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1 N°19 DECEMBRE 2009 PRIX LIBRE

In Vodka Veritas n°19

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Le 19. Putain, ça passe vite

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N°19DECEMBRE

2009PRIX LIBRE

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EDITO3 Pour un Reichy de 1000 ans

4 Pipo contre le racisme policier

5 Bondy Blog. Lumpen Président

7 Pendant ce temps, à Sciences Po

20 Les moi-je-sais de HEC

22 La chronique du docteur Love

23 Les amoureux des toilettes publiques

24 L’instant Biopoulitique de Michel Faucoult - 3

25 Kayser Sosie - 4

26 Les aventures de Charles-Henri à Sciences Po

SOMMAIRE

LES MEMBRES DE LA REDACTION

Denis CarlierJacques Foccart

Samuel Andre-Bercoviciαντάρτες

Louis MoulinRed Star

Louis MorelleEst hardi

Naïké DesquesnesRépond au courrier

Nous recevons souvent du courrier concernant le fonctionnement d’IVV et sur ses rédacteurs. Le sujet qui vous intéresse le plus, chers lecteurs-trices, est bien entendu celui des performances sexuelles de Louis M. Malheureusement, la déontologie et la pudeur nous interdisent d’en parler. Du coup, nous répondrons ici à la deuxième question la plus posée à la rédaction : comment se passe une réunion de rédaction ? Comment fait-on un numéro d’IVV ?

Eh bien c’est très simple. On se donne rendez-vous un soir, soit à Gennevilliers, soit dans le XIXe (pour ne pas oublier notre identité prolétarienne). Bon, comme les gauchistes sont toujours en retard, on attend quelques heures que tout le monde arrive. Entretemps, on ouvre des bouteilles de bière histoire de se mettre dans l’ambiance. Après une heure à dire des conneries en buvant des bières, on se dit “putain, Denis il fait chier à travailler si tard à Afrik.com”. On rouvre une bouteille, et on allume la Gamecube. Bah ouais, faut bien s’occuper. On se fait des parties de Mario Kart. Histoire de foutre la honte à Louis, Sam et Nath lui mettent la misère. Bon là, Louis est véner, il veut plus faire la maquette donc il nous fait chier avec Indesign : “Non, mais c’est facile, là tu fais un cadre, et ensuite tu changes la couleur... Bon là ça marche pas, mais c’est pas grave”.

Denis est arrivé. Mazal Tov. On sort la machine à raclette. On se fait une petite bouffe à base de pomme de terres, fromage, jambon et cornichons. On ouvre de nouvelles bouteilles. Damned, ce sont les dernières ! Il faut appeler Christian qui termine sa réunion sociale-démocrate. Une heure plus tard, Christian se ramène, avec trois bouteilles de rouge. Youpi, la soirée réunion peut continuer. Après le vin, on se fait des shots de vodka-grenadine, c’est vraiment la dèche. Les derniers métros partent bientôt, les rédacteurs rentrent petit à petit chez eux, le ventre rempli et le foie ravagé.

On n’a pas oublié un truc?

Béatrice CointeTrop n’en faut

Viviane GraveyLondon Calling

Nathanel AmarTya Sen

Arnaud IssHé, ho, Santiano

Roses MoralesPétrole Hahn

Sabine DobryQuatre fromages

Victoire TuaillonCasse-noisette

Dominique Albertini

Bras droit de Déa/Directeur de la Publication

Eric BessonBesson, Déat, même combat

La main de Thierry Henri (Fist) Fuck Irlande

Ciné Vodka, le Blog cinéma d’IVV!www.invodkaveritas.com,

rubrique “Ciné Vodka”

Sciences Po über allesLes courses pour la réunion d’IVV

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POUR UN REICHY DE 1000 ANSL’an passé dans un numéro spécial nous filions la comparaison entre Koin-Koin et le Grand Timonier. Mais c’est ailleurs qu’il faut chercher le vrai modèle de notre grand leader : non pas dans la Chine des années 1960, mais dans l’Allemagne des années 1930.Il suffit de relire attentivement ce que Ian Kershaw, grand spécialiste du IIIe Reich, écrit sur le fonctionnement de l’Etat nazi, pour s’apercevoir que Reichy s’applique à reproduire point par point le modèle de « gouvernance » (Ah… Quel beau Pipo-mot !) de tonton Adolf.

Pour faire bref Kershaw1 postule que le IIIe Reich repose sur un système où les différents acteurs de l’Etat « vont vers » Hitler. Il ne donne pas spécialement d’ordre précis, mais ses gentils lèche-culs en botte et culotte de cheval s’empressent d’aller au devant de ses attentes. Cela sert principalement à expliquer qu’il n’y ait pas à proprement parler d’ordre écrit d’Hitler déclenchant la Shoah.

De Berlin à la rue Saint-Guillaume, l’époque change, mais les principes sont les mêmes. Reichy a construit son image de grand leader sur l’usage immodéré des nouvelles technologies : Facebook, blog, etc., dans lesquels il a expliqué en long et en large son combat... avant de le formaliser avec De la Courneuve à Shanghai. Ce bon Kanard-Führer a aussi su devenir habilement le numéro 1 en comptant sur la sénilité de l’ancien maître : tel Hindenburg, René Rémond fut un vieux réac incapable d’empêcher la prise du pouvoir et la destruction du modèle aristocrate et bourgeois qu’il représentait.

Grand-peur et misère de Sciences-Po

Coin-coin gouverne avec une administration déstructurée, avec un pouvoir multipolaire. Des individus peu recommandables, tous ambitieux, se plient aux desiderata du leader. Et malheur à ceux qui échouent : Bigorne a dû fuir en Angleterre tel Rudolf Hess, Prunier comme Rohm a été victime d’hommes de mains pour faire la place à des hommes nouveaux et moins scrupuleux.

Herr von Koin-Koin a également tout a fait compris l’importance d’une bonne et efficace propagande. Et comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même il use et abuse de Facebook, son blog et divers outils de communication. Mais cela ne suffit pas, un coordinateur est nécessaire pour faire entendre une seule et intelligible voix. Sciences Po à besoin d’un Goebbels, et l’a heureusement trouvé en la personne de Cyril Delhay. Les e-cours de septembre permettent de constater les indéniables talents d’orateur de l’homme, et c’est sur lui que l’on compte désormais pour galvaniser la troupe des étudiants. Sa résistible ascension s’est concrétisée cette année par sa toute

1 KERSHAW Ian, Qu’est ce que le nazis-me ? Problèmes et perspectives d’interprétation, Paris, Gallimard, 1992.

nouvelle mainmise sur la Newsletter, outil de communication de masse s’il en est. Un jour peut-être sera-t-elle une digne héritière du Völkischer Beobachter.

Ainsi cette administration où chacun relit quotidiennement les écrits du barbu, pour anticiper sa grande pensée, afin de se faire bien voir et de monter dans la hiérarchie n’a rien à envier à la Wilhelmstrasse. Et chacun des sbires du régime sait qu’il est en concurrence avec ses semblables. Le déséquilibre et la déstructuration de cette administration font disparaître les garde-fous traditionnels. Tous multiplient les initiatives pour aller au devant des attentes du chef. Et ceci permet à Herr von Koin-Koin de parader, d’aller ailleurs et de ne pas s’occuper des affaires internes : on le fait très bien pour lui. Ce qui lui permet d’être un « dictateur paresseux ».

Cela va même jusqu’au peuple : certains syndicats n’existent que pour chanter les louanges de Kanard-Führer… Tout le monde s’est trompé : « Nouvelle donne », ce n’est pas une référence à Roosevelt mais à l’Ordre nouveau ! Enfin, puisque même ces archéo-fachos de l’Uni s’y sont trompés… Chez cette Jeunesse canardienne la chemise brune a seulement été remplacée par le costard trop grand. Mais l’espérance placée dans le chef infaillible est la même. Confrontés à des problèmes avec leurs profs ou l’administration, leur foi infaillible en Canard-Führer n’est pas ébranlée : ils restent au fond d’eux-mêmes persuadés que ce n’est pas de sa faute et qu’il condamnerait les misères qui leur sont faites. Koin-Koin transcende véritablement son petit monde grâce au pouvoir charismatique dont il sait si bien jouer. Tout est fait pour provoquer l’adhésion massive. Ajoutons-y encore l’exemple du Ciné-club, petite UFA en gestation, avec qui sait un jour notre cher Juan Paolo Branco dans le rôle de Leni Riefenstahl ? Déjà photographe officieux de Koin-koin, peut-être passera-t-il à la réalisation bientôt ? Les différentes associations à la botte de Kanard-Führer, l’AS(S) et le BDE, ne font rien d’autre que répéter le modèle du « Kraft durch Freude », la force par la joie, cette association visant à encadrer les Allemands dans leurs divertissements, en organisant croisières, vacances, concerts etc.

Avec Reichy, Sciences Po a également adopté une nouvelle langue, comme l’Allemagne a connu sa Lingua Tertii Imperii2. Cette Novlangue qui mêle « gouvernance », « bachelor », et d’autres

2 A ce sujet lire absolument le livre de Viktor Klemperer, LTI : Lingua Tertii Imperii : Notizbuch eines Philologuen.

termes aux consonances anglo-saxonnes permet au discours nouveau de s’imprimer dans les têtes, d’exprimer au mieux la Weltanschauung de Koin-koin, et de renforcer le Führerprinzip.

Pour finir il n’est guère besoin de s’attarder longtemps sur la politique d’impérialisme de Sciences Po pour dresser un parallèle évident avec le Lebensraum rêvé de nos glorieux ainés. Pour survivre, l’institution a besoin de s’étendre, d’acquérir de nouveaux terrains, au détriment de ses voisins immédiats. Rien que de très normal, nous fûmes trop longtemps confinés dans la modeste rue Saint-Guillaume par les puissances hostiles de la mairie de Paris. Et celles-ci continuent chaque année à nous faire payer injustement une véritable rançon. Quel insupportable Diktat ! Il faut s’étendre pour survivre, et pour cela tous les moyens sont bons. Canard-Führer sait bien que les négociations n’aboutiront pas toujours : il a déjà commencé à se préparer. En ce moment même Sciences Po se réarme : selon des informateurs bien placés les travaux lancés à la bibliothèque du 27 camoufleraient en fait la construction d’un réseau de bunkers souterrains. Le bâtiment des Ponts et Chaussées a été récupéré après des négociations de haute lutte, mais il ne pourra toujours en être ainsi.

Et si tout cela se passe mal, et que Canard-Führer est vaincu par les traîtres, qui au sein même de Sciences Po, travaillent pour l’ennemi, il sera possible pour ceux qui auront été un peu trop loin de se reconvertir. L’Oréal est toujours là pour ça, et ils ont le mérite de l’expérience en la matière.

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« Je regarde devant moi, je connais mes droits, je suis étudiant à Sciences Po.» Réponse : « J’emmerde Sciences Po ! »”Anyss A, Libération.

« La haine de l’Etat et de la France n’a pas de couleur. A chaque fois que j’ai écouté des interventions de M. Descoings il transpirait ce rejet de la France et même des intellectuels qui ont fait cette France. »Malika Sorel, membre du Haut conseil à l’intégration.

Ça y est, encore une fois Sciences Po est au centre des médias, et même en une de Libé. Et pas de Coin-Coin mania là-dessous : il s’agit de défendre l’un des nôtres, un étudiant pas assez blanc au goût des CRS. Il n’est pas question de s’attarder sur cette affaire en tant que telle : les policiers ne sont pas avares de formules racistes. En l’occurrence, leur principal tort serait plutôt d’être trop con pour avoir le racisme “sélectif”, ne pas comprendre qu’avant d’être “arabe” leur victime était d’abord “de Sciences Po”, et mérite donc des excuses pour ce comportement inadmissible. Pas d’inquiétude, cela n’aurait pas court au-delà du boulevard Saint-Germain. Si la parole raciste avait été destinée à un “Arabe”, mais s’était ajoutée au fait qu’il était de banlieue, fumant un peu de shit et simplement en BEP, personne n’en aurait fait une histoire... Bref, du racisme socialement sélectif, “choisi”, comme l’immigration. Dommage pour le gouvernement que ses flics ne soient pas capable d’intégrer ça... Mais aussi ce pipoteux que venait-il faire là pour un match de foot? On ne leur simplifie pas là tâche ! Mais là n’est pas l’intérêt de la question, Anyss, IVV te soutient ! Pour avoir testé les lacrymos et les coups de matraques assénés par des flics, on sait ce que tu ressens (du moins dans ton corps). Par contre ce dont personne n’a parlé, ni sur quoi personne n’a semblé s’interroger c’est la place de notre Canard national dans ce buzz médiatique. Tous les journaux ont repris l’information selon laquelle Anyss a fait part de son indignation à King Koin, qui l’a aussitôt poussé à s’exprimer et à faire partager son expérience. Or, raconter ça à son directeur, ce n’est pas évident pour tout le monde. Dans la plupart des autres établissements ça ne serait pas possible, et quand bien même, serait-ce là le réflexe spontané d’un étudiant ? Dans ce cas, on le raconte à sa mère, à son père, à ses amis, si l’on veut se plaindre on va à la police (bon dans le cas qui nous intéresse on comprend les réticences à retourner voir les tuniques bleues). C’est là un des miracles du roi de la com’ du 27, s’immiscer si complètement dans la vie des étudiants que beaucoup finissent par le prendre pour le père, c’est à dire s’adresser à lui pour tout, y compris (surtout) ce qui est extra-scolaire. Allez, frappons-nous un peu ! IVV rentre complètement dans ce schéma, nous sommes en quelque sorte les ados de Pipo, en pleine crise, on conteste l’autorité de Papa, on crie fort et on le fait chier... avant de rentrer dans le rang. Du moins, c’est ce qu’on nous dit.

Anyss n’est pas un cas isolé, le syndrome se retrouve chez beaucoup, il suffit pour cela de s’arrêter sur le blog et le Facebook de Coin-Coin. On attend donc avec impatience le jour où il consolera l’étudiant(e) qui s’est fait largué pour un beau brun musclé de l’AS, l’étudiante qui a perdu son carré Hermès... Par contre, pour celui qui n’a pas ses crédits d’éco ou qui se démène avec le dédale des cours de langues, rien, nada, peau de zob. Car papa est du genre intéressé, et délaisse un peu l’éducation de sa progéniture. Il est surtout là lorsqu’elle sert son lustre, tel un père qui se pavane à une remise de prix négligeant son gamin pour mieux se mettre en avant. L’affaire ici était donc des plus intéressées, car le buzz justement à permis de faire parler de Sciences Po et donc comme à chaque fois de lui... même S’il n’est pas exactement la tête d’affiche, il est des seconds rôles prestigieux. Sans mettre en doute son indignation contre les injures racistes, ce n’est peut-être pas par simple compassion et sentiment humaniste qu’il s’est jeté dans la bataille de l’anti-racisme. D’où la limite de l’affaire : car à quoi bon parler des jeunes de banlieue victimes eux aussi du racisme policier ? Tant qu’ils n’entrent pas à Sciences-Po ils n’ont guère d’intérêt. C’est peut-être là une solution pour rendre les conventions CEP encore plus attrayantes.

Gaz pas chaud

Coin Coin est de nouveau la star des médias... d’extrême droite, comme fdesouche.com qui en fait sa une. Après s’être brillament interposé pour ne pas laisser la vermine fasciste entrer au sein de Sciences Po (rappelez-vous l’affaire Soral détaillée dans le numéro 5), notre directeur bien-aimé est cette fois-ci attaqué pour son soutien à Anyss, victime de l’agression raciste qui a fait la une de Libé.

Et la charge principale vient d’une membre du Haut conseil à l’intégration, nommé par la droite, Malika Sorel (non, ce n’est pas un anagramme d’Alain Soral). Cette brillante détective (diplômée de “plusieurs grandes écoles” selon sa biographie officielle) voit la main de Descoings derrière toutes les attaques anti-françaises des islamo-judéo-gauchistes. “A chaque fois que j’ai écouté des interventions de M. Descoings il transpirait ce rejet de la France et même des intellectuels qui ont fait cette France”, nous dit-elle sur son blog. Pire, Herr Coin-Coin détient (tout comme les Juifs) le pouvoir des médias entre ses doigts crochus : “la caste qui détient le pouvoir média [sic] adore les gens qui crachent sur la France et sur ses représentants, à commencer pas sa police nationale”. On voit tout à fait Coin-Coin brandissant un poing rageur à la vue de policiers, criant “Police nationale, milice du Capital”.

Malika Sorel, dans la plus pure tradition du négationnisme d’extrême droite, ne fait pas qu’attaquer Descoings, elle remet en question le témoignage d’Anyss. “Personne ne semble se poser la question suivante : ce jeune était-il vraiment sur place ou a-t-il inventé son histoire ? Plusieurs détails sont en effet troublants. Pourquoi n’a-t-il pas porté plainte ? Pourquoi aucune photo ni vidéo de témoignage ? Pourquoi ne veut-il pas montrer ses témoins comme il l’a dit sur le plateau de Canal ? Ses explications étaient d’ailleurs peu convaincantes. Comment se fait-il qu’il dise avoir été méconnaissable tant il a été « gazé » par les lacrymogènes et qu’il ait pu, au même moment, aller demander des explicationsà un CRS [?] Ses propos me semblent étranges et pas toujours cohérents”.

Encore une fois, l’extrême droite a du mal à assumer ses problèmes de gaz.

PIPO CONTRE LE RACISME POLICIER RÉCIT D’UN COUP MEDIATIQUE

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Rhétorique Figaro, leçon 1 : le complot d’extrême gauche

Qu’est-ce qui est donc décrit, dans cet article ? Les auteurs prétendent avoir vu “des élèves énervés, estampillés gauchistes”. Une étiquette qui, visiblement, discrédite tout propos. Mais, qu’est-il donc précisé quelques lignes plus bas ? Quand Jean-Paul Huchon, président de la région Île-de-France arrive et fend de toute sa bedaine la foule de “manifestants surexcités”, “on l’applaudit, il sourit”. Seul “un gamin” le hue et se fait immédiatement rabrouer : “Pourquoi tu hues, toi ?”, faisant fermer sa grande gueule au (pauvre) “mec1”. Huchon est donc “salué comme une rock-star” par des “gauchistes” et il “serre les mains qu’on lui tend” et qu’on imagine nombreuses. Il a dû être heureux de découvrir ça, avec son charisme d’huître, lui qui n’est en place que grâce au réseau cambadéliste et ne provoque aucun enthousiasme au sein même de son parti, au point d’y être surnommé “Polochon”2. Ou peut-être aurait-il fallu préciser la présence de militants de la section PS Sciences Po, pas réputée comme la plus “enervée” du royaume de France.

En terme de “surexcitation”, on aurait bien aimé avoir un exemple précis. Venaient assister à la conférence “organisée par le Réseau égalité Ile-de-France” des cadres et chefs d’entreprise. Une précision qui aurait pu être utile. Ces personnes n’ont en effet, jusqu’à preuve du contraire, pas été agressée lors de leur passage dans le hall bondé. “[U]n chef d’entreprise, cravate rose et mallette en cuir à la main” s’est même “discrètement” (?) mêlé “au monôme3” et “s’amuse”. Il devait être un peu maso, dans ce cas.

Visiblement peu au fait du fonctionnement d’une manifestation, les deux auteurs remarquent que “nos minots ont balancé leurs slogans” non pas une fois pour toutes, mais “comme un CD en pos i t ion « repeat »”. Nos reporters, en mode Tintin au pays des Soviets, repèrent “une étudiante, ravie du chahut”, probablement une anarchiste donc, qui explique avec délice que “Ça dure depuis 16h30”. Avec deux heures et demie de durée, on imagine le nombre de slogans qu’il aurait fallu écrire pour ne pas se répéter… Oui, mais “Eric

1 Hors le tutoiement peu poli en retour, une question simple me vient à l’esprit : que répondre à une question aussi bizarre, quelle que soit la personne en face de soi ?2 Pour avoir entendu son discours, j’ai com-pris pourquoi3 Un monôme est un cortège en file indienne, et non un rassemblement. De l’intérêt d’utiliser un dic-tionnaire avant de mal étaler sa confiture…

Besson n’est pas encore apparu dans l’amphi”, il est donc bizarre que son nom “[soit] hué, sifflé”, non ? Bonne objection, il aurait définitivement fallu attendre passivement, de quoi faire partir le plus farouche militant au bout de dix minutes.

Mais Besson se faufile finalement et “un étudiant, banderole à la main”, autant dire un fou, “éructe” : “Quoi, il est déjà rentré ?”. La bête était visiblement déchaînée. “Novembre 2008 sur des airs de Mai [19]68”, donc. Il ne manquait plus que de citer le propos de Jipé Huchon, déclarant sans honte à la tribune que la mobilisation lui rappelait de “bons souvenirs du temps où [il] occupai[t] la Péniche”, pour prouver que les lambertistes avaient finalement réussi

leur complot pour prendre le pouvoir au Parti socialiste. Par contre, mettre en avant que, dans cette action bien propre sur elle et relativement bon enfant, les étudiants était majoritairement des gros sociaux-démocrates, ça détruit toute la charge du Bondy Blog. Les “surexcités” ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Il n’empêche, les “gauchistes” ont une “grosse voix”.

Rhétorique Figaro, leçon 2 : l’usager pris en otage

Posons quelques faits. L’annonce de la conférence a été soigneusement minimisée dans la newsletter, magré la présence prévue d’un ministre, Eric Besson, et d’une secrétaire d’Etat, Fadela Amara (finalement absente). La réunion d’organisation a eu lieu la veille au soir. Les affiches ont été posées le jour même. En terme de buzz, on fait mieux, pour mobiliser autour de 300 manifestants, au pic du rassemblement. Se pourrait-il donc que des gens aient eu envie de manifester à Besson un certain refus du populisme et des

dégâts humains que créent ses politiques4 ?

Cette idée ne vient visiblement pas à l’idée du duo gagnant, qui s’imagine probablement qu’à gauche, le militant est un robot, programmé pour être présent dès que le buros en chef le réclame. Il est vrai que deux syndicats, trois sections de partis et trois associations5 ont répondu présent en l’espace de quelques heures, grâce au réseau interassociatif créé par l’Université alternative. Une machine de guerre, vous dis-je.

Non, l’homo normalis est mécontent. Mais de l’organisation de ce vacarme incohérent. Preuve en est, la pipoteuse apolitique de base : “A l’entrée de son école, on se plaint : « Mais, M. Descoings, accourt une blonde, le bout du nez rougie par le froid, y a une centaine d’étudiants qui attendent pour rentrer, parce qu’ils n’ont pas leurs cartes. Ils ne peuvent pas aller en cours. On dirait que vous préférez laisser entrer des guignols pareil. »”. Aucune distance n’est prise avec cette déclaration, tout juste la réponse amusée et paternellement bienveillante de Coin-Coin est-elle citée : ce ne sont pas des “guignols” mais des “étudiants qui font une manifestation”, et puis en 2007 Le Pen avait déjà déclenché une manifestation (voir numéro 7). En vassaux de l’establishment, les deux clowns approuvent : “si Le Pen a été reçu rue Saint-Guillaume, il n’y a pas de raison

qu’on y refuse Besson”. Personne, dans l’organisation, n’a jamais pensé à tenter de empêcher la tenue de la conférence,

la seule présence du PS en est la preuve, mais passons.

L’absence de distante est criante de mauvaise foi, et le commentaire en rajoute. La “blonde” a “le bout du nez rougie par le froid”… C’est la petite marchande d’allumettes d’Andersen qui veut aller en cours… La “centaine d’étudiants” doit être bien peu dégourdie puisqu’il était très facile de rentrer avec la carte d’une autre personne. La présence d’un contrôle n’a rien à voir avec la manifestation puisqu’elle aurait eu lieu de toute manière, du fait du passage d’une manifestation de sans-papiers à proximité6. Comment justifier d’ailleurs que les manifestants soient à l’intérieur du périmètre de sécurité ?

4 Alors que des institutions comme le Pnud (dans son rapport 2009 sur le développement humain) rappellent, contre les pseudo évidences assénées, que d’autres politiques migratoires sont possibles et que l’obsession sécuritaire est contre-productive.5 Respectivement SUD et l’UNEF ; NPA, PG et PS ; PAVéS, Sciences Papiers et Attac.6 Ces pauvres hères manipulés par l’hydre gauchiste CGT-SUD-LDH-Gisti-etc., qui leur font mi-roiter une régularisation pour perturber l’économie.

Au Bondy Blog, on a peut-être un peu trop sucé la roue de Coin-Coin, pardon, du “grand Richard, toujours “serein” car “maître des lieux” à Sciences Po, où il “en a vu d’autres”. Dans un billet du 6 novembre sur la mobilisation contre la venue à Sciences Po d’Eric Besson, c’est le florilège du parfait “Auvergnat” qu’on retrouve.““Auvergnat”, pour rappel, est devenu depuis la blague d’Hortefeux synonyme de “caution ethnique du système”. Soit le nouveau nom de “l’Arabe de service”, celui qui mange du porc, boit de l’alcool et est catholique ; plus largement, celui qui balance des propos frais moulus d’un cadre pré-mâché type Sciences Po, mais avec une étiquette “tierquar”.

BONDY BLOG LUMPEN PRESIDENT

Besson vous la met bien profond

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Le mécanisme est simple, et peut être inversé (“bouclier magique !”) en un clin d’oeil. Exemple de conversation entendue dans le jardin : deux personnes, qui ont visiblement assisté à la scène en badauds, parle d’un droitier, débarqué dans le hall avec un drapeau tricolore sorti d’on ne sait où (non, pas de là…). “Non mais c’était qui ce fou ?”, dit la première personne. “Oh, lui, je crois qu’il est royaliste…”. De quoi en conclure, selon la méthode Bondy Blog, que les trois ou quatre réacs qui ont tenté, les premières minutes, de provoquer une réaction de soutien à Eric Besson, faisaient partie de l’Action française et voulaient renverser la République.

Rhétorique Figaro, leçon 3 : la manipulation des faits

L’angle du billet est donné en conclusion du premier paragraphe : “L’ambiance était surchauffée [à Sciences Po]. Elle a failli exploser”. Une ambiance qui explose, je ne sais pas trop ce que cela donne. Peut-être est-ce que du coup, elle retombe. Mais passons. Mehdi Meklat et Badroudine Said Abdallah ont choisi leur grille de lecture et l’appliquent. La rage idéologique reprochée aux “gauchistes” se retrouve démultipliée chez les auteurs qui donnent une leçon magistrale de mauvais journalisme.

Comment décrire une tension montante, alors que la soirée n’a connu qu’un seul véritable moment de tension ? Il faut broder. Pendant deux heures et demie, il ne s’est rien passé. Puis est arrivé Eric Besson, par le 56, rue des Saints-Pères, comme il était prévisible que cela se passe. Il devait en conséquence entrer par la porte de service de l’amphithéâtre Boutmy. Prévoyant, un petit groupe s’était positionné là, et a établi une chaîne humaine devant la porte. Le but était clairement symbolique, puisque ce qui ressemblait au Service de protection des hautes personnalités (SPHP) était là en nombre. A ce moment se produit logiquement une montée (mineure) de tension, avec un léger accrochage et plusieurs étudiants écartés avec rudesse. Pas étonnant que Besson arrive ensuite dans la salle de manière brusque, clairement soulagé d’être là en sécurité, pendant que Huchon continue, imperturbable, sa soporifique diatribe contre le non-débat sur ce qui est officiellement nommé “identité nationale”. Pour l’anecdote, les chefs d’entreprise présents gratifient alors Besson d’une grande salve d’applaudissement, mais qui tient plus de l’impression d’être au théâtre et de voir Iago entrer sur scène. Cet élément n’était pas à la connaissance des blogueurs, qui n’ont donc pas pu en user pour leur démonstration.

Une fois ses critiques énoncées, Huchon décide de se retirer pour ne pas avoir à supporter le discours du traitre vendu aux plus basses besognes, dont nombre de membres du bureau national du PS planifient d’ors et déjà en coulisses la mort politique. Il traverse la salle et déclare selon le Bondy Blog : “Je ne veux pas être sur la même scène qu’Eric Besson” (je n’ai pas entendu, mais soit, le vocabulaire théâtral me plait). La farce grossière atteint la son apogée en terme de mise en scène, dans

le second et principal moment de tension de l’événement. Besson arrive à la tribune, probablement énervé de se voir snober par Huchon. Il fait semblant de le chercher. “Est-ce que Jean-Paul est encore ici ? Jean-Paul ? Ah, tu es là !”. Huchon est à cet instant proche de la porte. Et Eric Besson, qui a donc manqué la majorité de l’intervention de Huchon, se permet tout de même de lui décocher un doigt d’honneur métaphorique en lui disant crânement : “Jean-Paul, pour débattre de l’identité nationale, je te prends où tu veux et quand tu veux”. Le vent du boulet traverse visiblement la salle, qui n’en revient pas de tant de médiocrité.

Se produit alors un troisième événement, plus mineur encore (désolé pour les participants). Cinq étudiants, parmi les rares à avoir réussi à pénétrer dans l’amphithéâtre7, se lèvent sur les tables de Boutmy, déploient une banderole et entonnent le premier couplet de La Marseillaise. Jusqu’ici, tout va bien. Mais la suite n’est que réarrangement. La version du blog est la suivante : “« Aux aaaaarmes citoyennns…. », commencent-ils à rugir et à rougir. Et le lion Besson de les suivre, a capella, comme ça. Les autres, du coup, reprennent le couplet-refrain du titre phare, « Besson, démission ». Mais Besson continue, pour bien montrer que lui, la Marseillaise, il en connaît les paroles. Sur le bout des doigts. Les contestataires s’en vont, têtes baissées, leur coup de gueule passé. « Merci de m’avoir fait chanté l’hymne de mon pays », jubile le ministre”.

En terme de rugissement, le terme animal se rapporte à la description du “gauchiste”, mais ne recouvre aucune réalité. Comment rugit-on La Marseillaise ? En terme de rougissement, je n’ai rien vu de tel. Probablement un jeu de mots a-t-il été recherché. En vérité, de La Marseillaise, les militants passent à Maréchal, nous voilà !, avant de finir sur des slogans. Après avoir provoqué le chant d’une partie de la salle, le recours au mauvais goût amène un savoureux qui proquo où le bourgeois se choque et quelques étudiants droitiers, probablement les “royalistes” de tout à l’heure, se mettent à huer. En fait de tension, les choses restent plus que limitées puisqu’aucun garde du corps ne se déplace pour intervenir. Les petits chanteurs à la croix de fer ne sont pas interrompus et l’animateur des débats leur propose de venir exprimer leur point de vue. Pris au dépourvu, ils font alors l’erreur de refuser8. Et contrairement à ce qui est dit, ils ne “s’en vont [pas], têtes baissées, leur coup de gueule passé9”.

Autre anecdote, quelqu’un vient alors à la tribune, et explique d’une voix mal assurée avoir été en prépa au lycée Henri-IV avec Jean Sarkozy, qui y battait des records d’absentéisme, au point d’y être

7 L’amphithéâtre était officiellement bondé, avec des gens debout dans les travées. La quasi inté-gralité des places était en effet prises, mais le balcon est stratégiquement resté fermé.8 Un texte sera ensuite rédigé, mais trop tard pour être lu, il sera diffusé à quelques médias qui en reprendront des extraits9 C’est par contre le cas de Besson, à son arrivée comme à son départ. Il s’engouffrera à toute vitesse dans sa voiture de fonction, une fois la rue des Saints-Pères bloquées, quinze policiers autour de lui plus des dizaines d’autres répartis dans le quartier.

suspendu deux jours. Selon l’intervenant, Nicolas Sarkozy arrive alors, toutes sirènes hurlantes, et débarque dans le bureau du proviseur pour régler ça. Encore une belle leçon d’éthique, conclut-il. Besson répond alors — véridique — qu’à l’Epad, le suffrage est transparent et ouvert à tous.

Rhétorique Monde libertaire, leçon 1 : les patrons sont tous des fachos

Il faut relire trois fois la conclusion pour s’en convaincre, tant la charge est haineuse contre les gens mobilisés. Boule et Bill expliquent que “la fronde” des gauchistes mélomanes “reprend à l’extérieur” avec moult slogans. En réalité elle n’a jamais cessé et le volume sonore a augmenté alors que Huchon parlait encore. Mais là n’est pas le plus intéressant. Le slogan “Besson, démission !” est repris et l’intéressé, manifestement touché de l’attention. “« Ah, je crois avoir entendu Besson président », sourit, narquois, l’intéressé, à la tribune”, rapporte la fine équipe, avant de commenter : “Non, il a mal entendu”. C’est la première prise de position par rapport à Besson depuis le début du papier.

S’en prenant à présent au public de cadres et de patrons, les rédacteurs écrivent : “A ce qui se veut un bon mot, les personnes présentes dans l’amphi, bien dressées, éclatent de rire, claquent des mains”. Le traitement manichéen des gauchistes est à présent transposé aux encravatés. Il n’est pas précisé par exemple que le discours de Huchon a été applaudi par une bonne partie de la salle. Plutôt qu’une position ambivalente et floue, il est bien plus aisé de décrire “un public emballé”, qui se comporte “[c]omme pour encourager son poulain” pendant que “[l]es autres, dehors, tonnent toujours”. Et de conclure : “Pauvre France !”. Il faut dire qu’au niveau de la pauvreté intellectuelle, Mehdi Meklat et Badroudine Said Abdallah en connaissent un rayon.

Au passage remarquons que les commentaires de l’article du Bondy Blog ouvrent de nouvelles perspectives gastronomiques, en parlant notamment des “chapons” et “poulettes” de Sciences-Po. Entre ça et “identité = cassoulet” on attend l’intervention de Joel Robuchon dans le débat...

Coin-Coin... euh... Côt-Côt

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ET PENDANT CE TEMPS LÀ, À SCIENCES PO...

La création d’un nouvel IEP a été annoncée en juin dernier… pour cette rentrée à Barcelone. Projet plus que fumeux, il est clairement destiné à tous ceux qui ont foiré les concours de Paris et de province, car “nombre d’élèves pourtant brillants et méritants restent définitivement hors circuit” du fait de la “montée en difficulté de la sélection”. A ces pauvres étudiants, déçus dans leurs espoirs de gloire, il faut offrir “une possibilité supplémentaire de rejoindre une élite étudiante en sciences politiques” !

Sciences Po Barcelone, un sous-IEP, donc ? Euh, oui mais non… C’est à dire que “nous sommes une équipe de passionnés issus nous-mêmes de Sciences Po”, vous savez, déjà “à l’origine de la création de la 1ère préparation à Sciences Po en ligne”, dont on apprend sur une autre page du site qu’il s’agit d’un “projet”. Quoi de plus sérieux, n’est-ce pas ? Et puis, il existe dans l’équipe “un lien étroit avec notre école d’origine, en assurant sa promotion par ailleurs”. Certes “à titre personnel”, mais “nous en connaissons le haut niveau de valeur ajoutée intellectuelle”. Alors donc, l’IEP de Barcelone, qui pompe éhontément l’ancien logo de celui de Paris, tient à préciser que sa création “est strictement indépendante tant de la direction de notre école d’origine, que de nos nombreuses activités auprès de celle-ci ou au sein de l’association des Sciences Po”. On aura compris. Sciences Po Barcelone est tout à fait lié à Sciences Po Paris, mais en fait pas du tout. Subtile stratégie de communication. D’ailleurs, on ne dit pas “Sciences Po Barcelone”, mais “ScPo Barcelone”, même si “nous avons eu des difficultés, lors des 1ers points presse,

à empêcher les journalistes et étudiants de nous appeler « Sciences Po » Barcelone”.

Les écoles de commerce pour fils de bourges ratés existaient déjà, voici à présent la version pipoteuse. Quelle bonne idée ! Vivre dans un film de Cédric Klapisch, où en plus les cours sont quasiment tous en français, pour seulement 104,53 € de

frais de dossier et 6 400 € de frais d’inscription ! Les étudiants baigneront de plus dans un “bain culturel”, symbolisé par le FC Barcelone. Du soleil, du foot, mais est-ce qu’il y a de la meuf ? Oui, à regarder la propagande proposée sur le site, probablement

celle publiée dans La Dépêche du midi et Le Midi libre selon Boivigny.com, qui montre quatre jeunes filles en jeans taille ras-la-foune. Quel besoin, dans ca cas, de s’interroger sur une équipe de direction difficilement identifiable1, sur le côté off-shore de l’entreprise2, sur un lieu d’études fantôme ou sur un programme des plus flous ? L’enjeu est bien plus important : “cré[er] une tradition”. La rigueur ne manquera pas, d’ailleurs, d’imposer “[l]ors de certaines journées, (accueil de personnalités politiques européennes notamment), le port d’une tenue commune, bleue marine et blanche”. Et un béret à pompon rouge ?

1 Boivigny.com confirme (08/07) que Jean-Marcel Rostand, le seul membre du Conseil scienti-fique pour lequel est précisé “diplômé de Sciences[ ]Po Paris”, est bien le directeur de Sciences Po Barcelone. Cadre de La Poste en disponibilité, désormais dans le conseil, Rostand réalise son site comme une présenta-tion Powerpoint. Il pratique comme loisir le kart, la F3 et la création d’IEP en Espagne.2 Bien que censée se trouver à Barcelone, le “grand établissement privé, indépendant et interna-tional” est géré par une association loi 1901 enregistrée à Perpignan

La verge espagnoleLa bière est en dangerLe 3 novembre, l’Université alternative donnait une conférence sur le thème “Une autre entreprise est-elle possible ?”. Pendant ce temps là, l’équipe d’IVV réfléchissait à l’Abbaye sur une question bien plus fondamentale : “Une autre bière est-elle possible, patron ?”.

Plus mou le PS Sciences PoThème de la réunion du PS Sciences Po, le 2 novembre : “Quel avenir pour les jeunes en France ?”. C’est qu’elle semble bien loin, l’alternance…

La dette de la friteLa subvention étatique de 30 000 € décrochée par RSP en juin 2006, pour la construction d’un studio, l’était au titre de l’égalité des chances. La Maison a bien profité de la manne, et a baladé l’association en s’appropriant l’argent. “Egalité des chances”, mon anus, donc. Mais en 2009, 3 ans plus tard, RSP se rachète une conscience en lançant en collaboration avec Vicious Delhay (chargé des CEP) et quelques partenaires institutionnels un projet pour aider des terminales de lycées conventionnés à réaliser des émissions de radio. Commencé dans 4 lycées de l’Académie de Créteil, le projet “Voix libre” est censé s’étendre cette année. Et même si à RSP on nous assure d’être motivé par une vraie démarche, c’est dans le même temps une manière d’éviter que soit exigé le remboursement d’une subvention versée indument…

Crès a souille sa godasseIncroyable, on a trouvé un responsable associatif qui aurait tiré satisfaction du retour de Bigorgne ! Selon lui, “le homard” avait au moins pour lui de soutenir la vie étudiante. Dans une interview de 2006, alors qu’il était encore à HEC, Crès avait en effet déclaré “bander” sur le cursus scolaire et non sur la vie associative (voir numéro 17). Pas de quoi rassurer, mais heureusement Crès aurait désormais une mi-molle pour les associations. La petite pilule bleue fait des miracles.

Une vidéo1, Richie nous parle de “Fifi”. Evoque-t-il…

a) Ses jeunes années en cabaret ?b) Son défunt berger allemand ?c) “Fiscal et financier”, une ancienne filière de formation ?d) Sa proximité avec le Premier ministre François Fillon ?e) Son amour de la littérature enfantine suédoise ?

(réponse c), étonnamment)

1 http://vimeo.com/6869179

La connerie de Richie

Richie sur le divan“On raconte ses rêves, on ne raconte pas si facilement ses fantasmes érotiques ; c’est que dans les premiers on ne reconnaît pas son désir alors que, avec les seconds, on sait bien qu’on le mettrait à nu” (Facebook, 21/08) [Extrait de La Psychanalyse pour les nuls ?]

Fais-moi mal, Richie, Richie, Richie…

Avec son accent anglais légendaire, Coin-Coin déclare dans une vidéo de présentation2 que le diplôme de fin de premier cycle s’intitulera :

a) Un bête chleu ?b) Un bulldog ?c) Un belche lord (une fois) ?d) Un bêche-l’eau ?e) Un baille large ?

(réponse c)

2 http://vimeo.com/6906115

Coin-Coin quiz

La nouvelle équipe pédagogique de Scences Po

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“Le Petit journal actu” du 15 octobre (Canal+) montre une Valérie Pécresse pas vraiment à son avantage. Yann Barthès nous présente l’”image hallucinante d’une ministre qui se fait totalement snober” par les voyageurs débarquant gare d’Austerlitz à 8h du matin. La faute aux caméras, dit-elle. Puis la faute à Rama Yade, arrivée en retard, et qui distribue quant à elle ses tracts avec la plus grande facilité. Après Françoise de Panafieu dans sa ridicule campagne pour la mairie de Paris, c’est notre ministre de l’enseignement supérieur préférée qui fait des siennes. On risque de devoir se la taper encore quelques temps, rue Descartes.

La ministre UMP a par ailleurs décidé de faire sa campagne à Sciences Po via l’utilisation illégale du fichier des adresses mail étudiantes. On imagine que la découverte

exaspérante d’un courrier non sollicité a dû convaincre un grand nombre d’étudiants à voter Pécresse aux régionales1. Pour le reste, plusieurs demandes de mise en conformité avec la loi Informatique et

libertés (droit d’accès aux données) n’a donné lieu à aucune réponse de la part de l’équipe de campagne. Il est bien connu que la loi ne vaut que pour le vil peuple, celui qui pirate Michel Sardou. IVV n’a même pas eu le temps

de le tacler, Matthieu Creux s’est dénoncé tout seul en réunion de travail syndicale. Vous savez désormais à qui vous plaindre.

1 La stratégie web des partis politiques est de manière générale d’une bêtise affligeante. Chacun veut met en ligne ses vidéos et son réseau social, qui n’intéressent personne. Le Nouveau Centre a même décidé d’investir 10% de son budget, 100 000 € par an pendant 3 ans, pour son développement web (La Croix, 05/11)

Pécresse, candidate en détresseUn costard pour un tocardHervé Crès se trouve “un petit côté…a) “cabotin”b) “cabot”c) “bottin”d) “catin”[Pour Crès c’est la réponse a) (Tribord, mai 2009) mais en fait il y avait un piège puisque c’est la réponse exacte est bien sûr la d)]

La positive attitudeEtienne Longueville, dit “Longbottom”, est très optimiste dans un message adressé aux socialeux de Pipo (02/09) : “La derniere année socialiste a été catastrophique. La nouvelle s’annonce mieux”. En même temps c’est pas trop difficile, à ce niveau là.

Langue de vipèreLe blog de la bibliothèque rapporte (20/03) que 40% des livres du catalogue sont en français, 40% en anglais, et le reste dans d’autres langues. En rayonnage, c’est étrangement le fond français qui est exploité.

Novus ordo seclorumL’ouverture de l’école de droit de Sciences Po ? “C’est grande victoire (sic) pour Nouvelle donne qui n’a cessé de la réclamer depuis des années et que ses élus (re-sic) n’ont cessé de soutenir dans toutes les Commissions de Sciences Po” (nouvelle-donne.fr, 30/09). Une grande victoire du cirage de pompes, une grande défaite pour la langue française.

La baise à l’aiseAprès l’ouverture de salles prétendument “de repos”, Sciences Po complète le dispositif avec désormais la mise en place de distributeurs de préservatifs à 20 centimes. “Ils sont spécialement conçus pour une installation en lieu public de forte fréquentation”, explique la newsletter (30/09), sans préciser si c’est bien des machines dont il est question.

Comment être sûr de réussir sa prépa Sciences Po ? littlestylebox.com nous offre une réponse (28/06) en la personne de Yannick, qui “a l’air très sage mais reste résolument rock” avec ses “[l]unettes Yves Saint Laurent”, son “[j]ean Cheap Monday”, son “[s]ac Vespa” et ses “[c]haussures Zizi Repetto”. A le voir, avec son amie Romaine (quel joli prénom, si différent !), “Isabelle” déclare : “J’en suis tombée de mon fauteuil tellement ils sont bien !!”. On espère qu’enfin la direction saura s’adapter à son temps et intègrera une épreuve “Défilé” dans la procédure d’admission.

La connerie de Richie

“[P]our être honnête je me demande toujours ce que sont les arguments de ceux qui s’inquiètent d’un déclin de Sciences P[o…]” (12/07)

Fais gaffe Richie, tu vas tacher ta chemise de soie !

“[Coin-Coin] écoute l’herbe pousser et voler la colombe” (Twitter, 24/07)

Et non l’inverse.

A La Rose et le poing, le journal de la section du PS Pipo — qui a pour seul intérêt les mots croisés d’Elsa Foucraut —, on a tellement de soucis qu’on peut prendre sur soi ceux des autres, on n’est plus à ça près puisqu’on en est réduit à “boire pour oublier” (message post-européennes, 11/06). Une nouvelle rubrique a donc été créée pour le numéro 15 (juin 2009), tenue par l’ancienne secrétaire de section Camille Spire et sobrement intitulée “Plus beau le PS Sciences Po” (notez la rime interne !). Spire nous invite à lui écrire pour “résoudre les problèmes quotidiens de ses lecteurs” en nous faisant “profiter de son expérience et [en n]ous adress[ant] ses conseils les plus avisés !”. Première question : “On me dit que l’Europe est belle mais quand je vois Barroso, j’en doute…”. Ah, je crois qu’on a là une amorce de programme… En avant 2012 !

J’m’ai fait mal Les beaux-beaux

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Pas de blocage à l’horizon. Tant pis pour l’UNI, qui ne pourra pas maudire ces « dinosaures marxistes » comme au bon vieux temps. La réforme du concours, promue jusqu’à la nausée par l’UNEF, représente alors un formidable coup de pouce pour les dégénérés congénitaux de l’UNI (faut bien placer les consanguins quelque part). « Hey Richie, touche pas à mon concours » ou « Mon concours, je l’aime et je le défend [sic] » fleurissent un peu partout sur les murs de Sciences Po. Outre la propension de l’UNI à malmener la grammaire et la réutilisation de la logorrhée sarkozienne, nos amis de droite prouvent encore une fois leur aversion envers toute réformette censée mettre un verni « démocratique » au recrutement des étudiants de Sciences Po. On se rappelle de l’opposition de nos preux chevaliers blancs pour les conventions CEP (qui s’est terminé au tribunal), on a aujourd’hui droit à leur rage face à « la transformation de la péniche en bac » [re-sic]. Episode mineur quoique cocasse : le Nouvel Obs relève dans son site oueb que l’UNI s’oppose « à la circoncision du concours », faute de frappe (quoique), ils voulaient bien entendu dire « circonscrire ». Voila de quoi faire le lien entre convention CEP et réforme du concours, trop de circoncis à Sciences Po porte malheur… Nous n’allons pas nous attarder sur cette pseudoréforme, qui ne change pas grand-chose à la sélection sociale imposée par le concours (non, ami-e de l’UNEF, l’oral n’est pas un instrument de démocratisation du concours), mais plutôt reprendre dans le texte les arguments de l’UNI, véritable soubresaut du cadavre de la noblesse de robe de Sciences Po.

« Concernant l’histoire nous pensons que réduire le programme à la période de 1945 à nos jours ne ferait que diminuer le niveau de connaissance des candidats et réduirait

les exigences du concours ».Il est vrai que le programme devrait remonter, au moins, à 732.

« D’autre part, nous pensons qu’il ne faut pas réduire une épreuve de culture GENERALE [notez l’utilisation des MAJUSCULES] à une simple liste de livres. Il faut valoriser une culture personnelle et non académique.Une liste de lecture imposée à chacun, c’est l’appauvrissement du concours pour tous ! »

Contrairement à l’UNEF, l’UNI a bien lu et retenu son Bourdieu. Ils ont compris que la culture générale, cela ne s’apprend pas à l’école mais à la maison. Préservons la sélection par capital culturel, c’est en gros l’argumentaire de l’UNI. On remarquera l’hostilité pour toute « imposition » de liste de lecture, qui ressemble un peu à l’imposition par un Etat socialiste d’un plan quinquennal.

« Il faut que l’avis des étudiants soit respecté ! Où est donc passée la démocratie étudiante, si chère à Mr Descoings ? »Dans ton c.. ?

Bref, cette année est propice à une réhabilitation des valeurs traditionnelles de la droite. Lors de la venue de Besson à Sciences Po, nos courageux pourfendeurs de la chienlit sont arrivés en masse (trois ou quatre, au moins), faire montre de leur amour de la France. Drapeau français à la main (vite rangé devant la foule hostile des étudiants), ils se sont empressés de défendre l’identité nationale à la table du PG et de SUD (on pouvait pas trouver meilleur endroit). Répliquant à un membre du syndicat à boire qui défendait la pluralité des mémoires et des identités, notre UNI-boy déclarait être fier d’être français, son grand-père lui racontant depuis petit la bataille de Verdun à laquelle participait son propre père (ah, le vainqueur de Verdun, fierté nationale), et la guerre d’Algérie qu’il avait lui-même faite pour défendre « les valeurs de la France ». Lorsque le gauchiste, mu par son « racisme anti-blanc » habituel des gauchistes, lui répondit que pour ses parents cela avait signifié la colonisation de leur pays, notre ami fier-d’être-français déclara : « Ne faisons pas de la politique ».

Bien dit.

AlternanceDans sa lutte permanente contre le stalinisme qui règne à l’université, le président de l’UNI, Jacques Rougeot, a décidé de mettre terme à son mandat (uni.asso.fr, 09/11). En place depuis 1968 et la création de l’organisation, Rougeot laisse place aux jeunes : Olivier Vial tiendra l’organisation pour les 30 prochaines années.

Au service de sa MajestéEn 2007, pendant la période de la présidentielle, Nouvelle donne a “fait le choix de ne soutenir aucun candidat et [de] reste[r] ainsi fidèle à son engagement apartisan”, le tout “dans le respect des différentes tendances politiques de ses membres”. Mais nous sommes en 2009,

c’est bon, Sarkozy a gagné. Aussi Matthieu Creux — le meilleur d’entre nous — peut-il envoyer via Facebook aux sympathisants de ND une “proposition de stage à l’Elysée” (16/10).

Ce “poste d’assistant aux attachés de presse, au sein du service de presse du Président de la République” consiste en la “conception de revues de presse, de notes de synthèse de l’actualité, [l’exercice d’une] veille internet, [la] mise à jour de fichiers”, et “très occasionnellement”, genre jamais, une “aide aux attachés de presse sur les déplacements du Président de la République”. Vise le job tout pourri, payé 358 €. Les “tickets repas”, seul luxe autorisé, n’effacent pas les “horaires flexibles” qui laissent à supposer que les

Brèves de droite

Rions avec l’UNI

“Vous le savez, nous ne sommes pas enclins à approuver les yeux fermés chaque projet de la direction” (Sébastien Janicot, Tribord, mai 2009)

“Lʼextrême gauche déçoit sur le plan des idées” (Henry Simonin, Tribord, mai 2009)

L’UNI contre la circoncision du concours...

L’UNI, nouveau club de rencontre pour les droitiers.

45 heures demandées sont sous-estimées. Il n’est pas précisé si parfois, on obtient le privilège suprême d’aller servir le café en grand manitou.

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Doigt dans l’ingérenceNotre ami Branco s’illustre une fois de plus. Présent sur la liste R.E.G.L.E.S. lors des élections du BDE avec sa camarade de Ciné-club Margaux Juvenal (respectivement pour les postes de responsable culturel et secrétaire générale), Jipibi s’est permis d’utiliser la mailing list du Club pour inviter (09/06) à voter pour sa liste au mauvais humour. Sur le Facebook de Canard Ier, ne pouvant se retenir, il est même allé plus loin en écrivant : “Si vous avez aimé les équipes de l’AS et du cinéclub cette année… votez R.E.G.L.E.S au BDE !” (09/06). En résumé, Juan-Juan se permet dans le cadre des élections du BDE de parler au nom des deux autres principales associations permanentes (le Ciné-club dépend du BDA), qui ne peuvent par essence pas intervenir dans la gestion de leur voisine. Quelques dents ont du grincer, dans l’administration et les assos. Mais tant pis pour eux, on court des risques, à placer un branque haut…

Branco a d’ailleurs fait directement intervenir le BDA à son profit, via un message Facebook : “Margaux Juvenal se présente au poste de secrétaire générale du BDE et votre serviteur à celle de responsable culturel” (09/06)

Ce que le BDE a perdu avec Juan Paulo...Prix de la vidéo de présentation la plus ratée est décernée à l’unanimité du jury composé de trois chimpanzés et une guenon… au BDE nouveau (05/10). Musique qui couvre les propos, incrustation numérique de texte faite main (des bandeaux de papier découpés dans de vieilles affiches), une présentation qui commence avec un gros “BOING !”, des coucous et des sourires niais, de la mièvrerie, de la gentillesse surjouée, du gros pixel qui tache… On a rarement fait pire. Une minute quinze, c’est la durée de la vidéo, mais également aussi le temps consacré à sa préparation. Le corpus delicti : http://vimeo.com/6906278A comparer avec les présentations produites par l’AS (http://vimeo.com/6906388) et le BDA (http://vimeo.com/6906617).

Le doigt moite de DeloitteRéaffirmant son indépendance, le BDE effectue enfin la propagande du stand Deloitte, lors du Forum des Entreprises de Sciences Po. Ce n’est pas la première fois puisqu’un événement “Deloitte Sans Tabous” (sic) avait déjà été organisé en avril. Surprise (?), en mai, Gabriel Kunde, responsable de l’organisation du gala, remerciait les “fidèles partenaires” du BDE, parmi lesquels Deloitte. Aucune mention des liens de sujétion du BDE n’a bien sûr été faite pour expliquer que la publicité soit faite pour le stand Deloitte et non pour les dizaines d’autres du forum.

Le langage aux follesLe Bureau des élèves change et laisse désormais la place à la culture. Preuve en est, il a invité les étudiants “curieux” à assister à “Superstar”, émission de TF6 (ça existe ?). Des “épreuves qui ont l’air folles” pour une performance artistique majeure.

Egalement protecteur d’un patrimoine menacé, le BDE aura probablement été le seul à organiser en France une fête sur le thème d’Halloween. “[A]u Klein Bar, un endroit terrifiant situé en plein coeur du Marais, brrr !”, précise l’annonce. En ce lieu de déviance sexuelle, le slogan aura aura selon nos informations été “Trique or pipe ?”.

Méthode AslimilAu BDE, on parle franglais — so cool ! — mais on en oublie son français. “Attending et toujours venu chercher ta prévente ?”, lit-on par exemple dans un message Facebook (21/10). Toujours venu sans jamais l’avoir ?

Ce message a par ailleurs été envoyé pour une soirée sobrement intitulée “The party I met your mother” (toujours l’anglais). Pour Sciences Po, repaire d’homos1, ça le fait mal. Mais c’est surtout rélégay la moitié de la population, les femmes, à un rôle passif digne des années 1950. Ce n’est pas parce qu’on titre sur le cul qu’on est forcément “décomplexé” de ce côté là…

Pour accueillir les étudiants étrangers “comme il se doit”, le BDE a choisi d’organiser le 11 septembre dernier une soirée rue de Lappe et de l’intituler “Let’s take the Bastille”. Pour l’équipe de ploucs de l’an prochain, précisons qu’en anglais, la “prise de la Bastille” se dit “Storming of the Bastille”.

Egophiles, branleurs, consanguins : Bienvenue chez RichieLe nom de la soirée de rentrée du BDE était “Bienvenue chez Richie”. Attention référence culturelle de haute volée… Et un coup de lèche au passage.

1 17,6% de gays et 0,7% de lesbiennes selon l’enquête de L’Imparfaite n°0 (le coming out lesbien est visiblement plus difficile). Youssef Draia, membre du Collectif des associations étudiantes LGBT d’Ile-de-France analysait d’ailleurs avec une finesse digne du CEVIPOUF le fait que “dans les écoles d’ingénieurs, il y a un machisme latent [qui tend à l’homophobie], plus que dans les écoles de commerce ou Sciences Po” (Lexpress.fr, 03/11)

Le gala de Sciences Po 2009 a eu lieu comme l’an passé à l’hôtel Westin, à proximité des Tuileries. Pourquoi être restés au même endroit ? Gabriel Kunde, responsable de son organisation, explique (lapéniche.net, 15/05) qu’il est difficile de trouver des endroits qui acceptent d’accueillir une telle soirée étudiante. Selon nos informations, la réalité serait quelque peu différente. Le président du BDE 2008-09, Marco Poletti, serait allé voir Richard Descoings au début de l’année pour exiger qu’il l’aide à trouver un beau cadre pour la soirée. Lequel, prenant mal de se voir traité comme un vulgaire Kunde, lui aurait alors répondu : “On n’est pas dans une école de commerce, et votre soirée vous la ferez dans un entrepôt à Montreuil !”. S’en serait alors suivi une certaine brouille avec la direction, et un choix “modeste” pour le lieu.

Il est amusant par ailleurs que Kunde rappelle que “[l]a tradition du Gala s’arrêta en 1976 (pour cause de crise !), mais fut reprise en 2004 par [ses] prédécesseurs”. Car le problème central dans l’organisation reste l’argent. Ce n’est pas pour rien que le gala a été ouvert aux anciens de Sciences

Po… Au plan officiel, l’excuse est toutefois qu’il s’agit de préparer le gala de 2010 à l’opéra Garnier ! Pas très crédible quand on connait les milles ruses utilisées pour reporter la dette de l’exercice en cours sur l’équipe de l’année suivante…

Le sponsor t’habiteLe nec plus ultra, à la soirée de gala de juin dernier ? Se faire prendre en photo devant le panneau de pubs pour les sponsors de la soirée comme de vulgaires joueurs de foot, à en croire les photos de lapéniche.net (06/06), reprises sans aucune mention par Rue Saint-Guillaume, en juin dernier. Probablement pour pouvoir dire à sa fille dans quelques années : “Regarde ! C’est l’entreprise de maman qui a payé l’alcool de la soirée où ton père et moi on t’a conçue !”.

Enlarge your membershipLe BDE triomphe (c’était avant les non-élections) quand il annonce en une de la newsletter (07/04) qu’il vient de dépasser les 2 000 adhérents. En illustration, un chiffre en énorme et en rouge, “328”.

V’la les Kundé

- Une faute d’anglais !- Il n’y a qu’une explication possible : elle sort de Sciences Po !

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Le 6 avril, sur Facebouc, King Koin se fait poète : “Que la Semaine (et la Fête) des Arts commencent et que les élèves brillent des mille feux de leurs talents”. Mille feux ont en effet été allumés dans la relation entre la direction et le BDA, responsable de l’organisation de la semaine. Au point de mener une membre de l’organisation a supplier les associations et syndicats mobilisés contre la loi LRU de ne pas en parasiter le déroulement, pour éviter la guerre nucléaire : “au moindre truc qui se passe mal, ou qui est perturbant on risque de se faire passer un pur savon et d’avoir des évènements annulés”. Une semaine auparavant, excédée par l’escalade de tension entre la direction et le BDA, sa présidente, Bérénice Flipo, envoie un courriel à Julien Palomo, avec Cédric Prunier en copie. Elle y égrène ses griefs, une somme de petits tracas qui vont d’oublis de réservations de salle à une erreur dans la date de convocation pour le déménagement du local du BDA du 27 vers le 56. Face à ce contexte tendu, le but est de faire le point.

Quelques jours plus tôt a eu lieu l’incident de trop, en Boutmy, lors d’une répétition pour la comédie musicale du BDA. La tribune est déplacée par les étudiants pour disposer de la scène mais un câble est accidentellement débranché. Un appariteur constate les faits

mais pense qu’il y a eu casse. Palomo, qui semble avoir une dent contre les bobos du BDA, envoie à un certain nombre de cadres de la direction un mail demandant des sanctions disciplinaires contre Lucie Nebut, l’organisatrice. C’est le lendemain que Flipo envoie son mail, dans lequel elle déplore également que Palomo ne réponde jamais aux sollicitations de Nebut. Elle n’est pas satisfaite des réponses apportées.

Or, s’ajoute un autre soucis puisque l’administration est très réticente à la venue d’éléments extérieurs à la Semaine des Arts, dans un contexte de mouvement étudiant anti-LRU. Elle craint plus

précisément de nouvelles incursions dans l’enceinte de Sciences Po (voir numéro 17). La coordinatrice de la Semaine des Arts, Léa Morfoisse, se trouve convoquée par Nadia Marik pour discuter de la situation. Du moins le croit-elle. En se rendant à la réunion, c’est même une bonne nouvelle qu’elle espère. Mais Morfoisse se retrouve alors face à la quasi intégralité de la direction, et Marik se lance dans une de ses

légendaires colères. “La Semaine des Arts, j’ai demandé autour de moi, personne ne sait ce que c’est !”, lâche-t-elle. Après la réunion, Morfoisse, détruite par les assauts, se laisse à pleurer auprès de Lucie Nebut. C’est là que passe Marik, qui tout d’un coup se sent d’humeur conciliante à propos des visiteurs étrangers à Sciences Po : “Oh, ben vous savez, on pourra peut-être s’entendre…”. Ce n’est pas l’avis de Morfoisse, qui s’énerve de ce soudain retournement de veste : “Vous êtes vraiment odieuse ! Vous n’aimez pas les élèves et vous changez d’avis pour un rien !”. Marik lâche alors à un sous-fifre : “Je ne veux plus avoir

affaire à elles !”.

Un mail du vice-président du BDA et de piteuses excuses plus tard, une liste d’extérieurs était autorisée. Ca se passe comme ça à Sciences Po : tout est affaire de va-et-vient.

Un échange par mail avec le président du Ciné-Club 2008-2009, Juan Paulo Branco, nous pousse à revenir sur les chiffres avancés dans les numéros 15 et 16 quant au coup du tout nouveau matériel installé en Boutmy1. Au lieu de 70 000 €, le projecteur coûte, selon le devis que nous avons pu consulter, entre 42 200 et 48 500 €. Cela ne nous semble pas devoir changer grand chose à l’importance de la somme.

Toutefois, une donnée importante nous avait par contre échappé : si Branco dit vrai, le partenariat entre Sciences Po et la fondation de Pathé pour financer le projecteur provient de la renégociation par la direction d’un pré-accord à l’origine conclu entre Pathé et le Ciné-club pour un financement de mécénat de 5 000 € minimum par année pour le Ciné-club, ainsi que de 50 000 € environ pour un concours de court-métrages à destination des lycées

1 Le mail date d’il y a quelques mois, mais c’est le délai de traitement dans la bureau-cratie IVV. Vous n’avez qu’à nous envoyer moins de dénonciations calomnieuses, vichystes que vous êtes !

CEP (avec création des options cinéma le cas échéant). Les réactions colériques d’un certain nombre d’associations n’ont donc pas été la seule raison pour la direction de ne plus financer le projet. On peut supposer

qu’il y a été mal vu, après avoir accordé une subvention importante, de se rendre compte de la capacité du Ciné-club de lever de gros montant d’argent. Le contexte où x association demande périodiquement de renflouer ses caisses alors que Pipo a du mal à finir à l’équilibre n’a pas dû arranger les choses. Reste que la thune récupérée par l’IEP est semble-t-il celle qui a été dépensée… pour acheter les écrans plats 42 pouces qui ornent désormais un certain

Juan Paulo Banconombre de salles. On émettait des doutes sur l’utilité de l’achat du projecteur (Branco nous dit que c’était une demande de longue date du service audiovisuel), mais à côté de ça, il aurait mieux valu en acheter deux !

D’autant que, renseignements pris, la direction tend à récupérer tous les euros qui trainent. Les difficultés budgétaires sonnent la fin des années dorées, le tout dans un contexte de crise où le financement autonome est de plus en plus difficile. L’AS devait par exemple signer avec Lagardère un juteux contrat. Mais un coup de fil de la direction a convaincu la société de préférer discuter avec l’école. Plus question de jouer à couler sa première boîte, désormais. Mieux encore, Pipo fait les fonds des poches des associations puisque l’administration a extorqué un listing (non-truqué) de 200 contacts en entreprises établi par RSP en prévision d’une soirée. Ce qui représente le travail de trois personnes pendant un mois et demi a été exigé avec des menaces plus ou moins voilées. Les responsables de la radio ont cédé, mais n’ont pas été remerciés.

La semaine lézard

La Semaine des Arts,L’occasion de montrer ses talents cachés

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Etait présent le 26 octobre à la conférence de l’association Jeune République sur “La Création à l’heure du numérique” un certain Paolo Branco, producteur. Très prestigieux étaient les intervenants, du moins dans les cercles parisiano-incestueux. Pour mémoire, son fils, Juan Paolo Branco, avait réquisitionné l’année dernière papa — et son carnet d’adresses incluant Catherine Deneuve — pour une projection-conférence du Ciné-club, qu’il dirigeait alors. Cette année, le fils Branco a changé d’intérêt, s’investissant dans l’association… Jeune République.

RSP a par ailleurs diffusé la conférence en live sur son site (www.rsp.fm). Une expérience amenée à se répéter ? Pas vraiment, puisque la vidéo était en fait produite par La Quadrature du Net, présente à la conférence et débarquée avec ses propres serveurs ! Sciences Po avait bien essayé une fois, mais les serveurs n’avaient tenu que quelques dizaines de minutes avant de lâcher prise…

Depuis longtemps, si ce n’est depuis sa création en 2006, RSP souhaite devenir une association permanente, au même titre que le BDA, l’AS, le BDE et Junior Consulting. A défaut de le devenir tout de suite, une procédure de dispense de procédure de reconnaissance aurait toutefois pu avoir lieu. La Commission paritaire a en effet eu à se prononcer sur le sujet, après proposition de la direction, mais le résultat a été défavorable à la radio. Un certain nombre d’élus syndicaux et Julien Palomo ont en effet exprimé leurs réserves au plan éthique quant à cette mise sous tutelle d’une source d’information étudiante. Mais qu’ils se rassurent : RSP est et restera la radio de la direction.

Selon nos informations, RSP comptabiliserait environ 3 auditeurs par jour en moyenne. Cette vile rumeur a d’ailleurs poussé la liste Règles à poser “une petite question technique” sur “l’audience moyenne” de RSP lors de l’émission consacrée aux élections BDE. Arthur Richer, à l’animation, a en réponse annoncé “35 000 visiteurs uniques sur le site sur l’année”, soit en gros 100 par jour et moitié moins que pour Invodkaveritas.com. Le trafic est semble-t-il tiré vers le haut par les live-bloggings foireux (voir le numéro 17, à propos de l’occupation), donc on ne peut en conclure grand chose sur les audiences. On imagine mal la moitié de Sciences Po écouter RSP. Le chiffre de 3 auditeurs, dont le responsable de l’asso Émilien Crespo déclare qu’il ne sait pas d’où il sort, se situe donc probablement un peu en dessous de la réalité. On peut toutefois fortement relativiser le chiffre de 35 000 en notant qu’avec 7 émissions prévues au départ par semaine (dont 4 arrêtées en cours d’années, mais passons), cela ferait une audience moyenne de 180 auditeurs environ par émission, à prendre pour hypothèse (généreuse) que chaque personne tombant pour x raison sur le site écoute une émission. Autre facteur de relativisation, le fait que le gros des audiences se fasse probablement sur les émissions “événement” comme celle citée plus haut sur le BDE. Sans qu’il soit question de pisser le plus loin, et même si la comparaison PDF/MP3 a de grosses limites, notons qu’on peut facilement estimer que le nombre de téléchargements par numéro d’IVV est au dessus du millier. A méditer avant de rendre permanente l’association de RSP…

La quadrature du pet’On ne machette pas si facilementJ’espère que personne n’a manqué la conférence de l’UEJF du 6 mai dernier intitulée “Résister au génocide : les actes de sauvetage”. On ne sait jamais, des conseils pratiques ça peut toujours servir.

Que se pastis ?Julien Palomo a eu la surprise, voilà un an, de recevoir à 3h du matin la candidature de l’association des amis du pastis Henri Bardouin. Il va sans dire que ce projet a été initié lors d’une soirée dégustation, sans pastis diesel évidemment. Après la reconnaissance éternelle (Ahah !) du BDE et de l’AS ainsi que l’existence traditionnelle d’In Vino Veritas, Sciences Po a raté l’occasion de se doter d’une troisième association d’alcooliques en son sein. Les impressions à chaud de Palomo, voici quelques mois : « Sûrement la meilleure association depuis quelques années, depuis la fameuse Sciences Po Con, une association qui avait caricaturé Sciences Po en organisant de vrais-faux débats. J’ai bien ri devant mon écran ».

Finalement, le jour du vote, plus d’association, à cause d’une bête loi contre l’incitation à la consommation d’alcool et d’une soit-disant publicité pour un spiritueux1. Après quelques recherches (pas très difficiles), nous avons découvert que cette association était en fait étroitement liée à Sud étudiant. Après l’UNEF et son sous-marin Pour un festival étudiant contre le racisme, Sud voulait sûrement aussi son association fantoche. Mais si on écoute certains détracteurs, IVV est déjà là pour ça.

1 Ce qui n’a pas empêché le même Palomo de relayer dans la newsletter (10/03) les annonces d’In vino veritas faisant la pioub des champagnes Pol Roger et Bollinger.

Radio Sans CrédibilitéRSP frappe fort avec un scoop digne de lapéniche.net. Depuis des années, tout article de presse sur Descoings comporte mention de sa supposée ambition d’accéder à un poste de ministre. Toujours à la pointe de l’information, l’équipe de Radio sans principes semble l’avoir découvert il y a peu (13/05). Sans surprise, Coin-Coin dément comme d’habitude. RSP se sent dès lors obligée d’effectuer une précision : la radio “rappelle qu’elle ne porte pas la voix de la direction” et “apporte tout son soutien à Richard Descoings dans la bonne conduite de sa mission”.

Le Monde pense pouvoir annoncer la nouvelle à son tour (25/05), relayant une “fuite” depuis l’Elysée. Sarkozy teste visiblement les réactions, Descoings s’en défend “mollement”. Sur le BondyBlog (25/05), il donne comme toujours la raison pour laquelle il refuse tout ministère : il faut selon lui une légitimité par les urnes. Et d’expliciter entre les lignes qu’il a pas envie d’être “caramélisé en deux ans”, comme l’ont été Luc Ferry ou Claude Allègre. Il serait dommage de se voir sucrer son poste à Pipo, en effet, et de devoir prendre la poudre d’escampette. Et on sait qu’en terme de poudre, monsieur est un connaisseur.

Radio Sans Public

La connerie de Richie

“Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne…” (Twitter, 25/07)

Il a bien fait de prendre des vacances, le Coin-Coin. Même à la campagne, il voit de la blanche…

“We few, we happy few, we band of brothers !” (Twitter, 31/07)

Henry V, via Frères d’armes ?

“Pretty Woman (sur TF1 ce soir)” (Facebook, 30/08)

La culture, avec un grand Q

Les émissions de RSP, une finesse inégalée.

RSP aurait-elle trouvé son public ?

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Bruits d’amphis

Louis Chauvel, à un étudiant : “Vous manquez de motivation, pensez à Full Metal Jacket, ça c’est de la motivation !”L’étudiant : “Vous savez comment finit l’ instructeur dans Full Metal Jacket ? Est-ce vraiment ce rôle-là que vous souhaitez avoir ?”Rire gêné

Les grosses buses du PS Pipo (à qui on fait de grosses bises) ont tenté une bouse d’opération buzz pour la campagne des européennes, en placardant des affiches sur un mariage à venir entre E. et S., comprendre “l’Europe” et “le Social”. L’annonce n’a pas franchement passionné les foules, m’enfin elle n’a pas été annulée pour autant. Le programme1 consistait à reproduire l’institution bourgeoise d’officialisation fiscale de l’existence régulière et exclusive d’un rapport sexuel entre deux personnes de sexes différents. Ici, une femme figurait Europe (celle qui couche avec les taureaux) et un homme habillé de rouge-pas-trop-foncé, jouait le rôle du Social (celui qui se bat pour conquérir des droits pendant que bobonne prépare la bouffe). Un étudiant mâle jouait bien entendu le rôle du maire, et devait jouir sous son écharpe tricolore.

Enfin, le reste des roses-bruns (ahah) reproduisait plus ou moins volontairement l’arrangement de drapeaux des pays de l’Union présent au plafond jusqu’aux réarrangements liés au changement de logo. Pour la petite histoire, à en croire “Florian” (lapéniche.net, 03/01/08), les drapeaux avait été installés à l’occasion d’une Convention des étudiants européens dégoulinante de

1 http://www.dailymotion.com/video/x9hqwn_mariage-de-leurope-et-du-social-par

bonne volonté en 2003. Ils étaient restés comme ça, boum, parce que voilà, avec quelques autres pays en bonus. Selon “Jen” (lp.net, 03/01/08), c’est dans le but de revenir à la décoration originelle de 1932 que ces étendards nationalistes sanguinolents ont été retirés. Mais parce qu’au PS, on n’a pas de goût en déco, ces imbéciles les ont donc temporairement réintroduit. Dingue, non ?

A propos, en aparté, IVV est en mesure de vous révéler un secret d’Etat : dans les meetings pour les européennes de l’UMP ou du PS, les neuneus qui remuent frénétiquement un drapeau allemand ou italien, ce ne sont jamais que

des membres du MJS ou des JP pris d’un syndrome gesticulatoire. Avec tellement peu de personne dans les meetings (quels meetings ?), j’espère que vous n’avez pas imaginé que des Allemands allaient louer un bus pour venir. A l’inverse, quel sentiment de solitude, pour le militant PS qui se retrouve à devoir sauter comme un cabri en Péniche à remuer le drapeau d’un pays qu’il ne sait pas placer sur une carte…

Eh, les girls et les boys ! Il faut pas croire ce qu’on vous dit en master Affaires publiques ou Affaires européennes… L’Union européenne ça ne veut rien dire, à part pour les apprentis technocrates que vous êtes !

L’Europe est une garce Je suis une bande de jeunesLe PS aime les défis. Parmi les quatre que s’est fixée la section Pipo à la fin des vacances (11/09), le plus important reste le “pot de rentrée”. Comme le déclarait Cyril Bécuwe, invité à une réunion du PS Sciences Po (Facebook, 20/09) : “Le PS bouge encore[, ]mais il lui faut du viagra”.

Le syndrome RenéEtienne Longueville, qui remplace désormais Camille Spire à la tête de la section PS Pipo, annonce avec fierté à ses camarades dans un courriel (18/09) que cette dernière sera à partir de maintenant “invitée permanente”. Ca te fait quoi, Camille, d’être renérémondisée ?

Le retour du Dr. Petiot“Le bureau de la section a choisi à l’unanimité de se dissoudre au cours de cet été”, explique-t-on au PS Sciences Po (21/07). Malgré d’insistantes propositions, celui-ci a toutefois refusé la cuve d’acide que nous lui proposions pour passer à l’acte.

Club des LoosersLe PS Sciences Po serait-il désespérément en besoin de membres nouveaux à ringardiser et plouquiser ? Du moins son secrétaire de section n’a-t-il pas de scrupules à faire du prosélytisme jusque sur les terres d’IVV… “[I]l parait que tu hésites à prendre ta carte au PS”, informe-t-il votre serviteur, “si jamais tu veux que je te présente un peu notre fonctionnement, nos travaux, nos activités[,] etc. autour d’un verre, n’hésite pas à me le dire, ce sera avec plaisir”. Confus, j’ai aussitôt dissipé le doute : “Il doit y avoir méprise. Sûrement parlais-je de manger une tarte en DS”. Etienne, c’est pas bien d’écouter aux portes !

Cadavre exquisEtienne Longueville, le lendemain de la défaite du PS aux européennes, tente de d’agir en leader et d’indiquer la voie à suivre à sa section : “nous avons montré un PS divisé par les questions de personnes : le rassemblement, l’arrêt des gu[é]guerres internes sont indispensables. A force de tous se tirer dessus, on v”. Toi aussi, participe à la reconstruction du PS en finissant cette phrase.

Le rapport d’activité 2008/09 de la section PS vise à “plus que jamais faire preuve d’ouverture”, comme on dit dans l’autre camp. Parmi les missions que l’on s’y impose figure donc le fait d’”[a]ccueillir les militants et les socialos-friendly”. Une vision un peu “Facebook” des choses, mais qui a son charme. Le “socialo-friendly” acquiert dans le rapport force de concept, là où le “sympathisant” serait peut-être un suiviste mou. Mais comment reconnaît-on un “socialo-friendly” ? A son costume-cravate/tailleur strict au magnifique motif pied-de-poule ? A sa grande rapidité à résoudre les mots croisés de La Rose au poing ? A son attirance pour le vide intellectuel ?

La mission sus-mentionnée consistait l’an

passé à s’arranger pour “éviter que seuls les “AP” soient membres [en responsabilité ?] de la section”, mission réussie car ce ne sont pas les

ambitieux qui manquent en premier cycle. Pour l’année qui vient, les cibles sont plus diversifiées : les “enseignants-chercheurs”, toujours utiles, mais aussi et surtout les “étudiants entrés par CEP” pour une chasse à l’Arabe post-diversité. Le ou la volontaire sera chargée fort à propos dans le bureau d’un poste d’où il pourra parler en connaissance des autres

Arabes et rester cantonné(e) dans sa minorité. Et si c’est pas le cas, ce sera parce qu’au PS on lit IVV et qu’on veut nous donner tort. Au fait, on ne dit pas “Arabes”, on dit “personnes issues de banlieues”.

Elargis le cercle de tes amis

Les forces de l’espritLe PS dans tous ses états

Qui c’est qu’a pété ?

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Les sièges de l’UNEF, de la Cé et de l’UNI, ainsi que des corpos-assos de la FAGE et de PDE ont vu leur siège perquisitionné (Leparisien.fr, 01/10), dans une enquête sur les paiements suspects en espèce de l’UIMM. Denis Gauthier-Sauvagnac, ancien président du syndicat de la métallurgie lié au Medef, avait déclaré lors de sa mise en examen refiler à son adjoint Dominique de Calan 30 000 € en liquide chaque année pour les dispatcher à des organisations “en liaison avec la vie universitaire”. Lequel a confirmé sans donner les noms, précisant que “l’UIMM a toujours souhaité une évolution des liens entre l’université et le monde de l’entreprise”. La petite dizaine d’organisations concernées

relèveraient autant des syndicats étudiants que des organisations de professeurs. Tout à fait “pragmatique”, Calan aurait “travaillé avec tous ceux qui étaient ouverts quelles que soient leurs tendances politiques”, sauf bien sûr “les extrêmes”. On peut supposer qu’il évoque là SUD et la FSE d’une part, et le RED de l’autre (sachant que l’ex-RED est historiquement lié à l’UNI). “Je m’étonne que des responsables de l’UIMM puissent prétendre avoir financé un syndicat étudiant qui a mis le patronat en échec à plusieurs reprises”, a déclaré le pipoteux Jean-Baptiste Prévost, président d’un syndicat dont le dernier acte de gloire est d’avoir accepté la loi LRU.

Prendre un enfant par la main

Parce qu’on aime bien évoquer les choses avec retard. Dans son tract établissant un bilan de l’année 2008 (janvier 2009), l’UNEF se vante de ses capacités d’accueil des nouveaux arrivants. La table tenue rue de la Chaise pendant la période d’inscription administrative pour faire cracher leurs 20 € d’adhésion à un maximum de nouveaux étudiants (avant qu’ils aient jamais entendu parler d’un autre syndicat) vise en fait à les “accueillir […], les orienter, et les aider à résoudre leurs éventuels problèmes d’inscription”. Et pour ce faire, “nous avons édité un Guide de l’étudiant à Sciences Po” d’une vingtaine de pages… réservé aux nouveaux adhérents et contenant des publicités pour les boulangeries du quartier, c’est quand même plus classe que le CROUS. Et ne tentez pas d’en prendre un sans avoir le précieux sésame, sans quoi vous pourriez être exécutés sur place. Une certaine idée de l’accompagnement.

Arrête tiqquneries !Les hippies-fascistes anarcho-dadao-criminels ont saccagé le 13, rue de l’Université, c’est l’UNI qui le dit. La preuve, une inscription au feutre (indélébile !) a été faite sur le portrait de René Rémond (béni soit son nom) ! J’ai le regret d’apprendre à nos gentils petits camarades qu’il n’y a pas si longtemps le bâtiment de l’ENA subissait une occupation un peu plus musclée.

Le 8 février 1999, une manifestation de paysans a lieu contre la réforme de la PAC et la mise en place d’une taxe sur les produits agricoles polluants. Un groupe de la FNSEA en profite pour défoncer le bureau de Voynet au ministère de l’environnement, avant de se diriger vers la rue de l’Université où se situe encore en partie l’ENA1. Là, les gentils manifestants2 entreprennent de “dépav[er] une partie de la cour de l’école, répand[re] de la farine et souill[er] les locaux avec du fumier” (Le Monde, 10/02/99).

Deux ans plus tôt, le FLNC avait fait mieux avec un plasticage de l’ENA à Strasbourg. Sans doute l’UNI avait-elle alors parlé de génocide.

1. La manifestation de l’opposition au déménagement a quant à elle été bien soft : http://www.ina.fr/video/CAC91063374/manifestation-demenagement-ena.fr.html2. La FNSEA est comme l’UNI historiquement liée au RPR-UMP, donc ils ne peuvent qu’être des gens bien

Pauvre petite fille richeA l’occasion du congrès de l’UNEF des 23-26 avril 2009 à Marseille, son président Jean-Baptiste Prévost a signé en temps qu’étudiant à Paris I. Aurait-il honte d’être à Sciences Po ? En tout cas on n’a jamais eu l’occasion de l’y voir beaucoup.

La liste de SchindlerC’est un rituel. Tous les ans ou presque, un sudiste se procure les fichiers d’adhésion de l’UNEF Pipo pour comparer les chiffres effectifs aux chiffres affichés. Alors la tendance stalinienne l’a mauvaise. Des consignes sont données pour bien fermer les sessions des ordinateurs du local syndical lors de son départ. Il ne faudrait pas que SUD vole à l’UNEF des adhérents ! Informé de cette crainte, un sudiste s’est étonné : “Ils pensent vraiment qu’on a que ça à foutre ?”.

Cé pas justeOn apprend avec retard que plusieurs milliers de tracts imprimés par le bureau national de la Cé ont été dérobés lors des élections syndicales de janvier dernier par des vendus de l’UNEF. A la Cé, on a alors déclaré vouloir faire annuler les élections — ce qui aurait été possible puisque la liste SUD avait été inscrite 30 minutes après le délai officiel. Mais c’était une menace façon ND, qui n’a donc pas été suivie d’effet. Il faut dire que le score de la Cé au second vote aurait sans doute été plus désastreux encore…

Opportunistes sans frontières L’UNEF fédère tous les étudiants de France, c’est pourquoi elle a décidé, à l’occasion de sa micro-campagne concernant les examens, de s’adresser aussi aux étudiants “sportifs de haut niveau” (affiche vue le 23/06). Tu as vendu ton cul à Lagardère ? Descoings te serre la pince quand tu passes par le 27 ? Tes enseignements sont complètement adaptés à ton train de vie professionnel ? Vote UNEF !

Echec CRITique“Alexandre” nous reproche (commentaire sur lapéniche.net, 20/05) de ne pas avoir évoqué le CRIT dans notre numéro 17, événement inutile s’il en est. Tout le monde sait que le soit-disant tournoi sportif ne sert qu’à fournir une couverture pour une rencontre secrète entre membres de l’UNEF des différents IEP (véridique). Et les seuls résultats qui importent, pour ces messieurs-dames, ce sont ceux des élections universitaires.

La grande écoleLu sur la liste de diffusion de l’intersyndicale UNEF/SUD : “J’ai 11 ans et je n’ai rien à faire sur cette conversation, merci de ne plus m’envoyer de mails ! Manon”. Encore un coup de Nouvelle donne…

Electro t’a niquéLes élections syndicales changent ! En prétendant vouloir intéresser plus les étudiants MacBook-Iphone, l’administration et les syndicats complices ont fait passer une des grandes revendications de Nouvelle Donne : le vote électronique devrait être mis en place pour les élections syndicale de 2011. Cela arrange bien tout le monde : l’administration qui peinait à trouver du personnel pour tenir les bureaux de votes, les mous du gland parce que c’est plus « in » de militer derrière son PC. Attendons-nous à voir fleurir les groupes Facebook, les spams et autres méthodes de racolage publicitaire. Evidement l’Unef était contre : sa grosse machine de militants gnan-gnan ne lui assurera plus le quasi-monopole en péniche, Sud également, par soucis de défense des traditions

démocratiques (si,si…). Bref le vote sera organisé par une succursale de la Poste, et vu la motivation de Nouvelle Donne, on pourrait se demander s’ils n’ont pas investi leurs subventions là-dedans, car on ne sait pas bien sinon a quoi elles peuvent bien servir. Si les élections se mettent à attirer les geeks, gageons que Rémy Ceresiani, fondateur et destructeur de feu le Parti Pirate Français, saura monnayer ses connaissances en la matière au plus offrant… Geeks de tous les pays, unissez-vous !

Mais cette année pour la dernière fois nous aurons le plaisir de voir une bonne vielle campagne se déchaîner début février, avec ses habituels coups bas minables et phrases assassines…

SYNDICATS, -CATS, -CATS !Métal hurlant

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On a évoqué (numéro 15) l’arrivée d’Anne-Sophie Beauvais directement du cabinet de Pécresse pour assurer la campagne de dons auprès des anciens de Pipo. Il se trouve que Beauvais est également devenue déléguée générale de l’Association des Sciences-Po, selon un accord datant de la prise d’indépendance de l’association des anciens dans les années 1990. Mais de là à penser que les relations entre les anciens et l’administration sont fusionnelles, il y a un grand pas puisque, interrogé par RSP, le président de l’ASP Jean-Emmanuel Combes avouait que “certains de [ses] administrateurs ressentent un peu comme une menace le fait que Sciences Po puisse nouer et développer des liens directs avec des donateurs potentiels [de] la communauté des anciens”.

A dire vrai, c’est même carrément une fronde qui est menée par l’ASP, et qui se cristallise sur la personne de Beauvais. La peur règne au club cigares. Et au club polo on ne parle que d’un éventuel retour de la gestion des anciens à la maison-mère. L’annuaire des anciens constituait le trésor de guerre de l’association, mais Combes a du en laisser le fichier à Descoings. Ce dernier s’en est servi pour son grand projet de financement privé “Construire Sciences Po”. Au lieu de payer leur cotisation à des clubs auxquels ils ne vont jamais, les anciens préfèrent désormais donner directement de l’argent à Sciences Po. Les vieux cons essayent d’attirer de jeunes cons, mais ça sent quand même pas mal le formol.

José Bové a plus d’une fille dans son sac

La newsletter (21/09) évoque furtivement “le programme de l’association Sciences Po Welcome initié [au Havre pour la rentrée] par une personnalité de la ville, Laurence Besancenot”. Besancenot, comme Olivier. C’est sa belle-soeur, d’ailleurs. Mais point de révolution culturelle au Havre. Attachée de presse, 41 ans, membre de la PEEP (parents d’élèves de droite), cette “personnalité” est membre de l’UMP, et surtout présente en 2008 en position non éligible sur la liste du maire actuel du Havre, Antoine Rufenacht. Une précision étrangement oubliée dans la newsletter de Cyril Delhay.Rufenacht était d’ailleurs, par le plus grand des hasards, chargé le 19 septembre d’accueillir les nouveaux étudiants havrais à l’hôtel de ville. Mais s’il espère ainsi faire signer des cartes UMP, il sera vite déçu. Le même jour, l’Unef et Interzaide tentaient de débattre (en anglais, ahah) devant des mous du bulbe, ne recevant comme réaction qu’un révélateur je-m’en-foutisme. La machine à encarter unefienne n’a ce jour là fait aucune carte là parmi les 55 nouveaux entrants, c’est dire l’ampleur du drame. A croire que le je-m’en-foutisme à la chinoise fait partie des critères d’admission au pays du béton armé.

Terrain d’ententeRichie et Marik ont “croisé” à New York Richard Gasquet, qui affiche son sponsor jusque sur la photo mise en ligne sur Facebook par Coin-Coin. Celui-ci, officiellement étudiant à Sciences Po (voir numéro 10) avait peut-être été convié pour la “soirée heureuse” de fund-raising organisée quelques mois à peine après la première (voir numéros 15 et 17). On imagine que Canard Ier et Gaskéké ont en profiter pour replonger le nez dans leur passion commune. Le tennis, bien entendu.

L’infiltration continue

Comment vendre son lieu de formation à ces cons d’étudiants américains ? En se mettant à leur niveau. Du moins c’est l’impression qu’on a, à regarder la terrifiante vidéo de présentation mise en ligne par l’Hideux-Pet début 20091. D’abord dire que Pipo est “une institution relativement ancienne”, ça fait tout de suite plus sérieux. “Tu sais, comme pour les jeans Levi’s !” Puis assurer, entre deux images “typiques” de Paris que Pipo est situé “au coeur d’un des quartiers intellectuels les plus intellectuels de Paris, à Saint-Germain-des-Prés” (le jazz, John-Paul Sartre…), avant d’ajouter, élément ô combien important : “… tout près de la Seine, à deux pas du musée d’Orsay, de Notre-Dame, et pas très loin de la tour Eiffel”. “Tu sais, Notre-Dame, l’église dans

1 http://www.youtube.com/watch?v=0M_75QFBfgI

laquelle Quasimodo veut rentrer dans le film de Walt Disney !”J’aurais bien aimé qu’on se foute de ma gueule de la sorte, pour mon départ à l’étranger : “Montréal, une ville à deux pas de la mégalopole étasunienne, où on peut manger de la poutine et du sirop d’érable, où les gens ont un accent rigolo dont on peut se moquer”, “Pékin, la ville pleine de sales Jaunes mais où ont lieu les JO cette année”, etc. Richie, continue comme ça, je t’aime !Et dire qu’à HEC, on préfère mettre en avant ses classements, ses partenariats, ses enseignements2… Ça a beau faire sérieusement penser à l’émission Message à caractère informatif, pour un peu, ça donnerait envie d’être un connard encravaté…

2 http://www.youtube.com/watch?v=CDnxOijrIqs&NR=1

Business Class

Vie de merde !Se lever un de ces derniers jours de vacances où il fait bon oublier Sciences Po. Allumer la télé. Voir une publicité pour Challenges. Apprendre que Descoings y est désormais chroniqueur. Se recoucher.

C’est mon choixLu lors des inscriptions administratives : “Je prends ma cotisation via Sciences Po et je choisi (sic) un centre de remboursement”. IVV propose d’augmenter les frais pour acheter un Bescherelle à l’administration.

Hybrice de NiceNice-Matin nous informe que “Richard Descoings consulte sur internet” (11/05). Pas la peine, Richie, le diagnostic ça fait trois ans qu’on le dresse, à IVV.

On en perdrait la têteSciences Po et le Wall Street Journal organisent depuis 2005 un prix Daniel-Pearl, à la mémoire du journaliste du WSJ égorgé devant la caméra de Cheikh Omar, avant d’être massacré une deuxième fois sous la plume de BHL. Pearl était parti au Pakistan dans le cadre d’une enquête sur Richard Reid, et le prix récompense donc des enquêtes de terrain, risquées et corrosives. Premier prix cette année (NL, 26/05) : Jérôme Lefilliatre (2A), pour un article sur un sosie français de Robin Williams.

Espoir à lavementDans son effort pour nous simplifier la vie, l’administration nous a gentiment envoyé un courriel pour nous informer (22-23/06) que notre dossier d’inscription pour la rentrée est “complet”, et donc que celle-ci est “validée” (la carte d’étudiant sera “envoyée par voie postale”). Quel bonheur ! Même pas besoin de s’arracher les cheveux à calculer les frais puis finir par tricher pour ensuite se voir préciser que ce n’est pas le bon montant ! Hélas… il a vite fallu déchanter, dans un second mail (23/06), la même administration précisait qu’il s’agissait d’une “erreur suite à un test informatique”. “Erreur de l’administration en votre faveur, avancez jusqu’à la case rentrée”.

Bruits d’amphis

Gil Delannoi, omettant de finir sa phrase à propos du suffrage universel masculin : “C’est une demi-démocratie puisque les femmes ne peuvent pas jouir” (Histoire et théorie de la démocratie, 11/05)

MO et JB, étudiants en 2e année :« - Elle est super chère, la Porsche 944- Tu rigoles? J’en ai vu à 3000 euros !- De toute façon cette voiture est dégueulasse.- Ouais c’est vraiment la voiture du pauvre. Nan, pire, du wannabee ».

“20€ le blanc de poulet ? C’est sûr qu’il est casher”, Denis C., sortant de Franprix.

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ENTGmailSciences Po lance à grand renfort de newsletters sa nouvelle formule de l’ENTG. Des vidéos aux musiques dynamiques nous permettent de mieux comprendre… que le service informatique tente de rattraper son retard sur Gmail (2004) et Google Calendar (2006). Je ne sais pas pourquoi, j’ai l’impression qu’on voit quand même que c’est Cyril “Regard lubrique” Delhay qui a remplacé Julien “Moustache Staline” Palomo aux manettes.

Pandemic IILes premiers cas de grippe A recensés (par nos soins) à Sciences Po ont eu lieu en juillet au sein même de notre belle rédaction. Notre politique de vente a muté : pour un exemplaire acheté, une contamination offerte.

Il semble d’autre part qu’un certain nombre de personnes ont reçu don du H1N1 lors de la cérémonie du diplôme fin juillet. Un cadeau de départ à l’image de ces futurs parasites.

Tout est dans la mesureL’administration est fière de nous apprendre (newsletter, 25/06) que le Financial Times a consacré “un article” à un dîner de levée de fonds tenu à Londres le 17 juin. Vérification faite, l’article est une brèvounette de 730 caractères, espaces compris.

De battre le coeur de Sciences-Po s’est arrêtéOpération vérité. Stéphane Auzanneau, responsable informatique souhaite “ce soir [n]ous expliquer les causes de l’arrêt des services numériques de Sciences Po cette matinée du 17 septembre 2009”. Puis parle de “coeur de réseau”, d’”épine dorsale”, d’”indexation logique informatique”, de “travail de migration définitif” d’un coeur à un autre, etc. En interne, on préfère parler d’un banal renversement de café sur le serveur central.

Le marronnier qui cache la forêtLe Monde innove avec un article sur… les CEP (02/07). Non ce n’est pas un marronnier, c’est du journalisme-de-terrain.

Ephémérides On apprend grâce au trombinoscope du site educpros.fr que Richie “a pour centres d’intérêt la nage, l’opéra (XVIIIème et XIXème siècles) et est amateur de vin et de cuisine française”. Un vrai honnête homme. Et dire qu’à lire sa prose sur Facebook, on le pensait plutôt fan de La Nouvelle star (19/05). Un facteur d’explication peut-être : lui souhaitant sur Facebook comme de très nombreux suce-b. un joyeux anniversaire, Floreani V. notait (23/06) : “vous êtes quand même né le même jour que Zinédine Zidane et Jean Anouilh !”.

Coin-Coin se félicite (Facebook, 22/06) que “Bertrand Delanoë inaugure l’incubateur d’entreprises de Sciences Po”, projet sorti des cartons fin 2007 et revendiqué comme sien par Nouvelle donne à l’occasion des élections syndicales de début 2008 (voir numéro 11). Jean-Baptiste Nicolas expliquait en CP (20/10/08) qu’on pouvait décompter “sept premiers porteurs de projet”, bien entendu des plus prometteurs. L’incubateur s’impose comme une solution de pénétration du marché pour les entrepreneurs précoces.

Pourtant, l’impression qui se dégage, à se pencher sur le traitement de l’initiative magnifique tellement que ça donne envie, c’est qu’il n’y a pas tant de projet que ça. Quand Pipo réalise une vidéo (début 2009) dans le cadre de sa campagne sur la taxe d’apprentissage, c’est Olivier Billon, jeune tête à claques qui parle de son projet Ykone (beurk, le nom !) et qui déborde d’idées : “L’idée du cours de business plan, c’était de réussir à partir de son idée, et d’en faire un dossier qu’on puisse présenter à des gens pour leur montrer comment on peut développer cette idée. Donc mon idée c’était de faire un média social […] sur la mode, c’est-à-dire que c’est un mélange entre un média, comme Vogue, et un réseau social, comme Facebook. Et l’idée c’est qu’Ykone est un endroit où n’importe qui peut s’exprimer sur la mode, et où des journalistes vont tous les jours poster l’actualité des tendances”. Décidément, quelle fraicheur, quelle richesse d’esprit ! Dans cet incubateur, que ne peut-on idée couvrir !

C’est étrangement ce même exemple qui se trouve le plus développé dans la dépêche AFP couvrant l’inauguration officielle de l’incubateur, avec 4 lignes, contre respectivement 3 pour Weblib qui loue des ordinateurs portables à des hôtels pour leurs clients (quelle bonne idée !) et 2 pour Sinteo, cabinet de conseil en ingénierie. Billon est le seul créateur d’entreprise à voir son nom cité. En terme d’emploi, l’incubateur permet pour l’instant de créer trois TPE par an, ce qui vaut bien une visite du maire de Paris, sans doute

Parce qu’on aime ressortir des vieux dossiers… Interrogé en 2003 par l’Agence de mutualisation des universités et établissements (amue.fr, 28/10/03), Richard Descoings déclarait à propos du projet de création d’une “maison de Sciences Po” à la Cité universitaire de Paris : “Effectivement [Sciences Po n’est pas prioritaire], la Russie veut aussi avoir sa maison, tout comme l’Algérie”, avant d’ajouter que “Claude Ronceray, le délégué général de la cité internationale universitaire [lui avait] déjà montré un emplacement” et que Delanoë s’était dit “favorable au projet”. En 2009, ni l’Algérie, ni la Russie n’ont encore obtenu leur maison. Toutefois, dans le projet “Sciences Po 2013”, il reste affirmé, entre autres propositions fumeuses, que Pipo “n’abandonne pas son projet”. On a hâte de lire “Sciences Po 2018”…

“Sciences Po iz inneternationnal”, comme dit Descoings. Le raccourcissement du nombre d’heures dont on vous disait perfidement qu’il permettait de faire des économies, devrait aussi, dans les plans de la direction, permettre d’accroitre la compétitivity. D’abord en attirant plus d’étrangers (comprendre “d’anglo-saxons”) grâce à un calendrier calé sur celui d’Amérique du Nord et un nombre d’heures et de semaines de cours réduit comme devinez où. Et puis en vendant les étudiants français ailleurs. On sait que la visibilité internationale, c’est un peu le complexe de Pipo, mais heureusement voilà le Batchelor.

Le Bitchlair, qu’est-ce que c’est-y ? C’est un diplôme où une année est offerte pour chaque année bossée. En clair, une année vaut 60 ECTS, donc les 1A et 2A en totalisent 120. L’année de vacances de 3A mène à 180. Et restent 60 autres crédits donnés en sus par une session d’été… qui constitue à rattraper sur mai-juin ce qu’avant la réforme les vrais, les durs ont fait pour 0 crédit durant leur longue et dure scolarité de premier cycle. Et en plus, ça permet de trouver une utilisation aux locaux

pour l’été.

La maquette prévoit la moitié des cours anglais. Et on imagine que bien sûr ce seront les Chauvel et Fitoussi qui seront donné le cachet ineglish, avec leur incapacité à s’exprimer convenablement. Seule bonne nouvelle, le cours de Duhamel devrait être supprimé ! Quoique, à la réflexion, avec quoi les 1A rigoleront-ils s’ils n’ont plus la théorie du MBDPD ?

Un cubi à l’heure

Ctrl-C / Ctrl-V... Une pensée pour l’étudiante d’Affaires européennes qui a eu comme sujet pour son Grand O’ : “profit de l’intergouvernemental ?”, probablement suite à un copier-coller un peu trop rapide. On espère qu’elle a fait son exposé

uniquement avec des fins de phrases.

Sciences Po iz inneternachioneul

Analyse du CEVIPOUF (source : groupe Facebook LolRichie)

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“[O]uh là !” dit Rickard van Koin-Koin. Il vient d’être confronté à Pierre-Brieu Hoareau de Bourbon d’Orléans, “aristocrate prolétarisé” qui s’invite sur son Facebook (18/04) pour se plaindre de son maigre revenu malgré ses études à Sciences Po. En voilà des manières ! Car deux jours plus tard, PBHBO lâche la vidéo du siècle sur la page de Coin-Coin : “LE RETOUR DU ROI-la descendance de Jésus et Marie Madeleine, une vidéo de rastapreside[nt]”1, soit la rencontre de Pierre-Brieu, “l’arrière-petit-fils aîné du comte de Paris”, “l’héritier du trône de France et roi de France depuis 1999”, avec Rasta Président, le reggae man qui succèdera à Sarkozy en 20122.

Les deux hommes discutent avec sérieux de la mise en place d’un “gouvernement mondial” pour mettre fin aux “guerres fratricides” entre les nations, sur fond de bruitages débiles. Quant à la place qu’il doit occuper, Hoareau précise : “Mon ancêtre le roi David régnait sur le mont Sion, donc je pense que ma place est à cet endroit”. Et révélation : le roi de France est de gauche ! Il est pour un certain nombre de droits, syndicaux, environnementaux, etc., “pour que ça profite au plus grande nombre”. Barack Obama ? “Je le jugerai sur ses actes. A propos de l’Afghanistan, il est ainsi plus que clair : “Ça suffit d’envoyer nos enfants se faire tuer comme si c’était de la chair à canons”. C’est avec un certain sens de la formule qu’il rejette par là l’idée “[d’]exporter la démocratie comme si c’était le saint Graal”.

Un sens de la formule car oui, au fait, qu’est-ce qui prouve que c’est bien là le roi de France ? Eh bien, c’est simple : “Toutes les prophéties se réalisent parfaitement avec moi”. Et de détailler une prophétie de Nostradamus. On se dit que bordel, c’est pas possible, comment il fait pour ne pas éclater de rire… Mais c’est qu’il est sérieux le Hoareau. Parce que le petit détail de la prophétie qu’il fait là est une parcelle des 40 000 caractères présents sur son blog3. “La plus connue est sur le grand monarque : « un si grand prince… », hein je fais 1m95 ; « … qui naît dans un rond, dans un lys… », un rond c’est une île, un lys c’est mon sang de Bourbon, en plus la Réunion, avant, s’appelait l’île Bourbon ; « … ce grand prince va

1 http://www.dailymotion.com/video/x7m6ll_le-retour-du-roila-descendance-de-j_news2 http://www.myspace.com/rastapresident3 h t tp : / / jesu iscequejesu is .wordpress.com/2008/06/06/4-nostradamus-et-le-petit-prince/ (l’existence de ce blog doit hélas laisser penser que le sieur est un minimum sérieux)

maintenir le sang de Bourbon » ; c’est un « androgyne » dans ce quatrain, et moi je suis androgyne ; « C’est un prince qui a Saturne en balance », au niveau astrologique, donc moi, j’ai Saturne en balance. Donc rien que ce quatrain est vraiment très très précis”. On vous épargne les autres.

Et comment le roi sait-il qu’il est roi, puisque personne d’autre ne le sait ? “En 2005, juste après la fin de [s]es études à Sciences Po Paris”, il apprend que son arrière-grand-père “était un comte”, sans en savoir davantage car “[s]a soeur interdit à [s]a mère de [lui] dire l’identité de ce comte”. Parti en Australie, il a un “rêve vraiment très étrange” : “C’était un paysage vraiment lunaire où un petit gnome était assis sur les genoux de ma mère et avait un terrible mal de tête ; ma mère lui apposa les mains sur le front et son mal de tête disparut aussitôt. A ce moment, le gnome se tourna vers moi et il me dit : « votre arrière-grand-père était un Bourbon »”. Rentré à la Réunion, il pose “plein plein de questions” et sa soeur, décidément pute, commence seulement à lui donner quelques indices, et encore ! Seulement “petit à petit, progressivement”. Elle lui donne “Louis”, “Philippe”, “plusieurs prénoms”. Tenace, le grand Pierre-Brieu obtient finalement “des aveux” de sa mère et sa soeur. Et, signe qui ne trompe pas, c’est toujours conformément aux prophéties que les choses se passe puisque Hoareaux a “découvert l’identité exacte de [s]on arrière-grand-père quelques heures avant la guerre au Liban, la dernière guerre, en 2006”. Sans compter qu’en mai 2007, “la tombe du roi Hérode a été découverte […] dans les territoires palestiniens”. Si c’est pas une preuve, ça.

“Les francs-maçons [l’]on beaucoup aidé”, pour publier Je suis ce que je suis en juillet 2007. Pendant un an, Joseph Castelli, “grand-maître franc-maçon du mouvement Memphis et [M]israïm, s’est occupé de tout” et “a vendu cet ouvrage”, il a d’ailleurs

Le retour du roi. Le seigneur des ânes hauts.“gardé toutes les commissions pour lui”. Yonnel Ghernaouti, avec qui le livre a été rédigé, “est allé jusque dans Questions pour un champion, avec Juien Lepers4”. “Et puis il y a eu la trahison”. En effet, “le pseudo comte de Paris a envoyé un de ses amis corrompre [s]on éditeur”. Hélas, “l’argent a été vraiment trop trop fort pour eux”. En commentaire à sa vidéo, Hoareau précise d’ailleurs que l’association des Sciences-Po de Madagascar et Maurice et son président Abdoulah Lala le considèrent comme persona non grata. “Je ne suis plus convié à rien”, s’émeut-il.

Et alors, c’est l’ostracisme, la censure. La presse royaliste l’ignore, Hoareau est seul. “Plusieurs journalistes très courageux m’ont quand même médiatisés”, précise-t-il : “J’ai fait la une du Mauricien à Maurice, la une du Journal à la Réunion, ainsi que la une d’un magazine pipole de la Réunion”. Et de narguer les traîtres : “Je m’en fiche éperdument des réseaux royalistes parce que je ne suis pas royaliste, je suis le roi !”.

Bien entendu, Hoareau a contacté le pouvoir en place. Il a écrit en 2006 à une conseillère de Sarkozy, ministre de l’Intérieur, qui lui a répondu “dans un e-mail qu[‘il a] toujours” : “Je vais voir”. Puis c’est au ministère de la Défense et directement à Sarkozy qu’il écrit. A la Défense, on le remercie par courrier et on lui dit que “nous allons étudier tout cela”. Il téléphone alors, et on lui dit qu’il sera prévenu “le moment venu” en précisant que “c’est une affaire franco-française”, alors que bon c’est quand même “la descendance du roi David”. Hoareau avait envoyé à Sarkozy une mèche de ses cheveux : comme “il testait l’ADN des voleurs de scooters”, il pouvait bien se charger du sien. Sarkozy lui a finalement répondu : “Je m’engage à résoudre cette question” tout en le reconnaissant officiellement puisqu’il l’a appelé dans son courrier “Pierre-Brieu Hoareau de Bourbon d’Orléans”.

Malgré ses difficultés, Hoareau va bien finir par faire jaillir la vérité. Il a déjà écrit un second bouquin, pour remplacer le premier, retiré du site Internet de l’éditeur. Son groupe de soutien Facebook5, qui totalise 70 soutiens nous informe que des “tests ADN réalisés aux Etats-Unis avec Family Tree DNA ont prouvé sa filiation”. On est sur la bonne voie ! Et comme l’affirme martialement le prince Pierre-Brieu : “Il y a un diction qui dit « Un roi n’abandonne jamais »”.

4 http://www.dailymotion.com/video/x40920_pierrebrieu-hoareau-de-bourbon-dorl_people5 http://www.facebook.com/group.php?gid=86208422019&ref=nf

King Koin doit probablement avoir été très jaloux d’apprendre que l’étudiante française Chlotilde Reiss, arrêtée à Téhéran et accusée d’espionnage n’était pas de Sciences Po Paris mais de Sciences Po Lille… Peut-être aurait-il même été tenté de récupérer le morceau de viande pour entretenir son aura médiatique, en profitant de l’interview d’une ancienne professeure (L’Express, 07/07) évoquant “son cursus à Sciences

Po”, si la rédaction du site n’avait pas imaginé utile de noter qu’il s’agissait de “l’IEP de Lille, plus précisément”. Hélas, c’est Pierre Matthiot, directeur de l’IEP de Lille qui a pu injustement en profiter (La Voix du Nord, 07/07). Après tout, à 23 ans, Chlotilde Reiss est diplômée depuis 2008, donc ça ne vaut plus, c’est n’est pas juste !

Contrairement à ce que l’on peut croire, il ne s’agissait pas d’une année à l’étranger dans le cadre de l’IEP (même Pipo Paris n’a pas d’accord en Iran) ; Reiss était de manière indépendante lectrice de français à Ispahan. C’était par contre par un travail de recherche en master à Sciences Po Lille que la demoiselle s’est envolée pour la première fois vers l’Iran. J’ai bien envie de faire mon mémoire sur la Corée du Nord, tiens.

Iran : coup pour coup

Qui de Rasta président et Pierre-Brieu Ier représente-t-il le mieux l’identité nationale ?

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Bruits d’amphis

Thierry Hommel (spécialiste du développement durable à la pipo) : “Bon, les Japonais sont pas très grands, mais ils vont quand même pas dans les canalisations… Par contre, les blattes !…”

Le même : “A priori je serais peut-être même en meilleure santé si j’étais pas malade !”

Laurent Bigorgne est revenu cet été. Mais vous ne le savez pas parce que cet “entrepreneur” est aussitôt reparti, vers… l’institut Montaigne1. Se proclamant “indépendant”, ce think tank fondé par Claude Bébéar (AXA) est surtout ce qui se fait de plus cul-cul-libéral sur le marché libre et parfait de la pensée pré-mâchée. Pas étonnant que Bigorgne, qui n’a de rouge que son visage, y trouve désormais son compte. Cédric Prunier, disparu de la circulation depuis octobre, y trouverait probablement ses aises lui aussi (conseil gratuit, mon petit Dridric).

Big Horn a-t-il été sélectionné sur ses compétence ? Sûrement, sûrement. Le think tank est dirigé depuis 2008 par un certain François Rachline, qui se présente officiellement sur le site comme “directeur général de l’Institut Montaigne et professeur [d’économie] à Sciences Po”. On évitera toutefois d’évoquer abusivement les rapports incestueux de Sciences Po avec les cercles de pouvoir, car on sait que lorsqu’il lui a fallu se recaser en dernière minute, Bibi n’a pas décemment pu jouer la carte du “j’ai été ton employeur, je peux être ton employé ?”.

On avait donné dans ces pages M. Bigorneau comme parti définitivement, puis on avait dit qu’en fait non. Eh bien on avait raison les deux fois, au final, qu’est-ce qu’on est bons ! “He will be back !”, avait titré Descoings le 13 juin 2008 dans un flash newsletter qui ressemblait pourtant fortement à une notice nécrologique. La phrase “Laurent n’aime pas l’avion” nous avait bien mis la puce à l’oreille…

Sa compagne, Véronique Bolhuis, avait été nommée en avril 2008 à un poste créé sur mesure, la direction des admissions. Oui, mais elle attendait un enfant, allait prendre un congé maternité… Et comme le disait si bien Bibi, “ici, on ne fait pas de philanthropie”. Elle est donc partie dans les valises de son mari, à la LSE. “Un bonheur n’arrive pas seul !”, concluait Descoings.

1 Il y occupe officiellement le poste de directeur des études : http://www.institutmontaigne.org/equipe-permanente-2470.html

A l’UMP Grandes écoles, on a peut-être du pétrole (dans sa Lamborghini), mais on n’a pas d’idées. Surtout quand son président Benjamin Lancar, “camarade” de Pipo, est réputé pour sa connerie abyssale et a été élu en tant qu’homme de paille (voir numéro 15). Alors on recrute des gens chargés auprès de lui “d’élaborer les principales positions politiques des Jeunes populaires”. Oui, oui, “un travail de fond dans la durée portant sur les propositions des Jeunes populaires”, parce que c’est beau de faire son petit marketing sur la jeunesse bourgeoise qui s’encanaille, mais que ça marche pas quand c’est manifestement du vent. La preuve : regardez le NPA.

Pour une offre de stage, avouons que les choses sont posées de manière presque honnête : il est écrit noir sur blanc que la personne retenue sera da larbin : il est nécessaire de posséder “une capacité d’adaptation et une rapidité d’exécution” pour répondre à une “sollicitation constante”. Un certain sens de la périphrase en effet, puisqu’il est également précisé qu’il faut préparer le discours médiatique du Neuneu suprême, qui s’exprime non par borborygmes mais par “éléments de langage”.

Médie à partRemue ménage lorsque Mediapart sort son enquête sur Sciences Po. Au final un gros dossier bien documenté qui n’ajoute pas grand chose à ce que l’on sait déja... et a eu une répercussion a peu près semblable au niveau national à celle d’un nouveau numéro d’IVV. Edwy gare à toi nous voilà

Mollah Homard Faits pour s’entendreUn Cuny et une Lassus ont été admis à l’école de journalisme de Sciences Po cette année, n’en déplaise aux mauvaises langues.

Un suppô et au lit !Sylvestre Frezal, nouveau directeur des premiers cycles, nous recommande1, comme c’est gentil, de nous laver les mains en arrivant à Sciences Po, en achetant avec nos maigres deniers une solution désinfectante. Et puis il nous recommande de bien dormir. Merci tonton Frezal ! Du haut de tes 25 ans à tout casser, tu es très sérieux dans ton rôle !

Une pièce pour Quentin CharriautA la Junior Entreprise, il n’y a “pas que des Finance[&Stratégie], contrairement à ce qu’on pourrait croire de prime abord”, nous informe début octobre son président Quentin Charriaut2 — que son nom prédestine à bosser chez Leclerc. Qui pourrait donc colporter une telle rumeur ?

A l’aise, Blaise“Toute personne riche a besoin de repos”, reconnaît Jean-Claude Casanova, patron de la FNSP, devant un parterre de bourges à qui il tente de soutirer de l’argent, en mai dernier3. Après avoir cité son “philosophe préféré”, Pascal (même pas Raymond Aron !), il conclut : “Pour obtenir ce repos, nous vous demandons de nous aider”.

Le point culture GPour l’été, Coin-Coin a décidé de barbouiller de confiture son profil Facebook en y postant citation sur citation. Il a même essayé de faire ça sur Twitter, mais il s’est vite rendu c o m p t e qu’en 140 caractères il n’avait pas le temps de couvrir toute la tartine.

1 http://vimeo.com/63818412 http://vimeo.com/68520853 http://vimeo.com/5162905L’augmentation de la part de budget fournie

par les dons particuliers peut avoir des conséquences relativement inattendues. L’université (catholique) de Notre Dame a ainsi du faire face à une fronde de la part de donateurs, fédérés pour exiger le départ du président, le père John Jenkins. Il faut dire que celui-ci a commis l’erreur d’inviter Barack Hussein Obama pour recevoir un doctorat honoris causa et présider la cérémonie de remise des diplômes, soit “le plus pervers militant de la « culture de mort » [l’avortement] qui ait jamais accédé à la fonction présidentielle aux États-Unis” (chrétienté.info, 23/03). Des associations étudiantes, des évêques, des bons

chrétiens se sont bien sûr mobilisés contre ce scandale !

J’en vois qui rigolent, mais sachez mes bien chers frères, mes bien chères soeurs, “[qu’]on ne doit pas traiter son frère ou son prochain de « fou » de crainte de « la géhenne de feu » (Mt 5, 22)” (chrétienté.info, 25/04). Car par une suspension de dons, ce sont 8,2 M$ qui auraient ainsi été mis en suspens, comme l’Esprit Saint au dessus de nos têtes (chrétienté.info, 29/04). Alors, avant d’inviter Barack Obama comme certains semblent le souhaiter, Coin-Coin ferait mieux d’y réfléchir à deux fois, s’il ne veut pas avoir l’UNI et le Centre Saint-Guillaume contre lui !

Dieu m’a donné les foies

Jeunes pots puent l’air

Ah ! Les mots d’esprit des gau-chistes...

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la connerie de richie

“D’un moraliste bien né : “La flatterie est une fausse monnaie qui n’a de cours que par notre vanité”.” (Facebook, 02/08)

Ce à quoi un commentateur inspiré a trouvé à répondre : “Vos citations sont toujours de très belle facture ;-)”

Livres disciplinésCatastrophe ! Histoire de la folie à l’âge classique, de Michel Foucault, a été subtilisé à la bibliothèque (son blog, 19/05) ! Ne reste plus que la couverture, fort jolie par ailleurs. D’autres livres sont concernés, tailladés au cutter. Enfin, disons que ça facilite les fiches de lecture…

Brade BuryLes travaux de la bibliothèque ont causé le 14 août une infiltration d’eau, annonce son blog (26/08). 2 000 livres ont été abimés et doivent être traités d’ici le mois de décembre. Pour être sauvés, ils devront subir un traitement de choc : “dans un premier temps ils seront congelés et puis réchauffés à très haute température”. 451 degrés Fahrenheit?

Tocqueville Brothers”Paul et Matthieu”. C’est le nouveau duo comique du moment. Les connaisseurs auront reconnu Matthieu Creux (ND) et Paul Midy, chargés de la stratégie web aux Jeunes UMP, la “iforce”. On avait suivi leurs mémorables tribulations à Arras (voir numéro 17). Interviewés cette fois-ci à l’université d’été de l’UMP1, avec en fond des droitiers en veste de costume ou — plus détendus — le pull en cachemire négligemment attaché autour du cou, ils semblent très fier d’une initiative Internet de l’UMP et annoncent vouloir en faire la promotion. Les gens, “on va essayer de les séduire”, explique Creux. Spécialiste des vidéos politiques à faible audience, Guy Birenbaum relaie leurs exploits sur son compte Twitter (05/09) et précise à propos de cette opération de charme que “le coiffeur a appelé, il s’excuse”.

1 http://www.dailymotion.com/fr/channel/news/video/xae5ej_la-iforce-parle-des-createurs-de-po_news

iForce obscureEnvoyé spécial consacre une partie d’un reportage à la iforce, chargée du Facebook de Nicolas Sarkozy2. “Sur Facebook, c’est la course aux amis”, explique avec sérieux le commentateur. Sarkozy, loin derrière Obama ou Atatürk dans le classement des pages de fans, marque tout de même des points ! Il va même dépasser Villy Sovndal “dans quelques minutes” et devenir le politicien européen avec le plus de fans (puisque la Turquie n’est pas en Europe !). Pénétré de son propos, un membre de la iforce explique qu’il faut absolument comprendre que “raisonner dans une vision franco-française”, c’est fini : “On est sur Facebook !”. Eh oui, “110 millions de gens” sont concernés et participent à ce “classement mondial des hommes politiques” ! “Booster la page de notre président, c’est booster la France !”, conclut-il avec lyrisme.

Mais l’enjeu est plus important encore, pensent-ils. “Pour eux, aucun doute : la prochaine élection présidentielle, celle de 2012, se jouera sur Facebook”, dit la voix off. Facebook, parce que c’est un “lien” entre “un mouvement politique et une génération comme la notre qui est celle des 18-30 ans”. Pour mémoire, au second tour de l’élection de 2007, 42% seulement des suffrages exprimés parmi les 18-24 ans s’étaient portés sur Sarkozy (sondage Ipsos sortie des urnes). Sans compter qu’à jouer à kikalaplugrosse sur Facebook, Sarkozy serait battu au second tour par Che Guevara…

Latour de reinsLe JDD nous apprend (08/05) que Bruno Latour aime “pomper”. Il affirme de la sorte son intérêt pour les nouveaux médias en ligne. A quand la X-tape ?

2 http://www.dailymotion.com/relevance/search/iforce/video/x7r5jd_la-iforce-sur-envoye-spe-cial_news

Faux frèresEncore un “scoop” volé à lapéniche.net : Sciences Po confirme officiellement que Vincent Tiberj est bien le troisième frère Bogdanoff.

Bande mou, cherche durLa recherche avance, camarades ! Une étude menée sur 850 étudiants d’Oxford montre (Telegraph, 30/05) que moins on baise, meilleurs sont nos résultats scolaires. Et dans l’inévitable classement des plus gros obsédés, les historiens arrivent en tête, suivis des politistes, des philosophes, des économistes et des littéraires. Un certain nombre de frustrés d’IVV ont déjà contacté la DAIE.

La Princesse, on peine dessusLa Princesse de Clèves est au programme du concours 2010 de l’ENS. Pour celui de Pipo en 2011, on aura droit en dissertation selon nos informations — des plus sérieuses — au sujet “Casse-toi pôv’ con : la rhétorique de l’exclusion”.

There is no alternativeLa section PS Pipo rejoint les associations collaborant à l’Université alternative (PAVéS, Jeunes Verts, ATTAC, SUD, Répliques, NPA, Parti de Gauche). Des “cycles [de conférences] contre la pensée unique”, donc.

Finis ton plat !Du 2 au 16 juin a eu lieu à Sciences Po (et partout dans le monde) la Quinzaine de l’enfant africain. Quinze jours pour celui qui nous fait chier depuis trente ans à nous empêcher de gâcher la nourriture… Il y a vraiment des gens masochistes !

Chaise roulante, ce qui reste quand on a mangé le légume“Ca y est, l’AMAP est de retour !”, dit un mail de spam de Lydie Daligaux. Rien à voir avec les poireaux bouffés par les bestioles ou les carottes difformes géantes de Pavés. Non, c’est le retour de l’Association du master affaires publiques qui déclenche l’hystérie dans les couloirs. “Un pot” (direct ou indirect ?) était prévu fin octobre. De quoi expérimenter l’un des “nouveaux objectifs” de l’AMAP : “partager des moments sympas ensemble”. Une expérience étrange, qu’il fallait bien reconstituer dans ces pages :— Alors, ce stage au MiFi ?— Un peu trop d’HT24, tu sais… Mais le DG du CabD m’a confié une MKJ de la plus haute importance !— Ah oui, une GriVa ?— Mieux, un PoALa ![Rires]

Quand Cyril Delhay jette des roses à… Cyril Delhay. Celui que tout le monde surnomme amicalement “le violeur du fond du jardin” fait dans la newsletter (30/09) l’apologie d’un programme dont il a la responsabilité depuis plusieurs années. Avec les CEP, Sciences Po avait “dix ans d’avance”, affirme-t-il sans nuance. Empreint d’un humour obamaniaque d’une folle originalité, il ose même s’exclamer : “Yes, we did !”. La preuve ? Tous ces méchants qui critiquaient sans savoir ferment leur vil clapet à présent, et “le principe de ce dispositif n’est plus contesté”. A IVV non plus, d’ailleurs. Au point d’avoir un

temps pu penser que l’Arabe heureux de se voir flatté comme un caniche par Hortefeux lors de la dernière université d’été de l’UMP sortait des murs du 27. Il faut dire qu’il “correspond au prototype”.Cyril Delhoitte cite par ailleurs pas moins de 25 entreprises parmi le “collectif d’acteurs” (sic) de ce “programme d’envergure” (encore une giclée pour monsieur). “Quelques unes” des organisations donc, parmi lesquelles “la Fondation du Grand Orient de France”. En fait de “programme inédit”, les Convention éducation prioritaire ne seraient donc en fait qu’une vague resucée du grand complot maçonnique ?

Pour un accès Universal à l’éducation

Un attentat anti-américain ?

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Critique littéraire au Monde des livres (même si elle écrit avec ses pieds), Florence Noiville n’a pas le profil à avoir fait HEC. C’est pourtant bien le cas : elle est diplômée de la promotion 1984, dite “Allez les cadres !”, et elle en est aujourd’hui toute confondue. Elle a donc écrit J’ai fait HEC et je m’en excuse, qui attaque l’aveuglement dogmatique des hérauts du pragmatisme économique, incapables de voir venir la crise. Jusque là, rien de neuf. Mais l’auteure s’intéresse, malgré une réflexion limitée, à l’une des origines de ce phénomène, l’enseignement dans les business schools de type HEC. Selon une formule populaire à Jouir-en-Chaussettes dans les années 1990, citée par Les Echos, “il ne faut pas tuer l’ours avant d’en avoir vendu la peau”.

Crachat dans la soupe contre bave de chien de garde

Les réactions pleuvent, pour critiquer cet ouvrage-sacrilège. Denis Kessler (HEC 1976) lui oppose (lefigaro.fr, 16/10) qu’il existe une vie associative à HEC, donc que les gens doivent y être un peu humains, après tout. Certes, mais une vie quasiment inexistante par rapport à Sciences Po1.

Christine Kerdellant (HEC 1983), chroniqueuse à L’Express, oppose l’argument que des gens de gauche comme François Hollande, DSK ou Pascal Lamy sont passés par HEC, donc que ce “n’est pas une école du capitalisme”. Je m’abstiens de commenter ici cet argument d’un sophisme absolu, mais je ne peux que remercier madame pour le moment de franche rigolade qu’elle m’a offert. Ajoutant au tableau de sa non argumentation une attaque ad hominem, la chroniqueuse remarque avec une méchanceté amusée que, parmi les cibles du livre de Noiville, figure la chaire “gadget” Entreprise et pauvreté, dirigée par son propre mari, Martin Hirsch. Elle aura au moins débusqué l’une des sources du livre.

Malgré une variante vraiment en dessous de la ceinture (“le livre est-il un règlement de compte conjugal ?”), le professeur Bernard Marois (HEC 1968) est le seul à apporter une critique construite (easybourse.com, 15/10). On n’échappe pas à l’éternel appel à la solidarité pour #lavaleurdudiplôme : “il est toujours facile de « cracher dans la soupe » […] [quand on] en a bien profité” (beaucoup moins quand on est en train de le faire, semble-t-il). Le même homme doit probablement se trouver parmi les premiers à se moquer d’un PS où les militants s’abstiennent de trop ouvrir leur gueule pour maintenir l’unité d’un parti qui part en miettes.

Premier argument : il y a plus de vocations vers les ONG ou bien vers la culture que vers la finance. Une relativisation valable, mais qui tend à l’évacuation complète du problème. Parler de la façon dont le master Finance et

1 80 associations en tout, bien moins quand on enlève tous les sports, gérés à Sciences Po par l’AS. 19 associations seulement sont tournées dans leurs ob-jectifs vers autre chose que le nombril des étudiants, dont 4 via le sport et 1 par l’organisation d’un gala.

stratégie (F&S) de Pipo enseigne la finance, c’est également parler de la façon dont Sciences Po conçoit l’enseignement et l’éthique de la finance. Sans compter que la philosophie utilitariste et amorale règne par chez nous dans d’autres masters (au hasard, communication et journalisme). Un raisonnement valable aussi pour HEC. Bien entendu d’un autre avis, Hervé Crès lâche à Educpros.fr (14/09) cette perle de mauvaise foi : “Je ne vois pas d’opposition entre l’existence de la chaire [« Entreprise et pauvreté »] de Muhammad Yunus et celle du cours sur la titrisation financière”. Microcrédit et subprimes, même combat !Deuxième argument : c’est la faute du manque de réglementation, et non de l’enseignement.

Les financiers ne font que suivre les règles établies. Mais manque alors la fameuse morale. Spéculer par exemple sur la crise alimentaire mondiale, comme l’a fait la banque belge KBC (Temoignages.re, 20/05/08), c’est peut-être légal mais cela reste dommageable à un milliard d’êtres humains, selon les derniers chiffres. Inutile de multiplier les exemples, les valeurs enseignées sont à la base de l’action future. L’explication monocausale est d’une trop grande facilité.

Troisième argument : affirmer que la finance a pris un poids trop important est arbitraire, et celle-ci participe de la croissance économique mondiale. En dehors des considération idéologiques que sous-tend cette affirmation, en particulier l’idée smithienne selon laquelle la croissance profite à tous, il faut avoir les yeux dans le porte-feuille pour refuser de reconnaître le fait que le politique est chaque jour plus subordonné à l’économique, au détriment des plus pauvres.

Dans une tribune publiée par Les Echos (13/10), François Ewald rappelle d’ailleurs que l’ensemble de la classe politique est dans une “philosophie de système” qui fait que social-démocrates et libéraux pensent dans une même vision de régulation. “Le système prime sur les agents”, ajoute-t-il, et les hommes sont réduits de façon “méprisante” à maximiser leur

utilité. Et Ewald d’appeler, avec ses restes de foucaldisme, à passer à une responsabilisation des agents : “Système ou marché, voilà qui pourrait servir à distinguer deux types de « business schools »”.

HEC et les niagros

De manière plus terre-à-terre, “Zaccio” commente sur le blog “Et voilà le travail” (19/09), en référence au parcours de Florence Noiville : “Elle aurait mieux fait de s’excuser d’avoir fait Sciences Po”. Mais au-delà de toutes ces critiques de surface, il est une chose qui ne peut être contestée : le contenu des enseignements des écoles de commerce a

bien été remis en question depuis le début de la crise. Une responsable de master à l’école de management de Reims déclare par exemple à Youphil (21/09) : “On se rend compte des limites des modèles enseignés jusqu’à maintenant”. Comme cela existe à Pipo, on surfe sur la vague du développement durable. On parle éthique. Il doit bien y avoir quelque part là dedans un aveu d’avoir fauté quelque part, non ?

Derrière ces prétentions humanistes, le fond reste bien entendu inchangé. Citée par Eco89 (13/09), une ancienne enseignante d’HEC déclare à propos des cours d’éthique : “je n’enseignais qu’aux “freaks” du campus, ceux qui n’étaient pas trop sûrs de ce qu’ils faisaient là…”. Pour les autres greed is (still) good. En témoigne la dernière vidéo promotionnelle d’HEC, à destination des étudiants étrangers2, qui vante donc ce qui fait la réputation de

l’école. Dégueulinante de cynisme, elle présente sous forme de dessin animé ce que

sera l’avenir d’un Heçard. Sur un rythme effréné et une mauvaise musique techno, le spectateur est plongé en vue subjective dans la peau d’un maître du monde. Tous les Jean-Claude Convenant diplômés de Joint-en-Godasses apprécieront.

Selon la publicité, décryptée pour vous par IVV, un diplômé d’HEC a le choix à la sortie de l’école. Il peut refuser, tout en faisant du ski (oui, du ski) les recruteurs ringards, ceux qui promettent un peu trop monts et merveilles, les méchants pollueurs. Le bon recruteur, on rentre dans sa boîte par la bouche, en lui écartant les dents. Une métaphore involontaire mais bienvenue du harcèlement sexuel au travail. Là, on bosse, on signe des contrats, etc., et on monte très vite dans la hiérarchie. On finit même par foutre dehors d’un coup de corde à rideaux le méchant patron aux dents pointues. Car ce sont des salauds qui dirigent le monde de l’entreprise ! Aussitôt, des larbins apparaissent pour vous assister depuis votre siège, posé sur un sol en or massif et doté de propulseurs qui vous font vous envoler vers des centaines de possibilités. Vous pouvez par exemple partir réconcilier ces cons de négros et de niakoués qui ne s’entendent pas et ont besoin du grand frère blanc pour se transformer en niagros.

2 http://www.youtube.com/watch?v=kZx1w8R-ca8

LES MOI-JE-SAIS DE HEC

Révélation : les étudiants d’HEC sont eux aussi accros à la poudre

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En plus de littéralement secouer les employés endormis, vous pouvez signer des contrats en sautant en parachute. Difficile de bien relire toutes les clauses dans ces conditions, mais ce n’est pas grave puisque vous récupérez des pièces jaunes, avec lesquelles planter des éoliennes partout, sans même demander d’autorisation. Votre combine cause la mort d’une vache, alors que vous continuez de voler, en mode Superbusinessman, à travers la campagne. Vous finissez par arnaquer des extraterrestres dans leur vaisseau en forme de chaussure (comme l’a remarqué Eco89, 24/09) en y rajoutant quelques ampoules. Ces imbéciles d’hitis figurent clairement les pays sous-développés, en zappant d’inévitables accusations de racisme. Ils sont tellement heureux qu’ils vous font un feu d’artifice. Et c’est fini, vous avez conquis l’univers. On est revenu aux paroles de la chanson en début de clip qui parlent (en anglais) de votre ascension vers le ciel, avec le monde entier qui fait la queue pour vous voir.

Vernis fortement craquelé, la prétention d’HEC à ouvrir toutes les portes aux futurs requins n’est pas si évidente (révélation !). Les Echos (16-17/10) l’affirment : “le diplôme sésame qui ouvre toutes les portes et pour toujours relève désormais davantage du vœu pieux que de la réalité”. Il n’existe selon le journal plus de véritable différence sur le marché du travail entre une formation HEC et une formation à Dauphine ou en Institut d’administration des entreprises (IAE) : tout le monde finit au chômage. Et avec le temps, seul compte l’expérience, donc la capacité à vendre son immense (?) talent pour les tâches les plus viles.

La provocation de la carpette

Marc Mousli, chroniqueur à Alternatives économiques, décrit le directeur d’HEC, Bernard Ramanantsoa, comme quelqu’un de sensible aux questions d’éthique. Ramanantsoa a ainsi rendu obligatoire, à partir de 2010, d’avoir compléter un module de “morale des affaires” pour obtenir son diplôme. Mais quelles que soit ses convictions, l’inscription d’HEC dans la compétition mondiale et l’adaptation au discours ambiant pour la promotion de l’école laisse apparaître une réalité des plus crues.

On a en effet dans le spot d’HEC une autre très fine couche de vernis sur une génération qui va virer les méchants profiteurs (formés à HEC aussi) pour… faire plus de thune encore. Exemple suffisamment significatif, le héros du clip qui débarque dans une réunion et secoue l’assistance endormie. Une vision favorable à tous les cadres tout frais émoulus, qui débarquent et croient tout savoir sur le fonctionnement spécifique à l’entreprise. Lui-même pleinement intégré à ce que Galbraith qualifie sans état d’âme de “bureaucratie d’entreprise”, il est prêt à en reproduire les travers et à s’imaginer qu’il est le seul à travailler sérieusement. La morale a bon dos

et elle n’est prise en compte que pour les débouchés escomptés. Le développement durable est d’abord et avant tout un marché en plein développement. Et que dire de la filière de “finance islamique’ créée cette rentrée par Dauphine (Paris-IX) ? La morale est cette fois celle de la charia, nécessaire à intégrer pour gérer des pétro-dollars…

Que faire, alors ? Pour Damien Lorton, cité par Eco89 (14/09), la solution est simple et se situe en aval : baisser les bonus et rémunérations. “Tant que l’on pourra gagner des sommes faramineuses, certains se laisseront tenter…”. Une solution contestée par le professeur d’HEC Bernard Marois qui décrit une question “beaucoup plus complexe qu’elle n’y paraît à première vue”. Selon lui, la forte rémunération apporte une certaine liquidité aux marchés. Un éventuel effet involontairement positif d’une absence de gouvernance économique efficace vaut-il la peine de renoncer à intervenir ? Une telle remise en question n’est pas pour demain, semble-t-il.

Le déversement de critiques dans le petit milieu des HEC a dû combler d’aise Florence Noiville. Mais il a bien montré que la majorité des personnes concernées ne peuvent seulement pas imaginer penser différemment. On peut en particulier lire sur le site de l’association des diplômés un article pompeusement signé “Les étudiants de la promotion HEC 2009” (21/10), dont l’auteur, visiblement outré, pense qu’il est impossible pour un diplômé d’avoir une autre réaction que la sienne. Il ne s’agit pas pour lui d’un nostra culpa mais de l’attaque d’une ingrate qui souhaite “provoquer plutôt que bâtir”. Une provocatrice qui s’excuse auprès de tous les gens dont elle cite l’exemple, et qui propose tout de même une ébauche bisounours de solution. “Nous regrettons de lire dans votre livre que nous sommes des « crétins » immoraux” explique, pour s’attirer le soutien de ses pairs, monsieur Lézétudiants. Une citation 100% hors contexte, d’un type qui soit n’a pas lu le livre, soit est effectivement un crétin. On a la morale qu’on peut, à Je-Chie-des-Ananas.

A HEC aussi on joue à “ou est Charles-Henri”?”

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LA CHRONIQUE DUDOCTEUR LOVE

Après quelques années d’absence, le Docteur Love revient. Plus en forme que jamais, celui par qui le scandale arrive répond à vos courriers.

Cher Dr Love,

J’ai un problème à vous soumettre. Je suis un homme dans la cinquantaine, au front dégarni par le vent de l’Histoire. Je fais un rêve étrange et pénétrant depuis plusieurs nuits, qui me trouble, me hante, et qui fait que durant mon sommeil, des gouttes d’effroi perlent sur mon corps nu d’éphèbe, pour lentement et subrepticement glisser sur mon torse de spartiate, et finalement caresser et endurcir mes tétons qui se dressent, attendant d’être subitement happés par des lèvres goulues et gonflées de désir… Pardon je m’égare (et pas seulement d’Austerlitz, ndlr)… Je rêve donc d’une scène plutôt étrange, atemporelle, où je vois un vieil homme, l’air absent, qui observe une scène des plus étranges : un énorme lion, joufflu et gonflé d’orgueil, sodomise avec une violence incroyable un petit animal orangeâtre, et dont je comprends à travers les multiples cris aigus de détresse soprano qu’il s’agit d’un frêle renard.

Docteur, ce rêve et cette scène me fascinent et m’enivrent, tout en me terrifiant … que dois-je en en penser ?

Cher directeur,

J’avoue que votre courrier et la question posée me change un peu de la routine des étudiants de première année qui se plaignent de douleurs anales après des soirées BDE, ou les questions sur les maladies vénériennes, de la part des organisateurs de ces mêmes soirées. Tout d’abord, vilain petit cachottier, tu sais très bien à quoi se référent les deux représentants du règne animal. Je suis d’accord avec toi, on aurait plutôt tendance à penser que le logo de notre cher institut de lavage de cerveau devrait être un mouton, mais tes prédécesseurs ont préféré mettre un lion et un renard pour

donner l’impression qu’avec notre diplôme on en sortait plutôt enculeurs qu’enculés ! Enfin bon, je pense que le vieil homme a aussi un symbolisme fort, et je perçois derrière la barbe duvetée et grisonnante du spectateur l’image de Socrate. Mais oui, Socrate ! J’imagine que toi aussi dans ta jeunesse tu as un jour lu et réfléchi sur un livre de philosophie. Mais oui ! la philosophie ! tu sais, la connexion synaptique qui ébranle nos certitudes et va jusqu’à faire rougir la bête ignominieuse de notre bas-ventre de ses sombres et impétueuses turpitudes. Socrate, métaphore de la pensée et de la réflexion regarde de son œil benoît le spectacle malsain d’une petite boule de poils orangette qui hurle à la mort parce que son anus est trop étroit. Eh bien c’est ta conscience, Richard, oui, ta conscience ! Tu sais, ce qui fait que parfois tu te tais ! C’est ta conscience de jeune homme, qui un jour a probablement eu l’audace de réfléchir, et qui te rappelle à quel point ce que tu fais et l’Institut que tu diriges est profondément malsain. Car, crois-tu vraiment que le jeune homme tout émoustillé que tu étais et qui découvrait la joie des Idées et du poppers n’aurait pas appuyé sur la gâchette s’il aviat su qu’il finirait sa vie dans un bureau aseptisé avec une vie et un travail qui ont autant d’influence sur le progrès de l’esprit humain que le reflet du soleil sur les bancs de harengs n’en a sur le réchauffement climatique ? C’est d’avoir de l’audace dans la vie que tu devais rêver : tirer le diable par la queue plutôt que de te restreindre à ces vieux testicules taris des « hautes sphères de l’Etat ». De la même manière qu’on a retenu de Cambronne, l’homme, que le mot, tu n’as probablement retenu de Socrate et de sa pensée que ses appétits sexuels, et sa grosse réflexion qui venait triturer les méandres caverneux de l’esprit de ses disciples…

Eh bien oui, ce que ce rêve veut dire c’est que dans les

tréfonds de ton esprit, il te reste encore une miniscule lueur d’intelligence et de raison, qui t’incite à prendre le prochain vol Air France pour Rio qui t’emmènera loin de la grisaille vomitive de ta misérable vie de bourgeois parisien pour te faire enfin découvrir ce à quoi tu aspires : les plages de sable fin où les jeunes éphèbes nus comme des sculptures athéniennes nagent et s’éclaboussent en riant tels de jeunes enfants. Ils sont libres eux, et débarrassés de leur caleçon, plus rien ne les gêne, sinon le numéro qui pend à leur cou et que tu pourras toujours choisir si jamais l’envie t’en démange…

Ainsi, toi qui as souhaité mon modeste éclairage sur les tumultueuses turpitudes de ton inconscient, je t’ai donc donné un élément de réponse, qui fera que tu résoudras peut-être le conflit entre les deux parties de ton esprit : le jeune homme aventureux qui brûlait d’un feu intérieur et le grabataire qui finira sa vie en voyant ses testicules flétrir sur les bancs du Sénat ou du Conseil Constitutionnel… et le tyrannique lion des savanes cessera alors peut être de brandir son énorme sexe pour faire saigner les hémorroïdes du frêle petit renard…

Vous avez aimé la chronique ? Vous aimerez le livre !

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Petites informations sur notre beau site internet qui est, avec la version papier, l’une des deux mamelles d’In Vodka Veritas.

Tout d’abord, comme vous avez pu le constater depuis quelques mois, le site internet d’IVV abrite un blog ciné, animé par des rédacteurs volontaires qui vont font partagé les joies procurées par la possession de la carte MK2 illimitée. Les chroniques cinéma d’IVV sont réputées pour leur qualité et cette formidable sens de la formule qui fait aujourd’hui défaut aux Cahiers du cinéma. Rien à voir avec la gazette cinéma - médiocre - du BdA, qui nous bassine avec la Nouvelle Vague dès que l’occasion se présente. Il faut dire qu’à IVV, des nouvelles vagues, c’est un peu notre spécialité.

Un autre blog vient également d’ouvrir. “Télé Vodka” recense lui le meilleur des séries télé. Paradoxe contemporain, ces séries, nous ne les regardons pas à la télé, mais sur notre écran d’ordinateur, téléchargées illégalement (pardon

HADOPI) ou en streaming. A noter, nous avons ouvert un espace “commentaire” pour ces deux blogs, qui vont permettent d’interagir (c’est beau Internet), mais pas trop. Nous modérons drastiquement les commentaires. N’essayez donc pas de nous vendre du Viagra, on a déjà essayé, ça marche pas. Louis peut en témoigner.

Bref, ces deux blogs sont accessibles par la rubrique “Beulog” à gauche dans le menu.

Répondant aux appels incessants de la modernité, nous nous sommes résolus à utiliser l’outil électronique (nique) Issuu qui permet de feuilleter en ligne le PDF comme si c’était un vrai journal. Oui, la contradiction d’Internet va jusqu’à essayer d’imiter ce qu’il a essayé de dépasser. Bref, ça fait plus classe, mais vous pouvez toujours télécharger le PDF sur votre ordinateur si vous préférez.

Voilà, je crois que j’ai tout dit. Ah oui, il faut rajouter que le webmaster est vraiment trop bien. Gloire à lui.

Des nouvelles du site Internet...

LES AMOUREUX DES TOILETTES PUBLIQUESNous inaugurons ce numéro-ci une nouvelle rubrique, qui recence les meilleures citations que l’on peut trouver dans les toilettes publiques, en particulier dans les facs.

“Les murs sont des poèmes/Prenez la pa-role, prenez le pouvoir”

Toilettes du 56, rue des Saints-Pères, Sciences Po

“Certains anarchistes seraient en fait des animaux. (Roger Hanin)”

Toilettes de la Sorbonne

Bruits d’amphis

Hervé Crès se livre, dans Tribord (mai 2009) : “Jʼai une paire de bottes noires parce que jʼai toujours fait de la moto et donc jʼai toujours une paire de petites bottes de moto. Je les mets quand il pleut ou quand il fait froid. Je les mets parfois pour cacher des chaussettes disgracieuses parce que je nʼai pas toujours des chaussettes très belles.”

Le même, plus loin, rend hommage à Michel Sardou : “Durant les mois dʼété, jʼaurai plutôt un style colonial donc vous pourrez discuter sur mon style colonial.”

Le même, alcoolique : “Je nʼai jamais vu des étudiants dans un état lamentable et je bois très volontiers avec eux. Ca mʼarrivait de voir des étudiants arriver dans mon bureau à HEC avec des bouteilles de bière et jʼen buvais avec eux quand ils mʼen offraient.”

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L’INSTANT BIOPOULITIQUE DE MICHEL FAUCOULT - 3

qui plus est parfaitement évident aux yeux de tous, n’entrave en rien son efficience réelle et envahissante… Cette alliance des contraires, cet esprit cynique d’adhésion prétendument détachée, ironique donc, est à notre sens à relier à un Zeitgeist consistant à rendre naturelle la complaisance dans un détachement se proclamant lucide pour mieux escamoter sa soumission réelle aux normes économiques et

sociales en vigueur. « Mais non, bien sur, je ne suis pas dupe, qu’est-ce que tu crois ? Je sais bien que c’est de la merde », mais je n’en continue pas moins à me comporter en conformité aux impératifs officiels… (exemple paradigmatique : Facebook, dont chacun raille la vacuité, sans jamais remettre en cause son propre usage).

Cet esprit contemporain, quel que soit le diagnostic savant qu’on peut en tirer (état transitoire de

la culture “postmoderne”, incarnation de « l’esprit du capitalisme comme jouissance du manque » à la Zizek, vague de fond plus large…) offre un cadre d’explication propre a éclaircir les topoi du discours publicitaire, dont la visée consiste à « faire passer », à travers un détachement humoristique de pure façade, les messages les plus littéralement terrifiants. On assiste ici a la montée en puissance d’un nouvel éloge de la servitude volontaire, telle cette campagne proposant des formations en management via l’image d’une main tenant un martinet… Au delà du cynisme visible de ces orientations, qui participent à créer un puissant effet de « désensitivation » chez ceux qui y sont exposés, de manière à tester les limites du public pour l’accoutumer progressivement à des insultes de moins en moins voilées, la visée ultime de ce discours peut être située dans une volonté de rendre concrète une rupture intime complète du rapport entre les convictions individuelles et les pratiques matérielles : pensez comme il vous plait, soyez aussi rebelles que vous le souhaitez, mais surtout, mes chers amis, n’oubliez pas de consommer ! Peu nous importe que vous croyiez ou non à nos messages, du moment que l’essentiel, la consommation, reste sauf…

L’individu est ainsi sommé, petit à petit, de conformer son esprit à l’exigence toujours plus présente d’une soumission, non seulement aux lois immanentes du marché, mais à l’esprit d’entreprise, pour qui la dissociation des pratiques et des discours ne pose aucun problème. L’arraisonnement progressif des esprit à la norme suprême de la consommation comme principe organisateur de toute l’existence, telle est la sympathique promesse du néolibéralisme, dont ces gentils messages sont les symptômes autant que les instruments. A bon entendeur…

Ce mois-ci, la bibliothèque rouge vous emmène en Amérique du Sud, et plus précisément du temps de la révolution guévariste. L’ouvrage dont nous allons parler est doublement historique : il raconte d’abord l’épopée du Che, et il est d’autre part lui-même objet d’histoire. Publiée en Argentine en 1968, un an après la mort de l’icône révolutionnaire pour adolescents boutonneux, cette BD connut un succès retentissant dans la patrie du Che. Seulement, en 1973 elle fut interdite par le pouvoir autoritaire alors en place. Les auteurs – le scénariste Hector Oesterheld et les dessinateurs Alberto et Enrique Breccia – furent poursuivis et tués, les exemplaires détruits. Cette année, Delcourt exhume littéralement l’ouvrage, qui n’avait connu qu’une réédition de luxe en Belgique.

On est tout d’abord fasciné par le dessin et l’utilisation des couleurs. Seuls le noir et le blanc sont utilisés, par de gris ni de fioriture, l’ambiance est posée : le livre est sombre, terrible, et ne laisse

aucune place à la nuance. Ici, le fond rejoint la forme : manichéisme et héroïsation du rebelle argentin sont de mises, il n’y a pas de position médiane. Patria o muerte. On pense tout de suite au diptyque cinématographique du Che, dont l’esthétique est assez proche, bien qu’en couleur. Le Che est présenté comme un héros au grand cœur, qui ne tue qu’avec regret ces chiens de capitalistes. On comprend les motivations des auteurs, qui, un an seulement après la mort du Che et quatre avant la montée du fascisme argentin, voulaient maintenir un climat d’agitation sociale et ainsi contribuer à la poursuite de la lutte révolutionnaire en Amérique du Sud. Malheureusement le 11 septembre est passé

par là, il détruit, non pas les deux tours comme dans Le Seigneur des anneaux, mais les espoirs argentins.

On passera donc sur l’aspect purement historique de la BD, qui promeut une vision romantique du guérillero. Amour, communisme et fraternité sont les principales valeurs du Che version noir et blanc. Le dessin est dur, le trait est urgent, comme si le message devait passer coûte que coûte. Le tout est pourtant saisissant, le chef-d’œuvre n’est pas loin. L’aspect

didactique nuit cependant à la compréhension, mais apporte véritablement à la BD son aspect politique et engagé. C’est véritablement une BD incontournable pour tout révolutionnaire en herbe, qui mérite sa place dans votre petite bibliothèque rouge !

Chronique du royaume de la servitude volontairePartons, si vous le voulez bien, d’un truisme: la publicité repose sur la création d’affects chez ceux qui y sont exposés ; ceux-ci sont suffisamment variés (peur, humour, plaisir, curiosité, libido) pour assurer un sentiment permanent de nouveauté, mais ont en commun d’être systématiquement orientés, par définition pourrait-on dire, en vue d’une résolution consommatrice.

C’est elle qui offre à toute publicité le cadre de sa compréhension, en même temps que son unique et véritable visage. Il s’agira aujourd’hui de considérer un affect spécifique, relativement original et nouveau, que la publicité contemporaine s’efforce de susciter : l’adhésion ironique. Il s’agit, à vrai dire; d’un phénomène très simple, que tout le monde observe, à savoir que la publicité est cette chose étrange en laquelle aucun ne croit, mais à qui, simultanément, chacun se soumet. Personne ainsi ne croit ainsi un seul instant en l’équation proprement ahurissante « la BMW est la joie » que le publicitaire tente tant bien que mal de marteler, pas plus que l’on n’achète de soda à la seule fin de s’offrir le trip psychédélique promis par les innombrables campagnes à leur sujet, et les injonctions quasi paternelles vociférée par un vendeur de polo pour t’inciter à « devenir ce que tu es » (© Nietzsche Inc. 1882) n’ont nullement vocation à être prises au sérieux par quiconque.

Pourtant, ce ridicule inhérent à la rhétorique publicitaire,

LE CHE LA PETITE BIBLIOTHEQUE ROUGE - 8

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Lord Roselmack ou Harry Kossity ?Brian Hamon ou Benoît Molko?

Fred Lefebvre ou Eric Beigbeder ?

Daniel Moulin ou Louis Bruhl ?

Mickey Tiberj ou Vincent Rourke ?

This is Ahmadinejad ou Mahmoud Spartaaa ?

KAYSER SOSIES- 4

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Cyril Delhay,

What did you expect ?