIslam damascain est dautant plus prt mentionner et commenter divers adths et versets cora-niques confirmant ces mrites que son pays lui semble de fait, son poque, plus profondment musulman que dautres contres. Il a notamment une pitre opinion dune partie des rsidents de la Mec-que, de Mdine et de Jrusalem. En outre, alors que les dbuts de lIslam furent mecquois, cest en Syrie que, selon lui, lIslam de la fin des temps apparatra plus manifestement . Nest-ce dailleurs pas Jrusalem que son Voyage nocturne mena le Prophte ?

    Le propos dIbn Taymiyya nest cependant pas de rattacher la pit une rgion spcifique. Comme Salmn le Persan lavait dj bien compris, seul son agir sanctifie un homme. Cest par accident, non par essence, quune contre est ou non demeure de lIslam ou de la mcr-ance. Il ny a donc pas de raison religieuse dmigrer vers quelque pays supposment plus minemment islamique que ce soit, moins quil offre un cadre o tre mieux obissant Dieu et Son Messager. Le fait est pourtant, crit le thologien damascain, quun tel cadre se trouve parfois en une terre de mcrance et de perversit

    TRADUCTION 3 [Ibn Taymiyya] Dieu lui fasse misricorde ! fut interrog

    [comme suit] : Que disent les matres, les docteurs, les imms de la

    religion ? Vaut-il mieux (afal) sjourner en Syrie quen dau-tres contres ? Y a-t-il ou non, ce sujet, un texte (na) dans le Coran ou les adths ? Rpondez-nous, rcompenss que vous serez !

    Dieu la louange ! rpondit le Shaykh de lIslam et des Musulmans, qui aide la Sunna vaincre, Taq al-Dn. Sjourner en tout endroit o lindividu est4 plus obissant Dieu et Son Messager et accomplit plus de bonnes uvres et de bien en ce sens quil a mieux connaissance de cela, en est plus capable et y consacre plus dnergie vaut mieux que sjourner en un endroit o sa situation, pour ce qui est dobir Dieu et Son Messager, serait moins favorable. Tel est le fondement global. La plus noble des cratures, pour Dieu, est en effet celle dentre elles qui [Le] craint le plus.

    1. La Syrie (al-Shm) dont question dans ce Texte spirituel XVIII est la rgion stendant de lEuphrate au Sina et comprend donc la fois la Syrie, le Liban, la Palestine et la Jordanie daujourdhui.

    2. Voir notamment M. N. D. AL-ALBN, Takhrj adth fail al-Shm wa Dimashq (Ab l-asan Al b. Muammad al-Rab : m. 444/ 1052). dition corrige et augmente, Riyadh, Maktabat al-Marif li-l-Nashr wa l-Tawz, 1420/2000 (sigle A) ; Ab Sad Abd al-Karm AL-SAMANI (m. 562/1167), Kitb Fail al-Shm. d. A. A. UMAR, Damas, Dr al-Thaqfat al-Arabiyya, 1412/1992 (sigle S).

    3. IBN TAYMIYYA, MF, d. IBN QSIM, t. XXVII, p. 39-47 (sigle F). Japporte diverses corrections ldition. Deux dentre elles, ncessi-tes par le contexte, illustrent bien les risques de confusion graphique entre des mots arabes sans rapport de sens : et (voir la note qui suit), et (voir p. 5, n. 8).

    4. yakn al-insn : takn al-asbb F

    Damas, vue du faubourg dal-liiyya5

    O mieux craindre Dieu ? La crainte [de Dieu] (taqw), cest ce que le Dieu Trs-Haut a

    donn comme interprtation de ce [mot] en disant : La pit, cest plutt quiconque croit en Dieu, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux Prophtes, donne de son bien, malgr lamour quil en a, aux proches, aux orphelins, aux pauvres, celui qui est sur la route, aux qumandeurs et pour [redresser] les nuques6, clbre la prire et donne laumne ; ce sont ceux qui sont fidles leurs engagements une fois engags et ceux qui patientent dans la misre, la dtresse et au moment du mal-heur : ceux-l sont les vridiques, ceux-l sont les craignants-Dieu7. Globalement, elle consiste faire ce que Dieu et Son Messager ont command et dlaisser ce que Dieu et Son Mes-sager ont interdit.

    Tel tant le fondement, ceci se diversifie en fonction de la diversit des situations de lindividu. Ainsi se peut-il que le sjour dun homme en territoire (ar) de mcrance et de perversit sagissant des diverses sortes dinnovations et de dpravation vaille mieux [quun sjour ailleurs] quand, [dans ce territoire], il est un lutteur (mujhid) sur le chemin de Dieu, de sa main ou de sa langue, en commandant [40] le convenable et en interdisant le rprhensible. [Il en serait ainsi] en ce sens que, sil dmnageait de ce territoire vers le territoire de la foi et de lobissance, ses bonnes uvres [y] seraient moindres et il ny serait plus un lutteur, quand bien mme il [y] aurait le cur plus repos. Ainsi aussi en serait-il si le bien quil accomplis-sait dans les lieux de dpravation et dinnovations en venait [alors] ne plus tre.

    Voil pourquoi sjourner dans les places fortes frontalires (thaghr) avec lintention d[y] militer (murbaa) sur le chemin du Dieu Trs-Haut vaut mieux que sinstaller dans le voisinage des Trois Mosques8 il y a l-dessus accord des ulmas. Le

    5. Illustration tire de W. K. KELLY, Syria and the Holy Land, their Scenery and their People, Londres, Chapman & Hall, 1844, p. 182.

    6. Cest--dire affranchir les esclaves et racheter les captifs. 7. Coran, al-Baqara - II, 177. Ibn Taymiyya ne cite en fait que le

    dbut et la fin du verset, en les joignant par jusqu Ses paroles . 8. La Mecque, Mdine et Jrusalem.

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    genre du jihd est en effet plus minent (afal) que le genre du plerinage, ainsi que le Trs-Haut la dit : Donner boire au plerin et entretenir la Mosque Interdite, lassimilerez-vous [laction de] celui qui croit en Dieu et au Jour dernier et lutte (jhada) sur le chemin de Dieu ? Les deux ne sont pas gaux pour Dieu et Dieu ne guide pas les gens injustes. Ceux qui ont cru, migr (hjara) et lutt sur le chemin de Dieu de leurs biens et de leurs personnes occupent un degr plus important auprs de Dieu et ceux-l sont les gagnants1. Il fut par ailleurs demand au Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! :

    Laquelle des actions est plus minente ? Croire en Dieu et en Son Messager, et lutter (jihd) sur

    Son chemin. Ensuite, laquelle ? Ensuite, un plerinage accept [de Dieu] (ajj mabrr),

    dit-il2. Semblablement, si [cet individu] tait incapable dmigrer et

    de dmnager vers le lieu le plus minent et [tel que], sil y dmnageait, obir serait [l] plus ais pour lui obir Dieu et Son Messager tant dun seul et mme [type] dans les deux endroits mais plus pnible pour lui dans le [premier] , quand deux actes dobissance sont gaux le plus pnible des deux est le plus minent des deux. Telle est la rplique que les [Musulmans] ayant migr en Abyssinie et sjourn parmi les mcrants donnrent quelquun prtendant valoir (afal) mieux queux. Nous tions, dirent-ils, auprs de gens has-sables et lointains alors que vous tiez auprs du Messager de Dieu Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! , lequel instrui-sait celui dentre vous qui tait ignorant et nourrissait celui dentre vous qui avait faim ; et cela, pour Dieu3. [41]

    Le Ngus refusant de livrer les migrs musulmans aux

    reprsentants de Quraysh4 Quand en revanche, l-bas5, la vie religieuse (dn) de [cet

    individu] est plus dficiente, dmnager vaut mieux pour lui et telle est la situation de la plupart des cratures : le plus grand nombre dentre elles ne rsisteront pas mais en arriveront plutt adopter la religion de la majorit (jumhr).

    1. Coran, al-Tawba - IX, 19-20. Ibn Taymiyya ne cite pas la fin du verset 20 mais crit et le [reste du] verset .

    2. Voir AL-BUKHR, a, mn (Boulaq, t. I, p. 14) ; MUSLIM, a, mn (Constantinople, t. I, p. 62).

    3. Voir AL-BUKHR, a, Maghz (Boulaq, t. V, p. 137) ; MUS-LIM, a, Fail al-aba (Constantinople, t. VII, p. 172. Selon al-Bukhr et Muslim, il sagit dune rplique dAsma bint Umays au futur calife Umar.

    4. Miniature de RASHD AL-DN FAL ALLH (m. 718/1318), Jmi al-Tawrkh (Histoire universelle), MS de lUniversit ddimbourg, Or. Ms 20, folio 52 r. (714/1314, Tabriz, Iran).

    5. Cest--dire en territoire de mcrance et de perversit .

    Les mrites de la Syrie Les choses tant telles, en ces temps-ci la religion de lIslam

    et ses institutions (shari) sont ostensiblement plus prsentes (ahar) en Syrie quelles ne le sont ailleurs. Cest une affaire [bien] connue des sens (iss) et de lintelligence (aql). Il sagit par ailleurs dune chose sur laquelle il y a comme un accord des Musulmans intelligents qui le savoir et la foi ont t donns.

    Les textes prouvent aussi cela. [Il y a] par exemple ce quAb Dd rapporte dans son Sunan daprs Abd Allh b. Umar6 : Le Messager de Dieu a dit Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! : Il y aura [encore] une migration aprs lHgire et les meilleurs des habitants de la terre seront ceux qui sattacheront le plus lendroit o Abraham a migr7. Dans son Sunan, [on lit] aussi au sujet du Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! , daprs Abd Allh b. awla8, quil a dit :

    Vous trouverez des armes (jund) : une arme en Syrie, une arme au Ymen et une arme en Iraq.

    Messager de Dieu, dit Ibn awla9, choisis pour moi. Va en Syrie. Cest en effet la partie de Sa terre que Dieu

    prfre et vers laquelle Il attire celles de Ses cratures quIl prfre. Celui qui refuse, quil se rattache sa chance (yumn) et craigne celui qui le bernera10 ! Dieu a en effet pris en charge, pour moi, la Syrie et ses habitants11. Et al-Khawln12 de dire : Quelquun que Dieu prend en charge na pas avoir de m-tier13. Ces deux textes concernent la prminence de la Syrie.

    Dans Muslim [il est rapport] au sujet du Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! , daprs Ab Hurayra, quil a dit : Les gens de lOuest ne cesseront pas de triompher sans que leur nuise ni celui qui sopposera eux, ni celui qui les tra-hira jusqu ce que lHeure se lve14 . Et limm Amad [b. anbal] de dire : Les gens de lOuest sont les gens de Syrie. Il en va ainsi quil la dit. Telle tait en effet la faon de parler (lugha) des gens de la Mdine prophtique en ce [42] temps-l : ils nommaient les gens du Najd et de lIraq les gens de lEst , tandis quils nommaient les gens de Syrie les gens de lOuest . Parler dEst et parler dOuest sont en effet dentre les

    6. Fils du second calife (m. en 73/693) ; voir L. VECCIA VAGLIERI, EI2, art. Abd Allh b. Umar b. al-Khab.

    7. Voir AB DD, Sunan, Jihd (d. ABD AL-AMD, t. III, p. 4, n 2482; sigle D). Le adth continue comme suit : Les pires des habitants de la terre y demeureront, jects de leurs terres, abhorrs de Dieu, et le Feu les rassemblera avec les singes et les porcs.

    8. awla DSA : Khawla F. Compagnon (m. en Syrie, 80/699) ; voir IBN AL-ATHR, Usd, t. III, p. 148.

    9. awla DSA : Khawla F 10. wa l-yattaqi man ghadara-hu F : wa l-yasqi min ghuduri-hi S

    wa l-yastaqi min ghuduri-hi A et sabreuve de [leau de] ses mares [ lui] ! Cest--dire quil ne pourra compter que sur lui-mme.

    11. Voir AB DD, Sunan, Jihd (d. ABD AL-AMD, t. III, p. 4, n 2483) ; IBN ANBAL, Musnad (Boulaq, t. V, p. 33-34, 288; sigle ). Ibn Taymiyya fond les deux versions en une. Voir aussi AL-SAMAN, Fail, p. 31-32, n 1 ; AL-ALBN, Takhrj, p. 10-11, n 2 ; p. 28, n 9 ; p. 30.

    12. al-Khawln S : al-Khawl F. idh Allh b. Abd Allh Ab Idrs al-Khawln (m. 80/699), Suivant, cadi et savant de Damas ; voir Shams al-Dn AL-DHAHAB (m. 748/1347), Siyar alm al-nubal, 25 t., Beyrouth, Muassasat al-Risla, 1409/1988 ; t. IV, p. 272-277, n 99. Il est le transmetteur de ce adth aprs Ibn awla.

    13. Voir AL-SAMANI, Fail, p. 32, n 1. 14. Voir MUSLIM, a, Imra (Constantinople, t. VI, p. 52-54). Ibn

    Taymiyya fond diverses versions en une.

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    affaires relatives, chaque lieu ayant un Ouest et un Est. Le Pro-phte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! parla de cela Mdine, la ville prophtique. Ce qui se situe lOuest de celle-ci est donc son Ouest, tandis que ce qui situe lEst delle est son Est.

    Quiconque connat le calcul [des coordonnes] des contres leurs longitudes et leurs latitudes sait que les forteresses se trouvant sur la rive de lEuphrate, telles al-Bra et ses pareilles, font, [au Nord], face la Mdine1 prophtique. Semblable-ment, les [endroits] qui, lEst d[al-Bra], sen situent une distance quivalant plus ou moins celle pour laquelle on peut courter la prire (masfat al-qasr), tels arrn et les [endroits] se situant sur la mme ligne, par exemple al-Raqqa et Sumay-st, font face, [au Nord], la Mre des cits, La Mecque que Dieu lennoblisse ! Voil pourquoi leur qibla est la plus juste (adal) des qiblas. Ce qui est lEst de ce qui, [au Nord], fait face la Mdine prophtique, est donc lEst de celle-ci tandis que ce qui, par rapport cela, est lOuest, est son Ouest.

    Dans les livres sur lesquels on peut sappuyer, tels le Musnad dAmad [b. anbal] et dautres, il y a nombre de rcits (athar) provenant du Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! qui concernent ce fondement. Il y a par exemple cette description quil a donne des habitants de Syrie : Leurs hypocrites ne vaincront pas leurs croyants2. Il y a aussi ses paroles : Jai vu comme si le support du Livre et, dans une

    * Photos de Y. Michot, avril 2000. 1. Cest--dire sont sur le mme mridien . Sur tout ce para-

    graphe, les villes mentionnes, le raisonnement dIbn Taymiyya et ses erreurs en matire de gographie, voir le texte traduit in Y. MICHOT, Textes spirituels dIbn Taymiyya (Nouvelle srie). XVI. Ghadr Khumm, sur www.muslim philosophy.com, novembre 2013, p. 1-11 ; p. 5-6 (avec une carte de la rgion concerne).

    2. Voir IBN ANBAL, Musnad (Boulaq, t. III, p. 499) ; aussi AL-SAMAN, Fail, p. 45, n 16.

    [autre] version le support de lIslam3 tait enlev den dessous de ma tte ; je le suivis du regard et il fut emport vers la Syrie4. Le support du Livre, de lIslam, cest ce sur quoi on sappuie, savoir ceux qui le portent, ceux qui le mettent en uvre. Un exemple, ce sont ses paroles Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! : Le cur (uqr) de la maison des croyants, cest la Syrie5. Un exemple encore, ce sont ces paroles [rap-portes] dans les deux ahs, daprs Mudh b. Jabal6, au sujet du Prophte Dieu prie [43] sur lui et lui donne la paix ! : Un groupe de ma communaut ne cessera pas de manifester son appui au triomphe du Rel sans que leur nuise ni celui qui ira leur encontre, ni celui qui les trahira jusqu ce que lHeure se lve7. Dans les deux [ahs, on lit] aussi, daprs Mudh b. Jabal, que [le Prophte] a dit : Et ils seront en Syrie8 , tandis que dans Lhistoire dal-Bukhr, [on lit] quil a dit : Et ils seront Damas9. Ceci est galement rapport :

    3. Voir AL-SAMAN, Fail, p. 41-42, n 12 ; AL-ALBN, Takhrj,

    p. 27, n 9. 4. Voir IBN ANBAL, Musnad (Boulaq, t. V, p. 199) ; aussi AL-SAM-

    AN, Fail, p. 43-44, n 15 ; AL-ALBN, Takhrj, p. 12-13, n 3 ; p. 31, n 10.

    5. Voir IBN ANBAL, Musnad (Boulaq, t. IV, p. 104); AL-NAS, Sunan, Khayl (d. Dr al-Kutub al-Ilmiyya, t. VI, p. 215).

    6. Mudh b. Jabal al-Anr l-Khazraj (m. Damas, 18/639), Com-pagnon et lecteur renomm du Coran ; voir IBN AL-ATHR, Usd, vol. IV, p. 376378.

    7. Voir AL-BUKHR, a, Itim, Tawd (Boulaq, t. IX, p. 101, 136) ; MUSLIM, a, Imra (Constantinople, t. VI, p. 52-54). Aussi IBN ANBAL, Musnad, t. V, p. 34, 269, 278 ; AL-SAMAN, Fail, p. 34-35, n 3-4 ; p. 37, n 6 ; AL-ALBN, Takhrj, p. 17-18, n 5.

    8. Voir AL-BUKHR, a, Tawd (Boulaq, t. IX, p. 136) ; AL-ALBN, Takhrj, p. 20. Cette prcision semble absente dans Muslim.

    9. Cette prcision semble absente dans Lhistoire dal-Bukhr. On y lit par contre, comme dans son a : Et ils seront en Syrie ; voir AL-BUKHR, Kitb al-Tarkh al-kabr, 9 t., aydarbd, Dirat al-Marif al-Uthmniyya, 1360[/1941], t. IV, p. 248, n 2691. Voir aussi AL-ALBN, Takhrj, p. 64, n 29.

    arrn : le village et les ruines de la citadelle et de la mosque

    Al-Bra (Birecik) : lEuphrate vu depuis la citadelle, la citadelle et la porte du sultan mamlk Qit By (fin IXe/XVe s.)*

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    Ils seront dans les environs de Jrusalem (bayt al-maq-dis)1. Dans les deux ahs il est par ailleurs [rapport] au sujet du Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! , daprs Ibn Umar2, quil avait t inform que les anges du Misricordieux tendent leurs ailes sur la Syrie3. Les rcits concernant ce sujet se corroborent lun lautre. La rponse [aux questions poses], sans pour autant tre spontane, [peut] cependant tre rapide.

    Le Livre, la Sunna et ce qui est rapport des Prophtes ant-rieurs sur eux la paix ! , avec en plus ce que lon connat par les sens, par lintelligence et par les dvoilements (kashf) des gnostiques, prouve de fait que la cration et la commanderie (amr) [divines] ont toutes deux dbut partir de La Mecque, la Mre des cits. Elle est la mre de la cration ; cest [par ailleurs] l qua dbut la mission muammadienne dont la lumire a couvert la terre, et cest delle que Dieu a fait un ple (qiym) pour les hommes : vers elle ils prient, vers elle ils vont en plerinage, et l clot ce que Dieu veut comme choses bn-fiques pour leur religion et leur vie ici-bas. LIslam, durant les premiers temps, apparut de manire plus manifeste au Hedjaz.

    [Cela tant], les preuves quon a rappeles prouvent que lange de la prophtie se trouve en Syrie et que le rassem-blement [du Jour dernier] sy fera. Cest vers Jrusalem et ses alentours que la cration et la commanderie [divines] retourne-ront et cest l que les cratures seront rassembles : lIslam des temps derniers apparatra plus manifestement en Syrie. Tout comme La Mecque est plus minente que Jrusalem, la premire [gnration] de la communaut est meilleure que la dernire. Aux temps derniers, la commanderie [divine] retour-nera [cependant] vers [44] la Syrie comme son Voyage nocturne mena le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! de la Mosque Interdite vers la Mosque la plus Lointaine (al-aq). Aux temps derniers, les meilleurs des habitants de la terre seront ceux qui sattacheront le plus lendroit o Abraham a migr sur lui la paix ! , savoir la Syrie. Ce qui touche laffaire est donc ainsi quon le constate et le sait.

    Le Prophte sur al-Burq, durant son ascension4

    Le sublime Coran prouve le caractre bni (baraka) de la Syrie dans cinq versets. [Il y a] Ses paroles : Les gens qui

    1. Voir IBN ANBAL, Musnad (Boulaq, t. V, p. 269). 2. Abd Allh b. Umar (m. 73/693), Compagnon, fils du second

    calife ; voir L. VECCIA VAGLIERI, EI2, art. Abd Allh b. Umar. 3. Voir IBN ANBAL, Musnad (Boulaq, t. V, p. 184) ; AL-ALBN,

    Takhrj, p. 9, n 1. 4. Miniature de RASHD AL-DN FAL ALLH (m. 718/1318), Jmi

    al-Tawrkh (Histoire universelle), MS de lUniversit ddimbourg, Or. Ms 20, folio 55 r. (714/1314, Tabriz, Iran).

    avaient t rendus faibles, Nous leur donnmes en hritage les parties orientales et occidentales de la terre que Nous avions bnie (braka)5. Or le Dieu Trs-Haut a seulement donn en hritage aux enfants dIsral la terre de Syrie. [Il y a] aussi Ses paroles : Gloire Celui qui a fait voyager de nuit Son servi-teur de la Mosque Interdite vers la Mosque la plus Lointaine dont Nous avons bni les alentours6. Et Ses paroles aussi : Nous le sauvmes, lui7 et Loth, vers la terre que Nous avions bnie8. Et Ses paroles : Salomon [Nous soummes] le vent : son commandement il soufflait en tempte vers la terre que Nous avions bnie9. Et Ses paroles : Nous plames, entre eux et les cits que Nous avions bnies, des cits promi-nentes, entre lesquelles Nous mesurmes les tapes parcourir. Parcourez-les de nuit et de jour, en scurit10. Ces cinq versets sont des textes11 et la baraka [y mentionne] comprend le caractre bni se rapportant la religion et le caractre bni se rapportant la vie ici-bas. Or tous deux sont [bien] connus, indubitablement ; cela, en gros et majoritairement.

    Pour beaucoup de gens, sjourner ailleurs quen Syrie pour-rait cependant mieux valoir, ainsi quon la dit antrieurement. Si beaucoup des habitants de Syrie en partaient vers un endroit o ils seraient plus obissants Dieu et Son Messager, cela vaudrait aussi mieux pour eux. Ab l-Dard12 crivit Salmn al-Fris13 Dieu soit satisfait deux deux ! en lui disant : Viens vers la terre [45] sanctifie14 ! Et Salmn de lui crire : Une terre ne sanctifie personne15. Cest seulement son agir qui sanctifie lhomme ! Il en va ainsi que Salmn al-Fris la dit. La Mecque que le Dieu Trs-Haut la protge ! est assurment le plus noble des endroits. Durant lexil (ghurba) de lIslam, elle fut [cependant] une demeure de mcrance et de guerre o il fut interdit de rsider. Aprs lHgire, il fut aussi interdit aux migrs de retourner y rsider. Au temps de Mose sur lui la paix ! , avant sa sortie [dgypte] avec les fils dIsral, la Syrie tait la demeure des abens associateurs, des colosses pervers. Et le Trs-Haut de dire son sujet aux fils dIsral : Je vous ferai voir la demeure des pervers16.

    5. Coran, al-Arf - VII, 137. 6. Coran, al-Isr - XVII, 1. 7. Abraham. 8. Coran, al-Anbiy - XXI, 71. 9. Coran, al-Anbiy - XXI, 81. 10. Coran, Saba - XXXIV, 18. Ibn Taymiyya ne cite pas la fin du

    verset mais crit et le [reste du] verset . 11. Ainsi que souhait dans la demande introduisant le fetwa. 12. Ab l-Dard al-Anr l-Khazraj (m. 32/652), Compagnon ;

    voir A. JEFFERY, EI2, art. Ab l-Dard. 13. Salmn al-Fris (m. 35/655 ?), clbre Compagnon dorigine

    persane ; voir G. LEVI DELLA VIDA, EI2, art. Salmn al-Fris. 14. Voir Coran, al-Mida - V, 21 : mon peuple ! Entrez dans la

    Terre sanctifie que Dieu vous a assigne ; MLIK, Muwaa, Waiyya (d. et trad. dI. SAYAD, revue par F. CHAABAN, 2 t., Beyrouth, Dar el Fiker, 1993 ; t. II, p. 946-947, n 1500). Ab l-Dard crivit al-ar al-muqaddasa, avec un participe passif, la Terre sanctifie , comme dans le Coran. Sans doute Salmn profita-t-il cependant du fait quAb l-Dard navait pas crit les voyelles dans son message pour jouer sur les mots et lire un participe actif : al-ar al-muqaddisa, la Terre sanctifiante . Do sa rponse.

    15. aadan : addan ? F. Pour cette correction, voir le texte corres-pondant in MF, t. XVIII, p. 283, traduit in Y. MICHOT, Mardin, p. 84.

    16. Coran, al-Arf - VII, 145.

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    La vritable minence Le fait quune terre soit demeure de mcrance ou demeure

    dIslam ou de foi, demeure de paix ou de guerre, demeure dobissance ou de dsobissance, demeure des croyants ou des pervers, ce sont des qualifications accidentelles (ri), non pas ncessairement concomitantes (lzim). [Une terre] passe donc dune qualification une autre comme lhomme, en son me, passe de la mcrance la foi et au savoir ; et vice versa. Quant lminence durant en tout temps et [en tout] lieu, elle [se trouve] dans la foi et laction vertueuse ainsi que le Trs-Haut la dit : Certes, ceux qui ont cru, ceux qui sont Juifs, les Nazarens et les abens quiconque a cru en Dieu et au Jour dernier, et a agi vertueusement auront leur rtribution auprs de leur Seigneur ; pour eux, point de peur, et ils ne seront pas tristes1. Le Trs-Haut a aussi dit : Nul nentrera au Jardin, ont-ils dit, sinon ceux qui sont Juifs ou Nazarens. Ce sont l leurs souhaits ! Dis : Avancez votre argumentation, si vous tes vridiques ! Mais non, quiconque soumet son visage Dieu et est bienfaisant aura sa rtribution auprs de son Seigneur ; pour eux, point de peur, et ils ne seront pas tristes2. Le Trs-Haut a par ailleurs dit : Et qui est dune meilleure religion que quelquun qui soumet son visage Dieu en tant bienfaisant et suit la voie (milla) dAbraham [46] en croyant originel (anf) ? Dieu a de fait adopt Abraham comme ami (khall)3. Soumettre son visage au Dieu Trs-Haut, cest Lui consacrer ce quon a comme objectif, son action, et se fier Lui ainsi que le Trs-Haut la dit : Cest Toi que nous adorons et cest Toi dont nous demandons laide4 ! Il a aussi dit : Adore-Le et fie-toi Lui5. Le Trs-Haut de dire encore : Lui je me fie et vers Lui je retourne6.

    Les Trois Mosques : La Mecque, Mdine, Jrusalem7

    Depuis que Dieu a dress Son argumentaire lencontre des habitants de la terre par le biais du Sceau de Ses Messagers, Muammad, Son serviteur et Son Messager Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! , il est obligatoire, pour les habitants de la terre, de croire en lui, de lui obir et de suivre sa voie (shara) et sa route (minhj). Les plus minentes des cratures

    1. Coran, al-Baqara - II, 62. Ibn Taymiyya ne cite pas la fin du verset mais crit et le [reste du] verset .

    2. Coran, al-Baqara - II, 111-112. Ibn Taymiyya ne cite pas la fin du verset mais crit et le [reste du] verset .

    3. Coran, al-Nis - IV, 125. 4. Coran, al-Ftia - I, 5. 5. Coran, Hd - XI, 123. 6. Coran, Hd - XI, 88. 7. Dtail dun chromo gyptien (Le Caire, c. 1975. Coll. part.).

    sont donc celles dentre elles qui connaissent le plus, et suivent le plus, ce avec quoi il est venu, quil sagisse de savoir ou dtat [spirituel], et de dire ou dagir. Elles sont celles des cratures qui craignent le plus [Dieu] et [tout] endroit et action, quels quils soient, qui aident le plus une personne [atteindre] cet objectif sont ceux qui valent le mieux pour elle, quand bien mme ceux valant le mieux pour quelquun dautre que [cette personne] sont quelque chose dautre. En outre, quand chaque personne fait ce qui vaut le mieux pour elle et que les bonnes uvres et bnfices lui arrivant [par l] soient gaux ce qui arrive une autre, les deux [actions] sont gales. Sinon, celle des deux [actions] qui est [religieusement] prpondrante est, ce propos, celle des deux qui vaut le mieux.

    Parmi ceux qui rsident dans le voisinage8 des Trois Mos-ques, des dficiences en matire de savoir et de foi sont appa-rues de ces temps-ci du fait desquelles il est devenu manifeste que beaucoup de ceux qui [vivent] en Extrme-Occident valent mieux que la plupart dentre eux. Il ne convient donc pas quun individu prte attention lminence dune rgion, [sans plus,] pour [parler] dans labsolu de lminence de ses habitants. Bien plutt, chaque personne ayant un droit on reconnatra ce droit, le facteur dcisif, sagissant de lminence dun homme, se rap-portant sa foi, son action vertueuse et son bon parler.

    Il se peut que certaines rgions aident plus [accomplir] certaines actions. Ainsi La Mecque le Dieu Trs-Haut la protge ! aide-t-elle accomplir la circumambulation [de la Kaba] et des prires de valeur redouble, [47] etc. Dans la [rgion] la plus minente quelque chose de prpondramment contraire peut aussi se produire, qui en fait [une rgion] moins minente, lexemple de quelquun qui vivrait (mujwir) La Mecque mais dans la mendicit, pour shonorer [dy vivre] et en sabstenant de beaucoup des actions vertueuses. Ainsi aussi [en va-t-il de] quelquun qui chercherait stablir en Syrie pour conserver ses biens et son honneur, non point pour agir vertueusement. Les actes [valent] par les intentions.

    Le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! a seu-lement dit ces nobles paroles (adth) propos de lmigration. Les actes, dit-il, [valent] seulement par les intentions et cha-que homme a seulement, [ son crdit,] ce dont il a lintention. Celui dont lmigration se fait vers Dieu et Son Messager, son migration se fait vers Dieu et Son Messager. Celui dont lmi-gration se fait en revanche pour un mode de vie ici-bas quil atteint, ou pour une femme quil pouse, son migration se fait vers ce vers quoi il migre9. Il dit cela du fait quun homme avait migr pour pouser une femme appele Umm Qays , lui tant alors appel lmigr dUmm Qays .

    Lorsquun ensemble [de gens] a plus dminence quun autre, ceci nimplique pas ncessairement que les individus [dun ensemble] aient plus dminence que les individus [de lautre]. Ainsi [en va-t-il] de la prminence de la deuxime gnration [de Musulmans] sur la troisime, de la prminence des Arabes sur dautres [peuples] et de la prminence de Quraysh sur dautres [tribus]. Un tel [vaut] un tel. Et Dieu est plus savant !

    Yahya M. MICHOT (Hartford, Jumda I 1436 - Fvrier 2015) 8. jiwr : kharb F 9. Voir notamment AL-BUKHR, a, Bad al-way (Boulaq, t. I,

    p. 6 ) ; MUSLIM, a, Imra (Constantinople, t. VI, p. 48) ; IBN AN-BAL, Musnad, t. I, p. 25.