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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL IMPACTS DE LA LIBÉRALISATION COMMERCIALE SUR LA PERFORMANCE DE L'APPROVISIONNEMENT EN FOURNITURES MÉDICALES: LE CAS DU CENTRE HOSPITALIER UNIVERSITAIRE DE CONSTANTINE (ALGÉRIE) MÉM01RE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAITRISE EN ADMINISTRATION DES AFFAIRES PAR LIECE KHALFAOUI SEPTEMBRE 2009

Impacts de la libéralisation commerciale sur la performance de l… · 2.2 L'ALGÉRIE ET LE FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL. 24 2.2.1 La gestion politique de l'économie algérienne

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  • UNIVERSIT DU QUBEC MONTRAL

    IMPACTS DE LA LIBRALISATION COMMERCIALE SUR LA

    PERFORMANCE DE L'APPROVISIONNEMENT EN FOURNITURES

    MDICALES: LE CAS DU CENTRE HOSPITALIER UNIVERSITAIRE DE

    CONSTANTINE (ALGRIE)

    MM01RE

    PRSENT

    COMME EXIGENCE PARTIELLE

    DE LA MAITRISE EN ADMINISTRATION DES AFFAIRES

    PAR

    LIECE KHALFAOUI

    SEPTEMBRE 2009

  • UI\JIVERSIT DU QUBEC MONTRAL Service des bibliothques

    Avertissement

    La diffusion de ce mmoire se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a sign le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles suprieurs (SDU-522 - Rv.01-2006). Cette autorisation stipule que conformment l'article 11 du Rglement no 8 des tudes de cycles suprieurs, [l'auteur] concde l'Universit du Qubec Montral une licence non exclusive d'utilisation et de publication de la totalit ou d'une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pdagogiques et non commerciales. Plus prcisment, [l'auteur] autorise l'Universit du Qubec Montral reproduire, diffuser, prter, distribuer ou vendre des copies de [son] travail de recherche des fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y compris l'Internet. Cette licence et cette autorisation n'entranent pas une renonciation de [la] part [de l'auteur] [ses] droits moraux ni [ses] droits de proprit intellectuelle. Sauf entente contraire, [l'auteur] conserve la libert de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possde un exemplaire.

  • la mmoire de ma mre et mon pre qui nous ont rcemment quitts

    Pour tous leurs soucis et leur impatience au sujet de ce mmoire alors qu'ils taient

    en vie. Pour leurs sacrifices et leur bont particulire

  • REMERCIEMENTS

    En premier lieu, je tiens de faon trs particulire remercier le Dr Yvon Bigras,

    professeur l'UQM et directeur de mon projet de recherche, pour sa disponibilit,

    son aide et ses conseils qui m'ont t nombreux et importants. Je remercie le Dr Yvon

    Bigras spcialement pour le soutien et le secours qu'il m'a apports un moment

    particulier o je me suis heurt des problmes difficiles relis ce travail de

    recherche. Je lui prsente toute ma gratitude et ma reconnaissance.

    Je remercie galement tous mes professeurs prcdents l'UQAM et HEC

    Montral pour leur aide et leur enseignement prcieux. Je citerai particulirement Dr

    Sandra Dow, Dr Pater Twarabimenye, Dr Jean Pasquro, Dr Line Ricard, Caroline

    Maujonnet et Hary Takur. Je remercie aussi les membres suivants du personnel du

    centre hospitalier universitaire de Constantine, le secrtaire gnral du CHU Mr

    Abdesselem Rouabhi, Mr Ahcene Beniou au service d'approvisionnement, Mr

    Hamza Tniou au service de l'ORL et Mme Nora Boukerrou au service de chirurgie

    thoracique qui ont particip mon tude, pour leur coopration remarquable et leur

    disponibilit me fournir toutes les informations et les donnes ncessaires pour ma

    recherche. Merci Tahar Boudjedaa pour son aide et ses conseils prcieux.

    Je remercie Suzanne St-Onge, Julie et Martin Hudon pour leur amiti et leur agrable

    compagnie durant mes annes d'tude l'UQAM. Mes profonds remerciements

    s'adressent aussi mes trs chers amis de Casablanca, Mohcne Benjelloun et sa

    femme Fatima pour l'ambiance familiale qu'ils m'ont toujours procure Montral.

    Mes plus profonds remerciements vont enfin toute ma famille, spcialement mon

    pre alors en .vie et mes deux frres ans, Hamza et Rachid, qui m'ont

    financirement permis d'tudier et de vivre au Canada dans les conditions les plus

    favorables, et m'ont vit ainsi les tracas du monde de travail. Sans oublier mon frre

    cadet Khaled que j'aime beaucoup.

  • TABLE DES MATIRES

    TABLE DES MATIRES iv

    LISTE DES TABLEAUX viii

    LISTE DES FIGURES ix

    RSUM x

    INTRODUCTION 1

    1. CHAPITRE 1: PRSENTATION DE LA RECHERCHE 5

    1.1 JUSTIFICATION DU THME DE RECHERCHE 5

    1.2 LA PROBLMATIQUE MANAGRIALE 8

    1.3 LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 9

    2. CHAPITRE II: REVUE DE LA LITTRATURE 11

    2.1 LA LIBRALISATION COMMERCIALE ET LES PAYS EN

    DVELOPPEMENT. 11

    2.1.1 Les effets de la libralisation commerciale sur les pays en

    dveloppement. 11

    2.1.1.1 tudes macroconomiques 11

    2.1.1.2 tudes microconomiques 17

    2.1.1.3 Dbat et tudes critiques 19

    2.2 L'ALGRIE ET LE FONDS MONTAIRE INTERNATIONAL. 24

    2.2.1 La gestion politique de l'conomie algrienne 24

    2.2.2 L'Algrie et le FMI: d'J,tes et chiffres 29

    2.2.3 Programme d'ajustement structurel entre 1994 et 1998 31

    2.2.4 Mesures du P.A.S directement lies au secteur de la sant 34

    2.3 L'APPROVIONNEMENT HOSPITALIER 38

    2.3.1 Les activits logistiques d'un tablissement de sant 38

    2.3.2 L'environnement du service d'approvisionnement. .40

    2.3.3 La dynamique de la chane d'approvisionnement.. 45

  • v

    2.3.4 Le processus d'approvisionnement: niveau oprationneL .49

    2.3.5 La performance de l'approvisionnement hospitalier 53

    2.3.5.1 La mesure de la performance 54

    2.3.5.2 Les indicateurs de performance 56

    3. CHAPITRE III : CADRE CONCEPTUEL. 64

    3.1 DFINITION DES CONCEPTS 64

    3.1.1 La libralisation commerciale 64

    3.1 .2 L'approvisionnement 66

    3.1.3 La performance 67

    3.2 CADRE D' ANALySE 68

    3.2.1 volution du service d'approvisionnement. 68

    3.2.2 Performance de l'approvisionnement dans le contexte

    d'ouverture commerciale 71

    4. CHAPITRE IV: PROBLMATIQUE DE LA RECHERCHE 74

    4.1 QUESTIONS DE RECHERCHE 74

    4.2 PROPOSITIONS DE RECHERCHE (HyPOTHSES) 76

    5. CHAPITRE V: MTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 84

    5.1 CHOIX DU TYPE DE RECHERCHE 84

    5.2 CHANTILLONAGE 86

    5.3 LA COLLECTE DES DONNES 89

    5.4 L TNSTRUMENT DE MESURE 92

    5.5 L'ANALYSE DES DONNES 95

    5.6 SYNTHSE DE LA MTHODOLOGIE 97

    6. CHAPITRE VI : PRSENTATION ET ANALYSE DES

    RSULTATS 99

    6.1 PRSENTATION DU SERVICE D'APPROVISIONNEMENT 100

    6.1.1 L'tablissement: le centre hospitalier universitaire de

    Constantine 100

  • VI

    6.1.2 Le service d'approvisionnement. 102

    6.1.2.1 Structure l02

    6.1.2.2 Budget financier , 104

    6.1.3 Les approvisionnements en fournitures mdicales: Catgories et

    classification 108

    6.1.4 Le processus d'approvisionnement II 0

    6.1.4.1 Le processus d'approvisionnement avant

    la libralisation commerciale II 0

    6.1.4.2 Le processus d'approvisionnement aprs

    la libralisation commerciale 114

    6.2 DISCUSSION SUR LES CINQ PROPOSITIONS DE RECHERCHE.. 118

    6.2.1 Synthse des entrevues 118

    6.2.2 Analyse de l'volution du processus d'approvisionnement.. 126

    6.2.2.1 volution du processus au niveau des oprations

    internes 126

    6.2.2.2 volution du processus au niveau des oprations

    externes 128

    6.2.3 Analyse des impacts de l'environnement interne et externe

    sur le SA 132

    6.2.3.1 L'augmentation du nombre des fournisseurs 132

    6.2.3.2 La diversification de l'offre 137

    6.2.4 Analyse des effets sur la performance des approvisionnements 143

    6.2.4.1 Effets sur l'efficience des approvisionnements 143

    6.2.4.2 Effets sur l'efficacit des approvisionnements 148

    6.2.4.3 Effets sur le niveau de service 151

    6.2.5 Synthse sur les cinq propositions de recherche 154

  • vu

    7. CHAPITRE VII: LIMITES ET CONTRIBUTIONS DE LA

    RECHERCHE 157

    7.1 LIMITES DE LA RECHERCHE 157

    7.2 CONTRIBUTIONS DE LA RECHERCHE .158

    7.3 AVENUES DE RECHERCHES FUTURES 159

    CONCLUSION 160

    BIBLIOGRAPHIE 164

    ANNEXES 175

  • LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 1 Classification des indicateurs de mesure de la perfonnance 62

    Tableau 3 Questiormaires, services interviewer et questions et propositions de

    Tableau 5 Crdits pour quipements vs budget de fonctionnement gnral du

    Tableau 7 Liste des persormes interviewes et leurs postes de travail occups,

    Tableau 2 Objectifs, questions et propositions de recherche 82

    recherche '" 93

    Tableau 4 tude de cas unique: Centre hospitalier universitaire de Constantine 97

    CHU 104

    Tableau 6 Les dpenses en fournitures mdicales du CHU de Constantine 105

    dates, heures, 1ieux et dures des entrevues 120

    Tableau 8 Principaux changements dans le processus d'approvisiormement 130

    Tableau 9 Validation des propositions de recherche 154

  • Figure 1

    Figure 2

    Figure 3

    Figure 4

    Figure 5

    Figure 6

    Figure 7

    Figure 8

    LISTE DES FIGURES

    Activits logistiques d'un tablissement de sant 39

    L'environnement du service d'approvisionnement. 41

    La chane d'approvisionnement dans le secteur de la sant .46

    Cadre de mesure de la performance de la chane d'approvisionnement.. .. 57

    Cadre conceptuel , 72

    Structure du service d'approvisionnement 102

    Fonctionnement du processus d'approvisionnement avant la

    libralisation du commerce extrieur 110

    Fonctionnement du processus d'approvisionnement aprs la

    libralisation du commerce extrieur. 114

  • RSUM

    L'ordre conomique mondial actuel contraint la majorit des conomies en dveloppement changer leurs politiques conomiques. L'un des plus importants changements fait en ce sens est la libralisation de leur commerce extrieur. Cependant, plusieurs tudes dmontrent que les effets et les consquences de cette mesure macroconomique importante ne sont pas les mmes pour chaque pays concern, ceci selon que ce dernier l'applique avec prcaution ou de faon htive et prcipi te.

    L'Algrie est un exemple idal de pays en dveloppement qui a adopt cette mesure de faon acclre. Le libre change s'est install pendant l'anne 1994 avec une rapidit qui a immdiatement gnr des nouveaux contextes et conditions plus difficiles pour le fonctionnement microconomique des institutions algriennes publiques et prives. La question se pose alors sur la capacit des dirigeants d'adapter l'ensemble de leurs ressources aux nouvelles exigences de l'environnement et aussi sur leur pouvoir de rorienter les impacts de ces changements conjecturels vers l'intrt ultime de leurs entreprises. C'est en ce sens que nous effectuons notre tude.

    Cette tude propose l'examen analytique de l'volution du processus dans lequel la fonction approvisionnement s'accomplit, ainsi que l'valuation des effets survenus sur sa performance dans la nouvelle conjoncture du march conomiquement ouvert.

    Sur des bases thoriques, nous nous sommes fix des objectifs de recherche et nous avons conu un cadre d'analyse et une mthodologie de recherche prcise, ceci afin de raliser une tude sur l'approvisionnement en fournitures mdicales du centre hospitalier universitaire (CHU) de Constantine. Les rsultats que nous avons obtenus dmontrent effectiv.ement que le processus gnral d'achat assiste une volution importante qui se traduit sous plusieurs formes. On note les restructurations organisationnelles, l'implication de nouveaux intervenants dans le processus et le retrait d'autres intervenants qui y participaient pralablement.

    Par ailleurs, le niveau de la performance des approvisionnements en fournitures mdicales est influenc par ces changements importants causs par l'application de la libralisation commerciale. Notre tude dmontre la baisse des cots gnraux des approvisionnements, la hausse de l'efficacit des oprations d'achats et l'amlioration du service offert par les services d'approvisionnement aux units de soins internes. Cette amlioration de service porte seulement sur le plan managrial et non pas sur le plan technique.

    Mots cls: Libralisation commerciale. Algrie. Approvisionnement. Performance

  • INTRODUCTION

    Pendant plus des deux tiers du sicle prcdent, on retrouve parmi les particularits

    qui faonnent les conomies en voie de dveloppement celui du monopole publique.

    On cite, ce titre, le cas du monopole conomique algrien.

    Le monopole public algrien s'est toujours caractris par le fait que c'tait l'tat qui

    devait prendre en charge des tches prioritaires que personne ne pouvait ou n'avait le

    droit de faire sa place, telles que la ralisation des infrastructures conomiques et

    sociales, leur gestion et leur exploitation et l'appropriation de toutes les activits qui

    leur sont rattaches. En plus, en Algrie comme presque dans tous les autres PVD l,

    l'tat exerait des rles de puissance publique que personne ne pouvait exercer sa

    place tels que la planification de l'conomie, l'instauration de la rglementation, le

    contrle par la fiscalit et le contrle du commerce extrieur.

    En ce sens, le monopole tatique du commerce extrieur en Algrie se manifestait

    dans le cadre d'un strict contrle des changes. Celui-ci, instaur paralllement

    l'tatisation de l'industrie, a entran pnuries et marchs noirs. Le commerce

    intrieur pour sa part, tait contrl par des centrales d'achats; il tait sujet de

    frquentes ruptures des stocks dans beaucoup d'organisations conomiques du pays.

    Au dbut des annes 90, suite la cnse conomique du pays, les institutions

    financires internationales, qui sont le FMI2 et la Banque Mondiale, ont accept

    d'accorder leurs prts financiers l'tat algrien pour soutenir son conomie en

    dtresse, ceci la condition de reformer son conomie en adoptant des mesures

    macro-conomiques stabilisatrices.

    1 PVD : Pays en Voie de Dveloppement 2 FMI: Font Montaire International

  • 2

    La libralisation commerciale tait l'une des principales mesures macro-conomiques

    prises dans cette perspective, et le commerce extrieur du pays fut alors concrtement

    libralis en 1995. (Nashashibi, K., et al. 1998).

    Selon les crits, l'ouverture commerciale n'est pas elle seule un remde aux

    conomies faibles. Cependant, il semble qu'elle soit une consquence majeure du

    dveloppement car il y a peu de pays qui se sont dvelopps de manire durable sans

    que leurs conomies ne soient ouvertes aux changes internationaux.

    Conformment aux apports thoriques sur la libralisation commerciale dans les

    PVD, l'augmentation de l'offre des biens et services tait l'un des effets le plus

    saillant sur les marchs libraliss. Celle-ci s'est effectivement installe de faon

    importante et probablement incontrlable dans certains secteurs conomiques de ces

    pays.

    Il est noter que dans ce contexte, quel que soit le secteur d'activit, l'un des volets

    les plus affects dans la gestion des organisations est celui des approvisionnements.

    Le mode d'acquisition des biens et services dans des marchs conomiquement

    ouverts joue un rle dcisif dans le succs des entreprises et des institutions, qu'elles

    soient prives ou qu'elles demeurent tatiques aprs les rformes conomiques. Les

    gestionnaires responsables des oprations d'approvisionnement doivent relever le dfi

    de faire face aux pressions exerces par les facteurs de l'environnement internes et

    externes leurs organisations sur leurs activits. Parmi ces pressions citons les

    nouvelles rglementations instaures dans le cadre de l'ouverture des marchs et

    surtout le facteur fournisseurs qui a galement un impact important dans ce cas.

    Ces dirigeants des services d'approvisionnement ont galement le dfi d'adapter au

    maximum leurs ressources intellectuelles et financires aux nouvelles conditions des

    marchs afin d'assurer l'efficience et l'efficacit de leurs oprations d'achat ainsi que

  • 3

    d'assurer une gestion optimale de leurs activits internes en concordance avec les

    autres points de services dans leurs tablissements. En d'autres termes, il s'agit

    d'assurer la bonne performance dans leurs activits d'approvisionnement, ceci inclut

    galement une bonne gestion de leurs partenariats avec les fournisseurs privs sur des

    marchs rendus extrmement concurrentiels par l'ouverture commerciale.

    De faon gnrale, la comptition dsormais accrue sur le march, les nouvelles

    rglementations introduites dans le contexte de l'ouverture conomique et la

    multiplication des besoins internes des tablissements engendrent invitablement des

    changements majeurs, des restructurations massives et des rationalisations de la part

    de ces institutions dans leurs propres services et activits d'approvisiolU1ement.

    Pour toutes ces raisons, nous avons choisi de poser notre attention sur le cas riche des

    institutions de sant. Leurs SA3, ayant dcid de relever le dfi d'tre la hauteur de

    ces mutations des marchs, adaptent leurs expertises et leurs faons de faire aux

    nouvelles circonstances de l'environnement afin d'atteindre le niveau de performance

    requis pour le succs de leur mission de base qui est la gestion des

    approvisionnements en quipement et fourniture mdicale.

    Le prsent document se divise en huit chapitres. Le premier chapitre traite de la

    prsentation de la recherche; il prsente la justification du thme de la recherche, la

    problmatique managriale et les objectifs de la recherche effectue. Le deuxime

    chapitre porte sur la revue de la littrature o une synthse des grandes dimensions

    thoriques en rapport avec le thme de la recherche est prsente. Dans le chapitre

    trois, on expose le cadre conceptuel qui trace de faon prcise l'orientation gnrale

    de notre analyse en se basant, toutefois, sur les apports abords dans la synthse de la

    littrature. Dans le chapitre quatre, on met au point la problmatique de notre

    3 SA : Service d'approvisionnement

  • 4

    recherche en dressant clairement des questions et des propositions de recherche. Le

    cinquime chapitre comprend la description dtaille de la mthodologie entreprise

    pour effectuer la recherche. Une explication minutieuse de ses diffrentes

    composantes lui est rserve. Le chapitre six contient le traitement des rsultats, en

    commenant par les rsultats descriptifs et en passant ensuite ceux issus des

    analyses tires de l'application de notre mthodologie de recherche. Au chapitre sept,

    base du contenu de l'ensemble de notre tude, on explique plus ou moins les limites

    de cette dernire, sa contribution en tant que travail de recherche, et on propose la

    fois des avenues possibles que nous-mmes, ou d'autres chercheurs, pourront

    entreprendre dans l'avenir. Enfin, le huitime chapitre comprend la conclusion

    gnrale qui rcapitule l'ensemble des rsultats par rapport la problmatique de

    base et clture l'ensemble de l'tude.

  • 1. PRSENTATION DE LA RECHERCHE

    1.1 JUSTIFICATION DU THME DE LA RECHERCHE

    partir de son indpendance au dbut des annes 60, l'Algrie avait une conomie

    marque principalement par la nationalisation des secteurs cls et par la cration

    d'entreprises publiques ainsi que la mise en place d'un processus de planification

    centralise. Chaque entreprise publique avait son propre plan annuel. Les ministres

    concerns approuvaient ces plans et contrlaient les importations. La fixation des prix

    de vente et les programmes d'investissement sur des priodes pluriannuelles taient

    tudis, approuvs et mis en uvre par ces ministres.

    Comme beaucoup d'autres pays en dveloppement, l'Algrie adoptait des politiques

    conomiques protectionnistes caractrises par une stratgie de substitution aux

    importations. Ainsi, les secteurs conomiques et socio-conomiques algriens ont t,

    pour leur majorit, lgalement ralentis par le monopole public.

    Cependant, suite au choc ptrolier de 1986, et suite aussi aux priodes d'instabilit

    sociopolitique au dbut des annes 90, le pays sombre dans une crise

    socioconomique intense. C'est ce moment l qu'il se rapproche du Fonds

    Montaire International pour conclure un premier accord d'ajustement structurel,

    accord en vertu duquel le pays engage des rformes structurelles importantes qui lui

    permettent le passage l'conomie de march. La composante principale de ces

    rformes tait un programme de libralisation commerciale accompagn d'une

    dvaluation montaire (Nashashibi et al., 1998)

  • 6

    Ds lors, l'Algrie a opt pour son intgration l'conomie mondiale travers deux

    processus, savoir l'ouverture de son commerce extrieur et son engagement dans le

    cadre des accords de commerces internationaux. Autrement dit, l'tat engage un

    processus de dmonopolisation du commerce extrieur . Ceci s'accomplit par une

    leve de toutes les barrires non tarifaires (suppression des listes de produits prohibs

    l'importation et des autorisations pralables) et la simplification du tarif douanier en

    ramenant les taux des droits douaniers des niveaux fixs nettement plus bas.

    Aujourd'hui en Algrie, le commerce extrieur est entirement libre et s'accomplit

    dans le respect des rglementations et des procdures bancaires et douanires4.

    En ce sens, beaucoup de grandes entreprises du secteur public algrien se retrouvent

    dans un environnement en grande mutation. Les gestionnaires et les dirigeants de ces

    entreprises se voient devant l'obligation de changer leur mode de gestion et de

    l'adapter aux diffrentes nouvelles variables de l'environnement pour accomplir de

    faon adquate leurs tches.

    On note que le contexte conomique algrien, comme pour toutes les conomies

    mergentes, est fondamentalement diffrent et souvent plus complexe que celui des

    pays dits avancs cause de la forte dpendance des entreprises algriennes envers

    le march international quant l'accomplissement de certaines de leurs fonctions de

    base. Parmi les problmes que cela soulve, citons la difficult d'acqurir les matires

    et les produits ncessaires leurs activits oprationnelles, autrement dit, la difficult

    d'accomplir de la meilleure faon qui soit leur fonction d'approvisionnement en

    produits et fournitures qui proviennent des marchs trangers.

    4 http://www.mincommerce.gov.dzl?mincom=dgce

  • 7

    La loi relative au monopole de l'tat sur le commerce extrieur a t instaure en

    1968 puis mise jour en 1988. Elle stipulait que tout approvisionnement en produits

    provenant d'au-del des frontires pour le bnfice des secteurs publics, en matires

    premires ou en produits finis, ne devait tre effectu que directement par les services

    du secteur public concern. Autrement dit, elle proscrivait formellement le recours

    tout intermdiaire commercial comme les revendeurs, les distributeurs, les courtiers

    et les commissionnaires ou assimils5. Le cas chant, d'autres lois du code pnal

    seraient entreprises pour des fins de poursuites judiciaires. Les institutions de sant

    algriennes n'chappent pas cette logique. Pendant les dcennies 70 et 80,

    l'approvisionnement hospitalier algrien fonctionnait donc sous l'gide du monopole

    public.

    L'tendu de cette priode du monopole public sur des fonctions internes aux

    institutions, telle que l'approvisionnement hospitalier en fournitures mdicales

    trangres, a instaur un certain fait d'apprentissage et de routine de gestion chez les

    dirigeants dans leur mode de gestion et leur faon de faire avec les partenaires

    internationaux. Toutefois, on note que suite la libralisation du commerce extrieur

    applique en 1994 par l'abolition du monopole de l'tat, ces centres hospitaliers,

    dsormais laisss eux-mmes pour dployer leurs propres stratgies

    d'approvisionnement, se voient confronts quotidiennement cette question de plus

    en plus difficile rsoudre en raison de facteurs internes et externes. Les facteurs

    internes sont comme l'inexprience et le manque des qualifications du personnel face

    la nouvelle complexit de gestion, le manque de ressources financires et

    l'utilisation des systmes d'information trs mal adapts. Citons parmi les facteurs

    externes les critres de slection des fournisseurs multiplis sur le march et de leur

    position monopoliste, la dpendance totale vis--vis du systme bancaire et les

    ruptures frquentes de l'approvisionnement perturbant le fonctionnement de l'hpital.

    5 Loi n 88-29 du 19 juillet 1988 relative au monopole de l'Etat sur le commerce Extrieur.

  • 8

    Les gestionnaires se retrouvent contraints de matriser ces variables internes et

    externes l'organisation dont les retombes sont encore problmatiques et fatales

    pour leurs stratgies d'opration.

    C'est dans cet esprit que s'inscrit cette recherche. Nous avons choisi de l'orienter

    autour de la problmatique gnrale de l'approvisionnement hospitalier en fournitures

    mdicales en provenance des marchs trangers. Le caractre distinctif de cette

    recherche est celui d'aborder la problmatique sous l'angle de passage de la politique

    monopolistique de l'tat la libralisation du commerce extrieur.

    1.2 LA PROBLMATIQUE MANAGRIALE

    Le centre d'intrt de cette recherche se situe dans la fonction d'approvisionnement

    des centres hospitaliers algriens en fourniture mdicale face au passage la

    libralisation commerciale. Par consquent, notre problmatique managriale trouve

    son ongme dans le champ de pratique d'un gestionnaire du serVIce

    d'approvisionnement d'un centre hospitalier face aux enjeux, au poids et l'ampleur

    de ses responsabilits dans ce nouvel environnement. L'objectifmanagrial que nous

    avons choisi se rapporte principalement la performance de la fonction

    approvisionnement du centre hospitalier.

    Objectif managrial : Assurer et amliorer la performance du processus

    d'approvisionnement en fourniture mdicale dans un

    centre hospitalier algrien dans la nouvelle conjoncture

    de libralisation commerciale.

    Les gestionnaires du service d'approvisionnement se voient alors devant la charge de

    rsoudre le problme managrial suivant:

  • 9

    Problme managrial : Dans le nouveau contexte du march ouvert et de

    l'largissement de l'offre, comment assurer et amliorer la

    performance de l'approvisionnement en fournitures

    mdicales dans un centre hospitalier algrien?

    Il est certain que la maximisation de la performance dpend majoritairement des

    comptences dont disposent les gestionnaires du service d'approvisionnement. Mais

    il est important de signaler qu'actuellement cette fonction se pratique dans un

    contexte diffrent de celui de l're du monopole public, et pour rpondre

    efficacement leur problmatique managriale, ces dirigeants doivent, tout en tenant

    compte des nouveaux dfis de la libralisation commerciale, ajuster leurs choix

    stratgiques pour raliser efficacement leur mission d'assurer, en temps et lieux, et

    cot conomique acceptable, les produits mdicaux indispensables au fonctionnement

    de leur centre hospitalier.

    1.3 LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

    Pour tablir des bases de rponse la problmatique managriale dcrite ci-dessus,

    notre recherche s'est engage vers deux objectifs principaux (OR) :

    ORI: Comprendre l'volution du processus d'approvisionnement en fourniture

    mdicale en passant du monopole tatique la libralisation du commerce

    extrieur.

    OR2: Vrifier les effets de la libralisation commerciale sur la performance de

    l'approvisionnement en fourniture mdicale.

  • 10

    Nous VIsons alors distinguer les lments qui caractrisent le changement du

    processus d'approvisionnement suite l'ouverture commerciale, comme nous

    cherchons galement valuer les impacts de cette ouverture commerciale sur la

    perfonnance de ce processus.

    Ainsi, dans le cadre de notre problmatique on peut discerner deux tendances

    thoriques principales: les changes commerciaux internationaux qui font rfrence

    la libralisation commerciale et la logistique hospitalire. On traitera chacune dans la

    revue de la littrature que l'on retrouve dans la section qui suit.

  • 2. REVUE DE LA LITTRATURE

    2.1 LA LIBRALISATION COMMERCIALE ET LES PAYS EN

    VOIE DE DVOLOPPEMENT

    Les deux dernires dcennies ont t marques par des multiples efforts de la part des

    pays en voie de dveloppement pour la libralisation de leurs conomies. Le but

    essentiel de vouloir libraliser leur commerce extrieur n'est autre que leur

    intgration dans l'conomie mondiale. Dans la plupart des cas, ces efforts se sont

    reposs sur trois axes importants en matire de politique conomique, savoir :

    l'adoption des Programmes d'Ajustement Structurel (P.A.S), l'adhsion

    l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et la signature des Accords de Iibre

    change (A.L.E) avec les pays industrialiss. Cette libralisation des changes a

    chang le cours conomique et social de plusieurs de ces pays.

    2.1.1 LES EFFETS DE LA LIBRALISATION COMMERCIALE SUR LES

    PAYS EN DVELOPPEMENT

    Nous allons ici apprhender les divers effets principaux d'ordre conomique et

    managrial de cette mesure importante sur les conomies en dveloppement, soit des

    effets qui relvent du plan macroconomique ou microconomique.

    2.1.1.1 TUDES MACROCONOMIQUES

    Les effets de la libralisation commerciale sur les pays en dveloppement ont t

    abondamment tudis au cours des dernires annes. Suite la croissance

    conomique exprimente par les pays asiatiques au cours des annes 60 et 70, la

    mise en place de programmes de libralisation commerciale dans les autres pays en

  • 12

    dveloppement est devenue prioritaire et essentielle pour une majorit d'conomistes.

    Devant ce courant dominant et les opportunits proposes par les organisations

    internationales, la majorit de ces pays qui avaient jusqu'alors adopt des politiques

    conomiques protectionnistes et de substitution aux importations, ont mis en place

    des programmes d'ouverture commerciale. Les effets de ces programmes restent

    toujours un sujet controvers. D'une part, certaines tudes, et qui sont les plus

    nombreuses, ont dmontr clairement l'influence positive de la libralisation

    commerciale sur la croissance des variables conomiques tels que la productivit et

    l'emploi, voire la croissance conomique en gnral (Krueger, 1978; Rodrik 1995;

    Santos-Paulino 2005; Navaretti et al., 2002). D'autre part, les rsultats dcevants de

    nombreux pays, particulirement en Afrique subsaharienne, ont remis en question

    certaines politiques de libralisation mises de l'avant au cours des annes 80 dans le

    cadre des programmes d'ajustement structurel (Stiglitz 2004; Chossudovsky, 2004).

    Dans sa revue de littrature sur l'industrialisation et le commerce international,

    Rodrik (1995) identifie 4 principaux arguments en faveur de la libralisation

    commerciale.

    1) Meilleure allocation des ressources

    En permettant une meilleure allocation des ressources, la libralisation commerciale

    rduit les inefficacits statiques. Elle permet aux firmes d'tre plus concurrentielles et

    leur fournit des incitatifs pour accder aux marchs locaux et internationaux. Les

    entreprises non efficaces doivent baisser leurs cots et amliorer leur productivit

    pour viter de se retrouver dans le secteur informel. Krueger (1978) appuie fortement

    cette argumentation sur l'allocation des ressources en ajoutant que l'inefficacit

    statique est au cur des proccupations des nouveaux investissements pour que ces

    derniers soient initialement efficaces sur les marchs locaux.

  • 13

    2) Progrs technologiques et augmentation de la productivit

    La libralisation commerciale encourage le dveloppement industriel, les progrs

    technologiques et la croissance conomique. L'auteur explique que l'effet thorique

    de la libralisation commerciale sur la productivit est positif. Ceci rejoint l'accord de

    la majorit des autres auteurs sur l'importance de la diffusion des connaissances

    technologiques comme source de la croissance de la productivit. Tybout (2000)

    mentionne que pour les conomies en dveloppement, de faon gnrale, la

    libralisation commerciale facilite le transfert des technologies travers les liens

    commerciaux et les relations d'affaires avec les clients internationaux, galement par

    l'importation des technologies trangres et par la concurrence avec les firmes

    internationales.

    Plusieurs auteurs tels que Rodrik (1995) et Tybout (2000) ont montr que la

    libralisation commerciale a un effet positif sur la croissance de la production. Rodrik

    (1995) et Santos-Paulino (2005) notent que la majorit des tudes empiriques ont eu

    des rsultats comparables au sujet des effets positifs de la libralisation commerciale

    sur la productivit.

    3) Rponse aux chocs externes

    Chacune des conomies ouvertes ou protectionnistes est susceptible de faire face

    d'importants chocs externes. Sur ce point, Balassa (1971), dmontre suite une tude

    trs dtaille sur le secteur manufacturier de la Norvge, de l'Argentine et du Chili,

    que la libralisation commerciale, bien qu'elle n'empche pas les firmes d'tre

    affectes par des chocs extrieurs, donne des outils, en particulier par ses incitations

    l'exportation, pour traverser plus aisment les crises conomiques. L'auteur a procd

    l'tude de plusieurs cas de pays en dveloppement qui pratiquent diffrentes

    politiques de dveloppement macro-conomiques. Il affirme que les pays qui

  • 14

    travaillent pour promouvoir continuellement leurs exportations, contrairement ceux

    qui ont une politique protectionniste, ont vu leur part de march mondiale augmenter

    en pleine conjoncture de crise conomique globale. L'auteur conclut que ce sont ces

    pays en particulier qui tirent, dans certains cas, bnfices des crises conomiques.

    Sachs (1985) confirme les rsultats de Balassa qu'il illustre avec une analyse

    comparative des pays asiatiques et sud-amricains, alors que certains pays asiatiques

    n'ont pas soufferts des problmes d'endettement suite au choc du dbut des annes 80

    parce que ces pays, contrairement au pays d'Amrique du Sud, taient fortement

    prsents sur les marchs de l'exportation.

    4) Diminution des rentes conomiques

    Plusieurs pays, qui ont leurs industries sous une stratgie de substitution aux

    importations, retirent des rentes conomiques anormalement leves (Krueger, 1974).

    La libralisation commerciale cause une diminution des rentes de certaines firmes

    cause des prix qui baissent et des conomies d'chelles que les firmes locales

    ralisent en ayant accs un march plus large.

    Une tude du FMI montre que dans le contexte de certains secteurs conomiques tel

    que celui de l'agriculture, les pays en dveloppement sont les plus bnficiaires de la

    libralisation commerciale par rapport aux pays industrialiss. L'argument est que

    mme si l'accs amlior aux marchs des autres pays prsente des avantages, c'est la

    libralisation de leur propre march qui est le plus profitable. Pour les pays

    industrialiss, les principaux avantages proviendraient de la libralisation de leurs

    marchs agricoles. Les pays en dveloppement gagneraient tout autant libraliser

    leurs industries de transformation et leur agriculture. Cependant, le groupe de pays

    faible revenu bnficierait le plus de la libralisation des marchs agricoles que les

    pays industrialiss, en raison de l'importance relativement plus grande de l'agriculture

    dans ces pays (FMI, 2001).

  • 15

    Cependant, la libralisation commerciale ne fonctionne pas en vase clos et d'autres

    politiques doivent l'accompagner pour obtenir des rsultats optimaux. Krueger (1998)

    mentionne que la dtermination du taux de change est une composante essentielle

    pour y arriver. Sous une stratgie de substitution aux importations, les firmes n'ont

    pas librement accs aux devises trangres, mais suite la libralisation commerciale,

    elles peuvent les transiger librement au taux de change nominal. Par consquent, un

    mauvais ajustement du taux de change peut crer des dsquilibres rsultant en des

    fluctuations non voulues de la valeur de la monnaie et mme une rimposition de

    certains tarifs. Une mauvaise adquation du taux de change tait la cause principale

    de l'chec de l'ouverture commerciale des Philippines la fin des annes 50

    (Krueger, 1978)

    Krueger (1998) ajoute en ce sens que les reformes fiscales et l'abolition du contrle

    des prix accompagnent gnralement les politiques de libralisation commerciale de

    faon diminuer les avantages fournis en trop certaines industries et de faon se

    rapprocher des prix internationaux. D'autres facteurs contribuant aux succs de la

    libralisation ont t abords galement par une tude de l'Organisation de

    coopration et de dveloppement conomique (OCDE, 200 1). L'tude voque les

    analyses de Rodrik (1995) qui rappellent que l'investissement est en tte des raisons

    du miracle asiatique o l'ouverture commerciale a affich son plus grand succs. Ceci

    s'explique par de fortes incitations investir, augmentant la fois la demande

    d'importation de biens d'quipement et l'offre de biens d'exportation permettant de

    les payer.

    Selon l'tude, Rodrik (1995) a largi son argumentation en allant de l'investissement

    aux conditions politiques et sociales. Il explique que la variable critique qui fait la

    diffrence entre les pays forte croissance et les pays faible croissance est leur

    capacit grer les tensions et les conflits. Les institutions qui grent les conflits sont

    fortes dans la majorit des pays en dveloppement comme chez leurs partenaires

  • 16

    industrialiss, et l'vidence, ces institutions pourraient avoir une interaction forte

    avec l'ouverture, car celle-ci reprsente une source importante de changement; en

    fait, elle est tributaire du changement pour dployer ses effets positifs. Autrement dit,

    une ouverture russie pourrait ncessiter un bon mcanisme de rsolution des conflits.

    Berthlemy et al. (1997) concluent, avec des tudes purement conomtriques

    ralises au centre de dveloppement de l'OCDE, que l'ducation galement est un

    facteur qui favorise la libralisation des changes pour aller jusqu'au bout de ces

    russi tes. Cette recherche confirme ces rsultats en se basant sur l'tude d'un

    chantillon comprenant 83 pays et six priodes entre 1960 et 1990. Elle suggre que

    la contribution de l'ducation la croissance dpend du taux d'ouverture

    commerciale. Ce rsultat peut s'expliquer par la variation, lie d'une part aux

    changements de la demande de capital humain induits par les changes et d'autre part

    aux changements de l'offre relative de facteurs et de la rmunration des facteurs qui

    sont amplifis dans les conomies fermes. Les distorsions qui en rsultent dans

    l'affectation du capital humain aux diverses activits conomiques sont susceptibles

    d'influer sur le taux de croissance. Les auteurs mentionnent dans leur tude ce qui

    suit:

    En ouvrant leur conomie, les pays en dveloppement peuvent

    tirer pleinement partie de leurs dotations en capital humain lors du

    processus de convergence. En revanche, en prsence d'un rgime

    commercial ferm, il y a peu de chances pour qu'un niveau

    d'ducation lev suffise, seul, amorcer un processus de

    convergence. Lorsque la transmission des connaissances

    susceptibles d'tre acquises est freine par les barrires

    commerciales, la productivit marginale du capital humain dans le

    processus d'apprentissage est susceptible de diminuer, d'o un

    taux de convergence relativement faible

  • 17

    2.1.1.2 TUDES MICROCONOMIQUES

    La majorit des auteurs mentionns jusqu' prsent se rfrent aux tudes

    macroconomiques pour valuer le constat positif de la libralisation commerciale sur

    la croissance conomique et la productivit dans les pays en dveloppement. En fait,

    il y a peu d'tudes microconomiques sur le sujet compte tenu du manque

    remarquable de donnes prcises sur les performances des firmes dans ces pays. On

    attribue particulirement ce manque de donnes la faiblesse accentue des systmes

    d'information mis leur disposition.

    Les recherches existantes se sont essentiellement penches sur la relation entre la

    libralisation commerciale et certains indicateurs de performance tels que les profits,

    l'efficacit technique et la productivit (Tybout, et al. 1991 ; Navaretti, et al. 2003).

    Malgr les difficults mthodologiques dans ces tudes, EI-Agraa (1989) a pu relever

    des impacts positifs internes en faveur de la libralisation commerciale l'gard des

    entreprises des pays en dveloppement. Il avance que dans des industries installes

    suite au libre change, telles que celles produisant les pices de rechange et les

    accessoires pour produits finis, les entreprises assistent une efficience plus grande

    dans la production, rendue possible par l'accroissement de la spcialisation en accord

    avec la loi de l'avantage comparatif. El-Agraa continue expliquer que des

    changements affectant la fois la valeur et la quantit des facteurs de production

    surviennent suite des avances technologiques, ce qui gnre des conomies

    externes qui influencent les structures des cots internes de certaines entreprises

    locales. Il ajoute que des niveaux de production plus levs, dus une meilleure

    exploitation interne des conomies d'chelles, sont rendus possible par un

    agrandissement de la demande dans les marchs que ces entreprises desservent.

    Les conomies d'chelle sont sans doute l'argument le plus souvent prsent

    concernant ce sujet. Ce qui a t avanc par El-Agraa sur ce point est appuy par les

  • 18

    apports de Rollet (1987) quand il affinne que l'ouverture des frontires conscutive

    la participation des pays dans le libre change favorisait, grce l'largissement des

    marchs desservis, l'exploitation des conomies d'chelles conduisant ainsi une

    rduction des cots de production et une plus grande efficacit de l'appareil

    productif des entreprises. L'auteur explique, en allant plus profondment dans des

    analyses microconomiques, que l'largissement des marchs, suite aux

    libralisations commerciales mondiales ou du moins rgionales, permet d'exploiter ce

    qu'il appelle les conomies de dimension et d'tre la source des gains de

    productivit. Ces conomies apparaissent bien entendu au niveau des units

    techniques de production. Pour chaque activit existe une taille minimale d'efficacit

    o il est possible de rduire substantiellement les cots de production et d'accrotre

    les gains de productivit grce l'augmentation des units et l'allongement des

    sries de production. 11 ajoute que l'augmentation de la taille des entreprises, qui en

    rsulte, accrot les possibilits d'accs aux marchs des capitaux ainsi que les

    possibilits de raliser des conomies sur leur approvisionnement en matires

    premires et en consommations intermdiaires. L'auteur soutient son point de vue en

    expliquant qu' tout ceci s'ajoute les effets d'apprentissage Iearning by doing et les

    conomies d'chelles dynamiques puisque le dveloppement de la production permet

    progressivement l'acquisition de connaissances agissant directement sur la

    productivit.

    Krueger (1978) identifie quant lui quatre effets de la libralisation conunerciale qui

    se dvoilent directement sur les marchs locaux: 1) un degr plus lev des capacits

    d'exploitation et d'utilisation des marchs; 2) une disponibilit plus importante de la

    main-d'uvre qui accompagne l'ouverture; 3) les corporations industrielles qui

    produisent davantage d'offres d'emploi; et 4) la concurrence qui en rsulte sur les

    marchs domestiques et qui mnent une croissance rapide des principaux facteurs

    de productivit.

  • 19

    Distinctement des auteurs cits, Krueger (1978) finit par aborder le secteur des

    services, un secteur que vraisemblablement les tudes sur la libralisation

    commerciale n'ont pas beaucoup trait. Il explique que si les services sont moins

    imports que les biens tangibles, l'importance des niveaux d'importation et

    l'tablissement de l'offre trangre dans les autres secteurs pourrait librer les

    ressources qui trouveraient alors l'emploi dans le secteur des services.

    2.1.1.3 DBAT ET TUDES CRITIQUES

    Malgr tous les faits abords et qUI permettent d'affirmer que la libralisation

    commerciale est profitable pour les pays les moins dvelopps, elle soulve

    cependant chez eux des proccupations qu'il convient de prendre en compte.

    Winocur (2000) a effectu une tude sur la zone de libre change des Amriques qui

    implique l'change commercial entre des pays dont la plupart sont en voie de

    dveloppement et o participent galement les tats-Unis et le Canada. Selon ses

    constatations, la libralisation du commerce dans ces contextes intra-continental

    pourrait entraner des cots levs d'ajustement et la ncessit d'acclrer la reconversion

    industrielle. L'auteur explique que, pour les pays de cette rgion, ces cots peuvent tre

    d'autant plus levs que les tarifs douaniers sont hauts, que les structures de prix sont

    diffrentes et que les marchs financiers et de travail sont segments. Par ailleurs, le

    risque de faillite menace plusieurs entreprises dans le secteur de l'agriculture cause de

    la suppression des subventions gouvernementales aprs que ce secteur soit libralis. De

    plus, la mme tude mentionne qu'un risque majeur de drglementation et

    d'instauration de rgles plus strictes dans le secteur du travail pourrait survenir suite

    la ncessit de changer certaines politiques internes sur les rglements de ce secteur.

    Une tude du FMI (2006), faite sur l'intgration des pays pauvres dans le systme

    commerciale mondial, appuie celle de Winocur. Elle souligne qu'en plus des

  • 20

    problmes touchant les agriculteurs et les ouvriers suite l'ouverture commerciale,

    ces pays craignent les consquences qui pourront avoir lieu sur la balance des

    paiements, les comptes budgtaires et les termes de l'change. Leurs craintes

    concernent principalement les points suivants: la baisse ventuelle des recettes

    d'exportation si l'rosion des prfrences met celles-ci en concurrence avec les

    produits exports par des producteurs moindre cot, la perte de recettes publiques

    en cas d'limination des tarifs douaniers sur les importations et enfin la hausse des

    prix mondiaux des produits alimentaires imports si les subventions agricoles sont

    supprimes, ce qui conduisait justement la faillite des entreprises locales tel qu'il a

    t comment par Winocur (2000).

    Bouzidi (2007) ajoute qu'une simple libralisation du commerce extrieur sans

    prparation srieuse va avoir pour les pays du sud des effets budgtaires dsastreux. Il

    nous fait comprendre qu'avec la diminution des tarifs douaniers et le dmantlement

    tarifaire que prconisent les institutions financires et commerciales internationales,

    les recettes fiscales gnres par le commerce extrieur, qui reprsentent 30% des

    recettes de l'tat dans les pays du Sud contre 1% au Nord, vont considrablement

    diminuer. Ces baisses des recettes fiscales qui font suite la libralisation

    commerciale reprsentaient pour un pays tel que l'Algrie 100 milliards de dinars par

    an (l,5 milliard CAD). L'auteur souligne les rpercussions de l'ouverture la

    concurrence des produits industriels europens par les pays du Maghreb. Ces derniers

    pouvaient perdre une moyenne annuelle de 1,7% de leur PIB suite l'entre des

    produits europens.

    Malgr l'aspect conomique des tudes qu'on vient d'aborder, on note que la plupart

    des crits critiques sur la libralisation commerciale penchent davantage sur les

    dimensions sociales dans les pays en dveloppement. la fin des annes 90, les

    politiques d'ouverture commerciales ont t contestes en raison de leurs impacts

    sociaux dans ces pays. En consquence, un courant alter mondialiste se structure, et

  • 21

    au cur des dbats se retrouvent des questions telles que l'impact de ces reformes sur

    la pauvret des populations, les ingalits sociales, la distribution du revenu et les

    rpercussions sur le march de travail. Ces dbats sont trs importants pour les pays

    en dveloppement puisque les luttes contre la pauvret et les dsquilibres sociaux

    sont au centre des proccupations des politiques publiques.

    Stiglitz (2004) critique profondment la libralisation commerciale gre par le FMI.

    Il avance que celle-ci ne peut tre bnfique que si elle est ralise correctement.

    Dans son ouvrage, il affirme que cette mesure en particulier rend trs facile la

    destruction de l'emploi quand les industries inefficaces dans ces pays disparaissent

    sous la pression de la concurrence internationale et ceci conduit la pauprisation des

    populations. Stiglitz critique galement le trait du commerce ingal qui a tant t

    jug comme facteur majeur de l'chec de l'ouverture commerciale dans plusieurs

    pays en dveloppement. Ceci consiste en l'exigence par les pays du nord de librer le

    commerce des produits qu'ils exportent, alors que, simultanment, ils continuent

    protger chez eux les secteurs que la concurrence des pays en dveloppement aurait

    pu menacer.

    En ce sens, Chossudovsky (2004) rejoint Stiglitz dans son opinion et avance qu'en

    ralit le libralisme se dote d'une face dangereusement cache qui est la cause de

    l'appauvrissement des peuples en Afrique, en particulier ceux de la rgion Est du

    continent. Il explique que plusieurs de ces pays se sont vus obligs par leurs

    cranciers occidentaux de libraliser leur commerce extrieur et de privatiser grand

    chelle la majorit de leurs services publics, leurs institutions financires ainsi que

    leurs exploitations agricoles et les usines appartenant l'tat. Ces mesures ont men

    aux licenciements de fonctionnaires, notamment d'enseignants et de travailleurs de la

    sant, au gel des salaires et la rvision du droit du travail afin de permettre aux

    entreprises de l'tat de se dbarrasser des travailleurs en surnombre. Cette situation

    dans les pays d'Afrique de l'Est a conduit la gnralisation de la corruption et

  • 22

    l'achat des actifs de l'tat par des intrts trangers. De tout ceci il en rsulte que les

    conditions sociales et conomiques se dtriorent. Chossudovsky explique en plus

    que pour certains pays l'ouverture commerciale nuit aux secteurs cls de leurs

    conomies. Dans le secteur des crales, la libralisation du march a eu pour effet de

    dstabiliser l'conomie paysanne et de dtruire la scurit alimentaire. L'argument est

    que, suite au "dumping" des excdents craliers de l'Union europenne et des tats

    Unis sur les marchs intrieurs de ces pays, la faillite est le sort de milliers

    d'agriculteurs et, qu'en quensquence, la famine frappe des millions d'habitants.

    Les apports de Stiglitz et Chossudovsky sont appuys par ceux de Daugareilh et

    Sindzingre (2001). Dans leur recherche publie par le Conseil conomique et social

    des Nations Unies, ils rappellent leur tour les effets ngatifs des rformes lies la

    libralisation, soit des effets sociaux en matire de conditions de vie. L'ouverture

    contribue l'accroissement des taux de pauvret et elle induit au moins des poches de

    pauvret dans les secteurs d'activit ne bnficiant pas de l'augmentation de la

    demande internationale cre par l'ouverture commerciale. Les auteurs ajoutent aussi

    que la libralisation a galement des effets sur la distribution des revenus, et mme si

    elle gnre des gains pour les conomies au niveau agrg, elle peut accrotre les

    ingalits.

    Le march du travail n'chappe pas cette logique. Daugareilh et Sindzingre (2001)

    expliquent encore que les rformes de l'ouverture commerciale peuvent ngativement

    affecter les prdictions positives des thories traditionnelles du commerce

    international. Leur point de vue est que ces mesures condamnent les activits

    auparavant protges par leurs tats et s'avrant non comptitives, et donc dtruisent

    des emplois et sont gnratrices de chmage. Cette situation s'applique dans de

    nombreux secteurs industriels des pays d'Afrique subsaharienne qui se sont vus

    incapables de faire face la concurrence internationale lors des premires rformes

    pendant les alUles 80.

  • 23

    Notre survol de la littrature montre que la majorit des tudes ralises portent

    essentiellement sur le plan macroconomique et moins sur le plan microconomique

    des entreprises. De plus, peu d'tudes ont t faites spcifiquement autour des

    impacts de l'ouverture commerciale sur certaines fonctions internes des entreprises,

    telle que l'approvisionnement. C'est pour cette raison que notre recherche trouve son

    origine essentiellement dans le manque d'crits qui entoure la problmatique de

    l'approvisionnement sous l'ombre d'une libralisation commerciale nouvellement

    adopte.

  • 24

    2.2 L'ALGRIE ET LE FONDS MONTAIRE INTERNATIONAL

    Avant d'entamer la prsentation de l'ensemble des rapports de l'tat algrien avec le

    Fonds montaire international, nous dresserons un bref portrait sur la gestion

    politique de son conomie. Nous sillonnerons son histoire en passant de la

    nationalisation des hydrocarbures l'industrialisation du pays, la cration du

    monopole public, la crise conomique, aux rformes structurelles et enfin

    l'amlioration progressive de l'conomie.

    2.2.1 LA GESTION POLITIQUE DE L'CONOMIE ALGRIENNE

    Les annes de la crise socio-politique et conomique qu'a vcu l'Algrie pendant les

    deux dernires dcennies ont suscit plusieurs analystes algriens et trangers

    tudier l'volution des situations sociales, politiques et conomiques du pays.

    Chaib-Chrif (1998) explique comment, au dbut de l'indpendance, l'conomie

    algrienne tait base essentiellement sur l'agriculture avant que le ptrole ne

    devienne la principale ressource du pays. L'conomie de ce dernier s'est en effet

    base sur les rentes ptrolires aprs la nationalisation des hydrocarbures en fvrier

    1971. Cet vnement historique pour les algriens a donn lieu, dans les dix annes

    suivantes, aux premiers plans de dveloppement qui se sont concentrs

    principalement sur l'industrie, l'urbanisation, l'ducation et la sant. Cependant, la

    nationalisation des hydrocarbures et l'tatisation des rentes ptrolires ont conduit

    l'laboration d'une stratgie de commerce extrieur profondment critique. Blin

    (1990) estime que les richesses naturelles faisaient de l'Algrie un pays

    conomiquement trs extraverti6 qui orientait ses richesses vers les marchs de

    6 Extraversion: c'est le fait pour une conomie d'tre principalement oriente vers l'extrieur pour son approvisionnement, et presque toujours pour ['coulement de certains de ses produits, cause du anque d'intgration intra-sectorielle (Blin, 1990).

  • 25

    l'exportation aux pays dvelopps. L'auteur dcrit cette situation d'enclave ptro

    exportatrice qui domine l'conomie du pays et qui renforce son extraversion au lieu

    de la modrer. Il continue critiquer fortement cette stratgie en soulignant qu'elle

    alimente la dpendance conomique aux pays industrialiss en payant les

    importations de leurs productions avec les rentes des mmes exportations

    d'hydrocarbures qui leurs sont destines, soit un cercle vicieux qui ne fait que

    renforcer la domination de ces pays industrialiss. Hireche (1989) justifie tout de

    mme cette stratgie d'extraversion de l'conomie algrienne, car elle nous fait

    comprendre que mme si les richesses n'taient pas destines pour la transformation

    industrielle locale, elles servaient directement au financement de l'industrialisation du

    pays partir de leurs rentes. En ce sens, Hireche (1989) explique galement que le

    processus d'industrialisation algrien aprs l'indpendance a t essentiellement

    orient vers l'implantation prioritaire d'industries de base, soient, la sidrurgie, la

    chimie, l'extraction minire, les matriaux de construction, l'lectronique et l'nergie.

    Sadi (2005) appuie les affirmations de Hireche (1989) et affirme que le plan algrien

    de dveloppement tait effectivement bas sur l'industrialisation dans le but

    d'appliquer une stratgie de substitution aux importations. Cette dernire repose sur

    des politiques visant dvelopper les industries locales afin de limiter la dpendance

    conomique.

    Le plan d'industrialisation conomique est par ailleurs l'origine de la naissance du

    secteur public algrien. Sadi (2005) souligne que suite cette stratgie conomique,

    et devant l'absence et l'insuffisance du capital priv, le gouvernement en vigueur a

    multipli la cration d'entreprises publiques qui dominent les industries lourdes et

    irriguent travers leur production l'ensemble de l'conomie, crant ainsi un vraI

    capitalisme d'tat qui se maintient depuis une trentaine d'annes.

  • 26

    Le monopole public algrien a contrl le secteur industriel sous la forme juridique

    de grandes entreprises nationales, ainsi que le secteur des services sous la fonne de

    socits nationales. Avec un systme de gestion centralis et planifi, l'tat s'est

    assign travers de nombreux ministres le rle de rgulateur, de crateur de

    richesses et de principal employeur (Sadi, 2005). Il contrle galement le secteur de

    la distribution intrieure qui concerne autant les produits d'importation que les

    produits fabriqus par le secteur industriel public; une partie de la distribution de

    dtail est toutefois cde aux petits distributeurs prives (Benissad, 1979). Selon

    Belmihoub (2005), ces dcennies algriennes se caractrisaient par la forte

    domination de l'administration publique. Il dcrit comment l'ensemble des

    institutions publiques n'tait pas de nature favoriser l'esprit d'initiative ni imposer

    un dfi pour l'amlioration continue de la qualit des services offerts la population.

    Le secteur public dtenait ainsi les industries lourdes de base et contrlait galement

    l'importation des industries petites et lgres. Benhouria (1980) qualifie l'Algrie,

    pendant ces aImes fastes du monopole public, de march d'exportation en

    continuelle expansion pour les pays industrialiss cause de sa capacit de paiement

    favorise par les rentes d'hydrocarbures. Selon l'auteur, ces rentes ont t galement

    orientes de faon massive pendant les annes 70 vers l'approvisionnement du besoin

    en technologies modernes et de pointe l'usage des industries nationales dj

    tablies. Ce transfert technologique ne pouvait tre satisfait que par les grandes firmes

    du monde occidental. En ce sens, les principaux pays exportateurs vers l'Algrie

    pendant cette priode d'industrialisation taient principalement l'Allemagne, l'Italie,

    la Grande Bretagne, le Japon, l'URSS, les tats-Unis et le Canada pour les produits

    agricoles, mais la France restait la puissance industrielle dont l'conomie algrienne

    dpendait le plus (Kramer et Fauerbach, 1978).

    Chaib-Cherif (1998) lucide de faon globale l'chec du modle d'industrialisation

    adopt par l'Algrie qui n'est apparu qu'en l'anne 1986. 11 explique que les rentes

  • 27

    d'hydrocarbures tant les seules sources pour supporter les industries nationales et les

    importations, cela laissait l'conomie du pays assujettie aux prix internationaux du

    ptrole d'autant plus que les secteurs hors nergie ne reprsentaient que 5% des

    exportations totales. Selon l'auteur, cette inefficacit et cette forte dpendance ont fait

    subir l'conomie du pays des profondes rpercussions suite aux chocs, ptrolier et

    financier, survenus en 1986. Quand le prix du ptrole a considrablement baiss de 26

    $ 12 $, cela faisait chuter les recettes d'exportation de 10,16 milliards de dollars en

    1985 7,8 milliards de dollars en 1986. Et galement, quand il y a eu la forte hausse

    des taux d'intrt rels sur le march financier international, cela a alourdi

    considrablement le cot de la dette extrieure publique du pays.

    Ce n'est que suite ces conditions de crise que les pouvoirs publics, afin de soutenir

    l'conomie fragilise du pays et ranimer leur plan d'industrialisation, ont eu recours

    aux crdits des institutions financires internationales (Chaib-Cherif, 1998). Les

    accords stand by et le programme d'ajustement structurel7 se ralisent alors avec le

    Fonds montaire international et la Banque mondiale. Le P.A.S visait principalement

    la croissance conomique en mettant en oeuvre la libralisation commerciale, la

    rduction du chmage, la convergence de l'inflation, la restructuration des entreprises

    publiques et la restauration de la viabilit de la balance de paiement en assurant des

    niveaux adquats en rserves trangres. Ces mesures ont t programmes sous

    l'angle important d'affaiblir les cots traditionnels du P.A.S sur les segments les plus

    vulnrables de la population (Nashashibi et al., 1998)

    La libralisation commerciale tait l'une des mesures les plus signifiantes sur laquelle

    se basaient les accords du gouvernement algrien avec les organisations

    internationales, essentiellement avec le FMI. Sur le plan conomique, Zabouri (1994)

    prcise que la libralisation du commerce extrieur algrien s'est repose

    7 On utilisera ci-aprs la notion de P.A.S pour dsigner le programme d'ajustement structurel.

  • 28

    essentiellement sur trois processus, soient, le dsengagement de l'tat de la gestion

    des entreprises travers notamment une rduction sensible du secteur public, le

    dmantlement des monopoles conomiques et la sparation des leviers de rgulation

    administrative fiscal et montaire. Sadi (2005) souligne que dans le cas algrien, la

    privatisation des entreprises publiques tait la forme importante de toute politique de

    dsengagement de l'tat. Effectivement, dans les mesures prises, il y a d'abord eu

    l'instauration d'un cadre lgal pour la privatisation des entreprises publiques.

    Nashashibi et al. (1998) expliquent que cette mesure de taille consistait autoriser

    lgalement la vente des entreprises publiques et de privatiser les capitaux et les

    quotes-parts. Cette mesure s'appliquait aussi celles qui ne pouvaient tre vendues

    totalement un niveau suprieur 49%. Les auteurs prcisent qu'entre 1994 et 1997,

    on a enregistr la liquidation de 827 des 1300 entreprises publiques locales qui taient

    juges non fructueuses. Ils soutiennent encore qu'afin de baisser la dpendance

    conomique aux exportations des hydrocarbures, l'tat a effectivement renonc

    50% des restrictions sur les exportations en dehors des hydrocarbures et il a

    galement procd la libralisation des importations des quipements industriels et

    professionnels usags et l'limination des exigences sur les importations de certains

    biens qui taient soumis des contrles douaniers renforcs.

    En effet, il faut admettre que depuis la fin des annes 90 des rsultats conomiques

    positifs ont t enregistrs et sont probablement imputables la politique de

    stabilisation macroconomique opre: une reprise de la croissance et une matrise

    de l'inflation a t note, le solde budgtaire est pass de dficits excdents d'une

    anne l'autre et le solde extrieur courant est marqu par une volution favorable au

    cours des annes (Nashashibi et al. 1998). La rserve officielle de change atteint les

    dix milliards de dollars en 2000 pour passer quatre vingt milliards de dollars la fin

    2006, soit un niveau record entran principalement par la baisse du volume de la

    dette extrieure, par la stabilisation du dinar algrien et videmment par

  • 29

    l'augmentation en valeur des exportations des hydrocarbures au courant des dernires , 8

    annees .

    Il faut cependant noter que, malgr les effets positifs des mesures de stabilisation et

    d'ouvertures commerciales ralises, plusieurs tudes, telle que celle du Conseil

    National conomique et Social (CNES, 1999), soulignent les effets ngatifs que le

    P.A.S des institutions financires internationales a caus sur le plan social en

    Algrie.

    Mais, suite aux progrs conomiques continues, la stabilisation sociale progressive

    et l'amlioration remarquable de la perception internationale de son niveau du

    risque socio-conomique, l'Algrie opre actuellement des accords de coopration

    conomique importants avec l'ensemble de l'Union Europenne et ngocie depuis

    des annes son intgration l'Organisation mondiale du commerce (OMe).

    2.2.2 L'ALGRIE ET LE FMI: DATES ET CHIFFRES

    Les conditions difficiles que vivait le pays se sont amplifies lors de la nouvelle chute

    des prix du ptrole en 1994. De plus, les impacts du conflit civil croissant que le pays

    vivait pendant cette priode ont conduit l'conomie au bord d'une crise de balance

    des paiements. Aussitt, en rponse cette situation, les autorits qui taient pendant

    longtemps rfractaires l'ide de passer toute sorte d'accord soit pour de nouveaux

    endettements soit pour le rchelonnement des anciens, ont eu recours finalement, en

    mai 1994, au soutien financier du Fonds Montaire International en acceptant un

    programme d'ajustement structurel qui visait une transformation radicale du mode de

    fonctionnement de l'conomie algrienne.

    8 www.algerie-dz.com/article7242.html

  • 30

    Un accord Stand by a d'abord t conclu en mai 1994. Il sera suivi d'un autre

    accord portant sur trois ans et contenant les grandes mesures que devaient prendre les

    autorits algriennes pour oprer la restructuration conomique. L'accord stand by,

    d'une dure d'un an (mai 1994-avril 1995), consistait en l'application d'un

    programme de stabilisation conomique pour l'amlioration de la croissance et la

    rduction du chmage. Pour soutenir ce programme, le FMI avait accord, en mai

    1994 un prt de 457 millions de DTS9 (environ 701 millions $US) (FMI, 2006). Ce

    premier accord a t labor en tenant compte des contraintes essentielles de

    l'conomie algrienne, qui sont le poids excessif de la dette extrieure et les

    dsquilibres financiers internes et notamment le dficit du trsor (FMI, 2006).

    La seconde tape de l'ajustement structurel tait marque par l'accord sign avec le

    FMI le 22 mai 1995 portant sur un crdit total d'environ 1 169,28 millions de DTS,

    (environ 1 795 millions $US) au titre du mcanisme largi de crdit (FMI, 1995). Ce

    crdit sera dcaiss sur trois ans (1995-1998) l'appui d'un programme

    gouvernemental de rformes et d'ajustement structurels. Il vise dans ses grandes

    lignes le rtablissement des quilibres macro-conomiques. On note que ce nouvel

    accord de mai 1995 a permis un second rchelonnement de la dette algrienne

    auprs du Club de Paris en juin 1995 et auprs du Club de Londres en mai et juillet

    1996.

    Le 26 juin 1996, le FMI approuve encore un crdit l'Algrie qui quivalait

    174,62 millions de DTS (prs de 252 millions $US) dans le cadre de la facilit de

    financement compensatoire des imprvus (CCFF)10. La situation tait cause par un

    9 Le droit de tirage spcial (DTS) est un avoir de rserve international. Sa valeur est dtermine en fonction d'un panier des principales monnaies internationale. 1 DTS = 1,45186 $US au 31 juillet 2005 (ABC du FMI, 2005)

    10 Le programme compensatoire CCFF fournit des ressources des membres pour couvrir des excs dans des cots d'importation qui sont temporaires et qui surgissent suite des vnements au-del de leur contrle.

  • 31

    excs dans le cot d'importation des crales pendant des priodes prolonges

    d'augmentation exceptionnelle dans les prix mondiaux de grain au courant de l'anne

    1995 (FMI, 1996). Enfin, le 23 juillet 1997, l'Algrie accepte les conditions de

    l'article IV du FMI et signe un accord pour se soumettre aux obligations gnrales de

    ses termes qui consistent reconnatre que le but essentiel du systme montaire

    international est de fournir une structure qui facilite l'change des biens, des services

    et des capitaux parmi les pays membres, et que chaque pays membre est tenu de

    collaborer avec le Fonds et les autres membres pour assurer un systme financier et

    montaire stable et efficace sous l'gide des conditions bien prcises de cet article

    (IMF, 1997).

    2.2.3 PROGRAMME D'AJUSTEMENT STRUCTUREL ENTRE 1994 ET

    1998

    Avant d'entamer une description dtaille des mesures prises dans le cadre du

    programme d'ajustement conclu avec le FMI entre 1994 et 1998, nous rappelions que

    la vision de base de ce dernier tait essentiellement anti-inflationniste et qu'elle

    reposait sur des ajustements budgtaires plus que sur toutes autres mesures. Chaib

    Cherif (1998) explique de manire gnrale les volonts du FMI, et il souligne que

    l'un des principaux enjeux du programme est la volont de rduire l'inflation tout en

    rduisant le dficit budgtaire et que cela tait d'autant plus dlicat dans un pays ou

    l'tat contrle la quasi-totalit de l'activit conomique et financire. L'auteur

    explique qu'il ne suffisait pas seulement d'examiner les comptes du gouvernement,

    mais l'ensemble du secteur des administrations et des entreprises publiques pour

    apprcier l'tendue de l'intervention de l'tat. Pour ce faire, le programme

    d'ajustement structurel proposait d'amliorer les recettes fiscales et, terme, de

    gnrer une pargne grce aux revenus tirs de la privatisation des entreprises

    publiques. De plus, en demandant de nouveau la sparation du trsor public de la

    banque centrale, le FMI russissait relativement bien imposer un mcanisme de

  • 32

    financement du budget de l'tat fond uniquement sur l'activit conomique. La

    dvaluation du dinar et le relvement des prix internes des carburants devaient

    permettre au gouvernement d'augmenter le niveau des recettes budgtaires. Inscrite

    l'ordre du jour du programme d'ajustement, la rforme fiscale n'tait pas

    srieusement mise en application tant que les relations taient troites entre l'tat et

    les milieux d'affaires.

    En ce sens, le FMI avance que l'objectif principal de la politique fiscale, pendant les

    annes 1995 jusqu' 1998, est celui d'tablir trs rapidement un bas niveau

    d'inflation en liminant le dficit budgtaire et en gnrant des excdents budgtaires,

    et que cela serait accompli travers des rformes plus accentues du systme fiscal

    en se concentrant sur un largissement important de l'assiette fiscale et une

    restructuration des dpenses budgtaires (lMF, 1995). La publication ajoute que la

    ralisation des objectifs d'inflation du programme exigerait aussi une gestion

    rigoureuse de la liquidit domestique, la sparation de la banque centrale d'avec la

    trsorerie de l'tat ainsi que l'limination des restrictions sur la dtermination des

    taux d'intrt en augmentant le rle du march dans la dtermination de ces taux. On

    supposait que ces politiques rduiraient considrablement l'inflation et conduiraient

    des taux d'intrt rels positifs. On ajoutait que l'objectif macro-conomique pour ces

    annes tait une acclration de la croissance conomique relle de 1,1 % 5.3% et

    une rduction du taux d'inflation 10.3 % qui tait alors de 35.1 % au dbut de

    1994.

    Nashashibi et al.(l998), dans une tude sur le FMI, prsentent une synthse dtaille

    sur les diffrents volets de l'ajustement structurel prescrit dans le cadre de l'accord du

    FMI avec l'tat algrien durant la priode de 1994 1998. Les auteurs identifient

    quatre objectifs majeurs qui structurent le programme d'ajustement mis en place en

    1994 pour l'conomie algrienne:

  • 33

    1) Promouvoir un taux lev de crOIssance conomique en absorbant

    l'augmentation excessive dans la force de la main-d'oeuvre et rduire ainsi

    progressivement le chmage.

    2) Assurer une convergence rapide de l'inflation vers le taux qui prdomine en

    gnral dans les pays industrialiss.

    3) Affaiblir le cot transitionnel de l'ajustement structurel sur les segments les

    plus vulnrables de la population.

    4) Restaurer la viabilit de la balance des paiements en assurant des niveaux

    adquats en rserves trangres.

    Les auteurs expliquent qu' la poursuite de ces objectifs, l'Algrie dcidait de rduire

    les contraintes immdiates qui provenaient de son haut niveau d'endettement externe

    grce un rchelonnement complet de sa dette qui tait alors estime plus de 17

    milliards de dollars. Ce rchelonnement, accord par le FMI, s'tendait sur les trois

    annes du programme qui s'en suivaient soit de mai 1995 mai 1998 (IMF, 2006).

    Cela serait complt par un montant additionnel de 5,5 milliards de dollars dans le

    cadre du programme exceptionnel de support de la balance de paiement par le FMI et

    d'autres institutions internationales et rgionales, ainsi que d'autres bailleurs de fonds

    bilatraux. La disponibilit de ces financements externes a caus un changement

    majeur dans la balance de compte courant externe du pays, ce qui menait la

    transformation du 1,9 % de surplus du P en 1993 un dficit de 4,3 % de P en

    1994.

    Suite ces observations, Nashashibi et al. (1998) soulignent que dans le cadre de

    l'ajustement, une stratgie supplmentaire a t aussitt mise en oeuvre afin de

    stabiliser encore la situation conomique. Elle consiste principalement:

  • 34

    1) au ralignement des prix relatifs et l'abolition des restrictions sur le

    commerce extrieur afin d'allger les pnuries dans bon nombre de produits

    de base ainsi que par la mise en uvre d'une meilleure allocation des

    ressources.

    2) baisser les dpenses publiques et resserrer la politique montaire de faon

    augmenter la demande globale et amener, avec le temps, l'ajustement de la

    balance interne et externe.

    3) l'tablissement de mcanismes, institutionnel et de march, ncessaires pour

    une transition d'un ordre de march trop centralis une conomie de march

    diversifie.

    Les auteurs prsentent la liste des mesures prises pour redresser l'conomie du pays:

    1. Mesures dans le rgime de change

    2. Libralisation des changes et du commerce extrieur

    3. Libralisation des prix

    4. Rformes dans les entreprises publiques et dveloppement du secteur

    priv

    5. Politique montaire et reforme du secteur financier

    6. Mesures touchant les finances publiques

    7. Mesures modifiant le filet de la scurit sociale et les questions sociales

    2.2.4 MESURES DU P.A.S. DIRECTEMENT LIES AU SECTEUR DE LA

    SANT

    En Algrie, il y a eu peu d'analystes qui se sont penchs sur l'tude de l'conomie de

    la sant. Le Professeur Oufriha, avec quelques chercheurs qui l'assistaient, est parmi

    les rares chercheurs qui ont men des tudes sur l'impact des reformes d'ajustement

    structurel sur le secteur de la sant. Nous nous concentrerons sur ses apports et sur

  • 35

    ceux de ses collaborateurs afin de cerner les principales rformes appliques dans le

    secteur de la sant sans toutefois approfondir les aspects conomiques de ces

    rformes.

    Dans son ouvrage sur le sujet, Oufriha (2006) prcise que les reformes structurelles

    en matire de sant se traduisent par trois mesures principales: 1) la privatisation, 2)

    la matrise des dpenses et les rpartitions diffrentes de la charge globale, et 3) la

    contractualisation qui s'inscrivait dans une perspective de rcupration des cots

    relis la sant.

    1) La privatisation:

    La privatisation dans le secteur de la sant a touch la fois le personnel de la sant

    et celui des biens de la sant. Le secteur publique lve, partir de 1996, le contrle

    total qu'il avait sur l'exercice de l'activit mdicale. L'tat autorise l'installation des

    mdecins hospitalo-universitaires titre personnel. Ces derniers sont, dsormais,

    autoriss par la rglementation offrir des soins gnraux et spcialiss pour leur

    propre compte.

    Cheriet (2006) souligne qu'en ralit la mesure de la privatisation dans la sant avait

    pour but gnral d'amliorer l'efficacit du systme de soins algrien. Par contre, sur

    le plan de l'efficience du systme, Oufriha (2006) souligne le double effet financier

    qui tait caus par la privatisation de l'exercice mdical. Ce double effet est celui du

    volume entran par l'explosion de l'offre prive faisant son tour exploser les

    remboursements aux titres des assurances sociales et celui de report caus par les

    paiements des soins reports dfinitivement sur les usagers de la sant. El Ghosli

    (2007) affirme que la reforme du secteur de la sant travers la privatisation n'est pas

    du tout un dsengagement de l'tat parce que celui-ci a toujours continu jusqu'

    prsent subventionner les secteurs sanitaires dans le cadre de son budget annuel de

    la sant. Le secteur public est donc constamment dominant et omniprsent.

  • 36

    La privatisation des biens de la sant concerne quant elle la chane

    d'approvisionnement des mdicaments et les sources d'approvisionnement en

    fournitures et quipements mdicaux. Les reformes prescrivaient la leve du

    monopole de l'tat sur les importations, la production et la distribution en gros des

    produits pharmaceutiques et quipements mdicaux qui relevaient jusque-l du

    monopole public. Cette privatisation des sources d'approvisionnement en

    mdicaments et matriel mdical, accompagne d'autres mesures du P.A.S telles que

    la libralisation du commerce extrieur et la dvaluation, a conduit une

    multiplication des importateurs et des distributeurs des produits mdicaux, ce qui a

    par consquent caus l'explosion des prix pratiqus aux tablissements de sant. On

    note galement que la production publique des mdicaments s'est affaiblie suite

    cette privatisation conjugue l'ouverture du commerce extrieur, mais celle-ci n'a

    pas t limine par le secteur priv (Oufriha, 2006).

    2) La matrise des dpenses et les rpartitions diffrentes de la charge globale

    Cette mesure visait, toujours selon Oufriha (2006), la modification des principes des

    remboursements des mdicaments pour qu' partir de cet instant ils soient bass non

    plus sur les prix rels mais plutt les tarifs de rfrence dtermins par la caisse de la

    scurit sociale algrienne. Ces tarifs taient nettement infrieurs aux prix rels des

    mdicaments. Nanmoins, il y a eu allongement de la liste des mdicaments

    rembourss 100% et donc offerts gratuitement la population. Dans cette mme

    optique des rformes, la rglementation obligeait les importateurs et les distributeurs

    produire, mme petite chelle, du matriel et du consommable mdical aprs deux

    ans d'exercice dans le but de promouvoir le secteur productif local. Ce dernier reste

    toutefois inefficace et insignifiant cause du manque de ressources matrielles et

    techniques requises (Oufriha, 2006).

  • 37

    3) La contractualisation

    L'objectif de rcupration des cots est principalement celui vis par les reformes du

    secteur de la sant. Pour atteindre ce dernier, toujours selon Oufriha (2006), la mesure

    principale prise est celle de la mise contribution financire des usagers de la sant.

    Cheriet (2006) remonte les dbuts rels de la remise en cause de la gratuit des soins

    l'anne 1984, lors de l'introduction d'un ticket modrateur. Il confirme cependant

    l'adoption totale de la mesure en 1994 par l'introduction de la participation financire

    concrte des malades. L'auteur estime que cette politique de gratuit des soins n'a eu

    en ralit que des effets de dsarticulation nfastes sur l'organisation et le

    financement du systme de soins. Pour appuyer ses commentaires, Oufriha (2006)

    affirme de son cot que l'acquittement des soins appliqu totalement partir 1994 n'a

    pas rellement chang les conditions de fonctionnement du secteur public et n'a non

    plus port remde ses disfonctionnements. Elle dresse une analyse chiffre qui

    indique que l'impact financier de cette mesure tait faible et dcroissant entre 1995 et

    2005.

    El Ghosli (2007) aborde plutt la mesure de la mise contribution financire des

    usagers sous l'angle des conditions qui ont accompagn son application. Il soulve la

    problmatique de l'accs aux soins des mnages et prconise que la

    responsabilisation financire des mnages dans le financement des soins doit tre

    accompagne de l'accs une couverture de soins complmentaires.

    Oufriha (2006) souligne finalement que les problmes majeurs qui freinent le bon

    fonctionnement des rformes appliques sont bien ceux de financement. Mais cet

    auteur ajoute qu'au-del des problmes de financement, il y a ncessit d'une reforme

    du systme dans sa double composante publique et prive et d'une plus forte

    articulation de ses composantes. Ceci ncessite une meilleure connaissance macro et

  • 38

    micro d'un systme qui soufre d'une liaison extrmement mauvaise entre le secteur

    public et le secteur priv.

    2.3 L'APROVISIONNEMENT HOSPITALIER

    Pendant les annes 20, deux services internes aux tablissements de sant assuraient

    la tche de faire parvenir le matriel et les fournitures hospitalires leurs points de

    consommation, ce sont le service des achats et le service de soutien aux activits de

    soins. Pendant les annes 60, ces activits se caractrisaient par la forte augmentation

    des cots qui a amen les dirigeants des tablissements de sant prendre des

    mesures pour liminer le gaspillage en liminant les activits inutiles par le jumelage

    des deux services en un seul: le service de gestion du matriel'I (Thorsfeldt, 1988).

    2.3.1 Les activits logistiques d'un tablissement de sant

    Les tablissements de sant actuels renferment plusieurs activits logistiques. Celle-ci

    sont prsentes dans la figure 1 qui est adapte de Chow et Heaver (1994).

    Il On utilisera ci-aprs la terminologie du Service d'approvisionnement qui est utilise au Qubec la place de celle de Service de Gestion du Matriel utilise principalement aux tats-Unis.

  • 39

    Strilisation Gestion

    des stocks

    /G

    Figure 1 : Activits logistiques d'un tablissement de sant

    Adaptation de Chow et Heaver (1994)

    Ces activits se rpartissent en trois catgories (Chow et Heaver, 1994) :

    La gestion des approvisionnements qui fait les acquisitions et assure la gestion

    des stocks.

    La distribution interne qui assure l'acheminement des produits leurs points

    de consommation et qui reprend (gre) les dchets.

    Les activits de production qui assurent la disponibilit de produits et des

    activits adaptes aux besoins internes de l'tablissement.

  • 40

    Selon Landry et al. (1998), dans le cas des tablissements de sant du Qubec, le SA

    est tenu de planifier, organiser, diriger et contrler toutes les activits d'achats, de

    rception, d'entreposage et de rapprovisionnement des produits qui assure leur

    distribution aux units de soins. Une telle structure permet de gnrer des conomies

    importantes au SA. Toutefois, les mmes auteurs soulignent que plusieurs fonctions

    sont assures la fois par diffrents services, selon une tude sur dix services

    d'approvisionnement dans dix tablissements de sant au Qubec. Cette tude montre

    que seulement deux SA assurent le rapprovisionnement des units de soins. Trois

    autres SA ont une fonction de rapprovisionnement des produits gre en mme

    temps par une centrale de distribution contrle par les units de soins et le magasin

    central du SA. Mais sur l'ensemble des cas, l'tude soulignent qu'aucun SA ne gre

    les activits de strilisation.

    Quoi qu'il en soit, ce mmoire porte d'avantage sur la facette de la chane externe de

    l'approvisionnement et les impacts que celle-ci peut entraner sur la chane interne de

    l'approvisionnement. La figure 1 adapte de Chow et Heaver (1994) positionne

    l'ensemble des activits logistiques d'un tablissement de sant. Bien qu'une

    approche thorique dtaille de l'ensemble de ces activits soit souhaitable, ce qui

    suit concerne uniquement l'activit approvisionnement, et en partie galement celle

    de la distribution relativement sa fonction de la gestion interne du matriel.

    2.3.2 L'environnement du service d'approvisionnement

    A l'intrieur comme l'extrieur du milieu hospitalier, le service

    d'approvisionnement se confronte plusieurs forces et contraintes, ce qui le contraint

    adapter ses ressources et ses stratgies de faon adquate. Afin de cerner les

    pressions auxquelles fait face un SA, nous examinerons ses interactions avec son

    environnement interne et externe.

  • 41

    Landry et al. (1998) illustrent dans la figure 2 l'interaction d'un SA avec ses

    environnements, interne et externe, qui se caractrisent par trois ensembles

    d'intervenants, soit, son propre tablissement, son environnement politique et les

    marchs fournisseurs avec lesquels il transige.

    Environnement

    politique

    Fournisseur / distributeur SA

    tabl issement de sant

    Figure 2 : L'environnement du service d'approvisionnement

    Source: Landry et al. (1998)

    Ces trois groupes exercent des preSSlOns diffrentes qui demandent au SA de

    s'adapter de faon diffrente selon la nature et l'ampleur de ces pressions.

    Landry et al. (1998) expliquent qu'un tablissement de sant ragit plusieurs

    contraintes extrieures en transmettant les impacts ses services internes. Le SA est

    parmi ceux qui sont les plus touchs. La plus importante des problmatiques, en ce

    sens, est celle de la rduction budgtaire qui conduit des mesures de rduction de

    personnel du SA causant ainsi la perte d'expertise, l'absence des budgets de

    formation et la difficult du renouvellement du parc technologique.

  • 42

    Faultrier et al. (2004) donnent un autre aspect la relation du SA avec son

    tablissement sans toutefois tre spcifique aux tablissements de sant. Ils

    expliquent que la p