36
Ambassade de l’Inde - Numéro 399 - JANVIER/FÉVRIER 2010 Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 1

Inde 399 01 02 2010

Embed Size (px)

DESCRIPTION

"Nouvelles de l'Inde", revue de l'Ambassade de l'Inde à Paris, n°399, janvier-février 2010.

Citation preview

Page 1: Inde 399 01 02 2010

Ambassade de l’Inde - Numéro 399 - JANVIER/FÉVRIER 2010

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 1

Page 2: Inde 399 01 02 2010

SommaireFESTIVAL NAMASTE FRANCE• Communiqué de Presse : Namaste France

Festival Culturel de l’Inde en France 2010-2011 3-5

FENÊTRE SUR LA CULTURE INDIENNE• Madeleine Biardeau (1922-2010) 6• Autour de l’exposition « Les derniers Maharajas » 7-8• Jagadjit Singh, un Maharaja francophile 9-10• Mohini Attam : art sacré du Kerala

et danse d’une féminité accomplie 11-13

INTERVIEW• Rencontre avec Gilles Moisset 14-16

DESTINATIONS A DÉCOUVRIR• Pragpur dans l’Himachal :

le premier village classé au patrimoine de l’Inde 17• Khichan au Rajasthan,

le village de la grue demoiselle 18• Gros plan sur l’Himachal Pradesh 19-22

ECHOS ET SENTEURS DE L’INDE 23-24

LE COIN DES ENFANTS• Quizz 25• Le royaume de l’ignorance 26

NOUVELLES DE L’INDE 27-28

REVUE DES LIVRES 29-31

LE COIN DES ÉCHOS 32-3ème de couv.

Editorial

Chers lecteurs,

Depuis le début de l’année 2010, le temps a passé très vite, tropvite pour vous souhaiter comme chaque année nos meilleurs vœux desanté, de succès dans vos projets personnels ou professionnels. La raison en est principalement la préparation du festival NamasteFrance qui a été inauguré le 14 avril dernier au Musée du Quai Branly.Mais il n’est jamais trop tard pour vous présenter à vous tous nosmeilleurs vœux !

Le Festival Namaste France fait suite à Bonjour India, le Festivalculturel français qui s’est tenu en Inde de novembre 2009 à février2010. Les deux festivals sont mis en place dans le cadre duProgramme d’Echange Culturel bilatéral et de la Déclaration signéeentre l’Indian Council for Cultural Relations (ICCR) (l’organe cultureldu Ministère des Affaires Etrangères du Gouvernement indien) et leMinistère des Affaires Etrangères de la République française. L’ICCR, l’ambassade de l’Inde et CulturesFrance sont les agences organisatrices du Festival.

Vous trouverez donc dans ce numéro quelques informations surce festival qui j’espère vous permettra tant à Paris qu’en province dedécouvrir quelques facettes de la culture indienne.

Nous vous invitons à dévouvrir dans ce numéro quelques aspectsde la tradition indienne à travers des articles sur l’exposition des costumes de maharajas de la collection Umang Hutheesing, le MohiniAttam dont deux des grandes interprètes indiennes Kshemavathi etKalamandala Leelamma sont venues en France récemment, une interview du réalisateur Gilles Moisset, réalisateur d’un très beau documentaire sur les populations indigènes de l’Inde dont le muséedu Quai Branly nous présente jusqu’à la mi-juillet une sélection d’œuvres.

Dans notre série sur les Etats, c’est l’Himachal Pradesh qui estprésenté dans ce numéro.

Nouvelles de l’Inde rend aussi hommage à l’une des grandesindianistes françaises, Madeleine Biardeau qui nous a quittés le1er février à travers un article de Charles Malamoud.

Nous nous excusons auprès de nos lecteurs pour la parutiontardive de ce numéro due, comme nous vous l’expliquions plus haut,au travail occasionné par le Festival Namaste France.

Namrata KumarConseiller (Presse, Information & Culture)

Publié par le Service Presse, Information et Culture de l’Ambassade de l’Inde15, rue Alfred Dehodencq, 75016 PARISTél. : 01 40 50 50 18 - Fax : 01 45 24 33 45E-Mail : [email protected]édacteur en chef : Namrata Kumar, Conseiller (PIC)Assistante de rédaction : Viviane Tourtet avec la collabora-tion de Samia Rizoug.Contributeurs du numéro : Charles Malamoud, EktaBouderlique, Pierre Piffaretti, Mireille-Jospéhine Guézennec,Deepti Bhagat, India Brand Equity Foundation (IBEF), E.B.,Eunice de Souza, Samia Rizoug, Viviane Tourtet.Imprimé par : Imprimerie et Editions Henry62170 Montreuil/Mer - Tél. 03 21 90 15 15Mentions :Toute correspondance sera adressée au Service Presse,Information et Culture, Ambassade de l’Inde, 15, rue Alfred Dehodencq, 75016 PARISLes opinions exprimées dans les articles signés ne sont pas né-cessairement celles de Nouvelles de l’Inde.Photo 1ère de couverture : ©P.Celarie

Photo 4ème de couverture : ©P.Celarie

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 2

Page 3: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 3

COMMUNIQUÉ DE PRESSE :NAMASTE FRANCE

FESTIVAL CULTUREL DE L’INDE EN FRANCE2010-2011

L’Inde a lancé son Festival culturel– Namaste France – le 14 avril2010. Le festival a débuté avecAadi Nritya, une fresque danséeprésentée par Mallika Sarabhai etla troupe de la Darpana Academy.Ce spectacle s’est déroulé auMusée du quai Branly sur fond del’exposition des arts indigènes in-diens « Autres Maîtres de l’Inde »au musée et le festival sera clôturépar l’exposition des peintures ori-ginales du Lauréat du Prix NobelRabindranath Tagore au Muséed’Art Moderne de mai à juillet2011.

2. « Namaste France » fait suite à « Bonjour India », le Festival cultu-rel français qui s’est tenu en Indede novembre 2009 à février 2010.Les deux festivals sont mis en placedans le cadre du Programmed’Echange Culturel bilatéral et dela Déclaration signée entre l’IndianCouncil for Cultural Relations(ICCR) (l’organe culturel du Minis-tère des Affaires Etrangères duGouvernement indien) et le Minis-tère des Affaires Etrangères de laRépublique française. L’ICCR, l’am-bassade de l’Inde et CulturesFrance sont les agences organisa-trices du Festival.

3. Le festival indien qui se dérou-lera sur quinze mois en France pré-sentera la dynamique culture in-dienne sans cesse en évolution etoffrira à la population française unéventail de la culture indiennecomprenant danse, musique, litté-rature, théâtre, peinture, sculpture,cinéma, spectacles basés sur le ci-néma, gastronomie, mode, yoga et

Ayurveda, une variété qui reflètel’âme indienne profondément en-racinée dans ses traditions et quicontinue à expérimenter et às’adapter à la modernité. LeFestival qui commence avec l’ex-position de l’art indigène et AadiNritya et se termine avec une ex-position des peintures de Rabin-dranath Tagore, Lauréat du Nobel,présente l’évolution de la cultureindienne qui ne cesse de s’adapter.

4. Les moments forts du Festivalsont :Des expositions d’art et d’artisanatcomprenant une exposition d’artsindiens indigènes au musée duquai Branly ; une exposition depeintures originales de Rabindra-nath Tagore au musée d’ArtModerne ; une exposition sur laville de Lucknow au MuséeGuimet ; une exposition de costu-mes royaux à la Fondation YvesSaint Laurent ; une expositionphotographique sur les puits à de-grés de Patan au musée des Artsasiatiques à Biarritz ; une exposi-tion sur les arts contemporains auCentre Georges Pompidou ; Kal-pana, une exposition de reproduc-tions numériques d’art con-temporain de l’Inde à Morlaix,Lyon…Des événements littéraires :échanges entre poètes et auteursindiens et poètes et auteurs fran-çais ; la publication du premiervolume d’un ouvrage en sept volu-mes du Ramayana illustré avecdes miniatures…Danse, musique et théâtre : le fes-tival a débuté avec Aadi Nritya –

Les danses autochtones – par Mal-lika Sarabhai et une troupe de laDarpana Academy, suivi par des ré-citals d’artistes indiens renommésqui présenteront des formes dedanse et de musique classiques,folkloriques et populaires tout aulong du festival. Ceci comprennentdes récitals par Mme MalvikaSarukkai (Bharatanatyam), MmePreeti Patel (Manipuri), RanjanaGauhar (Odissi), Rukmini Chatter-jee (Bharatanatyam et Fusion),Pandit Jasraj (chant hindustani),Meeta Pandit et Mushkur Ali(chant hindustani) , Dr. MustafaRaza (veena Vichitra), Ustad ShujatHussain (sitar), Kamal Sabri (sa-rangi), O.S. Arun (chant carnati-que), Vijay Venkateshwar et T.V.Gopala Krishnan (chant carnati-que), Pandit Bhajan Sapori (san-tour), danses folkloriques Bhangra,Giddha, Bihu…Cinéma indien : des films indiensde tous genres seront présentésdans des festivals de film et dansdes villes à travers toute la France.Les festivals incluent une rétros-pective des films de Satyajit Ray àl’Eté indien au Musée Guimet ;une rétrospective des films deRitwik Ghatak au festival du filmde Marseille ; des films de jeunesréalisateurs indiens au festival des films contemporains de LaRochelle, des films de patrimoineau festival d’Aubervilliers, desfilms Bollywood au festival de filmà la Guadeloupe … Des spectacles Bollywood : Spec-tacles Bollywood à la Cité de laMusique, à la Guadeloupe et beau-coup d’autres événements asso-ciés…

FESTIVAL NAMASTE FRANCE

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 3

Page 4: Inde 399 01 02 2010

4 Nouvelles de l’Inde n° 399

D’autres manifestations telles quedes Semaines de la gastronomie àParis et à Biarritz, des ateliers deYoga et Ayurveda en Normandie,Lyon et Paris, échange entre desjournalistes des deux pays, descampagnes sur la culture etIncredible India, des manifesta-tions sur la mode… Des Festivals régionaux indiens :des festivals culturels auront lieu àLyon, Morlaix (Bretagne), LaRochelle, Strasbourg, Saint-Tropez,Marseille, Aubervilliers, Biarritz,Montlouis, Metz et à la Gua-deloupe.

5. Les principaux partenaires in-diens du festival sont l’IndianCouncil for Cultural Relations, le

Ministère des Affaires étrangères(Département de la Communica-tion) et le Ministère de la Cultureet la diaspora indienne en France.Les principaux partenaires fran-çais sont Cultures France, leMinistère des Affaires étrangères,le Ministère de la Culture, laMairie de Paris. Les Mairies deLyon, La Rochelle, Strasbourg,Saint-Tropez, Aubervilliers, Mont-louis et le Conseil Régional de laGuadeloupe sont d’autres parte-naires publics. Parmi les partenai-res importants organisateursd’événements, citons le Musée duQuai Branly, le Musée d’ArtModerne, le Musée Cernuschi dela Ville de Paris, le Musée Guimet,le Musée d’Arts asiatiques (Biar-

ritz), le Centre Georges Pompidou,l’Hôtel du Palais à Biarritz, leFestival d’Automne, le Festival del’Imaginaire, la Cité de la Musique,la Fondation Yves Saint Laurent,Bharati, la Maison de Mettalois, laProduction Jeanine Roze, Tapo-van, la maison d’édition Dianede Selliers, l’Agence Gorfaine/Schwartz, les festivals de films deLa Rochelle et de Marseille, les as-sociations indiennes à Lyon, laGuadeloupe, Strasbourg, Paris, enNormandie et les associations cul-turelles locales à Marseille et Mor-laix, les grandes agences et mai-sons comme Bouvet Ladubay et lesmédias tels que Radio FranceInternational, l’Express, Inde-en-ligne… ❑

COMMUNIQUÉ DE PRESSE : NAMASTE FRANCE - FESTIVAL CULTUREL INDIEN EN FRANCE 2010-2011

InaugurationL’ouverture du festival culturel Namaste France aeu lieu le 14 avril 2010 au Musée du Quai Branly, enprésence de S.E.M. Ranjan Mathai, Ambassadeur del’Inde en France, de Dr Karan Singh, Présidentd’ICCR, et de M. Jean Gueguinou, Président deCulturesFrance ainsi que des nombreux spectateursinvités pour l’occasion. Les dignitaires du gouverne-ment ont rappelé à quel point ils étaient honorés departiciper à cette cérémonie en saluant le travail desnombreux partenaires du festival et ont soulignéleur profond attachement en faveur des relationsqu’entretient la France avec l’Inde.

Le spectacle Aadi Nritya, une fresque dansée présen-tée par Mallika Sarabhai et la troupe de la DarpanaAcademy qui a suivi les discours a marqué le lance-ment officiel des activités culturelles. Il en ressortune création comprise entre tradition et moder-nité représentée sur fond de l’exposition des arts

indigènes indiens « Autres Maîtres de l’Inde » qui dé-voile un autre visage de l’Inde : celui des populationsautochtones et des communautés « Adivasi ».

L’événement témoigne de la vigueur des traditionsartistiques de l’Inde et de son ouverture au mondeextérieur.

Le cocktail qui a suivi a permis d’accentuer leséchanges et de clôturer la soirée.

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 4

Page 5: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 5

COMMUNIQUÉ DE PRESSE : NAMASTE FRANCE - FESTIVAL CULTUREL INDIEN EN FRANCE 2010-2011

Mois Date Intitulé Lieu Ville Catégorie

10.02.2010 -09.05.2010

FÉVRIER Les derniers Maharajahs Fondation Pierre Bergéet Yves Saint Laurent

Paris Mode

Les partenaires

11.02.2010 -31.12.2010 Les Escales indiennes La Rochelle La Rochelle Exposition

10.03.2010 -06.06.2010

Miniatureset peintures indiennes

Site François MitterrandBibliothèque Nationale

Paris Exposition

30.03.2010 -18.07.2010 Autres Maîtres de l'Inde Musée du Quai Branly Paris Exposition

06.04.2010 -29.04.2010

Hommageau Pundit Ravi Shankar Maison de la Recherche Paris Musique

14.04.2010 -14.04.2010

Inaugurationde Namasté France Musée du Quai Branly Paris Danse

05.06.2010 -06.06.2010

L'Inde à l'honneurà Montlouis-sur-Loire Dans toute la ville

Montlouis-sur-Loire

Festival

MARS

AVRIL

JUIN

06.06.2010 Groupe de Réflexion Franco-Indien - 20ème anniversaire Centre Culturel des Arcades Buc Festival

13.06.2010 -25.06.2010 Cycles de Musique Cité de la Musique Paris Concerts

18.06.2010 -24.06.2010 Festival Amor India Dans toute la ville Morlaix Concerts

21.06.2010 -20.07.2010

Expositions“Puits à degrés” de Patan Musée d’Art Asiatique Biarritz Exposition

01.07.2010 -07.07.2010 Gastronomie indienne Villa Eugénie, Hôtel du Palais Biarritz GastronomieJUILLET

02.07.2010 -11.07.2010

Festival International du filmFilms contemporains de l’Inde Diverses salles de cinéma La Rochelle Cinéma

07.07.2010 -12.07.2010

Festival Internationaldu documentaireRetrospective Ritwik Ghatak

Diverses salles de cinéma Marseille Cinéma

08.09.2010 -29.10.2010 Rétrospective de Satyajit Ray Auditorium du Musée Guimet Paris CinémaSEPTEMBRE

12.09.2010 -18.10.2010

Semainede la culture indienne Divers lieux Lyon Festival

16.09.2010 -18.10.2010 Yoga et Bien-Être Centre Tapovan

Sassetot-le-Mauconduit

Yogaet Ayurvéda

01.10.2010 -30.11.2010

Découvertede la culture indienne Aubervilliers DanseOCTOBRE

01.10.2010 MiniaturesRamayana de Valmiki Paris Littérature

02.10.2010 -04.11.2010

Hommageau Mahatma Gandhi Divers lieux Strasbourg Exposition

01.11.2010 -31.11.2010 Festival de Guadeloupe Divers lieux

Pointe-à-Pitreet Basse Terre,Guadeloupe

FestivalNOVEMBRE

01.11.2010 -31.01.2011 Spectacle Bharati Palais des Congrès Paris Danse

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 5

Page 6: Inde 399 01 02 2010

6 Nouvelles de l’Inde n° 399

L’indianiste Madeleine Biardeaus’est éteinte le 1er février , huit ansaprès avoir achevé et fait publieraux éditions du Seuil son monu-mental Mahabharata, aboutisse-ment de quatre décennies de tra-vail et point d’achèvement d’uneœuvre ample et puissante, très va-riée par les matériaux textuels surlesquels elle s’appuie mais remar-quablement homogène quant à savisée. A l’Ecole normale supérieure(Sèvres), où elle est admise en1943, elle reçoit une formation dephilosophe et c’est par l’étude desystèmes philosophiques brahma-niques, menée de front avec l’ap-prentissage intensif du sanscrit,qu’elle entre dans le champ desétudes indiennes. Deux années àl’Université de Trivandrum, auKerala, marquent le début d’unevie qui, jusqu’à la fin de sa carrière,(elle sera élue directeur d’études àl’Ecole pratique des hautes études,section des sciences religieuses, en1960) sera rythmée par des séjoursde plusieurs mois chaque année,dans le Sud d’abord, puis à Poona(Pune), au Deccan College, où ellesuit ses maîtres, « pandits » tradi-tionnels appelés à collaborer àl’ambitieux projet de Thesaurusde la langue sanscrite. Elle publieaux éditions de l’Institut françaisd’Indologie de Pondichéry et dansla collection de l’Ecole françaised’Extrême-Orient des traductionscommentées d’œuvres de Man-da-namisra, Vacaspatimisra, Bhar-trhari, qui préparent, accompa-gnent ou prolongent sa thèse,Théorie de la connaissance et phi-losophie de la parole dans le brahmanisme classique (Mouton1964). Elle est amenée à élaborerla notion d’orthodoxie appliquéeau brahmanisme : c’est la fidélitéaux prescriptions du Veda (quiconsistent principalement en ins-

tructions sur les rites sacrificiels)combinée à la quête d’un salutconçu comme une « délivrance »,une sortie hors du monde des acteset de leurs conséquences. C’est lajonction (confrontation, complé-mentarité) de l’ethos de « l’hommedans le monde » et de l’ethos del‘ascète « renonçant ». MadeleineBiardeau perçoit que les spécula-tions et controverses des philoso-phes ne prennent sens que si on leséclaire par les textes prescriptifsou narratifs dans lesquels s’ex-prime une doctrine des « buts del’homme », de l’organisation de lasociété et du cosmos. Dès lors commence pour elle ladeuxième phase du cheminementde sa pensée : elle s’attache à ex-plorer systématiquement, pourmettre en lumière leur cohérence,les foisonnants corpus de mythesque sont les Purana (Etudes de my-thologie hindoue I,1981 ; II, 1994 ;Histoires de poteaux,1981). Mais sapassion fondamentale, ce sont lesEpopées. Le déclic est venu en1968, de la lecture de Mythe etEpopée de Georges Dumézil : sans

partager les préoccupations com-paratistes de Dumézil, elle adhèrepleinement à sa manière d’étagerles strates de significations dansles personnages et les événementsdu Mahabharata. Elle réalised’abord, en collaboration avecMarie-Claude Porcher, le Rama-yana de la Pléiade (1999). Et cesont enfin, en 2002, les deux volu-mes du Mahabharata, où elle ex-pose en détail, avec fougue et allé-gresse, toute sa doctrine sur le sensde ce texte, sa structure secrète, lafonction qui lui est assignée (parses auteurs ou plutôt son auteur)de mener une contre-offensivebrahmanique face à l’expansion dubouddhisme.

Madeleine Biardeau était proche,intellectuellement, de Louis Du-mont. Leurs recherches sur la so-ciété indienne s’étayaient. Elle lui asuccédé à la direction du Centred’études de l’Inde (devenu Centred’études de l’Inde et de l’Asie duSud). ❑

Charles MalamoudArticle paru dans Le Monde,

17 février 2010

MADELEINE BIARDEAU (1922-2010)

© ht

tp://

ww

w.m

irror

ofto

mor

row

.com

FENÊTRE SUR LA CULTURE INDIENNE

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 6

Page 7: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 7

La famille Hutheesing – une desplus célèbres de L’Inde desMaharajas – a été invitée enFrance par la Fondation Yves SaintLaurent pour une extraordinaireexposition. Banquiers et conseillers des GrandsMoghols, puis affiliés par des ma-riages savamment arrangés à despersonnages de l’histoire contem-poraine de l’Inde comme Nehru ouTagore, la famille présente pour lapremière fois au public du mondeentier sa collection.Commissaire de l’exposition avecJérôme Neutres, Umang Huthee-sing, est l’icône de la familleHutheesing qui remonte à 1200ans dans le passé de l’Inde. « Mafamille », dit-il, « a financé la majo-rité des guerres d’Ibrahim Lodhi,Humayun, Sivaji, et plus tard la ba-taille pour l’indépendance deGandhi. »Lui-même est un artiste accompli -connu en Inde comme ailleurs. Ilest également membre actif del’Indian National Trust for Art andCultural Heritage, conseiller au

de la famille Hutheesing. Leur col-lection actuelle contient plus de5 000 pièces - certaines n’ont ja-mais été montrées au grand publicauparavant. Après l’arrivée desBritanniques et la colonisation del’Inde, les dernières familles royalesde l’Inde s’appliquent plus que ja-mais à maintenir leur image degrandeur et investissent dans l’ar-tisanat pour fabriquer ces costu-mes mélangeant or, argent, soie,brocart, broderies, pierres précieu-ses de couleur reflétant la vie in-dienne dans toute sa splendeur.

Quelle image de l’Inde votre ex-position va-t-elle présenter auxFrançais ?La meilleure, j’en suis certain.L’Inde est connue la plupart du

Metropolitan Museum of Art deNew York, conseiller chez Christie’s& Sotheby’s, Président de laHutheesing Design Company colla-borant activement avec Tiffany &Co, Professeur au NationalInstitute of Design en Inde, avec leNational Institute of FashionTechnology et bien d’autres en-core…Du 10 février au 10 mai dans lesgaleries somptueuses de laFondation Yves Saint Laurent –5 Avenue Marceau, à Paris, se pré-sentent aux yeux émerveillés desvisiteurs le savoir-faire et la beautédes costumes royaux indiens.L’époque de 1911 à 1947 est repré-sentée par une soixantaine de piè-ces qui font partie de la collection

AUTOUR DE L’EXPOSITION« LES DERNIERS MAHARAJAS »

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 7

Page 8: Inde 399 01 02 2010

8 Nouvelles de l’Inde n° 399

AUTOUR DE L’EXPOSITION « LES DERNIERS MAHARAJAS »

temps dans le monde occidentalpour sa pauvreté et ses charmeursde serpents, ses sâdhus, Bollywoodou bien ses Maharajas. C’est lemonde des Maharajas qui attire leregard étranger. Montrer cette col-lection de costumes va attirer lajeunesse et le monde moderne versune image de l’Inde qui correspondà ses merveilles de style, luxe etcapacité artistique permettantainsi à l’Inde de s’établir comme undes leaders mondiaux.

Quelles sont les projections pourl’avenir que vous pouvez faire àpartir de votre expérience enFrance ?Je suis très attaché à la promotiondes nouveaux créateurs indiens etsurtout ceux du Gujarat - le ber-ceau, selon lui, de la mode in-dienne.L’exposition ouvre la voie à unéchange dans le futur avec la ve-nue en Inde de créateurs françaispour présenter leur collection. J’aibeaucoup de projets et suis trèsenthousiaste. L’exposition à Paris aconnu un vif succès dès les pre-miers jours après l’ouverture, descentaines de visiteurs ont déjà ad-miré les costumes. D’autres musées dans le mondes’intéressent à mon travail et l’ex-position continuera à voyager avecd’autres pièces de la collection. J’ai

des invitations de divers muséesdans le monde et nous allons mon-ter des expositions comme celle-cimais avec de nouvelles pièces.

Comment trouvez-vous du tempspour vous consacrer à vos diver-ses occupations et surtout menerce travail minutieux ?

Ma famille croit profondémentdans la philosophie de Gandhi. Nosainés nous ont toujours dit étantjeunes que c’est facile de créer desentreprises mais très difficiles decréer une nation. Donc quand il

s’agit d’un projet qui contribue à lagloire et à la fierté de la nation, onne compte pas le temps qu’on luiconsacre. On pense plutôt à l’enga-gement et à la sincérité qu’on peuty accorder. Je me rends donc tou-jours disponible pour ce genre d’in-vestissement, de plus en plus d’ail-leurs.

Qu’est-ce que la France évoquepour vous ?Quand je vois les gens apprécier lacollection pendant l’exposition,c’est très satisfaisant. Cela touchela sensibilité occidentale et luimontre la gloire qu’était l’Inde, cequ’elle est aujourd’hui et ce qu’ellerestera sans doute à jamais.Je trouve que les Français sont unpeuple très délicat et sensible - ilsapprécient la beauté de la cul-ture - la leur et celle d’autrui.Ils ont une grâce et une finesse quifont écho à celles de l’Inde et êtreen France, c’est comme se regarderdans une glace mais d’un autreformat ! ❑

Entretien réalisé par EktaBouderlique, Vice Présidente

www.inde-en-ligne.com Photos : Umang-Hutheesing

Heritage Foundation

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 8

Page 9: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 9

Avant l’adhésion de la principautésikhe du Kapurthala, au Punjab, àla République indienne le 28 août1948, le dernier maharaja régnantfut Jagadjit Singh, un souverainmoderne, progressiste et très fran-cophile.

Le Kapurthala s’étendait sur1551 km2, en une étroite bande, lelong de la rive gauche de la Beâs,jusqu’à son confluent avec laSatlej. Il incluait aussi le territoirenon contigu de Phagwara ; il com-prenait 603 villages, 3 grandes vil-les (Kapurthala, Sultânpur et Phag-wara) ainsi que quelques fiefs dansles districts d’Amritsar, Lahore etdans l’Oudh, le Baoni et le Juna-gada. Le pays comptait 314 351habitants (1901), dont 57% demusulmans, 30% d’hindous et13% de sikhs. La population étaitrurale à 68%.

La principauté fut fondée par JassaSingh (1772-1783), de la famillerajpoute Ahluwalia, qui conquit lepays en 1772. Les sirdars deKapurthala reçurent en 1849 le ti-tre de Raja. Pendant la mutineriedes Cipayes (1857), Randhir Singh(1853-1870) se rangea aux côtésdes Anglais ce qui lui permit deconserver son Etat et de recevoiren récompense de ses services desfiefs dans l’Oudh, le Baoni et leJunagada.

Jagadjit Singh naquit le 24 novem-bre 1872 et accéda au trône en1877. Durant sa minorité le paysfut dirigé par un Conseil de ré-gence ; il acquit les pleins pouvoirsen novembre 1890 et fut nomméofficiellement maharaja en 1911 ;à ce titre, il était salué protocolai-rement par 13 coups de canon. Ason avènement, ses sujets vivaientcomme au Moyen-Age, le gouver-nement de l’Etat était aux mainsde puissants chefs locaux à qui ilfit savoir que désormais c’est lui

qui prenait les rênes du pouvoir ;ce fut le tournant de l’histoire duKapurthala.

Personnage énergique, il s’adapta àson époque. Il fit des études àLondres et à Paris ; il parlait cou-ramment le français, l’anglais, l’es-pagnol et le persan. Pendant sonséjour en France (1900), il se pas-sionna pour la culture qu’il décou-vrit notamment lors de sa visite àVersailles. De retour en Inde, il fitconstruire un palais à la française(1902-1908), imitation de Versail-les, par les architectes Paul Boyeret Alexandre Marcel. Le palais futinauguré en 1909, lors d’unegrande fête ; chaque chambre étaitéquipée de mobilier importé deFrance et portait le nom d’une villeou d’une personnalité française. Ilcommanda même pour sa cour descostumes de style Louis XV qu’il fitporter à ses enfants, et pour quel’illusion soit complète, il obligeatout le monde à apprendre le fran-çais ; les visiteurs étaient d’ailleursétonnés de l’aisance avec laquelle

ses fils s’exprimaient en cettelangue.

Jagadjit Singh étudia également ledroit et publia un traité sur le ré-gime politique que les princes in-diens devraient adopter, ce qui luivalut de signer en leur nom letraité de Versailles en 1919, carplusieurs d’entre eux avaient en-voyé des contingents armés à leursfrais, dans le cadre de l’ImperialService Troops, pour participer auxcombats en Europe. Il représentales princes en 1926, 1927 et 1929,à la Société des Nations à Genève.En 1927, Jagadjit Singh se renditdans le Pas-de-Calais pour inaugu-rer avec le maréchal Foch, un mo-nument à la mémoire de tous lesIndiens morts pour la cause alliée.

Son charme conquit l’austère reineVictoria qui le reçut plusieurs foisen son château de Balmoral. Sonintelligence lui attira d’illustresamitiés : Alphonse XIII d’Espagne,Victor-Emmanuel d’Italie, Léopoldde Belgique, Nicolas Ier de Russie,François Joseph d’Autriche, Roo-

JAGADJIT SINGH, UN MAHARAJA FRANCOPHILE

© w

ww

.indi

anm

usic

a.co

m

Jagadjit Singh en Europe (1893)

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 9

Page 10: Inde 399 01 02 2010

10 Nouvelles de l’Inde n° 399

JAGADJIT SINGH, UN MAHARAJA FRANCOPHILE

sevelt, Georges de Grèce etClémenceau. Il fut fait Grand-Croixde la Légion d’Honneur en 1924.

Son règne fut marqué par le déve-loppement du Kapurthala qu’ilréussit à métamorphoser complè-tement. Il fit de sa capitale Kapur-thala, une ville moderne et la dotad’équipements urbains (systèmehydraulique, égouts, éclairage pu-blic, téléphone …). Jagadjit Singhconstruisit des routes, créa deschemins de fer, bâtit des écoles etdes hôpitaux. Il institua, nouveautédans l’Inde de l’époque, uneAssemblée nationale, un ministèrede la justice et un système judi-ciaire moderne. Il institua égale-ment une cité-hospice pour lesvieillards, introduisit nombres d’in-dustries, fit attribuer des boursesde voyage à l’étranger réservéesaux jeunes. Il établit l’égalité desconfessions en faisant bâtir quatretemples de même importance :sikh, hindou, musulman, chrétien.Jusqu’à sa mort, il n’eut qu’unepréoccupation, la prospérité de saprincipauté.

Quoique soumis à la tutelle des au-torités britanniques, le Kapurthalapossédait une force armée propre,vêtue des couleurs nationalesbleue et blanche, qui participa auxcôtés des Anglais à plusieurs cam-pagnes, notamment lors des guer-res afghanes (1878-1879), enfournissant un contingent de 500fantassins, 100 cavaliers, des artil-leurs et 3 canons. En outre dans lecadre de l’Imperial Service Troopsen vigueur de 1888 à 1918, la prin-cipauté mettait à la disposition del’Armée britannique de l’Inde(British Indian Army) : le Kapur-thala Imperial Service Lancers(1888 à 1903), le KapurthalaService Infantry ou JagadjitRegiment (1890 et 1911). Le régi-ment de Kapurthala s’illustra no-tamment lors de la campagne duTirah (1897-1898). En 1909, laprincipauté entretenait un batail-lon pour l’Imperial Service Infantry.

Lors de la Première guerre mon-diale, les troupes du Kapurthalaservirent pendant quatre ans enAfrique de l’Est, puis furent can-tonnées au Seistân pendant leconflit avec l’Afghanistan (1918/19). En septembre 1939, les trou-pes se composaient d’une garde ducorps et des régiments d’infanterieJagadjit (renommé ainsi en 1911)

et Paramdjit (nom du prince héri-tier). Deux bataillons d’infanterieet un bataillon mixte servirent enMalaisie en 1939-1940 avant l’in-vasion japonaise.

Jagadjit Singh s’éteignit le 19 juin1949 alors que disparaissait l’Indedes maharajas. ❑

Pierre PIFFARETTI

© w

ww

.kap

urth

alao

nlin

e.co

m

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 10

Page 11: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 11

La danse classique du MohiniAttam a ses origines dans la régionluxuriante de l’Etat du Kerala, ausud-ouest de l’Inde. En cetteétroite et longue bande de terrequi s’étire du nord au sud sur quel-que 700 kilomètres, le long de lamer d’Oman, les eaux n’ont decesse d’aller et venir dans les ca-naux formant des artères ver-doyantes et d’irriguer les vasteschamps de rizière d’un horizon verttendre. Entre terre et mer rayon-nent les backwaters navigablesbordés de cocotiers élancés, debuissons d’hibicus émaillés defleurs au calice d’un rouge franc,de bananiers dont les hampes auxfruits généreux reflètent leurs ra-mures alanguies dans les eaux fré-missantes et vernissées. Et quand reviennent, chaque an-née, les pluies obsédantes des moisde la mousson, la danse de Mohini,fabuleuse enchanteresse, reprendde plus belle son charme d’omni-présence poétique dans la ferveurdes cœurs… Née d’un mythe etsouveraine des enchantements,Mohini est la forme féminine desplus séductrices qu’assumât le

Seigneur Vishnou lorsqu’il voulutcréer un suprême subterfuge pourtroubler l’esprit et le cœur des asu-ras, ces anti-dieux qui s’étaient in-sidieusement glissés dans le rangdes dieux (devas) avec l’espoir se-cret de boire leur part d’amrita,l’élixir divin, jailli du barattage del’Océan cosmique, qui confère l’im-mortalité.

Ravissementd’une danse au féminin…Aussi la danse du Mohini Attamest-elle par essence féminine etd’une beauté d’autant plus subju-gante quand elle est interprétéepar les grands maîtres, Kalaman-dalam Kshemavathi et Kalaman-dalam Leelamma, d’une grâce gé-néreuse et accomplie. « Kalaman-dalam » est un titre qui consacreleur reconnaissance et l’excellencede leur art et d’un talent qui s’estforgé au fil de longues années parune pratique assidue et l’intériori-sation naturelle d’une esthétiqueélégante et codifiée. Danseusesdans l’âme, elles dialoguent avecles nuances les plus subtiles des

émotions façonnées par leur ré-ceptivité spirituelle. A nouveau lamagie des divines apsaras en pré-sence semble accomplir son œu-vre ! Saisissante beauté dont noussommes, à notre tour, captifs....Vêtues d’un sari blanc ourlé d’or etde pourpre, les hanches ceintes delarges ceintures dorées, la cheve-lure noire et puissante nouée dansun chignon entouré de jasmin, lesartistes, aux pieds bien ancrés surle sol, dessinent d’abord avec leurbuste qui s’incurve vers l’avant desondulations, des spirales, commedes courbes initiées à l’infini,ponctuées de frappés de pieds aurythme net et précis. Puis, de gra-cieux lancers de jambes infléchisvers l’arrière donnent soudain aucorps un élan nouveau, quasi-al-tier. Alors naissent et s’enchaînentdes mouvements d’amplitude quiépousent les sinuosités d’une ges-tuelle majestueuse.Au rythme des instruments à per-cussion leurs pieds aux extrémitéssurlignées de rouge frappent le sol,de façon forte et cadencée commeun appel scandé à la terre. Mais le

MOHINI ATTAM : ART SACRÉ DU KERALAET DANSE D’UNE FÉMINITÉ ACCOMPLIE

© M

.J. G

uéze

nnec

© M

.J. G

uéze

nnec

Kshemavathi

Kalamandalam Leelamma

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 11

Page 12: Inde 399 01 02 2010

12 Nouvelles de l’Inde n° 399

langage magistral est celui déclinédes expressions du visage, ou abhi-naya qui conduit l’audience aucœur du récital, secondé par celuide leurs mains narratives et desmudrâs qui excellent à délivrer lesens des récits dont les initiés dé-cryptent les symboles et les my-thes.

Deux grands maîtresau féminin

à la « Maisondes Cultures du Monde ».C’est dans le cadre du 14ème

Festival de l’Imaginaire à la« Maison des Cultures du Monde »que Kalamandalam Kshemavathi etKalamandalam Leelamma ont in-terprété quelques-unes de leurscompositions des plus savantes.Eminente en son art d’interpréta-tion du style Lasya, où dominentgrâce et majesté, KalamandalamKshemavathi communique tantôtles nuances d’une douceur expres-sive et délicate, là où son regard sepose avec un sourire d‘abondanceéclatante. Tantôt, naissent et s’en-chaînent, dans la beauté magnéti-que de ses yeux, des sentiments detendresse, d’admiration et d’éton-nement au fil des padam et despoèmes qu’elle interprète mettant

en scène les épisodes de l’enfancede Krishna, le dieu facétieux quin’est autre que l’une des formes ai-mables de Vishnou. Maître en abhinaya, elle se faitl’interprète d’un amour culminanten sa fibre maternelle, dévotion-nelle ou sensuelle, pour évoquersoit les sentiments de l’attente dé-sirable ou de l’amante comblée,soit ceux de la déception d’uncœur qui à tout jamais se brise ouse ravive d’un espoir de réconcilia-tion quand pointe dans le cœuréconduit de la Nayika l’inexorableélan du désir pour le seigneurKrishna, le plus beau des amants àla flûte mélodieuse dont toutes lesgopis, ces bergères de Vrindavan etd’ailleurs, sont follement éprises ...Dans le Varnam, la pièce centralela plus élaborée d’un récital, où secombinent savamment danse pureet interprétation narrative, Kala-mandalam Leelamma se fait l’in-terprète des puissantes et succes-sives métamorphoses du SeigneurVishnou ; autant de métaphoreschoisies dans la cosmologie quidonnent forme et vie aux diffé-rents avatars du Seigneur, qui dansle panthéon ternaire hindou, main-tient l’univers et choisit de s’incar-ner lorsqu’un danger imminentmenace le monde.

MOHINI ATTAM : ART SACRÉ DU KERALA ET DANSE D’UNE FÉMINITÉ ACCOMPLIE

La Compagnie PRANAA l’instar de certaines divinitésde l’Inde la Compagnie PRANA aquatre bras… et deux têtes.Brigitte Chataignier et MichelLestréhan sont les deux têtespensantes, inspirées et créatri-ces de la « Compagnie Prana »créée en 1995, qui se consacre àpromouvoir en France les artsclassiques du Kerala. Ils vivententre la France et l’Inde et tandisque l’un se consacre au Katha-kali, un art dansé et théâtral ma-jestueux et viril que l’on peutqualifier de Tandava, l’autre dé-die sa vie à la danse d’expressionféminine et gracieuse ou Lasyadu Mohini Attam.Quelle parfaite complémentaritéque l’on trouvait déjà dans laforme combinée de l’Ardhanaris-wara, où Shiva assume l’unionharmonieuse de sa moitié fémi-nine et de sa moitié masculine !En mars et avril 2010, ils étaientrécemment à l’honneur et entournée sur les grandes scènesparisiennes et françaises : Mi-chel Lestréhan, en tant que met-teur en scène, pour sa chorégra-phie KALAM, une œuvre poéti-que et sobre interprétée pardeux danseurs indiens, en hom-mage à la Terre, et qu’il a succes-sivement présentée dans troisthéâtres de la région parisienne.Danseuse de Mohini-Attam etorganisatrice pour les récitals deses maîtres de danse du Kerala àla « Maison des Cultures duMonde » et dans quelques villesde Bretagne, Brigitte Chataignierest également co-réalisatriced’un film exceptionnel réalisépar Adoor Gopalakrishnan « LaDanse de l’Enchanteresse » quisera programmé au Musée duQuai Branly, le 11 Juin 2010,dans le cadre de l’exposition « Autres Maîtres de l’Inde » et duFestival « Namaste France ».

MJG© M

.J. G

uéze

nnec

Salutation à Nataraja

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 12

Page 13: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 13

MOHINI ATTAM : ART SACRÉ DU KERALA ET DANSE D’UNE FÉMINITÉ ACCOMPLIE

gner leur art. Si KalamandalamLeelamma est professeur à la célè-bre Ecole du Kerala Kalamandalam,Dr. Kshemavathi a fondé son école« Kerala Kalamandiram » à Trichurau Kerala et, cinq jours par mois,elle enseigne également dans l’Étatvoisin du Tamil Nadu. A Rennes, où elles étaient en rési-dence, invitées par la « CompagniePrana », elles ont, parallèlement àdes récitals, participé dans la citébretonne à un séminaire en parte-nariat avec l’Université de Rennes2, visant à sensibiliser étudiants enart plastique et chercheurs en es-thétique à l’histoire, à la gestuelleet au langage de cette danse clas-sique qui constitue une identitétraditionnelle de l’un des grandshéritages culturels du Kerala. Après leurs deux récitals à « LaMaison des Cultures du Monde »,où elles ont interprété les compo-sitions les plus parachevées de leurrépertoire devant une salle combleet attentive, elles ont donné avecleur disciple Brigitte Chataignier àLorient, en partenariat avec le« Musée de la Compagnie desIndes », puis au Mans, des specta-cles qui ont passionné un auditoire

qui, peu à peu, entrait dans les ar-canes de cette danse encore assezpeu connue en France. En effet, l’une des missions de laCompagnie Prana, que dirige éga-lement Brigitte Chataignier, dan-seuse experte en son art aux mul-tiples facettes, qu’elle a pratiquéau Kerala à partir de 1987, en tantque disciple des plus assidues àl’enseignement des grands maîtresconviés, est d’œuvrer à faireconnaître et découvrir cet art en-core très confidentiel à un pluslarge public occidental. Un style dedanse qu’elle transmet égalementen France par son enseignement ri-goureux et ses créations de choré-graphe, à la fois innovantes, inspi-rées et toujours respectueuses descanons esthétiques de la tradition. Alors quand, ouvrant le récital,maîtres et disciple entrent enscène toutes les trois, comme surun pied d’égalité, la magie opère,se démultiplie dans l’harmonieconjuguée des corps magnifiés deces femmes somptueuses, de cesenchanteresses aux belles âmes ré-vélées. ❑

Mireille-Joséphine Guézennec

Quelques spectacles et stagesprogrammés :A Rennes – Un dimanche auGarage – Collectif Danse RennesMétropole :• Extrait de « Gangâ » - Choré-

graphie et danse BrigitteChataignier (28 mai)

• Projection de « KALAM /Terre »Michel Lestréhan (29 et 30mai)

• Festival de l’OH (ConseilGénéral 94) à Choisy-Le-Roi.« Escale Gangâ » (les 12 et13 Juin).

• Ferme de Trielle (Tiézac - 15)Stage de Mohini Attam etKathakali ( du 26 au 31 juillet)

• Festival MIMOS à Périgueux -Mohini Attam et Kathakali -(les 6 et 7 août).

« Compagnie Prana »www.compagnieprana.com

Alors, invoquant la divine mémoireancestrale et frappant toujours lesol d’un tempo régulier, l’éloquenteforce intérieure des expressionshéroïques et lyriques de Kalaman-dalam Leelamma nous ont autanttroublés qu’émerveillés. Et quandla gestuelle de ses mains dessinedes poèmes visuels KalamandalamLeelamma, chorégraphe et dé-miurge, semble advenir de quelqueineffable contrée…En toile de fond, le chant magnifi-que et la voix mélodieuse d’ArunGopinath accordés à l’orchestre,composé d’un violon et de tam-bours (mridangam et edaykka),nous ont arrachés à la terre deshommes et conduits vers quelquesphère d’harmonie pure et musi-cale. Nostalgie et métamorphosed’un imaginaire en puissance dansle cœur complice des spectateurs !

De l’art de la scène àl’art de la transmission.

Mais le talent des danseuses-cho-régraphes ne s’arrête pas à leur in-terprétation magistrale sur desscènes indiennes et internationa-les, car elles ont aussi toutes deuxà cœur de transmettre et d’ensei-

© M

.J. G

uéze

nnec

Salutations au Nataraja

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 13

Page 14: Inde 399 01 02 2010

14 Nouvelles de l’Inde n° 399

MJG • Gilles Moisset, vous êtesparvenu à nous faire pénétrer aucœur de certaines traditions artis-tiques des « Adivasis », ces « peuplespremiers » de l’Inde, pour nous fairecomprendre combien ces pratiquestraditionnelles en matière d’artsont absolument indissociables deleur vie quotidienne et de sa di-mension rituelle et cultuelle.Pouvez-vous nous parler des condi-tions du tournage ainsi que de vosimpressions ?

G M • Nous avons dû parcourirplus de 5000 km en Inde pour allerà la rencontre des Adivasis au cœurmême de leur région. Et les entre-vues ont été rapides, souvent troprapides. Mais cette dynamique im-posée par le temps liée aux impé-ratifs de la production (DreamWay,Minou Azoulay que je remercie dem’avoir soutenu) m’a obligé à êtreencore plus vigilant et gourmand. Gourmand est le mot juste. Dès lespremiers instants, j’ai été éblouipar les couleurs, par la lumière ma-gique des fins d’après-midi de sep-tembre. Et plus le voyage avançait,plus j’attendais cette heure avecimpatience en me demandantquelle révélation aujourd’hui seraitmise en lumière. Mais sans l’équipe qui était avecmoi sur le terrain, Vikas Harish(historien d’art et conseiller scien-tifique de l’exposition “AutresMaîtres de l’Inde”) et Dilip Varma

(le chef opérateur) qui m’ont mon-tré « leurs Indes », le film aurait ététout autre. Sans l’écoute de Vikasquant à mes demandes, lescontacts n’auraient pas pris cettevoie si « proche ». Et sans le calmeindien de Dilip, j’aurais peut-êtrerebondi comme un Zébulon sansprendre le temps d’apprécier lesmoments qui s’offraient devantmes yeux. Je crois que c’est cela leplus difficile au départ de ne pascourir dans tous les sens devanttant de dépaysements et de nou-veautés.Et puis nous avons subi une mous-son tardive, qui a également influésur le film… A Bhimbetka, parexemple, nous avons vraiment saisile sens premier de l’expression

« abri sous roche » et découvert, àl’abri des trombes d’eau les peintu-res rupestres de plus de 15000 ans.

MJG • Il y a dans le film peu demise en scène mais tout est dit, defaçon simple, limpide et pourtanttellement magistrale... Quel a été lefil conducteur et les étapes de cetteréalisation ?

G M • Dès les premières réflexionssur ce que pouvait être le docu-mentaire, il y a maintenant troisans, lors de ma première rencontreorganisée à l’époque au Musée duQuai Branly avec Vikas Harish etJean-Pierre Mohen, (ancien direc-teur des collections du musée duQuai Branly et co-commissaire de

INTERVIEW

RENCONTRE AVEC GILLES MOISSETRéalisateur du documentaire « Inde à la découverte des Adivasis », France 5

Dans le cadre de l’Exposition « Autres Maîtres de l’Inde », qui se tiendra au Musée du QuaiBranly du 30 mars au 18 Juillet, un documentaire « Inde à la découverte des Adivasis » réa-lisé par Gilles Moisset pour France 5 a été tourné dans différentes régions de l’Inde.Lors du vernissage de l’exposition, où quelques séquences du documentaire étaient proje-tées en avant-première, Mireille-Joséphine Guézennec a posé quelques questions à GillesMoisset. Ce documentaire magnifique et d’une grande authenticité sera programmé le 22 avril 2010sur France 5.

© Ph

oto

Vika

s H

aris

h

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 14

Page 15: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 15

l’exposition « Autres Maîtres del’Inde »), j’ai eu la chance d’assis-ter à une discussion entre deuxmondes. L’Occident et l’Orient dé-couvrant un « troisième » mondequi les passionnait et les intri-guait : celui des Adivasis, des pein-tures rupestres de Bhimbetka auxmurs Warlis. Et le ton était donné…La question principale avant notredépart était : est-ce que j’allais re-trouver cette passion, ce regard,cet échange tout au long du tour-nage et comment, sans rester vivreavec eux de longues semaines,faire ressentir l’importance de leursarts quotidiens ?La découverte, la rencontre etl’écoute ont été les derniers ingré-dients à cette mise en scène omni-présente qui, j’en suis ravi, ne sevoit pas. Pourtant je n’ai pas arrêtéde demander aux « acteurs » de re-commencer des déplacements, demanipuler des objets, de faire venirleur famille, de ne pas retirer dansles maisons tout ce qui montre le« dérangement » de la vie de tousles jours et bien d’autres petits dé-tails qui font la différence entreune atmosphère recomposée etune caricature ou une façade bienrepeinte.Quand nous arrivions chez quel-qu’un, il fallait vite observer le lieu

tel qu’il était et veiller à ce que sesoccupants ne le « rangent » pas. Jedevais rapidement considérer lesgestes qui me semblaient quoti-diens pour pouvoir demander deles refaire si nous n’avions pas pules filmer. Et le fait que Vikas soiten « première ligne » pour prépareravec eux l’interview me le permet-tait. La barrière des langues et lefait que Vikas me faisait un résuméaprès des grands moments d’inter-view pour ne pas rompre la spon-tanéité des artistes, m’ont aussiobligé à « lire » sur leur visage. Uneinterview qui semblait banale et

froide s’est finalement révéléed’une grande richesse informativeet émotive. A un moment de l’in-terview l’homme s’est mis à avoirdes « trémolos », sa voix avaitchangé. Ce petit détail m’a fait re-bondir et cette scène du « Fon-deur » existe aujourd’hui dans ledocumentaire.Depuis le début, j’avais imaginépouvoir filmer des aubes différen-tes avec Vikas qui devait ouvrir lesséquences du film. Mais c’étaitsans compter sur la mousson tar-dive (remarque d’Occidental).« L’Inde te propose une autre ap-proche, à toi de la décrypter et dela filmer » me disait Vikas. Etc’était cette même phrase qu’il medisait sous une forme ou une autrepresque à chaque fois que je de-mandais de me trouver telle outelle personne ou événement à fil-mer et que nous n’étions pas sûrsd’y parvenir.En fait, j’étais arrivé avec des idéesde réalisation et je devais sanscesse les modifier tant les gensm’offraient d’autres choses plus« vraies ». Ce que l’on trouve sur leterrain n’est pas toujours conformeà notre imaginaire. Mais en géné-ral on reste dans un territoireconnu. Là, les artistes nous ont ou-vert d’autres portes.

RENCONTRE AVEC GILLES MOISSET©

Phot

o G

illes

Moi

sset

© Ph

oto

Gill

es M

oiss

et

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 15

Page 16: Inde 399 01 02 2010

16 Nouvelles de l’Inde n° 399

MJG. • Il y a eu également d’autresrencontres importantes, commecelle avec Pr. Jyotindra Jain, unéminent spécialiste de la diversitédes expressions esthétiques tribalesde l’Inde…

G M. • Il y a toujours des momentsmagiques pendant les tournages.Ce sont des instants qui vous ras-surent. Le premier plan tourné dufilm fait partie de ceux-là. C’était àDelhi au moment de l’interview duprofesseur Jyotindra Jain. J’avaisdéjà eu la chance de rencontrerMonsieur Jain à Paris un an aupa-ravant, et connaissant l’importanceet la complexité de son discours, jeredoutais une interview trop pro-fessorale. Là, en arrivant à Sans-kriti sur le lieu du rendez-vous,l’arbre « magique » aux mille raci-nes tombant du ciel s’est imposétout de suite à l’image. La lumièredu soleil s’infiltrant entre les raci-nes, on avait à cet instant un fondmystérieux, plein de vie. Mais ilfallait que Monsieur Jain puisses’asseoir. Un vieux banc en bois eten fer trouvé au fond du parc allaitvite être transporté au pied de l’ar-bre. Monsieur Jain, surpris au pre-mier regard, nous a offert dans ce

cadre « bricolé » une interview pas-sionnante.

MJG • Ce fut, m’avez-vous dit, vo-tre premier voyage en Inde, en quoila découverte de ce pays nouveaua-t-elle aiguisé votre sensibilité ?

G M • « Bienvenue en Inde », cetteautre phrase prononcée par Vikasavec un petit sourire à l’arrivée àDelhi je ne la comprends réelle-ment que maintenant. L’Inde descartes postales, grâce à Dilip et àVikas, j’y ai échappé, et je croisqu’on le ressent dans le film. C’est certain, le fait d’avoir été sibien accompagné en Inde m’a per-mis de mieux regarder tout autourde moi. J’étais là pour voir et j’aiété submergé par un festival decouleurs, de grâce et de beautés.Mais aussi par une spiritualitémultiple et permanente, qui aobligé le cartésien que je suis à voirau-delà de l’art qu’on pourraitcroire « naïf » au premier abord. Undessin sur une pierre, un geste defemme repositionnant son voile, unhomme qui dit oui en faisant nonde la tête, un cadeau que l’on voustend, un regard mystérieux, une

offrande que l’on partage, un repasaux subtiles saveurs pris au milieude nulle part, un ruissellement pas-sant depuis plus de 15000 ans àcôté d’une peinture encore pleinede vitalité, l’instant magique de lalumière du soleil vers 17h sont au-tant de souvenirs qui font que jeme sens aujourd’hui encore, plu-sieurs mois après le tournage, unpeu « indien ».

Cette découverte de gens qui ins-crivent sur tout support leurs émo-tions, leurs pensées, leurs instantsde vie en apparence si « simple etnaturelle » permet d’abord de nousrappeler qui nous sommes. Et bienque notre culture en soit éloignée,il y a une part de nous qui se re-flète dans ces œuvres.

Il ne faut pas oublier que l’on re-trouve aux quatre coins de notreplanète des formes d’art, des styles,des dessins, des peintures d’il y a10, 15, 20 000 ans très différentesmais aussi tellement semblablesque cela laisse à réfléchir…

Vaste programme, et sujet d’unprochain film ?… ❑

Propos recueillispar Marie-Joséphine Guézennec

RENCONTRE AVEC GILLES MOISSET©

Phot

o G

illes

Moi

sset

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 16

Page 17: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 17

DESTINATIONS À DÉCOUVRIR

PRAGPUR DANS L’HIMACHAL : LE PREMIER VILLAGECLASSÉ AU PATRIMOINE DE L’INDE

Avec la montagne Dhauldhar re-couverte de neige au loin, Prag-pur à Kangra (à 1 000 mètres) estun merveilleux petit village quisemble plongé dans le passé.Lorsque vous descendez les ruespavées de Pragpur, vous avez l’im-pression de marcher dans un vil-lage de l’époque victorienne, auxmaisons remontant entre 100 et300 ans et construites comme lesmaisons de Simla sous le Raj bri-tannique, utilisant même des bri-ques (12,7 cm x 22,86 cm) qui ontété normalisées par les Britanni-ques (aux alentours de 1847).Les maisons en pisé du village pos-sèdent des bords de fenêtres enbois sculpté dans le style typiquede Kangra. Les piliers et les balconssont faits de bois, avec des orne-ments floraux rouges, bleus etjaunes. La communauté des Suds prédo-mine à Pragpur et la plupart desmaisons anciennes leur appar-tient. Au début du 17ème siècle, il yavait un marché caravanier floris-sant à Kangra, qui approvisionnaitles pèlerins en route vers Jwala-mukhi et Brijeshwari. C’est ainsique les Suds firent fortune etconstruisirent de belles maisons.Lorsque Kangra fut annexé par lesBritanniques, les Suds déplacèrentleur commerce à Simla, en y ins-tallant des boutiques qui ven-daient du bois de construction etdes textiles. Certains plus entre-prenants ouvrirent des sérails (deshôtelleries) le long de l’autoroute

Hindustan-Tibet. En hiver ils re-tournaient toujours à Pragpurqu’ils considéraient comme leurville natale. Ils construisirent aussides maisons dans le village jumeaude Garli. Cette zone Garli-Pragpur se situedans le royaume de Jaswan où desbandes errantes de maraudeurs(16-17ème siècles) créèrent des pro-blèmes d’ordre public. Prag Devi,une princesse de la maison royalede Jaswan, parvint à les maîtriseret Pragpur fut fondée en hom-mage à sa bravoure. Pragpur se-rait, dit-on, installée sur un terri-toire sous influence astrale posi-tive, en raison de prières récitéesici il y a plusieurs centaines d’an-nées.Les Suds (l’ensemble des 52 clans)ont construit ici d’élégants have-lis. Leurs demeures constituent laprincipale attraction de Pragpur.Actuellement les maisons en pisésont toujours bien entretenues etles demeures des Suds sont joli-ment restaurées, conférant àPragpur l’honneur d’être le pre-mier village classé. La réussite duplan de conservation revient àVijai Lal, petit-fils du juge Jai Lal(un juge de la Cour Suprême duPendjab sous le Raj Britannique)Les Lal, qui appartiennent au paysdes Suds possèdent deux grandesmaisons dans le village. La plusancienne est un haveli de 300 ans.L’autre qui est plus réputée estconnue sous le nom de « La Courdu Juge », construite en 1918 pourle juge Lal. C’est une demeureclassée, qui appartient désormais àla chaîne « WelcomHeritage ».Le plus grand haveli à Pragpur ap-partient aux Butail (qui sont aussides Suds) et est connu sous le nomde Butail Niwas. Construit il y aenviron une centaine d’années parLala Buta Mal, il se compose de

6 appartements identiques, unpour chacun de ses 6 fils. Ils sontdisposés autour d’une cour inté-rieure ouverte affaissée. Au bonvieux temps, durant l’été, la courintérieure était remplie d’eau pro-venant du Nalsuyah Khad qui est àproximité, pour rafraîchir les ap-partements. Quel procédé « écolo-gique » pour climatiser les appar-tements !Promenez-vous donc dans les ruespavées et imprégnez-vous del’ambiance de ce village classéunique, qui est préservé pour lapostérité par cet homme entrepre-nant que fut Vijay Lal.Pragpur est à 185 km de Chandi-garh. Vous pouvez aussi emprun-ter l’Himachal Express qui relieNew Delhi à Una avec dans ce casune autre heure et demi pourPragpur.Pour plus d’informations, contac-ter la Direction du Tourisme del’Himachal, Block No.28, SDAComplex, Kasumpti, Simla-171009.Téléphone : +91-177-2625511 /2625924.www.himachaltourism.gov.in ❑

Deepti BhagatIndia Travel Online

Vol. XII N°9

© ht

tp://

123h

imac

hal.c

om/p

ragp

ur_f

iles/

prag

pur2

.jpg

© ht

tp://

him

acha

ltou

rism

.gov

.in

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 17

Page 18: Inde 399 01 02 2010

18 Nouvelles de l’Inde n° 399

Khichan ressemble à n’importequel autre petit village duRajasthan dans le district deJodhpur mais ce qui le rend uniqueest que les grues demoiselle quimigrent ici chaque hiver venantd’Asie centrale, pensent tout au-trement. Pour elles, Khichan c’est« chez elles loin de chez elles ». Sivous vous promenez, vous en ver-rez des centaines, noires et grises,majestueuses qui volent au-dessusdu village et fourragent dans leschamps.Vous devrez vous réveiller au toutdébut de l’aube pour profiter decette vue inoubliable. Le ciel s’obs-curcit, envahi par des milliers deces grues qui volent toutes ailesdéployées vers les enclos spéciale-ment construits pour l’occasiondans le village, les « chugan ghars »(les maisons de ravitaillement)pour prendre leur petit déjeuner.C’est là que les généreux villageoisleur déposent des graines pours’assurer que leurs « visiteurs ai-lés » mangent à leur faim. En fait,ils déposent les graines (500 kg)deux fois par jour. Aussi loin queremonte le souvenir des villageois,ces grues viennent chaque hiver etelles ont toujours été bien accueil-lies. Ces visiteurs de l’hiver fontpartie de la vie du village et sont

même évoqués dans les chants demoisson du village.Les grues demoiselle (plus de 9 000)commencent à arriver ici dès lemois d’août chaque année et res-tent dans le village jusqu’à la finmars de l’année suivante. Les gruesont inscrit Khichan sur le carte des« observateurs d’oiseaux ». LeBirding World magazine en parledans un article intitulé : « Khi-chan, le village des grues demoi-selle ».Selon le folklore local, il y a plu-sieurs années, certains habitantsde Khichan avec à leur tête unamoureux des oiseaux de la com-munauté jaïne ont commencé à of-frir aux oiseaux des graines chaquematin, attirant un grand nombrede grues demoiselle (localementdésignées sous le nom de « kur-jas ») vers le village.Ces grues sont les plus petites etappartiennent à la seconde espècela plus importante des grues re-censées dans le monde. Leur airede reproduction sont les plaines etles steppes de l’Eurasie et de laMongolie. Elles parcourent doncune longue et difficile route au-dessus de l’Himalaya, portées parles vents lorsqu’elles migrent l’hi-ver vers Khichan. Les villageois du Désert de Thar lesadorent pour leurs habitudes ali-mentaires végétariennes et leurpratique de la monogamie.Aujourd’hui Khichan accueille denombreux visiteurs qui viennentobserver les grues ; ainsi les gruesont apporté le tourisme dans cevillage endormi. Les havelis (de-meures) et autres édifices classéssont devenus des gîtes pour touris-tes et le commerce est florissant.Lal Niwas, un hôtel situé dans unede ces demeures (à environ 40 km)fourmille d’activités grâce auxgrues.

Après s’être alimentés dans leschugga ghars, les oiseaux se diri-gent vers les bassins alentour et lesdunes de sable au nord de Khichanet sont la cible d’un grand nombrede photographes et de touristes.Lorsque les grues volent en petitsgroupes, elles ne font pas cas despaons qui se mélangent facilementà elles. Au milieu de la journée, elles vont de nouveau s’alimenter,boire et prendre occasionnellementun bain.Les premiers efforts des villageoissont à présent soutenus par laMarwar Crane Foundation et leKuraj Smarakshan Vikkas Sans-than. Tous contribuent à nourrir etprotéger les grues qui ont inscritKhichan sur la route touristique duRajasthan. La ville la plus prochede Khichan est Phalodi (5 km) quiest une gare sur la voie qui relieDelhi à Jaisalmer et Bikaner.Jodhpur est l’aéroport le plus pro-che (140 km), Bikaner (150 km),Nagaur (140 km) et Jaisalmer(160 km) sont aussi reliés à ce vil-lage.Pour davantage d’informations,contacter Rajasthan Tourism, Go-vernment Hostel Campus, PryatanBhawan, M.I. Road, Jaipur 302001,Rajasthan.Tel : + 91-141-5110595-7Fax : +91-141-5110591Email : [email protected] Internet :http://www.rajasthantourism.gov.in

Deepti BhagatIndia Travel Online Vol. XII N°22

KHICHAN AU RAJASTHAN,LE VILLAGE DE LA GRUE DEMOISELLE

© Pr

anav

Sha

h -

ww

w.in

diad

aily

phot

o.co

m

© Lu

is M

igue

l Bug

allo

Sán

chez

(Lm

buga

Com

mon

s)(L

mbu

ga G

alip

edia

) (11

-10-

2005

)ht

tp://

en.w

ikip

edia

.org

/wik

i/File

:Dem

oise

lle_c

rane

s.jpg

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 18

Page 19: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 19

L’Himachal Pradeshen bref

• L’Himachal Pradesh est un Étatdu nord-ouest de l’Inde devenule 18ème État de la République in-dienne en 1971. Il est encadrépar les États indiens du Jammu &Kashmir au nord, du Punjab àl’ouest, de l’Haryana et de l’UttarPradesh au sud, de l’Uttarakhandau sud-est et par le Tibet à l’est.Situé dans l’ouest de l’Himalaya,son altitude est comprise entre450 et 7 000 mètres au-dessusdu niveau de la mer. La traduc-tion littérale d’Himachal Pradeshest Terre des montagnes ennei-gées. L’État est drainé par lesfleuves Chenab, Ravi, Beas, Sutlejet Yamuna.• Capitale : Shimla• Superficie : 55 780 km2

• Population : en 2001, l’Hima-chal Pradesh comptait 6 080 000habitants.(Densité de 109 habitants aukm2. C’est l’une des plus faiblesdu pays)

IntroductionL’Himachal Pradesh est un Etatmontagneux dont l’altitude estcomprise entre 350 et 7 000 mè-tres, il est constitué de plusieurszones séparées par des chaînesde montagnes orientées nord-ouest/sud-est : les Siwaliks, culmi-nant à 1 200 m, le massif duDhaula Dhar, entre les rivières Raviet Beas (3 500 à 5 500 m), lachaîne du Pir Panjal ou MoyenHimalaya, entre les rivières Chenabet Ravi (4 500 à 6 000m), leGrand Himalaya (6 700m) et leZanskar, entre le Tibet etl’Himachal Pradesh (7 000 m). Le réseau fluvial, descendant del’Himalaya, reçoit l’eau provenant

de la fonte des neiges et des gla-ciers qui lui assure un flot continutout au long de l’année. Il alimentel’Indus et le Gange. Selon le rapport de 2003 del’Observatoire indien de la forêt,66% de l’État est classé en zoneforestière, cependant la forêt pro-prement dite ne couvre que 26%du territoire. Une grande partie del’État est occupée par de hautesmontagnes inhabitables. La popu-lation est très faiblement urbani-sée (9,8%). Shimla est la seule villeimportante avec 145 000 habi-tants.Entre 1991 et 2001, la population aaugmenté de 17,5%. Le taux denatalité est de 24.8 pour mille(contre 20.7 pour mille en Inde), letaux de mortalité est de 8,1 pourmille (contre 7,5 pour mille enInde) et le taux de mortalité infan-tile est de 63 pour mille naissancescontre 52 pour mille naissances enInde. L’espérance de vie à la naissancepour les femmes est de 65,4 ans(contre 66,3 en Inde) et de65,7 ans (contre 64,1 en Inde) pourles hommes. Ces chiffres permet-tent de penser que l’HimachalPradesh a amorcé la stabilisationde sa population.

Comme dans les autres États in-diens, sauf le Kerala, le sex-ratioest défavorable aux femmes :968‰. Ce chiffre tombe à 896‰si on considère la population âgéede moins de 7 ans. Les religions présentes dans cetEtat sont l’hindouisme, l’Islam, lebouddhisme. Les hindous sont trèslargement majoritaires (95,5%).Les musulmans sont peu représen-tés, 2% contre 13,4% dans l’en-semble du pays. Les bouddhistessont relativement nombreux :75 900 soit 1,25% (Inde : 0,8%),ce qui s’explique par la présence depopulations bouddhistes indigènesdans les districts du Nord et parl’installation de Tibétains àDharamsala.

L’Himachal Pradesh est divisé en12 districts.

Le revenu par habitant est de750,2 $ US en 2005-2006 ce quiplace l’Etat au 4ème rang national.De même, le niveau d’équipementsdes ménages (voitures, électromé-nager, télévision) est supérieur àcelui de l’Inde à la même période. Les riches ressources naturelles del’Himachal Pradesh ont conduitsl’Etat à investir dans les secteurs

GROS PLAN SUR L’HIMACHAL PRADESH

Solan

© w

ww

.him

acha

lpr.g

ov.in

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 19

Page 20: Inde 399 01 02 2010

20 Nouvelles de l’Inde n° 399

GROS PLAN SUR L’HIMACHAL PRADESH

agricoles, l’hydroélectricité, le ci-ment et le tourisme. Les districts de Solan, Sirmour,Kangra et Una sont les leaders enmatière d’investissements.La main-d’œuvre couvre unegamme étendue de métiers et sedivise de la façon suivante :32,31% sont des travailleurs àtemps complet, 16, 92% des tra-vailleurs à temps partiel et 50,77%sont chômeurs. L’agriculture restele secteur qui emploie le plus depersonnes, couvrant 65% de l’em-ploi. L’Himachal Pradesh investit aussidans l’enseignement et l’Etat pos-sède 10 écoles polytechniques et 8écoles d’ingénieurs.La beauté et la variété de ses pay-sages de moyenne et haute monta-gne ainsi que ses richesses ethno-graphiques et architecturales fontde l’Himachal Pradesh une desti-nation touristique de plus en plusrecherchée. Shimla, située à 2 130m d’altitude, est la plus célèbre etla plus importante station climati-que indienne. Les possibilités en matière d’alpi-nisme et de trekking sont innom-brables et attirent de nombreuxtouristes occidentaux. Il en est demême pour le rafting, le vol en ailedelta, les raids à cheval ou enmoto. Les sports d’hiver se développent.Solang Nallah, près de Manali, estune station recherchée et une au-tre station de ski est en projet dansla vallée de Kullu. Cependant laconstruction de cette infrastruc-ture importante rencontre l’oppo-sition d’une partie de la populationcraignant des conséquences dom-mageable sur l’environnement, lesressources naturelles et les modesde vie traditionnels, et tout parti-culièrement pour les bergers quipratique la transhumance. Conscient de l’immense richesseque constitue son patrimoine na-turel, le gouvernement a mis enplace un Département de l’envi-

ronnement dont le rôle est de sou-tenir une politique de développe-ment durable.

Infrastructure socialeEducationLe taux d’alphabétisation est plusélevé que dans l’ensemble du pays,il est de 85,3% pour les hommes(Inde : 75,3%) et de 67,4% pour lesfemmes (Inde : 53,7%). Près de686 706 élèves entrent à l’écoleprimaire chaque année.

Les efforts du Ministère de l’éduca-tion de l’Himachal Pradesh se por-tent dans deux directions. La prio-rité absolue est l’enseignementprimaire, et tout particulièrementcelui des filles ; la seconde prioritéest l’enseignement des technolo-gies de l’information et de la com-munication qui est accessible dansde nombreuses écoles dès le se-condaire. La participation privée àl’enseignement technique et pro-fessionnel est encouragée. L’Hima-chal Pradesh dispose de bons éta-blissements d’enseignement supé-rieur, tels l’université de Shimla, leNational Institute of Technologyd’Hamirpur ou encore l’Universitéhorticole et forestière Dr.YashwantSingh Parmar à Solan dont l’ensei-gnement et les recherches sont re-nommés en Inde et dans toutel’Asie.

MédicalL’Himachal Pradesh dispose de90 hôpitaux publics, 439 centresde soins de santé primaires, 66centres de santé au niveau local,22 dispensaires publics et 2069sous-centres. L’Himachal Pradesh possède lesmeilleurs indicateurs de santé detoute l’Inde.

BancaireL’Himachal Pradesh possède unbon réseau d’infrastructures ban-caires. La population qui est affi-liée à une banque est d’environ9425 personnes en décembre2008. L’Himachal Pradesh possède le ra-tio le plus sain de toute l’Inde en cedomaine même si le nombre decrédits est supérieur à celui del’Inde. TransportLe développement des infrastruc-tures de transport est freiné par lagéographie de l’État, cependantdes progrès significatifs ont été ac-complis au cours des dernières dé-cennies. La route est le principalmoyen de transport en HimachalPradesh. Le réseau routier est leplus dense de tous les États mon-tagneux indiens et relie toutes lesvilles importantes. Le réseau rou-tier se compose de quatre autorou-tes nationales et est en constant

Hamirpur

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 20

Page 21: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 21

GROS PLAN SUR L’HIMACHAL PRADESH

développement. Quelques routesdoivent être fermées en hiver etpendant la mousson à cause deschutes de neige et des glissementsde terrain. Le réseau ferroviaire necompte que deux lignes à voiesétroites, la première reliantPathankot à Jogindernagar dansl’ouest, et la seconde reliant Kalkaà Shimla dans le sud. L’HimachalPradesh compte trois aéroports accueillant des vols intérieurs :Shimla, Bhuntar desservant Kulluet Gaggal desservant Kangra. Des négociations pour la construc-tion de nouvelles pistes d’atterris-sage pour hélicoptères à Bajra-roo, Satrundi et Chama sont encours.

Electricitéet télécommunications

Electricité L’Himachal Pradesh est doté deressources naturelles riches utilisa-bles pour l’hydro-électricité. 17 155 des 17 495 villages del’Himachal Pradesh possédaitl’électricité en décembre 2006.

TélécommunicationLe gouvernement de l’État a mis enplace une politique active de déve-loppement des technologies del’information et de la communica-tion, secteur essentiel tant du

point de vue de la production quede son utilisation. Les autorités fa-cilitent l’installation d’entreprisesévoluant dans ce domaine en lesexemptant de taxes et en créantdes zones d’activité, telles celle deSolan. L’utilisation des TIC est toutaussi importante car c’est un fac-teur essentiel de désenclavement,donc de croissance économique.C’est pourquoi le gouvernementdéveloppe l’accès de la populationau réseau internet. Il a égalementmis en place un portail présentantnon seulement l’organisation desinstitutions gouvernementales etleurs actions (réglementations,subventions, instances juridiques)mais offrant aussi de nombreuxservices aux citoyens : résultatsaux examens, conseils juridiques,listes des établissements scolaireset médicaux, paiement à distance.On compte en Himachal Pradesh,un téléphone dans un foyer sur six.

Infrastructureindustrielle

Le secteur industriel en HimachalPradesh est peu développé. Il necontribue que pour 14% au produitintérieur de l’État (Inde : 27%).Cela s’explique par la faiblesse desmoyens de transport, le manque deressource minière, l’absence d’en-trepreneur et la prégnance du sec-teur artisanal. Les autorités ont mis

en place une politique incitativeavec des mesures telles l’attribu-tion de terrains, l’exemption detaxes ou l’équipement de zones in-dustrielles. Ces mesures ont permisl’installation d’entreprises fabri-quant de l’outillage agricole, de latérébenthine et des résines àNahan, des engrais, de la bière etdes alcools à Solan, du ciment àRajban, des conserves de fruits àParwanoo. Un total de 41 zones in-dustrielles et 15 compagnies in-dustrielles ont été développées. En outre, l’absence de pollution at-mosphérique est favorable à l’in-dustrie de précision (montre, ma-tériel médical) et électronique (té-léviseur, magnétoscope). Mais le principal atout de l’Hima-chal Pradesh sont ses ressourceshydroélectriques abondantes. Ellesont permis l’électrification de tousles villages et représentent 25% dela production nationale.Connue comme zone favorite pourles industries textile, pharmaceuti-que et d’emballage industriel, lazone a été promue par le Ministredu Commerce et de l’Industrie, legouvernement de l’Inde. Aujour-d’hui l’Etat se concentre sur lessecteurs spécifiques des biotech-nologies, de l’information et destélécommunications et du tou-risme.

Industrie biotechnologiqueLe gouvernement a proposé deconstruire un parc biotechnologi-que à Solan.

L’industrie agro-alimentaireC’est le premier secteur économi-que. Il contribue pour plus de 45%au produit intérieur de l’État (Inde :24%). C’est la source principale derevenu et elle fournit un emploi di-rect à 71% de la population. Lescéréales les plus cultivées sont leblé, le maïs, le riz et l’orge ainsique les pommes de terre, mais leurproduction ne couvre pas les be-soins de l’État. Les légumes, le thé,les olives, les figues, le houblon, leschampignons, les pistaches, les

Kalka Shimla

©A.M

. Hur

rell

(com

mon

s.wik

iped

ia.o

rg/w

iki/F

ile:K

SR_R

ailc

ar_4

_at_

Shim

la_0

5-02

-14_

40.jp

eg

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 21

Page 22: Inde 399 01 02 2010

22 Nouvelles de l’Inde n° 399

GROS PLAN SUR L’HIMACHAL PRADESH

herbes médicinales, les fleurs, lesfruits et surtout les pommes sontles cultures de rapport les plus ré-pandues. Les pommes représentent76% de la production totale defruits. Le petit élevage domestique ap-porte une contribution appréciableaux revenus des agriculteurs. Surles pentes des monts Dhaula Dar etPir Panjal, des bergers élèventd’importants troupeaux d’ovins etde caprins. En 1954, 1972 et 1974 le gouver-nement a procédé à une réformeagraire qui a permis de redistribuerune partie des grandes propriétésaux paysans sans terre ; 450 000familles sur 500 000 sont ainsi de-venues propriétaires d’au moins unhectare de terrain. Les petites ex-ploitations constituent 84% despropriétés. Mais les surfaces culti-vables, 9 990 km2 soit 15% de lasurface totale, sont insuffisantes etne peuvent être étendues, les ter-rains situés à flanc de montagnene pouvant être cultivés sous peinede favoriser l’érosion des sols. L’industrie textileL’industrie textile en HimachalPradesh est le principal acteur. Dessociétés comme Vardhman sontengagés dans le tissage et la tein-ture. Le tissage à la main et le tis-sage de tapis sont principalementdéveloppés à petite échelle. (ex :Malwa Coton)

La filiale du Groupe VSO, un des 10premiers groupes industriels dutextile dans le pays, possède desinstallations à Paonta Sahib où ony fabrique du coton, de l’acrylique,du polyester et de la viscose.

L’artisanatL’Himachal a une riche traditionartisanale : châles en laine et enpashmînâ, tapis, articles en métalet en argent, sandales brodées etchaussures en chanvre, miniaturesde l’école de Kangra, travail du boispour les fenêtres, portes et bal-cons, bracelets de crin, ustensilesménagers en bois ou en métal danslesquels les artisans sculptent desmotifs floraux, animaliers ou an-thropomorphes. Les essences lesplus couramment utilisées sont lecèdre, le déodar, le noyer et le shi-sham. La production artisanale esten déclin du fait de la concurrencedes articles manufacturés et dumanque de réseau de commerciali-sation. Cependant, depuis quelquesannées, la corporation de l’artisa-nat en Himachal Pradesh soutientla transmission de ce savoir-fairetraditionnel et on remarque uneaugmentation de la demande deces articles de grande qualité.

Le tourismeIl s’agit d’un secteur en forte crois-sance. Ses richesses naturellessplendides expliquent pourquoi lestouristes aiment à voyager dans

cet Etat. Il existe de nombreuxaménagements pour les sportsd’aventures tels que le trekking,l’escalade, le ski, le deltaplane, lerafting et le kayak qui attirent despersonnes du monde entier. Lescentres touristiques importants sesituent à Shimla, Solan, Chail,Renuka, Kalpa, Nako, Sangla, Kullu,Manali, Baijnath, Dharamsala, Kan-gra, Palampur, Dalhousie, Khajjiaret Chamba.

Industrie pharmaceutiqueL’Himachal Pradesh est la régionoù la croissance a été la plus ra-pide en ce qui concerne l’industriepharmaceutique en Inde, conduitpar les initiatives de l’Etat en cesecteur. Environ 300 industriespharmaceutiques sont impliquéesdans des opérations en HimachalPradesh. Parmi elles on trouve :Ranbaxy, Dr. Reddy’s, Morepen ouTorrent.

Industrie de l’ingénierieL’industrie de l’ingénierie enHimachal Pradesh inclue l’ingénie-rie de pièces de précision, de piècesautomobiles, d’acier, de cylindres. Les grandes entreprises qui inter-viennent dans ce secteur sont :Gabriel, Purolator, ou InternationalCars and Motors Limited. Les usines automobiles se trouventprincipalement à Parwanoo, dansle district de Solan. Les usines d’ingénierie en Hima-chal Pradesh sont impliquées dansles trois segments du marché :équipement original, service après-vente, export.

Industrie du cimentL’Himachal Pradesh possède unelarge réserve de calcaire de qualité. L’Etat exporte environ la moitié dela production de son ciment versd’autres Etats. Parmi les compagnies de produc-tion de ciment on trouve : Larsenand Toubro, Grasim Industries etHarish Chandra Limited. ❑

India Brand Equity Foundationwww.ibef.org

Berger et son troupeau de moutons dans la vallée de Kullu.Himachal Pradesh, Inde

©Phi

lippe

Raf

fard

(com

mon

s.wik

imed

ia.o

rg/w

iki/F

ile: S

him

la_b

ritis

h.jp

g

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 22

Page 23: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 23

UNE ENTREPRISE DE NAVIGATION A VAPEUR INDIENNE EN INDOCHINE FRANCAISE, 1891-1900

ÉCHOS ET SENTEURS DE L’INDE

Manuel Canovas a lancé une nou-velle collection de linge de maisonqui exprime son goût pour les jar-dins, les voyages : le modèle TajMahal en est une belle illustration.

Le Salon « Maison et Objet » a at-tiré les foules habituelles soucieu-ses de découvrir les dernières ten-dances en matière de décoration.Dans la ligne « Bayadère » leJacquard Français a lancé des setsde table : cinq déclinaisons per-mettent de s’adapter à tous les in-térieurs. Alexandre Turpault s’ins-pire de l’été indien pour créer« Namaste » : housse de couette ettaies d’oreiller satin de coton im-primé fuschias avec finition ruban

de satin. La faïencerie Gien conti-nue à séduire les amoureux de laqualité et du raffinement, et crééune nouvelle ligne intitulée « LaRoute des Indes » pour rendrehommage à ce pays et à la beautéde ses femmes. La société Linumfait fabriquer ses toiles à Tirupurau Tamilnadu. Plus de mille per-sonnes travaillent dans des ateliers

pour couper, tisser, colorer, coudreet emballer. « Blanc des Vosges »poursuit ses créations de haut ni-veau, et propose une parure de lit« Bengale » qui n’exclut pas la ré-férence au maïs !

Le Salon du Prêt-à-Porter Paris adonné les tendances qui feront visiter l’automne-hiver 2010-2011.Les fabricants indiens y étaienttrès présents. On a remarqué la collection complète d’AmitAggarwal à New Delhi, les robeshabillées de Reve et de UmeshVashisht (New Delhi), les bijoux,

écharpes et foulards de Citrus(Kolkata), les sacs et foulardsd’Antak, les accessoires de cheveuxd’Aries, etc. Citons encore AshokInternational à Kolkata, BobbyCreation, Bright Star de Comfort àDelhi, Creations à Hooghly (WestBengal), Elements à Gurgaon(Haryana), FABCO à Varanasi,Hang’n Hold à Ludhiana, Muchhalaà Mumbai, Nirmal Shawls deBaddi, etc.

Le Salon de la Maroquinerie et dela Chaussure a été placé sous le si-gne du voyage, de la nouveauté etde la découverte. Les plus grandsnoms ont participé : Benetton,Sysley, DDP, Garant, Naf Naf, RipCurl, Chevigon, etc. On notait laprésence de « Leather footwear »d’Agra et de « Oriental Exports » de Kolkata (sacs hommes et femmes).

Les Salons « Première Classe etWho’s Next » ont donné les derniè-res tendances notamment pour lesenfants de 0 à 16 ans. PreetiChandra de New Delhi a présentéses vêtements à Who’s Next.Defimex utilise le chanvre, le linet le coton indiens pour ses sacset autres objets. A « PremièreClasse » on a pu admirer les fou-lards et bijoux de Pashma, et lesécharpes et foulards de VintageShades.

Jusqu’au 19 septembre le Muséede la Marine à Paris expose« Tous les bateaux du monde » : la fabuleuse collection de l’amiralPâris. Ce dernier grand marin du19ème a mis en lumière la variétédes cultures maritimes. Ses plans,aquarelles, maquettes et ses écrits,ont permis de définir un nouveauchamp d’étude : l’ethnographie

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 23

Page 24: Inde 399 01 02 2010

24 Nouvelles de l’Inde n° 399

ÉCHOS ET SENTEURS DE L’INDE

nautique. Il prend part à troisvoyages autour du monde entre1826 et 1840. En Arabie, il admireles boutres de haute mer construitsen bois de teck de l’Inde qui trans-portaient des cargaisons de datteset de poissons séchés vers l’Afriqueou l’Inde. On peut découvrir grâceà Pâris, un bateau indien àMascate (1874), le dduunnggiiaahh. Acôté de l’Inde éternelle, il existeune Inde méconnue : celle de lamer et des fleuves. Beaucoup debateaux sont encore utilisés de nosjours sous une forme inchangéepar les pêcheurs artisanaux sur lescôtes indiennes. Sur la côte est, lesmmaassuullaa, petits bateaux à fond plat,permettent de transporter passa-gers et marchandises. Les kkaattttuu--mmaarraamm, simples radeaux de pêche,sont faits à partir de 3 à 7 piècesde bois assemblés par du cordage.L’amiral Pâris a représenté unecchheelliinngguuee accostant à Madras etun ppaannoowwaayy,, bateau de passage àagrafes métalliques de Calcutta(1876). Ci-dessous ppaattiilléé duGange avec sa structure en bam-bou, paille et chaume.

Jusqu’au 6 juin, la BibliothèqueNationale de France expose« Miniatures et peintures indien-nes ». Cette exposition a été orga-nisée à l’occasion de la publicationdu catalogue du fonds pictural in-dien du Cabinet des Estampes de laBNF. Ce volume comporte une in-troduction sur l’art de la peintureindienne, sa technique, l’histoire del’indianisme en France et les col-lections.

Voici les miniatures mogholes, lespeintures indiennes moins connuesde l’Inde du Sud et aussi des cartesà jouer. Les Ecoles provinciales ne

sont pas oubliées (Faizabad,Murshidagad, Farrukhabad). LesMoghols étaient sunnites alors queles Ecoles du Deccan étaient plutôtchiites (cf. Adhadnagar, Bijapur,Golconde, Hyderabad). L’apport in-dien provenait du dernier grandroyaume hindou de Vijayanagara.C’est le triomphe de l’art du por-trait : on sent un goût prononcépour le luxe, les étoffes, l’or et ledécor. Les « Company Paintings »exécutées à la demande de rési-dents européens, curieux desmœurs, métiers, castes, religions et

usages des Indiens. La collectioncomporte également de grandsdessins d’architectures réalisésaussi pour des voyageurs euro-

péens. L’exposition se termine surune toile représentant le plan dutemple de Jagannath à Puri, enOrissa.

Le Salon « Art Paris + guests » aattiré un public nombreux auGrand Palais. Avec la crise on pou-vait craindre que le marché de l’artcontemporain s’effondre. Or le scé-nario du début des années 1990 nes’est pas produit malgré la fortebaisse des résultats des grandesmaisons de vente. On notait la pré-sence de « The Guild Art Gallery »fondée à Mumbai en 1997, parShahini H. Sawhney. Cette galeriequi a une antenne à New York, ex-pose le travail d’artistes indiensnovateurs (Komu, Altaf, Vidya, etc)en matière de photographies, d’artconceptuel, de peinture, multimé-dia, etc. Le remarquable agenda2010 « International art diary » nemanque pas de signaler l’exposi-tion « Splendeur des maharadjas »à la Kunsthalle de Munich (jus-qu’au 23 mai). La galerie deFrancfort « Die Galerie » propose,parmi bien d’autres, une œuvre deRobert Combas « Au milieu le sa-dou Malvoisié ». Chez DanielTemplon, on admirait les dessins deValerio Adami : « Singing raga », « Mumbai’s pavement » et « LaNave India ».

E.B.

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 24

Page 25: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 25

QUIZZ

1. Quelle est la journée nationale de la science enInde ?

- 28 janvier- 28 février- 28 mars- 28 avril

2. Quel est le dirigeant du Parti du Congrès actuel-lement en Inde ?

- Mme Manecka Gandhi- Dr. Manmohan Singh- Mme Sonia Gandhi- Mayawati

3. Qui est le souverain indien qui, après avoir rem-porté une grande bataille, renonça à la guerre ?

- Vikramâditya- Ashoka- Kanishka- Harshavardana

4. Quelle ville indienne est associée à l’écrivainpoète Rabindranath Tagore, prix Nobel deLittérature en 1913 ?

- Calcutta- Delhi- Mumbai- Varanasi

5. L’ayurveda est :- Un texte sacré de l’Inde ancienne- Un type d’architecture- Une médecine traditionnelle- Une forme de gymnastique

6. Dans quelle ville se trouve le Temple de Surya ?- Varanasi- Konarak- Chennai- Chidambaram

7. A quelle hauteur culmine le Kanchenjunga ?- 4148 m- 4807 m- 8586 m- 6303 m

8. Parmi les danses folkloriques suivantes, quelleest celle pratiquée par les femmes du Punjab ?- Kalbelia- Garbha- Giddha- Ghumra

9. Le drapeau indien a été conçu par :- Motilal Nehru- Pingali Venkiah- Poti Sriramulu- Sarojini Naidu

10. De quel Etat est originaire le jeu de polo ?- Meghalaya- Rajasthan- Manipur- Bengale occidental

Réponses :1.bLe 28 février. Ce jour là, l’Inde rend hommage à C.V Raman, prix Nobel de physique en 1930, qui décou-vrit l’effet Rahman le 28 février 1928. Cette journée rend hommage à tous les scientifiques du pays pour leurcontribution au progrès et a pour but de diffuser le message de l’importance de la science et de sa contribu-tion à l’amélioration du bien-être de l’humanité ; 2.cMme Sonia Gandhi, épouse de l’ancien Premier MinistreRajiv Gandhi ; 3.bAshoka, troisième empereur des Maurya du Magadha ; c’est après la bataille de Kalingaqu’il s’est intéressé à la philosophie du bouddhisme ; 4.aCalcutta. R. Tagore est né et mort dans cette ville. Ily fit également une partie de ses études ; 5.dL’ayurveda (de ayur « vie » ou « force vitale » et veda « connais-sance ») est donc la science de la vie. Issu de la civilisation de la vallée de l’Indus, l’ayurveda existe depuis en-viron 5000 ans et a été transmis par le sanscrit et les védas (textes sacrés de l’hindouisme), notammentl’Atharvaveda ; 6.bKonarak dans l’Etat d’Orissa ; 7.cLe Kanchenjunga est un sommet de l’Himalaya, sur lafrontière indo-népalaise, à l’est du Népal, entre le district de Taplejung et l’État indien du Sikkim où il peutêtre vu notamment de la capitale Gangtok. Avec une altitude de 8 586mètres, c’est le troisième plus hautsommet du monde, après le Mont Everest et le K2, et le point culminant de l’Inde ; 8.c; 9.dSarojini Naidu ;10.cLe Manipur

LE COIN DES ENFANTS

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 25

Page 26: Inde 399 01 02 2010

26 Nouvelles de l’Inde n° 399

NOUVELLES DE L’INDE

« Seigneur soleil, roi de la création », dit-il, « je voussupplie de revenir et de guérir la terre. Vous êteschaud et brillant et nous avons besoin de cette cha-leur et de cette lumière. Rien ne pousse sans vous.Nous ne pouvons voir la beauté de la terre sans vous.Tout n’est qu’obscurité et désespoir ! Je parle au nomdes plus petits animaux et oiseaux. Nous n’avons rienà manger car les plantes ne poussent plus. Nous nousfaisons tuer par ceux qui chassent la nuit, car nous nepouvons pas nous cacher tout le temps ni voir dans lenoir. Nous ne voulions pas que vous partiez, mais per-sonne ne nous a écoutés. Ils n’ont écouté que le rugis-sement des gros animaux. »

Le soleil fut touché. « Si seulement il y avait davan-tage de créatures telles que toi », dit-il. « Je pense-rai à revenir. Mais vous êtes si peu. »

« Pas du tout », dit le coq. « La terre est pleine de pe-tites créatures. Certaines sont si petites que l’on peutà peine les voir. C’était stupide de leur part de laisserles plus gros faire le plus de bruit. Ils ne feront plus jamais cette erreur. Et je promets que je serai là tousles matins pour vous accueillir. »

Alors le soleil réapparut le matin suivant, et lepremier à l’accueillir fut le coq, chantant avec ravis-sement. Depuis ce jour, il en fut ainsi tous les matins.

101 folktales from IndiaEunice de Souza

Illustrations de Sujata Singh, Puffin Books

LE JOUR OÙ LE SOLEIL REFUSA DE BRILLERUN CONTE FOLKLORIQUE DU NAGALAND

Quand la terre était très jeune, tous les oiseaux etanimaux commencèrent à se plaindre que le soleilétait trop éclatant et trop chaud. Certains d’entreeux souhaitèrent même que le soleil ne se lève pastous les jours de telle façon qu’ils aient un peu de ré-pit. Alors qu’il passait d’un côté à l’autre de la terre,le soleil entendit tout ce qui avait été dit, et il étaitvraiment furieux. Aussi un matin, il refusa de selever.

Au début, les animaux et les oiseaux étaient vrai-ment contents. Il faisait frais. Ils pouvaient dormiraussi longtemps qu’ils le voulaient. Mais très vite,certains des oiseaux et animaux qui ne pouvaient pasbien voir dans le noir (et ils étaient nombreux) com-mencèrent à avoir vraiment faim. Ils se mirent à seplaindre de nouveau, mais cette fois parce que le so-leil n’était pas là. Ils se firent des reproches les unsles autres, et dirent que c’était une mauvaise idéed’avoir demandé au soleil de ne pas se lever.

Finalement, ils se réunirent et décidèrent d’envoyerune délégation pour plaider leur cause auprès du so-leil. Ainsi, un petit groupe d’oiseaux et d’animauxs’en allèrent voir le soleil et le supplièrent de revenir.

Mais le soleil était toujours très en colère. « C’estdommage ! » dit-il. « Vous auriez dû réfléchir claire-ment à ce que vous vouliez. J’aide les plantes à pous-ser, et les fleurs à s’épanouir. Tous les animaux et oiseaux, et même les hommes ont besoin de moi pourrester en vie, mais vous étiez trop bêtes pour le savoir. »

La délégation revint penaude. Mais chaque jour la viedevenait de plus en plus dure, et bientôt tout lemonde était en état de dépression et de désespoir.Qui pourraient-ils envoyer à présent ? Qui pourraitfaire revenir le soleil sur sa décision ? Finalement,quelqu’un suggéra d’envoyer le coq. Il avait belle al-lure, s’exprimait clairement et poliment, et le plusimportant, il ne s’était jamais plaint du soleil commel’avaient fait les autres.

Le coq était abasourdi. « Mais vous avez touséchoué ! » dit-il. « Les animaux et les oiseaux les pluspuissants lui ont parlé. Comment voulez-vous que j’yarrive ? »

Cependant ils continuèrent de le supplier. « Tu doissauver la terre », l’implorèrent-ils. Alors le coq partit,très réticent, à la rencontre du soleil.

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 26

Page 27: Inde 399 01 02 2010

ECONOMIE ET ENTREPRISE• Les investisseurs indiens continuent d’être les plus optimistes de Pan-Asie au premier trimestre de 2010Le sentiment de l’investisseur en Inde continue à être un des plus élevés des marchés pan-asiatiques (à l’exception duJapon) - l’index du sentiment de l’investisseur en Inde est monté à 174 au cours du premier trimestre 2010 contre 169 auquatrième trimestre 2009, grâce à l’optimisme envers la croissance et la forte demande intérieure, selon des donnéesrécentes de l’étude trimestrielle ING du tableau de bord de l’investisseur. (IBEF, CCXVII, 19 avril 2010)• Le marché pharmaceutique indien pourrait atteindre 50 milliards de dollars Selon un rapport de PricewaterhouseCoopers (PwC), l’Inde pourrait devenir l’un des plus gros marchés pharmaceutiques dansles dix prochaines années grâce à son expertise de sous-traitance et son leadership dans la production de médicaments génériques ou hors brevet et de vaccins. (IBEF, CCXVII, 19 avril 2010)• Infy empoche 150 millions de dollars avec la commande de Microsoft Infosys Technologies Limited, la deuxième plus grande entreprise de technologie de l’information en Inde, a obtenu uncontrat d’externalisation sur trois ans pour 150 millions de dollars avec Microsoft, pour gérer le premier picosatellite globaldu pays, conçu par un consortium de sept écoles d’ingénieurs de Bangalore et Hyberabad, pour l’Organisation Indienne dela Recherche Spatiale (ISRO), le 17 avril 2010. (IBEF, CCXVII, 19 avril 2010)• Le producteur de ciment Vicat a acheté 51% d’actions à la société Bharathi Cement Company Ltd pour couvrir le mar-ché du Sud, qui représente 40% du marché total du ciment indien. (IBEF, CCXIX, 3 mai 2010)

DÉVELOPPEMENT DURABLE • India Inc. utilise l’énergie solaire Après l’annonce de la mission solaire Jawaharlal Nehru en janvier cette année – dont le but est de faire un bond en avantdans l’installation de l’énergie solaire dans le pays – 25 sociétés au moins se sont manifestées et ont fait des propositionsd’investissement atteignant un total de 22,6 milliards de dollars au cours des trois à dix prochaines années. (IBEF, CCXVII,19 avril 2010)• La Banque nationale pour l’Agriculture et le Développement rural (NABARD) programme de développer un projet pilote sur le développement durable pour procurer des solutions complètes aux fermiers en leur fournissant des connais-sances techniques pour accroître la production et rehausser les talents de marketing. (IBEF, CCXIX, 3 mai 2010)

INFRASTRUCTURES• Le métro de Delhi a construit la station de lavage automatique de train la plus chère de l’Asie, pour un coût de 10,1 mil-lions de dollars au dépôt de Sultanpur sur la ligne de métro Gurgaon. (IBEF, CCXIX, 3 mai 2010)• L’Aéroport International Indira Gandhi à New Delhi inaugurera en juillet prochain un nouveau terminal, T3. Occupantune superficie de 520 000 m2, le terminal comptera 78 passerelles pour passagers, 168 comptoirs d’enregistrement, 68 as-censeurs, 31 escalators et 76 tapis roulants. Le terminal T3 est équipé pour recevoir l’Airbus A-380, le plus grand trans-porteur commercial du monde. 22 000 personnes travaillent actuellement à la construction de ce terminal. (India TravelOnline Vol. XII No 19)

SALONS• Mme Sheila Dikshit, le Premier ministre de Delhi, a inauguré le 23ème Festival touristique du Jardin au Jardin des Cinq Sens,organisé par le Tourisme de Delhi du 19 au 21 février. Le thème du festival cette année était les Jeux du Commonwealth àNew Delhi. Le festival a présenté une variété de plantes et de fleurs sous 32 catégories. Les visiteurs avaient la possibilitéd’acheter des plantes et des fleurs à l’extérieur du jardin. De plus, une variété de programmes culturels a été proposée auxvisiteurs. (India Travel Online Vol. XII No. 22)

DÉCÈS• M. Pran Seth, l’un des plus grands experts indiens du tourisme et auteur de plusieurs ouvrages est décédé le 6 avril 2010.Il a travaillé comme directeur régional de l’Office de Tourisme indien à New York et comme directeur général adjoint duTourisme à New Delhi. Dans son autobiographie. « Lahore to Delhi – Rising from the Ashes », récemment publiée, M. Pran Seth raconte commentle cours de sa vie en tant que jeune journaliste s’est adapté au cours de l’Histoire, depuis la période de la partition jusqu’àla construction de l’Inde et sa place sur la scène mondiale. (India Travel Online Vol. XIII N°01)

TOURISME• La Présidente de l’Inde, Mme Pratibha Patil, a inauguré le gigantesque projet touristique, la villa touristique avec un parcde loisir socio-culturel Khangchendzonga, à Ranka, dans l’est du Sikkim. Le gouverneur du West Bengal, M. M.K.Narayanan, également chargé du Sikkim, le Premier ministre, M. Pawan Chamling, les ministres du cabinet et de nombreuxdignitaires étaient présents pour l’occasion. « Le parc sera non seulement confortable pour les touristes, mais leur donneraaussi l’occasion de se rapprocher de la culture et du mode de vie locaux », a déclaré la présidente dans son discours inau-gural. La Présidente a souligné le tempérament paisible des habitants du Sikkim qui contribue à la croissance du tourisme dansl’État. (India Travel Online, Vol. XIII, no. 02)

NOUVELLES DE L’INDE

Nouvelles de l’Inde n° 399 27

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 27

Page 28: Inde 399 01 02 2010

Citation du mois« L’Inde est notre marché dont la croissance est la plus rapide »

J.S. Shin - PDG Samsung, Asie du Sud-Est

NOUVELLES DE L’INDE

• Le ministère indien du Tourisme a mis l’accent sur le développement et la promotion du tourisme sur une base durableet responsable concernant la sauvegarde de l’environnement comme décrit dans la Politique nationale du Tourisme en 2002. Au cours des dernières années, l’engouement pour le tourisme écologique a augmenté notamment pour les parcs nationauxet les réserves d’animaux. Un certain nombre d’interactions ont été organisées par le ministère du Tourisme et ses action-naires, le gouvernement et le ministère de l’Environnement et des Forêts dans le cadre du projet « Les tigres, notre beauténationale ». La politique du gouvernement indien consiste à développer une série de directives en faveur du tourisme éco-logique, dans les endroits où le tourisme a pris des formes durables, liées à la protection des réserves. Le gouvernement n’a aucune intention d’arrêter le tourisme dans les réserves de tigres, qui est une source de revenus nonnégligeable. (India Travel Online Vol. XIII N°03)• 104 hauts sommets, situés dans la région de Leh-Ladakh, qui jusque là étaient interdits aux alpinistes sont dorénavantaccessibles. Les expéditions devront néanmoins obtenir l’autorisation de l’Indian Mountaineering Foundation (IMF).Cette décision fera de l’Inde une destination de tourisme d’aventure plus compétitive. En effet jusque-là le Népal offrait plusde 100 expéditions d’alpinisme, le Pakistan une soixantaine et l’Inde ne proposait aux touristes que 30 expéditions. LePrésident de l’Adventure Tour Operators Associations of India (ATOAI), Tejbir Singh Anand, a déclaré que “les sommets inconnus attirent l’attention et nous espérons que ce sera bon pour l’industrie”. Il sera désormais plus facile d’obtenir uneautorisation. La demande doit être adressée à la FMI trois mois avant une expédition. (India Travel Online Vol. XII No. 19) • La ville rose de Jaipur a accueilli le Festival annuel de l’Eléphant, la veille de Holi avec des pachydermes magnifique-ment décorés qui n’ont pas manqué de faire l’admiration des centaines de touristes. Danseurs et musiciens étaient égale-ment de la partie. Le carnaval de trois heures a ajouté une nouvelle dimension au festival des couleurs au stade Chaugandans la ville fortifiée de Jaipur où le spectacle a inclus un défilé d’éléphants, une course au pot pour les touristes, une dansede Holi de Brij et une lutte à la corde entre gens du pays et touristes étrangers. Les éléphants superbement caparaçonnés,ont défilé devant le public avant de se rassembler au centre du stade avec leurs mahouts qui, munis de torches, ont fêtéHoli. Un feu d’artifice a clôturé la soirée. Pour la première fois, un concours d’éléphants peints sur place a été organisé pourles touristes. (India Travel Online Vol XII No. 23)

AGRICULTURE• Deux systèmes agricoles de l’Inde ancienne, restés intacts depuis plus de 2000 ans et toujours fonctionnels, ont été ré-pertoriés par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en qualité de sites agricoles dupatrimoine mondial, à l’occasion de l’élaboration d’un premier répertoire. Koraput en Orissa et Kuttanad au Kerala font par-tie de la longue liste des Systèmes importants du patrimoine agricole mondial, qui inclut les Jardins de citrons du sud del’Italie et les bergers nomades Qashqai en Iran. Les sites bénéficieront du même statut et de la même attention du point dela préservation que les autres patrimoines mondiaux bien connus de l’ONU, tels que le Taj Mahal. Kuttanad, une ceintureagricole idyllique encerclant les rivières du Kerala, est le seul endroit où l’agriculture céréalière à grande échelle se pratiqueau-dessous du niveau de la mer. Koraput a été identifié comme un des centres d’origine du riz. Les indigènes de Koraput ontcultivé 79 espèces différentes de céréales, légumes secs et millets, dont une est unique, selon un dossier de la FAO. (IndiaTravel Online Vol. XIII N°02)

DISTINCTIONS• Le 29 avril dernier, Jet Airways, la première compagnie aérienne indienne privée, a été élue « meilleure compagnie in-ternationale » par les lecteurs du magazine Condé Nast Traveller Inde. Lors d’une cérémonie qui s’est déroulée à Bombay,Jet Airways a été sélectionnée pour cette prestigieuse récompense parmi de nombreuses compagnies internationales. Avec23 destinations internationales et 85 vols quotidiens domestiques, Jet Airways avec JetLite (sa compagnie low fare) est lapremière compagnie aérienne privée en Inde. Jet Airways exploite actuellement une flotte de 87 appareils, dont 10 Boeing777-300ER, 51 Boeing 737-400/700/800/900 classiques et de nouvelle génération, 12 Airbus A330-200 et 14 appareils mo-dernes turbo-propulsés ATR 72-500. Agée d’un peu plus de quatre ans et demi, la compagnie aérienne dispose de l’une desflottes les plus récentes du monde• Selon une enquête menée par le site Internet Hotels.com, la Tour Effel serait le monument le plus apprécié au mondeavant le Taj Mahal d’Agra qui arrive en troisième position et la statue de la Liberté de New York. La basilique St Pierre auVatican est au deuxième rang. Trois icônes américaines - le pont de Golden Gate, l’Empire State Building et la statue de laLiberté occupent les trois places suivantes. (India Travel Online Vol. XII No. 19)• C.P. Krishnan Nair, le président de la chaîne hôtelière Leela, chaîne d’hôtels de luxe, a reçu le Padma Bhushan, une desplus hautes distinctions civiles de l’Inde. M. Nair est également à la tête de résidences de vacances. Il a aussi reçu une autrerécompense de l’Association Internationale des Hôtels-Restaurants (IH&RA). C’est seulement la deuxième fois en 140 ansque cette récompense unique a été remise à un hôtelier international. Le précédent récipiendaire de cette récompense était M. Joseph Giacoponello, ancien Président des Leading Hotels of the World, New York. (India Travel Online Vol. XII No. 22)

28 Nouvelles de l’Inde n° 399

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 28

Page 29: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 29

REVUE DES LIVRES

Ouvrage de photosMurmures de dées-ses, photos des fem-mes de l’Inde ru-rale, introductionde Jean-Claude Car-rière, de Ruth van

der Molen, Ed. Atlantica.Ce livre de photographies est avanttout l’hommage d’une femme occi-dentale aux femmes indiennes etplus spécialement aux femmes del’Inde rurale. Hommage à leurbeauté, à leur courage, à leur di-gnité à travers une série de poèmesde Ruth van der Molen qui s’estinspirée des Upanishads. Femmesqui ne sont pas sans nous rappelerla Déesse Mère, celle qui fut dansla nuit des temps et ne cesse denous inspirer, de nous guider, nousfemmes de par le monde. Un défiléde femmes, jeunes ou plus âgées,s’offre à notre regard qui par pu-deur se posera sur le poème qui il-lustre les photos et nous donne àpenser, à communier avec ces fem-mes, en pensée.

Ouvrage de cuisine

Inde – Cuisine in-time et gourmande,de Padmavathi etBeena Paradin, Ed.Minerva.Cet ouvrage fait par-

tie de ceux qui retiennent l’atten-tion à plus d’un titre. D’une part lesillustrations d’Isabelle Rozenbaumsont belles, convaincantes, nousplongent dans l’univers de Pad-mavathi et Beena Paradin, mère etfille, passionnées de cuisine.D’autre part, au-delà des recettesqui nous sont proposées, c’est ladécouverte d’une famille indiennedu Kerala, dont l’une des fillesPadmavathi, cadette de huit en-fants, mariée à neuf ans, a finale-ment atterri en banlieue parisienneavec son mari dans les années 70.Le livre comporte plusieurs rubri-

ques qui nous initient à l’art decuisiner certaines préparations debase comme les masalas, le ghee etles pickles, quelques amuse-gueu-les et entrées, les différentes recet-tes de galettes et de riz, de légu-mes, la viande et les œufs, les pois-sons, les desserts et les boissonscomme le lassi ou moins connue, lacitronnade au gingembre. Dans ledernier chapitre, intitulé Le pla-card, nous trouvons tous les ingré-dients nécessaires à la confectionde ces recettes qui se sont trans-mises de mère à fille depuis quel-ques générations. Un beau livre àoffrir pour la fête des mères ! Pourinformation, Padmavathi et BeenaParadi donnent également descours de cuisine chez FraîchAttitude et Wabi Salon et Beenaanime une émission sur Cuisine.TVet a un blog http://tumefileraslare-cette.com

Ouvrages spirituels

L’Energie du silence deVimala Thakar, Edi-tions Accarias L’Origi-nel.« L’être humain totale-ment intégré, harmo-nieusement développé

est encore à naître », voilà ce quetente de démontrer Vimala Thakarqui, depuis des années, a choisi dedénoncer les obstacles dressés surle chemin de la liberté intérieure.Profondément marquée par sa ren-contre avec Krishnamurti en 1956,elle explique, et cela peut semblerplutôt étrange et incroyable à ceuxqui, traditionnellement, ont crueux-mêmes être des êtres hu-mains, que « le développement dela personnalité humaine consiste àse libérer de toutes les servitudes ».Ainsi, elle nous donne les clés pouraboutir à une profonde révolution,passant par la méditation et la ma-turité, qui permettront aux lec-teurs de découvrir l’énergie du si-lence.

Des Vedas au Chris-tianisme – Hommageà Philippe Lavastine,de Tara Michaël , Ed.Signatura, Montéli-mar. En rappel de son arti-

cle dans le n° précédent deNouvelles de l’Inde, consacré àVâsudeva Agrawala et à PhilippeLavastine, deux pionniers pour lacompréhension des Védas, TaraMichaël, bien connue pour ses ou-vrages sur le Yoga, présente ici sondernier livre, et paie une dette dereconnaissance à l’un de ses maî-tres. A travers sa tentative de resti-tuer le discours perdu d’un hommeremarquable, elle explore les simili-tudes saisissantes qui existent en-tre le symbolisme de la traditionprimordiale des Védas, la sagessedes Druvid ou Druides celtes, cer-taines idées-forces du Bouddhismeet les enseignements du Christ quiont structuré la vie médiévale, dé-gageant ainsi l’actualité de laTradition et le caractère antitradi-tionnel du monde moderne.

Romans

Les 3 erreurs de mavie, de Chetan Bha-gat, traduit de l’an-glais par SophieAslanides, Ed. LeCherche-Midi. Banquier le jour et

écrivain la nuit, Chetan Bhagat en-chaîne les succès littéraires. Sontroisième roman commence par unmail adressé à Chetan Bhagat lui-même par une personne vivant enInde qui lui annonce son intentionde se suicider. Nous sommes en2005 à Singapour. Troublé par cet envoi, l’auteur partà la recherche de ce mystérieux ex-péditeur et le retrouve dans un hô-pital d’Ahmedabad après sa tenta-tive de suicide.Là, commence le début du récit devie de Govind Patel, un jeune

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 29

Page 30: Inde 399 01 02 2010

30 Nouvelles de l’Inde n° 399

homme d’affaires, qui confiera àson auteur préféré les trois erreurscapitales qu’il a commises : perdreune petite fortune dans un maga-sin de sport, détruit par un trem-blement de terre ; se laisser séduirepar la charmante et délurée Vidya,la sœur de son meilleur amiIshaan ; tarder à tirer le jeune Ali,un gamin musulman, des pattesd’extrémistes hindous lors des évè-nements de 2002.Basé sur des événements réels,Chetan Bhagat nous offre un ro-man plein d’esprit, d’humour et detendresse. Ses personnages sontjeunes, ambitieux et passionnés etont les mêmes dilemmes moraux,sociaux et religieux que de nom-breux jeunes Indiens d’aujourd’hui,pris entre un monde globalisé etune société indienne très tradi-tionnelle. Ce roman est en coursd’adaptation à l’écran par le célè-bre Abhishek Kapoor, ce qui nepeut étonner au regard de laconstruction cinématographiquedu déroulement de l’histoire.

La nuit aux étoiles(titre original : Bol-lywood Nights) deShobhaa Dé, traduitde l’anglais par So-phie Bastide-Foltz,Editions Actes Sud.

Femme écrivain, journaliste, ancienmannequin, Shobhaa Dé a à sonactif une quinzaine de livres à suc-cès, dont certains furent des best-sellers, mais aussi livres objets descandale, puisqu’elle y traite del’émancipation des femmes. Sesromans sont désormais connuscomme une référence incontour-nable de la culture populaire et so-ciétale indienne. La Nuit auxEtoiles est son premier romantraduit en langue française. L’histoire est basée en partie sur lavie d’acteurs et actrices qui exis-tent ou qui ont vraiment existé etrapporte les heurts et malheursd’Aasha Rani, une ravissante ac-

trice qui voit à présent son étoilebriller au firmament du ciel deBollywood mais dont le parcours apourtant commencé sous d’assezsordides auspices. Célèbre produc-teur de films à Madras, son père aquitté sa famille pour une Lolita,abandonnant ses deux filles auxmains de leur mère, femme ambi-tieuse et intrigante. Celle-ci n’apas tardé à pousser Aasha, alorsâgée de quinze ans à peine, dans lelit de divers producteurs, distribu-teurs et acteurs influents, avecl’espoir de lui faire obtenir le rôlesusceptible de lancer sa carrière.Hélas pour elle, après avoir glo-rieusement franchi le seuil d’unfaux royaume aussi convoité qu’ilest cruel à ses sujets, Aasha com-met la terrible erreur de tomberamoureuse. Aasha qui tente quandmême de conserver sa part d’inno-cence et de liberté, se mue, aurythme d’un récit captivant, en unedénonciation subversive des my-thologies destructrices qui gouver-nent le monde contemporain. Lanuit aux étoiles est le roman quilève le voile sur la brutale réalitéqui se cache souvent derrière leluxe tapageur des milieux du ci-néma indien.

Ouvrages desociologie/économie

Nous ne sommes pasdes fleurs – deuxsiècles de combatsféministes en Inde,de Martine vanWoerkens, Ed. Albin

Michel. En lisant cet ouvrage de Mar-tine van Woerkens, ingénieur derecherches à l’EPHESS, une phrasemérite d’être soulignée car elledonne un éclairage juste sur ce su-jet si souvent galvaudé des femmesindiennes. « Il n’est presque jamaissuggéré que les oppressions quesubissent les femmes indiennessont un miroir des nôtres, passées

ou présentes ». Martine vanWoerkens connaît bien l’Inde etdepuis longtemps. Comme tous leslecteurs, elle n’est pas insensibleau charme de la femme indiennemais au-delà de cet exotisme fa-cile, elle nous livre ici le fruit desétudes qu’elle a pu mener sur lesujet. A travers dix portraits defemmes, choisies dans la périodecomprise entre la fin du XIXème etl’époque actuelle, l’auteur déclineles nombreuses facettes du combatdes femmes qui comme le men-tionne le slogan ne sont pas desfleurs mais des étincelles de feuqui ont su par petites touches in-terrompre le « continuum » del’histoire pour semer des grainesd’espoir pour des jours meilleurs.Progressivement les femmes ontoccupé l’espace public mais ellesne sont pas toutes d’accord quantaux libertés à défendre et auxmoyens de les obtenir. Martine van Woerkens lève pournous le voile de deux siècles decombats féministes en Inde.

Pourquoi l’Inde ?Promesses et risquesd’un géant émer-gent, de MichelTestard, CollectionVillage Mondial, Ed.Pearson.

Michel Testard qui travaille en Indedepuis près de dix ans où ilconseille les entreprises européen-nes dans leur stratégie de dévelop-pement, nous livre ici un ouvrageprécieux et qui a le grand méritede se lire facilement et de ne pasêtre ennuyeux tout en étant desplus sérieux. Il suffit de lire lapresse française quotidienne, LesEchos et la Tribune par exemple,pour se rendre compte combienl’Inde devient incontournablemême si elle demeure pour nousOccidentaux parfois énigmatique.Mais les Occidentaux doivent bienréaliser qu’ils ont tout intérêt àmieux en comprendre la com-

REVUE DES LIVRES

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 30

Page 31: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 31

plexité pour enfin oser travailleravec elle car il devient impératif,selon l’auteur, d’aller y travailler.Près de 700 entreprises françaises ysont déjà implantées mais certainssecteurs où la France excellecomme l’agroalimentaire, les trans-ports ou l’énergie ne sont pas en-core bien connus des Indiens. Au-delà du monde des affaires, c’estaussi l’Inde sociale, politique et hu-maine que l’auteur nous présente àtravers des anecdotes, des exem-ples qui font de cet ouvrage un vé-ritable mode d’emploi pour décou-vrir cette future grande puissancequi n’en finit pas de nous étonner.

Le roman de l’Inde in-solite, de CatherineGolliau, Ed. du Ro-cher. Une distance énormeexiste entre un renon-

çant et un brillant industriel, entreun homme modeste et une étu-diante de Delhi. Cependant ils sonttous tenus ensemble par le senti-ment commun d’indianité. Ici pasde certitude, le doute s’impose : ilfaut savoir décrypter l’apparence.Tout change, tout peut être remisen cause, même le dharma.L’occidental a plusieurs visions del’Inde : l’humanitaire, la princière,la spirituelle, et enfin celle de latechnologie et du grand business.La démocratie indienne épate laplanète. L’histoire passe par le fil-tre des poètes, des philosophes, desmystiques et par les grandes épo-pées antiques. L’homme indien sepense d’abord collectif, chacunconnaissant sa place. Les inonda-tions, les raz-de-marée font partiede l’histoire des Indiens. Les Aryensseraient les ancêtres des Indiens(arya signifie noble, moral, pur). LaMahabharata présente des simili-tudes troublantes avec l’Iliaded’Homère. Parfois l’homme croit sebattre contre l’homme, mais iln’est qu’un jouet dans la main desdieux. Par des gestes simples et

une pensée sincère, l’homme peutfaire corps avec le dieu qu’il achoisi d’adorer. Curieux de tout,Akbar invite les jésuites, « hommesen noir » pour comprendre le chris-tianisme. Il voudrait mêler l’âme dela Perse à celle de l’Inde. Déçu parses fils, il meurt de chagrin ;comme Ashoka il avait prôné la to-lérance. L’auteur affirme : ici letemps ne compte pas, mais on res-pecte l’autorité et on a le cultede l’excellence intellectuelle. AAhmedabad l’Inde fabrique l’élitede la mondialisation : ici on ne re-nonce pas à la méritocratie.

Carnet de voyage

Les Indes françaises,textes et illustra-tions d’Arnaud d’Au-nay, Ed. Gallimard.

Les Indes françaises ne sont plusmais Arnaud d’Aunay a publié il y aquelques années déjà, en 2001, uncarnet de voyage sur les anciensComptoirs de Pondichéry, Chan-dernagor, Yanaon, Karikal et Mahé.Et c’est ainsi que grâce à son for-midable coup de crayon et à sestalents d’aquarelliste que l’auteurnous fait voyager et remonter letemps. Au fil des pages s’entremê-lent éléments typiquement indienset souvenirs du passage de laFrance à travers des monuments,des maisons, des églises, des palaiset une végétation luxuriante.

Ouvrages Jeunesse

Shubha, Jyoti et Bha-gat vivent en Inde, dePhilippe Godard, il-lustrations de SophieDuffet, Ed. La Marti-nière.

Cet ouvrage, préfacé par Domini-que Lapierre qui évoque la vie dif-ficile des enfants vivant dans laCité de la Joie, présente l’Inde briè-vement et son histoire puis le par-

cours de trois enfants, Shubah deTanjavur dans le sud, Joyti deCalcutta dans le nord-est etBhagat qui vit dans un village dunord, Norangpur qui parlent res-pectivement le tamoul, le bengaliet le hindi. A travers la vie quoti-dienne de ces trois enfants, les jeu-nes lecteurs français pourront dé-couvrir une société différente de laleur, des religions autres que cellesque nous connaissons en France,des fêtes nombreuses et colorées,la vie à l’école, des coutumes, unmode de vie si éloigné du nôtre. Unlivre qui ouvre sur l’autre, différentet pourtant si semblable dans lefond.

La souris de Vish-nou, texte de MurielCarminati et illus-trations de Frédé-rick Mansot, Ed.

Picquier Jeunesse.

Un livre rempli de malice commeon les aime ! Que peuvent fairePriyanka et Rahul, deux enfantsdont la mère est morte et dont lepère est absent, qui sont gardéspar leur oncle, le terribleMaharajah du royaume de Marat-pur et qui s’ennuient mortelle-ment ? D’autant plus depuis queleur oncle a reçu d’un Anglais uncadeau dont il devient fou, un trainminiature en argent, en remercie-ment des terres allouées par leMaharajah pour y construire leRoyal Orient Railway. C’est alorsqu’intervient Padma, petite sourisgrise, et qui a la brillante idée desemer la panique lors d’un banquetau cours duquel les convives voientdéfiler devant eux le train minia-ture qui dessert devant chacun lesmets qui auraient pu être les plusdélicieux mais Padma est passéepar là… pour le plus grand bonheurdes enfants qui, bientôt, verrontleur oncle chassé du royaume etêtre remplacé par leur père. ❑

Samia Rizoug,Viviane Tourtet et E.B.

REVUE DES LIVRES

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 31

Page 32: Inde 399 01 02 2010

32 Nouvelles de l’Inde n° 399

LE COIN DES ÉCHOS

Manifestations• L’ambassadeur Ranjan Mathai ainauguré la première conventiond’affaires industrielle “Euro IndiaTransportation Systems” (EITS) or-ganisée par le Conseil général de laMoselle et son organisme de déve-loppement économique, MoselleDéveloppement, qui s’est tenue du17 au 19 novembre 2009 à Metzparallèlement au colloque interna-tional “Dynamiques industrielles etCompétitivité des Territoires”. Dansson discours d’inauguration, l’am-bassadeur a évoqué les relationséconomiques et commerciales quise développent de plus en plus entrel’Inde et la France, la politique vi-sant à attirer l’investissement enInde ainsi que les opportunités d’in-vestissement dans le pays. Il aajouté que la conclusion rapide d’unaccord élargi entre l’Inde et l’Unioneuropéenne non seulement dynami-serait le commerce mais augmente-rait aussi la confiance des investis-seurs des deux côtés. M. Mathai aardemment promu les IDE en Indenotamment dans le secteur des in-frastructures.

La convention EITS était principale-ment axée sur six filières identi-fiées : automobile, rail, truck et bus,aéronautique, construction de navi-res et prestations logistiques. Envi-ron huit cents sociétés européen-nes et quatre-vingt dix entreprisesindiennes étaient présentes à cetteconvention où se sont déroulésquelque 3 000 rendez-vous d’affai-res B2B qui ont été préalablementprogrammés, faisant ainsi de cetévénement la plus grande rencontreindo-européenne dédiée aux systè-

mes de transport. Le Conseil généralde la Moselle a organisé, au coursde l’année consacrée à la prépara-tion de cette convention, trentethématiques et quatre conférencesde presse en Inde.

• Le Chef de Mission adjoint, M.Mohan Kumar, a participé à la tableronde 3 du 19.11.09 ayant eu pourthème “L’Inde : un partenaire éco-nomique pour l’Europe, la Fran-ce,l’Allemagne, les Territoires et leursindustries”. Les participants à ce dé-bat convenaient du fait que lessynergies entre la France et l’Alle-magne seraient fort utiles à la Fran-ce pour pénétrer le marché indien.

• Le 15ème Festival Internationaldes Cinémas d’Asie de Vesoul (31janvier au 7 février 2010) a rem-porté un vif succès comme chaqueannée. Mme Namrata Kumar,Conseiller de l’Ambassade de l’Indeainsi que M. V. Narayanan, Deuxiè-me Secrétaire, étaient présents lorsde l’inauguration. Les professionnelsdu cinéma indien présents cette an-née étaient Mme Indu Shrikent, co-directrice du célèbre Festival Osian’sCinefan de cinéma asiatique etarabe de New Delhi et Président del’Osian’s Connoisseur of Arts, invitéepar le Festival International desCinémas d’Asie de Vesoul en tantque membre du Jury International.Tous les films primés seront présen-tés à Paris du 7 au 9 avril au Muséedes arts asiatiques-Guimet à Paris.L’Inde était représentée par deuxlongs métrages : « Gulabi Talkies »de Girish Kasaravalli et « JodhaAkbar » de Ashutosh Gauwarikar. Ledocumentaire « La Danse de l’en-chanteresse » d’Adoor Gopala-krishnan et Brigitte Chataignier,portait sur la danse Kathakali. Lejour de l’inauguration, le chanteurPaban Das Baul accompagné parMme Mimlu Sen s’est produit. Lelong métrage “The Damned Rain” deSatish Marwar a reçu le Grand Prixdu Jury International et le Prix Coupde Cœur Public INALCO. Le film do-cumentaire “The superman ofMalegaon” de Faiza Khan a reçu le

Prix du Jury Jeune et le Prix Coup deCoeur Guimet.

• Mme Namrata Kumar, Conseil-lère (Presse, Information & Culture)a assisté au Festival internationaldu Film FEMI à la Guadeloupe quis’est tenu du 29 janvier au 6 février2010. L’Ambassade de l’Inde a prêtéà cette occasion quatre grands clas-siques (Bobby, Dil Se, Devdas etYaadon ki Baraat). Ce fut l’occasionpour Mme Kumar de rencontrer desreprésentants d’associations de cul-ture indienne, de découvrir les tra-ditions guadeloupéennes et notam-ment indo-guadeloupéennes. Elles’est également entretenu avecM. Ernest Moutoussami, ancienmaire de Saint-François qui a orga-nisé des rencontres avec le ConseilRégional de Guadeloupe.

L’ambassadeur Ranjan Mathai et le sénateur Philippe Leroy.

Mme Francette Zubar et Mme GinetteBarlagne : Administrateurs de

l'Association Les amis de l'Inde(ACGAI), M. Jocelyn Nagapin :Président de l'Association deRecherche Ethnographique et

Interculturelle (ACREI, Mme Kumar,Conseiller (PIC) de l'ambassade

de l'Inde et Mme Annick Raghouberdu Conseil Guadeloupéen pour laPromotion des Langues Indiennes

(CGPLI)

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 32

Page 33: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 33

LE COIN DES ÉCHOS

• Plusieurs chercheurs français ontparticipé à la Conférence interna-tionale Retrouvailles camusiennes-Revisiting Camus organisée par leDépartement de français de l’Uni-versité de Mumbai en collabora-tion avec l’ICSSR et l’Ambassadede France en Inde. Le consul géné-ral de France a inauguré la confé-rence. Plus de 200 personnes ontassisté à la conférence qui a réuni17 orateurs du monde entier qui ontparlé de différents aspects de l’œu-vre d’Albert Camus. Cette conférence a été organiséepour commémorer le 50ème anniver-saire d’Albert Camus, le plus jeunelauréat français du prix Nobel.

• Le Bulletin Intérieur du ConseilGuadeloupéen pour la Promotiondes Langues Indiennes du 29 mars2010 informait par ailleurs ses lec-teurs que trois lycéennes ont passél’option hindi au baccalauréat. Ils’agit d’épreuves anticipées de lan-gue comptant pour la session dejuin 2010 du baccalauréat. Deux descandidates sont du lycée de Sainte-Anne (Olivia Kandassamy et SandyMoutous-samy), l’autre est du lycéeCharles Coeffin de Baie-Mahault,Ganesha Rolle. Cette dernière a déjàeffectué sa pré-inscription universi-taire pour poursuivre ses études enhindi au cours de l’année scolaireprochaine. L’épreuve écrite, de deuxheures, a consisté à répondre, enhindi, à des questions et à rédigerune rédaction à partir d’un texte,d’une page, extrait d’une œuvre enlangue originale. C’est la deuxièmeannée consécutive que des élèvesguadeloupéens se présentent àl’épreuve optionnelle de hindi aubaccalauréat. Pour la session 2009,Laury Rangassamy était la seulecandidate.

• Le Ministre indien des textilesaccompagné d’une délégation de

haut niveau en visite en France du1er au 3 février 2010 a rencontré lesindustriels du textile français et eu-ropéens. Lors de cette rencontre, M.Maran a mis l’accent sur les oppor-tunités spécifiques du marché in-dien du textile et de l’habillement eta appelé les grandes marques fran-çaises textiles et habillement à nonseulement vendre sur le marché lo-cal mais aussi à installer des usinesde production en Inde pour satis-faire les besoins des marchés mon-diaux et aussi investir davantagedans ce secteur.

Le ministre a présidé le SymposiumFrance-Inde organisé le 2 février2010 au Four Seasons Hotel GeorgeV sur les opportunités de coopéra-tion entre l’industrie française etl’industrie indienne dans les sec-teurs du Textile, de l’Habillement etde la Mode. Le ministre a égalementrencontré certains des plus gros in-vestisseurs et acheteurs potentielsdu textile et de l’habillement et ilest envisagé que des contrats departenariat puissent être conclusdans un proche futur.Les plus grandes entreprises indien-nes de textile et habillement notamment Alok Industry (www.alokind.com), S.Kumars Nation-wide Ltd (www.sknl.com), SELManufacturing Co. Ltd , (www.rssalujagroup.com), Shahi Exports(www.shahi.co.in), Bombay RayonFashions Ltd (www.bombayrayon.com), B.K.S Textiles Pvt Ltd. (www.bkstextiles.in), Ginni Filaments(www.Ginnifilaments.com) ont ac-compagné le Ministre de textiles. Les représentants des associationsindiennes de textiles à savoirMessieurs Premal Udani, et VimalKirti Singh de « Apparel ExportPromotion Council »(AEPC www.aepcindia.in).Monsieur A. Sakhtivel, « Federationof Indian Export Organizations »(FIEO www.fieo.org), MonsieurV.S.Velayutham, « The Cotton Tex-tiles Export Promotion Council ofIndia » (TEXPROCILwww.texprocil.com), Monsieur Britto M. Joseph,Handloom Export Promotion Cou-ncil » (HEPC www.hepc.com) et

Monsieur Ganesh Gupta, « TheSynthetic Rayon Textiles ExportPromotion Council » (STRPECwww.srtepc.org) faisaient égale-ment partie de cette délégation.

A l’issue de cette visite, unProtocole d’Accord a été signé entrela Fédération Française de laCouture, du Prêt-à-Porter desCouturiers et des Créateurs deMode, la Confederation of IndianTextile Industry (www.citiindia.com) et l’Apparel Export PromotionCouncil of India.

• Le Ministre indien des Industriesagroalimentaires, M. Subodh KantSahai, s’est rendu en France entreles 3 et 5 février 2010. Il était ac-compagné d’une délégation dehauts représentants du Ministère etdes hommes d’affaires M. RakeshBharti, Président du Conseil natio-nal de l’Agriculture de la Confede-ration of Indian Industry (le patro-nat indien) et Vice Président etDirecteur général de Bharti Enter-prises Limited et M. K. Jalan,Président de la Division spéciale desProduits laitiers de la Confederationof Indian Industry et Président deKeventer Biotech Limited.Au cours de son entretien avec leMinistre français de l’Alimentation,de l’Agriculture et de la Pêche, M.Bruno Le Marie, le Ministre indien avivement conseillé à la France, quiest un des leaders mondiaux dans lesecteur de l’agroalimentaire, à en-

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 33

Page 34: Inde 399 01 02 2010

34 Nouvelles de l’Inde n° 399

LE COIN DES ÉCHOS

courager ses entreprises à investiren Inde où l’industrie agroalimen-taire doit être renforcée. Lors de sonéchange avec la Secrétaire d’Etatchargée du Commerce extérieur,Mme. Anne-Marie Idrac, M. Sahai asouligné les opportunités considéra-bles qu’offre le marché indien del’agroalimentaire. La délégationd’hommes d’affaires indienne a prispart à ces deux réunions aux côtésdes représentants français del’agroalimentaire tels que Danone,Lactalis, Bonduelle, Carrefour etRoquette.M. Sahai et sa délégation ont visitéles laboratoires de l’Agence fran-çaise de Sécurité Sanitaire desAliments (AFSSA), le marché inter-national de Rungis et se sont entre-tenus avec l’Institut internationaldu Froid (IIF). Des rencontres B2Bont été organisées par Ubifrancepour la délégation d’hommes d’af-faires. Par la suite, toute la déléga-tion s’est rendue à Quimper où uneréception a été organisée en leur

honneur par le Maire et un déjeuneroffert par le Préfet. Les visites àl’Institut technique agro-industrielADRIA, la biscuiterie Filet Bleu et àl’usine de légumes Bonduelleétaient fort intéressantes.L’Ambassade d’Inde en France encollaboration avec la CCI franco-in-dienne a organisé le 5 février 2010une rencontre pour les investisseurs

dans le secteur agroalimentaire àlaquelle a participé vingt-cinq en-treprises et investisseurs français. Ladélégation a également visité lesGrands Moulins de Paris, et a eu untemps d’échanges avec l’Organisa-tion internationale de la Vigne etdu Vin. Pour conclure, une réceptionleur a été offerte par l’Ambassadeurd’Inde en France, M. Ranjan Mathai,à laquelle était conviée les princi-pales entreprises françaises du sec-teur.

• La Fondation Pierre Bergé-YvesSaint Laurent a inauguré le 9 fé-vrier 2010 sa 12ème exposition decostumes qui durera du 10 févrierau 9 mai 2010 consacrée auxcours princières indiennes « Ma-harajas » qui présente une soixan-taine de costumes et accessoires duGrand Durbar à l’Indépendance(1911-1947) provenant de laHutheesing Heritage Foundation.

• Les Escales indiennes, sous lahoulette de M. Jean-Claude Rous-seau, a inauguré son édition 2010qui se déroulera de janvier à juin2010, le 11 février dernier en pré-sence de l’ambassadeur de l’Inde, M.Ranjan Mathai et de M. MaximeBono, Député de la Charente-Maritime, Maire de La Rochelle,avec l’exposition consacrée àHemant Morparia et GeorgesWolinski, caricaturistes indiens etfrançais respectivement : « Im-

pressions croisées de Bombay, parWolinsky et de La Rochelle parMorparia ». Une autre exposition « Voyager en Inde, de la Renais-sance à Pierre Loti », exposition desfonds iconographiques de la média-thèque était également présentée.En 2010 et 2011, avec l’aide del’Alliance Française de Bombay, par-tenaire du Centre intermondes et deCulturesFrance, La Rochelle propo-sera un certain nombre de manifes-tations visant à présenter diversesfacettes de l’Inde d’hier et d’au-jourd’hui.

• Le Lions Club de Val-Mont enBourgogne a reçu Sujata Baja qui aexposé ses oeuvres pendant unedurée de deux semaines auCreusot en février pour la secondefois puisqu’elle avait déjà exposé en2003. L’événement a été accueilliavec succès. Etaient présents àl’inauguration le Maire du Creusot,M. Billardon, l’Adjoint au Maire à laCulture, le président du Lions Clubde Val-Mont ainsi que Dr. KaisseChopra, ancien président du LionsClub et son épouse.

• Un Festival de Musique Mili-taire international s’est tenu à NewDelhi (Inde) du 25 février au 9 mars 2010, dans lequel les orches-tres d’un certain nombre de pays

De gauche à droite : le président duLions Club de Valmont, Dr Chopra,Sujata Bajaj, M. Billardon, maire du

Creusot et l’adjoint au maire à la culture

M. Sahai et Mme Idrac lors de leurdéjeuner de travail à Bercy le 03.02.10

M. Sahai (à gauche) et S.E.M. RanjanMathai lors de la réception en

l'honneur du Ministre le 05.02.10 à la résidence de l'Ambassadeur

M. Georges Wolinski, M. Maxime Bono,maire de La Rochelle, l’ambassadeur

M. Ranjan Mathai et M. Hemant Morparia

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 34

Page 35: Inde 399 01 02 2010

Nouvelles de l’Inde n° 399 35

LE COIN DES ÉCHOS

étrangers ont participé. L’Invitéd’honneur pour la cérémonie étaitMme Pratibha Patil, la Présidente del’Inde.

Une cinquantaine de contingentsde la France ont aussi participé à cefestival. L’orchestre français s’estproduit dans un certain nombre delieux historiques indiens et a été sa-lué par la population indienne.

• Mme Namrata Kumar, Conseiller(Presse, Information & Culture) aété auditionnée le 24 mars 2010 auSénat dans le cadre du groupe detravail de la Commission de laCulture, de l’Education et de laCommunication sur le Centre desmonuments nationaux (CMN) enprésence de Mme Françoise Férat,orateur. Ce groupe a pour objet de dresserle bilan et les perspectives d’avenirde l’évolution des missions et dupérimètre du CMN, responsable dela protection, de la préservation et

de la gestion économique d’unecentaine de monuments anciensclassés comme « bâtiments lis-tés ». Mme Namrata Kumar a ex-pliqué le rôle et l’histoire del’Archaeological Survey of India,notamment son rôle dans la pro-tection des monuments anciens, cequ’était la Mission nationale surles Monuments et Antiquités, quelrôle joue l’Etat au niveau central etdes Etats, quelle est la politiquemenée par l’Inde en terme de cul-ture, la promotion du tourisme.

• Le 28 février 2010, la fête deHoli a été célébrée dans toutel’Inde. Mais pour une raison deconvenance, elle a été fêtée le7 mars à Marseille sous le hautpatronage de l’ambassade de l’Indeen France et en présence de sonExcellence Monsieur RanjanMathai, ambassadeur de l’Inde enFrance, par l’association CentreCulturel Indien Tagore (CCIT).Etaient également présents desnotables de la ville de Marseille,notamment M. le Maire adjoint,Dominique Tian, Mme la Conseil-lère Municipale, Serena Zhouaghi,M. l’Adjoint au Maire, GérardVitalis.

La salle polyvalente était rempliede spectateurs, plus de trois cents,dès 15h et peu après la fête a com-

mencé avec solennité. Après lediscours de bienvenue par Mme. M.Le Marchand et ceux de MM.Vitalis et Dominique Tian, SonExcellence M. Ranjan Mathai, dansson discours inaugural, a soulevél’importance des fêtes telles queHoli. Voici sa remarque sur la fêteet la paix : « Le monde d’au-jourd’hui a bien besoin des leçonsque nous procurent les fêtescomme Holi pour entrer dans uneère de paix en combattant les for-ces du mal. Je suis heureux deconstater que la France et l’Indepartagent cette vision et ce pointde vue et travaillent ensemble àapporter la prospérité à leurs ci-toyens attachés à la paix. »A la suite de son discours, Monsieurl’Ambassadeur a évoqué aussi leséchanges culturels entre la Franceet l’Inde. Il a rappelé la visite mu-tuelle des deux chefs d’Etat, auxdeux pays et le grand événement àvenir « Namaste France » en ré-ponse au « Bonjour India » de laFrance. Son discours a été accueilliavec applaudissements soutenus.Après les discours ont commencéles manifestations culturelles, no-tamment des danses classiques del’Inde : Bharatanatyam, Odissi, etc.Une collation a été offerte par lerestaurant Ashoka conjointementavec le centre CCIT. Cette collationa été suivie par des danses« Bollywood » et des jets de cou-leurs. Comme Krishna et les Gopisau jardin de Brindavana, les spec-tateurs s’en sont donné à cœur joiepour jeter des couleurs sur leursamis et leurs proches. A la fin de lafête tout le monde était bien co-loré. Ainsi la fête de Holi s’est ter-minée dans la joie et les couleurs.(Vasundhara Filliozat) ❑

©Pho

to S

énat

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 35

Page 36: Inde 399 01 02 2010

Inde Janvier-Fev. 2010 (bis) 5/01/12 13:44 Page 36