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SOMMAIRE Édito Nouvelles perspectives Interview design Thibault Brevet : artisan Numérique ? Formation Jean Dominique Fleury Vincent Chagnon et Anne Donzé Julia Reimer et Tyler Rock Hommage Michel Dinet Agenda Exposition Compagnon Verrier Européen 2014 ID VERRE INFOS N ° 52 juin 2014 FORMATION RESSOURCES & INNOVATION CULTURE

Id verre infos 52 : culture, techniques, glass design

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Au sommaire : Design -Thibault Brevet : artisan numérique? / Formation - Jean-Dominique Fleury, Vincent Chagnon et Anne Donzé, Julia Reimer et Tyler Rock / Hommage - Michel Dinet / Agenda - Exposition des Compagnons Verriers Européens 2014

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Page 1: Id verre infos 52 : culture, techniques, glass design

SOMMAIREÉditoNouvelles perspectives

Interview designThibault Brevet :artisan Numérique ?

FormationJean Dominique FleuryVincent Chagnon et Anne DonzéJulia Reimer et Tyler Rock

HommageMichel Dinet

AgendaExposition Compagnon Verrier Européen 2014

ID VERREINFOS N°52

juin 2014 FORMATION RESSOURCES & INNOVATION CULTURE

Page 2: Id verre infos 52 : culture, techniques, glass design

2HOMMAGE - MICHEL DINET

MICHEL DINET|||||||||| Texte de Denis Garcia

Les verriers sont orphelins de Michel Dinet.

Denis Simermann, premier directeur du Cerfav, a initié avec Michel Dinet le Cerfav et toute la démarche qui prévaut encore aujourd’hui. Il témoigne : « sans Michel Dinet, le Cerfav n'existerait pas ! » Président du Cerfav durant plus de 10 années, Michel Dinet a eu l'intuition, vers 1985, que le monde du verre allait devoir for-tement évoluer.

Pour lui, amoureux de son coin de Lorraine tout autant que du verre, maire de Vannes-le-Châtel dès l’âge de 21 ans, il fallait pré-server les savoir-faire mais également impulser un élan créatif ca-pable de dynamiser les arts verriers, notamment en essaimant de petits ateliers gérés par des personnes bien formées susceptibles de commercialiser des produits nouveaux répondant aux attentes d'un marché « de niche » comme il disait.

On connaît la suite... et le succès international — et mérité — du Cerfav, qui doit beaucoup à l'intelligence mais surtout à la ténacité de cet homme à vouloir développer, au sein d'un village de 550 habitants, un centre unique au monde par son concept, en dépit de certains regards narquois ou envieux.

Président attentif au fonctionnement et au développement du Cerfav, Michel Dinet n’était avare ni de son temps, ni de ses conseils pour faire en sorte que chacun trouve sa place au sein du centre et puisse ainsi y développer toute sa puissance créatrice.

On lui doit également d'avoir imaginé, avant que le ministère ne reprenne à son compte cette idée, le concept de « pôle d'innova-tion » qui consiste à coupler les aspects formation et recherche suivant un principe simple bien qu'encore trop peu usité au-jourd'hui : rassembler des cultures différentes afin de faire germer de nouvelles idées !

Homme politique visionnaire et influent, Michel Dinet a appliqué ce principe durant toute sa carrière professionnelle (il était insti-tuteur) et politique, laissant ainsi aujourd'hui une trace indélébile

parmi son entourage et dans le paysage. Il était construit de so-lides convictions et d’engagements républicains, de fraternité qu’il savait défendre, faire connaître et reconnaître. Il était pédagogue et développait des raisonnements clairs et précis, sans aucun faux semblant. Il recherchait non pas le consensus mais à débattre, à expliquer et construire des solutions positives où les oppositions ne se trouvaient jamais humiliées ou vaincues.

Ce sont ses qualités et cet art qui en ont fait un fédérateur, de la gauche à la droite (rejetant son extrême), de tous les réseaux du développement local dont il était un des précurseurs et anima-teurs, des associations, du monde économiques et forces vives des territoires. C’est une notoriété qui dépassait largement la Lor-raine. «  […] dans les débats actuels sur la carte des régions et plus géné-ralement sur le pacte républicain, Michel Dinet manque déjà […] » me signalait le directeur de cabinet d’un ministre influent du gou-vernement. « […] il était écouté et respecté de ses collègues […] »

Effectivement, nous sommes orphelins de Michel Dinet. Par nécessité, il fut l’un des pionniers du développement local, mobili-sant tout ce qui comptait de forces vives sur le territoire rural où il était élu conseiller général . Parmi celles-ci, les verriers de Vannes-le-Châtel bien sûr, à qui il lança le défi de fabriquer un four, de fondre du cristal et de montrer leurs savoir-faire lors des « fêtes des vieux métiers ». En visionnaire, il avait effectivement compris que les savoir-faire étaient à valoriser et que les tours de main ancestraux seraient tôt ou tard utiles pour fabriquer de nouvelles créations imaginées.

Il fallut son énergie communicative, sa force de persuasion, sa vi-sion, pour parvenir à convaincre qu’ouvrir un centre de formation devenait un enjeu essentiel là où une activité pourtant présente depuis plus de 2 siècles fléchissait non pour faire vivre une asso-ciation locale, mais pour lancer les pistes de nouveaux modèles de développement.

Le fatalisme n’était pas de sa religion : « Combien sont-ils ? 1000 ! Nous sommes 2, alors encerclons les ! » était l’une de ses formules préférées. Le nombre et l’institution ne font effectivement pas nécessairement raison.

Vint un temps où l’élu local laissa sa place à d’autres pour présider aux destinées du Cerfav.

Mais il gardait une attention complice et se plaisait à se faufi-ler dans quelque atelier à des moments qu’il préservait sur son copieux agenda pour venir « bricoler » le verre . Il allait mettre un terme à ses activités politiques et il y a fort à parier qu’une partie de son temps se serait passée là, dans nos ateliers.

Nous sommes certains qu’il hante et continue à animer de son énergie le Cerfav et les ateliers ainsi que la plate-forme verrière de Vannes-le-Châtel, nom générique qu’il avait imaginé dès le départ de cette aventure.

À son épouse, Josette, à ses deux filles auxquelles il a transmis la passion du verre, Stéphanie, co-fondatrice de l’atelier Fluïd de Belle-Île-en Mer et bien sûr à Valérie, notre collègue au Cerfav, nous présentons nos plus vives et amicales condoléances.

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3ÉDITO + INTERVIEW

ÉDITO|||||||||| Par Denis Garcia directeur du Cerfav

Le président fondateur du Cerfav, Michel Dinet, est mort brutalement le 29 mars dernier. La tristesse de tous au Cerfav et de celles et ceux qui l’ont connu est immense.

Il fallait son exigence, sa trempe, sa clairvoyance pour lancer l’aventure de la plate-forme verrière de Vannes-le-Châtel, à laquelle il était toujours extrêmement lié. Nous lui rendons hommage dans ces colonnes et aurons l’occasion d’y revenir dans les mois à venir.

Les épreuves de CAP viennent de se termi-ner et les apprentis ont pu regagner leur atelier dans l’attente sereine des résultats prochains.

Ceci est l’occasion de rappeler aux profes-sionnels que les inscriptions d’apprentis sont ouvertes. Le Cerfav est CFA national à gestion régionale et garantit une qualité de formation, de suivi et de relation avec les ateliers depuis près de 25 ans, et ce dans la France entière.

L’encadrement pédagogique est conforme aux référentiels de formation et fait le lien avec les nouveaux procédés numériques (disponibles au Glass Fablab du Cerfav) qui peuvent être exploitables par les arti-sans. Une opportunité intéressante pour les ateliers et via les apprentis, de veiller à l’intérêt ou pas de ces innovations pour le développement de l’entreprise.

À noter qu’un catalogue des formations numériques dispensées au Glass Fablab va être proposé. Ces formations seront réservées aux seuls professionnels. Cela va être une occasion de découvrir pas à pas ces nouvelles ressources qui croisent les procédés verriers.

Nous avons eu l’occasion à Biot, au cœur d’un atelier de soufflage, en novembre dernier, de montrer la richesse concrète de ces possibilités. Les artisans n’ont vrai-ment aucun complexe à avoir car tout est à découvrir et à construire.

Bonne lectureDenis Garcia

THIBAULT BREVETARTISAN NUMÉRIQUE ?|||||||||| Interview David Arnaud

Fasciné par la relation qui

existe entre les réseaux vir-

tuels et le monde, Thibault

Brevet développe des objets

inédits dignes d'un « Whole

Earth Catalog », qui font

usage des nouveaux outils

de prototypage rapide.

♦David Arnaud : Thibault Brevet, en 2012 vous êtes diplômé de l’Écal en design gra-phique avec votre œuvre « Grand Central ». Quel a été votre parcours avant cela ?

◗ Thibault Brevet : des études secondaires en ingénierie, puis un début de licence en physique-chimie. Virage à 180° en pensant recommencer à zéro par l'art et le design graphique à l'Écal. Finalement je passe en-core plus de temps à faire de l'électronique et de la mécanique maintenant !

♦Pouvez-vous nous décrire en quoi consiste « Grand Central » et expliquer les

motivations qui vous ont poussées à déve-lopper un projet de ce genre ?

◗ Grand-Central c'est une exploration lo-fi (low-fidelity = basse fidelité) autour des productions de flux de contenu sur internet. J'ai choisi de me concentrer sur le format du Tweet comme une variable minimale d'expression. Le public est invité à laisser des messages anonymes et génère un dialogue qui créé un vrai artefact tra-duit physiquement par la machine

♦Très liées aux plate-forme de prototy-page rapide, vos machines en exploitent les ressources de façon inédites, en quoi l'émergence de ces plate-forme ont-elles influencées votre travail en général ?

◗ Grand-Central a été produit en 3 mois mais c'est l'aboutissement de 3 années de

recherches autour des nouveaux modes de production dans le design. Les outils de prototypage rapide transpirent de plus en plus dans des champs d'applications réser-vés auparavant aux designers industriels et il n'est plus rare de voir des graphistes se servir de fraiseuses et découpeuses laser. C'était quelque chose que l'on voyait très peu avant que *Arduino et *Processing s'insèrent et soient reconnus comme des outils « graphiques ».

C'est assez intéressant que finalement tous ces outils soient basés sur des techno-logies des années 80, mais que l'on trouve

↑ CONSTI2GO - dispositif électronique Crédit photo : Thibault Brevet

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seulement maintenant des dynamiques d'usage qui les rendent ac-cessibles au grand public. Grand-Central existe uniquement grâce au travail Open-Source de beaucoup de personnes, qui converge pour aboutir à un produit fini.

♦Vous réalisez l’ensemble de vos pièces, de la programmation à la fabrication. Cette approche est très similaire au travail d’un artisan qui conçoit et fabrique de A à Z. Croyez-vous que les outils de prototypage vont faire apparaître un nouveau type « d’artisan numérique » ?

◗ Je pense que si on observe la vitesse à laquelle se développe le Maker movement, on est clairement déjà dans ce genre de scéna-rio. On est loin d'un courant dominant, mais quand j'ai commencé à expérimenter avec ces techniques il y a environ 5 ans, il était quasiment impossible de trouver une plate-forme Arduino en Suisse, alors qu'aujourd'hui il y a des e-shops partout qui sont de véritables cavernes d'Ali Baba.

Avec le développement rapide des fablabs des hackerspaces et de toute la chaîne d'outils qui va avec, je pense que les modes de fabrication et production sont en pleine métamorphose, surtout du côté des designers et plus seulement des producteurs. On en est aux balbutiements du "Smart Design", des objets intelligents qui agissent ou réagissent à leur environnement. Mais c'est main-tenant, alors que les personnes qui imaginent ces objets com-

mencent à intégrer ces dynamiques de travail, que l'on risque de vraiment les voir se démocratiser.

♦Vous avez récemment développé Consti2Go, une œuvre qui per-met de détourner les imprimantes de reçu de supermarché en leur faisant imprimer en 6 secondes l’intégralité de la constitution des États-Unis d’Amérique. Pourquoi avoir précisément travaillé avec ce texte et ces supports ?

◗ J'ai été commissionné par un ami qui travaille dans une unité de recherche à la bibliothèque de Harvard et qui donnait une lecture à la conférence *SXSW à Austin, Texas. Julian Assange et Edward Snowden étaient listés dans les speakers très attendus, et avec ces histoires de surveillance et de libertés individuelles qui étaient au centre de l'attention, faire un travail pour Harvard, école de droit, avec la constitution américaine, semblait assez évident.Le support faisait encore plus sens, imprimer un texte si fonda-mental, censé protéger un peuple des dérives actuelles, en si peu de temps et sur un document si fragile, si « consommable », j'ai trouvé que c'était une bonne image de la situation actuelle.

♦D’après vous les modèles du « libre » sont-ils transposables dans le design ?

◗ Oui, on a vu que cela fonctionnait très bien dans le développe-ment logiciel, les outils de production se rapprochent de plus en

DESIGN : THIBAULT BREVET

↑ Grand-Central - dispositif électronique Crédit photo : Thibault Brevet

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5DESIGN : THIBAULT BREVET

plus de ces méthodes et processus de travail. Par pragmatisme, je ne crois pas au tout-libre, il y aura toujours des niches et des marchés où cela ne fonctionnera pas, peut-être que ces modèles peuvent remplacer en tout cas une partie de l'écosystème actuel.

♦En 2013 vous avez participé à la réalisation de "DRM Chair ", qui présentait une chaise à usage limité, se détruisant après que 8 personnes se soient assises dessus. Quel était le concept précis de ce projet, vouliez-vous aborder par exemple les notions d’obsoles-cence programmée ?

◗ Oui l'obsolescence programmée était l'un des aspects liés au projet, mais abordé du point de vue des licences informatiques, qui restreignent l'usage fait par l'utilisateur sur un format digital. On voulait montrer un objet physique qui aurait cette particularité digitale, 1 ou 0. La chaise fonctionne parfaitement, et à un instant précis elle ne se casse pas vraiment mais est en quelque sorte « désactivée ». C'est aussi un projet qui touche à ces questions de surveillance, une chaise avec un capteur qui enregistre son utili-

sation, il ne reste plus qu'à transmettre les valeurs par wifi et on sait qui s'assoit, quand etc. Si je peux faire effacer mon iPhone à distance, Apple le peut aussi. Je reste malgré tout un optimiste vis-à-vis de la technologie, mais un optimiste critique.

♦Quels sont les artistes et designers que vous admirez ?

◗ F.A.T. Lab, Institute for Applied Autonomy, Cory Arcangel, Evan Roth, Jonas Lund, Aram Bartholl, Olafur Eliasson, Carsten Nicolai, Phillipe Parreno, Richard Feynman.

♦Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre prochain projet ?

Je travaille sur un projet de recherche à partir d'éléments cryogé-niques, un projet plus sculptural, je ne sais pas encore où ça va aller !

www.thibault.io

↑ DRM Chair Images issues de la vidéo : www.vimeo.com/60475086

*ARDUINO : ARDUINO PEUT ÊTRE UTILISÉ POUR CONSTRUIRE DES OBJETS INTERACTIFS INDÉPENDANTS (PROTOTYPAGE RAPIDE), OU BIEN PEUT ÊTRE CONNECTÉ À UN ORDINATEUR POUR COMMUNIQUER AVEC SES LOGICIELS.

PROCESSING : CONÇU PAR DES ARTISTES, POUR DES ARTISTES, PROCESSING EST UN DES PRINCIPAUX ENVIRONNEMENTS DE CRÉATION UTILISANT LE CODE INFORMATIQUE POUR GÉNÉRER DES ŒUVRES MULTIMÉDIAS SUR ORDINATEUR.

SXSW : SOUTH BY SOUTHWEST (SXSW) EST UN ENSEMBLE DE FESTIVALS DE MUSIQUE (SXSW MUSIC), DE CINÉMA (SXSW FILM) ET DE MÉDIAS INTERAC-TIFS (SXSW INTERACTIVE) SE TENANT CHAQUE ANNÉE DEPUIS 1987 AU MOIS DE MARS À AUSTIN (TEXAS, ÉTATS-UNIS), PRINCIPALEMENT AU AUSTIN CONVENTION CENTER.

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6FORMATION CERFAV

ARTISANS À L'ŒUVRE|||||||||| Article de Denis Garcia

Maryline Didier, formatrice et guidante en

vitrail au Cerfav, sollicitait de longue date

l’intervention de Jean-Dominique Fleury

devant ses élèves.

Ce nom évoque immédiatement les colla-

borations artistiques fructueuses comme

Soulages, Convert, Barcelo ou Pincemin et

fait référence au bel atelier toulousain qu’il

animait. L’homme est attentif et curieux, les

stagiaires aussi. Cela tombe bien.

Ce sont les ingrédients pour réussir ce type d’échange assez bref mais suffisamment long pour muter en école de l’attention, de l’in-tention et de la sensibilité bien plus qu’en développement de cours austères de pratiques et de gestes professionnels.

Bien loin des stériles débats artiste/artisan, Jean-Dominique Fleu-ry explique que « la jouissance de la lumière et de la couleur appar-tient à tout le monde ». Voici qu’est livré à nos stagiaires matière à philosopher à un moment de leurs parcours où ils ont besoin de se poser, d’examiner l’environnement professionnel, de placer en perspective leurs propres aspirations et centres d’intérêt. Une sorte de bilan porté par un pair.

C’est une chance rare que le temps de formation permet et que les professionnels voudraient souvent pouvoir s’offrir en mettant

entre parenthèses leurs occupations et obligations. À travers quelques chantiers exemplaires qu’il a conduits comme Conques avec Pierre Soulages, la cathédrale de Majorque, le diocèse de Pa-ris, avec l’aide de vidéos et de maquettes, Jean-Dominique Fleury a posé les enjeux tant techniques qu’esthétiques auquel il a pu être confronté ainsi que ses doutes et ses réussites.

Les stagiaires se sont sentis suffisamment à l’aise pour livrer à la critique du « Maître » leurs propres projets, un peu comme cela s’était produit avec Stéphane Petit l’an passé. Il avait lui aussi partagé avec les stagiaires son expérience, sa vision de la conduite concrète d’un chantier et sa passion de professionnel.

Quelques jours plus tard, c’est Vincent Chagnon qui venait doper les stagiaires compagnons verriers européens, en verre à chaud cette fois, avec son accent québécois : une intervention simple basée sur le dialogue, quelques démonstrations de formes asymé-triques (reproduction de poche plastique) en verre, puis le façon-nage d’une pièce commune (un sac fermé avec plusieurs petites sculptures à l'intérieur)

Dominique Jamis (formateur permanent en verre à chaud au Cerfav) sait qu’il n’est pas facile de travailler avec des élèves que l’on ne connaît pas, mais Vincent a fait preuve d’une réelle généro-sité humaine, démontré une grande maîtrise technique et assuré une présence forte et constructive.

Concours de circonstances, Vincent et sa compagne Anne Donze, for-

mée au Cerfav (compagnon verrier puis concepteur-créateur), ont ap-

pris depuis leur workshop qu’ils étaient lauréats de la deuxième édition

du Prix de L'œuvre de la Fondation Ateliers d'Art de France, pour leur

projet Build(dingue) : un « quartier de verre » de neuf tours composées

de cubes dans lesquels se jouent des scènes de la vie quotidienne.

Ils s’installeront durant 9 mois à Vannes-le-Châtel pour réaliser leur

projet en bénéficiant de notre logistique et de celle de la compagnie des

verriers, ateliers à chaud, à froid, pâte de verre, du fablab avec son scan

et imprimantes 3D.

↑ Jean Dominique Fleury ↑ Tyler Rock Crédit photo : Fanny Guenzi

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7FORMATION CERFAV

Vincent Chagnon était suivi quelques semaines plus tard par un workshop des artistes verriers canadiens Julia Reimer et Tyler Rock. Énergie communicative, puisque les stagiaires en première année mêlés aux seconde année se sont affairés dans l’atelier.

Tyler à la canne, Julia à la traduction, dessins à la craie au milieu de la halle, coup de "speed", le Cerfav retient son souffle, les canadiens soufflent… D’un verre noir — très long et parfait pour le travail, le meilleur qu’il lui ait été permis de travailler ! dixit Tyler — naît pro-gressivement un corbeau noir qui sera incorporé à un vase.

Les longues heures passées en formation à faire et refaire les gammes, le cueillage, le marbrage, le maniement des pinces et ciseaux etc. En 2 jours, tout est passé en revue et chaque geste révèle enfin son intérêt dans un exercice d’équipe parfaitement coordonné. Avec 10 élèves présents, il fallait un programme adapté et construit permettant la participation de chacun et la fabrication de plusieurs pièces communes.

« Tyler travaille avec un calme à toute épreuve et cela rassure les élèves. Il est toujours plein de conseils et s’aide de petits dessins au sol » remarque Dominique Jamis.

En fait, le contact entre le Cerfav et ces 2 verriers a été ménagé par Samuel Clemençon. Durant sa formation au Cerfav, il avait eu l’op-portunité d’un stage dans leur atelier. Aujourd’hui il est souffleur de verre à la verrerie de Bréhat, mais a tenu à parrainer le works-hop en tant qu'assistant dans nos ateliers, et en faisant office de guide à la ville pour les 2 verriers canadiens. Pour lui, dépend de ce type d’intervention la qualité de la formation.

Antoine Mexmain, stagiaire compagnon verrier actuellement en 2e année, ne dit pas autre chose et son sentiment est sans nul doute partagé par les autres stagiaires : « Les modules de sculp-ture soufflée animés par Vincent comme par Tyler et Julia nous ont été, pour tous je pense, très bénéfiques. Cela m'a permis de comprendre des choses dans le matériau et surtout d'ouvrir mon champ de réflexion par la découverte de nouvelles techniques. Ajoutez à cela un contact très agréable et une grande disponibilité du couple, ce module fut une réussite, et aurait mérité de durer plus longtemps ».

Choisis à des moments clefs de nos formations, à la veille d’entrer dans la vie professionnelle et à un moment où le socle des savoir-faire est en place, cela rassure, motive et change d’un rythme ins-

tallé. Faire la synthèse des savoir-faire et démarche artistique per-met d’apprécier de nouvelles pratiques professionnelles, de porter un regard critique, de se constituer son propre point de vue.L’expérience de Samuel Clemençon et son activité salariée de souf-fleur de verre fut de ce point de vue un nouveau jalon très intéres-sant. Il a été stagiaire au Cerfav. Il est sensible à l’état d’esprit du groupe actuel : comment valoriser ses expériences ? Comment se faire reconnaître dans un atelier et se forger une bonne expérience professionnelle ? L’expérience des autres peut certainement être utile dans ces cas là.

Jean-Dominique Fleury commente pour le Cerfav son parcours pro-

fessionnel, le développement de sa propre sensibilité au service d’ar-

tistes et l’attention portée à l’innovation :

« Diplômé en 69 de l’école des Métiers d’art j’ai eu la chance d’être

émancipé lors de mes études par « mai 68 ». J’ai pu faire certains choix

radicaux : quitter Paris, ouvrir mon atelier, vivre en milieu rural, orien-

ter ma création vers un art mural. À l’époque, pas vraiment défini, mais

plutôt imprégné de transparence, mon acte de peintre ne passait pas

par la peinture sur chevalet, mon désir était d’intervenir directement

sur l’architecture. Voilà une des radicalités qui a été revue à la baisse.

Ce que j’avais appris à l’école m’a permis de gagner ma vie : création

et restauration de vitraux. Les années 70 ne sont pas les années 2000,

même si à cette époque le refrain était : vous êtes trop jeune, faites vos

preuves. Donc, j’expose partout où je peux. D’autre part, je restaure

des vitraux dans les églises de campagne, apprentissage solitaire,

« démerde », 10 heures par jour, à fond.

Je suis reconnu peu à peu par les Monuments Historiques où de jeunes

architectes aiment mon boulot et me font confiance. Les restaurations

d’envergure viendront plus tard, lorsqu’en 1982 je m’installe à Toulouse

dans un grand atelier avec une équipe et un secrétariat, du matériel

informatique, un grand four etc. Mon atelier est le lieu de passage de

jeunes artistes de la région et d’ailleurs. Les années 80 voient le budget

de la culture se multiplier par 100, ça bouge dans tous les sens. D’un cô-

té j’expose ma peinture en galerie (foire de Bâle, Arco, Chicago, Zurich)

de l’autre je réponds aux appels d’offre. Mon travail avec les peintres

commence avec Pierre Soulages : tout est nouveau, on invente !

C’est ce qui me plaira à chaque collaboration avec les artistes : aller

fouiner dans des interprétations techniques suscitées par une création

originale, sensible, simple, souvent à portée de la main, mais décalée.

J’ai suscité des pratiques avec des applications avant-gardistes à

l’époque et qui sont passées dans les mœurs par la suite : utilisation de

la grisaille, de la gravure, du numérique, découpe robotisée, isohélie… »

Et Jean-Dominique Fleury de nous livrer quelques réflexions en visitant

le Fablab du Cerfav : « On a tout à gagner en se servant des outils mis à

notre disposition aujourd’hui, je pense à l’imprimante 3 D par exemple.

Ainsi dans les années 50 aux États-Unis, partant d’un micro moteur

les designers ont inventé tout l’électroménager électrique : rasoir,

broyeurs, séchoirs etc. »

Et de faire le parallèle avec le vitrail : « le vitrail est une technique

médiévale, appliquée à la miroiterie. Il a trouvé sa place dans l’archi-

tecture contemporaine ».

Tyler Rock et Julia Reimer - www.firebrandglass.caAnne Donzé et Vincent Chagnon - www.annedonzevincentchagnon.comJean Dominique Fleury - www.atelier-fleury.com

↑ Tyler Rock, Julia Reimer et les stagiaires CVE du Cerfav Crédit photo : Fanny Guenzi

Page 8: Id verre infos 52 : culture, techniques, glass design

AGENDA 8

Exposition

EXPOSITION DE LA PROMOTION 21 DES COMPAGNONS VERRIERS EUROPÉEN

(........) 1 passage 8 cheminsCentre Mondial de la Paix à Verdun avec Aurélie Adam, François Briand, Antoine Mexmain, Pauline Le goïc, Simon Perot, Claire Deleurme, Marie Flambard, Florence Tassan-Toffola

Du 18 juillet au 30 octobre 2014

APPRENTISSAGE CAP DÉCORATION, VITRAIL, SOUFFLAGE

Le Cerfav forme les apprentis des entreprises et ateliers verriers de la France entière. Plus de 90% de réussite au CAP chaque année

Un suivi individualisé avec les apprentis et leurs maître d'apprentissageConnaître les procédures à suivre et les avantages économiques non négli-geables à former un jeune travailleur.

Rubrique formation : www.cerfav.fr

Verdun

Albums Photographiques

Tous nos albums photos en ligne sur Flickrwww.flickr.com/photos/27807374@N05/sets/

Web

L'ensemble des techniques

21/10au

31/102014

→ Modelage, pâte de verre, thermo-fusing, sablage, parachèvement

Cycles de découverte

09/09au

10/10

→ Pâte de verre (168 heures)

25/11au

16/12

→ Perles au chalumeau (112 heures)

12/11au

19/12

→ Vitrail et peinture sur verre (196 heures)

25/11au

12/12

→ Peinture sur verre (98 heures)

Vannes-le-Châtel

Modules de découverte

08/09au

12/09→ Pâte de verre

06/10au

10/10→ Fusing et thermoformage

12/11au

21/11

→ Soufflage → Vitrail

01/12au

05/12→ Sablage

24/11au

28/11ou

02/11au

06/112015

→ Parachèvement

Vannes-le-Châtel

Programme complet des stages à télécharger sur :www.cerfav.fr - rubrique formation

Cerfav | Prover

Cerfav | Prover est l’organisme de formation par et pour les industriels verriers. Formations qualifiées OPQF et expertises de défauts ou casses du verre. Programme des formationset des prestations : www.prover.fr

Pantin

Renseignements

Cerfav|Vannes-le-Châtel :Renseignements pédagogiques, contactez Annabelle Babel : T : 03 83 25 49 90 ou [email protected]

Renseignements administratifs, contactez notre secrétariat : [email protected]

Renseignements conseil, developpe-ment, R&D, expertise :Marie-Alice [email protected]

Ours• Revue éditée par le Cerfav

rue de la liberté | 54112 Vannes-le-Châtel

T : 03 83 25 49 90 - [email protected]

• Directeur de la publication

Vincent Queudot

• Rédacteur en chef

Denis Garcia

• Revue trimestrielle n°52

Issn 1630-9081, tiré à 1200 ex.

• Thibault Brevet, Denis Garcia, Eléonore

Durand, Fanny Guenzi, Marie-Claire Léo-

nard, Angélique Prud'homme et David

Arnaud, ont contribué à ce numéro.

• Abonnement : Eléonore Durand,

T - 03 83 25 49 97

[email protected]

Page 1 : Vestige - 18 x 15 x 16 cm

Design : © Tyler Rock

Crédit Photo : John Dean

• Nos remerciements particuliers au Fonds

social européen, à la région Lorraine, au

Conseil Général de Meurthe & Moselle,

au ministère de l’économie de l’industrie

et de l’emploi, à Atelier d’Art de France, à

la Dgcis, à l’Ism, et l’INMA.