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VOLUME 27 | N° 25 | LE MARDI 9 AVRIL 2013 VOTRE JOURNAL EST RECYCLABLE ! PHOTO : HUBERT GAUDREAU CENSURÉ p. 13

Impact Campus 9 avril 2013

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Journal des étudiants de l'université Laval

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Page 1: Impact Campus 9 avril 2013

VOLUME 27 | N° 25 | LE MARDI 9 AVRIL 2013VOTRE JOURNAL EST RECYCLABLE !

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OPINIONS | IMPACTCAMPUS.QC.CA | MARDI 9 AVRIL 20132

Opinions

@HubertGaudreauRédacteur en chef

@ImpactCampus

impactcampus

La théorie de la régression

Samedi dernier, je suis allé as-sister à une « game de hockey »,

une vraie de vraie. Bon, je dois vous dire que j’en ai tout de même l’habitude et que tout le caractère réfléchi qui peut résider au fond de mon être s’évapore instantané-ment lorsque je franchis les portes du Colisée. Je me permets cepen-dant de préserver une dose raison-

nable de logique et de bon sens, chose que je crois normale de faire lorsque l’on se présente en public. Malheureusement, ce concept ne semble pas être endossé par une majorité de gens, ceux-ci en partie rassemblés au Colisée Pepsi sa-medi soir.

Tout semblait pourtant bien com-mencer, avec de traditionnels encouragements en faveur de l’équipe locale. Bien sûr, quelques jurons fusaient d’un peu partout, le contexte oblige, semble-t-il. Jusqu’au moment où les Remparts se firent marquer un but. Catas-trophe. En quelques secondes, la presque totalité des 10 000 par-tisans présents ce soir-là se sont retournés contre les quelque 20 joueurs des Remparts en les huant et en assaillant de blasphèmes les pauvres joueurs qui vraisembla-blement semblaient déroutés de

voir une telle animosité. Que dire de ce triste cirque qu’était à cet instant le Colisée, de ce regroupe-ment incroyable de gens enragés contre leur propre camp, d’imbé-ciles malheureux. Leur seule faute ? La défaite ! Quelle fidélité ! Étais-je plongé dans un mauvais cauchemar impliquant Romains et gladiateurs ? J’en déduis que non, ça aurait été probablement moins pire. Bref, une belle grande déception, ma foi surprenante, avait encore une fois terni l’image que je me fais des par-tisans de Québec.

Mais, après réflexion, pourquoi étais-je surpris ? À Québec, on aime la haine, on en raffole même. Pourquoi proposer des solutions alors que l’on peut s’enrager ? Le même « pattern » est observable sur la scène politique, sur la scène économique, au sein des médias, dans la gestion des entreprises,

bref un peu partout. Même que les radios de Québec adorent ali-menter cette frustration, mais bon, l’idée n’est pas de faire le procès de ces bennes radiophoniques. Je suis plutôt porté à me questionner sur le comportement des partisans de Québec lorsqu’une équipe de la ligue nationale y sera. Auront-ils l’audace de donner à la ville une si mauvaise réputation ?

Les particularités propres aux ci-toyens de la Vieille Capitale peuvent parfois nous rendre fiers de qui nous sommes, c’est d’ailleurs cette fierté qui nous définit si bien. Mais, de grâce, cessons de nous ridiculiser devant tout le monde et tempé-rons nos comportement bestiaux en agissant un peu moins en absurdes personnages. Faisons donc preuve de maturité et de contrôle sur nous-même, c’est la base de ce qui carac-térise l’être humain après tout.

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SOMMAIRE | IMPACTCAMPUS.QC.CA | MARDI 9 AVRIL 2013 3

SommaireDirecteur général: Jean-Philippe Duphily [email protected]

Directrice adjointe: Céline de Laissardière [email protected]

Rédacteur en chef: Hubert Gaudreau [email protected]

Chef de pupitre actualités: Jérôme [email protected]

Chef de pupitre arts: Miléna Babin [email protected]

Chef de pupitre sports: Raphaël [email protected]

Chef de pupitre sciences: Valérie Désyroy [email protected]

Directrice de la photographie: Claudy Rivard [email protected]

Production: Mathieu Parent Stéphanie Turgeon-Girard [email protected]

IMPACT CAMPUS1244, pavillon Maurice-Pollack, Université Laval, Québec, G1V 0A6Téléphone: (418) 656-5079Télécopieur: (418) 656-2398

Publicité:Fabrice CoulombeTéléphone: (418) [email protected]

Journalistes: Pier-Olivier Forget, Marie-Ève Deslauriers, Élise Magnin, Mathieu Turgeon, Raphaël Létourneau, Pierre-Guy Veer, Camille Ozuru, Hugo Lafleur, Camille Allard, Jéré-mie Lebel, Sébastien Desro-siers, Jeanne Couture, Rosalie Readman, Justine Pomerleau-Turcotte, Julie Day-Lebel, Cyril Schreiber

Caricature:Sébastien Blondeau

Photographe:Sylvain Fillos

Correctrices :Christine HébertMarilou Cloutier

Conseil d’administrationtransitoire :Pier-Luc Gauthier, Didier Ouellet, Guillaume Arsenault, Jérémie Lebel, François Gagnon, Francis Gagnon, Carol-Anne Gauthier, François Lachance, Romain Thibaud, Camille Zawadzki

IMPACT CAMPUS ne se tient pas respon-sable de la page CADEUL (7), dont le con-tenu relève entièrement de la CADEULLa publicité contenue dans impact campus est régie par le code d’éthique publicitaire du journal qui est disponible pour consultation au: http://impactcam-pus.qc.ca/code-dethique-publicitaire

Impression: Publications Lysar inc.

Tirage: 10 000 exemplairesDépôt légal: Bibliothèque nationale du Québec et Bibliothèque nationale du Canada. Impact Campus est publié par une corporation sans but lucratif constituée sous la dénomination sociale Impact Campus, le journal des étudiants et étudiantes de l’Université Laval, qui est en processus de fusion avec Réseau Radio Campus Laval afin de se regrouper sous la Corporation des Médias Étudiants de l’Université Laval.

Sports

March Madness | 15

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Suuns au Cercle : Tendre vers l’infini | 8

Sciences et techno

Formule SAE | 12 PHOT

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International

Corée du Nord : Une joute dangereuse | 11

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OpinionsLa théorie de la régression | 2

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Actualités

Paradis fiscaux : Révélations massives | 4

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LAUD

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Arts et culture

Scéance photo en après-midi à Paris

Photo de la semaine

Pause-café | Mathieu Parent

Histoire de promouvoir le talent photographique des étudiants lavallois, Impact campus implante cette nouvelle section qui présentera chaque semaine une nouvelle photographie. Pour avoir la chance de voir votre travail publié, envoyez vos photos à l’adresse courriel suivante : [email protected].

Il vous suffit d’identifier votre photographie d’un titre et de l’accompagner d’une brève description.

Bonne chance !

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ACTUALITÉS | IMPACTCAMPUS.QC.CA | MARDI 9 AVRIL 20134

ActualitésLe transport collectif arrive au 21e siècle | 6

Révélations massives sur les comptes « offshore »PHOTO : COURTOISIE, FLICKR, BRADLEY WELLS, CREATIVE COMMONS

Wikileaks a eu l’effet d’une bombe sur le monde diplomatique il y a quelques années ; des milliers de communications secrètes ont été révélées au grand jour. Cette fois-ci, ce sont les mondes fiscal et bancaire qui sont ébranlés avec Offshore Leaks. Le 4 avril dernier, le Consortium international des jour-nalistes d’enquête révélait au public des millions de documents ( plus qu’avec Wikileaks ) relatant les nombreuses transactions de plus de 100 000 personnes bien nanties dans les paradis fiscaux de ce monde.

Pierre-Guy Veer

Il est estimé qu’entre 20 000 et 30 000 milliards $ ( avec 13

zéros ) seraient placés dans ces pays aux taux d’imposition bas ou inexistants – pour des considéra-tions purement fiscales plutôt que pour attirer les investissements – qui coopèrent mal au goût de l’OCDE afin de faciliter l’échange de renseignements. Des endroits comme la Suisse, Dubaï, Panama et plusieurs îles des Caraïbes ( Bermudes, Grenade, Caïman ) sont des paradis fiscaux. Avec

Saviez-vous qu’il existait trois formes de testament ? La première forme est le testament olographe ( article 726 du Code civil du Québec ). Vous pouvez faire vous-même ce type de testament. Vous devez l’écrire entiè-rement et le signer de façon manuscrite. Vous ne pouvez donc pas écrire ce type de testament à l’ordinateur.

La deuxième forme de testament est celui devant témoins ( article 727 du Code civil du Québec ). Vous pouvez aussi faire vous-même ce type de testament. Il peut être écrit de façon manuscrite ou à l’ordinateur. Par ail-leurs, il n’est pas obligé que ce soit vous qui l’écriviez, contrairement au testament olographe. Vous devez déclarer que l’écrit est votre testament et vous devez le faire signer par deux témoins majeurs à la fin de l’écrit. Vous n’êtes pas obligé de divulguer le contenu de votre testament aux témoins, vous devez seulement leur dire que ce qu’ils signent est votre testament. Toutefois, si vous léguez des biens aux témoins qui le signent, ce legs est nul en vertu de l’article 760 du Code civil du Québec ( vos témoins ne pourront pas recueillir ce que vous leur donniez dans votre testament ). Assurez-vous donc que les personnes que vous faites signer comme témoins sont des personnes auxquelles vous ne donnez rien dans votre testament, sinon ils ne pourront pas recevoir ce que vous avez prévu qu’ils recueillent à votre décès.

La troisième et dernière forme de testament est le testament notarié ( article 719 du Code civil du Québec ). C’est le testament qui est reçu par un notaire.

Il y a plusieurs avantages à avoir un testament notarié. Tout d’abord, ce dernier est gardé au greffe du notaire, dans des classeurs à l’épreuve du feu et de l’eau. Qu’est-ce que cela a pour avantages ? Voici un exemple : si vous rédigez un testament olographe ou devant témoins, que votre maison brûle et que vous mourez dans l’incendie de votre maison, le tes-tament que vous gardez chez vous risque aussi de brûler. Or, au greffe du notaire, le testament est en sécurité et ne risque pas de se perdre.

Par ailleurs, le testament notarié est enregistré aux Registres des disposi-tions testamentaires et des mandats du Québec de la Chambre des no-taires du Québec. Si vous mourez, votre testament sera facilement retrou-vable et vos dernières volontés seront exécutées. Toutefois, si vous gardez votre testament olographe ou devant témoins chez vous, et qu’à votre décès un de vos proches le trouve et qu’il n’est pas content de ce que vous lui donnez ( ou qu’il n’est pas content parce que vous ne lui donnez rien ), ce proche pourrait détruire votre testament. Si personne ne savait que vous aviez un testament ni ne connaissait son contenu, vos dernières volontés ne seront pas exécutées. Le testament notarié, étant gardé au greffe du notaire, ne risque pas d’être détruit par une personne mécontente.

Le saviez-vous ?

les années, ils ont un peu facilité l’échange de renseignements, mais sont encore sur une liste « grise » parce qu’ils ne coopèrent pas encore entièrement.

Déjà, plusieurs personnes sautent de joie suite à ces révélations. Déjà, Ottawa veut que la liste des quelque 450 Canadiens qui profitent des paradis fiscaux soit remise à l’Agence du Revenu du Canada ( ARC ). Cela pourrait fa-ciliter l’objectif de récupération annuelle de 450 M $ en évasion fiscale. Toutefois, le NPD doute de la bonne foi du gouverne-ment, rappelant les compressions annoncées à l’ARC.

Le lobby socialiste Canadians for Tax Fairness dénonce aussi ces compressions. Il espère que le battage médiatique autour de Offshore Leaks suffira pour convaincre les gouvernements d’agir et de se donner les res-sources nécessaires afin de récu-pérer les dizaines de milliards de dollars perdus – ils appartiennent aux gouvernements, visiblement – en évasion fiscale.

Mise en perspectiveToutefois, malgré la somme fara-mineuse cachée du fisc de plu-sieurs pays, celle-ci est minime par rapport à toutes les dettes publiques accumulées. Selon les calculs de The Economist, elles

atteignent 53 000 milliards de dollars ; on pourrait donc payer au plus la moitié des dettes en saisissant les sommes dans les paradis fiscaux.

Aussi, qui dit paradis dit enfer. Si des gens décident de placer leur argent dans ces « paradis », c’est qu’ils peuvent en garder plus dans leurs poches. Cette action peut s’expliquer aux travers de l’école des choix publics, qui affirme que les gens agissent pour maximiser leurs intérêts personnels ; garder plus d’argent pour soi-même.

Voyant leurs vaches à lait fuir, cer-tains pays seront tentés de dimi-nuer leurs impôts, et c’est effec-tivement ce qui se passe depuis 30 ans. L’impôt des sociétés sur les revenus et sur les investisse-ments diminuent sans cesse, et cette compétition est salutaire, s’il faut en croire certains « think-tank libertariens ».

En fait, la Banque mondiale rap-portait ( 2008 ) que neuf des treize pays avec les niveaux de vie les plus hauts étaient des paradis fiscaux. Ces pays incluent... les États-Unis et le Royaume-Uni, qui avantagent grandement les investissements étrangers. D’ailleurs, deux des plus grands paradis fiscaux sont New York et Londres, et ces endroits sont des plaques tournantes de la finance internationale.

« L’ennui avec l’économie à la sauce contemporaine, c’est qu’on voit beaucoup de riches engager d’autres riches pour dire à la classe moyenne de blâmer les pauvres. »

La pensée de la semaine

Marie-Ève Deslauriers

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ACTUALITÉS | IMPACTCAMPUS.QC.CA | MARDI 9 AVRIL 2013 5

Rosalie Readman

Reprise des installations alimentaires, deuxième « round »

Certes, il faut dire que le terrain entre les pavillons Desjardins et Palasis-Prince est trop plat pour parler de colline comme dans les

cas des collines parlementaires de l’Assemblée nationale à Québec et de la Chambre des Communes à Ottawa. Notre manque de dénivelé ne devrait cependant surtout pas nous faire oublier qu’il y a ici aussi, à l’Université Laval, bien des combats politiques qui se livrent et juste-ment il y en a un particulièrement intéressant qui vient de commencer.

Commencer n’est peut-être pas le terme approprié, car ça fait des années qu’il se livre, même si dans les derniers temps on était un peu en armistice. Cette « joute politique », il s’agit de la reprise des instal-lations alimentaires. C’est quoi ça au juste la reprise des installations alimentaires ? Ponctuellement, la gestion des comptoirs alimentaires et des cafétérias partout sur l’Université tombe en appel d’offres et laisse la chance aux entreprises et organisations ( dont celles étudiantes ) de postuler pour avoir le poste.

Vous n’étiez probablement pas à l’université lorsque le premier épi-sode de cette longue histoire est arrivé, et je pense qu’il mérite que je vous le raconte. La CADEUL avait fondé en 2004 un organisme nommé l’Entithé et avait soumissionné en bonne et due forme pour être ges-tionnaire des cafétérias que vous connaissez aujourd’hui comme étant « les Sodexos ». La CADEUL arrive donc pour déposer son projet la journée où se termine l’appel d’offres. L’administration universitaire essaie d’abord de refuser le dépôt en invoquant une heure trop tardive puis, devant le recours aux avocats de la Confédération étudiante, finit par accepter le dossier. Finalement, l’administration en arrive à dire que certains menus contiennent trop de sel et redonne le contrat à l’entreprise Sodexo.

Près de 10 ans plus tard, la CADEUL a-t-elle vraiment des chances d’y arriver cette fois-ci ? La situation est certainement changée de-puis 2004. Il y a une nouvelle administration à la tête de l’univer-sité. Des tractations sur ce sujet épineux ont d’ailleurs été faites lors du dernier collège électoral qui a mené à la réélection du rec-teur Brière, bien que peu de personnes en connaissent les aboutis-sants. Si la reprise des installations de Sodexo ( arrivant à échéance dans quelques années ) est un projet assez ambitieux, la reprise des comptoirs de Laliberté en 2013 est certainement réalisable ( pensez entre autres à la cafétéria du Desjardins ).

La CADEUL a démarré il y a quelques semaines une campagne de pro-motion en vue de sa candidature pour la reprise des installations ali-mentaires. L’association étudiante vous invite d’ailleurs à aller signifier votre appui au projet sur la page de cuisinecampus.com. Plus que sym-bolique, cette campagne d’appuis, j’ose le croire, livrera un message à l’administration. Un avertissement sérieux qui leur signifie que nous se-rons des milliers à les surveiller lors de l’attribution du prochain contrat. Oh oui ! Ils vont devoir se lever de bonne heure si cette fois encore ils pensent trouver des excuses d’horloge et de sodium pour penser justi-fier donner le contrat de nos cafétérias à une entreprise externe plutôt qu’à leur propre communauté universitaire. Leur communauté universi-taire avec laquelle les fonds pourraient retourner aux projets d’ici, avec laquelle les prix pourraient certainement devenir plus raisonnables et qui en bonus ne nous revendrait pas des bouteilles de vin deux fois le prix de la SAQ pour nos évènements en trouvant ça drôle.

L’opposition aux coupures à l’aide sociale reprend la rueRépondant à l’appel de six organismes communautaires de la région de Québec, 250 personnes se sont mobilisées samedi dernier au parc de l’Uni-versité-du-Québec afin de dénoncer les coupures à l’aide sociale annoncées par la ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale Agnès Maltais. Une ma-nifestation familiale et festive a ensuite parcouru les rues du quartier St-Roch.

Raphaël Létourneau

Mis à part l’impatience d’un au-tomobiliste, la manifestation

s’est déroulée paisiblement sous le rythme des slogans et d’une fanfare harmonieuse. Toutefois, quelques coins de rue avant de clore la mani-festation devant les bureaux de la ministre, les forces policières ont indiqué qu’elles n’étaient plus en mesure d’assurer la sécurité des manifestants. Elles ont alors donné l’ordre qu’ils se dirigent sur le trot-toir. Le groupe reprit tout de même la rue quelques minutes plus tard sans altercation.

Afin d’augmenter la pression, l’or-ganisation de l’événement a aussi évoqué qu’une déclaration d’appui dénonçant les réformes de l’aide sociale avait été concoctée. Le do-cument, qui sera remis au gouver-nement, rassemble les signatures de 66 groupes communautaires, populaires, féministes, du mouve-ment syndical et du mouvement étudiant. Plus de 10 300 personnes ont également signé une pétition du Front commun des personnes assistées sociales, parrainée par Françoise David, député de Gouin pour Québec Solidaire. D’autres actions sont à venir dès ce mer-credi 10 avril alors qu’un 24 heures de résistance est prévu devant le ministère de l’Emploi et de la Soli-darité sociale.

Au cours de la journée de samedi, divers organismes communautaires, représentants du milieu syndical et citoyens ont prononcé des discours d’opposition envers les coupures qui doivent toucher de nombreux assistés sociaux dès le 1er juin.

« Pourquoi couper les prestations des personnes et des familles et aggraver leur situation, ce qui va à l’encontre de la lutte à la pauvreté ? Est-ce que l’atteinte du déficit zéro justifie d’en arriver là ? Comment ce gouvernement peut-il justifier de le faire sur le dos des personnes et des familles qui sont en lutte tous les jours pour se nourrir, pour se loger, pour se soigner et surmonter des conditions de vie difficiles ? Ce gouvernement, qui a reculé lorsqu’il a visé les plus nantis, n’hésite pas à appauvrir davantage les plus dé-munis pour poursuivre son objectif du déficit zéro », a lancé Marlène Lapointe, représentante régionale de Québec – Chaudière-Appa-laches à la condition féminine pour

le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec.

Plusieurs milliers de familles touchéesRappelons que la ministre de l’Em-ploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, a annoncé le 27 février der-nier diverses modifications à l’aide sociale pour « favoriser le retour à l’emploi ». Pour ce faire, l’allocation de 129 $ par mois pour contrainte à l’emploi qui vise les prestataires de 55 ans et plus passera à 58 ans. Cette mesure touchera approxima-tivement 1500 ménages par mois la première année, 7000 pour la seconde, 11 500 pour la troisième et 13 900 pour la quatrième selon le ministère de l’Emploi et de la Solida-rité sociale. Dans la même optique, l’allocation de contrainte à l’emploi de 129 $ ou 221 $ ( selon l’admissi-bilité ) pour les familles biparentales ayant à charge un enfant de moins de cinq ans sera aussi annulée. C’est donc 7900 ménages qui se-ront affectés la première année et 9700 pour la seconde. De même, une diminution des prestations qui couvrent les frais de séjour pour les soins en toxicomanie avec héber-gement concernera 1800 presta-taires la première année et 2150 pour la seconde.

Pour obtenir une allocation tem-poraire de 195 $, les prestataires devront accepter de participer à un programme de réinsertion à l’emploi.

Selon Julie Bellavance du Regrou-pement des organismes com-munautaires de la région 03, les réformes de l’aide sociale motivées par l’emploi et le déficit zéro ne tiennent pas compte de la contribu-tion des moins nantis à la société.

« Ce qui est le plus navrant, c’est que souvent les personnes les plus démunies financièrement, mais surtout pas de talents et de capa-cités, participent à la vie en société. Malheureusement, tout cela n’est pas calculé dans notre fameux PIB, d’autant plus que ce travail béné-vole se fait dans des organismes communautaires, à but non lucratif, qui sont peu considérés par nos élus [...]. Des bénévoles sont impliqués dans notre société à leur rythme et à la mesure des moyens qu’on veut bien leur donner. Ces gens-là existent et sont loin de vivre à

nos crochets comme certains se plaisent à le dire. Leurs contribu-tions sont invisibles dans les statis-tiques purement économiques ».

À l’encontre de la Charte des droits et libertésLa semaine dernière, la Commis-sion des droits de la personne et des droits de la jeunesse jugeait sévèrement les modifications à l’aide sociale. La Commission a accusé l’abolition des allocations pour contrainte à l’emploi d’aller à l’encontre de plusieurs articles de la Charte des droits et libertés tels que : le droit à la vie, à la sûreté et à l’intégrité physique et psycholo-gique ( article 1 ), le droit au respect de la dignité ( article 4 ), le droit d’un enfant à la sécurité, l’attention et la protection ( article 39 ) et le droit à un niveau de vie décent ( article 45 ). Le droit à l’égalité ( article 10 ) serait aussi bafoué par les coupures asso-ciées aux soins en toxicomanie.

À ce jour, certaines discussions ont déjà eu lieu entre la ministre Agnès Maltais et divers organismes com-munautaires. « On sait déjà qu’il y a des pourparlers, qu’il y a des discus-sions, mais le bris de confiance est là parce qu’on ne peut pas dire que les promesses du parti québécois, depuis le début de son gouverne-ment minoritaire, ont été tenues. On ne se contentera pas de paroles, on veut des actions », affirme Marie-Ève Duchesne du Regroupement des femmes sans emploi du Nord de Québec ( ROSE du Nord ).

Pour sa part, la ministre Agnès Maltais a affirmé qu’elle rencontre-rait à nouveau les divers groupes après la période de réception des commentaires qui se termine le 15 avril. « D’ici là, ils s’expriment, c’est correct, c’est la démocratie, mais je veux rassurer tout le monde : je vais protéger les plus vulnérables, ça fait partie de mes valeurs fondamen-tales en politique ».

Par la même occasion, elle a réitéré que l’emploi est favorisé comme « sortie durable de la pauvreté » et qu’elle s’engage à « n’échapper personne ».

En 2012, 7 % de la population du Québec vivait avec l’aide sociale, dont 108 000 enfants. La prestation de base pour l’aide sociale est de 604 $ par mois.

La CADEUL a démarré il y a quelques semaines une campagne de promotion en vue de sa candidature pour la reprise des installations alimentaires.

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ACTUALITÉS | IMPACTCAMPUS.QC.CA | MARDI 9 AVRIL 20136

Le monorail TrensQuébec

Le transport collectif arrive au 21e siècle

Qu’est-ce que le projet de mo-norail TrensQuébec ? Pre-

mière des choses, il ne s’agit pas d’un train ordinaire : ce sont des unités de transport, suspendues à dix pieds du sol, de manière bidi-rectionnelle. Ce qui signifie qu’on peut en envoyer dans les deux directions. C’est propulsé com-ment ? Avec une technologie qué-bécoise, pardi : le moteur-roue.

C’est quoi, le moteur-roue ? Mise en contexte : une voiture ordi-naire à essence, par exemple, pollue par ses émanations de gaz ( GES ) et demeure inefficace sur le plan énergétique, surtout lors des freinages. Une voiture électrique est quatre fois plus efficace. Par contre, lorsqu’une voiture est équipée de quatre mo-teurs-roues, l’efficacité augmente encore d’un cran, en consommant

30 % moins d’énergie qu’une voi-ture électrique avec moteur cen-tral. « Les moteurs-roues à haute performance permettent, en effet, de récupérer plus de 85 % de l’énergie cinétique du véhicule lors du freinage électromagné-tique », lit-on sur le site officiel du projet. Pour chaque unité de transport, 16 moteurs-roues sont nécessaires.

Pas une seule goutte d’essence, donc. Et avec les surplus énergé-tiques que le Québec possède présentement, disons qu’on ne manque pas de « carburant ». Maintenant que vous savez ça, imaginez un monorail similaire entre Montréal et Québec. Grâce à ces unités de transport, ca-pables de voyager à 250 KM/H, vous pourriez faire le trajet en environ une heure.

« Ça doit coûter cher ! », vous direz-vous. Pas tant que ça. La beauté du TrensQuébec, c’est qu’il ne requiert pas les mêmes infrastructures qu’un train conventionnel ( ponts, rails, en-tretien ) puisqu’il est suspendu. Entre chaque pilier de 10 pieds, une travée est installée où passe le câblage nécessaire. On peut donc installer ces pilliers sur le terre-plein des autoroutes ou entre les deux travées. Donc sur les coûts, on parle de 12 M $/KM. En comparaison, un TGV coûte environ 35 M $/KM. Et on ne parle pas encore de l’entretien néces-saire au TGV, surtout en période hivernale, où la neige s’accumule. Un problème pour le monorail ? Non : on couvre la structure d’un petit toit où le cablage électrique passe déjà, on installe un chauf-

Si vous n’avez pas encore pris connaissance du projet du monorail Trens-Québec, vous manquez très objectivement quelque chose. Et ne vous mé-prenez pas : chantonner les fameux couplets de l’émission des Simpson sur le sujet est totalement hors-propos.

fage radiant et la neige tombe de chaque côté.

Poussons maintenant la réflexion plus loin. Comme le monorail est capable d’atteindre sa vitesse maximale en environ 30 secondes ( alors que le TGV le fait en 8 à 12 minutes ), ce projet permet de croire à des stations en chemin, donc un accès régional. Imaginez un instant être un professionnel de truc-machin qui a un rendez-vous à Montréal plus tard dans la journée. Pourquoi ne pas faire un petit arrêt à Drummondville pour explorer de nouveaux horizons dans votre secteur ? Ou Victo-riaville. Ou Saint-Bruno. Ou, ou, ou. N’avons-nous pas besoin de regarnir nos régions, au Québec ? En voilà, un bon incitatif. Et si le trajet Montréal-Québec n’était que le début ( on envoie la main aux gens de Gatineau au pas-sage ) ?

Finalement, pensez à la rentabi-lité du projet. Capable de trans-porter des marchandises, ce projet peut remplacer la quan-tité inpensable de trains routiers

qui arpentent nos routes en ce moment, ce qui allongerait leur durée de vie ( chaque passage d’un poids lourd équivaut au pas-sage de 100 voitures pour une route ). Diminuer les coûts du gel et du dégel ferait économiser des milliards au trésor québécois.

Qui plus est, c’est une technologie facilement exportable puisque les nouveautés en matière de trans-port collectif sont en grande de-mande de par le monde. Encore une fois, le Québec pourrait se dé-marquer avec sa grande créativité. Et tout ça sans une seule émana-tion de GES durant sa vie utile.

Oh !...Et si on en fait une ma-nière plus facile d’entrer sur l’île de Montréal avec le tunnel et deux ponts à refaire, ce serait grandement apprécié.

Rappelons qu’Option nationale est le seul parti à avoir ce projet dans sa plateforme.

Pour plus d’informations, rendez vous sur le : www.trensquebec.qc.ca

Jérôme Boucher

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ARTS ET CULTURE | IMPACTCAMPUS.QC.CA | MARDI 9 AVRIL 20138

PHOTO : COURTOISIE, SUSIE DUFOUR

Arts et culture

Tendre vers l’infiniPHOTO : CLAUDY RIVARD

Critique CD : Ponctuation | 10

L’Expérience A | 10

Avec une lumière tamisée, la saturation importante des

fréquences graves provoquait des vibrations perceptibles dans les vêtements et dans les corps. La transe collective qui suivait les battements de Suuns, le cœur de la soirée, unissait les esprits, trans-formant les individus en zéros qui formaient l’unité collective.

La musique de Suuns consiste en une judicieuse superposition de couches sonores. Le cœur de Suuns, Liam O’Neill, joue un dan-gereux rodéo avec sa batterie et assure une percussion doublée d’électronique qui impose dan-gereusement au public un rythme

puissant et vital. Joe Yarmush ( basse ) « gargouille » une ligne qui ajoute une densité à l’atmos-phère et empoigne quelques fois sa guitare et son slide pour offrir des lignes microtonales sul-fureuses. Les vapeurs mystiques qui émanent de l’ensemble pro-viennent de Max Henry et de ses synthétiseurs qui assurent une cir-culation entre les éléments sonores des autres musiciens. La tête du groupe, Ben Shemie, joue de sa guitare planante et répète des mé-lodies minimalistes à l’ambitus res-treint, par moments sur des notes répétées qui s’approchent d’un ton de récitation, nous amenant ailleurs avec sa monodie quasi religieuse.

Le groupe nous présentait Images du futur, leur nouvel album, com-posé en plein milieu du tumulte du printemps 2012. L’album n’a pas été composé en réaction au mou-vement ou n’a pas été inspiré par les évènements, contrairement à Allelujah ! Don’t Bend ! Ascend ! de GYBE. Le groupe dit avoir baigné dans la situation, comme trame de fond, alors que la ville de Montréal était enflammée par les idéaux. Cet album est le résultat de créa-tion en studio, un procédé nou-veau pour le groupe qui avait pris des pièces live existantes pour leur premier album. De leur propre aveu, la tournée de lancement de leur album marque la première re-

En divisant par un nombre qui tend vers zéro, on obtient l’infini. En divisant par l’infini, on obtient un nombre qui tend vers zéro. En dehors du cadre mathéma-tique, le groupe Zeroes — traduit par Suuns en thaï pour éviter les problèmes juridiques — entretient lui aussi une relation particulière avec l’infini.

Hugo Lafleur

présentation de ces pièces devant public. Alors qu’elles prennent vie, elles évoluent et se libèrent progressivement des formes figées sur l’album pour devenir des entités nouvelles; le résultat d’une symbiose avec un public très réceptif à leur rock minima-liste et hypnotique.

La connexion avec le public au Cercle nous a permis de décou-

vrir le nouvel univers de Suuns, en continuité avec l’ancien, mais cette fois en amenant des as-pects progressifs d’évolution; cette nouveauté est à l’image de l’ambivalence de leurs pièces, mêlant répétition et évolution. On pourrait dire que leur mu-sique est une suite de zéros, intercalés d’unités : 0,1,0,1,0,1… La pulsation de l’univers dans l’image du futur.

PHOTO : CLAUDY RIVARD

Affirmer que les spectateurs ont été déçus serait exagéré.

En fait, l’histoire paraissait amu-sante ( du moins sur le dépliant que l’on feuillette en attendant la première scène ). Cinq demoi-selles d’honneur qui se confient lors de la réception d’un mariage, relatant souvenirs de jeunesse, aventures, erreurs du passé, et tout cela sans oublier le sujet prin-cipal : les hommes. Tout le monde rit, surtout au début - une blague n’attend pas l’autre, c’est même

Une drôle de tournure

Julie Day-Lebel

Jeudi dernier avait lieu la deuxième représentation de Cinq filles avec la même robe au Théâtre de poche du Pavillon Maurice-Pollack de l’Université Laval. Écrite par Alan Ball et mise en scène par Julie Lespérance, la pièce promettait rires et extravagances à un public fébrile.

assez agréable. On est tout de suite charmé par la frivolité de l’esthétisme et des personnages.

Il y a complications quand l’his-toire prend une tout autre direc-tion pour parler directement de sujets lourds comme le viol ou la religion — ce qui, en soit, ne cau-serait pas problème. Pourtant, en parler au milieu de gros clichés ( rigolos cependant ) donne une recette étrange. On sent à ce moment une cassure, un effet de collage. La volonté de passer un message est comme forcée. Sans compter la fin qui tombe un peu à pic avec l’éclosion d’un amour peu crédible.

Les comédiens ont cependant merveilleusement bien rendu un

texte qui n’a pas été, donc, suf-fisamment peaufiné. Coup de cœur pour Susie Dufour, natu-relle et attachante dans le rôle de Patricia.

Ajoutons également que la mise en scène était intéressante, mais comportait quelques failles. Si la présence d’une fenêtre est évo-quée dans le dépliant, elle ne l’est aucunement dans la pièce : on ne sait pas où entrent les acteurs, ni d’où ils sortent, où ils regardent ou de quels lieux ils parlent. Mais ce ne sont pas des failles déran-geantes, seulement agaçantes.

En général, bon divertissement et rires assurés, mais on note un léger manque de soucis du détail.

Suuns au Cercle

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ARTS ET CULTURE | IMPACTCAMPUS.QC.CA | MARDI 9 AVRIL 2013 9

Diplômée du deuxième cycle en arts visuels à l’Université

Laval en 2011, Nataliya Petkova fait intervenir une multitude de moyens, d’objets et d’instru-ments inventés lui permettant d’explorer le territoire sonore de ses performances.

Pata… graphies réfère à la pata-physique qui se définit comme une « science des solutions imagi-naires » où rien n’est certitude et vérité. Avec ce projet dont l’appar-tenance au courant Dada est bien assumée, l’artiste veut produire un langage universel, composé de sons et de lettres ; la base d’un dialogue sans frontière.

Elle présente en galerie deux nouvelles pièces qu’elle dis-sèque jusqu’à épuisement de

Territoire sonoreVoir, écouter, prononcer, tracer : l’exposition pata… graphies de Nataliya Petkova à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval présente moult es-sais de communication entre divers matériaux et médiums.

Jeanne Couture

la matière : La mariée mise à nu par le binaire même et La mariée mise à nu par les pixels même. Ici, Petkova décortique le mé-dium jusqu’à l’infiniment petit. Le tout est déclenché par une performance, un geste simple dont la trace est exploitée à son maximum pour produire une série d’œuvres-documents qui font état du geste performatif.

L’artiste se met en scène en pré-sentant une vidéo dans laquelle la peau de son visage est marquée d’empreintes éphémères laissées par le port d’une cagoule. Ces réseaux de lignes forment des tracés intimes qui se dissolvent dans un livre de 300 pages dont le contenu est une traduction tex-tuelle de la vibration des pixels composant l’enregistrement. Ces

cartographies sonores sont ren-dues visibles par la loupe de lec-ture qui accompagne cette pièce particulièrement intéressante, jouant avec l’effet de surprise et de découverte du spectateur.

La deuxième œuvre décompose une performance réalisée in situ : la démolition de trois volumes de plâtre. Cette fois, c’est une fasci-nante et inquiétante « machine de traduction territoriale » qui fait la lecture des fragments. À la manière d’un gramophone, les influx électriques de la relique sont reproduits par une prothèse buccale. L’appareil, à cheval entre l’instrument chirurgical désuet et la prothèse d’un film de Kubrick, impose des mouvements faciaux grotesques, rendant la prononcia-tion impossible.

Bref, Nataliya Petkova opère une suite de traductions de sens et de formes dont le moteur est le

jeu des transmutations. L’expo-sition est présentée jusqu’au 5 mai.

C’est donc dans la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de

Québec que jeunes et moins jeunes se sont donné rendez-vous ven-dredi soir dernier afin d’applaudir Simon Proulx et sa bande. Conquis d’avance, le public ne s’est pas gêné pour manifester son bonheur de voir et d’entendre le quatuor de Drummondville, se levant dès la deuxième chanson pour ne plus vraiment se rasseoir, tout en applau-dissant et en hurlant; la jeunesse québécoise a encore du poumon…

Ceux qui n’accordaient pas une longue carrière aux Trois Accords doivent aujourd’hui se mordre la langue : non seulement la formation a fait paraître un cinquième album à l’automne dernier, presque dix ans après le premier, mais en plus, elle a su évoluer de manière intel-ligente. Et si l’humour absurde est toujours au rendez-vous, des sujets sérieux sont maintenant abordés via des textes travaillés, toujours sur des musiques accrocheuses.

Le groupe a pigé allégrement dans son vaste répertoire, enchaînant les

titres à une vitesse folle sans qu’il y ait de temps mort. Et même quand certains problèmes techniques ont nui au bon déroulement de ce spec-tacle tout feu tout flamme, Proulx & cie ont su bien réagir et jouer en acoustique le classique Sas-katchewan, belle chanson triste et beau moment de communion avec le public qui chantait — le hasard du setlist a bien fait les choses…

Certes, l’exécution n’était pas tou-jours au point. Bien sûr, certaines chansons légères sont agréables, sans plus. Mais les membres des Trois Accords, avec leur univers décalé et leur humour absurde, restent des bêtes de scène qui se donnent sans compter. Ajoutez-y quelques running gags bien placés, de superbes éclairages d’Emmanuel Foulon, et faites un double constat très positif : ils savent donner du plaisir, de la joie à leur public, et ils le feront sans aucun doute pendant longtemps.[ ... ]

Lire la suite surwww.impactcampus.qc.ca

Les Trois Accords au Grand Théâtre de Québec

Groupe préféréLes Trois Accords, on aime ou on déteste. Mais pour les fans du groupe, pas question de rater leur nou-veau spectacle : J’aime ta grand-mère.

Cyril Schreiber

PHOTO : SYLVAIN FILLOS

Les Trois Accords ont enchaîné leurs nombreux succès, de Bamboula à Grand champion en passant par l’incontournable Hawaïenne. PHOTO : SYLVAIN FILLOS

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ARTS ET CULTURE | IMPACTCAMPUS.QC.CA | MARDI 9 AVRIL 201310

PONCTUATION

27 CLUB

BONSOUND

Dans le cadre de son 11e colloque annuel, le Centre interuniver-sitaire d’études et de recherches autochtones, en collabora-

tion avec l’Association étudiante autochtone, organise une soirée culturelle au profit du Wapikoni mobile. La soirée aura lieu jeudi le 18 avril 2013, de 19 h 30 à 22 h 30, au Théâtre de la cité universitaire de l’Université Laval. Nous aurons la chance d’y visionner plusieurs courts-métrages produits par le Wapikoni, en plus de découvrir la poésie de Marie-Andrée Gill et de Natasha Kanapé Fontaine ainsi que la musique de Kathia Rock. L’événement est ouvert au grand public et le coût d’entrée est de 10 $.

Le film Intitulé Dialogues avec l’Ange, qui relate la vie de Gitta Mallasz, une femme d’exception reconnue Juste parmi les

Nations il y a un an pour avoir sauvé une centaine de femmes et d’enfants juifs en Europe durant la Seconde Guerre mondiale, sera diffusé pour la première fois dans 15 villes du Québec. Inspiré du livre portant le même titre et ayant fait le tour du monde, le film sera projeté le 16 avril à 19 h à la salle 2326 du Pavillon Desjardins de l’Université Laval et le 24 avril à 19 h à la salle E-206 du cégep de Lévis-Lauzon. Réservation : www.artas-canada.ca

L’album démarre sur les chapeaux de roue et on se surprend à dodeliner de la tête de façon irrépressible. Cette énergie,

séduisante au premier coup d’œil, ne décline jamais au fil des 10 compositions, et donne envie de savoir de quel bois se chauffent les frères Chiasson ( Guillaume, voix et guitares, et Maxime, bat-terie et voix ) sur scène.

L’album a été enregistré et mixé de façon analogique (sur bande magnétique) au studio Hotel2Tango à l’aide des bons conseils de Howard Bilerman ( Arcade Fire, The Spaceshit ). Le résultat : du vrai bon rock lo-fi aux accents rétro ( ou indémodables ? ), une musique rafraîchissante au son brut sans triche.

Tout ça avec des textes qui font plus que du remplissage. Diffi-cilement audibles ( sur ce point, difficile d’éviter la comparaison avec Malajube ), ils méritent qu’on se paie une écoute attentive avec la pochette ( par ailleurs très réussie ) dans les mains. Au-delà de l’horreur de la routine, des rencontres et des légendes du rock maintes fois décrites par des artistes de tout acabit, les frères Chiasson trouvent les mots qui distinguent leur approche. L’ennui est ainsi largué dans Ciao Bye Ciao : « Aux 9 à 5 cata-toniques/Aux collègues flegmatiques/Aux matins endimanchés/Qui me séparent de mon oreiller/[ … ]Ce n’est pas pour moi, je dois dire/Ciao, bye… ». Marie-Anne sur St-Roch inspire quant à elle ces vers : « Prémices d’une histoire candide/Dénouement d’une idylle fortuite ». Ponctuation rend hommage aux Jimi Hen-drix de ce monde et autres artistes décédés prématurément dans la pièce-titre, 27 Club : « À 28 ans, trop tard pour m’accomplir/Je ne serai jamais dans le 27 Club. »

Musicalement, les deux musiciens ne réinventent pas la roue, mais livrent un rock sincère et senti, qui dénote une maîtrise du vocabulaire sonore de ce genre. Pour les amateurs d’un son ga-rage à valeur ajoutée.

3.5/5Justine Pomerleau-Turcotte

L’événement se tiendra à l’Es-pace 400e Bell, le vendredi

12 avril à 18 h 30. Une panoplie d’artistes aussi bien du domaine de la peinture, du cinéma et du cirque que de la musique se suc-cèderont. Le tout sera présidé par Denys Lelièvre, animateur des Midis Jazz à la radio CKRL.

« Notre but est de remettre 10 000 $ à la fondation », a ex-pliqué Émilie Vézina, Vice-prési-dente du comité communautaire de communication publique de l’Université Laval.

« Cette année, le communautaire a pris un volet culturel, a-t-elle ajouté. L’expérience A, c’est un mélange de tous les arts, A pour arts et alphabétisation. »

Les amateurs de culture et d’art de toutes formes pourront appré-cier Julia Daigle et Mikaël Morin-Hamelin aux pinceaux, Robin Rigault à la pellicule cinémato-graphique, Funk Connection à la table tournante, ainsi que des membres de l’École de Cirque de Québec aux acrobaties. Plusieurs produits de la table raviront éga-lement vos papilles.

Pour ce qui est de la musique, « la plus grosse partie du spectacle sera assurée par Sarah Toussaint-Léveillé, la fille de Claude Léveillé, qui avait lui-même animé la pre-mière édition du communautaire », a commenté Émilie Vézina. Cette dernière est une auteure-compo-sitrice-interprète émergente de scène musicale, dont les différents

styles sauront plaire à un public varié. Elle sera précédée par le duo acoustique composé de deux étudiantes en communication, Léa Boucher-Telmosse et Mélissa Ruest, et par le slameur québécois Frikal Alequez. Tout un amalgame de découvertes pour le bonheur de vos sens.

La vente de billets pour l’évé-nement se fera sur place et sur Internet pour la somme de 25 $ au profit de la Fondation pour l’al-phabétisation du Québec.

Quoi ? L’Expérience AQui ? Un cocktail d’artistes pré-sidé par Denys LelièvreOù ? Espace 400e Quand ? Le 12 avril à 18 h 30Combien ? 25 $

A comme ARTAprès deux éditions couronnées de succès, le Commando Culturel et Le Communautaire vous convient cette année à L’Expérience A. Les bénéfices récoltés lors de ce cocktail dînatoire iront à la Fondation pour l’alphabétisa-tion du Québec.

Camille Ozuru

Sur le campus...

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INTERNATIONAL | IMPACTCAMPUS.QC.CA | MARDI 9 AVRIL 2013 11

International

Une joute dangereuse dans la péninsule coréenne

PHOTO : COURTOISIE, WIKIMEDIA, SVEN UNBEHAUEN, CREATIVE COMMONS

@ImpactCampus

impactcampus

Les provocations de la Corée du Nord s’accumulent. La peur : un petit inci-dent qui déclencherait une réaction en chaîne, jusqu’à la guerre ouverte.

Jérémie Lebel

Le 5 avril, la Corée du Nord a annoncé qu’elle ne pourrait

pas garantir la sécurité des am-bassades étrangères si un conflit éclatait. Le pays a également dé-placé deux missiles Musudan vers une batterie située sur la côte. Ces missiles peuvent atteindre des cibles situées à 3000 km, soit assez pour frapper la Corée du Sud ou le Japon. Les États-Unis, qui entretiennent des troupes en Corée du Sud depuis la guerre de 1950, ont immédiatement déclaré que « toute action provocatrice supplémentaire serait regret-table ». En mars, la Corée du Nord

avait menacé les États-Unis d’une attaque nucléaire préventive. Elle a aussi suspendu l’armistice qui avait mis fin à la guerre de Corée en 1953. En réponse, les États-Unis ont envoyé des bombardiers furtifs B-2 en Corée du Sud. Ils ont aussi annoncé qu’ils protège-raient leur base de Guam, dans le Pacifique, avec un système anti-missile THAAD. La Corée du Nord a aussi cessé de répondre à la ligne de communications établie avec le Sud.

Ce n’est pas la première fois que la Corée du Nord provoque la Corée

du Sud. En 2003, le Nord avait suspendu l’armistice en réponse à des « gestes agressifs » des États-Unis. En 2009, il avait fait la même chose après que la Corée du Sud se soit jointe à un programme anti-prolifération nucléaire mené par les États-Unis. En 2010, la Corée du Nord avait bombardé un îlot sud-coréen, faisant 4 morts, et était accusée d’avoir coulé un navire militaire sud-coréen, tuant 46 marins. La Corée du Sud avait délibérément choisi de ne pas ré-pondre aux attaques afin d’éviter un cycle de frappes et de repré-sailles qui aurait pu entraîner une

guerre. La nouvelle présidente de la Corée du Sud, Park Geun-hye, a cependant promis que son pays répondrait fortement à toute pro-vocation directe. L’armée sud-co-réenne a déclaré que si elle était attaquée, elle répliquerait par la force et frapperait le leadership nord-coréen.

Pourquoi l’escalade de provoca-tions actuelle ? Plusieurs réponses existent. D’abord, la Corée du Nord entend par ses menaces ré-pliquer à des sanctions sévères im-posées par le Conseil de sécurité des Nations Unies en février suite à des essais nucléaires interdits. Sur le plan de la politique inté-rieure, il est possible que le jeune leader nord-coréen, Kim Jong-un, essaie d’accroître son emprise sur son pays en démontrant sa force face à l’ennemi au sud et à son allié

américain. Le régime nord-coréen maintient un état de fermeture de l’information sans pareil ailleurs dans le monde et entretient un dis-cours officiel extrêmement virulent à l’égard des États-Unis. Personne ne sait, ni ne peut savoir, si la situa-tion va se calmer ou dégénérer. Une guerre serait dommageable pour tous : le Nord perdrait à coup sûr, le Sud subirait des dommages importants, la Chine recevrait un afflux soudain de réfugiés, les forces américaines subiraient des pertes. Le Japon pourrait aussi être entraîné dans le conflit. Le ré-gime nord-coréen lui-même cour-rait à sa perte. La grande peur des forces en présence consiste non pas en une attaque convention-nelle massive, mais plutôt en un incident du genre de l’attaque de 2010 qui déclencherait une esca-lade des moyens de représailles.

Carte de la Corée du nord

Dépenses militaires annuelles ( milliards )

68

9

129

5828

23

7

CRÉDIT : HUBERT GAUDREAU ET MATHIEU PARENT

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SCIENCES ET TECHNO | IMPACTCAMPUS.QC.CA | MARDI 9 AVRIL 201312

Sciences et techno

PHOTO : FORMULE SAE UNIVERSITÉ LAVAL

De projet étudiant à petite entrepriseFormule SAE :

@ImpactCampus

impactcampus

C’est au Salon de l’auto, dans la Zone verte, que j’ai découvert le kiosque de Formule SAE. En discutant avec l’un des membres clés du projet, Simon Pa-radis, il m’est apparu que plus qu’un simple projet étudiant, l’équipe de For-mule SAE, qui s’applique à la conception d’une voiture de course monoplace apte à la compétition, est une véritable petite entreprise gérée et soutenue presque exclusivement par ses membres.

Camille Allard

L’équipe pour la voitureFormule SAE, avant d’être une

voiture, est une équipe constituée d’une quarantaine de membres. Si certains vont et viennent au fil des sessions, un noyau fidèle d’une vingtaine de personnes travaille cependant tout au long de l’année à la réalisation et à l’amélioration d’une petite voiture de course. Responsable de la CAO et de la fabrication, Simon Paradis, qui m’a accordé une entrevue, est l’un des piliers de l’équipe. « Ils doivent me trouver tannant », déclare celui qui insiste sur la réduction de la masse de chaque pièce auprès de tous les membres de l’équipe.

En effet, cinq groupes distincts s’acharnent à la conception du projet étudiant et tous corro-borent dans le même sens : créer la voiture la plus légère possible. Ces groupes sont composés d’étudiants provenant de diffé-rentes branches du programme en génie et se déclinent ainsi : ELC, AEO, MTP, HER et CSC. Ap-puyés par une Direction générale et un groupe Finances, l’équipe est en affaire !

Car pour faire la conception d’un projet étudiant d’une telle enver-gure, Formule SAE n’a d’autres choix que de se lancer à la re-cherche de commanditaires. Elle en compte actuellement une trentaine, d’importances variées, toutes abordées à l’initiative des

membres eux-mêmes. Si l’Uni-versité Laval constitue le parte-naire principal du projet étudiant, fournissant une subvention sub-séquente ainsi qu’un accès quasi illimité aux locaux nécessaires au groupe, Lasertech est le second. C’est cette entreprise qui a permis la découpe des tubes de la voiture ainsi que la découpe de pièces « sheet metal », véritable origami avec du métal ! Ce processus est beaucoup moins dispendieux que les procédés traditionnels, tel le fraisage et le tournage.

Heureusement que Formule SAE peut compter sur certaines com-mandites, lorsqu’on considère que son projet de l’année, les « bearings » de roue, a coûté au-dessus de trois mille dollars. Si l’on ajoute qu’annuellement, l’équipe a également besoin d’entre cinq mille et six mille dollars de pneus - puisqu’elle nécessite deux « sets » par compétition - des économies doivent se faire là où c’est pos-sible. Non seulement le budget est-il géré par l’équipe même ( bien que supervisée par l’univer-sité ), Formule SAE doit également prendre en main tout ce qui a trait aux compétitions auxquelles elle participe : documents d’inscrip-tion, recherche et organisation d’évènements, déplacements…

Les compétitionsTout cela en vue de participer à de nombreuses courses oppo-

sant les équipes de différentes universités à travers le monde ! D’où l’importance attribuée à la réduction de la masse par Simon Paradis. Déjà, la diminution de 7 % de la masse totale des pneus est de bon augure.

Afin de réduire la masse de la plupart des pièces, c’est 90 % de la voiture qui a été refaite. Parmi les composantes réutilisées, le filage. Il constitue à présent une boîte à relais qui permet de créer un système de changement de vitesse séquentiel. Aucun capteur n’a cependant été ajouté au filage. « On a une voiture instrumentée », me dit pourtant Simon, soulignant qu’elle compte plus d’une dizaine de milliers de dollars en instru-ments visant à calculer ou à amé-liorer ses performances.

Ces améliorations visent à « battre tout le monde », plaisante Simon, avant de reprendre son sérieux. En effet, la petite voiture de course se lancera sur la piste du Michigan International Speedway, du 8 au 12 mai prochain, pour se frotter à d’autres bolides universi-taires. Il s’agit d’une compétition internationale. Au programme, quatre épreuves. La première en est une d’accélération sur un seg-ment de piste de 75 mètres. La seconde, une épreuve de skid-pad, un circuit en huit, qui devra être répétée deux fois, sans chan-gement de pilote. La troisième

épreuve se déroule en circuit ouvert et s’appelle l’autocross. Elle permet la qualification des équipes à la dernière épreuve : l’endurance. Cette dernière consiste en une course de vingt-deux kilomètres, entrecoupée d’un seul changement de pilote, sans arrêt permis pour réparation.

Après cette course en territoire états-unien, l’équipe de Formule SAE se déplacera à Barrie, en banlieue de Toronto, du 23 au 26 mai, pour une autre compéti-tion. Il s’agira de la première pré-sence de l’équipe à ces épreuves, regroupant cette fois des universités canadiennes.

Suivront deux autres évènements : une compétition amicale en juin, à Grand-Mère, ainsi que le U of T Toronto Shoot out à la fin du mois de septembre.

ObjectifsIl va sans dire que l’évènement le plus important demeure le Mi-chigan International Speedway. L’équipe vise d’ailleurs le top dix

dans l’ensemble des épreuves, mis à part celle de l’accélération. Formule SAE y vise la première place et le responsable du groupe motopropulsion, Miguel Robi-chaud, semble optimiste quant aux chances du petit bolide.

Outre cet objectif global, For-mule SAE souhaite augmenter le temps de pratique de ses pilotes, et donc le nombre de sorties de la voiture d’ici la première compé-tition. L’équipe espère également réduire la masse de la voiture mo-noplace, l’alléger par sa concep-tion et son design.

C’est au retour de la Michigan International Speedway que nous serons en mesure de connaître les performances 2013 du bolide de l’association étudiante For-mule SAE. De projet étudiant à petite entreprise, l’équipe a fait du chemin et ne semble pas au bout de sa route.

Le journal vous tiendra au courant des prochains évènements et des sorties à venir de la voiture.

PHOTO : FORMULE SAE UNIVERSITÉ LAVAL

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SCIENCES ET TECHNO | IMPACTCAMPUS.QC.CA | MARDI 9 AVRIL 2013 13

La commissaire fédérale à l’information ouvre une enquête :

Uniformisation des ordonnances collectives :

Harper censure-t-il nos scientifiques ?

Pouvoir supplémentaire pour les infirmières

La commissaire fédérale à l’information, Suzanne Legault, a accepté d’ouvrir une enquête sur certaines politiques et méthodes adoptées par Ottawa qui semblent considérablement restreindre la liberté de parole des scientifiques fédéraux.

Le 25 mars dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux, le docteur Réjean Hébert, annonçait l’uniformisation de quatre ordonnances collectives à l’échelle provinciale ; ces dernières accorderont aux infirmières une plus grande autonomie pour le suivi et le traitement de quatre maladies chro-niques : le diabète, l’hypertension, le cholestérol et les troubles de la coagu-lation sanguine.

Pierre Olivier Forget

Elise Magnin

En acceptant d’ouvrir cette en-quête en vertu de la Loi sur

l’accès à l’information, le bureau de Suzanne Legault répond à une plainte détaillée déposée conjoin-tement par le Centre du droit de l’environnement de l’Université de Victoria et l’organisme Démocratie en surveillance, un organisme non partisan défendant l’éthique et le maintien d’une démocratie mo-derne et efficace au Canada.

Selon ce que conclut le long rap-port que ces deux organisations ont déposé, les points de vue scientifiques – particulièrement dans les dossiers environnemen-taux – ont, dans six différents mi-nistères et agences gouvernemen-tales, été réduits à quelques lignes pré-écrites à l’intention des médias ou ont totalement été supprimés.

La plainte dénonce les politiques de communication du gouverne-ment fédéral en place, plaidant que celles-ci musellent la commu-nauté scientifique, ce qui a pour effet d’empêcher les Canadiens de se documenter convenable-ment sur la recherche en cours.

Les ordonnances collectives existent depuis le début des

années 2000, la prescription de la pilule contraceptive étant la plus connue. Prescriptions données par un ou plusieurs médecins à un groupe de pro-fessionnels de la santé - comme les pharmaciens ou les infir-mières et infirmiers dans le cas présent - elles permettent à ces professionnels de prescrire ou d’ajuster un traitement dans le cadre d’un suivi sans que le pa-tient n’ait préalablement à revoir le médecin

Le processus visant à mettre en place les ordonnances collec-tives nationales s’appliquant aux maladies chroniques a nécessité une collaboration rigoureuse entre le Collège des médecins du Québec, l’Ordre des pharma-ciens du Québec et l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec. Ces nouvelles ordon-nances ont pour but de simplifier et d’assurer l’efficacité du suivi des patients tout en favorisant une collaboration plus étroite des professionnels de santé. Les médecins y verront également un

gain de temps qui leur permettra de traiter d’autres patients.

Le médecin posera toujours le diagnostic premier et émettra lui-même l’ordonnance collec-tive. Les infirmières pourront ensuite ajuster ces ordonnances en réagissant aux résultats de laboratoire et en adaptant les médications. Le développement de ces ordonnances constitue donc un nouvel outil à la dispo-sition de l’infirmière pour offrir une meilleure prise en charge des patients malades chroniques

Selon la plainte, la population n’est pas tenue au fait des déve-loppements de la communauté scientifique, puisque les scien-tifiques eux-mêmes ne sont pas autorisés à communiquer les résultats de leurs recherches –pourtant financées par les fonds publics – aux médias.

Approbation obligatoireL’objet de l’enquête portera prin-cipalement sur une politique mise en place par le gouvernement

Harper en vertu de laquelle les questions des médias portant sur des sujets jugés sensibles doivent être soumises au Bureau du Conseil privé ( le ministère du premier ministre ) avant d’être po-sées aux scientifiques du gouver-nement canadien. Cette politique est appliquée avec une rigueur grandissante depuis sa mise en vigueur en 2006.

Ainsi, le ministère fédéral de l’En-vironnement ne doit pas laisser

et l’accès au traitement s’en verra simplifié.

Il aura fallu presque dix ans au gouvernement pour arriver à un consensus sur les ordonnances collectives. Cette entente inter-disciplinaire témoigne d’une transition de culture, passant d’une époque où le médecin était le seul prescripteur à une ère nouvelle de travail interpro-fessionnel. Cette petite révolu-tion, qualifiée « d’historique » par le ministre Hébert, s’inscrit dans une volonté de partage, de re-connaissance des compétences et non d’une concession de la part des médecins.

L’entrée en vigueur de ces ordon-nances se fera le 15 avril prochain ; elles seront accessibles à tout le réseau de la santé du Québec sur le site Internet de l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux ( INESSS ).

« Nous encourageons les mé-decins à utiliser ces nouvelles ordonnances collectives natio-nales et celles déjà existantes puisqu’elles permettent d’amé-liorer l’efficacité des soins tout en s’assurant que la qualité est maintenue. Il faut miser davan-tage sur le travail en interdisci-plinarité afin que chaque pro-fessionnel déploie, au bénéfice du patient, ses compétences au maximum » a expliqué le Dr Charles Bernard, président-di-recteur général du Collège des médecins du Québec.

Et le ministre ne compte pas s’ar-rêter en si bon chemin, puisqu’il envisage déjà ce même principe pour le traitement des maladies pulmonaires obstructives et les infections transmises sexuel-lement et par le sang ( ITSS ). « Maintenant que nous avons fait la route, ce sera plus facile », ex-plique Réjean Hébert.

intervenir publiquement ses scien-tifiques sur les changements cli-matiques, les ours polaires ou les caribous, à moins d’avoir obtenu une autorisation du Bureau du Conseil privé au préalable. Il en est de même pour Pêches et Océans Canada, qui agit sous le joug d’une politique de communication visant à s’assurer que « des cita-tions approuvées pour les médias » soient attribuées aux scientifiques en voie d’accorder une entrevue journalistique. Une approbation est aussi nécessaire au ministère des Ressources naturelles avant qu’il puisse s’exprimer publique-ment sur les sables bitumineux, ressource dont l’exploitation a été priorisée par le gouvernement Harper et dont la nocivité pour l’environnement est considérable ( exploitation minière de surface, défrichage de vastes étendues de forêt boréale, production de déchets toxiques et contribution à l’effet de serre ).

Pour la santé de la démocratieLes plaintes formulées quant à la culture du silence imposée à la communauté scientifique fédé-rale coïncident avec une stratégie de développement tous azimuts du gouvernement Harper en ce qui concerne les ressources na-turelles. Les politiques de com-munication mises en place par le fédéral pourraient avoir pour but de contourner les barrières

pouvant s’opposer au dévelop-pement effréné des ressources naturelles qu’il préconise. Briser les ponts entre la communauté scientifique et la société nuit à la démocratie, puisqu’on em-pêche les décisions prises col-lectivement de refléter des juge-ments éclairés, fondés sur des raisonnements scientifiques.

Selon Chris Tollefson, directeur exécutif du Centre du droit de l’environnement de l’Université de Victoria, le sujet dans lequel plongera l’enquête dans les prochains jours est « un enjeu central pour la santé de la dé-mocratie. » Il soutient que la population « [doit] savoir où en est le meilleur de la science dans un contexte où nous prenons de difficiles décisions quant aux politiques publiques. »

Par conséquent, Mme Legault, dans le cadre de son mandat, aura la tâche d’enquêter sur toute pratique gouvernementale visant à empêcher la saine communi-cation entre les scientifiques, les médias et la population. À une époque où nous devons faire face à de multiples défis envi-ronnementaux et scientifiques, les constats qu’émettra la com-missaire fédérale à l’information auront un impact certain sur la santé et la qualité du processus démocratique canadien.

PHOTO : COURTOISIE, FOTOPEDIA, LONDON SUMMIT, CREATIVE COMMONS

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SPORTS | IMPACTCAMPUS.QC.CA | MARDI 9 AVRIL 2013 15

Sports

Le tournoi se termine sur une note impressionnantePHOTO : COURTOISIE

@ImpactCampus

impactcampus

Les Cardinals, dans le match les opposant aux Shockers, jouaient

à peine une semaine après avoir perdu leur coéquipier Kevin Ware à la suite d’une blessure que certains ont qualifié de l’évènement le plus choquant jamais vu à la télévision. La vidéo du joueur de Louisville se fracturant la jambe devant le banc de son équipe a vite fait le tour d’Internet. L’histoire est devenue une source de motivation pour ses coéquipiers et son entraîneur Rick Pitino. Une fois de plus derrière

les prouesses de Russ Smith, qui a cumulé 21 points dans le match, les Cardinals n’ont pas déçu et ont comblé leur plus gros déficit du tournoi en deuxième demie pour se sauver avec la victoire par la marque de 72-68. Ils peuvent éga-lement remercier Luke Hancock, un joueur de banc, qui a fourni une étincelle et a inscrit 20 points dans la victoire. Wichita State n’était que la cinquième équipe dans l’histoire du tournoi à atteindre le Final Four après avoir été semé

neuvième ou plus haut par le co-mité de sélection.

Dans l’autre rencontre de demi-finale, les Wolverines sont venus à bout de la défensive suffocante du Orange, et ce, malgré une mauvaise soirée pour leur joueur vedette et joueur de l’année aux États-Unis, Trey Burke. Le centre Mitch McGary continue d’impres-sionner dans le tournoi, avec une récolte de 10 points et 12 rebonds. C’est finalement la faute offen-

March Madness

Sans surprise, le Final Four de la fin de semaine dernière a donné lieu à tout un spectacle. Les Cardinals de Louisville et les Wolverines de Michigan ont vaincu respectivement les Shockers de Wichita State et le Orange de Syra-cuse, pour se tailler une place en finale du championnat national de basket-ball universitaire américain.

Sébastien Desrosiers

sive commise par Brandon Triche ( SYR ) sur Jordan Morgan ( MICH ), avec 19,2 secondes à faire à la rencontre, qui a scellé le sort de Syracuse. La troupe de John Bei-lein atteint donc la finale nationale pour la première fois depuis 1993.

Faits saillants du tournoiÀ l’instar de la saison 2012-2013, la grande danse du mois de mars a été pour le moins imprévisible. Avec l’écroulement des favoris comme Indiana et Gonzaga, en plus des victoires surprises des universités Harvard et Florida Gulf Coast par exemple, plusieurs ama-teurs de basketball universitaire ont été forcés de mettre à la poubelle leur feuille de prédictions assez tôt.

On se souviendra de l’édition 2013 du March Madness particulière-

ment pour la blessure subie par Kevin Ware, mais aussi pour avoir prouvé, encore une fois, que plus on en connait sur le basketball de la NCAA, moins on a de succès dans nos « pools » ; il ne faut pas toujours se fier à la saison régulière.

PrédictionAu moment de mettre sous presse, la finale du tournoi n’avait pas encore été jouée. C’est pourquoi je me per-mets de vous dévoiler qui est mon choix pour l’emporter, et il s’agit des Cardinals de l’Université Louisville. Leur jeu inspiré, leur défensive har-celante et leur expérience sont tous des facteurs qui devraient les mener à la victoire face aux Wolverines de l’Université Michigan.

Mais, encore une fois, je pourrais me tromper…

Mooseheads d’Halifax ( 58-6-4 ) contre Olympique de Gatineau

( 29-34-5 )

Choix d’Impact campus : Mooseheads d’Halifax

Les Mooseheads connaissent une saison du tonnerre. En pre-mière ronde, Nathan Mackinnon, Jonathan Drouin et Zachary Fucale ont mené l’équipe de la Nouvelle-Écosse à un balayage assez rapide contre les Sea Dogs. Avec une récolte de 120 points, soit près du double des Olym-

piques, Halifax devrait réussir à passer en demi-finale sans trop de difficulté, eux qui sont favoris pour se mériter la Coupe du Pré-sident 2013.

Drakkar de Baie-Comeau ( 44-19-5 ) contre Tigres

de Victoriaville ( 32-27-9 )

Choix d’Impact campus : Drakkar de Baie-Comeau

Cette série risque d’être très inté-ressante. Le Drakkar connaît une bonne saison et n’a fait qu’une bou-

chée du Phoenix de Sherbrooke. Les Tigres, eux, ont réussi à sur-prendre les Wildcats de Moncton, qui avaient pourtant terminé plus haut au classement général. Pour pouvoir créer une surprise, Victo-riaville devra corriger une lacune importante de leur saison ; réussir à gagner sur la route. Deuxième au classement général au terme de la saison régulière, Baie-Comeau devrait l’emporter en six matchs.

Armada de Blainville-Bois-briand ( 41-19-8 ) contre Foreurs

de Val-d’Or ( 35-27-6 )

Ils ne sont plus que huitMaintenant que les séries de premières rondes sont terminées, il ne reste que huit équipes qui aspirent à la Coupe du Président et au titre de champion de la LHJMQ. Comme lors de la ronde précédente, Impact Campus y est allé de ses prédictions.

Mathieu Turgeon

Choix d’Impact campus : Armada de Blainville-Boisbriand

Champions de la division ouest de la LHJMQ, l’Armada devra avoir les Foreurs à l’œil, eux qui viennent de surprendre le Rocket de l’Île-du-Prince-Édouard en six rencontres. Val-d’Or s’amène donc dans la série, n’étant pas favori, mais comme une équipe qui pourrait quand même causer quelques surprises. Malgré cela, avec un défenseur solide comme Xavier Ouellet et un gardien en contrôle comme Étienne Marcoux, l’Armada devrait l’emporter en cinq ou six parties.

Remparts de Québec ( 42-21-5 ) contre Huskies de Rouyn-No-

randa ( 40-24-4 )

Choix d’Impact campus : Remparts de Québec

Ce duel devrait être le plus serré des quatre. Les deux équipes se sont divisé les quatre rencontres en saison régulière et seule-ment cinq points les séparent au tableau du classement général. Offensivement, les Huskies ont marqué plus de buts que les Remparts, mais la troupe de Patrick Roy en a accordé près de soixante de moins que Rouyn-Noranda et une bonne défensive, c’est souvent ce qui fait la différence en séries. Québec devra s’assurer de jouer soixante minutes et de vaincre leur malchance à domi-cile pour éviter de se faire sur-prendre comme lors de la série contre Chicoutimi.

Page 16: Impact Campus 9 avril 2013