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Inade s Infos N° 002 Janvier - Juin 2017 Bulletin d’information semestriel d’Inades-Formation Burkina O1 BP 1022 Ouagadougou 01 Tél.: (00226) 25 34 28 29 / 25 34 03 41 Site web: www.inadesfo.net E-mail: [email protected] Avis Décentralisation au Burkina Faso : « Nous souhaitons que les exécutifs locaux instaurent des cadres de dialogues » Isidore Della P 14-16 Portrait • Tibo Fati Ouédraogo : « un produit des jésuites » d’Inades-Formation P 9-11 Clin d’œil • Le comité de suivi à la base de Ouindigui en action P 12-13

Inades Infos - inadesformation.net · Les différentes parties de la plante de Saba senegalensis (feuilles, vrilles, latex, fruit, ra - cines) sont utilisées en pharmacopée pour

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Inades InfosN° 002 Janvier - Juin 2017

Bulletin d’information semestriel d’Inades-Formation Burkina

O1 BP 1022 Ouagadougou 01 Tél.: (00226) 25 34 28 29 / 25 34 03 41Site web: www.inadesfo.net E-mail: [email protected]

Avis Décentralisation au Burkina Faso :

« Nous souhaitons que les exécutifs locaux instaurent des cadres de dialogues »

Isidore Della P 14-16

Portrait• Tibo Fati Ouédraogo : « un produit des jésuites »

d’Inades-Formation P 9-11

Clin d’œil• Le comité de suivi à la base de Ouindigui en action

P 12-13

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MOT DU PCAAu travail, acteurs du développement local ! P. 3

FLASH BACKDéveloppement des filières Agricoles Filière sésame au Burkina Faso : Inades-Formation Burkina favorise la concertation des acteurs P. 4-5Gestion des Ressources Naturelles• Une étude pour la valorisation du Saba senegalensis (Wèda) P. 6-7• Tribunal International Contre MONSANTO : les dommages considérés comme crime d’écocide P. 7-8

PORTRAITTibo Fati Ouédraogo : « un produit des jésuites » d’Inades-Formation P.9-11

CLIN D’ŒILLe comité de suivi à la base de Ouindigui en action P 12-13

AGENDA P.13

AVISDécentralisation au Burkina Faso : « Nous souhaitons que les exécutifs locaux instaurent des cadres de dialogues » Isidore Della P.14-16

DETENTE P.17

SOMMAIRE

Inades Infos

Directrice de publication : ZONGO/KADIOGO Aline, Directrice du Bureau National ; Rédacteur en chef: SOMDA Samuel, Chef du Service Appui Pédagogique ;Equipe de rédaction : DA Patrice, DELLA Isidore, OUEDRAOGO Ousséni, KAMBOU/HIEN Bini Claudine ;Avec la contribution de : TAMBOURA/KIEMDE PascalineMise en page DA Patrice

3MOT DU PCA

Inades Infos N°002 Janvier-juin 2017

Les élections municipales ont eu lieu le 22 mai 2016. A la suite de la procla-mation des résultats définitifs, le processus de mise en place des différents conseils municipaux et d’élection des maires a été entamé. Cette phase a été émaillée de remous dans certaines localités, mais la plupart des exécutifs communaux ont été installés. L’heure est maintenant au travail. Finis les discours et les options partisans de la période de campagne électorale. Il est venu le moment pour les maires et les conseillers municipaux de se mettre au service des citoyens de leurs communes respectives. Comme l’a souligné le Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité Intérieure dans son discours prononcé à l’occasion de la rencontre avec les exécutifs locaux du Burkina Faso, le 11 juillet 2016 à Ouagadougou : « vous êtes devenus par le fait des élections les responsables de tous les citoyens de vos communes, sans aucun parti pris ».

Les conseils municipaux actuels viennent à la suite des délégations spéciales qui ont dirigé les communes pendant la période transitoire qu’a connue le Burkina Faso jusqu’à l’installation des nouvelles autorités communales. De nombreux défis attendent ces nouvelles équipes qui sont déjà à l’œuvre. Face aux préoccupations et exigences des populations, des solutions adéquates sont attendues. L’eau potable, les aménagements hydroagricoles, la santé, l’éducation, le foncier, la transparence dans la gestion, etc., sont autant de domaines cruciaux pour lesquels les nouveaux élus devront se montrer capables. La réussite de leur mandat sera mesurée à l’aulne de la satisfaction des besoins des populations.

Il importe cependant de ne pas oublier que suivant le principe de la décentralisation, les citoyens ont une place importante dans la gouvernance locale. La participation citoyenne est un paramètre important de la bonne gouvernance locale. C’est dire qu’en plus des élus locaux les citoyens des communes doivent s’impliquer active-ment dans le développement de leur localité. Le développement de nos communes passe par une participation citoyenne remarquable.

Un des domaines d’intervention d’Inades-Formation Burkina est la décentralisation et la gouvernance locale. Depuis plus d’une quinzaine d’années, notre organisation mène des activités dans ce domaine et ceci dans les régions suivantes: les Cascades, la Boucle du Mouhoun, le Centre, le Plateau central, le Nord et le Sahel. A travers des ateliers de formation et/ou de concertation, des séances de causerie-débat, des émissions radiophoniques, etc, Inades-Formation Burkina œuvre pour une meilleure participation citoyenne au niveau des collectivités territoriales.

Elus locaux, citoyens communaux, organisations de la société civile, acteurs du secteur privé, services tech-niques déconcentrés et/ou décentralisés , chefs coutumiers et responsables religieux, la décentralisation nous impose de tous mettre la main à la pâte pour la construction de nos communes, socles du développement de notre pays. Le temps n’est plus aux divergences de quelque ordre que ce soit. Passons à l’action !

Puisque ce numéro de notre bulletin d’information Inades Info paraît en début d’année, chers lecteurs et lec-trices, je saisis la tribune qui m’est ainsi dressée pour vous souhaiter une bonne et heureuse année 2017. Que la paix, ce mot que nous répétons à longueur de journée, habite les cœurs de tous les enfants de ce pays et d’ailleurs.

Jean Célestin Paré

Au travail, acteurs du développement local !

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Développement des filières Agricoles

Filière sésame au Burkina Faso : Inades-Formation Burkina favorise la concertation des acteursInades-Formation Burkina a organisé le 28 octobre 2016 un atelier de concertation des acteurs de la filière sésame. Objectif : « Jeter les bases d’une amélioration de la production et de la commer-cialisation du sésame à travers la promotion d’un partenariat entre les différents acteurs ». Cette rencontre qui a eu lieu dans la salle de conférence de la Maison du retraité Antoine Nanga a réuni une trentaine de participants venant de six régions du Burkina Faso.

L’atelier a été principalement marqué par une allocution du Directeur par intérim du Bureau National d’Inades-Formation Burkina, une communication sur la problématique de la commercialisation du sésame au Burkina Faso, des travaux de groupe suivis de restitutions. Pour Samuel Somda, chef du Service chargé des Appuis Pédagogiques et Directeur du Bureau National d’Inades-Formation Burkina par intérim, « en matière de filière, comme c’est plusieurs maillons, il était important de faire en sorte que les différentes catégories d’acteurs puissent se rencontrer pour échan-ger ».

Se prononçant à l’issue de l’atelier, Mme Pascaline Tamboura/Kiémdé, respon-sable du Programme appui aux filières agricoles à Inades-Formation Burkina, indique « Les échanges au cours de l’atelier ont été fructueux. Ce fut l’occa-sion pour les participants d’être mieux éclairés sur le fonctionnement de la filière sésame et de faire des propositions pour une meilleure commercialisation de ce produit agricole. Globalement, nous pouvons dire que nous sommes satisfaits des résultats de cet atelier ».

Les participants à l’atelier de concertation des acteurs de la filière sésame étaient composés de producteurs, de commerçants, d’exporta-teurs, de transformatrices du sésame, ainsi que des représentants de structures d’appui comme la JICA, le Cadre Intégré Renforcé (CIR) du Ministère du Commerce, de l’Indus-trie et l’Artisanat. La Direction Générale de la

Promotion de l’Economie Rurale (DGPER) était aussi de la partie. Monsieur Francis Naré, pré-sident de l’Union Régionale des Producteurs de Sésame du Centre-Est, un des participants à l’atelier avance : « je félicite Inades-Formation Burkina d’avoir eu l’initiative d’organiser cet atelier dont les résultats devraient contribuer au dévelop-pement de la filière sésame ».

Le Secrétaire Général de l’Union Régionale des Producteurs de sésame de la Boucle du Mouhoun, M. Justin Dakuo ajoute : « Le partage d’expériences au cours de cet atelier va contribuer à améliorer la manière de faire dans certaines unions ».

Le présidium de la cérémonie d’ouverture de l’atelier de concertation des acteurs de la filière sésame.

FLASH BACK

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Inades Infos N°002 Janvier-juin 2017

FLASH BACK

Les participants à l’atelier de concertation des acteurs de la filière sésame.

L’atelier se tenait dans le cadre de la mise en œuvre par Inades-Formation Burkina du projet dénommé « Renforcement du Système d’Information et d’Accompa-gnement sur le marché (SIAM) du sésame

dans six régions du Burkina ». Le financement de ce projet est assu-ré par le Cadre Intégré Renforcé (CIR). Jules Guigemdé, le repré-sentant du CIR à l’atelier avance : « Je salue l’initiative de cette concer-tation, qui clôt le processus de mise en place du système d’information et d’accompagnement sur le marché du sésame. Nous souhaitons qu’à l’issue de cet atelier les acteurs au niveau de chaque maillon de la filière sésame puissent concrétiser le partenariat qu’ils souhaitent nouer avec d’autres acteurs du domaine ».

La Boucle du Mouhoun, le Sud-Ouest, le Centre Ouest, le Centre Est, le Nord et l’Est, sont les régions concernées par le projet.

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informelle. Cela ne leur permet pas de tirer un meilleur profit de ce produit forestier non li-gneux et rend difficile l’appui des partenaires techniques.

Les autres types de contraintes de la filière Saba senegalensis sont notamment : l’inorganisation des acteurs de la filière ; l’insuffisance d’organi-sation du marché local, national et régional des fruits de Saba senegalensis ; la faible concertation entre les acteurs dans les différents maillons et entre les maillons de la filière. A cela s’ajoute l’inaccessibilité des équipements pour une meil-leure récolte et une transformation des fruits, la

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FLASH BACK

Le Saba senegalensis est un arbuste dont les fruits sont utilisés dans la préparation de certains mets traditionnels. Ils remplacent le tamarin ou le vinaigre pour la préparation du « tô », des bouillies, des jus à base de mil (zom-koom). Ces fruits possèdent également une qualité nutritionnelle élevée par leur te-neur en vitamines (C, B6) et minéraux.

Les différentes parties de la plante de Saba senegalensis (feuilles, vrilles, latex, fruit, ra-cines) sont utilisées en pharmacopée pour le traitement de certains maux (intoxications alimentaires, migraines, maladies infantiles, stimulation de la fertilité chez les femmes, etc.).

L’exploitation des fruits de Saba senegalensis constitue une source importante de revenus et de création d’emplois. Ces revenus sont utili-sés pour la satisfaction de besoins familiaux comme l’achat de vivres en période de soudure et d’animaux pour l’élevage, le paiement des frais de scolarité, la constitution d’un fonds de commerce.

Cependant, la filière Saba senegalensis est confrontée à un problème de structuration. Les acteurs dans chaque maillon (cueillette, commercialisation, transformation, consom-mation) opèrent individuellement et de façon

Une étude pour la valorisation du Saba senegalensis (Wèda)

Gestion des Ressources Naturelles

L’exploitation des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) est l’une des activités de la popu-lation de Oula. Cette commune est située dans la province du Yatenga, localité de la région du Nord du Burkina Faso. A une certaine période de l’année, les fruits de Saba senegalensis ou « wèda » en langue mooré sont abondants et accessibles à Oula. L’exploitation de ces produits entre dans l’alimentation et procure des revenus aux ménages de cette commune. Pour une meilleure promotion et valorisation du Saba senegalensis, Inades-Formation Burkina a favorisé la réalisation d’une étude sur cette filière. L’étude a été conduite par Salomé Ilboudo, élève du Centre Agricole Polyvalent de Matourkou. Cette étude a été menée dans le cadre de son stage de fin de cycle de formation de Technicien Supérieur d’Agriculture. Nous vous donnons dans les passages qui suivent la substance du contenu du document qui a été produit.

Fruit du Saba senegalensis contenant une pulpe comestible

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difficulté pour un séchage adéquat de la pulpe des fruits et la faible maîtrise des techniques de transformation des fruits dans le respect des normes de qualité.

La filière Saba senegalensis comporte des atouts et opportunités qui peuvent favoriser sa pro-motion au niveau local, régional et national. On peut citer : Le potentiel relativement im-portant en termes de pieds de Saba senegalensis dans la commune de Oula, la possibilité d’un accroissement de ce potentiel naturel de Saba senegalensis par des actions de reboisement, la possibilité de greffage des espèces locales Saba senegalensis pour améliorer leur productivité et la qualité de leurs fruits, l’intérêt de plus en plus croissant de la population par une exploi-tation rentable des fruits, l’existence d’une transformation des fruits en jus, sirop, vin, confiture.

Il existe aussi une stratégie nationale pour la promotion et la valorisation des PFNL au

Burkina Faso et des partenaires techniques et financiers intervenant particulièrement dans la filière Saba senegalensis. Ces partenaires ac-compagnent les acteurs de la filière à travers des sensibilisations sur les bonnes pratiques de préservation et de régénération de l’espèce, ainsi que sur une meilleure structuration de la filière au niveau local et national.

L’étude recommande une plus grande pro-fessionnalisation des acteurs de la filière Saba senegalensis en agissant sur tous les maillons : production, collecte, transformation et com-mercialisation. Cela permettra d’accroitre la productivité et la qualité des produits de Saba senegalensis et d’améliorer leur compétitivité et leur mise en marché.

A partir de cette étude, il est nécessaire pour la commune de Oula d’élaborer et de mettre en œuvre un plan d’action pour la promotion et la valorisation du Saba senegalensis.

Tribunal International Contre MONSANTO : les dommages considérés comme crime d’écocideDepuis le début du XXème siècle, la multinationale MONSANTO a commercialisé des pro-duits hautement toxiques qui ont durablement contaminé l’environnement. Ces produits ont également rendu malades et même causé la mort de milliers de personnes dans le monde. Le Tribunal International contre MONSANTO, qui a eu lieu à la Haye au Pays-Bas, a été initié par la société civile pour donner la parole aux victimes et aux témoins des activités dévas-tatrices de cette firme internationale. Ce tribunal citoyen a eu lieu les 15 et 16 octobre 2016.

Est-ce que les activités de MONSANTO ont porté des atteintes graves :- au droit à un environnement sain, sûr et du-rable, tel que reconnu en droit international de l’Homme et aux principes directeurs relatifs aux entreprises ;- au droit à un meilleur état de santé tel que reconnu par le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ;- au droit à l’alimentation tel que reconnu par le pacte international relatif aux droits écono-miques, sociaux et culturels ;-à la liberté d’expression, à l’information et à la

formation ;- à la liberté de recherche académique.C’est en ces termes que les chefs d’inculpation ont été posés au cours du Tribunal International contre MONSANTO. La décision des cinq juges du Tribunal International contre MONSANTO sera fonction des réponses à ces questionne-ments.

Il a aussi été question de savoir si les actions de Monsanto peuvent être qualifiées de « crime d’éco-cide », c’est-à-dire : « le fait de porter une atteinte grave ou de détruire l’environnement, de manière à altérer

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FLASH BACK

Inades Infos N°002 Janvier-juin 2017

Dans la salle d’audience Tribunal International Contre Monsanto

de façon grave et durable des com-munaux globaux ou des services éco-systémiques dont dépendent certains groupes humains ».

En deux jours, le Tribunal Inter-national contre MONSANTO, composé de juristes à propre-ment dits (juges et avocats) a entendu 24 témoins ou victimes venus expliquer ce qu’ils ont vécu à cause de MONSANTO. Ce fut ainsi l’occasion de porter à la connaissance de l’opinion pu-blique internationale les crimes commis par MONSANTO. Ce tribunal a contribué à créer une brèche dans le mur de l’impu-nité dont jouissent les dirigeants de MONSANTO et au-delà, de toutes les firmes multinationales de l’agrochimie. L’avis consultatif attendu des juges, est censé donner des outils juridiques qui vont permettre à des avocats ainsi qu’à d’autres tribunaux d’ al-ler plus loin sur la question de la responsabilité et de la réparation des dommages causés par MONSANTO. Grâce à cette action de la société civile, les droits de l’Homme devraient évoluer, notamment sur la question du crime d’écocide que l’on souhaite voir un jour inscrit dans les statuts de Rome c’est-à-dire au Tribunal Pénal International.

La Coalisation pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN) a pris part à ce Tribunal International contre Monsanto. Comme les autres témoins, elle a, par la voix d’un produc-teur de coton, témoigné sur les impacts négatifs de l’introduction de la culture coton Bt au Burkina Faso. A l’occasion de cette rencontre mondiale, des copies du film documentaire intitulé « Le coton Bt au Burkina Faso, la moisson des désillusions» ont été distribués à des participants. Ce film est une pro-

duction de la COPAGEN. La participation des re-présentants de la COPAGEN a été rendue possible grâce à l’appui du Comité Catholique pour la lutte contre la faim et pour le développement (CCFD- Terre solidaire).

Pour ce qui est de la suite du Tribunal Inter-national contre Monsanto, il s’agira de faire un large écho de la décision des juges qui sera rendue en avril 2017. Il faudra aussi plaider auprès des gouvernants pour obtenir leur adhésion à la validation de l’écocide comme étant crime international. La COPAGEN devra accompagner les poursuites collectives qui pour-raient être engagées contre MONSANTO devant des juridictions formellement constituées.

Ousséni OuedraogoChargé de programme Gestion des Ressources

Naturelles à Inades-Formation Burkina

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PORTRAIT

« J’ai été recrutée à Inades par les jésuites quand je finissais mes études en France » nous confie T. Fati Ouédraogo. A partir de la rencontre qu’ils ont eue avec la jeune étu-diante de l’Institut de Travail Social et de Recherche Sociale (ITSRS) de Montrouge en France, les jésuites sont séduits par sa vision du développement. Ils lui proposent un stage au siège d’INADES à Abidjan. Ce que T. Fati Ouedraogo accepte. Après son stage, elle repart en France pour achever son cycle de formation. Diplôme d’Assis-tant de Services Sociaux en poche, elle retourne à Abidjan pour être employée d’INADES. Arrivée au sein de l’équipe des employés d’INADES, la jeune Burkinabé était le troisième cadre laïc africain. Elle prend fonction au niveau de ce qui était appelé, le service féminin. « On faisait de l’animation rurale adressée aux femmes en milieu rural » nous dit-elle.

La Haute volta, le Cameroun, le Mali, le Tchad, le Togo, l’Ethiopie, le Burundi sont des pays dans lesquels T. Fati Ouedraogo et ses collègues intervenaient en partant d’Abidjan. Les bureaux nationaux n’exis-taient pas encore en tant qu’entités légales. Elle nous raconte comment le travail se faisait : « On se déplaçait dans les différents pays où intervenait INADES pour assurer les sessions de formation ». C’est ainsi que T. Fati Ouedraogo et les autres employés cadres

d’INADES étaient amenés à parcourir des milliers de kilomètres lors de leurs missions dans les différentes zones d’intervention de la structure ; souvent dans des conditions difficiles.

Au cours d’une de leurs mult iples mis -s ions , T. Fat i Ouedraogo et deux de ses col lègues ont vécu une mésaventure au Mal i . E l le s ’en souvient : « Au cours d ’une miss ion au Mal i , nous avons qui t -t é un v i l lage autour de 08h en d irec t ion de Bandiagara . Nous avons roulé jusqu’à vers 14h pour f in ir par nous apercevo ir

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Tibo Fati Ouédraogo : « un produit des jésuites » d’Inades-Formation

A la création d’Inades-Formation Burkina en 1975, il y avait deux cadres. L’un d’eux, est Tibo Fati Ouédraogo. Avec une formation de base d’assistante sociale, elle a com-mencé à travailler à l’Institut Africain pour le Développement Economique et Social (INADES) en 1972, à Abidjan en Côte d’Ivoire. Cette mère de trois enfants a aussi une formation en développement des ressources humaines et en genre. Après trois années passées au siège d’Inades en Côte d’Ivoire, elle est envoyée au Burkina Faso, avec le père Jésuite Alain Tissier, pour la création du bureau national d’Inades-Formation. A partir de l’année 1978, T. Fati Ouedraogo est partie d’Inades-Formation Burkina vers d’autres horizons professionnels. Aujourd’hui à la retraite, elle demeure attachée à cette structure qu’elle a contribué à installer au Burkina Faso.

Tibo Fati Ouédraogo, vice-présidente du conseil d’administration d’Inades-Formation Burkina

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que nous é t ions perdus . A un moment don-né, nous étions complètement ensablés. La nuit venue, nous avons dormi dans le véhicule. Il y avait des animaux sauvages qui rodaient dans les parages. Le matin de bonheur, je suis partie à pied à la recherche de secours, en laissant les deux français dans la voiture. J’ai marché, je me suis fait remorquer entre temps et j’ai fini par rejoindre une préfecture. C’est à partir de là qu’on a lancé la recherche des autres. Ils ont été retrouvés aux environs de 16 h. Quand on les a ramenés chez le pré-fet où j’étais, j’ai dit que ce n’est pas eux, tellement ils étaient méconnaissables. Quand on les a nourri, la-vés, eux même ils ne m’ont pas reconnue tout de suite, tellement ils étaient sous le choc ». Cela est arrivé au cours de l’année 1974.

Pour T. Fati Ouedraogo et ses collègues, le travail à Inades-Formation était comme un sacerdoce, eu égard au plaisir qui les ani-mait dans l’exécution des activités malgré les diffi-cultés et le peu d’avantage qu’ils avaient. Elle avance : « On se croyait chargé de la mission de contribuer fortement au développement de l’Afrique ». Les valeurs des Jésuites se reflétaient bien sur les travailleurs d’Inades-Formation. T. Fati Ouedraogo le répète souvent : « je suis le produit des Jésuites ».

Trois ans après l’ouverture du Bureau d’Inades-Formation Burkina, la native de Ouahigouya veut vivre d’autres types d’expérience pro-fessionnelle. En 1978, elle part de cette ONG pour travailler ailleurs. De 1978 à 1989, elle est employée de l’ambassade des Etats Unis. En 1990, elle est du personnel de l’ambassade du Canada, où elle restera jusqu’en 2010. Après cette institution, elle sera consultante jusqu’en

2014. Mais malgré ce parcours professionnel, comme elle le dit : « je n’ai jamais quitté Inades Formation ». Mariam Passologoba Ouédraogo, qui a été recrutée au départ de T. Fati Ouédraogo d’Inades-Formation Burkina, apporte une confir-mation : « Même quand elle a quitté Inades-Formation Burkina pour travailler ailleurs, elle est toujours restée attachée à cette ONG. Pour certaines questions, nous

demandions toujours son avis ». Présentement, T. Fati Ouédraogo est à son deuxième mandat au poste de vice-présidente du conseil d’adminis-tration d’Inades- Formation Burkina. Mariam P. Ouédraogo exprime ce souhait à son aînée de l’ITSRS : « J’aimerai qu’elle soit toujours disposée à accompagner Inades-Formation quand on a besoin d’elle ».

La première employée burkinabé d’Inades-Formation a aujourd’hui une apprécia-tion positive de la situation actuelle du Bureau National du Burkina. Elle assure : « Je peux dire que je suis sincèrement très fière du travail intensif qui se fait, de l’apport de chacun, de la place qu’Inades-Formation se fait ». Mais T. Fati Ouedraogo est animée

PORTRAIT

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Entretien avec Tibo Fati Ouédraogo

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par un regret : « c’est le peu de contribu-tion des associés à la vie d’Inades-Formation Burkina, à commencer par moi-même » nous confie-t-elle. Elle aimerait contribuer au niveau d’Inades-Formation Burkina à cer-tains travaux de réflexion sur des sujets importants de développement.

Une personne de principe. Voilà comment se per-çoit T. Fati Ouedraogo. Mariam Ouédraogo, qui est avec elle dans l’Association Nationale d’Inades-Formation Burkina, avance : « Je trouve que c’est quelqu’un qui est déterminé et qui a des principes ». Dans ses relations sociales, elle reste regardante sur les principes de départ établis avec autrui, sans manquer de respecter la liberté de son vis à vis. En retour, T. Fati Ouedraogo s’attend à ce que sa propre liberté soit aussi respectée. A cause de son attachement aux principes, certaines per-sonnes dans son entourage trouvent qu’elle est compliquée. Cette ancienne élève du lycée Zinda Kaboré de Ouagadougou a fini par considérer ce caractère exigeant, comme un défaut. L’amitié, elle y croit beaucoup. Elle nous confie «quand tu deviens mon ami, tout est permis. Je n’ai pas à me méfier de toi, je peux parler pour toi, je te permets de parler pour moi».

A la retraite depuis 2014, Fati Ouedraogo, aujourd’hui âgée de 67 ans, est engagée dans le bénévolat dans plusieurs ONG. Celestin Paré, Président du Conseil d’Ad-ministration d’Inades-Formation Burkina, voit Fati Ouédraogo comme une femme active dans le milieu des ONG et asso-ciations. La lecture constitue un de ses passe-temps favori. Elle aime les voyages. « Si je pouvais voyager plusieurs mois dans l’année, j’allais le faire » précise-t-elle. Fati Ouedraogo apprécie le contact avec les jeunes. Elle souligne « j’adore la jeunesse, on s’entend très bien ». C’est pourquoi, elle aimerait avoir un apport plus significatif dans les efforts de la jeune génération des travailleurs d’Inades-Formation Burkina. Elle affirme clairement sa disponibilité en ces termes : « Honnêtement, j’aurai aimé accorder plus de temps à Inades-Formation Burkina, parce que j’ai maintenant du temps ».

Patrice DA

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Clin d’œil

Le 19 Novembre 2015, voilà une date importante dans la vie des Organisations de la Société Civile de la commune de Ouindigui. Pour cause, elle marque la création du CSB de cette localité. Ce jour-là, les associations de la commune ont été conviées en Assemblée Générale dans la salle de réunion de la Mairie. Au cours de cette rencontre, un bureau de sept membres a été constitué pour diriger la vie de cette organisation.

Quelques jours après l’assemblée générale constitutive du CSB de Ouindigui, procès-verbal de créa-tion et règlement intérieur en main, les membres du nouveau bureau décident d’aller se présenter aux autorités politiques et administra-tives. Tour à tour, ils se rendent à la Mairie, à la préfecture, à l’Inspec-tion de l’enseignement de base, au Lycée communal, au commissariat de police, au Service de l’élevage, au Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS).

Ayant fait connaitre son existence aux autorités locales, le CSB ne tarde pas à se mettre au travail. Le proces-sus des lotissements est suspendu depuis quelque temps dans la com-mune. La population ne sait pas pourquoi et se pose des questions. Le CSB délègue des personnes qui se rendent à la mairie pour avoir des explications à ce propos. Le premier adjoint au maire les reçoit et leur fait savoir que la mairie n’y est pour rien dans l’arrêt des lotissements à Ouindigui. Cet état de fait est lié à une mesure gouvernementale.

Le CSB de Ouindigui a consigné dans ses Procès-Verbaux (PV) bien d’autres actions qu’il a posées. La mairie a fait don d’un lot de matériel au CSPS de Ouindigui. Dans le lot, il y a des blouses, des bottes, des pneus ainsi que des chambres à air. Quelques temps après la réception de ce don, le major du CSPS est affecté dans une autre localité. A la passation de service avec le major entrant, le Comité de Gestion (COGES) du CSPS s’aperçoit qu’il manque certains objets. L’affaire arrive aux oreilles des membres du bureau du CSB. Ils rencontrent l’ex major de leur CSPS qui reconnait avoir gar-dé par dévers lui le matériel manquant. Il promet de retourner ce matériel au CSPS dans un certain délai.

Le comité de suivi à la base de Ouindigui en action

Inades Infos N°002 Janvier-juin 2017

Depuis 2014, Inades-Formation Burkina favorise la mise en place de Comités de Suivi à la Base (CSB). Cette action s’inscrit dans la mise en œuvre des projets de l’ONG dans le domaine de la décentralisation et la gouvernance locale. Ces comités, il en existe dans les régions du Nord et du Plateau Central. Pour ce troisième numéro de notre bulletin d’information, le Clin d’œil est tourné vers le CSB de Ouindigui, une localité située dans la province du Loroum, dans région du Nord du Burkina. Faisons connaissance avec ce regroupement d’associations.

Les membres du bureau du CSB de Ouindigui

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Clin d’œil

AGENDA•Atelier d’auto évaluation d’Inades-Formation Burkina : 01, 02, 03 Février 2017 ;•Lancement du projet « Equi promo : Appui au renforcement des moyens d’existence des commu-nautés par la promotion du bien-être des équidés de trait dans la province du Sanmatenga, région du Centre-Nord » : Février 2017 ;• Lancement du projet : Promotion de cultures maraîchères pour une meilleure sécurité alimentaire et nutritionnelle dans la région des Cascades » : Avril 2017•Démarrage du programme « Souveraineté Alimentaire et Droits Citoyens pour les Unités Familiales au Nord du Burkina » : Mars 2017.

Inades Infos N°002 Janvier-juin 2017

Les membres du bureau du CSB de Ouindigui se sou-viennent d’une autre de leurs actions au niveau du CSPS de leur localité : Une femme venue à la maternité pour accoucher a fini par perdre son enfant à cause, disent-ils, d’une négligence de la part de deux sages-femmes pré-sentes sur les lieux. Ces dernières ayant mis du temps à se rejeter la responsabilité de la prise en charge de la femme à terme, l’on laissée accoucher seul, sur le sol. La tête du bébé aurait reçu un choc qui a conduit à son évacuation au CMA (Centre Médical avec Antenne chirurgicale) de Titao. C’est à ce niveau que le nouveau-né aurait perdu la vie. Cette situation a créé au niveau de la population un sentiment de révolte. Il y a alors eu une mobilisation pour incendier le CSPS. C’est là que les membres du CSB de Ouindigui sont entrés en jeu pour gérer cette situation de façon raisonnable. « Nous avons rencontré le maire, le préfet pour poser le problème. Ils nous ont promis de prendre les dis-positions nécessaires pour que de telles situations ne se répètent plus ». Les jours qui ont suivi, une des sages-femmes a vu ses fonctions cessées au niveau du CSPS de Ouindigui, elle a quitté la commune. La deuxième était en instance de départ au moment où nous tracions ces lignes.

Le CSB de Ouindigui est constitué de 12 associations intervenant dans la commune. « Les citoyens de la commune apprécient positivement nos actions. Nous avons reçu les encouragements de la part de nombreuses personnes. Elles trouvent qu’il fallait que le CSB ait vu le jour plutôt » nous confie un des membres du bureau du CSB de Ouindigui. Les membres du bureau du CSB de Ouindigui sont conscients qu’il y a des voies bien appropriées pour l’interpellation et le suivi des politiques et actions publiques. C’est pourquoi ils souhaitent acquérir plus de connaissances sur les questions de gouvernance.

Kokadi TRAORE

Qu’est qu’un Comité de Suivi à la Base (CSB)Un Comité de Suivi à la Base (CSB) est un regroupement d’Organisations de la Société Civile (OSC) d’une localité (village/com-mune) mise en place suite à une assemblée générale composée de 2 à 3 membres par OSC. Le CSB a entre autres missions d’assurer la veille et la collecte des données sur les poli-tiques mises en œuvre, interpeller les déci-deurs en cas de besoins, recueillir les besoins des populations locales et défendre leurs intérêts , influencer la gouvernance locale.

Le CSB est dirigé par un bureau exécutif de 5 à 7 membres en fonction de la taille de l’organisation et de ses objectifs. Sa mise en place est marquée la participation de l’auto-rité communale ou de son représentant pour une facilitation de la reconnaissance officielle.

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AVIS

Inades Info : Selon vous, que faut-il comprendre, en termes simples, par décentralisation ?Isidore Della : La décentralisation c’est la responsabilisation des collectivités locales face à leur propre développement socioéconomique, bien sûr sous le regard régalien de l’Etat. Elle permet aux habitants d’une collectivité donnée de choisir leurs dirigeants, d’identi-fier leurs besoins et de rechercher des solutions sous forme d’actions concrètes qui doivent être planifiées et exécutées pour le bien être de toute la population.

II : Quelles sont les grands faits marquants que vous retenez du processus de décentrali-sation au Burkina Faso ?ID: Rappelons tout d’abord que la décentralisation a été entamée au Burkina Faso avec l’adoption de la constitution du 2 juin 1991. A partir de 2006, elle a amorcé un tournant décisif avec les premières élections dans toutes les communes (urbaines et rurales) du pays. On peut ajouter l’adoption des textes de lois relatifs à la décentralisation (surtout le CGCT de 2004), la tenue régulière des élections municipales, la réalisation des infrastructures (mairies, conseils régionaux) dans les collectivités, le transfert réel de quelques compétences et la res-ponsabilisation des acteurs à la base.

II : Quel intérêt voyez-vous dans l’engage-ment d’un pays comme le Burkina sur la voie de la décentralisation ?ID : L’option de la décentralisation au Burkina Faso comme partout ailleurs dans les pays africains est une recommandation des parte-naires techniques et financiers. Mais, elle permet tout de même de renforcer la démocratie à la base et de promouvoir un développement local. La population devra désormais participer activement aux choix des dirigeants de leur collectivité (élus locaux), à l’identification, la planification, la résolution de leurs besoins socioéconomiques.

Inades Infos N°002 Janvier-juin 2017

Le processus de décentralisation est bien en marche au Burkina Faso. Les dernières élections municipales en date ont eu lieu le 22 mai 2016. La majeure partie des exécutifs communaux sont actuellement instal-lés. La page des délégations spéciales du temps de la transition est à présent tournée. Les maires et leurs adjoints sont au contrôle de la gestion des affaires publiques locales. Dans le présent numéro, Inades Infos ouvre ses colonnes à l’avis de Isidore Della, chargé de programme à Inades-Formation Burkina. Il se prononce entre autres sur la situation actuelle de la décentralisation au Burkina Faso, ce qui est attendu des nouveaux exécutifs communaux, ce que Inades-Formation Burkina pourrait apporter aux nouveaux élus de ses zones d’intervention. Découvrons son avis !

Décentralisation au Burkina Faso : « Nous souhaitons que les exécutifs locaux instaurent des cadres de dialogues » Isidore Della

Isidore Della, chargé de programme à Inades-Formation Burkina

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AVIS

Inades Infos N°002 Janvier-juin 2017

II : Selon vous, quels sont aujourd’hui les acquis du processus de décentralisation au Burkina Faso ?ID : La mise en œuvre de la décentralisation au Burkina Faso a de nombreux acquis. Mais il s’agit beaucoup plus des acquis institutionnels et juridiques. En d’autres termes, on peut parler de l’existence des collectivités et l’adoption des différents textes de lois relatifs à la décentralisation.

II : Pensez-vous que la situation actuelle de la décentralisation a des faiblesses qu’il faut corriger pour plus d’efficacité ? ID : Les faiblesses ne manquent pas au stade actuel de la mise en œuvre de la décentralisa-tion au Burkina Faso, malgré la vingtaine d’années d’ex-périence. D’abord, il faudra travailler à l’augmentation du taux de participation des citoyens aux élections. Cette participation électorale est le premier signe fort d’une bonne démocratie à la base et partant de l’impli-cation de la population aux actions de développement. Ensuite, le renforcement des capacités des conseillers et des exécutifs communaux afin qu’ils assument avec responsabilité les rôles qui sont les leurs. Enfin, il faudra développer des stratégies pour résoudre le problème de l’incivisme fiscal dans les collectivités afin de pouvoir mobiliser plus de ressources pour résoudre les problèmes socioéconomiques des populations. Il faudra également accélérer le processus de transfère des compétentes.

II : Quel est votre avis sur le déroulement des dernières élections municipales et tout ce qui s’en est suivi ?ID : Les dernières élections municipales qui ont eu lieu le 22 mai 2016 se sont bien déroulées dans les urnes mais elles ont été marquées par de nombreux affrontements post-électoraux dans les communes. Par moment, ces affrontements ont occasionné des pertes en vie humaine. Cette situation révèle l’immaturité de nos acteurs politiques à la base, la prédominance des intérêts individuels et égoïstes des candidats qui est une des conséquences de l’insurrection d’octobre 2014. En plus, il faut souligner la question de l’implication des responsables politiques au sommet sur le choix des candidats à la base et par moment aussi, l’implication des chefs traditionnels.

II : Quelles sont vos attentes vis-à-vis des nouveaux exécutifs communaux ?ID :En tant que citoyen et acteur d’accompagnement de la décentralisation, notre sou-hait le plus ardent est que les exécutifs locaux instaurent et opérationnalisent des cadres de dialogues entre les différents acteurs du développement de leurs communes. Ces cadres devront impliquer la société civile qui du reste est souvent en marge des

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grandes décisions qui concernent la collectivité. La deuxième forte attente vis à vis des nouveaux exécutifs locaux est la prise en compte de la reddition des comptes qui est l’un des principes de la bonne gouvernance. La troisième et dernière attente majeure est l’amé-lioration de la qualité des services rendus par la municipalité à la population.

II : En quoi Inades-Formation Burkina pourrait, à votre avis, être utile aux nouveaux exécutifs communaux dans la réalisation de leur mission ?ID : Inades Formation Burkina s’est doté d’un document d’orientation stratégique (2012-2025) dans lequel quatre axes principaux ont été définis. Un de ces axes porte sur la pro-motion de la participation citoyenne à la gestion des affaires publiques locales. C’est dire donc que Inades-Formation Burkina pourrait, comme il l’a toujours fait, accompagner les acteurs, notamment les exécutifs communaux à rendre compte de leurs actes auprès de leurs conseils municipaux et de leurs populations. Il pourrait aussi poursuivre dans ses communes d’intervention sa démarche d’accompagnement des Organisations de la Société Civile pour une meilleure structuration et une compréhension de leurs rôles et responsabilités dans le processus de décentralisation. Ces OSC pourront aussi bénéficier d’accompagnement pour la compréhension des politiques publiques au niveau local, afin de s’impliquer dans le suivi de la mise en œuvre de ces politiques.

II : Quelles sont les défis actuels que le Burkina Faso a à relever à travers son processus de décentralisation pour mieux assurer le développement local ?ID : Quand on observe l’évolution actuelle du processus de mise en œuvre de la décen-tralisation en lien avec ses objectifs de départ, certes, des acquis sont engrangés mais des défis demeurent et il faudra les relever. On peut citer entre autres l’amélioration de la qualité des prestations et services fournis par les collectivités, l’insuffisance des ressources humaines qualifiées, le financement des plans locaux de développement, le transfert effectif des compétences et des ressources, la transparence dans la gestion des fonds de la collectivité.

II : Avez-vous un appel à lancer aux différents acteurs du processus de décentralisation au Burkina Faso ?ID : Nous lançons un appel à la communication entre les différents acteurs notamment entre la municipalité et la population, à la transparence dans la gestion des ressources de la collectivité et à la participation active des citoyens ainsi que des organisations de la société civile.

Interview réalisée par Patrice DA

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Détente

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