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In Vodka Veritas n°9

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Le neuvième.

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Sciences Po : entreprise d’otages, otage d’entreprises p 3

Arnaque et botanique à Grenelle p 9

Suicides dans les champs p �0

Et pendant ce temps à Sciences Po p ��

S’il vous plaît, dessine moi un lama p �5

Les vraies fausses associations non reconnues p �6

Les mille et une rumeurs sur Cécilia Sarkozy p �8

La bibliothèque rouge p �8

I have a radio in my head p �9

Au bonheur des pingouins p �0

La révolution est un dîner de gala p ��

EditoCe qu’écrire veut dire...

La première semaine d’octobre, beaucoup de nos chers lecteurs se sont spontanément présentés au stand d’IVV en péniche, où d’étranges individus vous proposaient le numéro spécial guide de rentrée.

Parmi la faune des camarades venant nous parler du journal – je laisse de côté ceux qui nous prenaient pour l’annuaire ou l’office de tourisme de Sciences Po – moult païens nous faisaient part de leurs orgasmes zygomatiques (‘‘orgasmus zygonomasticus : rire puissant conduisant à un état de jouissance lié à la dilatation pulmonaire’’). « Trop marrant », « trop drôle », « trop bien », voire même « trop chouuuêtte », le guide de rentrée a manifestement atteint un de ses objectifs : être un torchon plein d’humour.

Cependant, un nombre non négligeable dans cette foule endiablée tenait d’autres propos. Certains d’entre vous se sont en effet présentés au stand d’IVV avec dans la bouche une revendication, en forme de dénonciation critique, ou de réfutation, ou de demande d’explications. « Partial », « injuste », « incorrect », « exagéré », « abusé », certains de nos lecteurs se sont montrés tantôt offusqués, tantôt frustrés, déçus, voire choqués, ou tout ça à la fois. Il est tout à fait significatif que dans pratiquement tous les cas, il ne s’agissait que d’une personne qui s’exprimait au nom d’un collectif, syndicat ou association. La rengaine, elle, était toujours la même.

En effet, quelque soit la personne ou le collectif en question, à chaque cas, dans chaque discours, c’était un même objet qui était visé : le style d’écriture des articles, la comparaison des écrits sur les différents collectifs, et les supposées “visées cachées” des auteurs du journal derrière ces articles. Typiquement, ça donnait à peu près ça : « Pourquoi vous parlez de nous comme ça, alors que vous êtes moins cassants avec X ? ».

Chaque discussion avec lesdites personnes a pourtant mis en relief une tendance de fond. A chaque fois, le prétendu problème venait du malentendu sur ce qu’écrire IVV veut dire. Méconnaissance ou non-reconnaissance

SOMMAIRE

de ce qu’écrire un journal humoristique, satirique, critique et indépendant signifie. Et donc nécessité pour nous de remettre quelques pendules à l’heure.

In Vodka Veritas fonctionne sur la caricature, l’humour de goût plus ou moins douteux, la satire féroce, l’investigation avec les moyens du bord. Alors oui, parfois, ça pique un peu. Comme une vodka russe bon marché. Celà ne veut bien entendu pas dire que l’on peut tout se permettre, on a quand même quelques soucis éthiques. Cependant le nécessaire respect de la déontologie ne doit pas non plus être exagéré et surtout instrumentalisé à des fins de pression sur le droit d’expression et d’opinion.

Si ces lecteurs ne souhaitent lire que du “politiquement correct”, le troupeau bêlant des mass-media les attend ! Quitte à ce qu’on passe pour les moutons noirs ou les brebis galeuses, rôle dans lequel, il faut le dire, nous nous complaisons.

Les membres de La rédaction

Nathanel Amar Grand Timonier

Denis Carlier Yâbe dans les détails

Viviane Gravey On the rocks

Antoine CaulletNouvel adhérant

Maud Borie Don’t cry for me Argentina

Louis Moulin Directeur de la publication

Naïké Desquesnes File sa corde

Dominique Albertini Con carne

Nedal Jounaidi Employé de banque

Samuel André-BrecoviciCommission Stasi

Béatrice Cointe

Highlander

Guy Môquet Déterré atterré

L’Arche de ZoéAprès moi, le déluge

Pervez MusharrafPervez Mouche-à-merde

Bernard Laporte Jonny, Jonny, fais moi mal

Cécilia SarkozyRupture tranquille

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SCIENCES PO : Entreprise d’otages, otage d’entreprises Les rapports non protégés entre Sciences Po et les entreprises.

Microsoft passe par la fenêtre

Grosoft lance une OPA sur Sciences Po, et comme d’habitude, ils ne font pas dans la dentelle. C’est carrément le PDG Steve Ballmer qui a été envoyé au front le 2 octobre dernier. Oui, le taré gesticulant capable de se péter une corde vocale à force de beugler « I love this company, yeaaaaah ! ». Vous étiez nombreux à vous bousculer pour pouvoir aller le voir lors de son passage en Boutmy, espérant secrètement quelque clownerie à raconter à votre progéniture quand elle ambitionnera d’entrer à Sciences Po – reproduction sociale oblige.

Mais le boulot de Microsoft se passe bien sûr plus en coulisse. Ballmer n’est qu’un élément de la stratégie de communication. Car il est une tendance chez les bobos socialo-centristes de pipo à préférer le Mac,

par esprit de conformisme révolté. Une situation que la firme de R e d m o n d ne pouvait tolérer plus l o n g t e m p s . Il est temps de rendre votre cerveau disponible à Microsoft !

Pour ce faire, l ’ e n t r e p r i s e décide de

financer la chaire

« Humanités scientifiques » (Bruno Latour) qui vise à inculquer quelques notions de science aux étudiants de Sciences Po (juste ce qu’il faut pour les dîners en ville, semble-t-il – voir la notice consacrée du numéro 8) et la chaire « Régulation » (MAFR) qui porte sur les rapports entre innovation et propriété intellectuelle (Linux est une anomalie historique pour Microsoft, on imagine que le financement n’aura aucune influence sur les travaux de la chaire).

Microsoft s’est également engagé à prendre facilement les étudiants en stage, en particulier à MSN pour l’école de communication (voir la notice « BNP

Paribas » du numéro 8 sur les conséquences d’une telle politique). Mais ce n’est pas tout ! L’entreprise s’engage à participer aux jurys de sélection et également à aider les étudiants admis par CEP... La question évidente est alors : pourquoi le critère stigmatisant de la voie de sélection plutôt qu’un critère social beaucoup plus équitable ? La réponse ne l’est pas moins : quand Richard Descoings veut se faire de la pub, il n’est n’est plus à une contradiction près.

Nous avons décidé de profiter de la visite de Ballmer pour constituer ce dossier sur la relation entre Sciences Po et les entreprises. Pour commencer, voici pour vous détaillés les mécanismes que l’IEP offre à ces dernières pour procéder à la mise sur le marché des étudiants, à commencer par les chaires, bien loin de leur mission scientifique supposée.

Chères chaires

On parle des chaires, ces entités toutes belles toutes neuves. Une nouvelle débarque de temps en temps. Mais à quoi servent-elles ? La présentation par Sciences Po de leurs objectifs aux entreprises est assez éloquente. En condensé, il s’agit de leur permettre d’exercer un lobbying en s’incrustant dans les « débats » censés avoir un caractère scientifique et par ce biais influencer ceux qui seront on n’en doute point les décideurs de demain. Oui, c’est écrit en toutes lettres, il faut « favoriser l’ouverture de Sciences Po aux entreprises ». Et plus la chaire touche à des sujets sensibles au plan éthique, plus la liste des « partenaires » devient intéressante...

A côté de ça, Sciences Po offre d’autres services aux entreprises. D’abord un service gratuit de diffusion d’offres d’emploi (Sciences Po Avenir). Ensuite un service de spam organisé (via Sciences Po Avenir) pour des « concours », « jeux d’entreprises » et « invitations ». L’entreprise peut également organiser de véritables événements au sein de l’IEP : Price Waterhouse Coopers a de nouveau fait tout un cirque cette année après sa prestation de l’an dernier (voir le numéro 5). Sciences Po propose aussi aux « partenaires » de « participer » à la vie étudiante en leur proposant « des rendez-vous avec les responsables des associations étudiantes », en clair avec le BDA, l’AS et le BDE pour des sponsorings… and more ? (voir ci-après l’anecdote sur le LEEM). Des bourses d’études peuvent aussi être financées par les entreprises pour les étudiants étrangers.

Ecole de communication :vers une promotion MSN ?

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Enfin, le meilleur pour la fin… Après tous ces chichis, la proposition porte ici plus clairement sur l’enseignement. Ce qui était analysé le mois dernier pour le partenariat de Sciences Po avec la BNP (numéro 8, article « BNP ») est ici explicité : « vous impliquer dans le développement de projets pédagogiques est la meilleure façon d’arriver à une adéquation entre la formation dispensée et vos attentes en matière de recrutement ». Vous êtes officiellement à vendre. Heureusement, comme le dit notre président, « l’homme n’est pas une marchandise comme les autres ».

Il est flagrant que les intérêts des entreprises entrent en contradiction avec la neutralité et la scientificité des enseignements de l’IEP (qui n’étaient déjà souvent pas brillants de ce point de vue). L’exemple de Total semblera probablement évident, reste ensuite l’intrusion un peu plus subtile de l’entreprise venant polluer nos esprits tant dans nos boîtes mails que dans les débats et conférences auxquels Sciences Po apporte sa caution morale.

L’Empire d’essence

Alors que Total s’affiche déjà en page d’accueil du site du cycle de Menton, Suez a « investi » en septembre dernier dans la chaire Moyen-Orient. Les entreprises du pétrole et du gaz main dans la main pour mettre en avant les richesses du monde arabe. Et les exploiter.

A quand une chaire sur l’Afrique pour expliquer à quel point la politique des entreprises françaises

est propice à l’établissement de la démocratie et au développement économique?

ENTG : Environnement Numérique Terriblement Gangrené

Depuis le début de l’année, c’est un véritable bombardement de propagande d’entreprises diverses qui s’abat dans les boîtes mails des pipoteurs de tout poil. Aux commandes du B-52 : Sciences Po Avenir et le directeur des études Jean-Baptiste Nicolas, qui n’ont pas lésiné sur les moyens.

Ainsi on a pu être convié à l’habituel barnum de Price Waterhouse Coopers, au super petit déjeuner de la BNP ou encore au sûrement passionant débat du Cercle de l’Industrie sur les nouvelles stratégies du groupe Alcan. Mais au delà de la surabondance d’offres du même accabit (caca bite), ce sont les relances quasi systématiques qui sont le plus énervantes. La crainte (de toute évidence justifiée) de ne voir personne se pointer à ces super rendez-vous entraîne en effet très souvent des mails destinés à remobiliser les troupes.

Il ne faudrait tout de même pas vexer les honorables partenaires de l’Institution par une absence trop massive d’interlocuteurs...

A tous ces courriels, nous vous encourageons à répondre en renvoyant à la loi du 6 janvier 1978, connue sous le nom de loi Informatique et Libertés. Toutes les informations sont disponibles sur le site de la CNIL. Vous avez ainsi tout à fait le droit d’attaquer vertement tout envoyeur de spam, à savoir tout mail à fins commerciales envoyé à une liste de diffusion sur laquelle vous n’avez pas consenti à être inscrits, et, pire, qui ne propose pas en fin de mail de ne plus recevoir d’autres messages. Nous vous enjoignons à exercer votre droit d’information sur l’origine des données vous concernant (article 39) et votre droit d’opposition à recevoir d’autres messages du même type (article 38). Cela peut parfois donner lieu à des réactions assez savoureuses de cadres dynamiques exaspérés qu’on puisse ne pas être enthousiasmés par la seule évocation du nom de leur entreprise.

On LEEM bien quand même

Le LEEM est le « syndicat » des industries pharmaceutiques, le Medef des médocs en fait. Surprise, alors que celui-ci investit dans la chaire Développement durable, voici que des représentants de ce lobby étaient invités à participer aux deux séances du « café-santé » organisé à la mi-octobre par le BDE. Notons que Sanofi Aventis, première industrie française du secteur pharmaceutique, entreprise qui pèse donc beaucoup au LEEM, finance également la Chaire Santé.

Il se trouve que le titulaire de cette chaire, Didier Tabuteau était également invité. Ce monsieur est l’ancien président de l’Agence française du médicament, aujourd’hui AFSSAPS, accusée par certains médisants de collusion avec l’industrie médicamenteuse.

Les questions soulevées étaient « Notre santé, qui doit décider ? » et « Notre santé, qui doit payer ? ». Nous sommes heureux de voir qu’à Sciences Po, manifestement, les réponses sont déjà toutes trouvées. Qu’on ne s’attende pas par exemple à une conférence sur la toute-puissance économique, politique et juridique des laboratoires pharmaceutiques.

Voilà donc quelques exemples de conséquences de conflits d’intérêts. Les conséquences sont parfois difficiles à déceler si l’on ne connaît pas les partenariats d’entreprise de Sciences Po, ce qui est d’autant plus pervers, mais elle peuvent aussi être beaucoup plus visibles... et bien plus graves. L’exposé de la façon dont la BNP a effectué la promotion de la chaire Turquie de Sciences Po devrait convaincre les derniers sceptiques imbibés de préjugés libéraux que l’argumentation n’est pas sans fondement.

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génocide arménien est passée en première lecture en octobre 2006 au parlement français (106 voix pour, 19 contre), c’est la faute des Arméniens, nous les Français on n’y croit pas vraiment à ces conneries ! Par l’utilisation classique de la technique du “miroir magique” ! Turquie News accuse les Français de mener une campagne digne des meilleures heures de l’antisémitisme et de l’Action française. A noter que depuis 2000, 12 pays, ainsi que le Parlement européen ont pris position en faveur d’une reconnaissance du génocide. Le Congrès américain (démocrate) a également de fortes chances d’officialiser prochainement la reconnaissance du génocide par les États-Unis, si le courageux président Bush ne fait pas jouer une fois de plus son droit de veto.

Ces propos sont tenus dans un contexte de rachat par la BNP de 50% du pôle investissement de la TEB (Banque d’Economie Turque). La stratégie choisie par la BNP est donc alors très simple : caresser dans le sens du poil en reprenant les mêmes points de vue que l’interlocuteur. « Notre but, déclare Mariani, est moins de

créer un lobby pro-turc que de permettre aux Français qui connaissent mal la Turquie de mieux la connaître. […] Notre souhait est que les Turcs travaillent avec nous pour rendre possible cette communication ». Mariani ne nie pas vouloir créer un lobby pro-turc, mais nuance simplement. Et la neutralité de l’enseignement dans tout ça ?

Car c’est bien avant tout Sciences Po que

la chaire est censée concerner. L’IEP est d’ailleurs tout à fait impliqué… dans la polémique. On change ici de contexte pour revenir en France, sur une « exposition virtuelle » disponible sur le site de Sciences Po. A l’occasion de l’année de l’Arménie en France (encore un coup d’Aznavour, ça !), les différentes « vitrines » y retracent l’histoire du pays1. Et bien sûr, le problème principal vient de la vitrine portant sur le début du XXe siècle. Si elle est bien nommée « génocide », une phrase revient souvent sur les sites de la communauté arménienne : « Quel que soit le terme (« génocide », « massacres », « déportations ») et les chiffres qu’on leur applique (entre 300 000 et 600 000 morts arméniens selon les sources turques, 1 500 000 selon les sources arméniennes et autres) ». Le phrasé est ici, on le sent, maladroit, mais met un peu mal à l’aise. « Quel que soit le terme » renvoie à la reconnaissance ou non du « prétendu génocide arménien » comme on dit en Turquie. Et quant au chiffre ! Selon Wikipedia (à prendre avec précaution, donc, mais les autres sources 1 http://www.sciences-po.fr/docum/manifestations/armenie2/index.htm

La Chaire à vif

Comme promis dans le dernier numéro, voici des éléments d’explication sur la polémique lancée entre Turcs et Arméniens par la création à Sciences Po d’une chaire « Turquie contemporaine », financée par BNP Paribas et Publicis.

Cette nouvelle, reprise simplement en France par Le Canard Enchaîné et France-Soir (3 mois après les faits pour ce dernier), a déclenché quelques remous. L’annonce le 7 juin dans la presse turque était accompagnée d’explications sur la démarche, de la bouche de Pierre Mariani, représentant de la BNP (ou plutôt « responsable du Pôle Services Financiers et de la Banque de Détail à l’International »).

Celui-ci déclarait ainsi : « La Turquie est perçue par certains Français comme un pays qui persécute les pauvres Kurdes. Vous ne méritez pas cela nous devons travailler ensemble pour corriger cela et nous devons raconter la Turquie aux Français qui ne vous connaissent pas bien. ». Le porte-parole de la BNP expliquait donc ici que le problème kurde se résume aux méchants terroristes du PKK contre lesquels se battent les forces de l’ordre pour assurer le bonheur de chacun et des rapports harmonieux entre les communautés. Un contre-exemple symbolique : la députée kurde Leyla Zana a été emprisonnée une quinzaine d’années (malgré une supposée immunité parlementaire) justement pour avoir ajouté en kurde après sa prestation de serment au Parlement « je me battrai pour que les peuples kurdes et turcs puissent vivre côte à côte dans un cadre démocratique ». Les organisations internationales et l’Union Européenne ont à de nombreuses reprises condamné l’attitude de la Turquie, qui n’a jamais reconnu ses torts sur cette affaire.

Autre perle du « responsable » : « les Arméniens sont en France depuis 80 ans et ont un lobby très puissant. De plus, ils ont réussi à atteindre des postes de décisions. En France il y a plus de Turcs que d’Arméniens mais ils ne sont pas assez puissants en terme de lobbying ». C’est vrai qu’on sous-estime beaucoup la puissance de Charles Aznavour. Plus sérieusement, on monte ici d’un cran avec un propos volontairement outrancier, chargé de sous-entendus. C’est la théorie du complot. Celui-ci n’est pas classé judéo-maçonnique, mais y ressemble fortement dans l’énoncé. L’allusion est claire : si la loi portant sur le

Circulez, y’a rien à voir !

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rencontrées vont dans ce sens) le nombre généralement retenu par les historiens est d’environ 1,2 million de morts. Un chiffre à détacher de cette morbide bataille de chiffres entre Turcs et Arméniens…

S’ajoute à cela une autre polémique, que nous ne faisons ici que signaler, n’ayant pas assez de connaissance du sujet pour nous prononcer. Les médias arméniens se prononçant sur cette polémique ont exprimé leur « stupeur » quant au contenu de la bibliographie retenue par Sciences Po. Le collectif VAN (Vigilance Arménienne contre le Négationnisme) s’élève ainsi en faux contre « […] les écrits négationnistes d’« historiens » à la solde d’Ankara, [présentés dans la bibliographie] et ce sans commentaires (ou très limités : « point de vue turc ») ». Alors, page rédigée par un stagiaire payé au lance-pierre ? Trop d’alcool au travail ? Volonté délibérée comme croient savoir les médias arméniens ? On attend l’enquête officielle et impartiale de la direction.

Dans tous les cas, cet épisode constitue une preuve objective du caractère malsain du financement de chaires par les entreprises. Il faut être un dégénéré d’umpiste pour pouvoir prétendre le contraire.

Quant aux conséquences de l’emprise des entreprises sur l’enseignement, le symbole en est le tristement célèbre cours de vie de l’entreprise, qui mis ici en contraste avec le combat mené dans l’éducation nationale pour assurer la neutralité scientifique de l’enseignement.

Medef en toi

« Positive Entreprise » est un faux-nez du Medef qui a lancé il y a peu, comme il est de tradition dans les milieux patronaux, une campagne attaquant l’enseignement des sciences économiques et sociales dans le secondaire. Ce dernier est bien entendu considéré comme partial, comprendre qu’il ne donne pas une vision positive de l’entreprise et ne respecte pas la novlangue patronale (la faute à Alternatives Economiques, probablement). On est bien loin de l’impartialité scientifique supposée être la règle dans cette discipline. Non, le lobby du Medef cherche bien à orienter l’enseignement pour faire comprendre que « l’entreprise c’est cool », avec les arguments creux d’usage.

Intéressant de constater que les doléances du Medef sont écoutées à Sciences Po avec attention, en témoigne le fameux cours de Vie de l’entreprise en 2e année qui ne laisse aucune place à la critique et a la particularité d’être obligatoire. Son résultat ? Il ne sert à rien. Raisonnons économiquement : 28 heures de cours inutiles pour une promo de 600 à 700 élèves. Sur l’année, on a donc 16 800 à 19 600 heures de productivité gaspillées sur l’autel de la libre entreprise. Argument de mauvaise foi ? Que dire alors de ces discours selon lesquels l’exposé de 10 minutes, 2 parties et 2 sous-parties est indispensable aujourd’hui-dans-nos-sociétés-mondialisées où réunir des gens a un coût et où il faut donc maximiser l’efficacité ? Dans cette logique, tout vaut pourtant mieux que le spectacle affligeant d’un jeune cadre dynamique, sourire ultra-bright forcé, regard faussement pétillant, pantin déshumanisé.Le cours est obligatoire parce que personne ne veut de cette catéchèse ringarde. Les quelques cas qui veulent défendre coûte que coûte un cours sans intérêt sont déjà dotés du manque d’esprit critique auquel Sciences Po vise à les amener, donc il n’y a plus rien à faire pour eux. S’il n’était pas obligatoire, le résultat immédiat serait que chacun préfèrerait sans hésiter prendre tel cours d’ouverture sur un sujet qui lui a l’air intéressant que cette absurdité libérale (pléonasme, certes). Et les gentils profs qui travaillent dans des entreprises Sciences Po-friendly en seraient tout déçus.

Et alors que nous bouclons ce dossier et publions ce numéro a lieu à cinq minutes à pied de Sciences Po, 28 rue Saint-Dominique, le forum des entreprises. Encore un bon prétexte donc à questionner le rôle des entreprises en général, et de celles qui s’accaparent Sciences Po en particulier.

La grande Kermesse des entreprises

Ce mercredi 7 novembre a lieu l’habituel « Forum des entreprises », organisé par Sciences Po à la Maison de la Chimie, et où une centaine d’entreprises sont attendues. Comme chaque année il s’agit de permettre à ces entreprises de faire leur marché parmi les têtes bien faites des étudiants formés aux préceptes de la libre entreprises, et aux bienfaits de la concurrence. On y voit en effet se presser de futurs golden boys, et autres PDG au dents longues, encore en master, pour la plupart de Finance et Stratégie, mais pas seulement, et qui aspirent à faire de l’argent : duplex à Neuilly, hôtel particulier à Passy, résidence en Bretagne, sur la Côte d’Azur, voire villa au Maroc…

C’est le point d’aboutissement de la politique de Sciences Po d’encourager ses étudiants à se tourner vers ce qui est poliment appelé « le monde de l’entreprise », c’est-à-dire devenir un des rouages de la société d’ultra consommation et d’exploitation du travail. Remplir le rôle d’une business school, ce à quoi la direction aspire toujours plus.

Présenter cela comme une opportunité pour les étudiants de trouver des contacts ou un emploi c’est au mieux une grave erreur, au pire une compromission, car ce qui est offert par ces entreprises, ce sont avant

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tout des stages où l’on est exploité pour un salaire dérisoire, ou encore des emplois de cadre soi-disant dynamique, en réalité exploité par la machine de l’entreprise, attaché à son bureau bien au-delà des 35 voire des 40 heures, et corvéable à merci grâce à son Blackberry2.

Toutefois pour tout ceux qui ne seraient pas intéressés par le fait d’être à 40 ans stressé, divorcé, au bord de la dépression, ou obèse à force de manger des sandwiches entre deux réunions, il n’est pas forcément inutile de se rendre au forum, pour avoir un aperçu de ce qu’est la débauche de la finance, ou poser des questions sur autre chose que les salaires et les perspectives d’évolution de carrière dans une de ces présentations corporate, questions malheureusement souvent sans réponses (voir ci-dessous).

A Sciences Po on nous forme à l’honnêteté intellectuelle, mieux vaut en rire qu’en pleurer, sinon il faut reconnaître que les entreprises invitées ne sont pas vraiment des chantres de la bonne conduite, de l’intégrité, c o n s é q u e n c e logique d’un s y s t è m e concurrentiel où seul le bénéfice immédiat compte. Pour d’éventuels é t u d i a n t s mal intent ionnés, voici quelques sujets sur lesquels questionner vos inter locuteurs3. . . Dépêchez-vous, avant que Rachida Dati ne dépénalise le droit des affaires !

TOTAL - Evidement on ne pouvait pas les ignorer ceux-là, ils traînent tellement de casseroles qu’on ne sait par où commencer… Avec 12,6 milliards de bénéfices nets, c’est l’une des entreprises les plus rentables du CAC 40, mais à quel prix ? C’est Total qui était l’affréteur de l’Erika et qui est actuellement jugé dans un procès sur les responsabilités de la marée noire, dont le verdict est attendu pour 2008. Total a aussi récupéré Elf, et une bonne partie de son pétrole vient d’Afrique, où elle à repris le flambeau de la compagnie pétrolière pilier de la Françafrique, soutien de dictateurs néanmoins « amis de la France ». Dans l’actualité, Total a encore fait parler de lui en étant impliqué au Darfour, ainsi qu’en Birmanie où l’entreprise est accusée d’entorses aux droits de l’homme avec la complicité de la junte birmane. 2 A voir en ce moment au cinéma, J’ai (très) mal au travail, documentaire de Jean-Michel Carré

3 Voir aussi http://forum-scpo.com/forum-scpo/viewtopic.php?pid=203671#p203671 pour des questions foutage de gueule bien senties

Heureusement, Bernard Kouchner était là pour sortir un rapport bidon pour dédouaner Total en 2002, en contre partie il s’est fait grassement payer par l’entreprise… Ce qui n’empêche pas ce dernier de se prononcer sans broncher sur la situation de Total en Birmanie en tant que ministre des Affaires étrangères en s’opposant farouchement aux sanctions.

IBM - Depuis 2006 l’entreprise s’attaque aux médecins du travail qui dénoncent la santé dégradée des employés, soumis à un stress constant dû à un management « par objectifs », celui-là même qui a causé le suicide de plusieurs employés de Renault (à noter qu’un professeur de Vie de l’entreprise a qualifié cette pratique « d’erreur de management »… Bel euphémisme). La réponse d’IBM ? Une procédure disciplinaire contre le médecin qui dénonçait l’état psychologique catastrophique des employés d’IBM à La Gaude (Alpes-Maritimes).

SODEXHO - L’entreprise qui fournit la plupart des cantines de France (et au-delà) est o f f i c ie l l ement attentive à la qualité des aliments, ce qui ne l’empêche pas de servir des repas loin d’être é q u i l i b r é s , n o t a m m e n t dans des c a n t i n e s scolaires. Il y eu aussi quelques

« incidents » : en 2006 les pompiers ont dû intervenir à cause d’une intoxication alimentaire à la cantine de Total à la Défense (vraiment ceux-là, quoi qu’on fasse on retombe sur eux), qui a conduit 26 personnes à l’hôpital.

MICHELIN - Le leader mondial du pneu n’hésite pas à se livrer à des suppressions massives d’emplois, alors même qu’il annonce en même temps des bénéfices record (en 1999 : 7500 suppressions d’emploi, avec un bénéfice en hausse de 17%), tout cela en ayant reçu d’importantes aides de l’Etat. Un DRH de Michelin invité en cours de Vie de l’entreprise s’est pourtant montré un ardent défenseur d’un capitalisme éthique.

BOUYGUES - Le géant français du BTP prospère sous le soleil décidément très accueillant de l’Afrique, évidement tout cela main dans la main avec les dictatures soutenues par la France, et en utilisant leurs méthodes décidément bien pratiques : emprisonnements illégaux de leaders syndicaux, éloignements d’agitateurs gênants pour les affaires, répressions de grèves, etc. Jusqu’à en avoir du sang sur les mains (mais rassurez vous ce ne sont pas les seuls, ni même les pires, Elf-Total est loin devant eux). Voir aussi le numéro 4

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pour en apprendre plus sur feu le dictateur Niazov († décembre 2006), très lié à Bouygues, dont la filiale TF1 avait réalisé en 1996 une émission plus que complaisante, jamais diffusée à l’antenne4.

BNP PARIBAS - Un autre géant du CAC 40 qui fait des profits sur le dos de l’Afrique : la BNP a en effet prêté de l’argent au Congo-Brazaville, état déjà surendetté, mais sans risque puisque les frais sont gagés sur la production pétrolière… Tout celà sous la dictature de Denis Sassou Nguesso, despote certes, mais grand ami de la Françafrique, connu également pour une certaine habitude à détourner l’argent public. Tant pis pour le peuple congolais dont la principale richesse nationale est ainsi compromise. A noter que la BNP n’est pas seule dans cette affaire puisque la Société Générale a fait de même.

L’OREAL - Après avoir recyclé dans l ’ a p r è s - g u e r r e d’anciens membres de la Cagoule (groupe d’extrême droite des années 30), le groupe de cosmétique français s’est fait remarquer en juillet dernier par une condamnation en appel touchant sa filiale Garnier pour discrimination raciale au sein de l’entreprise.

LVMH - Le groupe de Bernard Arnault (grand ami de Nicolas Sarkozy) tente actuellement de mettre la main sur le quotidien Les Echos, probablement afin de resserrer le contrôle de la presse, mais se heurte à l’opposition du syndicat des journalistes (pourtant peu habitué à la contestation), sûrement échaudé par ce qui est arrivé à leur confrères du Figaro, du Journal du Dimanche ou de Paris Match. Enfin que l’un des principaux quotidiens économiques français soit détenu par l’un des plus grands groupes français ne semble pas gêner LVMH…

EURO RSCG - Le groupe de conseil en communication français s’exporte bien lui aussi en Afrique, en assistant des dictateurs ou en leur concoctant des campagnes électorale avec résultat garanti, au Togo par exemple, ou encore lorsque Jacques Séguéla conseillait Paul Biya ou Omar Bongo ! Mais cela c’est du business comme le déclarait en 1998 F. Blanchard : « J’ai vendu des 4 h t t p : / /www.da i l ymo t i on . com/v i s i t ed / sea rch /turkmenistan/video/xi0uw_tf1-bouygues-et-le-turkmenistan

assiettes, des tissus, maintenant je vends des présidents africains, et, globalement, l’acte de vendre reste le même. » Tout est dit !

ERNST & YOUNG - Bien connu à Sciences Po, le cabinet d’audit international a du en mai dernier céder de façon humiliante en désavouant un dossier (pourtant déjà rendu public) sur les dettes des entreprises chinoises. Non pas parce qu’ils s’étaient trompés (puisque un autre rapport de PriceWaterhouse Coopers va dans le même sens),

mais pour ne pas risquer de perdre des marchés en Chine, et donc sous la pression des autorités chinoises…

GOOGLE - L ’ e n t r e p r i s e modèle de la nouvelle économie, cool, sympa, branchée, écolo, etc… Pourtant là aussi cette « culture d’entreprise » tant vantée cède le pas aux profits, au point que pour accéder au marché chinois, Google a accepté de livrer une version « édulcorée » de son moteur de

recherche : impossible d’obtenir des pages web sur les évènements de Tienanmen, ou sur les droits de l’homme, et se rend donc ainsi complice de la censure chinoise. Mais cela va plus loin car ces ardents défenseur de la confidentialité de l’identité des internautes en Amérique ou en Europe ont là encore cédé à la République Populaire de Chine, tout cela évidement pour museler l’opposition démocratique. Mais bon Microsoft et Yahoo l’avaient fait avant et Google ne pouvait quand même pas laisser échapper un tel marché !

Si vous croisez des responsables de la Maison de la Chimie, vous pourrez aussi leur demander pourquoi n’est pas mentionné sur leur site le procès de vingt-sept résistants arrêtés par la police vichyste et livrés aux allemands qui s’y est tenu en avril 1942. Au final, en plus de la mort sous la torture française du républicain espagnol Conrado Miret-Must avant même l’ouverture du procès, 23 seront exécuté et 4 partiront en détention, parmi lesquelles Simone Schloss qui finira décapitée. Ne serait-ce pas leur faire honneur que de commémorer ces événements ? Mais que fait Sarkozy ?

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Arnaque et botanique à grenelle

Le gouvernement a introduit un nouveau mot dans le vocabulaire politique : « Grenelle » (doit-on y laisser la majuscule ?). Le premier est bien sûr celui de l’environnement, mais on évoque déjà un « Grenelle annuel de suivi de l’environnement », un « Grenelle de la santé », un « Grenelle de l’insertion », « un Grenelle de l’audiovisuel », de la recherche, des retraites, etc.

Alors s’agit-il là d’un concept de marketing politique, ce qui ne serait pas si étonnant de la part de ce gouvernement… Mais qu’est ce exactement qu’un « Grenelle » ? Une sorte de grande réunion de travail, avec la participations des associations concernées, censées rendre une copie commune… Tout ça évidement organisé, et chapeauté par le gouvernement (y compris le pot d’après réunion planifié évidement par J.L. Borloo spécialiste incontesté de l’apéro). Dans tous les pays francophones civilisés, on parle « d’états généraux ». Dans l’actualité, on trouve ainsi les « états généraux du théâtre» au Québec, les « états généraux de la santé » au Bénin, les « états généraux de la justice » au Centrafrique, etc. C’était aussi le cas en France jusqu’à la pseudo « rupture » sémantique.

Le terme « états généraux » renvoie à l’Ancien Régime puisqu’il s’agissait d’une assemblée convoquée par le roi de France (et pas qu’en 1789, s’entend), mais aussi et surtout il renvoie aux « doléances ». Puisque nous parlons de mots, « douloir », verbe qui n’est plus usité, signifie « souffrir », « se plaindre ». Formellement, si la division en ordres n’existe plus, il s’agit toujours de porter des doléances (disons des « recommandations ») sur tel ou tel sujet. Le mécanisme est moins formel que sous la monarchie, reste que le mécanisme fondamental n’a guère changé. Les « représentants de la société civile » proposent, le pouvoir dispose.

Alors pourquoi préférer utiliser le terme « Grenelle » plutôt que de parler « d’états généraux » ? C’est tout d’abord un terme qui donne bien sûr l’illusion de la nouveauté. Rien ne change par rapport aux consultations habituelles. Chacun porte ses doléances, ses arguments, le pouvoir écoute d’une oreille distraite et concède quelques miettes qui peuvent aller dans son intérêt. Les participants se sont par exemple vite rendu compte que le « Grenelle de l’environnement » ne représente pour la majorité parlementaire qu’un instrument publicitaire, une manière

spectaculaire de mettre en application des directives européennes pour lesquelles la France trainait jusqu’ici des pieds1.

Pourtant, dans la plupart des médias, le traitement du « Grenelle de l’environnement » est bien favorable au gouvernement. Donc si cette initiative historique échoue… ce sera la faute des irréalistes écologistes qui n’ont pas su mettre de l’eau de pluie dans leur vin bio. De quoi laisser les mains libres à Sarkozy pour passer les mesures favorables à l’économie libérale (du moins à court terme). Jean-Louis Borloo a ainsi reçu à huis clos des représentants de la FNSEA, organisation pro-OGM, qui a d’ores et déjà annoncé le viol du moratoire provisoire (bel oxymoron) sur la question. Et alors que Sarkozy reste bloqué dans sa démarche au stade de la chasse au gaspi par sa réduction de l’écologique aux conséquences économiques, il est intéressant de constater que l’aveuglement idéologique a fait qu’à aucun moment durant les débats n’a été évoquée la question cruciale du pic pétrolier qui devrait arriver d’ici dix ans2 Normal : le pic n’aura pour la plupart des gouvernements d’Occident et de l’OPEP officiellement pas lieu avant 2030.”

Un concept qui n’apporte rien hors du domaine de la basse politique ? Pas de doute, nous sommes bien dans la même logique que la soi-disant « ouverture ». Et tout comme cette dernière a pour conséquence de casser une bonne partie de l’opposition, le concept de « Grenelle » ne doit rien au hasard. Nicolas Sarkozy s’est engagé à liquider l’héritage de mai 1968, annonçant le retour de la réaction, et voilà qu’il en utilise un événement symbolique, celui des « accords de Grenelle », qui marque l’intervention du pouvoir gaulliste, tout aussi autoritaire que celui de Sarkozy, pour mettre fin à la grève, rompant ainsi l’unité du mouvement.

Méfiance donc contre ces multiples « Grenelles », et souvenons nous des paroles de Dominique Grange3 :

« Votez, manipulez, recommencez GrenelleVous ne nous tromperez pas, maintenant ça marche plusIl n’y a que deux camps, vous n’êtes plus du nôtreÀ tous les collabos, nous on fera la guerre »

1 Voir entre autres le blog collectif « Le Grenelle in et off » ( http://libegrenelle.blogs.liberation.fr/environnement), l’interview par le site de Marianne d’Isabelle Delannoy ( http://vpod.tv/marianne2007/338513) et son blog « Eco-échos » (http://www.eco-echos.com/dotclear) ainsi que l’article d’@si sur le traitement médiatique du sujet par France 2 (http://arretsurimages.net/post/2007/10/31/Grenelle-de-lenvironnement)

2 Le pic représente le moment à partir duquel la moitié des réserves disponibles a été exploitée et où la production commence à diminuer. Selon l’analyse de l’Energy Watch Group, il serait même dépassé depuis 2006.

3 Dans sa chanson « Les Nouveaux Partisans », à écouter sur http://www.chambre-claire.com/PAROLES/Les-nouveaux-partisans.htm

Le président adore la nature, les fleurs et les ours polaires. Si, si, la preuve : arrive avec force trompettes le Grenelle de l’Environnement. Mais derrière le strass, les paillettes et les bouses de vache se joue en fait une vraie bataille sémantique...

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Inde - Province du MaharashtraEpidémie de suicides. C’est le terme employé par tous les journaux pour qualifier les suicides en masse des producteurs du Maharashtra et d’Andra Pradesh en Inde. Un drame qui dure depuis presque dix ans, mais l’année dernière fut l’année de l’hécatombe. Tehelka, hebdomadaire anglophone, souligne que de janvier 2001 à août 2006, 1 920 suicides de fermiers ont été officiellement recensés dans le seul Etat du Maharashtra. Devant ce drame social qui révèle une grave crise agricole, le gouvernement n’enclenche aucune réelle action. Le dédommagement aux familles des victimes n’est qu’un simulacre de solution et l’épidémie continue. Dans la région la plus touchée, le Vidharba, à l’est du Maharashtra, où l’on cultive majoritairement le coton, 551 suicides ont été répertoriés de janvier à juillet 2007. Mais dans les campagnes du district de Dhule, là où poussent le joar, le bajia, le blé et les oignons, à 320 kilomètres de Bombay, le désespoir gagne également les petits producteurs. C’est là bas que je suis partie, accompagnée de Sharad Baviskar, originaire de la région, afin d’essayer de comprendre les causes d’une telle tragédie.

Vadné, Nord Ouest du Maharashtra. Une corde qui pend au fond de la pièce et sur le seuil de la porte les sanglots de la maîtresse de maison, la tête cachée dans son sari. Deux images pour le même souvenir : Devidas Hari Takre, père de 4 enfants, décédé le 5 mai dernier. Après avoir erré dans le village pendant une partie de la nuit, Devidas s’est pendu chez lui vers 2 heures du matin alors que sa femme et ses enfants visitaient de la famille dans un village voisin. « Il venait de recevoir une notification de sa coopérative l’enjoignant de payer une dette de 5000 roupies » [environ 100 euros] explique son frère, assis devant la maison. Une situation qui ne surprend plus personne, dans une région où le suicide est devenu une banalité et où les habitants viennent parler de ces morts qui s’enchaînent en laissant de côté les larmes et l’émotion…

Comme chez beaucoup de paysans, la situation économique de Devidas et sa famille se résume à quelques lopins de terres non- irrigués dont la récolte dépend entièrement de la pluie. Faute d’avoir le capital suffisant pour investir dans la monoculture d’exportation, les Devidas cultivaient des céréales et un peu de coton : un revenu annuel de 10 à 12 000 roupies par an ( 200 à 250 euros) qui équivaut à moins de 1 euro par jour pour une famille de six membres. Pour joindre les deux bouts, le mari, la femme et la fille aînée étaient, en plus d’être cultivateurs de leurs terres, ouvriers agricoles, employés par d’autres fermiers plus aisés. 1 euros par jour

pour l’homme, 50 centimes pour la femme. Comme nous l’explique Nirmalkumar Suryavanshi, avocat et militant des droits de l’homme, fondateur d’un groupe d’aides aux petits cultivateurs basé à Dhule, le salaire est accepté, même s’il est en dessous du minimum légal. En effet, une protestation vaudrait un remplacement immédiat par d’autres travailleurs prêts à être payés des sommes misérables.

C’est en réalité l’endettement qui a poussé Devidas et tant d’autres chefs de famille au suicide. Lorsque la récolte n’a pas été bonne et qu’elle n’a pas permis de gagner suffisamment, on emprunte. Lorsqu’il faut payer le médecin, on emprunte. Et lorsque les filles sont en âge d’être mariées, on emprunte…le plus souvent au prêteur sur gage du village, qui pratique à des taux d’intérêt illégaux normalement régulés strictement par le Bombay money-lenders act de 1946. Ainsi, en plus d’un prêt agricole, la famille de Devidas avait contracté un emprunt pour le mariage de l’aînée. Une pratique qui date d’avant la colonisation

anglaise et qui servait de régulation entre les périodes d’abondance et de rareté. Mais aujourd’hui, la situation est différente, les banques accordent peu de crédit et les prêteurs sont devenus les plus puissants du villages : leurs taux d’intérêt sont exorbitants : 10 à 40% par mois (120 à 480% par an !) et lorsque le crédit n’est pas remboursé en totalité, les prêteurs se transforment en maîtres chanteurs et confisquent champs et maisons !

Dans le village voisin, Burzad, une autre famille raconte la mort de Santosh Govinda Patil,

survenue le 26 décembre 2006. Santosh s’est empoisonné avec le pesticide qu’il utilisait pour la culture de son champ. En deux ans, c’est le deuxième fermier à s’être suicidé dans ce minuscule village. La raison de son acte : une récolte perdue car il n’avait pu payer l’électricité qui lui permettait d’irriguer ses 7 acres (environ 2,8 hectares) d’oignons. Comme tant d’autres, ce fermier ne pouvait plus payer les dettes accumulées. Malgré le fait qu’il ne récoltait qu’une fois par an il était forcé de payer l’électricité pour une année entière de culture. Pour payer la facture de 40 000 roupies (800 euros) il avait dû emprunter au prêteur du village puis revendre 8 acres de terre pour rembourser la dette. Devant la porte surmontée du portrait de l’homme décédé, sa femme explique que ce père de 3 enfants s’était lourdement endetté en mariant ses trois sœurs. Car marier des filles, cela signifie dépenser beaucoup d’argent dans la dot, une tradition interdite par la loi depuis 1947 mais qui se pratique encore couramment. Dans un pays où les pratiques ancestrales coûtent déjà d’énormes sommes d’argent, le manque d’investissement dans l’agriculture et la complète absence d’aide sociale et de subventions donne au scénario un aspect terriblement alarmant.

Suicides dans les champsEt si je passais ma 3ème année en Inde ? (2)

Jiza Bai, veuve de Devidas Hari Takre, entourée de ses troisfilles, Monali, Soni et Dipali.

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Car il ne faut pas se méprendre : l’épidémie de suicides qui sévit depuis maintenant dix ans en Inde n’est pas une malédiction dont les dieux seuls ont la signification. Et si les paysans ne la combattent que par des offrandes à répétition et les politiciens à coup d’indemnisation, les causes sont pourtant bien connues : les politiques de libéralisation et le manque d’investissement de l’Etat sont à la racine du drame.

Des moyens dérisoires…Les agriculteurs n’ont pas les moyens ni les connaissances pour installer des systèmes d’irrigation. Ils se retrouvent donc dépendants de la pluie et risquent souvent une mauvaise récolte. « Si la pluie vient à manquer, les agriculteurs perdront leur récolte et n’auront plus qu’une solution : mendier. » se révolte Nirmalkumar Suryavanshi. Dans le Vidarbha, seulement 10% des champs sont irrigués et cela n’est pas prêt de changer : en l’espace de 45 ans, dans l’état du Maharashtra, la surface d’irrigation est passée de 10% à 16% ! Et l’inégalité de cette répartition est désarmante : 57% est monopolisée par 2% de fermiers cultivateurs de canne à sucre, les plus riches et les plus influents…

Aucune subvention et des coûts exorbitants…S’ajoutent à ce premier problème les préoccupantes conséquences des politiques agraires entamées dans les années 60. C’est après l’indépendance, au moment des plans quinquennaux que les fondations américaines pour l’aide au développement Rockefeller et Ford ont pris les commandes des programmes agricoles. Les fermiers indépendants disparaissent : ils sont fortement encouragés et même forcés à débuter une culture intensive, avec engrais et pesticides en kit. Le rendement augmente rapidement mais tout est réservé à l’exportation et les fermiers ne mettent plus de côté pour eux : c’est la disparition de la culture vivrière et l’apparition de la monoculture d’exportation. Aujourd’hui, le cercle devient infernal : le prix de vente ne recouvre plus du tout le coût de production. L’augmentation constante du prix des fertiliseurs, des insecticides ou de l’irrigation et la peur de voir la récolte se gâter par absence de moyen de stockage oblige le producteur à vendre à perte, parfois 50% au dessous du prix plafond déterminé par le gouvernement central. Au Maharashtra , le prix des oignons n’a pas été aussi bas depuis 5 ans. Dans le Vidharba, le coton est désormais vendu 1 700 roupies [30 euros] le quintal alors qu’il était à 2500 [45 euros] au début des années 90. Et, comble du comble, l’Etat ne verse aucune subvention aux agriculteurs…de l’autre côté du Pacifique, un agriculteur américain touche un dollar pour chaque kilo de coton…

BT cotton : une solution miracle pour les uns, un désastre pour les autres…Peu à peu, les agriculteurs deviennent dépendants des semences hybrides et génétiquement modifiées qui permettent de produire toujours plus pour les multinationales agro-alimentaires. En 2004, c’est la promotion de la « graine miracle », le BT Coton. Mais ces graines demandent de grandes quantités de pesticides et énormément d’eau : les producteurs

investissent d’importantes sommes d’argent, utilisent toujours plus de produits fertilisants mais ne se rendent pas compte que ceux-ci détériorent la qualité du sol et que la terre est surexploitée. En réalité, ces graines transgéniques n’ont donc pas améliorer les rendements de la majorité des agriculteurs et la crise ne disparaît pas : en cas de mauvaise récolte il ne reste rien à l’agriculteur pour sa subsistance car tout part à la vente…et le pesticide sert en réalité à mettre fin aux jours des plus désespérés. Pourtant, dans le Nord du Maharashtra, où le coton transgénique n’a pas encore été introduit, on se prend à en rêver. « A Dhule, les agriculteurs sont dans la rue et demandent le BT coton » explique Nirmalkumar Suryavanshi, qui semble prêt lui aussi à y croire et à fermer les yeux sur les rapports pessimistes des scientifiques.

Malgré les 73% d’alphabétisation chez les paysans du Maharashtra, le faible niveau d’éducation et la quasi-absence d’information et de sensibilisation aux problèmes qu’affrontent les cultivateurs restent aux fondements du drame. Devidas Hari Takre n’est pas allé en classe après ses 14 ans et sa femme est illettrée. L’avocat Nirmalkumar Suryavanshi, indique que

la première solution réside dans l’éducation gratuite pour tous. Un investissement qui ne semble pas être du goût du gouvernement, celui-ci ne dédiant qu’un petit 3% de son budget à l’éducation. Pour sortir de la crise, les paysans auraient ensuite besoin d’assurances sur leurs champs et d’aides sociales, notamment pour payer le médecin. En attendant, l’équipe de Nirmalkumar sillonne les villages aux alentours de Dhule et rassemble les cultivateurs pour divulguer une information sur les différentes institutions disponibles pour les emprunts ou sur les façons de calculer le rendement d’une culture. Le manque de connaissances sur la législation en vigueur est également préoccupant. L’indemnisation promise par le premier ministre , une somme de 1 lakh [1820 euros] n’est même pas connu par les cultivateurs ! A Vadné, on explique qu’aucun représentant du gouvernement n’est venu donner une seul roupie pour aider la famille. En réalité, il faut aller enregistrer à

la ville le suicide dans les 7 jours auprès du fonctionnaire de service, une chose que personne ne sait…

Du haut de sa tour d’ivoire, située à Bombay, le ministre en chef du Maharashtra, Vilasrao Deshmuk, a pourtant assuré que les compensations financières étaient un vrai succès et que le nombre de suicides avait baissé de 50% cette année. Une information que Kishor Tiwari, porte-parole des paysans de la région de Nagpur dément, indiquant que le taux de suicides augmente et que le gouvernement utilise les médias pour rassurer la population. Guérir le mal par des pansements au lieu de le soigner à la racine, c’est la tactique de l’Etat indien. Que ce soit 2006 ou 2007, un paysan sans terre ou qui n’a plus les moyens de la cultiver est un paysan qui se donne la mort. Harassé par des dettes qu’il ne peut pas rembourser, il perd sa terre, la seule chose qui donne signification à son existence. Aujourd’hui, la proportion de famille sans terre est en constante augmentation. De 35% en 1987 elle est passée à 41% en 1999-2000. En Inde, où 60% de la population vit de l’agriculture, les campagnes résonnent du flacon vide des pesticides…

Un villageois pointe du doigt la corde utilisée par Devidas pour se suicider.

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Et pendant ce temps, à Sciences PoLe silence des agneaux

Les 4e années de l’Ecole de Journalisme de Sciences Po sont des petits veinards : ils sont partis pendant une semaine, à la fin octobre, au Maroc. Le Maroc était classé 106e sur 169 dans le classement 2007 de la liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières, il est ainsi descendu de 9 places par rapport à l’an dernier. En effet, outre les différentes attaques portées à certains journaux que l’on avait déjà évoquées dans notre numéro 7, les atteintes à la liberté de la presse se sont intensifiées cet été à l’approche des législatives de septembre.

Mais ces considérations ne sont qu’un avant-goût de ce qu’a été ce voyage. Tout sera conté dans notre prochain numéro, promis ! En attendant, la direction de l’école de journalisme hésiterait déjà entre Pékin, Bagdad et La Havane pour un prochain voyage.

22, v’là La Palice

Le 2 avril 2007, l’administration se vantait d’une hausse du nombre de boursiers de 56% sur les deux dernières années, chiffre contesté en juin 2007 dans sa Lettre des élus par l’UNEF, qui avoue manquer de chiffres (du fait de l’opacité des résultats et du manque de bonne volonté de l’administration) mais estime que la hausse est moitié moindre. L’UNEF a pu observer, d’après les informations partielles dont elle dispose, qu’une faible variation dans le taux de sélection dans une procédure d’admission peut entraîner une forte variation dans le taux de boursiers présents à Sciences Po.

En vue de la démocratisation de l’accès à Sciences Po que Descoings prétend appeler de ses voeux, il serait donc intéressant, il est vrai, de disposer des statistiques détaillées du nombre de boursiers en fonction des procédures d’admission, afin de pouvoir s’en servir comme indicateur des procédures susceptibles de démocratiser le recrutement. Mais bon, même sans cet indicateur, il ne semble pas très difficile d’identifier la procédure la « moins socialement discriminante »…

Social : il y a une couille dans le pâté

Dans le même article de sa Lettre des élus, l’UNEF a fait remarquer qu’il manque comme qui dirait 900 000 € si l’on compare les dépenses sociales avec le budget prévisionnel. Voici donc quelques conseils aux dits élus : il peut être intéressant de préciser dans un tel cas le montant total de la part de dépenses sociales du budget prévisionnel. Il faut pour cela se référer au compte-rendu du conseil de direction du 2 avril 2007 durant lequel Gwénolé Buck, élu UNEF, lève le lièvre et relève que “le total des exonérations et bourses était évalué à 2,9 millions d’euros pour 2006”, et que donc les dépenses ont été moindres. A partir de ce complément, on peut donc dire que presque un tiers du budget social prévu a été sucré.

Et Gwénolé Buck dans son intervention au CD d’établir un parallèle intéressant : dans le même exercice, le budget prévisionnel des frais de mission (comprendre “frais de bouche”) a été dépassé de 600 000 €. Nous relevions dans une brève du numéro 5 le goût du luxe d’Alessia Lefebure, directrice du Centre Asie en visite en Inde. Voilà donc un exemple de la façon dispendieuse dont la direction utilise les ressources dont elle dispose.

Mais hélas, pas de trace de ce chiffre non plus dans la tribune publiée par l’UNEF... On mettra ça sur le compte d’un article probablement écrit dans la précipitation... Ne pourrait venir à l’esprit de personne l’idée que l’UNEF est quelque peu atteinte de schizophrénie à tendance cogestionnaire...

Le cabinet de Sarko pris en flagrant délit de plagiat ! Que fait l’administration ?

Cet été, même en vacances aux Etats-Unis, Sarko a grâce à sa faculté d’ubiquité (et à son cabinet) publié un communiqué pour la mort de chaque personnalité (sauf Jacques Martin, allez savoir pourquoi). Seulement, n’étant pas très au courant des choses de la culture (ça fait mal à la tête), ses collaborateurs se sont inspirés de Wikipédia pour combler leurs lacunes sur la biographie et l’œuvre de Bergman, et Antonioni (Serrault, Barre et Messmer ils connaissaient par contre)… Mais ils se sont fait piquer, pas par David Colon mais par Le Canard Enchaîné (01/08)… A IVV on a tout de suite compris : ces gars-là sont de Pipo ! 1° ils utilisent Wikipédia ; 2° ils n’ont pas de culture. Elémentaire !

Les étudiants de l’Ecole de Journalisme en pleine enquête de terrain auprès du peuple marocain.

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...et pendant ce temps là, à HEC

Parmi les ateliers de l’université d’été du MEDEF, qui, rappelons-le, a été accueillie sur le campus d’HEC, celui-ci a retenu particulièrement notre attention : “Poser des bombes, faire la révolution ou penser la réforme ?”. On attend encore nos invitations...

Félicitons tout de même les courageux qui ont su aller à contre-courant de l’opinion majoritaire sur le sujet en déposant trois engins explosifs sur les lieux. Hélas, la mise à feu a mal fonctionné et on ne saura pas si l’attentat visait spécifiquement la présidente du MEDEF Laurence Parisot ou son assistant Nicolas Sarkozy, passé peu après sur le campus annoncer sa politique économique. Sans trop surprendre les personnes présentes, il a alors introduit une nouvelle dimension à l’atelier : “Détruire les acquis sociaux”.

Souviens toi l’EHESS...

Lu sur mlyon.fr (25/09) :

“ Sciences Po Lyon victime de dégradations.

Pour leur rentrée il y a 10 jours, les étudiants ont eu la désagréable surprise de retrouver des salles de cours noircies par des tentatives de départs de feu et quelques vitres brisées. La nuit suivante, ce sont cette fois des tags visant l’établissement et certains professeurs qui ont été découverts. Les dégâts seraient estimés à 28 000€. Selont certains étudiatns, ces actes auraient pu être commis par des élèves en colère suite à un redoublement. “

Descoings sait à présent ce qui l’attend s’il ne donne pas leur année à tous les étudiants…

Les IEP, cimetières des éléphants du RPR

Séguin, renégat de l’UMP, qui devient président du conseil d’administration de Sciences Po Aix ; Juppé, ministre viré, qui donne à partir de cette année un cours d’ouverture en troisième année à Sciences Po Bordeaux (il avait déjà été décrété innocent par Sciences Po Paris qui lui avait ouvert ses portes au moment de sa condamnation pour l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris)… Ne manque plus que Villepin, qui vivote encore, croyant représenter une opposition à Sarkozy. On l’a déjà vu début octobre passer rue Saint-Guillaume, aussi discrètement que pendant le CPE…

Descoings prépare l’uniformisation de la “ marque Sciences Po “

On vous en avait averti (voir la notice « Le Logo » du numéro 8), Descoings ne rigole plus avec la province. Son règne despotique est bien marqué depuis les débuts par son mépris pour les autres IEP. Et les hostilités ont donc été lancées à la rentrée par Richie sur son blog, « Sciences Po doit devenir un nom de marque unique (sic) ». Profitant du fait que par un tour de passe-passe législatif (voir la notice « Sciences Po », même numéro), c’est l’IEP de Paris qui possède depuis 1998 tous les

droits sur le nom « Sciences Po », Descoings a donc commencé la reconquête par une victoire symbolique.Bordeaux avait fait la nique à Paris en réservant le nom de domaine www.sciencespo.fr pour son site Internet, l’IEP parisien ne possédant que le nom de domaine www.sciences-po.fr (subtile différence). Eh bien c’est désormais terminé. Le site de Bordeaux est à présent www.sciencespobordeaux.fr. Et on peut supposer que ce n’est pas volontairement que l’IEP de Bordeaux a cédé sa précédente adresse à l’IEP de Paris.

Jette le 27

Que d’activisme “journalistique” de la part du BDE ces derniers mois ! Coup sur coup, l’association des permanentés a sorti deux publications, en couleur et sur papier glacé s’il-vous-plaît ! En juin, c’est Le 27 qui arrivait entre vos chères mains tandis que pour cette rentrée, c’est - surprise ! - un guide de rentrée qui était à la disposition des chalands en perdition dans la cafétéria. Commençons par ce dernier, pour lequel on est très déçu car il y a finalement peu de choses à en dire. C’est globalement un boulot sérieux - si, si, pour un truc fait sur un coin de table au Basile, ça va - quoique bien moins drôle que le numéro 8 de notre licencieux journal “satyrique“(sic).

Par contre, toutes les félicitations de la rédaction d’IVV pour Le 27 du mois de juin 2007, qui réussit en 42 pages à nous offrir une caricatures des plus féroces du conformisme dominant de Sciences Po. Le numéro s’ouvre évidement sur une interview de Richard Coin-coin, avec notamment une question digne des plus grands journalistes d’investigation : que pense notre cher directeur du fait que 40% des étudiants de Sciences Po rencontrent leur futur conjoint dans l’école ? On va voir que le sujet a vraiment travaillé la rédaction du 27, puisque c’est d’ailleurs lui qui fait la couverture du numéro. En attendant, le gros du numéro est consacré au recrutement, avec présentations de Sciences Po Avenir, Sciences Po Carrières, un article sur les “profils Sciences Po” (vous êtes une marchandise, ne l’oubliez jamais). Puis arrive la propagande éhontée d’entreprises qui se présentent en une page, à travers la voix d’un ancien de l’école qui y travaille à présent, et qui nous explique généralement que Sciences Po c’est super et que son entreprise elle est trop cool.

On tombe enfin sur la double-page tant attendue consacrée à la seule statistique matrimoniale évoquée plus haut. Avec entre autres, cette remarquable fulgurance : “Et si 40% d’étudiants de Sciences Po finissent par se marier, se pacser ou simplement vivre en couple avec un ou une étudiant(e) de Sciences Po, c’est que 60% trouvent l’amour ailleurs ou sont déjà en couple avant d’entrer au 27.” Et puis, de toutes façons ça n’a pas de sens de parler de reproduction sociale (la question est balayée d’un revers de main) puisqu’“on sait que de plus en plus d’étudiants de Sciences Po viennent d’horizons différents”.

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La page obligée sur René Rémond, une page décrivant une journée type à Sciences Po (rien à voir avec “Une journée dans la peau d’un étudiant de droite” de notre numéro 6), quelques reportages sur les toujours mêmes associations de Sciences Po (BDA, lapeniche.net, RSP, ne manquent que les frères ennemis de l’AS...), quelques pages pour vanter l’ouverture au monde de l’école (il n’y a qu’à voir le nombre d’accords d’échange avec les Etats-Unis pour la 3A !) et voilà, on peut refermer ce magazine plat comme une raie manta belge. Et vomir sur la publicité Total en quatrième de couverture.

Quizz

Le 17 septembre, le Journal du Dimanche titre : Richard Descoings : ...1- ...”Si je fais du jogging, c’est pour plaire à Sarkozy !”2- ...”Si je me coiffe les cheveux en arrière, c’est pour l’aérodynamisme !”3- ...”Si je suis mégalo, c’est pour mes élèves !”4- ...”Si j’aime le bondage, c’est parce que ça aide à tisser des liens !”5- ...”Si je suis prétentieux, c’est que je le vaux bien !”

(réponse : 3)

Sciences Po ouvre un cycle délocalisé à Jouy-en-Josas

Selon une rumeur colportée par lapeniche.net, Sciences Po et HEC devraient bientôt proposer un diplôme commun. La direction garantit pour les étudiants deux fois plus de libéralisme pour un enseignement plus orienté qu’orienté, afin de permettre une action conformiste renforcée. Pour un véritable lessivage de cerveau, exigez le double-diplôme !

On n’est jamais aussi bien servi que par soi même

En France, et notamment à Sciences Po, le classement international des universités réalisé par l’université de Shanghai avait laissé une mauvaise impression : 4 universités françaises seulement parmi les 100 premières, et encore, mal classées. Quant à Sciences Po n’en parlons même pas. En réponse à cela l’Ecole des Mines à pondu son propre classement vengeur où, ô surprise, les écoles et universités françaises raflent la mise : 5 sur les 10 premières, dont Sciences Po huitième. On aurait voulu se livrer à une opération de promotion qu’on s’y serait pas pris autrement… Notons toutefois les

critères sur lesquels a été réalisé ce classement : le nombre de personnes issus de ces universités à la tête des principale entreprises mondiale, ce qui laisse complètement de côté la recherche, ainsi que tout ceux qui peuvent travailler pour l’état ou dans des cadres associatifs… Des critères probablement aussi saugrenus que ceux sur lesquels avait été établi le classement de Shanghai.

Tout ceci montre surtout qu’aujourd’hui les universités se livrent à une concurrence déplorable, elles se comportent comme des entreprises privées en concurrence entre elles, et non comme des lieux d’apprentissage, d’échange et d’élaboration des savoirs.

Besoin d’argent ? Demande à Richard Coin-coin, il en a plein !

Cela fait des mois et des mois que vous payez régulièrement votre numéro, et même si c’est à prix libre, vous commencez à en avoir marre de raquer pour vous faire cracher dessus. IVV compatit et a donc décidé de demander à l’administration de vous rembourser un petit peu de tout ce pognon que vous nous lâchez.

Nous nous sommes en effet procurés le compte-rendu d’un jugement du tribunal administratif de Paris, daté du 14 décembre 2006 concernant le cas Afane-Jacquart c. FNSP. Il n’est pas difficile de se procurer ce type de document, certes. Jérémy, le plaignant, nous l’a même envoyé en janvier. Alors pourquoi le sortir en novembre, 10 mois après ? Eh bien, pour être honnêtes, pour de multiples raisons, touchant toutes plus ou moins à la fainéantise, et à la nécessité d’analyser un texte juridique à la décision au final limpide (non je ne fais pas de droit, ça se voit tant que ça ?). D’ailleurs, que Jérémy accepte nos plus plates excuses. En contrepartie, voici son heure de gloire !

Car ce monsieur a réussi à terrasser l’hydre de la FNSP, rien de moins ! Nous vous renvoyons pour le détail du jugement aux documents scannés mis à disposition sur notre site, www.invodkaveritas.com. Enfin, ils devraient l’être avant 10 mois.

Tout d’abord a été annulée par le tribunal la décision prise lors la délibération du Conseil d’administration de janvier 2004, portant sur les frais de photocopie. Ceux-ci avaient été établis entre 2 et 30 € suivant le document. Or il est avéré qu’à l’époque des faits – que dis-je, du crime ! – le montant maximum exigible dans l’administration était de 0,18 €. Soit 11 à 167 fois moins ! Scandale ! Les avocats de la FNSP ont eu beau faire des effets de manche (c’est leur métier), les chiffres ont parlé ! L’IEP de Paris a alors été astreint par l’arrêt à choisir entre fixer de nouveaux tarifs ou rendre gratuites les photocopies. C’est donc grâce à cet historique décision que vos photocopies sont désormais gratuites. J’en ai par exemple profité pour demander une photocopie d’un bulletin perdu.

“Je sens en deux parti[e]s mon esprit divisé.”

(Pierre Corneille, Le Cid)“Et en deux sous-parties”

(Richard Descoings)

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Mais vient à présent le temps de la vengeance ! Car il vous est possible d’exiger remboursement de manière rétroactive des droits de copies et de copies d’examen (2 €), de transcripts en langue étrangère (5 €) et surtout des attestations de diplôme (30 €). En théorie, renchérit Jérémy, la FNSP étant de droit privé, la prescription quadriennale ne devrait pas s’appliquer et toutes les photocopies devraient pouvoir être remboursées sur les 30 dernières années. Ami de la reproduction sociale, prévenez tonton Jean-Louis et cousine Berthe !

Camarade lecteur,

Crois-le ou non, mais, à In Vodka Veritas, on a décidé d’arrêter de se foutre de ta gueule. Ouais. On a décidé de t’offrir de la haute qualité, du professionalisme, du pas piqué des vers.

Nos rédacteurs dispersés aux quatre coins du monde pour leur troisième année prospectent, inspectent, sollicitent et débauchent tous les jeunes talents de leurs pays d’accueil, à grand coups de bluff (“... et on tire à 20 000 exemplaires par mois!”) et de substances illicites.

Nous ne sommes pas peu fiers de t’annoncer que, des fois, ça

marche. Ainsi, dès le prochain numéro, nous aurons l’immense plaisir d’accueillir dans nos pages les délires cosmiques d’Alvaro Sanchez, dessinateur chilien, rencontré par un de nos membres en exil au hasard de ses pérégrinations nocturnes dans les squats anars de Valparaiso.

Et comme décidément on t’aime, camarade lecteur, même si toi tu ne nous aimes pas parce que ça t’énerve tous ces jeunes fakes rebelles qui pensent qu’à dire des insanités pendant que, tout près de chez nous, à quelques rues de Sciences Po, chaque jour que Sarkozy fait, Zadig et Voltaire se tuent au travail pour nous offrir un monde plus beau, vois ci-dessous ce petit hors-d’oeuvre, un exclusif spécial IVV.

S’il vous plaît, Dessine moi un Lama

L’auto-dérision, c’est Monfort

Richie, affrontant tous les défis, a accepté ce mois d’octobre de jouer à la Wii avec Nelson Monfort. IVV le met donc au défi de :1- Traverser la Manche à la nage avec Hubert Reeves2- Ressusciter René Rémond avec Morticia Addams3- Se baigner dans la Seine avec Alain Delon4- Délivrer Ingrid Bétancourt sans Cécilia Sarkozy5- Partir le plus loin possible de Sciences Po avec toute son équipe.

- Ok !

- Tu as eu les résultats de ton test ADN ?

- Positif, je suis grêviste par nature.

- ... et je vais me marier avec une fille que j’ai connue sur Vénus, et elle viendra vivre ici avec toute sa famille!

- Sans déconner? Moi j’ai épousé une poupée gonflable, mais fabriquée en France.

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Les vraies fausses associations non reconnues

Vous avez voté pour que certaines associations soient reconnues, et entre autres pour In Vodka Veritas. Mais certaines n’ont malgré tout pas réussi à attirer vos bonnes grâces, peut-être par manque de communication. Passage en revue...

Il est des esprits libres, des caractères

forts, qui ne font pas passer le danger

avant leur combat. Il est des volontés

que l’on n’arrête pas. Malheureuse-

ment, l’une des plus forte d’entre elles

est retenue depuis trop longtemps en

otage loin des siens.

Nous ne voulons pas qu’on l’oublie.

Nous ne voulons pas baisser les bras !

Son engagement dans ce pays lointain

ne doit pas nous faire oublier sa na-

tionalité française et son attachement

aux valeurs qui sont les notres. Il est du

devoir de notre pays de tout faire pour

libérer ses enfants retenus en otage

partout dans le monde.

Aussi, nous exigeons que le Président

de la République mette tout en oeuvre

pour faire libérer Gilad Shalit.

Libérez notre otage !

Depuis la loi liberticide sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics, le jardin de Sciences Po est devenu le dernier lieu de résistance des clopeurs de tous pays. Il faut aller plus loin. Libérons entièrement le jardin des mains avides de l’impérialisme fas-ciste qui veut nous dicter quoi man-ger, quoi fumer, qui baiser ! Revendi-quons le hot-dog du CROUS pour tous à tous les repas, la plantation de plants de marie-jeanne dans le jardin et autres substances psycho-actives qui permettent de se détendre entre deux cours !

Oui, le jardin de Sciences Po peut et doit être jumelé avec Amsterdam. Des omelettes aux champignons halluci-nogènes et bangs en cours ! Démoc-ratisons l’accès aux rails de coke pour une meilleure cohésion sociale ! Vive le Sciences Smoke-Pot !

Sciences Po Marie-Jeanne

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Le gaspillage des ressources est notre combat ! F iers de lutter pour une cause juste, nous, citoyens-étudiants, nous rebellons contre la folie impérialiste de la direction de Sciences Po. Rue de l ’Université, Boulevard St Germain, Rue d ’Assas, Rue de la Chaise, nous en avons assez de devoir util iser et garer nos scooters et autres Austin mini à chaque intercours !La pollution ainsi générée salit nos Converses blanches et nos imper beiges, et l ’on a même trouvé des traces de carbone fixé au gel coiffant notre chevelure ! Nous exigeons donc un moratoire sur l ’expansion du campus, ainsi que l ’ installation de bornes Scootlib’ et des places de parking gratuites près des sites délocalisés (Rue de l ’Université en priorité) .

Non à la croissance mortifère du campus ! Contre l ’expansion irraisonnée !

COLLECTIF

STOP LA CROISSANCE

La politique d’encerclement n’a que trop duré !

Une vil le multiséculaire, à la dimension universelle, ne peut supporter plus longtemps le martyre qu’elle subit. Sa partition Ouest-Est est déjà insupportable, mais la tentative d’appropriation exclusive menée par l ’horrible peuple colonisateur est tout bonnement intolérable !

Nous n’accepterons pas que le monde reste plus longtemps muet devant cette forfaiture, et sommes prêts à employer tous les moyens pour porter notre combat, y compris le recours à la bombe atomium. Bruxelles l ibre !

Deux etats, une capitale !

Étudiants de toutes les mentions, unissez vous ! L’autoritarisme intellectuel exerce sur Sciences Po une domination illégitime ! Le Monde, Le Figaro, La Croix, Matin Plus, les intellos nous forcent à lire leur presse et à faire passer leur propagande dans un silence le plus total !

Lobby puissant, ils ont réussi à imposer au BDE de fournir des abonnements au Monde et pire, à Courrier International ! Parce que nous croyons en le pluralisme des valeurs et de la presse, nous lutterons pour l’adoption en CA de l’IEP d’un décret obligeant au pluralisme de la presse interne de Sciences Po.

Nous espérons ainsi pouvoir enfin nous abonner à L’Équipe, Choc, Closer, Public, et Entrevue.

Pour le pluralisme de la presse !

NB : Pour de plus amples informations rejoins-nous au local de l’AS après la partie de PES sur télé géante (si il n’y a personne c’est qu’on est au Basile, donc demande aux gens situés derrière l’écran Mac 3x3m blanc du local d’à-côté).

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A In Vodka Veritas, comme dans les rédactions des divers journaux de France et de Navarre, on s’est interrogé jusqu’au dénouement final… Devait-on publier les différentes rumeurs qui courraient sur Cécilia Sarkozy, cela intéressait-t-il les Français, cela les concernait-t-il ? Notre diffusion serait-elle plus large si nous étions les premiers à sortir un potin bien croustillant ?

Mais même après la fameuse rupture sarkozyste que tout le monde attendait, la question demeure. C’est que des rumeurs sur Cécilia il nous en arrive tous les jours, on les trouve sur Internet, un copain nous la raconte, un mec rencontré au bistro à 2h du mat’ nous balance LE scoop (hé oui c’est un dur métier que celui de journaliste d’investigation). Mais comment savoir si ce bruit est fondé ou pas ? S’il a une importance quelconque ? Aussi nous avons décidé de publier les meilleures rumeurs qui peuvent courir sur le dos de Cécilia pour ne pas être à la ramasse par rapport à nos confrères nationaux, bien évidement nous ne pouvons pas nous prononcer sur la véracité de ces potins, et nous laissons le lecteur exercer son propre jugement.

- Cécilia ne serait en fait qu’une réincarnation de Lady Di, et aurait quitté notre cher président pour Dodi Al Fayeed (lui aussi réincarné), actuellement ils seraient en train de faire le tour du monde des tunnels en Mercedes à vitre fumée, avec 12 grammes d’alcool par litre de sang.

- Cécilia se serait enfuie à Genève avec Richard Descoings (qui est suisse, rappelons-le). Cela ne serait que la dernière étape d’un long périple, en témoigne notre document exclusif, la une du prochain Paris-Match :

- Cécilia s’apprêterait à tourner dans un film sur sa propre vie. On annonce également au casting Johnny (dans son propre rôle), Christian Clavier (également dans son propre rôle), et Frédéric Quiring (la doublure officielle de Nicolas Sarkozy, déjà vu dans le téléfilm Human Bomb). La bande son serait confiée à Simon and Garfunkel qui réinterprèteraient leur titre “Cecilia” :

Les mille et une rumeurs sur Cécilia Sarkozy

Cecilia, you’re breaking my heartYou’re shaking my confidence dailyOh, Cecilia, I’m down on my kneesI’m begging you please to come home

- Nicolas Sarkozy aurait rompu avec Cécilia car il aurait appris qu’elle était en fait un travesti, recueilli un soir par Jacques Martin au Bois de Boulogne alors qu’il rentrait chez lui à Neuilly (ben oui, c’est tout près). Une variante de cette rumeur prétend que Cécilia etait bien une femme, mais qu’elle aurait décidé de franchir le pas et de se faire opérer pour devenir un homme.

- Enfin, la NASA aurait kidnappé Cécilia car elle ne serait en fait ni un homme, ni une femme, mais une créature extraterrestre venue de la planète Ny-92200 pour prendre le pouvoir sur terre et éliminer l’espèce humaine pour que notre planète puisse être colonisée par ses congénères.

Dans notre infinie bonté nous ne demanderons pas à David Martinon, porte parole de l’Elysée de confirmer ces rumeurs. “Quel imbécile !”

Le Talon de fer, Jack London, 1908

Jack London n’est pas que l’écrivain de Croc-Blanc, gentille histoire sur un loup devenu chien ; et le talon de fer ce n’est pas une invention destinée à ces dames qui cassent leurs talon-aiguilles. Ce talon c’est celui de la bourgeoisie qui écrase le prolétariat. Mais ce roman n’est pas non plus une énième description des conditions de vie des ouvriers par un écrivain naturaliste, plus ou moins héritier de Zola ; Jack London est l’auteur de la seule œuvre révolutionnaire d’anticipation, d’une utopie marxiste.

London envisage donc dans un futur proche (pour lui c’est-à-dire dans le passé pour nous), une vague révolutionnaire qui toucherait le monde entier, et particulièrement (on décèle là le caractère utopique du roman) les Etats-Unis. Il décrit alors à travers la bouche d’Avis Everhard, la femme d’un des principaux leaders du socialisme américain, la violence mise en œuvre par la bourgeoisie américaine pour s’opposer aux progrès du prolétariat socialiste. L’acmé du roman étant la description de la révolte de Chicago, réprimée dans un bain de sang, et librement inspirée de la Commune de Paris. Le livre s’achève sur une note d’espoir puisque la « fraternité des hommes », c’est-à-dire la révolution, finit par triompher, mais seulement au cours du deuxième millénaire, après plusieurs siècles de domination fasciste du « talon de fer ».

Au-delà de l’utopie, ce roman présente l’intérêt de rappeler ce qu’étaient les conditions de vie du prolétariat a la fin du XIXe siècle, et qui est encore à peu de choses près celle que peuvent connaître aujourd’hui les ouvriers indiens, chinois, etc., ainsi que de faire découvrir la face méconnue d’un écrivain majeur, qui est l’une des principales figuress du mouvement ouvrier américain

La bibliothèque rouge

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Le 10 Octobre restera dans les annales comme le jour ou la face (B) du rock a changé. Ou pas. En tout cas, il restera (pour combien de temps, ça reste à voir) le jour où l’auto-gestion libertaire est subitement devenue le summum de la hype, de la classe, et de l’à-propos artistique. Et rien que ça, c’est pas rien. En fait, ce jour, c’était plutôt le 1er

octobre, mais, disons qu’à l’échelle historique ça revient un peu au même (non, je vous en prie, ne venez pas pinailler en m’expliquant que si, neuf jours, dans le déroulement de l’histoire, ça compte, JE SAIS, simplement, en l’occurrence et pour ce qui nous intéresse, ça compte pas tant que ça).

Pour ceux qui n’ont pas suivi - c’est permis, justifions l’affirmation précédente : en clair, que s’est-il passé ces jours-là, qui a pu induire un tel changement de l’état d’hysprit? Rappelons donc les faits. Le 1er octobre, un petit groupe anglais jouissant depuis quelques années d’une relative envergure artistique mais s’étant fait plutôt discret au cours des trois dernières années, a réactualisé la page d’accueil de son site Internet en y postant, tout simplement, l’annonce suivante : “Hello everyone. Well, the new album is finished, and it’s coming out in 10 days; We’ve called it In Rainbows. Love from us all. Jonny”

Précisons que le Jonny dont il est question s’appelle Greenwood, est guitariste, et a un groupe qui s’appelle Radiohead et qui marche pas trop mal. Forcément, passé l’enthousiasme (ou l’agacement, ou l’indifférence, selon l’intérêt que l’on porte au groupe) provoqué par la nouvelle, une question se pose : comment diable vont-ils se débrouiller pour publier un album 10 jours seulement après avoir annoncé qu’il était fini? Question fort pertinente, cher(e) monsieur/madame, mais question d’un autre temps, relevant qui plus est de viles considérations bassement matérialistes : et l’Internet, alors, hein, l’Internet, quoi que vous en faites? Car oui, les NTIC, c’est bien, mais c’est encore mieux quand on s’en sert ; et l’individualisme, c’est pareil. Guidé par l’inusable devise qui veut qu’on ne soit jamais mieux servir que par soi-même, Radiohead a décidé de piéger les pirates du web en se piratant soi-même, avec derrière la tête la vague ambition de réussir à faire payer les pirates heureux dont il piquait le boulot. C’est-y pas beau!

Le contrat est simple : Radiohead veut sortir son disque le plus vite possible. Pour ça, Radiohead annonce une date, à laquelle la version digitale de l’album sera livrée à la jungle webienne, via son site officiel et moyennant paiement d’une somme entre 0 et 99£, au choix. Pour les traditionalistes réactionnaires fétichistes, un gros coffret tout en plastique, carton et métal sera mis à disposition en décembre, pour un prix entre 40£ et 40£, au choix. Une alternative bien moins conforme aux principes de la décroissance, serait-on tentés d’ajouter comme ça en passant.

Et donc, le 10 octobre, il se murmurait dans les chaumières que la révolution était en marche : pensez-vous, Radiohead, un des plus gros poids commerciaux du rock “de qualité”, qui se contente d’un pied de nez aux requins du bizness, et leur

coupe l’herbe sous le pieds, prouvant que point n’est besoin d’eux pour vendre (à condition d’être Radiohead, ce qui n’est certes pas donné à tout le monde) ! Vous commencez à nous connaître, quand Vodka entend “révolution”, Vodka tend l’oreille - a fortiori si tout le monde semble s’être mis d’accord pour saluer l’acte “révolutionnaire” et entériner l’auto-production et l’auto-gestion musicale comme remède à tous les maux du pire tout pire de l’industrie de disque. Donc Vodka en parle.

Bien sûr, effet de surprise et de nouveauté aidant au moins un peu l’effet de marque “Radiohead”, l’auto-gestion et la révolution ont cette fois porté leur fruits, puisque le groupe peut se vanter de quelques 1,2 million de téléchargements sur son site dans la seule journée du 10 octobre... pour les deux tiers moyennant paiement (de 4£ en moyenne), qui plus est. L’efficacité n’est plus à prouver, et la rentabilité non plus, puisque non content de cette première vague d’entrées financières dues au téléchargement et conséquente, le groupe a déjà vendu un joli paquet des coffrets de luxe, et prévoit une troisième fournée début 2008, revenant au bon vieux CD traditionnel sous l’égide du label XL.

Après, est-ce vraiment le comble de la révolution et de l’auto-gestion, ça, c’est un peu moins sûr... Assurément, Radiohead a fait beaucoup tout seul... Assurément, Radiohead a plus valeur d’exemple que la myriade de groupes et artistes plus ou moins inconnus qui ont déjà procédé de manière similaire (balançons, en vrac et au hasard, le label new-yorkais Team Love, les Grenoblois de Rien ou l’Anglais Ed Harcourt, sans compter la myriade de groupes et labels qui permettent, sinon le téléchargement, du moins l’écoute intégrale de l’album avant sa sortie)... Assurément, c’était super sympa de leur part et au fond, on est bien contents... Même si l’on ne peut pas franchement parler de prise de risque, même s’il est difficile de croire que ce n’était pas, aussi, juste un peu, un bon moyen de faire revenir avec fracas sur le devant de la scène un groupe qui en avait un peu disparu... En attendant, voli noli, Radiohead a aussi (surtout?) inventé un nouveau moyen fort efficace de vendre trois fois la même chose en ayant l’air de faire le contraire, ce qui en soit est assez fort, il faut l’avouer. De là à en tirer le modèle libertaire du troisième millénaire, euuuh...

Ceci étant, jouons leur jeu (et plagions allégrement le webzine américian Pitchfork, qui a eu la mauvaise idée d’avoir l’idée avant nous) : libertaire, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, on ne vous dira donc pas ce qu’il vaut, ce disque parce que 1) d’une part, y a plus de place sur la page 2) d’autre part, si la valeur marchande de la chose est à la libre appréciation du consommateur, la logique veut qu’il en soit de même de la valeur musicale, parce que si vous êtes assez grands pour savoir combien vous être prêt à payer pour un disque (euh, pardon, un fichier ZIP), on peut estimer que vous êtes aussi assez grands pour savoir combien de fois vous êtes prêts à vous payer l’écoute du disque (enfin, du ZIP, zut).

I have a radio in my head

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Au bonheur des pingouins : les élections en Argentine

Et si je passais ma 3ème année en Argentine ?

Le printemps est de retour en Argentine, les arbres arborent leurs plus beaux feuillages, les pelouses se couvrent d’un gazon vert grenouille et les affiches de la campagne prés ident ie l le fleurissent dans les prés. Si dans certains pays la désertion de Cupidon a laissé la tendance au divorce, dans l’hémisphère sud

la saison des amours connait un franc succès. A Puerto Madryn, petite péninsule au nord de la Patagonie, les baleines blanches et les éléphants de mer ont envahi la baie. Loin des dodus mammifères, encore plus au sud, à Punta Tumbo, des milliers de couples de pingouins de Magellan, guidés par leurs hormones, se sont réunis afin de perpétuer l’espèce.

Cependant, entre tous ces couples de pingouins, il en est un plus heureux que les autres. Bénéficiant de la divine providence, Nestor et Cristina semblent sur un petit nuage, surtout depuis qu’ils ont quitté la Patagonie pour Buenos Aires. Il faut dire que monsieur, troquant le poste de gouverneur de la province de Santa Cruz pour celui de Président de la République, avait dégoté un emploi plus rémunérateur. Ainsi, il est au pouvoir depuis 2003, elle ne l’est pas encore, mais ça ne saurait tarder.

A quelques jours du premier tour des élections présidentielles, Cristina Fernandez affiche un royal 40% dans les sondages, propre à faire pâlir une Ségolène Royal. En toute logique, la pingouinette devrait donc être élue au premier tour et prendre les rênes du pays pour les quatre prochaines années ; le mandat n’étant renouvelable qu’une fois, Nestor pourrait ainsi réapparaître sur la scène politique à l’horizon 2011. Bel exemple de partage des tâches au sommet de l’Etat qui montre que le couple présidentiel a, comme les Pumas, l’esprit d’équipe. Devrait-on alors conclure au triomphe du kirchnerisme ? Cet étrange mélange entre populisme, péronisme et libéralisme reste

difficilement abordable si l’on possède un cerveau formaté pour raisonner selon la frontière droite/gauche. Pour en saisir l’essence il faut donc s’élever au dessus de notre sacro-saint clivage français et invoquer l’esprit de la pampa en buvant du fernet1.Pourtant, si le succès de Cristina ne laisse pas l’once d’un soupçon (son parti s’appelle Frente para la Victoria, nous ne vous ferons pas l’affront de traduire) son soutien populaire reste discret, voire invisible. « Nadie la va a votar a la Kirchner !2 », telle est la phrase qui se faufile et rebondit entre les murs de la capitale fédérale. Comment dénouer cet étrange paradoxe ?

Une première explication pourrait être le manque de foi, lié à la dureté de l’histoire, des Argentins envers la politique. Un profond pessimisme conduisant directement à la résignation. Après une série de coups d’Etat, le retour de la démocratie en 1983 avec Raul Alfonsin, la décadente

d é c e n n i e ménémiste -de 1989 à 1999- menant tout droit à la crise é c o n o m i q u e de 2001, l ’ o p t i m i s m e politique semble au point mort. De ce scepticisme résulte le désintérêt. Ainsi, malgré un vote théoriquement o b l i g a t o i r e , l ’ a m e n d e reçue en cas de désertion n ’ e f f r a i e personne, ici “les lois sont faites pour ne pas être appliquées”3 et

le taux d’abstention se meut avec agilité par delà les montagnes, par delà les vallées.

1 Breuvage alcoolisé très populaire en Argentine, souvent consommé avec du Coca.

2 Traduction : «Personne ne va voter pour la Kirchner !»

3 Dixit Ramone, étudiant argentin.

Au bord du chaos en 2001, suite au crash de sa monnaie (merci le FMI), l’Argentine reprend son chemin doucement, comme le pingouin sur la banquise. Une route jalonnée par des élections libres et démocratiques où l’on se passe le pouvoir entre mari et femme. Comme les Balkany. Comme les Mégret. Ambiance...

- C’est la dernière enquète... 15% des sondés disent “Je sais pour qui voter aux élec-tions”, 15% d’autres disent “Je ne sais pas pour qui voter aux élections”. - Pardon, et les 70% restants ? Ils disent quoi ? - “Ah, il

y a des élections ?”

- Regarde comme ils sont mignons les pin-guoins ! Ils forment un “M” à eux-deux. - Oui... Peut-être celui de “Monarchie” ?

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De plus, il existe cette tendance à l’autopunition qui pousse certains citoyens à voter non pas en fonction de leurs idées mais en fonction de ce qu’ils pensent être nécessaire pour le pays : de l’autorité. “Moi ? Je suis socialiste, mais le pays n’est pas prêt, on a besoin d’être tenus. Le socialisme, ici ? Ce serait l’anarchie, nous sommes trop passionnés.”4

Soulignons que les alternatives sont minces. Si les candidats ne manquent pas, ils sont quatorze en lice, l’opposition brille par son fractionnement, sa désorganisation et son manque de crédibilité. Côté gauche, on ne compte pas moins de six candidats. Ferdinand Pino Solanas, auteur de plusieurs reportages sur la pauvreté en Argentine, dont La dignité du Peuple (2005), jouit d’une bonne réputation mais rase les pâquerettes dans les enquêtes. Notons qu’il est le seul prétendant à faire montre d’humour comme en témoigne un de ses slogans de campagne: “Plante un Pino en el Senado”5. Elisa Carrió, leader de la Coalition Civique et fondatrice de l’ARI (Afirmación para una República Igualitaria), est perçue avec sympathie mais sans envergure politique. Affichant des propos séduisants sur la lutte anticorruption, elle prêche plus qu’elle n’agit.

Parmi les candidats du Grand Capital, on trouve Ricardo Lopez Murphy, leader du mouvement Recrear para el Crecimiento6 qui avait dû quitter le Ministère de l’Economie en 2001, suite à des mesures peu populaires ; ainsi que Alberto Rodríguez Saá, frère de l’ancien président,

4 Dixit Sebastian, gérant d’une auberge de jeunesse à Buenos Aires.

5 “Plantez un pin dans le Sénat”. Les candidats à la présidentielle peuvent aussi prétendre à un siège au Sénat, c’est la fiesta pour le cumul des mandat.

6 Parti politique fondée par R.L Murphy en 2002, lorsqu’il a quitté l’UCR (Union Civique Radicale). De tendance libérale -l’objectif affiché étant la croissance- le parti bénéficie du soutien du droitisant Mauricio Macri, élu gouverneur de Buenos Aires qui prendra ses fonctions en décembre.

soutenu par les péronistes antikirchnéristes (atchoum). Roberto Lavagna, le candidat de l’UCR (Unión Cívica Radical), fort d’une expérience en tant que ministre de l’économie, apparaît comme un homme relativement fiable, mais peine à rassembler les suffrages. Dès lors, l’absence de contrepouvoir crédible se traduit par une opposition atomisée engendrant une dispersion des voix bénéficiant à Mme Kirchner.

D’autre part, l’administration K a mis en place une politique sociale, surnommée “El Plan”, consistant à distribuer un peu moins de 200 pesos par mois aux familles les plus démunies. La pauvreté touchant environ 30% des Argentins, cette aide concerne de nombreux citoyens. Même s’il est impossible d’élever une famille dignement dans un logement décent avec une telle somme, les bénéficiaires y sont attachés. C’est là tout l’effet pervers de la mesure, par peur de perdre ce maigre subside les habitants des bidonvilles sont incités à vendre leurs voix. Le spectre du bâton veille sur la carotte. Toutefois, soyons fair-play, le marché aux votes est florissant et n’est pas l’apanage du gouvernement ; d’autres candidats n’hésitent pas à promettre monts et merveilles aux plus défavorisés, leurs faisant miroiter maisons, voitures, électroménager, travail et prospérité.

Enfin, n’oublions pas que Buenos Aires n’est pas l’Argentine. Dans le reste du pays, Kiki semble beaucoup plus populaire. Si les électeurs de la capitale se sont prononcés en faveur de Mauricio Macri, farouche opposant du gouvernement, dans les autres provinces plusieurs gouverneurs kirchnéristes sont sortis vainqueurs.

Dans l’attente du 28 octobre, date du premier tour, les regards se focalisent sur la hausse spectaculaire du prix du kilo de tomate, jolie diversion pour éviter d’aborder des thèmes un peu plus épineux tels que la justice, la corruption, la santé ou l’inflation. Ainsi, évoluant en eaux troubles, le citoyen argentin se rendant aux urnes ne vote pas tant en fonction de ses idées qu’en fonction du degré de corruption supposé du candidat. A la claire fontaine, m’en allant promener…

Dénouement

Au terme d’une non-campagne plutôt tranquille, Cristina Fernandez de Kirchner a été élue présidente dès le premier tour le 28 octobre. Les médias français évoquent un destin exceptionnel, celui d’une “femme de caractère”. Et s’émerveillent de voir ainsi s’installer “une nouvelle dynastie au pouvoir.”

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LA révolution est un dîner de Gala

Et si je passais ma 3ème année en Chine ?

Ce qui est bien avec la troisième année, c’est que ça nous donne l’occasion de partir à la rencontre de nouvelles cultures et de nouvelles façons de faire de la politique. Prenez la Chine par exemple. Quel rapport y a-t-il entre le Parti Communiste Chinois (PCC) et Nicolas Sarkozy, mis à part un goût prononcé pour le faste et l’autoritarisme ? Tandis qu’en France le nabot-léon noie ses déboires amoureux dans la surenchère sécuritaire (confer la double peine et les fameux tests ADN), Beijing, en plus d’accueillir les prochains Jeux Olympiques (et les beaufs du monde entier), organise en ce moment-même le XVIIe Congrès du PCC, l’UMP locale.

Pour fêter l’occasion, la ville se recouvre d’affiches rouges et de slogans communistes, car si le peuple ne se nourrit pas avec les symboles, du moins est-il rassuré, la faucille et le marteau étant bien les seuls restes du communisme, noyé sous le capitalisme le plus sauvage qui soit. Après le gala du magazine Fortune, c’est au tour du Congrès du PCC de se tenir au Palais du Peuple. C’est l’occasion pour tous les journaux de s’épancher avec allégresse sur le bien-fondé du Parti, sur son action bienveillante, sur la beauté de la compagne du président (au temps pour moi, je dois confondre avec Gala). Tels la Pravda, les quotidiens relatent le déroulement du Congrès (ou ce qu’on veut bien nous en dire). Discours fleuve sur la démocratie, l’harmonie sociale, le progrès scientifique, ainsi que la démocratie interne au Parti qui progresse chaque jour un peu plus.

Lire à travers les lignes élogieuses envers le Parti du Figaro, pardon du China Daily, est devenu un sport quotidien qui nécessite de la rigueur intellectuelle et une concentration maximale (pour ne pas exploser de rire à chaque ligne). La composition du Politburo nouvellement élu est, dans l’ordre : Hu Jintao, Wu Bangguo, Wen Jiabao, Jia Qinglin, Li Changchun, Xi Jinping, Li Keqiang, He Guoqiang et Zhou Yongkang.

Cela ne vous dit peut-être rien, une petite explication s’impose. Hu Jintao reste donc président pour encore un mandat de 5 ans, il est également chef du Parti et des armées (un peu comme notre président bien-aimé). L’ancien vice-président, Zeng Qinghong, disparaît du Comité Central, ce qui pourrait au premier abord sonner comme une victoire de la tendance de Hu. En effet, le PCC, c’est un peu comme l’UNEF, il y a les jaunes méchants et les jaunes encore plus méchants, tout est une question de tendance. Hu

Jintao fait parti de la nouvelle génération des «ingénieurs», libéral économiquement (comme tout le monde), mais plus soucieux de « l’harmonie sociale » (en gros, y’a des riches, y’a des pauvres, mais tout le monde doit être content), et plus soucieux des injustices

sociales, puisqu’il fut gouverneur

d’une province pauvre.

La dénomination « ingénieur » vient du fait qu’il a poursuivi ses études à Tsinghua, université renommée dans les sciences dures, par opposition à Beida ou Renmin, plus portées vers les sciences sociales. Toute cette génération des « Jeunesses Communistes » (puisqu’ils se sont rencontrés aux JC étant jeunes), s’oppose à la vieille garde des Shanghaiens (puisqu’à peu près tous ont fait leurs armes en tant que gouverneur de Sanghai, ville de lumière et de corruption) représentée par l’ancien président Jiang Zemin, ultra-libéral économiquement, stalinien politiquement, et qui n’en a rien à battre des bouseux. C’est ainsi qu’on se rend compte que l’UMP, le MJS et l’UNEF n’ont rien inventé.

Bref, le fait est que c’est un shanghaien nouvelle génération, Xi Jinping qui prend la place de vice-président. Ce proche de Jiang Zemin est donc bien parti pour devenir le prochain président de la République Populaire de Chine. Le prochain premier ministre en revanche risque d’être Li Keqiang, un

Que tout ceux qui sont dans la vibe lèvent le bras. Pump it up, pump it up !

Comme un bon vieux plan quinquennal, revient tout les cinq ans le congrès du Parti Communiste Chinois. Et comme d’habitude, au milieu des jolies tentures rouges, des salons d’apparat et des pâtés impériaux (mais pas impérialistes, évidemment), rien ne change vraiment. Chjne si lointaine, Chine si proche...

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proche de Hu, qu’il n’a pas réussi à imposer devant Xi Jinping. D’où le terme « démocratie » qui résonne sur toutes les unes des journaux chinois, puisque deux tendances à l’intérieur du parti s’affrontent, ou tout du moins se jaugent en perspective de la refonte complète du Politburo dans 4 ans.

Sur le fond pourtant rien ne change. Toujours la même rengaine sur toutes les lèvres, « on va combattre la corruption (mal endémique de l’administration chinoise), combler la fracture sociale et réduire les émissions de gaz à effets de serre ». Bref tous les maux qui ne devraient pas exister dans un pays communiste. Comment alors concilier la doctrine communiste avec la réalité, c’est-à-dire un secteur privé foisonnant, l’absence de sécurité sociale et un capitalisme débridé ? Depuis 1992, la Chine s’est « ouverte », c’est-à-dire que tout ce qui faisait la spécificité du communisme (propriété collective des moyens de production, sécurité sociale, gratuité de l’enseignement) a disparu dans une folle course vers le profit. « Enrichissez-vous » a remplacé le « Unissez-vous », et depuis les 10% de croissance par an permettent de faire oublier à la population qu’elle est gouvernée par une main de fer. Mais comme la Chine est encore officiellement « communiste » (en gros, ils ont encore la faucille et l’organisation stalinienne), il a bien fallu le justifier, et si possible par des termes qui sonnent un peu révolutionnaires. C’est ainsi que la grande trouvaille du Congrès est de plaider pour un « développement scientifique », c’est-à-dire qu’on va libéraliser le marché à tout va, mais en vue que peut-être, un jour, si Marx le veut, on atteindra le communisme – de façon scientifique – car comme tout le monde le sait pour arriver au stade supérieur du communisme il faut d’abord passer par le capitalisme (pour la concentration de la production on repassera).

Ensuite, c’est la théorie des trois secteurs vitaux de la société, à savoir la force productive, la force créative et les entrepreneurs, afin de justifier l’entrée des patrons au PCC et établir une fois pour toute la viabilité de la

division du travail, la praxis étant séparée de la création intellectuelle. Quant à la société harmonieuse, qui n’a pas été accepté par le Parti (faut pas déconner quand même), elle est un prétexte pour justifier le fait qu’il peut exister des classes différentes, et donc gommer leur antagonisme, au lieu de vouloir supprimer toute différence de classe. De l’anti-marxisme ? Non, juste la « voie chinoise », ou plutôt comme le dit le China Daily, « adapting Marxism to chinese conditions », en gros nier la dialectique.

Ce qui est le plus marquant, c’est la doctrine des relations internationales. Selon le PCC, le parti peut avoir des relations avec tous les partis du monde en respectant les principes de l’indépendance, l’égalité, respect mutuel, et la non-interférence. Ce n’est autre qu’une énième justification prétendument théorique afin de pouvoir s’entendre et négocier avec les pays capitalistes du monde entier. Le plus intéressant, c’est que pour justifier cette position, il est écrit que : « ideological differences stem from civilization’s diversity. And this diversity determines the nature of political parties in different countries »1... Le malheureux Marx doit bien se retourner dans sa tombe.

1 “Les différences idéologiques découlent de la diversité des civilisations. Et cette diversité détermine la nature des partis politiques dans les différents pays.”

Cases extraites du détournement sur la Chine de Parodie.org. A lire également sur le même site, l’excellent Tintin en Irak.

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