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Nutr. Clin. M6tabol. 1993 ; 7 : 303-310 Imp dancem trie corporelle totale : utilisation chez le patient critique Jean-Fabien Zazzo D6partement d'anesth~sie-r6animation, Universit~ Paris-Sud, H6pital Antoine-B6cl~re, Clamart. R~sum(~ Les compartiments de i'organisme peuvent ~tre ~va- lugs par une m~thode physique simple, peu cofiteuse et non invasive : l'imp~dancem~trie corporelle to- tale. Les r~sultats obtenus ont ~t~ compares, chez t'adulte sain, h ta densiton~rie et aux techniques isotopiques de r~f~rence. Avec les appareils & une fr~quence, ies r~sultats sont comparables & ceux obtenus & l'aide d'appareils & deux fr~quences. Dans le premier cas, seule l'eau totale peut ~tre estim~e ; dans le deuxi~me cas il est possible d'estimer l'eau intracellulaire et par soustraction l'eau extracellul laire. Chez les malades critiques, ces techniques ont ~t~ peu ~valu~es pour des raisons m~thodologiques. L'inflation hydrosod~e observ~e dans les situations critiques est fr~quente ; le cata~olisme observ~ est difficile h appr~cier en terme de diminution de masse ceilulaire. L'imp~dancem~trie peut nous ai- der & ~valuer la gravit~ des patients et guider la th~- rapeutique. L'imp~dancem~trie & deux fr~quences est probablement la m~thode id~ale mais elle reste ~valuer. Mots-cles : Imp#dancem6trie, composition corporelle, mala- dies critiques. Correspondance : J.-F. Zazzo, Reanimation chirurgicale, H6pi- tal Antoine-B6clere, 157, rue de la porte de Trivaux, 92141 Cla- mart Cedex. Regu le 10 octobre 1992, accept6 apres r6vision le 15 decem- bre 1992. Les recherches sur la composition corporelle remontent au d6but du si6cle. La r6partition entre les diff6rents secteurs (masse grasse, masse maigre, eau intra- et ex- tracellulaire) est connue depuis longtemps chez l'adulte sain grace aux techniques isotopiques. Les mesures an- thropom6triques ont permis de faire passer ces mesures des laboratoires de physique et de physiologie aux ser- 303

Impédancemétrie corporelle totale : utilisation chez le patient critique

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Nutr. Clin. M6tabol. 1993 ; 7 : 303-310

Imp dancem trie corporelle totale : utilisation chez le patient critique

Jean-Fabien Zazzo D6partement d'anesth~sie-r6animation, Universit~ Paris-Sud, H6pital Antoine-B6cl~re, Clamart.

R~sum(~

Les compar t iments de i 'o rganisme peuvent ~tre ~va- lugs pa r une m~thode physique simple, peu cofiteuse et non invasive : l ' imp~dancem~trie corporelle to- tale. Les r~sultats obtenus ont ~t~ compares , chez t 'adul te sain, h ta d e n s i t o n ~ r i e et aux techniques isotopiques de r~f~rence. Avec les apparei ls & une fr~quence, ies r~sultats sont comparables & ceux obtenus & l 'a ide d 'appare i l s & deux fr~quences. Dans le p remier cas, seule l ' eau totale peut ~tre estim~e ; dans le deuxi~me cas il est possible d ' e s t imer l ' eau intracellulaire et pa r soustraction l ' eau extracellul laire. Chez les malades critiques, ces techniques ont ~t~ peu ~valu~es pour des raisons m~thodologiques. L ' inf lat ion hydrosod~e observ~e dans les situations critiques est fr~quente ; le cata~olisme observ~ est difficile h appr~cier en terme de diminution de masse ceilulaire. L ' imp~dancem~tr ie peut nous ai- der & ~valuer la gravit~ des patients et guider la th~- rapeutique. L ' imp~dancem~tr ie & deux fr~quences est p robab lemen t la m~thode id~ale mais elle reste ~valuer.

Mots-cles : Imp#dancem6trie, composition corporelle, mala- dies critiques.

Correspondance : J.-F. Zazzo, Reanimation chirurgicale, H6pi- tal Antoine-B6clere, 157, rue de la porte de Trivaux, 92141 Cla- mart Cedex. Regu le 10 octobre 1992, accept6 apres r6vision le 15 decem- bre 1992.

Les recherches sur la composition corporelle remontent au d6but du si6cle. La r6partition entre les diff6rents secteurs (masse grasse, masse maigre, eau intra- et ex- tracellulaire) est connue depuis longtemps chez l'adulte sain grace aux techniques isotopiques. Les mesures an- thropom6triques ont permis de faire passer ces mesures des laboratoires de physique et de physiologie aux ser-

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J.-F. ZAZZO

vices de m6decine. Leur impr6cision ne permet pas de les appliquer ~t l 'individu mais h une population dans son ensemble. Les techniques physiques modernes (absorption biphotonique, r6sonance magn6tique nu- cl6aire) ou isotopiques (mesure du potassium total ou activation neutronique) plus pr6cises sont inapplicables en clinique de routine. L'imp6dancem6trie totale est une technique propos6e depuis longtemps par Thomas- set [1], Boulier et coll. [2, 3] et largement reprise de- puis aux USA [4]. Son inocnit6, sa simplicit6 d'emploi et son faible cofit ont permis son d6veloppement en cli- nique. Si elle est largement valid6e chez l 'homme sain, elle reste, dans l '6tat actuel des appareils disponibles, encore difficile h utiliser en pathologie.

Cette r6flexion a pour but de situer le probl~me actuel- lement.

Composition corporelle chez le sujet sain et en pathologie

La masse corporelle peut Otre sch6matiquement divis6e en trois compartiments : masse maigre, masse cellulaire et masse extracellulaire. La somme de la masse cellu- laire et de la masse extracellulaire correspond ~t la masse maigre. La masse cellulaire (ou body cell mass des Anglo-Saxons) a 6t6 d6finie par Moore et coll. [5] comme 6tant le si~ge des fonctions m6taboliques essen- tielles (6changes d'oxyg~ne, oxydation du glucose et autres m6tabolismes cellulaires).

Ce compartiment contient 98 % du potassium corporel, il est donc 6valuable par les mesures isotopiques au po- tassium marqu6 ou par la mesure de l'activit6 d'un iso- tope naturel du potassium (le 4°K qui repr6sente 0,012 % du potassium total de l 'organisme). Ce compartiment est le si~ge de tous les processus vitaux comme la production de chaleur, la synth~se prot6ique. La masse extracellulaire est par contre m6tabolique- ment inactive e t a un rSle essentiellement de transport. En situation de malnutrition, la masse cellulaire dimi- nue et la masse extracellulaire augmente ce qui induit globalement des variations, en g6n6ral relativement fai- bles de la masse maigre (figure 1).

Apr~s une agression (polytraumatisme, chirurgie, sep- sis) on observe au cours des premiers jours une prise de poids correspondant ~ une r6tention hydrosod6e ; elle est la traduction de l 'augmentation de la masse extra- cellulaire, les autres secteurs restant relativement sta- bles. L'augmentation de la d6pense 6nerg6tique, sou- vent 61ev6e dans ces situations, et l 'augmentation du catabolisme entra~nent une diminution des r6serves 6nerg6tiques (masse grasse) et de la masse cellulaire. L'introduction d'une nutrition parent6rale peut majorer par elle-m~me le volume de la masse extracellulaire surtout lorsqu'il existe une malnutrition chronique pr6alable [6].

Kg

70

52,5

35

17,5

Ii!iiiii!iiiiiiiil "|

sujet sain

iiiiiiiiiiiiii!ii! iiiiiii!iiiiiiiiii • . ~ . ~ . ~ . ~ . ~ . ^ . ~ L ~ ,

malnutrition

Figure 1 : Compartiments de l'organisme chez le sujet normal et au cours de la malnutrition.

Principes de I'imp6dancemdtrie

Le passage d'un courant 61ectrique ?~ travers des tissus s'effectue contre une certaine r6sistance qui est fonc- tion de la structure de ce tissu. Le terme d'imp#dance s'applique lorsqu'il s 'agit d'un courant alternatif.

Le courant utilis6 en clinique a u n e tr~s faible inten- sit6 (800~tA avec les appareils disponibles en France).

Les liquides et les 61ectrolytes (principalement pr6- sents dans la masse maigre) sont tr~s conducteurs et leur r6sistance au passage du courant est faible. La peau, la graisse et les os sont peu conducteurs et ont une r6sistance 61ev6e. Les membranes cellulaires, constitu6es d'616ments lipophiles non conducteurs se comportent au passage d 'un courant comme une ca- pacit6. Elles constituent une membrane semi-perm6a- ble entre les compartiments intra- et extracellulaires et induisent ainsi une diff6rence de potentiel 61ectri- que. La r~actance repr6sente une opposition au pas- sage d 'un courant 61ectrique induite par la capaci- tance que constituent les membranes cellulaires ; elle repr6sente le courant stock6 dans ces membranes. Le corps humain est donc constitu6 d 'un ensemble de r6sistance et de r6actance.

L'angle de phase est d6termin6 par les valeurs de la r6sis- tance et de la r6actance pour une mesure donn6e (figure 2). Le corps humain pent donc ~tre assimil6 h des cellules en suspension dans une solution 61ectrolytique

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IMPt~DANCEMt~TRIE CORPORELLE TOTALE

(figure 3). Le module de Fricke [7] repr6sente cette hypoth~se (figure 4). L'application d'un courant a des fr6quences variables croissantes permet d'observer le d6but du passage du courant ~ travers les membranes cellulaires jusqu'~ une fr6quence de 1 MHz oh l'on ob- tient le plateau le plus bas (figure 5). On observe ici qu'a des basses fr6quences on obtient le volume d'eau extracellulaire et qu'a 1 MHz on peut estimer l'eau to- tale.

,p

J I angle de phase (0)

r4sistance (R)

Figure 2 : Reprdsentation simplifi~e des propridMs dlectriques d'un matdriel lorsqu'on lui applique un courant alternatif.

COURANT

LEC

0 Figure 3 : Reprdsentation simplifide du passage d'un courant d travers les tissus.

VEC

VIC Figure 4 : Schdma dlectrique du passage d'un courant ~ deux frdquences gl travers les tissus.

600

o

Z < ¢2 Ua

55O

5OO

450

400

35O

3OO

25O I I I I I I I

FREQUENCE (Hz)

Figure 5 : Reprdsentation des variations d'impddanee en fonction de la frdquence d'un courant.

R6alisation pratique de la mesure

Deux techniques sont actuellement propos6es :

- - la technique utilisant 4 61ectrodes coll6es (2 sur le dos du pied, 2 sur le dos de la main) et utilisant un ap- pareil BIA (Soci6t6 Eug6dia, Chambry, France) et utili- sant un courant (800 ~A) avec une fr6quence de 50 kHz ;

- - la technique utilisant 2 61ectrodes implant6es en sous-cutan6 (une au pied, la seconde h la main) et utili- sant un courant plus faible (100 ~tA) et deux fr6quences (5 kHz et 1 MHz) (appareil IMPBO1 ®. Soci6t6 l'Im- pulsion Caen, France).

Les pr6cautions ~t prendre lors des mesures ont 6t6 d6- velopp6es ailleurs [3].

Validation chez le sujet sain

Les param~tres bio61ectriques mesur6s a l 'aide de l'ap- pareil BIA (monofr6quence) et publi6s aux USA sont sensiblement ceux que nous avons observ6s dans notre service au sein de l'6quipe m6dicale et param6dicale (non publi6) (tableau I). La BIA a donc 6t6 utilis6e dans le but d'6valuer en clinique les diff6rents comparti- ments de l'organisme en remplacement des mesures isotopiques (inutilisables en pathologie pour des raisons techniques et 6conomiques) et des mesures anthropo- m6triques (peu sensibles et peu fiables chez le malade critique).

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J.-F. ZAZZO

Tableau I : Mesures bio~lectriques chez le sujet sain.

Homme Femme

Rrsistance (ohms) 432 + 59 559 _+ 59,3 Rractance (ohms) 60,4 + 7,4 64,9 _+ 8,9 Angle de phase (degrrs) 8,2 + 1,1 6,7 + 0,9

De tr6s nombreuses 6tudes ont valid6 la BIA par rap- port aux techniques de r6f6rence : mesure de l 'eau to- tale (par l 'eau trait6e), mesure de l 'eau extracellulaire (par la mesure du volume de distribution du bromure de sodium), mesure de la masse cellulaire (par la mesure du potassium corporel total h l'aide de l'isotope 40 K). D'autre part les mesures obtenues par la BIA ont 6t6 corr616es aux donn6es anthropom6triques classiques.

Pour la plupart des auteurs, la corr61ation entre la BIA et l'anthropom6trie est excellente chez le sujet sain ou ob6se, pour l'6valuation de la masse maigre ou de l 'eau totale [8-10] (tableau II). La confirmation de cette bonne corr61ation chez le sujet sain a 6t6 obtenue par comparaison avec les m6thodes de dilution isotopique [4, 11-14]. I1 a 6t6 ainsi d6montr6 que la masse extra- cellulaire et la masse intracellulaire 6talent inversement corr616es ~t la r6actance [15]. Lukaski et coll. ont d6- montr6 qu'il y avait une corr61ation entre la taille2/R6sistance et la masse maigre [4].

Ces r6sultats ont tous 6t6 obtenus avec un appareil g6- n6rant un courant h une seule fr6quence de 50 kHz. Dans ces conditions et en raison du mod61e de Fricke, il est impossible d'estimer s6par6ment l 'eau intra- ct ex- tracellulaire. Cette 6valuation peut ~tre obtenue avec des appareils ~i deux fr6quences [16, 17]. De nom- breuses 6quations ont 6t6 propos6es pour calculer les compartiments de l'organisme avec l'imp6dance obte- hue ~t partir de l'appareil h une fr6quence (en g6n6ral 50 kHz pour un courant de 800 ~tA). Elles figurent ta- bleau III. Les formules utilis6es par l'appareil BIA (la- boratoire Eug6dia, Chambry, France) figurent au ta- bleau IV.

Validation dans les situations critiques

Les modifications des compartiments corporels sont constantes en pathologie, qu'elles soient dues h un 6tat

de malnutrition, une agression (chirurgie, polytrauma- tisme, brfilure), un 6tat septique (et dans sa forme 6vo- lure : la drfaillance multiviscrrale), une drfaillance res- piratoire, rrnale ou cardiaque. Ces modifications sont progressives ou brutales. Elles ont comme point commun des variations de l 'eau extra- et intracellulaire d'une part et des validations de la masse grasse et de la masse cellulaire d'autre part.

Un 6tat de malnutrition se traduit en terme de composi- tion corporelle par une diminution de la masse cellu- laire qui peut atteindre 40 % de la valeur normale avec une augmentation de 15 h 20 % de l 'eau extracellulaire (figure 6). Au drcours d'un acte chirurgical (chirurgie digestive majeure) sans complication, les analyses iso- topiques rrv~lent qu'au 5 e jour postoprratoire, il existe une diminution de masse cellulaire active (MCA) de 14 % et une augmentation de l 'eau extracellulaire de 20

30 %. Si une complication septique intervient, les va- riations de ces deux param&res doublent [26]. Ces va- riations peuvent-elles &re enregistrres par la BIA ? Dans des situations chroniques (rrgime amaigrissant sur plusieurs semaines), les variations d'imprdance sont toujours corrrlres avec les variations des donnres anthropomrtriques, mais le coefficient de corrrlation est faible [27].

Evolution des compartiments chez les patients soumis h une nutrition parentrrale (NP)

Chez les patients drnutris soumis ~t une NP on observe au drbut une prise de poids correspondant a une expan- sion des liquides extracellulaires se traduisant entre au- tres par une diminution de l 'hrmoglobine et de l'albu- minrmie [7]. Cette rrtention est plus marqure au cours des nutritions exclusivement glucidiques; elle s'ac- compagne d'une diminution de la natriur~se.

Tableau H : Concordance impddancemdtrie/anthropomrtrie.

Rrfrrenees Secteurs BIA Anthropom~trie (Durnin et coll. [10])

8

9

Masse maigre (kg) 51,2 + 11,2 Eau totale (L) 36,68 + 6,51

Masse maigre (kg) 50,26 + 8,92

51,3 + 10,5 36,91 + 6,85 50,57 + 9,39

306

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I M P I ~ D A N C E M t ~ T R I E C O R P O R E L L E T O T A L E

Tableau III : Equations proposdes pour dvaluer les compartiments de l'organisme par l'impddancemdtrie dune frdquence (50 kHz).

Coefficient R6f6rences Equations corr61ation SEE

Total body water (eau totale) Lukaski (1985) [18]

Kushner (1986) [12]

V an Loan (1987) [13]

Lukaski (1988) [19]

Free-fat mass (masse maigre) Lukaski (1985) [18]

Segal (1985) [11]

Lukaski (1986) [20]

Van Loan (1987) [13]

Guo (1987) [21]

Lukaski (1987) [22]

Chumlea (1988) [23]

Segal (1988) [24]

McDouga l l (1986) [15]

Body cell mass (masse eeilulaire)

Body fat (masse grasse) Khaled (1988) [25]

Extracellular mass (masse extraedlulalre) [15]

T B W (L) = 2,03 _+ 0,63 (HT2/R) r = 0,95

T B W (L) = 4,96 +_ 0,42 (HT2/R) + 0,13 (WT) + 3,34 (sex) a R = 0,99

T B W (L) = 9,9868 + 0 ,000723 (HT2/R) = 0,2822 (WT) - 0,0153 (R) - R 2 = 0,871 2,3313 (sex) b - 0 ,1319 (age)

T B W (L) = 4,65 + 0 ,377 (HT2/R) + 0,14 (WT) - 0,08 (age) c + 2,9 R 2 = 0,975 (sex) a ECF (L) = 1,03 _+ 0,189 (HT2/R) + 0,052 (WT) - 0 ,0002 (HT2/Xc) R 2 = 0 ,884

F F M (kg) = 3,04 + 0,85 (HT2/R) r = 0 ,98

F F M (kg) = 8,9875 + 0 ,36273 (HT2/R) + 0,2141 (HT) + 0 ,1329 R = 0 ,962 W T - 5 ,6199 (sex) a

Females : F F M (kg) = 4 ,917 + 0,821 (HT2/R) r = 0,981 Males : F F M (kg) = 5 ,214 + 0,827 (HT2/R) r = 0,953

F F M (kg) = 17,7868 + 0 ,00098 (HT 2) + 0 ,3736 (WT) - 0 ,0238 (R) - R 2 = 0 ,917 4,2921 (sex) b - 0 , 1 5 3 1 (~ge) c

Males : % fat = - 17,9991 + 0 ,7572 (bicep) d + 0,6538 (calf) d + 0 ,4630 R 2 = 0,74 (tricep) a Females : % fat = - 8 ,4773 + 0,4296 (bieep) d + 1,3405 (calf) d - R 2 = 0,81 0,8450 (HT2/R) + 0,3833 (WT)

F F M (kg) = - 4,03 + 0,734 (HT2/R) + 0,116 (WT) + 0,096 (Xc) + R 2 = 0 ,988 0,878 (sex) a

Males < 18 years : F F M (kg) = - 1,23 + 0,92 (HT2/R) 2 R2 = 0,88 Males > 18 years : F F M (kg) = 7,37 + 0,56 [(AL + SH) /Z]2 R 2 = 0 ,82 Females < 18 years : F F M (kg) = - 0,21 + 0,65 [(A[., + S H ) / Z ] R 2 = 0 ,87 Females > 18 years : F F M (kg) = 11,55 + 0,69 fflTe/Z) R 2 = 0,80

Males < 20 % fat : F F M (kg) = 9,3329 + 0 ,0007 (HT 2) - 0 ,022 (R) + R 2 = 0 ,946 0,629 (WT) - 0 ,124 (~ge) e Males > 20 % fat : F F M (kg) = 14,524 + 0 ,0008 (HT 2) - 0 ,030 (R) + R 2 = 0 ,937 0,427 (WT) - 0 ,070 (~tge) c Females < 30 % fat : F F M (kg) = 10,4349 + 0 ,0006 (HT 2) - 0 ,014 (R) R 2 = 0 ,907 + 0,421 0NT) Females > 30 % fat : F F M (kg) = 9,3794 + 0,0009 (HT 2) - 0,015 (R) + R 2 = 0 ,952 0,300 (WT) - 0 ,070 (fige) c

16,4 + 0,61 (H2/R)

F F M B C M -

H 2 / W t 1 , 6 9 + 1 , 4 Xc

B F = W t - F F M % fat = - 30 ,027 _+ 41 ,523 [ (ZxWT) /HT 2] r = 0 ,987

E C M = F F M [1 - ! H 2 / W t } 1,69 + 1,4

2,09

1,37

2 ,919

1,50

1,01

2,61

3,06

2,51 1,99

3,231

3,28

3 ,22

2,06

4,02 2,89 3,70 2,70

2,47

3,03

1,97

1,97

1,81

a Sexe cod6 : hommes = 1 ; femmes = 0. b Sexe cod6 : hommes = 0 ; femmes = 1. c Age en ann6es. Abr6viations : HT = taille (era) ; R = r6sistanee (f~) ; WT : poids (kg) ; Xc : r6actance (f)) ; Z = imp6dance (~) ; AL = longueur bras (era) ; SH = hau- teur des 6paules (cm). TBW (total body water) (L) = eau totale. FFM (masse maigre) (kg) = masse maigre. BCM (body cell mass) (kg) = masse eellulaire. BF (body fat) (k.g) = masse grasse. EM (extracellular mass) (kg) = masse extraeellulaire.

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J.-F. Z A Z Z O

Tableau IV : Formules utilis#es par l' appareil BIA (EugEdia, France).

Densit~ corporelle (DC) Hommes DC = 1,15 - 0,08 × Pds x Rc/T 2 Femmes DC = 1,14 - 0,07 x Pds x Rc/T 2 Graisse Hommes G = (4,95/DC - 4,5) x 100 Femmes G = [1 - (0,39 × T2/Rc + 0,30 x Pds + 9,521°-2 x (T - 100) + 0,74)/Pds] x 100 Eau totale (litres) Hommes : ET = 0,39 × T2/Rc = 0,14 Pds + 8,39 Femmes : ET = 0,38 x T2/Rc + 0,10 x Pds + 8,31 Masse maigre (kg) M M = P d s - (Pds x Graisse/100) Angle de phase A P = A T N (Xc/Rc) x 180/3,1416 M6tabolisme de base (kcal) Hommes de moins de 40 ans MB = 27,71 x MM + 188,21 Hommes de plus de 40 ans MB = 25,333 x MM + 243,28 Femmes de moins de 40 ans MB = 24,039 x M M = 427,64 Femmes de plus de 40 ans MB = 21,956 x M M + 434,38

Rc : REsitance (ohms) ; Xc : REactance (ohms) ; T : Taille (cm) ; Pds: Poids (kg).

sujet sain

:.:::.: J :4!::i::i

iiiilili ii::::!i:; i::i i::ii ilili!il iiiiiiii iii::i i::i ii :iii!i iiiiiiiil iiiiiii / ~ ~

m[llnutrition chirurgie non compliqu~e

!iiiiiiii i!iiiiii! iii!?~ii

i!i!i!iii !i!ii!iii ii!!iiiii

N chirurgle + sepsis

% iiiii %

malnutrition + sepsis

Figure 6 : Variations des compartiments corporels aprbs chirurgie (MCA = masse cellulaire active, MEC = masse extracellulaire, G = graisse).

Evolution des compart iments en postop~ratoire

En comparant la B I A aux techniques isotopiques, Schroeder et coll. [28] montrent qu ' i l existe une diffE- rence d 'es t imat ion d ' env i ron 8 %, ce qui para~t accep- table en prat ique clinique. Cet 6cart 6tait plus faible

lorsque Lukaski comparai t la B I A et l 'anthropomEtr ie [5] : erreur de 2,7 % pour la B I A versus 3,9 % pour l 'anthropomEtrie. Ces rEsultats ont 6t6 rEcemment confirmEs par Fearon et coll. [29]. Les auteurs prEcisent que l ' impEdancemEtrie comparEe aux mEthodes de dilu- t ion isotopique pr6dit mieux la masse cel lulaire active (erreur de 6,4 %) que l ' e au totale (erreur de 8 ,1%) . Les Equations utilis6es sont :

- - eau totale (litre) : 0,208 x poids (kg) + 0,275 × taille (era) - 0,0299 R (f~) - 10,81 (erreur s tandard : 2,7 L ; coeff ic ient de variat ion = 8 , 1 % ; r = 0,926) ;

- - potass ium total (g) : 0,0055 x taille 2 (cm) - 0,0597 x poids (kg) - 0,1783 R (f~ + 1,22 × Xc (f2) - 11,475 x kaliEmie (retool) + 0,2203 × ~ge (annEes) + 29,184 (er- reur s tandard : 6,3 g ; coefficient de var ia t ion = 6,4 % ; r = 0,980).

AprEs chirurgie cardiaque, Meguid et coll. [30] a compare les informations obtenues par la B I A et le bi- lan hydrique au cours de la premiere semaine post-opE- ratoire chez 9 patients. La correlat ion entre le bi lan hydr ique et les var ia t ions de poids 6tait s ign i f ica t ive (r = 0,48, p < 0,05) mais moins bonne qu ' avec les va- leurs de resistance (r = - 0,82, p < 0,001) et de rEac- tance (r = - 0,92, p < 0,0001). Chiolero et coll . [31] ont soumis 12 patients de reanimation ?~ une perfusion de 0,25 ml /kg/min de serum sale isotonique pendant une heure. I1 existe une correlat ion negative s ignif icat ive ent re la p r i se de po ids et la r e s i s t ance (r = - 0 ,72 - 0,95 ; p < 0,01 ~ 0,0001) avec cependant des varia- t ions inter individuel les importantes. Ces rEsultats confirment l'intErEt de la BIA chez les patients agressEs ou critiques. De plus, notre 6quipe a 6tabli, sur une plus

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IMPI~DANCEMI~TRIE CORPORELLE TOTALE

grande population (n = 235) la valeur pronostique des variations pr6coces de poids et d ' imp6dance [32]. Les mesures de r6sistance devraient 8tre interpr6t6es, selon Ross et coll. [33], en fonction de la natr6mie; une hypernatr6mie induite artificiellement par l 'administra- tion d 'un solut6 sod6 hypertonique s 'accompagne d 'une augmentation de la r6sistance : cette augmentation est proportionnelle au niveau de la natr6mie.

Evaluation du traitement de l'ascite du cirrhotique

L'imp6dancem6trie corporelle totale ne permet pas de suivre l '6volution de l 'ascite sous traitement m6dical. Seule l ' imp6dancem6trie segmentaire (abdomen, mem- bres inf6rieurs) 6value correctement les variations d 'eau [34]. I1 apparait, en effet, que les variations de la tr~s faible imp6dance du tronc (40 ~t 100 ohms) ne peu- vent 8tre distingu6es avec pr6cision dans une mesure globale (dont les valeurs varient autour de 500 ohms).

Modifications au cours des h~modialyses

La quantit6 d 'eau soustraite au cours d 'une s6ance d 'h6modialyse (6valu6e par le volume d'ultrafiltration recueilli) est parfaitement mesur6e par la BIA (6cart en- tre les deux m6thodes 4,3 + 3,8 % [35]. La BIA permet d 'autre part de surveiller l '6tat nutritionnel de ces pa- tients ayant souvent une diminution de masse cellulaire et d '6valuer les effets d 'une assistance nutritionnelle [36].

Conclusion

La BIA est une technique d'utilisation facile en clini- que. Sa validation dans les situations pathologiques est encore incomplSte et l 'avenir d6pend, dans ce domaine, de la mise au point d'appareils adapt6s aux patients cri- tiques et aux probl~mes pos6s. L 'analyse la plus pr6cise de la r6partition de l 'eau intra- et extracellulaire devrait probablement faire appel aux appareils multifr6quence. Mais d6s maintenant l '6valuation de la masse cellulaire active et l 'approximation du volume d 'eau total permet- tent au clinicien de d6pister une d6nutrition (patients h risques de complications postop6ratoires), d 'en suivre le traitement et d 'adapter les apports 7t la masse maigre r6elle plut6t qu ' au poids corporel (diminution des effets secondaires d 'une nutrition excessive).

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