36
IL EST RESSUSCITÉ ! La Contre-Réforme Catholique au XXI e siècle N o 128 - Mai 2013 Mensuel. Abonnement : 30 e Il est revenu avec son cœur immense, avec son cœur de flamme, son âme de pauvre et son sourire. Il est revenu ! Et le Cœur Immaculé de Marie triomphera ! Rédaction : frère Bruno Bonnet-Eymard L E SAINT QUE DIEU NOUS A DONNÉ Le pape François, à la fin de sa Messe d’intronisation, place Saint-Pierre. « En ces temps de turbulence spirituelle, le refuge le plus sûr est sous le manteau de la Sainte Vierge . » (pape François) © A. GIULIANI / CPP/ CIRIC

Il est ressuscité ! - Nº128

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Contre-révolution catholique

Citation preview

Page 1: Il est ressuscité ! - Nº128

IL EST RESSUSCITÉ !La Contre -Réforme Catholique au XXIe siècle

N o 128 - Mai 2013 Mensuel . Abonnement : 30 e

Il est revenu avec son cœur immense, avec son cœur de flamme, son âme depauvre et son sourire. Il est revenu ! Et le Cœur Immaculé de Marie triomphera !

Rédaction : frère Bruno Bonnet-Eymard

LE SAINT QUE DIEU NOUS A DONNÉ

Le pape François, à la f in de sa Messe d ’ intronisation, place Saint - Pierre.« En ces temps de turbulence spirituelle, le refuge le plus sûr est sous lemanteau de la Sainte Vierge. » ( pape François ) © A. GIULIANI/CPP/CIRIC

Page 2: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 2

Conférence prononcée à Paris, le jeudi 18 avril 2013,par frère Bruno de Jésus-Marie.

DANS les premières années du vingtième siècle, àFatima, la petite Jacinthe multipliait prières

et sacrifices «   pour  le  Saint - Père », avec son frèreFrançois et sa cousine Lucie. Le premier geste du papeFrançois fut de l’imiter en demandant à son peuplerassemblé le 13 mars au soir place Saint-Pierre pourl’acclamer, non pas de le “ bénir ”, comme l’ont ditcertains journalistes, mais de « prier » pour lui.

Les voyants de Fatima avaient une raison particulièrede prier « pour  le Saint-Père » : le grand “ secret ” que leuravait confié Notre-Dame le 13 juillet 1917 leur montraiten effet « un  évêque  vêtu  de  blanc » correspondant en toutpoint à ce que nous voyons depuis trente-cinq jours.

« Nous  eûmes  le  pressentiment  que  c’était  le  Saint-Père », écrit Lucie, sans que cela paraisse explicitement,car c’était plutôt « un  évêque », quoique  vêtu  de  blanc...L’incertitude est la même pour nous, car François pré-fère l’appellation d’ « évêque de Rome » à celle de« Pape » pour une raison, dans une pensée profondequ’il nous faut discerner.

Cette pensée est contenue dans la formule par

Il le fait, depuis son élection, tous les jours, enchacune de ses homélies, audiences, Regina Cæli.

Mais d’abord, l’omission de la « position élevée ». Aubénéfice de “ Dame pauvreté ”. Déjà, à Buenos Aires,racontent les journalistes, « il n’utilisait pas le bureaudestiné à l’archevêque, bureau spacieux au deuxièmeétage qui, bien que sobre, pourrait donner une sensationde pouvoir et même de supériorité. Il utilise cette piècecomme une sorte de débarras. Son bureau à lui est situéau même étage mais dans une pièce très modeste, encoreplus petite que le secrétariat [ tiens ! comme la “ loge deconcierge ” de notre Père] mais ce n’est pas sa secrétairequi remplit l’agenda, c’est lui-même qui prend note surson carnet de poche. Son petit bureau est bien en ordre.Sous une vitre on peut voir quelques photos de sonactivité pastorale dont une, très émouvante, d’un abori-gène pauvre du nord de l’Argentine.

« À l’étage au-dessus se trouve sa chambre, la mêmequ’il occupait comme vicaire général. Extrêmement aus-tère : un simple lit de bois, le crucifix offert par sesgrands-parents, Rosa et Juan, et un petit chauffage élec-trique car, bien que l’immeuble soit chauffé, il ne per-met pas qu’on l’allume en l’absence du personnel. Lapièce est bien ordonnée. “ Une dame vient faire leménage chaque mardi ”, nous dit-il. Il va de soi qu’ilfait lui-même son lit chaque matin. Juste en face, sé-parée par un petit couloir au fond duquel, sur un pié-destal se trouve une très belle statue d’un Christ assis[ le Christ aux outrages], le “ CHRIST DE LA PATIENCE ”

laquelle le cardinal Agostino Vallini, son vicaire généralpour Rome, l’a accueilli le 7 avril dans sa cathédraled’évêque de Rome, à Saint-Jean-du-Latran, lui rappelantsa mission de successeur de saint Pierre, « le rocher surlequel est fondée l’Église, qui confirme dans la véritéde la foi tous les frères, préside dans la charité toutesles Églises, et guide chacun avec une douceur fermesur les voies de la sainteté ».

La formule présente une différence significative aveccelle qui était usitée jusque-là : « Comme le vigneronsurveille, d’un lieu élevé, la vigne, tu es dans une positionélevée pour gouverner et garder le peuple qui t’est con-fié. » La différence tient à l’omission de la “ positionélevée ”, et à la définition de sa mission en trois mots :

1o Confirmer tous les frères dans la vérité de la foi.2o Présider dans la charité toutes les Églises.3o Guider chacun avec une douceur ferme sur les

voies de la sainteté »... dans l’espérance du Ciel ? Cen’est pas précisé, mais c’est sous-entendu.

En trois mots : confirmer, présider, guider. C’estsigné ! FOI, CHARITÉ, ESPÉRANCE.

« CONFIRMER DANS LA VÉRITÉ DE LA FOI

TOUS LES FRÈRES »[patience à supporter les outrages], vertu qu’il chéritparticulièrement, se trouve sa chapelle privée, dé-pouillée, elle aussi. Enfin, dans une pièce attenante, labibliothèque remplie de livres et de papiers. Le cardinalnous dit qu’il met de l’ordre dans ses papiers “ afin dene pas laisser du travail après ma mort ”. Il jette laplupart de ses écrits : “ Je veux quitter ce monde en ylaissant le moins de choses possible. ” Cependant, il apermis que soit conservé un de ses écrits. Le papier enest décoloré, c’est une émouvante PROFESSION DE FOIqu’il a écrite “ dans un moment de grande ardeur spiri-tuelle ”, peu de temps avant son ordination et qu’ilsignerait encore aujourd’hui. »

LA  VÉRITÉ  DE  LA  FOI.

• « “ Je veux croire en Dieu le Père, qui m’aimecomme un fils, et en Jésus, Notre-Seigneur, qui a péné-tré ma vie de son Esprit pour me faire sourire etm’emmener ainsi jusqu’au règne de l’éternelle vie. ” »

Le Ciel, le voilà !

• « “ Je crois en mon histoire qui fut traversée parle regard d’amour de Dieu qui, un jour de printemps[dans l’hémisphère Sud les saisons sont inversées], le 21septembre, est venu à ma rencontre pour m’inviter à lesuivre. ” »

C’était le jour de la fête de saint Matthieu. Avant deretrouver des amis avec lesquels il avait rendez-vous,il s’arrêta dans une église, y rencontra un prêtre, seconfessa... et entendit l’appel à la vie religieuse.

Page 3: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 3

« Il se passa quelque chose » : l’expérience de lamiséricorde, en vertu de laquelle il comprit que « Dieunous attend le premier ». Il ne rejoignit pas ses amis.Décida qu’il serait religieux. Pourquoi dans la Com-pagnie de Jésus ? Attiré par sa force conquérante ausein de l’Église, par le vœu d’obéissance qui donnepleine efficacité à cet élan missionnaire. Il aurait voulualler au Japon, mais sa faible santé le lui interdit.

Et voici les “ voies de la sainteté ” où l’engage savocation :

• « “ Je crois en ma souffrance, si peu féconde àcause de mon égoïsme en lequel je me réfugie. ” »

Quelques années après l’événement du 21 sep-tembre, il se débattit pendant trois jours entre la vieet la mort. Brûlant de fièvre, il étreignait sa mère etlui demandait : « Maman ! dis-moi ce qui m’arrive. »

Finalement, les médecins diagnostiquèrent une pneu-monie très grave : trois kystes nécessitèrent l’ablationd’une partie du poumon droit. Tous les jours, il fallaitinjecter du sérum pour nettoyer la plèvre et les cicatri-ces. À cette époque, les sondes étaient connectées à untuyau pour aspirer tout cela. Les douleurs étaient auxlimites du supportable.

Le jeune Bergoglio n’appréciait guère les paroles decirconstance : « Ça va passer ! » « Qu’est-ce que tu vasêtre content quand tu vas rentrer à la maison », etc.

Un jour, une certaine visiteuse, échappant auxphrases toutes faites, le réconforta réellement. C’étaitune religieuse qui l’avait préparé à la première commu-nion et qu’il n’avait jamais oubliée : sœur Dolores.

« Elle me dit quelque chose qui demeura gravé dansmon cœur et qui me rendit une grande paix : “ Tu  es  entrain  d’imiter  Jésus ! ” »

« La douleur serait donc une bénédiction si on l’as-sume chrétiennement ? » demande le journaliste. Et lecardinal de répondre :

« La souffrance n’est pas une vertu en elle-mêmemais la manière avec laquelle on l’accepte peut-êtrevertueuse. Notre vocation est la plénitude et la félicité[« non pas en ce monde, disait Notre-Dame de Lourdes àBernadette, mais en l’autre » ] et quand nous la poursui-vons, la souffrance est une limite. C’est pourquoi lesens de la souffrance, on ne le comprend parfaitementqu’à travers la douleur du Dieu fait homme, Jésus-Christ. »

• « “ Je crois en l’insignifiance de mon âme quicherche à attraper sans donner... sans donner. ” »

Nous sommes très loin du “ JE CROIS EN L’HOMME ”dont les journalistes ont fait le titre de leur bouquin ! Àmoins d’ajouter le mot “ pécheur ”, car cette connaissancesincère de sa petitesse, de son “ insignifiance ”, nous intro-duit au mot privilégié de la méditation de toute sa vie : lemot de “ miséricorde ”. Le thème sur lequel il a introduit laSemaine sainte dans sa première catéchèse, du mercredi27 mars, est celui de la miséricorde, dont sa deviseest l’expression : “ MISERANDO ATQUE ELIGENDO ”.

Le cardinal Barbarin a expliqué ce que ça veut dire,dans la préface du livre signé Jorge Mario Bergoglio,pape François : “ AMOUR, SERVICE ET HUMILITÉ ”, qui

rappelle “ HUMBLEMENT VÔTRE ” de Jean-Paul Ier. Paru leVendredi saint :

“ MISERANDO ATQUE ELIGENDO ” : « L’expression estempruntée à Bède le Vénérable dans son commentairede l’appel de saint Matthieu », raconté par saint Mat-thieu lui-même...

« Étant sorti, Jésus vit, en passant, un homme assisau bureau de la douane, appelé Matthieu (appelé Lévipar saint Marc et saint Luc), et il lui dit : “ Suis-moi ! ”Et se levant, il le suivit. » (Mt 9, 9)

Le regard de Jésus sur Matthieu ! Il en a fait l’expé-rience le 21 septembre et ne l’oubliera plus jamais.

• « “ Je crois que les autres sont bons et que je doisles aimer sans crainte et sans les trahir, jamais pourtrouver en eux une sécurité pour moi. ” »

“ Les autres ”, meilleurs que moi. “ Les autres ”,c’est mon prochain, pas “ l’Homme ”...

Tout le secret de sa sainteté de pasteur désintéressé :aimant les âmes qui lui sont confiées, sans jamais lesretenir, mais pour leur communiquer les grâces de la“ miséricorde ” par son ministère, et les tourner versJésus et Marie.

• « “ Je crois en la vie religieuse. ” »Et non pas en la “ promotion du laïcat ”, cause de la

ruine de toutes les congrégations religieuses depuis leconcile Vatican II. En quoi consiste-t-elle ?

• « “ Je crois que je veux beaucoup aimer. ” »Qu’est-ce qu’ “ aimer ” ? C’est donner sa vie pour

ceux qu’on aime :• « “ Je crois en la mort quotidienne, brûlante et que

je fuis mais qui me sourit m’invitant à l’accepter. ” »Quotidie  morior, parole de saint Paul. « J’ai soixante-

dix ans passés et il ne reste plus beaucoup de fil dansla bobine. Je ne vais pas vivre soixante-dix ans de pluset je commence à me dire qu’il faut tout abandonner.Mais je prends ça tout à fait sereinement. Je ne suispas triste. On a envie d’être juste avec tout le monde,dans toutes les situations, de faire – pour ainsi dire –de la calligraphie anglaise, par exemple. Cela dit, jen’ai jamais songé à rédiger un testament. Mais la mortaccompagne quotidiennement mes pensées. »

• « “ Je crois en la patience de Dieu, accueillante,bonne comme une nuit d’été.

• « “ Je crois que Papa est au Ciel près du Seigneur. ” »Et moi, je le crois de l’abbé de Nantes, notre Père.• « “ Je crois que le Père Duarte [ le confesseur,

ministre de sa grâce du 21 septembre] y est aussi et qu’ilintercède pour mon sacerdoce.

• « “ Je crois en Marie, ma Mère, qui m’aime et quine m’abandonnera jamais. ” »

Promesse de Notre-Dame de Fatima à Lucie le 13juin 1917 !

• « “ Et j’espère chaque jour la surprise où se ma-nifestera l’amour, la force, la trahison et le péché quim’accompagneront jusqu’à la rencontre définitive avecce Visage merveilleux dont j’ignore les traits, car il necesse de nous échapper, mais que je veux connaître etaimer. Amen. ” » (Extraits de EL JESUITA, chap. 12)

Page 4: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 4

« La trahison » ? Par exemple celle dont il s’accusehumblement auprès... de journalistes !

Un jour, il devait aller prêcher une retraite dans uncouvent d’une lointaine banlieue de Buenos Aires. Et ildevait prendre le train. Mais, comme il en avait l’habi-tude, il voulut s’arrêter pour prier un moment à lacathédrale, ne serait-ce que quelques minutes devant leSaint-Sacrement. À l’intérieur, il se sentit réconforté parle silence et la fraîcheur contrastant avec la chaleurtorride de cette journée d’été.

Sur le point de sortir, il est abordé par un jeunehomme qui n’avait pas l’air très normal psychiquementet qui lui demande de se confesser. Il dut faire un effortpour dissimuler un geste d’ennui à la pensée du retardque cela impliquait...

« Ce garçon d’à peu près vingt-huit ans parlaitcomme s’il était ivre, mais je pressentis qu’il étaitsans doute sous l’effet d’un traitement psychiatrique,alors moi, le témoin de l’Évangile et qui m’en disl’apôtre, je lui dis : “ À  présent  c’est  impossible,  maisun  prêtre  va  arriver  et  tu  te  confesseras  à  lui,  parce  quej’ ai  quelque  chose  à  faire. ” Je savais bien que leprêtre n’arriverait qu’à 4 heures, mais je me disaisque le garçon étant sous l’effet des médicaments, il nese rendrait pas compte de la durée... Et je sortis toutragaillardi. Mais à peine dehors, je ressentis une

« Toutes les Églises » : l’expression désigne lesÉglises de Paris, de Lyon, de Marseille, de BuenosAires... toutes les Églises dont Rome est l’Église Mèreet Maîtresse. C’est le sens catholique de l’expression.

Mais le pape François lui donne un sens plus large,plus universel : œcuménique.

D’abord, le sens catholique.

« ÉVÊQUE VÊTU DE BLANC » POUR TOUTES LES ÉGLISES.

Qu’est-ce à dire ? Il l’a expliqué aux évêques d’Es-pagne, en leur prêchant les EXERCICES DE SAINT-IGNACE,en 2006, au cours d’une retraite dont le texte parut enfrançais, quelques jours après son élection, sous letitre : “ AMOUR, SERVICE, HUMILITÉ ”, signé Jorge MarioBergoglio, pape François, et sous-titré : “ L’Église  selonle  cœur  du  pape  François ”. Préfacé par le cardinalBarbarin qui ne cache pas son enthousiasme.

Sous ce titre qui rappelle le recueil de fioretti dupape Jean-Paul Ier, “ HUMBLEMENT VÔTRE ”, paru en1978, au lendemain de son élection, on peut lire leportrait idéal de tout évêque, qu’il soit vêtu de violet,ou de rouge s’il est cardinal... “ de blanc ” s’il est Papedonc évêque de Rome.

Et d’abord, « l’évêque est celui qui prend soin del’espérance en veillant pour son peuple ». Quelle espé-rance ? Le cardinal ne le précise pas, mais il invite lesévêques d’Espagne à un véritable examen de consciencecar, dit-il, « le Seigneur nous reproche notre incapacitéà veiller avec lui » (p. 45).

honte terrible et je revins sur mes pas pour dire aupauvre garçon : “ Le  Père  n’arrive  pas  tout  de  suite,  jevais  te  confesser  moi-même. ” »

Puis il l’envoya devant la Sainte Vierge afin qu’il luidemande de le garder... Pensant en même temps que letrain était parti.

« Cependant, à la gare, je m’avisai que le train avaitdu retard et ainsi je pus l’attraper. Au retour, je nerentrai pas directement à la maison, mais j’allais trou-ver mon confesseur parce que ce que j’avais fait mepesait sur le cœur : “ Si  je  ne  me  confesse  pas,  demainje  ne  pourrai  pas  célébrer  la  Messe  dans  cet  état ”. »

Le cardinal continue à s’examiner sévèrement : « Àcette époque, je jouais les Tarzan ! C’était le plein été,le cardinal Quarracino était parti en voyage et, en tantque vicaire général, j’étais chargé du diocèse. Le ma-tin, j’examinai les dossiers à la curie, l’après-midi, jeprenais le train pour donner les Exercices spirituels àdes religieuses. ”

« J’avais un de ces esprits de suffisance ! Je péchaisans m’en rendre compte. Je me disais : “ Vois  comme  tues  bon,  important,  tout  ce  que  tu  arrives  à  faire. ” L’or-gueil me menaçait ! »

D’où son apprentissage de la “ patience ” envers lui-même et envers les autres en pensant à la “ patience ”de Dieu.

« Quand Pierre recommande à ses presbytres : “ Pais-sez  le  troupeau  de  Dieu  qui  vous  est  confié,  veillant  surlui,  non  par  contrainte,  mais  de  bon  gré,  selon  Dieu. ”(1 P 5, 2), cette charge pastorale qu’il leur confie com-prend différentes attitudes spirituelles : superviser, sur-veiller et veiller. » Autant de mots traduisant le verbe grecepiskopein, d’où est dérivé le substantif épiscope, évêque.

Le cardinal continue : « En faisant ces recommanda-tions, Pierre a certainement à l’esprit le souvenir dureproche que le Seigneur lui fit la nuit du début de laPassion : “ Simon,  tu  dors ? ” (Mc 14, 37-38) Le Sei-gneur veut que nous veillions avec Lui. »

Qu’est-ce à dire ?« Cette veille peut revêtir différents aspects.  Super-

viser fait plutôt référence à la surveillance de ladoctrine et des rites dans leurs expressions et leurpratique, alors que  veiller renvoie plus au soin quel’on mettrait à s’assurer qu’il y a du sel et de lalumière dans les cœurs. » (p. 46)

« Du sel » ? Dans le recueil d’entretiens cité plushaut, paru en Argentine sous le titre EL JESUITA (2010),et dont la traduction chez Flammarion est intituléeabusivement, disions-nous, “ JE CROIS EN L’HOMME ”, lesauteurs, journalistes, demandent au cardinal de BuenosAires, au premier chapitre, celui de son “ enfance ” :

«  Vos  parents  jouaient-ils  avec  vous ?– Oui, à la “ brisque ” et à d’autres jeux de cartes.

Comme papa faisait partie du club de basket San

« PRÉSIDER DANS LA CHARITÉ

TOUTES LES ÉGLISES »

Page 5: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 5

UNE religieuse en témoignait en Argentine : « Et surtout i l aime

beaucoup la peti te Thérèse. » El lerevient sous sa plume, surtout dansles grands combats spirituels lorsquel’Esprit du Bien affronte l’esprit duMal. Alors il se tourne vers les com-munautés rel igieuses et leur écrit :« J’ai recours à vous et vous demandeoraison et sacrifices, les deux armesinvincibles qu’avouait détenir la petitesainte Thérèse. » (2010)

D’Argentine nous est parvenu cepetit récit :

Lorsque , encore archevêque deBuenos Aires, i l devait se rendre à

Rome, il avait l ’habitude de s’arrêterpour prier dans la peti te égl ise duLungotevere, toute proche de Saint-Pierre, Sainte-Marie de l’Annonciationdu Borgo.

En octobre 2002, les Frères fran-ciscains de l ’ Immaculée qui sont encharge de cette peti te égl ise com-mencèrent à remarquer la présenced ’un prêtre qui ponctuel lement, à9 heures du matin, priait là dans ungrand recueillement, devant la statuede sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Intrigués, tant par sa ponctualité quepar son attitude empreinte à la fois desimplicité et de dévotion – pour dire :

à la fin de sa prière, i l faisait commele font toutes « les petites vieil les » denos pays, i l touchait la statue etl’embrassait – notre curiosité augmentalorsqu’un de nos frères remarqua lesboutons rouges de sa soutane. Uncardinal ? Mais qui donc pouvait-il être ?L’un d’eux, Fra Anselmo se décida àl’accoster et, depuis, ils devinrent amis.

Et qui sait si, avant le Conclave,notre pape Francesco ne s’est pas arrêtéune fois encore dans la petite églisepour prier auprès de sainte Thérèse ?Et qui sait s’i l n’ y retournera pas ?

Prions sainte Thérèse de l ’ EnfantJésus pour lui !

AVEC FRANÇOIS ET THÉRÈSE SUR LES VOIES DE LA SAINTETÉ

Lorenzo, il nous y emmenait quelquefois. Avec maman,nous écoutions tous les samedis, à 2 heures de l’après-midi, les opéras qui passaient à la radio d’État. Ellenous faisait asseoir autour du poste et avant que celacommence elle nous expliquait de quoi il s’agissait.Quand un morceau important allait commencer, ellenous disait : “ Écoutez bien, c’est un très beau chantmaintenant. ” En vérité, être ainsi tous les trois aînésavec maman chaque samedi, c’était merveilleux !

–  Et  vous  écoutiez  bien ?  Ce  n’est  pas  évident  pourun  enfant  de  se  tenir  attentif  pour  écouter  un  opéra...

– Bueno ! C’est vrai. Quelquefois, en plein milieunous commencions à nous dissiper mais elle maintenaitnotre attention et pendant que la musique se poursuivait,elle continuait ses explications. Dans Otello, elle nousprévenait : “ Écoutez bien, maintenant il va la tuer. ”

Voilà des souvenirs d’enfants [...]. C’est vrai quesurtout je me rappelle papa et maman partageant nosjeux, cuisinant avec nous...

–   Cuisinant ?– Oui, après son cinquième accouchement, maman

fut pendant quelque temps souffrante, mais ensuite ellese remit. Cependant, durant cette période, lorsque nousrentrions du collège nous la trouvions assise en traind’éplucher des pommes de terre et, autour d’elle, toutessortes d’ingrédients. Alors elle nous disait comment ilfallait les mélanger puis les cuire, car nous autres nousn’en avions aucune idée : “ Maintenant, tu mets ceci etcela dans la marmite et encore ceci dans la poêle. ”Elle nous expliquait les choses et ainsi nous avonsappris à faire la cuisine. Nous savons tous faire aumoins les pâtes à la milanaise.

–  Et  maintenant,  vous  faites  encore  la  cuisine ?– Non, je n’ai plus le temps. Mais quand j’étais au

Colegio Maximo de San Miguel, comme le dimanche iln’y avait pas de cuisinière, c’est moi qui faisais lacuisine pour les étudiants.

–  Et  c’était  de  la  bonne  cuisine ?Bueno ! Je n’ai jamais tué personne. »

Voilà comment il a appris son métier d’évêque, quiconsiste à « s’assurer qu’il y a du sel »...

Et c’est vrai qu’il en met dans toutes ses interven-tions, depuis son avènement ! Un sel qui ne semble pasdevoir s’affadir, « et de la lumière dans les cœurs » !Plein de « sel » est l’encouragement à faire face auxdifficultés de la vie, « comme le gardien de but fait faceau ballon » ! Invitation adressée à tous les évêques dumonde à imiter l’évêque de Rome, successeur de Pierre,“ frère ” d’André... C’est le patriarche de Constantinoplequ’il dénomme ainsi, puisque celui-ci se dit successeurde l’apôtre André, frère de Pierre, et appelé en mêmetemps que lui sur les bords du lac de Galilée comme leraconte saint Jean. Et Bartholomeos de se rengorger...

Imiter l’évêque  vêtu  de  blanc, l’évêque de Rome, c’estd’abord mettre de l’ordre dans les finances. La photo dupape François réglant ses frais d’hospitalité à la Maisondu clergé, le 14 mars, a fait le tour du monde. Et sabelle réponse à la secrétaire étonnée est pleine de sous-entendus : « Précisément parce que je suis le Pape, jedois donner l’exemple. » Il a dit « je suis le Pape » !

Père et modèle de son troupeau, comme doit êtrechaque évêque en son diocèse, il en est aussi le chef, àla manière ferme et douce, et modeste, de Jean-Paul Ier,en demandant de nouveau, lors de sa prise de posses-sion de la basilique du Latran, des prières : « Je vousdemande de prier pour moi. N’oubliez pas, j’en aibesoin. Allons de l’avant tous ensemble, le peuple etl’évêque, tous ensemble, dans la joie de la Résurrectionqui nous accompagne toujours. »

Aux évêques d’Espagne, il disait encore ceci :«  Surveil ler est lié au fait d’être attentif à un

danger imminent » (p. 46-47), comme le gardien de but,pour bloquer les attaques du démon qui rôde cherchantqui dévorer (1 P 5, 8), « visant à conduire l’homme àl’incrédulité, à la désespérance, au suicide moral etphysique » (p. 79). Et en enfer, non ? C’est peut-êtresous-entendu, mais il ne le précise pas. Cependant, cedisant, il énonce tous les maux de notre société endécomposition : cette « grande  ville  à  moitié  en  ruine » dugrand “ secret ” de Notre-Dame de Fatima, qu’il a com-mencé à reconstruire en paraissant à son balcon chaquedimanche, pour enseigner la Parole aux 80 000 per-sonnes présentes... et au monde entier suspendu au net.

Page 6: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 6

« Veiller au contraire signifie supporter avec pa-tience les processus par lesquels le Seigneur gère lesalut de son peuple. »

C’est-à-dire le conduit au Ciel, non ? C’est peut-être sous-entendu, mais il ne le précise pas davantage.Il enchaîne :

« Pour  surveiller, il suffit d’être réveillé, astucieux etrapide. Pour  veiller, il faut en plus avoir la mansuétude,la patience et la constance de la charité éprouvée. Poursuperviser, il faut inspecter tout avec soin, sans négligerles détails. Pour  veiller, il faut savoir voir l’essentiel. »

Quel est cet “ essentiel ” ?La première décision majeure du pape François l’indi-

que peut-être, car elle a consisté à nommer le Père JoséRodriguez Carballo, actuel ministre général de l’ordrefranciscain des frères mineurs, cinquante-neuf ans, secré-taire de la Congrégation pour les instituts de vie con-sacrée. Priorité à la vie religieuse pour la résurrection del’Église ! Il n’oublie pas qu’il a commencé sa carrièrecomme maître des novices et provincial des jésuites d’Ar-gentine de 1973 à 1979, les années les plus difficiles,celles des fruits amers du pontificat de Paul VI. Levolumineux ouvrage qui vient de paraître, rassemblant lesLETTRES ET ÉCRITS SPIRITUELS de dom Jean-BaptistePorion, procureur général de la Chartreuse à Rome de1946 à 1981, révèle comment le fer a été porté au cœur del’institution monastique par la “ réforme ” de Vatican II,jusque dans la Chartreuse qui se glorifiait de n’avoirjamais été “ réformée ” parce que jamais “ déformée ”.

Le pape François agit donc bien en Souverain Pontife.

LE  SOUVERAIN  PONTIFE.

LA CROIX ouvre ses colonnes aux orthodoxes pourdonner leurs impressions. « Outre la personnalité duPape, marquée désormais par le nom François, sa ma-nière même de se présenter aux hommes a un sens théolo-gique. Surtout pour les orthodoxes. » (Vladimir Zielinsky,prêtre orthodoxe, dans LA CROIX du mardi 9 avril )

Il ne peut mieux dire. L’abbé de Nantes traçait lesgrandes lignes de ce “ sens théologique ” en 1978, à laveille du pontificat de Jean-Paul Ier qui l’aurait peut-être mis en œuvre avec la même simplicité que le papeFrançois. En effet, écrivait l’abbé de Nantes, « pourretrouver la grande mystique cosmique d’un saint Iré-née, dans les temps modernes, il faut aller chercherloin, en Russie, un inconnu : Vladimir Soloviev. Si sonœuvre immense, puissante, avait été mieux reçue etgoûtée en Occident, nous aurions évité l’engouementpuéril et stérile d’hier pour les chimères impies deTeilhard de Chardin et d’aujourd’hui pour la Gnose dessavants de Princeton ou de monsieur Brzezinski. Entombent d’accord Urs von Balthasar, dont le long cha-pitre sur Soloviev fut pour beaucoup une révélation en1972, et Mgr Rupp auquel je dois toute ma connais-sance du génie qu’il s’est donné la mission de faireconnaître dans l’Église de Vatican II par un livreénorme et magistral, MESSAGE ECCLÉSIAL DE SOLOVIEV(édit. Lethielleux, 1975, 600 pages).

« La sagesse de Soloviev est avant tout une sagessesurnaturelle, inspirée par la conviction de l’Incarnation

du Verbe et fidèlement développée selon toutes les di-mensions nouvelles, prodigieusement étendues, que lessciences modernes ont données à notre monde et à sonhistoire. » (Georges de Nantes, UNE MYSTIQUE POURNOTRE TEMPS, CRC no 131, juillet 1978, p. 6)

Pour sa part, Zielinsky écrit : « Pendant des siècles,l’Église d’Orient de l’autre bout du grand gouffre issudu Schisme a fait à peu près le même reproche à sasœur perdue d’Occident : nous reconnaissons la pri-mauté d’honneur de l’évêque de Rome, telle qu’elles’est formée au début du christianisme, disait-elle, nousvénérons tous les saints Papes du premier millénairequi sont aussi nos saints, mais nous ne pouvons pasaccepter le papisme. »

Qu’entend-il par là ? « Tout d’abord le dogme del’infaillibilité pontificale, le Pape comme chef d’État, lajuridiction immédiate de l’évêque de Rome sur tous lesfidèles et les autres choses de ce genre, en premier lieule style d’exercice du pouvoir. Or, le style fait l’homme,comme on sait. Mais l’homme peut aussi changer leclimat à l’intérieur de l’immuable temple romain. »

Notre Père lisait déjà ce réquisitoire sous la plume deSoloviev « contre l’Occident médiéval et moderne, contrel’Église latine », et il considérait que « la critique acerbe,exagérée sans doute, tournera finalement à une extraordi-naire reconnaissance et exaltation de la Sainte Égliseromaine, de la primauté de Pierre et de la juste, néces-saire et providentielle Théocratie qu’elles ont missiond’étendre au monde entier, victorieusement, jusqu’à lafin des temps. » (CRC no 131, juillet 1978, p. 10)

Comment cela se fera-t-il ? En commençant parreconnaître les défauts des uns et des autres : la passi-vité de l’Orient et la vanité de l’Occident.

« À Byzance, dit finement Soloviev, il y avait plus dethéologiens que de chrétiens. » Il met en évidence « latendance orientale au docétisme, qui efface le caractèrepleinement humain, réel et singulier, de Jésus-Christ Filsde Dieu, dénouant le nœud de l’Incarnation au bénéficedu Dieu inhumain, invisible, inaccessible. Au bout duchemin de l’Orient, logiquement, viendra l’islam ! »

Tandis que « le péché de l’Occident, pour Soloviev,est celui d’une Église qui a tellement cru à l’Incarnationde Dieu dans l’homme qu’elle s’est laissée aller à croirel’homme tout-puissant en sa raison, son droit, son auto-rité, sa politique, en lui-même divin, souverain donc etinfaillible. Jusqu’à en venir à cesser de croire effective-ment en Dieu ! C’est la Légende du Grand Inquisiteur,de son ami Dostoïevski [dont le pape François est unlecteur assidu, comme était l’abbé de Nantes], dont il futlui-même sans doute l’inspirateur. C’est la dernière deses Leçons sur la Théandrie : Les trois tentations del’Église (d’Occident ! ). Pour le dire en deux motspéjoratifs, connus de tous, c’est l’autoritarisme papiste,le cléricalisme, la théocratie romaine, que justementSoloviev critique et réprouve absolument. » (ibid.)

On peut dire que Vatican II, loin d’y porter remède, amis le comble à cet “ autoritarisme ”, sous les règnestyranniques de Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI.Avec ce résultat paradoxal illustré par la crise de la

Page 7: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 7

Curie : non seulement il n’y a plus de « lieu élevé », maisla Cité sainte qu’a traversée le Pape pour se rendre en sacathédrale du Latran est « à  moitié  en  ruine », conformé-ment à la vision prophétique contemplée par Lucie,François et Jacinthe à la Cova da Iria, le 13 juillet 1917,il y aura bientôt cent ans. C’est ce qui a contraint lePape à prendre ses quartiers à la maison Sainte-Marthe !

Et déjà, il a entrepris la réforme de la Curie, ennommant huit cardinaux chargés de la préparer. Déjà, lasecrétairerie d’État, dont notre Père déplorait l’omni-potence, n’est plus au centre de toute l’information et detoutes les décisions. Le Pape a choisi des hommes deconfiance. Le seul Italien, le cardinal Giuseppe Bertello,en charge du gouvernement de l’État de la cité duVatican (qui n’est pas la Curie romaine, mais la cité duVatican), est connu pour son intégrité. Naguère nonceau Mexique, il s’est élevé contre la Curie pour mettrefin aux multiples vies du Père Maciel, fondateur des“ légionnaires du Christ ”. Le cardinal O’Malley, un ca-pucin, archevêque de Boston (États-Unis), a réglé là-basla lutte contre la pédophilie. On compte le cardinalMonsengwo, archevêque de Kinshasa (République dé-mocratique du Congo), le cardinal Pell, archevêque deSydney, en Australie, et, enfin, un cardinal chilien, grandami de François, un Indien, un Allemand inquiétant :l’archevêque de Munich, « Marx », cardinal ReinhardMarx, ça ne s’invente pas ! Polyglotte, le cardinalMaradiaga, du Honduras, est chargé de la coordination.

« Dans son homélie, dimanche soir, à Saint-Paul-hors-les-murs, le pape François a lancé une chasse aux“ idoles ” qui reflète son état d’esprit pour affrontercette réforme titanesque. Il a demandé que les catho-liques se dépouillent de “ beaucoup  d’idoles  petites  etgrandes  que  nous  avons,  et  dans  lesquelles  nous  nousréfugions,  dans  lesquelles  nous  cherchons  et  plaçons  biendes  fois  notre  sécurité.  Ce  sont  des  idoles  que  nous  tenonssouvent  cachées ;  elles  peuvent  être  l’ambition,  le  goût  dusuccès,  le  fait  de  se  mettre  soi-même  au  centre,  la  ten-dance  à  dominer  les  autres,  la  prétention  d’être  les  seulsmaîtres  de  notre  vie. ” ( LE FIGARO du 15 avril 2013)

En un mot comme en cent, François proscrit le“ culte de l’Homme ” cher à Paul VI et à Jean-Paul II.

À l’encontre du “ mondialisme ” marxiste ou tols-toïen, caricature antichrist de l’Église, que l’Esprit deSatan organise, gouverne et étend de jour en jour sur lemonde, le pape François manifeste la puissance mysté-rieuse de l’Église catholique.

Notre Père écrivait en septembre 1978, sous lepontificat de Jean-Paul Ier :

« La renaissance de l’Église sonnera quand elle rede-viendra  l’humble  servante  du  Seigneur, et non plus l’or-gueilleuse  servante - maîtresse  d’un  monde  apostat [selonle Concile]. Quand de nouveau elle s’acceptera femme,vierge, fille unique et chérie de Dieu seul, épouse duVerbe et Temple du Saint-Esprit. Quand elle admirera,d’Orient et d’Occident, comment la puissance divine decet Esprit-Saint qui est son Âme incréée, la fortifie d’unpouvoir viril, vicaire de celui du Christ, dans le Pape deRome et à partir de lui, en communion avec lui, dans lahiérarchie apostolique. Telle est l’âme créée de l’Église,

qui n’a d’autorité que par l’opération de l’Esprit d’Amouren union vitale avec son Époux Jésus-Christ. Beautémâle, puissante et constante qui, au moindre souffle d’unesprit contraire, d’orgueil et d’indépendance, se corrompten tyrannie et n’engendre que la tiédeur et l’apostasie » àlaquelle nous assistons depuis cinquante ans.

« Le prouve assez l’histoire lamentable de tous lesschismes, comme Soloviev le montre du schisme orien-tal, où les églises locales se séparent, où la pensée et laliturgie stagnent, où l’élan missionnaire s’éteint et lasplendide souveraineté de la religion abdique devant lespouvoirs temporels. » Sous l’euphémisme de “ sécula-risation ” : dont le vrai nom est déchristianisation,« l’Esprit fort de l’Homme-Dieu leur manquant, ceséglises sont comme veuves et prostituées. L’Église deRome au contraire possède en elle à jamais cette divineénergie toujours active qui est la marque de l’Esprit-Saint. Force de l’Église romaine, preuve de la fidélitéopérant en elle de son Époux Jésus-Christ ! » (CRCno 133, septembre 1978, p. 14-15) jusqu’au Concile ex-clusivement, jusqu’en 1962.

Nous la voyons renaître en la personne de François.« L’Occident a commis la faute d’accaparer la pa-

pauté, et l’Orient celle de la renier. L’égoïsme a jouédans les deux cas », écrivait Soloviev. Une telle critiquerevient à exalter souverainement l’autorité romaine,observe notre Père :

« Pierre est l’individu auquel s’est uni le divin demanière absolument singulière, pour faire de lui et deses successeurs, le roc constant sur lequel doit s’édifieret se conserver l’humanité divinisée. » Ce pouvoir estde dire infailliblement la vérité, et non pas de pro-clamer la liberté religieuse !

Mais « ce pouvoir unique n’est pas seulement dedire infailliblement la vérité ni d’être la source sacra-mentelle de la vie divine. Il consiste enfin à gouvernerle monde. Et non seulement en vue “ d’unir les hommesavec Dieu, mais encore de créer un ordre socialnouveau ” (Rupp, p. 386). »

“ Théocratie ” selon Soloviev, ou “ Chrétienté ” selonGeorges de Nantes, le pape François évoquait cet ordresocial nouveau à Saint-Paul-hors-les-murs, dimanchedernier, exhortant chacune des brebis de son troupeau,individuellement, personnellement, en la tutoyant ! à uneconversion radicale pour vivre la sainteté « de tous lesjours », afin de créer une « classe moyenne de la sain-teté », comme disait Joseph Malègue. À ce compte, lechristianisme devient une communion, d’un peuple, etnon pas d’une élite ou d’un parti, communion profondede pécheurs et de saints, immense foule où la foi, lavie, la civilisation se transmettent tout ensemble àtravers la famille, la race, la nation...

C’est cette foule immense de toute race, nation,langue, mais pas de toute religion ! que nous voyons lepape François rassembler place Saint-Pierre, à chacunede ses “ apparitions ”, depuis son avènement, au soir du13 mars, la faisant prier, et écouter la “ Parole deDieu ”, et la lui expliquant avec assurance, clarté etsimplicité, et un enthousiasme communicatif.

Page 8: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 8

La maman d’un de nos frères lui écrit, aprèsl’audience générale du mercredi 3 avril où le Pape arepris le cours des catéchèses sur la foi :

« Nous étions si contents de voir l’enthousiasme dufrère Bruno pour le pape François que cette semainej’ai pris le risque d’aller faire un tour sur le NET pourprendre des nouvelles de sa catéchèse. Je suis tombéesur un article au titre inquiétant : “ L’HOMMAGE DU PAPEFRANÇOIS AUX FEMMES ”... et de fait l’article était ten-dancieux, exposant dès le chapeau la question de l’ac-croissement de la place des femmes dans l’Église. Maisquant à la reformulation ou citation des paroles duPape, elle était plutôt réjouissante puisqu’en rappelantque les femmes avaient été les premiers témoins de la

Le cardinal Bergoglio disait naguère aux évêquesespagnols, en 2006 :

« Nous sommes nés à la sainteté dans un corpssaint, celui de notre Sainte Mère l’Église, et c’est dansle fait de nous maintenir avec fermeté à l’intérieur dece corps que se joue notre vocation à être “ saints  etirréprochables  devant  sa  face ”, ainsi que notre féconditéapostolique. » (p. 136)

L’abbé de Nantes s’indignait d’une page de LA FOICHRÉTIENNE HIER ET AUJOURD’HUI, du cardinal Ratzinger,consacrée à “ La  sainte  Église  catholique ”. « Les guille-mets sont de lui, soulignait notre Père. C’est une cita-tion... des autres ; c’est la pensée ingénue, la foi naïvedes autres. Non pas de lui. En effet :

« “ Si  nous  voulons  être  francs,  nous  devons  bienreconnaître  que  nous  sommes  tentés  de  dire  que  l’Églisen’est  ni  sainte  ni  catholique.  Le  deuxième  concile  du  Va-tican  lui-même  en  est  venu  à  ne  plus  parler  simplement  del’Église  sainte,  mais  de  l’Église  pécheresse ;  et  si  l’on  acritiqué  le  Concile  à  ce  sujet... ” La suite, je vous ladonne en mille ! La seule critique que l’on ait puformuler, ou entendre à ce sujet, c’est...? c’est ? Non,vous ne devinerez jamais !

« “ ... cela  a  été  tout  au  plus  pour  lui  reprocher... ”Tentez encore votre chance : reprocher quoi ? d’avoirété bien osé d’insulter sa propre Mère, l’Épouse duChrist ? Non, vous n’y êtes point du tout... “ d’avoir  ététrop  timide  dans  son  affirmation,  tellement  est  fort  aujour-d’hui  dans  notre  conscience  à  tous,  le  sentiment  de  lacondition  pécheresse  de  l’Église.  Il  est  fort  possible  quejoue  également  ici  l’influence  d’une  théologie  luthériennedu  péché,  et  donc  un  présupposé  dogmatique. ”

« Évidemment, pour toutes ces ignominies où il oseparler au nom de “ tous ”, tous les catholiques ! nousnous désolidarisons totalement de lui. Car cela montejusqu’à l’ignominie absolue...

« “ Mais  ce  qui  rend  cette dogmatique ( luthérienne),  siconvaincante (!),  c’est  sa  correspondance  avec  notre  propreexpérience.  Les  siècles  de  l’histoire  de  l’Église  sont  telle-

ment  remplis  de  défaillances  humaines,  que  nous  pouvonscomprendre  l’effroyable  vision  de  Dante,  voyant  la  prosti-tuée  babylonienne  assise  dans  le  char  de  l’Église,  et  quenous  trouvons  concevables  les  paroles  terribles  de  l’évêquede  Paris,  Guillaume  d’Auvergne ( XIII e siècle),  qui  disaitque  tout  homme,  à  la  vue  de  la  dépravation  de  l’Église,devait  se  sentir  glacé  d’horreur : Ce n’est plus une épouse,mais un monstre effrayant, difforme et sauvage... ” (p. 244)

« En note, Ratzinger renvoie au « grand article de HansUrs  von  Balthasar, “ CASTA  MERETRIX ”,  dans (cela ne s’in-vente pas ! dans) SPONSA VERBI, Einsiedeln,  1961. » (note 2)Dans une revue dont le nom est “ ÉPOUSE DU VERBE ”, ungrand article intitulé “ CHASTE  PUTAIN ” ! Ils sont impies,ils sont tous fous. » (CRC no 212, juin 1985, p. 5)

Voici un exemple typique de la façon dont le papeFrançois nous guérit de cette folie ! Grand lecteur luiaussi de von Balthasar, il atténue le blasphème en letraduisant « chaste pécheresse », et tourne aussitôt nosyeux vers « celle qui est sans péché, pure et sanstache », l’Immaculée Conception :

« La sainteté de l’Église se reflète sur le visage deMarie. » Ratzinger n’y a pas pensé ! Réparateur...

François ajoute :« Dans notre jargon clérical, nous plaisantons souvent

avec l’utilisation méticuleuse du terme “ saint ”, et nousdisons, avec un sourire, “ cette sainte maison ”, “ lessaintes coutumes ”. Mais il est vrai aussi que lorsque nousvoulons donner, avec joie, un jugement définitif sur quel-qu’un, et que nous disons : “ Cet homme est un saint ”,nous le faisons en abandonnant nos nombreuses idoles,nous agenouillant devant le mystère de Dieu et de sabonté infinie qui habitent cet homme. »

Par exemple le pape François...« L’amour et la dévotion envers notre Mère l’Église,

c’est l’amour et la dévotion envers chacun de sesenfants en particulier, et nous avons beaucoup de cessaints dans notre Église, nous en rencontrons chaquejour : dans la vie de nos paroisses, au confessionnal,dans la direction spirituelle. Je me demande souvent sila critique acerbe de l’Église, la peine ressentie face à

Résurrection du Christ, François en concluait à l’au-thenticité des Évangiles. Le témoignage des femmesn’étant pas recevable chez les juifs, si le récit avait étéinventé, l’inventeur ne leur aurait pas donné ce rôle.Ça alors, un Pape qui plaide pour l’authenticité desÉvangiles, c’est neuf, non ? [et c’est quotidien : chaquematin, à la Messe de 7 heures à Sainte-Marthe]. Et puis,en continuant l’article, je vois que le Pape “ préconisela  transmission  de  la  foi  par  le  CŒUR  dans  la  relationintime  mère -  enfant ” ; incroyable, pour un peu, ildirait que la dévotion “ transfuse ”, comme notre Père.Aurait-il lu les MÉMOIRES ET RÉCITS ? Ou tout simple-ment, est-ce la marque d’un retour à la vraie foi etvraie transmission de la foi ? » Assurément !

« GUIDER CHACUN AVEC UNE DOUCEUR FERME

SUR LES VOIES DE LA SAINTETÉ. »

Page 9: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 9

ses nombreux péchés, le désespoir qui parfois surgit àson propos, ne viennent pas du fait que nous ne nousnourrissons pas suffisamment de cette proximité avec lasainteté, qui réconcilie, parce qu’elle est la visite deDieu à son peuple. » (p. 137)

La même pensée vient sous la plume de l’abbé deNantes :

« Les plus grands esprits un jour ou l’autre en con-viendront. Avant même d’élaborer une solution techniqueaux problèmes complexes de la justice sociale, et deproposer aux partis un corporatisme ancien ou un syndi-calisme nouveau, il faudra bien d’abord faire appel àcette vertu du peuple qui, en ses masses profondes, n’estpas véritablement gagné par les idéologies matérialistesrivales et demeure chrétien. Le christianisme, ne l’ou-blions pas, même le “ christianisme populaire ”, c’estune foi, une loi, une discipline, un enthousiasme sacréqui seuls peuvent faire renaître dans nos sociétés dislo-quées par les haines sociales, les énergies héroïquesnécessaires au rétablissement de la justice vraie, de lajuste vérité, pravda, dans la communauté fraternelle,sobornost, d’un peuple réconcilié. » (CRC no 132, p. 10)

Ce texte date d’août 1978. Il fait figure de préfaceprémonitoire au pontificat de Jean-Paul Ier inauguré dansla joie universelle le 26 août au soir et brutalementinterrompu le soir du 28 septembre. En trente-trois jours,« ce Pape religieux et ferme dans la foi, si bon, sigracieux, par sa seule apparition avait refait l’unitécordiale du peuple chrétien, sur l’essentiel qui est le cultede Dieu, la foi en lui, la piété personnelle et le labeur desvertus, surtout l’amour fraternel. Et l’Église s’est sentie

En effet, en réponse à la demande adressée à deuxreprises par le Pape au cardinal José Policarpo, patriarchede Lisbonne, les évêques portugais ont décidé de consa-crer le pontificat du pape François à Notre-Dame deFatima le 13 mai prochain, quatre-vingt-seizième anniver-saire de la première apparition de Notre-Dame à Lucie,François et Jacinthe. Cette consécration sera inscrite auprogramme international que présidera le cardinal OraniJoao Tempesta, archevêque de Rio de Janeiro.

Qu’est-ce que « Notre-Dame de Fatima » ? sinon unCœur, le Cœur Immaculé de Marie, manifesté auxvoyants le 13 juin 1917. Le Pape se consacre au CœurImmaculé de Marie par la bouche des évêques duPortugal. Il met ainsi en pratique son propre enseigne-ment aux évêques d’Espagne : « Il nous faut aimer lemystère de fécondité de l’Église comme on aime lemystère de Marie, Vierge et mère. À la lumière de cetamour, aimons le mystère de notre état de serviteursinutiles, avec l’espérance que le Seigneur nous adressecette parole : “ Bon  et  fidèle  serviteur... ” » (p. 140)

« Serviteur inutile », il “ passe la main à l’Immacu-lée ”, comme fit l’abbé de Nantes en 1997 au coursd’un triduum où fut prise « une décision innocente etdouce comme la Colombe, mais dure et tranchante

revivre, délivrée du carcan des nouveautés postcon-ciliaires, de la tyrannie des intellectuels réformistes, desexigences insupportables de l’ouverture au monde. Il étaitdonc si simple d’être catholique ? Le sourire du Papemontrait aussi, prêchait que c’était une joie, un bonheur.Ainsi s’était ressoudée cette alliance immémoriale quenous avions oubliée, entre le Pape et le peuple, hors desincompréhensibles tracasseries du parti réformateur et deson soviet suprême. Et cela ne passera plus : le SouverainPontife de demain saura de quelle immense popularitédispose le Pape pour être le Pasteur de son peuple, àl’encontre de tous les agitateurs et hommes de partis. »(CRC no 134, octobre 1978, éditorial )

Après une parenthèse de trente-cinq ans, le papeFrançois succède à Jean-Paul Ier pour reprendre cetteœuvre de contre-réforme spontanée, prématurément in-terrompue : « L’Église est une mère, elle engendre desenfants avec la force du dépôt de la foi », enseignait-ilaux évêques d’Espagne (p. 139).

Déjà, depuis trente-cinq jours nous nous sentonstous frères, réconciliés par lui dans la ferveur retrouvée,la confiance en Dieu, l’obéissance filiale au PèreCommun. Déjà, nous constatons dans les paroisses, dela part des prêtres, dans la presse catholique, un retournon pas contraint mais spontané, mais joyeux, à la reli-gion toute pure. Sous le signe de la miséricorde et del’arc-en-ciel de l’alliance, qui est la Vierge Notre-Dame,en attente de la consécration de la Russie à son CœurImmaculé et de la pratique des premiers samedis dumois par tous ceux qui lui sont déjà consacrés du seulfait de leur appartenance à l’Église catholique romaine.

CONSÉCRATION AU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE

REINE DE LA MISÉRICORDEcomme l’épée du Seigneur des seigneurs et Roi desrois : celle de placer dorénavant la Sainte Vierge Marieabsolument au-dessus de toutes nos affections de cœur, detoutes nos convictions et pensées , de toutes nos œuvresextérieures et de tous nos désirs.

« Qu’on n’objecte pas l’amour de Dieu lui-même quidevrait de toute manière passer premier et prendre toute laplace. C’est précisément dans le rejet de cette objectionque consiste le caractère nouveau, surprenant, boulever-sant, de cette dévotion qu’enfin je ne boude plus, que jeveux faire mienne parce que c’est ce que notre douxSeigneur et Maître veut et attend de notre génération pourla sauver ! Oui, depuis Grignion de Montfort, depuisNotre-Dame de La Salette, depuis saint Maximilien-Marie Kolbe et depuis Fatima... ce Dieu dont l’Amourinfini se porte de toute éternité sur ELLE, veut enfin quenous commencions par nous consacrer à ELLE si nousvoulons lui plaire à lui en entrant dans ses préférences.Quel Mystère, infiniment sage et sauveur ! »

« Ainsi, je déménage... », confiait-il, comme pourdonner raison à ses adversaires qui le disent méchammentdepuis longtemps, ajoutant : « chez la Sainte Vierge ».Alors cela change tout. Écoutez, c’est sérieux : « Tousnos 150 POINTS sont à réviser et à mettre sur cet axe. Et la

Page 10: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 10

frère Bruno de Jésus-Marie.

restauration catholique de nos espérances ne sera pasaffaire ecclésiastique, ni nationaliste, ni, bien entendu !sociologique, écologique ou partisane, mais de Croisademariale et eucharistique [...]. Ainsi je crois, j’espère etj’aime par Marie, en Marie, pour Marie, que notre trèschéri Père Céleste remplit de sa Toute-Puissance, sefaisant comme son Enfant, pour mieux nous toucher, nousvaincre, nous retourner et nous sauver. » (GEORGES DENANTES, DOCTEUR MYSTIQUE DE LA FOI CATHOLIQUE, p. 423)

Le pape François a une raison tout à fait impérative deconsacrer son ministère au Cœur Immaculé de Marie :c’est à Elle que Dieu a voulu confier « tout l’ordre de lamiséricorde », inscrite dans sa devise : Miserando atqueeligendo. Il a vraiment été élu comme le ministre de lamiséricorde auprès des « pauvres  pécheurs » que noussommes, aux genoux de Sainte Marie, Mère de Dieu :

« Pour moi, se sentir pécheur est une des plus belleschoses qui puissent arriver à une personne, si celal’amène aux ultimes conséquences. Je m’explique : saintAugustin, parlant de la Rédemption, considère le péchéd’Adam et d’Ève puis la Passion et la Résurrection deJésus, commente : “ Heureux  péché  qui  nous  a  valu  pa-reille  Rédemption. ” C’est ce que nous chantons la nuitde Pâques :  Feliz  culpa  feliz  pecado. Quand une per-sonne prend conscience qu’elle est pécheresse et qu’elleest sauvée par Jésus, elle s’avoue cette vérité à elle-même et découvre la perle cachée, le trésor enterré. Elledécouvre ce qui est grand dans la vie : quelqu’un quil’aime profondément et qui a donné sa vie pour elle.

« Selon  vous,  la  perte  du  sentiment  du  péché  rend-elledifficile  la  rencontre  avec  Dieu ?

« Il y a des gens qui se croient justes qui, d’unecertaine manière, acceptent l’enseignement, la foi chré-tienne, mais n’ont pas l’expérience d’avoir été sauvés.Une chose est qu’on vous raconte l’histoire d’un enfantqui se noyait dans la rivière et que quelqu’un a retiré del’eau, autre chose est de voir la chose, autre choseencore est être cet enfant qui se noyait et qui a été sauvé.

« Il y a des personnes qui ne veulent ni voir ni savoirrien sur cet enfant qui se noie, ils prennent la tangente,ils s’échappent et alors ils n’ont pas l’expérience de cesalut. Je crois que seuls, grands pécheurs, nous avonscette grâce et je dis souvent que l’unique gloire que nousayons est, comme dit saint Paul, d’être pécheurs [...].

« Pour moi, le péché n’est pas une tache que je doislaver. Ce que je dois faire, c’est demander pardon et meréconcilier et non d’aller à la teinturerie du Japonais aucoin de ma rue. De toute manière, je dois rencontrer Jésusqui a donné sa vie pour moi. Autrement dit : le péchéassumé avec droiture est le lieu privilégié de la rencontrepersonnelle avec Jésus-Christ Sauveur, la découverte dusentiment profond que Lui éprouve envers moi. Enfin,c’est la possibilité de vivre le choc d’avoir été sauvé. »

Sous un tel Pontife, nous allons peut-être guérir duformidable orgueil de la Personne humaine, libre, auto-nome, indépendante ( PHLAI ), fabriquée par le concileVatican II et sa “ liberté religieuse ”. Dont le successeurde Mgr Lefebvre offre un “ cas ” clinique.

Mgr Fellay, qui “ dialogue ” avec Rome depuis plus detrois ans, d’égal à égal, a annoncé le 16 avril “ URBI ET

ORBI ”, titre de sa LETTRE AUX AMIS ET BIENFAITEURS, que« la situation de l’Église reste quasi inchangée »... puis-que la normalisation canonique de la Fraternité sacerdo-tale Saint-Pie-X (FSSPX) n’est toujours pas réglée !

Il s’est attiré la cinglante réponse du Pape le jourmême, 16 avril, dans l’homélie de la messe qu’il célé-brait en la chapelle de Sainte-Marthe, à l’intention deBenoît XVI dont c’était le 86e anniversaire. Commen-tant la première lecture du jour, où Étienne fustige leSanhédrin : « Hommes  à  la  tête  dure,  depuis  toujours  vousrésistez  à  l’Esprit-Saint », le pape François en fait l’ap-plication à ces « entêtés » disciples de Mgr Lefebvre.« Cela s’appelle être “ sot et lent de cœur ”. » Où semanifeste la miséricorde de François, car c’est le moinsqu’on puisse dire ! Certes ; Mgr Fellay « se garde detoute attaque directe contre le nouveau pape Fran-çois », précise la LETTRE URBI ET ORBI (sic ! ). Mais c’estpire. Ce chantage équivaut à rompre la communionavec Rome, c’est-à-dire avec François, évêque deRome, évêque vêtu de blanc, évêque du Cœur de Marie.C’est vraiment le péché contre l’Esprit-Saint !

Du coup, le Pape identifie son œuvre présente aveccelle du Concile, mais c’est bien la première fois.Depuis un mois, nous n’entendions plus parler que deculte de Dieu, de la Vierge et des saints, point de cultede l’homme !

Lorsque les journalistes intitulent leur bouquin “ JECROIS EN L’HOMME ”, ils nous trompent. Car, après avoirdit cela, le cardinal a aussitôt ajouté : « Je ne dis pasqu’il est bon ou mauvais. » Contredisant par là le natu-ralisme de Paul VI : « La paix est possible, parce que leshommes, au fond, sont bons. » (1er janvier 1968)

Depuis son avènement, le pape François ne cesse demarteler : « Sans  la  grâce,  nous  ne  pouvons  rien  faire. »

Il n’y a donc pas de “ dialogue ” à instaurer, mais àentrer joyeusement dans ce grand mouvement de réconci-liation entre frères et sœurs, enfants de l’Église catholiqueromaine, qui ne pourra aboutir sans que se fasse la vérité :l’abbé de Nantes, notre Père, a accusé le concile Va-tican II et les papes Paul VI et Jean-Paul II, d’hérésie, deschisme et de scandale. Il a pu se tromper. Il n’était pasinfaillible. Le Pape seul est infaillible, et tranchera.

Mais François a peut-être d’autres urgences. Sachantque notre Père avait “ passé la main ” à l’Immaculée, et quele Pape fait de même en consacrant son pontificat à Notre-Dame de Fatima. Le 15 avril, la veille du jour où il recevaitl’insolent message de Mgr Fellay : « En ces temps de turbu-lence  spirituelle,  le  lieu  le  plus  sûr  est  sous  le  manteau  de  laVierge », a-t-il déclaré dans son homélie, à Sainte-Marthe.Si nous avons quelque chose à demander en urgence, sousforme de supplique respectueuse, c’est l’accomplissementdes deux demandes de la Sainte Vierge, qui sont sûrementdu Saint-Esprit : que le Saint-Père fasse et ordonne auxévêques du monde catholique de faire la consécration dela Russie au Cœur Immaculé de Marie, pour obtenir lapaix du monde si menacée, et qu’il approuve et recom-mande au peuple chrétien la pratique des premiers sa-medis du mois, pour le salut éternel de son troupeau,dont nous voulons demeurer les brebis fidèles et obéis-santes. Ainsi soit-il !

Page 11: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 11

UN pèlerinage CRC, ce n’est pas seulement un exercice de piété ou de charité fraternelle, c’est

aussi une manière de communier intimement audessein de Dieu, à ses manifestations dans l’histoirede notre pays, cette sainte et douce France avec qui ilest en alliance depuis si longtemps puisqu’il a donnéce royaume en apanage à son Fils ainsi qu’à sa divineMère. C’est dans cette lumière immense de la divineorthodromie, que nos frères Bruno et Thomas nous ontfait marcher durant ce pèlerinage en terre sainte d’An-jou sur les traces de nos saints martyrs vendéens...

Le sanglant holocauste de ces catholiques de toutesconditions et de tous âges, cruellement immolés par laRépublique au nom de la liberté et des droits del’homme, resterait encore aujourd’hui caché, sansfruit ; il se résumerait à un triste mystère de mort,comme tant d’autres dans l’histoire, sans autre résur-rection que culturelle, froide et sans cœur, si d’autrestémoins ne s’étaient levés pour redonner vie à ces“ ossements desséchés ” (Ez 37, 2-11), courage à cette“ grande et immense armée ”, dont nous sommes fiersd’être les héritiers. Grâce à eux, et même si noussommes toujours dans les malheurs de la grande apos-tasie, nous ne pouvons plus dire que “ notre espéranceest détruite et que c’en est fait de nous ”.

Pour faire comprendre à nos amis que la résurrec-tion de la France et de l’Église, partant le salut dumonde entier, était non seulement à l’œuvre depuistoujours mais qu’elle était en passe de s’accomplir,nos frères Bruno et Thomas firent appel à troistémoins : notre bienheureux Père avec, à ses côtés,son âme sœur ne faisant qu’un avec lui, la bienheu-reuse Marie du Divin Cœur ; puis Mgr Freppel sonprécurseur et alter ego au dix-neuvième siècle, sansoublier, ô merveilleuse surprise dont frère Bruno sefera le héraut enthousiaste ! celui-là même que notrebien-aimé Père avait vu briller au plus profond de sanuit, le salut de l’église et du monde en personne,notre bon pape François. C’est donc un véritable tré-sor de circumincessante charité qui va se dévoilerpeu à peu au cœur de nos trois cents amis, tout aulong des instructions et visites de ce pèlerinage en-trepris avec une allégresse semblable à celle despauvres de Yahweh se rendant à Jérusalem, ou denos pères se rendant à Paray-le-Monial sous la hou-

lette du général de Sonis, ou encore à Lourdes avecle Père Marie-Antoine.

La douceur angevine était au rendez-vous, belle etaccueillante malgré le froid vif, en la riche palette desverts tendres de ses forêts. C’est que la nature était enretard cette année, comme l’Église d’ailleurs aprèscinquante ans de Concile, mais l’une comme l’autren’avaient de cesse de le combler : « l’hiver étaitpassé » (Ct 2, 11).

Mais était-il bien fini ? Car enfin, si Saint-Florent-le-Vieil a gardé le souvenir de ses martyrs, tourismeoblige, on voit bien que du côté des pouvoirs publics,ou de l’Église en son haut clergé, le cœur n’y est pasou si peu, l’argent non plus par conséquent. Si le« pays légal » en fait le moins possible, les effortsdu « pays réel » pour sauvegarder la mémoire denos martyrs n’en est que plus méritoire, tels ceux deM. de Dreuzy qui entretient, vaille que vaille, avec sipeu de moyens, le musée des guerres de Vendée.

C’est par sa visite que débuta notre pèlerinage enmilieu d’après-midi, d’une manière un peu informelle,en attendant l’arrivée de nos pèlerins. C’est un “ ba-zar ” d’objets de dévotion en tout genre, dont certainstouchants : une veste de Vendéen, avec les boutonstaillés dans l’os, caractéristiques des Mauges, et quivient de servir à authentifier un charnier au Mans,autre “ champ des martyrs ”. On y a retrouvé quantitéd’ossements d’une population jeune, dit M. de Dreuzy,de femmes et d’enfants en majorité, certainement de la“ virée de Galerne ”. Le crâne d’une jeune femmeporte la marque de six coups de sabre... De quoi haïrun peu plus, s’il était possible ! cette maudite républi-que, et nous plonger dans la dévotion au Sacré-Cœurque ces “ blancs ” avaient dans le cœur, indéracinable,“ usque ad mortem ”.

Mais le plus triste est la presque totale absence deculte public pour ces martyrs, nos saints martyrs dechez nous ! Sans ce M. de Dreuzy, il n’y aurait nimusée ni champ des martyrs au Marillais...

Nous fîmes ensuite une entrée grandiose et solen-nelle dans le magnifique chœur surélevé de l’abbatialede saint Florent, afin d’entendre notre frère Thomasouvrir officiellement le pèlerinage. C’est lui qui devaitnous “ remonter le moral ”, et notre frère Bruno plusencore à sa suite.

PÈLERINAGE CRC EN ANJOUSUR LES TRACES DES SAINTS MARTYRS VENDÉENS,

DE MGR FREPPEL,DE LA BIENHEUREUSE MARIE DU DIVIN CŒUR,

SOUS LA HOULETTE DU PAPE FRANÇOIS.

(suite, p. 13)

Page 12: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 12

APRÈS avoir regardé la pièce sur Cathelineau que nos

jeunes gens de la Permanenceavaient jouée en son honneur,pour l’Épiphanie 2002, et dont lerécit que nous venons d’entendrereprend les grandes lignes, notrePère nous disait tout ému : « Cettepièce  met  en  scène  ce  que  nous  vivonstous  les  jours.  Cela  nous  parle  dupassé...  mais  aussi  de  l’avenir,  peut-être ?  Et  nous  portons  sur  la  poitrinele  même  insigne  qu’eux !  Continuonsainsi,  car  la  France  et  l’Église  seréveilleront  infailliblement :  Jésus  etMarie  le  veulent.  Il  suffit  que  nousn’abandonnions pas en route. Ne soyonspas  des  lâches,  mais  des  instruments  dece  triomphe.  Après,  ce  sera  le  Ciel,  laVierge  Marie  l’a  dit ! »

Nous sommes ici près du tom-beau de Cathelineau, mort àSaint-Florent-le-Vieil comme unsaint, le 14 juillet 1793, dans lamaison en face de la chapelle,aujourd’hui maison paroissiale.La République ne voulut jamaislui donner de sépulture officielle,il fallut le dévouement du comtede Quatrebarbes, grand ami deMgr Freppel, pour lui édifier,dans cette chapelle privée, untombeau. On parla d’ouvrir sonprocès de béatification à la findu dix-neuvième siècle, et MgrLuçon, le futur cardinal, disaitmême en 1896, en comparant lesVendéens de 1793 aux Macca-bées de la Bible, qu’il était ur-gent et nécessaire « d’honorer cehéros-martyr qui a levé l’éten-dard de la guerre sainte et enqui se personnifie la Vendée,armée pour la défense de sesautels... La voix populaire l’aproclamé depuis longtemps “ lesaint de l’Anjou ”. Plaise à la divineProvidence de consacrer un jouren sa personne, par l’oracle del’Église, comme elle a fait pourla libératrice de la France, undes plus beaux modèles de l’hé-

roïsme se dévouant  pro  aris,  regeet  focis. » Mais c’était l’heure dufuneste ralliement, et jamais cettecause n’aboutit...

Auprès du héros vendéen, re-pose son fils, Jacques-Joseph deCathelineau, la famille ayant étéanoblie sous la Restauration.Quand le duc d’Angoulême vintà Saint-Florent, en 1816, Jacques-Joseph fut remarqué et enrôlédans le régiment de la garderoyale, dont il devint le porte-drapeau. On l’appelait “ le saintde la Garde ”, tellement sesmœurs étaient pures. Son nométait inscrit dans la confrériemilitaire de Notre -Dame desVictoires, fondée en 1821 avecl’intention de se sanctifier et de« refaire une France chrétiennesous la puissante protection deMarie ». Chaque année, quandson temps de service était ter-miné, il faisait à pied le trajet deParis à Beaupréau, où vivaient safemme et ses cinq enfants, afind’économiser les frais de voiture.

En 1827, il assista à l’inaugu-ration du monument en l’honneurde son père au Pin-en-Mauges,et prononça à cette occasion cesparoles touchantes qu’il adressaità son père : « C’est de toi quej’apprendrai à combattre, à suc-comber s’il le faut, avec la croixdu martyre et l’épée de la fidé-lité. » Paroles prophétiques quine tardèrent pas à se réaliser,puisque, en 1830, ayant refusé deprêter serment à Louis-Philippe,le “ roi des barricades ”, il revintau pays pour participer deux ansaprès au soulèvement de la du-chesse de Berry.

Le 27 mai 1832, alors qu’ilétait caché avec des amis dans lamétairie de la Chaperonnière, ilsfurent cernés par une troupe desoldats. Entendant qu’on torturaitle brave paysan qui le cachait,il résolut de se rendre. Sortant

de son réduit, il s’écria : « Netirez pas, nous nous rendons.– Feu ! » commanda le lieutenantde gendarmerie Régnier. Lessoldats hésitaient. Alors l’officier,saisissant un fusil des mains d’unsoldat, tira à bout portant. Cathe-lineau s’écroula, mort. Mais leplus beau, le plus caractéristiqueaussi de l’âme de nos Vendéens,fut que quelques jours après, lesdeux fils de Cathelineau, Honoréet Henri, reconnurent le meurtrierde leur père. Il était à portée defusil. Honoré leva aussitôt sonarme, mais Henri l’arrêta : « Aunom de Dieu, pardonnons-lui. »Et d’un commun accord, ils lelaissèrent aller.

On retrouvera cet Henri deCathelineau en 1870 à la têted’un corps de volontaires pourse battre et défendre la Franceaux côtés des anciens zouavespontificaux, avec la bénédictionde Mgr Freppel. Ce petit-fils du“ saint de l’Anjou ” disait, pourjustifier son légitimisme, son at-tachement au comte de Cham-bord : « Ma foi politique est insé-parable de ma foi religieuse. Ladevise de mes aïeux est :  Dieu  etle  Roi. Mon blason : un étendardportant le Sacré-Cœur. Je reste-rai fidèle à Dieu. Fidèle aussi àmon Roi : lui seul peut assurer laliberté dans le bien, lui seul peutguérir et sauver la France. »

Telle est cette belle lignée defrancs catholiques royalistes, dontnotre Père nous a fait les hé-ritiers heureux et fiers ! et quipar leur piété et leur générosité,leur « endurance au service descauses apparemment perdues »,leur martyre enfin, ont mérité lesalut de la France, qui adviendrasûrement à l’heure de Dieu etdu Cœur Immaculé de Marie,comme la suite obligée et lecomplément nécessaire à la ré-surrection de l’Église !

SAINT-FLORENT-LE-VIEIL AUPRÈS DU TOMBEAU DE CATHELINEAU

Page 13: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 13

LA DÉVOTION AU SACRÉ-CŒUR,ORTHODROMIE DE DOUCE, SAINTE FRANCE

« Cette belle abbatiale de Saint-Florent-le-Vieil,avant d’être un haut lieu des guerres de Vendée, fut undes premiers foyers d’évangélisation de notre douce etsainte France, quand elle voyait se répandre sur elleles rayons d’une lumière nouvelle : la foi en Jésus-Christ Fils de Dieu. Saint Florent, le fondateur del’abbaye, était un disciple de saint Martin et, commelui, originaire de Pannonie. Son frère Florianus ayantété martyrisé sous l’empereur arien Constance Au-guste, Florentius quitta l’armée et vint à Ligugé semettre à l’école de Martin, le grand convertisseur desGaules. Rejoint par Maurille, milanais de naissance etfils du gouverneur de la Gaule cisalpine, qui avait toutquitté pour se faire ermite, saint Martin les envoyabientôt tous deux évangéliser ces pays de Loire quenous allons parcourir pendant deux jours. Saint Florents’établit ici même, sur le mont Glonne, tandis quesaint Maurille construisait son ermitage plus en amont,à Chalonnes, avant de devenir, par acclamation popu-laire, évêque d’Angers.

« Vie de prière et travaux de défrichement, évangé-lisation conçue comme une campagne militaire, car lesmystiques sont des réalistes, lutte à coups de miraclescontre le démon et le paganisme des campagnes...Nous sommes ici aux fondations de notre France chré-tienne, quand un grand saint et ses disciples instau-raient la civilisation chrétienne sur les ruines de l’Em-pire romain, pour quinze siècles ! »

MGR  FREPPEL,  ÉVÊQUE  DE  NOTRE-DAME  ANGEVINE.

Si tout ce bien put se faire et se renouveler sanscesse, de génération en génération pour ainsi dire,c’est parce que « la Sainte Vierge était là aussi »,bonne première et perpétuel secours de ses apôtres, deses chevaliers, de ses braves paysans et jusqu’au roien personne, comme l’atteste les nombreux sanctuairesconstruits en son honneur. On en compte pas moins devingt-sept en Anjou.

Aussi, lorsque Mgr Freppel devint évêque d’Angersen 1870, il prit tout de suite à cœur de les restaurerafin d’y raviver et entretenir la ferveur de ses diocé-sains. Le 15 septembre 1873, il rassemblait une foulede cinquante mille personnes au Marillais, et il leuradressait une homélie demeurée célèbre. Écoutons-lenous raconter quand et comment tout a commencéentre l’Anjou et la Vierge Marie :

« Un jour de 430, l’évêque saint Maurille vintrendre visite à ses frères, les moines du montGlonne. Descendu au pied du coteau pour prier dansla solitude, “ il se vit tout à coup entouré d’une lu-mière céleste. C’était la Très Sainte Vierge, tenant enses bras son divin Enfant, qui daignait lui apparaîtredans un léart ou peuplier. Elle dit à son dévot servi-teur que  la  volonté  de  Dieu  et  le  bon  plaisir  de  son  Filsétaient  qu’il  établît  en  son  diocèse  une  fête  solennelle  du

jour  de  sa  sainte  naissance,  le  8  de  septembre. ” C’esten Anjou que cette fête a commencé à être célébrée[et c’est ainsi que le lieu où était apparu la beata Mariade Maurillio est devenu le Marillais]. Aussi de touttemps et maintenant encore, elle est appelée LA FÊTEANGEVINE.

« C’est le Marillais qui a été le berceau et le pointde départ de cette dévotion singulière des fidèles del’Anjou envers Celle qu’ils peuvent appeler, à un titrespécial, leur souveraine et leur patronne !

« Notre-Dame de Béhuard, Notre-Dame du Ron-ceray, Notre-Dame-sous-terre, le Puy Notre-Dame,Notre-Dame du Chêne, Notre-Dame des Ardilliers,Notre-Dame des Gardes, tous ces lieux de pèlerinagesantiques et renommés ne sont qu’autant de rayonsémanés du centre merveilleux de lumière et de grâceque Dieu avait établi sur ce point de la France ! Oui,c’est du Marillais qu’est parti, au cinquième siècle, cegrand rassemblement de foi et de piété [...].

« Avec nos pères, répétons dans un même esprit deconfiance en la Très Sainte Vierge :  Maria  illic  est[autre origine possible du nom Marillais]. Oui vraiment,Marie est là. Elle est là dans ce sanctuaire qu’elles’est choisi, comme elle y était pendant les invasionsbarbares, obtenant de son Fils la conversion de cesfarouches conquérants à la foi évangélique et aux ver-tus chrétiennes. Elle était là comme elle y était quandCharlemagne, vainqueur du paganisme, lui élevait unsanctuaire en témoignage de sa piété et de sa recon-naissance. Elle est là, comme elle y était, lorsque,devant les incursions des Normands, vos ancêtres cher-chaient au pied de son autel un refuge et une consola-tion. Elle est là,  Maria  illic  est, comme elle y étaitdans les siècles de foi, quand les Croisés, ces pèlerins-soldats, venaient s’agenouiller sur le pavé de son tem-ple pour la prier de bénir leurs armes ; ou bien quel’on accourait, jusque du fond de l’Allemagne et del’Angleterre, implorer la protection de Notre-Damel’Angevine. »

Quand les Anglais vinrent lui rendre hommage,Notre-Dame Angevine n’y trouva rien à redire, maisquand ils voulurent s’installer dans son pays au méprisdu droit et de la volonté de Dieu, cela, elle ne putl’accepter. Et nous voici au siècle de la grande gestede sainte Jeanne d’Arc sur la terre, comme au Cield’où monsieur saint Michel et mesdames Catherine etMarguerite ne lui ménagèrent pas leur aide ; mais tous,au Ciel comme sur la terre, aux ordres de Jésus etMarie, comme le bel étendard de Jeanne le proclamaitfièrement. Si Notre-Dame de Rocamadour fut sollicitée(cf. IL EST RESSUSCITÉ no 125, février 2013, p. 35) pourassurer la reconquête du royaume, c’est sous l’égided’une Vierge angevine, Notre-Dame de Béhuard, quele fils de Charles VII, Louis XI, un de nos meilleursrois, rusé comme le serpent mais pur de sa dévotion àla Sainte Vierge, rattacha définitivement l’Anjou à lacouronne de France.

(suite, p. 15)

Page 14: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 14

NOUS retrouvons ici notre saint Maurille qui, au dé-

but du cinquième siècle, érigeasur ce rocher volcanique, surgidu milieu des flots de la Loire ily a des millions d’années, unpetit oratoire avec une statue dela Vierge en l’honneur de sa Nati-vité, 8 septembre, fête angevinepar excellence ! en remplacementd’une divinité païenne vouée à laprotection des mariniers. Le con-cile d’Éphèse (431) venait de pro-clamer Marie «  Mère  de  notre  Dieuet  Seigneur  Jésus - Christ ». L’îleprit donc le nom d’ “ île Sainte-Marie ”.

Au onzième siècle, un chevalierbreton, du nom de Buhard, reçutcette île des mains du comte d’An-jou, en récompense de ses bonsservices. Il restaura l’antique ora-toire et, voulant finir ses jours àl’abbaye Saint-Nicolas d’Angers,en fit don au Père abbé. C’estainsi que les moines conservèrentla garde et l’entretien du sanc-tuaire jusqu’à la Révolution. Pen-dant tout le Moyen Âge, riverainset pèlerins venus de tous les ho-rizons accoururent pour prier au« rocher de la Vierge ». La guerrede Cent Ans ne tarit pas le flot,l’augmenta même, tant était grandela pitié du royaume de France.

Un jour de printemps 1429,plusieurs embarcations quittent lacité d’Angers. Se dirigeant avecdévotion, comme jadis celle del’évêque Maurille, vers l’île deBéhuard, elles transportent Maried’Anjou, l’épouse du dauphinCharles et sœur du roi René, et lepetit dauphin Louis, âgé de sixans, ainsi que leur suite. Aprèsavoir gravi les quelques marchescreusées dans le roc, ils s’age-nouillent aux pieds de la Vierge àl’Enfant et la supplient pour l’ave-nir du royaume des lys. « Gentildauphin, qu’adviendra-t-il, se tour-mente la future reine, si la ViergeMarie n’accorde sa protection etn’obtient de son Fils Jésus, géné-reuse bienveillance ? – AVE MARIA,AVE MARIA. – Jadis, vous avez

délivré le royaume de la fureur desNormands. En ce jour, voyez lagrande misère du royaume ! – AVEMARIA. » Quelques jours plus tard,à Chinon, Jeanne arrivait desMarches de Lorraine, apportant lesecours du Ciel...

Quelques années plus tard, leVendredi saint de l’an 1443, lemême dauphin Louis, fier de sesvingt ans, prend place dans unebarque sur la rivière de Charente ;prise dans un remous, elle chavire.Il se souvient... et s’écrie : « Sij’en sors sain et sauf, je bâtiraiune chapelle, au rocher de laVierge de Béhuard. » Notre futurLouis XI mettra quelque temps àaccomplir son vœu, mais devenuroi, c’est lui qui donnera l’ordrede reconstruire la chapelle, dansl’état où elle est parvenue jusqu’ànous [vous verrez le portrait du roià l’intérieur, il porte le collier del’ordre de Saint-Michel qu’il avaitcréé ]. Il viendra quinze fois enpèlerinage à Béhuard, descendantau “ logis du Roy ” au pied dusanctuaire.

Comme il eut fort à faire pourpacifier son royaume et qu’il avaitune grande dévotion pour la SainteVierge, – il parlait d’Elle commesa “ Maîtresse et grant amie ”,assurant : « Elle nous a toujoursimparti, en toutes affaires, sonaide et sa direction. » – c’est ici,à Béhuard, qu’il ordonna la récita-tion de l’Angélus de midi, avecpour intention principale : la paix.Une cloche en perpétue le souve-nir dans le chœur du sanctuaire.Vous remarquerez aussi des chaî-nes, ex-voto d’un galérien libérédes prisons barbaresques au dix-huitième siècle. Et bien sûr, c’estnotre Mgr Freppel qui redonna vieà ce sanctuaire. La grandiose fêtequi se déroula ici le 8 septembre1873 est restée dans toutes lesmémoires (frère Pascal en parledans son livre, t. II, p. 128).

Mais nous retiendrons ce soir lesouvenir de cet Angélus de la paix,sachant que le don divin de la paixa été confié en nos temps d’apo-

calypse au Cœur Immaculé deMarie. Notre Père écrivait à laNoël 1967 : « J’ai de fermesraisons de croire que cette annéede l’apostasie qui va vers sa finsera aussi l’an I de la Contre-Réforme. Un immense travail nousattend, au-dessus des forces hu-maines tandis que des périls immi-nents guettent nos patries... Leréseau, vraiment catholique, denotre famille spirituelle doit êtred’abord un réseau de prières.

« Eh bien ! je vous propose,comme nos Pères le firent plusinstamment aux temps des grandescalamités, de réciter le matin, àmidi et le soir, l’ANGELUS DOMINI.C’est Louis XI déjà qui en fit uneobligation aux fidèles de sonroyaume, en 1472, pour la paix :“ On vous fait assavoir que nostresaint père le pape à la requeste duroy, nostre sire, a donné et octroiéà tous ceulx et celles qui, parchacun jour environ heure demidy, au son de la cloche qui lorssonnera, diront dévotement  troisAve  Maria, en priant Dieu pour lapaix et union du royaulme, troiscents jours de pardon et indul-gence pour chacun jour, et senomme l’Ave  Maria  de  la  Paix. ”

« C’est en 1509 que le prieur dela Grande Chartreuse, FrançoisDupuy, en fixa la pratique uni-forme et ordonna, pour toutes lesmaisons de l’Ordre, les trois son-neries de cloche du matin, de midiet du soir. Luther, dans l’ombre,méditait déjà son triste projet ! Autemps où l’Antichrist, peut-être,s’apprête à partir en guerre contrela Sainte Église, récitons l’ANGÉ-LUS. » (CRC no 3, Noël 1967)

Mais notre Père ne se contentapas d’inviter sa petite “ famillespirituelle ” à réciter l’ANGÉLUSpour rester fidèle au milieu despérils : de son cœur mystique deDocteur de la foi catholique jaillitune admirable méditation que nousécouterons aux pieds du Saint-Sacrement et de la Sainte Viergequand nous serons parvenus à l’in-térieur du sanctuaire.

NOTRE-DAME DE BÉHUARD, AU PÉRIL DES FLOTS

Page 15: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 15

Nous étions là à une période charnière de l’ortho-dromie de Sainte France car tout cet “ admirablecommerce ” entre Ciel et terre n’avait d’autre but quede nous faire connaître, en Nom Dieu, une grande etbonne nouvelle, celle de l’absolue vérité de la reli-gion royale. Notre frère Thomas s’en fit le hérautenthousiaste.

LE  CHRIST  JÉSUS,  «  VRAI  ROI  DE  FRANCE ».

« Parole du Seigneur ou de sainte Jeanne d’Arc,c’est tout un, et c’est assez dire qu’il s’agit là d’unevérité historique :

« Le  royaume  ne  regardait  pas  le  Dauphin,  mais  monSeigneur.  Néanmoins,  mon  Seigneur  veut  que  le  Dauphindevienne  roi  et  qu’il  ait  le  royaume  en  commende. »

« À la veille de la révolte protestante, de ses sacca-ges et de ses guerres, nous avons ici en Anjou untémoignage sculptural de cette religion royale dans lachapelle du château de la Bourgonnière. C’est un trèsbeau retable datant du début du seizième siècle avecun Christ ceint de la couronne de France, à la foiscrucifié et glorieux. Les bras largement tendus, le vi-sage royal, d’une sérénité rayonnante. Le fond du reta-ble est doré et peint. En haut, deux anges apportent duCiel l’un la colonne de la flagellation, l’autre la cou-ronne d’épines. En bas, Charlemagne et Saint Louisentourent Notre-Seigneur. Comme l’écrit notre Père :“ Une foi, une loi, un roi ! ” Heureuse France qui jouitd’une parfaite unité de croyance, de mœurs et degouvernement !... Encore faut-il qu’elle demeure fidèleà l’alliance divine, à ce pacte de Reims que Jeannetenait resserré dans son inoubliable et exigeante de-vise : “ Dieu premier servi ”. Messire Dieu, qui est“ Jésus, fils de sainte Marie ” et vrai roi de France. »(cf. CRC no 198, p. 31)

AU PÉRIL DES DERNIERS TEMPS,LE SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS PARAÎT

Les derniers temps de l’Église, ceux durant les-quels il est écrit que l’ennemi du genre humain sem-blera l’emporter, notre Père les fait débuter en 1517par la révolte de Luther et de Calvin. Ces prétendusréformateurs de l’Église vont répandre, dans les mon-des germanique et anglo-saxon, leur christianisme sé-cularisé ; desséché et desséchant, il va s’imposer par laviolence et le culte de l’argent. Notre Père décrit trèsbien le nouvel ordre mondial qui se met progres-sivement en place : « Désormais l’œuvre spirituelle duChrist qui est l’Église et l’œuvre temporelle del’Église qui est la Chrétienté romaine et son bras mortla Chrétienté orientale, sont, non plus entourées depeuples barbares et musulmans à conquérir ou à déli-vrer, mais serrées de toutes parts de chrétiens devenusennemis, qui ne peuvent trouver de repos dans leurreligion et de justification dans leur schisme qu’auprix de la totale destruction de l’Église et de la Chré-tienté... » (CRC no 96, septembre 1975, p. 3)

Au seizième siècle, tandis que la France s’enlisedans de sanglantes guerres de religion, par la faute duroi François Ier puis de Catherine de Médicis, c’est lacatholique Espagne et, dans son sillage, le Portugalqui vont s’opposer victorieusement à l’hérésie et êtrele fer de lance de la Contre-Réforme initiée par leconcile de Trente et le pape saint Pie V. On assistealors à une prodigieuse renaissance dont on peut dire,sans léser les autres ordres religieux, qu’elle s’incarnedans la Compagnie de Jésus fondée par saint Ignacede Loyola en 1534.

Les jésuites seront treize mille en 1615, à l’orée dugrand siècle de la renaissance catholique française,c’est une phalange dont le Sacré-Cœur va bientôt vou-loir se servir pour répandre son culte. En attendant, leroi Louis XIII prépare les voies au Divin Cœur enconsacrant la France à la Sainte Vierge en 1638, à lasuite de victoires militaires, mais surtout pour remer-cier le Ciel de la conception miraculeuse de son filspremier-né, Louis Dieudonné, le futur Louis XIV.

Tandis que dans le monde, les nations de proieprotestantes montent en puissance, que la religion ré-formée fait école chez les catholiques par le biais del’hérésie janséniste, Dieu va intervenir dans notre his-toire en frappant l’hérésie à la tête. Il va montrer sonCŒUR . Là encore, il choisit son instrument, et ce n’estpas un hasard si c’est à une religieuse de la Visitation,l’ordre fondé par saint François de Sales et sainteJeanne de Chantal, eux-mêmes étant, selon notre Père,une incomparable illustration du pur amour qui unit leSacré-Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie.Or, c’est par cet amour passionné mais exigeant etconquérant que Dieu veut faire triompher ses élus etrégner dans le monde.

L’ALLIANCE DU SACRÉ-CŒUR

C’est donc la dévotion à son Sacré-Cœur que Jésusva enseigner à sainte Marguerite-Marie de 1673 à1689. Mais en 1689, cet amour entre en politique, etla sœur doit faire connaître au roi Louis XIV la prodi-gieuse alliance que le Sacré-Cœur lui propose.

Notre Père, explique frère Thomas, met le doigt surla plaie avec toute son expérience de directeur d’âme.« À ce Louis Dieudonné, choisi, béni, aimé, Jésusdemandait, avant de lui donner toute gloire, tout soncœur. Et s’il y consent avec ferveur, sans esprit cri-tique, sans faux-semblant, en se consacrant, lui et sonroyaume, à ce Cœur très sacré, en le plaçant sur sesdrapeaux et dans ses armes, culte public ! Alors leChrist s’occupera de ses affaires, y compris de savictoire contre les “ têtes orgueilleuses ” des paysprotestants qui sont aussi ses ennemis.

« Cette dévotion au Sacré-Cœur est donc d’im-mense conséquence. En apparence, ce n’est rien, et lesesprits forts ironisent... Mais, expliquait notre Père, “ ilen va de cela comme de l’oracle donné par le pro-

(suite, p.18)

Page 16: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 16

LORSQUE les Vendéens eurentpassé la Loire, en octobre

1793, les abords du sanctuaire furentle théâtre d’une abominable tuerie.Contraste significatif ! Dans l’his-toire de Saint-Florent-le-Vieil, aumême chapitre, s’opposent la magna-nimité de Bonchamps et la cruautédu général Moulin. Ce dernier, quirevêtait des pantalons faits de peauhumaine et s’en vantait ! arrive à lami-automne. Sans perdre de temps, ilcommence sa sinistre besogne demassacreur. Des battues sont organi-sées par ses soins dans tout le voi-sinage. Et les suspects d’affluer àson tribunal, car ses émissaires opè-rent des rafles jusque sur la rivegauche du fleuve. « Le nombre despersonnes qu’ils arrêtèrent et firentarrêter est incroyable », a écritl’abbé Gruget, frère du curé deSaint-Florent. Parfois les séides dugénéral ne s’embarrassent pas deprocédure. S’ils viennent de la Bou-touchère (au sud de Saint-Florent), ilsdescendent en barques le cours del’Èvre et abordent au Marillais enface d’un pâturage qui leur a étédésigné. Là, ils livrent directementleurs proies aux bourreaux.

Jamais sur le domaine de Notre-Dame n’avaient été perpétrés d’aussihorribles carnages, pas même lorsdes invasions normandes ! Les 23 et24 décembre 1793, on fusilla plusde deux mille proscrits : d’abord leshommes pris les armes à la main,puis ceux qui n’avaient pas pu suivrel’armée vendéenne au-delà de laLoire, enfin les femmes et les en-fants. L’enclos qu’ils ont baigné deleur sang ne s’appellera plus que le“ Pré des martyrs ” ( l’enclos mainte-nant planté de peupliers). Et dans leurfiévreuse barbarie, les valets deMoulin recouraient encore aux noya-des de Carrier. Une lettre de Félix,président de la Commission militaired’Angers, le laisse entendre : « Fu-siller [ les brigands], c’est trop long :on dépense de la poudre et desballes. On a pris le parti de lesmettre dans de grands bateaux. Aumilieu de la rivière, à une demi-lieuede la ville, on coule le bateau àfond. Cette opération se fait conti-nuellement. Angers, Saint-Florent etautres endroits sont pleins de pri-

sonniers, mais ils n’y restent paslongtemps : ils auront ainsi le bap-tême patriotique. »

Au Marillais, du moins, les infor-tunées victimes avaient la consola-tion de tomber à proximité du sanc-tuaire, entre les bras de Jésus et desa Mère. Le vœu était exaucé queleurs lèvres avaient formulé si sou-vent devant la Madone :

Et  quand  ma  dernière  heureViendra  fixer  mon  sort,Obtenez  que  je  meure

De  la  plus  sainte  mort.Le départ de Moulin ne mit pas fin

aux sanglantes hécatombes. Repre-nant les méthodes de son prédéces-seur, le général Legros laissa librecours à sa férocité, en particuliercontre le Marillais, un des villagesmartyrs des guerres de Vendée (pourvous donner un chiffre, ils avaientété cent trente-trois hommes et jeunesgens du village à s’enrôler sous lesordres de Bonchamps, qui les appe-lait ses “ gars du Marillais ” ). Lesfusillades avaient donc repris au“ Pré des martyrs ” au printemps1794. Nous en avons un témoignagedirect, des plus émouvants, d’unjeune gars de Soulaines, qui en ré-chappa miraculeusement, le mardi25 mars, en la fête de l’Annonciationde Notre-Dame.

VALLÉE est âgé alors de vingtans. Les républicains l’ont surprisrecrutant des soldats pour La Roche-jaquelein et Stofflet qui, après laVirée de Galerne, ont décidé decontinuer le combat. Conduit à Mont-glonne (nom qu’avait repris, sousla Terreur, Saint - Florent - le -Vieil ), lejeune homme est incarcéré dans lavieille abbatiale bénédictine, où lesprisonniers crient de faim. C’est uneveille d’exécution. Le directoire dudistrict ne nourrit pas de bouchesinutiles. L’officier de garde l’a faitcomprendre en ricanant aux enfantset aux femmes qui gémissent : « Dansmon pays, quand un boucher conduitun bœuf à l’abattoir, il ne le pansepas, il ne le nourrit pas. » Mainte-nant, les ténèbres envahissent le sanc-tuaire : naguère, à pareil moment, lesvoix graves des moines psalmodiaientcomplies. Les détenus ont cessé dese plaindre. Ils ne dorment pas tous,cependant. Car, dans l’obscurité, des

prêtres passent qui exhortent au sa-crifice, recueillent les confidenceset accordent le pardon. Et la nuits’écoule en prières. À l’heure dematines, les condamnés n’oublientpas de saluer la Vierge : la fête del’Annonciation se finira pour eux auCiel. « Quand l’aube parut, raconteVallée, la mort n’avait plus rien quinous effrayât. »

Legros a tenu à commander lui-même le massacre. De bon matin, ce5 germinal an II, il a convoqué lagarnison en armes et fait préparerdes cordes. Deux par deux les Ven-déens sont attachés à une solidechaîne, qui s’allonge indéfinimentsur la butte : il y a plus d’un millierde captifs ! Les derniers, faute deliens, sont laissés les mains libres,entre deux rangées de baïonnettes.Et la colonne s’ébranle, au grandjour, dans la direction du Marillais,derrière le tambour qui bat la charge.Sur le même chemin, entraînant uneautre théorie, les clochettes des Ro-gations tintaient jadis plus gaiement.

Pendant ce temps, au lieu du sup-plice, des prisonniers creusent prèsde la haie, à l’endroit le plus élevédu terrain, une immense fosse. Ellen’est pas terminée, lorsque le lugu-bre convoi entre dans la prairie.Debout, le chapelet à la main, entou-rant les fossoyeurs qu’ils regardenttravailler, ceux qui vont mourir at-tendent que leur tombe soit prête.Douze jeunes gens, et Vallée estdu nombre, n’ont pas été enchaî-nés. L’instant leur semble propicepour l’évasion. Ils se consultent duregard : une même espérance lesanime. D’un commun accord ilss’élancent et, à toute allure, bondis-sent à travers champs. Les Bleussont tellement stupéfaits qu’ils n’es-saient pas de poursuivre les fuyards.

« À coup sûr, dira vers 1850 l’an-cien capitaine de chasseurs Vallée,qui prendra part à tous les autressoulèvements vendéens, n’ayant rienperdu de son courage et de sa piété,Notre-Dame du Marillais me fut enaide et c’est à Elle, après Dieu, queje dois mon salut. Pendant plus dequarante ans, je suis venu célébrerla fête de l’Annonciation dans sonsanctuaire et réciter à genoux monchapelet sur la tombe des martyrs. »

AUX ABORDS DE NOTRE-DAME DU MARILLAIS : LE " PRÉ DES MARTYRS "

Page 17: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 17

Notre pèlerinage est parti de l ’ abbatiale de Saint -Florent - le -Vieil, d ’ où est partie l ’ évangélisation dupays de Loire au début du cinquième siècle... et laCroisade vendéenne à la fin du dix -huitième !

L’ APPARITION DE LA VIERGE À SAINT MAURILLE ( Ve siècle ).

« Ce que saint Cyrille d ’Alexandrie et deux cent soixante-quatorze Pères avec lui,allaient affirmer à la face du monde entier, le saint évêque d ’Angers était chargé del ’annoncer par avance, en ajoutant ce nouveau rayon à la gloire terrestre de la Mèrede Dieu. Au concile d ’ Éphèse, la définition du dogme ; au Marillais, l’origine de la fêtequi en restera vivante et populaire. » ( Mgr Freppel, sucesseur de saint Maurille)

« Avec nos pères, répétons dans un même esprit deconfiance en la très Sainte Vierge : Maria Illic est.Oui vraiment, Marie est là. » ( Mgr Freppel )

Lorsque les Vendéens eurent passé la Loire, en octo-bre 1793, les abords du sanctuaire furent le théâtred ’ une abominable tuerie. Les 23 et 24 décembre, plusde deux mille victimes baignèrent de leur sang le “ Prédes martyrs ”, où nous sommes rassemblés pour leurdemander de nous obtenir la grâce de tomber commeeux entre les bras de Jésus et de Marie à l ’ heure denotre mort.

Page 18: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 18

phète Élisée à Naaman le Syrien d’aller se baignersept fois dans le Jourdain pour être guéri de sa lèpre.L’oracle était ridicule et mettait en cause la dignité dece grand personnage et le prestige de son pays. Bienlui en prit cependant de suivre le conseil que luidonnèrent ses serviteurs, de faire docilement ce qui luiétait dit. Mais cette obéissance contenait en germetoute une conversion de l’âme. Et il s’en alla guéri(2 R 5). Ainsi des demandes de Jésus-Christ. Elles nesont rien, mais elles supposent une docilité, et ellesconduisent à une conversion que l’on ne s’étonne plusde voir récompenser par les plus étonnantes bénédic-tions de Dieu. Car ce geste implique le renoncementau culte de l’Homme et le retour sincère, sincèreparce que docile, sincère parce que public, au culte deDieu. ” » (CRC no 75, décembre 1973, p. 8)

1.  AU  SERVICE  DU  ROI.

« Louis XIV refusera d’entrer dans les vues de sonSeigneur et ses descendants aussi, c’est grave pour des“ lieutenants ” du Christ. Satan va donc prendre pos-session des élites du Royaume sous la Régence parl’argent, la luxure et la franc-maçonnerie, s’y incrustersous Louis XV et pousser à la Révolution sousLouis XVI. Mais avec ce dernier, l’obstacle n’est pasla chair, comme pour Louis XV, mais le cœur, l’esprit.Il crut en sa propre bonté plus qu’en celle du Sacré-Cœur, et oublia qu’il ne pouvait en aucune façonaliéner son autorité, qui était sacrée, ni en céder lamoindre part à une Assemblée prétendument souve-raine. Cette émancipation date du 17 juin 1789, centans, jour pour jour, après la demande du Sacré-Cœur.Louis XVI en sera terriblement puni dans sa personne,sa famille et son royaume, tous livrés au pouvoird’une Révolution satanique. Mais il prononcera dansla prison du Temple son vœu ou plutôt sa promesse deconsécration, pour le jour où il redeviendrait roi.

« Et cela, nos Vendéens l’ont su, qui accrochèrentle Sacré-Cœur à leur poitrine et partirent au combatavec cette “ livrée de la catholicité ”, comme disait unmodeste curé angevin, l’abbé Marchais, de la Chapelle-du-genêt, le 15 août 1793, en pleine guerre de Vendée.Après avoir rappelé à ses paroissiens le vœu du feu roi,il leur disait :

« À peine ce vœu fut-il connu, ainsi que son inten-tion, ils furent tous les deux bien reçus et adoptésavec plaisir par tous les princes et ecclésiastiquesattachés à ce roi et à sa religion, par la noblesse, lamagistrature, le militaire et tous ceux qui se fonthonneur du nom de royalistes. Ce que tous aussi, ouau moins la plus grande partie, ont prouvé et démon-tré en portant sur eux secrètement d’abord et parprudence, mais publiquement aujourd’hui, une figureet comme une enseigne du Sacré-Cœur, et telles quej’ai la consolation d’en voir revêtu le plus grandnombre d’entre vous, mes très chers frères. Je les enfélicite et engage les autres à les imiter  pour  les  voir

bientôt  participer  aux  grâces  et  aux  bénédictions  nécessai-rement  attachées  à  un  si  bel  acte  de  religion,  d’autantplus  louable  qu’il  est  plus  libre  et  qu’il  suppose  plus  detendresse  et  de  dévotion. Dans les circonstances pré-sentes,  c’est  là  comme  la  livrée  et  la  marque  distinctivede  la  catholicité, ainsi que l’était ci-devant, de leuradhésion au nouveau régime, le ruban tricolore et lamédaille de la fédération pour nos intrus et autresconstitutionnels. »

Et le bon curé de terminer en annonçant qu’il a faitfaire deux tableaux, un du Sacré-Cœur et un autre duCœur de Marie, « dont la dévotion n’est guère moinssalutaire et sanctifiante quand elle est bien prise etbien dirigée ».

« Entre la révélation du Sacré-Cœur à Paray-le-Monial et la Croisade vendéenne, il ne faut pas oublierla présence influente de la Très Sainte Vierge en lapersonne de son prophète : saint Louis-Marie Grignion deMontfort. Ses prédications enflammées ont ravivé la foisolide, la profonde piété du paysan vendéen. Lorsquele saint meurt en 1716, des fondations durables sontétablies. Ses successeurs et disciples vont prêcher plu-sieurs centaines de missions en Poitou, en Anjou, enSaintonge, dans le pays nantais, jusqu’en 1789. C’estau feu de ses paroles que s’est mobilisée la Vendéemilitaire, et comme le disait Mgr Freppel, notre évêquede combat : “ L’âme de ce peuple avait été ainsicomme pétrie de deux sentiments également propres àengendrer l’héroïsme : la foi religieuse et la fidélité aupouvoir légitime. Aussi, lorsque, à la fin du siècledernier, lorsqu’en un jour de haine et d’aveuglement,l’on en vint à s’attaquer aux oints du Seigneur, à toutce qui représentait le Christ dans l’État comme dansl’Église, ce peuple tressaillit dans ses bocages et aufond de ses ravins. Il se leva pour défendre ce qu’ilaimait, tout ce qu’il respectait ; et le monde fut témoind’une lutte telle qu’il ne s’en était pas vu de plusémouvante depuis l’ère des Maccabées.  Moriamur  insimplicitate  nostra , Mourons dans la simplicité de notrefoi, répétaient ces fils de paysans que la foi avaittransformés en héros... ”

« C’est ainsi que nos Vendéens menèrent les bonscombats pour DIEU ET LE ROI ! LE SACRÉ-CŒUR ET SONLIEUTENANT ! Véritable armée catholique et royale, leschefs en pratiquaient les œuvres, dont la plus belle, laplus chrétienne était le pardon, tels ces deux enfantschers à Saint-Florent-le-Vieil, Cathelineau, le saint del’Anjou, et Bonchamps le stratège qui dans un derniersouffle donna son dernier ordre : « Grâce aux prison-niers ! » cinq mille républicains. C’est ainsi que lessoldats du Sacré-Cœur faisaient la guerre.

Sans entrer dans les détails des guerres de Vendée– notre sœur Lucie-Christine les ayant parfaitementrésumées, explicitées en leur tenants et aboutissantsdans une série d’articles parus dans RÉSURRECTION de2001 (nos 8, 10, 12 ; et de 2002, nos 13 à 16) – frèreThomas insista ensuite sur le caractère orthodromique

Page 19: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 19

de la dévotion au Sacré-Cœur. Il nous fit voir à lasuite de notre Père, comment sous les apparences del’échec, en raison même du sang versé d’une si pureet héroïque manière par les martyrs, c’est le Sacré-Cœur vrai roi de France qui se joue des obstacles quedressent à son encontre les hommes ingrats et rebelles.C’est donc toujours son dessein qui se réalise, malgréles apparences contraires.

2.  AU  SERVICE  DE  L’ ÉGLISE  AVEC  L’ IMMACULÉE.

Lorsqu’en juillet 1830, au moment où Bourmont,un Vendéen ! conquérait l’Algérie à la France, la révo-lution jetait le roi Charles X à bas de son trône. Toutsemblait bien fini. Non ! Sainte Catherine Labouréavait eu dans sa chapelle de la rue du Bac une visionprémonitoire, et du triomphe de la révolution, et de lareprise en main par l’Immaculée du dessein divin. Lapremière est une vision de religion royale, non pasglorieuse ni conquérante, mais bafouée :

« Notre -Seigneur  m’ apparut  comme  un  roi,  avec  laCroix  sur  la  poitrine...  Il  m’a  semblé  que  la  Croix  coulaitsous  les  pieds  de  Notre-Seigneur  et  que  Notre-Seigneurétait  dépouillé  de  tous  ses  ornements.  C’est  là  que  j’ai  eula  pensée  que  le  roi  de  la  terre  serait  perdu  et  dépouilléde  tous  ses  habits  royaux. »

À l’image du Cœur royal de Notre-Seigneur, ou-tragé par cette révolution impie qui l’empêcheraitdésormais de régner effectivement en France – sansqu’il songe, lui, à abdiquer, ne l’oublions pas – répondune autre vision, celle de la Médaille miraculeuse etplus encore celle de la Vierge au globe, l’une et l’autremanifestant la puissance royale de l’Immaculée triom-phante. C’est à elle que Dieu a confié tout l’ordre dela miséricorde ; elle tient le monde, la France et cha-cune de nos âmes entre ses mains, c’est un gageabsolu de victoire. C’est bien ainsi que nos Pères ontcompris les grandes apparitions de la Vierge Immacu-lée de 1830, de 1846 à La Salette, de 1858 à Lourdes,de 1871 à Pontmain, de 1876 à Pellevoisin. L’Immacu-lée va assumer, comme disait notre Père, la « régencede la France » afin surtout de préserver les âmes del’apostasie qui serpente dans l’Église.

« Car ce n’est pas tellement le spectacle desimpies, voltairiens, capitalistes et jouisseurs, quis’étaient emparés des rênes du pouvoir en Francedepuis 1830 qui faisait le plus souffrir le Sacré-Cœur,nous expliqua frère Thomas, mais c’était de voir selever du sein même de l’Église, fidèle sous les pon-tificats militants de Grégoire XVI et de Pie IX, unegénération d’hommes acquis aux idées nouvelles.S’enivrant des grands mots de démocratie, de droits del’homme, de liberté, etc., ils rêvent à la suite deMonsieur Émery, de Félicité de Lamennais, de “ récon-cilier l’Église avec la Révolution ”. Lacordaire iramême jusqu’à proclamer dans un effet de mancheoratoire, cette parole affreuse qui contient le germe detoutes les apostasies futures : “ La première vertu

aujourd’hui n’est pas la foi, c’est l’amour sincère dela liberté. ”

« Voilà mis en retrait le service de Dieu et, jetéepar-devant la vision futuriste du règne sur terre de laLiberté. La “ foi en l’Homme ” a pris le pas sur lescroyances religieuses, devenues des opinions privées. »(LETTRE À MES AMIS no 236 du 25 octobre 1966)

3.  POUR  SAUVER  LE  PAPE  EN  GRAND  PÉRIL.

« Mais ce ne serait encore rien, que la dévianced’esprits chimériques, si ce libéralisme n’avait atteintla tête même de l’Église, et pour longtemps, sous lepontificat de Léon XIII. Il aura la folie de prendre lecontre-pied de son saint prédécesseur Pie IX en prô-nant le dialogue plutôt que la controverse, et une poli-tique d’entente avec les pouvoirs nouveaux issus de laRévolution, laïques et francs-maçons, plutôt que l’in-transigeance. C’est ce mal mystérieux qui se répanddepuis lors dans la Sainte Église de Dieu, et que notrePère appellera par dérision la “ léontreizine ”.

« Léon XIII trouva sur sa route deux personnesdont l’esprit était pur de ce funeste libéralisme catho-lique, et qui vont tenter de l’en guérir. Mgr Freppel, leplus grand des évêques d’Angers. Nous allons re-trouver à chaque étape de notre pèlerinage celui quenotre Père a donné comme maître de sagesse à notreécole de pensée CRC. Et notre chère et bienheureuseMarie du Divin Cœur, missionnée par le Sacré-Cœurauprès du Pape pour qu’il renonce à ses chimères etconsacre le monde au Sacré-Cœur. Ce fut un drameque mère Marie du Divin Cœur a vécu dans soncorps, son âme jusqu’à en mourir, tellement elle étaitd’Église, tout en recevant la promesse de son Épouxet Roi : “ Mon  Cœur  régnera,  mon  Cœur  triomphera ” !C’est alors qu’elle a annoncé prophétiquement “ uneannée de miséricorde ”. »

L’ ULTIME RENOUVELLEMENT DE L’ALLIANCE

Frère Thomas nous a bien montré que si notre BonDieu est à l’œuvre en France depuis 430, c’esttoujours par la grâce de quelque apparition du Ciel, dela Sainte Vierge ou du Sacré-Cœur, et par le truche-ment de quelque médiateur privilégié, instrument do-cile des volontés du Ciel. Pour ce qui est de cettevictoire finale tant attendue, nous savons depuis lesapparitions de Notre-Dame de Fatima, que Dieu leveut, que tous les habitants du Ciel sont mobilisés àcette intention, et que le sang des martyrs compte pourbeaucoup dans le comput de cette délivrance.

Encore faut-il que le Pape obéisse à deux petitesdemandes du Ciel, deux volontés de Bon Plaisir, deuxconditions sine qua non du triomphe du Cœur Imma-culé de Marie : qu’il recommande la dévotion répara-trice des premiers samedis du mois, et ordonne aussiaux évêques du monde entier de consacrer, en unionavec lui, « la  Russie au Cœur Immaculé de Marie ».

(suite, p. 21)

Page 20: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 20

NOTR E - DAME de Chari té estun des plus beaux fleurons

du diadème de Notre-Dame An-gevine, non pour la grandeur dusite ou du sanctuaire, mais parson riche passé. D’abord, noussommes à quelques kilomètresde Chalonnes, que nous tra-verserons tout à l ’heure, et vousvous rappelez que c’est là quesaint Mauril le avait construit sonermitage, d’où i l avait rayonnésa dévotion mariale, après avoireu audience du Ciel au Maril lais.

C’est sans doute au début dudix-huitième siècle, lors d’uneépidémie de peste qui f it denombreuses victimes sur la pa-roisse, que le vocable de Notre-Dame de Charité devint familieraux habitants de Saint-Laurent.« En cette terre bénie, où gran-dissaient de futurs martyrs, écritl ’abbé Tricoire, Marie qui déjàles inspirait, ne pouvait mériterd’autre nom que celui de Notre-Dame de Charité . » Sous laRévolution, ce petit sanctuaireva devenir l ’un des l ieux depèlerinage les plus fréquentésdes Mauges. « Ici, mieux quepartout ail leurs, on comprendpourquoi l’insurrection a éclaté. »

Déjà, les trois prêtres de laparoisse sont réfractaires et ontrefusé de prêter serment à laConstitution civi le du Clergé.Chassés de leur église, i ls pren-nent l ’habitude de célébrer leurmesse dans des l ieux retirés et,perdu dans les bois de genêts, lelogis de Notre-Dame devient viteune sorte de chapelle de secoursoù se multiplient les rassem-blements. Les autorités de Cha-lonnes s’en alarment et, la veil lede la Saint-Louis, 25 août 1791,un détachement de gendarmesmonte jusqu’ici et découvre unspectacle féerique : une multitudede cierges allumés embrase lesténèbres d’où surgit, ruisselantede lumière, la rustique chapelle.Il y a peut-être huit cents per-sonnes qui sont là pour entendrela Messe et chanter les l itaniesde la Sainte Vierge. La réactionne se fait pas attendre : dès le26 août, ordre était donné par leDirectoire de démolir la chapelle,ce qui fut fait le 29 août. L’émotionfut à son comble quand on apprità Saint-Laurent la profanationsacrilège.

Les pèlerinages n’en continuentpas moins de se succéder, d’autantque, à par t i r de la mi -septembre ,la Sainte Vierge el le-même se montra« dans le creux d ’un chêne , à c inqou s ix p ieds de l ’emplacement dela chape l le » ( marqué par lecalvaire), pour venir au secoursde ses enfants fidèles et traqués.De nombreux témoins la virent.On a conservé, entre autres, le

témoignage d’une Fil le de laSagesse, venue avec des cen-taines de pèlerins depuis Saint-Laurent-sur-Sèvre le 18 novembre1791 :

« Ils arrivèrent ( à Saint-Laurent-de-la-Plaine) à 8 heures du soir ;et faisant leurs prières sur lesruines de la Chapelle, i ls direnttout ce que leur foi leur inspira.Les habitants du l ieu vinrent lesprier de passer la nuit chez eux.Les femmes y furent, et leshommes restèrent à passer lanuit au pied du chêne, mais i lsne virent pas la Sainte Vierge.Le matin, les femmes s’y rendirent.Trois processions y étaient ar-rivées la nuit. I l y en avait unede vingt-deux lieues, et ils avaientété trois jours en marche. Tousse prosternèrent à terre, pleurantamèrement, ne voyant pas laSainte Vierge, mais seulementcomme une étoile. Enfin, re-doublant leurs prières, cette SainteVierge leur apparut tenant sondivin Fils dans les bras. Elle serendit visible à tous. Jugez de lajoie et des transports où i lsfurent, croyant être élevés auCiel. Deux de nos domestiquesqui ont été à la procession nesavent comment s’exprimer pourprouver la vérité de ce qu’i ls ontvu et la joie où i ls sont. I lsavaient eu le bonheur de com-munier ce jour-là. M. Bourel, lemédecin, vient de nous dire queson épouse y avait été et qu’elleavait vu sur le chêne une couronned’étoiles pareil les à celles dufirmament. Il connaît deux prêtresqui y sont allés et qui ont vu laSainte Vierge, de la grandeurd’un pied et demi, et bri l lantcomme le soleil. Et après l ’avoirbien considérée, et remplis defoi et d’admiration d’un spectaclesi ravissant, on la vit s’élever auciel, dans une nuée qui étaitparsemée d’étoiles. Quinze mes-sieurs, pour s’assurer du fait, s’ysont rendus ; et ne la voyantpas se sont mis en prière ; et,après avoir prié, l ’ont vue. Deuxmaçons, qui avaient a idé àdémolir la chapelle, avaient suiviles messieurs pour se moquerd’eux. I ls leur demandèrent àquoi i ls pensaient. Ces malheu-reux devinrent immobiles et prèsde s’évanouir. I ls fondirent enlarmes de regret d’avoir démolicette chapelle. Dans l ’ instant i lsvirent la Sainte Vierge, et depuisils vivent comme des saints . »

Étonnez-vous que Cathelineausoit venu près de dix-huit fois enpèlerinage de nuit, par tous lestemps, depuis Pin-en-Maugesjusqu’ici, puisque la Sainte Viergey descendait elle-même ! Le dis-trict, une fois de plus, s’alarma,et une expédition “ punitive ” fut

montée par un homme du Di-rectoire, qui fera bientôt parlerde lui : La Révell ière-Lepeaux !Le 25 mars 1792, une troupe derépublicains montent de Cha-lonnes, i ls s’intitulent “ le Clubambulant ” et vont prêcher labonne parole à Beaupréau ! Ar-rivés à hauteur du sanctuaire, i lstrouvent une foule considérablequi les laissent passer en silence,mais un silence lourd. La Ré-vell ière-Lepeaux racontera plustard qu’i ls furent insultés, qu’onbrandit des bâtons contre eux,c’est pure légende, on les laissapasser, mais après leur passage,un jeune homme dit tout haut ceque tout le monde pensait toutbas : « Pourquoi jurent-i ls aprèsle chêne ? Ils ont bien fait des’en aller... Quand je prie le BonDieu, je le prie, mais quand jeme bats, je me bats . » Celavoulait dire : qu’ils n’y reviennentpas. Eh bien ! i ls y revinrent,deux jours plus tard, après unlamentable échec à Beaupréau,et i ls déracinèrent le trône ques’était choisi la Reine du Ciel,« misérable petit tronc d’arbrecreux qui n’avait presque plusd’écorce », comme dit La Rével-lière-Lepeaux. Imaginez la colèredes f idèles, qui cont inuèrentnéanmoins à venir en pèlerinage,mais armés de bâtons, et lacolère montait...

Elle monta encore d’un cran,quand on apprit le sort réservéaux prêtres réfractaires, et quandon apprit la mort du Roi. Le jourde la levée de la conscription,elle éclata. À l ’aube du 12 mars1793, le tocsin laisse tomber sesnotes lugubres sur les toits deSaint-Laurent. De toutes les mé-tairies les paysans accourent.Les conscrits n’iront pas seulsau chef-l ieu, Saint-Florent, maisen compagnie de leurs parentset de leurs amis. En tête de lacolonne, Sébastien Cady, âgé detrente-neuf ans. D’une belle intel-l igence, le cœur sur la main, cemaître chirurgien s’est rendupopulaire par une souriante jo-vialité qui ne déplaît point auxgars de la campagne. Ceux-ci sefélicitent d’emmener avec euxquelqu’un qui sait parler. Et latroupe s’ébranle non sans jeterl ’ inquiétude dans les cœurs quirestent. Car telle fermière a vuson mari décrocher silencieuse-ment du manteau de la cheminéeun vieux fusil de chasse ou lafaux au râtelier de la grange. Lalenteur du geste soulignait unerésolution farouche... « Notre-Dame de Charité, ayez pit ié denous ! »

Heures d’attentes, heures defièvre ! Enfin des courriers arriventde Saint-Florent-le-Vieil : le tirage

au sort n’a pas eu l ieu, lespatriotes du district sont en fuite,on a brûlé les papiers de l ’ad-ministration. Mais dans les regardsdes jeunes et des vieux quiracontent l ’audacieuse équipée,brille une flamme nouvelle. QuandCathelineau passera par Saint-Laurent de la Plaine, où i l ferajonction avec Stofflet, d’Elbée etBonchamps, ils trouvèrent, debout,prêts à les suivre, tous les hommesval ides sous la direct ion deSébastien Cady promu capitainede paroisse.

Mais durant les mois qui sui-virent, les soldats de la Répu-blique vont s’acharner contre cetteparoisse qu’ils savent toute ralliéeà la cause vendéenne et qui setrouve démunie de ses robustesdéfenseurs.

Et ce fut un offertoire sanglant...Toute personne découverte étaitsoit passée par les armes, leplus souvent après avoir subid’épouvantables tortures, soitdéportée vers les prisons d’Angers.Dans la chapelle, se trouve laliste de ce martyrologe. L’ad-mirable figure du vicaire de laparoisse couronne ce long cortègede martyrs. I l s’appelait JosephMoreau, et après avoir exercépendant plusieurs mois un mi-nistère clandestin, i l fut arrêté etcondamné au motif « d’avoir ima-giné des processions miracu-leuses, au nom d’une soi-disantSainte-Vierge, placée dans unchêne, près de Saint-Laurent-de-la-Plaine, qu’i l faisait mouvoir àvolonté en la métamorphosant detoutes les manières et selon lescirconstances du soi-disant miraclequ’i l voulait opérer en son nom »(s ic ! ) . Le Vendredi saint 18avril 1794, « sur les 4 heuresde l’après-midi », i l montait àl’échafaud, pour expier son at-tachement inébranlable à Notre-Dame de Charité.

Le sanctuaire renaîtra aprèsla Révolution, reconstruit grâceà de généreux fidèles qui sefirent les frères mendiants de laVierge dans toute la région pourrecueillir des dons. Le 8 septembre1875, un autel en l ’honneur duSacré-Cœur était béni dans cettechapelle, au même moment oùMgr Freppel couronnait Notre-Dame des Gardes non loin de là.Dans sa chapelle rebâtie, Notre-Dame de Charité, Reine de Saint-Laurent et de tout l ’Anjou, en-tendait chanter les petits-enfantsde ses martyrs !

Faisons retentir à notre tourses louanges pour la résurrectionde l’Église, pour notre Saint Pèrele pape François, pour le salutde notre Patrie que la Républiqueruine depuis plus de deux centsans !

NOTRE-DAME DE CHARITÉ EN SAINT-LAURENT DE LA PLAINE

Page 21: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 21

Dieu le veut ainsi, afin que la gloire du CœurImmaculé de Marie éclate aux yeux, et au cœursurtout, du monde entier. Frère Thomas se tourna alorsvers frère Bruno :

« Mon frère, verrons-nous bientôt la fin de cet af-freux drame de l’apostasie de l’Église, dû au libéra-lisme papal et conciliaire ? Pouvons-nous dire qu’avecle pape François une année de miséricorde vient des’ouvrir pour l’Église et pour le monde, annoncée parla bienheureuse Marie du Divin Cœur et par notrebienheureux Père ? »

LE TEMPS DES MARTYRSLA JOIE DE MARCHER AVEC JÉSUS

par frère Bruno de Jésus-Marie

Ce Pape, au nom français de François, ne cesse,depuis son avènement, par ses homélies quotidiennes,prononcées dans un langage simple et direct, à laMesse qu’il célèbre chaque matin à 7 heures, à lamaison Sainte-Marthe pour ses “ paroissiens ” du Va-tican, de s’adresser à leur cœur.  C’est  un  pape  qui  faitde  sa  religion  un  amour.

Avec lui, la Parole de Dieu devient vivante, àcondition d’être accueillie avec humilité, comme uneparole d’amour. Elle peut ainsi entrer dans les cœurset changer leur vie. C’est la voix de Jésus, c’est sontimbre de voix : ce qu’il dit passe par notre intel-ligence, mais il va droit au cœur !

I. SA RELIGION EST UN AMOUR

Par exemple lorsqu’il explique à son service desécurité, invité du 18 avril dernier, que notre Dieun’est pas un « dieu-aérosol », il est « Père, Fils,Esprit-Saint », et « quand nous parlons avec Dieu,nous parlons avec des Personnes ». L’abbé de Nantes,notre Père, ne disait pas autre chose, au point de sefaire traiter de “ polythéiste ” par je ne sais quel scribepharisien malintentionné...

« Soit je parle avec le Père, soit je parle avec leFils, soit je parle avec l’Esprit-Saint, dit le Pape. C’estcela, la foi. » On croirait entendre l’abbé de Nantesprêchant la « circumincessante charité trinitaire ». Etajoutant dans un sourire : « Bien sûr le Fils entend ceque je dis au Père, puisqu’ils ne font qu’un ! »

Citant le Christ dans l’Évangile du jour : « Personnene  peut  venir  à  moi,  si  le  Père  qui  m’a  envoyé  ne  l’attirevers  moi » (Jn 6, 44), le Pape a fait observer qu’ « allerà Jésus, trouver Jésus, connaître Jésus est un don duPère. La foi est un don ».

Aussi, à quiconque se dit “ croyant ”, le Pape de-mande : « En quel Dieu crois-tu ? »

« Tant de fois, constate-t-il, la réponse est “ enDieu ”. Un dieu diffus, un dieu-aérosol, qui est un peu

partout mais dont on ne sait pas ce qu’il est. » C’estdu “ théisme ”.

Comme cet Éthiopien, intendant de la reine deCandace, auquel Philippe expliqua le sens du poèmedu Serviteur que lisait ce païen au chapitre 53 du livred’Isaïe et qui « poursuivait son chemin tout joyeux »après avoir entendu « la Bonne Nouvelle de Jésus »et avoir été baptisé par Philippe (Ac 8, 26-40), nousallons nous engager dans ce pèlerinage avec la joieau cœur, la joie qui transfuse du cœur de notre Saint-Père le pape dans celui de ses enfants, fils de l’Église,auxquels il prêche « la joie de la foi, la joie d’avoirrencontré Jésus, la joie que Jésus seul nous donne, lajoie qui donne la paix : non pas celle que donne lemonde, mais celle que donne Jésus. Voilà notre foi. »

Or, « on ne peut croire en Jésus sans l’Église »,a-t-il déclaré aux cardinaux qui l’entouraient pour laSaint-Georges, sa fête ! en la chapelle Pauline où il acélébré la Messe, mardi 23 avril. Et l’Église « hiérar-chique et catholique », a-t-il précisé avec un petitcoup d’œil circulaire, comme pour mesurer l’effetproduit...! Dénonçant la tentation de « négocier avecle monde », il a rappelé que « l’identité chrétienne »est « appartenance à l’Église ». Autant dire à l’Églisede Contre-Réforme.

II. LE COMBAT DES MARTYRS

Le 18 avril, à la fin de la Messe, après la prière àsaint Michel archange, patron de ses gardes du corps,le Pape les a remerciés de leurs bons services, qui« exigent une droiture d’esprit, une volonté forte, dessentiments honnêtes, de la sérénité ». Et du courage !

Car la vie est un combat, enseigne ce Pape, et passeulement pour ces hommes chargés de le protégermême au prix de leur vie. « Le temps des martyrsn’est pas terminé », avait-il déclaré le 15 avril, évo-quant les chrétiens persécutés « en haine de la foi ».

« Aujourd’hui encore, a-t-il répété, nous pouvonsdire, en vérité, que l’Église a plus de martyrs qu’autemps des premiers siècles. » Or, dans son homélie dela Saint-Georges, il a souligné que, dans les débuts del’Église, c’est « au moment où éclate la persécution,qu’éclate aussi la vocation missionnaire de l’Église »(Ac 11, 19-26). Parce que c’est la persécution déchaî-née à Jérusalem qui projette Philippe et les autresjusqu’à Antioche.

Aujourd’hui, le Pape ne cesse de rendre hommageà « tant d’hommes et de femmes qui sont calomniés,qui sont persécutés, qui sont tués en haine de Jésus,en haine de la foi ». Certains parce qu’ils « enseignentle catéchisme », d’autres parce qu’ils « portent unecroix » sur eux.

« Ce sont nos frères et sœurs qui souffrent au-jourd’hui, en ce temps de martyrs. Nous devonspenser à cela », a-t-il insisté.

Au cardinal Tong, archevêque de Hongkong, seul

Page 22: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 22

cardinal électeur chinois présent au conclave, le papeFrançois a dit combien « l’Église en Chine était pré-sente en son cœur », rapporte “ ÉGLISES D’ASIE ”(EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris.

Il l’a dit en trois occasions.La première, le 13 mars dans la chapelle Sixtine,

lors des hommages des cardinaux au Pape qui venaitd’être élu. Le cardinal Tong a remis au pape unepetite statue en bronze de Notre-Dame de Sheshan :

« Les catholiques en Chine vous aiment et prierontpour vous. Nous vous demandons aussi votre amourpour tous les catholiques chinois ; s’il vous plaît,priez pour nous », a-t-il dit au Pape, qui a répondu ensouriant : « Les  catholiques  chinois  ont  rendu  de  grandstémoignages  à  l’Église  universelle. »

« À ma grande surprise, a raconté le cardinal, il apris ma main droite et embrassé mon anneau épisco-pal. » Lorsque ce fut le tour de l’archevêque deSaïgon, le Pape fit de même.

Deux jours plus tard, raconte encore le cardinalTong, celui-ci se dirigeait tôt dans la matinée du15 mars, vers la chapelle de la maison Sainte-Marthe,il s’est trouvé au même moment que le nouveau Papedans l’ascenseur. « Le pape François m’a à nouveauremercié pour la statuette et m’a précisé qu’il l’avaitmise dans sa chambre car elle lui rappelait le jésuitesaint François Xavier, arrivé aux portes de la Chine ily a plus de 460 ans. Il m’a aussi dit qu’il n’oubliaitjamais de prier pour les catholiques de Chine. »

Lors de la Messe célébrée ce jour-là en présencedes cardinaux, vers la fin de son homélie, le Papeavait publiquement, « et de manière totalement inatten-due », remercié le cardinal pour la statue de la Vierge.

Enfin, le 20 mars, au lendemain de la messe d’ins-tallation du nouveau Pape, le cardinal Tong vint faireses adieux au nouvel évêque de Rome, avant de repar-tir pour Hongkong. À sa grande confusion, le Pape luisaisit la main droite, baisa son anneau épiscopal et luidit : « L’Église en Chine est dans mon cœur. »

La Sainte Vierge est notre grande ressource en cestemps des martyrs qui sont « tant  et  tant,  dans  tant  depays ». Elle seule est victorieuse du « démon  qui  sèmela  haine  en  ceux  qui  accomplissent  les  persécutions ».Cette victoire, elle la chante dans son MAGNIFICAT.

III. ONCTION ET SAGESSE

Du temps où il n’était encore que le cardinalBergoglio, archevêque de Buenos Aires, notre Saint-Père prêchait les EXERCICES DE SAINT- IGNACE auxévêques d’Espagne. C’était en 2006, au lendemain del’élection de Ratzinger qui l’avait emporté sur lui auconclave, mais il avait déjà failli être élu, commenotre Père le souhaitait !

Ces EXERCICES ont été publiés sous le titre  AMOUR,SERVICE  ET  HUMILITÉ, sous-titré :  L’ Église  selon  le  cœurdu  pape  François. C’est un titre qui n’est pas trom-

peur ; nous avons commencé à le lire. Où l’on voitque « le cœur du pape François » et le Cœur Imma-culé de Marie, c’est tout un. Selon lui, le MAGNIFICATest le chant de l’espérance, à condition de le chanterdans la pauvreté. « Le  Seigneur  renvoie  les  riches  lesmains  vides. » En effet, dit-il, « très souvent, notremanque d’espérance est le signe de nos richesses dis-simulées, de notre éloignement de la pauvreté évangé-lique.

« Ainsi, devant la pénurie de vocations, nous fai-sons parfois des diagnostics de riches : riches dusavoir des sciences anthropologiques modernes qui,avec leur masque de suffisance absolue, nous éloi-gnent de l’humble prière de supplication et de de-mande au Maître de la moisson. » (p. 15)

Cette pensée a dominé l’homélie que le papeFrançois a prononcée le Jeudi saint 28 mars, en labasilique Saint-Pierre, au cours de la Messe chrismale.Ainsi appelée parce que l’évêque de chaque diocèse, aucours de cette Messe, bénit les huiles qui serviront auxsacrements de baptême, d’extrême-onction, et le saint-chrême pour la confirmation et le sacrement de l’ordre :

« Les lectures et le psaume nous parlent de ceuxqui ont reçu l’onction : le serviteur de Dieu selonIsaïe, le roi David et Jésus, Notre-Seigneur. Les troisont en commun que l’onction qu’ils reçoivent est pourles pauvres, pour les prisonniers, pour les malades,pour ceux qui sont tristes et seuls. L’onction n’est pasdestinée à nous parfumer nous-mêmes, ni davantagepour que nous la conservions dans un vase, parce quel’huile deviendrait rance et le cœur amer.

« On reconnaît un bon prêtre à sa façon d’oindreson peuple. Quand nos fidèles reçoivent une huile dejoie, on s’en rend compte : lorsqu’ils sortent de laMesse, par exemple, avec le visage de ceux qui ontreçu une bonne nouvelle. »

C’est notre cas depuis que nous avons entendule cardinal Tauran annoncer l’élection du cardinalBergoglio. Nous l’attendions depuis dix ans ! Et notrejoie a gagné le monde entier comme une huile épandue !

« C’est un nouveau printemps pour l’Église en cemoment [qui succède à l’hiver conciliaire...], a déclarél’archevêque de Westminster, Mgr Vincent Nichols, etje pense que cela vient des gestes et des paroles duPape qui sont éloquents dans ses homélies comme lorsdes audiences. Ce qui est frappant au Royaume-Uni,c’est que tout le monde semble touché par le langage,par la douceur et par l’humilité du pape François. »

Il accomplit véritablement cette parole du prophèteIsaïe, au chapitre 61, que Jésus s’appliquait à lui-même au début de sa vie publique, dans la synagoguede Nazareth :

« Il vint à Nazareth où il avait été élevé, entra,selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synago-gue, et se leva pour faire la lecture. On lui remit lelivre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouvale passage où il était écrit :

Page 23: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 23

« “ L’Esprit  du  Seigneur  est  sur  moi,  parce  qu’il  m’aconsacré  par  l’onction,  pour  porter  la  bonne  nouvelle  auxpauvres.  Il  m’a  envoyé  annoncer  aux  captifs  la  délivranceet  aux  aveugles  le  retour  à  la  vue,  renvoyer  en  liberté  lesopprimés,  proclamer  une  année  de  grâce  du  Seigneur. ” »(Lc 4, 16-19)

Nous sommes vraiment dans la condition des “ op-primés ” que vient délivrer notre “ doux Christ enterre ”. Il nous délivre sans éclat, avec douceur,comme il est encore dit de lui au premier chant duServiteur :

« Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu quepréfère mon âme. J’ai mis sur lui mon Esprit, pourqu’il fasse sortir pour les nations sa religion [catho-lique, par une contre-réforme].

« Il ne crie pas, il n’élève pas le ton, il ne fait pasentendre sa voix dans les rues ; il ne rompt pas leroseau broyé, il n’éteint pas la flamme vacillante.

« Fidèlement, il apporte la religion, sans défaillanceet sans hâte jusqu’à ce que la religion soit établie surterre, car les îles attendent sa Loi. » (Is 42, 1-4)

Voici comment :Il cite d’abord saint Ignace invitant son retraitant à

« considérer le discours que le Christ, notre Seigneur,adresse à tous ses serviteurs et à tous ses amis qu’ilenvoie  aider les âmes en les amenant premièrement àla plus grande pauvreté spirituelle, et non moins, si sadivine Majesté devait en être servie et voulait bien leschoisir, à la pauvreté effective ; secondement, au désirdes opprobres et des mépris, parce que de ces deuxchoses résulte l’humilité.

« De sorte qu’il y ait trois échelons : le premier, lapauvreté à l’opposé de la richesse ; le second, lesopprobres et les mépris à l’opposé de l’honneur mon-dain ; le troisième, l’humilité à l’opposé de l’orgueil.Et à partir de ces trois échelons, qu’ils les entraînentà toutes les autres vertus. » (p. 93)

DÉSOLATION.

Le cardinal Bergoglio cite alors, peut-être en guisede faire-valoir ? le commentaire du cardinal Martini,s. j., archevêque de Milan : l’horreur. Tout le Concile !Là, les brebis du Bon Pasteur François ne compren-nent plus...

« Cet envoi missionnaire du Christ est intéressant.Curieusement, il ne dit pas : Appelez le plus grandnombre de personnes à l’église, faites-les baptiser,croire, venir à la Messe, mais : Aidez tous leshommes, sans exception, à se libérer des richesses quiencombrent, du désir de reconnaissance, de la répu-tation qui est changeante et de l’orgueil qui tuel’amour », comme si on pouvait faire tout cela sans“ aller à l’église ”, sans le baptême, sans aller à laMesse ! SANS LE CHRIST !

Évidemment, le cardinal Martini ne cite pas saintMarc : « Allez par toute la terre, prêchez l ’Évangile

à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé serasauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné . »(Mc 16, 15-16) Non ! Nul ne sera “ condamné ” puisque« le Seigneur est ami de la Nature humaine... »

« Il nous envoie pour enseigner l’esprit des Béati-tudes qui apporte la liberté de cœur dont nous avonstous besoin : chrétiens et protestants, juifs, musulmans,athées, progressistes et conservateurs, et même les in-différents. » C’est la liberté religieuse selon le concileVatican II !

« Il ne s’agit pas de dire à l’autre : “ Laisse tesconvictions et adopte les miennes qui sont meilleures ”,mais de lui offrir une aide à partir de l’expérience deJésus sans rien demander en échange, sans exiger deconditions. Tous les hommes sentent la nécessité de laliberté qu’enseigne Jésus, même quand ils ont déjàune foi [sic ! ], nous avons tous besoin de nous libérerde l’angoisse pour rencontrer la paix et le bonheur.C’est ce chemin de la paix que nous devons proposerde manière pratique, éthique, ce chemin qui mènel’homme à se déconditionner de toutes les oppressionsquotidiennes de la vie moderne. » (p. 94-95)

CONSOLATION.

C’est vraiment le cas de dire avec sainte Thérèsede l’Enfant-Jésus : « Parfois lorsque je lis certains traitésspirituels [ les ACTES de Vatican II ! ] où la perfection estmontrée à travers mille entraves, environnée d’une fouled’illusions, mon pauvre petit esprit se fatigue bien vite, jeferme le savant livre qui me casse la tête et me dessèche lecœur et je prends l’Écriture Sainte. » (au Père Roulland,9 mai 1897) C’est précisément ce que fait le cardinalBergoglio :

« J’aimerais que nous nous arrêtions un momentpour méditer deux traits caractéristiques de la ma-nière dont Jésus évangélise : la joie et le dialogue. Ildésire ardemment que nous les fassions nôtres. » Maisil commence par dire que « notre joie en Dieu estmissionnaire, elle est ferveur : C’est la joie d’Andréannonçant à son frère, Simon : « “ Nous  avons  trouvé  leMessie. » Bergoglio cite cette parole d’André à Simonsans se douter que quelques années plus tard il serafait lui-même « frère d’André » à qui Jésus dit : « “ Tues  Simon,  le  fils  de  Jean ;  tu  t’appelleras  Céphas ”, cequi veut dire Pierre. » (Jn 1, 41-45)

« Tu es Georges, fils de Mario. Tu t’appellerasFrançois... succédant à Pierre... » C’est le début del’Évangile. Et à la fin, c’est la joie de Marie-Made-leine que Jésus envoie en mission. « Jésus lui dit :“ Ne  me  retiens  pas,  laisse-moi  remonter  vers  le  Père.Mais  va  trouver  mes  frères  et  dis-leur : Je monte vers monPère et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. ” »

Manière, pour Jésus, de se débarrasser de Marie-Madeleine qui le tient prisonnier, mais aussi de laconsoler :

« Notre joie d’évangéliser est aussi consolation.C’est le signe de l’harmonie et de l’unité qui se

Page 24: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 24

réalise dans l’amour. C’est le signe de l’unité ducorps de l’Église, le signe de l’édification. Nousdevons à la fois être fidèles à la joie et ne pas en“ jouir ” comme d’un bien propre. La joie est faitepour émerveiller en étant partagée. La joie nous ouvreà la liberté des fils de Dieu, elle nous sépare deschoses et des situations qui nous emprisonnent, ellenous fait grandir en liberté. La joie, signe de laprésence du Christ, devrait être l’état habituel d’unhomme ou d’une femme consacrés. Il faut rechercherla “ consolation ”, non pour elle-même mais parcequ’elle est le signe de la présence du Seigneur ; la“ consolation ” dans n’importe lequel de ses états. »

Même dans celui de sa “ présence sous forme d’ab-sence ”, comme disait l’abbé de Nantes. Qu’est-ce, eneffet, que la “ consolation ” ?

Le cardinal Bergoglio cite saint Ignace : « J’appelleconsolation quand se produit dans l’âme quelque mo-tion intérieure par laquelle l’âme en vient à s’enflam-mer dans l’amour de son Créateur et Seigneur, etensuite quand elle ne peut plus aimer aucune chosecréée sur la face de la terre pour elle-même, maisseulement dans le Créateur de toutes choses.

« De même, quand elle verse des larmes, qui por-tent à l’amour de son Seigneur l’âme touchée, soit àcause de la douleur pour ses péchés, ou pour laPassion du Christ, Notre-Seigneur, soit pour d’autreschoses droitement ordonnées à son service et à salouange.

« Enfin, j’appelle consolation tout accroissementd’espérance, de foi et de charité, et toute allégresseintérieure qui appelle et attire aux choses célestes etau salut propre de l’âme, en lui donnant repos et paix,dans son Créateur et Seigneur. » (E. S., 316)

« Cette ambiance joyeuse, disait encore Bergoglio,se nourrit de la contemplation du Christ en mission :comment il marchait, comment il prêchait, comment ilsoignait, comment il regardait. »

En pensant à Jésus, « comment il marchait », nousallons marcher d’un autre cœur ! Et des martyrs ven-déens nous allons apprendre que le chemin où Jésusnous entraîne, par la voix de son vicaire François, estun chemin de Croix. Ainsi soit-il !

SAINTE ESPÉRANCE

Ces deux instructions qui se complétaient heureuse-ment nous redonnèrent la joie de la Sainte Espérance,celle de notre frère Bruno surtout en nous laissantbien entrevoir que le cœur religieux et donc docile àDieu de notre Saint-Père François était en chemin versFatima. Raison de plus pour prier, davantage et mieux,afin d’en accélérer le mouvement, et qu’il en arrivevite à cette obéissance grâce à laquelle de nouveauxapôtres édifieront sur les ruines du monde moderne,comme jadis leurs anciens sur les ruines de l’Empireromain, la “ civilisation de l’amour ”, la vraie, pour la

plus grande gloire de Dieu le Père, du Sacré-Cœur deJésus et du Cœur Immaculé de Marie. Joie de cetteprochaine nouvelle et ultime évangélisation...

Frère Bruno et frère Thomas nous avaient réchaufféle cœur, restait maintenant à prendre des forces pourle lendemain. Nos sœurs y avaient pensé, et elles nousattendaient dans la salle Cathelineau pour le repas.C’est ainsi que tous purent se réchauffer par unebonne soupe chaude, tout en écoutant un édifiant mon-tage audio sur la vie de Jacques Cathelineau, brave etsaint homme, comme nos provinces d’Ancien Régimesavaient en produire, humble et supérieur, chrétiensans détour, chéri de Jésus. La chapelle Saint-Charlesétait à quelques pas, nous nous y rendîmes pour en-tendre une dernière instruction de frère Bruno et véné-rer ensuite de tout notre cœur le tombeau de cetincomparable généralissime des armées catholiques etroyales.

DU MARILLAIS A BÉHUARD

La journée du samedi devait se dérouler sousl’égide de la Vierge Marie, reine des martyrs et reinede la paix puisque nous devions partir de Notre-Damedu Marillais, passer par Notre-Dame de Charité pourtrouver finalement asile au creux du rocher de Notre-Dame de Béhuard.

Mais il nous fallait d’abord apprendre de frèreThomas que c’était à la Bse Marie du Divin Cœur quenous devions la grâce de ce pèlerinage. Elle était néeun 8 septembre, comme la Sainte Vierge, au jourmême de la « fête angevine ». Cela n’était pas unhasard car visiblement Notre-Seigneur lui-même y at-tachait une certaine importance : « Tu  dois  garder  lenom  de  ma  bien-aimée  Mère,  ce  nom  avec  lequel  je  t’aidéjà  appelée  à  moi,  ce  nom  dont  la  douceur  fut  ce  quicommença  à  toucher  mon  Cœur. »

MARIE  DU  DIVIN  CŒUR  VENDÉENNE  DE  CŒUR.

Cette correspondance en cachait bien d’autres quenotre frère Thomas évoqua en nous racontant briève-ment la vie et la mission de notre bienheureuse... Lapremière, c’est qu’il nous apparut bien vite que lacomtesse Maria Droste zu Vischering, Westphaliennede naissance, était une Vendéenne de cœur (vraie fillede sainte Marie Euphrasie Pelletier, la fondatrice dessœurs du Bon-Pasteur d’Angers (cf. encart, p. 25).

« N’oublions pas, dira notre frère, que ces catho-liques allemands ont été durement persécutés pour leurfoi par la Prusse protestante. Le Kulturkampf de Bis-marck a été comme une sorte de seconde réformeluthérienne, et c’est dans ce climat de lutte à la foisreligieuse et politique, de prisons ou d’exil pour lesprêtres et les évêques réfractaires, que s’est fortifié lecaractère de Maria. Elle a vécu, grandi, entourée d’unenuée de témoins, de confesseurs de la foi, et c’est àleur école qu’elle a appris à « mener le bon combat » :

(suite, p. 26)

Page 25: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 25

NOUS sommes ici devantla maison-mère du Bon-

Pasteur d’Angers ( le nom exactest Notre-Dame de Charité duBon-Pasteur d’Angers), fondéepar sainte Marie de Sainte-Euphrasie Pelletier, (on dit au-jourd’hui sainte Marie-Euphra-sie), une Vendéenne née surl’î le de Noirmoutier en 1796,sous la Terreur, et qui resteraVendéenne toute sa vie par safoi intrépide et apostolique, forteà transporter les montagnes,par sa fidélité en amitié, sonextrême bonté et sa charitéaccuei l lante, son zè le pourl ’Égl ise, enfin sa dévotion auxSaints Cœurs de Jésus et deMarie. Dévotion qu’elle tenaitde saint Jean Eudes, puisqu’ellecommença par être religieuse,puis supér ieure au Refugede Notre-Dame de Charité deTours, un de ces “ refuges ” quele saint fondait au cours desmissions populaires qu’il prê-chait, car il avait vu la nécessitéde créer des maisons religieusesqui reçoivent les femmes et lesjeunes filles ayant fait scandale,mais résolues à se convertir etcherchant pour cela un “ refuge ”,que saint Jean Eudes appelaitl’ “ hôpi ta l des âmes ” .

C’est en l’année 1829 quemère Marie-Euphrasie arrive ici,accompagnée de cinq sœurs,appelée par l ’évêque d’Angers,reçue par le curé de la ca-thédrale Saint-Maurice et parle jeune comte de Neuville quivient d’hériter de sa mère d’unefortune considérable, qu’i l veutemployer à soutenir son œuvre.Je ne vais pas vous racontercette histoire merveilleuse, hé-roïque aussi, et bénie par laSainte Vierge (vous apercevezsa statue au milieu du jardin),à qui mère Marie-Euphrasie vouasa congrégation. C’était en 1847,dans un moment de grand périloù, pour ainsi dire, elle “ passala main ” à l ’Immaculée ! Elleavait eu aussi une idée de génie,en même temps qu’une inspi-ration céleste : dès qu’elle futsol l ic i tée de fonder d’autres“ refuges ” en France, afin queces fondations restent attachéesles unes aux autres et gardentun esprit commun, si nécessaireaprès les bouleversements dela Révolution, elle soll icita deRome la permission d’établir ungénéralat.

Le pape Grégoire XVI lasoutint de tout son pouvoir

contre certains évêques gal-l icans remontés contre elle, etl ’Ordre se répandit bientôt, nonseulement en France mais àRome, en Allemagne, en Angle-terre, aux États -Unis, au Ca-nada, en Algérie, en Égypte.Incroyable rayonnement d’unecongrégation qui comptera, àla mort de la fondatrice, centdix maisons, réparties sur cinqcontinents ! « Pour accompl i r lavolonté de Dieu , aimait à diremère Marie-Euphrasie, j e par -courra is le monde ent ier . » Ellefit aussi marquer sous l’horlogedu couvent, l ’ inscription : « Mesjours sont comptés . »

Ici, la maison-mère se déve-loppa aussi, d’une manière stu-péfiante : à la première maisonétablie dans une ancienne fa-brique de cotonnade, s’ajoutaune ferme agricole, qui reçut lenom de “ Maison de Nazareth ”pour y accueill ir de jeunes dé-tenues, puis ce fut l ’ancienneabbaye Saint-Nicolas, perchéeà flanc de colline ; pour relierla maison à l ’abbaye, mèreMarie-Euphrasie n’hésita pas àfaire creuser un tunnel de 55 mde long sous la route impériale.Comme disait le préfet répu-blicain du Maine-et-Loire à pro-pos de la “ bonne Mère ” : « I ln’ y a qu’un homme à Angers,c’est la mère Pelletier ! »

Sous sa direction sage etprudente, mais aussi animéed’un grand esprit apostolique,le monastère devint rapidementune véritable cité, une ruchebourdonnante. « Toutes, tant quevous êtes, disait-elle à ses filles,vous travail lez au salut desâmes. Celles qui sont employéesau jardin ou à la boulangerie, àla lingerie, ou qui sont occupéesà tout autre chose, n’importeoù, toutes travaillent à sauverles âmes . » Sauver les âmes,c’est-à-dire prendre part aveczèle à l’Œuvre rédemptrice deleur divin Époux, en vraies« f i l les de l ’Égl ise , gard ienne dutrésor de notre fo i e t de notreespérance », disait encore sainteMarie-Euphrasie, et voilà quinous ramène à notre Bse Mariedu Divin Cœur.

Entrée au Bon - Pasteur deMünster le 21 novembre 1888,elle fut envoyée au Portugalcinq ans plus tard ; et c’est à lafin de janvier 1894 qu’elle s’ar-rêta en chemin ici à Angers,franchit la grande porte d’entréequi existe toujours, au numéro 3

de la rue Brault, un peu plushaut à gauche... La maison-mère comptait alors plus demille religieuses et pénitentes !Des novices de toutes natio-nalités venaient s’y former. Leséjour de sœur Marie du DivinCœur fut bref, quelques jours àpeine : le 2 février 1894, elles’agenouillait de nouveau devantmère Marie de Sainte-MarineVerger, la supérieure générale,qui avait été formée elle-mêmepar la sainte fondatrice, et partaitremplir sa difficile mission auPortugal : sauver une maison del ’ordre , à moi t ié en ru ine .

Devenue supérieure de Porto,elle reviendra encore une foisici, en février 1896, déjà bienéprouvée mais rayonnant ce“ culte intérieur ” du Sacré-Cœurque Jésus lui demandait de vivreen perfection et de propager,en attendant d’accomplir sa“ grande mission apostol ique ” .

Nous avons éprouvé au coursde nos méditations du Rosairele rayonnement de cette âmeprivilégiée du Sacré - Cœur, siardente et en même temps silucide sur les événements etles personnes. Comme disaitson Père spirituel, dom Scho-ber : « Combien de personnesont douté de la solidité de savocation et dit ouvertement quela supérieure du Bon-Pasteurde Porto n’avait pas l’esprit deson ordre. Disons-le une foispour toutes, elle était extrê-mement franche, ignorant toutedissimulation et diplomatie. Làoù elle voyait des manquementsou des fautes chez les per-sonnes, dans les choses, lesmonastères, le sien ou d’autres,elle le disait ouvertement, nonpar esprit de dénigrement, oupar quelque autre faiblesse maispar amour de Dieu e t des âmes,amour qui cu lmina i t dans le dés i ret l ’aspirat ion qu’en toutes chosesresplendisse l ’honneur de Dieu . »

Et si c’était le Pape qui« manqua i t » à sa charge etfaisait des « fautes » ?... Eh bien,c’est ce que notre frère Pascala découvert, ici même, auxarchives du Bon-Pasteur : àsavoir que notre sainte fut en-voyée au pape Léon XIII, « depar le Roy du Ciel », pour luifaire remontrance, lui dire qu’ildevait réparer « les négl igenceset les fautes » de son pontif icat,en consacrant le monde entierau Divin Cœur de Jésus, ce quidétournerait l ’Église de la mau-

vaise voie où elle s’engageait ;mission terr i f iante, héroïque,pour cette fi l le du comte et dela comtesse Droste zu Vis-chering qui mettaient plus hautque tout la papauté. C’est làl’ultime “ SECRET DE MÈRE MARIE

DU DIVIN CŒUR ”, titre de l’ouvrageque préparent nos sœurs, àparaître pour le 150 e anniver-saire de sa naissance. Secretténébreux et honteux de larésistance du pape Léon XIIIaux volontés de Notre-Seigneur,de sa trahison ; secret lumineuxet glorieux, de l’épouse dociledu Cœur de son Roi.

Nous avons rappelé l’an pas-sé le “ secret ” de sainte Jeanned’Arc : l’assurance qu’elle n’avaitjamais fail l i ni renié ses Voix,sa mission. Le “ secret ” de sœurLucie de Fatima est identique :contredite, calomniée, elle aaccompli jusqu’au bout sa mis-sion qui était de faire savoirque la paix et le salut du mondeétaient confiés au Cœur Imma-culé de Marie. La mission de laBse Marie du Divin Cœur s’ins-crit dans cette orthodromie di-vine. Et nous dicte notre devoirde rappeler à temps et à con-tretemps à notre Saint Père lepape François les demandesdu Cœur Immaculé de Marie.

Le Bon-Pasteur d’Angers n’apas daigné nous ouvrir sesportes, parce qu’on ne croitpas ici à cette mission apos-tolique de mère Marie du DivinCœur, on ne veut pas entendreparler de son “ secret ”, et rienne sera fait à Angers pour le150 e anniversaire de sa nais-sance. Mais à Darfeld, l ieu desa naissance, et à Porto, oùelle a souffert son martyre, si !i l s’en parlera. Et nos frères enpèlerinage à Porto, en février,ont appris qu’au Portugal lesévêques avaient demandé quesa cause de canonisation soitactivée, un miracle ayant étéreconnu l’an passé. Espérons,prions pour qu’enfin l ’Église,sous la houlette de notre papeFrançois, se tourne vers leSacré-Cœur de Jésus et le CœurImmaculé de Marie, afin qu’unemultitude d’âmes, touchées parles inventions de leur Amourmiséricordieux, reviennent aubercail de l’unique et vrai etbon Pasteur, qui disait à samessagère :

« Conf ie- to i en moi , mon Sacré-Cœur régnera , mon Sacré -Cœurt r iomphera . » Ainsi soit-i l !

NOTRE-DAME DE CHARITÉ DU BON-PASTEUR D' ANGERS

Page 26: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 26

Son arrière-grand-oncle, Mgr Clement-Auguste Drostezu Vischering, archevêque de Cologne, surnommé“ l’Athanase germanique ”, dont la résistance au totali-tarisme prussien sonna le réveil de la résistance catho-lique dans les années 1830 ; Mgr Ketteler, son grand-oncle par sa mère, qui dut sa vocation à une vision duSacré-Cœur et devint évêque de Mayence, c’était le“ Freppel ” de la Rhénanie ; l’évêque de Münster,Mgr Brinkmann, qui confirma Maria, très proche deson père et persécuté par le gouvernement prussien ;Windthorst, le chef du Zentrum, grand ami du comteDroste son père, etc. Mentionnons également lePère Hausherr, son directeur spirituel, un saint jésuite,disciple de saint Pierre Canisius et ardent apôtre duSacré-Cœur en Allemagne. Bref, tout un entour rela-tionnel de traditions, de convictions, de mœurs quifaisait de cette Westphalie catholique comme une vi-trine, sous l’égide d’une Église de contre-réforme etcontre-révolution. Vitrine de Chrétienté aimable, fé-conde, conquérante.

Maria est de la “ génération Pie IX ”, puisque leSYLLABUS condamnant les erreurs modernes date de1864, qu’elle est née en 1863 et que sa famille enétait imbue. C’est donc dans cette famille, dans cemilieu aristocratique très attaché et dévoué à l’Église,que Jésus a choisi l’épouse de son Cœur, pour en fairel’image vivante de sa miséricorde. « Je  ferai  de  toncœur  mon  séjour,  ma  demeure,  mon  repos  dans  un  mondequi  m’oublie. »

ÉPOUSE  DU  CHRIST.

Frère Thomas nous fit bien sûr remarquer que siune telle intimité nous dépasse, elle ne doit pas nousécraser, car enfin, « combien elle est aimable ! et en-traînante sur la voie de l’amour de Dieu. Si le Sacré-Cœur l’a voulu telle, c’est pour qu’elle fasse  rayonnerson  amabilité dans tous les cœurs. »

1o C’est une âme de vérité, par tempérament – il n’ya qu’à voir son visage, ses yeux magnifiques... – et parvocation d’épouse du Christ, ne tolérant pas que tout cequi touche à son divin Époux, sa Vérité, ses Volontés,soit le moins du monde trahi, faussé, contourné.

2o Une âme de combat aussi, que de combatsintérieurs elle a dû mener, que de souffrances ! et celanous encourage et nous stimule, quand nous sommesen butte au démon, au monde, à nous-mêmes... Tenez,elle écrivait quelques jours après sa prise d’habit :

« Courage, mon âme ! Entre dans la mêlée pourDieu et avec Dieu. Le fer doit être martelé, travaillé ;tant pis s’il jaillit des étincelles. Il s’agit d’une éternité,d’un Ciel, il s’agit de gagner un Dieu. Tout doit y êtreengagé. Chaque jour un nouveau combat, pas uneminute de repos. Je puis tout en Celui qui me fortifie. »

3o Enfin, notre Père admirera en elle « un être toutbrûlant de tendresse et de dévotion », épousant entoute vérité et sans réserve les volontés signifiées,jusqu’aux désirs les plus intimes du Cœur de Jésus,

son Époux, – avec une compréhension et une expé-rience intime de l’amour mystique qui rejoignent etjustifient parfaitement la doctrine de notre Père –,enfin comprenant dans son intelligence lumineuse lesconditions du Règne de Jésus et Marie pour le salutdes âmes, la mission qui lui était réservée pour lesalut de l’Église et du monde. »

“ LA  GRANDE  AFFAIRE  DE  TOUTE  SA  VIE.”

Elle entre au Bon-Pasteur de Münster, le 21novembre 1888, pour s’occuper de femmes et dejeunes filles ayant causé du scandale par leur mauvaiseconduite mais résolues à se convertir. Il s’ensuit cinqannées de vie cachée dans une fidélité parfaite à laRègle, à ses vœux, à ses supérieures, et avec unegénérosité incroyable. Notre-Seigneur la forme jouraprès jour à être un parfait instrument entre ses mains,en vue de sa mission à venir : « Que je voie avec tesyeux, que je travaille avec tes mains, que je parleavec ta bouche, que je prie par toi, et puisque monplus grand désir fut constamment de souffrir, je souf-frirai encore en toi et par toi. Dispose-toi donc et soisprête à souffrir. Je continue par là ma Passion et jel’applique aux âmes en souffrant dans mes élus. »

Sa première mission sera d’aller à Porto et d’ysauver une maison du Bon-Pasteur décadente, “ àmoitié en ruine ”. C’était d’autant plus difficile, queselon une formule saisissante de notre Père : « la so-ciété portugaise était rongée par la franc-maçonnerieet l’Église y était loin de résister aux sollicitations deSatan ».

C’est mot pour mot la situation de l’Italie, mena-çant l’Église à Rome même. Notre-Seigneur le révèleà Marie du Divin Cœur et lui demande d’en avertir lepape Léon XIII, de le mettre en garde aussi, ce seraen vain ! contre sa politique d’entente criminelle avecles USA qui va bientôt dépouiller l’Espagne catholiquede Cuba et des Philippines ; formidable recul de laChrétienté...

C’est l’échec, mais Jésus, « le maître de l’impossi-ble », obtient tout de même, grâce aux mérites desgrandes souffrances de son épouse, que le Pape consa-cre le monde à son Sacré-Cœur...

L’ÂME  SŒUR  DE  NOTRE  PÈRE.

C’est en 1987, l’année de la foi, que notre Pèreconnut notre sainte et qu’il entra toujours plus avantdans sa familiarité, d’abord grâce à sa formule deconsécration au Sacré-Cœur qu’il aimait beaucoup. Ets’il nous la commenta si souvent c’est pour que nousy puisions « un grand enthousiasme et une grandeardeur. Pénétrant ainsi à l’intime d’un cœur très fer-vent, nous comprenons ce que peut-être l’amourqu’une âme, et que l’Église, peut avoir pour le divinCœur de Jésus. »

Mais, une année ne s’était pas écoulée que notrePère avait intuitivement compris qu’entre le Sacré-

(suite, p. 28)

Page 27: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 27

De saint Jean Eudes (1601-1680 ), « le père,le docteur et l ’apôtre du culte l i turgiquedes Saints Cœurs de Jésus et de Marie »( saint Pie X ), à Georges de Nantes (1924 -2010 ), le fondateur des Petits frères etPetites sœurs du Sacré -Cœur et l ’ apôtre dela Contre - réforme catholique au XX e siècle,l ’orthodromie de la vraie dévotion au Sacré -Cœur passe par sainte Marie de Sainte-Euphrasie Pelletier (1796 -1868), fondatricede Notre -Dame de Charité du Bon-Pasteur,et sa fi l le la bienheureuse Marie du DivinCœur (1863 -1899), messagère du Sacré -Cœur auprès du pape Léon XIII.

VEXILLA REGIS PRODEUNT.

Les étendards du Roi s’avancent, conduits par le généralissimeJacques Cathelineau.

« L’ Église est belle. L ’ Église est attirante pourles cœurs brisés et pour les âmes heureuses. Ilsuffirait d ’ évoquer les visages et l ’ exemple dessaints pour que tous s ’ éprennent d ’ eux et sui-vent leurs traces. » ( Georges de Nantes, QUAND

JÉSUS REVIENDRA, octobre 1973 )

Page 28: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 28

Cœur et lui, avec elle entre les deux, et la SainteVierge ! il y aurait une sorte de contrat, pour accomplirjusqu’au bout son méritoire service de l’Église, dansune obéissance absolue aux desseins du Sacré-Cœur :« Pour obtenir de Lui qu’Il fasse le nécessaire, Luiseul et selon son bon plaisir, il me fallait enfin moi-même, et sans aucune procuration ni restriction men-tale,  prononcer  dans  les  mêmes  termes  la  consécration  dela  bienheureuse  Marie  du  Divin  Cœur  et  inviter  le  plusgrand  nombre  d’âmes  possible  à  la  faire  elles-mêmes  oudu  moins  s’y  associer  chacune  selon  ses  forces. »

Tel était aussi le but de notre pèlerinage et desnombreux chapelets que nous allions offrir ensembleau Sacré-Cœur de Jésus et au Cœur Immaculé deMarie, pour hâter l’heure du salut de l’Église. LaFrance n’était pas oubliée du Sacré-Cœur puisqu’ilassura une autre de ses confidentes, Lucie-Christine,que “ la  France  ne  périra  jamais ;  je  lui  réserve  unemission  pour  les  derniers  temps ”.

« C’est peut-être la mission qui nous est confiée,conclura frère Thomas, à nous Phalange d’avant-gardede l’Immaculée, d’annoncer ce salut miraculeux que leDivin Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de Mariepréparent, et d’y travailler de toutes nos forces,d’autant plus et mieux que, sous la houlette du bonpape François, tout peut aller très vite... »

Il ne nous restait plus qu’à obéir et à remplirmaintenant notre office eucharistique et marial deCroisés, office si cher à notre Père : « Prie, communie,sacrifie-toi, sois apôtre. » Nous sortîmes donc en pro-cession, bannières et drapeaux en tête, pour nousrendre en priant le chapelet jusqu’à l’église de Notre-Dame du Marillais, toute proche, et y assister auSaint-Sacrifice de la messe.

CHEZ NOTRE-DAME DU MARILLAIS

Pour satisfaire au désir du bon Père Montfortainrencontré la veille, nous entrâmes dans son église enchantant son cantique préféré : “ Je mets ma confianceVierge en votre secours... ” Quel bonheur de rencontrerun homme d’Église, bon, souriant, heureux de nousparler de ses saints fondateurs, Louis-Marie et Marie-Louise. Quant à Mgr Freppel, il le chérissait toutparticulièrement, et à un double titre. Tout d’abordparce que c’était lui qui avait fait reconstruire et doncagrandir l’église du Marillais afin de remplacer laprécédente, en ruine. Puis, en 1878, il avait confié, enpasteur avisé et surnaturel, le sanctuaire aux Pèresmontfortains. L’admiration pour notre évêque de com-bat, le bon Père, un Breton bretonnant, la partageaitmais elle allait toute au député du Finistère Freppel, età sa dévotion pour Notre-Dame du Folgoat qui avaitbercé son enfance...

Son sermon fut si enthousiasmant qu’on aurait ditqu’il était des nôtres et avait assisté à l’instruction defrère Thomas. Il prit appui sur la parole de l’Évan-

gile du jour, et il nous expliqua en survolant àgrands traits l’histoire de France, que Jésus, de fait,était toujours parmi nous : grâce à Marie – et denous raconter l’origine du sanctuaire – et grâce aussià des saints, comme Louis-Marie Grignion de Mont-fort [dont il avait accepté de dire la messe anticipée...].Son homélie s’acheva sur cette dernière parole : « Jevous souhaite de vivre dans cette présence de Jésusqui nous est donné par Marie, dans ce lieu parti-culier du Marillais. »

C’est donc le cœur en joie que nous sortîmes enprocession pour ensuite, comme de vrais paroissiens,attendre, deviser ensemble pendant que frère Brunoremerciait chaleureusement ce cher curé en lui offrantun exemplaire de l’oratorio de frère Henry sur saintLouis-Marie Grignion de Montfort. Notre Frère prieur,très heureux de ce temps de communion fraternelle,s’exclamera : « C’est vraiment l’expression de ce queva redevenir l’Église avec notre pape François... »

LE  SANG  DES  MARTYRS  CRIE  VERS  DIEU.

Nous reprîmes ensuite notre ordre de marche, enquatre groupes, afin de nous rendre en priant jusqu’au“ PRÉ DES MARTYRS ”, à quelques centaines de mètresde l’église. C’est là qu’ont été immolé deux mille denos frères en haine de la religion... Massacre impitoya-ble perpétré dans le village même de Bonchamps qui,lui, avait demandé et obtenu la grâce de cinq milleprisonniers républicains.

MENSONGE  ET  HOMICIDE  RÉPUBLICAINS.

Après le grand pardon de Bonchamps, il devenaitimpossible aux révolutionnaires de justifier le génocidedes Vendéens. Le Comité de salut public a donc faiten sorte de l’éradiquer des mémoires. « Les brigandsn’ont pas le temps d’écrire ou de faire des journaux.Cela s’oubliera comme tant d’autres choses. » pensaitMerlin de Thionville ; Robespierre se montra plusavisé : « Rendons-les responsables du mal que nousleur faisons. » Ils ont donc demandé aux Bleus libéréspar Bonchamps de mentir, d’exterminer ensuite leurslibérateurs et leurs familles (au Marillais), puis ils ontinventé l’affaire Barat pour renverser les sorts et gri-mer les bourreaux en victimes...

Comment peut-on être en même temps catholiqueet républicain après cela ? Comment Léon XIII a-t-ilpu obliger les catholiques à se rallier à la Républiquesans qu’aucun évêque ne bronche, le Pape ayant at-tendu la mort de Mgr Freppel pour imposer sa poli-tique de ralliement ? Notre Bon Dieu, lui, est attentif àla voix du sang de ses enfants martyrs. Il a mauditCaïn d’avoir tué son frère Abel (Gn 4, 2), il ne peutdonc que maudire, aujourd’hui comme hier, la Répu-blique française en ses mensonges et homicides. Lesjours de la “ gueuse ” sont donc comptés.

Nos trois cents amis investirent religieusement cetteterre sainte et nous écoutâmes frère Bruno faire mé-

Page 29: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 29

moire de ce carnage horrible, horrible, mais que la foiet la charité de nos saints martyrs ont transsubstantié,pour ainsi dire, en sacrifice expiatoire, uni à celui dupetit roi Louis XVII, pour le pardon et la résurrectionde la France.

VERS NOTRE-DAME DE CHARITÉ

De retour à Saint-Florent pour prendre notre pique-nique à la Ferme-des-Coteaux, nous nous rendîmesensuite en voiture jusqu’à Notre-Dame de Charité, surla route de La-Pommeraye à Saint-Laurent-de-la-Plaine. Carte Michelin pour les uns, GPS pour lesautres, ces quelques kilomètres ne devaient poseraucun problème. Mais voilà qu’un imprévu se mit entravers de la route, et la barra... Le GPS recalcule laposition, tandis que les autres ouvrent de grands yeuxsur la carte... Mais tous de tourner et retourner tant etplus avec la peur d’arriver en retard. C’est ainsi quenous avons mieux réalisé ce que dut être la paniquedes Bleus perdus dans ce pays de bocage où leschemins bordés de haies vous donnent, à la longue, lafâcheuse impression d’errer dans un labyrinthe, et oùrien ne ressemble plus à un carrefour de cheminsqu’un autre carrefour de chemins...

Finalement après une arrivée en échelons, tous aucomplet, nous avons écouté notre frère Bruno nousparler des prédications du pape François sur l’Évan-gile, ce qui a donné à notre frère bien des idées pourle prochain camp de la Phalange. Il évoqua ensuite lesouvenir de nos martyrs, sur ce lieu béni où la ViergeMarie descendit pour défier la haine des révolution-naires et surtout pour encourager ses enfants.

Nous étions assis par terre devant un modeste mo-nument surmonté d’une Croix, alors que tant de grâcesmériteraient au moins une basilique... En attendant cetemps béni qui ne saurait tarder, c’est sous un soleilbienfaisant et un ciel “ bleu Sainte Vierge ” que nousavons prié Notre-Dame de Charité, et repris ensuitenotre marche, la vraie cette fois, car dix-huit kilomè-tres nous séparait du prochain sanctuaire.

VERS BÉHUARD

Notre itinéraire de marche avait été si méticuleuse-ment préparé par un militaire de nos amis, que chacunde nos quatre groupes avait en main une suite decartes où l’itinéraire était fléché, les difficultés si bienprévues et commentées qu’il était impossible de seperdre. Nous sommes donc partis, drapeaux en tête, etd’un bon pas, en priant le rosaire, à la lumière desenseignements de la bienheureuse Marie du DivinCœur et de notre Père.

La campagne angevine est si ravissante qu’on auraitpu se croire au paradis ; mais non, car avec le tempscette marche nous permit de pâtir un peu et d’unir ainsila pénitence à la prière... Rien de plus que des am-poules aux pieds et un peu de pluie sur la tête. Mais àvoir le ciel d’encre, on comprenait que les bons angesresponsables des précipitations étaient à l’œuvre etnous ménageaient merci. Et puis le spectacle des vignesd’Anjou invitait aimablement à l’acceptation des diffi-cultés de la vie présente, car pour produire du bon vin,chaque cep de vigne se devait d’être, et il l’était,effroyablement émondé. Jésus l’avait bien dit dansl’Évangile, mais là nous le voyions de nos “ œils ”...

BIBARD ET SA MÈRE.

À son fi ls qui vient lui annoncer lamort de son père et de son frère, unepaysanne répond : « Ton père et tonfrère ont reçu leur récompense et sontmaintenant avec le Bon Dieu. Toi, mongars, retourne à l’armée pendant quetes sœurs et moi allons prier... Etn’oublie pas qu’il faudra maintenant tebattre pour trois ! »

Le jeune homme, qui s’appelaitBibard, se montra digne de sa mère.Peu de temps après, couvert de vingt-six blessures, i l est jeté en prison parles Bleus. Son brutal geôlier le maltraiteà plaisir.

Mais la vil le ayant été reprise parles Vendéens, Bibard fut délivré. Quantau geôlier, i l ne dut la vie qu’à l’ inter-vention du jeune homme qui lui décla-ra : « Souviens- to i que je t ’a i pardonnépour l ’amour de Jésus-Chr ist ! »

On rapporta la scène au général La

Rochejaquelein qui se jeta au cou deBibard et s’écria en l ’embrassant :« Pour un verre de mon sang, je n’auraipas voulu que tu te sois montré moinsgénéreux. » Comme l’écrit frère Gérard :« On juge les causes aux actes qu’e l lesinspi rent ! »

UN ENFANT DE HUIT AN S.

Un jour, après avoir mis à feu et àsang une métairie, et massacré toutela « nichée » les Bleus mettent encorela main sur un enfant de huit ans :« Allons, petit brigand, on va te fairegrâce. Mais à une condition : avant det’en aller, tu vas jurer une bonne foiscontre ton Bon Dieu.

« Ah ! Pour ça, non, monsieur !répond l’enfant indigné, ce serait unpéché . » Alors les démons se jetèrentsur lui et le firent mourir avec tout cequ’ils savaient de cruauté. En cesmois de Terreur, la Vierge Marie, Reine

des martyrs, soutenait elle-même lecourage de ses enfants qui ne cessaientde lui chanter : « Je mets ma confiance,Vierge, en votre secours... »

UNE JEUNE MAMAN .

Madame de Rorthays, condamnée àêtre fusil lée, refuse qu’on la sépare deses trois jeunes enfants qui s’accrochentà sa robe ou qu’elle porte dans sesbras : « Non ! je préfère qu’ils meurentavec moi ; car en mourant, i ls ferontl’ornement du Ciel, tandis que s’i lsrestent avec vous, i ls deviendraientpeut-être mauvais et impies . »

Oui, c’est vers le Ciel que marchaientces cohortes de confesseurs de la foi,de vierges et de saintes femmes,chantant des psaumes et des cantiques,ou égrenant leur Rosaire, dont onretrouve encore les chaînes rouilléesmêlées à leurs ossements, dans uneterre restée teintée de leur sang.

FIORETTI(suite, p. 31)

Page 30: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 30

Pendant ce temps nos cinq sœurs et nos frèresLouis-Joseph, François-Marie et Alexis étaient tout ab-sorbés par les “ nécessités du service ” et préparaientl’arrivée des marcheurs qui se ferait sous la pluie etdans le froid. Les responsables de l’hospitalité et dusanctuaire nous avaient certes permis d’installer notreintendance à l’extérieur, mais grâce à frère Louis-Joseph qui n’a pas son pareil pour négocier, ils ontbien vu notre embarras. L’affaire est remontée jusqu’aurecteur qui comprit bien la nature religieuse et fami-liale de notre groupe. Il permit à nos sœurs d’utiliser lacuisine de l’hospitalité, ce qui n’était pas du luxe pourpréparer deux cent trente-sept repas chauds.

DANS LE CŒUR DE NOTRE-DAME DE BÉHUARD

Après nous être restaurés, et faute de pouvoir faireune procession aux flambeaux comme prévu, à causede la pluie, nous allâmes nous blottir tous dans lapetite chapelle du sanctuaire. Mgr Freppel conduisaitses diocésains à Behuard par milliers en les achemi-nant par bateaux vapeurs, mais gageons tout de mêmeque c’est la première fois que la Sainte Vierge voyaitentrer tant de monde dans son petit sanctuaire. Nousétions serrés les uns contre les autres, tout comme lesélus dans certaines fresques de Fra Angelico, parta-geant un bonheur semblable d’ailleurs, sous le regardde cette petite statue de Notre-Dame, fort bien fleuriepour la circonstance, et qui nous embrassait tous deson regard maternel et royal.

Frère Bruno nous fit faire plus ample connaissanceavec Elle (cf. encart p. 14) puis il exposa le Saint-Sacrement. Ensuite, grâce à nos frères audio-vidéo,nous pûmes écouter notre Père qui de sa voix si chaleu-reuse, parlait au nom de Jésus – en sa présence et cellede Notre-Dame ! – véritable cœur à cœur où la prière del’Angélus nous apparut dans sa plénitude d’amour, ettellement réconfortante aussi (encart ci-dessous).

Le lendemain dimanche 28 avril, un froid pluvieuxnous empêcha d’assister à la Messe prévue en plein

air sur le site du sanctuaire. Nos hôtes émus de com-passion prévinrent le recteur, qui accepta volontiers dela célébrer dans l’église de Savennières, du dixièmesiècle, distante de deux kilomètres. Là encore, quelbonheur de communier à la prière de ce prêtre aumaintien si digne, si modeste, et dont le sermon res-semblait tellement à ceux du bon pape François.L’Évangile du jour (Jn 13, 31-35) portait sur le com-mandement de la charité fraternelle, et à l’encontre desphilanthropiques commentaires du “ Prions en Église ”,le curé cibla son sujet et nous exhorta à nous aimerles uns les autres, mais comme Jésus nous a aimés...

VERS LE BON-PASTEUR D’ANGERS

Nous reprîmes notre ordre de marche vers Angers,laissant derrière nous les vignobles de l’Anjou pouremprunter les bords de la Loire, autre vision depaix... Notre frère Bruno fit toute la marche visitanttour à tour chaque groupe ce qui lui donnait l’occa-sion d’animer le chapelet ou de s’entretenir avec lesuns et les autres... Il a pu donc dire cette méditationde notre Père lors du troisième mystère glorieux dudernier chapelet, belle évocation de la résolution àprendre à la suite de ce pèlerinage, afin de mieuxprier, et mieux aider le Saint-Père :

« Il n’y a qu’une manière, me semble-t-il, d’êtrebon chrétien, fidèle à l’Église et à nos engagements,nos promesses au Sacré-Cœur de Jésus et de Marie,il n’y a qu’une manière, c’est de vouloir de toutenotre force, avec la grâce de Dieu, avec notre intel-ligence, notre cœur, notre énergie, vouloir dévoiler àcette génération qui n’est plus du tout prévenue, lessplendeurs du Cœur de Jésus et de Marie. S’il doitrégner, c’est parce qu’il est excellent, ce Cœur. Ildoit être publié et prêché dans le monde entier, parcequ’Il est l’Amour, et un amour sans comparaison, etun amour faute duquel les peuples meurent. »

Et la grâce de cette flamme d’amour nous appre-nions par Jésus lui-même qu’elle nous avait été ac-

« De nouveau, paraissant ému, il(Jésus) se dit comme à lui-même :Ecce anci l la Domini , f ia t mihi secundumverbum tuum .

« Et c’est avec une indicible douceurqu’il poursuivit : “ Ma Sainte Mère, enl’instant béni où elle m’accepta, necraignit pas de se déclarer la Servantedu Seigneur. El le voula i t dès cemoment souffrir tous les tourments,tous les mépris, toutes les blessurespour aider à la rédemption du monde.Elle savait que cette divine parole nepourrait gagner les cœurs qu’au prixde mille contradictions, dans la guerre,

la haine, la persécution. Et elle avaitun ardent désir d’en être, la première,victime. Dès ce jour, pour me tenircompagnie, elle se revêtit du Signe dela Croix et toute sa vie fut dès lorsassociée à la mienne, dans le partagede mon martyre et de mes peinesquotidiennes, si secrètes et si vives !Il n’y avait pas que du bonheur et desconsolations dans l’étable de Bethléem,y avez-vous songé (...) ? Cessez devous étonner du drame d’apostasiequi marque votre temps. Voyez làseulement une ressemblance méritantede votre vie avec la mienne (.. .) .

Votre louange perdue, votre fidélitérare sont plus précieuses à mon PèreCéleste et à votre Père que celle desfoules au temps heureux (...).

« Et vous avez mon Corps. Con-naissez à ce mystère que c’est toujoursNoël ! Mon Corps, mon Sang, monÂme et la plénitude en moi de laDivinité, tout vous est donné commeau premier jour, à Bethléem, quand jeparus dans le monde. Je ne me suispoint repris. Je ne l’aurais pu, tant jevous aime ! ” »

( G. de Nantes, CONTE DE NOËL ,CRC no 3 suppl., décembre 1968 )

ECCE ANCILLA DOMINI

Page 31: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 31

« Le rocher de Béhuard était destiné à devenir le trône de Marie, afin que, du haut decette tour de David qui commande le cours de la Loire, Notre -Dame l ’ Angevine pûtétendre sur les deux rives ses mains protectrices. » ( Mgr Freppel, 8 septembre 1873 )

« Les trois Ave Maria dits à la requête du roi( Louis XI ), notre sire, aux coups de la cloche quilors sonnent, se nomme l ’ Ave Maria de la Paix. »

Mgr Freppel (1827 -1892), évêque d ’Angers : « C ’ est enportant sur leur poitrine l ’ image du Sacré -Cœur de Jésusque vos pères volaient au combat pour défendre la foi. »

Page 32: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 32

cordée par les mérites de la bienheureuse Marie duDivin Cœur. À nous, maintenant, de faire fructifier cetalent :

« Sache, mon enfant, que de la charité de monCœur, je veux faire descendre des torrents de grâcespar ton cœur dans le cœur des autres. C’est laraison pour laquelle on s’adressera à toi avec con-fiance. Ce ne sont pas tes qualités, mais c’est Moiqui en suis la cause. Jamais quelqu’un qui se ren-contrera avec toi ne s’éloignera sans que son âmesoit, de quelque manière, consolée, soulagée ou sanc-tifiée, ou ait reçu quelque grâce, même le pécheur leplus endurci. S’il veut profiter de la grâce, il ne tientqu’à lui. » (18 juin 1897)

LE  PAPE  FRANCOIS  EN  BORD  DE  LOIRE.

Nous devions faire halte dans le parc de Bou-chemaine, car c’est là que frère Bruno devait nousparler une dernière fois de notre pape François. FrèreLouis-Joseph et son équipe prirent donc les devantsafin d’aménager, avec l’accord de la municipalité,quelques commodités. Dans le même temps nos frèresSébastien, Benoît-Joseph, Georges et Claude débar-quaient et installaient tout leur matériel audio-vidéo.Le temps était magnifique, la prise de vue le seraitdonc, et quant au son, les petits enfants ne gêneraientpas puisqu’ils pourraient se divertir sur des agrès pré-vus pour eux un peu plus loin.

C’est dans un décor tout à fait évangélique quenous avons écouté notre Frère prieur. La Loire rem-plaçait le lac de Galilée, tandis que la bonne sonori-sation de nos frères dispensa frère Bruno de monterdans une barque. C’est donc avec la Loire dans sondos, bien installé sous un frêne, et un bon microdevant lui que notre frère passionna nos amis pen-dant plus d’une heure. Textes à l’appui il nous mon-tra à quel point les réformes que notre pape Françoisveut entreprendre, car « il faut nous réformer », sontfinalement des contre-réformes, des critiques subtileset fort bien ciblées de Vatican II. Le Souverain Pon-tife les avance avec une finesse bonhomme, cons-ciente ou œuvre du Saint-Esprit, sous le couvert desaint Ignace et de saint François. Toujours est-il queses paroles de vérité commencent à faire grincer desdents... Mais pas chez nous...

CHEZ  MONSEIGNEUR  FREPPEL.

Nos sœurs nous donnèrent ensuite un bon pique-nique, de quoi refaire nos forces pour l’ultime étapede notre pèlerinage, Angers, la ville dont chacune desportes était autrefois surmontée d’une effigie de laMère de Dieu, et qui se félicitait d’être appelée “ Villede Marie ”. C’est bien ce titre de noblesse que ce bonpasteur de Mgr Freppel s’employa à lui redonner.

Nous devions faire une halte devant la maison deNotre-Dame de Charité du Bon-Pasteur d’Angers(cf. encart, p. 25) afin de marcher jusqu’au bout sur les

traces de notre bienheureuse, et faire aussi un peu laconnaissance de sa fondatrice, sainte Marie-EuphrasiePelletier. Cela ne put se faire, faute de temps, etintersigne probablement, car que reste-t-il d’unemaison religieuse qui détruit son Calvaire pour le rem-placer par un labyrinthe ? Le troisième secret deFatima nous répond : « des  cadavres ». C’est donc sansregret que frère Bruno entraîna tout son monde, plusde trois cents ce dimanche, dans la maison du seulvrai Bon Pasteur d’Angers, Mgr Freppel. C’est enprocession au chant de “ RAPPELLE-TOI, JEANNE ! ” quenous avons franchi le seuil de sa cathédrale Saint-Maurice. Permission avait été donnée au vicaire d’ex-poser le Saint-Sacrement, mais pas à frère Bruno deconclure, dans la chaire même de Mgr Freppel, ce sibeau pèlerinage. « Réaction impulsive et incontrôlée,aussi bien de couardise que de témérité, si caracté-ristique de la peur », diagnostiquerait notre papeFrançois (cf. AMOUR, SERVICE ET HUMILITÉ, p. 39).

Mais notre frère ne s’en formalisa pas, et commeJésus au Saint-Sacrement, il obéit ; mais dans le cœurde nos amis, pour l’un comme pour l’autre, il n’yavait que des remerciements, des actions de grâces.C’est cette effusion, que notre frère Henry qui touchaitl’orgue, et notre frère Thomas qui dirigeait nos chantsles plus exaltants, se sont employés à manifester. Lapuissance et l’harmonie de notre union de charité ré-veilla la cathédrale de son silence conciliaire et mit finau léger brouhaha touristique, pour la plus grandeconsolation du bon prêtre qui avait officié : « Vraimentle Saint Sacrement a été bien honoré. »

Nous sortîmes en procession au chant du PèreMarie-Antoine : “ Ô IMMACULÉE ”, et avons ensuiteformé sur le parvis un carré spontané devant frèreBruno, qui nous adressa, d’abondance du cœur, cesdernières paroles de conclusion et d’envoi en mission :

« C’est tout à fait merveilleux de finir notre pèle-rinage dans la cathédrale de Mgr Freppel, l’évêque quia réveillé tous les souvenirs, tous les pèlerinages quenous avons faits, tout ce que nous avons visitépendant ces trois jours. Il fut l’abbé de Nantes de sonépoque, c’est pourquoi nous le vénérons et que sapensée est vivante, car nous en sommes les héritiers.Pour nous, et à cause de cela, c’est la plus bellecathédrale de France !

« Nous pouvons vraiment remercier le Bon Dieu denous avoir accueillis dans ces sanctuaires, dans cemerveilleux diocèse, dans cette cathédrale. Espéronsqu’un jour, ce sera la France tout entière qui revivrade ces dévotions, du souvenir de ces martyrs et qui entirera la leçon pour ressusciter et revivre.

« C’est sûr, absolument, la France ne peut pasdisparaître. Si elle continue comme elle fait mainte-nant, elle disparaîtra, donc ça va changer. C’est ànous d’y travailler de tout notre cœur en priantsurtout la Sainte Vierge, Notre-Dame angevine. »Ainsi soit-il !

frère Philippe de la Face de Dieu.

Page 33: Il est ressuscité ! - Nº128

LA LIGUE No 128 - P. 33

« COMME ON A RAISON DE T ’AIMER ! » ( Ct 1, 4 )

CETTE vive exclamation del’épouse du CANTIQUE DES

CANTIQUES, de l’Israël pécheresseà son Dieu toujours fidèle etmiséricordieux, est plus que ja-mais celle de l’Église catholiqueromaine pour François, le nou-veau Vicaire de son SeigneurJésus-Christ. Car depuis le 13

mars, c’est la  joie  et  l’allégresse (cf. Ct 1, 4) de la foi etde la sainte espérance que notre Pape ne cesse deranimer, non seulement au cœur des heureux pèlerinsde la place Saint-Pierre, toujours aussi nombreux, maisencore des fidèles par millions, qui comme nous encommunauté, se branchent sur KTO ou autres, afin dele voir, de prier avec lui et pour lui.

Les enfants de l’Église ne sont donc plus orphelins,ils ont un Père qui de nouveau leur parle simplementet avec ferveur du salut des âmes, de la joie que Dieuéprouve à faire miséricorde aux pécheurs qui luiavouent leurs fautes, de la résurrection sans laquellenotre espérance est vaine. Son discours n’est pas aca-démique et il n’hésite pas à joindre le geste, le sourireà la parole : « Tenez bon la corde qui vous relie etvous ancre à la patrie céleste... Il ne faut pas avoirpeur des difficultés dans la vie. Il faut les affrontercomme le gardien de but face au ballon », etc. Chaqueaudience apporte son lot de vérités - charités catho-liques simplement et aimablement rappelées : Tout lemonde comprend, tout le monde aime !

Et lorsque le pape François nous demande d’avoir« le courage d’aller à contre-courant », la phalange del’Immaculée lui répond à la suite de notre frère Brunoet avec toute l’Église : Oui vraiment François, « En-traîne-nous  sur  tes  pas,  courons ! » (Ct 1, 4) C’est ainsique depuis le 13 mars notre Frère prieur ne cesse, jouraprès jour, de nous entraîner, à « contre-courant », surles pas du Saint-Père grâce au petit livre du cardinalBergoglio, “ AMOUR,  SERVICE  ET  HUMILITÉ ”, ou encoreau moyen de textes traduits de l’espagnol par nossœurs, et de plus en plus souvent désormais à lafaveur de ses homélies ou audiences du mercredi. Celafut une grande consolation pour nous, et cela le serapour les abonnés aux LOGIA, que d’entendre notre frèrenous montrer combien nombreuses et fondées sont lesraisons d’aimer notre bon pape François, et d’autrepart combien il aura besoin de la doctrine totale denotre bien-aimé Père, docteur mystique de la foi catho-lique, pour étayer, prolonger ses meilleures intuitionsdoctrinales ou pastorales, déceler aussi les illusions etles faux principes qui les menacent... C’est assez direque notre frère Bruno surclasse tous les “ vaticanistes ”de profession ou “ d’improvisation ” en inaugurant, en

disciple de notre Père, un filial et très ecclésial soutienet service du pape François pour la Renaissance del’Église.

« Ne boudons pas  notre  joie ! et avançons cou-rageusement vers la Croix, à la suite du papeFrançois », tel est l’ordre de marche que notre frèreBruno impulse à la Phalange de l’Immaculée. Nos amisle comprennent bien, certains mieux que d’autres, maisvoici le témoignage de celle qui reçut, bonne première,la grâce singulière de comprendre et d’aimer, c’est toutun, le “ don de Dieu ” aux enfants de son Église.Gageons qu’elle ne fut pas la seule de par le monde etdonc ne « boudons pas notre joie » : Merci mon frère...

« UN PÈRE POUR SES ENFANTS ! »

Cher Frère Bruno,Merci à vous et à tous ceux qui ont contribué à la

rédaction du no 127 d’IL EST RESSUSCITÉ, d’avril 2013.C’est avec une impatience fébrile que j’attendaisvos premiers témoignages sur notre nouveau Pape,François. Le soir de l’élection pontificale, je regardaisen différé – un peu découragée par avance des résul-tats du conclave – l’annonce de notre nouveau Pape,afin de recueillir sa bénédiction urbi et orbi. J’atten-dais confortablement assise l’apparition du nouveauPape aux fenêtres vaticanes, lorsqu’un incroyable élanm’a fait me lever en l’apercevant... et puis pleurer.Agenouillée pour la bénédiction, je n’en revenais pasde prier en écho avec un Pape les trois prières fonda-mentales apprises au berceau.  Ce  fut  un  véritable  boule-versement,  une  sorte  de « révélation »  de  ce  qu’est  unpère  pour  ses  enfants. Le nom de « Bergoglio » nem’était pas étranger... Votre site internet, admirable-ment fait, me l’a effectivement rappelé.

Cet « évêque de Rome » comme n’a cessé de sedéfinir ce soir-là notre pape François, est empreintd’une bonté et d’une simplicité magnétiques, maissurtout évangéliques, capables de toucher à coup sûrbeaucoup d’âmes, même récalcitrantes et plus encore,capables de remporter les suffrages de nos cohortesd’athées ou d’égarés, en quête au plus profond d’elles-mêmes de simplicité, de droiture et de Vérité.

De grâce, ne nous permettons pas, nous laïcs, de(trop vite) juger notre Saint-Père et reconnaissonsque  plus  il  sera  hésitant  dans  sa  démarche  totale  deRénovation  de  l’Église,  plus  nous  aurons  à  cœur  de  lesoutenir  par  la  prière  confiante  et  fervente...  et  moinsvite  les  forces  du  mal  veilleront  à  nous  priver  une  nou-velle  fois  du  Don  de  Dieu  fait  homme  et  pape. UnSouverain Pontife du vingt et unième siècle qui parlede « Paraclet », de « Croix », et nous défend du« diable, des démons », et n’omet jamais en fin d’ho-

Page 34: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 34

mélies ( tellement accessibles et addictives) de prierla Madone, c’est déjà beaucoup ! C’est pour nous, ànotre petit niveau, un immense encouragement dansnotre lot quotidien d’épreuves dues à la christiano-phobie ambiante ( blasphèmes, provocations, railleries,stigmatisation, marginalisation...) : notre foi s’entrouve confirmée et renouvelée dans un esprit depauvreté et de simplicité qui nous fait tant défaut.

Voyez comme c’est étonnant : c’est Georges-MarieBergoglio qui m’aura fait reprendre contact (par lalecture et la correspondance) avec la famille et l’œuvrede Georges-Marie de Nantes ... Décidément, notre Papeest imprévisible !

Avec vous et les communautés, j’espère de toutemon âme de la part de notre bien-aimé François uneréponse à votre récente lettre ouverte qui affermissevos légitimes et persévérantes espérances, égalementnôtres : « IL REVIENDRA avec son cœur immense, avecson cœur de flamme, son âme de pauvre et son sou-rire. IL REVIENDRA ! Et le Cœur Immaculé de Marietriomphera ! »

En union de prières dans le Cœur Immaculé denotre Madone très compatissante, C. S.

JOIES D ’AVRIL

Le premier avril, lundi de Pâques et clôture de laRetraite de Semaine sainte, notre Père mit tant deconviction et d’enthousiasme à nous entretenir de larésurrection de Jésus et du bonheur du Ciel, que nosamis, si heureux chez nous, tardèrent tant et plus às’en retourner dans le monde. Quelques jours plustard, un fort contingent de phalangistes prit la relèvepour assister aux exercices de la dévotion réparatricedes premiers samedis du mois et consoler ainsi leCœur Immaculé de Marie ; les uns pour se réjouiraussi de voir leur fille ou leur sœur prendre l’habit denotre ordre, les autres pour assister à la professiontemporaire de la leur, tous pour savoir ce que notrefrère Bruno pensait du pape François.

LE  SAINT-PÈRE  FRANÇOIS  CHEZ  LUI  CHEZ  NOUS.

Il fut littéralement présent tout au long de cette finde semaine en la personne de notre frère Bruno qui lefit prêcher pour ainsi dire matin et soir pour la plusgrande joie de tous. Nos amis étaient venus pourécouter notre Père leur communiquer « tendresse etdévotion » par le dévoilement du mystère de la cir-cumincessante charité divine, eucharistique et mariale.Et voici que frère Bruno ajoutait à ces deux blancheurs,celle qui manquait pour opérer le salut de l’Église telque l’a entrevu prophétiquement saint Jean Bosco. Ouivraiment, la circumincessante charité divine en sesmiséricordieux épanchements n’était plus seulementeucharistique et mariale, désormais elle était aussi pa-pale. Ceux qui n’osaient le croire ne pouvaient plus endouter, et la joie se lisaient sur les visages, celui de

notre Frère prieur assurément, ce qui fit dire à l’un denos amis : « Frère Bruno a rajeuni de vingt ans ! »

Le sermon de la messe de samedi porta sur ladevise du pape François : “ Miserando atque eli-gendo ”. À la différence de ses prédécesseurs qui firenttoujours le contraire des obligations de leur devise,qu’il s’agisse d’être tout à la Sainte Vierge ou tout auservice de la vérité, nous sommes avec le bon papeFrançois dans la simplicité cordiale, relationnelle d’uneauthentique grâce qui décida de toute sa vie. C’est cebonheur profond qu’il veut communiquer à l’Églisetout entière : l’expérience de l’amour miséricordieux duBon Dieu. Le jeune Bergoglio en reçut un jour le chocaprès l’aveu de ses fautes en confession. « Dieu nousattend toujours le premier », comme le père de l’enfantprodigue, et c’est cette bonté qui l’a décidé à suivre leSeigneur en s’engageant dans la vie religieuse. Il adonc été « appelé parce que pardonné ».

Frère Bruno nous ravira en nous montrant que lepape François et notre bien-aimé Père sont non seu-lement en communion de pensées, mais qu’ils ontsurtout le même cœur, la même délicatesse d’âme,radicale, et la même façon drôle de s’accuser deleurs fautes : « À cette époque, je me prenais pourTarzan !... » Si c’est votre cas ou si vous voulez ensavoir plus, abonnez-vous aux LOGIA...

Lors du sermon de l’après-midi et pour nourrir lequart d’heure de méditation demandé par la SainteVierge, frère Bruno nous démontra par tant et tant deparoles du pape François que celui-ci a une foi sanspeur ni reproche, au rebours de tout défaitisme etrepentance conciliaires. « Notre foi est révolution-naire », c’est « une action de combat » « Le triomphechrétien est toujours une croix, mais une croix dresséecomme une bannière de victoire », etc. « Mais on croi-rait entendre l’abbé de Nantes s’exclame frère Bruno,c’est magnifique : on voit que c’est le Saint-Esprit quile meut, et dire que c’est ce qu’il a prêché auxévêques espagnols en 2006 ?! »

Lors de l’oraison du lendemain, frère Bruno nousmontra que le Pape va encore plus loin dans la pastoralede Contre-Réforme en brossant le portrait robot del’évêque et des obligations qu’il doit satisfaire. SaintCharles Borromée ne parlait pas autrement... Le cardinalBergoglio consacre ensuite tout un chapitre à « l’espritdu monde ou l’anti-règne ». Se rend-il compte qu’ilprend le contre-pied du Concile et de sa pastoraled’ouverture au monde ? Il est radical comme le sont lessaints, et lorsqu’il cite les paroles de saint Jean ou desaint Paul contre le monde, ce n’est pas pour aussitôt lescontredire ou les atténuer selon la conciliaire habitudede ses prédécesseurs, mais pour abonder dans le sensobvie de la Parole de Dieu : « N’entrez pas dans lesschémas du monde ! » Le mot est d’autant mieux choisi,dira frère Bruno, que c’est le fameux “ Schéma treize ”qui fut à l’origine de GAUDIUM ET SPES...

Page 35: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 35

PRISE  D’ HABIT  ET  PROFESSION  TEMPORAIRE.

Le 7 avril, lors de la messe solennelle du dimanchein albis, Isabelle Moreau reçut le bel habit de nossœurs, au terme d’un “ cheminement ” somme touteanalogue à celui du Saint-Père comme notre frèreBruno le lui avait fait comprendre à mots couverts,l’avant-veille, en réponse à sa coulpe. Notre sœurayant reçu le très cordial pardon de son Frère prieur :Miserando, il ne lui restait plus qu’à obtenir de luison nom d’éternité, sa vocation : atque Eligendo. Elleest donc désormais parmi nous SŒUR CÉCILE DE LARÉSURRECTION.

Après le chant de l’Évangile ce fut au tour de notreSŒUR JACINTHE MARIE DE FATIMA d’entendre l’exhorta-tion composée par notre Père, et qui révèle si bien lesens profond de l’alliance qui se nouait liturgiquementsous nos yeux par les signes du voile blanc et duscapulaire frappé du Cœur et de la Croix de Jésus.

Notre frère Bruno, qui avait laissé prêcher notrePère pour ainsi dire, ne laissa pas passer son tour. Ilnous raconta ensuite brièvement la vie de sainte Cé-cile, cette vierge pure et noble romaine du deuxièmesiècle qui réussit le prodige de « virginiser », dirasainte Thérèse avec admiration, le cœur de Valérien,l’époux qui respectera le mystère de son vœu de virgi-nité. La foi et la charité de la vierge Cécile épouse deson unique Seigneur Jésus, se communiquera si bien àValérien qu’il se fit baptiser, entraînant à sa suite sonfrère Tiburce, puis ce fut le martyre qui vite, vite lesunira tous trois au Ciel pour un cœur à cœur d’infiniepureté et ardeur... La liturgie romaine, d’habitude sisobre, en délire d’enthousiasme, et notre Père aussireconnaissait en sainte Cécile une âme sœur qui véri-fiait si bien son enseignement sur la pureté positive etla circumincessante charité.

Le chant solennel du MAGNIFICAT clôtura ces magni-fiques cérémonies qui avaient duré très longtemps, lesaiguilles des montres le proclamaient sans s’en plain-dre, comme nous tous d’ailleurs. Le temps avait doncfilé, filé comme il arrive quand se célèbre, se vit, segoûte la circumincessante charité divine, eucharistiqueet mariale, familiale et fraternelle... Celle-ci se donnaune fois encore à admirer pendant la procession desortie lorsque nos amis et nos sœurs virent qu’à l’imi-tation du Saint-Père, notre cher célébrant ne se privaitpas de tapoter paternellement les têtes enfantineslorsque celles-ci émergeaient du banc familial, pourvoir... Sainte imposition des mains du Bon Pasteur surses agneaux, source de grâce assurément...

Lors du sermon des vêpres, notre frère Bruno s’at-tacha à commenter le titre de noblesse de notre sœur :« Ainsi, rien que par votre nom, vous témoignerez, endisciple de notre Père, que la Résurrection est bien unfait historique, car  si  le  Christ  n’est  pas  réellement  res-suscité,  notre  foi  est  vaine ! Mais vous aurez aussi pourvocation particulière de rappeler par votre nom avec

quelle foi et quelle espérance notre Père n’a cesséd’annoncer la résurrection de l’Église alors qu’il n’aconnu que nos temps de désorientation diabolique. En2003, notre Père disait en admirant la photo ducardinal Bergoglio, que c’était celle d’un saint. Il adonc vu, de loin, la résurrection de l’Église. Mainte-nant, elle peut s’opérer par ce Pape, s’il est fidèle àJésus et s’il remet tout entre les mains de l’Immacu-lée, pour triompher des hérésies qui infestent l’Égliseet la restaurer dans son antique splendeur.

« Ce sera votre vocation, ma sœur, de prier pour leSaint-Père, avec notre sœur Jacinthe-Marie, maintenantrevêtue du voile blanc, et du scapulaire marqué duCœur et de la Croix, afin de l’aider dans sa lourdetâche et dans les persécutions qu’il aura certainement àsubir, si les prophéties de Jacinthe de Fatima s’accom-plissent, ainsi que le troisième Secret de Notre-Dame. »

DES  ACTUALITÉS  ENTHOUSIASMANTES !

Lors de sa conférence d’ACTUALITÉS, frère Brunonous communiqua son enthousiasme pour notre papeFrançois en l’étayant sur des raisons solides. Son ana-lyse rejoint et complète celle des meilleurs chroni-queurs religieux pour reconnaître objectivement quesous l’égide de saint François et de saint Ignace nousavons un Pape qui réoriente prudemment l’Église dansles voies d’une salutaire Contre-Réforme catholique.

Quant à sa pensée politique, frère Bruno est lepremier à en démontrer le caractère contre-révolu-tionnaire, elle est empreinte d’un nationalisme reli-gieux proche de celui de notre Père, en vigoureuseréaction contre le mondialisme anglo-saxon.

Le temps de la réconciliation est donc venu, cesera aussi celui de l’espérance surnaturelle, car notrefrère pressent bien que la contre-attaque du démon netardera pas...

LE SAINT QUE DIEU NOUS A DONNÉ

Le 18 avril à Paris, CRS et CRC se côtoyèrentchacun poursuivant sa mission. Luctus et angor pourles CRS qui quadrillaient les rues du sixième arrondis-sement afin de canaliser les partisans de la “ manif pourtous ”, avec comme dommage collatéral d’augmenterles embouteillages : tumultes, impatiences, colères, vai-nes agitations d’un monde angoissé. GAUDIUM ET SPES,en revanche pour les CRC, qui à l’instigation de frèreFrançois se retrouvèrent une bonne centaine dans unvéritable havre de paix pour accueillir notre frère Brunoet l’entendre parler du seul homme capable de ramenerla joie et l’espérance de l’ordre dans l’Église et dans lemonde entier, notre bon pape François : LE SAINT QUEDIEU NOUS A DONNÉ (cf. éditorial, p. 1-10).

Au terme de cette conférence, nos amis qui avaienttout d’abord été très impressionnés par les parolescinglantes du Saint-Père au sujet de ceux qui résis-taient à Vatican II, comprirent qu’elles avaient été pro-

Page 36: Il est ressuscité ! - Nº128

MAI 2013 No 128 - P. 36

Directeur de la publication : Frère Gérard Cousin. Commission paritaire 0313 G 80889.Impression : Association La Contre-Réforme Catholique.

F - 10 260 Saint -Parres - lès -Vaudes. – http://www.site-crc.comABONNEMENT 30 e, étudiants 18 e, soutien 60 e.

POUR LES PAYS D’EUROPE 36 e, AUTRES PAYS 60 e, par avion 70 e.

CONFÉRENCES MENSUELLES À LA MAISON SAINT-JOSEPH.

AVRIL  2013

ACT. LE PAPE FRANÇOIS.1 DVD – 1 cassette – 1 CD.

B 68. LES FRUITS ARTISTIQUESD’UNE RENAISSANCE CATHOLIQUE.

1 DVD – 1 cassette – 1 CD.ACT – B 68 : 1 vidéo, 2 heures.

CAMP -RETRAITE  DE  LA  COMMUNION  PHALANGISTE  2012

PC 75. LA PAROLE DE DIEU.

AVRIL  2013

5. LA MISSION PROPHÉTIQUE .6. LA COMMUNAUTÉ SAINTE .7. LE CANTIQUE DES CANTIQUES.

1 vidéo, 3 heures – 3 DVD – 3 cassettes – 3 CD.

LES NOUVEAUTÉS DU MOIS

1 VIDÉO (2 heures) : achat  12 e,   location 4 e .1 VIDÉO (3 heures) : achat  18 e,   location 6 e .DVD : achat  7.50 e.AUDIO – CASSETTES : location  (uniquement) 1.50 e .

C D : achat  5 e.Ajouter le prix du port. La durée de la location est de deux mois.

frère Philippe de la Face de Dieu.

voquées par ce « sot » de Mgr Fellay, tellement aveu-glé par les intérêts de sa “ boutique ” qu’il ne voit pasceux de l’Église, majeurs, que le Christ défend en cemoment par le truchement de son courageux Vicaire.Notre frère fut donc chaleureusement applaudi et re-mercié ; puis après une période de questions, et alorsque les conversations s’éternisaient dans le calme dela nuit, le gardien des lieux nous demanda gentimentde prendre souci...

DES PÈLERINS HEUREUX

Bien cher frère Bruno,Sans attendre après notre pèlerinage, toute la fa-

mille vous remercie pour ces belles journées de dévo-tion, d’instruction et d’amitié.

Découvrir la concordance entre la doctrine du papeFrançois et celle de notre Père nous remplit de joie.Certes, notre appartenance à la CRC a toujours étéune joie, mais qui provenait du soutien et du réconfortque les enseignements de notre Père nous apportaientdans notre isolement et notre angoisse. C’est dé-sormais une jubilation intime d’être les premiers àdeviner, grâce à ces enseignements, l’aurore de larenaissance de l’Église. C’est le cas de dire, commeJeanne d’Arc, que notre Père « ne nous a pastrompés » puisque, sans rien modifier de nos convic-tions, nous voici en pleine communion avec le Pape.Quel soulagement et quelle émotion ! Et que nousprions volontiers pour ce pauvre Saint-Père !

En grande union de prières et avec notre affection,Famille B.

PREMIER SAMEDI AVEC LE PAPE FRANÇOIS

Ce fut le privilège de nos amis venus voir et en-tendre notre bien-aimé Père nous livrer le cœur de soncœur en ses dernières conférences de retraite sur lacircumincessante charité – nous y reviendrons le moisprochain –, que de pouvoir faire les pieux exercicesdu premier samedi de mois de Marie avec le Saint-Père en personne pour ainsi dire.

Frère Bruno en exprima le désir, frère Sébastien leréalisa, et tous nous nous retrouvâmes devant le grandécran de la bibliothèque, et donc à Rome même, dansle chœur de la basilique Sainte-Marie-Majeure avec lebon pape François et ses paroissiens : cardinaux,évêques, prêtres, religieux et religieuses, messieurs etdames de divers rangs et conditions, priant avec eux,méditant comme eux devant l’icône de la Salus populiromani, heureux de voir notre Saint-Père aimer notreDivine Mère, et le lui manifester par un petit salut de

la main tout en tendresse et dévotion. Frère Bruno enétait ravi : « C’est un défi lancé à tous les railleurs. Etil fait ça en mondiovision, devant les caméras ?! Quece soit dans sa personne ou dans sa prédication, notreSaint-Père n’a aucun respect humain. »

Nos frères et sœurs de Fons, de Frébourg et duCanada, étaient aussi avec nous, devant leurs écransrespectifs, dans une même union de pensées et deprières : « Comment ne pas penser, nous écrira frèreMarc, en entendant monter si simplement les AVE decette petite foule, au grand secret de Fatima et ausonge de don Bosco ? Nul doute que le retour vers“ Rome ” est amorcé... »

C’est bien pourquoi, nous expliquera frère Bruno,nous devons « mettre notre logiciel à jour », passer dela Contre-Réforme à la Renaissance catholique, pourêtre ainsi à l’unisson du cœur fidèle de notre Saint-Père, et plus que jamais prier pour lui Notre-Dame deFatima, d’ici le 13 mai, et en ce jour même, afinqu’elle le prenne, lui et son pontificat, sous la protec-tion de son Cœur Immaculé.