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Indicateurs et outils de mesure Évaluer l’impact des activités humaines sur la biodiversité ? EXPERTISE ET SYNTHèSE

Indicateurs et outils de mesure - Actu-Environnement

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Indicateurs et outils de mesureEacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

ExPErtIsE Et synthegravesE

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Introduction

La plateforme intergouvernementale sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) a publieacute en mai 2019 un rapport drsquoeacutevaluation agrave lrsquoeacutechelle mondiale de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques tregraves alarmant Dans ce contexte les indicateurs drsquoeacutetat drsquoimpact et de reacuteponse ont un rocircle cleacute agrave jouer pour passer agrave lrsquoaction et enrayer le deacuteclin du vivant Pour lrsquoensemble des acteurs publics et priveacutes des acteurs eacuteconomiques aux citoyens consommateurs en passant par lEacutetat et les collectiviteacutes ces indicateurs doivent aider agrave engager les changements pour permettre aux socieacuteteacutes humaines de srsquoorienter vers des trajectoires socio-eacuteconomiques durables assurant une meilleure coexistence avec le reste du vivant et la preacuteservation de celui-ci

Depuis de nombreuses anneacutees un grand nombre drsquoindicateurs a eacuteteacute deacuteveloppeacute certains ont eacuteteacute adopteacutes par les gouvernements ou par la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) degraves 2004 Ils ont eacuteteacute proposeacutes par des acteurs divers ONG universitaires pouvoirs publics acteurs priveacuteshellip

Au-delagrave de leur conception la demande drsquoanalyse et drsquoeacutevaluation des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute est eacutegalement geacuteneacuterale Elle est exprimeacutee par le Conseil drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB les pouvoirs publics notamment le ministegravere de la transition eacutecologique Elle srsquointegravegre agrave la fois dans les objectifs du Plan Biodiversiteacute (actions 30 et 31) et dans les actions internationales pour preacuteparer un agenda post-2020 pour la biodiversiteacute qui sera finaliseacute lors de la 15e Confeacuterence des Parties (COP 15) de la CDB Elle alimente en outre la reacuteflexion meneacutee par lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) de lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB ex-AFB) pour lrsquoeacutelaboration drsquoun jeu drsquoindicateurs de suivi de la biodiversiteacute au niveau national

Les deacutependances directes et indirectes des acteurs agrave la biodiversiteacute

Les indicateurs doivent permettre lrsquoeacutevaluation de la deacutependance des socieacuteteacutes humaines agrave la biodiversiteacute Cette deacutependance peut ecirctre caracteacuteriseacutee par la notion de laquo services eacutecosysteacutemiques raquo ainsi que par la notion de laquo contributions de la nature aux humains raquo purification drsquoeau pollinisation fertiliteacute des sols deacutegradation et recyclage de la matiegravere organique eacutepuration de lrsquoair preacutevention et reacutegulation des pathogegravenes et des ravageurs des cultureshellip La deacutegradation de ces services affecte les socieacuteteacutes agrave plus ou moins court terme

La posture des entreprises secteurs et filiegraveres du secteur priveacute marchand est diverse face agrave la question de la deacutependance et des indicateurs Certaines filiegraveres exploitent directement le vivant et partagent avec la biodiversiteacute

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une relation eacutetroite qui se traduit drsquoune part par un usage et des impacts sur la biosphegravere drsquoautre part par des beacuteneacutefices et un potentiel de deacuteveloppement eacuteconomique Pour ces acteurs la biodiversiteacute repreacutesente une part fondamentale de leur performance et de leur reacuteussite agrave moyen ou long termes les avantages qursquoils en retirent sont deacutejagrave en partie quantifieacutes Pour drsquoautres secteurs ou filiegraveres cette deacutependance est ressentie comme secondaire voire inexistante La preacuteservation de la biodiversiteacute peut alors ecirctre veacutecue comme un coucirct voire un frein au deacuteveloppement eacuteconomique ou au travers du respect des reacuteglementations nationales un eacuteleacutement non neacutegligeable de distorsion de concurrence

Neacuteanmoins pour tous les acteurs les contributions indirectes de la biodiversiteacute agrave travers les services eacutecosysteacutemiques sont essentielles mais restent souvent mal ou peu quantifieacutees Des indicateurs et des outils deacutevaluation de la deacutependance directe ou indirecte locale ou globale agrave la biodiversiteacute sont donc neacutecessaires pour deacutecider en connaissance de cause ndash par exemple pour lrsquoEacutetat eacutelaborer des politiques publiques

Engager des changements systeacutemiques de la deacutependance aux impacts et agrave leur reacuteduction

Lobjet des indicateurs est de rendre compte de cette deacutependance Cette publication examine les indicateurs et outils qui aident les acteurs agrave rendre compte des impacts de leurs activiteacutes sur la biodiversiteacute et agrave les reacuteduire

Les indicateurs et les outils doivent favoriser la transition eacutecologique en passant des objectifs aux engagements Ils doivent aider tous les acteurs publics et priveacutes les deacutecideurs politiques et eacuteconomiques agrave lrsquoeacutechelle drsquoun territoire ou drsquoun pays agrave estimer comparer et surtout agrave reacuteduire leurs impacts directs et indirects sur la biodiversiteacute agrave ameacuteliorer leurs reacuteponses face au deacuteclin de cette derniegravere Ces indicateurs doivent ecirctre lisibles et compreacutehensibles par lrsquoensemble des parties prenantes

Cadre et objectifs de cette publication un focus sur des indicateurs drsquoimpact en plein deacuteveloppement

Lrsquoambition des travaux conduits par la FRB et par lrsquoONB preacutesenteacutes dans cette publication est de donner des pistes pour ameacuteliorer des outils de mesure des impacts qui se deacuteveloppent Elle rend compte des ateliers et du colloque scientifique organiseacutes en octobre 2019 Leur objectif eacutetait drsquoinstaurer un dialogue entre acteurs ndash deacuteveloppeurs drsquooutils et utilisateurs potentiels ndash et chercheurs acadeacutemiques autour de la question des indicateurs de la biodiversiteacute et de la mesure de lrsquoimpact eacutecologique des activiteacutes humaines

Les questions suivantes ont preacutesideacute agrave lrsquoorganisation du travail tout au long de lrsquoanneacutee

ndash Quels sont les indicateurs et outils disponibles pour mesurer les impacts des activiteacutes humaines ndash Comment sont-ils eacutevalueacutes ndash Peut-on proposer un indicateur global de biodiversiteacute comme il existe un indicateur global pour le climat

Cette publication srsquoest concentreacutee sur une seacutelection drsquooutils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Elle procegravede agrave une analyse approfondie de leur construction et de leur potentiel drsquoapplication agrave diffeacuterentes eacutechelles et dans des contextes sectoriels diffeacuterents ainsi que de leur pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute Ces outils de mesure reposent sur une approche pluridimensionnelle inteacutegrative qui tente de lier activiteacutes pressions et impacts sur la biodiversiteacute en une seule chaicircne Ils srsquointeacuteressent agrave diffeacuterent niveaux drsquoapplication un produit et son cycle de vie un projet et ses sites une entreprise et ses uniteacutes opeacuterationnelles

Il srsquoagissait eacutegalement de questionner la pertinence de lrsquoutilisation de ces outils ndash srsquointeacuteressant drsquoabord au secteur priveacute marchand ndash par les pouvoirs publics

Le travail engageacute a permis de dresser un eacutetat des lieux des connaissances sur des outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute sur leur utilisation de questionner leurs fondements et pertinence scientifiques de mettre en avant leurs atouts et leurs lacunes ainsi que leur conformiteacute avec les attentes des utilisateurs

Les conclusions de lrsquoeacutetude et des ateliers preacutesenteacutes dans cette publication ont permis de balayer bonnes pratiques et meacutethodes et de discuter de pistes drsquoameacutelioration possibles Onze recommandations et pistes drsquoactions sont ainsi proposeacutees pour ameacuteliorer la pertinence des outils drsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute et en faciliter lrsquoutilisation

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7 1 Les outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute 8 11 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute une question reacutecurrente 9 12 Deux approches les indicateurs de suivi et les outils drsquoeacutevaluation des impacts 9 121 Les indicateurs de suivi pressions eacutetat ou reacuteponses 9 122 Les outils drsquoeacutevaluation des impacts activiteacutes pressions et impacts 9 123 Des initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices 10 13 Utilisation actuelle et potentiel de deacuteploiement des outils drsquoeacutevaluation des impacts 10 131 Meacutethodologie et repreacutesentativiteacute de lrsquoenquecircte 11 132 Les principaux reacutesultats de lrsquoenquecircte 14 14 Deux cadres conceptuels majeurs pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute 15 141 Le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) 16 142 Le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie des produits et services

21 2 Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute 22 21 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute est-il possible drsquoadopter la mecircme deacutemarche que pour le climat 22 211 Le modegravele du changement climatique et de lrsquoeacutequivalent carbone 23 212 Le cas de la biodiversiteacute emboicirctements et facettes 25 22 Le deacuteveloppement drsquoune meacutethodologie drsquoeacutevaluation comme tentative de reacuteponse 26 221 Le choix des outils agrave eacutevaluer 26 222 Une description succincte des sept outils eacutevalueacutes 28 223 Le cadre de reacutefeacuterence et les items de lrsquoeacutevaluation 29 224 Le deacuterouleacute et les reacutesultats de lrsquoeacutevaluation 30 23 Les reacutesultats syntheacutetiques des eacutevaluations des outils 30 231 Product Biodiversity Footprint (PBF) 34 232 Product Biodiversity Footprint for Financial Institution (BFFI) 38 233 Global Biodiversity Score TM (GBS) 42 234 Biodiversity Impact Metric (BIM) 46 235 Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric 50 236 Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC) 53 237 Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

59 3 Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs 60 31 Quelques approches inteacutegratives compleacutementaires aux outils 60 311 La compleacutementariteacute des cadres Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et Analyse de cycle de vie (ACV) 61 312 Lrsquoapproche par les laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo (EBV) 62 313 Le cadre DPSIR appliqueacute au cadre conceptuel de lrsquoIpbes 66 32 Les recommandations et pistes drsquoactions

73 4 Conclusion

77 5 Annexes 78 Annexe 1 Les questions de lrsquoenquecircte 79 Annexe 2 Les questions de la grille drsquoeacutevaluation scientifique 81 Annexe 3 La liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeurs indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019 84 Liste des acronymes et abreacuteviations utiliseacutes 87 Liste des cartes tableaux et figures 88 Bibliographie

SOMMAIRE

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Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

La notion de biodiversiteacute est relativement reacutecente dans le paysage de la recherche et de la socieacuteteacute civile puisqursquoelle a eacuteteacute populariseacutee au deacutebut des anneacutees 1980 (Franco et al 2013) Deacutefinie de faccedilon simple comme laquo tissu vivant de la planegravete raquo source de nombreux services la biodiversiteacute est avant tout le fruit de plus de trois milliards drsquoanneacutees drsquoeacutevolution En 1992 le premier accord mondial sur la conservation et lrsquoutilisation durable de la diversiteacute biologique est signeacute Il permet de reconnaicirctre que la conservation de la diversiteacute biologique est laquo une preacuteoccupation commune agrave lrsquohumaniteacute raquo et qursquoelle fait partie inteacutegrante du processus de deacuteveloppement

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Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

11 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute une question reacutecurrente

Agrave travers les usages les pratiques les modes de ges-tion de la biodiversiteacute les activiteacutes humaines exercent des pressions Sous lrsquoeffet de ces pressions directes et indirectes la biodiversiteacute srsquoeacuterode agrave une vitesse alar-mante Lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques publieacutee en 2019 par la Plateforme intergouvernementale scientifique et poli-tique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) identifie cinq grandes pressions directes res-ponsables de lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

bull changement drsquousage des sols et des terresbull exploitation des espegraveces et des habitatsbull changement climatiquebull pollutionsbull espegraveces exotiques envahissantes

La prise de conscience au niveau politique interna-tional de lrsquoimportance de la biodiversiteacute et de son eacutero-sion a conduit les institutions mondiales et reacutegionales au deacutebut des anneacutees 1970 agrave adopter des conventions relatives aux eacutecosystegravemes au vivant mais aussi aux pollutions et agrave la qualiteacute de lrsquoair (France Diplomatie 2005) puis agrave partir des anneacutees 1990 agrave deacutevelopper des meacutethodes drsquoeacutevaluation des performances environne-mentales Depuis les anneacutees 1970 acteurs publics et priveacutes srsquoengagent aussi en faveur de lrsquoenvironnement et de la biodiversiteacute (UICN 2014) souvent agrave travers le prisme du deacuteveloppement durable En parallegravele les leacutegislations europeacuteenne et franccedilaise eacutevoluent et demandent aux acteurs priveacutes marchands et aux col-lectiviteacutes drsquoune part drsquoeacutevaluer les incidences de leurs projets sur la biodiversiteacute et drsquoautre part de prendre en compte les questions environnementales (incluant pressions et protection de la biodiversiteacute) au mecircme titre que les preacuteoccupations sociales et drsquoen rendre compte aupregraves des parties prenantes et des services de

lrsquoeacutetat Plusieurs concepts eacutemergent eacutegalement dans le registre des laquo ressources raquo pour alerter sur les limites de la planegravete (caractegravere eacutepuisable des ressources si elles sont exploiteacutees non durablement) et lrsquointerdeacutepen-dance des entreprises aux milieux naturels

De faccedilon plus speacutecifique lrsquoeacutetat franccedilais srsquoest enga-geacute depuis plusieurs anneacutees agrave proteacuteger la biodiversiteacute par le biais de lois et de dispositifs fiscaux (notam-ment la loi relative agrave la protection de la nature de 1976 et la loi sur la protection et la mise en valeur des paysages de 1993) de strateacutegies nationales pour la biodiversiteacute (SNB de 2004 et 2011) des modifications du Code de lrsquoenvironnement et du Code rural et de la pecircche maritime et reacutecemment par promulgation de la loi pour la reconquecircte de la biodiversiteacute de la nature et des paysages (9 aoucirct 2016) et lrsquoadoption du Plan biodiversiteacute (4 juillet 2018)

Ainsi les entreprises et les collectiviteacutes se sont-elles empareacutees de la question sous lrsquoeffet drsquoinjonc-tions leacutegislatives ndash rapport de deacuteveloppement durable des collectiviteacutes rapport de responsabiliteacute socieacutetale pour les entreprises ndash et drsquoengagements volontaires pour des motifs varieacutes ndash respect de lrsquoenvironnement pour un deacuteveloppement eacuteconomique et social durable communication et positionnement diffeacuterenciant sur les marcheacutes etc ndash dans une logique de diminution des impacts et des pressions sur la biodiversiteacute pour lutter contre son eacuterosion Cette logique conduit au be-soin drsquoindicateurs et drsquooutils de mesure drsquoimpact sur la biodiversiteacute dans une approche similaire agrave ce qui est deacuteveloppeacute pour lutter contre le changement clima-tique avec la mesure de lrsquoempreinte carbone

Toutefois la difficulteacute agrave eacutevaluer et quantifier les im-pacts sur la biodiversiteacute potentiels ou reacuteels en fonc-tion de sceacutenarii et agrave de multiples eacutechelles (produits sites projets uniteacute drsquoactiviteacutes entreprises locales ou mondiales collectiviteacutes pays) constitue un possible frein agrave lrsquoaction fournir en ce domaine des eacuteleacutements drsquoappui drsquoaide agrave la deacutecision reste crucial

12 Deux approches les indicateurs de suivi et les outils drsquoeacutevaluation des impacts

Agrave partir des travaux deacuteveloppeacutes dans les champs scien-tifique et politique les organisations ndash non gouver-nementales priveacutees marchandes du secteur conseil publiques nationales ou internationales ndash srsquoorientent vers deux voies pour aider les responsables des poli-tiques environnementales publiques et priveacutees agrave srsquoy retrouver en termes drsquoeacutevaluation des impacts les indicateurs de suivi et les outils de mesure drsquoimpacts Si cette dichotomie est simplificatrice elle permet drsquoil-lustrer le propos La deacutefinition laquo drsquoindicateur raquo et les cadres conceptuels seront discuteacutes au point 3

121 Les indicateurs de suivi pressions eacutetat ou reacuteponses

Ils rendent compte de lrsquoeacutevolution de lrsquoeacutetat de la bio-diversiteacute pour une ou plusieurs de ses dimensions (par exemple lrsquoindicateur drsquointeacutegriteacute du peuplement drsquoOdonates qui repose sur un inventaire en un site donneacute compareacute agrave une liste drsquoespegraveces attendues lrsquoindicateur de Suivi temporel des oiseaux communs (STOC) qui permet drsquoeacutevaluer les variations spatiales et temporelles de lrsquoabondance des populations nicheuses drsquooiseaux communs) Ce type drsquoindicateurs peut ecirctre agreacutegeacute avec drsquoautres dimensions pour former des in-dices ou index de biodiversiteacute (par exemple lrsquoindice drsquohabitat des espegraveces (SHI) qui quantifie les chan-gements qui surviennent dans les habitats drsquoune es-pegravece et fournit une estimation des pertes potentielles de populations etou des augmentations du risque drsquoextinction)

Ces indicateurs srsquoinscrivent souvent dans le cadre laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) pour lequel on retrouve outre les indicateurs eacutecologiques drsquoeacutevolution de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des indicateurs socio-eacuteco-nomiques de suivi des pressions ou des reacuteponses de la socieacuteteacute La mise en correspondance de ces indicateurs combineacutes agrave la litteacuterature scientifique constitue une approche pour relier activiteacutes pressions et impacts

En France des indicateurs sont mis agrave disposition par lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) piloteacute par lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB) Au niveau international lrsquoIpbes preacutesente dans son rap-port une seacuterie drsquoindicateurs pour eacutevaluer lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute et les impacts des activiteacutes humaines

Il existe de nombreux deacuteveloppements meacutethodolo-giques pour de nouveaux indicateurs de ce type mais aussi des inventaires des jeux drsquoindicateurs existants ceci afin de proposer un ensemble commun drsquoindica-teurs (laquo set raquo de reacutefeacuterence permettant de composer un tableau de bord) adapteacutes aux besoins drsquoacteurs (entre-

prises collectiviteacutes) besoins theacutematiques (secteurs drsquoactiviteacutes ressources naturelles utiliseacutees) et juri-diques (rapportage)

122 Les outils drsquoeacutevaluation des impacts activiteacutes pressions et impacts

Ils visent agrave rendre compte des impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute pour une ou plusieurs de ses dimen-sions mais en inteacutegrant dans leur meacutethodologie de calcul la chaicircne complegravete activiteacutes ndash pressions ndash im-pacts Ils se basent sur des outils et modegraveles existants ou deacuteveloppent leur propre approche pour relier de faccedilon explicite ou non ces termes

Les deacuteveloppements meacutethodologiques de ces ou-tils inteacutegreacutes sont reacutecents et sont surtout destineacutes aux entreprises voire aux Eacutetats Ils se focalisent sur deux objectifs majeurs

bull Deacutefinir lrsquoimpact des activiteacutes sur la biodiversiteacute en termes drsquoeacutevaluation ex-post pour le rapportage lrsquoeacutevaluation des reacuteponses mises en place ndash notamment en matiegravere de politiques publiques ndash lrsquoameacutelioration des pratiques

bull Deacutefinir lrsquoimpact ex-ante pour la prise de deacutecision pour le deacuteveloppement drsquoactiviteacutes drsquoinvestissements

Ces deacutemarches aboutissent agrave la conception drsquooutils de mesure drsquoimpacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute baseacutes sur des meacutethodologies complexes pluridimensionnelles et avec des cadres drsquoapplication speacutecifiques (produit site uniteacute drsquoactiviteacute eacuteconomique etc) Ces outils aboutissant agrave terme agrave des indica-teurs quantitatifs ou qualitatifs mobilisent souvent les cadres laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) et laquo Ana-lyse du cycle de vie raquo (ACV) Crsquoest sur ces outils que porte la preacutesente eacutetude

123 Des initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices

Ces indicateurs et outils outre les aspects de rappor-tage obligatoire peuvent encourager et feacutedeacuterer les ac-teurs eacuteconomiques et politiques dans des deacutemarches transformatrices favorables agrave la biodiversiteacute

Parmi les initiatives particuliegraverement actives sur la question des indicateurs et outils citons celles qui ont eacuteteacute consulteacutees pour cette eacutetude

bull Initiative Aligning Biodiversity Measures for Busi-ness (ABMB) meneacutee par le Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations-Unies (UNEP-WCMC) Cette initiative reacuteunit les concepteurs drsquooutils drsquoeacutevaluation drsquoimpacts pour les entreprises afin de deacutevelopper une vision meacutethodologique et strateacutegique commune Lrsquoobjectif est de tendre vers des indicateurs robustes de contribution des entreprises aux objectifs mondiaux de preacuteservation de la biodiversiteacute

1110

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

breacutee du secteur priveacute marchand (346) du secteur public (282) et la socieacuteteacute civile (295) par lrsquointer-meacutediaire des Associations laquo Loi 1901 raquo et Fondations

Le domaine drsquoactiviteacute des reacutepondants inclut princi-palement des activiteacutes lieacutees agrave lrsquoenvironnement agrave lrsquoeacuteco-logie et au deacuteveloppement durable (449) suivi par les activiteacutes lieacutees agrave lrsquoagriculture et agrave lrsquoagroalimentaire (167) agrave lrsquoeacutenergie (9) au BTP et agrave lrsquoarchitecture (64) Drsquoautres domaines ont eacutegalement reacutepondu mais de faccedilon plus marginale conseil automobile chimie pharmaceutique enseignement formation hocirctellerie restauration tourisme mateacuteriaux immobi-lier fonction publique et interprofessions

Pregraves de la moitieacute des reacutepondants repreacutesentent les grandes entreprises avec un effectif de salarieacutes supeacuterieur agrave 250 personnes Les structures agrave effectif moyen petit et les microentreprises constituent res-pectivement 179 141 et 218 des reacutepondants En termes geacuteographiques la grande majoriteacute des reacute-ponses a eacuteteacute fournie par des acteurs baseacutes en France meacutetropolitaine et seulement 77 des reacutepondants sont baseacutes en outre-mer La reacutegion parisienne est plus particuliegraverement repreacutesenteacutee avec un reacutepondant sur deux exerccedilant son activiteacute en Ile-de-France et plus drsquoun reacutepondant sur quatre agrave Paris intramuros

132 Les principaux reacutesultats de lrsquoenquecircte

Des outils peu connusDrsquoapregraves les reacutesultats du sondage ces instruments restent encore meacuteconnus pour 385 des reacutepondants La diffeacuterence de populariteacute entre les indicateurs de suivi (laquo de base raquo) et les outils drsquoeacutevaluation des im-pacts (laquo agreacutegeacutes raquo) est double avec une visibiliteacute plus accrue des indicateurs de suivi reconnus par 41 des reacutepondants compareacute aux outils drsquoeacutevaluation des im-pacts agreacutegeacutes qui sont mentionneacutes par 205 des reacute-pondants (Fig 1) Parmi les indicateurs de suivi recen-seacutes le nombre drsquoespegraveces (autochtones remarquables envahissantes) le suivi de leurs populations et la ri-chesse speacutecifi que sont les mesures les plus citeacutees pour orienter la strateacutegie biodiversiteacute des reacutepondants

Parmi les outils drsquoeacutevaluation des impacts agreacute-geacutes citeacutes par les reacutepondants on retrouve des outils deacuteveloppeacutes par des organismes franccedilais Global Bio-diversity Score (CDC-Biodiversiteacute) Product Biodiver-sity Footprint (I Care amp Consult) et lrsquoIndicateur drsquoIn-terdeacutependance de lrsquoEntreprise agrave la Biodiversiteacute (FRB et Oreacutee) Les outils deacuteveloppeacutes par des organisations extra-nationales ndash Biodiversity Footprint for Financial Institutions Biodiversity Impact Metric Biodiversity Footprint Calculator Bioscope ndash ont eacuteteacute citeacutes par un seul reacutepondant

bull Plateforme europeacuteenne BusinessBiodversity (BB) mise en place par la Commission europeacuteenne Lieu drsquoeacutechanges elle aide agrave mieux comprendre les in-terdeacutependances entre les activiteacutes des entreprises le ca-pital naturel et la biodiversiteacute ainsi que les risques et beacute-neacutefi ces associeacutes Elle vise agrave deacutevelopper des outils dont des outils drsquoeacutevaluation des impacts permettant drsquointeacute-grer le capital naturel dans les activiteacutes eacuteconomiques

bull Plateforme France RSE de France Strateacutegie Cette plateforme nationale laquo formule des recommandations sur les questions sociales environnementales et de gouvernance souleveacutees par la responsabiliteacute socieacutetale des entreprises raquo Elle srsquoest notamment inteacuteresseacutee aux outils drsquoeacutevaluations des impacts des entreprises sur la biodiversiteacute

bull Organisation pour le Respect de lrsquoEnvironnement dans lrsquoEntreprise (OREacuteE) Cette association qui reacuteunit entreprises collectiviteacutes et organismes acadeacutemiques au service des territoires travaille sur les liens entre eacuteconomie et biodiversiteacute (interdeacutependances rappor-tage RSE) Crsquoest aussi le point focal de lrsquoInitiative Franccedilaise pour les Entreprises et la Biodiversiteacute deacutecli-naison du programme Global Partnership for Business and Biodiversity de la CDB

bull Entreprises pour lrsquoEnvironnement (EPE) Cette association regroupe de grandes entreprises franccedilaises

et internationales issues de tous les secteurs de lrsquoeacuteco-nomie Elle a notamment travailleacute sur les meacutethodes outils indicateurs et partenariats pour mieux appreacute-hender et geacuterer les impacts directs et sur lrsquoameacuteliora-tion de la prise en compte des impacts indirects des entreprises sur la biodiversiteacute agrave travers la gestion des impacts tout au long de la chaicircne de valeur

De nombreuses initiatives engagent ainsi les ac-teurs agrave reacutefl eacutechir agrave leurs pratiques Notons que cer-taines adoptent la notion de laquo capital naturel raquo (Pearce et al 1989) comme cadre de reacutefl exion Issu de la re-cherche en eacuteconomie (Aringkerman 2003) et populariseacute au deacutebut des anneacutees 1990 (OECD 1993) ce concept vise agrave inteacutegrer lrsquoenvironnement dans lrsquoeacuteconomie agrave comptabiliser ses valeurs et deacutegradations agrave penser la durabiliteacute des activiteacutes humaines

Le capital naturel recouvre les ressources natu-relles renouvelables et non-renouvelables et les ser-vices eacutecosysteacutemiques ndash termes agrave rapprocher dans le champ de lrsquoeacutecologie scientifi que aux eacutecosystegravemes et agrave la biodiversiteacute Un des postulats est que le fonction-nement des eacutecosystegravemes et la biodiversiteacute sont neacuteces-saires agrave la production de valeur dans lrsquoeacuteconomie ce sont des eacuteleacutements strateacutegiques agrave prendre en compte et dont il faut rendre compte

13 Utilisation actuelle et potentiel de deacuteploiement des outils drsquoeacutevaluation des impacts

Interpelleacutee par les membres de son Conseil drsquoorienta-tion strateacutegique (Cos) et face aux attentes politiques drsquoun indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute la FRB srsquoest empareacutee de la question des outils drsquoeacutevaluation des impacts afi n de porter agrave connaissance des outils deacutejagrave existants les eacutevaluer et ouvrir le deacutebat sur le besoin drsquoameacuteliorations meacutethodologiques baseacutees sur la recherche et les connaissances scientifi ques le be-soin drsquoappropriation de ces outils par les acteurs Une eacutequipe projet mixte a eacuteteacute constitueacutee avec lrsquoOFB (ex-AFB) pour mener cette eacutetude

Dans un premier temps la FRB a piloteacute une en-quecircte aupregraves drsquoacteurs de la socieacuteteacute afi n drsquoavoir un aperccedilu des perceptions et de la connaissance relative des indicateurs et outils drsquoeacutevaluation drsquoimpact sur la biodiversiteacute de leurs utilisations actuelles et poten-tielles des lacunes et diffi culteacutes de mise en œuvre des attentes vis-agrave-vis de ces indicateurs et outils et des pistes drsquoameacutelioration pour populariser et raffi ner ces outils

131 Meacutethodologie et repreacutesentativiteacute de lrsquoenquecircte

Lrsquoenquecircte a eacuteteacute co-construite par lrsquoeacutequipe projet Elle srsquoest preacutesenteacutee sous la forme drsquoun questionnaire divi-seacutee en quatre parties

bull informations geacuteneacuterales pour caracteacuteriser le reacute-pondant notamment en termes de type de structure et de secteur drsquoactiviteacute

bull eacutetat des lieux de la connaissance et de lrsquoutilisa-tion des indicateurs et des outils

bull attentes vis-agrave-vis des caracteacuteristiques de ces indi-cateurs et outils

bull pistes drsquoactions qui favoriseraient lrsquoutilisation des outils

Lrsquoenquecircte a eacuteteacute diffuseacutee en ligne du 5 mai au 15 juil-let 2019 aupregraves des membres du Comiteacute drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB et relayeacutee par lrsquoAFB vers lrsquoinitiative Capitales de la biodiversiteacute les observa-toires territoriaux de la biodiversiteacute des entreprises engageacutees dans la SNB etc et a fait lrsquoobjet de deux relances La liste des questions est en annexe 1 p78

78 personnes de 78 structures diffeacuterentes ont reacutepondu avec une repreacutesentation relativement eacutequili- FIGURE 1 COnnAIssAnCE Et UtILIsAtIOn DrsquoInDICAtEUrs DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute

non 385

Connaissez-vous des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Oui 41(indicateurs de base)

Oui 205(indicateurs agreacutegeacutes)

non 59

Oui 41(indicateurs de base)

1312

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Par ailleurs la faible connaissance de ces outils drsquoeacutevaluation des impacts est perccedilue par 577 des reacute-pondants comme eacutetant leur principale limite et donc comme un frein dans leur appropriation par les entre-prises Il est agrave noter que 295 des acteurs deacuteclarent ne pas utiliser drsquoindicateurs en raison de la meacutecon-naissance de ces outils

Un inteacuterecirct eacutemergent coupleacute agrave un besoin de plus drsquoaccompagnement

Parmi les reacutepondants 41 integravegrent des indicateurs de suivi dans leurs activiteacutes (Fig 1) et la totaliteacute des indicateurs utiliseacutes est constitueacutee de ce type drsquoindica-teur qui sont tregraves varieacutes et souvent deacutefinis en interne ou adapteacutes agrave lrsquoactiviteacute de lrsquoacteur Parmi les acteurs qui ont deacuteclareacute connaicirctre les outils drsquoeacutevaluation agreacute-geacutes 625 nrsquoutilisent pas drsquoindicateurs et 375 uti-lisent des indicateurs de suivi pour orienter leur stra-teacutegie biodiversiteacute

Les principales raisons pour lesquelles les outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute ne sont pas utiliseacutes par les reacutepondants sont

bull le manque de ressources neacutecessaires (financiegraveres connaissances personnel) (318)

bull la difficulteacute de mise en place (136)bull le manque drsquoencouragement etou de reacutecom-

pense pour lrsquoutilisation de ces outils (114)bull la difficulteacute agrave identifier un lien aveacutereacute avec la

biodiversiteacute bull le manque de donneacutees bull et la difficulteacute agrave collecter les donneacuteesPour les reacutepondants qui ont impleacutementeacute des outils

drsquoeacutevaluation drsquoimpacts de leur activiteacute sur la biodi-versiteacute dans leur process les principaux avantages annonceacutes sont le pilotage drsquoune strateacutegie biodiversiteacute et la mise en place des actions en faveur de la bio-diversiteacute (727) Lrsquoimage publique et les demandes des parties prenantes (citoyens clients habitants consommateurs etc) sont eacutegalement des facteurs fa-vorables agrave lrsquoutilisation des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute (485 et 515 respectivement)

Moins drsquoun tiers des reacutepondants deacuteclarent utiliser des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute sur la base drsquoune deacutemarche proactive pour prendre conscience de lrsquoimpact de lrsquoactiviteacute sur la biodiversiteacute et pour y remeacutedier (Fig 2)

Pour inciter agrave utiliser des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute lrsquoinformation et lrsquoappui agrave lrsquoappropriation agrave travers des guides deacutedieacutes semble ecirctre la mesure la plus pleacutebisciteacutee par lrsquoensemble des reacutepondants Pour les acteurs du secteur priveacute le son-dage reacutevegravele eacutegalement une vision plus pragmatique mettant en eacutevidence lrsquoimportance de la mise en place des obligations regraveglementaires accompagneacutee par lrsquoin-troduction des outils publics incitatifs (fiscaliteacute envi-ronnementale) et la possibiliteacute drsquoobtention drsquoun label Pour les acteurs publics lrsquoexistence de guides devra ecirctre renforceacutee par des engagements pour la croissance verte au niveau national alors que pour les repreacutesen-tants de la socieacuteteacute civile crsquoest la possibiliteacute drsquoobtenir un label qui est ressentie comme favorable agrave lrsquoutilisa-tion des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodi-versiteacute (Tableau 1)

Les reacutepondants estiment que les indicateurs et outils existants sont peu adapteacutes aux particulariteacutes sectorielles Ainsi un laquo indicateur ideacuteal raquo drsquoimpact sur la biodiversiteacute serait plutocirct un indicateur conccedilu par secteur drsquoactiviteacute (436 des avis) avec la prise en consideacuteration des particulariteacutes de chaque secteur Seul un quart des reacutepondants voient cet laquo indicateur ideacuteal raquo comme eacutetant drsquoapplication universelle

Lrsquoimpact du secteur des services sur la biodiversiteacute est identifieacute par les reacutepondants comme le plus com-plexe agrave estimer et agrave suivre par lrsquointermeacutediaire drsquoun indicateur Un manque de connaissance sur la traccedila-

biliteacute des impacts des fournisseurs et leur inteacutegration agrave toutes les eacutetapes de la chaicircne de production a eacutegale-ment eacuteteacute signaleacute et repreacutesente un frein Pour deacutepasser ces deacutefis les reacutepondants mettent lrsquoaccent sur le besoin de deacutevelopper une meacutethodologie facilement compreacute-hensible reacuteplicable et adaptable aux diffeacuterentes activi-teacutes Celle-ci devra ecirctre eacutegalement suffisamment simple agrave mettre en place par le personnel de lrsquoentiteacute lrsquoautre alternative pouvant ecirctre la prise en main par des ser-vices speacutecialiseacutes ayant pour but drsquoappuyer agrave lrsquoimpleacute-mentation de lrsquooutil

Des attentes fortes agrave lrsquoeacutegard des caracteacuteristiques des indicateurs

Alors que 372 des acteurs interrogeacutes deacuteclarent que les indicateurs et outils existants ne reflegravetent pas de maniegravere preacutecise lrsquoimpact sur la biodiversiteacute le son-dage reacutevegravele une prise de conscience de leur part sur la complexiteacute de la question et le besoin de deacutevelopper un outil fiable et pertinent vis-agrave-vis de la biodiversiteacute

Dans lrsquoideacuteal cet outil drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute devra ecirctre surtout robuste et rester fiable mecircme lorsque les conditions varient ceci est deacutesigneacute comme laquo tregraves important raquo ou laquo important raquo par 923 des acteurs Lrsquoindicateur ou outil ideacuteal de-vra eacutegalement ecirctre parlant et transmettre un message clair et facilement interpreacutetable une caracteacuteristique citeacutee comme laquo tregraves importante raquo par 718 des reacutepon-dants et laquo importante raquo par 192 des reacutepondants

Pour valoriser mes actions en faveur de la biodiversiteacute ou ameacuteliorer lrsquoimage

de mon activiteacute organisation

Pour prendre conscience de lrsquoimpact de mon activiteacute sur la biodiversiteacute

pour y remeacutedier

Pour piloter ma strateacutegie biodiversiteacute ou les actions que je mets en place

en faveur de la biodiversiteacute

Pour reacutepondre agrave une demande de mes parties prenantes (citoyens

clients habitants consomateurs etc)

Pour comparer lrsquoimpact de mon activiteacute avec drsquoautres entreprises

collectiviteacutes organisations

Pour obtenir des labels

Autres

0 20 40 60 80 100

FIGURE 2 LEs rAIsOns DrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute (PLUsIEUrs reacutePOnsEs POssIbLEs PAr LE MecircME reacutePOnDAnt)

10 30 50 70 90

Cl Secteur public Secteur priveacute Socieacuteteacute civile

1 Existence de guides pour des indicateurs et des outils

Existence de guides pour des indicateurs et des outils

Existence de guides pour des indicateurs et des outils

2 Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

Obligations reacuteglementaires Possibiliteacute drsquoobtenir un label

3 Possibiliteacute drsquoobtenir un label Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

4 Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

Possibiliteacute drsquoobtenir un label Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

5 Obligations reacuteglementaires Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

Obligations reacuteglementaires

CLAssEMEnt PAr OrDrE DrsquoIMPOrtAnCE DE MEsUrEs POUr InCItEr agrave LrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DE MEsUrE DrsquoIMPACt DEs ACtIvIteacutes sUr LA bIODIvErsIteacute

TABLEAU 1

1514

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Reacuteponses socieacutetales (deacutecisions et actions)

Informations

Ces deux caracteacuteristiques sont reconnues par 100 des reacutepondants comme des conditions impeacuteratives pour un outil drsquoeacutevaluation des impacts ideacuteal sur la biodiversiteacute (Fig 3)

En compleacutement par ordre drsquoimportance pour plus des trois quarts des reacutepondants lrsquooutil ideacuteal devra eacutega-lement ecirctre

bull sensible reacuteactif pour deacutetecter rapidement un changement significatif

bull inteacutegrer la prise en compte des caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques

bull ecirctre facile agrave mettre en placebull disposer drsquoune meacutethodologie simplifieacuteebull produire un reacutesultat quantitatif et mesurableEn revanche un indicateur baseacute sur lrsquoautoeacutevalua-

tion nrsquoest pas perccedilu comme ideacuteal

14 Deux cadres conceptuels majeurs pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Agrave partir des anneacutees 1990 les organisations interna-tionales et europeacuteennes deacuteveloppent des approches et des indicateurs pour eacutevaluer les performances environ-nementales des pays et lrsquointeacutegration des preacuteoccupa-tions drsquoenvironnement dans les politiques sectorielles Celles-ci serviront de base agrave lrsquoeacutelaboration drsquoindicateurs de suivi et des outils de mesure drsquoimpacts Il existe une diversiteacute drsquoapproches et de meacutethodes drsquoeacutevaluation des impacts mais deux cadres sont particuliegraverement mobi-liseacutes par les outils eacutetudieacutes ici le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et lrsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) Leur compleacutementariteacute est discuteacutee au chapitre 3 p 60

141 Le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER)

Du cadre PER agrave lrsquointeacutegration des forces motrices et des impacts

LrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomique (OCDE) publie un rapport qui reste au-jourdrsquohui une reacutefeacuterence Un indicateur y est deacutefini comme un laquo paramegravetre ou valeur calculeacutee agrave partir de paramegravetres donnant des indications sur ou deacutecrivant lrsquoeacutetat drsquoun pheacutenomegravene de lrsquoenvironnement ou drsquoune zone geacuteographique et drsquoune porteacutee supeacuterieure aux infor-mations directement lieacutees agrave la valeur drsquoun paramegravetre raquo

Trois critegraveres ideacuteaux sont preacuteciseacutes et raffineacutes en sous-critegraveres afin de seacutelectionner les indicateurs la per-tinence politique (repreacutesentativiteacute faciliteacute drsquointerpreacuteta-tion reflet des modifications de lrsquoenvironnement et des socieacuteteacutes comparabiliteacute internationale porteacutee nationale rapport agrave une valeur limite ou de reacutefeacuterence) la justesse drsquoanalyse (fondements theacuteoriques consensus inter-national rapport agrave des modegraveles eacuteconomiques et des systegravemes de preacutevision et drsquoinformation) et la mesurabi-liteacute (rapport coucirctbeacuteneacutefice raisonnable documentation disponible qualiteacute connue mise agrave jour reacuteguliegravere)

Enfin le rapport explicite le modegravele laquo Pressions ndashEacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) ndash deacuteveloppeacute initialement au

Canada au deacutebut des anneacutees 1980 (Stanners et al 2009) ndash ougrave les laquo indicateurs de pression raquo deacutecrivent les pressions exerceacutees sur lrsquoenvironnement par les acti-viteacutes humaines les laquo indicateurs drsquoeacutetat raquo deacutecrivent la qualiteacute de lrsquoenvironnement (ce sont les indicateurs lieacutes agrave la biodiversiteacute elle-mecircme) et les aspects qualitatifs et quantitatifs des ressources naturelles et les laquo indica-teurs de reacuteponse raquo correspondent aux reacuteponses de la socieacuteteacute (Fig 4)

Dans ce rapport la biodiversiteacute nrsquoest pas centrale crsquoest un des thegravemes abordeacutes parmi drsquoautres qui re-censent drsquoune part les laquo ressources naturelles raquo (eau sol forecircts) et drsquoautres part les laquo pressions raquo (chan-gement climatique eutrophisation pollution environ-nement urbain) En croisant ces thegravemes avec des activiteacutes sectorielles (agriculture industries extrac-tives meacutenages) le rapport esquisse une premiegravere matrice de correspondance laquo activiteacutes ndash pressions ndash eacutetat ndash reacuteponses raquo

Une version eacutetendue de ce modegravele drsquointeractions entre les systegravemes socio-eacuteconomiques et eacutecologiques est deacutecrite par lrsquoagence europeacuteenne de lrsquoenvironne-ment (EEA) en 1999 (European Environment Agency 1999) agrave travers le modegravele laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo (FPEIR plus connu sous lrsquoacronyme DPSIR pour Driving forces Pressures State Impact Responses)

FIGURE 3 LEs CArACteacuterIstIQUEs DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute DAns LrsquoIDeacuteAL

Eacutetat ReacuteponsesPressionsdirectes et indirectes

Activiteacutes humaines

ndash Eacutenergies ndash Transportndash Industriendash Agriculturendash Autres(production consommation commerce)

Eacutetat de lrsquoenvironnement et des ressources naturelles

ndash Air ndash Eaundash TerreSolndash Biodiversiteacutendash Ressources naturellesndash Autres(ex Santeacute humaine)

Agents eacuteconomiques et environnementaux

ndash Administrations ndash Meacutenagesndash Entreprises

ndash Localendash Nationalendash Internationale

Informations

Reacuteponses socieacutetales (deacutecisions et actions)

Deacutechets et pollution

Utilisation des ressources

FIGURE 4 CADrE PrEssIOns ndash eacutetAt ndash reacutePOnsEs SOuRcE OcDE 1993

robuste (mesure calcul de lrsquoindicateur indice restent fiables mecircme lorsque

les conditions varient)

Parlant (transmet un message clair et facilement interpreacutetable)

sensible reacuteactif (deacutetecte rapidement un changement signifiant)

Inteacutegreacute (prend en compte les caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques)

Produit un reacutesultat quantitatif et mesurable (comparable agrave la tonne

de CO2 pour lrsquoimpact climatique)

Facile agrave mettre en place (meacutethodologie simplifieacutee)

Disponible au public (en libre accegraves diffuseacute systeacutematiquement par les entreprises)

Preacutecis (faible marge drsquoincertitude ou drsquoerreur dans la mesure du pheacutenomegravene)

Obligatoire (sa mise en place est rendue obligatoire par la loi)

baseacute sur lrsquoautoeacutevaluation (lrsquoentreprise remplit un questionnaire)

0 20 40 60 80 10010 30 50 70 90

Pas important relativement important tregraves importantPeu important Important nA

1716

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Deacutefinition et caracteacuteristiques des indicateurs

Dans son rapport de 1999 lrsquoEEA souligne la fonction principale et centrale des indicateurs qui est la com-munication mais aussi un aspect essentiel qui est que les indicateurs environnementaux doivent pointer vers des aspects laquo typiques raquo ou laquo critiques raquo des relations complexes entre les espegraveces et leur environnement

En 2002 (European Environment Agency 2002) lrsquoEEA recense les indicateurs et les indices (ou indi-cateurs agreacutegeacutes) de biodiversiteacute internationaux et nationaux en les rapportant au cadre DPSIR Lrsquoeacutetude en deacutenombre 655 reacutepartis en diffeacuterentes theacutematiques (protection de la nature eacutenergie changement clima-tiques pecirccheries) Les reacutedacteurs notent deacutejagrave que les mecircmes sources de donneacutees sont utiliseacutees agrave des fins varieacutees au travers de cette grande diversiteacute drsquoindica-teurs que beaucoup drsquoindicateurs ont deacutejagrave eacuteteacute deacuteve-loppeacutes mais que peu sont utiliseacutes de faccedilon reacuteguliegravere que la complexiteacute de la biodiversiteacute et les besoins de recherche appellent agrave poursuivre le deacuteveloppement drsquoindicateurs et bien sucircr que les indicateurs choisis doivent lrsquoecirctre pour eacutevaluer lrsquoefficaciteacute des politiques environnementales europeacuteennes mais aussi pour reacute-pondre aux preacuteoccupations mondiales qui srsquoexpriment agrave travers la CDB

Lrsquoeacutetude liste aussi en se basant sur de nombreux travaux anteacuterieurs des critegraveres de seacutelection drsquoindica-teurs de biodiversiteacute Ceux-ci doivent ecirctre faciles agrave comprendre et pertinents sur le plan politique nor-matifs pour permettre la comparaison avec une situa-tion de reacutefeacuterence ou entre eacutetats solides sur le plan scientifique et statistique reacuteactifs aux changements dans le tempsespace techniquement reacutealisables et drsquoun bon rapport coucirct-efficaciteacute utilisables pour des sceacutenarios de projections futures orienteacutes utilisateurs et ils doivent fournir des informations factuelles et quantitatives permettre lrsquoagreacutegation au niveau natio-nal et multinational tenir compte de la biodiversiteacute speacutecifique agrave chaque pays

LrsquoEEA publie en 2005 son jeu central drsquoindicateurs environnementaux (European Environment Agency 2005) et propose une deacutefinition de ce qursquoest un indi-cateur diffeacuterente de celle de lrsquoOCDE laquo un indicateur est une mesure geacuteneacuteralement quantitative qui peut ecirctre utiliseacutee pour illustrer et faire connaicirctre de faccedilon simple des pheacutenomegravenes complexes y compris des ten-dances et des progregraves dans le temps raquo Notons que les indicateurs europeacuteens sont aujourdrsquohui classeacutes en cinq cateacutegories destineacutees agrave deacutecrire lrsquoeacutetat de lrsquoenviron-nement et surtout agrave eacutevaluer les politiques mises en place entremecirclant ainsi indicateurs laquo eacutecologiques raquo et indicateurs laquo socio-eacuteconomiques raquo

Atouts et limites

Le cadre PER permet de structurer les indicateurs drsquoune faccedilon qui facilite lrsquointerpreacutetation et la prise de deacutecision Toutefois si les indicateurs P E et R sont compleacutementaires ils ne sont pas lineacuteairement deacutepen-dants si les effets des pressions sont deacutecrits dans la litteacuterature scientifique ils ne sont pas simplement ad-ditifs et leurs porteacutees temporelle et spatiale pas neacuteces-sairement immeacutediates De la mecircme faccedilon une mecircme reacuteponse appliqueacutee dans des contextes diffeacuterents peut conduire agrave des changements diffeacuterents dans lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des reacuteponses peuvent ecirctre synergiques ou antagonistes etc Plus encore les reacuteponses inter-viennent agrave des eacutechelles spatiale et temporelle diffeacute-rentes et interviennent plus sur la dynamique des sys-tegravemes eacutecologiques que sur un eacutetat et cette dynamique ne deacutepend pas exclusivement des activiteacutes humaines elles-mecircmes dynamiques

Enfin les indicateurs eacutelaboreacutes dans le cadre PER ont souvent une porteacutee spatiale ou theacutematique rela-tivement restreinte (par exemple ils ne concernent qursquoune dimension de la biodiversiteacute telle que lrsquoabon-dance drsquoespegraveces) Cela peut conduire agrave neacutegliger des effets dus agrave la structure des paysages aux interactions (entre individus populations avec lrsquoenvironnement) les effets de pressions distantes (par exemple ruissel-lement de nutriments) ou dans le cas drsquoun produit ou drsquoun service agrave omettre des impacts pourtant preacutesents tout au long de son cycle de vie

Notons que le cadre PER met bien en eacutevidence entre pressions et reacuteponses le besoin de questionner lrsquoeacutetat souhaiteacute ou souhaitable la cible deacutepend de diffeacuterents objectifs eacutecologiques agrave eacutequilibrer avec des objectifs sociaux et eacuteconomiques (Levrel et al 2009)

142 Le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie des produits et services

Des ressources eacutepuisables aux impacts environnementaux

La theacuteorie de cycle de vie du produit trouve son ori-gine dans les anneacutees 1960 dans le champ de la re-cherche en eacuteconomie (Vernon 1966) pour lrsquoanalyse des changements des flux internationaux de produits manufactureacutes aux Eacutetats-Unis et des localisations de production en fonction de la demande Puis cette theacuteorie est reprise dans les anneacutees 1970 dans lrsquoap-proche analysant la demande lieacutee agrave la consommation avec les besoins en matiegraveres premiegraveres et ressources eacutenergeacutetiques toutes deux limiteacutees Crsquoest lrsquoeacutepoque de la publication du rapport The Limits to Growth (Mea-dow 1972) et de la crise peacutetroliegravere de 1973 lrsquoattention agrave lrsquoenvironnement est porteacutee sur lrsquoutilisation des res-sources eacutepuisables et la consommation drsquoeacutenergie plus

que sur les impacts environnementaux La meacutethodolo-gie de ce qui est appeleacute laquo ressource and environmental profil analysis raquo (REPA) aux Eacutetats-Unis et laquo eacutecobilan raquo en Europe srsquoaffine ensuite particuliegraverement dans le cadre des groupes de travail heacutebergeacutes par la Society of Environmental Toxicology and Chemistry (SETAC) La meacutethode prend un nouvel essor agrave la fin des anneacutees 1980 notamment lorsque les pollutions deviennent une preacuteoccupation mondiale et lorsque lrsquoEurope place la question des deacutechets solides de la consommation de matiegraveres et drsquoeacutenergie des emballages au cœur de sa politique La question de la prise en compte des im-pacts environnementaux devient essentielle et eacutevolue elle aussi (Bjoslashrn et al 2018) afin de couvrir les im-pacts sur lrsquoenvironnement naturel la santeacute humaine et les ressources naturelles Signalons lrsquoeacutemergence une deacutecennie plus tard de la notion de laquo limites planeacute-taires raquo (Rockstroumlm et al 2009) qui agrave partir du mecircme constat propose une approche diffeacuterente

En 1993 un standard meacutethodologique geacuteneacuteral de lrsquoACV est deacuteveloppeacute dans le cadre de lrsquoInternational Standards Organisation (ISO) (14040 publication 1997 mise agrave jour 2006) des standards deacutetailleacutes pour les diffeacuterentes phases du processus seront eacutegalement deacutefinis par la suite Lrsquoanalyse du cycle de vie (ACV) ndash

dont la deacutenomination a eacuteteacute stabiliseacutee en 1990 ndash y est deacutefinie (ISO 14040 2006) comme laquo la compilation et lrsquoeacutevaluation des intrants des extrants (produits matiegraveres eacutenergies) et des impacts environnementaux potentiels drsquoun systegraveme de produits au cours de son cycle de vie entendu comme les phases conseacutecutives et lieacutees drsquoun systegraveme de produits de lrsquoacquisition des matiegraveres premiegraveres ou de la geacuteneacuteration des ressources naturelles agrave lrsquoeacutelimination finale raquo Lrsquoanalyse du cycle de vie drsquoun produit ou drsquoun service est ainsi une meacutethode structureacutee et standardiseacutee au niveau international qui vise agrave estimer les impacts drsquoun produit ou drsquoun service tout le long de sa chaicircne de valeur agrave travers le temps et lrsquoespace depuis lrsquoamont neacutecessaire agrave sa production jusqursquoagrave son eacutelimination via quatre eacutetapes deacutefinition du peacuterimegravetre (objectifs de lrsquoanalyse et systegraveme eacutetudieacute) inventaire (flux de matiegraveres et drsquoeacutenergies entrants et sortants) eacutevaluation des impacts (transformation des flux en impacts) interpreacutetation des reacutesultats

Lrsquoestimation des impacts environnementaux est effectueacutee agrave partir de lrsquoinventaire en utilisant des mo-degraveles qui deacutefinissent des facteurs de caracteacuterisation lesquels lient des eacutemissions consommations activi-teacutes agrave des pressions (classification en laquo cateacutegories raquo ou midpoints) et des pressions aux impacts environne-mentaux finaux (classification en laquo atteintes raquo ou end-

Impacts intermeacutediaires

Impacts finaux ou dommages

Interventions(entreacutees sorties)

Zone de protection

Eacutemissions dans lrsquoatmosphegravere

Eacutemissions dans le sol et lrsquoeau

Occupation des sols et transformation

Eaux useacutees

Changement climatique

Changement drsquohabitat

Acidification

Eutrophication

Eacutecotoxiciteacute

Stress hydrique

Impact sur les services eacutecosysteacutemiques

Impact surla biodiversiteacute

Environnementnaturel

FIGURE 5 CADrE AnALysE DU CyCLE DE vIE SOuRcE TEIllARD et al 2016

modegraveles de caracteacuterisation

modegraveles de caracteacuterisation

1918

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

points) ndash cela par uniteacute de pression (par exemple pour un kg de ressources utiliseacutees ou un kg drsquoeacutemission) (Fig 5 Fig 6) Afin de rendre les impacts compa-rables les reacutesultats sont exprimeacutes dans une meacutetrique drsquoeacutequivalence

LrsquoACV permet aussi drsquoappliquer des facteurs de normalisation qui relient les reacutesultats de chaque cateacute-gorie drsquoimpact agrave une situation de reacutefeacuterence (souvent pour une anneacutee donneacutee et agrave lrsquoeacutechelle mondiale par exemple la consommation drsquoeau lrsquoanneacutee x) Cela per-met drsquoestimer la contribution drsquoun produit ou drsquoun service agrave cette situation de reacutefeacuterence

Le cas particulier des impacts sur la biodiversiteacute

Face agrave la multiplication des meacutethodes et outils drsquoACV le Programme des Nations-Unies pour lrsquoEnvironnement (PNUE) et la SETAC ont lanceacute en 2002 une initiative conjointe visant agrave harmoniser lrsquoapproche et agrave eacutetablir un consensus sur les modegraveles de caracteacuterisation En 2005 la Commission europeacuteenne met en place une plateforme sur lrsquoACV (European Platform on Life Cycle

Assessment ndash EPLCA) tandis que de nombreux centres de ressources se deacuteveloppent (Steacutefy 2019)

Afin drsquoinclure la biodiversiteacute dans les ACV de nombreux efforts ont porteacute sur lrsquoimpact de lrsquoutilisa-tion des terres (cateacutegorie laquo changement drsquohabitats raquo) transformation occupation et restauration influenccedilant les habitats et la biodiversiteacute Plusieurs meacutethodologies et facteurs de caracteacuterisation ont ainsi eacuteteacute deacutevelop-peacutes Pour drsquoautres cateacutegories de pressions ndash change-ment climatique utilisation de lrsquoeau eutrophisation ou acidification ndash les deacuteveloppements des modegraveles drsquoimpacts sont moins avanceacutes Certaines cateacutegories de pressions ndash espegraveces envahissantes exploitation des ressources ndash manquent quant agrave elle encore de travaux

Notons que par la diversiteacute des approches il nrsquoexiste pas de meacutethodes consensuelles pour eacutevaluer les impacts sur la biodiversiteacute Enfin une limite geacute-neacuterale reconnue des modegraveles actuels (Teillard et al 2016) et objet de nombreux travaux acadeacutemiques est la simplification des processus naturels dynamiques

Nous citons ici deux modegraveles deacuteveloppeacutes au cha-pitre 2 et une meacutethodologie mobiliseacutes dans les outils eacutevalueacutes

bull meacutethode ReCiPe qui permet drsquoexprimer une perte potentielle drsquoespegraveces (Potentially Disappeared Fraction of species ndash PDF)

bull modegravele GLOBIO3 qui permet drsquoexprimer une abondance moyenne drsquoespegraveces (Mean Species Abun-dance ndash MSA) par rapport agrave une reacutefeacuterence

bull meacutethodologie LC-IMPACT spatialiseacutee qui per-met lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact sur les eacutecosystegravemes ex-primeacutee en une perte potentielle drsquoespegraveces (Potentially Disappeared Fraction of species ndash PDF)

En matiegravere drsquoeacutevaluation des impacts de lrsquoutilisation des terres plusieurs modegraveles se basent sur les hypo-thegraveses formuleacutees agrave partir de la theacuteorie aire-espegraveces (specie-area relationship ndash SAR) plus une surface est grande plus la diversiteacute drsquohabitats est grande et plus le nombre drsquoespegraveces est grand et plus une surface est grande plus les populations sont de tailles impor-tantes limitant le risque drsquoextinction Ces hypothegraveses permettent drsquoeacutetablir des facteurs de caracteacuterisation liant la surface de terres utiliseacutees agrave la biodiversiteacute

Lrsquoinitiative PNUE-SETAC se penche entre autres sur ces meacutethodes drsquoeacutevaluation des impacts de lrsquoutili-sation des terres sur la biodiversiteacute et permet drsquoaffiner des points speacutecifiques irreacuteversibiliteacute des impacts heacute-teacuterogeacuteneacuteiteacute spatio-temporelle de leur reacutepartition clas-sification harmoniseacutee de lrsquoutilisation des terres etc

Des travaux scientifiques sont eacutegalement en cours afin drsquoestimer non plus la somme des pressions exer-ceacutees (approche cumulative) par les activiteacutes humaines dans diffeacuterentes reacutegions du monde mais les interac-tions entre pressions (addition synergie voire anta-gonisme) et leurs contributions relatives aux change-ments observeacutes de biodiversiteacute Des travaux (Bowler et al 2020) spatialiseacutes srsquointeacuteressent ainsi aux cinq grandes pressions citeacutees preacuteceacutedemment leurs distribu-tions leurs recoupements leurs intensiteacutes et les effets de leurs combinaisons Ils permettent de visualiser les diffeacuterentes reacutegions du monde avec le prisme de onze laquo complexes de menaces anthropiques raquo srsquoexerccedilant tant sur les biomes terrestres que marins et ils deacutetaillent les relations entre les pressions en fonction des latitudes des milieux et des histoires drsquooccupation des sols par les humains Ces travaux soulignent agrave quel point il est important de prendre en compte toutes les pres-sions qui srsquoexercent agrave un niveau reacutegional voire local

Ils deacutemontrent eacutegalement que la focalisation sur une ou deux pressions peut masquer un facteur essentiel de changement de la biodiversiteacute En effet les pres-sions sont correacuteleacutees entre elles et leurs influences sur les mesures et facteurs de changement sont lieacutees Agrave cela srsquoajoute la sensibiliteacute variable des espegraveces aux pressions

Atouts et limites

Un atout du cadre de lrsquoACV est son approche holis-tique (tous les stades de vie des produits et services) et sa souplesse quant aux peacuterimegravetres spatio-temporels de lrsquoeacutevaluation des impacts (eacutetapes hors du cycle et du moment de production eacuteloigneacutees ou diffeacutereacutees dans le temps) Son utilisation est reacutepandue pour lrsquoeacutevaluation de performances environnementales (eacutemission de gaz agrave effet de serre utilisation drsquoeacutenergies fossiles) son utilisation pour lrsquoeacutevaluation des impacts sur la biodi-versiteacute pourrait assurer une coheacuterence de la deacutemarche des acteurs ndash coheacuterence qui pourrait ecirctre renforceacutee par lrsquoadoption de modegraveles et de facteurs de caracteacuterisation communs

Toutefois il est difficile drsquoavoir la mecircme preacutecision agrave tous les niveaux de lrsquoACV par exemple en combinant un large peacuterimegravetre spatial des informations deacutetailleacutees sur lrsquoutilisation des terres en diffeacuterents points et des in-formations deacutetailleacutees sur les taxons impacteacutes Drsquoautre part en fonctions des meacutethodes employeacutees les fac-teurs de caracteacuterisation sont disponibles pour lrsquoeacutechelle globale ou par pays et sont absentes pour les eacutechelles plus fines De plus les meacutethodes largement utiliseacutees pour eacutevaluer les impacts sur la biodiversiteacute srsquointeacute-ressent agrave la composition speacutecifique (richesse ou abon-dance) neacutegligeant les aspects fonctionnels structurels et eacutevolutifs Des travaux sont cependant en cours pour mieux prendre cela en compte (par exemple functio-nal diversity indicator net primary production factor) La couverture taxonomique est aussi en cours de com-pleacutetion ndash plantes vasculaires essentiellement oiseaux mammifegraveres amphibiens et arthropodes dans une moindre mesure ndash les taxons reacutepondant diffeacuteremment aux pressions Enfin les eacutetudes ACV neacutecessitent de grandes quantiteacutes de donneacutees qui ne sont pas toujours disponibles ndash malgreacute la multiplication des bases geacuteneacute-ralistes et sectorielles ndash pour que les modegraveles des fac-teurs de caracteacuterisation soient preacutecis

Modegravele drsquoimpactImpacts intermeacutediaires (midpoints) Dommage (endpoints)

Particules fines

Ozone troposheacuterique (humain)

Rayonnement ionisant

Appauvrissement de la couche drsquoozone

Toxiciteacute humaine (cancer)

Toxiciteacute humaine (autre que cancer)

Reacutechauffement climatique

Usage des eaux

Ecotoxiciteacute aquatique

Eutrophisation des eaux douces

Ozone troposheacuterique (env)

Ecotoxiciteacute terrestre

Acidification des milieux

Utilisation transformation des terres

Ecotoxiciteacute marine

Eutrophisation marine

Ressources mineacuterale

Ressources fossiles

Augmentation du nombre des maladies respiratoires

Augmentation du nombre de divers types de cancer

Augmentation du nombre drsquoautres maladies

Augmentation de la malnutrition

Dommages aux espegraveces drsquoeau douce

Dommages aux espegraveces terrestres

Dommages aux espegraveces marines

Augmentation des coucircts drsquoextraction

Coucircts des eacuternergies fossiles

Santeacute humaine

Environnement(biodiversiteacute)

Disponibiliteacute des ressources

FIGURE 6 APErccedilU DEs CAteacutegOrIEs AUx IMPACts IntErMeacuteDIAIrEs DAns LE CADrE DE LA MeacutethODOLOgIE rECIPE2016 Et LEUr trAnsCrIPtIOn En DOMMAgEs sUr LrsquoEnvIrOnnEMEnt SOuRcE HuIjbREgTS et al 2017

2120

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Existe-t-il un indicateur laquo ideacuteal raquo de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Est-il possible drsquoadopter une deacutemarche eacutequivalente agrave celle de lrsquoempreinte carbone Pousseacutes notamment par les pouvoirs publics et le Plan biodiversiteacute du 4 juillet 2018 au niveau national les entreprises collectiviteacutes et autres acteurs eacuteconomiques se sont empareacutees de cette question Mais les indicateurs de biodiversiteacute et les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines existants sont-ils pertinents et robustes vis-agrave-vis de la biodiversiteacute lrsquoensemble de ses dimensions et la complexiteacute des pheacutenomegravenes biologiques qui en sont agrave lrsquoorigine Quels cadres conceptuels mobilisent ces indicateurs sur quels modegraveles reposent-ils et agrave quel secteur drsquoactiviteacutes srsquoadressent-ils Pour reacutepondre en partie agrave ces questionnements sept outils de mesure les plus aboutis dans leur deacuteveloppement au moment des Journeacutees FRB 2019 ont eacuteteacute eacutevalueacutes par des eacutecologues et eacuteconomistes Sont preacutesenteacutes dans ce chapitre des eacuteleacutements issus des eacutevaluations scientifiques complegravetes des outils de mesure (voir Indicateurs et outils de mesure ndash Eacutevaluations scientifiques de sept indicateurs inteacutegratifs)

2

2322

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

21 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute est-il possible drsquoadopter la mecircme deacutemarche que pour le climat

211 Le modegravele du changement climatique et de lrsquoeacutequivalent carbone

Le Plan biodiversiteacute du 4 juillet 2018 (Ministegravere de la transition eacutecologique et solidaire 2018) appelle dans son objectif 25 ndash Mobiliser les entreprises laquo agrave deacutefinir un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute comparable agrave la tonne de CO2 pour lrsquoimpact climatique raquo En effet la prise en compte du changement climatique a conduit agrave une politique internationale de stabilisation voire de reacuteduction des eacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) drsquoorigine anthropique ndash mateacuterialiseacutee par la Convention cadre des Nations unies sur les changements clima-tiques (CCNUCC) issue du Sommet de Rio en 1992

Des meacutethodes ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees afin de quan-tifier des flux drsquoeacutemissions de GES anthropiques et de les caracteacuteriser agrave lrsquoaide drsquoun indicateur drsquoimpact De faccedilon simplifieacutee des facteurs drsquoeacutemission permettent de convertir des donneacutees drsquoactiviteacutes en eacutemissions de GES Les eacutemissions des diffeacuterents GES sont exprimeacutees en laquo eacutequivalent CO2 raquo (uniteacute de mesure) ndash le CO2 eacutetant le GES anthropique ayant lrsquoimpact le plus important sur le climat (Ademe 2016) ndash en fonction de leur pou-voir radiatif (pouvoir de reacutechauffement global PRG) crsquoest-agrave-dire lrsquoimpact drsquoun gaz donneacute sur le reacutechauf-fement climatique par rapport au CO2 agrave lrsquohorizon de 100 ans Le PRG est lrsquoindicateur drsquoimpact le plus cou-ramment retenu dans les rapports et traiteacutes interna-tionaux Les valeurs de PRG pour diffeacuterents GES sont actualiseacutees et publieacutees dans les rapports du GIEC

Agrave partir de lagrave il est possible de proceacuteder agrave une quantification des impacts environnementaux en se focalisant sur les eacutemissions de gaz agrave effets de serre Plusieurs approches sont compleacutementaires

bull Reacutealiser un laquo inventaire raquo Au niveau national il permet de calculer des quantiteacutes de GES eacutemises agrave lrsquointeacuterieur du pays et ainsi de rapporter annuellement dans le cadre des obligations de la CCNUCC

bull Calculer une laquo empreinte carbone raquo agrave partir drsquoune meacutethode standardiseacutee drsquoanalyse input-output Cette em-preinte couvre le CO2 le meacutethane (CH4) et le protoxyde drsquoazote (N2O) trois gaz qui repreacutesentent 96 des eacutemis-sions des sept GES pris en compte pour le protocole de Kyoto Au niveau national elle permet un calcul des GES induits par la demande inteacuterieure du pays (eacutemis-sions des meacutenages de la production inteacuterieure de biens et de services hors exportations associeacutees aux biens et services importeacutes) Lrsquoempreinte carbone fait partie des dix indicateurs de deacuteveloppement durable nouveaux indicateurs de richesse qui complegravetent le PIB

bull Effectuer un laquo bilan GES reacuteglementaire raquo (Loi no 2015-992 du 17 aoucirct 2015) Il permet de diagnosti-quer pour des acteurs publics et priveacutes les eacutemissions de gaz agrave effet de serre en vue drsquoengager leur reacuteduc-tion Ainsi les entreprises de plus de 500 salarieacutes les collectiviteacutes de plus de 50 000 habitants les eacutetablisse-ments publics de plus de 250 agents et les services de lrsquoEacutetat doivent rendre compte de leurs eacutemissions avec une peacuteriodiciteacute de trois ou quatre ans

bull Reacutealiser un laquo Bilan Carbonereg raquo agrave partir drsquoune meacute-thodologie deacuteposeacutee (voir Ademe et Association Bilan Carbone) et adosseacutee agrave une seacuterie drsquooutils et de don-neacutees tels le bilan GES reacuteglementaire lrsquoISO 14069 deacutedieacute ou le Greenhouse Gas Protocol Il permet drsquoeacutevaluer la quantiteacute de gaz agrave effet de serre eacutemise (ou capteacutee) dans lrsquoatmosphegravere sur une anneacutee par les activiteacutes drsquoune organisation ou drsquoun territoire (Ademe Bilans GES)

Les diffeacuterentes meacutethodes de calcul mises en œuvre preacutesentent comme pour tout calcul drsquoindicateur des biais meacutethodologiques opeacuterationnels de calculs mais aussi des biais conceptuels Parmi ces derniers citons le lissage agrave 100 ans du PRG du meacutethane (CH4) plus intense que celui du CO2 mais de moindre dureacutee de vie dans lrsquoatmosphegravere citons aussi lrsquohypothegravese forte de neacute-gliger des interactions et reacutetroactions avec la biodiversiteacute et des pheacutenomegravenes naturels (vapeur drsquoeau captage ou relargage par les tourbiegraveres ou les forecircts en fonction du temps absorption oceacuteanique eacuteruptions volcaniques)

Cette approche par laquo lrsquoeacutequivalent carbone raquo preacute-sente lrsquointeacuterecirct de laquo reacuteduire raquo des donneacutees tregraves varieacutees en une grandeur unique exprimeacutee en une uniteacute facile-ment compreacutehensible

Agrave partir de lagrave il en deacutecoule plusieurs utilisations depuis lrsquoeacutechelle drsquoune organisation ndash dont les entre-prises ou les collectiviteacutes ndash jusqursquoau pays voire au monde reacutepondre agrave la reacuteglementation lorsque neacuteces-saire identifier des postes drsquoeacutemission et envisager les actions pour les reacuteduire eacutevaluer la contribution na-tionale au reacutechauffement climatique global apporter des compleacutements drsquoinformation agrave lrsquoanalyse des flux de biens et de services (par exemple analyse de variation de la composition de lrsquoempreinte en GES pays impor-tateur ou exportateur de GES) piloter une politique environnementale (par exemple loi de transition eacutener-geacutetique pour la croissance verte fiscaliteacute carbone stra-teacutegie nationale de transition eacutenergeacutetique pour un deacuteve-loppement durable strateacutegie nationale bas carbone) se deacutemarquer communiquer sensibiliser ou encore peser dans les neacutegociations internationales

La similitude des besoins des acteurs face au changement climatique et agrave lrsquoeacuterosion de la biodiver-siteacute ndash rendre compte agrave lrsquoEacutetat piloter une strateacutegie de reacuteduction communiquer ndash amegravene agrave questionner la possibiliteacute de transposer le modegravele de lrsquoeacutequivalent car-bone agrave la biodiversiteacute

212 Le cas de la biodiversiteacute emboicirctements et facettes

Pour appliquer la mecircme deacutemarche dans le champ de la biodiversiteacute il faut pouvoir deacutefinir pour un laquo objet de biodiversiteacute raquo particulier une laquo composante raquo de la biodi-versiteacute (par exemple un groupe taxonomique drsquoarbres) une grandeur physique agrave mesurer une proprieacuteteacute mesu-rable ou laquo meacutetrique raquo (par exemple le nombre drsquoespegraveces de ce groupe) et un indicateur (par exemple la richesse taxonomique) (Pelletier et al 2011)

Cela suppose de revenir agrave une deacutefinition de la bio-diversiteacute Celle-ci peut ecirctre deacutefinie dans une vision inteacutegrative comme la diversiteacute biologique dans ses diffeacuterents niveaux drsquoorganisation (gegravene individu es-pegravece population communauteacute habitat eacutecosystegraveme paysage) ses diffeacuterentes dimensions (composition structure fonction etc) (Noss 1990) les interactions entre individus espegraveces etc et avec lrsquoenvironnement et la dimension eacutevolutive (au sens darwinien) ndash que lrsquoon peut repreacutesenter de faccedilon emboicircteacutee (Fig 6)

La diversiteacute du vivant pose un premier deacutefi que no-tait deacutejagrave Buffon en 1749 (de Buffon 1749) la difficile

identification et systeacutematisation de ses composantes Outre la multipliciteacute des concepts drsquoespegravece la taxono-mie est reacuteguliegraverement reacuteviseacutee avec la prise en compte de nouvelles donneacutees ou systegravemes de classification

Il srsquoagit ensuite de deacutefinir quoi mesurer et com-ment mesurer la diversiteacute Difficile de mesurer toutes les proprieacuteteacutes du vivant ndash des gegravenes aux eacutecosystegravemes Cela amegravene agrave faire des choix en termes de compo-sants et de meacutetriques en argumentant leur repreacutesenta-tiviteacute ndash neacutecessairement partielle (Casetta et al 2019) Ainsi srsquointeacuteresser au nombre drsquoespegraveces est une faccedilon drsquoestimer la biodiversiteacute (lrsquoeacutevaluation se confond alors avec lrsquoinventaire) mais les espegraveces ne sont pas toutes connues elles nrsquoont pas toutes le mecircme rocircle dans un eacutecosystegraveme et cela ne rend pas compte des interac-tions des organismes entre eux et avec leur environne-ment (agrave lrsquoeacutechelle des gegravenes des communauteacutes et des eacutecosystegravemes) du fonctionnement des organismes agrave la base des processus eacutecologiques (prise en compte des traits fonctionnels) du caractegravere dynamique de ces interactions des meacutecanismes drsquoadaptation (pheacutenoty-piques geacuteneacutetiques comportementaux composition des communauteacutes) ni de lrsquoeacutevolution au sens darwi-

Types

de paysagePatte

rns

des paysa

ges

Processus paysagers et perturbations

Utilisation des terres

Communauteacute

EcosystegravemesPhysionomie

Structu

re de lrsquohabita

t

Processus eacutecosysteacutemiqueInteractions

interspeacutecifiques

Espegraveces

PopulationsStru

cture

de la populatio

n

Cycles biologiquesProcessus

deacutemographiques

GegravenesStructu

re

geacuteneacutetique

Processus geacuteneacutetique

Structu

relleCompositionnelle

Fonctionnelle

FIGURE 7 COMPOsItIOn strUCtUrE Et FOnCtIOn DE LA bIODIvErsIteacute PreacutesEnteacuteEs COMME DEs sPhegraverEs IntErCOnnEC-teacuteEs EngLObAnt PLUsIEUrs nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn SOuRcE NOSS 1990 TRAD VIMAl 2010

2524

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

nien passeacutee et potentielle parfois laquo rapide raquo (quelques geacuteneacuterations) des organismes ndash tout cela constituant pourtant ensemble les bases de la biodiversiteacute

Le peacuterimegravetre spatial et temporel de la collecte de donneacutees pose aussi questions comment deacuteduire une geacuteneacuteraliteacute agrave partir drsquoun eacutechantillon comment tenir compte des connexions entre des espaces comment tenir compte des latences et de la stochasticiteacute des pheacutenomegravenes biologiques comment rendre compte de lrsquoemboicirctement des eacutechelles de lrsquoeffet du niveau drsquoor-ganisation supeacuterieur (par exemple effet de la structure du paysage) etc

La notion drsquoeacutequivalence qui se rencontre aussi dans lrsquoapproche climatique peut ecirctre questionneacutee comment ramener des mesures effectueacutees dans des eacutecosystegravemes agrave des eacutequivalents drsquoautres eacutecosystegravemes agrave combien drsquohectares de forecircts dites primaires corres-pond un hectare de prairies agrave combien drsquoeacutequivalents oiseaux correspond une colonie drsquoabeilles sauvages

Enfin collecter les donneacutees sur des organismes vivants reste une difficulteacute Ceux-ci sont plus ou moins mobiles accessibles (cas des fonds marins par exemple) Ces donneacutees sont neacutecessaires aux dif-feacuterents niveaux drsquoorganisation deacutecrits preacuteceacutedemment et doivent ecirctre acquises dans des conditions qui per-mettent de les mutualiser (protocoles et meacutethodes)

Il existe bien sucircr plusieurs cadres conceptuels et meacutethodologiques pour reacutepondre agrave ces deacutefis divers modegraveles matheacutematiques et mesures statistiques de la diversiteacute (indice de Shannon de Hill de Gini etc) plusieurs propositions pour eacutetablir le choix de com-posantes (espegraveces rares espegraveces bioindicatrices) et autant de propositions de meacutetriques Pour ce qui concerne le choix de composantes et de meacutetriques citons la proposition facilement accessible et appro-priable par les acteurs de deacutefinir des laquo variables es-sentielles de biodiversiteacute raquo (Pereira et al 2013) qui sera abordeacutee au chapitre 3

Des auteurs acadeacutemiques soutiennent que de la mecircme maniegravere que la communauteacute scientifique tra-vaillant sur le changement climatique utilise un in-dicateur (changement de la tempeacuterature mondiale moyenne) et un objectif (augmentation maximale de 2degC par rapport aux niveaux preacuteindustriels) comme viseacutee pour lrsquoaction politique il est neacutecessaire de four-nir un laquo objectif biodiversiteacute raquo avec un indicateur fa-cile agrave mesurer agrave court terme et facile agrave communiquer (Rounsevell et al 2020) Ils proposent une mesure ba-seacutee sur le taux drsquoextinction des espegraveces (taux drsquoextinc-tion ou nombre drsquoespegraveces eacuteteintes par an) ndash meacutetrique largement utiliseacutee depuis des anneacutees ndash avec lrsquoobjectif de maintenir les extinctions drsquoespegraveces en dessous de 20 par an au cours des 100 prochaines anneacutees cela dans les grands groupes taxonomiques (champignons plantes inverteacutebreacutes et verteacutebreacutes) et pour tous les types drsquoeacutecosystegravemes (marins drsquoeau douce et terrestres)

Deux arguments fondent la proposition drsquoune part lrsquoextinction drsquoune espegravece repreacutesente la perte irreacutever-sible drsquoune diversiteacute geacuteneacutetique unique et une reacuteduc-tion mesurable de la diversiteacute de la vie sur Terre drsquoautre part crsquoest un pheacutenomegravene largement compris par le public facile agrave meacutediatiser et agrave priori feacutedeacuterateur pour limiter lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

Lrsquoambition afficheacutee est drsquoutiliser un indicateur de porteacutee moins scientifique que politique pour catalyser les efforts des deacutecideurs et des publics en faveur de la biodiversiteacute et de sa preacuteservation pour mettre aux agendas mondiaux et nationaux un laquo objectif biodi-versiteacute raquo

La deacutemarche ne vise ainsi pas explicitement agrave re-preacutesenter toutes les dimensions de la biodiversiteacute et les auteurs reconnaissent qursquoune telle mesure unique dissimulera ineacutevitablement les dispariteacutes spatiales les complexiteacutes des systegravemes eacutecologiques et neacutecessitera au-delagrave de son aspect laquo figure de proue raquo drsquoecirctre accom-pagneacutee par un panel drsquoautres indicateurs renseignant plus complegravetement sur lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute et les pressions Ils signalent que le fait drsquoatteindre un tel objectif de reacuteduction du taux drsquoextinction des espegraveces nrsquoempecircchera pas de constater des changements dom-mageables de biodiversiteacute (perte de population et de diversiteacute geacuteneacutetique alteacuteration du fonctionnement des eacutecosystegravemes et reacuteduction des services eacutecosysteacutemiques associeacutes) Ces preacutecautions quant agrave lrsquousage de cet indicateur sont compleacuteteacutees par drsquoautres chercheurs qui pointent les difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoeacutechelle temporelle drsquoune telle mesure (lrsquoextinction drsquoune espegravece peut ecirctre plus ou moins rapide) agrave la connaissance imparfaite du vivant (les espegraveces ne sont pas toutes connues cer-tains taxons sont plus suivis que drsquoautres) qui rend lrsquoobjectif difficile agrave harmoniser entre les groupes taxo-nomiques Ils rappellent eacutegalement que lrsquoextinction fait partie des dynamiques naturelles de la biodiversi-teacute Enfin ils ajoutent qursquoil ne srsquoagit pas drsquoune mesure eacutequitable entre reacutegions du monde en termes drsquoefforts agrave fournir et de reacutesultats agrave atteindre les espegraveces vul-neacuterables ont deacutejagrave disparu de nombreux pays ancien-nement industrialiseacutes tandis qursquoelles restent encore agrave recenser ndash et agrave proteacuteger ndash dans des pays en voie drsquoindustrialisation

La mesure de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute reste ainsi dif-ficile eacutetant donneacutee la complexiteacute des systegravemes eacutecolo-giques et la connaissance scientifique incomplegravete de ceux-ci il nrsquoexiste pas de laquo valeur absolue raquo ou laquo drsquoeacutequi-valent biodiversiteacute raquo Il nrsquoest peut-ecirctre finalement pas souhaitable de reacuteduire lrsquoimpact sur la biodiversiteacute agrave un indicateur unique tel qursquoil existe pour le climat Les indicateurs et les cadres drsquoeacutevaluation de la biodiversiteacute ndash ou des impacts sur la biodiversiteacute ndash preacutesentent des avantages mais aussi des limites La connaissance de ces limites est aussi didactique que la valeur de lrsquoindi-cateur et est essentielle pour bien lrsquointerpreacuteter

22 Le deacuteveloppement drsquoune meacutethodologie drsquoeacutevaluation comme tentative de reacuteponse

Depuis 2012 la FRB mobilise son expertise et des experts acadeacutemiques pour eacutevaluer de faccedilon indeacutepen-dante la construction les donneacutees utiliseacutees la robus-tesse la fiabiliteacute et la sensibiliteacute la pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute des indicateurs de lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) piloteacute par lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB ex-AFB) La FRB a ainsi deacuteveloppeacute une meacutethode originale drsquoeacutevaluation scientifique de ces indicateurs de suivi tels qursquoexplici-teacutes dans le chapitre 1

Dans le cadre de cette eacutetude la FRB a donc remo-biliseacute son expertise pour adapter la grille drsquoeacutevalua-tion des indicateurs de lrsquoONB aux outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes anthropiques sur la biodiversiteacute

et agrave leur complexiteacute afin de conduire une eacutevaluation scientifique externe Cette meacutethode drsquoeacutevaluation a eacuteteacute envisageacutee comme une tentative de reacuteponse aux ques-tionnements des diffeacuterents acteurs (entreprises collec-tiviteacutes territoriales institutions financiegraveres politiques etc) sur la creacuteation la pertinence et lrsquoutilisation drsquoun indicateur unique et ideacuteal drsquoimpact sur la biodiversi-teacute ndash avec lrsquoambition de faire dialoguer les utilisateurs drsquoindicateurs (qursquoils soient laquo simples raquo ou agreacutegeacutes) ou drsquooutils dans une approche science-socieacuteteacute

In fine lrsquoeacutevaluation scientifique externe indeacute-pendante a porteacute sur sept outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Elle expose les donneacutees et modegraveles mobiliseacutes les avantages les limites la pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute et le potentiel en matiegravere drsquoaide agrave la deacutecision de ces sept outils de mesure

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Product Biodiversity Footprint (PBF)

Conception I Care amp Consult SayariObjectif permettre la comparaison des impacts sur la biodiversiteacute entre des variantes drsquoun pro-duit donneacute

La meacutethodologie du PBF se base sur le modegravele Analyse du cycle de vie (ACV) en mobilisant la meacutethode spatialiseacutee du Life Cycle Impact Assessment (LC-IMPACT) La meacutethodologie employeacutee combine lrsquoACV et les connaissances actuelles en matiegravere drsquoimpacts drsquoactiviteacutes sur la biodiversiteacute pour raffiner les impacts dus agrave lrsquouti-lisation des terres Une correction des facteurs ACV classique est alors reacutealiseacutee sur deux axes prise en compte des pratiques laquo non visibles raquo dans le cadre de lrsquoACV et prise en compte drsquoune granulariteacute geacuteographique plus fine sur la sen-sibiliteacute et la richesse des milieux impacteacutes Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF)

Global Biodiversity Score TM (GBS)

Conception Caisse des deacutepocircts filiale Biodiver-siteacute (CDC-Biodiversiteacute)Objectif eacutevaluer lrsquoempreinte biodiversiteacute des entreprises et des investissements

La meacutethodologie du GBS se base sur le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) en mobili-sant Exiobase pour les liens entre activiteacutes et pressions et GLOBIO pour les liens entre pres-sions et impacts Lrsquooutil utilise eacutegalement une approche hybride en inteacutegrant lorsqursquoelles sont disponibles des donneacutees reacuteelles agrave chaque eacutetape de lrsquoeacutevaluation Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune abondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA)

Biodiversity Impact Metric (BIM)

Conception Cambridge Institute for Sustain-ability Leadership (CISL)Objectif fournir une eacutevaluation des impacts des produits sur la biodiversiteacute

La meacutethodologie du BIM se base sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) croiseacute avec le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pres-sure State Response PSR)

Centreacutee sur la mesure de lrsquoimpact de lrsquoutili-sation des terres pour la production de matiegraveres premiegraveres elle permet de deacuteterminer cet im-pact en pondeacuterant la superficie neacutecessaire aux activiteacutes par lrsquoincidence sur la proportion de biodiversiteacute perdue (quantiteacute) et lrsquoimportance relative de la biodiversiteacute perdue (qualiteacute) Au moment de lrsquoeacutevaluation plusieurs meacutethodolo-gies sont documenteacutees lrsquoune repose sur lrsquouti-lisation du modegravele de calcul de lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abun-dance MSA) lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (biodiversity intactness index BII)

Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI)

Conception ASN Bank CREM consultant PReacute SustainabilityObjectif calculer lrsquoimpact des investissements financiers sur la biodiversiteacute

La meacutethodologie du BFFI se base sur le modegravele Analyse du cycle de vie (ACV) lrsquooutil est ainsi conccedilu pour fournir une vision holistique de lrsquoimpact des activiteacutes des entreprises dans les-quelles les institutions financiegraveres investissent en analysant les externaliteacutes Celles-ci sont quantifieacutees en mobilisant les donneacutees drsquoExio-base Lrsquooutil srsquoappuie ensuite sur la meacutethode ReCiPe pour convertir les donneacutees de cycle de vie en impacts avant in fine drsquointerpreacuteter lrsquoim-pact des investissements sur la biodiversiteacute Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF)

Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric

Conception Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)Objectif eacutevaluer lrsquoimpact drsquoinvestissements financiers sur la biodiversiteacute notamment ceux en faveur de la protection de la biodiversiteacute

La meacutethodologie du STAR se base sur le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) Pour le calcul ex-ante elle permet de combiner pour des sites drsquointeacuterecirct et certains taxa la proportion de popu-lation drsquoune espegravece sur ces sites pondeacutereacutee par sa cateacutegorie de la Liste rouge des espegraveces deacuteve-loppeacutee par lrsquoUICN et pondeacutereacutee par la contri-bution relative de chaque pression (porteacutee et seacuteveacuteriteacute) au risque drsquoextinction Lrsquoensemble est sommeacute pour fournir lrsquoindicateur Au moment de lrsquoeacutevaluation un module meacutethodologique pour le calcul ex-post eacutetait en deacuteveloppement

Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

Conception Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)Objectif eacutevaluer les changements de biodiver-siteacute sur les sites drsquoexploitation drsquoune entreprise et drsquoeacutevaluer les risques pour la biodiversiteacute de futurs projets

La meacutethodologie du BIRS srsquoinscrit dans le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) et repose sur plusieurs eacutetapes identification et deacutelimita-tion des diffeacuterents habitats qui composent un site estimation de la superficie totale pour chaque type drsquohabitat deacutetermination drsquoun fac-teur de contexte de lrsquohabitat eacutevaluation de lrsquoeacutetat de chaque habitat et attribution drsquoune classe de condition puis combinaison des in-formations pour deacutefinir une classe drsquoeacutetat de la biodiversiteacute du site pour chaque site opeacuteration-nel eacutevalueacute ndash avec une possibiliteacute drsquoagreacuteger au niveau de lrsquoentreprise

Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC)

Conception UN Environment Programme World Conservation Monitoring Centre (UNEP-WCMC) Conservation International Fauna amp Flora InternationalObjectif eacutevaluer le risque pour la biodiversiteacute au regard des impacts potentiels drsquoactiviteacutes sur un site drsquoexploitation et les reacuteponses mises en œuvre

La meacutethodologie du BIEC srsquoinscrit dans le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) et repose sur trois eacutetapes une analyse spatialiseacutee de la sen-sibiliteacute en termes de biodiversiteacute de sites drsquoex-ploitation en combinant des donneacutes locales et globales la deacutetermination de scores drsquoeacutetat et de pression en concertation avec des acteurs lo-caux lrsquoagreacutegation des scores en tableau de bord au niveau des sites mais eacutegalement au niveau drsquouniteacute de production voire de lrsquoentreprise

222 Une description succincte des sept outils eacutevalueacutes

221 Le choix des outils agrave eacutevaluer

Lrsquoeacutequipe projet a drsquoabord effectueacute un travail de recense-ment des outils existants puis seacutelectionneacute sept outils de mesure de lrsquoimpact sur la biodiversiteacute en tenant compte

bull du niveau de deacuteveloppement outils utilisables en routine ou en phase de deacuteveloppement suffisamment avanceacutee pour ecirctre eacutevalueacutes

bull de lrsquointeacuterecirct aux secteurs citeacutes dans les actions 31 et 32 du Plan biodiversiteacute du 18 juillet 2018 bacirctiments et mateacuteriaux agro-alimentaire eacutenergie chimie et finance

bull du caractegravere potentiellement laquo geacuteneacuteralisable raquo agrave plusieurs secteurs drsquoactiviteacute et du potentiel eacuteventuel drsquoadaptation agrave des collectiviteacutes territoriales

bull de la couverture de diffeacuterentes eacutechelles drsquoorgani-sation eacuteconomique produit site uniteacute drsquoactiviteacute eacuteco-nomique entreprise collectiviteacute et pays

Un premier constat a eacuteteacute reacutealiseacute au moment de lrsquoeacutevaluation les outils eacutetaient essentiellement destineacutes au secteur priveacute marchand et peu ou pas aux collecti-viteacutes Drsquoautre part il nrsquoy avait pas au moment de ce recensement drsquooutils deacutedieacutes speacutecifiquement aux sec-teurs agro-alimentaire chimie et eacutenergie suffisamment aboutis ou testeacutes pour ecirctre eacutevalueacutes

2928

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

223 Le cadre de reacutefeacuterence et les items de lrsquoeacutevaluation

Les organisations agrave lrsquoorigine des outils de mesure drsquoimpacts sur la biodiversiteacute eacutevalueacutes dans cette eacutetude adoptent sensiblement les mecircmes grandes approches conceptuelles pour deacutevelopper leurs actions

Drsquoabord elles se basent sur une deacutefinition com-mune de la diversiteacute biologique en se reposant sur lrsquoarticle 2 de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) (Nations unies 1992) La diversiteacute biologique y est deacutefinie comme la laquo variabiliteacute des organismes vivants de toute origine y compris entre autres les eacutecosystegravemes terrestres marins et autres eacutecosystegravemes aquatiques et les complexes eacutecologiques dont ils font partie cela comprend la diversiteacute au sein des espegraveces et entre espegraveces ainsi que celle des eacutecosystegravemes raquo

Ensuite elles srsquoappuient sur les terminologies de lrsquoOCDE ou de lrsquoEEA deacutecrite au chapitre 1 pour deacutefinir ce qursquoest un laquo indicateur raquo De plus elles mobilisent de faccedilon plus ou moins explicite remanieacutee ou combi-neacutee avec les attentes des utilisateurs de leurs outils les critegraveres de seacutelection drsquoindicateurs de lrsquoOCDE et de lrsquoEEA essentiellement politiques pour en faire des critegraveres souhaiteacutes de leurs outils Enfin il y a un fort recoupement entre les bases de donneacutees utiliseacutees pour alimenter ces outils

Lrsquoeacutequipe projet en se basant sur lrsquoexpertise deacuteve-loppeacutee dans le cadre des travaux avec lrsquoONB a pro-poseacute une eacutevaluation reposant sur des concepts et des critegraveres surtout mobiliseacutes dans le champ scientifique

bull La biodiversiteacute est entendue comme la diversiteacute biologique dans ses diffeacuterents niveaux drsquoorganisation (gegravene individu espegravece population communauteacute habitat eacutecosystegraveme paysage) ses diffeacuterentes dimen-sions (composition structure fonction etc) (Noss 1990) les interactions entre individus espegraveces etc et avec lrsquoenvironnement et la dimension eacutevolutive (au sens darwinien)

bull La grille drsquoeacutevaluation a eacuteteacute construite pour ques-tionner le caractegravere explicite ou non des liens entre activiteacutes et pressions puis pressions et impacts Elle a aussi permis de discuter les modegraveles et meacutethodes sur lesquels sont construits les outils ndash soit parce que les outils proposent des formules reliant pressions ndash activi-teacutes ndash impacts soit parce qursquoils mobilisent des modegraveles et meacutethodes de ces relations deacuteveloppeacutes par ailleurs

bull Les outils ont aussi eacuteteacute eacutevalueacutes au regard de cri-tegraveres utiliseacutes pour eacutevaluer les indicateurs de lrsquoONB et proches de ceux utiliseacutes dans le cadre de la bioindica-tion (McGeoch 2007)

ndash Preacutecision un indicateur est preacutecis lorsqursquoil me-sure avec une faible marge drsquoerreur ou drsquoincertitude le pheacutenomegravene qursquoil est supposeacute deacutecrire ici lrsquoimpact

des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Lrsquoobtention drsquoun haut degreacute de preacutecision sera geacuteneacuteralement asso-cieacutee agrave lrsquoutilisation drsquooutils et de meacutethodes aveacutereacutees tes-teacutees par la faible variabiliteacute de la mesure lorsqursquoelle est reacutepeacuteteacutee dans des conditions similaires

ndash Robustesse un indicateur est robuste lorsque sa mesure ou son calcul reste fiable mecircme lorsque les conditions (spatiales temporelles drsquointensiteacute drsquoim-pact autres que le changement agrave mesurer) varient la relation entre les eacuteleacutements de biodiversiteacute pris en compte pour le calcul et lrsquoimpact sur la biodiversiteacute reste constante La valeur drsquoun indicateur robuste est peu ou pas influenceacutee par des mesures impreacutecises ou des erreurs la variabiliteacute des instruments de mesure des donneacutees manquantes des variables confondantes

ndash Sensibiliteacute un indicateur est sensible lorsqursquoil permet de faire la diffeacuterence entre des situations qui sont reacuteellement diffeacuterentes Un indicateur sensible si-gnale rapidement un changement significatif Il est donc adapteacute au degreacute de deacutetection pertinent pour les objectifs souhaiteacutes Ceci requiert que les mesures soient reacutealiseacutees agrave des pas de temps et des eacutechelles spa-tiales pertinentes

ndash Fiabiliteacute un indicateur est fiable lorsque sa va-leur varie toujours dans le mecircme sens que le pheacuteno-megravene qursquoil deacutecrit

bull Une partie de la grille a eacuteteacute deacutedieacutee aux meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees ainsi qursquoagrave la pertinence des outils pour rendre compte des impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute

bull Enfin donneacutees construction meacutethodologique domaine drsquointerpreacutetation des outils et pistes drsquoameacutelio-

ration ont eacuteteacute inteacutegreacutes agrave la grille drsquoeacutevaluation La grille drsquoeacutevaluation est en annexe 2 p79

La meacutethodologie deacuteveloppeacutee pour les indicateurs de lrsquoONB a donc eacuteteacute tregraves largement adapteacutee agrave la construction et aux grandes lignes directrices de ces sept outils de mesure Ce cadre meacutethodologique peut ecirctre remobiliseacute et ameacutelioreacute pour drsquoautres exercices drsquoeacutevaluation ou la construction drsquoindicateurs

224 Le deacuterouleacute et les reacutesultats de lrsquoeacutevaluation

Lrsquoeacutequipe projet a ensuite mobiliseacute des experts acadeacute-miques en eacutecologie et en eacuteconomie afin de conduire une eacutevaluation externe indeacutependante et transparente de ces sept outils de mesure Chaque outil a eacuteteacute eacutevalueacute par deux experts indeacutependants entre juin et aoucirct 2019 Lrsquoeacutequipe projet a ensuite reacutealiseacute la synthegravese des eacuteva-luations relue et valideacutee par les experts Un dialogue entre les concepteurs drsquooutils et experts a eacuteteacute organiseacute pour chaque outil entre novembre et deacutecembre 2019 il a permis de preacuteciser de part et drsquoautre certains points de lrsquoeacutevaluation et drsquoeacutechanger sur les deacuteveloppements agrave court et moyen termes des outils Ces eacuteleacutements sont retranscrits dans les eacutevaluations complegravetes

De faccedilon geacuteneacuterale ces travaux ont permis de reacuteveacute-ler lrsquoimportance de leacutevaluation scientifique syntheacute-tique des modegraveles mobiliseacutes pour mettre en eacutevidence la relation entre activiteacutes ndash pressions ndash impacts dans la construction des outils de mesure ainsi que les meacute-thodes et cadres conceptuels sur lesquels ils reposent

3130

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

23 Les reacutesultats syntheacutetiques des eacutevaluations des outils

Les reacutesultats preacutesenteacutes ici syntheacutetiseacutes reflegravetent la compreacutehension et lrsquoeacutevaluation des experts drsquoapregraves les documents meacutethodologiques mis agrave leur disposition (publications listeacutees dans les eacutevaluations complegravetes accessibles en ligne) Les outils ont eacutevolueacute depuis lrsquoeacuteva-luation scientifique certains commentaires peuvent ne plus ecirctre drsquoactualiteacute soit parce que lrsquooutil a eacuteteacute ameacute-lioreacute soit parce que sa meacutethodologie a eacuteteacute reacute-orienteacutee

231 Product Biodiversity Footprint (PBF)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Product Biodiversi-ty Footprint (PBF) eacutetait au stade de projet pilote aupregraves drsquoentreprises avec un amont agricole et utilisant de la laine de chegravevre et des huiles veacutegeacutetales (colza palme) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des produits et services tout au long du cycle de vie aux niveaux reacutegional ou mondial pour les milieux terrestres et drsquoeaux douces Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est baseacute sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil PBF retient trois pressions directes en reprenant celles prises en compte par la meacutethode LC-IMPACT (voir paragraphe suivant) changement drsquohabitat (occupa-tion transformation des sols et stress hydrique) pol-lutions et changement climatique Lrsquooutil PBF permet eacutegalement lrsquoeacutevaluation de deux pressions qui ne sont pas dans le modegravele ACV espegraveces envahissantes et gestion des espegraveces Les impacts sont eacutevalueacutes indeacute-pendamment pour ces cinq pressions Les eacutevaluateurs soulignent au moment de lrsquoeacutevaluation le manque de la prise en compte du deacuterangement (pollutions so-nores et lumineuses notamment)

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil PBF se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la meacutethode LC-IMPACT LC-IMPACT fournit une approche spatialiseacutee drsquoeacutevaluation des impacts tout au long du cycle de vie de produits et services notamment dans les domaines de la qualiteacute des eacutecosystegravemes et des ressources Crsquoest cette meacutethode qui est le principal modegravele sous-jacent agrave lrsquooutil Le choix de cette meacutethode par rapport agrave drsquoautres est bien documenteacute dans la description du PBF

La meacutethodologie de lrsquooutil PBF preacutesente ici plu-sieurs avantages lrsquoACV apporte une vision drsquoen-semble du produit et de ses impacts depuis sa pro-duction jusqursquoagrave sa fin de vie la meacutethode LC-IMPACT integravegre les derniers deacuteveloppements en matiegravere drsquoACV et permet avec des facteurs de caracteacuterisation spa-tialiseacutes drsquoidentifier les points drsquoimpacts importants tant geacuteographiquement qursquoagrave des eacutetapes particuliegraveres du cycle de vie enfin lrsquooutil adopte une politique drsquoameacutelioration et drsquointeacutegration des derniegraveres connais-sances en eacutecologie afin de pallier en partie le manque de preacutecision inheacuterent agrave lrsquoACV particuliegraverement sur les impacts relatifs agrave lrsquoutilisation des terres

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le modegravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil PBF pour le calcul de lrsquoindicateur (en fait cinq indicateurs correspondant

aux cinq pressions prises en compte) sont les facteurs de caracteacuterisation LC-IMPACT v05 pour les facteurs de caracteacuterisation et les donneacutees du cycle de vie issues des bases de donneacutees Ecoinvent et Agribalysereg Ces donneacutees sont reconnues et valideacutees mais comportent un certain niveau drsquoagreacutegation entraicircnant un manque de preacutecision dans lrsquoobtention et la repreacutesentation des reacutesultats Drsquoautres types de donneacutees lieacutees aux acti-viteacutes sont eacutegalement neacutecessaires au calcul des indi-cateurs et sont mobiliseacutees donneacutees de lrsquoentreprise sur le processus de production du produit (matiegraveres premiegraveres transport rendements etc) et de locali-sation pour les principaux processus (localisation du sourcing etc) Ces donneacutees sources apportent de la preacutecision et de la speacutecificiteacute dans le calcul des indica-teurs et leur interpreacutetation

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions semble significative

La sensibiliteacute de la relation entre activiteacutes et pres-sions semble veacuterifieacutee au niveau de lrsquoentreprise

Quant agrave la fiabiliteacute celle-ci deacutepend en partie de la justesse de lrsquoinventaire de cycle de vie et du degreacute de fiabiliteacute et de transparence des donneacutees transmises par lrsquoentreprise

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil PBF pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre drsquoanalyse du cycle de vie en srsquoappuyant sur la meacute-thode LC-IMPACT

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans la meacute-thode LC-IMPACT et reprise dans le PBF est la perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) ex-primeacutee en fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr)

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil PBF est ici de proposer une meacutetrique agreacutegeacutee et syntheacute-tique (PDF) pour laquelle il est possible de deacutelineacuteer et de restituer au besoin des informations sur les cinq pressions prises en compte et pour diffeacuterentes carac-teacuteristiques drsquoun produit afin drsquoaider agrave seacutelectionner les options ayant le moins drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

Agrave lrsquoinverse en utilisant cette meacutetrique lrsquoindicateur ne rend pas compte de la complexiteacute des eacutecosystegravemes des interactions entre espegraveces ni des fonctions etc

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans la meacute-thode et donc reprises dans lrsquooutil PBF sont issues de donneacutees reacuteelles et de modeacutelisation Elles proviennent de bases de donneacutees sur la biodiversiteacute (par exemple IBAT PREDICTS) et de donneacutees de lrsquoentreprise issues drsquoeacutetudes existantes (inventaires eacutetudes drsquoimpact)

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci semble preacutecise et solide gracircce au recours agrave la meacutethode LC-IMPACT qui srsquoappuie sur des donneacutees consolideacutees et qui sont compleacuteteacutees par la litteacuterature scientifique Toutefois il y a toujours des biais compte tenu de lrsquoagreacutegation inheacuterente agrave lrsquoACV et agrave la meacutethodologie drsquoanalyse mais lrsquoutilisation drsquoun facteur de correction visant agrave preacuteciser les reacutesultats en fonction de la biodiversiteacute locale devrait permettre de limiter les biais

La relation entre pressions et impacts est a priori sensible notamment gracircce agrave la prise en compte de pratiques speacutecifiques aux secteurs drsquoactiviteacutes et agrave lrsquoin-teacutegration de donneacutees propres agrave lrsquoentreprise pour un produit donneacute La deacutetection preacutecoce de changements de biodiversiteacute est toutefois limiteacutee par le caractegravere agreacutegeacute de lrsquooutil de tels changements eacutetant geacuteneacutera-lement observeacutes agrave petite eacutechelle De la mecircme faccedilon lrsquooutil PBF ne permet pas de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion lors de change-ments non lineacuteaires

Enfin la fiabiliteacute repose sur celle de la meacutethode LC-IMPACT ainsi que sur des sources scientifiques et les

Perte potentielle drsquoespegravecePotential Disappeared Fraction of species (PDF)

La perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) ndash exprimeacutee en fraction potentielle-ment disparue drsquoespegraveces (Potential Disappea-red Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr) ndash repreacutesente la perte potentielle drsquoespegraveces en tenant compte de lrsquoeffet de lrsquooccupation des sols ndash qui reacuteduit tout ou partie de lrsquoaire de reacute-partition de ces espegraveces ndash de lrsquoabondance rela-tive de ces espegraveces et du niveau de vulneacuterabiliteacute des espegraveces toucheacutees

La PSL peut ecirctre reacutegionale (PSLreg) ou glo-bale (PSLglo) lrsquoindicateur reacutegional (PDFregyr) quantifie le potentiel de disparition des espegraveces au niveau reacutegional ndash la reacutegion eacutetant entendue comme une zone eacutecologiquement homogegravene pratiquement identifieacutee comme une eacutecoreacutegion pour les eacutecosystegravemes terrestres et comme les bassins versants pour les eacutecosystegravemes drsquoeau douce Lrsquoindicateur mondial (PDFgloyr) quan-tifie le potentiel de disparition mondiale des espegraveces en tenant compte de leur vulneacuterabiliteacute au niveau mondial

La PDF quantifie le potentiel de disparition drsquoespegraveces et non pas le nombre reacuteel drsquoespegraveces disparues

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

bases de donneacutees mobiliseacutees Ces derniegraveres semblent fiables et transparentes La fiabiliteacute des donneacutees concernant les speacutecificiteacutes par secteur et les entre-prises des produits eacutevalueacutes doit ecirctre jugeacutee au cas par cas ce qui nrsquoa pas eacuteteacute reacutealiseacute dans cette eacutevaluation

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel les eacutevaluateurs relegravevent que la fa-ccedilon dont cet aspect est pris en compte dans lrsquooutil PBF et dans la meacutethode LC-IMPACT nrsquoest pas claire lrsquooutil permet de reacutealiser une eacutevaluation agrave un temps t mais en srsquoappuyant sur des donneacutees collecteacutees au cours drsquoeacutetudes meneacutees sur plusieurs anneacutees et la meacutethode permet de modeacuteliser les cateacutegories drsquoimpacts selon deux approches (lrsquoune avec un horizon temporel li-miteacute lrsquoautre avec un horizon temporel eacutetendu) ndash mais la reacutefeacuterence temporelle et le report de lrsquoimpact agrave un changement annuel ne sont pas explicites

Au niveau spatial lrsquooutil PBF peut ecirctre deacuteclineacute agrave deux eacutechelles reacutegionale (PDFregyr) et globale (PDFgloyr) Parmi les cinq pressions sur la biodiver-siteacute consideacutereacutees dans lrsquooutil trois sont spatialiseacutees Pour ces derniegraveres les facteurs de caracteacuterisation ne sont pas neacutecessairement eacutevalueacutes agrave la mecircme reacutesolution spatiale (eacutecoreacutegion vs niveau du pays) en fonction des informations spatiales disponibles Le niveau de lrsquoeacuteco-reacutegion a lrsquoavantage de consideacuterer les impacts agrave lrsquointeacute-rieur de reacutegions geacuteographiques caracteacuteriseacutees par des modegraveles eacutecologiques speacutecifiques qui tiennent compte des dynamiques environnementales et des processus eacutecologiques Toutefois les eacutevaluateurs notent qursquoil serait utile drsquoapporter des eacuteclaircissements sur la meacute-thodologie de spatialisation des cateacutegories drsquoimpacts

En termes de niveau drsquoorganisation et de dimen-sion de la biodiversiteacute lrsquooutil PBF se focalise sur la composition en espegraveces Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil PBF reprend les cinq groupes taxonomiques couverts par la meacutethode LC-IMPACT oiseaux mam-mifegraveres reptiles amphibiens et plantes vasculaires Les groupes taxonomiques peuvent ecirctre analyseacutes seacute-pareacutement ou peuvent ecirctre agreacutegeacutes pour repreacutesenter la fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (PDF) La vulneacuterabiliteacute par taxon est prise en compte en inteacute-grant les donneacutees de la Liste rouge UICN Si lrsquointeacuterecirct de la composition en espegraveces est de communiquer fa-cilement vers un large public il nrsquoen reste pas moins que les niveaux geacuteneacutetique et eacutecosysteacutemique peuvent aussi ecirctre influenceacutes agrave un moment donneacute du cycle de vie des produits Lrsquooutil permet drsquoavoir une estimation de lrsquoimpact sur des espegraveces agrave un temps t ce qui per-met de faciliter la compreacutehension des reacutesultats mais a priori sans rendre compte de la complexiteacute de la

biodiversiteacute (eacutevolution interactions) et des impacts agrave moyen et long termes De plus lrsquoeffondrement de la biodiversiteacute ne se produit pas seulement agrave travers la perte drsquoespegraveces mais aussi par la diminution de lrsquoabondance ndash la reacuteduction du nombre drsquoindividus par espegravece au sein des populations ndash et de la reacutepartition spatiale de nombreuses espegraveces ce qui peut avoir des impacts consideacuterables sur les eacutecosystegravemes Les eacuteva-luateurs notent que lrsquointerpreacutetation des sorties de lrsquoou-til doit ainsi ecirctre effectueacutee avec prudence

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes au cours du cycle de vie drsquoun produit (tels que la perte de fonctions eacutecologiques la diminution de lrsquoabondance des espegraveces la perte de diversiteacute geacuteneacutetique etc)

Lrsquooutil ayant vocation agrave appuyer la deacutecision autour de plusieurs versions drsquoun mecircme produit en mettant lrsquoaccent sur des variantes plus respectueuses de la bio-diversiteacute il nrsquoest pas forceacutement inteacuteressant de reacutepeacuteter le calcul de lrsquoindicateur Cependant il peut ecirctre utile de reacuteeacutevaluer les options autrefois choisies comme plus respectueuses de la biodiversiteacute au fur et agrave mesure que les bases de donneacutees sont mises agrave jour

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Le calcul de lrsquoindicateur est peu accessible agrave un non-speacutecialiste de lrsquoACV et les concepteurs recommandent de srsquoentourer de speacutecialistes de la meacutethode et de lrsquoeacuteco-logie La meacutethodologie de lrsquoinventaire de cycle de vie nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la documentation du PBF dis-ponible lors de lrsquoeacutevaluation alors qursquoelle constitue lrsquoeacutetape la plus deacutelicate Les eacutevaluateurs notent aussi que si lrsquoajustement des impacts relatifs agrave lrsquoutilisation des terres avec des donneacutees issues de la litteacuterature en eacutecologie permet de mieux distinguer entre les pra-tiques plus ou moins respectueuses de la biodiversiteacute pour la reacutesolution spatiale agrave laquelle les indicateurs de lrsquooutil PBF sont conccedilus ndash principalement au niveau de lrsquoeacutecoreacutegion ou du pays ndash les donneacutees de contexte eacutecologique local manquent fortement alors qursquoelles constitueraient un compleacutement important et devraient ecirctre davantage prises en compte pour affiner ces indi-cateurs ndash limite connue par les concepteurs de lrsquooutil PBF De plus ces eacutetapes drsquointeacutegration de donneacutees compleacutementaires indispensables sont reacutealiseacutees au cas par cas et sont donc difficiles agrave eacutevaluer Neacutean-moins les autres eacutetapes meacutethodologiques sont claires rigoureuses et transparentes

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent les biais inheacuterents agrave toute analyse neacutecessitant lrsquoagreacutegation de grandes quantiteacutes de donneacutees ndash mais les facteurs de correction mis en œuvre permettent de limiter ces biais

Il nrsquoy a pas de valeurs cibles proprement dites et il nrsquoy a pas de comparaison possible avec un reacutefeacuterentiel unique mais uniquement entre les diffeacuterents indica-teurs (un pour chaque facteur drsquoimpacts sur la biodi-versiteacute) pour diffeacuterentes versions drsquoun produit afin de minimiser lrsquoimpact sur la biodiversiteacute

Lrsquooutil PBF semble ecirctre conccedilu pour ecirctre appliqueacute agrave divers secteurs de sorte qursquoil pourrait ecirctre utiliseacute dans le domaine public pour comparer des options au niveau de produits voire au niveau des projets (par exemple construction drsquoinfrastructures projets de deacuteveloppement durable etc)

Selon les eacutevaluateurs lrsquooutil ne semble actuelle-ment pas approprieacute pour inteacutegrer le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiver-siteacute Toutefois il permet drsquoencourager les entreprises de divers secteurs drsquoactiviteacute agrave engager et suivre leurs progregraves en matiegravere de biodiversiteacute et plus particuliegrave-rement agrave laquo reacuteduire les pressions directes sur la biodi-versiteacute et promouvoir une utilisation durable raquo (but strateacutegique B des objectifs drsquoAichi) Lrsquooutil PBF permet donc drsquoengager des mesures reacutepondant aux objectifs des cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute mais ne permet pas drsquoobserver directement la contri-bution aux objectifs fixeacutes

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en ajoutant une meacutetrique drsquoabondance Lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) pourrait ecirctre une mesure suppleacute-mentaire inteacuteressante agrave consideacuterer De plus il pourrait ecirctre pertinent de consideacuterer lrsquoeacutetendue de lrsquoeacutecosystegraveme

(Ecosystem Extent) comme une mesure suppleacutemen-taire dans lrsquooutil PBF eacutetant donneacute les divers secteurs drsquoactiviteacute qursquoil vise

Par ailleurs la prise en compte des fonctions ndash et des services eacutecosysteacutemiques ndash serait inteacuteressante agrave in-seacuterer De mecircme lrsquointeacutegration de la biodiversiteacute marine est indispensable Il semble aussi important de reacuteussir agrave prendre en compte les insectes

En termes meacutethodologiques les concepteurs tra-vaillent agrave lrsquointeacutegration de lrsquoeacutecotoxiciteacute mais il pour-rait ecirctre inteacuteressant drsquoajouter eacutegalement la vulneacuterabi-liteacute des espegraveces au climat et drsquointeacutegrer des donneacutees eacutecologiques sur le contexte local afin de mieux affiner lrsquoindicateur Les eacutevaluateurs notent aussi que la meacute-thodologie drsquoACV peut avoir tendance agrave sous-estimer lrsquoimpact par rapport agrave une analyse qui mobilise des tableaux ressources-emplois (ou entreacutees-sorties) mais qui sont moins preacutecis Un couplage des deux meacutetho-dologies pourrait constituer une piste de reacuteflexion Ce couplage des deux meacutethodologies complexe permet-trait neacuteanmoins de reacutepondre aux limites de chacune

Enfin il pourrait ecirctre inteacuteressant de compleacuteter la dimension drsquoaide agrave la deacutecision en apportant des eacuteleacute-ments chiffreacutes en termes de coucircts des eacuteleacutements consti-tuant le produit

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull de Baan L Alkemade R Koellner T (2013) Land use impacts on biodiversity in LCA A global ap-proach The International Journal of Life Cycle As-sessment 18(6) 1216ndash1230 httpsdoiorg101007s11367-012-0412-0

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

232 Product Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI)

Une premiegravere version de lrsquooutil Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI) a eacuteteacute lanceacutee en 2018 Lrsquooutil concerne tous les secteurs drsquoactiviteacutes puisqursquoil vise agrave eacutevaluer lrsquoimpact sur la biodiversiteacute drsquoun por-tefeuille financier constitueacute drsquoun meacutelange drsquoactions (tous secteurs) et drsquoobligations (deacutepenses de lrsquoeacutetat) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle du porte-feuille de secteurs ou drsquoentreprises ndash lrsquooutil nrsquoest pas approprieacute pour une application au niveau du site ou du projet ndash et porte sur les milieux terrestres aquatiques continentaux voire marins en fonction des donneacutees disponibles Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est baseacute sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil BFFI ne retient que certaines pressions sur lrsquoensemble de celles prises en compte dans la base Exiobase (voir paragraphe suivant) en se focalisant sur celles qui ont un impact sur la biodiversiteacute changement climatique usage de lrsquoeau eacutecotoxiciteacute sur les milieux terrestres les milieux aquatiques continentaux et marins eutro-phisation des eaux continentales et marines forma-tion drsquoozone tropospheacuterique transformation et occu-pation des sols Au moment de lrsquoeacutevaluation le BFFI ne considegravere pas les espegraveces envahissantes le deacuteran-gement (bruit pollution lumineuse etc) et lrsquoexploita-tion directela surexploitation

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BFFI se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la base Exiobase (version 3) Exiobase est une base de donneacutees mon-diale qui propose un tableau entreacutees-sorties (input-output MR-IOT) et un tableau ressources-emplois (supply-use MR-SUT) dans une approche globale et eacutetendue sur le plan environnemental Crsquoest cette base et le modegravele de liens entre activiteacutes et impacts qui la fonde qui est le principal modegravele sous-jacent aux liens entre activiteacutes et pressions

La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI preacutesente ici des avantages lrsquoapproche ACV inclut tous les impacts de la chaicircne de valeur lrsquoemploi drsquoExiobase est inteacuteressant par la gamme des secteurs et des activiteacutes consideacutereacutes

Elle preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoemploi drsquoExiobase Les secteurs eacuteconomiques sont diviseacutes en 163 cateacutegories ce qui constitue une repreacutesentation assez grossiegravere Le modegravele nrsquoest pas speacutecifique et speacute-cifieacute au niveau reacutegional ce qui preacutesume de fortes in-certitudes significatives Il y a aussi des limites quant agrave la collecte et la compilation des donneacutees en effet

les donneacutees sont issues des comptabiliteacutes nationales des eacutetats ndash or chaque eacutetat a son propre systegraveme de classification

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le modegravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil BFFI pour le calcul de lrsquoindicateur sont celles drsquoExiobase3

Concernant la preacutecision les eacutevaluateurs notent que la relation entre activiteacutes et pressions est correc-tement traduite dans le modegravele Exiobase Cette rela-tion est baseacutee sur la moyenne de la consommation et de lrsquoeacutemission par secteur Mais les incertitudes sont consideacuterables En effet la marge drsquoerreur qui existe entre activiteacutes et pressions est diffeacuterente au sein et pour chaque secteur Il y a ainsi deux risques celui de sous-estimer lrsquoimpact drsquoune activiteacute car elle aurait des pratiques plus neacutefastes que la moyenne du secteur auquel elle appartient et celui inverse de surestimer lrsquoimpact drsquoune activiteacute Les concepteurs du BFFI pro-posent de compleacuteter lrsquoanalyse quantitative par une analyse qualitative qui doit aider agrave situer lrsquoentreprise par rapport au reste de son secteur

La sensibiliteacute de lrsquooutil est limiteacutee au secteur etou au pays lrsquooutil permet de faire la diffeacuterence entre deux activiteacutes qui appartiennent agrave deux secteurs diffeacute-rents ou de comparer deux activiteacutes qui appartiennent au mecircme secteur mais qui sont situeacutees dans deux pays diffeacuterents

La fiabiliteacute est fortement deacutependante des don-neacutees qui ont eacuteteacute utiliseacutees pour construire les tables preacutesenteacutees dans Exiobase En effet tous les pays nrsquoayant pas les mecircmes systegravemes de comptabiliteacute il y a eu des traitements pour agreacuteger ou deacutesagreacuteger des donneacutees issues de diffeacuterentes sources et la reacutealisation drsquoextrapolations Lrsquoanalyse qualitative proposeacutee par les concepteurs peut venir compleacuteter les biais lieacutes au manque de fiabiliteacute des donneacutees

Les eacutevaluateurs notent que la relation entre les ac-tiviteacutes et les pressions est reproductible mais pas assez preacutecise par rapport agrave des projets ou des territoires speacute-cifiques La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI srsquoapplique aux eacutetudes agrave grande eacutechelle et aux activiteacutes agreacutegeacutees mais pas de faccedilon speacutecifique agrave une entreprise ou agrave une reacutegion

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil BFFI pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre ACV en srsquoappuyant sur la meacutethode ReCiPe ReCiPe permet de convertir des donneacutees de cycle de vie en impacts Cette meacutethode utilise en entreacutee des informations sur les eacutemissions (par exemple sur le CO2 ou le SO2) pour calculer lrsquoempreinte environnementale agrave mi-parcours (midpoint impacts categories) (par exemple le change-

ment climatique lrsquoutilisation des terres lrsquoeutrophisa-tion) et ensuite pour calculer lrsquoimpact reacutesultant sur les eacutecosystegravemes ou la biodiversiteacute (endpoint impacts category)

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans la meacutethode ReCiPe et reprise dans le BFFI est la perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) exprimeacutee en fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr) ndash et par hectare pour le milieu terrestre par megravetre cube pour le milieu aquatique Le reacutesultat peut ecirctre utiliseacute pour calculer lrsquoempreinte biodiversiteacute en megravetres carreacute (msup2) par euro (euro) investi

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil PBF pour un compleacutement drsquoinformation sur cette meacutetrique

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil PBF est ici de proposer une meacutetrique agreacutegeacutee et syn-theacutetique (PDF) Lrsquoindicateur est ainsi plutocirct geacuteneacuteral et de type biophysique il ne srsquoexpose pas aux poleacute-miques qui entourent lrsquoeacutevaluation moneacutetaire de la biodiversiteacute

La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoutilisation de la meacutethode ReCiPe car elle srsquoappuie sur une relation lineacuteaire entre quan-

titeacute de pressions et perte de biodiversiteacute Cette relation ne permet pas de tenir compte drsquoeacuteventuels effets de seuil en dessous desquels un eacutecosystegraveme serait com-plegravetement deacutetruit De plus la meacutetrique utiliseacutee met lrsquoaccent sur les espegraveces les attributs fonctionnels et structurels de la biodiversiteacute sont largement neacutegligeacutes La PDF quantifie le potentiel de disparition drsquoespegraveces plutocirct que le nombre exact drsquoespegraveces disparues

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans la meacute-thode ReCiPe et donc reprises dans lrsquooutil BFFI sont des donneacutees de modeacutelisation de type laquo dose-reacuteponse raquo Ces donneacutees permettent drsquoobtenir une information sur les facteurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute dans diffeacute-rents secteurs et autorisent ainsi une analyse qualita-tive guidant lrsquointerpreacutetation et lrsquoutilisation du reacutesultat fournit par lrsquooutil

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts elle relegraveve surtout de la meacutethode ReCiPe qui simplifie la relation entre pressions et im-pacts en utilisant des donneacutees moyennes entraicircnant ainsi des incertitudes Les eacutevaluateurs signalent que la marge drsquoincertitude est aussi deacutependante des don-neacutees scientifiques disponibles pour alimenter la meacute-thode Les concepteurs de lrsquooutil BFFI recommandent drsquoailleurs de compleacuteter lrsquoanalyse quantitative par une

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

analyse qualitative notamment pour eacuteviter certains investissements dont les impacts sont sous-estimeacutes par lrsquoeacutevaluation

Concernant la sensibiliteacute les eacutevaluateurs sou-lignent que la meacutethode ReCiPe a eacuteteacute fortement rema-nieacutee entre sa version ReCiPe2008 et ReCiPe2016 Un cas drsquoeacutetude montre qursquoil en reacutesulte un changement important dans lrsquoimpact calculeacute pour un portefeuille financier Cette diffeacuterence est lieacutee agrave lrsquointeacutegration des derniegraveres informations scientifiques mais elle montre aussi la sensibiliteacute de lrsquooutil Toutefois lrsquooutil ne per-met pas de deacutetecter des changements preacutecoces de bio-diversiteacute par le niveau drsquoagreacutegation des donneacutees De la mecircme faccedilon parce que la meacutethode est baseacutee sur des relations lineacuteaires lrsquooutil BFFI ne permet pas de deacute-tecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion lors de changements non lineacuteaires

Enfin la fiabiliteacute repose sur la qualiteacute des sources de donneacutees pour lesquelles des mises agrave jour freacute-quentes sont neacutecessaires afin drsquointeacutegrer les derniegraveres connaissances

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil srsquointeacuteresse agrave lrsquoeacutechelle tem-porelle annuelle La meacutetrique des impacts (PDF) peut aussi ecirctre convertie en une uniteacute indeacutependante du temps

Au niveau spatial lrsquooutil nrsquoa pas de peacuterimegravetre speacute-cifique puisqursquoil srsquoagit drsquoeacutevaluer lrsquoimpact drsquoinvestisse-ments Lrsquointeacuterecirct est drsquoavoir construit un outil unique quel que soit la localisation de lrsquoimpact ndash mais il ne permet pas de tenir compte des speacutecificiteacutes et des par-ticulariteacutes de chaque pays ni locales

En termes de niveaux drsquoorganisation et de dimen-sions de la biodiversiteacute lrsquooutil BFFI se focalise sur la composition en espegraveces Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil BFFI agregravege les espegraveces et ne tient pas compte de la speacutecificiteacute de certaines espegraveces ayant un rocircle fonctionnel particuliegraverement important ou encore une valeur patrimoniale Si lrsquointeacuterecirct de la composition en espegravece reacuteside dans des donneacutees plus facilement dispo-nibles il nrsquoen reste pas moins que les attributs fonc-tionnels et structurels de la biodiversiteacute sont largement neacutegligeacutes De plus la synthegravese des impacts en une uniteacute unique (PDF) peut entraicircner plusieurs risques ceux lieacutes agrave la localisation des impacts en consideacuterant que tous les eacutecosystegravemes sont eacutequivalents sans prendre en compte le rocircle fonctionnel des eacutecosystegravemes et ceux lieacutes agrave la standardisation des eacutecosystegravemes en consideacuterant que perdre 100 drsquoespegraveces sur un hectare de forecirct primaire eacutequivaut agrave perdre 100 drsquoespegraveces dans un deacutesert

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte De plus les eacuteva-luateurs rappellent qursquoil nrsquointegravegre pas les impacts lieacutes agrave la surexploitation aux espegraveces envahissantes et au deacuterangement (pollution lumineuse bruit)

Les eacutevaluateurs notent que la meacutethodologie de lrsquooutil BFFI est inteacuteressante pour eacutevaluer des impacts des investissements sur la biodiversiteacute question diffi-cile et sujette agrave lrsquoincertitude mais que de nombreuses limites existent du fait de lrsquoutilisation de deux meacute-thodes (Exiobase ReCiPe) qui ont leurs limites respec-tives notamment le fait drsquoutiliser une relation lineacuteaire entre quantiteacute de pressions et perte de biodiversiteacute Les eacutevaluateurs invitent ainsi agrave la prudence quant agrave lrsquousage de lrsquooutil pour le pilotage drsquoune strateacutegie drsquoin-vestissements ou pour de la communication externe Ils soulignent que lrsquooutil BFFI vise aussi agrave montrer que certains investissements peuvent avoir des effets positifs sur la biodiversiteacute Ceci peut poser deux pro-blegravemes drsquoabord le retour agrave une logique de durabi-liteacute faible (substitution de capital anthropogeacutenique au capital naturel) puisque des impacts sur la biodiversiteacute pourraient ecirctre compenseacutes par des investissements dans des infrastructures ensuite parce que les effets positifs des investissements sur la biodiversiteacute sont tregraves incertains

Lrsquooutil ayant vocation agrave aider agrave la deacutecision pour lrsquoinvestissement il nrsquoest pas forceacutement inteacuteressant de reacutepeacuteter le calcul En revanche lrsquoindicateur peut ecirctre mis agrave jour pour de nouveaux investissements et au fur et agrave mesure que les donneacutees sur la biodiversiteacute et lrsquoACV deviennent disponibles dans les bases de don-neacutees consideacutereacutees Ainsi la meacutethode associeacutee au BFFI preacuteconise un calcul annuel afin de suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoimpact du portefeuille financier (ensemble des investissements)

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Le calcul de lrsquoindicateur est clair et rigoureux mais la quantiteacute de donneacutees utiliseacutees ndash publiquement dispo-nibles agrave lrsquoexception du portefeuille drsquoinvestissements ndash rend lrsquoappropriation et la compreacutehension assez difficile

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent qursquoil existe cependant une chaicircne drsquoincerti-tudes tout au long du calcul et cela peut entraicircner une accumulation de biais dans les reacutesultats de lrsquooutil ce que lrsquoanalyse qualitative permet de discuter

Il nrsquoexiste pas de valeur cible proprement dite lrsquoideacuteal agrave atteindre serait lrsquoabsence de perte de biodiversiteacute

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil BFFI reste lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact de deacutecisions drsquoinvestisse-ments Il pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public mais agrave large eacutechelle (par exemple pour le secteur des travaux publics)

Selon les eacutevaluateurs du fait des meacutethodes utili-seacutees et des incertitudes associeacutees lrsquooutil ne semble pas approprieacute pour inteacutegrer le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en tenant compte de la diversiteacute fonction-nelle via les traits drsquoespegraveces Ce peut ecirctre en com-paraison agrave la richesse speacutecifique une meacutetrique plus approprieacutee pour calculer les facteurs de caracteacuterisa-tion qui permettent drsquoestimer la perte de biodiversiteacute lieacutee au changement drsquousages des terres Cependant les indicateurs fonctionnels neacutecessitent geacuteneacuteralement une tregraves grande quantiteacute de donneacutees et il nrsquoest pas certain qursquoil soit possible de construire les facteurs de caracteacuterisation neacutecessaire vu le grand nombre de drivers dans Exiobase pour lier activiteacutes pressions et impacts fonctionnels

Par ailleurs la conversion des pressions en impacts sur la biodiversiteacute pourrait ecirctre compleacuteteacutee par drsquoautres indicateurs tel que lrsquoindicateur de dommage eacutecolo-gique potentiel (Ecological Damage Potential indica-tor EDP) Celui-ci est baseacute sur une logique drsquooccupa-tion du sol pour un type drsquousage on eacutevalue lrsquoimpact sur la biodiversiteacute alors que la logique du BFFI est plutocirct de partir de lrsquoensemble des consommations et des eacutemissions drsquoun secteur donneacute et drsquoen deacuteduire un impact sur la biodiversiteacute

En termes meacutethodologiques il serait souhaitable drsquointeacutegrer la prise en compte de plus de pressions Il serait eacutegalement utile de deacutevelopper une mesure de lrsquoerreur dans lrsquoeacutevaluation des impacts sur la bio-diversiteacute pour avoir une ideacutee du domaine de validiteacute des reacutesultats Agrave ce titre il pourrait ecirctre inteacuteressant de renforcer le reacuteseau drsquoexperts qui permettent drsquoameacutelio-rer les donneacutees drsquoExiobase notamment dans des do-maines ou des secteurs speacutecifiques et les facteurs de conversion de ReCiPe Par ailleurs des eacutetudes de cas ougrave les impacts sur la biodiversiteacute sont mesureacutes apregraves les investissements et une comparaison avec lrsquoeacutevalua-tion ex-ante pourraient ecirctre envisageacutees

Enfin il serait inteacuteressant de formaliser et de geacuteneacute-raliser un guide drsquoaide agrave la deacutecision pour accompagner lrsquoutilisation de lrsquooutil de le compleacuteter par des analyses qualitatives et une politique drsquoinvestissements qui vise agrave limiter les manques de lrsquoindicateur

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Koellner Thomas amp Scholz Roland (2008) Assess-ment of land use impacts on the natural environment Part 2 Generic characterization factors for local species diversity in Central Europe The International Journal of Life Cycle Assessment 13(1) 32-48 httpsdoiorg101065lca2006122922bull Souza Danielle Maia de Flynn Dan Declerck Fabrice Rosenbaum Ralph Lisboa Henrique Koellner Thomas (2013) Land use impacts on biodiversity in LCA Pro-posal of characterization factors based on functional diversity The International Journal of Life Cycle As-sessment 18(6) 1231-1242 httpsdoiorg101007s11367-013-0578-0

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

233 Global Biodiversity Score TM (GBS)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Global Biodiversity Score (GBS) eacutetait au stade de deacuteveloppement et de mise en application au sein de pilotes en collaboration avec des entreprises Il est deacuteveloppeacute pour srsquoappliquer agrave un grand nombre de secteurs drsquoactiviteacutes utilisant des matiegraveres premiegraveres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle de grands projets ou drsquouniteacutes drsquoaffaire ndash et agrave terme de portefeuilles drsquoinvestissements Au moment de lrsquoeacutevaluation il prend en compte les milieux ter-restres et la composante pour les milieux dulccedilaquicoles eacutetait en cours de deacuteveloppement Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre drsquoanalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil GBS retient huit pressions sur lrsquoensemble de celles prises en compte dans la base Exiobase (voir para-graphe suivant) ndash pour la biodiversiteacute terrestre utili-sation des terres (agriculture foresterie urbanisation) deacutepocircts azoteacutes aeacuteriens fragmentation des milieux natu-rels changement climatique empieacutetement humain pour la biodiversiteacute dulccedilaquicole utilisation des terres (conversion des zones humides artificialisation de lrsquoamont des bassins versants) perturbations hydro-logiques eutrophisation Toutefois au moment de lrsquoeacutevaluation le GBS ne considegravere pas les espegraveces enva-hissantes le deacuterangement (bruit pollution lumineuse etc) les pollutions chimiques des sols et des eaux et lrsquoexploitation directela surexploitation Les concep-teurs de lrsquooutil envisagent de lrsquoameacuteliorer sur ce plan-lagrave

Liens entre les activiteacutes et les pressions et pressions prises en compte

Lrsquooutil GBS se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la base Exiobase (version 3) Exiobase est une base de donneacutees mon-diale qui propose un tableau entreacutees-sorties (input-output MR-IOT) et un tableau ressources-emplois (supply-use MR-SUT) dans une approche globale et eacutetendue sur le plan environnemental Crsquoest cette base et le modegravele de liens entre activiteacutes et impacts qui la fonde qui est le principal modegravele sous-jacent aux liens entre activiteacutes et pressions

La meacutethodologie de lrsquooutil GBS preacutesente ici plu-sieurs avantages lieacutes agrave lrsquoemploi drsquoExiobase le lien entre activiteacutes et pressions est eacutetabli de faccedilons diffeacute-rentes selon les pressions prises en compte lrsquointeacute-gration de lrsquoeffet cumulatif des diffeacuterents types de pressions est explicite il y a une valeur quantitative agreacutegeacutee compreacutehensible et informative des impacts des activiteacutes eacuteconomiques ndash agrave condition que lrsquoinven-taire (quantification des flux entrants et sortants) de lrsquoACV soit correctement mis en œuvre

Elle preacutesente toutefois des limites la principale eacutetant de nrsquointeacutegrer au moment de lrsquoeacutevaluation que les opeacuterations laquo amont raquo (approvisionnement produc-tion) et de ne pas prendre en compte les opeacuterations laquo aval raquo (utilisation recyclage etc)

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil BFFI (numeacutero 32) pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation drsquoExiobase

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le mo-degravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil GBS pour le calcul de lrsquoindicateur sont soit celles drsquoExiobase3 soit les donneacutees directes sur les pressions lorsqursquoelles sont disponibles

Concernant la preacutecision de la relation entre acti-viteacutes et pressions lrsquoapproche geacuteneacuterale est preacutecise et pertinente en srsquoappuyant sur lrsquoACV Toutefois il est neacutecessaire de disposer drsquoune meacutethodologique claire sur la maniegravere de mener lrsquoACV

La sensibiliteacute et la fiabiliteacute de lrsquooutil nrsquoont pas pu ecirctre eacutevalueacutees par les experts

Liens entre les pressions et les impacts

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil GBS se base sur le modegravele de lrsquoACV Lrsquoapproche mobiliseacutee dans lrsquooutil GBS pour lier pressions et impacts sur la biodiversi-teacute repose particuliegraverement sur le Global Biodiversity Model (GLOBIO) version 3 GLOBIO est un cadre de modeacutelisation permettant de calculer les impacts de cinq pressions sur une biodiversiteacute terrestre laquo intacte raquo pour le passeacute le preacutesent et le futur La modeacutelisation est baseacutee sur des relations correacutelatives deacuteriveacutees de la litteacuterature donneacutees provenant principalement du mo-degravele inteacutegreacute drsquoeacutevaluation de lrsquoenvironnement mondial IMAGE liant deacuteterminants et pressions et de donneacutees ad hoc traiteacutees par certaines formes de meacuteta-analyses Pour chacun des cinq facteurs le modegravele contient une eacutequation de reacutegression reliant lrsquointensiteacute de la pres-sion agrave lrsquoimpact sur la biodiversiteacute Le modegravele GLO-BIO est rapprocheacute des meacutethodes de lrsquoACV en tant qursquoil mobilise des modegraveles et facteurs de caracteacuterisation

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans le modegravele GLOBIO et reprise dans lrsquooutil GBS est lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) et son eacutequivalent en surface (par exemple kmsup2 MSA)

La meacutethodologie du GBS construite sur la base drsquoun examen approfondi des donneacutees et modegraveles existants a eacuteteacute penseacutee de faccedilon agrave rester flexible et compatible avec drsquoautres approches et meacutethodes ndash en dehors de GLOBIO ndash liant les activiteacutes et les pressions La meacutethodologie preacutesente plusieurs avantages lieacutes lors de lrsquoeacutevaluation agrave lrsquoemploi du modegravele GLOBIO

lrsquoeffet cumulatif des diffeacuterents types de pressions et lrsquoapproche spatiale sont explicites

Elle preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoutilisa-tion du modegravele GLOBIO Les liens entre les pressions et la biodiversiteacute sont baseacutes sur des relations deacuteter-ministes souvent lineacuteaires et correacutelatives calculeacutees agrave partir drsquoeacutevaluations ou drsquoexpeacuteriences passeacutees le mo-degravele ne documente pas lrsquoimpact reacuteel mais potentiel des pressions sur la biodiversiteacute et de plus le modegravele risque de ne pas tenir compte des changements dans les systegravemes et les modegraveles eacuteconomiques Une autre li-mite repose sur la faccedilon dont les calculs sont effectueacutes selon que les pressions ont eacuteteacute agreacutegeacutees au niveau des espegraveces puis la MSA calculeacutee ou selon que la MSA a eacuteteacute utiliseacutee pour chaque pression puis agreacutegeacutee De plus il est essentiel de tenir compte de la faccedilon dont la MSA rendra compte des impacts sur les sites riches ou pauvres en espegraveces ce dont les concepteurs sont conscients Par ailleurs il semble que la deacutependance entre les uniteacutes spatiales est neacutegligeacutee ce qui ne permet pas de rendre compte de lrsquoautocorreacutelation spatiale et de processus importants tels que la dispersion et la connectiviteacute Cela peut conduire agrave biaiser lrsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil BIM (numeacutero 34) pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation de GLOBIO

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil GBS sont hybrides ce sont soit les reacutesultats modeacuteliseacutes de GLOBIO soit les donneacutees reacuteelles lorsqursquoelles sont dis-ponibles pour ecirctre combineacutees aux relations pression-impact fournies par GLOBIO Lors de lrsquoeacutevaluation le modegravele GLOBIO version 3 se concentrait sur la partie terrestre du globe Un module pour le milieu aquatique drsquoeau douce eacutetait en cours drsquoeacutelaboration (GLOBIO-aquatic)

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts elle relegraveve surtout du modegravele GLO-BIO sur lequel le GBS se base Outre les biais eacutevo-queacutes plus haut lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence correspondant agrave une MSA de 100 questionne eacutegalement les eacuteva-luateurs car son caractegravere statique ignore les aspects dynamiques des systegravemes eacutecologiques (par exemple modification des aires de reacutepartition des espegraveces en reacuteponse au changement climatique sans diminution de leur abondance globale ou encore perturbations intermeacutediaires) et suppose qursquoil nrsquoexiste qursquoun seul eacutetat drsquooptimum eacutecologique pour chaque eacutecosystegraveme De plus lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence peut en reacutealiteacute refleacuteter un eacutetat potentiellement deacutejagrave deacutegradeacute ou en transition Par ailleurs il est le mecircme pour toutes les uniteacutes spatiales au sein drsquoun biome donneacute sans tenir compte de lrsquohis-torique des pressions en diffeacuterents endroits Enfin la faccedilon dont les eacutetats de reacutefeacuterence sont mobiliseacutes nrsquoest pas claire (par exemple pour un champ de maiumls est-ce une forecirct ou une prairie naturelle )

Lrsquoincertitude est ainsi modeacutereacutee agrave eacuteleveacutee notam-ment parce que la meacutetrique MSA est deacuteriveacutee de re-lations correacutelatives avec les pressions relations dont les choix meacutethodologiques posent question ou pour lesquelles les meacuteta-analyses ne sont pas au moment de lrsquoeacutevaluation toutes publieacutees et parce que cela ne rend pas complegravetement compte de reacuteponses non-li-neacuteaires de la biodiversiteacute

La relation entre pressions et impacts est sensible dans le sens ougrave la meacutethodologie seacutepare explicitement les diffeacuterentes pressions et qursquoelle est plutocirct sensible agrave lrsquointeacuterieur de chaque pression ndash dans la limite des biais inheacuterents au modegravele GLOBIO Lrsquooutil GBS ne permet pas toutefois de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute Bien que lrsquoabondance de la population soit theacuteoriquement une mesure assez sen-sible du changement de la biodiversiteacute elle nrsquoest ici pas mesureacutee mais plutocirct deacuteriveacutee par correacutelation ndash ce qui nrsquoest pas lrsquoapproche la plus robuste pour des pro-jections dans le futur De la mecircme faccedilon lrsquooutil GBS ne permet pas de deacutetecter des changements inhabi-tuels lors de changements non lineacuteaires

Abondance moyenne des espegravecesMean Species Abundance (MSA)

Cette meacutetrique deacutesigne lrsquoabondance moyenne des espegraveces en prenant une situation non per-turbeacutee comme reacutefeacuterence La MSA est un indi-cateur du caractegravere naturel ou de lrsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute Elle est deacutefinie comme lrsquoabon-dance moyenne des espegraveces originelles preacute-sentes dans la situation non perturbeacutee par rapport agrave leur abondance dans les eacutecosystegravemes en situation perturbeacutee Lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence cor-respond agrave des types drsquooccupation du sol laquo na-turels raquo non deacutedieacutes agrave aucune activiteacute humaine particuliegravere (forecircts naturelles prairies natu-relles glaciers)

Elle ne tient pas compte des augmentations possibles de lrsquoabondance par rapport agrave lrsquoeacuteco-systegraveme non perturbeacute la MSA ne peut pas ecirctre supeacuterieure agrave 100 Une zone avec une MSA de 100 signifie une biodiversiteacute similaire ou supeacuterieure agrave la situation non perturbeacutee de reacutefeacute-rence Une MSA de 0 signifie un eacutecosystegraveme sans plus aucune espegravece drsquoorigine un eacutecosys-tegraveme complegravetement deacutetruit

La MSA traduit un eacutetat possible de la biodi-versiteacute et non pas lrsquoeacutetat reacuteel

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

La fiabiliteacute de lrsquooutil repose sur celle du modegravele GLOBIO ou drsquoun autre modegravele qui pourrait ecirctre mo-biliseacute par lrsquooutil Le nombre drsquoeacutetudes utiliseacutees dans GLOBIO pour calibrer les relations entre pressions et biodiversiteacute reste faible et varie fortement entre biomes et pressions La fiabiliteacute peut donc ecirctre ameacute-lioreacutee par lrsquoimpleacutementation de nouvelles donneacutees et connaissances et la meacutethodologie du GBS est conccedilue pour ecirctre mise agrave jour au fur et agrave mesure que des pro-gregraves seront reacutealiseacutes

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil srsquointeacuteresse agrave un peacuterimegravetre temporel annuel avec une hypothegravese forte lrsquoannua-lisation des diffeacuterences entre 2010 et 2050 avec lrsquohypo-thegravese drsquoune variation lineacuteaire de la biodiversiteacute sur cette peacuteriode ajusteacutee sur la base de donneacutees passeacutees reacutecentes

Au niveau spatial le peacuterimegravetre de lrsquooutil varie en fonction de son application mais au moment de lrsquoeacuteva-luation la meacutethodologie nrsquoest pas claire sur la reacutesolu-tion de lrsquooutil GBS

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil GBS est les populations drsquoespegraveces La dimension de la biodiversiteacute prise en compte dans lrsquooutil est la reacutepartition de lrsquoabondance entre les es-pegraveces Si cette dimension transcrite via la MSA est re-lativement simple agrave deacuteriver et plutocirct bien adapteacutee pour eacutetablir un lien avec les questions drsquoextinction drsquoespegraveces et drsquoeacuterosion de la biodiversiteacute elle est moins eacutevidente pour faire le lien avec des questions fonctionnelles ou eacutevolutives ainsi que lrsquointerdeacutependance des espegraveces ou encore la structure des paysages ou des eacutecosystegravemes

Au moment de lrsquoeacutevaluation pour la biodiversiteacute terrestre les mammifegraveres oiseaux amphibiens rep-tiles inverteacutebreacutes et plantes vasculaires sont pris en compte Toutes les espegraveces (communes et rares) sont prises en compte mais regroupeacutees au sein de la MSA de sorte qursquoil est impossible de savoir exactement quelles espegraveces sont consideacutereacutees

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte En effet il srsquoap-plique aux impacts potentiels plutocirct que reacuteels des activiteacutes sur la biodiversiteacute a priori et a posteriori Les eacutevaluateurs rappellent aussi que la reacutesolution est actuellement assez grossiegravere et ne permet pas de saisir les changements qui se produisent agrave petite eacutechelle

Les eacutevaluateurs soulignent que lrsquooutil GBS nrsquoest pas baseacute sur des mesures directes de lrsquoeacutetat de la biodi-versiteacute et ne peut ecirctre pas consideacutereacute comme un indi-

cateur de changement de la biodiversiteacute Lrsquooutil GBS peut cependant servir agrave comparer des investissements identifier des produits agrave haut risque dans une chaicircne drsquoapprovisionnement eacutevaluer diffeacuterentes intensiteacutes de production pour un mecircme produit ou encore compa-rer des impacts potentiels de diffeacuterentes entreprises qui srsquoapprovisionnent pour le(s) mecircme(s) produit(s)

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Sur le plan conceptuel le calcul de lrsquoindicateur semble relativement clair rigoureux et transparent bien que des preacutecisions importantes soient neacutecessaires agrave appor-ter dans la meacutethodologie (hypothegraveses articulation des calculs eacutetats de reacutefeacuterence) La meacutethodologie repose sur des outils et des ensembles de donneacutees com-plexes et speacutecifiques neacutecessitant une expertise et des connaissances solides pour permettre une eacutevaluation deacutetailleacutee Les eacutevaluateurs soulignent que lrsquooutil tire parti drsquoun ensemble drsquoapproches avanceacutees provenant de diffeacuterents cadres conceptuels et domaines drsquoexper-tise (ACV PER) avec lrsquoambition de maximiser la flexi-biliteacute et lrsquointeropeacuterabiliteacute avec les autres cadres inter-nationaux (Ipbes CDB OECD UNEP etc)

En se reacutefeacuterant aux limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent que les biais et les limites lieacutees au calcul de lrsquoindicateur affectent sa robustesse et sa rigu-eur ndash ce dont les concepteurs sont conscients et pour lesquels ils proposent des ameacuteliorations

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil GBS reste lrsquoaide agrave la deacutecision et la comparaison drsquoimpacts modeacuteliseacutes attendus sur la biodiversiteacute agrave travers diffeacuterents niveaux drsquoagreacutegation (site entreprises pays etc) Lrsquooutil spa-tialement explicite permet la comparaison entre enti-teacutes agrave des zones geacuteographiques etou agrave des moments diffeacuterents Il repreacutesente une approche prometteuse pour explorer lrsquoimpact potentiel global drsquoinvestisse-ments ou de deacuteveloppements drsquoentreprises pour ra-tionaliser les activiteacutes de production et pour commu-niquer sur la biodiversiteacute avec les secteurs industriels et eacuteconomiques Il pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public agrave la fois directement en eacutevaluant les impacts et indirectement pour aider agrave la seacutelection drsquoentreprises reacutepondant aux marcheacutes

Selon les eacutevaluateurs agrave lrsquoeacutechelle internationale et au niveau eacuteleacutementaire de la meacutetrique la MSA peut ecirctre consideacutereacutee comme une approximation de lrsquoindica-teur de la CDB sur les tendances de lrsquoabondance des espegraveces Mais une eacutevaluation prudente de la MSA par rapport agrave la moyenne geacuteomeacutetrique de lrsquoabondance et de la valeur ajouteacutee de lrsquooutil GBS par rapport agrave GLOBIO via sa mise en œuvre avec des donneacutees reacuteelles doit ecirctre effectueacutee avant une inteacutegration au suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en tenant compte de la structure des pay-sages par exemple la connectiviteacute et des approches plus eacutevolutives et fonctionnelles de la biodiversiteacute par exemple en inteacutegrant la diversiteacute structurelle ou fonctionnelle des traits les espegraveces les communauteacutes ou les eacutecosystegravemes Un ou plusieurs autres outils ou indicateurs (agrave partir de modegraveles ou de donneacutees obser-veacutees) pourraient alors compleacuteter lrsquooutil GBS Il serait aussi utile drsquoexpliciter comment les changements de valeurs de MSA peuvent ecirctre utiliseacutes voire traduits en des changements de statut de conservation drsquoespegraveces ou de deacuteclin de biodiversiteacute lorsqursquoils sont compareacutes par exemple avec des aires de distribution drsquoespegraveces ou des tailles de populations A plus long terme le nombre drsquoespegraveces impacteacutees devrait aussi ecirctre incor-poreacute dans la meacutetrique finale

En termes meacutethodologiques il serait souhaitable de rendre plus explicite lrsquointeacutegration et la validation de la meacutethodologie avec des donneacutees reacuteelles Lrsquooutil gagnera agrave inteacutegrer des donneacutees reacuteelles et beacuteneacuteficiera des ameacuteliorations apporteacutees agrave GLOBIO via la prise en compte des derniegraveres donneacutees et connaissances relatives aux impacts sur la biodiversiteacute Par ailleurs lrsquooutil gagnerait agrave mieux rendre compte des pressions cumuleacutees dans le temps Enfin il serait souhaitable drsquointeacutegrer toutes les pressions dans les deacuteveloppe-ments futurs de lrsquooutil Pour finir le modegravele EcoOcean pour les eacutecosystegravemes marins pourrait aussi ecirctre consi-deacutereacute pour lrsquooutil GBS qui au moment de lrsquoeacutevaluation ne prenait en compte que les eacutecosystegravemes terrestres et envisageait les eacutecosystegravemes dulccedilaquicoles

Drsquoun point de vue pratique lrsquooutil GBS pourrait ecirctre preacutesenteacute agrave lrsquoaide drsquoun document expliquant lrsquoap-proche geacuteneacuterale et sa pertinence et un autre document

tregraves technique preacutesentant la meacutethodologie de maniegravere complegravete transparente et rigoureuse pour chaque eacutetape du calcul Malgreacute une eacutelaboration minutieuse du GBS celui-ci utilise une approche correacutelative avec de fortes limitations qui peuvent geacuteneacuterer une incer-titude substantielle dans lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact sur la biodiversiteacute Ces eacuteleacutements sont freacutequents lorsqursquoon travaille agrave une eacutechelle mondiale

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Connell J H 1978 Diversity in tropical rain forests and coral reefs Science 199 1302-1310bull Harfoot M B J Newbold T Tittensor D P Emmott S Hutton J Lyutsarev V hellip Purves D W (2014) Emergent Global Patterns of Ecosystem Struc-ture and Function from a Mechanistic General Ecosys-tem Model PLoS Biology 12(4) e1001841 httpsdoiorg101371journalpbio1001841bull Urban et al 2016 Improving the forecast for bio-diversity under climate change Science 353(6304) httpsdoiorg101126scienceaad8466bull Newbold T Hudson L Hill S Contu S Lysenko I et al 2015 Global effects of land use on local terres-trial biodiversity Nature 520 45-50bull Santini L Belmaker J Costello M Pereira H Rossberg A et al 2017 Assessing the suitability of di-versity metrics to detect biodiversity change Biological Conservation 213 341-350 httpsdoiorg101016jbiocon201608024bull Scholes RJ Biggs R 2005 A biodiversity in-tactness index Nature 434 45-49 httpsdoiorg 101038nature03289bull Van Strien AJ Soldaat LL Gregory RD 2012 Desirable mathematical properties of indicators for biodiversity change Ecological Indicators 14 202-208 httpsdoiorg101016jecolind201107007

4342

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

234 Biodiversity Impact Metric (BIM)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Impact Metric (BIM) eacutetait au stade de version becircta Il est deacuteve-loppeacute pour les secteurs fortement lieacutes agrave la consom-mation de matiegraveres premiegraveres ayant un impact sur lrsquoutilisation des terres (alimentation textile foreste-rie cosmeacutetique) et porte sur les milieux terrestres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des produits et services pour des eacutecoreacutegions deacutefinies drsquoun pays et agreacutegeables pour produire un score national Lrsquooutil BIM correspond agrave la composante laquo biodiversiteacute raquo drsquoun outil plus vaste visant agrave eacutevaluer la santeacute drsquoun eacutecosys-tegraveme en prenant en compte lrsquoimpact drsquoactiviteacutes sur la biodiversiteacute le sol et lrsquoeau pour une superficie donneacutee Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre drsquoanalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA) croiseacute avec le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil BIM retient lrsquoutilisation des terres (agriculture activi-teacutes extractives construction destruction de lrsquohabitat fragmentation de lrsquohabitat etc) en termes de type et drsquointensiteacute drsquoutilisation Il ne prend pas en compte les autres pressions anthropiques traditionnellement reconnues ndash tels que la pollution le changement cli-matique lrsquoexploitation directe des organismes les es-pegraveces exotiques envahissantes ndash qui peuvent reacutesulter de nombreuses activiteacutes drsquoapprovisionnement agrave tra-vers le monde En outre agrave lrsquointeacuterieur des impacts de lrsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute la fragmen-tation des espaces fait deacutefaut

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil BIM se base sur le modegravele ACV croiseacute avec le modegravele PER Il mobilise la formule suivante Impact sur la biodiversiteacute (HAeq) = Superficie de terres (neacutecessaire agrave lrsquoapprovisionne-ment exploitation de matiegraveres premiegraveres) times Quan-titeacute de biodiversiteacute impacteacutee times Qualiteacute ou importance de la biodiversiteacute impacteacutee

Au moment de lrsquoeacutevaluation plusieurs versions meacutethodologiques de calcul de lrsquoindicateur sont docu-menteacutees Lrsquoune repose sur lrsquoutilisation de la meacutethode de calcul de lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) ndash le lecteur pourra se rap-porter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil GBS (numeacutero 33) pour un compleacutement drsquoinformation sur cette meacutetrique ndash lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (Biodiver-sity Intactness Index BII) Un des principaux avan-tages de cet outil est que lrsquoun ou lrsquoautre de ces modegraveles est relativement simple agrave mobiliser fondeacute sur des ap-proches scientifiques ainsi que sur des ensembles de donneacutees reconnus agrave lrsquoeacutechelle mondiale

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le cadre de lrsquooutil sont des donneacutees sur la localisation la su-perficie des terres le type et lrsquointensiteacute drsquoutilisation des terres (tonnes acheteacutees gestion de la production rendements locaux) ougrave lrsquoentreprise ou ses fournis-seurs produisent ou extraient une matiegravere premiegravere Si des donneacutees de localisation preacutecise de la production ne sont pas disponibles lrsquooutil BIM utilise la situation la plus pessimiste pour la biodiversiteacute dans le pays de provenance en attribuant un lieu ougrave lrsquoimpact est supposeacute ecirctre le plus eacuteleveacute

Concernant la preacutecision de la relation entre activi-teacutes et pressions lrsquooutil BIM integravegre une mesure directe et spatialement explicite de lrsquoutilisation des terres pour la production de matiegraveres premiegraveres Les erreurs ou les incertitudes sont a priori faibles dans le cas ougrave les donneacutees sont fournies par lrsquoentreprise et sont exactes Toutefois la proceacutedure drsquoassignation drsquoune surface donneacutee associeacutee agrave un type drsquoutilisation des terres et agrave un rendement donneacute nrsquoest pas totalement expliciteacutee dans les meacutethodologies disponibles lors de lrsquoeacutevalua-tion et peut geacuteneacuterer des incertitudes De plus les types drsquoutilisation des terres deacutefinis deacutependent de lrsquoapproche utiliseacutee pour lier pressions et biodiversiteacute (MSA ou BII) ndash on ignore donc au moment de lrsquoeacutevaluation si les types drsquoutilisation des terres choisis par le modegravele per-mettent drsquoestimer avec preacutecision les pressions exerceacutees par lrsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute Au cas ougrave ces donneacutees ne sont pas disponibles la meacutethode de calcul de lrsquoindicateur exige alors drsquoutiliser des donneacutees externes potentiellement moins preacutecises

La sensibiliteacute de la relation entre activiteacutes et pressions semble veacuterifieacutee car lrsquooutil BIM permet de prendre en compte diffeacuterentes intensiteacutes drsquoutilisation des terres Cela neacutecessite toutefois des donneacutees preacute-cises Au cas ougrave ces donneacutees ne sont pas disponibles le fait de supposer que lrsquoutilisation des terres est in-tense devrait limiter la sous-estimation des impacts

Quant agrave la fiabiliteacute de la relation activiteacutes-pres-sions lrsquooutil BIM incorpore une mesure spatialement explicite robuste et quantifiable du lien entre activiteacutes et pressions lieacutees agrave lrsquoutilisation des terres Toutefois elle deacutepend de la qualiteacute des donneacutees fournies et de lrsquoapproche utiliseacutee (MSA ou BII)

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil BIM pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre ACV croiseacute avec le cadre PER Il utilise la mecircme formule que pour lier activiteacutes et pressions Impact sur la bio-diversiteacute (HAeq) = Superficie de terres times Quantiteacute de biodiversiteacute impacteacutee times Qualiteacute ou importance de la biodiversiteacute impacteacutee Lrsquoimpact des activiteacutes sur la bio-diversiteacute est donc caracteacuteriseacute par la pondeacuteration des

surfaces de terres neacutecessaires pour fournir les matiegraveres de base drsquoun produit ou drsquoun service en fonction de leurs effets sur la quantiteacute de perte de biodiversiteacute et la qualiteacute ou lrsquoimportance de la biodiversiteacute

Deux meacutetriques sont utiliseacutees dans lrsquooutil BIM la quantiteacute de biodiversiteacute impacteacutee et la qualiteacute de bio-diversiteacute impacteacutee La quantiteacute de biodiversiteacute impac-teacutee est caracteacuteriseacutee par la proportion de la biodiversiteacute perdue pour ce type drsquoutilisation des terres par rapport agrave un type drsquoeacutecosystegraveme originel ou naturel (eacutetat de reacutefeacuterence) Sa meacutethode de calcul nrsquoest pas claire au moment de lrsquoeacutevaluation car deux versions meacutethodolo-giques sont disponibles Lrsquoune repose sur lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (Biodiversity Intactness Index BII) Ces meacutetriques utiliseacutees sont indicatrices du caractegravere naturel drsquoun espace en reacutefeacuterence agrave lrsquointeacutegriteacute de lrsquoeacutecosystegraveme ou de lrsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute

La qualiteacute ou lrsquoimportance de la biodiversiteacute im-pacteacutee correspond agrave lrsquoimportance mondiale relative du niveau de biodiversiteacute impacteacutee Elle repose sur la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition drsquoespegraveces (Range Rarity) rareteacute deacutetermineacutee sur des mailles drsquoenviron 1 km2 et scoreacutee pour quatre groupes taxonomiques eacutevalueacutes sur la Liste rouge de lrsquoUICN les amphibiens les mam-mifegraveres les oiseaux et les conifegraveres Les zones qui abritent un grand nombre drsquoespegraveces etou des espegraveces agrave faible aire de reacutepartition obtiennent un score plus eacuteleveacute Cette meacutetrique est une mesure de richesse cor-rigeacutee en fonction du poids des espegraveces individuelles et de la taille globale de lrsquoaire de reacutepartition

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIM est qursquoil fournit une mesure quantifiable de lrsquoimpact des activiteacutes drsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute dans une zone donneacutee avec des pondeacuterations pour la quantiteacute de biodiversiteacute et lrsquoimportance de la biodiver-siteacute impacteacutee tout en utilisant des meacutetriques reconnues (MSA ou BII et Range Rarity) Les meacutetriques utiliseacutees permettent aussi de mesurer lrsquoefficaciteacute potentielle des solutions et donc drsquoaider les acteurs agrave orienter les actions des contributions positives agrave la biodiversiteacute

La meacutethodologie de lrsquooutil BIM preacutesente toutefois des limites Les impacts sont mesureacutes aux niveaux eacutecoreacutegional ou national et ne permettent pas de quan-tifier les impacts agrave une eacutechelle spatiale plus fine Cela peut limiter lrsquoidentification de changements appro-prieacutes (reacuteorientation des processus de production ou mesures in situ de gestion et de conservation) Concer-nant drsquoautres limites de lrsquooutil elles sont surtout in-heacuterentes aux meacutethodes utiliseacutees ndash notamment sur la faccedilon dont les donneacutees sur la biodiversiteacute sont traiteacutees pour eacutetablir dans le cadre de GLOBIO un lien entre les pressions individuelles et la MSA (et probablement

aussi le BII) Parmi les eacutetapes pouvant conduire agrave des biais citons choix et prise en compte drsquoeacutecosystegravemes de reacutefeacuterence dans un contexte non-stationnaire prise en compte de lrsquoincertitude sur les abondances indivi-duelles relations pressions ndash impacts de nature cor-reacutelationnelle plus que veacuteritablement causale meacuteta-analyses donneacutees deacuteseacutequilibreacutees entre pressions et groupes taxonomiques reacuteponses ou sensibiliteacutes va-riables selon les groupes taxonomiques relations glo-bales moyennes geacuteneacuteralement ajusteacutees ne permettant pas de prendre en compte les variations des relations pressions ndash impacts dans lrsquoespace ou dans le temps De plus toutes les meacuteta-analyses ne sont pas publieacutees

Enfin lors de lrsquoeacutevaluation la mesure de la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition nrsquoest disponible que pour quatre groupes taxonomiques et parmi les taxons veacutegeacutetaux uniquement pour les conifegraveres Cela peut ecirctre une forte limitation agrave lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes lieacutees agrave la production de marchandises dans les zones forestiegraveres

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil GBS pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation de GLOBIO

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees dans les meacute-thodes pour calculer la MSA ou le BII et reprises dans lrsquooutil BIM proviennent de GLOBIO3 pour le calcul

Abondance moyenne des espegravecesMean Species Abundance (MSA) et Index drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacuteBiodiversity Intactness Index (BII)

La MSA peut ecirctre compareacutee au BII indicateur de lrsquoabondance moyenne drsquoun ensemble impor-tant et diversifieacute drsquoorganismes dans une zone geacuteographique donneacutee par rapport agrave leurs popu-lations de reacutefeacuterence

Les principales diffeacuterences entre le MSA et le BII sont les suivantes 1 chaque hectare a le mecircme poids dans la MSA alors que le BII donne plus de poids aux zones riches en espegraveces 2 la MSA normalise lrsquoabondance par rapport agrave la si-tuation non perturbeacutee pour chaque espegravece alors que le BII le fait au niveau du groupe drsquoespegraveces 3 les abondances normaliseacutees contribuant agrave la MSA ne peuvent deacutepasser 1 ndash crsquoest-agrave-dire lrsquoeacuteco-systegraveme non perturbeacute est par construction ce-lui avec plus de biodiversiteacute ndash alors qursquoelles le peuvent dans le cas du BII 4 les types drsquoutili-sation des terres distingueacutes avec le BII dans ses derniers deacuteveloppements sont plus nombreux et semblent plus preacutecis que ceux de la MSA

4544

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

de la MSA et semblent provenir des reacutesultats publieacutes dans Newbold et al 2015 ou pourraient provenir de la base de donneacutees PREDICTS pour le calcul du BII ndash mais ceci reste agrave confirmer Les donneacutees utiliseacutees pour eacutetablir la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition drsquoespegraveces reposent sur les donneacutees de lrsquoUICN

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci semble significative mais avec des intervalles de confiance assez larges

Pour la sensibiliteacute de la relation entre pressions et impacts la meacutethodologie de lrsquooutil est baseacutee sur un seul type de pression (utilisation des terres) mais plutocirct bien ventileacute De ce fait lrsquooutil BIM semble ecirctre plutocirct sensible si le lien initial entre activiteacutes et type drsquoutilisation des terres est clair

Lrsquooutil BIM dont la meacutethodologie repose sur des modegraveles statistiques et des relations moyennes (dans le cas de lrsquoutilisation de GLOBIO) pour lier pressions et impacts ne permet pas a priori de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion

La fiabiliteacute et le niveau de reproductibiliteacute de la meacutethode deacutependent de la meacutetrique choisie la MSA ou le BII

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Le peacuterimegravetre temporel peut varier en fonction de lrsquoap-plication de la meacutethode Les eacutevaluateurs soulignent toutefois que les modegraveles pressions ndash impacts sont essentiellement stationnaires mais que les relations entre pressions et impacts ont eacuteteacute ajusteacutees sur la base de donneacutees passeacutees reacutecentes

Au niveau spatial lrsquoeacutechelle de lrsquooutil BIM est dans les documents consulteacutes pour lrsquoeacutevaluation lrsquoeacutecoreacutegion Les reacutesultats sont ensuite agreacutegeacutes pour produire un score national pour diffeacuterents produits Les eacutecoreacutegions sont de taille approprieacutee suffisamment petites pour que le type drsquoeacutecosystegraveme et la laquo qualiteacute raquo de la biodiver-siteacute y soient coheacuterents et suffisamment grandes pour qursquoil ne soit pas neacutecessaire de disposer drsquoinformations preacutecises sur la source des produits Cependant une telle eacutechelle ne permet pas de quantifier les impacts provenant de sites drsquoapprovisionnement speacutecifiques agrave une eacutechelle spatiale plus fine Cependant la meacutetrique MSA peut en principe fonctionner agrave nrsquoimporte quelle eacutechelle spatiale Cela rend lrsquooutil flexible

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil BIM sont les populations drsquoespegraveces au niveau des communauteacutes mais sans appreacutehension claire des interactions ou des deacutependances entre es-pegraveces La dimension de la biodiversiteacute prise en compte dans lrsquooutil est la composition agrave travers lrsquoabondance

drsquoespegraveces Si cette dimension est bien adapteacutee pour eacutetablir un lien avec les questions drsquoextinction drsquoes-pegraveces et drsquoeacuterosion de la biodiversiteacute elle lrsquoest moins pour eacutetablir un lien avec des questions fonctionnelles ou eacutevolutives Au moment de lrsquoeacutevaluation il nrsquoy pas drsquoespegraveces particuliegraveres prises en compte pour le calcul de lrsquoindicateur et selon la meacutetrique utiliseacutee (MSA ou BII) les groupes taxonomiques pris en compte dif-fegravere drsquoune meacutethode agrave lrsquoautre ne couvrant pas toute la biodiversiteacute De plus si lrsquooutil mobilise GLOBIO pour calculer la MSA alors il srsquoagit drsquoimpacts potentiels et non pas reacuteels Enfin les eacutevaluateurs rappellent que de nombreuses pressions lieacutees agrave la production de matiegraveres premiegraveres font deacutefaut pour le calcul de lrsquoindicateur

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

De maniegravere geacuteneacuterale lrsquooutil BIM preacutesente des avan-tages pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute de par sa couverture potentiellement mondiale et sa couverture de nombreux taxons Il permet la compa-raison entre les reacutegions du monde entier et potentiel-lement dans le temps Toutefois la meacutethodologie et les sources de donneacutees employeacutees dans lrsquooutil BIM manquent de clarteacute lors de lrsquoeacutevaluation plusieurs versions de la meacutethodologie circulent avec des varia-tions sur les meacutethodes et les meacutetriques utiliseacutees (MSA ou BII) et peu de deacutetails sont fournis Selon la meacutethode employeacutee il y a diffeacuterents biais potentiels et lrsquooutil ne reflegravete pas la dynamique temporelle de la biodiversiteacute Une autre limite meacutethodologique concerne la couver-ture en taxons srsquoils sont nombreux ils sont toutefois diffeacuterents entre la composante laquo quantiteacute de biodiver-siteacute raquo et la composante laquo qualiteacute de la biodiversiteacute raquo de sorte que le reacutesultat de la combinaison des deux nrsquoest pas tregraves clair Il existe donc une incertitude sur la par-tie de la biodiversiteacute bien repreacutesenteacutee par lrsquoindicateur

Il nrsquoy a pas de valeur cible agrave proprement parler Lrsquoobjectif eacutetant drsquoameacuteliorer les pratiques et reacuteduire les impacts en diminuant les pressions (reacuteduction de la superficie des terres diminution de lrsquointensiteacute de ges-tion changement de lieux drsquoapprovisionnement)

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil BIM reste lrsquoeacuteva-luation des impacts potentiels de la production de ma-tiegraveres premiegraveres et lrsquoidentification de points critiques ougrave intervenir pour les reacuteduire Il peut srsquoappliquer agrave la notation a posteriori ou encore servir agrave comparer les investissements Toutefois la meacutethodologie de lrsquooutil BIM nrsquoest pas baseacute sur des donneacutees de biodiversiteacute reacuteelles mais sur des donneacutees modeacuteliseacutees agrave des degreacutes divers selon que la meacutethode mobilise la meacutethode GLO-

BIO pour le calcul de la MSA ou la meacutethode de calcul du BII Cela permet uniquement de comparer les im-pacts modeacuteliseacutes (potentiels attendus) sur la biodiver-siteacute pour diffeacuterentes entreprises qui srsquoapprovisionnent pour un(des) mecircme(s) produit(s) ou encore de com-parer entre diffeacuterents endroits drsquoapprovisionnement pour une ou plusieurs entreprises

Selon les eacutevaluateurs le secteur public dans son ensemble nrsquoest peut-ecirctre pas le plus approprieacute pour appliquer cet outil Par ailleurs selon les eacutevaluateurs lrsquooutil BIM pourrait ecirctre approprieacute pour suivre par-tiellement les objectifs qui visent agrave laquo reacuteduire les pres-sions directes sur la biodiversiteacute et agrave promouvoir lrsquouti-lisation durable raquo Toutefois une eacutevaluation prudente de la MSA par rapport agrave la moyenne geacuteomeacutetrique de lrsquoabondance doit ecirctre effectueacutee avant une inteacutegration au suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en compleacutetant cette approche par des ap-proches plus fonctionnelles et eacutevolutives

En termes meacutethodologiques les concepteurs doivent indiquer clairement quelle meacutetrique est utili-

seacutee au niveau eacuteleacutementaire (MSA ou BII) et travailler agrave lrsquoameacutelioration des biais inheacuterents

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Alkemade R Van Oorschot M Miles L Nelle-mann C Bakkenes M et al 2009 GLOBIO3 A frame-work to investigate options for reducing global terres-trial biodiversity loss Ecosystems 12 374-390 httpsdoiorg101007s10021-009-9229-5 bull Newbold T Hudson L Hill S Contu S Lysenko I et al 2015 Global effects of land use on local ter-restrial biodiversity Nature 520 45-50 httpsdoiorg101038nature14324bull Santini L Belmaker J Costello M Pereira H Rossberg A et al 2017 Assessing the suitability of di-versity metrics to detect biodiversity change Biological Conservation 213 341-350 httpsdoiorg101016jbiocon201608024bull Scholes RJ Biggs R 2005 A biodiversity intactness index Nature 434 45-49 httpsdoiorg101038nature03289bull Van Strien AJ Soldaat LL Gregory RD 2012 Desirable mathematical properties of indicators for biodiversity change Ecological Indicators 14 202-208 httpsdoiorg101016jecolind201107007

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

235 Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Species Threat Abatement Recovery (STAR) eacutetait en cours de deacuteve-loppement Lrsquooutil drsquoabord agrave destination du secteur financier vise agrave eacutevaluer les impacts ex-ante (risques) ou ex-post (beacuteneacutefices) drsquoinvestissements agrave diffeacuterentes eacutechelles et sur diffeacuterentes peacuteriodes (futurs projets ou opeacuterations sur site ou encore investissements pour reacuteduire des pressions) Lors de lrsquoeacutevaluation le module drsquoestimation ex-post eacutetait en deacuteveloppement Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil relegraveve plutocirct des projets entre-prises et eacutetats Dans la version eacutevalueacutee les milieux pris en compte sont les milieux terrestres Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions directes prises en compte lrsquooutil STAR retient celles de la Classification unifieacutee des menaces directes eacutetablie par lrsquoUICN en partena-riat avec le Conservation Measures Partnership (CMP) (voir paragraphe suivant) deacuteveloppement reacutesidentiel et commercial agriculture et aquaculture produc-tion drsquoeacutenergie et exploitation miniegravere utilisation des ressources biologiques intrusion et perturbations hu-maines modifications du systegraveme naturel espegraveces envahissantes et autres espegraveces gegravenes et maladies po-sant problegraveme pollution eacuteveacutenements geacuteologiques changement climatique et eacuteveacutenements extrecircmes Une deacuteclinaison reacutegionale des pressions et de leurs interac-tions (effets synergiques ou contradictoires) est identi-fieacutee comme une piste majeure drsquoameacutelioration de lrsquooutil

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil STAR se base sur le modegravele PER Il mobilise la formule suivante Pour-centage de la population totale drsquoune espegravece sur le site drsquointeacuterecirct (P) times Pondeacuteration de la cateacutegorie de la Liste rouge UICN des espegraveces (W) times Contribution relative de chaque pression (R) Le lien entre activiteacutes et pres-sions est lieacute agrave la cateacutegorie agrave laquelle appartient une ac-tiviteacute en suivant la Classification unifieacutee des menaces directes eacutetablie par lrsquoUICN en partenariat avec le CMP (Threats classification scheme v32 et Standard lexicon associeacute) (Salafsky et al 2008)

Un des principaux avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil STAR est qursquoelle fournit un score unique quantitatif tenant compte drsquoenjeux globaux et locaux De plus le calcul permet de prendre en compte les dispariteacutes de reacuteponses aux pressions entre espegraveces

Elle preacutesente toutefois des limites car lrsquooutil est centreacute sur les espegraveces classeacutees sur la Liste rouge de

lrsquoUICN donc limiteacute agrave un nombre relativement restreint de taxons et preacutesente une forte sensibiliteacute agrave la qua-liteacute des donneacutees disponibles De plus la formule ne prend pas en compte les interactions possibles entre pressions

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees dans lrsquoou-til STAR sont des donneacutees drsquoentreprises sur les sites drsquointeacuterecirct les donneacutees de la Liste rouge des espegraveces menaceacutees de lrsquoUICN les donneacutees de classification des menaces des donneacutees de modeacutelisation de distribu-tion drsquoespegraveces lorsqursquoelles sont disponibles (approche Extent of Suitable Habitat) et les donneacutees de distribu-tion drsquoespegraveces de lrsquoUICN Cependant si des donneacutees de distribution plus preacutecises sont disponibles celles-ci sont privileacutegieacutees pour le calcul de lrsquoindicateur

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions est assez difficile agrave eacutetablir et agrave eacutevaluer le lien est lieacute agrave une cateacutegorisation des pressions et lrsquooutil ne comporte pas de calcul de marge drsquoerreur Il nrsquoy a pas de relation entre lrsquointensiteacute drsquoune activiteacute et le niveau de pression (mais de toutes les activiteacutes qui sont agrave lrsquoorigine de cette pression)

La sensibiliteacute de la relation activiteacutes-pressions ne peut ecirctre eacutetablie que dans le cadre drsquoune analyse ex-post ougrave on observe lrsquoeacutevolution des pressions agrave partir de lrsquoapplication de mesures de reacuteduction Les diffeacute-rences de situations sont implicitement prises en compte dans lrsquooutil agrave travers la liste des espegraveces et des pressions mais lrsquoindicateur reacutesultant est un score agreacutegeacute qui ne reflegravete pas ces dispariteacutes

Le calcul est reproductible en suivant la meacutethodo-logie mais la fiabiliteacute de la relation entre les activiteacutes et les pressions pose question En effet elle repose sur les donneacutees (qualiteacute couverture) et la pertinence locale de pressions identifieacutees agrave une eacutechelle globale Une deacuteclinaison des pressions agrave eacutechelle reacutegionale et un effort de collecte de donneacutees sur les espegraveces sous-eacutechantillonneacutees seraient neacutecessaires

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil STAR pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre PER Il utilise la mecircme formule que pour lier activiteacutes et pressions Pourcentage de la population totale drsquoune espegravece sur le site drsquointeacuterecirct (P) times Pondeacuteration de la cateacutegorie de la Liste rouge UICN des espegraveces (W) times Contribution relative de chaque pression (R)

Les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil STAR sont la preacutesence drsquoespegraveces menaceacutees le pour-centage de la population totale de chaque espegravece sur le site drsquointeacuterecirct et le risque drsquoextinction Le pourcentage de la population totale de chaque espegravece sur le site

drsquointeacuterecirct est calculeacute pour les groupes taxonomiques pleinement eacutevalueacutes et comprend des espegraveces laquo quasi menaceacutees raquo Le risque drsquoextinction est calculeacute agrave lrsquoaide de la notation de la Liste rouge de lrsquoUICN sur la porteacutee et la seacuteveacuteriteacute des pressions pour les menaces actuelles ou agrave venir en excluant les espegraveces menaceacutees unique-ment en raison de leur petite taille de population Lors de lrsquoeacutevaluation lrsquoeacutevaluation complegravete des pressions nrsquoeacutetait disponible que pour les oiseaux mais eacutetait en deacuteveloppement pour drsquoautres taxons

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil STAR est de reposer sur des outils connus de caracteacute-risation et quantification de la biodiversiteacute agrave lrsquoeacutechelle globale et sur de nombreux protocoles existants per-mettant une eacutevaluation locale compleacutementaire

Elle preacutesente toutefois des limites notamment au moment de lrsquoeacutevaluation celle de ne bien prendre en compte les menaces et pressions que pour les oiseaux et lrsquoagreacutegation de plusieurs sources de donneacutees fait eacutemerger des incertitudes De plus il nrsquoy a pas de prise en compte explicite des fonctions et des interactions entre compartiments de biodiversiteacute

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees par lrsquooutil STAR sont les donneacutees de la Liste rouge des espegraveces menaceacutees de lrsquoUICN et des donneacutees deacuteriveacutees cartes drsquoaires de reacutepartition des espegraveces ou drsquoeacutetendue drsquoha-bitat approprieacute menaces et leur statut indications sur le lieu des investissements agrave eacutevaluer Des donneacutees compleacutementaires (menaces utilisation des terres) peuvent ecirctre neacutecessaires selon lrsquoeacutechelle drsquoeacutevaluation Les eacutevaluateurs notent que la connaissance des distri-butions geacuteographiques des populations globales des espegraveces nrsquoest pas homogegravene et que la connaissance des pressions diffegravere entre espegraveces

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute celle-ci est eacutevalueacutee en fonction de deux critegraveres mais sans mesure drsquoin-certitude la porteacutee de la pression (proportion drsquoes-pegraveces impacteacutees) et la seacuteveacuteriteacute de la pression (degreacute de diminution de la population concerneacutee) Le lien entre pressions et impacts est fait suivant une nomenclature globale mais certaines pressions peuvent ne pas ecirctre pertinentes agrave lrsquoeacutechelle locale

La relation entre pressions et impacts nrsquoest pas reacuteel-lement sensible Si lrsquooutil permet structurellement de diffeacuterencier des situations diffeacuterentes (ensemble des pressions sur un site et facteur de pondeacuteration) le calcul de lrsquoindicateur final reste trop inteacutegratif pour rendre compte des dispariteacutes Le niveau de pression est un score mais il nrsquoy a pas de fonction qui permette de traduire une augmentation drsquoune uniteacute de pression en une eacutevolution directe du niveau de menace pour une espegravece

Lrsquooutil STAR est peu susceptible de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute ou de deacutetecter des changements inhabituels du fait de sa reacutesolution (agreacutegation des donneacutees agrave lrsquoeacutechelle globale)

En termes de reproductibiliteacute et de fiabiliteacute on retrouve la mecircme appreacuteciation que pour la relation activiteacutes-pressions

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

La reacutesolution temporelle de lrsquoindicateur est dicteacutee en grande partie par la reacutesolution temporelle des donneacutees UICN Notons que lrsquoeacutevaluation des pressions et des impacts se fait gracircce agrave un score construit sur la seacuteveacute-riteacute et la porteacutee de la pression qui sont eacutevalueacutees sur des peacuteriodes de 10 ans ou de 3 geacuteneacuterations

Au niveau spatial lrsquooutil est flexible et peut srsquoap-pliquer aux eacutechelles site reacutegion pays les limites eacutetant lieacutees agrave la disponibiliteacute des donneacutees globales ou locales

En termes de niveau drsquoorganisation et de dimen-sion de la biodiversiteacute lrsquooutil STAR prend en compte la composition en espegravece Lrsquooutil STAR nrsquointegravegre pas de dimensions fonctionnelle eacutevolutive ou encore deacutemo-graphique Au moment de lrsquoeacutevaluation toute espegravece drsquooiseaux faisant lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation dans la Liste rouge UICN avec des donneacutees de distribution fiables et agrave jour est consideacutereacutee ndash mais lrsquointeacutegration drsquoautres taxa (notamment mammifegraveres et amphibiens) eacutetait encore en deacuteveloppement

Ainsi en se focalisant sur les espegraveces menaceacutees eacutevalueacutees et sur un impact sur la composition baseacute sur la taxonomie et les distributions spatiales lrsquooutil nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute

Lrsquoindicateur reacutesultant est quantitatif spatialement explicite et integravegre une pondeacuteration lieacutee au statut des espegraveces Sa structure additive permet une deacutecompo-sition des enjeux en termes drsquoespegraveces et de pressions et permet la comparaison entre peacuteriodes de temps et entiteacutes geacuteographiques Les eacutevaluateurs soulignent aussi que lrsquoindicateur se place dans le paradigme de la durabiliteacute forte on ne peut observer un gain de biodiversiteacute sans restaurer du capital naturel au sens large crsquoest-agrave-dire en reacuteduisant des pressions ou en res-taurant effectivement des eacutecosystegravemes

Le calcul de lrsquoindicateur preacutesente toutefois quelques limites heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute des donneacutees taxa peu repreacute-sentatifs et peu sensibles au moment de lrsquoeacutevaluation lien entre pressions (menaces) et impacts eacutetablis selon une nomenclature globale qui peut ne pas ecirctre perti-nente pour eacutevaluer les impacts locaux Les eacutevaluateurs notent que lrsquooutil est davantage focaliseacute sur les pres-sions et construit dans une optique drsquoarbitrage entre

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

plusieurs sceacutenarios drsquoinvestissements ndash mais un outil compleacutementaire focaliseacute sur les impacts drsquoactions de restauration (outil Restoration component) eacutetait en deacuteveloppement lors de lrsquoeacutevaluation Agrave ce titre ils pointent aussi le fait que la conversion drsquoimpacts sur des espegraveces diffeacuterentes ndash et a fortiori drsquoeacutecosystegravemes diffeacuterents ndash en une uniteacute unique implique le risque de voir se concentrer avec une logique coucirct-efficaciteacute les investissements dans des zones ougrave des eacutecosystegravemes moins coucircteux que drsquoautres agrave restaurer si lrsquooutil est utiliseacute pour eacutevaluer des impacts de restauration

La freacutequence pour reacutepeacuteter le calcul est agrave ajuster suivant le contexte Dans le cas drsquoun projet la meacute-thodologie preacuteconise de faire une eacutetude ex-ante pour deacuteterminer la meilleure opportuniteacute drsquoinvestissement puis de faire une eacutetude ex-post au moins 5 ans apregraves lrsquoinvestissement pour observer les beacuteneacutefices reacuteels sur la biodiversiteacute

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Les eacutetapes du calcul et les sources de donneacutees sont clairement deacutecrites et transparentes dans la meacutetho-dologie Le calcul de lrsquoindicateur est simple et clair lrsquoutilisation de donneacutees issues de lrsquoUICN facilite aussi son appropriation les biais et sources drsquoincertitudes sont eacutevalueacutes et des solutions sont proposeacutees par les concepteurs Crsquoest eacutegalement un outil inteacutegratif dont la meacutethodologie est deacuteclinable agrave plusieurs eacutechelles dans la limite de la reacutesolution des donneacutees disponibles permet la comparaison entre types de pressions et impacts associeacutes avant et apregraves investissements des comparaisons entre des zones geacuteographiques ou des pas de temps diffeacuterents ou encore une deacutecomposition des enjeux en termes drsquoespegraveces et de pressions

Outre les limites eacutevoqueacutees ci-dessus les eacuteva-luateurs soulignent que les pressions sont prises en compte de faccedilon additive alors qursquoelles peuvent in-teragir ajoutant ainsi de lrsquoincertitude sur le reacutesultat Enfin dans le cadre drsquoune eacutevaluation comparative spatiale ou temporelle le changement de statut sur la Liste rouge des espegraveces ou des changements taxono-miques doivent ecirctre soit ignoreacutes soit conduire agrave un re-calcul systeacutematique de lrsquoindicateur De plus le fait de pondeacuterer le potentiel de conservation de chaque es-pegravece par un facteur lieacute agrave son statut de conservation nrsquoa pas drsquoeffet lineacuteaire sur lrsquoindicateur et crsquoest une source drsquoimpreacutecision suppleacutementaire

Lrsquoindicateur nrsquoest pas tenu agrave une gamme de valeurs clairement deacutefinie ce qui peut compliquer son inter-preacutetation mecircme si plus il est eacuteleveacute plus le potentiel de retour sur investissement lieacute agrave la reacuteduction ou lrsquoeacutelimination drsquoune pression est important Une stan-dardisation suppleacutementaire (par exemple via sa valeur ex-ante ou une valeur maximum) aiderait

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil STAR au mo-ment de lrsquoeacutevaluation reste la comparaison entre des strateacutegies drsquoinvestissement afin drsquoappuyer la deacutecision pour obtenir des reacutesultats en matiegravere de conservation de la biodiversiteacute Des deacuteveloppements sont en cours pour lrsquoeacutevaluation ex-post

La meacutethodologie de lrsquooutil STAR est flexible de sorte que lrsquooutil pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public pour tout usage neacutecessitant de srsquointeacuteresser aux niveaux espegravece ou assemblage drsquoespegraveces et dans une approche de type Before After Control Impact (BACI)

Selon les eacutevaluateurs lrsquooutil pourrait srsquoinseacuterer dans le suivi drsquoobjectifs de deacuteveloppement durable (ODD) lieacutes agrave la conservation de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en le couplant lors des eacutevaluations sur sites avec drsquoautres indicateurs notamment fonctionnels

En termes meacutethodologiques les eacutevaluateurs notent que les concepteurs ont identifieacute les limites de lrsquooutil et proposent des pistes drsquoameacutelioration inteacutegration de plus de taxa deacuteveloppement drsquoune extension pour les actions de restauration incorporation des espegraveces en danger mecircme si non-soumises agrave des pressions Pour la partie laquo distributions drsquoespegraveces raquo elle pourrait pas-ser par des modegraveles de distribution et non de donneacutees brutes mais cette option ajouterait de lrsquoincertitude ndash agrave calculer pour avoir une ideacutee du domaine de validiteacute Dans tous les cas un effort particulier est neacutecessaire sur lrsquoacquisition de donneacutees afin drsquoadapter lrsquoindicateur aux contextes locaux en particulier la pertinence des pres-sions identifieacutees sur un site pour une espegravece donneacutee Par ailleurs la standardisation de lrsquoindicateur pourrait ecirctre eacutetudieacutee afin de le borner agrave une gamme de valeurs

Drsquoun point de vue pratique une proceacutedure drsquoac-compagnement des utilisateurs dans une politique drsquoinvestissement serait utile ndash par exemple en inseacuterant le STAR dans une proceacutedure drsquoanalyse coucirct-efficaci-teacute ou en reacutefleacutechissant agrave la place de lrsquooutil dans une politique de no-net-loss suivant la seacutequence Eacuteviter Reacuteduire Compenser (ERC)

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Hayward MW Boitani L Burrows ND Funston PJ Karanth KU MacKenzie DI hellip Yarnell RW (2015) FORUM Ecologists need robust survey de-signs sampling and analytical methods Journal of Applied Ecology 52(2) 286-290 httpsdoiorg 1011111365-266412408bull Herkt K M B Skidmore A K Fahr J Macroe-cological conclusions based on IUCN expert maps A call for caution Global Ecology and Biogeography 26 930ndash941 (2017) httpsdoiorg101111geb12601

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

236 Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Indi-cator for Extractive Company (BIEC) eacutetait au stade de deacuteveloppement avec des projets pilotes meneacutes en col-laboration avec des entreprises gaziegraveres et miniegraveres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des sites ndash avec la possibiliteacute drsquoagreacuteger les eacutevaluations agrave lrsquouniteacute opeacuterationnelle et agrave lrsquoentreprise ndash pour les milieux ter-restres et marins Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobi-liseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions prises en compte il srsquoagit pour les pressions directes de lrsquoutilisation des terres (deacuteveloppement reacutesidentiel et commercial agri-culture) le stress hydrique les pollutions et pour les pressions indirectes au sens des activiteacutes de lrsquoen-treprise du changement climatique et des espegraveces envahissantes

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BIEC se base sur le cadre PER pour lier acti-viteacutes et pressions La meacutethodologie repose sur une succession drsquoeacutetapes analyse geacuteospatialiseacutee des sites identifieacutes comme sensibles en termes de biodiversi-teacute en identifiant les chevauchements entre des sites drsquoexploitation caracteacuteriseacutes et des zones tregraves sensibles de biodiversiteacute (preacutesence drsquoespegraveces globalement me-naceacutees drsquoaires proteacutegeacutees et drsquohabitats critiques ou remarquables) eacutevaluation de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des pressions au niveau des sites eacutevaluation drsquoactions visant agrave anticiper ou agrave atteacutenuer la perte de biodiversiteacute sur les sites drsquoexploitation Ces eacutevaluations sont tra-duites en notations puis selon des seuils en scores

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIEC est de fournir degraves la premiegravere eacutetape une vision des sites drsquoexploitation pouvant avoir un impact sur la biodiversiteacute laquo sensible raquo Un autre avantage est lrsquoap-proche par scores qui permet une agreacutegation jusqursquoagrave lrsquoeacutechelle de lrsquoentreprise utile pour rendre compte de la performance et communiquer

Elle preacutesente toutefois des limites notamment lors de lrsquoeacutevaluation des pressions en termes de tempora-liteacute eacutetendue spatiale et seacuteveacuteriteacute car les notations sont attribueacutees agrave dire drsquoexperts De plus les pressions sont consideacutereacutees de faccedilon indeacutependante et leurs scores addi-tionneacutes ce qui meacuteconnaicirct les interactions potentielles entre pressions et ne permet pas drsquoestimer lrsquoincertitude

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont celles dis-ponibles au niveau mondial (par exemple IBAT Liste rouges des espegraveces de lrsquoUICN Key Biodiversity Areas The World Database on Protected Areas UNEP Ocean Data Viewer) et au niveau local (notamment rela-

tives aux eacutetudes drsquoimpacts et aux plans en faveur de la biodiversiteacute)

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee car cette relation nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la meacutethodologie de lrsquooutil Lrsquoeacuteva-luation geacuteospatialiseacutee des sites sensibles en termes de biodiversiteacute repose sur lrsquohypothegravese discutable pour les eacutevaluateurs que lrsquointersection spatiale entre les sites drsquoexploitation et la distribution de la biodiversiteacute (espegraveces menaceacutees habitats critiques aires proteacutegeacutees) reflegravete la sensibiliteacute de cette derniegravere aux pressions

De mecircme la sensibiliteacute de la relation entre activi-teacutes et pressions ne peut ecirctre eacutevalueacutee Toutefois des eacuteleacutements permettent drsquoindiquer qursquoelle est faible en effet si des seuils quantitatifs sont deacutefinis pour eacuteta-blir des scores aux diffeacuterentes eacutetapes drsquoeacutevaluation ils sont cateacutegoriseacutes de maniegravere grossiegravere (fort moyen faible) limitant fortement la capaciteacute de lrsquoindicateur agrave mettre en valeur des relations activiteacutes ndash pressions de faible intensiteacute

Quant agrave la fiabiliteacute elle ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Lrsquointeacutegration de dire drsquoexperts limite par ail-leurs la reproductibiliteacute

Liens entre les pressions et les impacts

Le cadre mobiliseacute dans lrsquooutil BIEC pour lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute reste celui du PER agrave tra-vers les mecircmes eacutetapes analyse des chevauchements spatiaux entre sites agrave enjeux de biodiversiteacute et sites drsquoexploitation puis eacutevaluation des pressions

Les meacutetriques de biodiversiteacute consideacutereacutees dans lrsquooutil BIEC sont lors de la premiegravere eacutetape la preacute-sence drsquoespegraveces menaceacutees au niveau mondial la preacutesence drsquohabitats critiques tels que deacutefinis par la norme de performance IFC PS6 la preacutesence drsquoaires proteacutegeacutees qursquoelles soient nationales reacutegionales ou internationales

Au cours de la deuxiegraveme eacutetape les informations les plus souvent utiliseacutees sont la taille de la population pour les espegraveces prioritaires La superficie et la qualiteacute des habitats cleacutes dont deacutependent les espegraveces peuvent aussi ecirctre utiliseacutees comme proxy

La meacutethodologie de lrsquooutil BIEC permet de lier des impacts potentiels avec des pressions sans toutefois expliciter les activiteacutes ni les impacts

A cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont toujours des donneacutees disponibles aux niveau international et local

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee en raison de lrsquoapproche qualitative Plusieurs espegraveces sont noteacutees pour lrsquoeacutetat mais le processus de calcul ne retient que les espegraveces pour lesquelles la situation est la pire De plus les scores drsquoeacutetat et de pression sont calculeacutes indeacutependamment sans liaison explicite les

biais de la relation entre les pressions et les impacts ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutes

La sensibiliteacute de la relation entre pressions et impacts ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Si les pressions et les eacutetats sont correctement noteacutes il est theacuteoriquement possible de faire la distinction entre des situations dif-feacuterentes Toutefois la cateacutegorisation des notations aux diffeacuterentes eacutetapes si elle donne une impression de standardisation agrave lrsquooutil reste grossiegravere et susceptible de cacher des reacutealiteacutes tregraves diffeacuterentes rendant la com-paraison entre situations diffeacuterentes tregraves aleacuteatoire et il est possible qursquoil faille des situations contrasteacutees pour obtenir des scores contrasteacutes Ainsi lrsquooutil ne permet pas de deacutetecter des changements preacutecoces ou graduels de biodiversiteacute sa reacutesolution eacutetant trop faible

Enfin la fiabiliteacute et la reproductibiliteacute ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutees Elles deacutependent fortement de la deacutefinition des critegraveres de biodiversiteacute agrave quantifier ndash ce qui fait lrsquoobjet drsquoune concertation avec les acteurs locaux ndash et de la faccedilon dont les experts harmonisent leurs eacutevaluations

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel la meacutethodologie permet drsquoavoir un indicateur ponctuel Les eacutevaluateurs soulignent que le cadre PER est plus destineacute agrave eacutevaluer des chan-gements drsquoeacutetat induit par une laquo reacuteponse raquo (induisant un changement de laquo pression raquo) qursquoagrave fournir un dia-gnostic Pour les eacutevaluateurs ce type drsquooutil a peu de potentiel comme signal drsquoalerte et en outre peut ne pas ecirctre pertinent en cas de changements impreacutevus (par exemple des transitions ou de nouveaux reacutegimes de fonctionnement des eacutecosystegravemes) De plus lrsquoeacutetat consideacutereacute eacutetant lrsquoeacutetat actuel lrsquoeacutevaluation nrsquoest valable que pour le court terme

Au niveau spatial la meacutethodologie de lrsquooutil BIEC permet drsquoeacutevaluer les pressions agrave deux eacutechelles mon-diale pour identifier les sites laquo sensibles raquo et locale avec des eacutevaluations speacutecifiques Il existe toutefois le risque de ne pas relever des sites implanteacutes dans des zones qui ne sont pas identifieacutees comme laquo sensibles raquo mais pourtant agrave forts enjeux de biodiversiteacute (par ex espegraveces milieux ou habitats non proteacutegeacutes et non en danger mais dont la persistance impacte lrsquoensemble des habitats ou espegraveces similaires de la reacutegion par effet de dynamique source-puits) La consultation des acteurs locaux doit limiter ce risque

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil est lrsquoespegravece Concernant les espegraveces prises en compte leur preacutesence sur la Liste rouge de lrsquoUICN est le principal critegravere mentionneacute pour le calcul du BIEC Toutefois il semble possible drsquointeacute-grer drsquoautres cateacutegorisations en fonction des enjeux

locaux mais il nrsquoy a pas drsquoindication particuliegravere (es-pegraveces bioindicatrices cleacutes de voucircte etc) Concernant les dimensions de la biodiversiteacute la distribution spa-tiale des espegraveces la taille des populations et si aucune donneacutee nrsquoest disponible la superficie et la qualiteacute des habitats sont les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte au moment de lrsquoeacutevaluation Communau-teacutes structures et fonctions des eacutecosystegravemes ne sont pas prises en compte Toutefois la meacutethodologie de lrsquooutil semble suffisamment flexible pour incorporer ces niveaux si les enjeux locaux le justifient

La meacutethodologie scalaire et deacutefinie en concertation avec les acteurs locaux permet de guider lrsquoaction au niveau des sites et de communiquer au niveau de lrsquoen-treprise Toutefois lrsquoindicateur reacutesultant nrsquoest pas suf-fisamment informatif pour les publics techniquement avertis au-delagrave de lrsquoanalyse ex-ante lrsquooutil ne rendra pas compte des dynamiques subtiles graduelles ou difficiles agrave mesurer ou seulement lorsque les experts les auront identifieacutees crsquoest-agrave-dire tardivement ndash et pour autant que des suivis soient mis en place

La repreacutesentativiteacute de lrsquoindicateur en matiegravere drsquoim-pacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute deacutepend des choix effectueacutes par les acteurs locaux pour preacuteciser lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute puis estimer les pressions Si la meacutetho-dologie de lrsquooutil BIEC opte pour une approche conser-vatrice ndash en deccedilagrave de 70 lrsquoeacutetat est consideacutereacute comme pauvre au niveau du site le score drsquoeacutetat retenu est celui de lrsquoespegravece preacutesentant le score le plus faible le score de pression est le plus eacuteleveacute ndash elle induit que les scores drsquoeacutetat et de pression ne reflegravetent au final qursquoune pression (eacutevalueacutee comme la plus forte) et une espegravece (agrave lrsquoeacutetat eacutevalueacute le plus mauvais) ce qui nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute Les eacutevaluateurs notent que cet outil peut ecirctre utile en tant que premiegravere approche rapide ou lorsque les enjeux de biodiversiteacute sont simples (peu drsquoespegraveces prioritaires) et les activiteacutes ayant des impacts potentiels bien deacutefinis

La meacutethodologie suggegravere une reacutevision quinquennale mais lrsquoindicateur peut ecirctre mis agrave jour annuellement

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

La meacutethodologie est claire transparente et rigoureuse et la structure de lrsquooutil est simple et ne neacutecessite pas de compeacutetences techniques eacutelaboreacutees pour ecirctre appreacute-hendeacutee La meacutethodologie pour deacutesigner un niveau de base de lrsquoindicateur et sa reacuteeacutevaluation est par ailleurs clairement deacutecrite Cependant le calcul de lrsquoindicateur lui-mecircme est peu preacutecis pour deux raisons il repose sur une vision discregravete des enjeux en trois cateacutegories (fort moyen faible) et non sur un indicateur quanti-

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

tatif ou pseudo-quantitatif et il est flexible afin drsquoadap-ter les indicateurs de sites (eacutetat pressions) aux enjeux locaux Lrsquoeacutetape de consultation des acteurs locaux appelle agrave la vigilance En outre lrsquooutil repose sur un certain nombre drsquohypothegraveses (additiviteacute des scores seacutelection des maxima et minima parmi de multiples caracteacuteristiques drsquoeacutetat et de pression) et de codage (valeurs seuils cateacutegories de scores)

Outre les limites eacutevoqueacutees ci-dessus les eacutevalua-teurs notent que le potentiel de reproductibiliteacute et de comparaison de lrsquoindicateur est limiteacute par son carac-tegravere qualitatif Si le fait drsquoeacutetablir des eacutevaluations drsquoeacutetat et de pression adapteacutees agrave chaque site a un sens lo-calement la cateacutegorisation rend lrsquoindicateur suscep-tible de lisser fortement des dispariteacutes entre sites et limite sa porteacutee pour rendre compte de changements de faible intensiteacute graduels ou non-lineacuteaires Ainsi selon les eacutevaluateurs lrsquooutil BIEC nrsquoest pas suffisant pour appuyer les deacutecisions de gestion dans la plupart des cas en particulier lorsque davantage de consideacute-rations au niveau des eacutecosystegravemes sont neacutecessaires etou de multiples pressions sont en jeu

Il nrsquoy a pas de valeur cible agrave proprement parler celle-ci devant ecirctre deacutefinie au cours du processus de construction de lrsquoindicateur en fonction du site et des enjeux Lrsquoindicateur nrsquoest a priori pas conccedilu pour ef-fectuer des comparaisons entre sites mais pour eacuteva-luer un site donneacute ou un groupe de sites partageant des caracteacuteristiques communes

Selon les eacutevaluateurs cet outil est applicable agrave des projets publics Des modifications visant agrave favoriser

les comparaisons inter-entiteacutes et la prise en compte de lrsquoincertitude seraient neacutecessaires pour que lrsquooutil integravegre le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Selon les eacutevaluateurs les ameacuteliorations agrave apporter sont essentiellement drsquoordre meacutethodologique

Ainsi au niveau des sites lrsquoapproche conservatrice conduit lrsquoindicateur agrave ne refleacuteter qursquoune pression sur une seule espegravece Pour limiter cela il faudrait notam-ment modifier le calcul des scores drsquoeacutetat et de pression afin de pouvoir prendre en compte plusieurs minima et maxima

Une meacutethode de scoring pseudo-quantitatif au lieu de la cateacutegorisation actuelle (faible moyen fort) permettrait de mieux prioriser les enjeux et de rensei-gner lrsquoindicateur de maniegravere plus preacutecise Une standar-disation plus eacuteleveacutee de lrsquoindicateur (par exemple en eacutegalisant le nombre drsquoitems pris en compte lors de la deuxiegraveme eacutetape ou en deacutefinissant une grille drsquoeacutequiva-lences) serait utile

Par ailleurs des instructions tregraves preacutecises des exemples et un processus drsquoapprentissage iteacuteratif sont neacutecessaires pour assurer la coheacuterence des scores entre les groupes drsquoexperts entre les sites et agrave diffeacuterents moments

Une typologie des pressions directement lieacutees aux activiteacutes ainsi qursquoun suivi des eacutetats et des pressions seraient eacutegalement neacutecessaires

237 Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Indica-tor and Reporting System (BIRS) eacutetait utiliseacute par des entreprises du secteur de lrsquoextraction et de la construc-tion (ciment granulats) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des sites ndash avec la possibiliteacute drsquoagreacuteger les eacutevaluations aux niveaux national et global drsquoune entreprise ndash pour les milieux terrestres les zones hu-mides et cocirctiegraveres Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR) Lrsquooutil BIRS repose sur une approche fondeacutee sur lrsquoanalyse des risques eacuteleacute-ment de la meacutethodologie du systegraveme de gestion inteacute-greacutee de la biodiversiteacute (Integrated Biodiversity Mana-gement System IMBS) deacuteveloppeacute par lrsquoUICN

Concernant les pressions prises en compte il srsquoagit de lrsquoeacuterosion des sols les effets neacutegatifs du pacircturage par les animaux domestiques ou sauvages les plantes exotiques envahissantes les effets neacutegatifs de lrsquoexploi-tation de carriegravere ou des activiteacutes associeacutees qui se reacute-percutent dans lrsquohabitat eacutevalueacute lrsquoutilisation incontrocirc-leacutee de ressources naturelles non extraites de carriegraveres le rejet de deacutechets solides non mineacuteraux la pollution de lrsquoeau les menaces causeacutees par des incendies non controcircleacutes Au moment de lrsquoeacutevaluation la pollution des sols ainsi que les perturbations (sonores lumi-neuses) ne sont pas prises en compte

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BIRS se base sur le cadre PER pour lier activiteacutes et pressions Il mobilise la formule suivante Site times Surface total de chaque type drsquohabitat times Facteur de contexte par habitat times Classe de condition de chaque habitat = Indice de classement de lrsquoeacutetat de la biodi-versiteacute du site Cette formule permet de caracteacuteriser la valeur et la condition eacutecologiques des habitats drsquoun site Le lien entre les activiteacutes et les pressions est reacutea-liseacute de maniegravere implicite agrave travers lrsquoattribution drsquoun score de menace pour les habitats Ce score de menace peut ecirctre rapprocheacute des laquo pressions raquo

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquoou-til BIRS est de deacutefinir des scores agrave travers plusieurs eacutetapes reacutealisables par des non-experts et pour tous types drsquohabitats La meacutethodologie permet de combi-ner les scores Elle comprend aussi une eacutetape de nor-malisation baseacutee sur la proportion drsquohabitats naturels drsquoun site concerneacutes par au moins une pression afin de prendre en compte les diffeacuterences de taille entre les sites de comparer les niveaux de menaces de sites de tailles diffeacuterentes

Elle preacutesente toutefois des limites notamment le fait que lrsquooutil se concentre sur les modifications de la

qualiteacute des habitats et que la meacutethodologie est qualita-tive avec lrsquoattribution de scores par dire drsquoexperts De plus les zones fortement deacutegradeacutees telles que les sites opeacuterationnels les parois des carriegraveres les zones de restauration et les zones rudeacuterales se voient attribuer un score par deacutefaut Par conseacutequent ces espaces ne font pas partie du score de menace du site et ne sont pas eacutevalueacutes Le score par deacutefaut de certaines de ces zones varie au cours du temps en fonction du nombre drsquoanneacutees eacutecouleacutees depuis lrsquoarrecirct de lrsquoexploitation cela peut avoir une grande influence sur les changements temporels de lrsquoindicateur qui en reacutesulte

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont des don-neacutees collecteacutees in situ pour le suivi de lrsquoeacutetat des habi-tats et des menaces Ces donneacutees peuvent ecirctre collec-teacutees par des non-experts ndash agrave condition qursquoun expert soit preacutesent lors de la phase de preacuteparation pour assurer une formation (compeacutetences neacutecessaires deacutefinitions arbre de deacutecision questionnaires sont proposeacutes) ndash ou ecirctre issues drsquoeacutevaluations drsquoimpact environnemental et socieacutetal La typologie des habitats a eacuteteacute eacutetablie de faccedilon ad hoc avec une table de correspondance avec la clas-sification de la Liste rouge des habitats de lrsquoUICN Une deacutefinition des habitats et un arbre preacutecis de deacutecision permettant de deacuteterminer les habitats sont fournis

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions est difficile agrave eacutevaluer car cette relation nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la meacutethodologie de lrsquooutil Les huit ca-teacutegories de menaces qui sont listeacutees recouvrent une large gamme drsquoactiviteacutes mais chacune ne repreacutesente pas tant une seule activiteacute que diffeacuterents types de pressions

De mecircme la sensibiliteacute de la relation entre activi-teacutes et pressions est difficile agrave eacutevaluer La meacutethodologie de lrsquooutil BIRS permet de relier une activiteacute donneacutee agrave plusieurs types de pression et agrave plusieurs activiteacutes de geacuteneacuterer les mecircmes pressions Chaque activiteacute peut ensuite ecirctre deacutecrite agrave travers un profil de pressions

Quant agrave la fiabiliteacute elle ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Des mesures plus quantitatives sont neacuteces-saires au-delagrave de la simple cateacutegorisation employeacutee dans lrsquooutil BIRS Lrsquointeacutegration de dire drsquoexperts limite par ailleurs la reproductibiliteacute

Liens entre les pressions et les impacts

Le cadre mobiliseacute dans lrsquooutil BIRS pour lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute reste celui du PER agrave tra-vers la mecircme formule Site times Surface totale de chaque type drsquohabitat times Facteur de contexte par habitat times Classe de condition de chaque habitat = Indice de classement de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute du site Le lien entre les pressions et les impacts sur la biodiversiteacute est eacutetabli agrave partir de la matrice de risques pour la biodi-versiteacute issue de la meacutethodologie du systegraveme de gestion

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

inteacutegreacutee de la biodiversiteacute (Integrated Biodiversity Ma-nagement System IMBS) deacuteveloppeacute par lrsquoUICN Cet eacutetayage meacutethodologique est indiqueacute au deacutebut de la meacutethode disponible lors de lrsquoeacutevaluation mais nrsquoest pas reprise par la suite Le score de menace de lrsquohabitat reflegravete ainsi drsquoune certaine faccedilon les impacts poten-tiels sans que ceux-ci soient qualifieacutes Le score de condition de lrsquohabitat peut ecirctre rapprocheacute de laquo lrsquoeacutetat raquo

Les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil BIRS se rapportent toutes aux habitats plus particu-liegraverement en termes de structure surface et compo-sition de veacutegeacutetation ce sont le facteur de contexte de lrsquohabitat et la classe de condition de lrsquohabitat Le facteur de contexte de lrsquohabitat integravegre des eacuteleacutements relatifs agrave lrsquoimportance eacutecologique de lrsquohabitat et de la valeur intrinsegraveque de la biodiversiteacute uniciteacute aspects fonctionnels connectiviteacute espegraveces preacutesentes niveau de menace La classe de condition de lrsquohabitat deacutecrit la qualiteacute de lrsquohabitat agrave partir de critegraveres morpholo-giques et drsquoautres caracteacuteristiques Lrsquoattribution des scores pour ces meacutetriques repose sur des hypothegraveses eacutecologiques geacuteneacuterales la biodiversiteacute est fonction de la diversiteacute des habitats des habitats structurellement plus diversifieacutes conduisent agrave une plus grande diversiteacute drsquoespegraveces et une plus grande qualiteacute drsquohabitat se tra-duit par une plus grande diversiteacute drsquoespegraveces

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIRS est que les cateacutegories consideacutereacutees pour calculer le score de menace pour lrsquohabitat integravegrent les pressions drsquoune varieacuteteacute drsquoactiviteacutes et qursquoelles peuvent ecirctre relieacutees aux reacuteponses potentielles drsquoactions de gestion ndash agrave cibler en prenant en compte les scores de chaque menace

Elle preacutesente toutefois des limites Lrsquooutil se concentre sur les habitats ndash deacutecrits agrave travers des ca-racteacuteristiques de veacutegeacutetation ndash lrsquooccupation du sol la preacutesence drsquoespegraveces menaceacutees ou particuliegraveres de ce fait aucun lien explicite ne peut ecirctre eacutetabli entre les pressions et lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute ndash seules des cor-reacutelations pourraient ecirctre infeacutereacutees si des ameacuteliorations eacutetaient apporteacutees agrave lrsquooutil pour relier les activiteacutes sur le site avec les modifications des conditions de lrsquohabi-tat Drsquoautre part certaines pressions ne peuvent pas faire lrsquoobjet drsquoune laquo eacutevaluation visuelle raquo et neacutecessi-teraient des donneacutees compleacutementaires collecteacutees Par ailleurs les critegraveres pour qualifier les sites sont prin-cipalement qualitatifs et deacutefinis agrave une eacutechelle assez grossiegravere puisque lrsquoattribution du score repose sur quatre cateacutegories

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont la surface des habitats leurs caracteacuteristiques (diversiteacute morpho-logique structure de veacutegeacutetation heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute spa-tiale de la veacutegeacutetation litiegravere et bois mort) la preacutesence de groupes drsquoanimaux bio-indicateurs et de pollinisa-

teurs des caracteacuteristiques eacutecologiques remarquables (karst colonies drsquooiseaux en phase de reproduction sites pour les espegraveces migratrices) la preacutesence drsquoes-pegraveces particuliegraveres (espegraveces menaceacutees dans la liste rouge de lrsquoUICN classeacutees comme rares au niveau mon-dial ou national) et drsquohabitats particuliers (zone pro-teacutegeacutee ou eacutecosystegraveme important) la connectiviteacute des habitats ou les corridors de biodiversiteacute (connexions hydrologiques) des donneacutees sur la preacutesence drsquoune zone tampon adjacente ou encore de la protection des bassins versants La plupart de ces donneacutees sont des observations visuelles et qualitatives recueillies sur un site toutes eacutetant facilement disponibles En contrepar-tie ces donneacutees preacutesentent de fortes limitations telles que le possible manque de coheacuterence (dans le temps et entre sites) et un biais taxonomique lieacute agrave la focalisa-tion sur la veacutegeacutetation

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee car elle nrsquoest pas expliciteacutee Il est mecircme difficile drsquoeacutetablir une relation correacutelative car aucune information ne lie explicitement lrsquoeacutetat de lrsquohabitat et les activiteacutes meneacutees Les biais lieacutes agrave la notation agrave dire drsquoexperts ne peuvent pas ecirctre eacutevalueacutes

La sensibiliteacute de la relation entre pressions et im-pacts ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Si les scores de menace et drsquoeacutetat de lrsquohabitat sont correctement noteacutes il est theacuteoriquement possible de distinguer les situations mais cette approche reste qualitative et des situations contrasteacutees sont neacutecessaires pour obte-nir des scores contrasteacutes De plus la construction de lrsquoindicateur repose sur une succession drsquoeacutetapes avec des corrections de sorte que la sensibiliteacute reacutesultante nrsquoest pas claire Aussi il est peu probable que lrsquooutil permette de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute mais plutocirct des changements tardifs et importants tels que la disparition drsquoespegraveces ou le rem-placement eacutecologique ndash ou brutaux tel le deacuteversement de deacutechets Il ne permet pas non plus de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion

Enfin la fiabiliteacute et la reproductibiliteacute ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutees ndash notamment parce que les scores sont qualitatifs et baseacutes sur le dire drsquoexperts

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil est destineacute agrave ecirctre employeacute ideacutealement sur un site Il est recommandeacute de rendre compte des changements en se basant sur une seacuterie temporelle en notant toutefois que les modifications drsquoune anneacutee agrave lrsquoautre doivent ecirctre interpreacuteteacutees avec prudence

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

drsquoeacutetat de lrsquohabitat Ceci permettrait pourtant drsquoameacute-liorer la reproductibiliteacute de lrsquoeacutevaluation dans le temps et dans lrsquoespace ndash par exemple pour eacuteclairer la dif-feacuterence entre des espegraveces de plantes exotiques enva-hissantes laquo abondantes raquo ou laquo freacutequentes raquo ou encore indiquer des valeurs seuils (en pourcentage ou autre) de couverture ou nombre drsquoindividus Lrsquoeacutetape de nota-tion des pressions agrave dire drsquoexperts appelle agrave la vigi-lance En outre lrsquooutil repose sur un certain nombre drsquohypothegraveses (pas de deacutelineacuteation des cateacutegories de menaces et des activiteacutes moyenne et agreacutegation des scores hypothegraveses de biodiversiteacute relieacutee agrave la qualiteacute et agrave la diversiteacute des habitats)

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent que si le processus drsquoagreacutegation des scores rend lrsquoapproche scalaire il en reacutesulte un indicateur complexe et lrsquointrication des calculs (agreacutegation de diffeacuterents critegraveres qui se compensent les uns les autres) rend la gamme des variations de cet indicateur difficile agrave interpreacuteter et agrave anticiper Par conseacutequent les eacutevaluateurs notent qursquoil est peu probable que lrsquooutil BIRS puisse ecirctre utiliseacute pour comparer des sites Ils in-diquent eacutegalement qursquoil peut ecirctre preacutefeacuterable de suivre seacutepareacutement le score de chaque critegravere drsquoeacutevaluation

Il nrsquoy a pas de valeur cible fixeacutee lrsquoindice le plus eacuteleveacute de lrsquoeacutetat du site devant refleacuteter le meilleur eacutetat de la biodiversiteacute

Selon les eacutevaluateurs cet outil est applicable agrave des projets publics comme un critegravere de deacutecision dans le cadre de marcheacutes et contrats mais en tenant compte des biais indiqueacutes ndash mais pas dans le cadre de travaux publics car il nrsquoest pas complegravetement adeacutequat pour rendre compte des impacts sur la biodiversiteacute Des modifications visant agrave assurer lrsquoenregistrement des donneacutees brutes drsquoobservation ou agrave deacutefaut de lrsquoindice de lrsquoeacutetat des habitats et des sites dans une base de donneacutees utilisant des ontologies normaliseacutees et com-munes aux entreprises seraient neacutecessaires pour que lrsquooutil integravegre le suivi drsquoobjectifs de cadres internatio-naux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en renforccedilant le suivi de lrsquoeacutetat de la biodiver-siteacute Ainsi lrsquoabondance des populations pourrait ecirctre prise en compte afin drsquoavoir des signes plus preacutecoces de changement de biodiversiteacute tout en gardant la meacutethode simple et applicable par des non-experts En outre pour une eacutevaluation plus robuste et repreacutesenta-tive un ensemble plus large de groupes taxonomiques pourrait ecirctre inteacutegreacute Les groupes les plus faciles et les plus simples agrave suivre comprennent les inverteacutebreacutes ter-restres et aeacuteriens les oiseaux ou les chauves-souris ndash drsquoautres espegraveces ou groupes pourraient eacutegalement ecirctre

pris en compte tels que les organismes vivants dans le sol ou des verteacutebreacutes terrestres identifieacutes comme bio-in-dicateurs cleacutes de voucircte ou les espegraveces menaceacutees Dans ce cadre la freacutequence des suivis devrait probablement ecirctre adapteacutee pour conserver un niveau drsquoefforts et des coucircts raisonnables ndash tous les deux ans par exemple Ce qui est actuellement mesureacute concerne plus les ha-bitats que la biodiversiteacute elle-mecircme le nom de lrsquooutil porte agrave confusion

En termes meacutethodologiques la deacutefinition de seuils standardiseacutes de meacutetriques quantitatives (valeurs seuils et intervalles) permettant drsquoattribuer des scores drsquoeacutetat et de menaces pourrait atteacutenuer les conseacutequences de la notation subjective agrave dire drsquoexperts Cela faciliterait la comparaison entre sites au sein drsquoune entreprise et entre entreprises Une autre faccedilon de drsquoappreacutehender cette source de variation dans la notation serait de reacute-peacuteter les eacutevaluations pour chaque habitat puis drsquoeacuteva-luer la variation des notations entre experts Une base de donneacutees de reacutefeacuterence des scores preacuteceacutedemment calculeacutes ainsi que des photos prises lors des suivis seraient utile dans le cadre drsquoun processus drsquoappren-tissage continu

Les eacutevaluateurs proposent aussi de conserver un score seacutepareacute pour lrsquoeacutetat et les menaces Combineacute avec davantage drsquoinformations sur les activiteacutes au sein de chaque site cela permettrait de hieacuterarchiser les sites neacutecessitant des mesures drsquoatteacutenuation immeacutediates

Drsquoun point de vue pratique les activiteacutes indus-trielles sur les sites et leur historique devraient ecirctre documenteacutees de faccedilon harmoniseacutee en indiquant par exemple lrsquointensiteacute la freacutequence et la dureacutee des pres-sions afin de mieux comprendre leurs impacts sur lrsquohabitat et les effets des mesures prises par lrsquoentre-prise Mecircme si le besoin de standards coheacuterents agrave travers le temps et dans lrsquoespace est reconnu par les deacuteveloppeurs de lrsquooutil BIRS ce point aurait besoin drsquoecirctre renforceacute

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull UICN (2018) Guide pratique pour la reacutealisation de Listes rouges reacutegionales des espegraveces menaceacutees ndash Meacute-thodologie de lrsquoUICN amp deacutemarche drsquoeacutelaborationbull Jeanmougin M Plattner G Porcher E Julliard R Touroult J Poncet L (2014) Synthegravese bibliogra-phique des changements drsquoeacutechelles cartographiques et des relations eacutecologiques entre les espegraveces et leurs habitats 83 SPN-CESCO-MNHN MEDDE Paris

Au niveau spatial la meacutethodologie de lrsquooutil BIRS permet drsquoeacutevaluer les pressions agrave plusieurs eacutechelles chaque type drsquohabitat au sein drsquoun site puis sur lrsquoensemble du site A ce niveau lrsquoindicateur permet drsquoorienter les gestionnaires de sites vers des mesures de gestion cibleacutes pour reacuteduire les menaces pesant sur les habitats Les agreacutegations sont ensuite effectueacutees agrave lrsquoeacutechelle des sites puis aux niveaux national et global de lrsquoactiviteacute de lrsquoentreprise Agrave ce niveau un tel indi-cateur agreacutegeacute est valable pour le rapportage mais ne peut pas orienter les actions de gestion en reacuteponse aux constats de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil est lrsquohabitat Les espegraveces sont indirectement consideacutereacutees via le facteur de contexte de lrsquohabitat ndash agrave travers lrsquoeacutevaluation de la valeur in-trinsegraveque la biodiversiteacute de lrsquohabitat ndash et via la classe de condition de lrsquohabitat ndash agrave travers lrsquoeacutevaluation de la preacutesence de caracteacuteristiques eacutecologiques exception-nelles et de groupes animaux bio-indicateurs Lrsquooutil prend en compte les espegraveces ou des habitats mena-ceacutes preacutesents dans les listes rouges de lrsquoUICN et classeacutes comme laquo rares raquo au niveau mondial ou national les espaces proteacutegeacutes ou les eacutecosystegravemes importants Le fonctionnement des eacutecosystegravemes et les communauteacutes ne sont pas pris en compte Concernant les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte il srsquoagit essentielle-ment de la composition et de la structure des habitats Ce sont des dimensions importantes de lrsquointeacutegriteacute de lrsquoeacutecosystegraveme et elles sont relativement faciles agrave mesu-rer Toutefois elles peuvent srsquoaveacuterer insuffisantes pour deacutetecter des signaux preacutecoces de changement drsquoeacutetat de la biodiversiteacute Ceci doit ecirctre compleacuteteacute par des paramegravetres quantitatifs (par exemple lrsquoabondance) doit ecirctre reacutealiseacute avec plus de preacutecision (par exemple en eacutenumeacuterant les espegraveces dominantes ou rares) et eacutetendu au-delagrave de la veacutegeacutetation au regravegne animal De plus la fragmentation de lrsquohabitat et les connectivi-teacutes sont insuffisamment prises en compte Ainsi en tenant eacutegalement compte des limites indiqueacutees preacute-ceacutedemment lrsquooutil nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute des activiteacutes consideacutereacutees

Lrsquoapproche semi-quantitative (attribution de scores) nrsquoest pas conccedilue pour deacutetecter des change-ments graduels comme cela est par ailleurs noteacutee dans la meacutethode accessible au moment de lrsquoeacutevalua-tion Lrsquooutil se concentre sur la structure et la compo-sition de la veacutegeacutetation agrave partir drsquoune eacutevaluation quali-tative plutocirct que sur des mesures quantitatives (mecircme en ce qui concerne lrsquoidentification des espegraveces) Il se concentre plus sur les changements drsquoenvironnement pertinents pour la biodiversiteacute plutocirct qursquoau niveau mecircme de la biodiversiteacute et de meacutetriques srsquoy rapportant La proportion drsquohabitats laquo naturels raquo nrsquoest eacutegalement

pas prise en compte dans le calcul alors que lrsquoindi-cateur peut ecirctre sensible aux changements temporels des statuts des zones (entre zone opeacuterationnelle zone en cours de restauration et zones laquo naturelles raquo) Les eacutevaluateurs indiquent qursquoil est neacutecessaire drsquoexaminer attentivement lrsquoeacutevolution des scores individuels et non agreacutegeacutes de lrsquoeacutetat de lrsquohabitat et des menaces ainsi que des cartes pour rendre plus preacuteciseacutement compte des impacts des activiteacutes ndash par ailleurs pas explicite-ment diffeacuterencieacutees en tant que sources diffeacuterentes de pressions potentielles ndash sur les habitats Lrsquooutil BIRS pourrait aussi ecirctre compleacuteteacute par des plans drsquoaction ou des plans de restauration car il nrsquoa pas vocation agrave suivre des objectifs fins de gestion de biodiversiteacute En outre les eacutevaluateurs notent que les eacutevaluations de lrsquoeacutetat de lrsquohabitat devraient ecirctre davantage lieacutees agrave drsquoautres indicateurs du systegraveme de gestion inteacutegreacutee de la biodiversiteacute de lrsquoUICN sur lequel lrsquooutil srsquoappuie

La meacutethodologie de lrsquooutil BIRS indique qursquoune reacuteeacutevaluation du facteur de contexte de lrsquohabitat tous les 5 agrave 10 ans devrait suffire agrave moins que des chan-gements importants ou de grande eacutechelle dans lrsquoutili-sation des terres aient eu lieu aux alentours auquel cas ce facteur doit ecirctre reacuteeacutevalueacute plus tocirct La classe de condition de lrsquohabitat est elle eacutevalueacutee annuelle-ment et lrsquooutil BIRS est conccedilu pour calculer un indice annuel drsquoeacutetat de la biodiversiteacute

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

La meacutethodologie bien que complexe par la succession des eacutetapes reste simple agrave comprendre Elle est claire transparente et rigoureuse avec une deacutefinition utile des termes des eacutetapes et des critegraveres drsquoeacutevaluation crsquoest le cas lors de lrsquoeacutetape drsquoidentification de lrsquohabi-tat et de lrsquoeacutetape drsquoestimation de la superficie pour les-quelles une deacutefinition tregraves claire de la classification de lrsquohabitat et des meacutethodes de calcul sont fournies

La meacutethodologie peut ecirctre utiliseacutee dans le monde entier et pour nrsquoimporte quel habitat ou eacutecosystegraveme Elle assure eacutequilibre entre des consideacuterations pratiques et la rigueur scientifique bien que les eacutevaluateurs notent que cela peut encore ecirctre ameacutelioreacute Lrsquoapproche semi-quantitative par lrsquoattribution de scores agrave travers une classification relativement grossiegravere nrsquoenlegraveve pas la neacutecessiteacute de mesures quantitatives De plus les scores drsquoune cateacutegorie sont supposeacutes eacutequivalents (par exemple laquo forte pression de pacircturage raquo eacutequivaut agrave laquo abondance drsquoespegraveces exotiques envahissantes raquo eacutequivaut agrave laquo forte pollution de lrsquoeau raquo) sans valeurs seuils deacutetailleacutees pour aider agrave eacutevaluer les diffeacuterences reacuteelles entre les scores Crsquoest le cas notamment aux eacutetapes drsquoeacutevaluation de lrsquoeacutetat de chaque habitat (par une enquecircte sur le terrain) et drsquoeacutevaluation de la classe

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

Sur la base des eacutevaluations des sept outils de mesure reacutealiseacutees par les experts et des discussions entre les diffeacuterents acteurs lors des ateliers des recommandations sont ressorties de ces eacutechanges Elles srsquoadressent agrave une grande diversiteacute de publics chercheurs deacuteveloppeurs utilisateurs priveacutes ou publics et deacutecideurs politiques Loin drsquoecirctre exhaustives ces recommandations permettent neacuteanmoins drsquoengager un premier dialogue Elles fournissent en effet des pistes drsquoameacutelioration pour le deacuteveloppement dindicateurs et outils de mesure de lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Enjeu important pour accompagner lrsquoengagement des acteurs et des deacutecideurs politiques nationaux et internationaux en vue drsquoenrayer le deacuteclin de la biodiversiteacute

3

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

31 Quelques approches inteacutegratives compleacutementaires aux outils

Les eacutevaluations externes des outils ont souligneacute entre autres eacuteleacutements qursquoaucun nrsquoest repreacutesentatif de tous les impacts des activiteacutes eacutevalueacutees sur la biodiversiteacute Quelques approches inteacutegratives tant agrave lrsquoeacutechelle des activiteacutes humaines que de la biodiversiteacute peuvent ecirctre proposeacutees Sans preacutetention agrave lrsquoexhaustiviteacute nous en preacutesentons ici trois accessibles aux acteurs priveacutes et publics

311 La compleacutementariteacute des cadres Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et Analyse de cycle de vie (ACV)

Les deux cadres preacutesenteacutes au chapitre 1 peuvent ecirctre envisageacutes dans une optique compleacutementaire Ainsi de faccedilon scheacutematique le cadre ACV permet drsquoidentifier des moments et des lieux des eacutetapes cleacutes dans le cycle de vie de produits ou de services ayant des impacts particuliegraverement importants sur la biodiversiteacute et le cadre PER permet drsquoapprofondir et de deacutetailler lrsquoeacuteva-luation en ces diffeacuterentes eacutetapes cleacutes (Fig 8)

Les deux approches peuvent ecirctre combineacutees en adoptant drsquoabord une perspective ACV pour avoir une approche holistique des activiteacutes anthropiques puis en deacutefinissant ensuite pour chaque eacutetape reconnue comme majeure dans lrsquoACV des indicateurs de type

FIGURE 8 COMPLeacuteMEntArIteacute EntrE LE CADrE PEr Et LE CADrE ACv SOuRcE TEIllARD et al 2016

Responses

Inputs feed

Farm

Processing

Pressures(Midpoints)

Production

Biodiversity(Endpoints)

Farm

Landscape

response indicators

state indicators

Pressure indicators

sometimes evaluated through scenario analysis

Endpoint modeling

Midpoint modeling

horizontal perspective space

vert

ical

per

spec

tive

su

pply

cha

in

LCA

ECOLOGY

PER ndash en tendant alors vers une approche holistique de la biodiversiteacute

Une telle combinaison permettrait de comparer les reacutesultats des liens activeacutes ndash pressions (midpoints dans lrsquoACV pressures dans le PER) et des liens pressions ndash impacts (endpoints dans lrsquoACV state dans le PER) Drsquoautre part cela permettrait drsquointeacutegrer dans lrsquoeacutevalua-tion des impacts des pressions qui ne sont actuelle-ment pas ou peu prises en compte dans lrsquoACV mais qui les sont dans les indicateurs PER (notamment espegraveces envahissantes surexploitation)

Enfin les meacutethodes drsquoACV qui explorent diffeacuterents

sceacutenarios pour limiter les impacts sur la biodiversiteacute pourraient compleacuteter les indicateurs de reacuteponses du cadre PER et enrichir la reacuteflexion sur les reacuteponses cest-agrave-dire les mesures agrave adopter pour limiter les pressions

312 Lrsquoapproche par les laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo (EBV)

Le laquo Reacuteseau drsquoobservation de la biodiversiteacute raquo (BON) du Groupe drsquoobservation de la Terre (GEO) initiative mon-diale a fait eacutemerger en 2013 le concept de laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo deacutefinies comme des laquo mesures neacutecessaires pour eacutetudier rapporter et geacuterer les changements de la biodiversiteacute en se concentrant sur lrsquoeacutetat et la tendance des eacuteleacutements de la biodiversiteacute raquo (Pereira et al 2013) Ces mesures permettent de trans-former des donneacutees issues de sources varieacutees en indica-teurs offrant une description syntheacutetique de diffeacuterents niveaux drsquoorganisation de la biodiversiteacute facilitant ainsi la laquo traduction raquo des donneacutees sur la biodiversiteacute en informations politiques Le GEO BON a proposeacute une liste de vingt variables classeacutees par niveaux drsquoorganisa-tion Ces variables ont eacutevolueacute depuis 2013 (Tableau 2)

Classes de variables essentielles Variables essentielles

Composition geacuteneacutetique Diversiteacute geacuteneacutetique intraspeacutecifique

Diffeacuterenciation geacuteneacutetique parmi des populations

Taille effective de la population

Consanguiniteacute

Populations drsquoespegraveces Distribution drsquoespegraveces donneacutees

Abondance drsquoindividus drsquoespegraveces donneacutees

Traits de vie des espegraveces Morphologie des organismes

Physiologie des organismes en lien avec la fitness et les reacuteponses agrave lrsquoenvironnement

Pheacutenologie des organismes

Mouvements de type dispersion ou migration

Composition des communauteacutes Abondance des organismes dans un assemblage eacutecologique

Diversiteacute taxonomiquephylogeacuteneacutetique dans un assemblage eacutecologique

Diversiteacute des traits des organismes au sein des communauteacutes

Diversiteacute et structures des interactions entre organismes au sein des communauteacutes

Fonctions des eacutecosystegravemes Productiviteacute primaire

Pheacutenologie observeacutee agrave lrsquoeacutechelle drsquoun eacutecosystegraveme

Perturbations du fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme

Structure des eacutecosystegravemes Fraction du couvert vivant

Distribution horizontale drsquoeacuteleacutements drsquoun eacutecosystegraveme

Profil vertical de la distribution de biomasse

vArIAbLEs EssEntIELLEs DE bIODIvErsIteacute CLAsseacuteEs PAr nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn SOuRcE gEObONTABLEAU 2

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

Une laquo variable essentielle de biodiversiteacute raquo doit preacute-senter certaines caracteacuteristiques afin drsquoecirctre opeacuteration-nelle Ainsi ideacutealement elle doit ecirctre

bull capable de saisir les eacutechelles et les dimensions essentielles de la biodiversiteacute

bull biologiquebull une variable drsquoeacutetat (certains deacuteveloppements

cherchent agrave deacutefinir les variables permettant de deacutetec-ter des changements preacutecoces de biodiversiteacute (Sch-meller et al 2018))

bull sensible au changementbull agnostique agrave lrsquoeacutegard des eacutecosystegravemes (dans la

mesure du possible elle doit pouvoir ecirctre mesureacutee pour tous types drsquoeacutecosystegravemes)

bull techniquement reacutealisable degraves agrave preacutesent eacuteco-nomiquement viable et durable dans le temps (les moyens drsquoobservation peuvent ecirctre deacuteployeacutes in-situ ou aeacuteroporteacutes ndash les donneacutees drsquoobservations satellites eacutetant par ailleurs de plus en plus traiteacutees et rendues disponibles)

Certaines variables peuvent constituer des indica-teurs ou des intermeacutediaires entre les donneacutees brutes et les indicateurs Elles peuvent eacutegalement ecirctre combi-neacutees entre elles afin de former des indices (GEO BON 2015) certains eacutetant mobiliseacutes dans les rapports de la Plateforme intergouvernementale scientifique et poli-tique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) ou encore les objectifs des programmes suc-cessifs de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) indice drsquohabitat drsquoespegraveces indice de biodi-versiteacute des habitats indice de protection des espegraveces indice de repreacutesentativiteacute des aires proteacutegeacutees et de connectiviteacutes indice drsquointeacutegriteacute locale de biodiversiteacute indice de restauration des eacutecosystegravemes indice drsquoinfor-mation sur le statut des espegraveces

Les travaux deacutedieacutes aux EBVs se poursuivent au sein de groupes theacutematiques explorant les six classes mais eacutegalement sur des volets transversaux Citons-en particuliegraverement six qui peuvent inteacuteresser les concep-teurs et les utilisateurs drsquooutils de mesure des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

bull La deacutefinition des variables elles-mecircmes le cadre conceptuel proposeacute peut ecirctre utiliseacute afin de deacutefinir collectivement en associant acteurs et chercheurs les variables essentielles propres agrave un territoire etou un pays sans neacutecessairement mobiliser celles identifieacutees par GEO BON (Turak et al 2017)

bull Lrsquointeacutegration des donneacutees de divers origines en srsquoappuyant entre autres sur des modeacutelisations et la combinaison avec des donneacutees drsquoenvironnement afin de deacutefinir lrsquoeacutevolution de la biodiversiteacute dans le temps et lrsquoespace (Jetz et al 2019)

bull Lrsquoutilisation du concept pour effectuer des suivis drsquoespegraveces exotiques envahissantes (Seebens et al 2020)

bull Lrsquoutilisation de donneacutees de teacuteleacutedeacutetection pour documenter les variables

bull Le deacuteveloppement drsquoindicateurs et drsquoindices inteacutegreacutes

bull Lrsquoutilisation des donneacutees drsquoobservation de la Terre pour eacutevaluer les services eacutecosysteacutemiques

Le concept de laquo variables essentielles raquo est eacutegale-ment deacuteclineacute pour le climat et lrsquooceacutean Ces variables documentent lrsquoeacutevolution de paramegravetres cleacutes du systegraveme climatique (preacutecipitations tempeacuterature composition de lrsquoatmosphegravere) ou de lrsquooceacutean (carbone organique dissout abondance et distribution de poissons eacutetendu des mangroves et composition) Ces variables sont reacuteguliegraverement utiliseacutees pour soutenir des travaux inter-nationaux du Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC) de lrsquoOrganisation des Nations unies (ONU) ou de la Commission oceacuteanogra-phique intergouvernementale (COI) porteacutee par lrsquoOrga-nisation des Nations unies pour lrsquoeacuteducation la science et la culture (Unesco)

Ainsi agrave travers ce concept de laquo variables essen-tielles raquo une utilisation pragmatique des donneacutees agrave diffeacuterentes eacutechelles spatiales mobilisables aussi bien par des acteurs priveacutes que publics se dessine elle peut utilement compleacuteter les reacuteflexions sur les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

les indicateurs quantitatifs des changements de la biodi-versiteacute des contributions de la nature aux personnes et agrave la qualiteacute de vie ainsi que des forces motrices facteurs directs et indirects qui sous-tendent ces changements constituent des eacuteleacutements importants agrave documenter Ainsi lrsquoIpbes deacutefinit deux batteries drsquoindicateurs

bull une trentaine drsquoindicateurs de base (dits core indi-cators) que les auteurs des eacutevaluations sont inviteacutes agrave uti-liser en plus drsquoautres indicateurs ou autres informations

bull une quarantaine drsquoindicateurs mis en avant (dits highlighted indicators) qui pourraient inteacuteresser des auteurs mais sans aucune attente quant agrave leur utilisa-tion dans les eacutevaluations

Lrsquoobjectif de la deacutemarche est de fournir aux au-teurs des eacutevaluations un ensemble drsquoindicateurs qui couvrent tous les eacuteleacutements du cadre conceptuel de lrsquoIpbes

Ces indicateurs sont issus de plusieurs sources bull majoritairement des indicateurs mobiliseacutes pour

les objectifs de programmes de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) dont certains ont eacuteteacute pro-poseacutes par GEO BON

bull quelques indicateurs issus des travaux du reacuteseau mondial de recherche Future Earth

bull un petit nombre recommandeacute par les travaux de lrsquouniversiteacute de Yale sur lrsquoindice de performance envi-

Mon

dial

e

FIGURE 9 CADrE COnCEPtUEL AnALytIQUE DE Lrsquo IPbEs SOuRcE DeacutecISION IpbES ndash 24 2013

Bonne qualiteacute de vieBien-ecirctre humainVie en harmonie avec la natureVie en eacutequilibre et en harmonie avec la Terre megravere

Possibiliteacute de mener une vie satisfaisante nourriture eau eacutenergie et seacutecuriteacute des moyens drsquoexistence santeacute relations sociales eacutequiteacute spiritualiteacute identiteacute culturelle

Bienfaits de la nature pour lrsquohommeBiens et services eacutecosysteacutemiquesFourniture reacutegulation valeur culturelleDons de la nature

Patrimoine anthropique

Infrastructures patrimoine humain social financier

Institutions gouvernance et autres facteurs indirects

Aspects socio-politiques eacuteconomiques technologiques culturels

NatureBiodiversiteacute et eacutecosystegravemesTerre megravereSystegravemes de vie

Eacutevolution diversiteacute bioculturelleRessources naturelles non biologiquesValeurs intrinsegraveques

Facteurs directs

Facteurs anthropiques

Transformation des habitats exploitation changement climatique pollution introduction drsquoespegraveces

Facteurs naturels

Eacutevolution dans le temps

Inte

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ions

agrave d

iffeacuter

ente

s eacutech

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Nat

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313 Le cadre DPSIR appliqueacute au cadre conceptuel de lrsquoIpbes

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacute-miques (Ipbes) eacutetaie son cadre conceptuel (Deacutecision Ipbes-24 2013) crsquoest-agrave-dire son modegravele simplifieacute des interactions complexes qui se tissent entre le monde naturel et la socieacuteteacute humaine (eacuteleacutements pris en compte et leurs liens) par une batterie drsquoindicateurs en se ba-sant sur le cadre laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat

ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo plus connu sous lrsquoacronyme DPSIR pour Driving forces Pressures State Impact Responses (DPSIR) (Fig 9 et 10) version eacutetendue du modegravele drsquointeractions entre des systegravemes socio-eacuteco-nomiques et eacutecologiques initialement deacutecrits sous la forme laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo deacutecrit au pre-mier chapitre

Dans le cadre des eacutevaluations de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques qursquoelles soient theacutema-tiques reacutegionales ou mondiales lrsquoIpbes considegravere que

6564

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

ronnementale des politiques publiques (Environmen-tal Performance Index EPI)

bull eacutegalement un petit nombre proposeacute par le groupe de travail laquo Donneacutees et connaissances raquo interne agrave lrsquoIpbes

Beaucoup de ces indicateurs sont recenseacutes dans le Partenariat mondial sur les indicateurs de biodi-versiteacute (BIP) qui coordonne pour la CDB mais aussi pour reacutepondre aux besoins drsquoautres conventions ou de gouvernements le deacuteveloppement et la fourniture drsquoindicateurs

LrsquoIpbes fournit par ailleurs sa propre deacutefinition des indicateurs laquo comme des mesures ou des signes qui reflegravetent lrsquoeacutetat la cause ou le reacutesultat drsquoun objet ou drsquoun processus raquo Les indicateurs pouvant contribuer agrave simplifier la complexiteacute drsquoensembles de donneacutees de variables de cadres conceptuels et drsquoapproches dispo-nibles ils sont eacutegalement laquo des outils utiles pour com-muniquer les reacutesultats des eacutevaluations raquo LrsquoIpbes sou-ligne qursquoil est important de reconnaicirctre les limites des indicateurs agrave laquo saisir les complexiteacutes du monde reacuteel raquo car ils se limitent agrave ce qui peut ecirctre mesureacute et ce pour quoi des donneacutees sont disponibles En outre lrsquoIpbes signale aussi que les choix drsquoindicateurs sont laquo plus ou moins lieacutes agrave la diversiteacute des visions du monde et des perspectives culturelles raquo eacuteleacutement agrave prendre en compte pour conduire au-delagrave des reacutesultats exprimeacutes une analyse critique des indicateurs eux-mecircmes

Ces indicateurs complegravetent drsquoautres formes drsquoinfor-mations et de connaissances pas neacutecessairement har-moniseacutees leur caractegravere normaliseacute fournit un point de comparaison quantitatif et coheacuterent entre les eacutevalua-

tions Le rapport mondial publieacute en 2019 constitue un bon exemple drsquoune approche mixte avec lrsquoutilisation drsquoindicateurs de base identifieacutes comme utiles agrave ren-seigner dans le cadre des eacutevaluations et drsquoautres types drsquoinformations laquo indicatrices raquo

La FRB mobiliseacutee tout au long du processus drsquoex-pertise scientifique final a fait un travail de recension drsquoindicateurs et drsquoautres informations utiliseacutees pour eacutevaluer lrsquousage durable de la biodiversiteacute Parmi la centaine drsquoindicateurs et autres informations identi-fieacutees la FRB en a extrait un petit nombre en concer-tation avec un des auteurs du rapport Au moment des neacutegociations de lrsquoassembleacutee pleacuteniegravere la deacuteleacutegation franccedilaise a proposeacute que ce tableau soit inteacutegreacute dans le reacutesumeacute pour deacutecideurs en cours de neacutegociations En raison du retard pris dans les groupes de travail peacutenalisant lrsquoavanceacutee du processus de neacutegociation la preacutesentation de ce tableau nrsquoa pas pu ecirctre inscrite agrave lrsquoagenda des groupes et donc nrsquoa pas pu ecirctre propo-seacutee en pleacuteniegravere en lrsquoabsence de concertation preacutealable entre les Eacutetats

Ces indicateurs et informations sont preacutesenteacutes dans le tableau syntheacutetique en annexe 3 p 81

La deacutemarche adopteacutee par lrsquoIpbes repose drsquoune part sur lrsquoutilisation drsquoindicateurs existants documentant diffeacuterentes eacutetapes du cadre laquo Pression ndash Eacutetat ndash Reacute-ponse raquo drsquoautre part sur lrsquoutilisation pragmatique de donneacutees permettant de fournir des informations utiles au sujet traiteacute Certains indicateurs et informations sont utilisables ou deacuteclinables agrave diffeacuterentes eacutechelles spatiales et mobilisables aussi bien par des acteurs pri-veacutes que publics Lagrave encore cette deacutemarche peut utile-ment compleacuteter les reacuteflexions sur les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Forces motrices directes naturelles et anthropiques

ndash Empreinte eacutecologique ndash Lrsquoappropriation humaine de lrsquoeau doucendash Index de biodiversiteacute des habitats (BEF)ndash Surface forestiegravere en de la surface totale des terres (BEF)ndash Tendances de lrsquoeacutetendue des forecircts (BEF)ndash Total des preacutelegravevements de bois (NCP) ndash Tendances de la pecircche certifieacutees par le MSC (BEF) ndash Estimation des captures et de lrsquoeffort de pecircche (BEF) ndash Production de pecircche des eaux inteacuterieures (NCP) ndash Indice trophique marin (BEF) ndash Proportion de la supercifie de production forestiegravere

sous certification FSC et PEFC (IGID) ndash Efficaciteacute de lrsquoutilisation de lrsquoazote ndash Engrais agrave base drsquoazote et de phosphatendash Tendances en matiegravere drsquoutilisation des pesticidesndash Tendances des deacutepocircts drsquoazotendash Couverture en zones proteacutegeacutees des zones cleacutes pour

la biodiversiteacute (KBAS) (IGID)ndash Index de protection des espegraveces (IGID)ndash Index de connectiviteacute des zones proteacutegeacutees (IGID)ndash Index drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute

Bonne qualiteacute de vie(bien-ecirctre humain)

ndash Pourcentage de personnes sous-alimenteacutees

Contributions de la nature aux personnes(Biens et services eacutecosysteacutemiques)

ndash Total des preacutelegravevement de bois (DD) ndash Production de pecircche des eaux inteacuterieures (DD) ndash Proportion de races locales classeacutees comme eacutetant

agrave risque non agrave risque ou dont le niveau drsquoextinction est inconnu (BEF)

Forces motrices indirectesInstitutions gouvernance et autres

ndash Pourcentage de nations de cateacutegorie 1 dans la Convention sur le commerce international des espegraveces de faune et de flore sauvages menaceacutees dextinction (CITES)

ndash Proportion de la superficie de production forestiegravere sous certification FSC et PEFC (DD)

ndash Pourcentage de zones couvertes par des zones proteacutegeacuteesndash Couverture des zones proteacutegeacutees des zones cleacutes pour

la biodiversiteacute (KBAS) (OD)ndash Indice de protection des espegraveces (DD)ndash Efficaciteacute de la gestion des zones proteacutegeacuteesndash Indice de connectiviteacute des zones proteacutegeacutees (DO)ndash Nombre de pays ayant un plan drsquoaction national

biodiversiteacute (NBSAP) deacuteveloppeacutereacuteviseacutendash Proportion des espegraveces connues eacutevalueacutees par

la Liste Rouge de lrsquoUICNndash Index drsquoinformation sur le statut des espegraveces

Nature(Biodiversiteacute et fonctionnement des eacutecosystegravemes)

ndash Index de biodiversiteacute des habitats (DD)ndash Index drsquohabitat des espegraveces (DD)ndash Superficie forestiegravere en de la superficie totale

des terres (DD)ndash Tendances de lrsquoeacutetendue des forecircts (couvert forestier) (DD)ndash Tendances de la pecircche certifieacutee par le MSC (DD)ndash Estimation des captures et de lrsquoeffort de pecircche (DD)ndash Proportion des stocks de poissons agrave des niveaux

biologiquement durablesndash Indice Tropical Marin (DD)ndash Index de la Liste Rougendash Proportion de races locales classeacutees comme eacutetant

agrave risque non agrave risque ou dont le niveau drsquoextinction est inconnu (NCP)

Biens humains

FIGURE 10 CADrE COnCEPtUEL Et InDICAtEUrs DE bAsE DrsquoAPregraves IPbEs COrE InDICAtOrs wwwIpbESNET 16112020

DPsIr D Force motriceP Pressions statutI Impactr reacuteponse - Liens avec le cadre conceptuel analytique IgID Institutions gouvernance et forces motrices indirectes

DD Force motrice directenCP Contributions de la nature aux personnes biens et services des eacutecosystegravemesbEF naturebiodiversiteacute et fonctions des eacutecosystegravemesgQL bonne qualiteacute de vie bien-ecirctre humain

6766

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

enjeux climat et biodiversiteacute se rejoignent neacuteanmoins lorsqursquoil srsquoagit eacutevaluer les impacts des activiteacutes hu-maines sur le fonctionnement des eacutecosystegravemes

bull Il est aussi possible de srsquointeacuteresser agrave des espegraveces ou des groupes drsquoespegraveces qui reacutealisent des fonctions speacutecifiques au sein des eacutecosystegravemes (dites espegraveces cleacutes de voucircte) (Paine 1966) Cette approche met lrsquoaccent sur certaines espegraveces lrsquoimportance de relations entre les espegraveces au sein des reacuteseaux trophiques leurs rocircles dans les eacutecosystegravemes en modifiant lrsquoenvironnement vi-vant et abiotique (par ex ingeacutenieurs deacutecomposeurs)

bull Ou encore aux espegraveces rares (aires de reacutepartition reacuteduites faible densiteacute) (Dinerstein et al 2020) etc

3e recommandation

Travailler avec tous les acteurs et mieux utiliser les connaissances et les donneacutees disponibles

De nombreux outils et indicateurs sont plus speacutecifi-quement deacuteveloppeacutes par les acteurs acadeacutemiques ou des politiques publiques tandis que drsquoautres outils ndash tels ceux eacutevalueacutes dans cette eacutetude ndash sont deacuteveloppeacutes par les acteurs priveacutes industriels marchands ou asso-ciatifs en srsquoappuyant sur des eacuteleacutements scientifiques Ces deux deacutemarches solides gagneraient agrave ecirctre plus co-construites pour une inteacutegration reacuteciproque des be-soins et des contraintes des atouts et des limites des outils deacuteveloppeacutes

De mecircme de nombreux dispositifs nationaux et ter-ritoriaux deacuteveloppent des outils en appui aux politiques publiques fournissent des donneacutees et des informations sur la biodiversiteacute Citons entre-autres acteurs lrsquoOb-servatoire national de la biodiversiteacute les observatoires reacutegionaux de la biodiversiteacute Sur un mecircme territoire la dichotomie des activiteacutes de ces structures des col-lectiviteacutes et des entreprises ndash dans un cas laquo le suivi de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute sous lrsquoeffet de pressions anthro-piques raquo dans un autre laquo lrsquoeacutevaluation des impacts de mes activiteacutes raquo ndash gagnerait agrave ecirctre effaceacutee au profit drsquoun dialogue et drsquoune action mutualiseacutee de suivi et drsquoeacuteva-luation aboutissant in fine agrave une veacuteritable eacutevaluation des impacts parfois cumuleacutes drsquoactiviteacutes diffeacuterentes agrave lrsquoeacutechelle drsquoun territoire et agrave leur gestion concerteacutee

De plus lrsquoensemble des eacutevaluations neacutecessitent drsquoecirctre documenteacutees cela permet drsquoameacuteliorer lrsquoutili-sation des outils ndash en contribuant par exemple agrave har-moniser les eacutetapes qui reposent sur le dire drsquoexpert ndash cela permet aussi de documenter les changements de la biodiversiteacute de faccedilon plus continue Cette documen-tation neacutecessite drsquoecirctre harmoniseacutee agrave lrsquoeacutechelle drsquoune entreprise voire agrave lrsquoeacutechelle nationale ou internatio-nale Les nombreuses initiatives en faveur des pro-tocoles et des donneacutees de biodiversiteacute deacuteveloppeacutees ou relayeacutees par des acteurs territoriaux et nationaux devraient y aider

4e recommandation

Adapter les outils aux pratiques de lrsquoentreprise et agrave ses leviers drsquoactions

Des deacutemarches mutualiseacutees permettraient de deacutevelop-per des outils plus en lien avec les pratiques des entre-prises voire avec les acteurs publics territoriaux En effet si certains modegraveles globaux et meacutethodes portant sur les espegraveces voire les habitats peuvent ecirctre utiles par leur caractegravere geacuteneacuterique les eacutevaluations scienti-fiques des outils ont montreacute qursquoils eacutetaient peu sen-sibles pour rendre reacuteellement compte des impacts des activiteacutes et par effet retour des efforts des entreprises pour limiter ces impacts Les concepteurs drsquooutils tra-vaillent en ce sens en deacuteveloppant notamment des outils en fonction des secteurs drsquoactiviteacute

De la mecircme faccedilon qursquoil est neacutecessaire de disposer drsquoun panel drsquooutils repreacutesentant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute un panel drsquooutils couvrant les phases de diagnostic (les pressions et lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute) drsquoestimation des risques (eacutevaluation des impacts) et drsquoaction (les reacuteponses apporteacutees) compleacute-terait le tableau de bord des acteurs

Les acteurs estiment eacutegalement que la puissance publique doit ainsi insuffler une dynamique sans tou-tefois imposer drsquooutils normatifs (ceux-ci ne sont pas encore mucircrs les situations des entreprises des eacuteco-systegravemes et les besoins sont heacuteteacuterogegravenes) Elle doit les inciter agrave srsquoengager dans des deacutemarches de diminution des impacts et de rapportage tout en les laissant deacuteve-lopper leurs propres outils innover expeacuterimenter

Un eacutequilibre reste toutefois agrave trouver entre la geacuteneacute-riciteacute qui permet lrsquoagreacutegation des reacutesultats aux diffeacute-rentes eacutechelles drsquoactiviteacute des entreprises (du local agrave lrsquointernational) voire la comparaison et le pilotage et la speacutecificiteacute qui permet de rendre compte des impacts et des effets des reacuteponses apporteacutees par les entreprises Le deacuteveloppement des approches eacutevoqueacutees plus haut devrait ainsi inteacutegrer cet eacutequilibre

5e recommandation

Mieux caracteacuteriser les liens entre activiteacutes pressions et impacts

La neacutecessiteacute de mieux caracteacuteriser les liens au sein de la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo parfois teacutenus est particuliegraverement ressortie des eacutevaluations des outils

Cocircteacute acteurs il est possible drsquoanalyser finement les activiteacutes (par ex construction) les pressions (par ex vibrations induites par la construction) et certains eacuteleacutements de biodiversiteacute in-situ et de lrsquoenvironnement (par ex niveau sonore ambiant reptiles et micromam-mifegraveres) susceptibles drsquoecirctre toucheacutes Ces travaux sont

32 Les recommandations et pistes drsquoactions

Les approches inteacutegratives preacutesenteacutees preacuteceacutedemment peuvent srsquoaveacuterer des pistes utiles agrave suivre sans tou-tefois ecirctre suffisantes des efforts en termes de com-preacutehension de connaissance de meacutethodologie et drsquoaccompagnement doivent ecirctre reacutealiseacutes Ainsi le troisiegraveme temps de lrsquoeacutetude a consisteacute avec lrsquoappui de lrsquoONB agrave organiser une seacuterie drsquoeacuteveacutenements dans le cadre des Journeacutees FRB

bull une journeacutee de cinq ateliers regroupant 20 agrave 25 personnes chacun permettant les eacutechanges entre les deacuteveloppeurs des outils et les potentiels utilisateurs publics et priveacutes

bull une journeacutee pleacuteniegravere largement ouverte permet-tant de restituer les reacutesultats des ateliers de donner la parole aux initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices preacutesenteacutees au chapitre 1 de dialoguer avec des acteurs territoriaux et drsquoouvrir plus largement la question de la mesure des impacts sous les angles de lrsquoeacutecologie et de lrsquoeacuteconomie

Les participants agrave ces jours drsquoeacutechanges ont fait remonter une seacuterie de recommandations et de pistes drsquoactions adresseacutees aux concepteurs des outils aux chercheurs aux utilisateurs des outils et aux pou-voirs publics Elles sont syntheacutetiseacutees dans le tableau 3 (p 70) qui permet de visualiser les besoins de mutua-lisation des efforts

1re recommandation

Accepter la complexiteacute du vivant pour des actions plus pertinentes et plus preacutecises

Les interactions au sein du monde vivant et de celui-ci avec lrsquoenvironnement physique nombreuses de diverses natures rendent difficilement intelligibles en premiegravere instance lrsquoeacutetat et les dynamiques de la bio-diversiteacute le fonctionnement des eacutecosystegravemes Interre-lations reacutetroactions interactions effets non-lineacuteaires diversiteacute des eacutechelles temporelles et spatiales les informations multiples qui peuvent ecirctre collecteacutees et analyseacutees dessinent une partie de cette complexiteacute du vivant Leur prise en compte ne doit pas ecirctre syno-nyme de complication pour les acteurs mais bien gage drsquoacquisition de connaissances fines de meilleure compreacutehension pour plus de pertinence et de preacuteci-sion dans les deacutecisions et les actions La simplifica-tion de la repreacutesentation des processus agrave lrsquoœuvre dans la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo srsquoavegravere neacutecessaire et utile pour rendre compte de faccedilon syn-theacutetique des efforts de reacuteduction des impacts sur la biodiversiteacute Elle ne peut ecirctre suffisante et son emploi doit srsquoaccompagner drsquoune connaissance de ses limites

2e recommandation

Disposer drsquoun panel drsquooutils repreacutesentant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute

La difficulteacute agrave eacutevaluer la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo srsquoentend drsquoautant mieux qursquoen plus de reacutealiser explicitement les liens entre ces eacutetapes elle doit ideacutealement rendre compte des interactions eacutecolo-giques La reacuteflexion sur les outils de mesure drsquoimpacts des activiteacutes humaines neacutecessite drsquointeacutegrer les diffeacute-rents niveaux drsquoorganisation (des gegravenes aux paysages) et plusieurs composantes (de la structure agrave lrsquoeacutevolution) de la biodiversiteacute Degraves lors cela amegravene agrave envisager lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sous lrsquoangle drsquoun ensemble drsquooutils et drsquoindicateurs com-pleacutementaires ayant plusieurs niveaux de preacutecision et drsquoeacutechelles appreacuteciant diffeacuterentes facettes des impacts sur la biodiversiteacute Ce type drsquoeacutevaluation doit alors repo-ser sur plusieurs variables et meacutetriques de biodiversiteacute Diffeacuterentes approches peuvent ecirctre envisageacutees citons

bull La notion de laquo variables essentielles de biodiver-siteacute raquo deacuteveloppeacutee par le Reacuteseau mondial drsquoobservation de la biodiversiteacute du Groupe drsquoobservation de la Terre (GEO BON) peut constituer une piste de reacuteflexion cette approche permet de balayer les diffeacuterentes dimen-sions de la biodiversiteacute dans un ensemble restreint de variables Ce point est deacuteveloppeacute en partie 312 p 61

bull Srsquoil semble difficile drsquoeacutetablir un laquo indicateur biodiversiteacute raquo comme il en existe pour le climat les

6968

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

bull drsquoune part des arbres drsquoaide agrave la deacutecision afin drsquoorienter vers lrsquooutil le plus adapteacute agrave la question poseacutee selon le secteur drsquoactiviteacute le niveau de lrsquoactiviteacute eacutevalueacutee (cycle de vie drsquoun produit processus de production site uniteacute commerciale entreprise globale ndash voire collectiviteacute territoire ou pays) les finaliteacutes de lrsquoeacutevaluation (sensibi-lisation interne deacuteveloppement drsquoactiviteacutes deacuteclaration de performance extra-financiegravere obligatoire obtention de financements) les utilisateurs des reacutesultats (cadres deacutecisionnels syndicats clients actionnaires) le ni-veau drsquoexpertise et drsquoaccompagnement neacutecessaire

bull drsquoautre part une documentation peacutedagogique qui expose et deacutetaille la meacutethodologie de construction et de calcul de lrsquoindicateur Cette documentation pour-rait ecirctre illustreacutee selon le degreacute de deacuteveloppement et de deacuteploiement des outils par des cas pilotes ou des retours drsquoexpeacuterience discutant leur applicabiliteacute Si cette pratique a pu ecirctre observeacutee pour certains outils eacutevalueacutes elle nrsquoest pas encore geacuteneacuteraliseacutee

Deacutetailler la meacutethodologie et les calculs de faccedilon com-preacutehensible et expliciter les limites permettraient drsquoeacutevi-ter lrsquoeffet laquo boicircte noire raquo de ces outils dont la construc-tion est relativement complexe et drsquoameacuteliorer lrsquoanalyse des reacutesultats qui en deacutecoulent Un tel effort de la part des concepteurs drsquooutils initieacute mais encore insuffisant rendrait les outils plus appropriables par les utilisateurs potentiels sans diminuer pour autant le besoin drsquoun accompagnement speacutecifique pour les utilisateurs

9e recommandation

Deacutevelopper lrsquoaccompagnement reacutegalien des acteurs pour favoriser la transition eacutecologique

Outre les efforts de peacutedagogie sur des outils par leurs concepteurs un accompagnement reacutegalien est neacuteces-saire pour deacutevelopper leur utilisation et de faccedilon plus complegravete la sensibilisation aux enjeux lieacutes agrave lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute et les pistes pour limiter cette eacuterosion Les eacuteleacutements issus de lrsquoenquecircte et des eacutechanges en ate-liers et pleacuteniegraveres soulignent plusieurs leviers dont

bull reacuteformer la fiscaliteacute notamment sur les espaces naturels non bacirctis afin de ne pas favoriser la transfor-mation des terres ni leur artificialisation

bull utiliser des outils financiers par exemple condi-tionner lrsquoobtention de subventions agrave des limitations des pressions drsquoimpacts actionner le levier pollueur-payeur les paiements pour services environnemen-taux etc et eacutevaluer leurs effets

bull faire mieux appliquer la reacuteglementation existante et preacutevenir la distorsion de concurrence

bull appuyer la labellisation ou des concours (par exemple label drsquoagriculture biologique capitales fran-ccedilaises de la biodiversiteacute territoires drsquoexcellence envi-ronnementale etc) voire deacutevelopper de nouveaux labels officiels

bull inteacutegrer des critegraveres de laquo mieux-disance environ-nementale raquo dans les marcheacutes publics

bull deacutevelopper une offre peacutedagogique pour tous les acteurs

bull etcCet accompagnement est drsquoautant plus neacutecessaire

qursquoon peut aujourdrsquohui observer le laquo paradoxe envi-ronnemental raquo du discours courant celui-ci souligne la deacutependance des entreprises agrave la biodiversiteacute les opportuniteacutes financiegraveres que celle-ci peut repreacutesenter pour les entreprises et le besoin qui en deacutecoule de la proteacuteger Toutefois le constat est que le modegravele eacuteco-nomique actuel nrsquoa pas fait la preuve de son efficaciteacute agrave geacuteneacuterer une transition eacutecologique Les indicateurs au niveau des entreprises mais aussi de lrsquoEacutetat neacuteces-sitent drsquoecirctre repenseacutes afin drsquoaccompagner les acteurs vers une vision ougrave le systegraveme eacuteconomique est aussi voire avant tout une source de risques ou drsquoopportu-niteacutes pour la biodiversiteacute

Un point de vigilance doit ecirctre souleveacute cer-tains financeurs priveacutes notamment actionnaires et banques et les agences de notation socieacutetale sont de plus en plus attentifs aux impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute La conseacutequence de cette attention ver-tueuse est drsquointeacutegrer dans leurs conditions drsquoaide ou leur grille de notation lrsquoutilisation des outils objets de cette eacutetude ou les indicateurs qui en reacutesultent Une telle pratique aurait pour effet non souhaiteacute par les acteurs de rendre laquo prescriptive raquo lrsquoutilisation de ces derniers

10e recommandation

Renforcer la recherche partenariale aussi bien fondamentale qursquoappliqueacutee

Les intervenants qui ont apporteacute leur concours agrave cette eacutetude soulignent qursquoil est difficile drsquoobtenir des eacuteva-luations fiables drsquoimpacts potentiels et encore moins preacutedictifs tant les dynamiques de biodiversiteacute ne sont pas lineacuteaires peuvent preacutesenter des effets de seuils des effets retard ou encore des eacutevolutions lentes mais irreacuteversibles Afin drsquoameacuteliorer la connaissance des dy-namiques de biodiversiteacute qui demeure encore impar-faite la recherche doit ecirctre poursuivie observation collecte de donneacutees expeacuterimentation modeacutelisation sont autant de pratiques agrave renforcer

Dans le cadre plus speacutecifique du deacuteveloppement des outils outre des travaux sur lrsquoarticulation expli-cite de la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo les communauteacutes acadeacutemiques actives sur ces sujets sont inviteacutees agrave travailler sur la prise en compte des eacutechelles et des dynamiques spatiales et temporelles des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute ainsi qursquoagrave preacuteciser les atouts et les limites des eacutetats de reacutefeacuterence lorsque ceux-ci sont utiliseacutes Les acteurs

reacutealisables en prenant en compte toutes les activiteacutes concerneacutees ndash pas seulement celles qui sont modeacuteliseacutees et pour lesquelles il existe des tables de reacutefeacuterence ndash et tous les eacuteleacutements de biodiversiteacute puis en argumen-tant la priorisation des chaicircnes laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo qui parmi les possibles seront particuliegrave-rement mobiliseacutees afin drsquoeacutevaluer les impacts

Cocircteacute deacuteveloppeurs drsquooutils cela implique de tra-vailler agrave inteacutegrer toutes les pressions notamment celles relatives aux pollutions et aux espegraveces exotiques envahissantes En ce qui concerne lrsquoACV les acteurs appellent agrave une prise en compte de lrsquoensemble du cycle de vie dans les eacutevaluations

Enfin cocircteacute recherche cela implique de poursuivre les travaux pour modeacuteliser les interactions le cumul des pressions et des effets de seuil potentiels ndash avec une approche spatialiseacutee et avec des donneacutees robustes sur le plan scientifique

Drsquoautres perspectives peuvent aussi ecirctre travail-leacutees comme lrsquoestimation des impacts sur les services eacutecosysteacutemiques explicite pour les acteurs et les deacuteci-deurs de la reacutesilience des eacutecosystegravemes etc

6e recommandation

Renforcer lrsquoeacutevaluation de la fiabiliteacute de la robustesse de la sensibiliteacute et des incertitudes associeacutees aux outils

Outre lrsquoameacutelioration des performances des outils les ateliers et les eacutevaluations des outils ont fait eacutemerger le besoin de disposer des arguments scientifiques sur la fiabiliteacute la robustesse la sensibiliteacute des outils sur le choix des donneacutees les pondeacuterations et les incerti-tudes ainsi que sur les hypothegraveses sous-jacentes au modegravele des relations laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo ndash mobiliseacute agrave lrsquoexteacuterieur ou construit speacutecifiquement dans le cadre de lrsquooutil Ces eacuteleacutements pourraient ecirctre eacutevalueacutes et documenteacutes par les concepteurs drsquooutils de faccedilon plus transparente eu eacutegard agrave la complexiteacute des processus qursquoils eacutevaluent

De plus dans le cadre drsquoune deacutemarche drsquoameacuteliora-tion continue les outils pourraient ecirctre reacuteguliegraverement eacutevalueacutes par des tiers acadeacutemiques issus de diffeacuterentes disciplines (eacutecologie eacuteconomie) et sans conflit drsquoin-teacuterecirct (sans ecirctre co-auteurs) quant aux deacuteveloppements des modegraveles sur lesquels reposent les outils Enfin une validation des impacts eacutevalueacutes par lrsquoacquisition de donneacutees sur le terrain srsquoavegravererait aussi essentielle Lrsquoensemble de cette deacutemarche pourrait servir une communication transparente et humble sur les outils leurs atouts et limites

Ces eacuteleacutements sont drsquoautant plus importants que les acteurs qui utilisent les outils ne sont pas neacutecessaire-ment dans une deacutemarche de veacuterification de la validiteacute des outils utiliseacutes

7e recommandation

Ne pas attendre pour agir travailler sur les pressions et les reacuteponses

Devant lrsquoampleur du travail restant agrave accomplir et les biais des outils drsquoeacutevaluation des impacts aujourdrsquohui disponibles acteurs et chercheurs soulignent ainsi la neacutecessiteacute drsquoaxer les outils sur les laquo pressions exerceacutees raquo et les laquo reacuteponses apporteacutees raquo plus que sur les laquo impacts sur la biodiversiteacute raquo Lrsquoeacutetat et les tendances de la bio-diversiteacute sont deacutejagrave relativement bien documenteacutes de lrsquoeacutechelle mondiale (travaux de lrsquoIpbes par exemple) agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale (travaux des observatoires reacutegio-naux par exemple) par diffeacuterents acteurs Il existe en outre pour des eacutevaluations locales de lrsquoeacutetat reacuteel de la biodiversiteacute un ensemble drsquoacteurs et drsquooutils qui peuvent reacutepondre agrave ce besoin

Pour les acteurs eacuteconomiques outre une meilleure caracteacuterisation des liens entre laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo la prise en compte des pressions neacuteces-site de bien diffeacuterencier agrave lrsquoeacutechelle des entreprises et dans les outils les laquo pressions directes raquo pour lesquels ils disposent de mesures drsquoeacutevitement ou de reacuteduction (par exemple reacuteduire lrsquoemprise au sol drsquoune activiteacute diminuer lrsquousage de produits chimiques eacuteviter la deacutefo-restation) et les laquo pressions indirectes qui sont sou-vent les leviers sur lesquels les acteurs peuvent agir pour reacuteduire plus durablement les pressions directes (par exemple engager le management de lrsquoentreprise dans des objectifs de trajectoire durable reacuteduire les allocations de fonds aux activiteacutes les plus impactantes favoriser le deacuteveloppement drsquoinnovations limiter les achats de produits eux-mecircmes agrave fort impact etc) raquo

Par ailleurs lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute pourrait ecirctre prolongeacutee par une eacutevaluation des effets des reacuteponses apporteacutees des mesures correctives adopteacutees pour limiter les impacts Les acteurs pourraient alors mettre en avant leurs bonnes pratiques et les reacutesultats favorables pour la biodiversiteacute reacuteellement obtenus

Les travaux sur les laquo pressions raquo et les laquo reacuteponses raquo doivent srsquointeacutegrer dans les strateacutegies des acteurs pri-veacutes industriels marchands et publics Ils renvoient aux volonteacutes et aux capaciteacutes de transformation des systegravemes contemporains pour reacutealiser la transition eacutecologique

8e recommandation

Deacutevelopper des guides de choix et drsquoutilisation des outils preacutecis et illustreacutes par des exemples

Une des principales conclusions de lrsquoenquecircte et de lrsquoeacuteva-luation exposeacutees dans les chapitres preacuteceacutedents pointe le besoin drsquoaccompagner les acteurs en proposant

7170

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

qui utilisent des indicateurs de pressions drsquoeacutetat et de reacuteponses attendent quant agrave eux des tableaux de bord plus clairs pour mettre en regard des outils diagnostics (indicateurs de pressions et drsquoeacutetat) et des leviers drsquoac-tions (indicateurs de reacuteponses) quitte agrave utiliser des approximations ducircment argumenteacutees Dans tous les cas une meilleure connaissance des conditions drsquoap-plication du domaine drsquoutilisation (secteur eacutechelle pilotage etou rapportage etou sensibilisation) de la fiabiliteacute la robustesse et la reproductibiliteacute est appa-rue comme une condition neacutecessaire drsquoappropriation par les acteurs

Ces deacuteveloppements peuvent ecirctre reacutealiseacutes au sein de projets de recherche largement multi-partenariaux et deacuteboucher sur des cas drsquoeacutetude des pilotes permettant drsquoobtenir des retours drsquoexpeacuteriences utiles aussi bien sur les plans acadeacutemique et pratique Soulignons que lrsquoen-gagement drsquoacteurs de parties prenantes tregraves en amont de la deacutefinition de projets de recherche facilite lrsquoappro-priation reacuteciproque des besoins et des contraintes ainsi que la diffusion des reacutesultats

11e recommandation

Deacutevelopper la conception et les applications publiques

Lrsquoeacutetude a porteacute sur lrsquoeacutevaluation drsquooutils mais aussi agrave leur applicabiliteacute aux acteurs publics territoriaux et na-tionaux Il ressort que ce domaine drsquoapplication nrsquoest pas encore deacuteveloppeacute Une recommandation geacuteneacuterale est donc de travailler agrave promouvoir lrsquoutilisation drsquoindi-cateurs de pressions eacutetat et reacuteponses pour appuyer le pilotage et lrsquoeacutevaluation des actions des collectiviteacutes de reacutefleacutechir agrave la transposabiliteacute des outils inteacutegratifs en de-hors de la sphegravere du secteur priveacute marchand qursquoils srsquoap-puient sur le cadre PER ou sur lrsquoACV drsquoaccompagner les collectiviteacutes dans lrsquoappropriation de ces meacutethodes parfois complexes Au niveau de lrsquoEacutetat les acteurs re-commandent que la puissance publique deacuteveloppe une deacutemarche adapteacutee agrave lrsquoeacutechelle du pays utile dans le cadre des neacutegociations internationales tout en eacutetant attentive agrave sa compatibiliteacute avec les outils des acteurs eacuteconomiques

RecommandationsPublics cibles

Deacuteveloppeurs Utilisateurs Chercheurs Deacutecideurs politiques

Accepter la complexiteacute du vivant pour des actions plus pertinentes et plus preacutecises times times times times

Disposer drsquoun panel drsquooutils appreacuteciant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute times times times times

Travailler avec tous les acteurs et mieux utiliser les connaissances et les donneacutees disponibles times times times

Adapter les outils aux pratiques de lrsquoentreprise et agrave ses leviers drsquoactions times times times

Mieux caracteacuteriser les liens entre activiteacutes pressions et impacts times times

Renforcer lrsquoeacutevaluation de la fiabiliteacute la robustesse la sensibiliteacute et les incertitudes associeacutees aux outils times times

Ne pas attendre pour agir travailler sur les pressions et les reacuteponses times times

Deacutevelopper des guides de choix et drsquoutilisation des outils preacutecis et illustreacutes par des exemples times

Deacutevelopper lrsquoaccompagnement reacutegalien des acteurs pour favoriser la transition eacutecologique times

Renforcer la recherche partenariale aussi bien fondamentale qursquoappliqueacutee times times times times

Deacutevelopper la conception et les applications publiques times times times

synthegravesEs DEs rECOMMAnDAtIOns Et PUbLICs CIbLEsTABLEAU 3

7372

Conclusion

Lrsquoheure est agrave lrsquoaction pour sauvegarder et restaurer la biodiversiteacute Lrsquoaction se situe du cocircteacute des politiques publiques bien sucircr mais aussi des citoyens des collectiviteacutes locales et des entreprises de toutes natures Cela passe par la neacutecessaire inclusion drsquoune preacuteoccupation sur lrsquoeacutetat et le devenir de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques dans toutes les pratiques et politiques qui en deacutependent et qui lrsquoimpactent ndash notamment voire surtout les activiteacutes eacuteconomiques ndash ce que la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) a deacutesigneacute sous le terme laquo drsquointeacutegration de la biodiversiteacute raquo (mainstreaming)

Prendre en compte les aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute et de la crise systeacutemique qursquoelle traverse

Lrsquoaction crsquoest drsquoabord la reacuteduction rapide des facteurs de pression ceux que la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) a rappeleacute changement drsquousages des terres surexploitation des ressources pollutions changement climatique espegraveces envahissantes

En termes drsquoindicateurs il importe de deacutecliner ces grands facteurs en une typologie deacutetailleacutee de pressions qui fassent sens pour les acteurs par exemple caracteacuteriser les effets des pollutions lieacutees aux plastiques aux pesticides aux perturbateurs endocriniens etc Cette publication montre agrave la fois les difficulteacutes qursquoil y a agrave mesurer les impacts des activiteacutes humaines et les pistes pour progresser pour ameacuteliorer les reacuteponses des acteurs

Les outils mesurant ces impacts exposeacutes dans cette publication preacutesentent ainsi un caractegravere mobilisateur ils feacutedegraverent les acteurs dans une deacutemarche permettent de srsquointeacuteresser agrave la biodiversiteacute et drsquoeacutevaluer des progregraves Les questions adresseacutees par les membres du Comiteacute drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB et la nombreuse assistance aux Journeacutees FRB 2019 teacutemoignent de lrsquointeacuterecirct porteacute au sujet

Toutefois lrsquoutilisation de ces outils ne saurait se reacuteduire agrave eacutevaluer de faccedilon ex-ante ou ex-post les impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute elle a aussi et surtout pour finaliteacute de reacuteduire les pressions qui srsquoexercent sur elle Ce qui exige souvent drsquoappreacutehender la biodiversiteacute dans un cadre systeacutemique drsquointeractions et de reacutetroactions au sein du vivant entre acteurs et biodiversiteacute Le rapport speacutecial de lIpbes publieacute en 2019 sur la base de plus de 20 ans de travaux scientifiques donne des pistes Ce rapport aborde les aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute et de la crise qursquoelle traverse dont les indicateurs doivent rendre compte Il srsquoagit drsquoeacutevaluer lrsquoimpact des pressions

4

7574

Meacutethodes drsquoeacutevaluations complegravetes Meacutethodes drsquoeacutevaluations complegravetes

via diffeacuterents indicateurs drsquoeacutetat de la biodiversiteacute diversiteacute speacutecifique eacutetat des espegraveces menaceacutees abondance des espegraveces communes eacutetat des fonctions eacutecologiques et des services eacutecosysteacutemiques structure des eacutecosystegravemes Le cadre systeacutemique doit permettre drsquoanticiper les effets des politiques et pratiques de chacun en inteacutegrant lrsquoeffet des autres acteurs leurs interactions les effets en retour de la biodiversiteacute ndash une piste eacutetant par exemple lrsquoapproche laquo conseacutequentielle raquo des analyses de cycles de vie

Des ameacuteliorations agrave apporter dans les outils en deacuteveloppement

Afin drsquointeacutegrer ces aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute dans un cadre systeacutemique il est essentiel de poursuivre les recherches et les deacuteveloppements meacutethodologiques Il srsquoagit de reacutepondre au besoin drsquoindicateurs voire drsquooutils au sein des entreprises comme facteur drsquoincitation agrave agir et comme gage drsquoune meilleure action Il est aussi essentiel de renseigner lrsquoEacutetat les citoyens les consommateurs Le sujet est ardu et il est neacutecessaire de deacutefinir un chemin qui tienne compte

ndash des diffeacuterents types drsquoindicateurs et drsquooutils (eacutetat pressions reacuteponses enchaicircnement des activiteacutes jusqursquoaux impacts)

ndash des cadres conceptuels des eacutechelles inteacutegratives (du cycle de vie drsquoun produit ou drsquoun service agrave la biodiversiteacute ses niveaux drsquoorganisation sa dimension spatiotemporelle)

ndash des eacutetats de maturiteacute des outils (de nombreux outils sont en phase de deacuteveloppement ou en phase pilote)

ndash drsquoatouts de limites agrave reacuteduire drsquohypothegraveses agrave mieux argumenter de lien avec la reacutealiteacute du terrain agrave renforcer

ndash des besoins des acteurs (eacutevaluer lrsquoimpact drsquoun produit drsquoune entreprise drsquoun changement de pratique rendre compte)

ndash des nombreuses initiatives internationales europeacuteennes nationales autour des indicateurs et des outils

Entre diversiteacute et hieacuterarchie des indicateurs

Au-delagrave du laquo porteacute agrave connaissance raquo de cette publication une des conclusions est qursquoil serait difficile surtout reacuteducteur et non pertinent drsquoimposer aux acteurs aux entreprises aux citoyens un outil ou un indicateur unique pour rendre compte des impacts Chaque acteur entreprise en fonction de ses activiteacutes et de ses pressions devrait disposer drsquoun ou plusieurs indicateurs plus ou moins inteacutegratifs adapteacutes agrave son type drsquoactiviteacute scientifiquement valideacutes Ces indicateurs ont plusieurs usages possibles deacutevelopper une comptabiliteacute environnementale agrave usage interne rendre compte de ses actions et de ses reacutesultats en matiegravere de responsabiliteacute sociale et deacutesormais environnementale

deacutecider piloter ses activiteacutes afin de les rendre moins impactantes De mecircme les citoyens ont besoin drsquoune diversiteacute drsquoindicateurs ajusteacutes agrave la diversiteacute de leurs attentes De maniegravere compleacutementaire lrsquoEacutetat doit se doter drsquoun ou plusieurs outils ou indicateurs pour mesurer les effets de lrsquoeffort collectif national en termes de protection de la biodiversiteacute et en rendre compte au niveau international

Dans le mecircme temps il reste indispensable de srsquoaccorder sur un ensemble minimal de dimensions de la biodiversiteacute agrave prendre en compte afin drsquoavoir une vision harmoniseacutee de son eacutetat et de sa dynamique afin de veacuterifier et de confronter les efforts pour reacuteduire son eacuterosion

Le choix des indicateurs selon leur qualiteacute leur fiabiliteacute leur transparence et leur inclusiviteacute est essentiel pour eacuteviter et reacuteduire les impacts sur la biodiversiteacute des efforts collectifs concerteacutes sont neacutecessaires

Perspectives une reacuteflexion collective neacutecessaire agrave lrsquoameacutelioration des indicateurs

De par les deacutefis scientifiques que doivent affronter les outils mis en exergue dans cette publication cette reacuteflexion est aussi une invitation agrave deacutevelopper les collaborations avec le monde acadeacutemique Il est neacutecessaire de roder les outils de les exposer agrave lrsquoeacutevaluation scientifique externe afin dameacuteliorer leur pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute et de la complexiteacute des processus qui en sont agrave lrsquoorigine Lrsquoobjectif est bien de deacutevelopper des outils qui reacutepondent agrave la fois aux besoins des entreprises agrave la demande des consommateurs et des citoyens mais qui incarnent aussi le plus preacuteciseacutement possible une reacutealiteacute biologique et eacutecologique

Pour chaque acteur un indicateur est une boussole qui oscille entre dimension scientifique et dimension politique La reacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines est prolongeacutee par la phase de deacutecision ndash drsquoimplantation drsquoune activiteacute de choix drsquoune matiegravere premiegravere drsquoactions de protection ou de restauration Pour cette eacutetape il pourrait ecirctre utile dans certains cas de compleacuteter les informations fournies par un ensemble drsquoindicateurs par des sceacutenarios baseacutes sur des approches socio-eacutecosysteacutemiques

En reacutesumeacute cette publication preacutesente de nombreuses initiatives portant sur des outils de mesure de lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute leurs logiques ambitions forces et limites De nombreuses pistes drsquoameacutelioration sont suggeacutereacutees Lrsquoenjeu eacutetant que les outils et les indicateurs contribuent agrave une ambition partageacutee preacuteserver et restaurer la biodiversiteacute dont nous faisons partie

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Annexes

Annexe 1 Questions de lrsquoenquecircteAnnexe 2 Questions sur la grille drsquoeacutevaluation scientifique Annexe 3 Liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeurs indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019

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Annexes Annexes

Annexe 1 Questions de lrsquoenquecircte

bull Nom Type de structure Secteur drsquoactiviteacute Effectif de la structure Code du deacutepartement

bull Connaissez-vous des indicateurs de biodiversiteacute Si oui lesquels

bull Utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiver-siteacute Si oui lesquels

bull Pour quelles raisons utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

bull Pour quelles raisons nrsquoutilisez-vous pas drsquoindicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les limites des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute existants

bull Il faut deacutefinir un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute ndash Par type drsquoacteurndash Par secteur drsquoactiviteacutendash Sans opinionndash Etc

bull Facile agrave mettre en place (meacutethodologie simplifieacutee)ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Sensible Reacuteactif (deacutetecte rapidement un change-ment signifiant)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Robuste (la mesure ou le calcul de lrsquoindicateurindice reste fiable mecircme lorsque les conditions varient)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Preacutecis (mesure avec une faible marge drsquoerreur ou drsquoincertitude le pheacutenomegravene qursquoil est supposeacute deacutecrire)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Baseacute sur lrsquoautoeacutevaluation (lrsquoentreprise remplit un questionnaire)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Produire un reacutesultat quantitatif et mesurable (com-parable agrave la tonne de CO2 pour lrsquoimpact climatique)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Parlant (transmettre un message clair et facilement interpreacutetable)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Disponible au grand public (ecirctre en libre accegraves et diffuseacute systeacutematiquement par les entreprises)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Obligatoire (sa mise en place est rendue obligatoire par la loi)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Inteacutegreacute (prendre en compte les caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Quels eacuteleacutements vous inciteraient agrave utiliser un (ou des) indicateur drsquoimpact de vos activiteacutes sur la bio-diversiteacute

bull Quelles sont les connaissances qui vous manquent pour utiliser parfaitement un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Annexe 2 Questions de la grille drsquoeacutevaluation scientifique

Pressions prises en compte

bull Quelles sont les pressions directes prises en compte dans les modegraveles (laquo pressure raquo in DPSIR laquo direct dri-vers raquo in MEA) (en diffeacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les pressions indirectes prises en compte dans les modegraveles (laquo drivers raquo in DPSIR) (en diffeacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les pressions prises en compte dans lrsquooutil

bull Si elles sont diffeacuterentes de celles du modegravele quel est lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute de cette diffeacuterence

bull Y a-t-il des manques en termes de pressions agrave prendre en compte

Liens entre les pressions et les impacts sur la biodiversiteacute

bull Quels sont les modegraveles mobiliseacutes dans lrsquooutil afin de lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans le modegravele

bull Quels sont les avantages du ou des modegraveles (en dif-feacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les limites du ou des modegraveles (en diffeacute-renciant par modegravele)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans les modegraveles (donneacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mutualiseacutees dans une base de donneacutees donneacutees drsquoobservation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) (en diffeacuterenciant par modegravele) Quelles sont leurs avan-tages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Quelles sont les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil

bull Si elles sont diffeacuterentes de celles du modegravele quel est lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute de cette diffeacuterence

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil (don-neacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mu-tualiseacutees dans une base donneacutees donneacutees drsquoobser-vation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) Quelles sont leurs avantages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Preacutecision de lrsquooutil la relation entre pressions et impacts est-elle significative La marge drsquoerreur drsquoincertitude lieacutee agrave cette relation est-elle faible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Sensibiliteacute de lrsquooutil la relation entre pressions et impacts est-elle sensible Lrsquooutil permet-il de faire la diffeacuterence (impacts) entre des situations (pressions) qui sont diffeacuterentes Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Lrsquooutil permet-il de deacutetecter des changements preacute-coces de biodiversteacute (type laquo early warning signals raquo)

Informations geacuteneacuterales

bull Agrave quelle eacutetape le deacuteveloppement de lrsquooutil est-il en 2019

bull Quels sont les secteurs drsquoactiviteacutes actuellement concerneacutes ou potentiels

bull Quelles sont les eacutechelles drsquoeacutevaluation drsquoimpact des activiteacutes sur la biodiversiteacute

bull Quels sont les milieux actuellement concerneacutes ou potentiels

bull Business application in summarybull Quel est le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par

lrsquooutil

Liens entre les activiteacutes et les pressions

bull Quels sont les modegraveles mobiliseacutes dans lrsquooutil afin de lier activiteacutes et pressions

bull Quels sont les avantages du ou des modegraveles (en dif-feacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les limites du ou des modegraveles (en diffeacute-renciant par modegravele)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans les modegraveles (donneacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mutualiseacutees dans une base de donneacutees donneacutees drsquoobservation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc (en diffeacuterenciant par modegravele) Quelles sont leurs avan-tages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil (don-neacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mu-tualiseacutees dans une base donneacutees donneacutees drsquoobser-vation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) Quelles sont leurs avantages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Preacutecision de lrsquooutil la relation entre activiteacutes et pressions est-elle significative La marge drsquoerreur drsquoincertitude lieacutee agrave cette relation est-elle faible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Sensibiliteacute de lrsquooutil la relation entre activiteacutes et pressions est-elle sensible Lrsquooutil permet-il de faire la diffeacuterence (pressions) entre des situations (activi-teacutes) qui sont diffeacuterentes Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Fiabiliteacute de lrsquooutil la deacutetermination de la relation entre activiteacutes et pressions est-elle fiable La deacuteter-mination de cette relation est-elle reproductible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

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Annexes Annexes

bull Lrsquooutil permet-il de deacutetecter des changements inha-bituels voire des points drsquoinflexion lors de change-ments non lineacuteaires

bull Fiabiliteacute de lrsquooutil la deacutetermination de la relation entre pressions et impacts est-elle fiable La deacuteter-mination de cette relation est-elle reproductible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

Biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur

bull Agrave quels peacuterimegravetres spatials lrsquooutil srsquointeacuteresse-t-il pour eacutevaluer les pressions et les impacts sur la bio-diversiteacute Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Agrave quels peacuterimegravetres temporels lrsquooutil srsquointeacuteresse-t-il pour eacutevaluer les pressions et les impacts sur la bio-diversiteacute Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Quels sont les niveaux drsquoorganisation de la biodiver-siteacute pris en compte dans lrsquooutil Geacuteneacutetique Indivi-du Espegravece Population Communauteacute Habitat Eacuteco-systegraveme Paysage Autre Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Lors de la prise en compte drsquoespegraveces pour le calcul de lrsquoindicateur srsquoagit-il drsquoespegraveces en particulier espegraveces cibles espegraveces bioindicatrices vulneacuterables patrimoniales etc Ou drsquoagreacutegations drsquoespegraveces

bull Quelles sont les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte dans lrsquooutil Composition Structure Fonction Eacutevolution Autre Quels en sont les inteacute-recircts et les limites

bull Lrsquoindicateur est-il repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute occasionner par les activiteacutes prises en compte

bull La meacutethode associeacutee agrave lrsquooutil preacuteconise-t-elle de reacute-peacuteter le calcul Si oui agrave quelle freacutequence Si non quelle freacutequence serait pertinente

bull Pertinence de lrsquooutil lrsquooutil est-il pertinent pour rendre compte drsquoimpacts drsquoactiviteacutes sur la biodiver-siteacute

bull Quels sont les avantages de lrsquoindicateur pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les limites de lrsquoindicateur pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

bull Un ou plusieurs autres outils ou indicateurs pour-raient-ils compleacuteter celui-ci ou ecirctre plus pertinents (en diffeacuterenciant outils et indicateurs) (ex ensemble de bioindicateurs Ecological Damage Potential (EDP) Indicator Functional Diversity Index etc)

Meacutethodologie de lrsquooutil et calcul de lrsquoindicateur

bull Quelles sont les grandes eacutetapes de calcul de lrsquoindica-teur

bull Le calcul de lrsquoindicateur est-il clair rigoureux trans-parent

bull Quels sont les avantages de la construction de lrsquooutil pour le calcul de lrsquoindicateur

bull Y a-t-il des biais possibles des limites des incerti-tudes lieacutees au calcul Le cas eacutecheacuteant comment les limiter

bull Le calcul de lrsquoindicateur permet-il des changements drsquoeacutechelles spatiale etou temporelle Le cas eacutecheacuteant se base-t-il sur les mecircmes donneacutees Le cas eacutecheacuteant preacutecision sensibiliteacute et fiabiliteacute sont-elles affecteacutees

Utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

bull Quels sont les niveaux du cadre Pressure-State-Res-ponse pris en compte par les modegraveles

bull Lrsquooutil permet-il drsquoajouter un ou des niveaux suppleacute-mentaires

bull Quels sont les domaines drsquoapplication de lrsquoutilisa-tion de lrsquooutil en termes de connaissance des im-pacts (actuels ou potentiels) et de types de deacutecision (financiegraveres etou drsquoinvestissement sur un projet et ou de production sur la localisation du site)

bull En vue du coucirct de la mise en place de lrsquooutil et de sa performance par rapport agrave la biodiversiteacute quelle est la rentabiliteacute de lrsquooutil

bull Existe-t-il une valeur cible ou un objectif agrave atteindre pour cet indicateur

bull Lrsquoindicateur permet-il des comparaisons entre enti-teacutes (sites entreprises collectiviteacutes pays) agrave des zones geacuteographiques etou agrave des moments (suivi temporel) diffeacuterents

bull Lrsquooutil pourrait-il ecirctre utiliseacute dans un cadre public et le eacutecheacuteant lesquels (bacirctiment public collecti-viteacute eacutetat)

bull Lrsquooutil transmet un message clair et facilement inter-preacutetable par les non-experts

bull Lrsquooutil peut servir pour transmettre des messages (sur la performance au niveau drsquoimpact sur la biodi-versiteacute) au grand public

bull Lrsquooutil et lrsquoindicateur peuvent-ils srsquoinseacuterer dans des cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute (Ipbes CBD ODD etc)

Pistes drsquoameacuteliorations

bull Quels pourraient-ecirctre les deacuteveloppements souhai-tables de cet outil (conception statistique mobilisa-tion drsquoautres donneacutees acquises ou agrave acqueacuterir deacutecli-naison territoriale)

Annexe 3 Liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeur indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019

Indicateurs et autres informations Informations et donneacutees preacutesentes dans le rapport

Empreinte eacutecologique (Ecological footprint)

La demande de lrsquohumaniteacute deacutepasse la biocapaciteacute de la planegravete depuis plus de 40 ans et le calcul de lrsquoempreinte eacutecologique montre qursquoil faudrait 16 Terre pour reacutepondre aux demandes annuelles de lrsquohumaniteacute envers la nature

Production primaire nette restant dans les eacutecosystegravemes terrestres apregraves appropriation par lrsquohomme (Net primary production remaining in terrestrial ecosystems after human appropriation)

La production primaire nette restant dans les eacutecosystegravemes terrestres apregraves appropriation par lrsquohomme est maintenant drsquoenviron 86 de son niveau de reacutefeacuterence naturel infeacutereacute et de seulement 64 en Asie

Biomasse veacutegeacutetale (Vegetation biomass)

La biomasse veacutegeacutetale est reacuteduite par le changement drsquoaffectation des terres et lrsquointensification agrave moins de 50 du niveau attendu srsquoil nrsquoy avait pas drsquoutilisation humaine des terres ndash avec une tendance agrave la hausse depuis 1970 sous lrsquoeffet de la fertilisation du changement climatique et de la re-veacutegeacutetation apregraves un preacuteceacutedent changement drsquousage des terres

Indice de biodiversiteacute de lrsquohabitat (Biodiversity habitat index)

Lrsquoindice de biodiversiteacute de lrsquohabitat estime lrsquointeacutegriteacute actuelle de lrsquohabitat terrestre pour la biodiversiteacute indigegravene agrave 70 de son niveau drsquoorigine

Indice drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute (Biodiversity Intactness Index)

Lrsquoindice drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute nrsquoest que de 79 en moyenne dans les eacutecosystegravemes terrestres la plupart des biomes eacutetant infeacuterieurs agrave 90

Paysages forestiers intacts (Intact forest landscapes)

Les paysages forestiers intacts continuent de deacutecliner rapidement dans les pays riches et pauvres et en particulier dans les pays neacuteotropicaux en raison de lrsquoexploitation forestiegravere industrielle de lrsquoexpansion agricole des incendies et de lrsquoexploitation miniegravere (perte de 7 entre 2000 et 2013)

Couverture forestiegravere (Tree cover)

La couverture forestiegravere est estimeacutee agrave seulement 542 de la superficie agrave lrsquoaube de la civilisation humaine Le couvert forestier mondial a augmenteacute de 26 par deacutecennie entre 1982 et 2016 mais il continue agrave diminuer dans les tropiques et environ 153 milliards drsquoarbres sont encore perdus chaque anneacutee en raison de la deacuteforestation de la gestion des forecircts des perturbations et des changements drsquoaffectation des terres

Eacutetendue des forecircts (Extent of forests)

Lrsquoeacutetendue des forecircts repreacutesente 681 de leur eacutetendue preacuteindustrielle (soit 460 millions drsquohectares de moins que la limite de seacutecuriteacute proposeacutee) Lrsquoeacutetendue des forecircts a diminueacute nettement plus lentement en 2005-2015 qursquoen 1990-2005

Indice de tendance de lrsquoeacutetendue des zones humides (Wetland Extent Trend Index)

Lrsquoindice de tendance de lrsquoeacutetendue des zones humides diminue rapidement (Dixon et al 2016) et jusqursquoagrave 87 des zones humides naturelles preacutesentes en 1700 eacutetaient perdues en 2000

8382

Annexes Annexes

[Surfaces] de terres ni cultiveacutees ni urbaniseacutees (Land neither cultivated nor urban)

Les [surfaces] de terres ni cultiveacutees ni urbaniseacutees nrsquoont diminueacute lentement que depuis 1992 Des diminutions [de surfaces] beaucoup plus rapides sont observeacutees dans certains eacutecosystegravemes (prairies tempeacutereacutees -25 forecircts tropicales et subtropicales -13 ) Certaines reacutegions ont eacutegalement connu une eacutevolution particuliegraverement rapide de leur couverture terrestre entre 2001 et 2012 lrsquoArctique a connu une augmentation de 52 de lrsquoeacutetendue des forecircts de 19 des zones humides et une diminution de 91 des terres steacuteriles

Diversiteacute geacuteneacutetique au sein drsquoune population (Genetic diversity within-population)

La diversiteacute geacuteneacutetique au niveau des populations a diminueacute au rythme drsquoenviron 1 par deacutecennie depuis le milieu du XIXe siegravecleCertaines eacutetudes montrent que les populations insulaires ont eu tendance agrave perdre plus de diversiteacute geacuteneacutetique que les populations continentales les populations dont lrsquohabitat a eacuteteacute fragmenteacute par un changement drsquoutilisation des terres ont environ 17 de diversiteacute geacuteneacutetique en moins que les populations non perturbeacutees [] Cette tendance vaut aussi pour les espegraveces domestiqueacutees avec des races animales eacuteteintes ou menaceacutees drsquoextinction

Diversiteacute geacuteneacutetique entre les espegraveces diversiteacute phylogeacuteneacutetique (Genetic diversity among species phylogenetic diversity)

Certains exemples montrent que les communauteacutes veacutegeacutetales de sites plus perturbeacutes ont une diversiteacute geacuteneacutetique plus faible que celle de sites moins perturbeacutes les communauteacutes drsquooiseaux vivant sur des terres agricoles intensives ont 900 millions drsquoanneacutees de moins de diversiteacute geacuteneacutetique que celles des forecircts naturelles et 600 millions drsquoanneacutees de moins que celles des terres agricoles diversifieacutees []

Inteacutegriteacute et richesse fonctionnelles (Functional intactness and richness)

Lrsquointeacutegriteacute et la richesse fonctionnelles diminuent en raison de la captation de la productiviteacute primaire et du changement climatique

Nombre cumuleacute drsquoespegraveces exotiques envahissantes (Cumulative number of alien species)

Le nombre cumuleacute drsquoespegraveces exotiques augmente de 13 par deacutecennie ndash avec 37 de tous les cas signaleacutes remontant agrave 1970

Indice de la Liste Rouge (Red List Index)

Lrsquoindice de la Liste Rouge nrsquoest maintenant plus qursquoagrave 75 de la valeur qursquoil aurait sans les impacts humains avec des variations selon les groupes taxonomiques Les reacutegions preacutesentant la plus grande deacuteteacuterioration comprennent une grande partie de lrsquoAsie du Sud-Est et de lrsquoAmeacuterique centrale 40 des espegraveces drsquoinsectes sont menaceacutees agrave lrsquoeacutechelle nationale ainsi que 4149 des amphibiens 387 des mammifegraveres marins et 4055 des gymnospermes

Proportion de la biomasse halieutique (proportion of global fish biomass)

La proportion de la biomasse halieutique mondiale a eacuteteacute diviseacutee par 10 environ depuis 1880

Stocks de poissons agrave des niveaux biologiquement viables (fish stocks within biologically sustainable levels)

Les stocks de poissons agrave des niveaux biologiquement viables ont diminueacute de 6 par deacutecennie ndash pour atteindre moins de 70

Biomasse des poissons preacutedateurs (Predatory fish biomass)

La biomasse des poissons preacutedateurs a diminueacute de 14 par deacutecennie

Biomasse des poissons proies (Biomass of prey fish)

La biomasse des poissons proies a augmenteacute de 10 par deacutecennie - seul indicateur agrave montrer une augmentation - probablement parce que la pecircche a eacutelimineacute les poissons preacutedateurs

Taille des aires de reacutepartition des mammifegraveres (Mammalian range size)

La taille des aires de reacutepartition des mammifegraveres a eacuteteacute reacuteduite agrave une moyenne de 83 des aires de reacutepartition originelles infeacutereacutees

Taille des aires de reacutepartition de la meacutegafaune (Megafaunal range size)

La taille des aires de reacutepartition des espegraveces de meacutegafaune (supeacuterieures agrave 445 kg) ne repreacutesente plus que 28 de la ligne de base naturelle les aires de reacutepartition des grands mammifegraveres ayant deacuteclineacute particuliegraverement rapidement en Asie du Sud et du Sud-Est

Tendances des inverteacutebreacutes (Invertebrate trends)

Les tendances des inverteacutebreacutes nrsquoont pas encore eacuteteacute syntheacutetiseacutees au niveau mondial en raison du manque de donneacutees tropicales Une analyse de type laquo indice planegravete vivante raquo des donneacutees principalement europeacuteennes et nord-ameacutericaines fait eacutetat drsquoun deacuteclin de -11 par deacutecennie

Biomasse des espegraveces domestiqueacutees (Domesticated species biomass)

Les biomasses des espegraveces domestiqueacutees cultiveacutees et des espegraveces bien adapteacutees aux biomes anthropiques ont toutes augmenteacute en abondance Le beacutetail repreacutesente maintenant plus de 90 de la biomasse de la meacutegafaune terrestre

Seacutequetration terrestre du carbone (Terrestrial carbon sequestration)

La seacutequestration terrestre du carbone a reacutecemment augmenteacute de 25 par deacutecennie

drsquoimpact des facteurs directs sur la biodiversiteacute ( impact of direct drivers on biodiversity)

Le changement drsquoutilisation des terresmers est le plus important facteur anthropique direct de changement de lrsquoeacutetat global de la nature avec un impact relatif de 30 suivi par lrsquoexploitation directe (23 ) le changement climatique (14 ) la pollution (14 ) et les espegraveces exotiques envahissantes (11 ) Les pressions qui ne sont aligneacutees sur aucun de ces cinq principaux facteurs (par exemple les incendies les perturbations humaines les activiteacutes de loisirs et le tourisme) repreacutesentent les 9 restants []

8584

PBF Product Biodiversity Footprint PDF Potentially Disappeared Fraction of species PDFgloyr Indicateur de potentiel de disparition mondiale des espegraveces PDFregyr Indicateur de potentiel de disparition reacutegionale des espegraveces PEFC Programme de reconnaissance des certifications forestiegraveres PER laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo PIB Produit inteacuterieur brut PNUE Programme des Nations-Unies pour lrsquoenvironnement PRG Pouvoir de reacutechauffement global PSL Potential Species Loss PSLglo Perte potentielle drsquoespegraveces globale PSLreg Perte potentielle drsquoespegraveces reacutegionale PSR Pressure State Response REPA Ressource and environmental profil analysis RSE Responsabiliteacute socieacutetale des entreprises SAR Specie-Area Relationship SETAC Society of Environmental Toxicology and Chemistry SHI Indice drsquohabitat des espegraveces SNB Strateacutegie nationale pour la biodiversiteacute STAR Species Threat Abatement and Recovery Metric STOC Suivi temporel des oiseaux communs UICN IUCN Union internationale de la conservation de la nature UNEP-WCMC Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations-Unies Unesco Organisation des Nations unies pour leacuteducation la science et la culture

Liste des acronymes utiliseacutes

ABMB Aligning biodiversity measures for business ACV Analyse du cycle de vie Ademe Agence de lenvironnement et de la maicirctrise de leacutenergie AFB Agence franccedilaise pour la biodiversiteacute BACI Before After Control Impact BFFI Biodiversity Footprint for Financial Institution BIEC Biodiversity Indicator for Extractive Companies BII Biodiversity Intactness Index BIM Biodiversity Impact Metric BIP Biodiversity Indicators Partnership BIRS Biodiversity Indicator and Reporting System CCNUCC Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique CDB Convention sur la diversiteacute biologique CDC Caisse des deacutepocircts CISL Cambrigde Institute for Sustainability Leadership CITES Convention sur le commerce international des espegraveces de faune et de flore sauvages menaceacutees drsquoextinction CMP Conservation Measures Partnership COI Commission oceacuteanographique intergouvernementale COP Confeacuterence des parties Cos Conseil drsquoorientation strateacutegique DPSIR laquo Driving forces ndash Pressures ndash State ndash Impact ndash Responses raquo EBV Essential Biodiversity Variables EDP Ecological Damage Potential indicator EEA European Environment Agency EPE Entreprises pour lrsquoenvironnement EPI Environmental Performance Index EPLCA European Platform on Life Cycle Assessment ERC Eacuteviter Reacuteduire Compenser FPEIR laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo FRB Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute FSC Forest Stewardship Council GBS Global Biodiversity Score GEO BON The Group on Earth Observations Biodiversity Observation Network GES Gaz agrave effet de serre GIEC Groupe international drsquoexperts sur le climat HAeq Impact sur la biodiversiteacute IFC International Finance Corporation IMBS Integrated Biodiversity Management System Ipbes Plateforme intergouvernementale sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques ISO International Standards Organisation KBAs Key Biodiversity Areas LCA Life Cycle Assessment MSC Marine Stewardship Council MR-IOT Multi-Regional Environmentally Extended Input-Output Table MR-SUT Multi-Regional Environmentally Extended Supply-Use Table MSA Mean Species Abundance NBSAP National Biodiversity Strategies and Actions Plans ODD Objectifs de deacuteveloppement durable OECD OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques OFB Office franccedilais de la biodiversiteacute ONB Observatoire national de la biodiversiteacute ONU Organisation des Nations unies OREacuteE Organisation pour le respect de lrsquoenvironnement dans lrsquoentreprise

LIstE DEs ACrOnyMEs Et AbreacutevIAtIOns UtILIseacutes

8786

Tableau 1 CLAssEMEnt PAr OrDrE DrsquoIMPOrtAnCE DE MEsUrEs POUr InCItEr agrave LrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DE MEsUrE DrsquoIMPACt DEs ACtIvIteacutes sUr LA bIODIvErsIteacute Tableau 2 vArIAbLEs EssEntIELLEs DE bIODIvErsIteacute CLAsseacuteEs PAr nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn Tableau 3 synthegravesEs DEs rECOMMAnDAtIOns Et PUbLICs CIbLEs

Figure 1 COnnAIssAnCE Et UtILIsAtIOn DrsquoInDICAtEUrs DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacuteFigure 2 LEs rAIsOns DrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute Figure 3 LEs CArACteacuterIstIQUEs DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute DAns LrsquoIDeacuteALFigure 4 CADrE PrEssIOns ndash eacutetAt ndash reacutePOnsEsFigure 5 CADrE AnALysE DU CyCLE DE vIEFigure 6 APErccedilU DEs CAteacutegOrIEs AUx IMPACts IntErMeacuteDIAIrEs DAns LE CADrE DE LA MeacutethODOLOgIE rECIPE2016 Et LEUr trAnsCrIPtIOn En DOMMAgEs sUr LrsquoEnvIrOnnEMEntFigure 7 COMPOsItIOn strUCtUrE Et FOnCtIOn DE LA bIODIvErsIteacute PreacutesEnteacuteEs COMME DEs sPhegraverEs IntErCOnnECteacuteEs EngLObAnt PLUsIEUrs nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOnFigure 8 COMPLeacuteMEntArIteacute EntrE LE CADrE PEr Et LE CADrE ACvFigure 9 CADrE COnCEPtUEL AnALytIQUE DE Lrsquo IPbEsFigure 10 CADrE COnCEPtUEL Et InDICAtEUrs DE bAsE DrsquoAPregraves IPbEs COrE InDICAtOrs

LIstE DEs tAbLEAUx

LIstE DEs FIgUrEs

8988

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REMERCIEMENTS

Jean-Franccedilois Silvain (FRB) Heacutelegravene Soubelet (FRB) Denis Couvet (FRB) Pauline Coulomb (FRB) Lucile Judas (FRB) Julien Massetti (OFB) Lora Rouviegravere (OFB) Stanislas Wroza (OFB) Florence Barreto (OFB) eacutequipe FRB les eacutevaluateurs Jean-Yves Barnagaud (CNRS) Thomat Binet (VertigoLab) Freacutedeacuteric Gosselin (INRAE) Jean-Baptiste Mihoub (MNHN) Dominique Pelletier (Ifremer) Karine Princeacute (MNHN) Pierre Scemama (Ifremer) les concepteurs des outils Joshua Berger (CDC Biodiversiteacute) Wijnand Broer (CREM) Antoine Cadi (CDC Biodiversiteacute) Leo Murphy (UNEP-WCMC) Guillaume Neveu (I Care amp Consult) Antoine Vallier (CDC Biodiversiteacute) les animateurs des ateliers Luc Abbadie (Sorbonne Universiteacute) Cleacutement Bultheel (MTES) Ameacutelie Colle (VertigoLab) Freacutedeacuteric Gosselin (Irstea) Gilles Lecuir (ARB Icircle-de-France) Charles Lemaicirctre (VICAT) Jean-Franccedilois Lesigne (RTE) Karine Princeacute (MNHN) Pierre Scemama (Ifremer) les intervenants agrave la pleacuteniegravere Thomas Andro (Solvay) Seacutebastien Barot (IRD) Romuald Berrebi (OFB) Sylvain Boucherand (BampL Evolution) Allain Bougrain-Dubourg (LPO) Camille Bricout (ARB ndash NA) Stellio Casas (Veolia) Thomas Cosson (PNR Golfe du Morbihan) Corinne Dragonne (ARB PACA ndash OFB) Philippe Dupont (OFB) Ceacuteline Eson (Biosphra consulting) Olivier Lemoine (ELAN) Heacutelegravene Leriche (Oreacutee) Harold Levrel (AgroParisTech) Jean-Michel Olivier (CNRS) Philippe Puydarrieux (UICN) Olivier Ragueneau (CNRS) Elise Rebut (MEAE) Sylvaine Rols (UNEP-WCMC) Natacha Sautereau (ITAB) Claire Tutenuit (EpE) Jean-Marc Valet (Cerema) Yann Verstraeten (ICF) Yann Wehrling (Ambassadeur agrave lrsquoenvironnement)

Citation Aureacutelie Delavaud Elodie Milleret Stanislas Wroza Heacutelegravene Soubelet Ana Deligny Jean-Franccedilois Silvain (2021) Indicateurs et outils de mesure ndash Eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Coll Expertise et synthegravese Paris France FRB 96 pages

Creacutedits photographiques copy Pixabay p 6 20 28 35 49 54 58 71 72 76 86 95 et couverture

Directrice de la publication Heacutelegravene Soubelet (FRB)Coordination eacuteditoriale Aureacutelie Delavaud (FRB)Reacutedactrices Aureacutelie Delavaud (FRB) Elodie Milleret (FRB) Ana Deligny (FRB) Relecture Denis Couvet (FRB) Robin Goffaux (FRB) Ceacutecile Jacques (FRB) Jean-Franccedilois Silvain (FRB) Heacutelegravene Soubelet (FRB) Stanislas Wroza (OFB) Graphisme Franccedilois Junot

copy FRB 2021ISBN 979-10-91015-43-1

Des indicateurs pourquoi pour qui Srsquoagit-il dindiquer leacutetat de la biodiversiteacute lintensiteacute des pressions qui pegravesent sur cette derniegravere ou encore la reacuteponse de celle-ci face agrave des mesures prises en faveur de sa preacuteservation Peut-on reacuteellement eacutevaluer lrsquoefficaciteacute des politiques publiques priveacutees citoyennes les comparer Face agrave ces nombreuses questions une profusion drsquoindicateurs fleurit fournie par des acteurs divers lrsquoEacutetat le secteur eacuteconomique la socieacuteteacute civile etc Un consen-sus vers un indicateur ideacuteal de biodiversiteacute est encore loin drsquoecirctre trouveacute drsquoautant que certains enjeux majeurs nrsquoont pas encore drsquoindicateurEn reacuteunissant chercheurs et acteurs la FRB en coopeacuteration avec lrsquoOFB srsquoest empa-reacutee du sujet agrave lrsquooccasion de ses Journeacutees FRB 2019 Cette Expertise et synthegravese apporte un regard ineacutedit sur ces questions majeures et srsquoaccompagne drsquoune seacuterie de recommandations

La Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute a pour mission de favoriser les activiteacutes de recherche sur la biodiversiteacute en lien avec les acteurs de la socieacuteteacute Sus-citer lrsquoinnovation deacutevelopper et soutenir des projets diffuser les connaissances et mobiliser lrsquoexpertise sont au cœur de ses actions

Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute (FRB) 195 rue Saint-Jacques 75005 Paris

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Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute (FRB)

MembresFondateursde la FRB

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Introduction

La plateforme intergouvernementale sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) a publieacute en mai 2019 un rapport drsquoeacutevaluation agrave lrsquoeacutechelle mondiale de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques tregraves alarmant Dans ce contexte les indicateurs drsquoeacutetat drsquoimpact et de reacuteponse ont un rocircle cleacute agrave jouer pour passer agrave lrsquoaction et enrayer le deacuteclin du vivant Pour lrsquoensemble des acteurs publics et priveacutes des acteurs eacuteconomiques aux citoyens consommateurs en passant par lEacutetat et les collectiviteacutes ces indicateurs doivent aider agrave engager les changements pour permettre aux socieacuteteacutes humaines de srsquoorienter vers des trajectoires socio-eacuteconomiques durables assurant une meilleure coexistence avec le reste du vivant et la preacuteservation de celui-ci

Depuis de nombreuses anneacutees un grand nombre drsquoindicateurs a eacuteteacute deacuteveloppeacute certains ont eacuteteacute adopteacutes par les gouvernements ou par la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) degraves 2004 Ils ont eacuteteacute proposeacutes par des acteurs divers ONG universitaires pouvoirs publics acteurs priveacuteshellip

Au-delagrave de leur conception la demande drsquoanalyse et drsquoeacutevaluation des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute est eacutegalement geacuteneacuterale Elle est exprimeacutee par le Conseil drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB les pouvoirs publics notamment le ministegravere de la transition eacutecologique Elle srsquointegravegre agrave la fois dans les objectifs du Plan Biodiversiteacute (actions 30 et 31) et dans les actions internationales pour preacuteparer un agenda post-2020 pour la biodiversiteacute qui sera finaliseacute lors de la 15e Confeacuterence des Parties (COP 15) de la CDB Elle alimente en outre la reacuteflexion meneacutee par lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) de lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB ex-AFB) pour lrsquoeacutelaboration drsquoun jeu drsquoindicateurs de suivi de la biodiversiteacute au niveau national

Les deacutependances directes et indirectes des acteurs agrave la biodiversiteacute

Les indicateurs doivent permettre lrsquoeacutevaluation de la deacutependance des socieacuteteacutes humaines agrave la biodiversiteacute Cette deacutependance peut ecirctre caracteacuteriseacutee par la notion de laquo services eacutecosysteacutemiques raquo ainsi que par la notion de laquo contributions de la nature aux humains raquo purification drsquoeau pollinisation fertiliteacute des sols deacutegradation et recyclage de la matiegravere organique eacutepuration de lrsquoair preacutevention et reacutegulation des pathogegravenes et des ravageurs des cultureshellip La deacutegradation de ces services affecte les socieacuteteacutes agrave plus ou moins court terme

La posture des entreprises secteurs et filiegraveres du secteur priveacute marchand est diverse face agrave la question de la deacutependance et des indicateurs Certaines filiegraveres exploitent directement le vivant et partagent avec la biodiversiteacute

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une relation eacutetroite qui se traduit drsquoune part par un usage et des impacts sur la biosphegravere drsquoautre part par des beacuteneacutefices et un potentiel de deacuteveloppement eacuteconomique Pour ces acteurs la biodiversiteacute repreacutesente une part fondamentale de leur performance et de leur reacuteussite agrave moyen ou long termes les avantages qursquoils en retirent sont deacutejagrave en partie quantifieacutes Pour drsquoautres secteurs ou filiegraveres cette deacutependance est ressentie comme secondaire voire inexistante La preacuteservation de la biodiversiteacute peut alors ecirctre veacutecue comme un coucirct voire un frein au deacuteveloppement eacuteconomique ou au travers du respect des reacuteglementations nationales un eacuteleacutement non neacutegligeable de distorsion de concurrence

Neacuteanmoins pour tous les acteurs les contributions indirectes de la biodiversiteacute agrave travers les services eacutecosysteacutemiques sont essentielles mais restent souvent mal ou peu quantifieacutees Des indicateurs et des outils deacutevaluation de la deacutependance directe ou indirecte locale ou globale agrave la biodiversiteacute sont donc neacutecessaires pour deacutecider en connaissance de cause ndash par exemple pour lrsquoEacutetat eacutelaborer des politiques publiques

Engager des changements systeacutemiques de la deacutependance aux impacts et agrave leur reacuteduction

Lobjet des indicateurs est de rendre compte de cette deacutependance Cette publication examine les indicateurs et outils qui aident les acteurs agrave rendre compte des impacts de leurs activiteacutes sur la biodiversiteacute et agrave les reacuteduire

Les indicateurs et les outils doivent favoriser la transition eacutecologique en passant des objectifs aux engagements Ils doivent aider tous les acteurs publics et priveacutes les deacutecideurs politiques et eacuteconomiques agrave lrsquoeacutechelle drsquoun territoire ou drsquoun pays agrave estimer comparer et surtout agrave reacuteduire leurs impacts directs et indirects sur la biodiversiteacute agrave ameacuteliorer leurs reacuteponses face au deacuteclin de cette derniegravere Ces indicateurs doivent ecirctre lisibles et compreacutehensibles par lrsquoensemble des parties prenantes

Cadre et objectifs de cette publication un focus sur des indicateurs drsquoimpact en plein deacuteveloppement

Lrsquoambition des travaux conduits par la FRB et par lrsquoONB preacutesenteacutes dans cette publication est de donner des pistes pour ameacuteliorer des outils de mesure des impacts qui se deacuteveloppent Elle rend compte des ateliers et du colloque scientifique organiseacutes en octobre 2019 Leur objectif eacutetait drsquoinstaurer un dialogue entre acteurs ndash deacuteveloppeurs drsquooutils et utilisateurs potentiels ndash et chercheurs acadeacutemiques autour de la question des indicateurs de la biodiversiteacute et de la mesure de lrsquoimpact eacutecologique des activiteacutes humaines

Les questions suivantes ont preacutesideacute agrave lrsquoorganisation du travail tout au long de lrsquoanneacutee

ndash Quels sont les indicateurs et outils disponibles pour mesurer les impacts des activiteacutes humaines ndash Comment sont-ils eacutevalueacutes ndash Peut-on proposer un indicateur global de biodiversiteacute comme il existe un indicateur global pour le climat

Cette publication srsquoest concentreacutee sur une seacutelection drsquooutils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Elle procegravede agrave une analyse approfondie de leur construction et de leur potentiel drsquoapplication agrave diffeacuterentes eacutechelles et dans des contextes sectoriels diffeacuterents ainsi que de leur pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute Ces outils de mesure reposent sur une approche pluridimensionnelle inteacutegrative qui tente de lier activiteacutes pressions et impacts sur la biodiversiteacute en une seule chaicircne Ils srsquointeacuteressent agrave diffeacuterent niveaux drsquoapplication un produit et son cycle de vie un projet et ses sites une entreprise et ses uniteacutes opeacuterationnelles

Il srsquoagissait eacutegalement de questionner la pertinence de lrsquoutilisation de ces outils ndash srsquointeacuteressant drsquoabord au secteur priveacute marchand ndash par les pouvoirs publics

Le travail engageacute a permis de dresser un eacutetat des lieux des connaissances sur des outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute sur leur utilisation de questionner leurs fondements et pertinence scientifiques de mettre en avant leurs atouts et leurs lacunes ainsi que leur conformiteacute avec les attentes des utilisateurs

Les conclusions de lrsquoeacutetude et des ateliers preacutesenteacutes dans cette publication ont permis de balayer bonnes pratiques et meacutethodes et de discuter de pistes drsquoameacutelioration possibles Onze recommandations et pistes drsquoactions sont ainsi proposeacutees pour ameacuteliorer la pertinence des outils drsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute et en faciliter lrsquoutilisation

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7 1 Les outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute 8 11 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute une question reacutecurrente 9 12 Deux approches les indicateurs de suivi et les outils drsquoeacutevaluation des impacts 9 121 Les indicateurs de suivi pressions eacutetat ou reacuteponses 9 122 Les outils drsquoeacutevaluation des impacts activiteacutes pressions et impacts 9 123 Des initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices 10 13 Utilisation actuelle et potentiel de deacuteploiement des outils drsquoeacutevaluation des impacts 10 131 Meacutethodologie et repreacutesentativiteacute de lrsquoenquecircte 11 132 Les principaux reacutesultats de lrsquoenquecircte 14 14 Deux cadres conceptuels majeurs pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute 15 141 Le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) 16 142 Le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie des produits et services

21 2 Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute 22 21 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute est-il possible drsquoadopter la mecircme deacutemarche que pour le climat 22 211 Le modegravele du changement climatique et de lrsquoeacutequivalent carbone 23 212 Le cas de la biodiversiteacute emboicirctements et facettes 25 22 Le deacuteveloppement drsquoune meacutethodologie drsquoeacutevaluation comme tentative de reacuteponse 26 221 Le choix des outils agrave eacutevaluer 26 222 Une description succincte des sept outils eacutevalueacutes 28 223 Le cadre de reacutefeacuterence et les items de lrsquoeacutevaluation 29 224 Le deacuterouleacute et les reacutesultats de lrsquoeacutevaluation 30 23 Les reacutesultats syntheacutetiques des eacutevaluations des outils 30 231 Product Biodiversity Footprint (PBF) 34 232 Product Biodiversity Footprint for Financial Institution (BFFI) 38 233 Global Biodiversity Score TM (GBS) 42 234 Biodiversity Impact Metric (BIM) 46 235 Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric 50 236 Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC) 53 237 Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

59 3 Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs 60 31 Quelques approches inteacutegratives compleacutementaires aux outils 60 311 La compleacutementariteacute des cadres Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et Analyse de cycle de vie (ACV) 61 312 Lrsquoapproche par les laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo (EBV) 62 313 Le cadre DPSIR appliqueacute au cadre conceptuel de lrsquoIpbes 66 32 Les recommandations et pistes drsquoactions

73 4 Conclusion

77 5 Annexes 78 Annexe 1 Les questions de lrsquoenquecircte 79 Annexe 2 Les questions de la grille drsquoeacutevaluation scientifique 81 Annexe 3 La liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeurs indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019 84 Liste des acronymes et abreacuteviations utiliseacutes 87 Liste des cartes tableaux et figures 88 Bibliographie

SOMMAIRE

76

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

La notion de biodiversiteacute est relativement reacutecente dans le paysage de la recherche et de la socieacuteteacute civile puisqursquoelle a eacuteteacute populariseacutee au deacutebut des anneacutees 1980 (Franco et al 2013) Deacutefinie de faccedilon simple comme laquo tissu vivant de la planegravete raquo source de nombreux services la biodiversiteacute est avant tout le fruit de plus de trois milliards drsquoanneacutees drsquoeacutevolution En 1992 le premier accord mondial sur la conservation et lrsquoutilisation durable de la diversiteacute biologique est signeacute Il permet de reconnaicirctre que la conservation de la diversiteacute biologique est laquo une preacuteoccupation commune agrave lrsquohumaniteacute raquo et qursquoelle fait partie inteacutegrante du processus de deacuteveloppement

1

98

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

11 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute une question reacutecurrente

Agrave travers les usages les pratiques les modes de ges-tion de la biodiversiteacute les activiteacutes humaines exercent des pressions Sous lrsquoeffet de ces pressions directes et indirectes la biodiversiteacute srsquoeacuterode agrave une vitesse alar-mante Lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques publieacutee en 2019 par la Plateforme intergouvernementale scientifique et poli-tique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) identifie cinq grandes pressions directes res-ponsables de lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

bull changement drsquousage des sols et des terresbull exploitation des espegraveces et des habitatsbull changement climatiquebull pollutionsbull espegraveces exotiques envahissantes

La prise de conscience au niveau politique interna-tional de lrsquoimportance de la biodiversiteacute et de son eacutero-sion a conduit les institutions mondiales et reacutegionales au deacutebut des anneacutees 1970 agrave adopter des conventions relatives aux eacutecosystegravemes au vivant mais aussi aux pollutions et agrave la qualiteacute de lrsquoair (France Diplomatie 2005) puis agrave partir des anneacutees 1990 agrave deacutevelopper des meacutethodes drsquoeacutevaluation des performances environne-mentales Depuis les anneacutees 1970 acteurs publics et priveacutes srsquoengagent aussi en faveur de lrsquoenvironnement et de la biodiversiteacute (UICN 2014) souvent agrave travers le prisme du deacuteveloppement durable En parallegravele les leacutegislations europeacuteenne et franccedilaise eacutevoluent et demandent aux acteurs priveacutes marchands et aux col-lectiviteacutes drsquoune part drsquoeacutevaluer les incidences de leurs projets sur la biodiversiteacute et drsquoautre part de prendre en compte les questions environnementales (incluant pressions et protection de la biodiversiteacute) au mecircme titre que les preacuteoccupations sociales et drsquoen rendre compte aupregraves des parties prenantes et des services de

lrsquoeacutetat Plusieurs concepts eacutemergent eacutegalement dans le registre des laquo ressources raquo pour alerter sur les limites de la planegravete (caractegravere eacutepuisable des ressources si elles sont exploiteacutees non durablement) et lrsquointerdeacutepen-dance des entreprises aux milieux naturels

De faccedilon plus speacutecifique lrsquoeacutetat franccedilais srsquoest enga-geacute depuis plusieurs anneacutees agrave proteacuteger la biodiversiteacute par le biais de lois et de dispositifs fiscaux (notam-ment la loi relative agrave la protection de la nature de 1976 et la loi sur la protection et la mise en valeur des paysages de 1993) de strateacutegies nationales pour la biodiversiteacute (SNB de 2004 et 2011) des modifications du Code de lrsquoenvironnement et du Code rural et de la pecircche maritime et reacutecemment par promulgation de la loi pour la reconquecircte de la biodiversiteacute de la nature et des paysages (9 aoucirct 2016) et lrsquoadoption du Plan biodiversiteacute (4 juillet 2018)

Ainsi les entreprises et les collectiviteacutes se sont-elles empareacutees de la question sous lrsquoeffet drsquoinjonc-tions leacutegislatives ndash rapport de deacuteveloppement durable des collectiviteacutes rapport de responsabiliteacute socieacutetale pour les entreprises ndash et drsquoengagements volontaires pour des motifs varieacutes ndash respect de lrsquoenvironnement pour un deacuteveloppement eacuteconomique et social durable communication et positionnement diffeacuterenciant sur les marcheacutes etc ndash dans une logique de diminution des impacts et des pressions sur la biodiversiteacute pour lutter contre son eacuterosion Cette logique conduit au be-soin drsquoindicateurs et drsquooutils de mesure drsquoimpact sur la biodiversiteacute dans une approche similaire agrave ce qui est deacuteveloppeacute pour lutter contre le changement clima-tique avec la mesure de lrsquoempreinte carbone

Toutefois la difficulteacute agrave eacutevaluer et quantifier les im-pacts sur la biodiversiteacute potentiels ou reacuteels en fonc-tion de sceacutenarii et agrave de multiples eacutechelles (produits sites projets uniteacute drsquoactiviteacutes entreprises locales ou mondiales collectiviteacutes pays) constitue un possible frein agrave lrsquoaction fournir en ce domaine des eacuteleacutements drsquoappui drsquoaide agrave la deacutecision reste crucial

12 Deux approches les indicateurs de suivi et les outils drsquoeacutevaluation des impacts

Agrave partir des travaux deacuteveloppeacutes dans les champs scien-tifique et politique les organisations ndash non gouver-nementales priveacutees marchandes du secteur conseil publiques nationales ou internationales ndash srsquoorientent vers deux voies pour aider les responsables des poli-tiques environnementales publiques et priveacutees agrave srsquoy retrouver en termes drsquoeacutevaluation des impacts les indicateurs de suivi et les outils de mesure drsquoimpacts Si cette dichotomie est simplificatrice elle permet drsquoil-lustrer le propos La deacutefinition laquo drsquoindicateur raquo et les cadres conceptuels seront discuteacutes au point 3

121 Les indicateurs de suivi pressions eacutetat ou reacuteponses

Ils rendent compte de lrsquoeacutevolution de lrsquoeacutetat de la bio-diversiteacute pour une ou plusieurs de ses dimensions (par exemple lrsquoindicateur drsquointeacutegriteacute du peuplement drsquoOdonates qui repose sur un inventaire en un site donneacute compareacute agrave une liste drsquoespegraveces attendues lrsquoindicateur de Suivi temporel des oiseaux communs (STOC) qui permet drsquoeacutevaluer les variations spatiales et temporelles de lrsquoabondance des populations nicheuses drsquooiseaux communs) Ce type drsquoindicateurs peut ecirctre agreacutegeacute avec drsquoautres dimensions pour former des in-dices ou index de biodiversiteacute (par exemple lrsquoindice drsquohabitat des espegraveces (SHI) qui quantifie les chan-gements qui surviennent dans les habitats drsquoune es-pegravece et fournit une estimation des pertes potentielles de populations etou des augmentations du risque drsquoextinction)

Ces indicateurs srsquoinscrivent souvent dans le cadre laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) pour lequel on retrouve outre les indicateurs eacutecologiques drsquoeacutevolution de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des indicateurs socio-eacuteco-nomiques de suivi des pressions ou des reacuteponses de la socieacuteteacute La mise en correspondance de ces indicateurs combineacutes agrave la litteacuterature scientifique constitue une approche pour relier activiteacutes pressions et impacts

En France des indicateurs sont mis agrave disposition par lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) piloteacute par lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB) Au niveau international lrsquoIpbes preacutesente dans son rap-port une seacuterie drsquoindicateurs pour eacutevaluer lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute et les impacts des activiteacutes humaines

Il existe de nombreux deacuteveloppements meacutethodolo-giques pour de nouveaux indicateurs de ce type mais aussi des inventaires des jeux drsquoindicateurs existants ceci afin de proposer un ensemble commun drsquoindica-teurs (laquo set raquo de reacutefeacuterence permettant de composer un tableau de bord) adapteacutes aux besoins drsquoacteurs (entre-

prises collectiviteacutes) besoins theacutematiques (secteurs drsquoactiviteacutes ressources naturelles utiliseacutees) et juri-diques (rapportage)

122 Les outils drsquoeacutevaluation des impacts activiteacutes pressions et impacts

Ils visent agrave rendre compte des impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute pour une ou plusieurs de ses dimen-sions mais en inteacutegrant dans leur meacutethodologie de calcul la chaicircne complegravete activiteacutes ndash pressions ndash im-pacts Ils se basent sur des outils et modegraveles existants ou deacuteveloppent leur propre approche pour relier de faccedilon explicite ou non ces termes

Les deacuteveloppements meacutethodologiques de ces ou-tils inteacutegreacutes sont reacutecents et sont surtout destineacutes aux entreprises voire aux Eacutetats Ils se focalisent sur deux objectifs majeurs

bull Deacutefinir lrsquoimpact des activiteacutes sur la biodiversiteacute en termes drsquoeacutevaluation ex-post pour le rapportage lrsquoeacutevaluation des reacuteponses mises en place ndash notamment en matiegravere de politiques publiques ndash lrsquoameacutelioration des pratiques

bull Deacutefinir lrsquoimpact ex-ante pour la prise de deacutecision pour le deacuteveloppement drsquoactiviteacutes drsquoinvestissements

Ces deacutemarches aboutissent agrave la conception drsquooutils de mesure drsquoimpacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute baseacutes sur des meacutethodologies complexes pluridimensionnelles et avec des cadres drsquoapplication speacutecifiques (produit site uniteacute drsquoactiviteacute eacuteconomique etc) Ces outils aboutissant agrave terme agrave des indica-teurs quantitatifs ou qualitatifs mobilisent souvent les cadres laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) et laquo Ana-lyse du cycle de vie raquo (ACV) Crsquoest sur ces outils que porte la preacutesente eacutetude

123 Des initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices

Ces indicateurs et outils outre les aspects de rappor-tage obligatoire peuvent encourager et feacutedeacuterer les ac-teurs eacuteconomiques et politiques dans des deacutemarches transformatrices favorables agrave la biodiversiteacute

Parmi les initiatives particuliegraverement actives sur la question des indicateurs et outils citons celles qui ont eacuteteacute consulteacutees pour cette eacutetude

bull Initiative Aligning Biodiversity Measures for Busi-ness (ABMB) meneacutee par le Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations-Unies (UNEP-WCMC) Cette initiative reacuteunit les concepteurs drsquooutils drsquoeacutevaluation drsquoimpacts pour les entreprises afin de deacutevelopper une vision meacutethodologique et strateacutegique commune Lrsquoobjectif est de tendre vers des indicateurs robustes de contribution des entreprises aux objectifs mondiaux de preacuteservation de la biodiversiteacute

1110

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

breacutee du secteur priveacute marchand (346) du secteur public (282) et la socieacuteteacute civile (295) par lrsquointer-meacutediaire des Associations laquo Loi 1901 raquo et Fondations

Le domaine drsquoactiviteacute des reacutepondants inclut princi-palement des activiteacutes lieacutees agrave lrsquoenvironnement agrave lrsquoeacuteco-logie et au deacuteveloppement durable (449) suivi par les activiteacutes lieacutees agrave lrsquoagriculture et agrave lrsquoagroalimentaire (167) agrave lrsquoeacutenergie (9) au BTP et agrave lrsquoarchitecture (64) Drsquoautres domaines ont eacutegalement reacutepondu mais de faccedilon plus marginale conseil automobile chimie pharmaceutique enseignement formation hocirctellerie restauration tourisme mateacuteriaux immobi-lier fonction publique et interprofessions

Pregraves de la moitieacute des reacutepondants repreacutesentent les grandes entreprises avec un effectif de salarieacutes supeacuterieur agrave 250 personnes Les structures agrave effectif moyen petit et les microentreprises constituent res-pectivement 179 141 et 218 des reacutepondants En termes geacuteographiques la grande majoriteacute des reacute-ponses a eacuteteacute fournie par des acteurs baseacutes en France meacutetropolitaine et seulement 77 des reacutepondants sont baseacutes en outre-mer La reacutegion parisienne est plus particuliegraverement repreacutesenteacutee avec un reacutepondant sur deux exerccedilant son activiteacute en Ile-de-France et plus drsquoun reacutepondant sur quatre agrave Paris intramuros

132 Les principaux reacutesultats de lrsquoenquecircte

Des outils peu connusDrsquoapregraves les reacutesultats du sondage ces instruments restent encore meacuteconnus pour 385 des reacutepondants La diffeacuterence de populariteacute entre les indicateurs de suivi (laquo de base raquo) et les outils drsquoeacutevaluation des im-pacts (laquo agreacutegeacutes raquo) est double avec une visibiliteacute plus accrue des indicateurs de suivi reconnus par 41 des reacutepondants compareacute aux outils drsquoeacutevaluation des im-pacts agreacutegeacutes qui sont mentionneacutes par 205 des reacute-pondants (Fig 1) Parmi les indicateurs de suivi recen-seacutes le nombre drsquoespegraveces (autochtones remarquables envahissantes) le suivi de leurs populations et la ri-chesse speacutecifi que sont les mesures les plus citeacutees pour orienter la strateacutegie biodiversiteacute des reacutepondants

Parmi les outils drsquoeacutevaluation des impacts agreacute-geacutes citeacutes par les reacutepondants on retrouve des outils deacuteveloppeacutes par des organismes franccedilais Global Bio-diversity Score (CDC-Biodiversiteacute) Product Biodiver-sity Footprint (I Care amp Consult) et lrsquoIndicateur drsquoIn-terdeacutependance de lrsquoEntreprise agrave la Biodiversiteacute (FRB et Oreacutee) Les outils deacuteveloppeacutes par des organisations extra-nationales ndash Biodiversity Footprint for Financial Institutions Biodiversity Impact Metric Biodiversity Footprint Calculator Bioscope ndash ont eacuteteacute citeacutes par un seul reacutepondant

bull Plateforme europeacuteenne BusinessBiodversity (BB) mise en place par la Commission europeacuteenne Lieu drsquoeacutechanges elle aide agrave mieux comprendre les in-terdeacutependances entre les activiteacutes des entreprises le ca-pital naturel et la biodiversiteacute ainsi que les risques et beacute-neacutefi ces associeacutes Elle vise agrave deacutevelopper des outils dont des outils drsquoeacutevaluation des impacts permettant drsquointeacute-grer le capital naturel dans les activiteacutes eacuteconomiques

bull Plateforme France RSE de France Strateacutegie Cette plateforme nationale laquo formule des recommandations sur les questions sociales environnementales et de gouvernance souleveacutees par la responsabiliteacute socieacutetale des entreprises raquo Elle srsquoest notamment inteacuteresseacutee aux outils drsquoeacutevaluations des impacts des entreprises sur la biodiversiteacute

bull Organisation pour le Respect de lrsquoEnvironnement dans lrsquoEntreprise (OREacuteE) Cette association qui reacuteunit entreprises collectiviteacutes et organismes acadeacutemiques au service des territoires travaille sur les liens entre eacuteconomie et biodiversiteacute (interdeacutependances rappor-tage RSE) Crsquoest aussi le point focal de lrsquoInitiative Franccedilaise pour les Entreprises et la Biodiversiteacute deacutecli-naison du programme Global Partnership for Business and Biodiversity de la CDB

bull Entreprises pour lrsquoEnvironnement (EPE) Cette association regroupe de grandes entreprises franccedilaises

et internationales issues de tous les secteurs de lrsquoeacuteco-nomie Elle a notamment travailleacute sur les meacutethodes outils indicateurs et partenariats pour mieux appreacute-hender et geacuterer les impacts directs et sur lrsquoameacuteliora-tion de la prise en compte des impacts indirects des entreprises sur la biodiversiteacute agrave travers la gestion des impacts tout au long de la chaicircne de valeur

De nombreuses initiatives engagent ainsi les ac-teurs agrave reacutefl eacutechir agrave leurs pratiques Notons que cer-taines adoptent la notion de laquo capital naturel raquo (Pearce et al 1989) comme cadre de reacutefl exion Issu de la re-cherche en eacuteconomie (Aringkerman 2003) et populariseacute au deacutebut des anneacutees 1990 (OECD 1993) ce concept vise agrave inteacutegrer lrsquoenvironnement dans lrsquoeacuteconomie agrave comptabiliser ses valeurs et deacutegradations agrave penser la durabiliteacute des activiteacutes humaines

Le capital naturel recouvre les ressources natu-relles renouvelables et non-renouvelables et les ser-vices eacutecosysteacutemiques ndash termes agrave rapprocher dans le champ de lrsquoeacutecologie scientifi que aux eacutecosystegravemes et agrave la biodiversiteacute Un des postulats est que le fonction-nement des eacutecosystegravemes et la biodiversiteacute sont neacuteces-saires agrave la production de valeur dans lrsquoeacuteconomie ce sont des eacuteleacutements strateacutegiques agrave prendre en compte et dont il faut rendre compte

13 Utilisation actuelle et potentiel de deacuteploiement des outils drsquoeacutevaluation des impacts

Interpelleacutee par les membres de son Conseil drsquoorienta-tion strateacutegique (Cos) et face aux attentes politiques drsquoun indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute la FRB srsquoest empareacutee de la question des outils drsquoeacutevaluation des impacts afi n de porter agrave connaissance des outils deacutejagrave existants les eacutevaluer et ouvrir le deacutebat sur le besoin drsquoameacuteliorations meacutethodologiques baseacutees sur la recherche et les connaissances scientifi ques le be-soin drsquoappropriation de ces outils par les acteurs Une eacutequipe projet mixte a eacuteteacute constitueacutee avec lrsquoOFB (ex-AFB) pour mener cette eacutetude

Dans un premier temps la FRB a piloteacute une en-quecircte aupregraves drsquoacteurs de la socieacuteteacute afi n drsquoavoir un aperccedilu des perceptions et de la connaissance relative des indicateurs et outils drsquoeacutevaluation drsquoimpact sur la biodiversiteacute de leurs utilisations actuelles et poten-tielles des lacunes et diffi culteacutes de mise en œuvre des attentes vis-agrave-vis de ces indicateurs et outils et des pistes drsquoameacutelioration pour populariser et raffi ner ces outils

131 Meacutethodologie et repreacutesentativiteacute de lrsquoenquecircte

Lrsquoenquecircte a eacuteteacute co-construite par lrsquoeacutequipe projet Elle srsquoest preacutesenteacutee sous la forme drsquoun questionnaire divi-seacutee en quatre parties

bull informations geacuteneacuterales pour caracteacuteriser le reacute-pondant notamment en termes de type de structure et de secteur drsquoactiviteacute

bull eacutetat des lieux de la connaissance et de lrsquoutilisa-tion des indicateurs et des outils

bull attentes vis-agrave-vis des caracteacuteristiques de ces indi-cateurs et outils

bull pistes drsquoactions qui favoriseraient lrsquoutilisation des outils

Lrsquoenquecircte a eacuteteacute diffuseacutee en ligne du 5 mai au 15 juil-let 2019 aupregraves des membres du Comiteacute drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB et relayeacutee par lrsquoAFB vers lrsquoinitiative Capitales de la biodiversiteacute les observa-toires territoriaux de la biodiversiteacute des entreprises engageacutees dans la SNB etc et a fait lrsquoobjet de deux relances La liste des questions est en annexe 1 p78

78 personnes de 78 structures diffeacuterentes ont reacutepondu avec une repreacutesentation relativement eacutequili- FIGURE 1 COnnAIssAnCE Et UtILIsAtIOn DrsquoInDICAtEUrs DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute

non 385

Connaissez-vous des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Oui 41(indicateurs de base)

Oui 205(indicateurs agreacutegeacutes)

non 59

Oui 41(indicateurs de base)

1312

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Par ailleurs la faible connaissance de ces outils drsquoeacutevaluation des impacts est perccedilue par 577 des reacute-pondants comme eacutetant leur principale limite et donc comme un frein dans leur appropriation par les entre-prises Il est agrave noter que 295 des acteurs deacuteclarent ne pas utiliser drsquoindicateurs en raison de la meacutecon-naissance de ces outils

Un inteacuterecirct eacutemergent coupleacute agrave un besoin de plus drsquoaccompagnement

Parmi les reacutepondants 41 integravegrent des indicateurs de suivi dans leurs activiteacutes (Fig 1) et la totaliteacute des indicateurs utiliseacutes est constitueacutee de ce type drsquoindica-teur qui sont tregraves varieacutes et souvent deacutefinis en interne ou adapteacutes agrave lrsquoactiviteacute de lrsquoacteur Parmi les acteurs qui ont deacuteclareacute connaicirctre les outils drsquoeacutevaluation agreacute-geacutes 625 nrsquoutilisent pas drsquoindicateurs et 375 uti-lisent des indicateurs de suivi pour orienter leur stra-teacutegie biodiversiteacute

Les principales raisons pour lesquelles les outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute ne sont pas utiliseacutes par les reacutepondants sont

bull le manque de ressources neacutecessaires (financiegraveres connaissances personnel) (318)

bull la difficulteacute de mise en place (136)bull le manque drsquoencouragement etou de reacutecom-

pense pour lrsquoutilisation de ces outils (114)bull la difficulteacute agrave identifier un lien aveacutereacute avec la

biodiversiteacute bull le manque de donneacutees bull et la difficulteacute agrave collecter les donneacuteesPour les reacutepondants qui ont impleacutementeacute des outils

drsquoeacutevaluation drsquoimpacts de leur activiteacute sur la biodi-versiteacute dans leur process les principaux avantages annonceacutes sont le pilotage drsquoune strateacutegie biodiversiteacute et la mise en place des actions en faveur de la bio-diversiteacute (727) Lrsquoimage publique et les demandes des parties prenantes (citoyens clients habitants consommateurs etc) sont eacutegalement des facteurs fa-vorables agrave lrsquoutilisation des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute (485 et 515 respectivement)

Moins drsquoun tiers des reacutepondants deacuteclarent utiliser des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute sur la base drsquoune deacutemarche proactive pour prendre conscience de lrsquoimpact de lrsquoactiviteacute sur la biodiversiteacute et pour y remeacutedier (Fig 2)

Pour inciter agrave utiliser des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute lrsquoinformation et lrsquoappui agrave lrsquoappropriation agrave travers des guides deacutedieacutes semble ecirctre la mesure la plus pleacutebisciteacutee par lrsquoensemble des reacutepondants Pour les acteurs du secteur priveacute le son-dage reacutevegravele eacutegalement une vision plus pragmatique mettant en eacutevidence lrsquoimportance de la mise en place des obligations regraveglementaires accompagneacutee par lrsquoin-troduction des outils publics incitatifs (fiscaliteacute envi-ronnementale) et la possibiliteacute drsquoobtention drsquoun label Pour les acteurs publics lrsquoexistence de guides devra ecirctre renforceacutee par des engagements pour la croissance verte au niveau national alors que pour les repreacutesen-tants de la socieacuteteacute civile crsquoest la possibiliteacute drsquoobtenir un label qui est ressentie comme favorable agrave lrsquoutilisa-tion des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodi-versiteacute (Tableau 1)

Les reacutepondants estiment que les indicateurs et outils existants sont peu adapteacutes aux particulariteacutes sectorielles Ainsi un laquo indicateur ideacuteal raquo drsquoimpact sur la biodiversiteacute serait plutocirct un indicateur conccedilu par secteur drsquoactiviteacute (436 des avis) avec la prise en consideacuteration des particulariteacutes de chaque secteur Seul un quart des reacutepondants voient cet laquo indicateur ideacuteal raquo comme eacutetant drsquoapplication universelle

Lrsquoimpact du secteur des services sur la biodiversiteacute est identifieacute par les reacutepondants comme le plus com-plexe agrave estimer et agrave suivre par lrsquointermeacutediaire drsquoun indicateur Un manque de connaissance sur la traccedila-

biliteacute des impacts des fournisseurs et leur inteacutegration agrave toutes les eacutetapes de la chaicircne de production a eacutegale-ment eacuteteacute signaleacute et repreacutesente un frein Pour deacutepasser ces deacutefis les reacutepondants mettent lrsquoaccent sur le besoin de deacutevelopper une meacutethodologie facilement compreacute-hensible reacuteplicable et adaptable aux diffeacuterentes activi-teacutes Celle-ci devra ecirctre eacutegalement suffisamment simple agrave mettre en place par le personnel de lrsquoentiteacute lrsquoautre alternative pouvant ecirctre la prise en main par des ser-vices speacutecialiseacutes ayant pour but drsquoappuyer agrave lrsquoimpleacute-mentation de lrsquooutil

Des attentes fortes agrave lrsquoeacutegard des caracteacuteristiques des indicateurs

Alors que 372 des acteurs interrogeacutes deacuteclarent que les indicateurs et outils existants ne reflegravetent pas de maniegravere preacutecise lrsquoimpact sur la biodiversiteacute le son-dage reacutevegravele une prise de conscience de leur part sur la complexiteacute de la question et le besoin de deacutevelopper un outil fiable et pertinent vis-agrave-vis de la biodiversiteacute

Dans lrsquoideacuteal cet outil drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute devra ecirctre surtout robuste et rester fiable mecircme lorsque les conditions varient ceci est deacutesigneacute comme laquo tregraves important raquo ou laquo important raquo par 923 des acteurs Lrsquoindicateur ou outil ideacuteal de-vra eacutegalement ecirctre parlant et transmettre un message clair et facilement interpreacutetable une caracteacuteristique citeacutee comme laquo tregraves importante raquo par 718 des reacutepon-dants et laquo importante raquo par 192 des reacutepondants

Pour valoriser mes actions en faveur de la biodiversiteacute ou ameacuteliorer lrsquoimage

de mon activiteacute organisation

Pour prendre conscience de lrsquoimpact de mon activiteacute sur la biodiversiteacute

pour y remeacutedier

Pour piloter ma strateacutegie biodiversiteacute ou les actions que je mets en place

en faveur de la biodiversiteacute

Pour reacutepondre agrave une demande de mes parties prenantes (citoyens

clients habitants consomateurs etc)

Pour comparer lrsquoimpact de mon activiteacute avec drsquoautres entreprises

collectiviteacutes organisations

Pour obtenir des labels

Autres

0 20 40 60 80 100

FIGURE 2 LEs rAIsOns DrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute (PLUsIEUrs reacutePOnsEs POssIbLEs PAr LE MecircME reacutePOnDAnt)

10 30 50 70 90

Cl Secteur public Secteur priveacute Socieacuteteacute civile

1 Existence de guides pour des indicateurs et des outils

Existence de guides pour des indicateurs et des outils

Existence de guides pour des indicateurs et des outils

2 Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

Obligations reacuteglementaires Possibiliteacute drsquoobtenir un label

3 Possibiliteacute drsquoobtenir un label Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

4 Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

Possibiliteacute drsquoobtenir un label Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

5 Obligations reacuteglementaires Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

Obligations reacuteglementaires

CLAssEMEnt PAr OrDrE DrsquoIMPOrtAnCE DE MEsUrEs POUr InCItEr agrave LrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DE MEsUrE DrsquoIMPACt DEs ACtIvIteacutes sUr LA bIODIvErsIteacute

TABLEAU 1

1514

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Reacuteponses socieacutetales (deacutecisions et actions)

Informations

Ces deux caracteacuteristiques sont reconnues par 100 des reacutepondants comme des conditions impeacuteratives pour un outil drsquoeacutevaluation des impacts ideacuteal sur la biodiversiteacute (Fig 3)

En compleacutement par ordre drsquoimportance pour plus des trois quarts des reacutepondants lrsquooutil ideacuteal devra eacutega-lement ecirctre

bull sensible reacuteactif pour deacutetecter rapidement un changement significatif

bull inteacutegrer la prise en compte des caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques

bull ecirctre facile agrave mettre en placebull disposer drsquoune meacutethodologie simplifieacuteebull produire un reacutesultat quantitatif et mesurableEn revanche un indicateur baseacute sur lrsquoautoeacutevalua-

tion nrsquoest pas perccedilu comme ideacuteal

14 Deux cadres conceptuels majeurs pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Agrave partir des anneacutees 1990 les organisations interna-tionales et europeacuteennes deacuteveloppent des approches et des indicateurs pour eacutevaluer les performances environ-nementales des pays et lrsquointeacutegration des preacuteoccupa-tions drsquoenvironnement dans les politiques sectorielles Celles-ci serviront de base agrave lrsquoeacutelaboration drsquoindicateurs de suivi et des outils de mesure drsquoimpacts Il existe une diversiteacute drsquoapproches et de meacutethodes drsquoeacutevaluation des impacts mais deux cadres sont particuliegraverement mobi-liseacutes par les outils eacutetudieacutes ici le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et lrsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) Leur compleacutementariteacute est discuteacutee au chapitre 3 p 60

141 Le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER)

Du cadre PER agrave lrsquointeacutegration des forces motrices et des impacts

LrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomique (OCDE) publie un rapport qui reste au-jourdrsquohui une reacutefeacuterence Un indicateur y est deacutefini comme un laquo paramegravetre ou valeur calculeacutee agrave partir de paramegravetres donnant des indications sur ou deacutecrivant lrsquoeacutetat drsquoun pheacutenomegravene de lrsquoenvironnement ou drsquoune zone geacuteographique et drsquoune porteacutee supeacuterieure aux infor-mations directement lieacutees agrave la valeur drsquoun paramegravetre raquo

Trois critegraveres ideacuteaux sont preacuteciseacutes et raffineacutes en sous-critegraveres afin de seacutelectionner les indicateurs la per-tinence politique (repreacutesentativiteacute faciliteacute drsquointerpreacuteta-tion reflet des modifications de lrsquoenvironnement et des socieacuteteacutes comparabiliteacute internationale porteacutee nationale rapport agrave une valeur limite ou de reacutefeacuterence) la justesse drsquoanalyse (fondements theacuteoriques consensus inter-national rapport agrave des modegraveles eacuteconomiques et des systegravemes de preacutevision et drsquoinformation) et la mesurabi-liteacute (rapport coucirctbeacuteneacutefice raisonnable documentation disponible qualiteacute connue mise agrave jour reacuteguliegravere)

Enfin le rapport explicite le modegravele laquo Pressions ndashEacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) ndash deacuteveloppeacute initialement au

Canada au deacutebut des anneacutees 1980 (Stanners et al 2009) ndash ougrave les laquo indicateurs de pression raquo deacutecrivent les pressions exerceacutees sur lrsquoenvironnement par les acti-viteacutes humaines les laquo indicateurs drsquoeacutetat raquo deacutecrivent la qualiteacute de lrsquoenvironnement (ce sont les indicateurs lieacutes agrave la biodiversiteacute elle-mecircme) et les aspects qualitatifs et quantitatifs des ressources naturelles et les laquo indica-teurs de reacuteponse raquo correspondent aux reacuteponses de la socieacuteteacute (Fig 4)

Dans ce rapport la biodiversiteacute nrsquoest pas centrale crsquoest un des thegravemes abordeacutes parmi drsquoautres qui re-censent drsquoune part les laquo ressources naturelles raquo (eau sol forecircts) et drsquoautres part les laquo pressions raquo (chan-gement climatique eutrophisation pollution environ-nement urbain) En croisant ces thegravemes avec des activiteacutes sectorielles (agriculture industries extrac-tives meacutenages) le rapport esquisse une premiegravere matrice de correspondance laquo activiteacutes ndash pressions ndash eacutetat ndash reacuteponses raquo

Une version eacutetendue de ce modegravele drsquointeractions entre les systegravemes socio-eacuteconomiques et eacutecologiques est deacutecrite par lrsquoagence europeacuteenne de lrsquoenvironne-ment (EEA) en 1999 (European Environment Agency 1999) agrave travers le modegravele laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo (FPEIR plus connu sous lrsquoacronyme DPSIR pour Driving forces Pressures State Impact Responses)

FIGURE 3 LEs CArACteacuterIstIQUEs DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute DAns LrsquoIDeacuteAL

Eacutetat ReacuteponsesPressionsdirectes et indirectes

Activiteacutes humaines

ndash Eacutenergies ndash Transportndash Industriendash Agriculturendash Autres(production consommation commerce)

Eacutetat de lrsquoenvironnement et des ressources naturelles

ndash Air ndash Eaundash TerreSolndash Biodiversiteacutendash Ressources naturellesndash Autres(ex Santeacute humaine)

Agents eacuteconomiques et environnementaux

ndash Administrations ndash Meacutenagesndash Entreprises

ndash Localendash Nationalendash Internationale

Informations

Reacuteponses socieacutetales (deacutecisions et actions)

Deacutechets et pollution

Utilisation des ressources

FIGURE 4 CADrE PrEssIOns ndash eacutetAt ndash reacutePOnsEs SOuRcE OcDE 1993

robuste (mesure calcul de lrsquoindicateur indice restent fiables mecircme lorsque

les conditions varient)

Parlant (transmet un message clair et facilement interpreacutetable)

sensible reacuteactif (deacutetecte rapidement un changement signifiant)

Inteacutegreacute (prend en compte les caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques)

Produit un reacutesultat quantitatif et mesurable (comparable agrave la tonne

de CO2 pour lrsquoimpact climatique)

Facile agrave mettre en place (meacutethodologie simplifieacutee)

Disponible au public (en libre accegraves diffuseacute systeacutematiquement par les entreprises)

Preacutecis (faible marge drsquoincertitude ou drsquoerreur dans la mesure du pheacutenomegravene)

Obligatoire (sa mise en place est rendue obligatoire par la loi)

baseacute sur lrsquoautoeacutevaluation (lrsquoentreprise remplit un questionnaire)

0 20 40 60 80 10010 30 50 70 90

Pas important relativement important tregraves importantPeu important Important nA

1716

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Deacutefinition et caracteacuteristiques des indicateurs

Dans son rapport de 1999 lrsquoEEA souligne la fonction principale et centrale des indicateurs qui est la com-munication mais aussi un aspect essentiel qui est que les indicateurs environnementaux doivent pointer vers des aspects laquo typiques raquo ou laquo critiques raquo des relations complexes entre les espegraveces et leur environnement

En 2002 (European Environment Agency 2002) lrsquoEEA recense les indicateurs et les indices (ou indi-cateurs agreacutegeacutes) de biodiversiteacute internationaux et nationaux en les rapportant au cadre DPSIR Lrsquoeacutetude en deacutenombre 655 reacutepartis en diffeacuterentes theacutematiques (protection de la nature eacutenergie changement clima-tiques pecirccheries) Les reacutedacteurs notent deacutejagrave que les mecircmes sources de donneacutees sont utiliseacutees agrave des fins varieacutees au travers de cette grande diversiteacute drsquoindica-teurs que beaucoup drsquoindicateurs ont deacutejagrave eacuteteacute deacuteve-loppeacutes mais que peu sont utiliseacutes de faccedilon reacuteguliegravere que la complexiteacute de la biodiversiteacute et les besoins de recherche appellent agrave poursuivre le deacuteveloppement drsquoindicateurs et bien sucircr que les indicateurs choisis doivent lrsquoecirctre pour eacutevaluer lrsquoefficaciteacute des politiques environnementales europeacuteennes mais aussi pour reacute-pondre aux preacuteoccupations mondiales qui srsquoexpriment agrave travers la CDB

Lrsquoeacutetude liste aussi en se basant sur de nombreux travaux anteacuterieurs des critegraveres de seacutelection drsquoindica-teurs de biodiversiteacute Ceux-ci doivent ecirctre faciles agrave comprendre et pertinents sur le plan politique nor-matifs pour permettre la comparaison avec une situa-tion de reacutefeacuterence ou entre eacutetats solides sur le plan scientifique et statistique reacuteactifs aux changements dans le tempsespace techniquement reacutealisables et drsquoun bon rapport coucirct-efficaciteacute utilisables pour des sceacutenarios de projections futures orienteacutes utilisateurs et ils doivent fournir des informations factuelles et quantitatives permettre lrsquoagreacutegation au niveau natio-nal et multinational tenir compte de la biodiversiteacute speacutecifique agrave chaque pays

LrsquoEEA publie en 2005 son jeu central drsquoindicateurs environnementaux (European Environment Agency 2005) et propose une deacutefinition de ce qursquoest un indi-cateur diffeacuterente de celle de lrsquoOCDE laquo un indicateur est une mesure geacuteneacuteralement quantitative qui peut ecirctre utiliseacutee pour illustrer et faire connaicirctre de faccedilon simple des pheacutenomegravenes complexes y compris des ten-dances et des progregraves dans le temps raquo Notons que les indicateurs europeacuteens sont aujourdrsquohui classeacutes en cinq cateacutegories destineacutees agrave deacutecrire lrsquoeacutetat de lrsquoenviron-nement et surtout agrave eacutevaluer les politiques mises en place entremecirclant ainsi indicateurs laquo eacutecologiques raquo et indicateurs laquo socio-eacuteconomiques raquo

Atouts et limites

Le cadre PER permet de structurer les indicateurs drsquoune faccedilon qui facilite lrsquointerpreacutetation et la prise de deacutecision Toutefois si les indicateurs P E et R sont compleacutementaires ils ne sont pas lineacuteairement deacutepen-dants si les effets des pressions sont deacutecrits dans la litteacuterature scientifique ils ne sont pas simplement ad-ditifs et leurs porteacutees temporelle et spatiale pas neacuteces-sairement immeacutediates De la mecircme faccedilon une mecircme reacuteponse appliqueacutee dans des contextes diffeacuterents peut conduire agrave des changements diffeacuterents dans lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des reacuteponses peuvent ecirctre synergiques ou antagonistes etc Plus encore les reacuteponses inter-viennent agrave des eacutechelles spatiale et temporelle diffeacute-rentes et interviennent plus sur la dynamique des sys-tegravemes eacutecologiques que sur un eacutetat et cette dynamique ne deacutepend pas exclusivement des activiteacutes humaines elles-mecircmes dynamiques

Enfin les indicateurs eacutelaboreacutes dans le cadre PER ont souvent une porteacutee spatiale ou theacutematique rela-tivement restreinte (par exemple ils ne concernent qursquoune dimension de la biodiversiteacute telle que lrsquoabon-dance drsquoespegraveces) Cela peut conduire agrave neacutegliger des effets dus agrave la structure des paysages aux interactions (entre individus populations avec lrsquoenvironnement) les effets de pressions distantes (par exemple ruissel-lement de nutriments) ou dans le cas drsquoun produit ou drsquoun service agrave omettre des impacts pourtant preacutesents tout au long de son cycle de vie

Notons que le cadre PER met bien en eacutevidence entre pressions et reacuteponses le besoin de questionner lrsquoeacutetat souhaiteacute ou souhaitable la cible deacutepend de diffeacuterents objectifs eacutecologiques agrave eacutequilibrer avec des objectifs sociaux et eacuteconomiques (Levrel et al 2009)

142 Le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie des produits et services

Des ressources eacutepuisables aux impacts environnementaux

La theacuteorie de cycle de vie du produit trouve son ori-gine dans les anneacutees 1960 dans le champ de la re-cherche en eacuteconomie (Vernon 1966) pour lrsquoanalyse des changements des flux internationaux de produits manufactureacutes aux Eacutetats-Unis et des localisations de production en fonction de la demande Puis cette theacuteorie est reprise dans les anneacutees 1970 dans lrsquoap-proche analysant la demande lieacutee agrave la consommation avec les besoins en matiegraveres premiegraveres et ressources eacutenergeacutetiques toutes deux limiteacutees Crsquoest lrsquoeacutepoque de la publication du rapport The Limits to Growth (Mea-dow 1972) et de la crise peacutetroliegravere de 1973 lrsquoattention agrave lrsquoenvironnement est porteacutee sur lrsquoutilisation des res-sources eacutepuisables et la consommation drsquoeacutenergie plus

que sur les impacts environnementaux La meacutethodolo-gie de ce qui est appeleacute laquo ressource and environmental profil analysis raquo (REPA) aux Eacutetats-Unis et laquo eacutecobilan raquo en Europe srsquoaffine ensuite particuliegraverement dans le cadre des groupes de travail heacutebergeacutes par la Society of Environmental Toxicology and Chemistry (SETAC) La meacutethode prend un nouvel essor agrave la fin des anneacutees 1980 notamment lorsque les pollutions deviennent une preacuteoccupation mondiale et lorsque lrsquoEurope place la question des deacutechets solides de la consommation de matiegraveres et drsquoeacutenergie des emballages au cœur de sa politique La question de la prise en compte des im-pacts environnementaux devient essentielle et eacutevolue elle aussi (Bjoslashrn et al 2018) afin de couvrir les im-pacts sur lrsquoenvironnement naturel la santeacute humaine et les ressources naturelles Signalons lrsquoeacutemergence une deacutecennie plus tard de la notion de laquo limites planeacute-taires raquo (Rockstroumlm et al 2009) qui agrave partir du mecircme constat propose une approche diffeacuterente

En 1993 un standard meacutethodologique geacuteneacuteral de lrsquoACV est deacuteveloppeacute dans le cadre de lrsquoInternational Standards Organisation (ISO) (14040 publication 1997 mise agrave jour 2006) des standards deacutetailleacutes pour les diffeacuterentes phases du processus seront eacutegalement deacutefinis par la suite Lrsquoanalyse du cycle de vie (ACV) ndash

dont la deacutenomination a eacuteteacute stabiliseacutee en 1990 ndash y est deacutefinie (ISO 14040 2006) comme laquo la compilation et lrsquoeacutevaluation des intrants des extrants (produits matiegraveres eacutenergies) et des impacts environnementaux potentiels drsquoun systegraveme de produits au cours de son cycle de vie entendu comme les phases conseacutecutives et lieacutees drsquoun systegraveme de produits de lrsquoacquisition des matiegraveres premiegraveres ou de la geacuteneacuteration des ressources naturelles agrave lrsquoeacutelimination finale raquo Lrsquoanalyse du cycle de vie drsquoun produit ou drsquoun service est ainsi une meacutethode structureacutee et standardiseacutee au niveau international qui vise agrave estimer les impacts drsquoun produit ou drsquoun service tout le long de sa chaicircne de valeur agrave travers le temps et lrsquoespace depuis lrsquoamont neacutecessaire agrave sa production jusqursquoagrave son eacutelimination via quatre eacutetapes deacutefinition du peacuterimegravetre (objectifs de lrsquoanalyse et systegraveme eacutetudieacute) inventaire (flux de matiegraveres et drsquoeacutenergies entrants et sortants) eacutevaluation des impacts (transformation des flux en impacts) interpreacutetation des reacutesultats

Lrsquoestimation des impacts environnementaux est effectueacutee agrave partir de lrsquoinventaire en utilisant des mo-degraveles qui deacutefinissent des facteurs de caracteacuterisation lesquels lient des eacutemissions consommations activi-teacutes agrave des pressions (classification en laquo cateacutegories raquo ou midpoints) et des pressions aux impacts environne-mentaux finaux (classification en laquo atteintes raquo ou end-

Impacts intermeacutediaires

Impacts finaux ou dommages

Interventions(entreacutees sorties)

Zone de protection

Eacutemissions dans lrsquoatmosphegravere

Eacutemissions dans le sol et lrsquoeau

Occupation des sols et transformation

Eaux useacutees

Changement climatique

Changement drsquohabitat

Acidification

Eutrophication

Eacutecotoxiciteacute

Stress hydrique

Impact sur les services eacutecosysteacutemiques

Impact surla biodiversiteacute

Environnementnaturel

FIGURE 5 CADrE AnALysE DU CyCLE DE vIE SOuRcE TEIllARD et al 2016

modegraveles de caracteacuterisation

modegraveles de caracteacuterisation

1918

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

points) ndash cela par uniteacute de pression (par exemple pour un kg de ressources utiliseacutees ou un kg drsquoeacutemission) (Fig 5 Fig 6) Afin de rendre les impacts compa-rables les reacutesultats sont exprimeacutes dans une meacutetrique drsquoeacutequivalence

LrsquoACV permet aussi drsquoappliquer des facteurs de normalisation qui relient les reacutesultats de chaque cateacute-gorie drsquoimpact agrave une situation de reacutefeacuterence (souvent pour une anneacutee donneacutee et agrave lrsquoeacutechelle mondiale par exemple la consommation drsquoeau lrsquoanneacutee x) Cela per-met drsquoestimer la contribution drsquoun produit ou drsquoun service agrave cette situation de reacutefeacuterence

Le cas particulier des impacts sur la biodiversiteacute

Face agrave la multiplication des meacutethodes et outils drsquoACV le Programme des Nations-Unies pour lrsquoEnvironnement (PNUE) et la SETAC ont lanceacute en 2002 une initiative conjointe visant agrave harmoniser lrsquoapproche et agrave eacutetablir un consensus sur les modegraveles de caracteacuterisation En 2005 la Commission europeacuteenne met en place une plateforme sur lrsquoACV (European Platform on Life Cycle

Assessment ndash EPLCA) tandis que de nombreux centres de ressources se deacuteveloppent (Steacutefy 2019)

Afin drsquoinclure la biodiversiteacute dans les ACV de nombreux efforts ont porteacute sur lrsquoimpact de lrsquoutilisa-tion des terres (cateacutegorie laquo changement drsquohabitats raquo) transformation occupation et restauration influenccedilant les habitats et la biodiversiteacute Plusieurs meacutethodologies et facteurs de caracteacuterisation ont ainsi eacuteteacute deacutevelop-peacutes Pour drsquoautres cateacutegories de pressions ndash change-ment climatique utilisation de lrsquoeau eutrophisation ou acidification ndash les deacuteveloppements des modegraveles drsquoimpacts sont moins avanceacutes Certaines cateacutegories de pressions ndash espegraveces envahissantes exploitation des ressources ndash manquent quant agrave elle encore de travaux

Notons que par la diversiteacute des approches il nrsquoexiste pas de meacutethodes consensuelles pour eacutevaluer les impacts sur la biodiversiteacute Enfin une limite geacute-neacuterale reconnue des modegraveles actuels (Teillard et al 2016) et objet de nombreux travaux acadeacutemiques est la simplification des processus naturels dynamiques

Nous citons ici deux modegraveles deacuteveloppeacutes au cha-pitre 2 et une meacutethodologie mobiliseacutes dans les outils eacutevalueacutes

bull meacutethode ReCiPe qui permet drsquoexprimer une perte potentielle drsquoespegraveces (Potentially Disappeared Fraction of species ndash PDF)

bull modegravele GLOBIO3 qui permet drsquoexprimer une abondance moyenne drsquoespegraveces (Mean Species Abun-dance ndash MSA) par rapport agrave une reacutefeacuterence

bull meacutethodologie LC-IMPACT spatialiseacutee qui per-met lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact sur les eacutecosystegravemes ex-primeacutee en une perte potentielle drsquoespegraveces (Potentially Disappeared Fraction of species ndash PDF)

En matiegravere drsquoeacutevaluation des impacts de lrsquoutilisation des terres plusieurs modegraveles se basent sur les hypo-thegraveses formuleacutees agrave partir de la theacuteorie aire-espegraveces (specie-area relationship ndash SAR) plus une surface est grande plus la diversiteacute drsquohabitats est grande et plus le nombre drsquoespegraveces est grand et plus une surface est grande plus les populations sont de tailles impor-tantes limitant le risque drsquoextinction Ces hypothegraveses permettent drsquoeacutetablir des facteurs de caracteacuterisation liant la surface de terres utiliseacutees agrave la biodiversiteacute

Lrsquoinitiative PNUE-SETAC se penche entre autres sur ces meacutethodes drsquoeacutevaluation des impacts de lrsquoutili-sation des terres sur la biodiversiteacute et permet drsquoaffiner des points speacutecifiques irreacuteversibiliteacute des impacts heacute-teacuterogeacuteneacuteiteacute spatio-temporelle de leur reacutepartition clas-sification harmoniseacutee de lrsquoutilisation des terres etc

Des travaux scientifiques sont eacutegalement en cours afin drsquoestimer non plus la somme des pressions exer-ceacutees (approche cumulative) par les activiteacutes humaines dans diffeacuterentes reacutegions du monde mais les interac-tions entre pressions (addition synergie voire anta-gonisme) et leurs contributions relatives aux change-ments observeacutes de biodiversiteacute Des travaux (Bowler et al 2020) spatialiseacutes srsquointeacuteressent ainsi aux cinq grandes pressions citeacutees preacuteceacutedemment leurs distribu-tions leurs recoupements leurs intensiteacutes et les effets de leurs combinaisons Ils permettent de visualiser les diffeacuterentes reacutegions du monde avec le prisme de onze laquo complexes de menaces anthropiques raquo srsquoexerccedilant tant sur les biomes terrestres que marins et ils deacutetaillent les relations entre les pressions en fonction des latitudes des milieux et des histoires drsquooccupation des sols par les humains Ces travaux soulignent agrave quel point il est important de prendre en compte toutes les pres-sions qui srsquoexercent agrave un niveau reacutegional voire local

Ils deacutemontrent eacutegalement que la focalisation sur une ou deux pressions peut masquer un facteur essentiel de changement de la biodiversiteacute En effet les pres-sions sont correacuteleacutees entre elles et leurs influences sur les mesures et facteurs de changement sont lieacutees Agrave cela srsquoajoute la sensibiliteacute variable des espegraveces aux pressions

Atouts et limites

Un atout du cadre de lrsquoACV est son approche holis-tique (tous les stades de vie des produits et services) et sa souplesse quant aux peacuterimegravetres spatio-temporels de lrsquoeacutevaluation des impacts (eacutetapes hors du cycle et du moment de production eacuteloigneacutees ou diffeacutereacutees dans le temps) Son utilisation est reacutepandue pour lrsquoeacutevaluation de performances environnementales (eacutemission de gaz agrave effet de serre utilisation drsquoeacutenergies fossiles) son utilisation pour lrsquoeacutevaluation des impacts sur la biodi-versiteacute pourrait assurer une coheacuterence de la deacutemarche des acteurs ndash coheacuterence qui pourrait ecirctre renforceacutee par lrsquoadoption de modegraveles et de facteurs de caracteacuterisation communs

Toutefois il est difficile drsquoavoir la mecircme preacutecision agrave tous les niveaux de lrsquoACV par exemple en combinant un large peacuterimegravetre spatial des informations deacutetailleacutees sur lrsquoutilisation des terres en diffeacuterents points et des in-formations deacutetailleacutees sur les taxons impacteacutes Drsquoautre part en fonctions des meacutethodes employeacutees les fac-teurs de caracteacuterisation sont disponibles pour lrsquoeacutechelle globale ou par pays et sont absentes pour les eacutechelles plus fines De plus les meacutethodes largement utiliseacutees pour eacutevaluer les impacts sur la biodiversiteacute srsquointeacute-ressent agrave la composition speacutecifique (richesse ou abon-dance) neacutegligeant les aspects fonctionnels structurels et eacutevolutifs Des travaux sont cependant en cours pour mieux prendre cela en compte (par exemple functio-nal diversity indicator net primary production factor) La couverture taxonomique est aussi en cours de com-pleacutetion ndash plantes vasculaires essentiellement oiseaux mammifegraveres amphibiens et arthropodes dans une moindre mesure ndash les taxons reacutepondant diffeacuteremment aux pressions Enfin les eacutetudes ACV neacutecessitent de grandes quantiteacutes de donneacutees qui ne sont pas toujours disponibles ndash malgreacute la multiplication des bases geacuteneacute-ralistes et sectorielles ndash pour que les modegraveles des fac-teurs de caracteacuterisation soient preacutecis

Modegravele drsquoimpactImpacts intermeacutediaires (midpoints) Dommage (endpoints)

Particules fines

Ozone troposheacuterique (humain)

Rayonnement ionisant

Appauvrissement de la couche drsquoozone

Toxiciteacute humaine (cancer)

Toxiciteacute humaine (autre que cancer)

Reacutechauffement climatique

Usage des eaux

Ecotoxiciteacute aquatique

Eutrophisation des eaux douces

Ozone troposheacuterique (env)

Ecotoxiciteacute terrestre

Acidification des milieux

Utilisation transformation des terres

Ecotoxiciteacute marine

Eutrophisation marine

Ressources mineacuterale

Ressources fossiles

Augmentation du nombre des maladies respiratoires

Augmentation du nombre de divers types de cancer

Augmentation du nombre drsquoautres maladies

Augmentation de la malnutrition

Dommages aux espegraveces drsquoeau douce

Dommages aux espegraveces terrestres

Dommages aux espegraveces marines

Augmentation des coucircts drsquoextraction

Coucircts des eacuternergies fossiles

Santeacute humaine

Environnement(biodiversiteacute)

Disponibiliteacute des ressources

FIGURE 6 APErccedilU DEs CAteacutegOrIEs AUx IMPACts IntErMeacuteDIAIrEs DAns LE CADrE DE LA MeacutethODOLOgIE rECIPE2016 Et LEUr trAnsCrIPtIOn En DOMMAgEs sUr LrsquoEnvIrOnnEMEnt SOuRcE HuIjbREgTS et al 2017

2120

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Existe-t-il un indicateur laquo ideacuteal raquo de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Est-il possible drsquoadopter une deacutemarche eacutequivalente agrave celle de lrsquoempreinte carbone Pousseacutes notamment par les pouvoirs publics et le Plan biodiversiteacute du 4 juillet 2018 au niveau national les entreprises collectiviteacutes et autres acteurs eacuteconomiques se sont empareacutees de cette question Mais les indicateurs de biodiversiteacute et les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines existants sont-ils pertinents et robustes vis-agrave-vis de la biodiversiteacute lrsquoensemble de ses dimensions et la complexiteacute des pheacutenomegravenes biologiques qui en sont agrave lrsquoorigine Quels cadres conceptuels mobilisent ces indicateurs sur quels modegraveles reposent-ils et agrave quel secteur drsquoactiviteacutes srsquoadressent-ils Pour reacutepondre en partie agrave ces questionnements sept outils de mesure les plus aboutis dans leur deacuteveloppement au moment des Journeacutees FRB 2019 ont eacuteteacute eacutevalueacutes par des eacutecologues et eacuteconomistes Sont preacutesenteacutes dans ce chapitre des eacuteleacutements issus des eacutevaluations scientifiques complegravetes des outils de mesure (voir Indicateurs et outils de mesure ndash Eacutevaluations scientifiques de sept indicateurs inteacutegratifs)

2

2322

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

21 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute est-il possible drsquoadopter la mecircme deacutemarche que pour le climat

211 Le modegravele du changement climatique et de lrsquoeacutequivalent carbone

Le Plan biodiversiteacute du 4 juillet 2018 (Ministegravere de la transition eacutecologique et solidaire 2018) appelle dans son objectif 25 ndash Mobiliser les entreprises laquo agrave deacutefinir un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute comparable agrave la tonne de CO2 pour lrsquoimpact climatique raquo En effet la prise en compte du changement climatique a conduit agrave une politique internationale de stabilisation voire de reacuteduction des eacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) drsquoorigine anthropique ndash mateacuterialiseacutee par la Convention cadre des Nations unies sur les changements clima-tiques (CCNUCC) issue du Sommet de Rio en 1992

Des meacutethodes ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees afin de quan-tifier des flux drsquoeacutemissions de GES anthropiques et de les caracteacuteriser agrave lrsquoaide drsquoun indicateur drsquoimpact De faccedilon simplifieacutee des facteurs drsquoeacutemission permettent de convertir des donneacutees drsquoactiviteacutes en eacutemissions de GES Les eacutemissions des diffeacuterents GES sont exprimeacutees en laquo eacutequivalent CO2 raquo (uniteacute de mesure) ndash le CO2 eacutetant le GES anthropique ayant lrsquoimpact le plus important sur le climat (Ademe 2016) ndash en fonction de leur pou-voir radiatif (pouvoir de reacutechauffement global PRG) crsquoest-agrave-dire lrsquoimpact drsquoun gaz donneacute sur le reacutechauf-fement climatique par rapport au CO2 agrave lrsquohorizon de 100 ans Le PRG est lrsquoindicateur drsquoimpact le plus cou-ramment retenu dans les rapports et traiteacutes interna-tionaux Les valeurs de PRG pour diffeacuterents GES sont actualiseacutees et publieacutees dans les rapports du GIEC

Agrave partir de lagrave il est possible de proceacuteder agrave une quantification des impacts environnementaux en se focalisant sur les eacutemissions de gaz agrave effets de serre Plusieurs approches sont compleacutementaires

bull Reacutealiser un laquo inventaire raquo Au niveau national il permet de calculer des quantiteacutes de GES eacutemises agrave lrsquointeacuterieur du pays et ainsi de rapporter annuellement dans le cadre des obligations de la CCNUCC

bull Calculer une laquo empreinte carbone raquo agrave partir drsquoune meacutethode standardiseacutee drsquoanalyse input-output Cette em-preinte couvre le CO2 le meacutethane (CH4) et le protoxyde drsquoazote (N2O) trois gaz qui repreacutesentent 96 des eacutemis-sions des sept GES pris en compte pour le protocole de Kyoto Au niveau national elle permet un calcul des GES induits par la demande inteacuterieure du pays (eacutemis-sions des meacutenages de la production inteacuterieure de biens et de services hors exportations associeacutees aux biens et services importeacutes) Lrsquoempreinte carbone fait partie des dix indicateurs de deacuteveloppement durable nouveaux indicateurs de richesse qui complegravetent le PIB

bull Effectuer un laquo bilan GES reacuteglementaire raquo (Loi no 2015-992 du 17 aoucirct 2015) Il permet de diagnosti-quer pour des acteurs publics et priveacutes les eacutemissions de gaz agrave effet de serre en vue drsquoengager leur reacuteduc-tion Ainsi les entreprises de plus de 500 salarieacutes les collectiviteacutes de plus de 50 000 habitants les eacutetablisse-ments publics de plus de 250 agents et les services de lrsquoEacutetat doivent rendre compte de leurs eacutemissions avec une peacuteriodiciteacute de trois ou quatre ans

bull Reacutealiser un laquo Bilan Carbonereg raquo agrave partir drsquoune meacute-thodologie deacuteposeacutee (voir Ademe et Association Bilan Carbone) et adosseacutee agrave une seacuterie drsquooutils et de don-neacutees tels le bilan GES reacuteglementaire lrsquoISO 14069 deacutedieacute ou le Greenhouse Gas Protocol Il permet drsquoeacutevaluer la quantiteacute de gaz agrave effet de serre eacutemise (ou capteacutee) dans lrsquoatmosphegravere sur une anneacutee par les activiteacutes drsquoune organisation ou drsquoun territoire (Ademe Bilans GES)

Les diffeacuterentes meacutethodes de calcul mises en œuvre preacutesentent comme pour tout calcul drsquoindicateur des biais meacutethodologiques opeacuterationnels de calculs mais aussi des biais conceptuels Parmi ces derniers citons le lissage agrave 100 ans du PRG du meacutethane (CH4) plus intense que celui du CO2 mais de moindre dureacutee de vie dans lrsquoatmosphegravere citons aussi lrsquohypothegravese forte de neacute-gliger des interactions et reacutetroactions avec la biodiversiteacute et des pheacutenomegravenes naturels (vapeur drsquoeau captage ou relargage par les tourbiegraveres ou les forecircts en fonction du temps absorption oceacuteanique eacuteruptions volcaniques)

Cette approche par laquo lrsquoeacutequivalent carbone raquo preacute-sente lrsquointeacuterecirct de laquo reacuteduire raquo des donneacutees tregraves varieacutees en une grandeur unique exprimeacutee en une uniteacute facile-ment compreacutehensible

Agrave partir de lagrave il en deacutecoule plusieurs utilisations depuis lrsquoeacutechelle drsquoune organisation ndash dont les entre-prises ou les collectiviteacutes ndash jusqursquoau pays voire au monde reacutepondre agrave la reacuteglementation lorsque neacuteces-saire identifier des postes drsquoeacutemission et envisager les actions pour les reacuteduire eacutevaluer la contribution na-tionale au reacutechauffement climatique global apporter des compleacutements drsquoinformation agrave lrsquoanalyse des flux de biens et de services (par exemple analyse de variation de la composition de lrsquoempreinte en GES pays impor-tateur ou exportateur de GES) piloter une politique environnementale (par exemple loi de transition eacutener-geacutetique pour la croissance verte fiscaliteacute carbone stra-teacutegie nationale de transition eacutenergeacutetique pour un deacuteve-loppement durable strateacutegie nationale bas carbone) se deacutemarquer communiquer sensibiliser ou encore peser dans les neacutegociations internationales

La similitude des besoins des acteurs face au changement climatique et agrave lrsquoeacuterosion de la biodiver-siteacute ndash rendre compte agrave lrsquoEacutetat piloter une strateacutegie de reacuteduction communiquer ndash amegravene agrave questionner la possibiliteacute de transposer le modegravele de lrsquoeacutequivalent car-bone agrave la biodiversiteacute

212 Le cas de la biodiversiteacute emboicirctements et facettes

Pour appliquer la mecircme deacutemarche dans le champ de la biodiversiteacute il faut pouvoir deacutefinir pour un laquo objet de biodiversiteacute raquo particulier une laquo composante raquo de la biodi-versiteacute (par exemple un groupe taxonomique drsquoarbres) une grandeur physique agrave mesurer une proprieacuteteacute mesu-rable ou laquo meacutetrique raquo (par exemple le nombre drsquoespegraveces de ce groupe) et un indicateur (par exemple la richesse taxonomique) (Pelletier et al 2011)

Cela suppose de revenir agrave une deacutefinition de la bio-diversiteacute Celle-ci peut ecirctre deacutefinie dans une vision inteacutegrative comme la diversiteacute biologique dans ses diffeacuterents niveaux drsquoorganisation (gegravene individu es-pegravece population communauteacute habitat eacutecosystegraveme paysage) ses diffeacuterentes dimensions (composition structure fonction etc) (Noss 1990) les interactions entre individus espegraveces etc et avec lrsquoenvironnement et la dimension eacutevolutive (au sens darwinien) ndash que lrsquoon peut repreacutesenter de faccedilon emboicircteacutee (Fig 6)

La diversiteacute du vivant pose un premier deacutefi que no-tait deacutejagrave Buffon en 1749 (de Buffon 1749) la difficile

identification et systeacutematisation de ses composantes Outre la multipliciteacute des concepts drsquoespegravece la taxono-mie est reacuteguliegraverement reacuteviseacutee avec la prise en compte de nouvelles donneacutees ou systegravemes de classification

Il srsquoagit ensuite de deacutefinir quoi mesurer et com-ment mesurer la diversiteacute Difficile de mesurer toutes les proprieacuteteacutes du vivant ndash des gegravenes aux eacutecosystegravemes Cela amegravene agrave faire des choix en termes de compo-sants et de meacutetriques en argumentant leur repreacutesenta-tiviteacute ndash neacutecessairement partielle (Casetta et al 2019) Ainsi srsquointeacuteresser au nombre drsquoespegraveces est une faccedilon drsquoestimer la biodiversiteacute (lrsquoeacutevaluation se confond alors avec lrsquoinventaire) mais les espegraveces ne sont pas toutes connues elles nrsquoont pas toutes le mecircme rocircle dans un eacutecosystegraveme et cela ne rend pas compte des interac-tions des organismes entre eux et avec leur environne-ment (agrave lrsquoeacutechelle des gegravenes des communauteacutes et des eacutecosystegravemes) du fonctionnement des organismes agrave la base des processus eacutecologiques (prise en compte des traits fonctionnels) du caractegravere dynamique de ces interactions des meacutecanismes drsquoadaptation (pheacutenoty-piques geacuteneacutetiques comportementaux composition des communauteacutes) ni de lrsquoeacutevolution au sens darwi-

Types

de paysagePatte

rns

des paysa

ges

Processus paysagers et perturbations

Utilisation des terres

Communauteacute

EcosystegravemesPhysionomie

Structu

re de lrsquohabita

t

Processus eacutecosysteacutemiqueInteractions

interspeacutecifiques

Espegraveces

PopulationsStru

cture

de la populatio

n

Cycles biologiquesProcessus

deacutemographiques

GegravenesStructu

re

geacuteneacutetique

Processus geacuteneacutetique

Structu

relleCompositionnelle

Fonctionnelle

FIGURE 7 COMPOsItIOn strUCtUrE Et FOnCtIOn DE LA bIODIvErsIteacute PreacutesEnteacuteEs COMME DEs sPhegraverEs IntErCOnnEC-teacuteEs EngLObAnt PLUsIEUrs nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn SOuRcE NOSS 1990 TRAD VIMAl 2010

2524

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

nien passeacutee et potentielle parfois laquo rapide raquo (quelques geacuteneacuterations) des organismes ndash tout cela constituant pourtant ensemble les bases de la biodiversiteacute

Le peacuterimegravetre spatial et temporel de la collecte de donneacutees pose aussi questions comment deacuteduire une geacuteneacuteraliteacute agrave partir drsquoun eacutechantillon comment tenir compte des connexions entre des espaces comment tenir compte des latences et de la stochasticiteacute des pheacutenomegravenes biologiques comment rendre compte de lrsquoemboicirctement des eacutechelles de lrsquoeffet du niveau drsquoor-ganisation supeacuterieur (par exemple effet de la structure du paysage) etc

La notion drsquoeacutequivalence qui se rencontre aussi dans lrsquoapproche climatique peut ecirctre questionneacutee comment ramener des mesures effectueacutees dans des eacutecosystegravemes agrave des eacutequivalents drsquoautres eacutecosystegravemes agrave combien drsquohectares de forecircts dites primaires corres-pond un hectare de prairies agrave combien drsquoeacutequivalents oiseaux correspond une colonie drsquoabeilles sauvages

Enfin collecter les donneacutees sur des organismes vivants reste une difficulteacute Ceux-ci sont plus ou moins mobiles accessibles (cas des fonds marins par exemple) Ces donneacutees sont neacutecessaires aux dif-feacuterents niveaux drsquoorganisation deacutecrits preacuteceacutedemment et doivent ecirctre acquises dans des conditions qui per-mettent de les mutualiser (protocoles et meacutethodes)

Il existe bien sucircr plusieurs cadres conceptuels et meacutethodologiques pour reacutepondre agrave ces deacutefis divers modegraveles matheacutematiques et mesures statistiques de la diversiteacute (indice de Shannon de Hill de Gini etc) plusieurs propositions pour eacutetablir le choix de com-posantes (espegraveces rares espegraveces bioindicatrices) et autant de propositions de meacutetriques Pour ce qui concerne le choix de composantes et de meacutetriques citons la proposition facilement accessible et appro-priable par les acteurs de deacutefinir des laquo variables es-sentielles de biodiversiteacute raquo (Pereira et al 2013) qui sera abordeacutee au chapitre 3

Des auteurs acadeacutemiques soutiennent que de la mecircme maniegravere que la communauteacute scientifique tra-vaillant sur le changement climatique utilise un in-dicateur (changement de la tempeacuterature mondiale moyenne) et un objectif (augmentation maximale de 2degC par rapport aux niveaux preacuteindustriels) comme viseacutee pour lrsquoaction politique il est neacutecessaire de four-nir un laquo objectif biodiversiteacute raquo avec un indicateur fa-cile agrave mesurer agrave court terme et facile agrave communiquer (Rounsevell et al 2020) Ils proposent une mesure ba-seacutee sur le taux drsquoextinction des espegraveces (taux drsquoextinc-tion ou nombre drsquoespegraveces eacuteteintes par an) ndash meacutetrique largement utiliseacutee depuis des anneacutees ndash avec lrsquoobjectif de maintenir les extinctions drsquoespegraveces en dessous de 20 par an au cours des 100 prochaines anneacutees cela dans les grands groupes taxonomiques (champignons plantes inverteacutebreacutes et verteacutebreacutes) et pour tous les types drsquoeacutecosystegravemes (marins drsquoeau douce et terrestres)

Deux arguments fondent la proposition drsquoune part lrsquoextinction drsquoune espegravece repreacutesente la perte irreacutever-sible drsquoune diversiteacute geacuteneacutetique unique et une reacuteduc-tion mesurable de la diversiteacute de la vie sur Terre drsquoautre part crsquoest un pheacutenomegravene largement compris par le public facile agrave meacutediatiser et agrave priori feacutedeacuterateur pour limiter lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

Lrsquoambition afficheacutee est drsquoutiliser un indicateur de porteacutee moins scientifique que politique pour catalyser les efforts des deacutecideurs et des publics en faveur de la biodiversiteacute et de sa preacuteservation pour mettre aux agendas mondiaux et nationaux un laquo objectif biodi-versiteacute raquo

La deacutemarche ne vise ainsi pas explicitement agrave re-preacutesenter toutes les dimensions de la biodiversiteacute et les auteurs reconnaissent qursquoune telle mesure unique dissimulera ineacutevitablement les dispariteacutes spatiales les complexiteacutes des systegravemes eacutecologiques et neacutecessitera au-delagrave de son aspect laquo figure de proue raquo drsquoecirctre accom-pagneacutee par un panel drsquoautres indicateurs renseignant plus complegravetement sur lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute et les pressions Ils signalent que le fait drsquoatteindre un tel objectif de reacuteduction du taux drsquoextinction des espegraveces nrsquoempecircchera pas de constater des changements dom-mageables de biodiversiteacute (perte de population et de diversiteacute geacuteneacutetique alteacuteration du fonctionnement des eacutecosystegravemes et reacuteduction des services eacutecosysteacutemiques associeacutes) Ces preacutecautions quant agrave lrsquousage de cet indicateur sont compleacuteteacutees par drsquoautres chercheurs qui pointent les difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoeacutechelle temporelle drsquoune telle mesure (lrsquoextinction drsquoune espegravece peut ecirctre plus ou moins rapide) agrave la connaissance imparfaite du vivant (les espegraveces ne sont pas toutes connues cer-tains taxons sont plus suivis que drsquoautres) qui rend lrsquoobjectif difficile agrave harmoniser entre les groupes taxo-nomiques Ils rappellent eacutegalement que lrsquoextinction fait partie des dynamiques naturelles de la biodiversi-teacute Enfin ils ajoutent qursquoil ne srsquoagit pas drsquoune mesure eacutequitable entre reacutegions du monde en termes drsquoefforts agrave fournir et de reacutesultats agrave atteindre les espegraveces vul-neacuterables ont deacutejagrave disparu de nombreux pays ancien-nement industrialiseacutes tandis qursquoelles restent encore agrave recenser ndash et agrave proteacuteger ndash dans des pays en voie drsquoindustrialisation

La mesure de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute reste ainsi dif-ficile eacutetant donneacutee la complexiteacute des systegravemes eacutecolo-giques et la connaissance scientifique incomplegravete de ceux-ci il nrsquoexiste pas de laquo valeur absolue raquo ou laquo drsquoeacutequi-valent biodiversiteacute raquo Il nrsquoest peut-ecirctre finalement pas souhaitable de reacuteduire lrsquoimpact sur la biodiversiteacute agrave un indicateur unique tel qursquoil existe pour le climat Les indicateurs et les cadres drsquoeacutevaluation de la biodiversiteacute ndash ou des impacts sur la biodiversiteacute ndash preacutesentent des avantages mais aussi des limites La connaissance de ces limites est aussi didactique que la valeur de lrsquoindi-cateur et est essentielle pour bien lrsquointerpreacuteter

22 Le deacuteveloppement drsquoune meacutethodologie drsquoeacutevaluation comme tentative de reacuteponse

Depuis 2012 la FRB mobilise son expertise et des experts acadeacutemiques pour eacutevaluer de faccedilon indeacutepen-dante la construction les donneacutees utiliseacutees la robus-tesse la fiabiliteacute et la sensibiliteacute la pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute des indicateurs de lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) piloteacute par lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB ex-AFB) La FRB a ainsi deacuteveloppeacute une meacutethode originale drsquoeacutevaluation scientifique de ces indicateurs de suivi tels qursquoexplici-teacutes dans le chapitre 1

Dans le cadre de cette eacutetude la FRB a donc remo-biliseacute son expertise pour adapter la grille drsquoeacutevalua-tion des indicateurs de lrsquoONB aux outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes anthropiques sur la biodiversiteacute

et agrave leur complexiteacute afin de conduire une eacutevaluation scientifique externe Cette meacutethode drsquoeacutevaluation a eacuteteacute envisageacutee comme une tentative de reacuteponse aux ques-tionnements des diffeacuterents acteurs (entreprises collec-tiviteacutes territoriales institutions financiegraveres politiques etc) sur la creacuteation la pertinence et lrsquoutilisation drsquoun indicateur unique et ideacuteal drsquoimpact sur la biodiversi-teacute ndash avec lrsquoambition de faire dialoguer les utilisateurs drsquoindicateurs (qursquoils soient laquo simples raquo ou agreacutegeacutes) ou drsquooutils dans une approche science-socieacuteteacute

In fine lrsquoeacutevaluation scientifique externe indeacute-pendante a porteacute sur sept outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Elle expose les donneacutees et modegraveles mobiliseacutes les avantages les limites la pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute et le potentiel en matiegravere drsquoaide agrave la deacutecision de ces sept outils de mesure

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Product Biodiversity Footprint (PBF)

Conception I Care amp Consult SayariObjectif permettre la comparaison des impacts sur la biodiversiteacute entre des variantes drsquoun pro-duit donneacute

La meacutethodologie du PBF se base sur le modegravele Analyse du cycle de vie (ACV) en mobilisant la meacutethode spatialiseacutee du Life Cycle Impact Assessment (LC-IMPACT) La meacutethodologie employeacutee combine lrsquoACV et les connaissances actuelles en matiegravere drsquoimpacts drsquoactiviteacutes sur la biodiversiteacute pour raffiner les impacts dus agrave lrsquouti-lisation des terres Une correction des facteurs ACV classique est alors reacutealiseacutee sur deux axes prise en compte des pratiques laquo non visibles raquo dans le cadre de lrsquoACV et prise en compte drsquoune granulariteacute geacuteographique plus fine sur la sen-sibiliteacute et la richesse des milieux impacteacutes Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF)

Global Biodiversity Score TM (GBS)

Conception Caisse des deacutepocircts filiale Biodiver-siteacute (CDC-Biodiversiteacute)Objectif eacutevaluer lrsquoempreinte biodiversiteacute des entreprises et des investissements

La meacutethodologie du GBS se base sur le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) en mobili-sant Exiobase pour les liens entre activiteacutes et pressions et GLOBIO pour les liens entre pres-sions et impacts Lrsquooutil utilise eacutegalement une approche hybride en inteacutegrant lorsqursquoelles sont disponibles des donneacutees reacuteelles agrave chaque eacutetape de lrsquoeacutevaluation Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune abondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA)

Biodiversity Impact Metric (BIM)

Conception Cambridge Institute for Sustain-ability Leadership (CISL)Objectif fournir une eacutevaluation des impacts des produits sur la biodiversiteacute

La meacutethodologie du BIM se base sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) croiseacute avec le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pres-sure State Response PSR)

Centreacutee sur la mesure de lrsquoimpact de lrsquoutili-sation des terres pour la production de matiegraveres premiegraveres elle permet de deacuteterminer cet im-pact en pondeacuterant la superficie neacutecessaire aux activiteacutes par lrsquoincidence sur la proportion de biodiversiteacute perdue (quantiteacute) et lrsquoimportance relative de la biodiversiteacute perdue (qualiteacute) Au moment de lrsquoeacutevaluation plusieurs meacutethodolo-gies sont documenteacutees lrsquoune repose sur lrsquouti-lisation du modegravele de calcul de lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abun-dance MSA) lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (biodiversity intactness index BII)

Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI)

Conception ASN Bank CREM consultant PReacute SustainabilityObjectif calculer lrsquoimpact des investissements financiers sur la biodiversiteacute

La meacutethodologie du BFFI se base sur le modegravele Analyse du cycle de vie (ACV) lrsquooutil est ainsi conccedilu pour fournir une vision holistique de lrsquoimpact des activiteacutes des entreprises dans les-quelles les institutions financiegraveres investissent en analysant les externaliteacutes Celles-ci sont quantifieacutees en mobilisant les donneacutees drsquoExio-base Lrsquooutil srsquoappuie ensuite sur la meacutethode ReCiPe pour convertir les donneacutees de cycle de vie en impacts avant in fine drsquointerpreacuteter lrsquoim-pact des investissements sur la biodiversiteacute Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF)

Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric

Conception Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)Objectif eacutevaluer lrsquoimpact drsquoinvestissements financiers sur la biodiversiteacute notamment ceux en faveur de la protection de la biodiversiteacute

La meacutethodologie du STAR se base sur le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) Pour le calcul ex-ante elle permet de combiner pour des sites drsquointeacuterecirct et certains taxa la proportion de popu-lation drsquoune espegravece sur ces sites pondeacutereacutee par sa cateacutegorie de la Liste rouge des espegraveces deacuteve-loppeacutee par lrsquoUICN et pondeacutereacutee par la contri-bution relative de chaque pression (porteacutee et seacuteveacuteriteacute) au risque drsquoextinction Lrsquoensemble est sommeacute pour fournir lrsquoindicateur Au moment de lrsquoeacutevaluation un module meacutethodologique pour le calcul ex-post eacutetait en deacuteveloppement

Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

Conception Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)Objectif eacutevaluer les changements de biodiver-siteacute sur les sites drsquoexploitation drsquoune entreprise et drsquoeacutevaluer les risques pour la biodiversiteacute de futurs projets

La meacutethodologie du BIRS srsquoinscrit dans le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) et repose sur plusieurs eacutetapes identification et deacutelimita-tion des diffeacuterents habitats qui composent un site estimation de la superficie totale pour chaque type drsquohabitat deacutetermination drsquoun fac-teur de contexte de lrsquohabitat eacutevaluation de lrsquoeacutetat de chaque habitat et attribution drsquoune classe de condition puis combinaison des in-formations pour deacutefinir une classe drsquoeacutetat de la biodiversiteacute du site pour chaque site opeacuteration-nel eacutevalueacute ndash avec une possibiliteacute drsquoagreacuteger au niveau de lrsquoentreprise

Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC)

Conception UN Environment Programme World Conservation Monitoring Centre (UNEP-WCMC) Conservation International Fauna amp Flora InternationalObjectif eacutevaluer le risque pour la biodiversiteacute au regard des impacts potentiels drsquoactiviteacutes sur un site drsquoexploitation et les reacuteponses mises en œuvre

La meacutethodologie du BIEC srsquoinscrit dans le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) et repose sur trois eacutetapes une analyse spatialiseacutee de la sen-sibiliteacute en termes de biodiversiteacute de sites drsquoex-ploitation en combinant des donneacutes locales et globales la deacutetermination de scores drsquoeacutetat et de pression en concertation avec des acteurs lo-caux lrsquoagreacutegation des scores en tableau de bord au niveau des sites mais eacutegalement au niveau drsquouniteacute de production voire de lrsquoentreprise

222 Une description succincte des sept outils eacutevalueacutes

221 Le choix des outils agrave eacutevaluer

Lrsquoeacutequipe projet a drsquoabord effectueacute un travail de recense-ment des outils existants puis seacutelectionneacute sept outils de mesure de lrsquoimpact sur la biodiversiteacute en tenant compte

bull du niveau de deacuteveloppement outils utilisables en routine ou en phase de deacuteveloppement suffisamment avanceacutee pour ecirctre eacutevalueacutes

bull de lrsquointeacuterecirct aux secteurs citeacutes dans les actions 31 et 32 du Plan biodiversiteacute du 18 juillet 2018 bacirctiments et mateacuteriaux agro-alimentaire eacutenergie chimie et finance

bull du caractegravere potentiellement laquo geacuteneacuteralisable raquo agrave plusieurs secteurs drsquoactiviteacute et du potentiel eacuteventuel drsquoadaptation agrave des collectiviteacutes territoriales

bull de la couverture de diffeacuterentes eacutechelles drsquoorgani-sation eacuteconomique produit site uniteacute drsquoactiviteacute eacuteco-nomique entreprise collectiviteacute et pays

Un premier constat a eacuteteacute reacutealiseacute au moment de lrsquoeacutevaluation les outils eacutetaient essentiellement destineacutes au secteur priveacute marchand et peu ou pas aux collecti-viteacutes Drsquoautre part il nrsquoy avait pas au moment de ce recensement drsquooutils deacutedieacutes speacutecifiquement aux sec-teurs agro-alimentaire chimie et eacutenergie suffisamment aboutis ou testeacutes pour ecirctre eacutevalueacutes

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

223 Le cadre de reacutefeacuterence et les items de lrsquoeacutevaluation

Les organisations agrave lrsquoorigine des outils de mesure drsquoimpacts sur la biodiversiteacute eacutevalueacutes dans cette eacutetude adoptent sensiblement les mecircmes grandes approches conceptuelles pour deacutevelopper leurs actions

Drsquoabord elles se basent sur une deacutefinition com-mune de la diversiteacute biologique en se reposant sur lrsquoarticle 2 de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) (Nations unies 1992) La diversiteacute biologique y est deacutefinie comme la laquo variabiliteacute des organismes vivants de toute origine y compris entre autres les eacutecosystegravemes terrestres marins et autres eacutecosystegravemes aquatiques et les complexes eacutecologiques dont ils font partie cela comprend la diversiteacute au sein des espegraveces et entre espegraveces ainsi que celle des eacutecosystegravemes raquo

Ensuite elles srsquoappuient sur les terminologies de lrsquoOCDE ou de lrsquoEEA deacutecrite au chapitre 1 pour deacutefinir ce qursquoest un laquo indicateur raquo De plus elles mobilisent de faccedilon plus ou moins explicite remanieacutee ou combi-neacutee avec les attentes des utilisateurs de leurs outils les critegraveres de seacutelection drsquoindicateurs de lrsquoOCDE et de lrsquoEEA essentiellement politiques pour en faire des critegraveres souhaiteacutes de leurs outils Enfin il y a un fort recoupement entre les bases de donneacutees utiliseacutees pour alimenter ces outils

Lrsquoeacutequipe projet en se basant sur lrsquoexpertise deacuteve-loppeacutee dans le cadre des travaux avec lrsquoONB a pro-poseacute une eacutevaluation reposant sur des concepts et des critegraveres surtout mobiliseacutes dans le champ scientifique

bull La biodiversiteacute est entendue comme la diversiteacute biologique dans ses diffeacuterents niveaux drsquoorganisation (gegravene individu espegravece population communauteacute habitat eacutecosystegraveme paysage) ses diffeacuterentes dimen-sions (composition structure fonction etc) (Noss 1990) les interactions entre individus espegraveces etc et avec lrsquoenvironnement et la dimension eacutevolutive (au sens darwinien)

bull La grille drsquoeacutevaluation a eacuteteacute construite pour ques-tionner le caractegravere explicite ou non des liens entre activiteacutes et pressions puis pressions et impacts Elle a aussi permis de discuter les modegraveles et meacutethodes sur lesquels sont construits les outils ndash soit parce que les outils proposent des formules reliant pressions ndash activi-teacutes ndash impacts soit parce qursquoils mobilisent des modegraveles et meacutethodes de ces relations deacuteveloppeacutes par ailleurs

bull Les outils ont aussi eacuteteacute eacutevalueacutes au regard de cri-tegraveres utiliseacutes pour eacutevaluer les indicateurs de lrsquoONB et proches de ceux utiliseacutes dans le cadre de la bioindica-tion (McGeoch 2007)

ndash Preacutecision un indicateur est preacutecis lorsqursquoil me-sure avec une faible marge drsquoerreur ou drsquoincertitude le pheacutenomegravene qursquoil est supposeacute deacutecrire ici lrsquoimpact

des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Lrsquoobtention drsquoun haut degreacute de preacutecision sera geacuteneacuteralement asso-cieacutee agrave lrsquoutilisation drsquooutils et de meacutethodes aveacutereacutees tes-teacutees par la faible variabiliteacute de la mesure lorsqursquoelle est reacutepeacuteteacutee dans des conditions similaires

ndash Robustesse un indicateur est robuste lorsque sa mesure ou son calcul reste fiable mecircme lorsque les conditions (spatiales temporelles drsquointensiteacute drsquoim-pact autres que le changement agrave mesurer) varient la relation entre les eacuteleacutements de biodiversiteacute pris en compte pour le calcul et lrsquoimpact sur la biodiversiteacute reste constante La valeur drsquoun indicateur robuste est peu ou pas influenceacutee par des mesures impreacutecises ou des erreurs la variabiliteacute des instruments de mesure des donneacutees manquantes des variables confondantes

ndash Sensibiliteacute un indicateur est sensible lorsqursquoil permet de faire la diffeacuterence entre des situations qui sont reacuteellement diffeacuterentes Un indicateur sensible si-gnale rapidement un changement significatif Il est donc adapteacute au degreacute de deacutetection pertinent pour les objectifs souhaiteacutes Ceci requiert que les mesures soient reacutealiseacutees agrave des pas de temps et des eacutechelles spa-tiales pertinentes

ndash Fiabiliteacute un indicateur est fiable lorsque sa va-leur varie toujours dans le mecircme sens que le pheacuteno-megravene qursquoil deacutecrit

bull Une partie de la grille a eacuteteacute deacutedieacutee aux meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees ainsi qursquoagrave la pertinence des outils pour rendre compte des impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute

bull Enfin donneacutees construction meacutethodologique domaine drsquointerpreacutetation des outils et pistes drsquoameacutelio-

ration ont eacuteteacute inteacutegreacutes agrave la grille drsquoeacutevaluation La grille drsquoeacutevaluation est en annexe 2 p79

La meacutethodologie deacuteveloppeacutee pour les indicateurs de lrsquoONB a donc eacuteteacute tregraves largement adapteacutee agrave la construction et aux grandes lignes directrices de ces sept outils de mesure Ce cadre meacutethodologique peut ecirctre remobiliseacute et ameacutelioreacute pour drsquoautres exercices drsquoeacutevaluation ou la construction drsquoindicateurs

224 Le deacuterouleacute et les reacutesultats de lrsquoeacutevaluation

Lrsquoeacutequipe projet a ensuite mobiliseacute des experts acadeacute-miques en eacutecologie et en eacuteconomie afin de conduire une eacutevaluation externe indeacutependante et transparente de ces sept outils de mesure Chaque outil a eacuteteacute eacutevalueacute par deux experts indeacutependants entre juin et aoucirct 2019 Lrsquoeacutequipe projet a ensuite reacutealiseacute la synthegravese des eacuteva-luations relue et valideacutee par les experts Un dialogue entre les concepteurs drsquooutils et experts a eacuteteacute organiseacute pour chaque outil entre novembre et deacutecembre 2019 il a permis de preacuteciser de part et drsquoautre certains points de lrsquoeacutevaluation et drsquoeacutechanger sur les deacuteveloppements agrave court et moyen termes des outils Ces eacuteleacutements sont retranscrits dans les eacutevaluations complegravetes

De faccedilon geacuteneacuterale ces travaux ont permis de reacuteveacute-ler lrsquoimportance de leacutevaluation scientifique syntheacute-tique des modegraveles mobiliseacutes pour mettre en eacutevidence la relation entre activiteacutes ndash pressions ndash impacts dans la construction des outils de mesure ainsi que les meacute-thodes et cadres conceptuels sur lesquels ils reposent

3130

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

23 Les reacutesultats syntheacutetiques des eacutevaluations des outils

Les reacutesultats preacutesenteacutes ici syntheacutetiseacutes reflegravetent la compreacutehension et lrsquoeacutevaluation des experts drsquoapregraves les documents meacutethodologiques mis agrave leur disposition (publications listeacutees dans les eacutevaluations complegravetes accessibles en ligne) Les outils ont eacutevolueacute depuis lrsquoeacuteva-luation scientifique certains commentaires peuvent ne plus ecirctre drsquoactualiteacute soit parce que lrsquooutil a eacuteteacute ameacute-lioreacute soit parce que sa meacutethodologie a eacuteteacute reacute-orienteacutee

231 Product Biodiversity Footprint (PBF)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Product Biodiversi-ty Footprint (PBF) eacutetait au stade de projet pilote aupregraves drsquoentreprises avec un amont agricole et utilisant de la laine de chegravevre et des huiles veacutegeacutetales (colza palme) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des produits et services tout au long du cycle de vie aux niveaux reacutegional ou mondial pour les milieux terrestres et drsquoeaux douces Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est baseacute sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil PBF retient trois pressions directes en reprenant celles prises en compte par la meacutethode LC-IMPACT (voir paragraphe suivant) changement drsquohabitat (occupa-tion transformation des sols et stress hydrique) pol-lutions et changement climatique Lrsquooutil PBF permet eacutegalement lrsquoeacutevaluation de deux pressions qui ne sont pas dans le modegravele ACV espegraveces envahissantes et gestion des espegraveces Les impacts sont eacutevalueacutes indeacute-pendamment pour ces cinq pressions Les eacutevaluateurs soulignent au moment de lrsquoeacutevaluation le manque de la prise en compte du deacuterangement (pollutions so-nores et lumineuses notamment)

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil PBF se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la meacutethode LC-IMPACT LC-IMPACT fournit une approche spatialiseacutee drsquoeacutevaluation des impacts tout au long du cycle de vie de produits et services notamment dans les domaines de la qualiteacute des eacutecosystegravemes et des ressources Crsquoest cette meacutethode qui est le principal modegravele sous-jacent agrave lrsquooutil Le choix de cette meacutethode par rapport agrave drsquoautres est bien documenteacute dans la description du PBF

La meacutethodologie de lrsquooutil PBF preacutesente ici plu-sieurs avantages lrsquoACV apporte une vision drsquoen-semble du produit et de ses impacts depuis sa pro-duction jusqursquoagrave sa fin de vie la meacutethode LC-IMPACT integravegre les derniers deacuteveloppements en matiegravere drsquoACV et permet avec des facteurs de caracteacuterisation spa-tialiseacutes drsquoidentifier les points drsquoimpacts importants tant geacuteographiquement qursquoagrave des eacutetapes particuliegraveres du cycle de vie enfin lrsquooutil adopte une politique drsquoameacutelioration et drsquointeacutegration des derniegraveres connais-sances en eacutecologie afin de pallier en partie le manque de preacutecision inheacuterent agrave lrsquoACV particuliegraverement sur les impacts relatifs agrave lrsquoutilisation des terres

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le modegravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil PBF pour le calcul de lrsquoindicateur (en fait cinq indicateurs correspondant

aux cinq pressions prises en compte) sont les facteurs de caracteacuterisation LC-IMPACT v05 pour les facteurs de caracteacuterisation et les donneacutees du cycle de vie issues des bases de donneacutees Ecoinvent et Agribalysereg Ces donneacutees sont reconnues et valideacutees mais comportent un certain niveau drsquoagreacutegation entraicircnant un manque de preacutecision dans lrsquoobtention et la repreacutesentation des reacutesultats Drsquoautres types de donneacutees lieacutees aux acti-viteacutes sont eacutegalement neacutecessaires au calcul des indi-cateurs et sont mobiliseacutees donneacutees de lrsquoentreprise sur le processus de production du produit (matiegraveres premiegraveres transport rendements etc) et de locali-sation pour les principaux processus (localisation du sourcing etc) Ces donneacutees sources apportent de la preacutecision et de la speacutecificiteacute dans le calcul des indica-teurs et leur interpreacutetation

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions semble significative

La sensibiliteacute de la relation entre activiteacutes et pres-sions semble veacuterifieacutee au niveau de lrsquoentreprise

Quant agrave la fiabiliteacute celle-ci deacutepend en partie de la justesse de lrsquoinventaire de cycle de vie et du degreacute de fiabiliteacute et de transparence des donneacutees transmises par lrsquoentreprise

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil PBF pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre drsquoanalyse du cycle de vie en srsquoappuyant sur la meacute-thode LC-IMPACT

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans la meacute-thode LC-IMPACT et reprise dans le PBF est la perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) ex-primeacutee en fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr)

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil PBF est ici de proposer une meacutetrique agreacutegeacutee et syntheacute-tique (PDF) pour laquelle il est possible de deacutelineacuteer et de restituer au besoin des informations sur les cinq pressions prises en compte et pour diffeacuterentes carac-teacuteristiques drsquoun produit afin drsquoaider agrave seacutelectionner les options ayant le moins drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

Agrave lrsquoinverse en utilisant cette meacutetrique lrsquoindicateur ne rend pas compte de la complexiteacute des eacutecosystegravemes des interactions entre espegraveces ni des fonctions etc

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans la meacute-thode et donc reprises dans lrsquooutil PBF sont issues de donneacutees reacuteelles et de modeacutelisation Elles proviennent de bases de donneacutees sur la biodiversiteacute (par exemple IBAT PREDICTS) et de donneacutees de lrsquoentreprise issues drsquoeacutetudes existantes (inventaires eacutetudes drsquoimpact)

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci semble preacutecise et solide gracircce au recours agrave la meacutethode LC-IMPACT qui srsquoappuie sur des donneacutees consolideacutees et qui sont compleacuteteacutees par la litteacuterature scientifique Toutefois il y a toujours des biais compte tenu de lrsquoagreacutegation inheacuterente agrave lrsquoACV et agrave la meacutethodologie drsquoanalyse mais lrsquoutilisation drsquoun facteur de correction visant agrave preacuteciser les reacutesultats en fonction de la biodiversiteacute locale devrait permettre de limiter les biais

La relation entre pressions et impacts est a priori sensible notamment gracircce agrave la prise en compte de pratiques speacutecifiques aux secteurs drsquoactiviteacutes et agrave lrsquoin-teacutegration de donneacutees propres agrave lrsquoentreprise pour un produit donneacute La deacutetection preacutecoce de changements de biodiversiteacute est toutefois limiteacutee par le caractegravere agreacutegeacute de lrsquooutil de tels changements eacutetant geacuteneacutera-lement observeacutes agrave petite eacutechelle De la mecircme faccedilon lrsquooutil PBF ne permet pas de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion lors de change-ments non lineacuteaires

Enfin la fiabiliteacute repose sur celle de la meacutethode LC-IMPACT ainsi que sur des sources scientifiques et les

Perte potentielle drsquoespegravecePotential Disappeared Fraction of species (PDF)

La perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) ndash exprimeacutee en fraction potentielle-ment disparue drsquoespegraveces (Potential Disappea-red Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr) ndash repreacutesente la perte potentielle drsquoespegraveces en tenant compte de lrsquoeffet de lrsquooccupation des sols ndash qui reacuteduit tout ou partie de lrsquoaire de reacute-partition de ces espegraveces ndash de lrsquoabondance rela-tive de ces espegraveces et du niveau de vulneacuterabiliteacute des espegraveces toucheacutees

La PSL peut ecirctre reacutegionale (PSLreg) ou glo-bale (PSLglo) lrsquoindicateur reacutegional (PDFregyr) quantifie le potentiel de disparition des espegraveces au niveau reacutegional ndash la reacutegion eacutetant entendue comme une zone eacutecologiquement homogegravene pratiquement identifieacutee comme une eacutecoreacutegion pour les eacutecosystegravemes terrestres et comme les bassins versants pour les eacutecosystegravemes drsquoeau douce Lrsquoindicateur mondial (PDFgloyr) quan-tifie le potentiel de disparition mondiale des espegraveces en tenant compte de leur vulneacuterabiliteacute au niveau mondial

La PDF quantifie le potentiel de disparition drsquoespegraveces et non pas le nombre reacuteel drsquoespegraveces disparues

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

bases de donneacutees mobiliseacutees Ces derniegraveres semblent fiables et transparentes La fiabiliteacute des donneacutees concernant les speacutecificiteacutes par secteur et les entre-prises des produits eacutevalueacutes doit ecirctre jugeacutee au cas par cas ce qui nrsquoa pas eacuteteacute reacutealiseacute dans cette eacutevaluation

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel les eacutevaluateurs relegravevent que la fa-ccedilon dont cet aspect est pris en compte dans lrsquooutil PBF et dans la meacutethode LC-IMPACT nrsquoest pas claire lrsquooutil permet de reacutealiser une eacutevaluation agrave un temps t mais en srsquoappuyant sur des donneacutees collecteacutees au cours drsquoeacutetudes meneacutees sur plusieurs anneacutees et la meacutethode permet de modeacuteliser les cateacutegories drsquoimpacts selon deux approches (lrsquoune avec un horizon temporel li-miteacute lrsquoautre avec un horizon temporel eacutetendu) ndash mais la reacutefeacuterence temporelle et le report de lrsquoimpact agrave un changement annuel ne sont pas explicites

Au niveau spatial lrsquooutil PBF peut ecirctre deacuteclineacute agrave deux eacutechelles reacutegionale (PDFregyr) et globale (PDFgloyr) Parmi les cinq pressions sur la biodiver-siteacute consideacutereacutees dans lrsquooutil trois sont spatialiseacutees Pour ces derniegraveres les facteurs de caracteacuterisation ne sont pas neacutecessairement eacutevalueacutes agrave la mecircme reacutesolution spatiale (eacutecoreacutegion vs niveau du pays) en fonction des informations spatiales disponibles Le niveau de lrsquoeacuteco-reacutegion a lrsquoavantage de consideacuterer les impacts agrave lrsquointeacute-rieur de reacutegions geacuteographiques caracteacuteriseacutees par des modegraveles eacutecologiques speacutecifiques qui tiennent compte des dynamiques environnementales et des processus eacutecologiques Toutefois les eacutevaluateurs notent qursquoil serait utile drsquoapporter des eacuteclaircissements sur la meacute-thodologie de spatialisation des cateacutegories drsquoimpacts

En termes de niveau drsquoorganisation et de dimen-sion de la biodiversiteacute lrsquooutil PBF se focalise sur la composition en espegraveces Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil PBF reprend les cinq groupes taxonomiques couverts par la meacutethode LC-IMPACT oiseaux mam-mifegraveres reptiles amphibiens et plantes vasculaires Les groupes taxonomiques peuvent ecirctre analyseacutes seacute-pareacutement ou peuvent ecirctre agreacutegeacutes pour repreacutesenter la fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (PDF) La vulneacuterabiliteacute par taxon est prise en compte en inteacute-grant les donneacutees de la Liste rouge UICN Si lrsquointeacuterecirct de la composition en espegraveces est de communiquer fa-cilement vers un large public il nrsquoen reste pas moins que les niveaux geacuteneacutetique et eacutecosysteacutemique peuvent aussi ecirctre influenceacutes agrave un moment donneacute du cycle de vie des produits Lrsquooutil permet drsquoavoir une estimation de lrsquoimpact sur des espegraveces agrave un temps t ce qui per-met de faciliter la compreacutehension des reacutesultats mais a priori sans rendre compte de la complexiteacute de la

biodiversiteacute (eacutevolution interactions) et des impacts agrave moyen et long termes De plus lrsquoeffondrement de la biodiversiteacute ne se produit pas seulement agrave travers la perte drsquoespegraveces mais aussi par la diminution de lrsquoabondance ndash la reacuteduction du nombre drsquoindividus par espegravece au sein des populations ndash et de la reacutepartition spatiale de nombreuses espegraveces ce qui peut avoir des impacts consideacuterables sur les eacutecosystegravemes Les eacuteva-luateurs notent que lrsquointerpreacutetation des sorties de lrsquoou-til doit ainsi ecirctre effectueacutee avec prudence

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes au cours du cycle de vie drsquoun produit (tels que la perte de fonctions eacutecologiques la diminution de lrsquoabondance des espegraveces la perte de diversiteacute geacuteneacutetique etc)

Lrsquooutil ayant vocation agrave appuyer la deacutecision autour de plusieurs versions drsquoun mecircme produit en mettant lrsquoaccent sur des variantes plus respectueuses de la bio-diversiteacute il nrsquoest pas forceacutement inteacuteressant de reacutepeacuteter le calcul de lrsquoindicateur Cependant il peut ecirctre utile de reacuteeacutevaluer les options autrefois choisies comme plus respectueuses de la biodiversiteacute au fur et agrave mesure que les bases de donneacutees sont mises agrave jour

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Le calcul de lrsquoindicateur est peu accessible agrave un non-speacutecialiste de lrsquoACV et les concepteurs recommandent de srsquoentourer de speacutecialistes de la meacutethode et de lrsquoeacuteco-logie La meacutethodologie de lrsquoinventaire de cycle de vie nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la documentation du PBF dis-ponible lors de lrsquoeacutevaluation alors qursquoelle constitue lrsquoeacutetape la plus deacutelicate Les eacutevaluateurs notent aussi que si lrsquoajustement des impacts relatifs agrave lrsquoutilisation des terres avec des donneacutees issues de la litteacuterature en eacutecologie permet de mieux distinguer entre les pra-tiques plus ou moins respectueuses de la biodiversiteacute pour la reacutesolution spatiale agrave laquelle les indicateurs de lrsquooutil PBF sont conccedilus ndash principalement au niveau de lrsquoeacutecoreacutegion ou du pays ndash les donneacutees de contexte eacutecologique local manquent fortement alors qursquoelles constitueraient un compleacutement important et devraient ecirctre davantage prises en compte pour affiner ces indi-cateurs ndash limite connue par les concepteurs de lrsquooutil PBF De plus ces eacutetapes drsquointeacutegration de donneacutees compleacutementaires indispensables sont reacutealiseacutees au cas par cas et sont donc difficiles agrave eacutevaluer Neacutean-moins les autres eacutetapes meacutethodologiques sont claires rigoureuses et transparentes

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent les biais inheacuterents agrave toute analyse neacutecessitant lrsquoagreacutegation de grandes quantiteacutes de donneacutees ndash mais les facteurs de correction mis en œuvre permettent de limiter ces biais

Il nrsquoy a pas de valeurs cibles proprement dites et il nrsquoy a pas de comparaison possible avec un reacutefeacuterentiel unique mais uniquement entre les diffeacuterents indica-teurs (un pour chaque facteur drsquoimpacts sur la biodi-versiteacute) pour diffeacuterentes versions drsquoun produit afin de minimiser lrsquoimpact sur la biodiversiteacute

Lrsquooutil PBF semble ecirctre conccedilu pour ecirctre appliqueacute agrave divers secteurs de sorte qursquoil pourrait ecirctre utiliseacute dans le domaine public pour comparer des options au niveau de produits voire au niveau des projets (par exemple construction drsquoinfrastructures projets de deacuteveloppement durable etc)

Selon les eacutevaluateurs lrsquooutil ne semble actuelle-ment pas approprieacute pour inteacutegrer le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiver-siteacute Toutefois il permet drsquoencourager les entreprises de divers secteurs drsquoactiviteacute agrave engager et suivre leurs progregraves en matiegravere de biodiversiteacute et plus particuliegrave-rement agrave laquo reacuteduire les pressions directes sur la biodi-versiteacute et promouvoir une utilisation durable raquo (but strateacutegique B des objectifs drsquoAichi) Lrsquooutil PBF permet donc drsquoengager des mesures reacutepondant aux objectifs des cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute mais ne permet pas drsquoobserver directement la contri-bution aux objectifs fixeacutes

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en ajoutant une meacutetrique drsquoabondance Lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) pourrait ecirctre une mesure suppleacute-mentaire inteacuteressante agrave consideacuterer De plus il pourrait ecirctre pertinent de consideacuterer lrsquoeacutetendue de lrsquoeacutecosystegraveme

(Ecosystem Extent) comme une mesure suppleacutemen-taire dans lrsquooutil PBF eacutetant donneacute les divers secteurs drsquoactiviteacute qursquoil vise

Par ailleurs la prise en compte des fonctions ndash et des services eacutecosysteacutemiques ndash serait inteacuteressante agrave in-seacuterer De mecircme lrsquointeacutegration de la biodiversiteacute marine est indispensable Il semble aussi important de reacuteussir agrave prendre en compte les insectes

En termes meacutethodologiques les concepteurs tra-vaillent agrave lrsquointeacutegration de lrsquoeacutecotoxiciteacute mais il pour-rait ecirctre inteacuteressant drsquoajouter eacutegalement la vulneacuterabi-liteacute des espegraveces au climat et drsquointeacutegrer des donneacutees eacutecologiques sur le contexte local afin de mieux affiner lrsquoindicateur Les eacutevaluateurs notent aussi que la meacute-thodologie drsquoACV peut avoir tendance agrave sous-estimer lrsquoimpact par rapport agrave une analyse qui mobilise des tableaux ressources-emplois (ou entreacutees-sorties) mais qui sont moins preacutecis Un couplage des deux meacutetho-dologies pourrait constituer une piste de reacuteflexion Ce couplage des deux meacutethodologies complexe permet-trait neacuteanmoins de reacutepondre aux limites de chacune

Enfin il pourrait ecirctre inteacuteressant de compleacuteter la dimension drsquoaide agrave la deacutecision en apportant des eacuteleacute-ments chiffreacutes en termes de coucircts des eacuteleacutements consti-tuant le produit

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull de Baan L Alkemade R Koellner T (2013) Land use impacts on biodiversity in LCA A global ap-proach The International Journal of Life Cycle As-sessment 18(6) 1216ndash1230 httpsdoiorg101007s11367-012-0412-0

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

232 Product Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI)

Une premiegravere version de lrsquooutil Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI) a eacuteteacute lanceacutee en 2018 Lrsquooutil concerne tous les secteurs drsquoactiviteacutes puisqursquoil vise agrave eacutevaluer lrsquoimpact sur la biodiversiteacute drsquoun por-tefeuille financier constitueacute drsquoun meacutelange drsquoactions (tous secteurs) et drsquoobligations (deacutepenses de lrsquoeacutetat) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle du porte-feuille de secteurs ou drsquoentreprises ndash lrsquooutil nrsquoest pas approprieacute pour une application au niveau du site ou du projet ndash et porte sur les milieux terrestres aquatiques continentaux voire marins en fonction des donneacutees disponibles Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est baseacute sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil BFFI ne retient que certaines pressions sur lrsquoensemble de celles prises en compte dans la base Exiobase (voir paragraphe suivant) en se focalisant sur celles qui ont un impact sur la biodiversiteacute changement climatique usage de lrsquoeau eacutecotoxiciteacute sur les milieux terrestres les milieux aquatiques continentaux et marins eutro-phisation des eaux continentales et marines forma-tion drsquoozone tropospheacuterique transformation et occu-pation des sols Au moment de lrsquoeacutevaluation le BFFI ne considegravere pas les espegraveces envahissantes le deacuteran-gement (bruit pollution lumineuse etc) et lrsquoexploita-tion directela surexploitation

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BFFI se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la base Exiobase (version 3) Exiobase est une base de donneacutees mon-diale qui propose un tableau entreacutees-sorties (input-output MR-IOT) et un tableau ressources-emplois (supply-use MR-SUT) dans une approche globale et eacutetendue sur le plan environnemental Crsquoest cette base et le modegravele de liens entre activiteacutes et impacts qui la fonde qui est le principal modegravele sous-jacent aux liens entre activiteacutes et pressions

La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI preacutesente ici des avantages lrsquoapproche ACV inclut tous les impacts de la chaicircne de valeur lrsquoemploi drsquoExiobase est inteacuteressant par la gamme des secteurs et des activiteacutes consideacutereacutes

Elle preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoemploi drsquoExiobase Les secteurs eacuteconomiques sont diviseacutes en 163 cateacutegories ce qui constitue une repreacutesentation assez grossiegravere Le modegravele nrsquoest pas speacutecifique et speacute-cifieacute au niveau reacutegional ce qui preacutesume de fortes in-certitudes significatives Il y a aussi des limites quant agrave la collecte et la compilation des donneacutees en effet

les donneacutees sont issues des comptabiliteacutes nationales des eacutetats ndash or chaque eacutetat a son propre systegraveme de classification

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le modegravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil BFFI pour le calcul de lrsquoindicateur sont celles drsquoExiobase3

Concernant la preacutecision les eacutevaluateurs notent que la relation entre activiteacutes et pressions est correc-tement traduite dans le modegravele Exiobase Cette rela-tion est baseacutee sur la moyenne de la consommation et de lrsquoeacutemission par secteur Mais les incertitudes sont consideacuterables En effet la marge drsquoerreur qui existe entre activiteacutes et pressions est diffeacuterente au sein et pour chaque secteur Il y a ainsi deux risques celui de sous-estimer lrsquoimpact drsquoune activiteacute car elle aurait des pratiques plus neacutefastes que la moyenne du secteur auquel elle appartient et celui inverse de surestimer lrsquoimpact drsquoune activiteacute Les concepteurs du BFFI pro-posent de compleacuteter lrsquoanalyse quantitative par une analyse qualitative qui doit aider agrave situer lrsquoentreprise par rapport au reste de son secteur

La sensibiliteacute de lrsquooutil est limiteacutee au secteur etou au pays lrsquooutil permet de faire la diffeacuterence entre deux activiteacutes qui appartiennent agrave deux secteurs diffeacute-rents ou de comparer deux activiteacutes qui appartiennent au mecircme secteur mais qui sont situeacutees dans deux pays diffeacuterents

La fiabiliteacute est fortement deacutependante des don-neacutees qui ont eacuteteacute utiliseacutees pour construire les tables preacutesenteacutees dans Exiobase En effet tous les pays nrsquoayant pas les mecircmes systegravemes de comptabiliteacute il y a eu des traitements pour agreacuteger ou deacutesagreacuteger des donneacutees issues de diffeacuterentes sources et la reacutealisation drsquoextrapolations Lrsquoanalyse qualitative proposeacutee par les concepteurs peut venir compleacuteter les biais lieacutes au manque de fiabiliteacute des donneacutees

Les eacutevaluateurs notent que la relation entre les ac-tiviteacutes et les pressions est reproductible mais pas assez preacutecise par rapport agrave des projets ou des territoires speacute-cifiques La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI srsquoapplique aux eacutetudes agrave grande eacutechelle et aux activiteacutes agreacutegeacutees mais pas de faccedilon speacutecifique agrave une entreprise ou agrave une reacutegion

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil BFFI pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre ACV en srsquoappuyant sur la meacutethode ReCiPe ReCiPe permet de convertir des donneacutees de cycle de vie en impacts Cette meacutethode utilise en entreacutee des informations sur les eacutemissions (par exemple sur le CO2 ou le SO2) pour calculer lrsquoempreinte environnementale agrave mi-parcours (midpoint impacts categories) (par exemple le change-

ment climatique lrsquoutilisation des terres lrsquoeutrophisa-tion) et ensuite pour calculer lrsquoimpact reacutesultant sur les eacutecosystegravemes ou la biodiversiteacute (endpoint impacts category)

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans la meacutethode ReCiPe et reprise dans le BFFI est la perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) exprimeacutee en fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr) ndash et par hectare pour le milieu terrestre par megravetre cube pour le milieu aquatique Le reacutesultat peut ecirctre utiliseacute pour calculer lrsquoempreinte biodiversiteacute en megravetres carreacute (msup2) par euro (euro) investi

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil PBF pour un compleacutement drsquoinformation sur cette meacutetrique

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil PBF est ici de proposer une meacutetrique agreacutegeacutee et syn-theacutetique (PDF) Lrsquoindicateur est ainsi plutocirct geacuteneacuteral et de type biophysique il ne srsquoexpose pas aux poleacute-miques qui entourent lrsquoeacutevaluation moneacutetaire de la biodiversiteacute

La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoutilisation de la meacutethode ReCiPe car elle srsquoappuie sur une relation lineacuteaire entre quan-

titeacute de pressions et perte de biodiversiteacute Cette relation ne permet pas de tenir compte drsquoeacuteventuels effets de seuil en dessous desquels un eacutecosystegraveme serait com-plegravetement deacutetruit De plus la meacutetrique utiliseacutee met lrsquoaccent sur les espegraveces les attributs fonctionnels et structurels de la biodiversiteacute sont largement neacutegligeacutes La PDF quantifie le potentiel de disparition drsquoespegraveces plutocirct que le nombre exact drsquoespegraveces disparues

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans la meacute-thode ReCiPe et donc reprises dans lrsquooutil BFFI sont des donneacutees de modeacutelisation de type laquo dose-reacuteponse raquo Ces donneacutees permettent drsquoobtenir une information sur les facteurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute dans diffeacute-rents secteurs et autorisent ainsi une analyse qualita-tive guidant lrsquointerpreacutetation et lrsquoutilisation du reacutesultat fournit par lrsquooutil

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts elle relegraveve surtout de la meacutethode ReCiPe qui simplifie la relation entre pressions et im-pacts en utilisant des donneacutees moyennes entraicircnant ainsi des incertitudes Les eacutevaluateurs signalent que la marge drsquoincertitude est aussi deacutependante des don-neacutees scientifiques disponibles pour alimenter la meacute-thode Les concepteurs de lrsquooutil BFFI recommandent drsquoailleurs de compleacuteter lrsquoanalyse quantitative par une

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

analyse qualitative notamment pour eacuteviter certains investissements dont les impacts sont sous-estimeacutes par lrsquoeacutevaluation

Concernant la sensibiliteacute les eacutevaluateurs sou-lignent que la meacutethode ReCiPe a eacuteteacute fortement rema-nieacutee entre sa version ReCiPe2008 et ReCiPe2016 Un cas drsquoeacutetude montre qursquoil en reacutesulte un changement important dans lrsquoimpact calculeacute pour un portefeuille financier Cette diffeacuterence est lieacutee agrave lrsquointeacutegration des derniegraveres informations scientifiques mais elle montre aussi la sensibiliteacute de lrsquooutil Toutefois lrsquooutil ne per-met pas de deacutetecter des changements preacutecoces de bio-diversiteacute par le niveau drsquoagreacutegation des donneacutees De la mecircme faccedilon parce que la meacutethode est baseacutee sur des relations lineacuteaires lrsquooutil BFFI ne permet pas de deacute-tecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion lors de changements non lineacuteaires

Enfin la fiabiliteacute repose sur la qualiteacute des sources de donneacutees pour lesquelles des mises agrave jour freacute-quentes sont neacutecessaires afin drsquointeacutegrer les derniegraveres connaissances

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil srsquointeacuteresse agrave lrsquoeacutechelle tem-porelle annuelle La meacutetrique des impacts (PDF) peut aussi ecirctre convertie en une uniteacute indeacutependante du temps

Au niveau spatial lrsquooutil nrsquoa pas de peacuterimegravetre speacute-cifique puisqursquoil srsquoagit drsquoeacutevaluer lrsquoimpact drsquoinvestisse-ments Lrsquointeacuterecirct est drsquoavoir construit un outil unique quel que soit la localisation de lrsquoimpact ndash mais il ne permet pas de tenir compte des speacutecificiteacutes et des par-ticulariteacutes de chaque pays ni locales

En termes de niveaux drsquoorganisation et de dimen-sions de la biodiversiteacute lrsquooutil BFFI se focalise sur la composition en espegraveces Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil BFFI agregravege les espegraveces et ne tient pas compte de la speacutecificiteacute de certaines espegraveces ayant un rocircle fonctionnel particuliegraverement important ou encore une valeur patrimoniale Si lrsquointeacuterecirct de la composition en espegravece reacuteside dans des donneacutees plus facilement dispo-nibles il nrsquoen reste pas moins que les attributs fonc-tionnels et structurels de la biodiversiteacute sont largement neacutegligeacutes De plus la synthegravese des impacts en une uniteacute unique (PDF) peut entraicircner plusieurs risques ceux lieacutes agrave la localisation des impacts en consideacuterant que tous les eacutecosystegravemes sont eacutequivalents sans prendre en compte le rocircle fonctionnel des eacutecosystegravemes et ceux lieacutes agrave la standardisation des eacutecosystegravemes en consideacuterant que perdre 100 drsquoespegraveces sur un hectare de forecirct primaire eacutequivaut agrave perdre 100 drsquoespegraveces dans un deacutesert

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte De plus les eacuteva-luateurs rappellent qursquoil nrsquointegravegre pas les impacts lieacutes agrave la surexploitation aux espegraveces envahissantes et au deacuterangement (pollution lumineuse bruit)

Les eacutevaluateurs notent que la meacutethodologie de lrsquooutil BFFI est inteacuteressante pour eacutevaluer des impacts des investissements sur la biodiversiteacute question diffi-cile et sujette agrave lrsquoincertitude mais que de nombreuses limites existent du fait de lrsquoutilisation de deux meacute-thodes (Exiobase ReCiPe) qui ont leurs limites respec-tives notamment le fait drsquoutiliser une relation lineacuteaire entre quantiteacute de pressions et perte de biodiversiteacute Les eacutevaluateurs invitent ainsi agrave la prudence quant agrave lrsquousage de lrsquooutil pour le pilotage drsquoune strateacutegie drsquoin-vestissements ou pour de la communication externe Ils soulignent que lrsquooutil BFFI vise aussi agrave montrer que certains investissements peuvent avoir des effets positifs sur la biodiversiteacute Ceci peut poser deux pro-blegravemes drsquoabord le retour agrave une logique de durabi-liteacute faible (substitution de capital anthropogeacutenique au capital naturel) puisque des impacts sur la biodiversiteacute pourraient ecirctre compenseacutes par des investissements dans des infrastructures ensuite parce que les effets positifs des investissements sur la biodiversiteacute sont tregraves incertains

Lrsquooutil ayant vocation agrave aider agrave la deacutecision pour lrsquoinvestissement il nrsquoest pas forceacutement inteacuteressant de reacutepeacuteter le calcul En revanche lrsquoindicateur peut ecirctre mis agrave jour pour de nouveaux investissements et au fur et agrave mesure que les donneacutees sur la biodiversiteacute et lrsquoACV deviennent disponibles dans les bases de don-neacutees consideacutereacutees Ainsi la meacutethode associeacutee au BFFI preacuteconise un calcul annuel afin de suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoimpact du portefeuille financier (ensemble des investissements)

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Le calcul de lrsquoindicateur est clair et rigoureux mais la quantiteacute de donneacutees utiliseacutees ndash publiquement dispo-nibles agrave lrsquoexception du portefeuille drsquoinvestissements ndash rend lrsquoappropriation et la compreacutehension assez difficile

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent qursquoil existe cependant une chaicircne drsquoincerti-tudes tout au long du calcul et cela peut entraicircner une accumulation de biais dans les reacutesultats de lrsquooutil ce que lrsquoanalyse qualitative permet de discuter

Il nrsquoexiste pas de valeur cible proprement dite lrsquoideacuteal agrave atteindre serait lrsquoabsence de perte de biodiversiteacute

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil BFFI reste lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact de deacutecisions drsquoinvestisse-ments Il pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public mais agrave large eacutechelle (par exemple pour le secteur des travaux publics)

Selon les eacutevaluateurs du fait des meacutethodes utili-seacutees et des incertitudes associeacutees lrsquooutil ne semble pas approprieacute pour inteacutegrer le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en tenant compte de la diversiteacute fonction-nelle via les traits drsquoespegraveces Ce peut ecirctre en com-paraison agrave la richesse speacutecifique une meacutetrique plus approprieacutee pour calculer les facteurs de caracteacuterisa-tion qui permettent drsquoestimer la perte de biodiversiteacute lieacutee au changement drsquousages des terres Cependant les indicateurs fonctionnels neacutecessitent geacuteneacuteralement une tregraves grande quantiteacute de donneacutees et il nrsquoest pas certain qursquoil soit possible de construire les facteurs de caracteacuterisation neacutecessaire vu le grand nombre de drivers dans Exiobase pour lier activiteacutes pressions et impacts fonctionnels

Par ailleurs la conversion des pressions en impacts sur la biodiversiteacute pourrait ecirctre compleacuteteacutee par drsquoautres indicateurs tel que lrsquoindicateur de dommage eacutecolo-gique potentiel (Ecological Damage Potential indica-tor EDP) Celui-ci est baseacute sur une logique drsquooccupa-tion du sol pour un type drsquousage on eacutevalue lrsquoimpact sur la biodiversiteacute alors que la logique du BFFI est plutocirct de partir de lrsquoensemble des consommations et des eacutemissions drsquoun secteur donneacute et drsquoen deacuteduire un impact sur la biodiversiteacute

En termes meacutethodologiques il serait souhaitable drsquointeacutegrer la prise en compte de plus de pressions Il serait eacutegalement utile de deacutevelopper une mesure de lrsquoerreur dans lrsquoeacutevaluation des impacts sur la bio-diversiteacute pour avoir une ideacutee du domaine de validiteacute des reacutesultats Agrave ce titre il pourrait ecirctre inteacuteressant de renforcer le reacuteseau drsquoexperts qui permettent drsquoameacutelio-rer les donneacutees drsquoExiobase notamment dans des do-maines ou des secteurs speacutecifiques et les facteurs de conversion de ReCiPe Par ailleurs des eacutetudes de cas ougrave les impacts sur la biodiversiteacute sont mesureacutes apregraves les investissements et une comparaison avec lrsquoeacutevalua-tion ex-ante pourraient ecirctre envisageacutees

Enfin il serait inteacuteressant de formaliser et de geacuteneacute-raliser un guide drsquoaide agrave la deacutecision pour accompagner lrsquoutilisation de lrsquooutil de le compleacuteter par des analyses qualitatives et une politique drsquoinvestissements qui vise agrave limiter les manques de lrsquoindicateur

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Koellner Thomas amp Scholz Roland (2008) Assess-ment of land use impacts on the natural environment Part 2 Generic characterization factors for local species diversity in Central Europe The International Journal of Life Cycle Assessment 13(1) 32-48 httpsdoiorg101065lca2006122922bull Souza Danielle Maia de Flynn Dan Declerck Fabrice Rosenbaum Ralph Lisboa Henrique Koellner Thomas (2013) Land use impacts on biodiversity in LCA Pro-posal of characterization factors based on functional diversity The International Journal of Life Cycle As-sessment 18(6) 1231-1242 httpsdoiorg101007s11367-013-0578-0

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

233 Global Biodiversity Score TM (GBS)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Global Biodiversity Score (GBS) eacutetait au stade de deacuteveloppement et de mise en application au sein de pilotes en collaboration avec des entreprises Il est deacuteveloppeacute pour srsquoappliquer agrave un grand nombre de secteurs drsquoactiviteacutes utilisant des matiegraveres premiegraveres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle de grands projets ou drsquouniteacutes drsquoaffaire ndash et agrave terme de portefeuilles drsquoinvestissements Au moment de lrsquoeacutevaluation il prend en compte les milieux ter-restres et la composante pour les milieux dulccedilaquicoles eacutetait en cours de deacuteveloppement Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre drsquoanalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil GBS retient huit pressions sur lrsquoensemble de celles prises en compte dans la base Exiobase (voir para-graphe suivant) ndash pour la biodiversiteacute terrestre utili-sation des terres (agriculture foresterie urbanisation) deacutepocircts azoteacutes aeacuteriens fragmentation des milieux natu-rels changement climatique empieacutetement humain pour la biodiversiteacute dulccedilaquicole utilisation des terres (conversion des zones humides artificialisation de lrsquoamont des bassins versants) perturbations hydro-logiques eutrophisation Toutefois au moment de lrsquoeacutevaluation le GBS ne considegravere pas les espegraveces enva-hissantes le deacuterangement (bruit pollution lumineuse etc) les pollutions chimiques des sols et des eaux et lrsquoexploitation directela surexploitation Les concep-teurs de lrsquooutil envisagent de lrsquoameacuteliorer sur ce plan-lagrave

Liens entre les activiteacutes et les pressions et pressions prises en compte

Lrsquooutil GBS se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la base Exiobase (version 3) Exiobase est une base de donneacutees mon-diale qui propose un tableau entreacutees-sorties (input-output MR-IOT) et un tableau ressources-emplois (supply-use MR-SUT) dans une approche globale et eacutetendue sur le plan environnemental Crsquoest cette base et le modegravele de liens entre activiteacutes et impacts qui la fonde qui est le principal modegravele sous-jacent aux liens entre activiteacutes et pressions

La meacutethodologie de lrsquooutil GBS preacutesente ici plu-sieurs avantages lieacutes agrave lrsquoemploi drsquoExiobase le lien entre activiteacutes et pressions est eacutetabli de faccedilons diffeacute-rentes selon les pressions prises en compte lrsquointeacute-gration de lrsquoeffet cumulatif des diffeacuterents types de pressions est explicite il y a une valeur quantitative agreacutegeacutee compreacutehensible et informative des impacts des activiteacutes eacuteconomiques ndash agrave condition que lrsquoinven-taire (quantification des flux entrants et sortants) de lrsquoACV soit correctement mis en œuvre

Elle preacutesente toutefois des limites la principale eacutetant de nrsquointeacutegrer au moment de lrsquoeacutevaluation que les opeacuterations laquo amont raquo (approvisionnement produc-tion) et de ne pas prendre en compte les opeacuterations laquo aval raquo (utilisation recyclage etc)

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil BFFI (numeacutero 32) pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation drsquoExiobase

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le mo-degravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil GBS pour le calcul de lrsquoindicateur sont soit celles drsquoExiobase3 soit les donneacutees directes sur les pressions lorsqursquoelles sont disponibles

Concernant la preacutecision de la relation entre acti-viteacutes et pressions lrsquoapproche geacuteneacuterale est preacutecise et pertinente en srsquoappuyant sur lrsquoACV Toutefois il est neacutecessaire de disposer drsquoune meacutethodologique claire sur la maniegravere de mener lrsquoACV

La sensibiliteacute et la fiabiliteacute de lrsquooutil nrsquoont pas pu ecirctre eacutevalueacutees par les experts

Liens entre les pressions et les impacts

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil GBS se base sur le modegravele de lrsquoACV Lrsquoapproche mobiliseacutee dans lrsquooutil GBS pour lier pressions et impacts sur la biodiversi-teacute repose particuliegraverement sur le Global Biodiversity Model (GLOBIO) version 3 GLOBIO est un cadre de modeacutelisation permettant de calculer les impacts de cinq pressions sur une biodiversiteacute terrestre laquo intacte raquo pour le passeacute le preacutesent et le futur La modeacutelisation est baseacutee sur des relations correacutelatives deacuteriveacutees de la litteacuterature donneacutees provenant principalement du mo-degravele inteacutegreacute drsquoeacutevaluation de lrsquoenvironnement mondial IMAGE liant deacuteterminants et pressions et de donneacutees ad hoc traiteacutees par certaines formes de meacuteta-analyses Pour chacun des cinq facteurs le modegravele contient une eacutequation de reacutegression reliant lrsquointensiteacute de la pres-sion agrave lrsquoimpact sur la biodiversiteacute Le modegravele GLO-BIO est rapprocheacute des meacutethodes de lrsquoACV en tant qursquoil mobilise des modegraveles et facteurs de caracteacuterisation

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans le modegravele GLOBIO et reprise dans lrsquooutil GBS est lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) et son eacutequivalent en surface (par exemple kmsup2 MSA)

La meacutethodologie du GBS construite sur la base drsquoun examen approfondi des donneacutees et modegraveles existants a eacuteteacute penseacutee de faccedilon agrave rester flexible et compatible avec drsquoautres approches et meacutethodes ndash en dehors de GLOBIO ndash liant les activiteacutes et les pressions La meacutethodologie preacutesente plusieurs avantages lieacutes lors de lrsquoeacutevaluation agrave lrsquoemploi du modegravele GLOBIO

lrsquoeffet cumulatif des diffeacuterents types de pressions et lrsquoapproche spatiale sont explicites

Elle preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoutilisa-tion du modegravele GLOBIO Les liens entre les pressions et la biodiversiteacute sont baseacutes sur des relations deacuteter-ministes souvent lineacuteaires et correacutelatives calculeacutees agrave partir drsquoeacutevaluations ou drsquoexpeacuteriences passeacutees le mo-degravele ne documente pas lrsquoimpact reacuteel mais potentiel des pressions sur la biodiversiteacute et de plus le modegravele risque de ne pas tenir compte des changements dans les systegravemes et les modegraveles eacuteconomiques Une autre li-mite repose sur la faccedilon dont les calculs sont effectueacutes selon que les pressions ont eacuteteacute agreacutegeacutees au niveau des espegraveces puis la MSA calculeacutee ou selon que la MSA a eacuteteacute utiliseacutee pour chaque pression puis agreacutegeacutee De plus il est essentiel de tenir compte de la faccedilon dont la MSA rendra compte des impacts sur les sites riches ou pauvres en espegraveces ce dont les concepteurs sont conscients Par ailleurs il semble que la deacutependance entre les uniteacutes spatiales est neacutegligeacutee ce qui ne permet pas de rendre compte de lrsquoautocorreacutelation spatiale et de processus importants tels que la dispersion et la connectiviteacute Cela peut conduire agrave biaiser lrsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil BIM (numeacutero 34) pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation de GLOBIO

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil GBS sont hybrides ce sont soit les reacutesultats modeacuteliseacutes de GLOBIO soit les donneacutees reacuteelles lorsqursquoelles sont dis-ponibles pour ecirctre combineacutees aux relations pression-impact fournies par GLOBIO Lors de lrsquoeacutevaluation le modegravele GLOBIO version 3 se concentrait sur la partie terrestre du globe Un module pour le milieu aquatique drsquoeau douce eacutetait en cours drsquoeacutelaboration (GLOBIO-aquatic)

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts elle relegraveve surtout du modegravele GLO-BIO sur lequel le GBS se base Outre les biais eacutevo-queacutes plus haut lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence correspondant agrave une MSA de 100 questionne eacutegalement les eacuteva-luateurs car son caractegravere statique ignore les aspects dynamiques des systegravemes eacutecologiques (par exemple modification des aires de reacutepartition des espegraveces en reacuteponse au changement climatique sans diminution de leur abondance globale ou encore perturbations intermeacutediaires) et suppose qursquoil nrsquoexiste qursquoun seul eacutetat drsquooptimum eacutecologique pour chaque eacutecosystegraveme De plus lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence peut en reacutealiteacute refleacuteter un eacutetat potentiellement deacutejagrave deacutegradeacute ou en transition Par ailleurs il est le mecircme pour toutes les uniteacutes spatiales au sein drsquoun biome donneacute sans tenir compte de lrsquohis-torique des pressions en diffeacuterents endroits Enfin la faccedilon dont les eacutetats de reacutefeacuterence sont mobiliseacutes nrsquoest pas claire (par exemple pour un champ de maiumls est-ce une forecirct ou une prairie naturelle )

Lrsquoincertitude est ainsi modeacutereacutee agrave eacuteleveacutee notam-ment parce que la meacutetrique MSA est deacuteriveacutee de re-lations correacutelatives avec les pressions relations dont les choix meacutethodologiques posent question ou pour lesquelles les meacuteta-analyses ne sont pas au moment de lrsquoeacutevaluation toutes publieacutees et parce que cela ne rend pas complegravetement compte de reacuteponses non-li-neacuteaires de la biodiversiteacute

La relation entre pressions et impacts est sensible dans le sens ougrave la meacutethodologie seacutepare explicitement les diffeacuterentes pressions et qursquoelle est plutocirct sensible agrave lrsquointeacuterieur de chaque pression ndash dans la limite des biais inheacuterents au modegravele GLOBIO Lrsquooutil GBS ne permet pas toutefois de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute Bien que lrsquoabondance de la population soit theacuteoriquement une mesure assez sen-sible du changement de la biodiversiteacute elle nrsquoest ici pas mesureacutee mais plutocirct deacuteriveacutee par correacutelation ndash ce qui nrsquoest pas lrsquoapproche la plus robuste pour des pro-jections dans le futur De la mecircme faccedilon lrsquooutil GBS ne permet pas de deacutetecter des changements inhabi-tuels lors de changements non lineacuteaires

Abondance moyenne des espegravecesMean Species Abundance (MSA)

Cette meacutetrique deacutesigne lrsquoabondance moyenne des espegraveces en prenant une situation non per-turbeacutee comme reacutefeacuterence La MSA est un indi-cateur du caractegravere naturel ou de lrsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute Elle est deacutefinie comme lrsquoabon-dance moyenne des espegraveces originelles preacute-sentes dans la situation non perturbeacutee par rapport agrave leur abondance dans les eacutecosystegravemes en situation perturbeacutee Lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence cor-respond agrave des types drsquooccupation du sol laquo na-turels raquo non deacutedieacutes agrave aucune activiteacute humaine particuliegravere (forecircts naturelles prairies natu-relles glaciers)

Elle ne tient pas compte des augmentations possibles de lrsquoabondance par rapport agrave lrsquoeacuteco-systegraveme non perturbeacute la MSA ne peut pas ecirctre supeacuterieure agrave 100 Une zone avec une MSA de 100 signifie une biodiversiteacute similaire ou supeacuterieure agrave la situation non perturbeacutee de reacutefeacute-rence Une MSA de 0 signifie un eacutecosystegraveme sans plus aucune espegravece drsquoorigine un eacutecosys-tegraveme complegravetement deacutetruit

La MSA traduit un eacutetat possible de la biodi-versiteacute et non pas lrsquoeacutetat reacuteel

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

La fiabiliteacute de lrsquooutil repose sur celle du modegravele GLOBIO ou drsquoun autre modegravele qui pourrait ecirctre mo-biliseacute par lrsquooutil Le nombre drsquoeacutetudes utiliseacutees dans GLOBIO pour calibrer les relations entre pressions et biodiversiteacute reste faible et varie fortement entre biomes et pressions La fiabiliteacute peut donc ecirctre ameacute-lioreacutee par lrsquoimpleacutementation de nouvelles donneacutees et connaissances et la meacutethodologie du GBS est conccedilue pour ecirctre mise agrave jour au fur et agrave mesure que des pro-gregraves seront reacutealiseacutes

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil srsquointeacuteresse agrave un peacuterimegravetre temporel annuel avec une hypothegravese forte lrsquoannua-lisation des diffeacuterences entre 2010 et 2050 avec lrsquohypo-thegravese drsquoune variation lineacuteaire de la biodiversiteacute sur cette peacuteriode ajusteacutee sur la base de donneacutees passeacutees reacutecentes

Au niveau spatial le peacuterimegravetre de lrsquooutil varie en fonction de son application mais au moment de lrsquoeacuteva-luation la meacutethodologie nrsquoest pas claire sur la reacutesolu-tion de lrsquooutil GBS

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil GBS est les populations drsquoespegraveces La dimension de la biodiversiteacute prise en compte dans lrsquooutil est la reacutepartition de lrsquoabondance entre les es-pegraveces Si cette dimension transcrite via la MSA est re-lativement simple agrave deacuteriver et plutocirct bien adapteacutee pour eacutetablir un lien avec les questions drsquoextinction drsquoespegraveces et drsquoeacuterosion de la biodiversiteacute elle est moins eacutevidente pour faire le lien avec des questions fonctionnelles ou eacutevolutives ainsi que lrsquointerdeacutependance des espegraveces ou encore la structure des paysages ou des eacutecosystegravemes

Au moment de lrsquoeacutevaluation pour la biodiversiteacute terrestre les mammifegraveres oiseaux amphibiens rep-tiles inverteacutebreacutes et plantes vasculaires sont pris en compte Toutes les espegraveces (communes et rares) sont prises en compte mais regroupeacutees au sein de la MSA de sorte qursquoil est impossible de savoir exactement quelles espegraveces sont consideacutereacutees

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte En effet il srsquoap-plique aux impacts potentiels plutocirct que reacuteels des activiteacutes sur la biodiversiteacute a priori et a posteriori Les eacutevaluateurs rappellent aussi que la reacutesolution est actuellement assez grossiegravere et ne permet pas de saisir les changements qui se produisent agrave petite eacutechelle

Les eacutevaluateurs soulignent que lrsquooutil GBS nrsquoest pas baseacute sur des mesures directes de lrsquoeacutetat de la biodi-versiteacute et ne peut ecirctre pas consideacutereacute comme un indi-

cateur de changement de la biodiversiteacute Lrsquooutil GBS peut cependant servir agrave comparer des investissements identifier des produits agrave haut risque dans une chaicircne drsquoapprovisionnement eacutevaluer diffeacuterentes intensiteacutes de production pour un mecircme produit ou encore compa-rer des impacts potentiels de diffeacuterentes entreprises qui srsquoapprovisionnent pour le(s) mecircme(s) produit(s)

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Sur le plan conceptuel le calcul de lrsquoindicateur semble relativement clair rigoureux et transparent bien que des preacutecisions importantes soient neacutecessaires agrave appor-ter dans la meacutethodologie (hypothegraveses articulation des calculs eacutetats de reacutefeacuterence) La meacutethodologie repose sur des outils et des ensembles de donneacutees com-plexes et speacutecifiques neacutecessitant une expertise et des connaissances solides pour permettre une eacutevaluation deacutetailleacutee Les eacutevaluateurs soulignent que lrsquooutil tire parti drsquoun ensemble drsquoapproches avanceacutees provenant de diffeacuterents cadres conceptuels et domaines drsquoexper-tise (ACV PER) avec lrsquoambition de maximiser la flexi-biliteacute et lrsquointeropeacuterabiliteacute avec les autres cadres inter-nationaux (Ipbes CDB OECD UNEP etc)

En se reacutefeacuterant aux limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent que les biais et les limites lieacutees au calcul de lrsquoindicateur affectent sa robustesse et sa rigu-eur ndash ce dont les concepteurs sont conscients et pour lesquels ils proposent des ameacuteliorations

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil GBS reste lrsquoaide agrave la deacutecision et la comparaison drsquoimpacts modeacuteliseacutes attendus sur la biodiversiteacute agrave travers diffeacuterents niveaux drsquoagreacutegation (site entreprises pays etc) Lrsquooutil spa-tialement explicite permet la comparaison entre enti-teacutes agrave des zones geacuteographiques etou agrave des moments diffeacuterents Il repreacutesente une approche prometteuse pour explorer lrsquoimpact potentiel global drsquoinvestisse-ments ou de deacuteveloppements drsquoentreprises pour ra-tionaliser les activiteacutes de production et pour commu-niquer sur la biodiversiteacute avec les secteurs industriels et eacuteconomiques Il pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public agrave la fois directement en eacutevaluant les impacts et indirectement pour aider agrave la seacutelection drsquoentreprises reacutepondant aux marcheacutes

Selon les eacutevaluateurs agrave lrsquoeacutechelle internationale et au niveau eacuteleacutementaire de la meacutetrique la MSA peut ecirctre consideacutereacutee comme une approximation de lrsquoindica-teur de la CDB sur les tendances de lrsquoabondance des espegraveces Mais une eacutevaluation prudente de la MSA par rapport agrave la moyenne geacuteomeacutetrique de lrsquoabondance et de la valeur ajouteacutee de lrsquooutil GBS par rapport agrave GLOBIO via sa mise en œuvre avec des donneacutees reacuteelles doit ecirctre effectueacutee avant une inteacutegration au suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en tenant compte de la structure des pay-sages par exemple la connectiviteacute et des approches plus eacutevolutives et fonctionnelles de la biodiversiteacute par exemple en inteacutegrant la diversiteacute structurelle ou fonctionnelle des traits les espegraveces les communauteacutes ou les eacutecosystegravemes Un ou plusieurs autres outils ou indicateurs (agrave partir de modegraveles ou de donneacutees obser-veacutees) pourraient alors compleacuteter lrsquooutil GBS Il serait aussi utile drsquoexpliciter comment les changements de valeurs de MSA peuvent ecirctre utiliseacutes voire traduits en des changements de statut de conservation drsquoespegraveces ou de deacuteclin de biodiversiteacute lorsqursquoils sont compareacutes par exemple avec des aires de distribution drsquoespegraveces ou des tailles de populations A plus long terme le nombre drsquoespegraveces impacteacutees devrait aussi ecirctre incor-poreacute dans la meacutetrique finale

En termes meacutethodologiques il serait souhaitable de rendre plus explicite lrsquointeacutegration et la validation de la meacutethodologie avec des donneacutees reacuteelles Lrsquooutil gagnera agrave inteacutegrer des donneacutees reacuteelles et beacuteneacuteficiera des ameacuteliorations apporteacutees agrave GLOBIO via la prise en compte des derniegraveres donneacutees et connaissances relatives aux impacts sur la biodiversiteacute Par ailleurs lrsquooutil gagnerait agrave mieux rendre compte des pressions cumuleacutees dans le temps Enfin il serait souhaitable drsquointeacutegrer toutes les pressions dans les deacuteveloppe-ments futurs de lrsquooutil Pour finir le modegravele EcoOcean pour les eacutecosystegravemes marins pourrait aussi ecirctre consi-deacutereacute pour lrsquooutil GBS qui au moment de lrsquoeacutevaluation ne prenait en compte que les eacutecosystegravemes terrestres et envisageait les eacutecosystegravemes dulccedilaquicoles

Drsquoun point de vue pratique lrsquooutil GBS pourrait ecirctre preacutesenteacute agrave lrsquoaide drsquoun document expliquant lrsquoap-proche geacuteneacuterale et sa pertinence et un autre document

tregraves technique preacutesentant la meacutethodologie de maniegravere complegravete transparente et rigoureuse pour chaque eacutetape du calcul Malgreacute une eacutelaboration minutieuse du GBS celui-ci utilise une approche correacutelative avec de fortes limitations qui peuvent geacuteneacuterer une incer-titude substantielle dans lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact sur la biodiversiteacute Ces eacuteleacutements sont freacutequents lorsqursquoon travaille agrave une eacutechelle mondiale

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Connell J H 1978 Diversity in tropical rain forests and coral reefs Science 199 1302-1310bull Harfoot M B J Newbold T Tittensor D P Emmott S Hutton J Lyutsarev V hellip Purves D W (2014) Emergent Global Patterns of Ecosystem Struc-ture and Function from a Mechanistic General Ecosys-tem Model PLoS Biology 12(4) e1001841 httpsdoiorg101371journalpbio1001841bull Urban et al 2016 Improving the forecast for bio-diversity under climate change Science 353(6304) httpsdoiorg101126scienceaad8466bull Newbold T Hudson L Hill S Contu S Lysenko I et al 2015 Global effects of land use on local terres-trial biodiversity Nature 520 45-50bull Santini L Belmaker J Costello M Pereira H Rossberg A et al 2017 Assessing the suitability of di-versity metrics to detect biodiversity change Biological Conservation 213 341-350 httpsdoiorg101016jbiocon201608024bull Scholes RJ Biggs R 2005 A biodiversity in-tactness index Nature 434 45-49 httpsdoiorg 101038nature03289bull Van Strien AJ Soldaat LL Gregory RD 2012 Desirable mathematical properties of indicators for biodiversity change Ecological Indicators 14 202-208 httpsdoiorg101016jecolind201107007

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

234 Biodiversity Impact Metric (BIM)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Impact Metric (BIM) eacutetait au stade de version becircta Il est deacuteve-loppeacute pour les secteurs fortement lieacutes agrave la consom-mation de matiegraveres premiegraveres ayant un impact sur lrsquoutilisation des terres (alimentation textile foreste-rie cosmeacutetique) et porte sur les milieux terrestres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des produits et services pour des eacutecoreacutegions deacutefinies drsquoun pays et agreacutegeables pour produire un score national Lrsquooutil BIM correspond agrave la composante laquo biodiversiteacute raquo drsquoun outil plus vaste visant agrave eacutevaluer la santeacute drsquoun eacutecosys-tegraveme en prenant en compte lrsquoimpact drsquoactiviteacutes sur la biodiversiteacute le sol et lrsquoeau pour une superficie donneacutee Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre drsquoanalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA) croiseacute avec le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil BIM retient lrsquoutilisation des terres (agriculture activi-teacutes extractives construction destruction de lrsquohabitat fragmentation de lrsquohabitat etc) en termes de type et drsquointensiteacute drsquoutilisation Il ne prend pas en compte les autres pressions anthropiques traditionnellement reconnues ndash tels que la pollution le changement cli-matique lrsquoexploitation directe des organismes les es-pegraveces exotiques envahissantes ndash qui peuvent reacutesulter de nombreuses activiteacutes drsquoapprovisionnement agrave tra-vers le monde En outre agrave lrsquointeacuterieur des impacts de lrsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute la fragmen-tation des espaces fait deacutefaut

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil BIM se base sur le modegravele ACV croiseacute avec le modegravele PER Il mobilise la formule suivante Impact sur la biodiversiteacute (HAeq) = Superficie de terres (neacutecessaire agrave lrsquoapprovisionne-ment exploitation de matiegraveres premiegraveres) times Quan-titeacute de biodiversiteacute impacteacutee times Qualiteacute ou importance de la biodiversiteacute impacteacutee

Au moment de lrsquoeacutevaluation plusieurs versions meacutethodologiques de calcul de lrsquoindicateur sont docu-menteacutees Lrsquoune repose sur lrsquoutilisation de la meacutethode de calcul de lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) ndash le lecteur pourra se rap-porter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil GBS (numeacutero 33) pour un compleacutement drsquoinformation sur cette meacutetrique ndash lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (Biodiver-sity Intactness Index BII) Un des principaux avan-tages de cet outil est que lrsquoun ou lrsquoautre de ces modegraveles est relativement simple agrave mobiliser fondeacute sur des ap-proches scientifiques ainsi que sur des ensembles de donneacutees reconnus agrave lrsquoeacutechelle mondiale

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le cadre de lrsquooutil sont des donneacutees sur la localisation la su-perficie des terres le type et lrsquointensiteacute drsquoutilisation des terres (tonnes acheteacutees gestion de la production rendements locaux) ougrave lrsquoentreprise ou ses fournis-seurs produisent ou extraient une matiegravere premiegravere Si des donneacutees de localisation preacutecise de la production ne sont pas disponibles lrsquooutil BIM utilise la situation la plus pessimiste pour la biodiversiteacute dans le pays de provenance en attribuant un lieu ougrave lrsquoimpact est supposeacute ecirctre le plus eacuteleveacute

Concernant la preacutecision de la relation entre activi-teacutes et pressions lrsquooutil BIM integravegre une mesure directe et spatialement explicite de lrsquoutilisation des terres pour la production de matiegraveres premiegraveres Les erreurs ou les incertitudes sont a priori faibles dans le cas ougrave les donneacutees sont fournies par lrsquoentreprise et sont exactes Toutefois la proceacutedure drsquoassignation drsquoune surface donneacutee associeacutee agrave un type drsquoutilisation des terres et agrave un rendement donneacute nrsquoest pas totalement expliciteacutee dans les meacutethodologies disponibles lors de lrsquoeacutevalua-tion et peut geacuteneacuterer des incertitudes De plus les types drsquoutilisation des terres deacutefinis deacutependent de lrsquoapproche utiliseacutee pour lier pressions et biodiversiteacute (MSA ou BII) ndash on ignore donc au moment de lrsquoeacutevaluation si les types drsquoutilisation des terres choisis par le modegravele per-mettent drsquoestimer avec preacutecision les pressions exerceacutees par lrsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute Au cas ougrave ces donneacutees ne sont pas disponibles la meacutethode de calcul de lrsquoindicateur exige alors drsquoutiliser des donneacutees externes potentiellement moins preacutecises

La sensibiliteacute de la relation entre activiteacutes et pressions semble veacuterifieacutee car lrsquooutil BIM permet de prendre en compte diffeacuterentes intensiteacutes drsquoutilisation des terres Cela neacutecessite toutefois des donneacutees preacute-cises Au cas ougrave ces donneacutees ne sont pas disponibles le fait de supposer que lrsquoutilisation des terres est in-tense devrait limiter la sous-estimation des impacts

Quant agrave la fiabiliteacute de la relation activiteacutes-pres-sions lrsquooutil BIM incorpore une mesure spatialement explicite robuste et quantifiable du lien entre activiteacutes et pressions lieacutees agrave lrsquoutilisation des terres Toutefois elle deacutepend de la qualiteacute des donneacutees fournies et de lrsquoapproche utiliseacutee (MSA ou BII)

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil BIM pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre ACV croiseacute avec le cadre PER Il utilise la mecircme formule que pour lier activiteacutes et pressions Impact sur la bio-diversiteacute (HAeq) = Superficie de terres times Quantiteacute de biodiversiteacute impacteacutee times Qualiteacute ou importance de la biodiversiteacute impacteacutee Lrsquoimpact des activiteacutes sur la bio-diversiteacute est donc caracteacuteriseacute par la pondeacuteration des

surfaces de terres neacutecessaires pour fournir les matiegraveres de base drsquoun produit ou drsquoun service en fonction de leurs effets sur la quantiteacute de perte de biodiversiteacute et la qualiteacute ou lrsquoimportance de la biodiversiteacute

Deux meacutetriques sont utiliseacutees dans lrsquooutil BIM la quantiteacute de biodiversiteacute impacteacutee et la qualiteacute de bio-diversiteacute impacteacutee La quantiteacute de biodiversiteacute impac-teacutee est caracteacuteriseacutee par la proportion de la biodiversiteacute perdue pour ce type drsquoutilisation des terres par rapport agrave un type drsquoeacutecosystegraveme originel ou naturel (eacutetat de reacutefeacuterence) Sa meacutethode de calcul nrsquoest pas claire au moment de lrsquoeacutevaluation car deux versions meacutethodolo-giques sont disponibles Lrsquoune repose sur lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (Biodiversity Intactness Index BII) Ces meacutetriques utiliseacutees sont indicatrices du caractegravere naturel drsquoun espace en reacutefeacuterence agrave lrsquointeacutegriteacute de lrsquoeacutecosystegraveme ou de lrsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute

La qualiteacute ou lrsquoimportance de la biodiversiteacute im-pacteacutee correspond agrave lrsquoimportance mondiale relative du niveau de biodiversiteacute impacteacutee Elle repose sur la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition drsquoespegraveces (Range Rarity) rareteacute deacutetermineacutee sur des mailles drsquoenviron 1 km2 et scoreacutee pour quatre groupes taxonomiques eacutevalueacutes sur la Liste rouge de lrsquoUICN les amphibiens les mam-mifegraveres les oiseaux et les conifegraveres Les zones qui abritent un grand nombre drsquoespegraveces etou des espegraveces agrave faible aire de reacutepartition obtiennent un score plus eacuteleveacute Cette meacutetrique est une mesure de richesse cor-rigeacutee en fonction du poids des espegraveces individuelles et de la taille globale de lrsquoaire de reacutepartition

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIM est qursquoil fournit une mesure quantifiable de lrsquoimpact des activiteacutes drsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute dans une zone donneacutee avec des pondeacuterations pour la quantiteacute de biodiversiteacute et lrsquoimportance de la biodiver-siteacute impacteacutee tout en utilisant des meacutetriques reconnues (MSA ou BII et Range Rarity) Les meacutetriques utiliseacutees permettent aussi de mesurer lrsquoefficaciteacute potentielle des solutions et donc drsquoaider les acteurs agrave orienter les actions des contributions positives agrave la biodiversiteacute

La meacutethodologie de lrsquooutil BIM preacutesente toutefois des limites Les impacts sont mesureacutes aux niveaux eacutecoreacutegional ou national et ne permettent pas de quan-tifier les impacts agrave une eacutechelle spatiale plus fine Cela peut limiter lrsquoidentification de changements appro-prieacutes (reacuteorientation des processus de production ou mesures in situ de gestion et de conservation) Concer-nant drsquoautres limites de lrsquooutil elles sont surtout in-heacuterentes aux meacutethodes utiliseacutees ndash notamment sur la faccedilon dont les donneacutees sur la biodiversiteacute sont traiteacutees pour eacutetablir dans le cadre de GLOBIO un lien entre les pressions individuelles et la MSA (et probablement

aussi le BII) Parmi les eacutetapes pouvant conduire agrave des biais citons choix et prise en compte drsquoeacutecosystegravemes de reacutefeacuterence dans un contexte non-stationnaire prise en compte de lrsquoincertitude sur les abondances indivi-duelles relations pressions ndash impacts de nature cor-reacutelationnelle plus que veacuteritablement causale meacuteta-analyses donneacutees deacuteseacutequilibreacutees entre pressions et groupes taxonomiques reacuteponses ou sensibiliteacutes va-riables selon les groupes taxonomiques relations glo-bales moyennes geacuteneacuteralement ajusteacutees ne permettant pas de prendre en compte les variations des relations pressions ndash impacts dans lrsquoespace ou dans le temps De plus toutes les meacuteta-analyses ne sont pas publieacutees

Enfin lors de lrsquoeacutevaluation la mesure de la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition nrsquoest disponible que pour quatre groupes taxonomiques et parmi les taxons veacutegeacutetaux uniquement pour les conifegraveres Cela peut ecirctre une forte limitation agrave lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes lieacutees agrave la production de marchandises dans les zones forestiegraveres

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil GBS pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation de GLOBIO

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees dans les meacute-thodes pour calculer la MSA ou le BII et reprises dans lrsquooutil BIM proviennent de GLOBIO3 pour le calcul

Abondance moyenne des espegravecesMean Species Abundance (MSA) et Index drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacuteBiodiversity Intactness Index (BII)

La MSA peut ecirctre compareacutee au BII indicateur de lrsquoabondance moyenne drsquoun ensemble impor-tant et diversifieacute drsquoorganismes dans une zone geacuteographique donneacutee par rapport agrave leurs popu-lations de reacutefeacuterence

Les principales diffeacuterences entre le MSA et le BII sont les suivantes 1 chaque hectare a le mecircme poids dans la MSA alors que le BII donne plus de poids aux zones riches en espegraveces 2 la MSA normalise lrsquoabondance par rapport agrave la si-tuation non perturbeacutee pour chaque espegravece alors que le BII le fait au niveau du groupe drsquoespegraveces 3 les abondances normaliseacutees contribuant agrave la MSA ne peuvent deacutepasser 1 ndash crsquoest-agrave-dire lrsquoeacuteco-systegraveme non perturbeacute est par construction ce-lui avec plus de biodiversiteacute ndash alors qursquoelles le peuvent dans le cas du BII 4 les types drsquoutili-sation des terres distingueacutes avec le BII dans ses derniers deacuteveloppements sont plus nombreux et semblent plus preacutecis que ceux de la MSA

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

de la MSA et semblent provenir des reacutesultats publieacutes dans Newbold et al 2015 ou pourraient provenir de la base de donneacutees PREDICTS pour le calcul du BII ndash mais ceci reste agrave confirmer Les donneacutees utiliseacutees pour eacutetablir la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition drsquoespegraveces reposent sur les donneacutees de lrsquoUICN

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci semble significative mais avec des intervalles de confiance assez larges

Pour la sensibiliteacute de la relation entre pressions et impacts la meacutethodologie de lrsquooutil est baseacutee sur un seul type de pression (utilisation des terres) mais plutocirct bien ventileacute De ce fait lrsquooutil BIM semble ecirctre plutocirct sensible si le lien initial entre activiteacutes et type drsquoutilisation des terres est clair

Lrsquooutil BIM dont la meacutethodologie repose sur des modegraveles statistiques et des relations moyennes (dans le cas de lrsquoutilisation de GLOBIO) pour lier pressions et impacts ne permet pas a priori de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion

La fiabiliteacute et le niveau de reproductibiliteacute de la meacutethode deacutependent de la meacutetrique choisie la MSA ou le BII

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Le peacuterimegravetre temporel peut varier en fonction de lrsquoap-plication de la meacutethode Les eacutevaluateurs soulignent toutefois que les modegraveles pressions ndash impacts sont essentiellement stationnaires mais que les relations entre pressions et impacts ont eacuteteacute ajusteacutees sur la base de donneacutees passeacutees reacutecentes

Au niveau spatial lrsquoeacutechelle de lrsquooutil BIM est dans les documents consulteacutes pour lrsquoeacutevaluation lrsquoeacutecoreacutegion Les reacutesultats sont ensuite agreacutegeacutes pour produire un score national pour diffeacuterents produits Les eacutecoreacutegions sont de taille approprieacutee suffisamment petites pour que le type drsquoeacutecosystegraveme et la laquo qualiteacute raquo de la biodiver-siteacute y soient coheacuterents et suffisamment grandes pour qursquoil ne soit pas neacutecessaire de disposer drsquoinformations preacutecises sur la source des produits Cependant une telle eacutechelle ne permet pas de quantifier les impacts provenant de sites drsquoapprovisionnement speacutecifiques agrave une eacutechelle spatiale plus fine Cependant la meacutetrique MSA peut en principe fonctionner agrave nrsquoimporte quelle eacutechelle spatiale Cela rend lrsquooutil flexible

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil BIM sont les populations drsquoespegraveces au niveau des communauteacutes mais sans appreacutehension claire des interactions ou des deacutependances entre es-pegraveces La dimension de la biodiversiteacute prise en compte dans lrsquooutil est la composition agrave travers lrsquoabondance

drsquoespegraveces Si cette dimension est bien adapteacutee pour eacutetablir un lien avec les questions drsquoextinction drsquoes-pegraveces et drsquoeacuterosion de la biodiversiteacute elle lrsquoest moins pour eacutetablir un lien avec des questions fonctionnelles ou eacutevolutives Au moment de lrsquoeacutevaluation il nrsquoy pas drsquoespegraveces particuliegraveres prises en compte pour le calcul de lrsquoindicateur et selon la meacutetrique utiliseacutee (MSA ou BII) les groupes taxonomiques pris en compte dif-fegravere drsquoune meacutethode agrave lrsquoautre ne couvrant pas toute la biodiversiteacute De plus si lrsquooutil mobilise GLOBIO pour calculer la MSA alors il srsquoagit drsquoimpacts potentiels et non pas reacuteels Enfin les eacutevaluateurs rappellent que de nombreuses pressions lieacutees agrave la production de matiegraveres premiegraveres font deacutefaut pour le calcul de lrsquoindicateur

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

De maniegravere geacuteneacuterale lrsquooutil BIM preacutesente des avan-tages pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute de par sa couverture potentiellement mondiale et sa couverture de nombreux taxons Il permet la compa-raison entre les reacutegions du monde entier et potentiel-lement dans le temps Toutefois la meacutethodologie et les sources de donneacutees employeacutees dans lrsquooutil BIM manquent de clarteacute lors de lrsquoeacutevaluation plusieurs versions de la meacutethodologie circulent avec des varia-tions sur les meacutethodes et les meacutetriques utiliseacutees (MSA ou BII) et peu de deacutetails sont fournis Selon la meacutethode employeacutee il y a diffeacuterents biais potentiels et lrsquooutil ne reflegravete pas la dynamique temporelle de la biodiversiteacute Une autre limite meacutethodologique concerne la couver-ture en taxons srsquoils sont nombreux ils sont toutefois diffeacuterents entre la composante laquo quantiteacute de biodiver-siteacute raquo et la composante laquo qualiteacute de la biodiversiteacute raquo de sorte que le reacutesultat de la combinaison des deux nrsquoest pas tregraves clair Il existe donc une incertitude sur la par-tie de la biodiversiteacute bien repreacutesenteacutee par lrsquoindicateur

Il nrsquoy a pas de valeur cible agrave proprement parler Lrsquoobjectif eacutetant drsquoameacuteliorer les pratiques et reacuteduire les impacts en diminuant les pressions (reacuteduction de la superficie des terres diminution de lrsquointensiteacute de ges-tion changement de lieux drsquoapprovisionnement)

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil BIM reste lrsquoeacuteva-luation des impacts potentiels de la production de ma-tiegraveres premiegraveres et lrsquoidentification de points critiques ougrave intervenir pour les reacuteduire Il peut srsquoappliquer agrave la notation a posteriori ou encore servir agrave comparer les investissements Toutefois la meacutethodologie de lrsquooutil BIM nrsquoest pas baseacute sur des donneacutees de biodiversiteacute reacuteelles mais sur des donneacutees modeacuteliseacutees agrave des degreacutes divers selon que la meacutethode mobilise la meacutethode GLO-

BIO pour le calcul de la MSA ou la meacutethode de calcul du BII Cela permet uniquement de comparer les im-pacts modeacuteliseacutes (potentiels attendus) sur la biodiver-siteacute pour diffeacuterentes entreprises qui srsquoapprovisionnent pour un(des) mecircme(s) produit(s) ou encore de com-parer entre diffeacuterents endroits drsquoapprovisionnement pour une ou plusieurs entreprises

Selon les eacutevaluateurs le secteur public dans son ensemble nrsquoest peut-ecirctre pas le plus approprieacute pour appliquer cet outil Par ailleurs selon les eacutevaluateurs lrsquooutil BIM pourrait ecirctre approprieacute pour suivre par-tiellement les objectifs qui visent agrave laquo reacuteduire les pres-sions directes sur la biodiversiteacute et agrave promouvoir lrsquouti-lisation durable raquo Toutefois une eacutevaluation prudente de la MSA par rapport agrave la moyenne geacuteomeacutetrique de lrsquoabondance doit ecirctre effectueacutee avant une inteacutegration au suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en compleacutetant cette approche par des ap-proches plus fonctionnelles et eacutevolutives

En termes meacutethodologiques les concepteurs doivent indiquer clairement quelle meacutetrique est utili-

seacutee au niveau eacuteleacutementaire (MSA ou BII) et travailler agrave lrsquoameacutelioration des biais inheacuterents

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Alkemade R Van Oorschot M Miles L Nelle-mann C Bakkenes M et al 2009 GLOBIO3 A frame-work to investigate options for reducing global terres-trial biodiversity loss Ecosystems 12 374-390 httpsdoiorg101007s10021-009-9229-5 bull Newbold T Hudson L Hill S Contu S Lysenko I et al 2015 Global effects of land use on local ter-restrial biodiversity Nature 520 45-50 httpsdoiorg101038nature14324bull Santini L Belmaker J Costello M Pereira H Rossberg A et al 2017 Assessing the suitability of di-versity metrics to detect biodiversity change Biological Conservation 213 341-350 httpsdoiorg101016jbiocon201608024bull Scholes RJ Biggs R 2005 A biodiversity intactness index Nature 434 45-49 httpsdoiorg101038nature03289bull Van Strien AJ Soldaat LL Gregory RD 2012 Desirable mathematical properties of indicators for biodiversity change Ecological Indicators 14 202-208 httpsdoiorg101016jecolind201107007

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

235 Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Species Threat Abatement Recovery (STAR) eacutetait en cours de deacuteve-loppement Lrsquooutil drsquoabord agrave destination du secteur financier vise agrave eacutevaluer les impacts ex-ante (risques) ou ex-post (beacuteneacutefices) drsquoinvestissements agrave diffeacuterentes eacutechelles et sur diffeacuterentes peacuteriodes (futurs projets ou opeacuterations sur site ou encore investissements pour reacuteduire des pressions) Lors de lrsquoeacutevaluation le module drsquoestimation ex-post eacutetait en deacuteveloppement Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil relegraveve plutocirct des projets entre-prises et eacutetats Dans la version eacutevalueacutee les milieux pris en compte sont les milieux terrestres Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions directes prises en compte lrsquooutil STAR retient celles de la Classification unifieacutee des menaces directes eacutetablie par lrsquoUICN en partena-riat avec le Conservation Measures Partnership (CMP) (voir paragraphe suivant) deacuteveloppement reacutesidentiel et commercial agriculture et aquaculture produc-tion drsquoeacutenergie et exploitation miniegravere utilisation des ressources biologiques intrusion et perturbations hu-maines modifications du systegraveme naturel espegraveces envahissantes et autres espegraveces gegravenes et maladies po-sant problegraveme pollution eacuteveacutenements geacuteologiques changement climatique et eacuteveacutenements extrecircmes Une deacuteclinaison reacutegionale des pressions et de leurs interac-tions (effets synergiques ou contradictoires) est identi-fieacutee comme une piste majeure drsquoameacutelioration de lrsquooutil

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil STAR se base sur le modegravele PER Il mobilise la formule suivante Pour-centage de la population totale drsquoune espegravece sur le site drsquointeacuterecirct (P) times Pondeacuteration de la cateacutegorie de la Liste rouge UICN des espegraveces (W) times Contribution relative de chaque pression (R) Le lien entre activiteacutes et pres-sions est lieacute agrave la cateacutegorie agrave laquelle appartient une ac-tiviteacute en suivant la Classification unifieacutee des menaces directes eacutetablie par lrsquoUICN en partenariat avec le CMP (Threats classification scheme v32 et Standard lexicon associeacute) (Salafsky et al 2008)

Un des principaux avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil STAR est qursquoelle fournit un score unique quantitatif tenant compte drsquoenjeux globaux et locaux De plus le calcul permet de prendre en compte les dispariteacutes de reacuteponses aux pressions entre espegraveces

Elle preacutesente toutefois des limites car lrsquooutil est centreacute sur les espegraveces classeacutees sur la Liste rouge de

lrsquoUICN donc limiteacute agrave un nombre relativement restreint de taxons et preacutesente une forte sensibiliteacute agrave la qua-liteacute des donneacutees disponibles De plus la formule ne prend pas en compte les interactions possibles entre pressions

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees dans lrsquoou-til STAR sont des donneacutees drsquoentreprises sur les sites drsquointeacuterecirct les donneacutees de la Liste rouge des espegraveces menaceacutees de lrsquoUICN les donneacutees de classification des menaces des donneacutees de modeacutelisation de distribu-tion drsquoespegraveces lorsqursquoelles sont disponibles (approche Extent of Suitable Habitat) et les donneacutees de distribu-tion drsquoespegraveces de lrsquoUICN Cependant si des donneacutees de distribution plus preacutecises sont disponibles celles-ci sont privileacutegieacutees pour le calcul de lrsquoindicateur

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions est assez difficile agrave eacutetablir et agrave eacutevaluer le lien est lieacute agrave une cateacutegorisation des pressions et lrsquooutil ne comporte pas de calcul de marge drsquoerreur Il nrsquoy a pas de relation entre lrsquointensiteacute drsquoune activiteacute et le niveau de pression (mais de toutes les activiteacutes qui sont agrave lrsquoorigine de cette pression)

La sensibiliteacute de la relation activiteacutes-pressions ne peut ecirctre eacutetablie que dans le cadre drsquoune analyse ex-post ougrave on observe lrsquoeacutevolution des pressions agrave partir de lrsquoapplication de mesures de reacuteduction Les diffeacute-rences de situations sont implicitement prises en compte dans lrsquooutil agrave travers la liste des espegraveces et des pressions mais lrsquoindicateur reacutesultant est un score agreacutegeacute qui ne reflegravete pas ces dispariteacutes

Le calcul est reproductible en suivant la meacutethodo-logie mais la fiabiliteacute de la relation entre les activiteacutes et les pressions pose question En effet elle repose sur les donneacutees (qualiteacute couverture) et la pertinence locale de pressions identifieacutees agrave une eacutechelle globale Une deacuteclinaison des pressions agrave eacutechelle reacutegionale et un effort de collecte de donneacutees sur les espegraveces sous-eacutechantillonneacutees seraient neacutecessaires

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil STAR pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre PER Il utilise la mecircme formule que pour lier activiteacutes et pressions Pourcentage de la population totale drsquoune espegravece sur le site drsquointeacuterecirct (P) times Pondeacuteration de la cateacutegorie de la Liste rouge UICN des espegraveces (W) times Contribution relative de chaque pression (R)

Les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil STAR sont la preacutesence drsquoespegraveces menaceacutees le pour-centage de la population totale de chaque espegravece sur le site drsquointeacuterecirct et le risque drsquoextinction Le pourcentage de la population totale de chaque espegravece sur le site

drsquointeacuterecirct est calculeacute pour les groupes taxonomiques pleinement eacutevalueacutes et comprend des espegraveces laquo quasi menaceacutees raquo Le risque drsquoextinction est calculeacute agrave lrsquoaide de la notation de la Liste rouge de lrsquoUICN sur la porteacutee et la seacuteveacuteriteacute des pressions pour les menaces actuelles ou agrave venir en excluant les espegraveces menaceacutees unique-ment en raison de leur petite taille de population Lors de lrsquoeacutevaluation lrsquoeacutevaluation complegravete des pressions nrsquoeacutetait disponible que pour les oiseaux mais eacutetait en deacuteveloppement pour drsquoautres taxons

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil STAR est de reposer sur des outils connus de caracteacute-risation et quantification de la biodiversiteacute agrave lrsquoeacutechelle globale et sur de nombreux protocoles existants per-mettant une eacutevaluation locale compleacutementaire

Elle preacutesente toutefois des limites notamment au moment de lrsquoeacutevaluation celle de ne bien prendre en compte les menaces et pressions que pour les oiseaux et lrsquoagreacutegation de plusieurs sources de donneacutees fait eacutemerger des incertitudes De plus il nrsquoy a pas de prise en compte explicite des fonctions et des interactions entre compartiments de biodiversiteacute

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees par lrsquooutil STAR sont les donneacutees de la Liste rouge des espegraveces menaceacutees de lrsquoUICN et des donneacutees deacuteriveacutees cartes drsquoaires de reacutepartition des espegraveces ou drsquoeacutetendue drsquoha-bitat approprieacute menaces et leur statut indications sur le lieu des investissements agrave eacutevaluer Des donneacutees compleacutementaires (menaces utilisation des terres) peuvent ecirctre neacutecessaires selon lrsquoeacutechelle drsquoeacutevaluation Les eacutevaluateurs notent que la connaissance des distri-butions geacuteographiques des populations globales des espegraveces nrsquoest pas homogegravene et que la connaissance des pressions diffegravere entre espegraveces

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute celle-ci est eacutevalueacutee en fonction de deux critegraveres mais sans mesure drsquoin-certitude la porteacutee de la pression (proportion drsquoes-pegraveces impacteacutees) et la seacuteveacuteriteacute de la pression (degreacute de diminution de la population concerneacutee) Le lien entre pressions et impacts est fait suivant une nomenclature globale mais certaines pressions peuvent ne pas ecirctre pertinentes agrave lrsquoeacutechelle locale

La relation entre pressions et impacts nrsquoest pas reacuteel-lement sensible Si lrsquooutil permet structurellement de diffeacuterencier des situations diffeacuterentes (ensemble des pressions sur un site et facteur de pondeacuteration) le calcul de lrsquoindicateur final reste trop inteacutegratif pour rendre compte des dispariteacutes Le niveau de pression est un score mais il nrsquoy a pas de fonction qui permette de traduire une augmentation drsquoune uniteacute de pression en une eacutevolution directe du niveau de menace pour une espegravece

Lrsquooutil STAR est peu susceptible de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute ou de deacutetecter des changements inhabituels du fait de sa reacutesolution (agreacutegation des donneacutees agrave lrsquoeacutechelle globale)

En termes de reproductibiliteacute et de fiabiliteacute on retrouve la mecircme appreacuteciation que pour la relation activiteacutes-pressions

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

La reacutesolution temporelle de lrsquoindicateur est dicteacutee en grande partie par la reacutesolution temporelle des donneacutees UICN Notons que lrsquoeacutevaluation des pressions et des impacts se fait gracircce agrave un score construit sur la seacuteveacute-riteacute et la porteacutee de la pression qui sont eacutevalueacutees sur des peacuteriodes de 10 ans ou de 3 geacuteneacuterations

Au niveau spatial lrsquooutil est flexible et peut srsquoap-pliquer aux eacutechelles site reacutegion pays les limites eacutetant lieacutees agrave la disponibiliteacute des donneacutees globales ou locales

En termes de niveau drsquoorganisation et de dimen-sion de la biodiversiteacute lrsquooutil STAR prend en compte la composition en espegravece Lrsquooutil STAR nrsquointegravegre pas de dimensions fonctionnelle eacutevolutive ou encore deacutemo-graphique Au moment de lrsquoeacutevaluation toute espegravece drsquooiseaux faisant lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation dans la Liste rouge UICN avec des donneacutees de distribution fiables et agrave jour est consideacutereacutee ndash mais lrsquointeacutegration drsquoautres taxa (notamment mammifegraveres et amphibiens) eacutetait encore en deacuteveloppement

Ainsi en se focalisant sur les espegraveces menaceacutees eacutevalueacutees et sur un impact sur la composition baseacute sur la taxonomie et les distributions spatiales lrsquooutil nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute

Lrsquoindicateur reacutesultant est quantitatif spatialement explicite et integravegre une pondeacuteration lieacutee au statut des espegraveces Sa structure additive permet une deacutecompo-sition des enjeux en termes drsquoespegraveces et de pressions et permet la comparaison entre peacuteriodes de temps et entiteacutes geacuteographiques Les eacutevaluateurs soulignent aussi que lrsquoindicateur se place dans le paradigme de la durabiliteacute forte on ne peut observer un gain de biodiversiteacute sans restaurer du capital naturel au sens large crsquoest-agrave-dire en reacuteduisant des pressions ou en res-taurant effectivement des eacutecosystegravemes

Le calcul de lrsquoindicateur preacutesente toutefois quelques limites heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute des donneacutees taxa peu repreacute-sentatifs et peu sensibles au moment de lrsquoeacutevaluation lien entre pressions (menaces) et impacts eacutetablis selon une nomenclature globale qui peut ne pas ecirctre perti-nente pour eacutevaluer les impacts locaux Les eacutevaluateurs notent que lrsquooutil est davantage focaliseacute sur les pres-sions et construit dans une optique drsquoarbitrage entre

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

plusieurs sceacutenarios drsquoinvestissements ndash mais un outil compleacutementaire focaliseacute sur les impacts drsquoactions de restauration (outil Restoration component) eacutetait en deacuteveloppement lors de lrsquoeacutevaluation Agrave ce titre ils pointent aussi le fait que la conversion drsquoimpacts sur des espegraveces diffeacuterentes ndash et a fortiori drsquoeacutecosystegravemes diffeacuterents ndash en une uniteacute unique implique le risque de voir se concentrer avec une logique coucirct-efficaciteacute les investissements dans des zones ougrave des eacutecosystegravemes moins coucircteux que drsquoautres agrave restaurer si lrsquooutil est utiliseacute pour eacutevaluer des impacts de restauration

La freacutequence pour reacutepeacuteter le calcul est agrave ajuster suivant le contexte Dans le cas drsquoun projet la meacute-thodologie preacuteconise de faire une eacutetude ex-ante pour deacuteterminer la meilleure opportuniteacute drsquoinvestissement puis de faire une eacutetude ex-post au moins 5 ans apregraves lrsquoinvestissement pour observer les beacuteneacutefices reacuteels sur la biodiversiteacute

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Les eacutetapes du calcul et les sources de donneacutees sont clairement deacutecrites et transparentes dans la meacutetho-dologie Le calcul de lrsquoindicateur est simple et clair lrsquoutilisation de donneacutees issues de lrsquoUICN facilite aussi son appropriation les biais et sources drsquoincertitudes sont eacutevalueacutes et des solutions sont proposeacutees par les concepteurs Crsquoest eacutegalement un outil inteacutegratif dont la meacutethodologie est deacuteclinable agrave plusieurs eacutechelles dans la limite de la reacutesolution des donneacutees disponibles permet la comparaison entre types de pressions et impacts associeacutes avant et apregraves investissements des comparaisons entre des zones geacuteographiques ou des pas de temps diffeacuterents ou encore une deacutecomposition des enjeux en termes drsquoespegraveces et de pressions

Outre les limites eacutevoqueacutees ci-dessus les eacuteva-luateurs soulignent que les pressions sont prises en compte de faccedilon additive alors qursquoelles peuvent in-teragir ajoutant ainsi de lrsquoincertitude sur le reacutesultat Enfin dans le cadre drsquoune eacutevaluation comparative spatiale ou temporelle le changement de statut sur la Liste rouge des espegraveces ou des changements taxono-miques doivent ecirctre soit ignoreacutes soit conduire agrave un re-calcul systeacutematique de lrsquoindicateur De plus le fait de pondeacuterer le potentiel de conservation de chaque es-pegravece par un facteur lieacute agrave son statut de conservation nrsquoa pas drsquoeffet lineacuteaire sur lrsquoindicateur et crsquoest une source drsquoimpreacutecision suppleacutementaire

Lrsquoindicateur nrsquoest pas tenu agrave une gamme de valeurs clairement deacutefinie ce qui peut compliquer son inter-preacutetation mecircme si plus il est eacuteleveacute plus le potentiel de retour sur investissement lieacute agrave la reacuteduction ou lrsquoeacutelimination drsquoune pression est important Une stan-dardisation suppleacutementaire (par exemple via sa valeur ex-ante ou une valeur maximum) aiderait

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil STAR au mo-ment de lrsquoeacutevaluation reste la comparaison entre des strateacutegies drsquoinvestissement afin drsquoappuyer la deacutecision pour obtenir des reacutesultats en matiegravere de conservation de la biodiversiteacute Des deacuteveloppements sont en cours pour lrsquoeacutevaluation ex-post

La meacutethodologie de lrsquooutil STAR est flexible de sorte que lrsquooutil pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public pour tout usage neacutecessitant de srsquointeacuteresser aux niveaux espegravece ou assemblage drsquoespegraveces et dans une approche de type Before After Control Impact (BACI)

Selon les eacutevaluateurs lrsquooutil pourrait srsquoinseacuterer dans le suivi drsquoobjectifs de deacuteveloppement durable (ODD) lieacutes agrave la conservation de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en le couplant lors des eacutevaluations sur sites avec drsquoautres indicateurs notamment fonctionnels

En termes meacutethodologiques les eacutevaluateurs notent que les concepteurs ont identifieacute les limites de lrsquooutil et proposent des pistes drsquoameacutelioration inteacutegration de plus de taxa deacuteveloppement drsquoune extension pour les actions de restauration incorporation des espegraveces en danger mecircme si non-soumises agrave des pressions Pour la partie laquo distributions drsquoespegraveces raquo elle pourrait pas-ser par des modegraveles de distribution et non de donneacutees brutes mais cette option ajouterait de lrsquoincertitude ndash agrave calculer pour avoir une ideacutee du domaine de validiteacute Dans tous les cas un effort particulier est neacutecessaire sur lrsquoacquisition de donneacutees afin drsquoadapter lrsquoindicateur aux contextes locaux en particulier la pertinence des pres-sions identifieacutees sur un site pour une espegravece donneacutee Par ailleurs la standardisation de lrsquoindicateur pourrait ecirctre eacutetudieacutee afin de le borner agrave une gamme de valeurs

Drsquoun point de vue pratique une proceacutedure drsquoac-compagnement des utilisateurs dans une politique drsquoinvestissement serait utile ndash par exemple en inseacuterant le STAR dans une proceacutedure drsquoanalyse coucirct-efficaci-teacute ou en reacutefleacutechissant agrave la place de lrsquooutil dans une politique de no-net-loss suivant la seacutequence Eacuteviter Reacuteduire Compenser (ERC)

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Hayward MW Boitani L Burrows ND Funston PJ Karanth KU MacKenzie DI hellip Yarnell RW (2015) FORUM Ecologists need robust survey de-signs sampling and analytical methods Journal of Applied Ecology 52(2) 286-290 httpsdoiorg 1011111365-266412408bull Herkt K M B Skidmore A K Fahr J Macroe-cological conclusions based on IUCN expert maps A call for caution Global Ecology and Biogeography 26 930ndash941 (2017) httpsdoiorg101111geb12601

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

236 Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Indi-cator for Extractive Company (BIEC) eacutetait au stade de deacuteveloppement avec des projets pilotes meneacutes en col-laboration avec des entreprises gaziegraveres et miniegraveres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des sites ndash avec la possibiliteacute drsquoagreacuteger les eacutevaluations agrave lrsquouniteacute opeacuterationnelle et agrave lrsquoentreprise ndash pour les milieux ter-restres et marins Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobi-liseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions prises en compte il srsquoagit pour les pressions directes de lrsquoutilisation des terres (deacuteveloppement reacutesidentiel et commercial agri-culture) le stress hydrique les pollutions et pour les pressions indirectes au sens des activiteacutes de lrsquoen-treprise du changement climatique et des espegraveces envahissantes

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BIEC se base sur le cadre PER pour lier acti-viteacutes et pressions La meacutethodologie repose sur une succession drsquoeacutetapes analyse geacuteospatialiseacutee des sites identifieacutes comme sensibles en termes de biodiversi-teacute en identifiant les chevauchements entre des sites drsquoexploitation caracteacuteriseacutes et des zones tregraves sensibles de biodiversiteacute (preacutesence drsquoespegraveces globalement me-naceacutees drsquoaires proteacutegeacutees et drsquohabitats critiques ou remarquables) eacutevaluation de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des pressions au niveau des sites eacutevaluation drsquoactions visant agrave anticiper ou agrave atteacutenuer la perte de biodiversiteacute sur les sites drsquoexploitation Ces eacutevaluations sont tra-duites en notations puis selon des seuils en scores

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIEC est de fournir degraves la premiegravere eacutetape une vision des sites drsquoexploitation pouvant avoir un impact sur la biodiversiteacute laquo sensible raquo Un autre avantage est lrsquoap-proche par scores qui permet une agreacutegation jusqursquoagrave lrsquoeacutechelle de lrsquoentreprise utile pour rendre compte de la performance et communiquer

Elle preacutesente toutefois des limites notamment lors de lrsquoeacutevaluation des pressions en termes de tempora-liteacute eacutetendue spatiale et seacuteveacuteriteacute car les notations sont attribueacutees agrave dire drsquoexperts De plus les pressions sont consideacutereacutees de faccedilon indeacutependante et leurs scores addi-tionneacutes ce qui meacuteconnaicirct les interactions potentielles entre pressions et ne permet pas drsquoestimer lrsquoincertitude

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont celles dis-ponibles au niveau mondial (par exemple IBAT Liste rouges des espegraveces de lrsquoUICN Key Biodiversity Areas The World Database on Protected Areas UNEP Ocean Data Viewer) et au niveau local (notamment rela-

tives aux eacutetudes drsquoimpacts et aux plans en faveur de la biodiversiteacute)

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee car cette relation nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la meacutethodologie de lrsquooutil Lrsquoeacuteva-luation geacuteospatialiseacutee des sites sensibles en termes de biodiversiteacute repose sur lrsquohypothegravese discutable pour les eacutevaluateurs que lrsquointersection spatiale entre les sites drsquoexploitation et la distribution de la biodiversiteacute (espegraveces menaceacutees habitats critiques aires proteacutegeacutees) reflegravete la sensibiliteacute de cette derniegravere aux pressions

De mecircme la sensibiliteacute de la relation entre activi-teacutes et pressions ne peut ecirctre eacutevalueacutee Toutefois des eacuteleacutements permettent drsquoindiquer qursquoelle est faible en effet si des seuils quantitatifs sont deacutefinis pour eacuteta-blir des scores aux diffeacuterentes eacutetapes drsquoeacutevaluation ils sont cateacutegoriseacutes de maniegravere grossiegravere (fort moyen faible) limitant fortement la capaciteacute de lrsquoindicateur agrave mettre en valeur des relations activiteacutes ndash pressions de faible intensiteacute

Quant agrave la fiabiliteacute elle ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Lrsquointeacutegration de dire drsquoexperts limite par ail-leurs la reproductibiliteacute

Liens entre les pressions et les impacts

Le cadre mobiliseacute dans lrsquooutil BIEC pour lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute reste celui du PER agrave tra-vers les mecircmes eacutetapes analyse des chevauchements spatiaux entre sites agrave enjeux de biodiversiteacute et sites drsquoexploitation puis eacutevaluation des pressions

Les meacutetriques de biodiversiteacute consideacutereacutees dans lrsquooutil BIEC sont lors de la premiegravere eacutetape la preacute-sence drsquoespegraveces menaceacutees au niveau mondial la preacutesence drsquohabitats critiques tels que deacutefinis par la norme de performance IFC PS6 la preacutesence drsquoaires proteacutegeacutees qursquoelles soient nationales reacutegionales ou internationales

Au cours de la deuxiegraveme eacutetape les informations les plus souvent utiliseacutees sont la taille de la population pour les espegraveces prioritaires La superficie et la qualiteacute des habitats cleacutes dont deacutependent les espegraveces peuvent aussi ecirctre utiliseacutees comme proxy

La meacutethodologie de lrsquooutil BIEC permet de lier des impacts potentiels avec des pressions sans toutefois expliciter les activiteacutes ni les impacts

A cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont toujours des donneacutees disponibles aux niveau international et local

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee en raison de lrsquoapproche qualitative Plusieurs espegraveces sont noteacutees pour lrsquoeacutetat mais le processus de calcul ne retient que les espegraveces pour lesquelles la situation est la pire De plus les scores drsquoeacutetat et de pression sont calculeacutes indeacutependamment sans liaison explicite les

biais de la relation entre les pressions et les impacts ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutes

La sensibiliteacute de la relation entre pressions et impacts ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Si les pressions et les eacutetats sont correctement noteacutes il est theacuteoriquement possible de faire la distinction entre des situations dif-feacuterentes Toutefois la cateacutegorisation des notations aux diffeacuterentes eacutetapes si elle donne une impression de standardisation agrave lrsquooutil reste grossiegravere et susceptible de cacher des reacutealiteacutes tregraves diffeacuterentes rendant la com-paraison entre situations diffeacuterentes tregraves aleacuteatoire et il est possible qursquoil faille des situations contrasteacutees pour obtenir des scores contrasteacutes Ainsi lrsquooutil ne permet pas de deacutetecter des changements preacutecoces ou graduels de biodiversiteacute sa reacutesolution eacutetant trop faible

Enfin la fiabiliteacute et la reproductibiliteacute ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutees Elles deacutependent fortement de la deacutefinition des critegraveres de biodiversiteacute agrave quantifier ndash ce qui fait lrsquoobjet drsquoune concertation avec les acteurs locaux ndash et de la faccedilon dont les experts harmonisent leurs eacutevaluations

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel la meacutethodologie permet drsquoavoir un indicateur ponctuel Les eacutevaluateurs soulignent que le cadre PER est plus destineacute agrave eacutevaluer des chan-gements drsquoeacutetat induit par une laquo reacuteponse raquo (induisant un changement de laquo pression raquo) qursquoagrave fournir un dia-gnostic Pour les eacutevaluateurs ce type drsquooutil a peu de potentiel comme signal drsquoalerte et en outre peut ne pas ecirctre pertinent en cas de changements impreacutevus (par exemple des transitions ou de nouveaux reacutegimes de fonctionnement des eacutecosystegravemes) De plus lrsquoeacutetat consideacutereacute eacutetant lrsquoeacutetat actuel lrsquoeacutevaluation nrsquoest valable que pour le court terme

Au niveau spatial la meacutethodologie de lrsquooutil BIEC permet drsquoeacutevaluer les pressions agrave deux eacutechelles mon-diale pour identifier les sites laquo sensibles raquo et locale avec des eacutevaluations speacutecifiques Il existe toutefois le risque de ne pas relever des sites implanteacutes dans des zones qui ne sont pas identifieacutees comme laquo sensibles raquo mais pourtant agrave forts enjeux de biodiversiteacute (par ex espegraveces milieux ou habitats non proteacutegeacutes et non en danger mais dont la persistance impacte lrsquoensemble des habitats ou espegraveces similaires de la reacutegion par effet de dynamique source-puits) La consultation des acteurs locaux doit limiter ce risque

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil est lrsquoespegravece Concernant les espegraveces prises en compte leur preacutesence sur la Liste rouge de lrsquoUICN est le principal critegravere mentionneacute pour le calcul du BIEC Toutefois il semble possible drsquointeacute-grer drsquoautres cateacutegorisations en fonction des enjeux

locaux mais il nrsquoy a pas drsquoindication particuliegravere (es-pegraveces bioindicatrices cleacutes de voucircte etc) Concernant les dimensions de la biodiversiteacute la distribution spa-tiale des espegraveces la taille des populations et si aucune donneacutee nrsquoest disponible la superficie et la qualiteacute des habitats sont les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte au moment de lrsquoeacutevaluation Communau-teacutes structures et fonctions des eacutecosystegravemes ne sont pas prises en compte Toutefois la meacutethodologie de lrsquooutil semble suffisamment flexible pour incorporer ces niveaux si les enjeux locaux le justifient

La meacutethodologie scalaire et deacutefinie en concertation avec les acteurs locaux permet de guider lrsquoaction au niveau des sites et de communiquer au niveau de lrsquoen-treprise Toutefois lrsquoindicateur reacutesultant nrsquoest pas suf-fisamment informatif pour les publics techniquement avertis au-delagrave de lrsquoanalyse ex-ante lrsquooutil ne rendra pas compte des dynamiques subtiles graduelles ou difficiles agrave mesurer ou seulement lorsque les experts les auront identifieacutees crsquoest-agrave-dire tardivement ndash et pour autant que des suivis soient mis en place

La repreacutesentativiteacute de lrsquoindicateur en matiegravere drsquoim-pacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute deacutepend des choix effectueacutes par les acteurs locaux pour preacuteciser lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute puis estimer les pressions Si la meacutetho-dologie de lrsquooutil BIEC opte pour une approche conser-vatrice ndash en deccedilagrave de 70 lrsquoeacutetat est consideacutereacute comme pauvre au niveau du site le score drsquoeacutetat retenu est celui de lrsquoespegravece preacutesentant le score le plus faible le score de pression est le plus eacuteleveacute ndash elle induit que les scores drsquoeacutetat et de pression ne reflegravetent au final qursquoune pression (eacutevalueacutee comme la plus forte) et une espegravece (agrave lrsquoeacutetat eacutevalueacute le plus mauvais) ce qui nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute Les eacutevaluateurs notent que cet outil peut ecirctre utile en tant que premiegravere approche rapide ou lorsque les enjeux de biodiversiteacute sont simples (peu drsquoespegraveces prioritaires) et les activiteacutes ayant des impacts potentiels bien deacutefinis

La meacutethodologie suggegravere une reacutevision quinquennale mais lrsquoindicateur peut ecirctre mis agrave jour annuellement

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

La meacutethodologie est claire transparente et rigoureuse et la structure de lrsquooutil est simple et ne neacutecessite pas de compeacutetences techniques eacutelaboreacutees pour ecirctre appreacute-hendeacutee La meacutethodologie pour deacutesigner un niveau de base de lrsquoindicateur et sa reacuteeacutevaluation est par ailleurs clairement deacutecrite Cependant le calcul de lrsquoindicateur lui-mecircme est peu preacutecis pour deux raisons il repose sur une vision discregravete des enjeux en trois cateacutegories (fort moyen faible) et non sur un indicateur quanti-

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

tatif ou pseudo-quantitatif et il est flexible afin drsquoadap-ter les indicateurs de sites (eacutetat pressions) aux enjeux locaux Lrsquoeacutetape de consultation des acteurs locaux appelle agrave la vigilance En outre lrsquooutil repose sur un certain nombre drsquohypothegraveses (additiviteacute des scores seacutelection des maxima et minima parmi de multiples caracteacuteristiques drsquoeacutetat et de pression) et de codage (valeurs seuils cateacutegories de scores)

Outre les limites eacutevoqueacutees ci-dessus les eacutevalua-teurs notent que le potentiel de reproductibiliteacute et de comparaison de lrsquoindicateur est limiteacute par son carac-tegravere qualitatif Si le fait drsquoeacutetablir des eacutevaluations drsquoeacutetat et de pression adapteacutees agrave chaque site a un sens lo-calement la cateacutegorisation rend lrsquoindicateur suscep-tible de lisser fortement des dispariteacutes entre sites et limite sa porteacutee pour rendre compte de changements de faible intensiteacute graduels ou non-lineacuteaires Ainsi selon les eacutevaluateurs lrsquooutil BIEC nrsquoest pas suffisant pour appuyer les deacutecisions de gestion dans la plupart des cas en particulier lorsque davantage de consideacute-rations au niveau des eacutecosystegravemes sont neacutecessaires etou de multiples pressions sont en jeu

Il nrsquoy a pas de valeur cible agrave proprement parler celle-ci devant ecirctre deacutefinie au cours du processus de construction de lrsquoindicateur en fonction du site et des enjeux Lrsquoindicateur nrsquoest a priori pas conccedilu pour ef-fectuer des comparaisons entre sites mais pour eacuteva-luer un site donneacute ou un groupe de sites partageant des caracteacuteristiques communes

Selon les eacutevaluateurs cet outil est applicable agrave des projets publics Des modifications visant agrave favoriser

les comparaisons inter-entiteacutes et la prise en compte de lrsquoincertitude seraient neacutecessaires pour que lrsquooutil integravegre le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Selon les eacutevaluateurs les ameacuteliorations agrave apporter sont essentiellement drsquoordre meacutethodologique

Ainsi au niveau des sites lrsquoapproche conservatrice conduit lrsquoindicateur agrave ne refleacuteter qursquoune pression sur une seule espegravece Pour limiter cela il faudrait notam-ment modifier le calcul des scores drsquoeacutetat et de pression afin de pouvoir prendre en compte plusieurs minima et maxima

Une meacutethode de scoring pseudo-quantitatif au lieu de la cateacutegorisation actuelle (faible moyen fort) permettrait de mieux prioriser les enjeux et de rensei-gner lrsquoindicateur de maniegravere plus preacutecise Une standar-disation plus eacuteleveacutee de lrsquoindicateur (par exemple en eacutegalisant le nombre drsquoitems pris en compte lors de la deuxiegraveme eacutetape ou en deacutefinissant une grille drsquoeacutequiva-lences) serait utile

Par ailleurs des instructions tregraves preacutecises des exemples et un processus drsquoapprentissage iteacuteratif sont neacutecessaires pour assurer la coheacuterence des scores entre les groupes drsquoexperts entre les sites et agrave diffeacuterents moments

Une typologie des pressions directement lieacutees aux activiteacutes ainsi qursquoun suivi des eacutetats et des pressions seraient eacutegalement neacutecessaires

237 Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Indica-tor and Reporting System (BIRS) eacutetait utiliseacute par des entreprises du secteur de lrsquoextraction et de la construc-tion (ciment granulats) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des sites ndash avec la possibiliteacute drsquoagreacuteger les eacutevaluations aux niveaux national et global drsquoune entreprise ndash pour les milieux terrestres les zones hu-mides et cocirctiegraveres Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR) Lrsquooutil BIRS repose sur une approche fondeacutee sur lrsquoanalyse des risques eacuteleacute-ment de la meacutethodologie du systegraveme de gestion inteacute-greacutee de la biodiversiteacute (Integrated Biodiversity Mana-gement System IMBS) deacuteveloppeacute par lrsquoUICN

Concernant les pressions prises en compte il srsquoagit de lrsquoeacuterosion des sols les effets neacutegatifs du pacircturage par les animaux domestiques ou sauvages les plantes exotiques envahissantes les effets neacutegatifs de lrsquoexploi-tation de carriegravere ou des activiteacutes associeacutees qui se reacute-percutent dans lrsquohabitat eacutevalueacute lrsquoutilisation incontrocirc-leacutee de ressources naturelles non extraites de carriegraveres le rejet de deacutechets solides non mineacuteraux la pollution de lrsquoeau les menaces causeacutees par des incendies non controcircleacutes Au moment de lrsquoeacutevaluation la pollution des sols ainsi que les perturbations (sonores lumi-neuses) ne sont pas prises en compte

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BIRS se base sur le cadre PER pour lier activiteacutes et pressions Il mobilise la formule suivante Site times Surface total de chaque type drsquohabitat times Facteur de contexte par habitat times Classe de condition de chaque habitat = Indice de classement de lrsquoeacutetat de la biodi-versiteacute du site Cette formule permet de caracteacuteriser la valeur et la condition eacutecologiques des habitats drsquoun site Le lien entre les activiteacutes et les pressions est reacutea-liseacute de maniegravere implicite agrave travers lrsquoattribution drsquoun score de menace pour les habitats Ce score de menace peut ecirctre rapprocheacute des laquo pressions raquo

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquoou-til BIRS est de deacutefinir des scores agrave travers plusieurs eacutetapes reacutealisables par des non-experts et pour tous types drsquohabitats La meacutethodologie permet de combi-ner les scores Elle comprend aussi une eacutetape de nor-malisation baseacutee sur la proportion drsquohabitats naturels drsquoun site concerneacutes par au moins une pression afin de prendre en compte les diffeacuterences de taille entre les sites de comparer les niveaux de menaces de sites de tailles diffeacuterentes

Elle preacutesente toutefois des limites notamment le fait que lrsquooutil se concentre sur les modifications de la

qualiteacute des habitats et que la meacutethodologie est qualita-tive avec lrsquoattribution de scores par dire drsquoexperts De plus les zones fortement deacutegradeacutees telles que les sites opeacuterationnels les parois des carriegraveres les zones de restauration et les zones rudeacuterales se voient attribuer un score par deacutefaut Par conseacutequent ces espaces ne font pas partie du score de menace du site et ne sont pas eacutevalueacutes Le score par deacutefaut de certaines de ces zones varie au cours du temps en fonction du nombre drsquoanneacutees eacutecouleacutees depuis lrsquoarrecirct de lrsquoexploitation cela peut avoir une grande influence sur les changements temporels de lrsquoindicateur qui en reacutesulte

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont des don-neacutees collecteacutees in situ pour le suivi de lrsquoeacutetat des habi-tats et des menaces Ces donneacutees peuvent ecirctre collec-teacutees par des non-experts ndash agrave condition qursquoun expert soit preacutesent lors de la phase de preacuteparation pour assurer une formation (compeacutetences neacutecessaires deacutefinitions arbre de deacutecision questionnaires sont proposeacutes) ndash ou ecirctre issues drsquoeacutevaluations drsquoimpact environnemental et socieacutetal La typologie des habitats a eacuteteacute eacutetablie de faccedilon ad hoc avec une table de correspondance avec la clas-sification de la Liste rouge des habitats de lrsquoUICN Une deacutefinition des habitats et un arbre preacutecis de deacutecision permettant de deacuteterminer les habitats sont fournis

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions est difficile agrave eacutevaluer car cette relation nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la meacutethodologie de lrsquooutil Les huit ca-teacutegories de menaces qui sont listeacutees recouvrent une large gamme drsquoactiviteacutes mais chacune ne repreacutesente pas tant une seule activiteacute que diffeacuterents types de pressions

De mecircme la sensibiliteacute de la relation entre activi-teacutes et pressions est difficile agrave eacutevaluer La meacutethodologie de lrsquooutil BIRS permet de relier une activiteacute donneacutee agrave plusieurs types de pression et agrave plusieurs activiteacutes de geacuteneacuterer les mecircmes pressions Chaque activiteacute peut ensuite ecirctre deacutecrite agrave travers un profil de pressions

Quant agrave la fiabiliteacute elle ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Des mesures plus quantitatives sont neacuteces-saires au-delagrave de la simple cateacutegorisation employeacutee dans lrsquooutil BIRS Lrsquointeacutegration de dire drsquoexperts limite par ailleurs la reproductibiliteacute

Liens entre les pressions et les impacts

Le cadre mobiliseacute dans lrsquooutil BIRS pour lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute reste celui du PER agrave tra-vers la mecircme formule Site times Surface totale de chaque type drsquohabitat times Facteur de contexte par habitat times Classe de condition de chaque habitat = Indice de classement de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute du site Le lien entre les pressions et les impacts sur la biodiversiteacute est eacutetabli agrave partir de la matrice de risques pour la biodi-versiteacute issue de la meacutethodologie du systegraveme de gestion

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

inteacutegreacutee de la biodiversiteacute (Integrated Biodiversity Ma-nagement System IMBS) deacuteveloppeacute par lrsquoUICN Cet eacutetayage meacutethodologique est indiqueacute au deacutebut de la meacutethode disponible lors de lrsquoeacutevaluation mais nrsquoest pas reprise par la suite Le score de menace de lrsquohabitat reflegravete ainsi drsquoune certaine faccedilon les impacts poten-tiels sans que ceux-ci soient qualifieacutes Le score de condition de lrsquohabitat peut ecirctre rapprocheacute de laquo lrsquoeacutetat raquo

Les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil BIRS se rapportent toutes aux habitats plus particu-liegraverement en termes de structure surface et compo-sition de veacutegeacutetation ce sont le facteur de contexte de lrsquohabitat et la classe de condition de lrsquohabitat Le facteur de contexte de lrsquohabitat integravegre des eacuteleacutements relatifs agrave lrsquoimportance eacutecologique de lrsquohabitat et de la valeur intrinsegraveque de la biodiversiteacute uniciteacute aspects fonctionnels connectiviteacute espegraveces preacutesentes niveau de menace La classe de condition de lrsquohabitat deacutecrit la qualiteacute de lrsquohabitat agrave partir de critegraveres morpholo-giques et drsquoautres caracteacuteristiques Lrsquoattribution des scores pour ces meacutetriques repose sur des hypothegraveses eacutecologiques geacuteneacuterales la biodiversiteacute est fonction de la diversiteacute des habitats des habitats structurellement plus diversifieacutes conduisent agrave une plus grande diversiteacute drsquoespegraveces et une plus grande qualiteacute drsquohabitat se tra-duit par une plus grande diversiteacute drsquoespegraveces

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIRS est que les cateacutegories consideacutereacutees pour calculer le score de menace pour lrsquohabitat integravegrent les pressions drsquoune varieacuteteacute drsquoactiviteacutes et qursquoelles peuvent ecirctre relieacutees aux reacuteponses potentielles drsquoactions de gestion ndash agrave cibler en prenant en compte les scores de chaque menace

Elle preacutesente toutefois des limites Lrsquooutil se concentre sur les habitats ndash deacutecrits agrave travers des ca-racteacuteristiques de veacutegeacutetation ndash lrsquooccupation du sol la preacutesence drsquoespegraveces menaceacutees ou particuliegraveres de ce fait aucun lien explicite ne peut ecirctre eacutetabli entre les pressions et lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute ndash seules des cor-reacutelations pourraient ecirctre infeacutereacutees si des ameacuteliorations eacutetaient apporteacutees agrave lrsquooutil pour relier les activiteacutes sur le site avec les modifications des conditions de lrsquohabi-tat Drsquoautre part certaines pressions ne peuvent pas faire lrsquoobjet drsquoune laquo eacutevaluation visuelle raquo et neacutecessi-teraient des donneacutees compleacutementaires collecteacutees Par ailleurs les critegraveres pour qualifier les sites sont prin-cipalement qualitatifs et deacutefinis agrave une eacutechelle assez grossiegravere puisque lrsquoattribution du score repose sur quatre cateacutegories

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont la surface des habitats leurs caracteacuteristiques (diversiteacute morpho-logique structure de veacutegeacutetation heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute spa-tiale de la veacutegeacutetation litiegravere et bois mort) la preacutesence de groupes drsquoanimaux bio-indicateurs et de pollinisa-

teurs des caracteacuteristiques eacutecologiques remarquables (karst colonies drsquooiseaux en phase de reproduction sites pour les espegraveces migratrices) la preacutesence drsquoes-pegraveces particuliegraveres (espegraveces menaceacutees dans la liste rouge de lrsquoUICN classeacutees comme rares au niveau mon-dial ou national) et drsquohabitats particuliers (zone pro-teacutegeacutee ou eacutecosystegraveme important) la connectiviteacute des habitats ou les corridors de biodiversiteacute (connexions hydrologiques) des donneacutees sur la preacutesence drsquoune zone tampon adjacente ou encore de la protection des bassins versants La plupart de ces donneacutees sont des observations visuelles et qualitatives recueillies sur un site toutes eacutetant facilement disponibles En contrepar-tie ces donneacutees preacutesentent de fortes limitations telles que le possible manque de coheacuterence (dans le temps et entre sites) et un biais taxonomique lieacute agrave la focalisa-tion sur la veacutegeacutetation

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee car elle nrsquoest pas expliciteacutee Il est mecircme difficile drsquoeacutetablir une relation correacutelative car aucune information ne lie explicitement lrsquoeacutetat de lrsquohabitat et les activiteacutes meneacutees Les biais lieacutes agrave la notation agrave dire drsquoexperts ne peuvent pas ecirctre eacutevalueacutes

La sensibiliteacute de la relation entre pressions et im-pacts ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Si les scores de menace et drsquoeacutetat de lrsquohabitat sont correctement noteacutes il est theacuteoriquement possible de distinguer les situations mais cette approche reste qualitative et des situations contrasteacutees sont neacutecessaires pour obte-nir des scores contrasteacutes De plus la construction de lrsquoindicateur repose sur une succession drsquoeacutetapes avec des corrections de sorte que la sensibiliteacute reacutesultante nrsquoest pas claire Aussi il est peu probable que lrsquooutil permette de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute mais plutocirct des changements tardifs et importants tels que la disparition drsquoespegraveces ou le rem-placement eacutecologique ndash ou brutaux tel le deacuteversement de deacutechets Il ne permet pas non plus de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion

Enfin la fiabiliteacute et la reproductibiliteacute ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutees ndash notamment parce que les scores sont qualitatifs et baseacutes sur le dire drsquoexperts

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil est destineacute agrave ecirctre employeacute ideacutealement sur un site Il est recommandeacute de rendre compte des changements en se basant sur une seacuterie temporelle en notant toutefois que les modifications drsquoune anneacutee agrave lrsquoautre doivent ecirctre interpreacuteteacutees avec prudence

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

drsquoeacutetat de lrsquohabitat Ceci permettrait pourtant drsquoameacute-liorer la reproductibiliteacute de lrsquoeacutevaluation dans le temps et dans lrsquoespace ndash par exemple pour eacuteclairer la dif-feacuterence entre des espegraveces de plantes exotiques enva-hissantes laquo abondantes raquo ou laquo freacutequentes raquo ou encore indiquer des valeurs seuils (en pourcentage ou autre) de couverture ou nombre drsquoindividus Lrsquoeacutetape de nota-tion des pressions agrave dire drsquoexperts appelle agrave la vigi-lance En outre lrsquooutil repose sur un certain nombre drsquohypothegraveses (pas de deacutelineacuteation des cateacutegories de menaces et des activiteacutes moyenne et agreacutegation des scores hypothegraveses de biodiversiteacute relieacutee agrave la qualiteacute et agrave la diversiteacute des habitats)

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent que si le processus drsquoagreacutegation des scores rend lrsquoapproche scalaire il en reacutesulte un indicateur complexe et lrsquointrication des calculs (agreacutegation de diffeacuterents critegraveres qui se compensent les uns les autres) rend la gamme des variations de cet indicateur difficile agrave interpreacuteter et agrave anticiper Par conseacutequent les eacutevaluateurs notent qursquoil est peu probable que lrsquooutil BIRS puisse ecirctre utiliseacute pour comparer des sites Ils in-diquent eacutegalement qursquoil peut ecirctre preacutefeacuterable de suivre seacutepareacutement le score de chaque critegravere drsquoeacutevaluation

Il nrsquoy a pas de valeur cible fixeacutee lrsquoindice le plus eacuteleveacute de lrsquoeacutetat du site devant refleacuteter le meilleur eacutetat de la biodiversiteacute

Selon les eacutevaluateurs cet outil est applicable agrave des projets publics comme un critegravere de deacutecision dans le cadre de marcheacutes et contrats mais en tenant compte des biais indiqueacutes ndash mais pas dans le cadre de travaux publics car il nrsquoest pas complegravetement adeacutequat pour rendre compte des impacts sur la biodiversiteacute Des modifications visant agrave assurer lrsquoenregistrement des donneacutees brutes drsquoobservation ou agrave deacutefaut de lrsquoindice de lrsquoeacutetat des habitats et des sites dans une base de donneacutees utilisant des ontologies normaliseacutees et com-munes aux entreprises seraient neacutecessaires pour que lrsquooutil integravegre le suivi drsquoobjectifs de cadres internatio-naux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en renforccedilant le suivi de lrsquoeacutetat de la biodiver-siteacute Ainsi lrsquoabondance des populations pourrait ecirctre prise en compte afin drsquoavoir des signes plus preacutecoces de changement de biodiversiteacute tout en gardant la meacutethode simple et applicable par des non-experts En outre pour une eacutevaluation plus robuste et repreacutesenta-tive un ensemble plus large de groupes taxonomiques pourrait ecirctre inteacutegreacute Les groupes les plus faciles et les plus simples agrave suivre comprennent les inverteacutebreacutes ter-restres et aeacuteriens les oiseaux ou les chauves-souris ndash drsquoautres espegraveces ou groupes pourraient eacutegalement ecirctre

pris en compte tels que les organismes vivants dans le sol ou des verteacutebreacutes terrestres identifieacutes comme bio-in-dicateurs cleacutes de voucircte ou les espegraveces menaceacutees Dans ce cadre la freacutequence des suivis devrait probablement ecirctre adapteacutee pour conserver un niveau drsquoefforts et des coucircts raisonnables ndash tous les deux ans par exemple Ce qui est actuellement mesureacute concerne plus les ha-bitats que la biodiversiteacute elle-mecircme le nom de lrsquooutil porte agrave confusion

En termes meacutethodologiques la deacutefinition de seuils standardiseacutes de meacutetriques quantitatives (valeurs seuils et intervalles) permettant drsquoattribuer des scores drsquoeacutetat et de menaces pourrait atteacutenuer les conseacutequences de la notation subjective agrave dire drsquoexperts Cela faciliterait la comparaison entre sites au sein drsquoune entreprise et entre entreprises Une autre faccedilon de drsquoappreacutehender cette source de variation dans la notation serait de reacute-peacuteter les eacutevaluations pour chaque habitat puis drsquoeacuteva-luer la variation des notations entre experts Une base de donneacutees de reacutefeacuterence des scores preacuteceacutedemment calculeacutes ainsi que des photos prises lors des suivis seraient utile dans le cadre drsquoun processus drsquoappren-tissage continu

Les eacutevaluateurs proposent aussi de conserver un score seacutepareacute pour lrsquoeacutetat et les menaces Combineacute avec davantage drsquoinformations sur les activiteacutes au sein de chaque site cela permettrait de hieacuterarchiser les sites neacutecessitant des mesures drsquoatteacutenuation immeacutediates

Drsquoun point de vue pratique les activiteacutes indus-trielles sur les sites et leur historique devraient ecirctre documenteacutees de faccedilon harmoniseacutee en indiquant par exemple lrsquointensiteacute la freacutequence et la dureacutee des pres-sions afin de mieux comprendre leurs impacts sur lrsquohabitat et les effets des mesures prises par lrsquoentre-prise Mecircme si le besoin de standards coheacuterents agrave travers le temps et dans lrsquoespace est reconnu par les deacuteveloppeurs de lrsquooutil BIRS ce point aurait besoin drsquoecirctre renforceacute

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull UICN (2018) Guide pratique pour la reacutealisation de Listes rouges reacutegionales des espegraveces menaceacutees ndash Meacute-thodologie de lrsquoUICN amp deacutemarche drsquoeacutelaborationbull Jeanmougin M Plattner G Porcher E Julliard R Touroult J Poncet L (2014) Synthegravese bibliogra-phique des changements drsquoeacutechelles cartographiques et des relations eacutecologiques entre les espegraveces et leurs habitats 83 SPN-CESCO-MNHN MEDDE Paris

Au niveau spatial la meacutethodologie de lrsquooutil BIRS permet drsquoeacutevaluer les pressions agrave plusieurs eacutechelles chaque type drsquohabitat au sein drsquoun site puis sur lrsquoensemble du site A ce niveau lrsquoindicateur permet drsquoorienter les gestionnaires de sites vers des mesures de gestion cibleacutes pour reacuteduire les menaces pesant sur les habitats Les agreacutegations sont ensuite effectueacutees agrave lrsquoeacutechelle des sites puis aux niveaux national et global de lrsquoactiviteacute de lrsquoentreprise Agrave ce niveau un tel indi-cateur agreacutegeacute est valable pour le rapportage mais ne peut pas orienter les actions de gestion en reacuteponse aux constats de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil est lrsquohabitat Les espegraveces sont indirectement consideacutereacutees via le facteur de contexte de lrsquohabitat ndash agrave travers lrsquoeacutevaluation de la valeur in-trinsegraveque la biodiversiteacute de lrsquohabitat ndash et via la classe de condition de lrsquohabitat ndash agrave travers lrsquoeacutevaluation de la preacutesence de caracteacuteristiques eacutecologiques exception-nelles et de groupes animaux bio-indicateurs Lrsquooutil prend en compte les espegraveces ou des habitats mena-ceacutes preacutesents dans les listes rouges de lrsquoUICN et classeacutes comme laquo rares raquo au niveau mondial ou national les espaces proteacutegeacutes ou les eacutecosystegravemes importants Le fonctionnement des eacutecosystegravemes et les communauteacutes ne sont pas pris en compte Concernant les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte il srsquoagit essentielle-ment de la composition et de la structure des habitats Ce sont des dimensions importantes de lrsquointeacutegriteacute de lrsquoeacutecosystegraveme et elles sont relativement faciles agrave mesu-rer Toutefois elles peuvent srsquoaveacuterer insuffisantes pour deacutetecter des signaux preacutecoces de changement drsquoeacutetat de la biodiversiteacute Ceci doit ecirctre compleacuteteacute par des paramegravetres quantitatifs (par exemple lrsquoabondance) doit ecirctre reacutealiseacute avec plus de preacutecision (par exemple en eacutenumeacuterant les espegraveces dominantes ou rares) et eacutetendu au-delagrave de la veacutegeacutetation au regravegne animal De plus la fragmentation de lrsquohabitat et les connectivi-teacutes sont insuffisamment prises en compte Ainsi en tenant eacutegalement compte des limites indiqueacutees preacute-ceacutedemment lrsquooutil nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute des activiteacutes consideacutereacutees

Lrsquoapproche semi-quantitative (attribution de scores) nrsquoest pas conccedilue pour deacutetecter des change-ments graduels comme cela est par ailleurs noteacutee dans la meacutethode accessible au moment de lrsquoeacutevalua-tion Lrsquooutil se concentre sur la structure et la compo-sition de la veacutegeacutetation agrave partir drsquoune eacutevaluation quali-tative plutocirct que sur des mesures quantitatives (mecircme en ce qui concerne lrsquoidentification des espegraveces) Il se concentre plus sur les changements drsquoenvironnement pertinents pour la biodiversiteacute plutocirct qursquoau niveau mecircme de la biodiversiteacute et de meacutetriques srsquoy rapportant La proportion drsquohabitats laquo naturels raquo nrsquoest eacutegalement

pas prise en compte dans le calcul alors que lrsquoindi-cateur peut ecirctre sensible aux changements temporels des statuts des zones (entre zone opeacuterationnelle zone en cours de restauration et zones laquo naturelles raquo) Les eacutevaluateurs indiquent qursquoil est neacutecessaire drsquoexaminer attentivement lrsquoeacutevolution des scores individuels et non agreacutegeacutes de lrsquoeacutetat de lrsquohabitat et des menaces ainsi que des cartes pour rendre plus preacuteciseacutement compte des impacts des activiteacutes ndash par ailleurs pas explicite-ment diffeacuterencieacutees en tant que sources diffeacuterentes de pressions potentielles ndash sur les habitats Lrsquooutil BIRS pourrait aussi ecirctre compleacuteteacute par des plans drsquoaction ou des plans de restauration car il nrsquoa pas vocation agrave suivre des objectifs fins de gestion de biodiversiteacute En outre les eacutevaluateurs notent que les eacutevaluations de lrsquoeacutetat de lrsquohabitat devraient ecirctre davantage lieacutees agrave drsquoautres indicateurs du systegraveme de gestion inteacutegreacutee de la biodiversiteacute de lrsquoUICN sur lequel lrsquooutil srsquoappuie

La meacutethodologie de lrsquooutil BIRS indique qursquoune reacuteeacutevaluation du facteur de contexte de lrsquohabitat tous les 5 agrave 10 ans devrait suffire agrave moins que des chan-gements importants ou de grande eacutechelle dans lrsquoutili-sation des terres aient eu lieu aux alentours auquel cas ce facteur doit ecirctre reacuteeacutevalueacute plus tocirct La classe de condition de lrsquohabitat est elle eacutevalueacutee annuelle-ment et lrsquooutil BIRS est conccedilu pour calculer un indice annuel drsquoeacutetat de la biodiversiteacute

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

La meacutethodologie bien que complexe par la succession des eacutetapes reste simple agrave comprendre Elle est claire transparente et rigoureuse avec une deacutefinition utile des termes des eacutetapes et des critegraveres drsquoeacutevaluation crsquoest le cas lors de lrsquoeacutetape drsquoidentification de lrsquohabi-tat et de lrsquoeacutetape drsquoestimation de la superficie pour les-quelles une deacutefinition tregraves claire de la classification de lrsquohabitat et des meacutethodes de calcul sont fournies

La meacutethodologie peut ecirctre utiliseacutee dans le monde entier et pour nrsquoimporte quel habitat ou eacutecosystegraveme Elle assure eacutequilibre entre des consideacuterations pratiques et la rigueur scientifique bien que les eacutevaluateurs notent que cela peut encore ecirctre ameacutelioreacute Lrsquoapproche semi-quantitative par lrsquoattribution de scores agrave travers une classification relativement grossiegravere nrsquoenlegraveve pas la neacutecessiteacute de mesures quantitatives De plus les scores drsquoune cateacutegorie sont supposeacutes eacutequivalents (par exemple laquo forte pression de pacircturage raquo eacutequivaut agrave laquo abondance drsquoespegraveces exotiques envahissantes raquo eacutequivaut agrave laquo forte pollution de lrsquoeau raquo) sans valeurs seuils deacutetailleacutees pour aider agrave eacutevaluer les diffeacuterences reacuteelles entre les scores Crsquoest le cas notamment aux eacutetapes drsquoeacutevaluation de lrsquoeacutetat de chaque habitat (par une enquecircte sur le terrain) et drsquoeacutevaluation de la classe

5958

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

Sur la base des eacutevaluations des sept outils de mesure reacutealiseacutees par les experts et des discussions entre les diffeacuterents acteurs lors des ateliers des recommandations sont ressorties de ces eacutechanges Elles srsquoadressent agrave une grande diversiteacute de publics chercheurs deacuteveloppeurs utilisateurs priveacutes ou publics et deacutecideurs politiques Loin drsquoecirctre exhaustives ces recommandations permettent neacuteanmoins drsquoengager un premier dialogue Elles fournissent en effet des pistes drsquoameacutelioration pour le deacuteveloppement dindicateurs et outils de mesure de lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Enjeu important pour accompagner lrsquoengagement des acteurs et des deacutecideurs politiques nationaux et internationaux en vue drsquoenrayer le deacuteclin de la biodiversiteacute

3

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

31 Quelques approches inteacutegratives compleacutementaires aux outils

Les eacutevaluations externes des outils ont souligneacute entre autres eacuteleacutements qursquoaucun nrsquoest repreacutesentatif de tous les impacts des activiteacutes eacutevalueacutees sur la biodiversiteacute Quelques approches inteacutegratives tant agrave lrsquoeacutechelle des activiteacutes humaines que de la biodiversiteacute peuvent ecirctre proposeacutees Sans preacutetention agrave lrsquoexhaustiviteacute nous en preacutesentons ici trois accessibles aux acteurs priveacutes et publics

311 La compleacutementariteacute des cadres Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et Analyse de cycle de vie (ACV)

Les deux cadres preacutesenteacutes au chapitre 1 peuvent ecirctre envisageacutes dans une optique compleacutementaire Ainsi de faccedilon scheacutematique le cadre ACV permet drsquoidentifier des moments et des lieux des eacutetapes cleacutes dans le cycle de vie de produits ou de services ayant des impacts particuliegraverement importants sur la biodiversiteacute et le cadre PER permet drsquoapprofondir et de deacutetailler lrsquoeacuteva-luation en ces diffeacuterentes eacutetapes cleacutes (Fig 8)

Les deux approches peuvent ecirctre combineacutees en adoptant drsquoabord une perspective ACV pour avoir une approche holistique des activiteacutes anthropiques puis en deacutefinissant ensuite pour chaque eacutetape reconnue comme majeure dans lrsquoACV des indicateurs de type

FIGURE 8 COMPLeacuteMEntArIteacute EntrE LE CADrE PEr Et LE CADrE ACv SOuRcE TEIllARD et al 2016

Responses

Inputs feed

Farm

Processing

Pressures(Midpoints)

Production

Biodiversity(Endpoints)

Farm

Landscape

response indicators

state indicators

Pressure indicators

sometimes evaluated through scenario analysis

Endpoint modeling

Midpoint modeling

horizontal perspective space

vert

ical

per

spec

tive

su

pply

cha

in

LCA

ECOLOGY

PER ndash en tendant alors vers une approche holistique de la biodiversiteacute

Une telle combinaison permettrait de comparer les reacutesultats des liens activeacutes ndash pressions (midpoints dans lrsquoACV pressures dans le PER) et des liens pressions ndash impacts (endpoints dans lrsquoACV state dans le PER) Drsquoautre part cela permettrait drsquointeacutegrer dans lrsquoeacutevalua-tion des impacts des pressions qui ne sont actuelle-ment pas ou peu prises en compte dans lrsquoACV mais qui les sont dans les indicateurs PER (notamment espegraveces envahissantes surexploitation)

Enfin les meacutethodes drsquoACV qui explorent diffeacuterents

sceacutenarios pour limiter les impacts sur la biodiversiteacute pourraient compleacuteter les indicateurs de reacuteponses du cadre PER et enrichir la reacuteflexion sur les reacuteponses cest-agrave-dire les mesures agrave adopter pour limiter les pressions

312 Lrsquoapproche par les laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo (EBV)

Le laquo Reacuteseau drsquoobservation de la biodiversiteacute raquo (BON) du Groupe drsquoobservation de la Terre (GEO) initiative mon-diale a fait eacutemerger en 2013 le concept de laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo deacutefinies comme des laquo mesures neacutecessaires pour eacutetudier rapporter et geacuterer les changements de la biodiversiteacute en se concentrant sur lrsquoeacutetat et la tendance des eacuteleacutements de la biodiversiteacute raquo (Pereira et al 2013) Ces mesures permettent de trans-former des donneacutees issues de sources varieacutees en indica-teurs offrant une description syntheacutetique de diffeacuterents niveaux drsquoorganisation de la biodiversiteacute facilitant ainsi la laquo traduction raquo des donneacutees sur la biodiversiteacute en informations politiques Le GEO BON a proposeacute une liste de vingt variables classeacutees par niveaux drsquoorganisa-tion Ces variables ont eacutevolueacute depuis 2013 (Tableau 2)

Classes de variables essentielles Variables essentielles

Composition geacuteneacutetique Diversiteacute geacuteneacutetique intraspeacutecifique

Diffeacuterenciation geacuteneacutetique parmi des populations

Taille effective de la population

Consanguiniteacute

Populations drsquoespegraveces Distribution drsquoespegraveces donneacutees

Abondance drsquoindividus drsquoespegraveces donneacutees

Traits de vie des espegraveces Morphologie des organismes

Physiologie des organismes en lien avec la fitness et les reacuteponses agrave lrsquoenvironnement

Pheacutenologie des organismes

Mouvements de type dispersion ou migration

Composition des communauteacutes Abondance des organismes dans un assemblage eacutecologique

Diversiteacute taxonomiquephylogeacuteneacutetique dans un assemblage eacutecologique

Diversiteacute des traits des organismes au sein des communauteacutes

Diversiteacute et structures des interactions entre organismes au sein des communauteacutes

Fonctions des eacutecosystegravemes Productiviteacute primaire

Pheacutenologie observeacutee agrave lrsquoeacutechelle drsquoun eacutecosystegraveme

Perturbations du fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme

Structure des eacutecosystegravemes Fraction du couvert vivant

Distribution horizontale drsquoeacuteleacutements drsquoun eacutecosystegraveme

Profil vertical de la distribution de biomasse

vArIAbLEs EssEntIELLEs DE bIODIvErsIteacute CLAsseacuteEs PAr nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn SOuRcE gEObONTABLEAU 2

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

Une laquo variable essentielle de biodiversiteacute raquo doit preacute-senter certaines caracteacuteristiques afin drsquoecirctre opeacuteration-nelle Ainsi ideacutealement elle doit ecirctre

bull capable de saisir les eacutechelles et les dimensions essentielles de la biodiversiteacute

bull biologiquebull une variable drsquoeacutetat (certains deacuteveloppements

cherchent agrave deacutefinir les variables permettant de deacutetec-ter des changements preacutecoces de biodiversiteacute (Sch-meller et al 2018))

bull sensible au changementbull agnostique agrave lrsquoeacutegard des eacutecosystegravemes (dans la

mesure du possible elle doit pouvoir ecirctre mesureacutee pour tous types drsquoeacutecosystegravemes)

bull techniquement reacutealisable degraves agrave preacutesent eacuteco-nomiquement viable et durable dans le temps (les moyens drsquoobservation peuvent ecirctre deacuteployeacutes in-situ ou aeacuteroporteacutes ndash les donneacutees drsquoobservations satellites eacutetant par ailleurs de plus en plus traiteacutees et rendues disponibles)

Certaines variables peuvent constituer des indica-teurs ou des intermeacutediaires entre les donneacutees brutes et les indicateurs Elles peuvent eacutegalement ecirctre combi-neacutees entre elles afin de former des indices (GEO BON 2015) certains eacutetant mobiliseacutes dans les rapports de la Plateforme intergouvernementale scientifique et poli-tique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) ou encore les objectifs des programmes suc-cessifs de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) indice drsquohabitat drsquoespegraveces indice de biodi-versiteacute des habitats indice de protection des espegraveces indice de repreacutesentativiteacute des aires proteacutegeacutees et de connectiviteacutes indice drsquointeacutegriteacute locale de biodiversiteacute indice de restauration des eacutecosystegravemes indice drsquoinfor-mation sur le statut des espegraveces

Les travaux deacutedieacutes aux EBVs se poursuivent au sein de groupes theacutematiques explorant les six classes mais eacutegalement sur des volets transversaux Citons-en particuliegraverement six qui peuvent inteacuteresser les concep-teurs et les utilisateurs drsquooutils de mesure des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

bull La deacutefinition des variables elles-mecircmes le cadre conceptuel proposeacute peut ecirctre utiliseacute afin de deacutefinir collectivement en associant acteurs et chercheurs les variables essentielles propres agrave un territoire etou un pays sans neacutecessairement mobiliser celles identifieacutees par GEO BON (Turak et al 2017)

bull Lrsquointeacutegration des donneacutees de divers origines en srsquoappuyant entre autres sur des modeacutelisations et la combinaison avec des donneacutees drsquoenvironnement afin de deacutefinir lrsquoeacutevolution de la biodiversiteacute dans le temps et lrsquoespace (Jetz et al 2019)

bull Lrsquoutilisation du concept pour effectuer des suivis drsquoespegraveces exotiques envahissantes (Seebens et al 2020)

bull Lrsquoutilisation de donneacutees de teacuteleacutedeacutetection pour documenter les variables

bull Le deacuteveloppement drsquoindicateurs et drsquoindices inteacutegreacutes

bull Lrsquoutilisation des donneacutees drsquoobservation de la Terre pour eacutevaluer les services eacutecosysteacutemiques

Le concept de laquo variables essentielles raquo est eacutegale-ment deacuteclineacute pour le climat et lrsquooceacutean Ces variables documentent lrsquoeacutevolution de paramegravetres cleacutes du systegraveme climatique (preacutecipitations tempeacuterature composition de lrsquoatmosphegravere) ou de lrsquooceacutean (carbone organique dissout abondance et distribution de poissons eacutetendu des mangroves et composition) Ces variables sont reacuteguliegraverement utiliseacutees pour soutenir des travaux inter-nationaux du Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC) de lrsquoOrganisation des Nations unies (ONU) ou de la Commission oceacuteanogra-phique intergouvernementale (COI) porteacutee par lrsquoOrga-nisation des Nations unies pour lrsquoeacuteducation la science et la culture (Unesco)

Ainsi agrave travers ce concept de laquo variables essen-tielles raquo une utilisation pragmatique des donneacutees agrave diffeacuterentes eacutechelles spatiales mobilisables aussi bien par des acteurs priveacutes que publics se dessine elle peut utilement compleacuteter les reacuteflexions sur les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

les indicateurs quantitatifs des changements de la biodi-versiteacute des contributions de la nature aux personnes et agrave la qualiteacute de vie ainsi que des forces motrices facteurs directs et indirects qui sous-tendent ces changements constituent des eacuteleacutements importants agrave documenter Ainsi lrsquoIpbes deacutefinit deux batteries drsquoindicateurs

bull une trentaine drsquoindicateurs de base (dits core indi-cators) que les auteurs des eacutevaluations sont inviteacutes agrave uti-liser en plus drsquoautres indicateurs ou autres informations

bull une quarantaine drsquoindicateurs mis en avant (dits highlighted indicators) qui pourraient inteacuteresser des auteurs mais sans aucune attente quant agrave leur utilisa-tion dans les eacutevaluations

Lrsquoobjectif de la deacutemarche est de fournir aux au-teurs des eacutevaluations un ensemble drsquoindicateurs qui couvrent tous les eacuteleacutements du cadre conceptuel de lrsquoIpbes

Ces indicateurs sont issus de plusieurs sources bull majoritairement des indicateurs mobiliseacutes pour

les objectifs de programmes de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) dont certains ont eacuteteacute pro-poseacutes par GEO BON

bull quelques indicateurs issus des travaux du reacuteseau mondial de recherche Future Earth

bull un petit nombre recommandeacute par les travaux de lrsquouniversiteacute de Yale sur lrsquoindice de performance envi-

Mon

dial

e

FIGURE 9 CADrE COnCEPtUEL AnALytIQUE DE Lrsquo IPbEs SOuRcE DeacutecISION IpbES ndash 24 2013

Bonne qualiteacute de vieBien-ecirctre humainVie en harmonie avec la natureVie en eacutequilibre et en harmonie avec la Terre megravere

Possibiliteacute de mener une vie satisfaisante nourriture eau eacutenergie et seacutecuriteacute des moyens drsquoexistence santeacute relations sociales eacutequiteacute spiritualiteacute identiteacute culturelle

Bienfaits de la nature pour lrsquohommeBiens et services eacutecosysteacutemiquesFourniture reacutegulation valeur culturelleDons de la nature

Patrimoine anthropique

Infrastructures patrimoine humain social financier

Institutions gouvernance et autres facteurs indirects

Aspects socio-politiques eacuteconomiques technologiques culturels

NatureBiodiversiteacute et eacutecosystegravemesTerre megravereSystegravemes de vie

Eacutevolution diversiteacute bioculturelleRessources naturelles non biologiquesValeurs intrinsegraveques

Facteurs directs

Facteurs anthropiques

Transformation des habitats exploitation changement climatique pollution introduction drsquoespegraveces

Facteurs naturels

Eacutevolution dans le temps

Inte

ract

ions

agrave d

iffeacuter

ente

s eacutech

elle

s

Nat

iona

leLo

cale

313 Le cadre DPSIR appliqueacute au cadre conceptuel de lrsquoIpbes

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacute-miques (Ipbes) eacutetaie son cadre conceptuel (Deacutecision Ipbes-24 2013) crsquoest-agrave-dire son modegravele simplifieacute des interactions complexes qui se tissent entre le monde naturel et la socieacuteteacute humaine (eacuteleacutements pris en compte et leurs liens) par une batterie drsquoindicateurs en se ba-sant sur le cadre laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat

ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo plus connu sous lrsquoacronyme DPSIR pour Driving forces Pressures State Impact Responses (DPSIR) (Fig 9 et 10) version eacutetendue du modegravele drsquointeractions entre des systegravemes socio-eacuteco-nomiques et eacutecologiques initialement deacutecrits sous la forme laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo deacutecrit au pre-mier chapitre

Dans le cadre des eacutevaluations de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques qursquoelles soient theacutema-tiques reacutegionales ou mondiales lrsquoIpbes considegravere que

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

ronnementale des politiques publiques (Environmen-tal Performance Index EPI)

bull eacutegalement un petit nombre proposeacute par le groupe de travail laquo Donneacutees et connaissances raquo interne agrave lrsquoIpbes

Beaucoup de ces indicateurs sont recenseacutes dans le Partenariat mondial sur les indicateurs de biodi-versiteacute (BIP) qui coordonne pour la CDB mais aussi pour reacutepondre aux besoins drsquoautres conventions ou de gouvernements le deacuteveloppement et la fourniture drsquoindicateurs

LrsquoIpbes fournit par ailleurs sa propre deacutefinition des indicateurs laquo comme des mesures ou des signes qui reflegravetent lrsquoeacutetat la cause ou le reacutesultat drsquoun objet ou drsquoun processus raquo Les indicateurs pouvant contribuer agrave simplifier la complexiteacute drsquoensembles de donneacutees de variables de cadres conceptuels et drsquoapproches dispo-nibles ils sont eacutegalement laquo des outils utiles pour com-muniquer les reacutesultats des eacutevaluations raquo LrsquoIpbes sou-ligne qursquoil est important de reconnaicirctre les limites des indicateurs agrave laquo saisir les complexiteacutes du monde reacuteel raquo car ils se limitent agrave ce qui peut ecirctre mesureacute et ce pour quoi des donneacutees sont disponibles En outre lrsquoIpbes signale aussi que les choix drsquoindicateurs sont laquo plus ou moins lieacutes agrave la diversiteacute des visions du monde et des perspectives culturelles raquo eacuteleacutement agrave prendre en compte pour conduire au-delagrave des reacutesultats exprimeacutes une analyse critique des indicateurs eux-mecircmes

Ces indicateurs complegravetent drsquoautres formes drsquoinfor-mations et de connaissances pas neacutecessairement har-moniseacutees leur caractegravere normaliseacute fournit un point de comparaison quantitatif et coheacuterent entre les eacutevalua-

tions Le rapport mondial publieacute en 2019 constitue un bon exemple drsquoune approche mixte avec lrsquoutilisation drsquoindicateurs de base identifieacutes comme utiles agrave ren-seigner dans le cadre des eacutevaluations et drsquoautres types drsquoinformations laquo indicatrices raquo

La FRB mobiliseacutee tout au long du processus drsquoex-pertise scientifique final a fait un travail de recension drsquoindicateurs et drsquoautres informations utiliseacutees pour eacutevaluer lrsquousage durable de la biodiversiteacute Parmi la centaine drsquoindicateurs et autres informations identi-fieacutees la FRB en a extrait un petit nombre en concer-tation avec un des auteurs du rapport Au moment des neacutegociations de lrsquoassembleacutee pleacuteniegravere la deacuteleacutegation franccedilaise a proposeacute que ce tableau soit inteacutegreacute dans le reacutesumeacute pour deacutecideurs en cours de neacutegociations En raison du retard pris dans les groupes de travail peacutenalisant lrsquoavanceacutee du processus de neacutegociation la preacutesentation de ce tableau nrsquoa pas pu ecirctre inscrite agrave lrsquoagenda des groupes et donc nrsquoa pas pu ecirctre propo-seacutee en pleacuteniegravere en lrsquoabsence de concertation preacutealable entre les Eacutetats

Ces indicateurs et informations sont preacutesenteacutes dans le tableau syntheacutetique en annexe 3 p 81

La deacutemarche adopteacutee par lrsquoIpbes repose drsquoune part sur lrsquoutilisation drsquoindicateurs existants documentant diffeacuterentes eacutetapes du cadre laquo Pression ndash Eacutetat ndash Reacute-ponse raquo drsquoautre part sur lrsquoutilisation pragmatique de donneacutees permettant de fournir des informations utiles au sujet traiteacute Certains indicateurs et informations sont utilisables ou deacuteclinables agrave diffeacuterentes eacutechelles spatiales et mobilisables aussi bien par des acteurs pri-veacutes que publics Lagrave encore cette deacutemarche peut utile-ment compleacuteter les reacuteflexions sur les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Forces motrices directes naturelles et anthropiques

ndash Empreinte eacutecologique ndash Lrsquoappropriation humaine de lrsquoeau doucendash Index de biodiversiteacute des habitats (BEF)ndash Surface forestiegravere en de la surface totale des terres (BEF)ndash Tendances de lrsquoeacutetendue des forecircts (BEF)ndash Total des preacutelegravevements de bois (NCP) ndash Tendances de la pecircche certifieacutees par le MSC (BEF) ndash Estimation des captures et de lrsquoeffort de pecircche (BEF) ndash Production de pecircche des eaux inteacuterieures (NCP) ndash Indice trophique marin (BEF) ndash Proportion de la supercifie de production forestiegravere

sous certification FSC et PEFC (IGID) ndash Efficaciteacute de lrsquoutilisation de lrsquoazote ndash Engrais agrave base drsquoazote et de phosphatendash Tendances en matiegravere drsquoutilisation des pesticidesndash Tendances des deacutepocircts drsquoazotendash Couverture en zones proteacutegeacutees des zones cleacutes pour

la biodiversiteacute (KBAS) (IGID)ndash Index de protection des espegraveces (IGID)ndash Index de connectiviteacute des zones proteacutegeacutees (IGID)ndash Index drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute

Bonne qualiteacute de vie(bien-ecirctre humain)

ndash Pourcentage de personnes sous-alimenteacutees

Contributions de la nature aux personnes(Biens et services eacutecosysteacutemiques)

ndash Total des preacutelegravevement de bois (DD) ndash Production de pecircche des eaux inteacuterieures (DD) ndash Proportion de races locales classeacutees comme eacutetant

agrave risque non agrave risque ou dont le niveau drsquoextinction est inconnu (BEF)

Forces motrices indirectesInstitutions gouvernance et autres

ndash Pourcentage de nations de cateacutegorie 1 dans la Convention sur le commerce international des espegraveces de faune et de flore sauvages menaceacutees dextinction (CITES)

ndash Proportion de la superficie de production forestiegravere sous certification FSC et PEFC (DD)

ndash Pourcentage de zones couvertes par des zones proteacutegeacuteesndash Couverture des zones proteacutegeacutees des zones cleacutes pour

la biodiversiteacute (KBAS) (OD)ndash Indice de protection des espegraveces (DD)ndash Efficaciteacute de la gestion des zones proteacutegeacuteesndash Indice de connectiviteacute des zones proteacutegeacutees (DO)ndash Nombre de pays ayant un plan drsquoaction national

biodiversiteacute (NBSAP) deacuteveloppeacutereacuteviseacutendash Proportion des espegraveces connues eacutevalueacutees par

la Liste Rouge de lrsquoUICNndash Index drsquoinformation sur le statut des espegraveces

Nature(Biodiversiteacute et fonctionnement des eacutecosystegravemes)

ndash Index de biodiversiteacute des habitats (DD)ndash Index drsquohabitat des espegraveces (DD)ndash Superficie forestiegravere en de la superficie totale

des terres (DD)ndash Tendances de lrsquoeacutetendue des forecircts (couvert forestier) (DD)ndash Tendances de la pecircche certifieacutee par le MSC (DD)ndash Estimation des captures et de lrsquoeffort de pecircche (DD)ndash Proportion des stocks de poissons agrave des niveaux

biologiquement durablesndash Indice Tropical Marin (DD)ndash Index de la Liste Rougendash Proportion de races locales classeacutees comme eacutetant

agrave risque non agrave risque ou dont le niveau drsquoextinction est inconnu (NCP)

Biens humains

FIGURE 10 CADrE COnCEPtUEL Et InDICAtEUrs DE bAsE DrsquoAPregraves IPbEs COrE InDICAtOrs wwwIpbESNET 16112020

DPsIr D Force motriceP Pressions statutI Impactr reacuteponse - Liens avec le cadre conceptuel analytique IgID Institutions gouvernance et forces motrices indirectes

DD Force motrice directenCP Contributions de la nature aux personnes biens et services des eacutecosystegravemesbEF naturebiodiversiteacute et fonctions des eacutecosystegravemesgQL bonne qualiteacute de vie bien-ecirctre humain

6766

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

enjeux climat et biodiversiteacute se rejoignent neacuteanmoins lorsqursquoil srsquoagit eacutevaluer les impacts des activiteacutes hu-maines sur le fonctionnement des eacutecosystegravemes

bull Il est aussi possible de srsquointeacuteresser agrave des espegraveces ou des groupes drsquoespegraveces qui reacutealisent des fonctions speacutecifiques au sein des eacutecosystegravemes (dites espegraveces cleacutes de voucircte) (Paine 1966) Cette approche met lrsquoaccent sur certaines espegraveces lrsquoimportance de relations entre les espegraveces au sein des reacuteseaux trophiques leurs rocircles dans les eacutecosystegravemes en modifiant lrsquoenvironnement vi-vant et abiotique (par ex ingeacutenieurs deacutecomposeurs)

bull Ou encore aux espegraveces rares (aires de reacutepartition reacuteduites faible densiteacute) (Dinerstein et al 2020) etc

3e recommandation

Travailler avec tous les acteurs et mieux utiliser les connaissances et les donneacutees disponibles

De nombreux outils et indicateurs sont plus speacutecifi-quement deacuteveloppeacutes par les acteurs acadeacutemiques ou des politiques publiques tandis que drsquoautres outils ndash tels ceux eacutevalueacutes dans cette eacutetude ndash sont deacuteveloppeacutes par les acteurs priveacutes industriels marchands ou asso-ciatifs en srsquoappuyant sur des eacuteleacutements scientifiques Ces deux deacutemarches solides gagneraient agrave ecirctre plus co-construites pour une inteacutegration reacuteciproque des be-soins et des contraintes des atouts et des limites des outils deacuteveloppeacutes

De mecircme de nombreux dispositifs nationaux et ter-ritoriaux deacuteveloppent des outils en appui aux politiques publiques fournissent des donneacutees et des informations sur la biodiversiteacute Citons entre-autres acteurs lrsquoOb-servatoire national de la biodiversiteacute les observatoires reacutegionaux de la biodiversiteacute Sur un mecircme territoire la dichotomie des activiteacutes de ces structures des col-lectiviteacutes et des entreprises ndash dans un cas laquo le suivi de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute sous lrsquoeffet de pressions anthro-piques raquo dans un autre laquo lrsquoeacutevaluation des impacts de mes activiteacutes raquo ndash gagnerait agrave ecirctre effaceacutee au profit drsquoun dialogue et drsquoune action mutualiseacutee de suivi et drsquoeacuteva-luation aboutissant in fine agrave une veacuteritable eacutevaluation des impacts parfois cumuleacutes drsquoactiviteacutes diffeacuterentes agrave lrsquoeacutechelle drsquoun territoire et agrave leur gestion concerteacutee

De plus lrsquoensemble des eacutevaluations neacutecessitent drsquoecirctre documenteacutees cela permet drsquoameacuteliorer lrsquoutili-sation des outils ndash en contribuant par exemple agrave har-moniser les eacutetapes qui reposent sur le dire drsquoexpert ndash cela permet aussi de documenter les changements de la biodiversiteacute de faccedilon plus continue Cette documen-tation neacutecessite drsquoecirctre harmoniseacutee agrave lrsquoeacutechelle drsquoune entreprise voire agrave lrsquoeacutechelle nationale ou internatio-nale Les nombreuses initiatives en faveur des pro-tocoles et des donneacutees de biodiversiteacute deacuteveloppeacutees ou relayeacutees par des acteurs territoriaux et nationaux devraient y aider

4e recommandation

Adapter les outils aux pratiques de lrsquoentreprise et agrave ses leviers drsquoactions

Des deacutemarches mutualiseacutees permettraient de deacutevelop-per des outils plus en lien avec les pratiques des entre-prises voire avec les acteurs publics territoriaux En effet si certains modegraveles globaux et meacutethodes portant sur les espegraveces voire les habitats peuvent ecirctre utiles par leur caractegravere geacuteneacuterique les eacutevaluations scienti-fiques des outils ont montreacute qursquoils eacutetaient peu sen-sibles pour rendre reacuteellement compte des impacts des activiteacutes et par effet retour des efforts des entreprises pour limiter ces impacts Les concepteurs drsquooutils tra-vaillent en ce sens en deacuteveloppant notamment des outils en fonction des secteurs drsquoactiviteacute

De la mecircme faccedilon qursquoil est neacutecessaire de disposer drsquoun panel drsquooutils repreacutesentant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute un panel drsquooutils couvrant les phases de diagnostic (les pressions et lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute) drsquoestimation des risques (eacutevaluation des impacts) et drsquoaction (les reacuteponses apporteacutees) compleacute-terait le tableau de bord des acteurs

Les acteurs estiment eacutegalement que la puissance publique doit ainsi insuffler une dynamique sans tou-tefois imposer drsquooutils normatifs (ceux-ci ne sont pas encore mucircrs les situations des entreprises des eacuteco-systegravemes et les besoins sont heacuteteacuterogegravenes) Elle doit les inciter agrave srsquoengager dans des deacutemarches de diminution des impacts et de rapportage tout en les laissant deacuteve-lopper leurs propres outils innover expeacuterimenter

Un eacutequilibre reste toutefois agrave trouver entre la geacuteneacute-riciteacute qui permet lrsquoagreacutegation des reacutesultats aux diffeacute-rentes eacutechelles drsquoactiviteacute des entreprises (du local agrave lrsquointernational) voire la comparaison et le pilotage et la speacutecificiteacute qui permet de rendre compte des impacts et des effets des reacuteponses apporteacutees par les entreprises Le deacuteveloppement des approches eacutevoqueacutees plus haut devrait ainsi inteacutegrer cet eacutequilibre

5e recommandation

Mieux caracteacuteriser les liens entre activiteacutes pressions et impacts

La neacutecessiteacute de mieux caracteacuteriser les liens au sein de la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo parfois teacutenus est particuliegraverement ressortie des eacutevaluations des outils

Cocircteacute acteurs il est possible drsquoanalyser finement les activiteacutes (par ex construction) les pressions (par ex vibrations induites par la construction) et certains eacuteleacutements de biodiversiteacute in-situ et de lrsquoenvironnement (par ex niveau sonore ambiant reptiles et micromam-mifegraveres) susceptibles drsquoecirctre toucheacutes Ces travaux sont

32 Les recommandations et pistes drsquoactions

Les approches inteacutegratives preacutesenteacutees preacuteceacutedemment peuvent srsquoaveacuterer des pistes utiles agrave suivre sans tou-tefois ecirctre suffisantes des efforts en termes de com-preacutehension de connaissance de meacutethodologie et drsquoaccompagnement doivent ecirctre reacutealiseacutes Ainsi le troisiegraveme temps de lrsquoeacutetude a consisteacute avec lrsquoappui de lrsquoONB agrave organiser une seacuterie drsquoeacuteveacutenements dans le cadre des Journeacutees FRB

bull une journeacutee de cinq ateliers regroupant 20 agrave 25 personnes chacun permettant les eacutechanges entre les deacuteveloppeurs des outils et les potentiels utilisateurs publics et priveacutes

bull une journeacutee pleacuteniegravere largement ouverte permet-tant de restituer les reacutesultats des ateliers de donner la parole aux initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices preacutesenteacutees au chapitre 1 de dialoguer avec des acteurs territoriaux et drsquoouvrir plus largement la question de la mesure des impacts sous les angles de lrsquoeacutecologie et de lrsquoeacuteconomie

Les participants agrave ces jours drsquoeacutechanges ont fait remonter une seacuterie de recommandations et de pistes drsquoactions adresseacutees aux concepteurs des outils aux chercheurs aux utilisateurs des outils et aux pou-voirs publics Elles sont syntheacutetiseacutees dans le tableau 3 (p 70) qui permet de visualiser les besoins de mutua-lisation des efforts

1re recommandation

Accepter la complexiteacute du vivant pour des actions plus pertinentes et plus preacutecises

Les interactions au sein du monde vivant et de celui-ci avec lrsquoenvironnement physique nombreuses de diverses natures rendent difficilement intelligibles en premiegravere instance lrsquoeacutetat et les dynamiques de la bio-diversiteacute le fonctionnement des eacutecosystegravemes Interre-lations reacutetroactions interactions effets non-lineacuteaires diversiteacute des eacutechelles temporelles et spatiales les informations multiples qui peuvent ecirctre collecteacutees et analyseacutees dessinent une partie de cette complexiteacute du vivant Leur prise en compte ne doit pas ecirctre syno-nyme de complication pour les acteurs mais bien gage drsquoacquisition de connaissances fines de meilleure compreacutehension pour plus de pertinence et de preacuteci-sion dans les deacutecisions et les actions La simplifica-tion de la repreacutesentation des processus agrave lrsquoœuvre dans la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo srsquoavegravere neacutecessaire et utile pour rendre compte de faccedilon syn-theacutetique des efforts de reacuteduction des impacts sur la biodiversiteacute Elle ne peut ecirctre suffisante et son emploi doit srsquoaccompagner drsquoune connaissance de ses limites

2e recommandation

Disposer drsquoun panel drsquooutils repreacutesentant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute

La difficulteacute agrave eacutevaluer la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo srsquoentend drsquoautant mieux qursquoen plus de reacutealiser explicitement les liens entre ces eacutetapes elle doit ideacutealement rendre compte des interactions eacutecolo-giques La reacuteflexion sur les outils de mesure drsquoimpacts des activiteacutes humaines neacutecessite drsquointeacutegrer les diffeacute-rents niveaux drsquoorganisation (des gegravenes aux paysages) et plusieurs composantes (de la structure agrave lrsquoeacutevolution) de la biodiversiteacute Degraves lors cela amegravene agrave envisager lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sous lrsquoangle drsquoun ensemble drsquooutils et drsquoindicateurs com-pleacutementaires ayant plusieurs niveaux de preacutecision et drsquoeacutechelles appreacuteciant diffeacuterentes facettes des impacts sur la biodiversiteacute Ce type drsquoeacutevaluation doit alors repo-ser sur plusieurs variables et meacutetriques de biodiversiteacute Diffeacuterentes approches peuvent ecirctre envisageacutees citons

bull La notion de laquo variables essentielles de biodiver-siteacute raquo deacuteveloppeacutee par le Reacuteseau mondial drsquoobservation de la biodiversiteacute du Groupe drsquoobservation de la Terre (GEO BON) peut constituer une piste de reacuteflexion cette approche permet de balayer les diffeacuterentes dimen-sions de la biodiversiteacute dans un ensemble restreint de variables Ce point est deacuteveloppeacute en partie 312 p 61

bull Srsquoil semble difficile drsquoeacutetablir un laquo indicateur biodiversiteacute raquo comme il en existe pour le climat les

6968

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

bull drsquoune part des arbres drsquoaide agrave la deacutecision afin drsquoorienter vers lrsquooutil le plus adapteacute agrave la question poseacutee selon le secteur drsquoactiviteacute le niveau de lrsquoactiviteacute eacutevalueacutee (cycle de vie drsquoun produit processus de production site uniteacute commerciale entreprise globale ndash voire collectiviteacute territoire ou pays) les finaliteacutes de lrsquoeacutevaluation (sensibi-lisation interne deacuteveloppement drsquoactiviteacutes deacuteclaration de performance extra-financiegravere obligatoire obtention de financements) les utilisateurs des reacutesultats (cadres deacutecisionnels syndicats clients actionnaires) le ni-veau drsquoexpertise et drsquoaccompagnement neacutecessaire

bull drsquoautre part une documentation peacutedagogique qui expose et deacutetaille la meacutethodologie de construction et de calcul de lrsquoindicateur Cette documentation pour-rait ecirctre illustreacutee selon le degreacute de deacuteveloppement et de deacuteploiement des outils par des cas pilotes ou des retours drsquoexpeacuterience discutant leur applicabiliteacute Si cette pratique a pu ecirctre observeacutee pour certains outils eacutevalueacutes elle nrsquoest pas encore geacuteneacuteraliseacutee

Deacutetailler la meacutethodologie et les calculs de faccedilon com-preacutehensible et expliciter les limites permettraient drsquoeacutevi-ter lrsquoeffet laquo boicircte noire raquo de ces outils dont la construc-tion est relativement complexe et drsquoameacuteliorer lrsquoanalyse des reacutesultats qui en deacutecoulent Un tel effort de la part des concepteurs drsquooutils initieacute mais encore insuffisant rendrait les outils plus appropriables par les utilisateurs potentiels sans diminuer pour autant le besoin drsquoun accompagnement speacutecifique pour les utilisateurs

9e recommandation

Deacutevelopper lrsquoaccompagnement reacutegalien des acteurs pour favoriser la transition eacutecologique

Outre les efforts de peacutedagogie sur des outils par leurs concepteurs un accompagnement reacutegalien est neacuteces-saire pour deacutevelopper leur utilisation et de faccedilon plus complegravete la sensibilisation aux enjeux lieacutes agrave lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute et les pistes pour limiter cette eacuterosion Les eacuteleacutements issus de lrsquoenquecircte et des eacutechanges en ate-liers et pleacuteniegraveres soulignent plusieurs leviers dont

bull reacuteformer la fiscaliteacute notamment sur les espaces naturels non bacirctis afin de ne pas favoriser la transfor-mation des terres ni leur artificialisation

bull utiliser des outils financiers par exemple condi-tionner lrsquoobtention de subventions agrave des limitations des pressions drsquoimpacts actionner le levier pollueur-payeur les paiements pour services environnemen-taux etc et eacutevaluer leurs effets

bull faire mieux appliquer la reacuteglementation existante et preacutevenir la distorsion de concurrence

bull appuyer la labellisation ou des concours (par exemple label drsquoagriculture biologique capitales fran-ccedilaises de la biodiversiteacute territoires drsquoexcellence envi-ronnementale etc) voire deacutevelopper de nouveaux labels officiels

bull inteacutegrer des critegraveres de laquo mieux-disance environ-nementale raquo dans les marcheacutes publics

bull deacutevelopper une offre peacutedagogique pour tous les acteurs

bull etcCet accompagnement est drsquoautant plus neacutecessaire

qursquoon peut aujourdrsquohui observer le laquo paradoxe envi-ronnemental raquo du discours courant celui-ci souligne la deacutependance des entreprises agrave la biodiversiteacute les opportuniteacutes financiegraveres que celle-ci peut repreacutesenter pour les entreprises et le besoin qui en deacutecoule de la proteacuteger Toutefois le constat est que le modegravele eacuteco-nomique actuel nrsquoa pas fait la preuve de son efficaciteacute agrave geacuteneacuterer une transition eacutecologique Les indicateurs au niveau des entreprises mais aussi de lrsquoEacutetat neacuteces-sitent drsquoecirctre repenseacutes afin drsquoaccompagner les acteurs vers une vision ougrave le systegraveme eacuteconomique est aussi voire avant tout une source de risques ou drsquoopportu-niteacutes pour la biodiversiteacute

Un point de vigilance doit ecirctre souleveacute cer-tains financeurs priveacutes notamment actionnaires et banques et les agences de notation socieacutetale sont de plus en plus attentifs aux impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute La conseacutequence de cette attention ver-tueuse est drsquointeacutegrer dans leurs conditions drsquoaide ou leur grille de notation lrsquoutilisation des outils objets de cette eacutetude ou les indicateurs qui en reacutesultent Une telle pratique aurait pour effet non souhaiteacute par les acteurs de rendre laquo prescriptive raquo lrsquoutilisation de ces derniers

10e recommandation

Renforcer la recherche partenariale aussi bien fondamentale qursquoappliqueacutee

Les intervenants qui ont apporteacute leur concours agrave cette eacutetude soulignent qursquoil est difficile drsquoobtenir des eacuteva-luations fiables drsquoimpacts potentiels et encore moins preacutedictifs tant les dynamiques de biodiversiteacute ne sont pas lineacuteaires peuvent preacutesenter des effets de seuils des effets retard ou encore des eacutevolutions lentes mais irreacuteversibles Afin drsquoameacuteliorer la connaissance des dy-namiques de biodiversiteacute qui demeure encore impar-faite la recherche doit ecirctre poursuivie observation collecte de donneacutees expeacuterimentation modeacutelisation sont autant de pratiques agrave renforcer

Dans le cadre plus speacutecifique du deacuteveloppement des outils outre des travaux sur lrsquoarticulation expli-cite de la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo les communauteacutes acadeacutemiques actives sur ces sujets sont inviteacutees agrave travailler sur la prise en compte des eacutechelles et des dynamiques spatiales et temporelles des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute ainsi qursquoagrave preacuteciser les atouts et les limites des eacutetats de reacutefeacuterence lorsque ceux-ci sont utiliseacutes Les acteurs

reacutealisables en prenant en compte toutes les activiteacutes concerneacutees ndash pas seulement celles qui sont modeacuteliseacutees et pour lesquelles il existe des tables de reacutefeacuterence ndash et tous les eacuteleacutements de biodiversiteacute puis en argumen-tant la priorisation des chaicircnes laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo qui parmi les possibles seront particuliegrave-rement mobiliseacutees afin drsquoeacutevaluer les impacts

Cocircteacute deacuteveloppeurs drsquooutils cela implique de tra-vailler agrave inteacutegrer toutes les pressions notamment celles relatives aux pollutions et aux espegraveces exotiques envahissantes En ce qui concerne lrsquoACV les acteurs appellent agrave une prise en compte de lrsquoensemble du cycle de vie dans les eacutevaluations

Enfin cocircteacute recherche cela implique de poursuivre les travaux pour modeacuteliser les interactions le cumul des pressions et des effets de seuil potentiels ndash avec une approche spatialiseacutee et avec des donneacutees robustes sur le plan scientifique

Drsquoautres perspectives peuvent aussi ecirctre travail-leacutees comme lrsquoestimation des impacts sur les services eacutecosysteacutemiques explicite pour les acteurs et les deacuteci-deurs de la reacutesilience des eacutecosystegravemes etc

6e recommandation

Renforcer lrsquoeacutevaluation de la fiabiliteacute de la robustesse de la sensibiliteacute et des incertitudes associeacutees aux outils

Outre lrsquoameacutelioration des performances des outils les ateliers et les eacutevaluations des outils ont fait eacutemerger le besoin de disposer des arguments scientifiques sur la fiabiliteacute la robustesse la sensibiliteacute des outils sur le choix des donneacutees les pondeacuterations et les incerti-tudes ainsi que sur les hypothegraveses sous-jacentes au modegravele des relations laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo ndash mobiliseacute agrave lrsquoexteacuterieur ou construit speacutecifiquement dans le cadre de lrsquooutil Ces eacuteleacutements pourraient ecirctre eacutevalueacutes et documenteacutes par les concepteurs drsquooutils de faccedilon plus transparente eu eacutegard agrave la complexiteacute des processus qursquoils eacutevaluent

De plus dans le cadre drsquoune deacutemarche drsquoameacuteliora-tion continue les outils pourraient ecirctre reacuteguliegraverement eacutevalueacutes par des tiers acadeacutemiques issus de diffeacuterentes disciplines (eacutecologie eacuteconomie) et sans conflit drsquoin-teacuterecirct (sans ecirctre co-auteurs) quant aux deacuteveloppements des modegraveles sur lesquels reposent les outils Enfin une validation des impacts eacutevalueacutes par lrsquoacquisition de donneacutees sur le terrain srsquoavegravererait aussi essentielle Lrsquoensemble de cette deacutemarche pourrait servir une communication transparente et humble sur les outils leurs atouts et limites

Ces eacuteleacutements sont drsquoautant plus importants que les acteurs qui utilisent les outils ne sont pas neacutecessaire-ment dans une deacutemarche de veacuterification de la validiteacute des outils utiliseacutes

7e recommandation

Ne pas attendre pour agir travailler sur les pressions et les reacuteponses

Devant lrsquoampleur du travail restant agrave accomplir et les biais des outils drsquoeacutevaluation des impacts aujourdrsquohui disponibles acteurs et chercheurs soulignent ainsi la neacutecessiteacute drsquoaxer les outils sur les laquo pressions exerceacutees raquo et les laquo reacuteponses apporteacutees raquo plus que sur les laquo impacts sur la biodiversiteacute raquo Lrsquoeacutetat et les tendances de la bio-diversiteacute sont deacutejagrave relativement bien documenteacutes de lrsquoeacutechelle mondiale (travaux de lrsquoIpbes par exemple) agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale (travaux des observatoires reacutegio-naux par exemple) par diffeacuterents acteurs Il existe en outre pour des eacutevaluations locales de lrsquoeacutetat reacuteel de la biodiversiteacute un ensemble drsquoacteurs et drsquooutils qui peuvent reacutepondre agrave ce besoin

Pour les acteurs eacuteconomiques outre une meilleure caracteacuterisation des liens entre laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo la prise en compte des pressions neacuteces-site de bien diffeacuterencier agrave lrsquoeacutechelle des entreprises et dans les outils les laquo pressions directes raquo pour lesquels ils disposent de mesures drsquoeacutevitement ou de reacuteduction (par exemple reacuteduire lrsquoemprise au sol drsquoune activiteacute diminuer lrsquousage de produits chimiques eacuteviter la deacutefo-restation) et les laquo pressions indirectes qui sont sou-vent les leviers sur lesquels les acteurs peuvent agir pour reacuteduire plus durablement les pressions directes (par exemple engager le management de lrsquoentreprise dans des objectifs de trajectoire durable reacuteduire les allocations de fonds aux activiteacutes les plus impactantes favoriser le deacuteveloppement drsquoinnovations limiter les achats de produits eux-mecircmes agrave fort impact etc) raquo

Par ailleurs lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute pourrait ecirctre prolongeacutee par une eacutevaluation des effets des reacuteponses apporteacutees des mesures correctives adopteacutees pour limiter les impacts Les acteurs pourraient alors mettre en avant leurs bonnes pratiques et les reacutesultats favorables pour la biodiversiteacute reacuteellement obtenus

Les travaux sur les laquo pressions raquo et les laquo reacuteponses raquo doivent srsquointeacutegrer dans les strateacutegies des acteurs pri-veacutes industriels marchands et publics Ils renvoient aux volonteacutes et aux capaciteacutes de transformation des systegravemes contemporains pour reacutealiser la transition eacutecologique

8e recommandation

Deacutevelopper des guides de choix et drsquoutilisation des outils preacutecis et illustreacutes par des exemples

Une des principales conclusions de lrsquoenquecircte et de lrsquoeacuteva-luation exposeacutees dans les chapitres preacuteceacutedents pointe le besoin drsquoaccompagner les acteurs en proposant

7170

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

qui utilisent des indicateurs de pressions drsquoeacutetat et de reacuteponses attendent quant agrave eux des tableaux de bord plus clairs pour mettre en regard des outils diagnostics (indicateurs de pressions et drsquoeacutetat) et des leviers drsquoac-tions (indicateurs de reacuteponses) quitte agrave utiliser des approximations ducircment argumenteacutees Dans tous les cas une meilleure connaissance des conditions drsquoap-plication du domaine drsquoutilisation (secteur eacutechelle pilotage etou rapportage etou sensibilisation) de la fiabiliteacute la robustesse et la reproductibiliteacute est appa-rue comme une condition neacutecessaire drsquoappropriation par les acteurs

Ces deacuteveloppements peuvent ecirctre reacutealiseacutes au sein de projets de recherche largement multi-partenariaux et deacuteboucher sur des cas drsquoeacutetude des pilotes permettant drsquoobtenir des retours drsquoexpeacuteriences utiles aussi bien sur les plans acadeacutemique et pratique Soulignons que lrsquoen-gagement drsquoacteurs de parties prenantes tregraves en amont de la deacutefinition de projets de recherche facilite lrsquoappro-priation reacuteciproque des besoins et des contraintes ainsi que la diffusion des reacutesultats

11e recommandation

Deacutevelopper la conception et les applications publiques

Lrsquoeacutetude a porteacute sur lrsquoeacutevaluation drsquooutils mais aussi agrave leur applicabiliteacute aux acteurs publics territoriaux et na-tionaux Il ressort que ce domaine drsquoapplication nrsquoest pas encore deacuteveloppeacute Une recommandation geacuteneacuterale est donc de travailler agrave promouvoir lrsquoutilisation drsquoindi-cateurs de pressions eacutetat et reacuteponses pour appuyer le pilotage et lrsquoeacutevaluation des actions des collectiviteacutes de reacutefleacutechir agrave la transposabiliteacute des outils inteacutegratifs en de-hors de la sphegravere du secteur priveacute marchand qursquoils srsquoap-puient sur le cadre PER ou sur lrsquoACV drsquoaccompagner les collectiviteacutes dans lrsquoappropriation de ces meacutethodes parfois complexes Au niveau de lrsquoEacutetat les acteurs re-commandent que la puissance publique deacuteveloppe une deacutemarche adapteacutee agrave lrsquoeacutechelle du pays utile dans le cadre des neacutegociations internationales tout en eacutetant attentive agrave sa compatibiliteacute avec les outils des acteurs eacuteconomiques

RecommandationsPublics cibles

Deacuteveloppeurs Utilisateurs Chercheurs Deacutecideurs politiques

Accepter la complexiteacute du vivant pour des actions plus pertinentes et plus preacutecises times times times times

Disposer drsquoun panel drsquooutils appreacuteciant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute times times times times

Travailler avec tous les acteurs et mieux utiliser les connaissances et les donneacutees disponibles times times times

Adapter les outils aux pratiques de lrsquoentreprise et agrave ses leviers drsquoactions times times times

Mieux caracteacuteriser les liens entre activiteacutes pressions et impacts times times

Renforcer lrsquoeacutevaluation de la fiabiliteacute la robustesse la sensibiliteacute et les incertitudes associeacutees aux outils times times

Ne pas attendre pour agir travailler sur les pressions et les reacuteponses times times

Deacutevelopper des guides de choix et drsquoutilisation des outils preacutecis et illustreacutes par des exemples times

Deacutevelopper lrsquoaccompagnement reacutegalien des acteurs pour favoriser la transition eacutecologique times

Renforcer la recherche partenariale aussi bien fondamentale qursquoappliqueacutee times times times times

Deacutevelopper la conception et les applications publiques times times times

synthegravesEs DEs rECOMMAnDAtIOns Et PUbLICs CIbLEsTABLEAU 3

7372

Conclusion

Lrsquoheure est agrave lrsquoaction pour sauvegarder et restaurer la biodiversiteacute Lrsquoaction se situe du cocircteacute des politiques publiques bien sucircr mais aussi des citoyens des collectiviteacutes locales et des entreprises de toutes natures Cela passe par la neacutecessaire inclusion drsquoune preacuteoccupation sur lrsquoeacutetat et le devenir de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques dans toutes les pratiques et politiques qui en deacutependent et qui lrsquoimpactent ndash notamment voire surtout les activiteacutes eacuteconomiques ndash ce que la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) a deacutesigneacute sous le terme laquo drsquointeacutegration de la biodiversiteacute raquo (mainstreaming)

Prendre en compte les aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute et de la crise systeacutemique qursquoelle traverse

Lrsquoaction crsquoest drsquoabord la reacuteduction rapide des facteurs de pression ceux que la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) a rappeleacute changement drsquousages des terres surexploitation des ressources pollutions changement climatique espegraveces envahissantes

En termes drsquoindicateurs il importe de deacutecliner ces grands facteurs en une typologie deacutetailleacutee de pressions qui fassent sens pour les acteurs par exemple caracteacuteriser les effets des pollutions lieacutees aux plastiques aux pesticides aux perturbateurs endocriniens etc Cette publication montre agrave la fois les difficulteacutes qursquoil y a agrave mesurer les impacts des activiteacutes humaines et les pistes pour progresser pour ameacuteliorer les reacuteponses des acteurs

Les outils mesurant ces impacts exposeacutes dans cette publication preacutesentent ainsi un caractegravere mobilisateur ils feacutedegraverent les acteurs dans une deacutemarche permettent de srsquointeacuteresser agrave la biodiversiteacute et drsquoeacutevaluer des progregraves Les questions adresseacutees par les membres du Comiteacute drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB et la nombreuse assistance aux Journeacutees FRB 2019 teacutemoignent de lrsquointeacuterecirct porteacute au sujet

Toutefois lrsquoutilisation de ces outils ne saurait se reacuteduire agrave eacutevaluer de faccedilon ex-ante ou ex-post les impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute elle a aussi et surtout pour finaliteacute de reacuteduire les pressions qui srsquoexercent sur elle Ce qui exige souvent drsquoappreacutehender la biodiversiteacute dans un cadre systeacutemique drsquointeractions et de reacutetroactions au sein du vivant entre acteurs et biodiversiteacute Le rapport speacutecial de lIpbes publieacute en 2019 sur la base de plus de 20 ans de travaux scientifiques donne des pistes Ce rapport aborde les aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute et de la crise qursquoelle traverse dont les indicateurs doivent rendre compte Il srsquoagit drsquoeacutevaluer lrsquoimpact des pressions

4

7574

Meacutethodes drsquoeacutevaluations complegravetes Meacutethodes drsquoeacutevaluations complegravetes

via diffeacuterents indicateurs drsquoeacutetat de la biodiversiteacute diversiteacute speacutecifique eacutetat des espegraveces menaceacutees abondance des espegraveces communes eacutetat des fonctions eacutecologiques et des services eacutecosysteacutemiques structure des eacutecosystegravemes Le cadre systeacutemique doit permettre drsquoanticiper les effets des politiques et pratiques de chacun en inteacutegrant lrsquoeffet des autres acteurs leurs interactions les effets en retour de la biodiversiteacute ndash une piste eacutetant par exemple lrsquoapproche laquo conseacutequentielle raquo des analyses de cycles de vie

Des ameacuteliorations agrave apporter dans les outils en deacuteveloppement

Afin drsquointeacutegrer ces aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute dans un cadre systeacutemique il est essentiel de poursuivre les recherches et les deacuteveloppements meacutethodologiques Il srsquoagit de reacutepondre au besoin drsquoindicateurs voire drsquooutils au sein des entreprises comme facteur drsquoincitation agrave agir et comme gage drsquoune meilleure action Il est aussi essentiel de renseigner lrsquoEacutetat les citoyens les consommateurs Le sujet est ardu et il est neacutecessaire de deacutefinir un chemin qui tienne compte

ndash des diffeacuterents types drsquoindicateurs et drsquooutils (eacutetat pressions reacuteponses enchaicircnement des activiteacutes jusqursquoaux impacts)

ndash des cadres conceptuels des eacutechelles inteacutegratives (du cycle de vie drsquoun produit ou drsquoun service agrave la biodiversiteacute ses niveaux drsquoorganisation sa dimension spatiotemporelle)

ndash des eacutetats de maturiteacute des outils (de nombreux outils sont en phase de deacuteveloppement ou en phase pilote)

ndash drsquoatouts de limites agrave reacuteduire drsquohypothegraveses agrave mieux argumenter de lien avec la reacutealiteacute du terrain agrave renforcer

ndash des besoins des acteurs (eacutevaluer lrsquoimpact drsquoun produit drsquoune entreprise drsquoun changement de pratique rendre compte)

ndash des nombreuses initiatives internationales europeacuteennes nationales autour des indicateurs et des outils

Entre diversiteacute et hieacuterarchie des indicateurs

Au-delagrave du laquo porteacute agrave connaissance raquo de cette publication une des conclusions est qursquoil serait difficile surtout reacuteducteur et non pertinent drsquoimposer aux acteurs aux entreprises aux citoyens un outil ou un indicateur unique pour rendre compte des impacts Chaque acteur entreprise en fonction de ses activiteacutes et de ses pressions devrait disposer drsquoun ou plusieurs indicateurs plus ou moins inteacutegratifs adapteacutes agrave son type drsquoactiviteacute scientifiquement valideacutes Ces indicateurs ont plusieurs usages possibles deacutevelopper une comptabiliteacute environnementale agrave usage interne rendre compte de ses actions et de ses reacutesultats en matiegravere de responsabiliteacute sociale et deacutesormais environnementale

deacutecider piloter ses activiteacutes afin de les rendre moins impactantes De mecircme les citoyens ont besoin drsquoune diversiteacute drsquoindicateurs ajusteacutes agrave la diversiteacute de leurs attentes De maniegravere compleacutementaire lrsquoEacutetat doit se doter drsquoun ou plusieurs outils ou indicateurs pour mesurer les effets de lrsquoeffort collectif national en termes de protection de la biodiversiteacute et en rendre compte au niveau international

Dans le mecircme temps il reste indispensable de srsquoaccorder sur un ensemble minimal de dimensions de la biodiversiteacute agrave prendre en compte afin drsquoavoir une vision harmoniseacutee de son eacutetat et de sa dynamique afin de veacuterifier et de confronter les efforts pour reacuteduire son eacuterosion

Le choix des indicateurs selon leur qualiteacute leur fiabiliteacute leur transparence et leur inclusiviteacute est essentiel pour eacuteviter et reacuteduire les impacts sur la biodiversiteacute des efforts collectifs concerteacutes sont neacutecessaires

Perspectives une reacuteflexion collective neacutecessaire agrave lrsquoameacutelioration des indicateurs

De par les deacutefis scientifiques que doivent affronter les outils mis en exergue dans cette publication cette reacuteflexion est aussi une invitation agrave deacutevelopper les collaborations avec le monde acadeacutemique Il est neacutecessaire de roder les outils de les exposer agrave lrsquoeacutevaluation scientifique externe afin dameacuteliorer leur pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute et de la complexiteacute des processus qui en sont agrave lrsquoorigine Lrsquoobjectif est bien de deacutevelopper des outils qui reacutepondent agrave la fois aux besoins des entreprises agrave la demande des consommateurs et des citoyens mais qui incarnent aussi le plus preacuteciseacutement possible une reacutealiteacute biologique et eacutecologique

Pour chaque acteur un indicateur est une boussole qui oscille entre dimension scientifique et dimension politique La reacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines est prolongeacutee par la phase de deacutecision ndash drsquoimplantation drsquoune activiteacute de choix drsquoune matiegravere premiegravere drsquoactions de protection ou de restauration Pour cette eacutetape il pourrait ecirctre utile dans certains cas de compleacuteter les informations fournies par un ensemble drsquoindicateurs par des sceacutenarios baseacutes sur des approches socio-eacutecosysteacutemiques

En reacutesumeacute cette publication preacutesente de nombreuses initiatives portant sur des outils de mesure de lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute leurs logiques ambitions forces et limites De nombreuses pistes drsquoameacutelioration sont suggeacutereacutees Lrsquoenjeu eacutetant que les outils et les indicateurs contribuent agrave une ambition partageacutee preacuteserver et restaurer la biodiversiteacute dont nous faisons partie

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Annexes

Annexe 1 Questions de lrsquoenquecircteAnnexe 2 Questions sur la grille drsquoeacutevaluation scientifique Annexe 3 Liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeurs indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019

5

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Annexes Annexes

Annexe 1 Questions de lrsquoenquecircte

bull Nom Type de structure Secteur drsquoactiviteacute Effectif de la structure Code du deacutepartement

bull Connaissez-vous des indicateurs de biodiversiteacute Si oui lesquels

bull Utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiver-siteacute Si oui lesquels

bull Pour quelles raisons utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

bull Pour quelles raisons nrsquoutilisez-vous pas drsquoindicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les limites des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute existants

bull Il faut deacutefinir un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute ndash Par type drsquoacteurndash Par secteur drsquoactiviteacutendash Sans opinionndash Etc

bull Facile agrave mettre en place (meacutethodologie simplifieacutee)ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Sensible Reacuteactif (deacutetecte rapidement un change-ment signifiant)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Robuste (la mesure ou le calcul de lrsquoindicateurindice reste fiable mecircme lorsque les conditions varient)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Preacutecis (mesure avec une faible marge drsquoerreur ou drsquoincertitude le pheacutenomegravene qursquoil est supposeacute deacutecrire)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Baseacute sur lrsquoautoeacutevaluation (lrsquoentreprise remplit un questionnaire)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Produire un reacutesultat quantitatif et mesurable (com-parable agrave la tonne de CO2 pour lrsquoimpact climatique)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Parlant (transmettre un message clair et facilement interpreacutetable)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Disponible au grand public (ecirctre en libre accegraves et diffuseacute systeacutematiquement par les entreprises)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Obligatoire (sa mise en place est rendue obligatoire par la loi)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Inteacutegreacute (prendre en compte les caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Quels eacuteleacutements vous inciteraient agrave utiliser un (ou des) indicateur drsquoimpact de vos activiteacutes sur la bio-diversiteacute

bull Quelles sont les connaissances qui vous manquent pour utiliser parfaitement un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Annexe 2 Questions de la grille drsquoeacutevaluation scientifique

Pressions prises en compte

bull Quelles sont les pressions directes prises en compte dans les modegraveles (laquo pressure raquo in DPSIR laquo direct dri-vers raquo in MEA) (en diffeacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les pressions indirectes prises en compte dans les modegraveles (laquo drivers raquo in DPSIR) (en diffeacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les pressions prises en compte dans lrsquooutil

bull Si elles sont diffeacuterentes de celles du modegravele quel est lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute de cette diffeacuterence

bull Y a-t-il des manques en termes de pressions agrave prendre en compte

Liens entre les pressions et les impacts sur la biodiversiteacute

bull Quels sont les modegraveles mobiliseacutes dans lrsquooutil afin de lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans le modegravele

bull Quels sont les avantages du ou des modegraveles (en dif-feacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les limites du ou des modegraveles (en diffeacute-renciant par modegravele)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans les modegraveles (donneacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mutualiseacutees dans une base de donneacutees donneacutees drsquoobservation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) (en diffeacuterenciant par modegravele) Quelles sont leurs avan-tages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Quelles sont les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil

bull Si elles sont diffeacuterentes de celles du modegravele quel est lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute de cette diffeacuterence

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil (don-neacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mu-tualiseacutees dans une base donneacutees donneacutees drsquoobser-vation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) Quelles sont leurs avantages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Preacutecision de lrsquooutil la relation entre pressions et impacts est-elle significative La marge drsquoerreur drsquoincertitude lieacutee agrave cette relation est-elle faible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Sensibiliteacute de lrsquooutil la relation entre pressions et impacts est-elle sensible Lrsquooutil permet-il de faire la diffeacuterence (impacts) entre des situations (pressions) qui sont diffeacuterentes Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Lrsquooutil permet-il de deacutetecter des changements preacute-coces de biodiversteacute (type laquo early warning signals raquo)

Informations geacuteneacuterales

bull Agrave quelle eacutetape le deacuteveloppement de lrsquooutil est-il en 2019

bull Quels sont les secteurs drsquoactiviteacutes actuellement concerneacutes ou potentiels

bull Quelles sont les eacutechelles drsquoeacutevaluation drsquoimpact des activiteacutes sur la biodiversiteacute

bull Quels sont les milieux actuellement concerneacutes ou potentiels

bull Business application in summarybull Quel est le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par

lrsquooutil

Liens entre les activiteacutes et les pressions

bull Quels sont les modegraveles mobiliseacutes dans lrsquooutil afin de lier activiteacutes et pressions

bull Quels sont les avantages du ou des modegraveles (en dif-feacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les limites du ou des modegraveles (en diffeacute-renciant par modegravele)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans les modegraveles (donneacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mutualiseacutees dans une base de donneacutees donneacutees drsquoobservation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc (en diffeacuterenciant par modegravele) Quelles sont leurs avan-tages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil (don-neacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mu-tualiseacutees dans une base donneacutees donneacutees drsquoobser-vation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) Quelles sont leurs avantages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Preacutecision de lrsquooutil la relation entre activiteacutes et pressions est-elle significative La marge drsquoerreur drsquoincertitude lieacutee agrave cette relation est-elle faible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Sensibiliteacute de lrsquooutil la relation entre activiteacutes et pressions est-elle sensible Lrsquooutil permet-il de faire la diffeacuterence (pressions) entre des situations (activi-teacutes) qui sont diffeacuterentes Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Fiabiliteacute de lrsquooutil la deacutetermination de la relation entre activiteacutes et pressions est-elle fiable La deacuteter-mination de cette relation est-elle reproductible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

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Annexes Annexes

bull Lrsquooutil permet-il de deacutetecter des changements inha-bituels voire des points drsquoinflexion lors de change-ments non lineacuteaires

bull Fiabiliteacute de lrsquooutil la deacutetermination de la relation entre pressions et impacts est-elle fiable La deacuteter-mination de cette relation est-elle reproductible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

Biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur

bull Agrave quels peacuterimegravetres spatials lrsquooutil srsquointeacuteresse-t-il pour eacutevaluer les pressions et les impacts sur la bio-diversiteacute Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Agrave quels peacuterimegravetres temporels lrsquooutil srsquointeacuteresse-t-il pour eacutevaluer les pressions et les impacts sur la bio-diversiteacute Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Quels sont les niveaux drsquoorganisation de la biodiver-siteacute pris en compte dans lrsquooutil Geacuteneacutetique Indivi-du Espegravece Population Communauteacute Habitat Eacuteco-systegraveme Paysage Autre Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Lors de la prise en compte drsquoespegraveces pour le calcul de lrsquoindicateur srsquoagit-il drsquoespegraveces en particulier espegraveces cibles espegraveces bioindicatrices vulneacuterables patrimoniales etc Ou drsquoagreacutegations drsquoespegraveces

bull Quelles sont les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte dans lrsquooutil Composition Structure Fonction Eacutevolution Autre Quels en sont les inteacute-recircts et les limites

bull Lrsquoindicateur est-il repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute occasionner par les activiteacutes prises en compte

bull La meacutethode associeacutee agrave lrsquooutil preacuteconise-t-elle de reacute-peacuteter le calcul Si oui agrave quelle freacutequence Si non quelle freacutequence serait pertinente

bull Pertinence de lrsquooutil lrsquooutil est-il pertinent pour rendre compte drsquoimpacts drsquoactiviteacutes sur la biodiver-siteacute

bull Quels sont les avantages de lrsquoindicateur pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les limites de lrsquoindicateur pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

bull Un ou plusieurs autres outils ou indicateurs pour-raient-ils compleacuteter celui-ci ou ecirctre plus pertinents (en diffeacuterenciant outils et indicateurs) (ex ensemble de bioindicateurs Ecological Damage Potential (EDP) Indicator Functional Diversity Index etc)

Meacutethodologie de lrsquooutil et calcul de lrsquoindicateur

bull Quelles sont les grandes eacutetapes de calcul de lrsquoindica-teur

bull Le calcul de lrsquoindicateur est-il clair rigoureux trans-parent

bull Quels sont les avantages de la construction de lrsquooutil pour le calcul de lrsquoindicateur

bull Y a-t-il des biais possibles des limites des incerti-tudes lieacutees au calcul Le cas eacutecheacuteant comment les limiter

bull Le calcul de lrsquoindicateur permet-il des changements drsquoeacutechelles spatiale etou temporelle Le cas eacutecheacuteant se base-t-il sur les mecircmes donneacutees Le cas eacutecheacuteant preacutecision sensibiliteacute et fiabiliteacute sont-elles affecteacutees

Utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

bull Quels sont les niveaux du cadre Pressure-State-Res-ponse pris en compte par les modegraveles

bull Lrsquooutil permet-il drsquoajouter un ou des niveaux suppleacute-mentaires

bull Quels sont les domaines drsquoapplication de lrsquoutilisa-tion de lrsquooutil en termes de connaissance des im-pacts (actuels ou potentiels) et de types de deacutecision (financiegraveres etou drsquoinvestissement sur un projet et ou de production sur la localisation du site)

bull En vue du coucirct de la mise en place de lrsquooutil et de sa performance par rapport agrave la biodiversiteacute quelle est la rentabiliteacute de lrsquooutil

bull Existe-t-il une valeur cible ou un objectif agrave atteindre pour cet indicateur

bull Lrsquoindicateur permet-il des comparaisons entre enti-teacutes (sites entreprises collectiviteacutes pays) agrave des zones geacuteographiques etou agrave des moments (suivi temporel) diffeacuterents

bull Lrsquooutil pourrait-il ecirctre utiliseacute dans un cadre public et le eacutecheacuteant lesquels (bacirctiment public collecti-viteacute eacutetat)

bull Lrsquooutil transmet un message clair et facilement inter-preacutetable par les non-experts

bull Lrsquooutil peut servir pour transmettre des messages (sur la performance au niveau drsquoimpact sur la biodi-versiteacute) au grand public

bull Lrsquooutil et lrsquoindicateur peuvent-ils srsquoinseacuterer dans des cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute (Ipbes CBD ODD etc)

Pistes drsquoameacuteliorations

bull Quels pourraient-ecirctre les deacuteveloppements souhai-tables de cet outil (conception statistique mobilisa-tion drsquoautres donneacutees acquises ou agrave acqueacuterir deacutecli-naison territoriale)

Annexe 3 Liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeur indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019

Indicateurs et autres informations Informations et donneacutees preacutesentes dans le rapport

Empreinte eacutecologique (Ecological footprint)

La demande de lrsquohumaniteacute deacutepasse la biocapaciteacute de la planegravete depuis plus de 40 ans et le calcul de lrsquoempreinte eacutecologique montre qursquoil faudrait 16 Terre pour reacutepondre aux demandes annuelles de lrsquohumaniteacute envers la nature

Production primaire nette restant dans les eacutecosystegravemes terrestres apregraves appropriation par lrsquohomme (Net primary production remaining in terrestrial ecosystems after human appropriation)

La production primaire nette restant dans les eacutecosystegravemes terrestres apregraves appropriation par lrsquohomme est maintenant drsquoenviron 86 de son niveau de reacutefeacuterence naturel infeacutereacute et de seulement 64 en Asie

Biomasse veacutegeacutetale (Vegetation biomass)

La biomasse veacutegeacutetale est reacuteduite par le changement drsquoaffectation des terres et lrsquointensification agrave moins de 50 du niveau attendu srsquoil nrsquoy avait pas drsquoutilisation humaine des terres ndash avec une tendance agrave la hausse depuis 1970 sous lrsquoeffet de la fertilisation du changement climatique et de la re-veacutegeacutetation apregraves un preacuteceacutedent changement drsquousage des terres

Indice de biodiversiteacute de lrsquohabitat (Biodiversity habitat index)

Lrsquoindice de biodiversiteacute de lrsquohabitat estime lrsquointeacutegriteacute actuelle de lrsquohabitat terrestre pour la biodiversiteacute indigegravene agrave 70 de son niveau drsquoorigine

Indice drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute (Biodiversity Intactness Index)

Lrsquoindice drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute nrsquoest que de 79 en moyenne dans les eacutecosystegravemes terrestres la plupart des biomes eacutetant infeacuterieurs agrave 90

Paysages forestiers intacts (Intact forest landscapes)

Les paysages forestiers intacts continuent de deacutecliner rapidement dans les pays riches et pauvres et en particulier dans les pays neacuteotropicaux en raison de lrsquoexploitation forestiegravere industrielle de lrsquoexpansion agricole des incendies et de lrsquoexploitation miniegravere (perte de 7 entre 2000 et 2013)

Couverture forestiegravere (Tree cover)

La couverture forestiegravere est estimeacutee agrave seulement 542 de la superficie agrave lrsquoaube de la civilisation humaine Le couvert forestier mondial a augmenteacute de 26 par deacutecennie entre 1982 et 2016 mais il continue agrave diminuer dans les tropiques et environ 153 milliards drsquoarbres sont encore perdus chaque anneacutee en raison de la deacuteforestation de la gestion des forecircts des perturbations et des changements drsquoaffectation des terres

Eacutetendue des forecircts (Extent of forests)

Lrsquoeacutetendue des forecircts repreacutesente 681 de leur eacutetendue preacuteindustrielle (soit 460 millions drsquohectares de moins que la limite de seacutecuriteacute proposeacutee) Lrsquoeacutetendue des forecircts a diminueacute nettement plus lentement en 2005-2015 qursquoen 1990-2005

Indice de tendance de lrsquoeacutetendue des zones humides (Wetland Extent Trend Index)

Lrsquoindice de tendance de lrsquoeacutetendue des zones humides diminue rapidement (Dixon et al 2016) et jusqursquoagrave 87 des zones humides naturelles preacutesentes en 1700 eacutetaient perdues en 2000

8382

Annexes Annexes

[Surfaces] de terres ni cultiveacutees ni urbaniseacutees (Land neither cultivated nor urban)

Les [surfaces] de terres ni cultiveacutees ni urbaniseacutees nrsquoont diminueacute lentement que depuis 1992 Des diminutions [de surfaces] beaucoup plus rapides sont observeacutees dans certains eacutecosystegravemes (prairies tempeacutereacutees -25 forecircts tropicales et subtropicales -13 ) Certaines reacutegions ont eacutegalement connu une eacutevolution particuliegraverement rapide de leur couverture terrestre entre 2001 et 2012 lrsquoArctique a connu une augmentation de 52 de lrsquoeacutetendue des forecircts de 19 des zones humides et une diminution de 91 des terres steacuteriles

Diversiteacute geacuteneacutetique au sein drsquoune population (Genetic diversity within-population)

La diversiteacute geacuteneacutetique au niveau des populations a diminueacute au rythme drsquoenviron 1 par deacutecennie depuis le milieu du XIXe siegravecleCertaines eacutetudes montrent que les populations insulaires ont eu tendance agrave perdre plus de diversiteacute geacuteneacutetique que les populations continentales les populations dont lrsquohabitat a eacuteteacute fragmenteacute par un changement drsquoutilisation des terres ont environ 17 de diversiteacute geacuteneacutetique en moins que les populations non perturbeacutees [] Cette tendance vaut aussi pour les espegraveces domestiqueacutees avec des races animales eacuteteintes ou menaceacutees drsquoextinction

Diversiteacute geacuteneacutetique entre les espegraveces diversiteacute phylogeacuteneacutetique (Genetic diversity among species phylogenetic diversity)

Certains exemples montrent que les communauteacutes veacutegeacutetales de sites plus perturbeacutes ont une diversiteacute geacuteneacutetique plus faible que celle de sites moins perturbeacutes les communauteacutes drsquooiseaux vivant sur des terres agricoles intensives ont 900 millions drsquoanneacutees de moins de diversiteacute geacuteneacutetique que celles des forecircts naturelles et 600 millions drsquoanneacutees de moins que celles des terres agricoles diversifieacutees []

Inteacutegriteacute et richesse fonctionnelles (Functional intactness and richness)

Lrsquointeacutegriteacute et la richesse fonctionnelles diminuent en raison de la captation de la productiviteacute primaire et du changement climatique

Nombre cumuleacute drsquoespegraveces exotiques envahissantes (Cumulative number of alien species)

Le nombre cumuleacute drsquoespegraveces exotiques augmente de 13 par deacutecennie ndash avec 37 de tous les cas signaleacutes remontant agrave 1970

Indice de la Liste Rouge (Red List Index)

Lrsquoindice de la Liste Rouge nrsquoest maintenant plus qursquoagrave 75 de la valeur qursquoil aurait sans les impacts humains avec des variations selon les groupes taxonomiques Les reacutegions preacutesentant la plus grande deacuteteacuterioration comprennent une grande partie de lrsquoAsie du Sud-Est et de lrsquoAmeacuterique centrale 40 des espegraveces drsquoinsectes sont menaceacutees agrave lrsquoeacutechelle nationale ainsi que 4149 des amphibiens 387 des mammifegraveres marins et 4055 des gymnospermes

Proportion de la biomasse halieutique (proportion of global fish biomass)

La proportion de la biomasse halieutique mondiale a eacuteteacute diviseacutee par 10 environ depuis 1880

Stocks de poissons agrave des niveaux biologiquement viables (fish stocks within biologically sustainable levels)

Les stocks de poissons agrave des niveaux biologiquement viables ont diminueacute de 6 par deacutecennie ndash pour atteindre moins de 70

Biomasse des poissons preacutedateurs (Predatory fish biomass)

La biomasse des poissons preacutedateurs a diminueacute de 14 par deacutecennie

Biomasse des poissons proies (Biomass of prey fish)

La biomasse des poissons proies a augmenteacute de 10 par deacutecennie - seul indicateur agrave montrer une augmentation - probablement parce que la pecircche a eacutelimineacute les poissons preacutedateurs

Taille des aires de reacutepartition des mammifegraveres (Mammalian range size)

La taille des aires de reacutepartition des mammifegraveres a eacuteteacute reacuteduite agrave une moyenne de 83 des aires de reacutepartition originelles infeacutereacutees

Taille des aires de reacutepartition de la meacutegafaune (Megafaunal range size)

La taille des aires de reacutepartition des espegraveces de meacutegafaune (supeacuterieures agrave 445 kg) ne repreacutesente plus que 28 de la ligne de base naturelle les aires de reacutepartition des grands mammifegraveres ayant deacuteclineacute particuliegraverement rapidement en Asie du Sud et du Sud-Est

Tendances des inverteacutebreacutes (Invertebrate trends)

Les tendances des inverteacutebreacutes nrsquoont pas encore eacuteteacute syntheacutetiseacutees au niveau mondial en raison du manque de donneacutees tropicales Une analyse de type laquo indice planegravete vivante raquo des donneacutees principalement europeacuteennes et nord-ameacutericaines fait eacutetat drsquoun deacuteclin de -11 par deacutecennie

Biomasse des espegraveces domestiqueacutees (Domesticated species biomass)

Les biomasses des espegraveces domestiqueacutees cultiveacutees et des espegraveces bien adapteacutees aux biomes anthropiques ont toutes augmenteacute en abondance Le beacutetail repreacutesente maintenant plus de 90 de la biomasse de la meacutegafaune terrestre

Seacutequetration terrestre du carbone (Terrestrial carbon sequestration)

La seacutequestration terrestre du carbone a reacutecemment augmenteacute de 25 par deacutecennie

drsquoimpact des facteurs directs sur la biodiversiteacute ( impact of direct drivers on biodiversity)

Le changement drsquoutilisation des terresmers est le plus important facteur anthropique direct de changement de lrsquoeacutetat global de la nature avec un impact relatif de 30 suivi par lrsquoexploitation directe (23 ) le changement climatique (14 ) la pollution (14 ) et les espegraveces exotiques envahissantes (11 ) Les pressions qui ne sont aligneacutees sur aucun de ces cinq principaux facteurs (par exemple les incendies les perturbations humaines les activiteacutes de loisirs et le tourisme) repreacutesentent les 9 restants []

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PBF Product Biodiversity Footprint PDF Potentially Disappeared Fraction of species PDFgloyr Indicateur de potentiel de disparition mondiale des espegraveces PDFregyr Indicateur de potentiel de disparition reacutegionale des espegraveces PEFC Programme de reconnaissance des certifications forestiegraveres PER laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo PIB Produit inteacuterieur brut PNUE Programme des Nations-Unies pour lrsquoenvironnement PRG Pouvoir de reacutechauffement global PSL Potential Species Loss PSLglo Perte potentielle drsquoespegraveces globale PSLreg Perte potentielle drsquoespegraveces reacutegionale PSR Pressure State Response REPA Ressource and environmental profil analysis RSE Responsabiliteacute socieacutetale des entreprises SAR Specie-Area Relationship SETAC Society of Environmental Toxicology and Chemistry SHI Indice drsquohabitat des espegraveces SNB Strateacutegie nationale pour la biodiversiteacute STAR Species Threat Abatement and Recovery Metric STOC Suivi temporel des oiseaux communs UICN IUCN Union internationale de la conservation de la nature UNEP-WCMC Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations-Unies Unesco Organisation des Nations unies pour leacuteducation la science et la culture

Liste des acronymes utiliseacutes

ABMB Aligning biodiversity measures for business ACV Analyse du cycle de vie Ademe Agence de lenvironnement et de la maicirctrise de leacutenergie AFB Agence franccedilaise pour la biodiversiteacute BACI Before After Control Impact BFFI Biodiversity Footprint for Financial Institution BIEC Biodiversity Indicator for Extractive Companies BII Biodiversity Intactness Index BIM Biodiversity Impact Metric BIP Biodiversity Indicators Partnership BIRS Biodiversity Indicator and Reporting System CCNUCC Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique CDB Convention sur la diversiteacute biologique CDC Caisse des deacutepocircts CISL Cambrigde Institute for Sustainability Leadership CITES Convention sur le commerce international des espegraveces de faune et de flore sauvages menaceacutees drsquoextinction CMP Conservation Measures Partnership COI Commission oceacuteanographique intergouvernementale COP Confeacuterence des parties Cos Conseil drsquoorientation strateacutegique DPSIR laquo Driving forces ndash Pressures ndash State ndash Impact ndash Responses raquo EBV Essential Biodiversity Variables EDP Ecological Damage Potential indicator EEA European Environment Agency EPE Entreprises pour lrsquoenvironnement EPI Environmental Performance Index EPLCA European Platform on Life Cycle Assessment ERC Eacuteviter Reacuteduire Compenser FPEIR laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo FRB Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute FSC Forest Stewardship Council GBS Global Biodiversity Score GEO BON The Group on Earth Observations Biodiversity Observation Network GES Gaz agrave effet de serre GIEC Groupe international drsquoexperts sur le climat HAeq Impact sur la biodiversiteacute IFC International Finance Corporation IMBS Integrated Biodiversity Management System Ipbes Plateforme intergouvernementale sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques ISO International Standards Organisation KBAs Key Biodiversity Areas LCA Life Cycle Assessment MSC Marine Stewardship Council MR-IOT Multi-Regional Environmentally Extended Input-Output Table MR-SUT Multi-Regional Environmentally Extended Supply-Use Table MSA Mean Species Abundance NBSAP National Biodiversity Strategies and Actions Plans ODD Objectifs de deacuteveloppement durable OECD OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques OFB Office franccedilais de la biodiversiteacute ONB Observatoire national de la biodiversiteacute ONU Organisation des Nations unies OREacuteE Organisation pour le respect de lrsquoenvironnement dans lrsquoentreprise

LIstE DEs ACrOnyMEs Et AbreacutevIAtIOns UtILIseacutes

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Tableau 1 CLAssEMEnt PAr OrDrE DrsquoIMPOrtAnCE DE MEsUrEs POUr InCItEr agrave LrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DE MEsUrE DrsquoIMPACt DEs ACtIvIteacutes sUr LA bIODIvErsIteacute Tableau 2 vArIAbLEs EssEntIELLEs DE bIODIvErsIteacute CLAsseacuteEs PAr nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn Tableau 3 synthegravesEs DEs rECOMMAnDAtIOns Et PUbLICs CIbLEs

Figure 1 COnnAIssAnCE Et UtILIsAtIOn DrsquoInDICAtEUrs DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacuteFigure 2 LEs rAIsOns DrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute Figure 3 LEs CArACteacuterIstIQUEs DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute DAns LrsquoIDeacuteALFigure 4 CADrE PrEssIOns ndash eacutetAt ndash reacutePOnsEsFigure 5 CADrE AnALysE DU CyCLE DE vIEFigure 6 APErccedilU DEs CAteacutegOrIEs AUx IMPACts IntErMeacuteDIAIrEs DAns LE CADrE DE LA MeacutethODOLOgIE rECIPE2016 Et LEUr trAnsCrIPtIOn En DOMMAgEs sUr LrsquoEnvIrOnnEMEntFigure 7 COMPOsItIOn strUCtUrE Et FOnCtIOn DE LA bIODIvErsIteacute PreacutesEnteacuteEs COMME DEs sPhegraverEs IntErCOnnECteacuteEs EngLObAnt PLUsIEUrs nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOnFigure 8 COMPLeacuteMEntArIteacute EntrE LE CADrE PEr Et LE CADrE ACvFigure 9 CADrE COnCEPtUEL AnALytIQUE DE Lrsquo IPbEsFigure 10 CADrE COnCEPtUEL Et InDICAtEUrs DE bAsE DrsquoAPregraves IPbEs COrE InDICAtOrs

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REMERCIEMENTS

Jean-Franccedilois Silvain (FRB) Heacutelegravene Soubelet (FRB) Denis Couvet (FRB) Pauline Coulomb (FRB) Lucile Judas (FRB) Julien Massetti (OFB) Lora Rouviegravere (OFB) Stanislas Wroza (OFB) Florence Barreto (OFB) eacutequipe FRB les eacutevaluateurs Jean-Yves Barnagaud (CNRS) Thomat Binet (VertigoLab) Freacutedeacuteric Gosselin (INRAE) Jean-Baptiste Mihoub (MNHN) Dominique Pelletier (Ifremer) Karine Princeacute (MNHN) Pierre Scemama (Ifremer) les concepteurs des outils Joshua Berger (CDC Biodiversiteacute) Wijnand Broer (CREM) Antoine Cadi (CDC Biodiversiteacute) Leo Murphy (UNEP-WCMC) Guillaume Neveu (I Care amp Consult) Antoine Vallier (CDC Biodiversiteacute) les animateurs des ateliers Luc Abbadie (Sorbonne Universiteacute) Cleacutement Bultheel (MTES) Ameacutelie Colle (VertigoLab) Freacutedeacuteric Gosselin (Irstea) Gilles Lecuir (ARB Icircle-de-France) Charles Lemaicirctre (VICAT) Jean-Franccedilois Lesigne (RTE) Karine Princeacute (MNHN) Pierre Scemama (Ifremer) les intervenants agrave la pleacuteniegravere Thomas Andro (Solvay) Seacutebastien Barot (IRD) Romuald Berrebi (OFB) Sylvain Boucherand (BampL Evolution) Allain Bougrain-Dubourg (LPO) Camille Bricout (ARB ndash NA) Stellio Casas (Veolia) Thomas Cosson (PNR Golfe du Morbihan) Corinne Dragonne (ARB PACA ndash OFB) Philippe Dupont (OFB) Ceacuteline Eson (Biosphra consulting) Olivier Lemoine (ELAN) Heacutelegravene Leriche (Oreacutee) Harold Levrel (AgroParisTech) Jean-Michel Olivier (CNRS) Philippe Puydarrieux (UICN) Olivier Ragueneau (CNRS) Elise Rebut (MEAE) Sylvaine Rols (UNEP-WCMC) Natacha Sautereau (ITAB) Claire Tutenuit (EpE) Jean-Marc Valet (Cerema) Yann Verstraeten (ICF) Yann Wehrling (Ambassadeur agrave lrsquoenvironnement)

Citation Aureacutelie Delavaud Elodie Milleret Stanislas Wroza Heacutelegravene Soubelet Ana Deligny Jean-Franccedilois Silvain (2021) Indicateurs et outils de mesure ndash Eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Coll Expertise et synthegravese Paris France FRB 96 pages

Creacutedits photographiques copy Pixabay p 6 20 28 35 49 54 58 71 72 76 86 95 et couverture

Directrice de la publication Heacutelegravene Soubelet (FRB)Coordination eacuteditoriale Aureacutelie Delavaud (FRB)Reacutedactrices Aureacutelie Delavaud (FRB) Elodie Milleret (FRB) Ana Deligny (FRB) Relecture Denis Couvet (FRB) Robin Goffaux (FRB) Ceacutecile Jacques (FRB) Jean-Franccedilois Silvain (FRB) Heacutelegravene Soubelet (FRB) Stanislas Wroza (OFB) Graphisme Franccedilois Junot

copy FRB 2021ISBN 979-10-91015-43-1

Des indicateurs pourquoi pour qui Srsquoagit-il dindiquer leacutetat de la biodiversiteacute lintensiteacute des pressions qui pegravesent sur cette derniegravere ou encore la reacuteponse de celle-ci face agrave des mesures prises en faveur de sa preacuteservation Peut-on reacuteellement eacutevaluer lrsquoefficaciteacute des politiques publiques priveacutees citoyennes les comparer Face agrave ces nombreuses questions une profusion drsquoindicateurs fleurit fournie par des acteurs divers lrsquoEacutetat le secteur eacuteconomique la socieacuteteacute civile etc Un consen-sus vers un indicateur ideacuteal de biodiversiteacute est encore loin drsquoecirctre trouveacute drsquoautant que certains enjeux majeurs nrsquoont pas encore drsquoindicateurEn reacuteunissant chercheurs et acteurs la FRB en coopeacuteration avec lrsquoOFB srsquoest empa-reacutee du sujet agrave lrsquooccasion de ses Journeacutees FRB 2019 Cette Expertise et synthegravese apporte un regard ineacutedit sur ces questions majeures et srsquoaccompagne drsquoune seacuterie de recommandations

La Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute a pour mission de favoriser les activiteacutes de recherche sur la biodiversiteacute en lien avec les acteurs de la socieacuteteacute Sus-citer lrsquoinnovation deacutevelopper et soutenir des projets diffuser les connaissances et mobiliser lrsquoexpertise sont au cœur de ses actions

Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute (FRB) 195 rue Saint-Jacques 75005 Paris

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Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute (FRB)

MembresFondateursde la FRB

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une relation eacutetroite qui se traduit drsquoune part par un usage et des impacts sur la biosphegravere drsquoautre part par des beacuteneacutefices et un potentiel de deacuteveloppement eacuteconomique Pour ces acteurs la biodiversiteacute repreacutesente une part fondamentale de leur performance et de leur reacuteussite agrave moyen ou long termes les avantages qursquoils en retirent sont deacutejagrave en partie quantifieacutes Pour drsquoautres secteurs ou filiegraveres cette deacutependance est ressentie comme secondaire voire inexistante La preacuteservation de la biodiversiteacute peut alors ecirctre veacutecue comme un coucirct voire un frein au deacuteveloppement eacuteconomique ou au travers du respect des reacuteglementations nationales un eacuteleacutement non neacutegligeable de distorsion de concurrence

Neacuteanmoins pour tous les acteurs les contributions indirectes de la biodiversiteacute agrave travers les services eacutecosysteacutemiques sont essentielles mais restent souvent mal ou peu quantifieacutees Des indicateurs et des outils deacutevaluation de la deacutependance directe ou indirecte locale ou globale agrave la biodiversiteacute sont donc neacutecessaires pour deacutecider en connaissance de cause ndash par exemple pour lrsquoEacutetat eacutelaborer des politiques publiques

Engager des changements systeacutemiques de la deacutependance aux impacts et agrave leur reacuteduction

Lobjet des indicateurs est de rendre compte de cette deacutependance Cette publication examine les indicateurs et outils qui aident les acteurs agrave rendre compte des impacts de leurs activiteacutes sur la biodiversiteacute et agrave les reacuteduire

Les indicateurs et les outils doivent favoriser la transition eacutecologique en passant des objectifs aux engagements Ils doivent aider tous les acteurs publics et priveacutes les deacutecideurs politiques et eacuteconomiques agrave lrsquoeacutechelle drsquoun territoire ou drsquoun pays agrave estimer comparer et surtout agrave reacuteduire leurs impacts directs et indirects sur la biodiversiteacute agrave ameacuteliorer leurs reacuteponses face au deacuteclin de cette derniegravere Ces indicateurs doivent ecirctre lisibles et compreacutehensibles par lrsquoensemble des parties prenantes

Cadre et objectifs de cette publication un focus sur des indicateurs drsquoimpact en plein deacuteveloppement

Lrsquoambition des travaux conduits par la FRB et par lrsquoONB preacutesenteacutes dans cette publication est de donner des pistes pour ameacuteliorer des outils de mesure des impacts qui se deacuteveloppent Elle rend compte des ateliers et du colloque scientifique organiseacutes en octobre 2019 Leur objectif eacutetait drsquoinstaurer un dialogue entre acteurs ndash deacuteveloppeurs drsquooutils et utilisateurs potentiels ndash et chercheurs acadeacutemiques autour de la question des indicateurs de la biodiversiteacute et de la mesure de lrsquoimpact eacutecologique des activiteacutes humaines

Les questions suivantes ont preacutesideacute agrave lrsquoorganisation du travail tout au long de lrsquoanneacutee

ndash Quels sont les indicateurs et outils disponibles pour mesurer les impacts des activiteacutes humaines ndash Comment sont-ils eacutevalueacutes ndash Peut-on proposer un indicateur global de biodiversiteacute comme il existe un indicateur global pour le climat

Cette publication srsquoest concentreacutee sur une seacutelection drsquooutils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Elle procegravede agrave une analyse approfondie de leur construction et de leur potentiel drsquoapplication agrave diffeacuterentes eacutechelles et dans des contextes sectoriels diffeacuterents ainsi que de leur pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute Ces outils de mesure reposent sur une approche pluridimensionnelle inteacutegrative qui tente de lier activiteacutes pressions et impacts sur la biodiversiteacute en une seule chaicircne Ils srsquointeacuteressent agrave diffeacuterent niveaux drsquoapplication un produit et son cycle de vie un projet et ses sites une entreprise et ses uniteacutes opeacuterationnelles

Il srsquoagissait eacutegalement de questionner la pertinence de lrsquoutilisation de ces outils ndash srsquointeacuteressant drsquoabord au secteur priveacute marchand ndash par les pouvoirs publics

Le travail engageacute a permis de dresser un eacutetat des lieux des connaissances sur des outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute sur leur utilisation de questionner leurs fondements et pertinence scientifiques de mettre en avant leurs atouts et leurs lacunes ainsi que leur conformiteacute avec les attentes des utilisateurs

Les conclusions de lrsquoeacutetude et des ateliers preacutesenteacutes dans cette publication ont permis de balayer bonnes pratiques et meacutethodes et de discuter de pistes drsquoameacutelioration possibles Onze recommandations et pistes drsquoactions sont ainsi proposeacutees pour ameacuteliorer la pertinence des outils drsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute et en faciliter lrsquoutilisation

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7 1 Les outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute 8 11 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute une question reacutecurrente 9 12 Deux approches les indicateurs de suivi et les outils drsquoeacutevaluation des impacts 9 121 Les indicateurs de suivi pressions eacutetat ou reacuteponses 9 122 Les outils drsquoeacutevaluation des impacts activiteacutes pressions et impacts 9 123 Des initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices 10 13 Utilisation actuelle et potentiel de deacuteploiement des outils drsquoeacutevaluation des impacts 10 131 Meacutethodologie et repreacutesentativiteacute de lrsquoenquecircte 11 132 Les principaux reacutesultats de lrsquoenquecircte 14 14 Deux cadres conceptuels majeurs pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute 15 141 Le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) 16 142 Le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie des produits et services

21 2 Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute 22 21 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute est-il possible drsquoadopter la mecircme deacutemarche que pour le climat 22 211 Le modegravele du changement climatique et de lrsquoeacutequivalent carbone 23 212 Le cas de la biodiversiteacute emboicirctements et facettes 25 22 Le deacuteveloppement drsquoune meacutethodologie drsquoeacutevaluation comme tentative de reacuteponse 26 221 Le choix des outils agrave eacutevaluer 26 222 Une description succincte des sept outils eacutevalueacutes 28 223 Le cadre de reacutefeacuterence et les items de lrsquoeacutevaluation 29 224 Le deacuterouleacute et les reacutesultats de lrsquoeacutevaluation 30 23 Les reacutesultats syntheacutetiques des eacutevaluations des outils 30 231 Product Biodiversity Footprint (PBF) 34 232 Product Biodiversity Footprint for Financial Institution (BFFI) 38 233 Global Biodiversity Score TM (GBS) 42 234 Biodiversity Impact Metric (BIM) 46 235 Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric 50 236 Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC) 53 237 Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

59 3 Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs 60 31 Quelques approches inteacutegratives compleacutementaires aux outils 60 311 La compleacutementariteacute des cadres Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et Analyse de cycle de vie (ACV) 61 312 Lrsquoapproche par les laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo (EBV) 62 313 Le cadre DPSIR appliqueacute au cadre conceptuel de lrsquoIpbes 66 32 Les recommandations et pistes drsquoactions

73 4 Conclusion

77 5 Annexes 78 Annexe 1 Les questions de lrsquoenquecircte 79 Annexe 2 Les questions de la grille drsquoeacutevaluation scientifique 81 Annexe 3 La liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeurs indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019 84 Liste des acronymes et abreacuteviations utiliseacutes 87 Liste des cartes tableaux et figures 88 Bibliographie

SOMMAIRE

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Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

La notion de biodiversiteacute est relativement reacutecente dans le paysage de la recherche et de la socieacuteteacute civile puisqursquoelle a eacuteteacute populariseacutee au deacutebut des anneacutees 1980 (Franco et al 2013) Deacutefinie de faccedilon simple comme laquo tissu vivant de la planegravete raquo source de nombreux services la biodiversiteacute est avant tout le fruit de plus de trois milliards drsquoanneacutees drsquoeacutevolution En 1992 le premier accord mondial sur la conservation et lrsquoutilisation durable de la diversiteacute biologique est signeacute Il permet de reconnaicirctre que la conservation de la diversiteacute biologique est laquo une preacuteoccupation commune agrave lrsquohumaniteacute raquo et qursquoelle fait partie inteacutegrante du processus de deacuteveloppement

1

98

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

11 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute une question reacutecurrente

Agrave travers les usages les pratiques les modes de ges-tion de la biodiversiteacute les activiteacutes humaines exercent des pressions Sous lrsquoeffet de ces pressions directes et indirectes la biodiversiteacute srsquoeacuterode agrave une vitesse alar-mante Lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques publieacutee en 2019 par la Plateforme intergouvernementale scientifique et poli-tique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) identifie cinq grandes pressions directes res-ponsables de lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

bull changement drsquousage des sols et des terresbull exploitation des espegraveces et des habitatsbull changement climatiquebull pollutionsbull espegraveces exotiques envahissantes

La prise de conscience au niveau politique interna-tional de lrsquoimportance de la biodiversiteacute et de son eacutero-sion a conduit les institutions mondiales et reacutegionales au deacutebut des anneacutees 1970 agrave adopter des conventions relatives aux eacutecosystegravemes au vivant mais aussi aux pollutions et agrave la qualiteacute de lrsquoair (France Diplomatie 2005) puis agrave partir des anneacutees 1990 agrave deacutevelopper des meacutethodes drsquoeacutevaluation des performances environne-mentales Depuis les anneacutees 1970 acteurs publics et priveacutes srsquoengagent aussi en faveur de lrsquoenvironnement et de la biodiversiteacute (UICN 2014) souvent agrave travers le prisme du deacuteveloppement durable En parallegravele les leacutegislations europeacuteenne et franccedilaise eacutevoluent et demandent aux acteurs priveacutes marchands et aux col-lectiviteacutes drsquoune part drsquoeacutevaluer les incidences de leurs projets sur la biodiversiteacute et drsquoautre part de prendre en compte les questions environnementales (incluant pressions et protection de la biodiversiteacute) au mecircme titre que les preacuteoccupations sociales et drsquoen rendre compte aupregraves des parties prenantes et des services de

lrsquoeacutetat Plusieurs concepts eacutemergent eacutegalement dans le registre des laquo ressources raquo pour alerter sur les limites de la planegravete (caractegravere eacutepuisable des ressources si elles sont exploiteacutees non durablement) et lrsquointerdeacutepen-dance des entreprises aux milieux naturels

De faccedilon plus speacutecifique lrsquoeacutetat franccedilais srsquoest enga-geacute depuis plusieurs anneacutees agrave proteacuteger la biodiversiteacute par le biais de lois et de dispositifs fiscaux (notam-ment la loi relative agrave la protection de la nature de 1976 et la loi sur la protection et la mise en valeur des paysages de 1993) de strateacutegies nationales pour la biodiversiteacute (SNB de 2004 et 2011) des modifications du Code de lrsquoenvironnement et du Code rural et de la pecircche maritime et reacutecemment par promulgation de la loi pour la reconquecircte de la biodiversiteacute de la nature et des paysages (9 aoucirct 2016) et lrsquoadoption du Plan biodiversiteacute (4 juillet 2018)

Ainsi les entreprises et les collectiviteacutes se sont-elles empareacutees de la question sous lrsquoeffet drsquoinjonc-tions leacutegislatives ndash rapport de deacuteveloppement durable des collectiviteacutes rapport de responsabiliteacute socieacutetale pour les entreprises ndash et drsquoengagements volontaires pour des motifs varieacutes ndash respect de lrsquoenvironnement pour un deacuteveloppement eacuteconomique et social durable communication et positionnement diffeacuterenciant sur les marcheacutes etc ndash dans une logique de diminution des impacts et des pressions sur la biodiversiteacute pour lutter contre son eacuterosion Cette logique conduit au be-soin drsquoindicateurs et drsquooutils de mesure drsquoimpact sur la biodiversiteacute dans une approche similaire agrave ce qui est deacuteveloppeacute pour lutter contre le changement clima-tique avec la mesure de lrsquoempreinte carbone

Toutefois la difficulteacute agrave eacutevaluer et quantifier les im-pacts sur la biodiversiteacute potentiels ou reacuteels en fonc-tion de sceacutenarii et agrave de multiples eacutechelles (produits sites projets uniteacute drsquoactiviteacutes entreprises locales ou mondiales collectiviteacutes pays) constitue un possible frein agrave lrsquoaction fournir en ce domaine des eacuteleacutements drsquoappui drsquoaide agrave la deacutecision reste crucial

12 Deux approches les indicateurs de suivi et les outils drsquoeacutevaluation des impacts

Agrave partir des travaux deacuteveloppeacutes dans les champs scien-tifique et politique les organisations ndash non gouver-nementales priveacutees marchandes du secteur conseil publiques nationales ou internationales ndash srsquoorientent vers deux voies pour aider les responsables des poli-tiques environnementales publiques et priveacutees agrave srsquoy retrouver en termes drsquoeacutevaluation des impacts les indicateurs de suivi et les outils de mesure drsquoimpacts Si cette dichotomie est simplificatrice elle permet drsquoil-lustrer le propos La deacutefinition laquo drsquoindicateur raquo et les cadres conceptuels seront discuteacutes au point 3

121 Les indicateurs de suivi pressions eacutetat ou reacuteponses

Ils rendent compte de lrsquoeacutevolution de lrsquoeacutetat de la bio-diversiteacute pour une ou plusieurs de ses dimensions (par exemple lrsquoindicateur drsquointeacutegriteacute du peuplement drsquoOdonates qui repose sur un inventaire en un site donneacute compareacute agrave une liste drsquoespegraveces attendues lrsquoindicateur de Suivi temporel des oiseaux communs (STOC) qui permet drsquoeacutevaluer les variations spatiales et temporelles de lrsquoabondance des populations nicheuses drsquooiseaux communs) Ce type drsquoindicateurs peut ecirctre agreacutegeacute avec drsquoautres dimensions pour former des in-dices ou index de biodiversiteacute (par exemple lrsquoindice drsquohabitat des espegraveces (SHI) qui quantifie les chan-gements qui surviennent dans les habitats drsquoune es-pegravece et fournit une estimation des pertes potentielles de populations etou des augmentations du risque drsquoextinction)

Ces indicateurs srsquoinscrivent souvent dans le cadre laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) pour lequel on retrouve outre les indicateurs eacutecologiques drsquoeacutevolution de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des indicateurs socio-eacuteco-nomiques de suivi des pressions ou des reacuteponses de la socieacuteteacute La mise en correspondance de ces indicateurs combineacutes agrave la litteacuterature scientifique constitue une approche pour relier activiteacutes pressions et impacts

En France des indicateurs sont mis agrave disposition par lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) piloteacute par lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB) Au niveau international lrsquoIpbes preacutesente dans son rap-port une seacuterie drsquoindicateurs pour eacutevaluer lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute et les impacts des activiteacutes humaines

Il existe de nombreux deacuteveloppements meacutethodolo-giques pour de nouveaux indicateurs de ce type mais aussi des inventaires des jeux drsquoindicateurs existants ceci afin de proposer un ensemble commun drsquoindica-teurs (laquo set raquo de reacutefeacuterence permettant de composer un tableau de bord) adapteacutes aux besoins drsquoacteurs (entre-

prises collectiviteacutes) besoins theacutematiques (secteurs drsquoactiviteacutes ressources naturelles utiliseacutees) et juri-diques (rapportage)

122 Les outils drsquoeacutevaluation des impacts activiteacutes pressions et impacts

Ils visent agrave rendre compte des impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute pour une ou plusieurs de ses dimen-sions mais en inteacutegrant dans leur meacutethodologie de calcul la chaicircne complegravete activiteacutes ndash pressions ndash im-pacts Ils se basent sur des outils et modegraveles existants ou deacuteveloppent leur propre approche pour relier de faccedilon explicite ou non ces termes

Les deacuteveloppements meacutethodologiques de ces ou-tils inteacutegreacutes sont reacutecents et sont surtout destineacutes aux entreprises voire aux Eacutetats Ils se focalisent sur deux objectifs majeurs

bull Deacutefinir lrsquoimpact des activiteacutes sur la biodiversiteacute en termes drsquoeacutevaluation ex-post pour le rapportage lrsquoeacutevaluation des reacuteponses mises en place ndash notamment en matiegravere de politiques publiques ndash lrsquoameacutelioration des pratiques

bull Deacutefinir lrsquoimpact ex-ante pour la prise de deacutecision pour le deacuteveloppement drsquoactiviteacutes drsquoinvestissements

Ces deacutemarches aboutissent agrave la conception drsquooutils de mesure drsquoimpacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute baseacutes sur des meacutethodologies complexes pluridimensionnelles et avec des cadres drsquoapplication speacutecifiques (produit site uniteacute drsquoactiviteacute eacuteconomique etc) Ces outils aboutissant agrave terme agrave des indica-teurs quantitatifs ou qualitatifs mobilisent souvent les cadres laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) et laquo Ana-lyse du cycle de vie raquo (ACV) Crsquoest sur ces outils que porte la preacutesente eacutetude

123 Des initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices

Ces indicateurs et outils outre les aspects de rappor-tage obligatoire peuvent encourager et feacutedeacuterer les ac-teurs eacuteconomiques et politiques dans des deacutemarches transformatrices favorables agrave la biodiversiteacute

Parmi les initiatives particuliegraverement actives sur la question des indicateurs et outils citons celles qui ont eacuteteacute consulteacutees pour cette eacutetude

bull Initiative Aligning Biodiversity Measures for Busi-ness (ABMB) meneacutee par le Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations-Unies (UNEP-WCMC) Cette initiative reacuteunit les concepteurs drsquooutils drsquoeacutevaluation drsquoimpacts pour les entreprises afin de deacutevelopper une vision meacutethodologique et strateacutegique commune Lrsquoobjectif est de tendre vers des indicateurs robustes de contribution des entreprises aux objectifs mondiaux de preacuteservation de la biodiversiteacute

1110

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

breacutee du secteur priveacute marchand (346) du secteur public (282) et la socieacuteteacute civile (295) par lrsquointer-meacutediaire des Associations laquo Loi 1901 raquo et Fondations

Le domaine drsquoactiviteacute des reacutepondants inclut princi-palement des activiteacutes lieacutees agrave lrsquoenvironnement agrave lrsquoeacuteco-logie et au deacuteveloppement durable (449) suivi par les activiteacutes lieacutees agrave lrsquoagriculture et agrave lrsquoagroalimentaire (167) agrave lrsquoeacutenergie (9) au BTP et agrave lrsquoarchitecture (64) Drsquoautres domaines ont eacutegalement reacutepondu mais de faccedilon plus marginale conseil automobile chimie pharmaceutique enseignement formation hocirctellerie restauration tourisme mateacuteriaux immobi-lier fonction publique et interprofessions

Pregraves de la moitieacute des reacutepondants repreacutesentent les grandes entreprises avec un effectif de salarieacutes supeacuterieur agrave 250 personnes Les structures agrave effectif moyen petit et les microentreprises constituent res-pectivement 179 141 et 218 des reacutepondants En termes geacuteographiques la grande majoriteacute des reacute-ponses a eacuteteacute fournie par des acteurs baseacutes en France meacutetropolitaine et seulement 77 des reacutepondants sont baseacutes en outre-mer La reacutegion parisienne est plus particuliegraverement repreacutesenteacutee avec un reacutepondant sur deux exerccedilant son activiteacute en Ile-de-France et plus drsquoun reacutepondant sur quatre agrave Paris intramuros

132 Les principaux reacutesultats de lrsquoenquecircte

Des outils peu connusDrsquoapregraves les reacutesultats du sondage ces instruments restent encore meacuteconnus pour 385 des reacutepondants La diffeacuterence de populariteacute entre les indicateurs de suivi (laquo de base raquo) et les outils drsquoeacutevaluation des im-pacts (laquo agreacutegeacutes raquo) est double avec une visibiliteacute plus accrue des indicateurs de suivi reconnus par 41 des reacutepondants compareacute aux outils drsquoeacutevaluation des im-pacts agreacutegeacutes qui sont mentionneacutes par 205 des reacute-pondants (Fig 1) Parmi les indicateurs de suivi recen-seacutes le nombre drsquoespegraveces (autochtones remarquables envahissantes) le suivi de leurs populations et la ri-chesse speacutecifi que sont les mesures les plus citeacutees pour orienter la strateacutegie biodiversiteacute des reacutepondants

Parmi les outils drsquoeacutevaluation des impacts agreacute-geacutes citeacutes par les reacutepondants on retrouve des outils deacuteveloppeacutes par des organismes franccedilais Global Bio-diversity Score (CDC-Biodiversiteacute) Product Biodiver-sity Footprint (I Care amp Consult) et lrsquoIndicateur drsquoIn-terdeacutependance de lrsquoEntreprise agrave la Biodiversiteacute (FRB et Oreacutee) Les outils deacuteveloppeacutes par des organisations extra-nationales ndash Biodiversity Footprint for Financial Institutions Biodiversity Impact Metric Biodiversity Footprint Calculator Bioscope ndash ont eacuteteacute citeacutes par un seul reacutepondant

bull Plateforme europeacuteenne BusinessBiodversity (BB) mise en place par la Commission europeacuteenne Lieu drsquoeacutechanges elle aide agrave mieux comprendre les in-terdeacutependances entre les activiteacutes des entreprises le ca-pital naturel et la biodiversiteacute ainsi que les risques et beacute-neacutefi ces associeacutes Elle vise agrave deacutevelopper des outils dont des outils drsquoeacutevaluation des impacts permettant drsquointeacute-grer le capital naturel dans les activiteacutes eacuteconomiques

bull Plateforme France RSE de France Strateacutegie Cette plateforme nationale laquo formule des recommandations sur les questions sociales environnementales et de gouvernance souleveacutees par la responsabiliteacute socieacutetale des entreprises raquo Elle srsquoest notamment inteacuteresseacutee aux outils drsquoeacutevaluations des impacts des entreprises sur la biodiversiteacute

bull Organisation pour le Respect de lrsquoEnvironnement dans lrsquoEntreprise (OREacuteE) Cette association qui reacuteunit entreprises collectiviteacutes et organismes acadeacutemiques au service des territoires travaille sur les liens entre eacuteconomie et biodiversiteacute (interdeacutependances rappor-tage RSE) Crsquoest aussi le point focal de lrsquoInitiative Franccedilaise pour les Entreprises et la Biodiversiteacute deacutecli-naison du programme Global Partnership for Business and Biodiversity de la CDB

bull Entreprises pour lrsquoEnvironnement (EPE) Cette association regroupe de grandes entreprises franccedilaises

et internationales issues de tous les secteurs de lrsquoeacuteco-nomie Elle a notamment travailleacute sur les meacutethodes outils indicateurs et partenariats pour mieux appreacute-hender et geacuterer les impacts directs et sur lrsquoameacuteliora-tion de la prise en compte des impacts indirects des entreprises sur la biodiversiteacute agrave travers la gestion des impacts tout au long de la chaicircne de valeur

De nombreuses initiatives engagent ainsi les ac-teurs agrave reacutefl eacutechir agrave leurs pratiques Notons que cer-taines adoptent la notion de laquo capital naturel raquo (Pearce et al 1989) comme cadre de reacutefl exion Issu de la re-cherche en eacuteconomie (Aringkerman 2003) et populariseacute au deacutebut des anneacutees 1990 (OECD 1993) ce concept vise agrave inteacutegrer lrsquoenvironnement dans lrsquoeacuteconomie agrave comptabiliser ses valeurs et deacutegradations agrave penser la durabiliteacute des activiteacutes humaines

Le capital naturel recouvre les ressources natu-relles renouvelables et non-renouvelables et les ser-vices eacutecosysteacutemiques ndash termes agrave rapprocher dans le champ de lrsquoeacutecologie scientifi que aux eacutecosystegravemes et agrave la biodiversiteacute Un des postulats est que le fonction-nement des eacutecosystegravemes et la biodiversiteacute sont neacuteces-saires agrave la production de valeur dans lrsquoeacuteconomie ce sont des eacuteleacutements strateacutegiques agrave prendre en compte et dont il faut rendre compte

13 Utilisation actuelle et potentiel de deacuteploiement des outils drsquoeacutevaluation des impacts

Interpelleacutee par les membres de son Conseil drsquoorienta-tion strateacutegique (Cos) et face aux attentes politiques drsquoun indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute la FRB srsquoest empareacutee de la question des outils drsquoeacutevaluation des impacts afi n de porter agrave connaissance des outils deacutejagrave existants les eacutevaluer et ouvrir le deacutebat sur le besoin drsquoameacuteliorations meacutethodologiques baseacutees sur la recherche et les connaissances scientifi ques le be-soin drsquoappropriation de ces outils par les acteurs Une eacutequipe projet mixte a eacuteteacute constitueacutee avec lrsquoOFB (ex-AFB) pour mener cette eacutetude

Dans un premier temps la FRB a piloteacute une en-quecircte aupregraves drsquoacteurs de la socieacuteteacute afi n drsquoavoir un aperccedilu des perceptions et de la connaissance relative des indicateurs et outils drsquoeacutevaluation drsquoimpact sur la biodiversiteacute de leurs utilisations actuelles et poten-tielles des lacunes et diffi culteacutes de mise en œuvre des attentes vis-agrave-vis de ces indicateurs et outils et des pistes drsquoameacutelioration pour populariser et raffi ner ces outils

131 Meacutethodologie et repreacutesentativiteacute de lrsquoenquecircte

Lrsquoenquecircte a eacuteteacute co-construite par lrsquoeacutequipe projet Elle srsquoest preacutesenteacutee sous la forme drsquoun questionnaire divi-seacutee en quatre parties

bull informations geacuteneacuterales pour caracteacuteriser le reacute-pondant notamment en termes de type de structure et de secteur drsquoactiviteacute

bull eacutetat des lieux de la connaissance et de lrsquoutilisa-tion des indicateurs et des outils

bull attentes vis-agrave-vis des caracteacuteristiques de ces indi-cateurs et outils

bull pistes drsquoactions qui favoriseraient lrsquoutilisation des outils

Lrsquoenquecircte a eacuteteacute diffuseacutee en ligne du 5 mai au 15 juil-let 2019 aupregraves des membres du Comiteacute drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB et relayeacutee par lrsquoAFB vers lrsquoinitiative Capitales de la biodiversiteacute les observa-toires territoriaux de la biodiversiteacute des entreprises engageacutees dans la SNB etc et a fait lrsquoobjet de deux relances La liste des questions est en annexe 1 p78

78 personnes de 78 structures diffeacuterentes ont reacutepondu avec une repreacutesentation relativement eacutequili- FIGURE 1 COnnAIssAnCE Et UtILIsAtIOn DrsquoInDICAtEUrs DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute

non 385

Connaissez-vous des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Oui 41(indicateurs de base)

Oui 205(indicateurs agreacutegeacutes)

non 59

Oui 41(indicateurs de base)

1312

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Par ailleurs la faible connaissance de ces outils drsquoeacutevaluation des impacts est perccedilue par 577 des reacute-pondants comme eacutetant leur principale limite et donc comme un frein dans leur appropriation par les entre-prises Il est agrave noter que 295 des acteurs deacuteclarent ne pas utiliser drsquoindicateurs en raison de la meacutecon-naissance de ces outils

Un inteacuterecirct eacutemergent coupleacute agrave un besoin de plus drsquoaccompagnement

Parmi les reacutepondants 41 integravegrent des indicateurs de suivi dans leurs activiteacutes (Fig 1) et la totaliteacute des indicateurs utiliseacutes est constitueacutee de ce type drsquoindica-teur qui sont tregraves varieacutes et souvent deacutefinis en interne ou adapteacutes agrave lrsquoactiviteacute de lrsquoacteur Parmi les acteurs qui ont deacuteclareacute connaicirctre les outils drsquoeacutevaluation agreacute-geacutes 625 nrsquoutilisent pas drsquoindicateurs et 375 uti-lisent des indicateurs de suivi pour orienter leur stra-teacutegie biodiversiteacute

Les principales raisons pour lesquelles les outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute ne sont pas utiliseacutes par les reacutepondants sont

bull le manque de ressources neacutecessaires (financiegraveres connaissances personnel) (318)

bull la difficulteacute de mise en place (136)bull le manque drsquoencouragement etou de reacutecom-

pense pour lrsquoutilisation de ces outils (114)bull la difficulteacute agrave identifier un lien aveacutereacute avec la

biodiversiteacute bull le manque de donneacutees bull et la difficulteacute agrave collecter les donneacuteesPour les reacutepondants qui ont impleacutementeacute des outils

drsquoeacutevaluation drsquoimpacts de leur activiteacute sur la biodi-versiteacute dans leur process les principaux avantages annonceacutes sont le pilotage drsquoune strateacutegie biodiversiteacute et la mise en place des actions en faveur de la bio-diversiteacute (727) Lrsquoimage publique et les demandes des parties prenantes (citoyens clients habitants consommateurs etc) sont eacutegalement des facteurs fa-vorables agrave lrsquoutilisation des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute (485 et 515 respectivement)

Moins drsquoun tiers des reacutepondants deacuteclarent utiliser des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute sur la base drsquoune deacutemarche proactive pour prendre conscience de lrsquoimpact de lrsquoactiviteacute sur la biodiversiteacute et pour y remeacutedier (Fig 2)

Pour inciter agrave utiliser des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute lrsquoinformation et lrsquoappui agrave lrsquoappropriation agrave travers des guides deacutedieacutes semble ecirctre la mesure la plus pleacutebisciteacutee par lrsquoensemble des reacutepondants Pour les acteurs du secteur priveacute le son-dage reacutevegravele eacutegalement une vision plus pragmatique mettant en eacutevidence lrsquoimportance de la mise en place des obligations regraveglementaires accompagneacutee par lrsquoin-troduction des outils publics incitatifs (fiscaliteacute envi-ronnementale) et la possibiliteacute drsquoobtention drsquoun label Pour les acteurs publics lrsquoexistence de guides devra ecirctre renforceacutee par des engagements pour la croissance verte au niveau national alors que pour les repreacutesen-tants de la socieacuteteacute civile crsquoest la possibiliteacute drsquoobtenir un label qui est ressentie comme favorable agrave lrsquoutilisa-tion des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodi-versiteacute (Tableau 1)

Les reacutepondants estiment que les indicateurs et outils existants sont peu adapteacutes aux particulariteacutes sectorielles Ainsi un laquo indicateur ideacuteal raquo drsquoimpact sur la biodiversiteacute serait plutocirct un indicateur conccedilu par secteur drsquoactiviteacute (436 des avis) avec la prise en consideacuteration des particulariteacutes de chaque secteur Seul un quart des reacutepondants voient cet laquo indicateur ideacuteal raquo comme eacutetant drsquoapplication universelle

Lrsquoimpact du secteur des services sur la biodiversiteacute est identifieacute par les reacutepondants comme le plus com-plexe agrave estimer et agrave suivre par lrsquointermeacutediaire drsquoun indicateur Un manque de connaissance sur la traccedila-

biliteacute des impacts des fournisseurs et leur inteacutegration agrave toutes les eacutetapes de la chaicircne de production a eacutegale-ment eacuteteacute signaleacute et repreacutesente un frein Pour deacutepasser ces deacutefis les reacutepondants mettent lrsquoaccent sur le besoin de deacutevelopper une meacutethodologie facilement compreacute-hensible reacuteplicable et adaptable aux diffeacuterentes activi-teacutes Celle-ci devra ecirctre eacutegalement suffisamment simple agrave mettre en place par le personnel de lrsquoentiteacute lrsquoautre alternative pouvant ecirctre la prise en main par des ser-vices speacutecialiseacutes ayant pour but drsquoappuyer agrave lrsquoimpleacute-mentation de lrsquooutil

Des attentes fortes agrave lrsquoeacutegard des caracteacuteristiques des indicateurs

Alors que 372 des acteurs interrogeacutes deacuteclarent que les indicateurs et outils existants ne reflegravetent pas de maniegravere preacutecise lrsquoimpact sur la biodiversiteacute le son-dage reacutevegravele une prise de conscience de leur part sur la complexiteacute de la question et le besoin de deacutevelopper un outil fiable et pertinent vis-agrave-vis de la biodiversiteacute

Dans lrsquoideacuteal cet outil drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute devra ecirctre surtout robuste et rester fiable mecircme lorsque les conditions varient ceci est deacutesigneacute comme laquo tregraves important raquo ou laquo important raquo par 923 des acteurs Lrsquoindicateur ou outil ideacuteal de-vra eacutegalement ecirctre parlant et transmettre un message clair et facilement interpreacutetable une caracteacuteristique citeacutee comme laquo tregraves importante raquo par 718 des reacutepon-dants et laquo importante raquo par 192 des reacutepondants

Pour valoriser mes actions en faveur de la biodiversiteacute ou ameacuteliorer lrsquoimage

de mon activiteacute organisation

Pour prendre conscience de lrsquoimpact de mon activiteacute sur la biodiversiteacute

pour y remeacutedier

Pour piloter ma strateacutegie biodiversiteacute ou les actions que je mets en place

en faveur de la biodiversiteacute

Pour reacutepondre agrave une demande de mes parties prenantes (citoyens

clients habitants consomateurs etc)

Pour comparer lrsquoimpact de mon activiteacute avec drsquoautres entreprises

collectiviteacutes organisations

Pour obtenir des labels

Autres

0 20 40 60 80 100

FIGURE 2 LEs rAIsOns DrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute (PLUsIEUrs reacutePOnsEs POssIbLEs PAr LE MecircME reacutePOnDAnt)

10 30 50 70 90

Cl Secteur public Secteur priveacute Socieacuteteacute civile

1 Existence de guides pour des indicateurs et des outils

Existence de guides pour des indicateurs et des outils

Existence de guides pour des indicateurs et des outils

2 Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

Obligations reacuteglementaires Possibiliteacute drsquoobtenir un label

3 Possibiliteacute drsquoobtenir un label Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

4 Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

Possibiliteacute drsquoobtenir un label Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

5 Obligations reacuteglementaires Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

Obligations reacuteglementaires

CLAssEMEnt PAr OrDrE DrsquoIMPOrtAnCE DE MEsUrEs POUr InCItEr agrave LrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DE MEsUrE DrsquoIMPACt DEs ACtIvIteacutes sUr LA bIODIvErsIteacute

TABLEAU 1

1514

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Reacuteponses socieacutetales (deacutecisions et actions)

Informations

Ces deux caracteacuteristiques sont reconnues par 100 des reacutepondants comme des conditions impeacuteratives pour un outil drsquoeacutevaluation des impacts ideacuteal sur la biodiversiteacute (Fig 3)

En compleacutement par ordre drsquoimportance pour plus des trois quarts des reacutepondants lrsquooutil ideacuteal devra eacutega-lement ecirctre

bull sensible reacuteactif pour deacutetecter rapidement un changement significatif

bull inteacutegrer la prise en compte des caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques

bull ecirctre facile agrave mettre en placebull disposer drsquoune meacutethodologie simplifieacuteebull produire un reacutesultat quantitatif et mesurableEn revanche un indicateur baseacute sur lrsquoautoeacutevalua-

tion nrsquoest pas perccedilu comme ideacuteal

14 Deux cadres conceptuels majeurs pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Agrave partir des anneacutees 1990 les organisations interna-tionales et europeacuteennes deacuteveloppent des approches et des indicateurs pour eacutevaluer les performances environ-nementales des pays et lrsquointeacutegration des preacuteoccupa-tions drsquoenvironnement dans les politiques sectorielles Celles-ci serviront de base agrave lrsquoeacutelaboration drsquoindicateurs de suivi et des outils de mesure drsquoimpacts Il existe une diversiteacute drsquoapproches et de meacutethodes drsquoeacutevaluation des impacts mais deux cadres sont particuliegraverement mobi-liseacutes par les outils eacutetudieacutes ici le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et lrsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) Leur compleacutementariteacute est discuteacutee au chapitre 3 p 60

141 Le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER)

Du cadre PER agrave lrsquointeacutegration des forces motrices et des impacts

LrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomique (OCDE) publie un rapport qui reste au-jourdrsquohui une reacutefeacuterence Un indicateur y est deacutefini comme un laquo paramegravetre ou valeur calculeacutee agrave partir de paramegravetres donnant des indications sur ou deacutecrivant lrsquoeacutetat drsquoun pheacutenomegravene de lrsquoenvironnement ou drsquoune zone geacuteographique et drsquoune porteacutee supeacuterieure aux infor-mations directement lieacutees agrave la valeur drsquoun paramegravetre raquo

Trois critegraveres ideacuteaux sont preacuteciseacutes et raffineacutes en sous-critegraveres afin de seacutelectionner les indicateurs la per-tinence politique (repreacutesentativiteacute faciliteacute drsquointerpreacuteta-tion reflet des modifications de lrsquoenvironnement et des socieacuteteacutes comparabiliteacute internationale porteacutee nationale rapport agrave une valeur limite ou de reacutefeacuterence) la justesse drsquoanalyse (fondements theacuteoriques consensus inter-national rapport agrave des modegraveles eacuteconomiques et des systegravemes de preacutevision et drsquoinformation) et la mesurabi-liteacute (rapport coucirctbeacuteneacutefice raisonnable documentation disponible qualiteacute connue mise agrave jour reacuteguliegravere)

Enfin le rapport explicite le modegravele laquo Pressions ndashEacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) ndash deacuteveloppeacute initialement au

Canada au deacutebut des anneacutees 1980 (Stanners et al 2009) ndash ougrave les laquo indicateurs de pression raquo deacutecrivent les pressions exerceacutees sur lrsquoenvironnement par les acti-viteacutes humaines les laquo indicateurs drsquoeacutetat raquo deacutecrivent la qualiteacute de lrsquoenvironnement (ce sont les indicateurs lieacutes agrave la biodiversiteacute elle-mecircme) et les aspects qualitatifs et quantitatifs des ressources naturelles et les laquo indica-teurs de reacuteponse raquo correspondent aux reacuteponses de la socieacuteteacute (Fig 4)

Dans ce rapport la biodiversiteacute nrsquoest pas centrale crsquoest un des thegravemes abordeacutes parmi drsquoautres qui re-censent drsquoune part les laquo ressources naturelles raquo (eau sol forecircts) et drsquoautres part les laquo pressions raquo (chan-gement climatique eutrophisation pollution environ-nement urbain) En croisant ces thegravemes avec des activiteacutes sectorielles (agriculture industries extrac-tives meacutenages) le rapport esquisse une premiegravere matrice de correspondance laquo activiteacutes ndash pressions ndash eacutetat ndash reacuteponses raquo

Une version eacutetendue de ce modegravele drsquointeractions entre les systegravemes socio-eacuteconomiques et eacutecologiques est deacutecrite par lrsquoagence europeacuteenne de lrsquoenvironne-ment (EEA) en 1999 (European Environment Agency 1999) agrave travers le modegravele laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo (FPEIR plus connu sous lrsquoacronyme DPSIR pour Driving forces Pressures State Impact Responses)

FIGURE 3 LEs CArACteacuterIstIQUEs DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute DAns LrsquoIDeacuteAL

Eacutetat ReacuteponsesPressionsdirectes et indirectes

Activiteacutes humaines

ndash Eacutenergies ndash Transportndash Industriendash Agriculturendash Autres(production consommation commerce)

Eacutetat de lrsquoenvironnement et des ressources naturelles

ndash Air ndash Eaundash TerreSolndash Biodiversiteacutendash Ressources naturellesndash Autres(ex Santeacute humaine)

Agents eacuteconomiques et environnementaux

ndash Administrations ndash Meacutenagesndash Entreprises

ndash Localendash Nationalendash Internationale

Informations

Reacuteponses socieacutetales (deacutecisions et actions)

Deacutechets et pollution

Utilisation des ressources

FIGURE 4 CADrE PrEssIOns ndash eacutetAt ndash reacutePOnsEs SOuRcE OcDE 1993

robuste (mesure calcul de lrsquoindicateur indice restent fiables mecircme lorsque

les conditions varient)

Parlant (transmet un message clair et facilement interpreacutetable)

sensible reacuteactif (deacutetecte rapidement un changement signifiant)

Inteacutegreacute (prend en compte les caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques)

Produit un reacutesultat quantitatif et mesurable (comparable agrave la tonne

de CO2 pour lrsquoimpact climatique)

Facile agrave mettre en place (meacutethodologie simplifieacutee)

Disponible au public (en libre accegraves diffuseacute systeacutematiquement par les entreprises)

Preacutecis (faible marge drsquoincertitude ou drsquoerreur dans la mesure du pheacutenomegravene)

Obligatoire (sa mise en place est rendue obligatoire par la loi)

baseacute sur lrsquoautoeacutevaluation (lrsquoentreprise remplit un questionnaire)

0 20 40 60 80 10010 30 50 70 90

Pas important relativement important tregraves importantPeu important Important nA

1716

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Deacutefinition et caracteacuteristiques des indicateurs

Dans son rapport de 1999 lrsquoEEA souligne la fonction principale et centrale des indicateurs qui est la com-munication mais aussi un aspect essentiel qui est que les indicateurs environnementaux doivent pointer vers des aspects laquo typiques raquo ou laquo critiques raquo des relations complexes entre les espegraveces et leur environnement

En 2002 (European Environment Agency 2002) lrsquoEEA recense les indicateurs et les indices (ou indi-cateurs agreacutegeacutes) de biodiversiteacute internationaux et nationaux en les rapportant au cadre DPSIR Lrsquoeacutetude en deacutenombre 655 reacutepartis en diffeacuterentes theacutematiques (protection de la nature eacutenergie changement clima-tiques pecirccheries) Les reacutedacteurs notent deacutejagrave que les mecircmes sources de donneacutees sont utiliseacutees agrave des fins varieacutees au travers de cette grande diversiteacute drsquoindica-teurs que beaucoup drsquoindicateurs ont deacutejagrave eacuteteacute deacuteve-loppeacutes mais que peu sont utiliseacutes de faccedilon reacuteguliegravere que la complexiteacute de la biodiversiteacute et les besoins de recherche appellent agrave poursuivre le deacuteveloppement drsquoindicateurs et bien sucircr que les indicateurs choisis doivent lrsquoecirctre pour eacutevaluer lrsquoefficaciteacute des politiques environnementales europeacuteennes mais aussi pour reacute-pondre aux preacuteoccupations mondiales qui srsquoexpriment agrave travers la CDB

Lrsquoeacutetude liste aussi en se basant sur de nombreux travaux anteacuterieurs des critegraveres de seacutelection drsquoindica-teurs de biodiversiteacute Ceux-ci doivent ecirctre faciles agrave comprendre et pertinents sur le plan politique nor-matifs pour permettre la comparaison avec une situa-tion de reacutefeacuterence ou entre eacutetats solides sur le plan scientifique et statistique reacuteactifs aux changements dans le tempsespace techniquement reacutealisables et drsquoun bon rapport coucirct-efficaciteacute utilisables pour des sceacutenarios de projections futures orienteacutes utilisateurs et ils doivent fournir des informations factuelles et quantitatives permettre lrsquoagreacutegation au niveau natio-nal et multinational tenir compte de la biodiversiteacute speacutecifique agrave chaque pays

LrsquoEEA publie en 2005 son jeu central drsquoindicateurs environnementaux (European Environment Agency 2005) et propose une deacutefinition de ce qursquoest un indi-cateur diffeacuterente de celle de lrsquoOCDE laquo un indicateur est une mesure geacuteneacuteralement quantitative qui peut ecirctre utiliseacutee pour illustrer et faire connaicirctre de faccedilon simple des pheacutenomegravenes complexes y compris des ten-dances et des progregraves dans le temps raquo Notons que les indicateurs europeacuteens sont aujourdrsquohui classeacutes en cinq cateacutegories destineacutees agrave deacutecrire lrsquoeacutetat de lrsquoenviron-nement et surtout agrave eacutevaluer les politiques mises en place entremecirclant ainsi indicateurs laquo eacutecologiques raquo et indicateurs laquo socio-eacuteconomiques raquo

Atouts et limites

Le cadre PER permet de structurer les indicateurs drsquoune faccedilon qui facilite lrsquointerpreacutetation et la prise de deacutecision Toutefois si les indicateurs P E et R sont compleacutementaires ils ne sont pas lineacuteairement deacutepen-dants si les effets des pressions sont deacutecrits dans la litteacuterature scientifique ils ne sont pas simplement ad-ditifs et leurs porteacutees temporelle et spatiale pas neacuteces-sairement immeacutediates De la mecircme faccedilon une mecircme reacuteponse appliqueacutee dans des contextes diffeacuterents peut conduire agrave des changements diffeacuterents dans lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des reacuteponses peuvent ecirctre synergiques ou antagonistes etc Plus encore les reacuteponses inter-viennent agrave des eacutechelles spatiale et temporelle diffeacute-rentes et interviennent plus sur la dynamique des sys-tegravemes eacutecologiques que sur un eacutetat et cette dynamique ne deacutepend pas exclusivement des activiteacutes humaines elles-mecircmes dynamiques

Enfin les indicateurs eacutelaboreacutes dans le cadre PER ont souvent une porteacutee spatiale ou theacutematique rela-tivement restreinte (par exemple ils ne concernent qursquoune dimension de la biodiversiteacute telle que lrsquoabon-dance drsquoespegraveces) Cela peut conduire agrave neacutegliger des effets dus agrave la structure des paysages aux interactions (entre individus populations avec lrsquoenvironnement) les effets de pressions distantes (par exemple ruissel-lement de nutriments) ou dans le cas drsquoun produit ou drsquoun service agrave omettre des impacts pourtant preacutesents tout au long de son cycle de vie

Notons que le cadre PER met bien en eacutevidence entre pressions et reacuteponses le besoin de questionner lrsquoeacutetat souhaiteacute ou souhaitable la cible deacutepend de diffeacuterents objectifs eacutecologiques agrave eacutequilibrer avec des objectifs sociaux et eacuteconomiques (Levrel et al 2009)

142 Le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie des produits et services

Des ressources eacutepuisables aux impacts environnementaux

La theacuteorie de cycle de vie du produit trouve son ori-gine dans les anneacutees 1960 dans le champ de la re-cherche en eacuteconomie (Vernon 1966) pour lrsquoanalyse des changements des flux internationaux de produits manufactureacutes aux Eacutetats-Unis et des localisations de production en fonction de la demande Puis cette theacuteorie est reprise dans les anneacutees 1970 dans lrsquoap-proche analysant la demande lieacutee agrave la consommation avec les besoins en matiegraveres premiegraveres et ressources eacutenergeacutetiques toutes deux limiteacutees Crsquoest lrsquoeacutepoque de la publication du rapport The Limits to Growth (Mea-dow 1972) et de la crise peacutetroliegravere de 1973 lrsquoattention agrave lrsquoenvironnement est porteacutee sur lrsquoutilisation des res-sources eacutepuisables et la consommation drsquoeacutenergie plus

que sur les impacts environnementaux La meacutethodolo-gie de ce qui est appeleacute laquo ressource and environmental profil analysis raquo (REPA) aux Eacutetats-Unis et laquo eacutecobilan raquo en Europe srsquoaffine ensuite particuliegraverement dans le cadre des groupes de travail heacutebergeacutes par la Society of Environmental Toxicology and Chemistry (SETAC) La meacutethode prend un nouvel essor agrave la fin des anneacutees 1980 notamment lorsque les pollutions deviennent une preacuteoccupation mondiale et lorsque lrsquoEurope place la question des deacutechets solides de la consommation de matiegraveres et drsquoeacutenergie des emballages au cœur de sa politique La question de la prise en compte des im-pacts environnementaux devient essentielle et eacutevolue elle aussi (Bjoslashrn et al 2018) afin de couvrir les im-pacts sur lrsquoenvironnement naturel la santeacute humaine et les ressources naturelles Signalons lrsquoeacutemergence une deacutecennie plus tard de la notion de laquo limites planeacute-taires raquo (Rockstroumlm et al 2009) qui agrave partir du mecircme constat propose une approche diffeacuterente

En 1993 un standard meacutethodologique geacuteneacuteral de lrsquoACV est deacuteveloppeacute dans le cadre de lrsquoInternational Standards Organisation (ISO) (14040 publication 1997 mise agrave jour 2006) des standards deacutetailleacutes pour les diffeacuterentes phases du processus seront eacutegalement deacutefinis par la suite Lrsquoanalyse du cycle de vie (ACV) ndash

dont la deacutenomination a eacuteteacute stabiliseacutee en 1990 ndash y est deacutefinie (ISO 14040 2006) comme laquo la compilation et lrsquoeacutevaluation des intrants des extrants (produits matiegraveres eacutenergies) et des impacts environnementaux potentiels drsquoun systegraveme de produits au cours de son cycle de vie entendu comme les phases conseacutecutives et lieacutees drsquoun systegraveme de produits de lrsquoacquisition des matiegraveres premiegraveres ou de la geacuteneacuteration des ressources naturelles agrave lrsquoeacutelimination finale raquo Lrsquoanalyse du cycle de vie drsquoun produit ou drsquoun service est ainsi une meacutethode structureacutee et standardiseacutee au niveau international qui vise agrave estimer les impacts drsquoun produit ou drsquoun service tout le long de sa chaicircne de valeur agrave travers le temps et lrsquoespace depuis lrsquoamont neacutecessaire agrave sa production jusqursquoagrave son eacutelimination via quatre eacutetapes deacutefinition du peacuterimegravetre (objectifs de lrsquoanalyse et systegraveme eacutetudieacute) inventaire (flux de matiegraveres et drsquoeacutenergies entrants et sortants) eacutevaluation des impacts (transformation des flux en impacts) interpreacutetation des reacutesultats

Lrsquoestimation des impacts environnementaux est effectueacutee agrave partir de lrsquoinventaire en utilisant des mo-degraveles qui deacutefinissent des facteurs de caracteacuterisation lesquels lient des eacutemissions consommations activi-teacutes agrave des pressions (classification en laquo cateacutegories raquo ou midpoints) et des pressions aux impacts environne-mentaux finaux (classification en laquo atteintes raquo ou end-

Impacts intermeacutediaires

Impacts finaux ou dommages

Interventions(entreacutees sorties)

Zone de protection

Eacutemissions dans lrsquoatmosphegravere

Eacutemissions dans le sol et lrsquoeau

Occupation des sols et transformation

Eaux useacutees

Changement climatique

Changement drsquohabitat

Acidification

Eutrophication

Eacutecotoxiciteacute

Stress hydrique

Impact sur les services eacutecosysteacutemiques

Impact surla biodiversiteacute

Environnementnaturel

FIGURE 5 CADrE AnALysE DU CyCLE DE vIE SOuRcE TEIllARD et al 2016

modegraveles de caracteacuterisation

modegraveles de caracteacuterisation

1918

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

points) ndash cela par uniteacute de pression (par exemple pour un kg de ressources utiliseacutees ou un kg drsquoeacutemission) (Fig 5 Fig 6) Afin de rendre les impacts compa-rables les reacutesultats sont exprimeacutes dans une meacutetrique drsquoeacutequivalence

LrsquoACV permet aussi drsquoappliquer des facteurs de normalisation qui relient les reacutesultats de chaque cateacute-gorie drsquoimpact agrave une situation de reacutefeacuterence (souvent pour une anneacutee donneacutee et agrave lrsquoeacutechelle mondiale par exemple la consommation drsquoeau lrsquoanneacutee x) Cela per-met drsquoestimer la contribution drsquoun produit ou drsquoun service agrave cette situation de reacutefeacuterence

Le cas particulier des impacts sur la biodiversiteacute

Face agrave la multiplication des meacutethodes et outils drsquoACV le Programme des Nations-Unies pour lrsquoEnvironnement (PNUE) et la SETAC ont lanceacute en 2002 une initiative conjointe visant agrave harmoniser lrsquoapproche et agrave eacutetablir un consensus sur les modegraveles de caracteacuterisation En 2005 la Commission europeacuteenne met en place une plateforme sur lrsquoACV (European Platform on Life Cycle

Assessment ndash EPLCA) tandis que de nombreux centres de ressources se deacuteveloppent (Steacutefy 2019)

Afin drsquoinclure la biodiversiteacute dans les ACV de nombreux efforts ont porteacute sur lrsquoimpact de lrsquoutilisa-tion des terres (cateacutegorie laquo changement drsquohabitats raquo) transformation occupation et restauration influenccedilant les habitats et la biodiversiteacute Plusieurs meacutethodologies et facteurs de caracteacuterisation ont ainsi eacuteteacute deacutevelop-peacutes Pour drsquoautres cateacutegories de pressions ndash change-ment climatique utilisation de lrsquoeau eutrophisation ou acidification ndash les deacuteveloppements des modegraveles drsquoimpacts sont moins avanceacutes Certaines cateacutegories de pressions ndash espegraveces envahissantes exploitation des ressources ndash manquent quant agrave elle encore de travaux

Notons que par la diversiteacute des approches il nrsquoexiste pas de meacutethodes consensuelles pour eacutevaluer les impacts sur la biodiversiteacute Enfin une limite geacute-neacuterale reconnue des modegraveles actuels (Teillard et al 2016) et objet de nombreux travaux acadeacutemiques est la simplification des processus naturels dynamiques

Nous citons ici deux modegraveles deacuteveloppeacutes au cha-pitre 2 et une meacutethodologie mobiliseacutes dans les outils eacutevalueacutes

bull meacutethode ReCiPe qui permet drsquoexprimer une perte potentielle drsquoespegraveces (Potentially Disappeared Fraction of species ndash PDF)

bull modegravele GLOBIO3 qui permet drsquoexprimer une abondance moyenne drsquoespegraveces (Mean Species Abun-dance ndash MSA) par rapport agrave une reacutefeacuterence

bull meacutethodologie LC-IMPACT spatialiseacutee qui per-met lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact sur les eacutecosystegravemes ex-primeacutee en une perte potentielle drsquoespegraveces (Potentially Disappeared Fraction of species ndash PDF)

En matiegravere drsquoeacutevaluation des impacts de lrsquoutilisation des terres plusieurs modegraveles se basent sur les hypo-thegraveses formuleacutees agrave partir de la theacuteorie aire-espegraveces (specie-area relationship ndash SAR) plus une surface est grande plus la diversiteacute drsquohabitats est grande et plus le nombre drsquoespegraveces est grand et plus une surface est grande plus les populations sont de tailles impor-tantes limitant le risque drsquoextinction Ces hypothegraveses permettent drsquoeacutetablir des facteurs de caracteacuterisation liant la surface de terres utiliseacutees agrave la biodiversiteacute

Lrsquoinitiative PNUE-SETAC se penche entre autres sur ces meacutethodes drsquoeacutevaluation des impacts de lrsquoutili-sation des terres sur la biodiversiteacute et permet drsquoaffiner des points speacutecifiques irreacuteversibiliteacute des impacts heacute-teacuterogeacuteneacuteiteacute spatio-temporelle de leur reacutepartition clas-sification harmoniseacutee de lrsquoutilisation des terres etc

Des travaux scientifiques sont eacutegalement en cours afin drsquoestimer non plus la somme des pressions exer-ceacutees (approche cumulative) par les activiteacutes humaines dans diffeacuterentes reacutegions du monde mais les interac-tions entre pressions (addition synergie voire anta-gonisme) et leurs contributions relatives aux change-ments observeacutes de biodiversiteacute Des travaux (Bowler et al 2020) spatialiseacutes srsquointeacuteressent ainsi aux cinq grandes pressions citeacutees preacuteceacutedemment leurs distribu-tions leurs recoupements leurs intensiteacutes et les effets de leurs combinaisons Ils permettent de visualiser les diffeacuterentes reacutegions du monde avec le prisme de onze laquo complexes de menaces anthropiques raquo srsquoexerccedilant tant sur les biomes terrestres que marins et ils deacutetaillent les relations entre les pressions en fonction des latitudes des milieux et des histoires drsquooccupation des sols par les humains Ces travaux soulignent agrave quel point il est important de prendre en compte toutes les pres-sions qui srsquoexercent agrave un niveau reacutegional voire local

Ils deacutemontrent eacutegalement que la focalisation sur une ou deux pressions peut masquer un facteur essentiel de changement de la biodiversiteacute En effet les pres-sions sont correacuteleacutees entre elles et leurs influences sur les mesures et facteurs de changement sont lieacutees Agrave cela srsquoajoute la sensibiliteacute variable des espegraveces aux pressions

Atouts et limites

Un atout du cadre de lrsquoACV est son approche holis-tique (tous les stades de vie des produits et services) et sa souplesse quant aux peacuterimegravetres spatio-temporels de lrsquoeacutevaluation des impacts (eacutetapes hors du cycle et du moment de production eacuteloigneacutees ou diffeacutereacutees dans le temps) Son utilisation est reacutepandue pour lrsquoeacutevaluation de performances environnementales (eacutemission de gaz agrave effet de serre utilisation drsquoeacutenergies fossiles) son utilisation pour lrsquoeacutevaluation des impacts sur la biodi-versiteacute pourrait assurer une coheacuterence de la deacutemarche des acteurs ndash coheacuterence qui pourrait ecirctre renforceacutee par lrsquoadoption de modegraveles et de facteurs de caracteacuterisation communs

Toutefois il est difficile drsquoavoir la mecircme preacutecision agrave tous les niveaux de lrsquoACV par exemple en combinant un large peacuterimegravetre spatial des informations deacutetailleacutees sur lrsquoutilisation des terres en diffeacuterents points et des in-formations deacutetailleacutees sur les taxons impacteacutes Drsquoautre part en fonctions des meacutethodes employeacutees les fac-teurs de caracteacuterisation sont disponibles pour lrsquoeacutechelle globale ou par pays et sont absentes pour les eacutechelles plus fines De plus les meacutethodes largement utiliseacutees pour eacutevaluer les impacts sur la biodiversiteacute srsquointeacute-ressent agrave la composition speacutecifique (richesse ou abon-dance) neacutegligeant les aspects fonctionnels structurels et eacutevolutifs Des travaux sont cependant en cours pour mieux prendre cela en compte (par exemple functio-nal diversity indicator net primary production factor) La couverture taxonomique est aussi en cours de com-pleacutetion ndash plantes vasculaires essentiellement oiseaux mammifegraveres amphibiens et arthropodes dans une moindre mesure ndash les taxons reacutepondant diffeacuteremment aux pressions Enfin les eacutetudes ACV neacutecessitent de grandes quantiteacutes de donneacutees qui ne sont pas toujours disponibles ndash malgreacute la multiplication des bases geacuteneacute-ralistes et sectorielles ndash pour que les modegraveles des fac-teurs de caracteacuterisation soient preacutecis

Modegravele drsquoimpactImpacts intermeacutediaires (midpoints) Dommage (endpoints)

Particules fines

Ozone troposheacuterique (humain)

Rayonnement ionisant

Appauvrissement de la couche drsquoozone

Toxiciteacute humaine (cancer)

Toxiciteacute humaine (autre que cancer)

Reacutechauffement climatique

Usage des eaux

Ecotoxiciteacute aquatique

Eutrophisation des eaux douces

Ozone troposheacuterique (env)

Ecotoxiciteacute terrestre

Acidification des milieux

Utilisation transformation des terres

Ecotoxiciteacute marine

Eutrophisation marine

Ressources mineacuterale

Ressources fossiles

Augmentation du nombre des maladies respiratoires

Augmentation du nombre de divers types de cancer

Augmentation du nombre drsquoautres maladies

Augmentation de la malnutrition

Dommages aux espegraveces drsquoeau douce

Dommages aux espegraveces terrestres

Dommages aux espegraveces marines

Augmentation des coucircts drsquoextraction

Coucircts des eacuternergies fossiles

Santeacute humaine

Environnement(biodiversiteacute)

Disponibiliteacute des ressources

FIGURE 6 APErccedilU DEs CAteacutegOrIEs AUx IMPACts IntErMeacuteDIAIrEs DAns LE CADrE DE LA MeacutethODOLOgIE rECIPE2016 Et LEUr trAnsCrIPtIOn En DOMMAgEs sUr LrsquoEnvIrOnnEMEnt SOuRcE HuIjbREgTS et al 2017

2120

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Existe-t-il un indicateur laquo ideacuteal raquo de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Est-il possible drsquoadopter une deacutemarche eacutequivalente agrave celle de lrsquoempreinte carbone Pousseacutes notamment par les pouvoirs publics et le Plan biodiversiteacute du 4 juillet 2018 au niveau national les entreprises collectiviteacutes et autres acteurs eacuteconomiques se sont empareacutees de cette question Mais les indicateurs de biodiversiteacute et les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines existants sont-ils pertinents et robustes vis-agrave-vis de la biodiversiteacute lrsquoensemble de ses dimensions et la complexiteacute des pheacutenomegravenes biologiques qui en sont agrave lrsquoorigine Quels cadres conceptuels mobilisent ces indicateurs sur quels modegraveles reposent-ils et agrave quel secteur drsquoactiviteacutes srsquoadressent-ils Pour reacutepondre en partie agrave ces questionnements sept outils de mesure les plus aboutis dans leur deacuteveloppement au moment des Journeacutees FRB 2019 ont eacuteteacute eacutevalueacutes par des eacutecologues et eacuteconomistes Sont preacutesenteacutes dans ce chapitre des eacuteleacutements issus des eacutevaluations scientifiques complegravetes des outils de mesure (voir Indicateurs et outils de mesure ndash Eacutevaluations scientifiques de sept indicateurs inteacutegratifs)

2

2322

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

21 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute est-il possible drsquoadopter la mecircme deacutemarche que pour le climat

211 Le modegravele du changement climatique et de lrsquoeacutequivalent carbone

Le Plan biodiversiteacute du 4 juillet 2018 (Ministegravere de la transition eacutecologique et solidaire 2018) appelle dans son objectif 25 ndash Mobiliser les entreprises laquo agrave deacutefinir un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute comparable agrave la tonne de CO2 pour lrsquoimpact climatique raquo En effet la prise en compte du changement climatique a conduit agrave une politique internationale de stabilisation voire de reacuteduction des eacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) drsquoorigine anthropique ndash mateacuterialiseacutee par la Convention cadre des Nations unies sur les changements clima-tiques (CCNUCC) issue du Sommet de Rio en 1992

Des meacutethodes ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees afin de quan-tifier des flux drsquoeacutemissions de GES anthropiques et de les caracteacuteriser agrave lrsquoaide drsquoun indicateur drsquoimpact De faccedilon simplifieacutee des facteurs drsquoeacutemission permettent de convertir des donneacutees drsquoactiviteacutes en eacutemissions de GES Les eacutemissions des diffeacuterents GES sont exprimeacutees en laquo eacutequivalent CO2 raquo (uniteacute de mesure) ndash le CO2 eacutetant le GES anthropique ayant lrsquoimpact le plus important sur le climat (Ademe 2016) ndash en fonction de leur pou-voir radiatif (pouvoir de reacutechauffement global PRG) crsquoest-agrave-dire lrsquoimpact drsquoun gaz donneacute sur le reacutechauf-fement climatique par rapport au CO2 agrave lrsquohorizon de 100 ans Le PRG est lrsquoindicateur drsquoimpact le plus cou-ramment retenu dans les rapports et traiteacutes interna-tionaux Les valeurs de PRG pour diffeacuterents GES sont actualiseacutees et publieacutees dans les rapports du GIEC

Agrave partir de lagrave il est possible de proceacuteder agrave une quantification des impacts environnementaux en se focalisant sur les eacutemissions de gaz agrave effets de serre Plusieurs approches sont compleacutementaires

bull Reacutealiser un laquo inventaire raquo Au niveau national il permet de calculer des quantiteacutes de GES eacutemises agrave lrsquointeacuterieur du pays et ainsi de rapporter annuellement dans le cadre des obligations de la CCNUCC

bull Calculer une laquo empreinte carbone raquo agrave partir drsquoune meacutethode standardiseacutee drsquoanalyse input-output Cette em-preinte couvre le CO2 le meacutethane (CH4) et le protoxyde drsquoazote (N2O) trois gaz qui repreacutesentent 96 des eacutemis-sions des sept GES pris en compte pour le protocole de Kyoto Au niveau national elle permet un calcul des GES induits par la demande inteacuterieure du pays (eacutemis-sions des meacutenages de la production inteacuterieure de biens et de services hors exportations associeacutees aux biens et services importeacutes) Lrsquoempreinte carbone fait partie des dix indicateurs de deacuteveloppement durable nouveaux indicateurs de richesse qui complegravetent le PIB

bull Effectuer un laquo bilan GES reacuteglementaire raquo (Loi no 2015-992 du 17 aoucirct 2015) Il permet de diagnosti-quer pour des acteurs publics et priveacutes les eacutemissions de gaz agrave effet de serre en vue drsquoengager leur reacuteduc-tion Ainsi les entreprises de plus de 500 salarieacutes les collectiviteacutes de plus de 50 000 habitants les eacutetablisse-ments publics de plus de 250 agents et les services de lrsquoEacutetat doivent rendre compte de leurs eacutemissions avec une peacuteriodiciteacute de trois ou quatre ans

bull Reacutealiser un laquo Bilan Carbonereg raquo agrave partir drsquoune meacute-thodologie deacuteposeacutee (voir Ademe et Association Bilan Carbone) et adosseacutee agrave une seacuterie drsquooutils et de don-neacutees tels le bilan GES reacuteglementaire lrsquoISO 14069 deacutedieacute ou le Greenhouse Gas Protocol Il permet drsquoeacutevaluer la quantiteacute de gaz agrave effet de serre eacutemise (ou capteacutee) dans lrsquoatmosphegravere sur une anneacutee par les activiteacutes drsquoune organisation ou drsquoun territoire (Ademe Bilans GES)

Les diffeacuterentes meacutethodes de calcul mises en œuvre preacutesentent comme pour tout calcul drsquoindicateur des biais meacutethodologiques opeacuterationnels de calculs mais aussi des biais conceptuels Parmi ces derniers citons le lissage agrave 100 ans du PRG du meacutethane (CH4) plus intense que celui du CO2 mais de moindre dureacutee de vie dans lrsquoatmosphegravere citons aussi lrsquohypothegravese forte de neacute-gliger des interactions et reacutetroactions avec la biodiversiteacute et des pheacutenomegravenes naturels (vapeur drsquoeau captage ou relargage par les tourbiegraveres ou les forecircts en fonction du temps absorption oceacuteanique eacuteruptions volcaniques)

Cette approche par laquo lrsquoeacutequivalent carbone raquo preacute-sente lrsquointeacuterecirct de laquo reacuteduire raquo des donneacutees tregraves varieacutees en une grandeur unique exprimeacutee en une uniteacute facile-ment compreacutehensible

Agrave partir de lagrave il en deacutecoule plusieurs utilisations depuis lrsquoeacutechelle drsquoune organisation ndash dont les entre-prises ou les collectiviteacutes ndash jusqursquoau pays voire au monde reacutepondre agrave la reacuteglementation lorsque neacuteces-saire identifier des postes drsquoeacutemission et envisager les actions pour les reacuteduire eacutevaluer la contribution na-tionale au reacutechauffement climatique global apporter des compleacutements drsquoinformation agrave lrsquoanalyse des flux de biens et de services (par exemple analyse de variation de la composition de lrsquoempreinte en GES pays impor-tateur ou exportateur de GES) piloter une politique environnementale (par exemple loi de transition eacutener-geacutetique pour la croissance verte fiscaliteacute carbone stra-teacutegie nationale de transition eacutenergeacutetique pour un deacuteve-loppement durable strateacutegie nationale bas carbone) se deacutemarquer communiquer sensibiliser ou encore peser dans les neacutegociations internationales

La similitude des besoins des acteurs face au changement climatique et agrave lrsquoeacuterosion de la biodiver-siteacute ndash rendre compte agrave lrsquoEacutetat piloter une strateacutegie de reacuteduction communiquer ndash amegravene agrave questionner la possibiliteacute de transposer le modegravele de lrsquoeacutequivalent car-bone agrave la biodiversiteacute

212 Le cas de la biodiversiteacute emboicirctements et facettes

Pour appliquer la mecircme deacutemarche dans le champ de la biodiversiteacute il faut pouvoir deacutefinir pour un laquo objet de biodiversiteacute raquo particulier une laquo composante raquo de la biodi-versiteacute (par exemple un groupe taxonomique drsquoarbres) une grandeur physique agrave mesurer une proprieacuteteacute mesu-rable ou laquo meacutetrique raquo (par exemple le nombre drsquoespegraveces de ce groupe) et un indicateur (par exemple la richesse taxonomique) (Pelletier et al 2011)

Cela suppose de revenir agrave une deacutefinition de la bio-diversiteacute Celle-ci peut ecirctre deacutefinie dans une vision inteacutegrative comme la diversiteacute biologique dans ses diffeacuterents niveaux drsquoorganisation (gegravene individu es-pegravece population communauteacute habitat eacutecosystegraveme paysage) ses diffeacuterentes dimensions (composition structure fonction etc) (Noss 1990) les interactions entre individus espegraveces etc et avec lrsquoenvironnement et la dimension eacutevolutive (au sens darwinien) ndash que lrsquoon peut repreacutesenter de faccedilon emboicircteacutee (Fig 6)

La diversiteacute du vivant pose un premier deacutefi que no-tait deacutejagrave Buffon en 1749 (de Buffon 1749) la difficile

identification et systeacutematisation de ses composantes Outre la multipliciteacute des concepts drsquoespegravece la taxono-mie est reacuteguliegraverement reacuteviseacutee avec la prise en compte de nouvelles donneacutees ou systegravemes de classification

Il srsquoagit ensuite de deacutefinir quoi mesurer et com-ment mesurer la diversiteacute Difficile de mesurer toutes les proprieacuteteacutes du vivant ndash des gegravenes aux eacutecosystegravemes Cela amegravene agrave faire des choix en termes de compo-sants et de meacutetriques en argumentant leur repreacutesenta-tiviteacute ndash neacutecessairement partielle (Casetta et al 2019) Ainsi srsquointeacuteresser au nombre drsquoespegraveces est une faccedilon drsquoestimer la biodiversiteacute (lrsquoeacutevaluation se confond alors avec lrsquoinventaire) mais les espegraveces ne sont pas toutes connues elles nrsquoont pas toutes le mecircme rocircle dans un eacutecosystegraveme et cela ne rend pas compte des interac-tions des organismes entre eux et avec leur environne-ment (agrave lrsquoeacutechelle des gegravenes des communauteacutes et des eacutecosystegravemes) du fonctionnement des organismes agrave la base des processus eacutecologiques (prise en compte des traits fonctionnels) du caractegravere dynamique de ces interactions des meacutecanismes drsquoadaptation (pheacutenoty-piques geacuteneacutetiques comportementaux composition des communauteacutes) ni de lrsquoeacutevolution au sens darwi-

Types

de paysagePatte

rns

des paysa

ges

Processus paysagers et perturbations

Utilisation des terres

Communauteacute

EcosystegravemesPhysionomie

Structu

re de lrsquohabita

t

Processus eacutecosysteacutemiqueInteractions

interspeacutecifiques

Espegraveces

PopulationsStru

cture

de la populatio

n

Cycles biologiquesProcessus

deacutemographiques

GegravenesStructu

re

geacuteneacutetique

Processus geacuteneacutetique

Structu

relleCompositionnelle

Fonctionnelle

FIGURE 7 COMPOsItIOn strUCtUrE Et FOnCtIOn DE LA bIODIvErsIteacute PreacutesEnteacuteEs COMME DEs sPhegraverEs IntErCOnnEC-teacuteEs EngLObAnt PLUsIEUrs nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn SOuRcE NOSS 1990 TRAD VIMAl 2010

2524

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

nien passeacutee et potentielle parfois laquo rapide raquo (quelques geacuteneacuterations) des organismes ndash tout cela constituant pourtant ensemble les bases de la biodiversiteacute

Le peacuterimegravetre spatial et temporel de la collecte de donneacutees pose aussi questions comment deacuteduire une geacuteneacuteraliteacute agrave partir drsquoun eacutechantillon comment tenir compte des connexions entre des espaces comment tenir compte des latences et de la stochasticiteacute des pheacutenomegravenes biologiques comment rendre compte de lrsquoemboicirctement des eacutechelles de lrsquoeffet du niveau drsquoor-ganisation supeacuterieur (par exemple effet de la structure du paysage) etc

La notion drsquoeacutequivalence qui se rencontre aussi dans lrsquoapproche climatique peut ecirctre questionneacutee comment ramener des mesures effectueacutees dans des eacutecosystegravemes agrave des eacutequivalents drsquoautres eacutecosystegravemes agrave combien drsquohectares de forecircts dites primaires corres-pond un hectare de prairies agrave combien drsquoeacutequivalents oiseaux correspond une colonie drsquoabeilles sauvages

Enfin collecter les donneacutees sur des organismes vivants reste une difficulteacute Ceux-ci sont plus ou moins mobiles accessibles (cas des fonds marins par exemple) Ces donneacutees sont neacutecessaires aux dif-feacuterents niveaux drsquoorganisation deacutecrits preacuteceacutedemment et doivent ecirctre acquises dans des conditions qui per-mettent de les mutualiser (protocoles et meacutethodes)

Il existe bien sucircr plusieurs cadres conceptuels et meacutethodologiques pour reacutepondre agrave ces deacutefis divers modegraveles matheacutematiques et mesures statistiques de la diversiteacute (indice de Shannon de Hill de Gini etc) plusieurs propositions pour eacutetablir le choix de com-posantes (espegraveces rares espegraveces bioindicatrices) et autant de propositions de meacutetriques Pour ce qui concerne le choix de composantes et de meacutetriques citons la proposition facilement accessible et appro-priable par les acteurs de deacutefinir des laquo variables es-sentielles de biodiversiteacute raquo (Pereira et al 2013) qui sera abordeacutee au chapitre 3

Des auteurs acadeacutemiques soutiennent que de la mecircme maniegravere que la communauteacute scientifique tra-vaillant sur le changement climatique utilise un in-dicateur (changement de la tempeacuterature mondiale moyenne) et un objectif (augmentation maximale de 2degC par rapport aux niveaux preacuteindustriels) comme viseacutee pour lrsquoaction politique il est neacutecessaire de four-nir un laquo objectif biodiversiteacute raquo avec un indicateur fa-cile agrave mesurer agrave court terme et facile agrave communiquer (Rounsevell et al 2020) Ils proposent une mesure ba-seacutee sur le taux drsquoextinction des espegraveces (taux drsquoextinc-tion ou nombre drsquoespegraveces eacuteteintes par an) ndash meacutetrique largement utiliseacutee depuis des anneacutees ndash avec lrsquoobjectif de maintenir les extinctions drsquoespegraveces en dessous de 20 par an au cours des 100 prochaines anneacutees cela dans les grands groupes taxonomiques (champignons plantes inverteacutebreacutes et verteacutebreacutes) et pour tous les types drsquoeacutecosystegravemes (marins drsquoeau douce et terrestres)

Deux arguments fondent la proposition drsquoune part lrsquoextinction drsquoune espegravece repreacutesente la perte irreacutever-sible drsquoune diversiteacute geacuteneacutetique unique et une reacuteduc-tion mesurable de la diversiteacute de la vie sur Terre drsquoautre part crsquoest un pheacutenomegravene largement compris par le public facile agrave meacutediatiser et agrave priori feacutedeacuterateur pour limiter lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

Lrsquoambition afficheacutee est drsquoutiliser un indicateur de porteacutee moins scientifique que politique pour catalyser les efforts des deacutecideurs et des publics en faveur de la biodiversiteacute et de sa preacuteservation pour mettre aux agendas mondiaux et nationaux un laquo objectif biodi-versiteacute raquo

La deacutemarche ne vise ainsi pas explicitement agrave re-preacutesenter toutes les dimensions de la biodiversiteacute et les auteurs reconnaissent qursquoune telle mesure unique dissimulera ineacutevitablement les dispariteacutes spatiales les complexiteacutes des systegravemes eacutecologiques et neacutecessitera au-delagrave de son aspect laquo figure de proue raquo drsquoecirctre accom-pagneacutee par un panel drsquoautres indicateurs renseignant plus complegravetement sur lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute et les pressions Ils signalent que le fait drsquoatteindre un tel objectif de reacuteduction du taux drsquoextinction des espegraveces nrsquoempecircchera pas de constater des changements dom-mageables de biodiversiteacute (perte de population et de diversiteacute geacuteneacutetique alteacuteration du fonctionnement des eacutecosystegravemes et reacuteduction des services eacutecosysteacutemiques associeacutes) Ces preacutecautions quant agrave lrsquousage de cet indicateur sont compleacuteteacutees par drsquoautres chercheurs qui pointent les difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoeacutechelle temporelle drsquoune telle mesure (lrsquoextinction drsquoune espegravece peut ecirctre plus ou moins rapide) agrave la connaissance imparfaite du vivant (les espegraveces ne sont pas toutes connues cer-tains taxons sont plus suivis que drsquoautres) qui rend lrsquoobjectif difficile agrave harmoniser entre les groupes taxo-nomiques Ils rappellent eacutegalement que lrsquoextinction fait partie des dynamiques naturelles de la biodiversi-teacute Enfin ils ajoutent qursquoil ne srsquoagit pas drsquoune mesure eacutequitable entre reacutegions du monde en termes drsquoefforts agrave fournir et de reacutesultats agrave atteindre les espegraveces vul-neacuterables ont deacutejagrave disparu de nombreux pays ancien-nement industrialiseacutes tandis qursquoelles restent encore agrave recenser ndash et agrave proteacuteger ndash dans des pays en voie drsquoindustrialisation

La mesure de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute reste ainsi dif-ficile eacutetant donneacutee la complexiteacute des systegravemes eacutecolo-giques et la connaissance scientifique incomplegravete de ceux-ci il nrsquoexiste pas de laquo valeur absolue raquo ou laquo drsquoeacutequi-valent biodiversiteacute raquo Il nrsquoest peut-ecirctre finalement pas souhaitable de reacuteduire lrsquoimpact sur la biodiversiteacute agrave un indicateur unique tel qursquoil existe pour le climat Les indicateurs et les cadres drsquoeacutevaluation de la biodiversiteacute ndash ou des impacts sur la biodiversiteacute ndash preacutesentent des avantages mais aussi des limites La connaissance de ces limites est aussi didactique que la valeur de lrsquoindi-cateur et est essentielle pour bien lrsquointerpreacuteter

22 Le deacuteveloppement drsquoune meacutethodologie drsquoeacutevaluation comme tentative de reacuteponse

Depuis 2012 la FRB mobilise son expertise et des experts acadeacutemiques pour eacutevaluer de faccedilon indeacutepen-dante la construction les donneacutees utiliseacutees la robus-tesse la fiabiliteacute et la sensibiliteacute la pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute des indicateurs de lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) piloteacute par lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB ex-AFB) La FRB a ainsi deacuteveloppeacute une meacutethode originale drsquoeacutevaluation scientifique de ces indicateurs de suivi tels qursquoexplici-teacutes dans le chapitre 1

Dans le cadre de cette eacutetude la FRB a donc remo-biliseacute son expertise pour adapter la grille drsquoeacutevalua-tion des indicateurs de lrsquoONB aux outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes anthropiques sur la biodiversiteacute

et agrave leur complexiteacute afin de conduire une eacutevaluation scientifique externe Cette meacutethode drsquoeacutevaluation a eacuteteacute envisageacutee comme une tentative de reacuteponse aux ques-tionnements des diffeacuterents acteurs (entreprises collec-tiviteacutes territoriales institutions financiegraveres politiques etc) sur la creacuteation la pertinence et lrsquoutilisation drsquoun indicateur unique et ideacuteal drsquoimpact sur la biodiversi-teacute ndash avec lrsquoambition de faire dialoguer les utilisateurs drsquoindicateurs (qursquoils soient laquo simples raquo ou agreacutegeacutes) ou drsquooutils dans une approche science-socieacuteteacute

In fine lrsquoeacutevaluation scientifique externe indeacute-pendante a porteacute sur sept outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Elle expose les donneacutees et modegraveles mobiliseacutes les avantages les limites la pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute et le potentiel en matiegravere drsquoaide agrave la deacutecision de ces sept outils de mesure

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Product Biodiversity Footprint (PBF)

Conception I Care amp Consult SayariObjectif permettre la comparaison des impacts sur la biodiversiteacute entre des variantes drsquoun pro-duit donneacute

La meacutethodologie du PBF se base sur le modegravele Analyse du cycle de vie (ACV) en mobilisant la meacutethode spatialiseacutee du Life Cycle Impact Assessment (LC-IMPACT) La meacutethodologie employeacutee combine lrsquoACV et les connaissances actuelles en matiegravere drsquoimpacts drsquoactiviteacutes sur la biodiversiteacute pour raffiner les impacts dus agrave lrsquouti-lisation des terres Une correction des facteurs ACV classique est alors reacutealiseacutee sur deux axes prise en compte des pratiques laquo non visibles raquo dans le cadre de lrsquoACV et prise en compte drsquoune granulariteacute geacuteographique plus fine sur la sen-sibiliteacute et la richesse des milieux impacteacutes Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF)

Global Biodiversity Score TM (GBS)

Conception Caisse des deacutepocircts filiale Biodiver-siteacute (CDC-Biodiversiteacute)Objectif eacutevaluer lrsquoempreinte biodiversiteacute des entreprises et des investissements

La meacutethodologie du GBS se base sur le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) en mobili-sant Exiobase pour les liens entre activiteacutes et pressions et GLOBIO pour les liens entre pres-sions et impacts Lrsquooutil utilise eacutegalement une approche hybride en inteacutegrant lorsqursquoelles sont disponibles des donneacutees reacuteelles agrave chaque eacutetape de lrsquoeacutevaluation Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune abondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA)

Biodiversity Impact Metric (BIM)

Conception Cambridge Institute for Sustain-ability Leadership (CISL)Objectif fournir une eacutevaluation des impacts des produits sur la biodiversiteacute

La meacutethodologie du BIM se base sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) croiseacute avec le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pres-sure State Response PSR)

Centreacutee sur la mesure de lrsquoimpact de lrsquoutili-sation des terres pour la production de matiegraveres premiegraveres elle permet de deacuteterminer cet im-pact en pondeacuterant la superficie neacutecessaire aux activiteacutes par lrsquoincidence sur la proportion de biodiversiteacute perdue (quantiteacute) et lrsquoimportance relative de la biodiversiteacute perdue (qualiteacute) Au moment de lrsquoeacutevaluation plusieurs meacutethodolo-gies sont documenteacutees lrsquoune repose sur lrsquouti-lisation du modegravele de calcul de lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abun-dance MSA) lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (biodiversity intactness index BII)

Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI)

Conception ASN Bank CREM consultant PReacute SustainabilityObjectif calculer lrsquoimpact des investissements financiers sur la biodiversiteacute

La meacutethodologie du BFFI se base sur le modegravele Analyse du cycle de vie (ACV) lrsquooutil est ainsi conccedilu pour fournir une vision holistique de lrsquoimpact des activiteacutes des entreprises dans les-quelles les institutions financiegraveres investissent en analysant les externaliteacutes Celles-ci sont quantifieacutees en mobilisant les donneacutees drsquoExio-base Lrsquooutil srsquoappuie ensuite sur la meacutethode ReCiPe pour convertir les donneacutees de cycle de vie en impacts avant in fine drsquointerpreacuteter lrsquoim-pact des investissements sur la biodiversiteacute Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF)

Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric

Conception Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)Objectif eacutevaluer lrsquoimpact drsquoinvestissements financiers sur la biodiversiteacute notamment ceux en faveur de la protection de la biodiversiteacute

La meacutethodologie du STAR se base sur le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) Pour le calcul ex-ante elle permet de combiner pour des sites drsquointeacuterecirct et certains taxa la proportion de popu-lation drsquoune espegravece sur ces sites pondeacutereacutee par sa cateacutegorie de la Liste rouge des espegraveces deacuteve-loppeacutee par lrsquoUICN et pondeacutereacutee par la contri-bution relative de chaque pression (porteacutee et seacuteveacuteriteacute) au risque drsquoextinction Lrsquoensemble est sommeacute pour fournir lrsquoindicateur Au moment de lrsquoeacutevaluation un module meacutethodologique pour le calcul ex-post eacutetait en deacuteveloppement

Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

Conception Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)Objectif eacutevaluer les changements de biodiver-siteacute sur les sites drsquoexploitation drsquoune entreprise et drsquoeacutevaluer les risques pour la biodiversiteacute de futurs projets

La meacutethodologie du BIRS srsquoinscrit dans le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) et repose sur plusieurs eacutetapes identification et deacutelimita-tion des diffeacuterents habitats qui composent un site estimation de la superficie totale pour chaque type drsquohabitat deacutetermination drsquoun fac-teur de contexte de lrsquohabitat eacutevaluation de lrsquoeacutetat de chaque habitat et attribution drsquoune classe de condition puis combinaison des in-formations pour deacutefinir une classe drsquoeacutetat de la biodiversiteacute du site pour chaque site opeacuteration-nel eacutevalueacute ndash avec une possibiliteacute drsquoagreacuteger au niveau de lrsquoentreprise

Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC)

Conception UN Environment Programme World Conservation Monitoring Centre (UNEP-WCMC) Conservation International Fauna amp Flora InternationalObjectif eacutevaluer le risque pour la biodiversiteacute au regard des impacts potentiels drsquoactiviteacutes sur un site drsquoexploitation et les reacuteponses mises en œuvre

La meacutethodologie du BIEC srsquoinscrit dans le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) et repose sur trois eacutetapes une analyse spatialiseacutee de la sen-sibiliteacute en termes de biodiversiteacute de sites drsquoex-ploitation en combinant des donneacutes locales et globales la deacutetermination de scores drsquoeacutetat et de pression en concertation avec des acteurs lo-caux lrsquoagreacutegation des scores en tableau de bord au niveau des sites mais eacutegalement au niveau drsquouniteacute de production voire de lrsquoentreprise

222 Une description succincte des sept outils eacutevalueacutes

221 Le choix des outils agrave eacutevaluer

Lrsquoeacutequipe projet a drsquoabord effectueacute un travail de recense-ment des outils existants puis seacutelectionneacute sept outils de mesure de lrsquoimpact sur la biodiversiteacute en tenant compte

bull du niveau de deacuteveloppement outils utilisables en routine ou en phase de deacuteveloppement suffisamment avanceacutee pour ecirctre eacutevalueacutes

bull de lrsquointeacuterecirct aux secteurs citeacutes dans les actions 31 et 32 du Plan biodiversiteacute du 18 juillet 2018 bacirctiments et mateacuteriaux agro-alimentaire eacutenergie chimie et finance

bull du caractegravere potentiellement laquo geacuteneacuteralisable raquo agrave plusieurs secteurs drsquoactiviteacute et du potentiel eacuteventuel drsquoadaptation agrave des collectiviteacutes territoriales

bull de la couverture de diffeacuterentes eacutechelles drsquoorgani-sation eacuteconomique produit site uniteacute drsquoactiviteacute eacuteco-nomique entreprise collectiviteacute et pays

Un premier constat a eacuteteacute reacutealiseacute au moment de lrsquoeacutevaluation les outils eacutetaient essentiellement destineacutes au secteur priveacute marchand et peu ou pas aux collecti-viteacutes Drsquoautre part il nrsquoy avait pas au moment de ce recensement drsquooutils deacutedieacutes speacutecifiquement aux sec-teurs agro-alimentaire chimie et eacutenergie suffisamment aboutis ou testeacutes pour ecirctre eacutevalueacutes

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

223 Le cadre de reacutefeacuterence et les items de lrsquoeacutevaluation

Les organisations agrave lrsquoorigine des outils de mesure drsquoimpacts sur la biodiversiteacute eacutevalueacutes dans cette eacutetude adoptent sensiblement les mecircmes grandes approches conceptuelles pour deacutevelopper leurs actions

Drsquoabord elles se basent sur une deacutefinition com-mune de la diversiteacute biologique en se reposant sur lrsquoarticle 2 de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) (Nations unies 1992) La diversiteacute biologique y est deacutefinie comme la laquo variabiliteacute des organismes vivants de toute origine y compris entre autres les eacutecosystegravemes terrestres marins et autres eacutecosystegravemes aquatiques et les complexes eacutecologiques dont ils font partie cela comprend la diversiteacute au sein des espegraveces et entre espegraveces ainsi que celle des eacutecosystegravemes raquo

Ensuite elles srsquoappuient sur les terminologies de lrsquoOCDE ou de lrsquoEEA deacutecrite au chapitre 1 pour deacutefinir ce qursquoest un laquo indicateur raquo De plus elles mobilisent de faccedilon plus ou moins explicite remanieacutee ou combi-neacutee avec les attentes des utilisateurs de leurs outils les critegraveres de seacutelection drsquoindicateurs de lrsquoOCDE et de lrsquoEEA essentiellement politiques pour en faire des critegraveres souhaiteacutes de leurs outils Enfin il y a un fort recoupement entre les bases de donneacutees utiliseacutees pour alimenter ces outils

Lrsquoeacutequipe projet en se basant sur lrsquoexpertise deacuteve-loppeacutee dans le cadre des travaux avec lrsquoONB a pro-poseacute une eacutevaluation reposant sur des concepts et des critegraveres surtout mobiliseacutes dans le champ scientifique

bull La biodiversiteacute est entendue comme la diversiteacute biologique dans ses diffeacuterents niveaux drsquoorganisation (gegravene individu espegravece population communauteacute habitat eacutecosystegraveme paysage) ses diffeacuterentes dimen-sions (composition structure fonction etc) (Noss 1990) les interactions entre individus espegraveces etc et avec lrsquoenvironnement et la dimension eacutevolutive (au sens darwinien)

bull La grille drsquoeacutevaluation a eacuteteacute construite pour ques-tionner le caractegravere explicite ou non des liens entre activiteacutes et pressions puis pressions et impacts Elle a aussi permis de discuter les modegraveles et meacutethodes sur lesquels sont construits les outils ndash soit parce que les outils proposent des formules reliant pressions ndash activi-teacutes ndash impacts soit parce qursquoils mobilisent des modegraveles et meacutethodes de ces relations deacuteveloppeacutes par ailleurs

bull Les outils ont aussi eacuteteacute eacutevalueacutes au regard de cri-tegraveres utiliseacutes pour eacutevaluer les indicateurs de lrsquoONB et proches de ceux utiliseacutes dans le cadre de la bioindica-tion (McGeoch 2007)

ndash Preacutecision un indicateur est preacutecis lorsqursquoil me-sure avec une faible marge drsquoerreur ou drsquoincertitude le pheacutenomegravene qursquoil est supposeacute deacutecrire ici lrsquoimpact

des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Lrsquoobtention drsquoun haut degreacute de preacutecision sera geacuteneacuteralement asso-cieacutee agrave lrsquoutilisation drsquooutils et de meacutethodes aveacutereacutees tes-teacutees par la faible variabiliteacute de la mesure lorsqursquoelle est reacutepeacuteteacutee dans des conditions similaires

ndash Robustesse un indicateur est robuste lorsque sa mesure ou son calcul reste fiable mecircme lorsque les conditions (spatiales temporelles drsquointensiteacute drsquoim-pact autres que le changement agrave mesurer) varient la relation entre les eacuteleacutements de biodiversiteacute pris en compte pour le calcul et lrsquoimpact sur la biodiversiteacute reste constante La valeur drsquoun indicateur robuste est peu ou pas influenceacutee par des mesures impreacutecises ou des erreurs la variabiliteacute des instruments de mesure des donneacutees manquantes des variables confondantes

ndash Sensibiliteacute un indicateur est sensible lorsqursquoil permet de faire la diffeacuterence entre des situations qui sont reacuteellement diffeacuterentes Un indicateur sensible si-gnale rapidement un changement significatif Il est donc adapteacute au degreacute de deacutetection pertinent pour les objectifs souhaiteacutes Ceci requiert que les mesures soient reacutealiseacutees agrave des pas de temps et des eacutechelles spa-tiales pertinentes

ndash Fiabiliteacute un indicateur est fiable lorsque sa va-leur varie toujours dans le mecircme sens que le pheacuteno-megravene qursquoil deacutecrit

bull Une partie de la grille a eacuteteacute deacutedieacutee aux meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees ainsi qursquoagrave la pertinence des outils pour rendre compte des impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute

bull Enfin donneacutees construction meacutethodologique domaine drsquointerpreacutetation des outils et pistes drsquoameacutelio-

ration ont eacuteteacute inteacutegreacutes agrave la grille drsquoeacutevaluation La grille drsquoeacutevaluation est en annexe 2 p79

La meacutethodologie deacuteveloppeacutee pour les indicateurs de lrsquoONB a donc eacuteteacute tregraves largement adapteacutee agrave la construction et aux grandes lignes directrices de ces sept outils de mesure Ce cadre meacutethodologique peut ecirctre remobiliseacute et ameacutelioreacute pour drsquoautres exercices drsquoeacutevaluation ou la construction drsquoindicateurs

224 Le deacuterouleacute et les reacutesultats de lrsquoeacutevaluation

Lrsquoeacutequipe projet a ensuite mobiliseacute des experts acadeacute-miques en eacutecologie et en eacuteconomie afin de conduire une eacutevaluation externe indeacutependante et transparente de ces sept outils de mesure Chaque outil a eacuteteacute eacutevalueacute par deux experts indeacutependants entre juin et aoucirct 2019 Lrsquoeacutequipe projet a ensuite reacutealiseacute la synthegravese des eacuteva-luations relue et valideacutee par les experts Un dialogue entre les concepteurs drsquooutils et experts a eacuteteacute organiseacute pour chaque outil entre novembre et deacutecembre 2019 il a permis de preacuteciser de part et drsquoautre certains points de lrsquoeacutevaluation et drsquoeacutechanger sur les deacuteveloppements agrave court et moyen termes des outils Ces eacuteleacutements sont retranscrits dans les eacutevaluations complegravetes

De faccedilon geacuteneacuterale ces travaux ont permis de reacuteveacute-ler lrsquoimportance de leacutevaluation scientifique syntheacute-tique des modegraveles mobiliseacutes pour mettre en eacutevidence la relation entre activiteacutes ndash pressions ndash impacts dans la construction des outils de mesure ainsi que les meacute-thodes et cadres conceptuels sur lesquels ils reposent

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

23 Les reacutesultats syntheacutetiques des eacutevaluations des outils

Les reacutesultats preacutesenteacutes ici syntheacutetiseacutes reflegravetent la compreacutehension et lrsquoeacutevaluation des experts drsquoapregraves les documents meacutethodologiques mis agrave leur disposition (publications listeacutees dans les eacutevaluations complegravetes accessibles en ligne) Les outils ont eacutevolueacute depuis lrsquoeacuteva-luation scientifique certains commentaires peuvent ne plus ecirctre drsquoactualiteacute soit parce que lrsquooutil a eacuteteacute ameacute-lioreacute soit parce que sa meacutethodologie a eacuteteacute reacute-orienteacutee

231 Product Biodiversity Footprint (PBF)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Product Biodiversi-ty Footprint (PBF) eacutetait au stade de projet pilote aupregraves drsquoentreprises avec un amont agricole et utilisant de la laine de chegravevre et des huiles veacutegeacutetales (colza palme) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des produits et services tout au long du cycle de vie aux niveaux reacutegional ou mondial pour les milieux terrestres et drsquoeaux douces Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est baseacute sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil PBF retient trois pressions directes en reprenant celles prises en compte par la meacutethode LC-IMPACT (voir paragraphe suivant) changement drsquohabitat (occupa-tion transformation des sols et stress hydrique) pol-lutions et changement climatique Lrsquooutil PBF permet eacutegalement lrsquoeacutevaluation de deux pressions qui ne sont pas dans le modegravele ACV espegraveces envahissantes et gestion des espegraveces Les impacts sont eacutevalueacutes indeacute-pendamment pour ces cinq pressions Les eacutevaluateurs soulignent au moment de lrsquoeacutevaluation le manque de la prise en compte du deacuterangement (pollutions so-nores et lumineuses notamment)

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil PBF se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la meacutethode LC-IMPACT LC-IMPACT fournit une approche spatialiseacutee drsquoeacutevaluation des impacts tout au long du cycle de vie de produits et services notamment dans les domaines de la qualiteacute des eacutecosystegravemes et des ressources Crsquoest cette meacutethode qui est le principal modegravele sous-jacent agrave lrsquooutil Le choix de cette meacutethode par rapport agrave drsquoautres est bien documenteacute dans la description du PBF

La meacutethodologie de lrsquooutil PBF preacutesente ici plu-sieurs avantages lrsquoACV apporte une vision drsquoen-semble du produit et de ses impacts depuis sa pro-duction jusqursquoagrave sa fin de vie la meacutethode LC-IMPACT integravegre les derniers deacuteveloppements en matiegravere drsquoACV et permet avec des facteurs de caracteacuterisation spa-tialiseacutes drsquoidentifier les points drsquoimpacts importants tant geacuteographiquement qursquoagrave des eacutetapes particuliegraveres du cycle de vie enfin lrsquooutil adopte une politique drsquoameacutelioration et drsquointeacutegration des derniegraveres connais-sances en eacutecologie afin de pallier en partie le manque de preacutecision inheacuterent agrave lrsquoACV particuliegraverement sur les impacts relatifs agrave lrsquoutilisation des terres

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le modegravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil PBF pour le calcul de lrsquoindicateur (en fait cinq indicateurs correspondant

aux cinq pressions prises en compte) sont les facteurs de caracteacuterisation LC-IMPACT v05 pour les facteurs de caracteacuterisation et les donneacutees du cycle de vie issues des bases de donneacutees Ecoinvent et Agribalysereg Ces donneacutees sont reconnues et valideacutees mais comportent un certain niveau drsquoagreacutegation entraicircnant un manque de preacutecision dans lrsquoobtention et la repreacutesentation des reacutesultats Drsquoautres types de donneacutees lieacutees aux acti-viteacutes sont eacutegalement neacutecessaires au calcul des indi-cateurs et sont mobiliseacutees donneacutees de lrsquoentreprise sur le processus de production du produit (matiegraveres premiegraveres transport rendements etc) et de locali-sation pour les principaux processus (localisation du sourcing etc) Ces donneacutees sources apportent de la preacutecision et de la speacutecificiteacute dans le calcul des indica-teurs et leur interpreacutetation

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions semble significative

La sensibiliteacute de la relation entre activiteacutes et pres-sions semble veacuterifieacutee au niveau de lrsquoentreprise

Quant agrave la fiabiliteacute celle-ci deacutepend en partie de la justesse de lrsquoinventaire de cycle de vie et du degreacute de fiabiliteacute et de transparence des donneacutees transmises par lrsquoentreprise

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil PBF pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre drsquoanalyse du cycle de vie en srsquoappuyant sur la meacute-thode LC-IMPACT

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans la meacute-thode LC-IMPACT et reprise dans le PBF est la perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) ex-primeacutee en fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr)

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil PBF est ici de proposer une meacutetrique agreacutegeacutee et syntheacute-tique (PDF) pour laquelle il est possible de deacutelineacuteer et de restituer au besoin des informations sur les cinq pressions prises en compte et pour diffeacuterentes carac-teacuteristiques drsquoun produit afin drsquoaider agrave seacutelectionner les options ayant le moins drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

Agrave lrsquoinverse en utilisant cette meacutetrique lrsquoindicateur ne rend pas compte de la complexiteacute des eacutecosystegravemes des interactions entre espegraveces ni des fonctions etc

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans la meacute-thode et donc reprises dans lrsquooutil PBF sont issues de donneacutees reacuteelles et de modeacutelisation Elles proviennent de bases de donneacutees sur la biodiversiteacute (par exemple IBAT PREDICTS) et de donneacutees de lrsquoentreprise issues drsquoeacutetudes existantes (inventaires eacutetudes drsquoimpact)

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci semble preacutecise et solide gracircce au recours agrave la meacutethode LC-IMPACT qui srsquoappuie sur des donneacutees consolideacutees et qui sont compleacuteteacutees par la litteacuterature scientifique Toutefois il y a toujours des biais compte tenu de lrsquoagreacutegation inheacuterente agrave lrsquoACV et agrave la meacutethodologie drsquoanalyse mais lrsquoutilisation drsquoun facteur de correction visant agrave preacuteciser les reacutesultats en fonction de la biodiversiteacute locale devrait permettre de limiter les biais

La relation entre pressions et impacts est a priori sensible notamment gracircce agrave la prise en compte de pratiques speacutecifiques aux secteurs drsquoactiviteacutes et agrave lrsquoin-teacutegration de donneacutees propres agrave lrsquoentreprise pour un produit donneacute La deacutetection preacutecoce de changements de biodiversiteacute est toutefois limiteacutee par le caractegravere agreacutegeacute de lrsquooutil de tels changements eacutetant geacuteneacutera-lement observeacutes agrave petite eacutechelle De la mecircme faccedilon lrsquooutil PBF ne permet pas de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion lors de change-ments non lineacuteaires

Enfin la fiabiliteacute repose sur celle de la meacutethode LC-IMPACT ainsi que sur des sources scientifiques et les

Perte potentielle drsquoespegravecePotential Disappeared Fraction of species (PDF)

La perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) ndash exprimeacutee en fraction potentielle-ment disparue drsquoespegraveces (Potential Disappea-red Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr) ndash repreacutesente la perte potentielle drsquoespegraveces en tenant compte de lrsquoeffet de lrsquooccupation des sols ndash qui reacuteduit tout ou partie de lrsquoaire de reacute-partition de ces espegraveces ndash de lrsquoabondance rela-tive de ces espegraveces et du niveau de vulneacuterabiliteacute des espegraveces toucheacutees

La PSL peut ecirctre reacutegionale (PSLreg) ou glo-bale (PSLglo) lrsquoindicateur reacutegional (PDFregyr) quantifie le potentiel de disparition des espegraveces au niveau reacutegional ndash la reacutegion eacutetant entendue comme une zone eacutecologiquement homogegravene pratiquement identifieacutee comme une eacutecoreacutegion pour les eacutecosystegravemes terrestres et comme les bassins versants pour les eacutecosystegravemes drsquoeau douce Lrsquoindicateur mondial (PDFgloyr) quan-tifie le potentiel de disparition mondiale des espegraveces en tenant compte de leur vulneacuterabiliteacute au niveau mondial

La PDF quantifie le potentiel de disparition drsquoespegraveces et non pas le nombre reacuteel drsquoespegraveces disparues

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

bases de donneacutees mobiliseacutees Ces derniegraveres semblent fiables et transparentes La fiabiliteacute des donneacutees concernant les speacutecificiteacutes par secteur et les entre-prises des produits eacutevalueacutes doit ecirctre jugeacutee au cas par cas ce qui nrsquoa pas eacuteteacute reacutealiseacute dans cette eacutevaluation

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel les eacutevaluateurs relegravevent que la fa-ccedilon dont cet aspect est pris en compte dans lrsquooutil PBF et dans la meacutethode LC-IMPACT nrsquoest pas claire lrsquooutil permet de reacutealiser une eacutevaluation agrave un temps t mais en srsquoappuyant sur des donneacutees collecteacutees au cours drsquoeacutetudes meneacutees sur plusieurs anneacutees et la meacutethode permet de modeacuteliser les cateacutegories drsquoimpacts selon deux approches (lrsquoune avec un horizon temporel li-miteacute lrsquoautre avec un horizon temporel eacutetendu) ndash mais la reacutefeacuterence temporelle et le report de lrsquoimpact agrave un changement annuel ne sont pas explicites

Au niveau spatial lrsquooutil PBF peut ecirctre deacuteclineacute agrave deux eacutechelles reacutegionale (PDFregyr) et globale (PDFgloyr) Parmi les cinq pressions sur la biodiver-siteacute consideacutereacutees dans lrsquooutil trois sont spatialiseacutees Pour ces derniegraveres les facteurs de caracteacuterisation ne sont pas neacutecessairement eacutevalueacutes agrave la mecircme reacutesolution spatiale (eacutecoreacutegion vs niveau du pays) en fonction des informations spatiales disponibles Le niveau de lrsquoeacuteco-reacutegion a lrsquoavantage de consideacuterer les impacts agrave lrsquointeacute-rieur de reacutegions geacuteographiques caracteacuteriseacutees par des modegraveles eacutecologiques speacutecifiques qui tiennent compte des dynamiques environnementales et des processus eacutecologiques Toutefois les eacutevaluateurs notent qursquoil serait utile drsquoapporter des eacuteclaircissements sur la meacute-thodologie de spatialisation des cateacutegories drsquoimpacts

En termes de niveau drsquoorganisation et de dimen-sion de la biodiversiteacute lrsquooutil PBF se focalise sur la composition en espegraveces Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil PBF reprend les cinq groupes taxonomiques couverts par la meacutethode LC-IMPACT oiseaux mam-mifegraveres reptiles amphibiens et plantes vasculaires Les groupes taxonomiques peuvent ecirctre analyseacutes seacute-pareacutement ou peuvent ecirctre agreacutegeacutes pour repreacutesenter la fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (PDF) La vulneacuterabiliteacute par taxon est prise en compte en inteacute-grant les donneacutees de la Liste rouge UICN Si lrsquointeacuterecirct de la composition en espegraveces est de communiquer fa-cilement vers un large public il nrsquoen reste pas moins que les niveaux geacuteneacutetique et eacutecosysteacutemique peuvent aussi ecirctre influenceacutes agrave un moment donneacute du cycle de vie des produits Lrsquooutil permet drsquoavoir une estimation de lrsquoimpact sur des espegraveces agrave un temps t ce qui per-met de faciliter la compreacutehension des reacutesultats mais a priori sans rendre compte de la complexiteacute de la

biodiversiteacute (eacutevolution interactions) et des impacts agrave moyen et long termes De plus lrsquoeffondrement de la biodiversiteacute ne se produit pas seulement agrave travers la perte drsquoespegraveces mais aussi par la diminution de lrsquoabondance ndash la reacuteduction du nombre drsquoindividus par espegravece au sein des populations ndash et de la reacutepartition spatiale de nombreuses espegraveces ce qui peut avoir des impacts consideacuterables sur les eacutecosystegravemes Les eacuteva-luateurs notent que lrsquointerpreacutetation des sorties de lrsquoou-til doit ainsi ecirctre effectueacutee avec prudence

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes au cours du cycle de vie drsquoun produit (tels que la perte de fonctions eacutecologiques la diminution de lrsquoabondance des espegraveces la perte de diversiteacute geacuteneacutetique etc)

Lrsquooutil ayant vocation agrave appuyer la deacutecision autour de plusieurs versions drsquoun mecircme produit en mettant lrsquoaccent sur des variantes plus respectueuses de la bio-diversiteacute il nrsquoest pas forceacutement inteacuteressant de reacutepeacuteter le calcul de lrsquoindicateur Cependant il peut ecirctre utile de reacuteeacutevaluer les options autrefois choisies comme plus respectueuses de la biodiversiteacute au fur et agrave mesure que les bases de donneacutees sont mises agrave jour

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Le calcul de lrsquoindicateur est peu accessible agrave un non-speacutecialiste de lrsquoACV et les concepteurs recommandent de srsquoentourer de speacutecialistes de la meacutethode et de lrsquoeacuteco-logie La meacutethodologie de lrsquoinventaire de cycle de vie nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la documentation du PBF dis-ponible lors de lrsquoeacutevaluation alors qursquoelle constitue lrsquoeacutetape la plus deacutelicate Les eacutevaluateurs notent aussi que si lrsquoajustement des impacts relatifs agrave lrsquoutilisation des terres avec des donneacutees issues de la litteacuterature en eacutecologie permet de mieux distinguer entre les pra-tiques plus ou moins respectueuses de la biodiversiteacute pour la reacutesolution spatiale agrave laquelle les indicateurs de lrsquooutil PBF sont conccedilus ndash principalement au niveau de lrsquoeacutecoreacutegion ou du pays ndash les donneacutees de contexte eacutecologique local manquent fortement alors qursquoelles constitueraient un compleacutement important et devraient ecirctre davantage prises en compte pour affiner ces indi-cateurs ndash limite connue par les concepteurs de lrsquooutil PBF De plus ces eacutetapes drsquointeacutegration de donneacutees compleacutementaires indispensables sont reacutealiseacutees au cas par cas et sont donc difficiles agrave eacutevaluer Neacutean-moins les autres eacutetapes meacutethodologiques sont claires rigoureuses et transparentes

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent les biais inheacuterents agrave toute analyse neacutecessitant lrsquoagreacutegation de grandes quantiteacutes de donneacutees ndash mais les facteurs de correction mis en œuvre permettent de limiter ces biais

Il nrsquoy a pas de valeurs cibles proprement dites et il nrsquoy a pas de comparaison possible avec un reacutefeacuterentiel unique mais uniquement entre les diffeacuterents indica-teurs (un pour chaque facteur drsquoimpacts sur la biodi-versiteacute) pour diffeacuterentes versions drsquoun produit afin de minimiser lrsquoimpact sur la biodiversiteacute

Lrsquooutil PBF semble ecirctre conccedilu pour ecirctre appliqueacute agrave divers secteurs de sorte qursquoil pourrait ecirctre utiliseacute dans le domaine public pour comparer des options au niveau de produits voire au niveau des projets (par exemple construction drsquoinfrastructures projets de deacuteveloppement durable etc)

Selon les eacutevaluateurs lrsquooutil ne semble actuelle-ment pas approprieacute pour inteacutegrer le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiver-siteacute Toutefois il permet drsquoencourager les entreprises de divers secteurs drsquoactiviteacute agrave engager et suivre leurs progregraves en matiegravere de biodiversiteacute et plus particuliegrave-rement agrave laquo reacuteduire les pressions directes sur la biodi-versiteacute et promouvoir une utilisation durable raquo (but strateacutegique B des objectifs drsquoAichi) Lrsquooutil PBF permet donc drsquoengager des mesures reacutepondant aux objectifs des cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute mais ne permet pas drsquoobserver directement la contri-bution aux objectifs fixeacutes

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en ajoutant une meacutetrique drsquoabondance Lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) pourrait ecirctre une mesure suppleacute-mentaire inteacuteressante agrave consideacuterer De plus il pourrait ecirctre pertinent de consideacuterer lrsquoeacutetendue de lrsquoeacutecosystegraveme

(Ecosystem Extent) comme une mesure suppleacutemen-taire dans lrsquooutil PBF eacutetant donneacute les divers secteurs drsquoactiviteacute qursquoil vise

Par ailleurs la prise en compte des fonctions ndash et des services eacutecosysteacutemiques ndash serait inteacuteressante agrave in-seacuterer De mecircme lrsquointeacutegration de la biodiversiteacute marine est indispensable Il semble aussi important de reacuteussir agrave prendre en compte les insectes

En termes meacutethodologiques les concepteurs tra-vaillent agrave lrsquointeacutegration de lrsquoeacutecotoxiciteacute mais il pour-rait ecirctre inteacuteressant drsquoajouter eacutegalement la vulneacuterabi-liteacute des espegraveces au climat et drsquointeacutegrer des donneacutees eacutecologiques sur le contexte local afin de mieux affiner lrsquoindicateur Les eacutevaluateurs notent aussi que la meacute-thodologie drsquoACV peut avoir tendance agrave sous-estimer lrsquoimpact par rapport agrave une analyse qui mobilise des tableaux ressources-emplois (ou entreacutees-sorties) mais qui sont moins preacutecis Un couplage des deux meacutetho-dologies pourrait constituer une piste de reacuteflexion Ce couplage des deux meacutethodologies complexe permet-trait neacuteanmoins de reacutepondre aux limites de chacune

Enfin il pourrait ecirctre inteacuteressant de compleacuteter la dimension drsquoaide agrave la deacutecision en apportant des eacuteleacute-ments chiffreacutes en termes de coucircts des eacuteleacutements consti-tuant le produit

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull de Baan L Alkemade R Koellner T (2013) Land use impacts on biodiversity in LCA A global ap-proach The International Journal of Life Cycle As-sessment 18(6) 1216ndash1230 httpsdoiorg101007s11367-012-0412-0

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

232 Product Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI)

Une premiegravere version de lrsquooutil Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI) a eacuteteacute lanceacutee en 2018 Lrsquooutil concerne tous les secteurs drsquoactiviteacutes puisqursquoil vise agrave eacutevaluer lrsquoimpact sur la biodiversiteacute drsquoun por-tefeuille financier constitueacute drsquoun meacutelange drsquoactions (tous secteurs) et drsquoobligations (deacutepenses de lrsquoeacutetat) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle du porte-feuille de secteurs ou drsquoentreprises ndash lrsquooutil nrsquoest pas approprieacute pour une application au niveau du site ou du projet ndash et porte sur les milieux terrestres aquatiques continentaux voire marins en fonction des donneacutees disponibles Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est baseacute sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil BFFI ne retient que certaines pressions sur lrsquoensemble de celles prises en compte dans la base Exiobase (voir paragraphe suivant) en se focalisant sur celles qui ont un impact sur la biodiversiteacute changement climatique usage de lrsquoeau eacutecotoxiciteacute sur les milieux terrestres les milieux aquatiques continentaux et marins eutro-phisation des eaux continentales et marines forma-tion drsquoozone tropospheacuterique transformation et occu-pation des sols Au moment de lrsquoeacutevaluation le BFFI ne considegravere pas les espegraveces envahissantes le deacuteran-gement (bruit pollution lumineuse etc) et lrsquoexploita-tion directela surexploitation

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BFFI se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la base Exiobase (version 3) Exiobase est une base de donneacutees mon-diale qui propose un tableau entreacutees-sorties (input-output MR-IOT) et un tableau ressources-emplois (supply-use MR-SUT) dans une approche globale et eacutetendue sur le plan environnemental Crsquoest cette base et le modegravele de liens entre activiteacutes et impacts qui la fonde qui est le principal modegravele sous-jacent aux liens entre activiteacutes et pressions

La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI preacutesente ici des avantages lrsquoapproche ACV inclut tous les impacts de la chaicircne de valeur lrsquoemploi drsquoExiobase est inteacuteressant par la gamme des secteurs et des activiteacutes consideacutereacutes

Elle preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoemploi drsquoExiobase Les secteurs eacuteconomiques sont diviseacutes en 163 cateacutegories ce qui constitue une repreacutesentation assez grossiegravere Le modegravele nrsquoest pas speacutecifique et speacute-cifieacute au niveau reacutegional ce qui preacutesume de fortes in-certitudes significatives Il y a aussi des limites quant agrave la collecte et la compilation des donneacutees en effet

les donneacutees sont issues des comptabiliteacutes nationales des eacutetats ndash or chaque eacutetat a son propre systegraveme de classification

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le modegravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil BFFI pour le calcul de lrsquoindicateur sont celles drsquoExiobase3

Concernant la preacutecision les eacutevaluateurs notent que la relation entre activiteacutes et pressions est correc-tement traduite dans le modegravele Exiobase Cette rela-tion est baseacutee sur la moyenne de la consommation et de lrsquoeacutemission par secteur Mais les incertitudes sont consideacuterables En effet la marge drsquoerreur qui existe entre activiteacutes et pressions est diffeacuterente au sein et pour chaque secteur Il y a ainsi deux risques celui de sous-estimer lrsquoimpact drsquoune activiteacute car elle aurait des pratiques plus neacutefastes que la moyenne du secteur auquel elle appartient et celui inverse de surestimer lrsquoimpact drsquoune activiteacute Les concepteurs du BFFI pro-posent de compleacuteter lrsquoanalyse quantitative par une analyse qualitative qui doit aider agrave situer lrsquoentreprise par rapport au reste de son secteur

La sensibiliteacute de lrsquooutil est limiteacutee au secteur etou au pays lrsquooutil permet de faire la diffeacuterence entre deux activiteacutes qui appartiennent agrave deux secteurs diffeacute-rents ou de comparer deux activiteacutes qui appartiennent au mecircme secteur mais qui sont situeacutees dans deux pays diffeacuterents

La fiabiliteacute est fortement deacutependante des don-neacutees qui ont eacuteteacute utiliseacutees pour construire les tables preacutesenteacutees dans Exiobase En effet tous les pays nrsquoayant pas les mecircmes systegravemes de comptabiliteacute il y a eu des traitements pour agreacuteger ou deacutesagreacuteger des donneacutees issues de diffeacuterentes sources et la reacutealisation drsquoextrapolations Lrsquoanalyse qualitative proposeacutee par les concepteurs peut venir compleacuteter les biais lieacutes au manque de fiabiliteacute des donneacutees

Les eacutevaluateurs notent que la relation entre les ac-tiviteacutes et les pressions est reproductible mais pas assez preacutecise par rapport agrave des projets ou des territoires speacute-cifiques La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI srsquoapplique aux eacutetudes agrave grande eacutechelle et aux activiteacutes agreacutegeacutees mais pas de faccedilon speacutecifique agrave une entreprise ou agrave une reacutegion

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil BFFI pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre ACV en srsquoappuyant sur la meacutethode ReCiPe ReCiPe permet de convertir des donneacutees de cycle de vie en impacts Cette meacutethode utilise en entreacutee des informations sur les eacutemissions (par exemple sur le CO2 ou le SO2) pour calculer lrsquoempreinte environnementale agrave mi-parcours (midpoint impacts categories) (par exemple le change-

ment climatique lrsquoutilisation des terres lrsquoeutrophisa-tion) et ensuite pour calculer lrsquoimpact reacutesultant sur les eacutecosystegravemes ou la biodiversiteacute (endpoint impacts category)

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans la meacutethode ReCiPe et reprise dans le BFFI est la perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) exprimeacutee en fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr) ndash et par hectare pour le milieu terrestre par megravetre cube pour le milieu aquatique Le reacutesultat peut ecirctre utiliseacute pour calculer lrsquoempreinte biodiversiteacute en megravetres carreacute (msup2) par euro (euro) investi

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil PBF pour un compleacutement drsquoinformation sur cette meacutetrique

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil PBF est ici de proposer une meacutetrique agreacutegeacutee et syn-theacutetique (PDF) Lrsquoindicateur est ainsi plutocirct geacuteneacuteral et de type biophysique il ne srsquoexpose pas aux poleacute-miques qui entourent lrsquoeacutevaluation moneacutetaire de la biodiversiteacute

La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoutilisation de la meacutethode ReCiPe car elle srsquoappuie sur une relation lineacuteaire entre quan-

titeacute de pressions et perte de biodiversiteacute Cette relation ne permet pas de tenir compte drsquoeacuteventuels effets de seuil en dessous desquels un eacutecosystegraveme serait com-plegravetement deacutetruit De plus la meacutetrique utiliseacutee met lrsquoaccent sur les espegraveces les attributs fonctionnels et structurels de la biodiversiteacute sont largement neacutegligeacutes La PDF quantifie le potentiel de disparition drsquoespegraveces plutocirct que le nombre exact drsquoespegraveces disparues

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans la meacute-thode ReCiPe et donc reprises dans lrsquooutil BFFI sont des donneacutees de modeacutelisation de type laquo dose-reacuteponse raquo Ces donneacutees permettent drsquoobtenir une information sur les facteurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute dans diffeacute-rents secteurs et autorisent ainsi une analyse qualita-tive guidant lrsquointerpreacutetation et lrsquoutilisation du reacutesultat fournit par lrsquooutil

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts elle relegraveve surtout de la meacutethode ReCiPe qui simplifie la relation entre pressions et im-pacts en utilisant des donneacutees moyennes entraicircnant ainsi des incertitudes Les eacutevaluateurs signalent que la marge drsquoincertitude est aussi deacutependante des don-neacutees scientifiques disponibles pour alimenter la meacute-thode Les concepteurs de lrsquooutil BFFI recommandent drsquoailleurs de compleacuteter lrsquoanalyse quantitative par une

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

analyse qualitative notamment pour eacuteviter certains investissements dont les impacts sont sous-estimeacutes par lrsquoeacutevaluation

Concernant la sensibiliteacute les eacutevaluateurs sou-lignent que la meacutethode ReCiPe a eacuteteacute fortement rema-nieacutee entre sa version ReCiPe2008 et ReCiPe2016 Un cas drsquoeacutetude montre qursquoil en reacutesulte un changement important dans lrsquoimpact calculeacute pour un portefeuille financier Cette diffeacuterence est lieacutee agrave lrsquointeacutegration des derniegraveres informations scientifiques mais elle montre aussi la sensibiliteacute de lrsquooutil Toutefois lrsquooutil ne per-met pas de deacutetecter des changements preacutecoces de bio-diversiteacute par le niveau drsquoagreacutegation des donneacutees De la mecircme faccedilon parce que la meacutethode est baseacutee sur des relations lineacuteaires lrsquooutil BFFI ne permet pas de deacute-tecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion lors de changements non lineacuteaires

Enfin la fiabiliteacute repose sur la qualiteacute des sources de donneacutees pour lesquelles des mises agrave jour freacute-quentes sont neacutecessaires afin drsquointeacutegrer les derniegraveres connaissances

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil srsquointeacuteresse agrave lrsquoeacutechelle tem-porelle annuelle La meacutetrique des impacts (PDF) peut aussi ecirctre convertie en une uniteacute indeacutependante du temps

Au niveau spatial lrsquooutil nrsquoa pas de peacuterimegravetre speacute-cifique puisqursquoil srsquoagit drsquoeacutevaluer lrsquoimpact drsquoinvestisse-ments Lrsquointeacuterecirct est drsquoavoir construit un outil unique quel que soit la localisation de lrsquoimpact ndash mais il ne permet pas de tenir compte des speacutecificiteacutes et des par-ticulariteacutes de chaque pays ni locales

En termes de niveaux drsquoorganisation et de dimen-sions de la biodiversiteacute lrsquooutil BFFI se focalise sur la composition en espegraveces Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil BFFI agregravege les espegraveces et ne tient pas compte de la speacutecificiteacute de certaines espegraveces ayant un rocircle fonctionnel particuliegraverement important ou encore une valeur patrimoniale Si lrsquointeacuterecirct de la composition en espegravece reacuteside dans des donneacutees plus facilement dispo-nibles il nrsquoen reste pas moins que les attributs fonc-tionnels et structurels de la biodiversiteacute sont largement neacutegligeacutes De plus la synthegravese des impacts en une uniteacute unique (PDF) peut entraicircner plusieurs risques ceux lieacutes agrave la localisation des impacts en consideacuterant que tous les eacutecosystegravemes sont eacutequivalents sans prendre en compte le rocircle fonctionnel des eacutecosystegravemes et ceux lieacutes agrave la standardisation des eacutecosystegravemes en consideacuterant que perdre 100 drsquoespegraveces sur un hectare de forecirct primaire eacutequivaut agrave perdre 100 drsquoespegraveces dans un deacutesert

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte De plus les eacuteva-luateurs rappellent qursquoil nrsquointegravegre pas les impacts lieacutes agrave la surexploitation aux espegraveces envahissantes et au deacuterangement (pollution lumineuse bruit)

Les eacutevaluateurs notent que la meacutethodologie de lrsquooutil BFFI est inteacuteressante pour eacutevaluer des impacts des investissements sur la biodiversiteacute question diffi-cile et sujette agrave lrsquoincertitude mais que de nombreuses limites existent du fait de lrsquoutilisation de deux meacute-thodes (Exiobase ReCiPe) qui ont leurs limites respec-tives notamment le fait drsquoutiliser une relation lineacuteaire entre quantiteacute de pressions et perte de biodiversiteacute Les eacutevaluateurs invitent ainsi agrave la prudence quant agrave lrsquousage de lrsquooutil pour le pilotage drsquoune strateacutegie drsquoin-vestissements ou pour de la communication externe Ils soulignent que lrsquooutil BFFI vise aussi agrave montrer que certains investissements peuvent avoir des effets positifs sur la biodiversiteacute Ceci peut poser deux pro-blegravemes drsquoabord le retour agrave une logique de durabi-liteacute faible (substitution de capital anthropogeacutenique au capital naturel) puisque des impacts sur la biodiversiteacute pourraient ecirctre compenseacutes par des investissements dans des infrastructures ensuite parce que les effets positifs des investissements sur la biodiversiteacute sont tregraves incertains

Lrsquooutil ayant vocation agrave aider agrave la deacutecision pour lrsquoinvestissement il nrsquoest pas forceacutement inteacuteressant de reacutepeacuteter le calcul En revanche lrsquoindicateur peut ecirctre mis agrave jour pour de nouveaux investissements et au fur et agrave mesure que les donneacutees sur la biodiversiteacute et lrsquoACV deviennent disponibles dans les bases de don-neacutees consideacutereacutees Ainsi la meacutethode associeacutee au BFFI preacuteconise un calcul annuel afin de suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoimpact du portefeuille financier (ensemble des investissements)

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Le calcul de lrsquoindicateur est clair et rigoureux mais la quantiteacute de donneacutees utiliseacutees ndash publiquement dispo-nibles agrave lrsquoexception du portefeuille drsquoinvestissements ndash rend lrsquoappropriation et la compreacutehension assez difficile

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent qursquoil existe cependant une chaicircne drsquoincerti-tudes tout au long du calcul et cela peut entraicircner une accumulation de biais dans les reacutesultats de lrsquooutil ce que lrsquoanalyse qualitative permet de discuter

Il nrsquoexiste pas de valeur cible proprement dite lrsquoideacuteal agrave atteindre serait lrsquoabsence de perte de biodiversiteacute

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil BFFI reste lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact de deacutecisions drsquoinvestisse-ments Il pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public mais agrave large eacutechelle (par exemple pour le secteur des travaux publics)

Selon les eacutevaluateurs du fait des meacutethodes utili-seacutees et des incertitudes associeacutees lrsquooutil ne semble pas approprieacute pour inteacutegrer le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en tenant compte de la diversiteacute fonction-nelle via les traits drsquoespegraveces Ce peut ecirctre en com-paraison agrave la richesse speacutecifique une meacutetrique plus approprieacutee pour calculer les facteurs de caracteacuterisa-tion qui permettent drsquoestimer la perte de biodiversiteacute lieacutee au changement drsquousages des terres Cependant les indicateurs fonctionnels neacutecessitent geacuteneacuteralement une tregraves grande quantiteacute de donneacutees et il nrsquoest pas certain qursquoil soit possible de construire les facteurs de caracteacuterisation neacutecessaire vu le grand nombre de drivers dans Exiobase pour lier activiteacutes pressions et impacts fonctionnels

Par ailleurs la conversion des pressions en impacts sur la biodiversiteacute pourrait ecirctre compleacuteteacutee par drsquoautres indicateurs tel que lrsquoindicateur de dommage eacutecolo-gique potentiel (Ecological Damage Potential indica-tor EDP) Celui-ci est baseacute sur une logique drsquooccupa-tion du sol pour un type drsquousage on eacutevalue lrsquoimpact sur la biodiversiteacute alors que la logique du BFFI est plutocirct de partir de lrsquoensemble des consommations et des eacutemissions drsquoun secteur donneacute et drsquoen deacuteduire un impact sur la biodiversiteacute

En termes meacutethodologiques il serait souhaitable drsquointeacutegrer la prise en compte de plus de pressions Il serait eacutegalement utile de deacutevelopper une mesure de lrsquoerreur dans lrsquoeacutevaluation des impacts sur la bio-diversiteacute pour avoir une ideacutee du domaine de validiteacute des reacutesultats Agrave ce titre il pourrait ecirctre inteacuteressant de renforcer le reacuteseau drsquoexperts qui permettent drsquoameacutelio-rer les donneacutees drsquoExiobase notamment dans des do-maines ou des secteurs speacutecifiques et les facteurs de conversion de ReCiPe Par ailleurs des eacutetudes de cas ougrave les impacts sur la biodiversiteacute sont mesureacutes apregraves les investissements et une comparaison avec lrsquoeacutevalua-tion ex-ante pourraient ecirctre envisageacutees

Enfin il serait inteacuteressant de formaliser et de geacuteneacute-raliser un guide drsquoaide agrave la deacutecision pour accompagner lrsquoutilisation de lrsquooutil de le compleacuteter par des analyses qualitatives et une politique drsquoinvestissements qui vise agrave limiter les manques de lrsquoindicateur

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Koellner Thomas amp Scholz Roland (2008) Assess-ment of land use impacts on the natural environment Part 2 Generic characterization factors for local species diversity in Central Europe The International Journal of Life Cycle Assessment 13(1) 32-48 httpsdoiorg101065lca2006122922bull Souza Danielle Maia de Flynn Dan Declerck Fabrice Rosenbaum Ralph Lisboa Henrique Koellner Thomas (2013) Land use impacts on biodiversity in LCA Pro-posal of characterization factors based on functional diversity The International Journal of Life Cycle As-sessment 18(6) 1231-1242 httpsdoiorg101007s11367-013-0578-0

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

233 Global Biodiversity Score TM (GBS)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Global Biodiversity Score (GBS) eacutetait au stade de deacuteveloppement et de mise en application au sein de pilotes en collaboration avec des entreprises Il est deacuteveloppeacute pour srsquoappliquer agrave un grand nombre de secteurs drsquoactiviteacutes utilisant des matiegraveres premiegraveres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle de grands projets ou drsquouniteacutes drsquoaffaire ndash et agrave terme de portefeuilles drsquoinvestissements Au moment de lrsquoeacutevaluation il prend en compte les milieux ter-restres et la composante pour les milieux dulccedilaquicoles eacutetait en cours de deacuteveloppement Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre drsquoanalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil GBS retient huit pressions sur lrsquoensemble de celles prises en compte dans la base Exiobase (voir para-graphe suivant) ndash pour la biodiversiteacute terrestre utili-sation des terres (agriculture foresterie urbanisation) deacutepocircts azoteacutes aeacuteriens fragmentation des milieux natu-rels changement climatique empieacutetement humain pour la biodiversiteacute dulccedilaquicole utilisation des terres (conversion des zones humides artificialisation de lrsquoamont des bassins versants) perturbations hydro-logiques eutrophisation Toutefois au moment de lrsquoeacutevaluation le GBS ne considegravere pas les espegraveces enva-hissantes le deacuterangement (bruit pollution lumineuse etc) les pollutions chimiques des sols et des eaux et lrsquoexploitation directela surexploitation Les concep-teurs de lrsquooutil envisagent de lrsquoameacuteliorer sur ce plan-lagrave

Liens entre les activiteacutes et les pressions et pressions prises en compte

Lrsquooutil GBS se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la base Exiobase (version 3) Exiobase est une base de donneacutees mon-diale qui propose un tableau entreacutees-sorties (input-output MR-IOT) et un tableau ressources-emplois (supply-use MR-SUT) dans une approche globale et eacutetendue sur le plan environnemental Crsquoest cette base et le modegravele de liens entre activiteacutes et impacts qui la fonde qui est le principal modegravele sous-jacent aux liens entre activiteacutes et pressions

La meacutethodologie de lrsquooutil GBS preacutesente ici plu-sieurs avantages lieacutes agrave lrsquoemploi drsquoExiobase le lien entre activiteacutes et pressions est eacutetabli de faccedilons diffeacute-rentes selon les pressions prises en compte lrsquointeacute-gration de lrsquoeffet cumulatif des diffeacuterents types de pressions est explicite il y a une valeur quantitative agreacutegeacutee compreacutehensible et informative des impacts des activiteacutes eacuteconomiques ndash agrave condition que lrsquoinven-taire (quantification des flux entrants et sortants) de lrsquoACV soit correctement mis en œuvre

Elle preacutesente toutefois des limites la principale eacutetant de nrsquointeacutegrer au moment de lrsquoeacutevaluation que les opeacuterations laquo amont raquo (approvisionnement produc-tion) et de ne pas prendre en compte les opeacuterations laquo aval raquo (utilisation recyclage etc)

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil BFFI (numeacutero 32) pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation drsquoExiobase

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le mo-degravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil GBS pour le calcul de lrsquoindicateur sont soit celles drsquoExiobase3 soit les donneacutees directes sur les pressions lorsqursquoelles sont disponibles

Concernant la preacutecision de la relation entre acti-viteacutes et pressions lrsquoapproche geacuteneacuterale est preacutecise et pertinente en srsquoappuyant sur lrsquoACV Toutefois il est neacutecessaire de disposer drsquoune meacutethodologique claire sur la maniegravere de mener lrsquoACV

La sensibiliteacute et la fiabiliteacute de lrsquooutil nrsquoont pas pu ecirctre eacutevalueacutees par les experts

Liens entre les pressions et les impacts

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil GBS se base sur le modegravele de lrsquoACV Lrsquoapproche mobiliseacutee dans lrsquooutil GBS pour lier pressions et impacts sur la biodiversi-teacute repose particuliegraverement sur le Global Biodiversity Model (GLOBIO) version 3 GLOBIO est un cadre de modeacutelisation permettant de calculer les impacts de cinq pressions sur une biodiversiteacute terrestre laquo intacte raquo pour le passeacute le preacutesent et le futur La modeacutelisation est baseacutee sur des relations correacutelatives deacuteriveacutees de la litteacuterature donneacutees provenant principalement du mo-degravele inteacutegreacute drsquoeacutevaluation de lrsquoenvironnement mondial IMAGE liant deacuteterminants et pressions et de donneacutees ad hoc traiteacutees par certaines formes de meacuteta-analyses Pour chacun des cinq facteurs le modegravele contient une eacutequation de reacutegression reliant lrsquointensiteacute de la pres-sion agrave lrsquoimpact sur la biodiversiteacute Le modegravele GLO-BIO est rapprocheacute des meacutethodes de lrsquoACV en tant qursquoil mobilise des modegraveles et facteurs de caracteacuterisation

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans le modegravele GLOBIO et reprise dans lrsquooutil GBS est lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) et son eacutequivalent en surface (par exemple kmsup2 MSA)

La meacutethodologie du GBS construite sur la base drsquoun examen approfondi des donneacutees et modegraveles existants a eacuteteacute penseacutee de faccedilon agrave rester flexible et compatible avec drsquoautres approches et meacutethodes ndash en dehors de GLOBIO ndash liant les activiteacutes et les pressions La meacutethodologie preacutesente plusieurs avantages lieacutes lors de lrsquoeacutevaluation agrave lrsquoemploi du modegravele GLOBIO

lrsquoeffet cumulatif des diffeacuterents types de pressions et lrsquoapproche spatiale sont explicites

Elle preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoutilisa-tion du modegravele GLOBIO Les liens entre les pressions et la biodiversiteacute sont baseacutes sur des relations deacuteter-ministes souvent lineacuteaires et correacutelatives calculeacutees agrave partir drsquoeacutevaluations ou drsquoexpeacuteriences passeacutees le mo-degravele ne documente pas lrsquoimpact reacuteel mais potentiel des pressions sur la biodiversiteacute et de plus le modegravele risque de ne pas tenir compte des changements dans les systegravemes et les modegraveles eacuteconomiques Une autre li-mite repose sur la faccedilon dont les calculs sont effectueacutes selon que les pressions ont eacuteteacute agreacutegeacutees au niveau des espegraveces puis la MSA calculeacutee ou selon que la MSA a eacuteteacute utiliseacutee pour chaque pression puis agreacutegeacutee De plus il est essentiel de tenir compte de la faccedilon dont la MSA rendra compte des impacts sur les sites riches ou pauvres en espegraveces ce dont les concepteurs sont conscients Par ailleurs il semble que la deacutependance entre les uniteacutes spatiales est neacutegligeacutee ce qui ne permet pas de rendre compte de lrsquoautocorreacutelation spatiale et de processus importants tels que la dispersion et la connectiviteacute Cela peut conduire agrave biaiser lrsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil BIM (numeacutero 34) pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation de GLOBIO

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil GBS sont hybrides ce sont soit les reacutesultats modeacuteliseacutes de GLOBIO soit les donneacutees reacuteelles lorsqursquoelles sont dis-ponibles pour ecirctre combineacutees aux relations pression-impact fournies par GLOBIO Lors de lrsquoeacutevaluation le modegravele GLOBIO version 3 se concentrait sur la partie terrestre du globe Un module pour le milieu aquatique drsquoeau douce eacutetait en cours drsquoeacutelaboration (GLOBIO-aquatic)

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts elle relegraveve surtout du modegravele GLO-BIO sur lequel le GBS se base Outre les biais eacutevo-queacutes plus haut lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence correspondant agrave une MSA de 100 questionne eacutegalement les eacuteva-luateurs car son caractegravere statique ignore les aspects dynamiques des systegravemes eacutecologiques (par exemple modification des aires de reacutepartition des espegraveces en reacuteponse au changement climatique sans diminution de leur abondance globale ou encore perturbations intermeacutediaires) et suppose qursquoil nrsquoexiste qursquoun seul eacutetat drsquooptimum eacutecologique pour chaque eacutecosystegraveme De plus lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence peut en reacutealiteacute refleacuteter un eacutetat potentiellement deacutejagrave deacutegradeacute ou en transition Par ailleurs il est le mecircme pour toutes les uniteacutes spatiales au sein drsquoun biome donneacute sans tenir compte de lrsquohis-torique des pressions en diffeacuterents endroits Enfin la faccedilon dont les eacutetats de reacutefeacuterence sont mobiliseacutes nrsquoest pas claire (par exemple pour un champ de maiumls est-ce une forecirct ou une prairie naturelle )

Lrsquoincertitude est ainsi modeacutereacutee agrave eacuteleveacutee notam-ment parce que la meacutetrique MSA est deacuteriveacutee de re-lations correacutelatives avec les pressions relations dont les choix meacutethodologiques posent question ou pour lesquelles les meacuteta-analyses ne sont pas au moment de lrsquoeacutevaluation toutes publieacutees et parce que cela ne rend pas complegravetement compte de reacuteponses non-li-neacuteaires de la biodiversiteacute

La relation entre pressions et impacts est sensible dans le sens ougrave la meacutethodologie seacutepare explicitement les diffeacuterentes pressions et qursquoelle est plutocirct sensible agrave lrsquointeacuterieur de chaque pression ndash dans la limite des biais inheacuterents au modegravele GLOBIO Lrsquooutil GBS ne permet pas toutefois de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute Bien que lrsquoabondance de la population soit theacuteoriquement une mesure assez sen-sible du changement de la biodiversiteacute elle nrsquoest ici pas mesureacutee mais plutocirct deacuteriveacutee par correacutelation ndash ce qui nrsquoest pas lrsquoapproche la plus robuste pour des pro-jections dans le futur De la mecircme faccedilon lrsquooutil GBS ne permet pas de deacutetecter des changements inhabi-tuels lors de changements non lineacuteaires

Abondance moyenne des espegravecesMean Species Abundance (MSA)

Cette meacutetrique deacutesigne lrsquoabondance moyenne des espegraveces en prenant une situation non per-turbeacutee comme reacutefeacuterence La MSA est un indi-cateur du caractegravere naturel ou de lrsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute Elle est deacutefinie comme lrsquoabon-dance moyenne des espegraveces originelles preacute-sentes dans la situation non perturbeacutee par rapport agrave leur abondance dans les eacutecosystegravemes en situation perturbeacutee Lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence cor-respond agrave des types drsquooccupation du sol laquo na-turels raquo non deacutedieacutes agrave aucune activiteacute humaine particuliegravere (forecircts naturelles prairies natu-relles glaciers)

Elle ne tient pas compte des augmentations possibles de lrsquoabondance par rapport agrave lrsquoeacuteco-systegraveme non perturbeacute la MSA ne peut pas ecirctre supeacuterieure agrave 100 Une zone avec une MSA de 100 signifie une biodiversiteacute similaire ou supeacuterieure agrave la situation non perturbeacutee de reacutefeacute-rence Une MSA de 0 signifie un eacutecosystegraveme sans plus aucune espegravece drsquoorigine un eacutecosys-tegraveme complegravetement deacutetruit

La MSA traduit un eacutetat possible de la biodi-versiteacute et non pas lrsquoeacutetat reacuteel

4140

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

La fiabiliteacute de lrsquooutil repose sur celle du modegravele GLOBIO ou drsquoun autre modegravele qui pourrait ecirctre mo-biliseacute par lrsquooutil Le nombre drsquoeacutetudes utiliseacutees dans GLOBIO pour calibrer les relations entre pressions et biodiversiteacute reste faible et varie fortement entre biomes et pressions La fiabiliteacute peut donc ecirctre ameacute-lioreacutee par lrsquoimpleacutementation de nouvelles donneacutees et connaissances et la meacutethodologie du GBS est conccedilue pour ecirctre mise agrave jour au fur et agrave mesure que des pro-gregraves seront reacutealiseacutes

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil srsquointeacuteresse agrave un peacuterimegravetre temporel annuel avec une hypothegravese forte lrsquoannua-lisation des diffeacuterences entre 2010 et 2050 avec lrsquohypo-thegravese drsquoune variation lineacuteaire de la biodiversiteacute sur cette peacuteriode ajusteacutee sur la base de donneacutees passeacutees reacutecentes

Au niveau spatial le peacuterimegravetre de lrsquooutil varie en fonction de son application mais au moment de lrsquoeacuteva-luation la meacutethodologie nrsquoest pas claire sur la reacutesolu-tion de lrsquooutil GBS

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil GBS est les populations drsquoespegraveces La dimension de la biodiversiteacute prise en compte dans lrsquooutil est la reacutepartition de lrsquoabondance entre les es-pegraveces Si cette dimension transcrite via la MSA est re-lativement simple agrave deacuteriver et plutocirct bien adapteacutee pour eacutetablir un lien avec les questions drsquoextinction drsquoespegraveces et drsquoeacuterosion de la biodiversiteacute elle est moins eacutevidente pour faire le lien avec des questions fonctionnelles ou eacutevolutives ainsi que lrsquointerdeacutependance des espegraveces ou encore la structure des paysages ou des eacutecosystegravemes

Au moment de lrsquoeacutevaluation pour la biodiversiteacute terrestre les mammifegraveres oiseaux amphibiens rep-tiles inverteacutebreacutes et plantes vasculaires sont pris en compte Toutes les espegraveces (communes et rares) sont prises en compte mais regroupeacutees au sein de la MSA de sorte qursquoil est impossible de savoir exactement quelles espegraveces sont consideacutereacutees

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte En effet il srsquoap-plique aux impacts potentiels plutocirct que reacuteels des activiteacutes sur la biodiversiteacute a priori et a posteriori Les eacutevaluateurs rappellent aussi que la reacutesolution est actuellement assez grossiegravere et ne permet pas de saisir les changements qui se produisent agrave petite eacutechelle

Les eacutevaluateurs soulignent que lrsquooutil GBS nrsquoest pas baseacute sur des mesures directes de lrsquoeacutetat de la biodi-versiteacute et ne peut ecirctre pas consideacutereacute comme un indi-

cateur de changement de la biodiversiteacute Lrsquooutil GBS peut cependant servir agrave comparer des investissements identifier des produits agrave haut risque dans une chaicircne drsquoapprovisionnement eacutevaluer diffeacuterentes intensiteacutes de production pour un mecircme produit ou encore compa-rer des impacts potentiels de diffeacuterentes entreprises qui srsquoapprovisionnent pour le(s) mecircme(s) produit(s)

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Sur le plan conceptuel le calcul de lrsquoindicateur semble relativement clair rigoureux et transparent bien que des preacutecisions importantes soient neacutecessaires agrave appor-ter dans la meacutethodologie (hypothegraveses articulation des calculs eacutetats de reacutefeacuterence) La meacutethodologie repose sur des outils et des ensembles de donneacutees com-plexes et speacutecifiques neacutecessitant une expertise et des connaissances solides pour permettre une eacutevaluation deacutetailleacutee Les eacutevaluateurs soulignent que lrsquooutil tire parti drsquoun ensemble drsquoapproches avanceacutees provenant de diffeacuterents cadres conceptuels et domaines drsquoexper-tise (ACV PER) avec lrsquoambition de maximiser la flexi-biliteacute et lrsquointeropeacuterabiliteacute avec les autres cadres inter-nationaux (Ipbes CDB OECD UNEP etc)

En se reacutefeacuterant aux limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent que les biais et les limites lieacutees au calcul de lrsquoindicateur affectent sa robustesse et sa rigu-eur ndash ce dont les concepteurs sont conscients et pour lesquels ils proposent des ameacuteliorations

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil GBS reste lrsquoaide agrave la deacutecision et la comparaison drsquoimpacts modeacuteliseacutes attendus sur la biodiversiteacute agrave travers diffeacuterents niveaux drsquoagreacutegation (site entreprises pays etc) Lrsquooutil spa-tialement explicite permet la comparaison entre enti-teacutes agrave des zones geacuteographiques etou agrave des moments diffeacuterents Il repreacutesente une approche prometteuse pour explorer lrsquoimpact potentiel global drsquoinvestisse-ments ou de deacuteveloppements drsquoentreprises pour ra-tionaliser les activiteacutes de production et pour commu-niquer sur la biodiversiteacute avec les secteurs industriels et eacuteconomiques Il pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public agrave la fois directement en eacutevaluant les impacts et indirectement pour aider agrave la seacutelection drsquoentreprises reacutepondant aux marcheacutes

Selon les eacutevaluateurs agrave lrsquoeacutechelle internationale et au niveau eacuteleacutementaire de la meacutetrique la MSA peut ecirctre consideacutereacutee comme une approximation de lrsquoindica-teur de la CDB sur les tendances de lrsquoabondance des espegraveces Mais une eacutevaluation prudente de la MSA par rapport agrave la moyenne geacuteomeacutetrique de lrsquoabondance et de la valeur ajouteacutee de lrsquooutil GBS par rapport agrave GLOBIO via sa mise en œuvre avec des donneacutees reacuteelles doit ecirctre effectueacutee avant une inteacutegration au suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en tenant compte de la structure des pay-sages par exemple la connectiviteacute et des approches plus eacutevolutives et fonctionnelles de la biodiversiteacute par exemple en inteacutegrant la diversiteacute structurelle ou fonctionnelle des traits les espegraveces les communauteacutes ou les eacutecosystegravemes Un ou plusieurs autres outils ou indicateurs (agrave partir de modegraveles ou de donneacutees obser-veacutees) pourraient alors compleacuteter lrsquooutil GBS Il serait aussi utile drsquoexpliciter comment les changements de valeurs de MSA peuvent ecirctre utiliseacutes voire traduits en des changements de statut de conservation drsquoespegraveces ou de deacuteclin de biodiversiteacute lorsqursquoils sont compareacutes par exemple avec des aires de distribution drsquoespegraveces ou des tailles de populations A plus long terme le nombre drsquoespegraveces impacteacutees devrait aussi ecirctre incor-poreacute dans la meacutetrique finale

En termes meacutethodologiques il serait souhaitable de rendre plus explicite lrsquointeacutegration et la validation de la meacutethodologie avec des donneacutees reacuteelles Lrsquooutil gagnera agrave inteacutegrer des donneacutees reacuteelles et beacuteneacuteficiera des ameacuteliorations apporteacutees agrave GLOBIO via la prise en compte des derniegraveres donneacutees et connaissances relatives aux impacts sur la biodiversiteacute Par ailleurs lrsquooutil gagnerait agrave mieux rendre compte des pressions cumuleacutees dans le temps Enfin il serait souhaitable drsquointeacutegrer toutes les pressions dans les deacuteveloppe-ments futurs de lrsquooutil Pour finir le modegravele EcoOcean pour les eacutecosystegravemes marins pourrait aussi ecirctre consi-deacutereacute pour lrsquooutil GBS qui au moment de lrsquoeacutevaluation ne prenait en compte que les eacutecosystegravemes terrestres et envisageait les eacutecosystegravemes dulccedilaquicoles

Drsquoun point de vue pratique lrsquooutil GBS pourrait ecirctre preacutesenteacute agrave lrsquoaide drsquoun document expliquant lrsquoap-proche geacuteneacuterale et sa pertinence et un autre document

tregraves technique preacutesentant la meacutethodologie de maniegravere complegravete transparente et rigoureuse pour chaque eacutetape du calcul Malgreacute une eacutelaboration minutieuse du GBS celui-ci utilise une approche correacutelative avec de fortes limitations qui peuvent geacuteneacuterer une incer-titude substantielle dans lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact sur la biodiversiteacute Ces eacuteleacutements sont freacutequents lorsqursquoon travaille agrave une eacutechelle mondiale

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Connell J H 1978 Diversity in tropical rain forests and coral reefs Science 199 1302-1310bull Harfoot M B J Newbold T Tittensor D P Emmott S Hutton J Lyutsarev V hellip Purves D W (2014) Emergent Global Patterns of Ecosystem Struc-ture and Function from a Mechanistic General Ecosys-tem Model PLoS Biology 12(4) e1001841 httpsdoiorg101371journalpbio1001841bull Urban et al 2016 Improving the forecast for bio-diversity under climate change Science 353(6304) httpsdoiorg101126scienceaad8466bull Newbold T Hudson L Hill S Contu S Lysenko I et al 2015 Global effects of land use on local terres-trial biodiversity Nature 520 45-50bull Santini L Belmaker J Costello M Pereira H Rossberg A et al 2017 Assessing the suitability of di-versity metrics to detect biodiversity change Biological Conservation 213 341-350 httpsdoiorg101016jbiocon201608024bull Scholes RJ Biggs R 2005 A biodiversity in-tactness index Nature 434 45-49 httpsdoiorg 101038nature03289bull Van Strien AJ Soldaat LL Gregory RD 2012 Desirable mathematical properties of indicators for biodiversity change Ecological Indicators 14 202-208 httpsdoiorg101016jecolind201107007

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

234 Biodiversity Impact Metric (BIM)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Impact Metric (BIM) eacutetait au stade de version becircta Il est deacuteve-loppeacute pour les secteurs fortement lieacutes agrave la consom-mation de matiegraveres premiegraveres ayant un impact sur lrsquoutilisation des terres (alimentation textile foreste-rie cosmeacutetique) et porte sur les milieux terrestres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des produits et services pour des eacutecoreacutegions deacutefinies drsquoun pays et agreacutegeables pour produire un score national Lrsquooutil BIM correspond agrave la composante laquo biodiversiteacute raquo drsquoun outil plus vaste visant agrave eacutevaluer la santeacute drsquoun eacutecosys-tegraveme en prenant en compte lrsquoimpact drsquoactiviteacutes sur la biodiversiteacute le sol et lrsquoeau pour une superficie donneacutee Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre drsquoanalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA) croiseacute avec le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil BIM retient lrsquoutilisation des terres (agriculture activi-teacutes extractives construction destruction de lrsquohabitat fragmentation de lrsquohabitat etc) en termes de type et drsquointensiteacute drsquoutilisation Il ne prend pas en compte les autres pressions anthropiques traditionnellement reconnues ndash tels que la pollution le changement cli-matique lrsquoexploitation directe des organismes les es-pegraveces exotiques envahissantes ndash qui peuvent reacutesulter de nombreuses activiteacutes drsquoapprovisionnement agrave tra-vers le monde En outre agrave lrsquointeacuterieur des impacts de lrsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute la fragmen-tation des espaces fait deacutefaut

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil BIM se base sur le modegravele ACV croiseacute avec le modegravele PER Il mobilise la formule suivante Impact sur la biodiversiteacute (HAeq) = Superficie de terres (neacutecessaire agrave lrsquoapprovisionne-ment exploitation de matiegraveres premiegraveres) times Quan-titeacute de biodiversiteacute impacteacutee times Qualiteacute ou importance de la biodiversiteacute impacteacutee

Au moment de lrsquoeacutevaluation plusieurs versions meacutethodologiques de calcul de lrsquoindicateur sont docu-menteacutees Lrsquoune repose sur lrsquoutilisation de la meacutethode de calcul de lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) ndash le lecteur pourra se rap-porter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil GBS (numeacutero 33) pour un compleacutement drsquoinformation sur cette meacutetrique ndash lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (Biodiver-sity Intactness Index BII) Un des principaux avan-tages de cet outil est que lrsquoun ou lrsquoautre de ces modegraveles est relativement simple agrave mobiliser fondeacute sur des ap-proches scientifiques ainsi que sur des ensembles de donneacutees reconnus agrave lrsquoeacutechelle mondiale

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le cadre de lrsquooutil sont des donneacutees sur la localisation la su-perficie des terres le type et lrsquointensiteacute drsquoutilisation des terres (tonnes acheteacutees gestion de la production rendements locaux) ougrave lrsquoentreprise ou ses fournis-seurs produisent ou extraient une matiegravere premiegravere Si des donneacutees de localisation preacutecise de la production ne sont pas disponibles lrsquooutil BIM utilise la situation la plus pessimiste pour la biodiversiteacute dans le pays de provenance en attribuant un lieu ougrave lrsquoimpact est supposeacute ecirctre le plus eacuteleveacute

Concernant la preacutecision de la relation entre activi-teacutes et pressions lrsquooutil BIM integravegre une mesure directe et spatialement explicite de lrsquoutilisation des terres pour la production de matiegraveres premiegraveres Les erreurs ou les incertitudes sont a priori faibles dans le cas ougrave les donneacutees sont fournies par lrsquoentreprise et sont exactes Toutefois la proceacutedure drsquoassignation drsquoune surface donneacutee associeacutee agrave un type drsquoutilisation des terres et agrave un rendement donneacute nrsquoest pas totalement expliciteacutee dans les meacutethodologies disponibles lors de lrsquoeacutevalua-tion et peut geacuteneacuterer des incertitudes De plus les types drsquoutilisation des terres deacutefinis deacutependent de lrsquoapproche utiliseacutee pour lier pressions et biodiversiteacute (MSA ou BII) ndash on ignore donc au moment de lrsquoeacutevaluation si les types drsquoutilisation des terres choisis par le modegravele per-mettent drsquoestimer avec preacutecision les pressions exerceacutees par lrsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute Au cas ougrave ces donneacutees ne sont pas disponibles la meacutethode de calcul de lrsquoindicateur exige alors drsquoutiliser des donneacutees externes potentiellement moins preacutecises

La sensibiliteacute de la relation entre activiteacutes et pressions semble veacuterifieacutee car lrsquooutil BIM permet de prendre en compte diffeacuterentes intensiteacutes drsquoutilisation des terres Cela neacutecessite toutefois des donneacutees preacute-cises Au cas ougrave ces donneacutees ne sont pas disponibles le fait de supposer que lrsquoutilisation des terres est in-tense devrait limiter la sous-estimation des impacts

Quant agrave la fiabiliteacute de la relation activiteacutes-pres-sions lrsquooutil BIM incorpore une mesure spatialement explicite robuste et quantifiable du lien entre activiteacutes et pressions lieacutees agrave lrsquoutilisation des terres Toutefois elle deacutepend de la qualiteacute des donneacutees fournies et de lrsquoapproche utiliseacutee (MSA ou BII)

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil BIM pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre ACV croiseacute avec le cadre PER Il utilise la mecircme formule que pour lier activiteacutes et pressions Impact sur la bio-diversiteacute (HAeq) = Superficie de terres times Quantiteacute de biodiversiteacute impacteacutee times Qualiteacute ou importance de la biodiversiteacute impacteacutee Lrsquoimpact des activiteacutes sur la bio-diversiteacute est donc caracteacuteriseacute par la pondeacuteration des

surfaces de terres neacutecessaires pour fournir les matiegraveres de base drsquoun produit ou drsquoun service en fonction de leurs effets sur la quantiteacute de perte de biodiversiteacute et la qualiteacute ou lrsquoimportance de la biodiversiteacute

Deux meacutetriques sont utiliseacutees dans lrsquooutil BIM la quantiteacute de biodiversiteacute impacteacutee et la qualiteacute de bio-diversiteacute impacteacutee La quantiteacute de biodiversiteacute impac-teacutee est caracteacuteriseacutee par la proportion de la biodiversiteacute perdue pour ce type drsquoutilisation des terres par rapport agrave un type drsquoeacutecosystegraveme originel ou naturel (eacutetat de reacutefeacuterence) Sa meacutethode de calcul nrsquoest pas claire au moment de lrsquoeacutevaluation car deux versions meacutethodolo-giques sont disponibles Lrsquoune repose sur lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (Biodiversity Intactness Index BII) Ces meacutetriques utiliseacutees sont indicatrices du caractegravere naturel drsquoun espace en reacutefeacuterence agrave lrsquointeacutegriteacute de lrsquoeacutecosystegraveme ou de lrsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute

La qualiteacute ou lrsquoimportance de la biodiversiteacute im-pacteacutee correspond agrave lrsquoimportance mondiale relative du niveau de biodiversiteacute impacteacutee Elle repose sur la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition drsquoespegraveces (Range Rarity) rareteacute deacutetermineacutee sur des mailles drsquoenviron 1 km2 et scoreacutee pour quatre groupes taxonomiques eacutevalueacutes sur la Liste rouge de lrsquoUICN les amphibiens les mam-mifegraveres les oiseaux et les conifegraveres Les zones qui abritent un grand nombre drsquoespegraveces etou des espegraveces agrave faible aire de reacutepartition obtiennent un score plus eacuteleveacute Cette meacutetrique est une mesure de richesse cor-rigeacutee en fonction du poids des espegraveces individuelles et de la taille globale de lrsquoaire de reacutepartition

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIM est qursquoil fournit une mesure quantifiable de lrsquoimpact des activiteacutes drsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute dans une zone donneacutee avec des pondeacuterations pour la quantiteacute de biodiversiteacute et lrsquoimportance de la biodiver-siteacute impacteacutee tout en utilisant des meacutetriques reconnues (MSA ou BII et Range Rarity) Les meacutetriques utiliseacutees permettent aussi de mesurer lrsquoefficaciteacute potentielle des solutions et donc drsquoaider les acteurs agrave orienter les actions des contributions positives agrave la biodiversiteacute

La meacutethodologie de lrsquooutil BIM preacutesente toutefois des limites Les impacts sont mesureacutes aux niveaux eacutecoreacutegional ou national et ne permettent pas de quan-tifier les impacts agrave une eacutechelle spatiale plus fine Cela peut limiter lrsquoidentification de changements appro-prieacutes (reacuteorientation des processus de production ou mesures in situ de gestion et de conservation) Concer-nant drsquoautres limites de lrsquooutil elles sont surtout in-heacuterentes aux meacutethodes utiliseacutees ndash notamment sur la faccedilon dont les donneacutees sur la biodiversiteacute sont traiteacutees pour eacutetablir dans le cadre de GLOBIO un lien entre les pressions individuelles et la MSA (et probablement

aussi le BII) Parmi les eacutetapes pouvant conduire agrave des biais citons choix et prise en compte drsquoeacutecosystegravemes de reacutefeacuterence dans un contexte non-stationnaire prise en compte de lrsquoincertitude sur les abondances indivi-duelles relations pressions ndash impacts de nature cor-reacutelationnelle plus que veacuteritablement causale meacuteta-analyses donneacutees deacuteseacutequilibreacutees entre pressions et groupes taxonomiques reacuteponses ou sensibiliteacutes va-riables selon les groupes taxonomiques relations glo-bales moyennes geacuteneacuteralement ajusteacutees ne permettant pas de prendre en compte les variations des relations pressions ndash impacts dans lrsquoespace ou dans le temps De plus toutes les meacuteta-analyses ne sont pas publieacutees

Enfin lors de lrsquoeacutevaluation la mesure de la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition nrsquoest disponible que pour quatre groupes taxonomiques et parmi les taxons veacutegeacutetaux uniquement pour les conifegraveres Cela peut ecirctre une forte limitation agrave lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes lieacutees agrave la production de marchandises dans les zones forestiegraveres

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil GBS pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation de GLOBIO

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees dans les meacute-thodes pour calculer la MSA ou le BII et reprises dans lrsquooutil BIM proviennent de GLOBIO3 pour le calcul

Abondance moyenne des espegravecesMean Species Abundance (MSA) et Index drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacuteBiodiversity Intactness Index (BII)

La MSA peut ecirctre compareacutee au BII indicateur de lrsquoabondance moyenne drsquoun ensemble impor-tant et diversifieacute drsquoorganismes dans une zone geacuteographique donneacutee par rapport agrave leurs popu-lations de reacutefeacuterence

Les principales diffeacuterences entre le MSA et le BII sont les suivantes 1 chaque hectare a le mecircme poids dans la MSA alors que le BII donne plus de poids aux zones riches en espegraveces 2 la MSA normalise lrsquoabondance par rapport agrave la si-tuation non perturbeacutee pour chaque espegravece alors que le BII le fait au niveau du groupe drsquoespegraveces 3 les abondances normaliseacutees contribuant agrave la MSA ne peuvent deacutepasser 1 ndash crsquoest-agrave-dire lrsquoeacuteco-systegraveme non perturbeacute est par construction ce-lui avec plus de biodiversiteacute ndash alors qursquoelles le peuvent dans le cas du BII 4 les types drsquoutili-sation des terres distingueacutes avec le BII dans ses derniers deacuteveloppements sont plus nombreux et semblent plus preacutecis que ceux de la MSA

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

de la MSA et semblent provenir des reacutesultats publieacutes dans Newbold et al 2015 ou pourraient provenir de la base de donneacutees PREDICTS pour le calcul du BII ndash mais ceci reste agrave confirmer Les donneacutees utiliseacutees pour eacutetablir la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition drsquoespegraveces reposent sur les donneacutees de lrsquoUICN

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci semble significative mais avec des intervalles de confiance assez larges

Pour la sensibiliteacute de la relation entre pressions et impacts la meacutethodologie de lrsquooutil est baseacutee sur un seul type de pression (utilisation des terres) mais plutocirct bien ventileacute De ce fait lrsquooutil BIM semble ecirctre plutocirct sensible si le lien initial entre activiteacutes et type drsquoutilisation des terres est clair

Lrsquooutil BIM dont la meacutethodologie repose sur des modegraveles statistiques et des relations moyennes (dans le cas de lrsquoutilisation de GLOBIO) pour lier pressions et impacts ne permet pas a priori de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion

La fiabiliteacute et le niveau de reproductibiliteacute de la meacutethode deacutependent de la meacutetrique choisie la MSA ou le BII

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Le peacuterimegravetre temporel peut varier en fonction de lrsquoap-plication de la meacutethode Les eacutevaluateurs soulignent toutefois que les modegraveles pressions ndash impacts sont essentiellement stationnaires mais que les relations entre pressions et impacts ont eacuteteacute ajusteacutees sur la base de donneacutees passeacutees reacutecentes

Au niveau spatial lrsquoeacutechelle de lrsquooutil BIM est dans les documents consulteacutes pour lrsquoeacutevaluation lrsquoeacutecoreacutegion Les reacutesultats sont ensuite agreacutegeacutes pour produire un score national pour diffeacuterents produits Les eacutecoreacutegions sont de taille approprieacutee suffisamment petites pour que le type drsquoeacutecosystegraveme et la laquo qualiteacute raquo de la biodiver-siteacute y soient coheacuterents et suffisamment grandes pour qursquoil ne soit pas neacutecessaire de disposer drsquoinformations preacutecises sur la source des produits Cependant une telle eacutechelle ne permet pas de quantifier les impacts provenant de sites drsquoapprovisionnement speacutecifiques agrave une eacutechelle spatiale plus fine Cependant la meacutetrique MSA peut en principe fonctionner agrave nrsquoimporte quelle eacutechelle spatiale Cela rend lrsquooutil flexible

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil BIM sont les populations drsquoespegraveces au niveau des communauteacutes mais sans appreacutehension claire des interactions ou des deacutependances entre es-pegraveces La dimension de la biodiversiteacute prise en compte dans lrsquooutil est la composition agrave travers lrsquoabondance

drsquoespegraveces Si cette dimension est bien adapteacutee pour eacutetablir un lien avec les questions drsquoextinction drsquoes-pegraveces et drsquoeacuterosion de la biodiversiteacute elle lrsquoest moins pour eacutetablir un lien avec des questions fonctionnelles ou eacutevolutives Au moment de lrsquoeacutevaluation il nrsquoy pas drsquoespegraveces particuliegraveres prises en compte pour le calcul de lrsquoindicateur et selon la meacutetrique utiliseacutee (MSA ou BII) les groupes taxonomiques pris en compte dif-fegravere drsquoune meacutethode agrave lrsquoautre ne couvrant pas toute la biodiversiteacute De plus si lrsquooutil mobilise GLOBIO pour calculer la MSA alors il srsquoagit drsquoimpacts potentiels et non pas reacuteels Enfin les eacutevaluateurs rappellent que de nombreuses pressions lieacutees agrave la production de matiegraveres premiegraveres font deacutefaut pour le calcul de lrsquoindicateur

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

De maniegravere geacuteneacuterale lrsquooutil BIM preacutesente des avan-tages pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute de par sa couverture potentiellement mondiale et sa couverture de nombreux taxons Il permet la compa-raison entre les reacutegions du monde entier et potentiel-lement dans le temps Toutefois la meacutethodologie et les sources de donneacutees employeacutees dans lrsquooutil BIM manquent de clarteacute lors de lrsquoeacutevaluation plusieurs versions de la meacutethodologie circulent avec des varia-tions sur les meacutethodes et les meacutetriques utiliseacutees (MSA ou BII) et peu de deacutetails sont fournis Selon la meacutethode employeacutee il y a diffeacuterents biais potentiels et lrsquooutil ne reflegravete pas la dynamique temporelle de la biodiversiteacute Une autre limite meacutethodologique concerne la couver-ture en taxons srsquoils sont nombreux ils sont toutefois diffeacuterents entre la composante laquo quantiteacute de biodiver-siteacute raquo et la composante laquo qualiteacute de la biodiversiteacute raquo de sorte que le reacutesultat de la combinaison des deux nrsquoest pas tregraves clair Il existe donc une incertitude sur la par-tie de la biodiversiteacute bien repreacutesenteacutee par lrsquoindicateur

Il nrsquoy a pas de valeur cible agrave proprement parler Lrsquoobjectif eacutetant drsquoameacuteliorer les pratiques et reacuteduire les impacts en diminuant les pressions (reacuteduction de la superficie des terres diminution de lrsquointensiteacute de ges-tion changement de lieux drsquoapprovisionnement)

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil BIM reste lrsquoeacuteva-luation des impacts potentiels de la production de ma-tiegraveres premiegraveres et lrsquoidentification de points critiques ougrave intervenir pour les reacuteduire Il peut srsquoappliquer agrave la notation a posteriori ou encore servir agrave comparer les investissements Toutefois la meacutethodologie de lrsquooutil BIM nrsquoest pas baseacute sur des donneacutees de biodiversiteacute reacuteelles mais sur des donneacutees modeacuteliseacutees agrave des degreacutes divers selon que la meacutethode mobilise la meacutethode GLO-

BIO pour le calcul de la MSA ou la meacutethode de calcul du BII Cela permet uniquement de comparer les im-pacts modeacuteliseacutes (potentiels attendus) sur la biodiver-siteacute pour diffeacuterentes entreprises qui srsquoapprovisionnent pour un(des) mecircme(s) produit(s) ou encore de com-parer entre diffeacuterents endroits drsquoapprovisionnement pour une ou plusieurs entreprises

Selon les eacutevaluateurs le secteur public dans son ensemble nrsquoest peut-ecirctre pas le plus approprieacute pour appliquer cet outil Par ailleurs selon les eacutevaluateurs lrsquooutil BIM pourrait ecirctre approprieacute pour suivre par-tiellement les objectifs qui visent agrave laquo reacuteduire les pres-sions directes sur la biodiversiteacute et agrave promouvoir lrsquouti-lisation durable raquo Toutefois une eacutevaluation prudente de la MSA par rapport agrave la moyenne geacuteomeacutetrique de lrsquoabondance doit ecirctre effectueacutee avant une inteacutegration au suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en compleacutetant cette approche par des ap-proches plus fonctionnelles et eacutevolutives

En termes meacutethodologiques les concepteurs doivent indiquer clairement quelle meacutetrique est utili-

seacutee au niveau eacuteleacutementaire (MSA ou BII) et travailler agrave lrsquoameacutelioration des biais inheacuterents

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Alkemade R Van Oorschot M Miles L Nelle-mann C Bakkenes M et al 2009 GLOBIO3 A frame-work to investigate options for reducing global terres-trial biodiversity loss Ecosystems 12 374-390 httpsdoiorg101007s10021-009-9229-5 bull Newbold T Hudson L Hill S Contu S Lysenko I et al 2015 Global effects of land use on local ter-restrial biodiversity Nature 520 45-50 httpsdoiorg101038nature14324bull Santini L Belmaker J Costello M Pereira H Rossberg A et al 2017 Assessing the suitability of di-versity metrics to detect biodiversity change Biological Conservation 213 341-350 httpsdoiorg101016jbiocon201608024bull Scholes RJ Biggs R 2005 A biodiversity intactness index Nature 434 45-49 httpsdoiorg101038nature03289bull Van Strien AJ Soldaat LL Gregory RD 2012 Desirable mathematical properties of indicators for biodiversity change Ecological Indicators 14 202-208 httpsdoiorg101016jecolind201107007

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

235 Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Species Threat Abatement Recovery (STAR) eacutetait en cours de deacuteve-loppement Lrsquooutil drsquoabord agrave destination du secteur financier vise agrave eacutevaluer les impacts ex-ante (risques) ou ex-post (beacuteneacutefices) drsquoinvestissements agrave diffeacuterentes eacutechelles et sur diffeacuterentes peacuteriodes (futurs projets ou opeacuterations sur site ou encore investissements pour reacuteduire des pressions) Lors de lrsquoeacutevaluation le module drsquoestimation ex-post eacutetait en deacuteveloppement Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil relegraveve plutocirct des projets entre-prises et eacutetats Dans la version eacutevalueacutee les milieux pris en compte sont les milieux terrestres Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions directes prises en compte lrsquooutil STAR retient celles de la Classification unifieacutee des menaces directes eacutetablie par lrsquoUICN en partena-riat avec le Conservation Measures Partnership (CMP) (voir paragraphe suivant) deacuteveloppement reacutesidentiel et commercial agriculture et aquaculture produc-tion drsquoeacutenergie et exploitation miniegravere utilisation des ressources biologiques intrusion et perturbations hu-maines modifications du systegraveme naturel espegraveces envahissantes et autres espegraveces gegravenes et maladies po-sant problegraveme pollution eacuteveacutenements geacuteologiques changement climatique et eacuteveacutenements extrecircmes Une deacuteclinaison reacutegionale des pressions et de leurs interac-tions (effets synergiques ou contradictoires) est identi-fieacutee comme une piste majeure drsquoameacutelioration de lrsquooutil

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil STAR se base sur le modegravele PER Il mobilise la formule suivante Pour-centage de la population totale drsquoune espegravece sur le site drsquointeacuterecirct (P) times Pondeacuteration de la cateacutegorie de la Liste rouge UICN des espegraveces (W) times Contribution relative de chaque pression (R) Le lien entre activiteacutes et pres-sions est lieacute agrave la cateacutegorie agrave laquelle appartient une ac-tiviteacute en suivant la Classification unifieacutee des menaces directes eacutetablie par lrsquoUICN en partenariat avec le CMP (Threats classification scheme v32 et Standard lexicon associeacute) (Salafsky et al 2008)

Un des principaux avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil STAR est qursquoelle fournit un score unique quantitatif tenant compte drsquoenjeux globaux et locaux De plus le calcul permet de prendre en compte les dispariteacutes de reacuteponses aux pressions entre espegraveces

Elle preacutesente toutefois des limites car lrsquooutil est centreacute sur les espegraveces classeacutees sur la Liste rouge de

lrsquoUICN donc limiteacute agrave un nombre relativement restreint de taxons et preacutesente une forte sensibiliteacute agrave la qua-liteacute des donneacutees disponibles De plus la formule ne prend pas en compte les interactions possibles entre pressions

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees dans lrsquoou-til STAR sont des donneacutees drsquoentreprises sur les sites drsquointeacuterecirct les donneacutees de la Liste rouge des espegraveces menaceacutees de lrsquoUICN les donneacutees de classification des menaces des donneacutees de modeacutelisation de distribu-tion drsquoespegraveces lorsqursquoelles sont disponibles (approche Extent of Suitable Habitat) et les donneacutees de distribu-tion drsquoespegraveces de lrsquoUICN Cependant si des donneacutees de distribution plus preacutecises sont disponibles celles-ci sont privileacutegieacutees pour le calcul de lrsquoindicateur

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions est assez difficile agrave eacutetablir et agrave eacutevaluer le lien est lieacute agrave une cateacutegorisation des pressions et lrsquooutil ne comporte pas de calcul de marge drsquoerreur Il nrsquoy a pas de relation entre lrsquointensiteacute drsquoune activiteacute et le niveau de pression (mais de toutes les activiteacutes qui sont agrave lrsquoorigine de cette pression)

La sensibiliteacute de la relation activiteacutes-pressions ne peut ecirctre eacutetablie que dans le cadre drsquoune analyse ex-post ougrave on observe lrsquoeacutevolution des pressions agrave partir de lrsquoapplication de mesures de reacuteduction Les diffeacute-rences de situations sont implicitement prises en compte dans lrsquooutil agrave travers la liste des espegraveces et des pressions mais lrsquoindicateur reacutesultant est un score agreacutegeacute qui ne reflegravete pas ces dispariteacutes

Le calcul est reproductible en suivant la meacutethodo-logie mais la fiabiliteacute de la relation entre les activiteacutes et les pressions pose question En effet elle repose sur les donneacutees (qualiteacute couverture) et la pertinence locale de pressions identifieacutees agrave une eacutechelle globale Une deacuteclinaison des pressions agrave eacutechelle reacutegionale et un effort de collecte de donneacutees sur les espegraveces sous-eacutechantillonneacutees seraient neacutecessaires

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil STAR pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre PER Il utilise la mecircme formule que pour lier activiteacutes et pressions Pourcentage de la population totale drsquoune espegravece sur le site drsquointeacuterecirct (P) times Pondeacuteration de la cateacutegorie de la Liste rouge UICN des espegraveces (W) times Contribution relative de chaque pression (R)

Les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil STAR sont la preacutesence drsquoespegraveces menaceacutees le pour-centage de la population totale de chaque espegravece sur le site drsquointeacuterecirct et le risque drsquoextinction Le pourcentage de la population totale de chaque espegravece sur le site

drsquointeacuterecirct est calculeacute pour les groupes taxonomiques pleinement eacutevalueacutes et comprend des espegraveces laquo quasi menaceacutees raquo Le risque drsquoextinction est calculeacute agrave lrsquoaide de la notation de la Liste rouge de lrsquoUICN sur la porteacutee et la seacuteveacuteriteacute des pressions pour les menaces actuelles ou agrave venir en excluant les espegraveces menaceacutees unique-ment en raison de leur petite taille de population Lors de lrsquoeacutevaluation lrsquoeacutevaluation complegravete des pressions nrsquoeacutetait disponible que pour les oiseaux mais eacutetait en deacuteveloppement pour drsquoautres taxons

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil STAR est de reposer sur des outils connus de caracteacute-risation et quantification de la biodiversiteacute agrave lrsquoeacutechelle globale et sur de nombreux protocoles existants per-mettant une eacutevaluation locale compleacutementaire

Elle preacutesente toutefois des limites notamment au moment de lrsquoeacutevaluation celle de ne bien prendre en compte les menaces et pressions que pour les oiseaux et lrsquoagreacutegation de plusieurs sources de donneacutees fait eacutemerger des incertitudes De plus il nrsquoy a pas de prise en compte explicite des fonctions et des interactions entre compartiments de biodiversiteacute

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees par lrsquooutil STAR sont les donneacutees de la Liste rouge des espegraveces menaceacutees de lrsquoUICN et des donneacutees deacuteriveacutees cartes drsquoaires de reacutepartition des espegraveces ou drsquoeacutetendue drsquoha-bitat approprieacute menaces et leur statut indications sur le lieu des investissements agrave eacutevaluer Des donneacutees compleacutementaires (menaces utilisation des terres) peuvent ecirctre neacutecessaires selon lrsquoeacutechelle drsquoeacutevaluation Les eacutevaluateurs notent que la connaissance des distri-butions geacuteographiques des populations globales des espegraveces nrsquoest pas homogegravene et que la connaissance des pressions diffegravere entre espegraveces

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute celle-ci est eacutevalueacutee en fonction de deux critegraveres mais sans mesure drsquoin-certitude la porteacutee de la pression (proportion drsquoes-pegraveces impacteacutees) et la seacuteveacuteriteacute de la pression (degreacute de diminution de la population concerneacutee) Le lien entre pressions et impacts est fait suivant une nomenclature globale mais certaines pressions peuvent ne pas ecirctre pertinentes agrave lrsquoeacutechelle locale

La relation entre pressions et impacts nrsquoest pas reacuteel-lement sensible Si lrsquooutil permet structurellement de diffeacuterencier des situations diffeacuterentes (ensemble des pressions sur un site et facteur de pondeacuteration) le calcul de lrsquoindicateur final reste trop inteacutegratif pour rendre compte des dispariteacutes Le niveau de pression est un score mais il nrsquoy a pas de fonction qui permette de traduire une augmentation drsquoune uniteacute de pression en une eacutevolution directe du niveau de menace pour une espegravece

Lrsquooutil STAR est peu susceptible de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute ou de deacutetecter des changements inhabituels du fait de sa reacutesolution (agreacutegation des donneacutees agrave lrsquoeacutechelle globale)

En termes de reproductibiliteacute et de fiabiliteacute on retrouve la mecircme appreacuteciation que pour la relation activiteacutes-pressions

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

La reacutesolution temporelle de lrsquoindicateur est dicteacutee en grande partie par la reacutesolution temporelle des donneacutees UICN Notons que lrsquoeacutevaluation des pressions et des impacts se fait gracircce agrave un score construit sur la seacuteveacute-riteacute et la porteacutee de la pression qui sont eacutevalueacutees sur des peacuteriodes de 10 ans ou de 3 geacuteneacuterations

Au niveau spatial lrsquooutil est flexible et peut srsquoap-pliquer aux eacutechelles site reacutegion pays les limites eacutetant lieacutees agrave la disponibiliteacute des donneacutees globales ou locales

En termes de niveau drsquoorganisation et de dimen-sion de la biodiversiteacute lrsquooutil STAR prend en compte la composition en espegravece Lrsquooutil STAR nrsquointegravegre pas de dimensions fonctionnelle eacutevolutive ou encore deacutemo-graphique Au moment de lrsquoeacutevaluation toute espegravece drsquooiseaux faisant lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation dans la Liste rouge UICN avec des donneacutees de distribution fiables et agrave jour est consideacutereacutee ndash mais lrsquointeacutegration drsquoautres taxa (notamment mammifegraveres et amphibiens) eacutetait encore en deacuteveloppement

Ainsi en se focalisant sur les espegraveces menaceacutees eacutevalueacutees et sur un impact sur la composition baseacute sur la taxonomie et les distributions spatiales lrsquooutil nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute

Lrsquoindicateur reacutesultant est quantitatif spatialement explicite et integravegre une pondeacuteration lieacutee au statut des espegraveces Sa structure additive permet une deacutecompo-sition des enjeux en termes drsquoespegraveces et de pressions et permet la comparaison entre peacuteriodes de temps et entiteacutes geacuteographiques Les eacutevaluateurs soulignent aussi que lrsquoindicateur se place dans le paradigme de la durabiliteacute forte on ne peut observer un gain de biodiversiteacute sans restaurer du capital naturel au sens large crsquoest-agrave-dire en reacuteduisant des pressions ou en res-taurant effectivement des eacutecosystegravemes

Le calcul de lrsquoindicateur preacutesente toutefois quelques limites heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute des donneacutees taxa peu repreacute-sentatifs et peu sensibles au moment de lrsquoeacutevaluation lien entre pressions (menaces) et impacts eacutetablis selon une nomenclature globale qui peut ne pas ecirctre perti-nente pour eacutevaluer les impacts locaux Les eacutevaluateurs notent que lrsquooutil est davantage focaliseacute sur les pres-sions et construit dans une optique drsquoarbitrage entre

4948

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

plusieurs sceacutenarios drsquoinvestissements ndash mais un outil compleacutementaire focaliseacute sur les impacts drsquoactions de restauration (outil Restoration component) eacutetait en deacuteveloppement lors de lrsquoeacutevaluation Agrave ce titre ils pointent aussi le fait que la conversion drsquoimpacts sur des espegraveces diffeacuterentes ndash et a fortiori drsquoeacutecosystegravemes diffeacuterents ndash en une uniteacute unique implique le risque de voir se concentrer avec une logique coucirct-efficaciteacute les investissements dans des zones ougrave des eacutecosystegravemes moins coucircteux que drsquoautres agrave restaurer si lrsquooutil est utiliseacute pour eacutevaluer des impacts de restauration

La freacutequence pour reacutepeacuteter le calcul est agrave ajuster suivant le contexte Dans le cas drsquoun projet la meacute-thodologie preacuteconise de faire une eacutetude ex-ante pour deacuteterminer la meilleure opportuniteacute drsquoinvestissement puis de faire une eacutetude ex-post au moins 5 ans apregraves lrsquoinvestissement pour observer les beacuteneacutefices reacuteels sur la biodiversiteacute

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Les eacutetapes du calcul et les sources de donneacutees sont clairement deacutecrites et transparentes dans la meacutetho-dologie Le calcul de lrsquoindicateur est simple et clair lrsquoutilisation de donneacutees issues de lrsquoUICN facilite aussi son appropriation les biais et sources drsquoincertitudes sont eacutevalueacutes et des solutions sont proposeacutees par les concepteurs Crsquoest eacutegalement un outil inteacutegratif dont la meacutethodologie est deacuteclinable agrave plusieurs eacutechelles dans la limite de la reacutesolution des donneacutees disponibles permet la comparaison entre types de pressions et impacts associeacutes avant et apregraves investissements des comparaisons entre des zones geacuteographiques ou des pas de temps diffeacuterents ou encore une deacutecomposition des enjeux en termes drsquoespegraveces et de pressions

Outre les limites eacutevoqueacutees ci-dessus les eacuteva-luateurs soulignent que les pressions sont prises en compte de faccedilon additive alors qursquoelles peuvent in-teragir ajoutant ainsi de lrsquoincertitude sur le reacutesultat Enfin dans le cadre drsquoune eacutevaluation comparative spatiale ou temporelle le changement de statut sur la Liste rouge des espegraveces ou des changements taxono-miques doivent ecirctre soit ignoreacutes soit conduire agrave un re-calcul systeacutematique de lrsquoindicateur De plus le fait de pondeacuterer le potentiel de conservation de chaque es-pegravece par un facteur lieacute agrave son statut de conservation nrsquoa pas drsquoeffet lineacuteaire sur lrsquoindicateur et crsquoest une source drsquoimpreacutecision suppleacutementaire

Lrsquoindicateur nrsquoest pas tenu agrave une gamme de valeurs clairement deacutefinie ce qui peut compliquer son inter-preacutetation mecircme si plus il est eacuteleveacute plus le potentiel de retour sur investissement lieacute agrave la reacuteduction ou lrsquoeacutelimination drsquoune pression est important Une stan-dardisation suppleacutementaire (par exemple via sa valeur ex-ante ou une valeur maximum) aiderait

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil STAR au mo-ment de lrsquoeacutevaluation reste la comparaison entre des strateacutegies drsquoinvestissement afin drsquoappuyer la deacutecision pour obtenir des reacutesultats en matiegravere de conservation de la biodiversiteacute Des deacuteveloppements sont en cours pour lrsquoeacutevaluation ex-post

La meacutethodologie de lrsquooutil STAR est flexible de sorte que lrsquooutil pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public pour tout usage neacutecessitant de srsquointeacuteresser aux niveaux espegravece ou assemblage drsquoespegraveces et dans une approche de type Before After Control Impact (BACI)

Selon les eacutevaluateurs lrsquooutil pourrait srsquoinseacuterer dans le suivi drsquoobjectifs de deacuteveloppement durable (ODD) lieacutes agrave la conservation de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en le couplant lors des eacutevaluations sur sites avec drsquoautres indicateurs notamment fonctionnels

En termes meacutethodologiques les eacutevaluateurs notent que les concepteurs ont identifieacute les limites de lrsquooutil et proposent des pistes drsquoameacutelioration inteacutegration de plus de taxa deacuteveloppement drsquoune extension pour les actions de restauration incorporation des espegraveces en danger mecircme si non-soumises agrave des pressions Pour la partie laquo distributions drsquoespegraveces raquo elle pourrait pas-ser par des modegraveles de distribution et non de donneacutees brutes mais cette option ajouterait de lrsquoincertitude ndash agrave calculer pour avoir une ideacutee du domaine de validiteacute Dans tous les cas un effort particulier est neacutecessaire sur lrsquoacquisition de donneacutees afin drsquoadapter lrsquoindicateur aux contextes locaux en particulier la pertinence des pres-sions identifieacutees sur un site pour une espegravece donneacutee Par ailleurs la standardisation de lrsquoindicateur pourrait ecirctre eacutetudieacutee afin de le borner agrave une gamme de valeurs

Drsquoun point de vue pratique une proceacutedure drsquoac-compagnement des utilisateurs dans une politique drsquoinvestissement serait utile ndash par exemple en inseacuterant le STAR dans une proceacutedure drsquoanalyse coucirct-efficaci-teacute ou en reacutefleacutechissant agrave la place de lrsquooutil dans une politique de no-net-loss suivant la seacutequence Eacuteviter Reacuteduire Compenser (ERC)

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Hayward MW Boitani L Burrows ND Funston PJ Karanth KU MacKenzie DI hellip Yarnell RW (2015) FORUM Ecologists need robust survey de-signs sampling and analytical methods Journal of Applied Ecology 52(2) 286-290 httpsdoiorg 1011111365-266412408bull Herkt K M B Skidmore A K Fahr J Macroe-cological conclusions based on IUCN expert maps A call for caution Global Ecology and Biogeography 26 930ndash941 (2017) httpsdoiorg101111geb12601

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

236 Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Indi-cator for Extractive Company (BIEC) eacutetait au stade de deacuteveloppement avec des projets pilotes meneacutes en col-laboration avec des entreprises gaziegraveres et miniegraveres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des sites ndash avec la possibiliteacute drsquoagreacuteger les eacutevaluations agrave lrsquouniteacute opeacuterationnelle et agrave lrsquoentreprise ndash pour les milieux ter-restres et marins Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobi-liseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions prises en compte il srsquoagit pour les pressions directes de lrsquoutilisation des terres (deacuteveloppement reacutesidentiel et commercial agri-culture) le stress hydrique les pollutions et pour les pressions indirectes au sens des activiteacutes de lrsquoen-treprise du changement climatique et des espegraveces envahissantes

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BIEC se base sur le cadre PER pour lier acti-viteacutes et pressions La meacutethodologie repose sur une succession drsquoeacutetapes analyse geacuteospatialiseacutee des sites identifieacutes comme sensibles en termes de biodiversi-teacute en identifiant les chevauchements entre des sites drsquoexploitation caracteacuteriseacutes et des zones tregraves sensibles de biodiversiteacute (preacutesence drsquoespegraveces globalement me-naceacutees drsquoaires proteacutegeacutees et drsquohabitats critiques ou remarquables) eacutevaluation de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des pressions au niveau des sites eacutevaluation drsquoactions visant agrave anticiper ou agrave atteacutenuer la perte de biodiversiteacute sur les sites drsquoexploitation Ces eacutevaluations sont tra-duites en notations puis selon des seuils en scores

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIEC est de fournir degraves la premiegravere eacutetape une vision des sites drsquoexploitation pouvant avoir un impact sur la biodiversiteacute laquo sensible raquo Un autre avantage est lrsquoap-proche par scores qui permet une agreacutegation jusqursquoagrave lrsquoeacutechelle de lrsquoentreprise utile pour rendre compte de la performance et communiquer

Elle preacutesente toutefois des limites notamment lors de lrsquoeacutevaluation des pressions en termes de tempora-liteacute eacutetendue spatiale et seacuteveacuteriteacute car les notations sont attribueacutees agrave dire drsquoexperts De plus les pressions sont consideacutereacutees de faccedilon indeacutependante et leurs scores addi-tionneacutes ce qui meacuteconnaicirct les interactions potentielles entre pressions et ne permet pas drsquoestimer lrsquoincertitude

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont celles dis-ponibles au niveau mondial (par exemple IBAT Liste rouges des espegraveces de lrsquoUICN Key Biodiversity Areas The World Database on Protected Areas UNEP Ocean Data Viewer) et au niveau local (notamment rela-

tives aux eacutetudes drsquoimpacts et aux plans en faveur de la biodiversiteacute)

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee car cette relation nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la meacutethodologie de lrsquooutil Lrsquoeacuteva-luation geacuteospatialiseacutee des sites sensibles en termes de biodiversiteacute repose sur lrsquohypothegravese discutable pour les eacutevaluateurs que lrsquointersection spatiale entre les sites drsquoexploitation et la distribution de la biodiversiteacute (espegraveces menaceacutees habitats critiques aires proteacutegeacutees) reflegravete la sensibiliteacute de cette derniegravere aux pressions

De mecircme la sensibiliteacute de la relation entre activi-teacutes et pressions ne peut ecirctre eacutevalueacutee Toutefois des eacuteleacutements permettent drsquoindiquer qursquoelle est faible en effet si des seuils quantitatifs sont deacutefinis pour eacuteta-blir des scores aux diffeacuterentes eacutetapes drsquoeacutevaluation ils sont cateacutegoriseacutes de maniegravere grossiegravere (fort moyen faible) limitant fortement la capaciteacute de lrsquoindicateur agrave mettre en valeur des relations activiteacutes ndash pressions de faible intensiteacute

Quant agrave la fiabiliteacute elle ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Lrsquointeacutegration de dire drsquoexperts limite par ail-leurs la reproductibiliteacute

Liens entre les pressions et les impacts

Le cadre mobiliseacute dans lrsquooutil BIEC pour lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute reste celui du PER agrave tra-vers les mecircmes eacutetapes analyse des chevauchements spatiaux entre sites agrave enjeux de biodiversiteacute et sites drsquoexploitation puis eacutevaluation des pressions

Les meacutetriques de biodiversiteacute consideacutereacutees dans lrsquooutil BIEC sont lors de la premiegravere eacutetape la preacute-sence drsquoespegraveces menaceacutees au niveau mondial la preacutesence drsquohabitats critiques tels que deacutefinis par la norme de performance IFC PS6 la preacutesence drsquoaires proteacutegeacutees qursquoelles soient nationales reacutegionales ou internationales

Au cours de la deuxiegraveme eacutetape les informations les plus souvent utiliseacutees sont la taille de la population pour les espegraveces prioritaires La superficie et la qualiteacute des habitats cleacutes dont deacutependent les espegraveces peuvent aussi ecirctre utiliseacutees comme proxy

La meacutethodologie de lrsquooutil BIEC permet de lier des impacts potentiels avec des pressions sans toutefois expliciter les activiteacutes ni les impacts

A cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont toujours des donneacutees disponibles aux niveau international et local

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee en raison de lrsquoapproche qualitative Plusieurs espegraveces sont noteacutees pour lrsquoeacutetat mais le processus de calcul ne retient que les espegraveces pour lesquelles la situation est la pire De plus les scores drsquoeacutetat et de pression sont calculeacutes indeacutependamment sans liaison explicite les

biais de la relation entre les pressions et les impacts ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutes

La sensibiliteacute de la relation entre pressions et impacts ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Si les pressions et les eacutetats sont correctement noteacutes il est theacuteoriquement possible de faire la distinction entre des situations dif-feacuterentes Toutefois la cateacutegorisation des notations aux diffeacuterentes eacutetapes si elle donne une impression de standardisation agrave lrsquooutil reste grossiegravere et susceptible de cacher des reacutealiteacutes tregraves diffeacuterentes rendant la com-paraison entre situations diffeacuterentes tregraves aleacuteatoire et il est possible qursquoil faille des situations contrasteacutees pour obtenir des scores contrasteacutes Ainsi lrsquooutil ne permet pas de deacutetecter des changements preacutecoces ou graduels de biodiversiteacute sa reacutesolution eacutetant trop faible

Enfin la fiabiliteacute et la reproductibiliteacute ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutees Elles deacutependent fortement de la deacutefinition des critegraveres de biodiversiteacute agrave quantifier ndash ce qui fait lrsquoobjet drsquoune concertation avec les acteurs locaux ndash et de la faccedilon dont les experts harmonisent leurs eacutevaluations

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel la meacutethodologie permet drsquoavoir un indicateur ponctuel Les eacutevaluateurs soulignent que le cadre PER est plus destineacute agrave eacutevaluer des chan-gements drsquoeacutetat induit par une laquo reacuteponse raquo (induisant un changement de laquo pression raquo) qursquoagrave fournir un dia-gnostic Pour les eacutevaluateurs ce type drsquooutil a peu de potentiel comme signal drsquoalerte et en outre peut ne pas ecirctre pertinent en cas de changements impreacutevus (par exemple des transitions ou de nouveaux reacutegimes de fonctionnement des eacutecosystegravemes) De plus lrsquoeacutetat consideacutereacute eacutetant lrsquoeacutetat actuel lrsquoeacutevaluation nrsquoest valable que pour le court terme

Au niveau spatial la meacutethodologie de lrsquooutil BIEC permet drsquoeacutevaluer les pressions agrave deux eacutechelles mon-diale pour identifier les sites laquo sensibles raquo et locale avec des eacutevaluations speacutecifiques Il existe toutefois le risque de ne pas relever des sites implanteacutes dans des zones qui ne sont pas identifieacutees comme laquo sensibles raquo mais pourtant agrave forts enjeux de biodiversiteacute (par ex espegraveces milieux ou habitats non proteacutegeacutes et non en danger mais dont la persistance impacte lrsquoensemble des habitats ou espegraveces similaires de la reacutegion par effet de dynamique source-puits) La consultation des acteurs locaux doit limiter ce risque

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil est lrsquoespegravece Concernant les espegraveces prises en compte leur preacutesence sur la Liste rouge de lrsquoUICN est le principal critegravere mentionneacute pour le calcul du BIEC Toutefois il semble possible drsquointeacute-grer drsquoautres cateacutegorisations en fonction des enjeux

locaux mais il nrsquoy a pas drsquoindication particuliegravere (es-pegraveces bioindicatrices cleacutes de voucircte etc) Concernant les dimensions de la biodiversiteacute la distribution spa-tiale des espegraveces la taille des populations et si aucune donneacutee nrsquoest disponible la superficie et la qualiteacute des habitats sont les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte au moment de lrsquoeacutevaluation Communau-teacutes structures et fonctions des eacutecosystegravemes ne sont pas prises en compte Toutefois la meacutethodologie de lrsquooutil semble suffisamment flexible pour incorporer ces niveaux si les enjeux locaux le justifient

La meacutethodologie scalaire et deacutefinie en concertation avec les acteurs locaux permet de guider lrsquoaction au niveau des sites et de communiquer au niveau de lrsquoen-treprise Toutefois lrsquoindicateur reacutesultant nrsquoest pas suf-fisamment informatif pour les publics techniquement avertis au-delagrave de lrsquoanalyse ex-ante lrsquooutil ne rendra pas compte des dynamiques subtiles graduelles ou difficiles agrave mesurer ou seulement lorsque les experts les auront identifieacutees crsquoest-agrave-dire tardivement ndash et pour autant que des suivis soient mis en place

La repreacutesentativiteacute de lrsquoindicateur en matiegravere drsquoim-pacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute deacutepend des choix effectueacutes par les acteurs locaux pour preacuteciser lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute puis estimer les pressions Si la meacutetho-dologie de lrsquooutil BIEC opte pour une approche conser-vatrice ndash en deccedilagrave de 70 lrsquoeacutetat est consideacutereacute comme pauvre au niveau du site le score drsquoeacutetat retenu est celui de lrsquoespegravece preacutesentant le score le plus faible le score de pression est le plus eacuteleveacute ndash elle induit que les scores drsquoeacutetat et de pression ne reflegravetent au final qursquoune pression (eacutevalueacutee comme la plus forte) et une espegravece (agrave lrsquoeacutetat eacutevalueacute le plus mauvais) ce qui nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute Les eacutevaluateurs notent que cet outil peut ecirctre utile en tant que premiegravere approche rapide ou lorsque les enjeux de biodiversiteacute sont simples (peu drsquoespegraveces prioritaires) et les activiteacutes ayant des impacts potentiels bien deacutefinis

La meacutethodologie suggegravere une reacutevision quinquennale mais lrsquoindicateur peut ecirctre mis agrave jour annuellement

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

La meacutethodologie est claire transparente et rigoureuse et la structure de lrsquooutil est simple et ne neacutecessite pas de compeacutetences techniques eacutelaboreacutees pour ecirctre appreacute-hendeacutee La meacutethodologie pour deacutesigner un niveau de base de lrsquoindicateur et sa reacuteeacutevaluation est par ailleurs clairement deacutecrite Cependant le calcul de lrsquoindicateur lui-mecircme est peu preacutecis pour deux raisons il repose sur une vision discregravete des enjeux en trois cateacutegories (fort moyen faible) et non sur un indicateur quanti-

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

tatif ou pseudo-quantitatif et il est flexible afin drsquoadap-ter les indicateurs de sites (eacutetat pressions) aux enjeux locaux Lrsquoeacutetape de consultation des acteurs locaux appelle agrave la vigilance En outre lrsquooutil repose sur un certain nombre drsquohypothegraveses (additiviteacute des scores seacutelection des maxima et minima parmi de multiples caracteacuteristiques drsquoeacutetat et de pression) et de codage (valeurs seuils cateacutegories de scores)

Outre les limites eacutevoqueacutees ci-dessus les eacutevalua-teurs notent que le potentiel de reproductibiliteacute et de comparaison de lrsquoindicateur est limiteacute par son carac-tegravere qualitatif Si le fait drsquoeacutetablir des eacutevaluations drsquoeacutetat et de pression adapteacutees agrave chaque site a un sens lo-calement la cateacutegorisation rend lrsquoindicateur suscep-tible de lisser fortement des dispariteacutes entre sites et limite sa porteacutee pour rendre compte de changements de faible intensiteacute graduels ou non-lineacuteaires Ainsi selon les eacutevaluateurs lrsquooutil BIEC nrsquoest pas suffisant pour appuyer les deacutecisions de gestion dans la plupart des cas en particulier lorsque davantage de consideacute-rations au niveau des eacutecosystegravemes sont neacutecessaires etou de multiples pressions sont en jeu

Il nrsquoy a pas de valeur cible agrave proprement parler celle-ci devant ecirctre deacutefinie au cours du processus de construction de lrsquoindicateur en fonction du site et des enjeux Lrsquoindicateur nrsquoest a priori pas conccedilu pour ef-fectuer des comparaisons entre sites mais pour eacuteva-luer un site donneacute ou un groupe de sites partageant des caracteacuteristiques communes

Selon les eacutevaluateurs cet outil est applicable agrave des projets publics Des modifications visant agrave favoriser

les comparaisons inter-entiteacutes et la prise en compte de lrsquoincertitude seraient neacutecessaires pour que lrsquooutil integravegre le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Selon les eacutevaluateurs les ameacuteliorations agrave apporter sont essentiellement drsquoordre meacutethodologique

Ainsi au niveau des sites lrsquoapproche conservatrice conduit lrsquoindicateur agrave ne refleacuteter qursquoune pression sur une seule espegravece Pour limiter cela il faudrait notam-ment modifier le calcul des scores drsquoeacutetat et de pression afin de pouvoir prendre en compte plusieurs minima et maxima

Une meacutethode de scoring pseudo-quantitatif au lieu de la cateacutegorisation actuelle (faible moyen fort) permettrait de mieux prioriser les enjeux et de rensei-gner lrsquoindicateur de maniegravere plus preacutecise Une standar-disation plus eacuteleveacutee de lrsquoindicateur (par exemple en eacutegalisant le nombre drsquoitems pris en compte lors de la deuxiegraveme eacutetape ou en deacutefinissant une grille drsquoeacutequiva-lences) serait utile

Par ailleurs des instructions tregraves preacutecises des exemples et un processus drsquoapprentissage iteacuteratif sont neacutecessaires pour assurer la coheacuterence des scores entre les groupes drsquoexperts entre les sites et agrave diffeacuterents moments

Une typologie des pressions directement lieacutees aux activiteacutes ainsi qursquoun suivi des eacutetats et des pressions seraient eacutegalement neacutecessaires

237 Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Indica-tor and Reporting System (BIRS) eacutetait utiliseacute par des entreprises du secteur de lrsquoextraction et de la construc-tion (ciment granulats) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des sites ndash avec la possibiliteacute drsquoagreacuteger les eacutevaluations aux niveaux national et global drsquoune entreprise ndash pour les milieux terrestres les zones hu-mides et cocirctiegraveres Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR) Lrsquooutil BIRS repose sur une approche fondeacutee sur lrsquoanalyse des risques eacuteleacute-ment de la meacutethodologie du systegraveme de gestion inteacute-greacutee de la biodiversiteacute (Integrated Biodiversity Mana-gement System IMBS) deacuteveloppeacute par lrsquoUICN

Concernant les pressions prises en compte il srsquoagit de lrsquoeacuterosion des sols les effets neacutegatifs du pacircturage par les animaux domestiques ou sauvages les plantes exotiques envahissantes les effets neacutegatifs de lrsquoexploi-tation de carriegravere ou des activiteacutes associeacutees qui se reacute-percutent dans lrsquohabitat eacutevalueacute lrsquoutilisation incontrocirc-leacutee de ressources naturelles non extraites de carriegraveres le rejet de deacutechets solides non mineacuteraux la pollution de lrsquoeau les menaces causeacutees par des incendies non controcircleacutes Au moment de lrsquoeacutevaluation la pollution des sols ainsi que les perturbations (sonores lumi-neuses) ne sont pas prises en compte

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BIRS se base sur le cadre PER pour lier activiteacutes et pressions Il mobilise la formule suivante Site times Surface total de chaque type drsquohabitat times Facteur de contexte par habitat times Classe de condition de chaque habitat = Indice de classement de lrsquoeacutetat de la biodi-versiteacute du site Cette formule permet de caracteacuteriser la valeur et la condition eacutecologiques des habitats drsquoun site Le lien entre les activiteacutes et les pressions est reacutea-liseacute de maniegravere implicite agrave travers lrsquoattribution drsquoun score de menace pour les habitats Ce score de menace peut ecirctre rapprocheacute des laquo pressions raquo

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquoou-til BIRS est de deacutefinir des scores agrave travers plusieurs eacutetapes reacutealisables par des non-experts et pour tous types drsquohabitats La meacutethodologie permet de combi-ner les scores Elle comprend aussi une eacutetape de nor-malisation baseacutee sur la proportion drsquohabitats naturels drsquoun site concerneacutes par au moins une pression afin de prendre en compte les diffeacuterences de taille entre les sites de comparer les niveaux de menaces de sites de tailles diffeacuterentes

Elle preacutesente toutefois des limites notamment le fait que lrsquooutil se concentre sur les modifications de la

qualiteacute des habitats et que la meacutethodologie est qualita-tive avec lrsquoattribution de scores par dire drsquoexperts De plus les zones fortement deacutegradeacutees telles que les sites opeacuterationnels les parois des carriegraveres les zones de restauration et les zones rudeacuterales se voient attribuer un score par deacutefaut Par conseacutequent ces espaces ne font pas partie du score de menace du site et ne sont pas eacutevalueacutes Le score par deacutefaut de certaines de ces zones varie au cours du temps en fonction du nombre drsquoanneacutees eacutecouleacutees depuis lrsquoarrecirct de lrsquoexploitation cela peut avoir une grande influence sur les changements temporels de lrsquoindicateur qui en reacutesulte

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont des don-neacutees collecteacutees in situ pour le suivi de lrsquoeacutetat des habi-tats et des menaces Ces donneacutees peuvent ecirctre collec-teacutees par des non-experts ndash agrave condition qursquoun expert soit preacutesent lors de la phase de preacuteparation pour assurer une formation (compeacutetences neacutecessaires deacutefinitions arbre de deacutecision questionnaires sont proposeacutes) ndash ou ecirctre issues drsquoeacutevaluations drsquoimpact environnemental et socieacutetal La typologie des habitats a eacuteteacute eacutetablie de faccedilon ad hoc avec une table de correspondance avec la clas-sification de la Liste rouge des habitats de lrsquoUICN Une deacutefinition des habitats et un arbre preacutecis de deacutecision permettant de deacuteterminer les habitats sont fournis

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions est difficile agrave eacutevaluer car cette relation nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la meacutethodologie de lrsquooutil Les huit ca-teacutegories de menaces qui sont listeacutees recouvrent une large gamme drsquoactiviteacutes mais chacune ne repreacutesente pas tant une seule activiteacute que diffeacuterents types de pressions

De mecircme la sensibiliteacute de la relation entre activi-teacutes et pressions est difficile agrave eacutevaluer La meacutethodologie de lrsquooutil BIRS permet de relier une activiteacute donneacutee agrave plusieurs types de pression et agrave plusieurs activiteacutes de geacuteneacuterer les mecircmes pressions Chaque activiteacute peut ensuite ecirctre deacutecrite agrave travers un profil de pressions

Quant agrave la fiabiliteacute elle ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Des mesures plus quantitatives sont neacuteces-saires au-delagrave de la simple cateacutegorisation employeacutee dans lrsquooutil BIRS Lrsquointeacutegration de dire drsquoexperts limite par ailleurs la reproductibiliteacute

Liens entre les pressions et les impacts

Le cadre mobiliseacute dans lrsquooutil BIRS pour lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute reste celui du PER agrave tra-vers la mecircme formule Site times Surface totale de chaque type drsquohabitat times Facteur de contexte par habitat times Classe de condition de chaque habitat = Indice de classement de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute du site Le lien entre les pressions et les impacts sur la biodiversiteacute est eacutetabli agrave partir de la matrice de risques pour la biodi-versiteacute issue de la meacutethodologie du systegraveme de gestion

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

inteacutegreacutee de la biodiversiteacute (Integrated Biodiversity Ma-nagement System IMBS) deacuteveloppeacute par lrsquoUICN Cet eacutetayage meacutethodologique est indiqueacute au deacutebut de la meacutethode disponible lors de lrsquoeacutevaluation mais nrsquoest pas reprise par la suite Le score de menace de lrsquohabitat reflegravete ainsi drsquoune certaine faccedilon les impacts poten-tiels sans que ceux-ci soient qualifieacutes Le score de condition de lrsquohabitat peut ecirctre rapprocheacute de laquo lrsquoeacutetat raquo

Les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil BIRS se rapportent toutes aux habitats plus particu-liegraverement en termes de structure surface et compo-sition de veacutegeacutetation ce sont le facteur de contexte de lrsquohabitat et la classe de condition de lrsquohabitat Le facteur de contexte de lrsquohabitat integravegre des eacuteleacutements relatifs agrave lrsquoimportance eacutecologique de lrsquohabitat et de la valeur intrinsegraveque de la biodiversiteacute uniciteacute aspects fonctionnels connectiviteacute espegraveces preacutesentes niveau de menace La classe de condition de lrsquohabitat deacutecrit la qualiteacute de lrsquohabitat agrave partir de critegraveres morpholo-giques et drsquoautres caracteacuteristiques Lrsquoattribution des scores pour ces meacutetriques repose sur des hypothegraveses eacutecologiques geacuteneacuterales la biodiversiteacute est fonction de la diversiteacute des habitats des habitats structurellement plus diversifieacutes conduisent agrave une plus grande diversiteacute drsquoespegraveces et une plus grande qualiteacute drsquohabitat se tra-duit par une plus grande diversiteacute drsquoespegraveces

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIRS est que les cateacutegories consideacutereacutees pour calculer le score de menace pour lrsquohabitat integravegrent les pressions drsquoune varieacuteteacute drsquoactiviteacutes et qursquoelles peuvent ecirctre relieacutees aux reacuteponses potentielles drsquoactions de gestion ndash agrave cibler en prenant en compte les scores de chaque menace

Elle preacutesente toutefois des limites Lrsquooutil se concentre sur les habitats ndash deacutecrits agrave travers des ca-racteacuteristiques de veacutegeacutetation ndash lrsquooccupation du sol la preacutesence drsquoespegraveces menaceacutees ou particuliegraveres de ce fait aucun lien explicite ne peut ecirctre eacutetabli entre les pressions et lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute ndash seules des cor-reacutelations pourraient ecirctre infeacutereacutees si des ameacuteliorations eacutetaient apporteacutees agrave lrsquooutil pour relier les activiteacutes sur le site avec les modifications des conditions de lrsquohabi-tat Drsquoautre part certaines pressions ne peuvent pas faire lrsquoobjet drsquoune laquo eacutevaluation visuelle raquo et neacutecessi-teraient des donneacutees compleacutementaires collecteacutees Par ailleurs les critegraveres pour qualifier les sites sont prin-cipalement qualitatifs et deacutefinis agrave une eacutechelle assez grossiegravere puisque lrsquoattribution du score repose sur quatre cateacutegories

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont la surface des habitats leurs caracteacuteristiques (diversiteacute morpho-logique structure de veacutegeacutetation heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute spa-tiale de la veacutegeacutetation litiegravere et bois mort) la preacutesence de groupes drsquoanimaux bio-indicateurs et de pollinisa-

teurs des caracteacuteristiques eacutecologiques remarquables (karst colonies drsquooiseaux en phase de reproduction sites pour les espegraveces migratrices) la preacutesence drsquoes-pegraveces particuliegraveres (espegraveces menaceacutees dans la liste rouge de lrsquoUICN classeacutees comme rares au niveau mon-dial ou national) et drsquohabitats particuliers (zone pro-teacutegeacutee ou eacutecosystegraveme important) la connectiviteacute des habitats ou les corridors de biodiversiteacute (connexions hydrologiques) des donneacutees sur la preacutesence drsquoune zone tampon adjacente ou encore de la protection des bassins versants La plupart de ces donneacutees sont des observations visuelles et qualitatives recueillies sur un site toutes eacutetant facilement disponibles En contrepar-tie ces donneacutees preacutesentent de fortes limitations telles que le possible manque de coheacuterence (dans le temps et entre sites) et un biais taxonomique lieacute agrave la focalisa-tion sur la veacutegeacutetation

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee car elle nrsquoest pas expliciteacutee Il est mecircme difficile drsquoeacutetablir une relation correacutelative car aucune information ne lie explicitement lrsquoeacutetat de lrsquohabitat et les activiteacutes meneacutees Les biais lieacutes agrave la notation agrave dire drsquoexperts ne peuvent pas ecirctre eacutevalueacutes

La sensibiliteacute de la relation entre pressions et im-pacts ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Si les scores de menace et drsquoeacutetat de lrsquohabitat sont correctement noteacutes il est theacuteoriquement possible de distinguer les situations mais cette approche reste qualitative et des situations contrasteacutees sont neacutecessaires pour obte-nir des scores contrasteacutes De plus la construction de lrsquoindicateur repose sur une succession drsquoeacutetapes avec des corrections de sorte que la sensibiliteacute reacutesultante nrsquoest pas claire Aussi il est peu probable que lrsquooutil permette de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute mais plutocirct des changements tardifs et importants tels que la disparition drsquoespegraveces ou le rem-placement eacutecologique ndash ou brutaux tel le deacuteversement de deacutechets Il ne permet pas non plus de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion

Enfin la fiabiliteacute et la reproductibiliteacute ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutees ndash notamment parce que les scores sont qualitatifs et baseacutes sur le dire drsquoexperts

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil est destineacute agrave ecirctre employeacute ideacutealement sur un site Il est recommandeacute de rendre compte des changements en se basant sur une seacuterie temporelle en notant toutefois que les modifications drsquoune anneacutee agrave lrsquoautre doivent ecirctre interpreacuteteacutees avec prudence

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

drsquoeacutetat de lrsquohabitat Ceci permettrait pourtant drsquoameacute-liorer la reproductibiliteacute de lrsquoeacutevaluation dans le temps et dans lrsquoespace ndash par exemple pour eacuteclairer la dif-feacuterence entre des espegraveces de plantes exotiques enva-hissantes laquo abondantes raquo ou laquo freacutequentes raquo ou encore indiquer des valeurs seuils (en pourcentage ou autre) de couverture ou nombre drsquoindividus Lrsquoeacutetape de nota-tion des pressions agrave dire drsquoexperts appelle agrave la vigi-lance En outre lrsquooutil repose sur un certain nombre drsquohypothegraveses (pas de deacutelineacuteation des cateacutegories de menaces et des activiteacutes moyenne et agreacutegation des scores hypothegraveses de biodiversiteacute relieacutee agrave la qualiteacute et agrave la diversiteacute des habitats)

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent que si le processus drsquoagreacutegation des scores rend lrsquoapproche scalaire il en reacutesulte un indicateur complexe et lrsquointrication des calculs (agreacutegation de diffeacuterents critegraveres qui se compensent les uns les autres) rend la gamme des variations de cet indicateur difficile agrave interpreacuteter et agrave anticiper Par conseacutequent les eacutevaluateurs notent qursquoil est peu probable que lrsquooutil BIRS puisse ecirctre utiliseacute pour comparer des sites Ils in-diquent eacutegalement qursquoil peut ecirctre preacutefeacuterable de suivre seacutepareacutement le score de chaque critegravere drsquoeacutevaluation

Il nrsquoy a pas de valeur cible fixeacutee lrsquoindice le plus eacuteleveacute de lrsquoeacutetat du site devant refleacuteter le meilleur eacutetat de la biodiversiteacute

Selon les eacutevaluateurs cet outil est applicable agrave des projets publics comme un critegravere de deacutecision dans le cadre de marcheacutes et contrats mais en tenant compte des biais indiqueacutes ndash mais pas dans le cadre de travaux publics car il nrsquoest pas complegravetement adeacutequat pour rendre compte des impacts sur la biodiversiteacute Des modifications visant agrave assurer lrsquoenregistrement des donneacutees brutes drsquoobservation ou agrave deacutefaut de lrsquoindice de lrsquoeacutetat des habitats et des sites dans une base de donneacutees utilisant des ontologies normaliseacutees et com-munes aux entreprises seraient neacutecessaires pour que lrsquooutil integravegre le suivi drsquoobjectifs de cadres internatio-naux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en renforccedilant le suivi de lrsquoeacutetat de la biodiver-siteacute Ainsi lrsquoabondance des populations pourrait ecirctre prise en compte afin drsquoavoir des signes plus preacutecoces de changement de biodiversiteacute tout en gardant la meacutethode simple et applicable par des non-experts En outre pour une eacutevaluation plus robuste et repreacutesenta-tive un ensemble plus large de groupes taxonomiques pourrait ecirctre inteacutegreacute Les groupes les plus faciles et les plus simples agrave suivre comprennent les inverteacutebreacutes ter-restres et aeacuteriens les oiseaux ou les chauves-souris ndash drsquoautres espegraveces ou groupes pourraient eacutegalement ecirctre

pris en compte tels que les organismes vivants dans le sol ou des verteacutebreacutes terrestres identifieacutes comme bio-in-dicateurs cleacutes de voucircte ou les espegraveces menaceacutees Dans ce cadre la freacutequence des suivis devrait probablement ecirctre adapteacutee pour conserver un niveau drsquoefforts et des coucircts raisonnables ndash tous les deux ans par exemple Ce qui est actuellement mesureacute concerne plus les ha-bitats que la biodiversiteacute elle-mecircme le nom de lrsquooutil porte agrave confusion

En termes meacutethodologiques la deacutefinition de seuils standardiseacutes de meacutetriques quantitatives (valeurs seuils et intervalles) permettant drsquoattribuer des scores drsquoeacutetat et de menaces pourrait atteacutenuer les conseacutequences de la notation subjective agrave dire drsquoexperts Cela faciliterait la comparaison entre sites au sein drsquoune entreprise et entre entreprises Une autre faccedilon de drsquoappreacutehender cette source de variation dans la notation serait de reacute-peacuteter les eacutevaluations pour chaque habitat puis drsquoeacuteva-luer la variation des notations entre experts Une base de donneacutees de reacutefeacuterence des scores preacuteceacutedemment calculeacutes ainsi que des photos prises lors des suivis seraient utile dans le cadre drsquoun processus drsquoappren-tissage continu

Les eacutevaluateurs proposent aussi de conserver un score seacutepareacute pour lrsquoeacutetat et les menaces Combineacute avec davantage drsquoinformations sur les activiteacutes au sein de chaque site cela permettrait de hieacuterarchiser les sites neacutecessitant des mesures drsquoatteacutenuation immeacutediates

Drsquoun point de vue pratique les activiteacutes indus-trielles sur les sites et leur historique devraient ecirctre documenteacutees de faccedilon harmoniseacutee en indiquant par exemple lrsquointensiteacute la freacutequence et la dureacutee des pres-sions afin de mieux comprendre leurs impacts sur lrsquohabitat et les effets des mesures prises par lrsquoentre-prise Mecircme si le besoin de standards coheacuterents agrave travers le temps et dans lrsquoespace est reconnu par les deacuteveloppeurs de lrsquooutil BIRS ce point aurait besoin drsquoecirctre renforceacute

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull UICN (2018) Guide pratique pour la reacutealisation de Listes rouges reacutegionales des espegraveces menaceacutees ndash Meacute-thodologie de lrsquoUICN amp deacutemarche drsquoeacutelaborationbull Jeanmougin M Plattner G Porcher E Julliard R Touroult J Poncet L (2014) Synthegravese bibliogra-phique des changements drsquoeacutechelles cartographiques et des relations eacutecologiques entre les espegraveces et leurs habitats 83 SPN-CESCO-MNHN MEDDE Paris

Au niveau spatial la meacutethodologie de lrsquooutil BIRS permet drsquoeacutevaluer les pressions agrave plusieurs eacutechelles chaque type drsquohabitat au sein drsquoun site puis sur lrsquoensemble du site A ce niveau lrsquoindicateur permet drsquoorienter les gestionnaires de sites vers des mesures de gestion cibleacutes pour reacuteduire les menaces pesant sur les habitats Les agreacutegations sont ensuite effectueacutees agrave lrsquoeacutechelle des sites puis aux niveaux national et global de lrsquoactiviteacute de lrsquoentreprise Agrave ce niveau un tel indi-cateur agreacutegeacute est valable pour le rapportage mais ne peut pas orienter les actions de gestion en reacuteponse aux constats de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil est lrsquohabitat Les espegraveces sont indirectement consideacutereacutees via le facteur de contexte de lrsquohabitat ndash agrave travers lrsquoeacutevaluation de la valeur in-trinsegraveque la biodiversiteacute de lrsquohabitat ndash et via la classe de condition de lrsquohabitat ndash agrave travers lrsquoeacutevaluation de la preacutesence de caracteacuteristiques eacutecologiques exception-nelles et de groupes animaux bio-indicateurs Lrsquooutil prend en compte les espegraveces ou des habitats mena-ceacutes preacutesents dans les listes rouges de lrsquoUICN et classeacutes comme laquo rares raquo au niveau mondial ou national les espaces proteacutegeacutes ou les eacutecosystegravemes importants Le fonctionnement des eacutecosystegravemes et les communauteacutes ne sont pas pris en compte Concernant les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte il srsquoagit essentielle-ment de la composition et de la structure des habitats Ce sont des dimensions importantes de lrsquointeacutegriteacute de lrsquoeacutecosystegraveme et elles sont relativement faciles agrave mesu-rer Toutefois elles peuvent srsquoaveacuterer insuffisantes pour deacutetecter des signaux preacutecoces de changement drsquoeacutetat de la biodiversiteacute Ceci doit ecirctre compleacuteteacute par des paramegravetres quantitatifs (par exemple lrsquoabondance) doit ecirctre reacutealiseacute avec plus de preacutecision (par exemple en eacutenumeacuterant les espegraveces dominantes ou rares) et eacutetendu au-delagrave de la veacutegeacutetation au regravegne animal De plus la fragmentation de lrsquohabitat et les connectivi-teacutes sont insuffisamment prises en compte Ainsi en tenant eacutegalement compte des limites indiqueacutees preacute-ceacutedemment lrsquooutil nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute des activiteacutes consideacutereacutees

Lrsquoapproche semi-quantitative (attribution de scores) nrsquoest pas conccedilue pour deacutetecter des change-ments graduels comme cela est par ailleurs noteacutee dans la meacutethode accessible au moment de lrsquoeacutevalua-tion Lrsquooutil se concentre sur la structure et la compo-sition de la veacutegeacutetation agrave partir drsquoune eacutevaluation quali-tative plutocirct que sur des mesures quantitatives (mecircme en ce qui concerne lrsquoidentification des espegraveces) Il se concentre plus sur les changements drsquoenvironnement pertinents pour la biodiversiteacute plutocirct qursquoau niveau mecircme de la biodiversiteacute et de meacutetriques srsquoy rapportant La proportion drsquohabitats laquo naturels raquo nrsquoest eacutegalement

pas prise en compte dans le calcul alors que lrsquoindi-cateur peut ecirctre sensible aux changements temporels des statuts des zones (entre zone opeacuterationnelle zone en cours de restauration et zones laquo naturelles raquo) Les eacutevaluateurs indiquent qursquoil est neacutecessaire drsquoexaminer attentivement lrsquoeacutevolution des scores individuels et non agreacutegeacutes de lrsquoeacutetat de lrsquohabitat et des menaces ainsi que des cartes pour rendre plus preacuteciseacutement compte des impacts des activiteacutes ndash par ailleurs pas explicite-ment diffeacuterencieacutees en tant que sources diffeacuterentes de pressions potentielles ndash sur les habitats Lrsquooutil BIRS pourrait aussi ecirctre compleacuteteacute par des plans drsquoaction ou des plans de restauration car il nrsquoa pas vocation agrave suivre des objectifs fins de gestion de biodiversiteacute En outre les eacutevaluateurs notent que les eacutevaluations de lrsquoeacutetat de lrsquohabitat devraient ecirctre davantage lieacutees agrave drsquoautres indicateurs du systegraveme de gestion inteacutegreacutee de la biodiversiteacute de lrsquoUICN sur lequel lrsquooutil srsquoappuie

La meacutethodologie de lrsquooutil BIRS indique qursquoune reacuteeacutevaluation du facteur de contexte de lrsquohabitat tous les 5 agrave 10 ans devrait suffire agrave moins que des chan-gements importants ou de grande eacutechelle dans lrsquoutili-sation des terres aient eu lieu aux alentours auquel cas ce facteur doit ecirctre reacuteeacutevalueacute plus tocirct La classe de condition de lrsquohabitat est elle eacutevalueacutee annuelle-ment et lrsquooutil BIRS est conccedilu pour calculer un indice annuel drsquoeacutetat de la biodiversiteacute

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

La meacutethodologie bien que complexe par la succession des eacutetapes reste simple agrave comprendre Elle est claire transparente et rigoureuse avec une deacutefinition utile des termes des eacutetapes et des critegraveres drsquoeacutevaluation crsquoest le cas lors de lrsquoeacutetape drsquoidentification de lrsquohabi-tat et de lrsquoeacutetape drsquoestimation de la superficie pour les-quelles une deacutefinition tregraves claire de la classification de lrsquohabitat et des meacutethodes de calcul sont fournies

La meacutethodologie peut ecirctre utiliseacutee dans le monde entier et pour nrsquoimporte quel habitat ou eacutecosystegraveme Elle assure eacutequilibre entre des consideacuterations pratiques et la rigueur scientifique bien que les eacutevaluateurs notent que cela peut encore ecirctre ameacutelioreacute Lrsquoapproche semi-quantitative par lrsquoattribution de scores agrave travers une classification relativement grossiegravere nrsquoenlegraveve pas la neacutecessiteacute de mesures quantitatives De plus les scores drsquoune cateacutegorie sont supposeacutes eacutequivalents (par exemple laquo forte pression de pacircturage raquo eacutequivaut agrave laquo abondance drsquoespegraveces exotiques envahissantes raquo eacutequivaut agrave laquo forte pollution de lrsquoeau raquo) sans valeurs seuils deacutetailleacutees pour aider agrave eacutevaluer les diffeacuterences reacuteelles entre les scores Crsquoest le cas notamment aux eacutetapes drsquoeacutevaluation de lrsquoeacutetat de chaque habitat (par une enquecircte sur le terrain) et drsquoeacutevaluation de la classe

5958

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

Sur la base des eacutevaluations des sept outils de mesure reacutealiseacutees par les experts et des discussions entre les diffeacuterents acteurs lors des ateliers des recommandations sont ressorties de ces eacutechanges Elles srsquoadressent agrave une grande diversiteacute de publics chercheurs deacuteveloppeurs utilisateurs priveacutes ou publics et deacutecideurs politiques Loin drsquoecirctre exhaustives ces recommandations permettent neacuteanmoins drsquoengager un premier dialogue Elles fournissent en effet des pistes drsquoameacutelioration pour le deacuteveloppement dindicateurs et outils de mesure de lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Enjeu important pour accompagner lrsquoengagement des acteurs et des deacutecideurs politiques nationaux et internationaux en vue drsquoenrayer le deacuteclin de la biodiversiteacute

3

6160

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

31 Quelques approches inteacutegratives compleacutementaires aux outils

Les eacutevaluations externes des outils ont souligneacute entre autres eacuteleacutements qursquoaucun nrsquoest repreacutesentatif de tous les impacts des activiteacutes eacutevalueacutees sur la biodiversiteacute Quelques approches inteacutegratives tant agrave lrsquoeacutechelle des activiteacutes humaines que de la biodiversiteacute peuvent ecirctre proposeacutees Sans preacutetention agrave lrsquoexhaustiviteacute nous en preacutesentons ici trois accessibles aux acteurs priveacutes et publics

311 La compleacutementariteacute des cadres Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et Analyse de cycle de vie (ACV)

Les deux cadres preacutesenteacutes au chapitre 1 peuvent ecirctre envisageacutes dans une optique compleacutementaire Ainsi de faccedilon scheacutematique le cadre ACV permet drsquoidentifier des moments et des lieux des eacutetapes cleacutes dans le cycle de vie de produits ou de services ayant des impacts particuliegraverement importants sur la biodiversiteacute et le cadre PER permet drsquoapprofondir et de deacutetailler lrsquoeacuteva-luation en ces diffeacuterentes eacutetapes cleacutes (Fig 8)

Les deux approches peuvent ecirctre combineacutees en adoptant drsquoabord une perspective ACV pour avoir une approche holistique des activiteacutes anthropiques puis en deacutefinissant ensuite pour chaque eacutetape reconnue comme majeure dans lrsquoACV des indicateurs de type

FIGURE 8 COMPLeacuteMEntArIteacute EntrE LE CADrE PEr Et LE CADrE ACv SOuRcE TEIllARD et al 2016

Responses

Inputs feed

Farm

Processing

Pressures(Midpoints)

Production

Biodiversity(Endpoints)

Farm

Landscape

response indicators

state indicators

Pressure indicators

sometimes evaluated through scenario analysis

Endpoint modeling

Midpoint modeling

horizontal perspective space

vert

ical

per

spec

tive

su

pply

cha

in

LCA

ECOLOGY

PER ndash en tendant alors vers une approche holistique de la biodiversiteacute

Une telle combinaison permettrait de comparer les reacutesultats des liens activeacutes ndash pressions (midpoints dans lrsquoACV pressures dans le PER) et des liens pressions ndash impacts (endpoints dans lrsquoACV state dans le PER) Drsquoautre part cela permettrait drsquointeacutegrer dans lrsquoeacutevalua-tion des impacts des pressions qui ne sont actuelle-ment pas ou peu prises en compte dans lrsquoACV mais qui les sont dans les indicateurs PER (notamment espegraveces envahissantes surexploitation)

Enfin les meacutethodes drsquoACV qui explorent diffeacuterents

sceacutenarios pour limiter les impacts sur la biodiversiteacute pourraient compleacuteter les indicateurs de reacuteponses du cadre PER et enrichir la reacuteflexion sur les reacuteponses cest-agrave-dire les mesures agrave adopter pour limiter les pressions

312 Lrsquoapproche par les laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo (EBV)

Le laquo Reacuteseau drsquoobservation de la biodiversiteacute raquo (BON) du Groupe drsquoobservation de la Terre (GEO) initiative mon-diale a fait eacutemerger en 2013 le concept de laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo deacutefinies comme des laquo mesures neacutecessaires pour eacutetudier rapporter et geacuterer les changements de la biodiversiteacute en se concentrant sur lrsquoeacutetat et la tendance des eacuteleacutements de la biodiversiteacute raquo (Pereira et al 2013) Ces mesures permettent de trans-former des donneacutees issues de sources varieacutees en indica-teurs offrant une description syntheacutetique de diffeacuterents niveaux drsquoorganisation de la biodiversiteacute facilitant ainsi la laquo traduction raquo des donneacutees sur la biodiversiteacute en informations politiques Le GEO BON a proposeacute une liste de vingt variables classeacutees par niveaux drsquoorganisa-tion Ces variables ont eacutevolueacute depuis 2013 (Tableau 2)

Classes de variables essentielles Variables essentielles

Composition geacuteneacutetique Diversiteacute geacuteneacutetique intraspeacutecifique

Diffeacuterenciation geacuteneacutetique parmi des populations

Taille effective de la population

Consanguiniteacute

Populations drsquoespegraveces Distribution drsquoespegraveces donneacutees

Abondance drsquoindividus drsquoespegraveces donneacutees

Traits de vie des espegraveces Morphologie des organismes

Physiologie des organismes en lien avec la fitness et les reacuteponses agrave lrsquoenvironnement

Pheacutenologie des organismes

Mouvements de type dispersion ou migration

Composition des communauteacutes Abondance des organismes dans un assemblage eacutecologique

Diversiteacute taxonomiquephylogeacuteneacutetique dans un assemblage eacutecologique

Diversiteacute des traits des organismes au sein des communauteacutes

Diversiteacute et structures des interactions entre organismes au sein des communauteacutes

Fonctions des eacutecosystegravemes Productiviteacute primaire

Pheacutenologie observeacutee agrave lrsquoeacutechelle drsquoun eacutecosystegraveme

Perturbations du fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme

Structure des eacutecosystegravemes Fraction du couvert vivant

Distribution horizontale drsquoeacuteleacutements drsquoun eacutecosystegraveme

Profil vertical de la distribution de biomasse

vArIAbLEs EssEntIELLEs DE bIODIvErsIteacute CLAsseacuteEs PAr nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn SOuRcE gEObONTABLEAU 2

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

Une laquo variable essentielle de biodiversiteacute raquo doit preacute-senter certaines caracteacuteristiques afin drsquoecirctre opeacuteration-nelle Ainsi ideacutealement elle doit ecirctre

bull capable de saisir les eacutechelles et les dimensions essentielles de la biodiversiteacute

bull biologiquebull une variable drsquoeacutetat (certains deacuteveloppements

cherchent agrave deacutefinir les variables permettant de deacutetec-ter des changements preacutecoces de biodiversiteacute (Sch-meller et al 2018))

bull sensible au changementbull agnostique agrave lrsquoeacutegard des eacutecosystegravemes (dans la

mesure du possible elle doit pouvoir ecirctre mesureacutee pour tous types drsquoeacutecosystegravemes)

bull techniquement reacutealisable degraves agrave preacutesent eacuteco-nomiquement viable et durable dans le temps (les moyens drsquoobservation peuvent ecirctre deacuteployeacutes in-situ ou aeacuteroporteacutes ndash les donneacutees drsquoobservations satellites eacutetant par ailleurs de plus en plus traiteacutees et rendues disponibles)

Certaines variables peuvent constituer des indica-teurs ou des intermeacutediaires entre les donneacutees brutes et les indicateurs Elles peuvent eacutegalement ecirctre combi-neacutees entre elles afin de former des indices (GEO BON 2015) certains eacutetant mobiliseacutes dans les rapports de la Plateforme intergouvernementale scientifique et poli-tique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) ou encore les objectifs des programmes suc-cessifs de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) indice drsquohabitat drsquoespegraveces indice de biodi-versiteacute des habitats indice de protection des espegraveces indice de repreacutesentativiteacute des aires proteacutegeacutees et de connectiviteacutes indice drsquointeacutegriteacute locale de biodiversiteacute indice de restauration des eacutecosystegravemes indice drsquoinfor-mation sur le statut des espegraveces

Les travaux deacutedieacutes aux EBVs se poursuivent au sein de groupes theacutematiques explorant les six classes mais eacutegalement sur des volets transversaux Citons-en particuliegraverement six qui peuvent inteacuteresser les concep-teurs et les utilisateurs drsquooutils de mesure des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

bull La deacutefinition des variables elles-mecircmes le cadre conceptuel proposeacute peut ecirctre utiliseacute afin de deacutefinir collectivement en associant acteurs et chercheurs les variables essentielles propres agrave un territoire etou un pays sans neacutecessairement mobiliser celles identifieacutees par GEO BON (Turak et al 2017)

bull Lrsquointeacutegration des donneacutees de divers origines en srsquoappuyant entre autres sur des modeacutelisations et la combinaison avec des donneacutees drsquoenvironnement afin de deacutefinir lrsquoeacutevolution de la biodiversiteacute dans le temps et lrsquoespace (Jetz et al 2019)

bull Lrsquoutilisation du concept pour effectuer des suivis drsquoespegraveces exotiques envahissantes (Seebens et al 2020)

bull Lrsquoutilisation de donneacutees de teacuteleacutedeacutetection pour documenter les variables

bull Le deacuteveloppement drsquoindicateurs et drsquoindices inteacutegreacutes

bull Lrsquoutilisation des donneacutees drsquoobservation de la Terre pour eacutevaluer les services eacutecosysteacutemiques

Le concept de laquo variables essentielles raquo est eacutegale-ment deacuteclineacute pour le climat et lrsquooceacutean Ces variables documentent lrsquoeacutevolution de paramegravetres cleacutes du systegraveme climatique (preacutecipitations tempeacuterature composition de lrsquoatmosphegravere) ou de lrsquooceacutean (carbone organique dissout abondance et distribution de poissons eacutetendu des mangroves et composition) Ces variables sont reacuteguliegraverement utiliseacutees pour soutenir des travaux inter-nationaux du Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC) de lrsquoOrganisation des Nations unies (ONU) ou de la Commission oceacuteanogra-phique intergouvernementale (COI) porteacutee par lrsquoOrga-nisation des Nations unies pour lrsquoeacuteducation la science et la culture (Unesco)

Ainsi agrave travers ce concept de laquo variables essen-tielles raquo une utilisation pragmatique des donneacutees agrave diffeacuterentes eacutechelles spatiales mobilisables aussi bien par des acteurs priveacutes que publics se dessine elle peut utilement compleacuteter les reacuteflexions sur les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

les indicateurs quantitatifs des changements de la biodi-versiteacute des contributions de la nature aux personnes et agrave la qualiteacute de vie ainsi que des forces motrices facteurs directs et indirects qui sous-tendent ces changements constituent des eacuteleacutements importants agrave documenter Ainsi lrsquoIpbes deacutefinit deux batteries drsquoindicateurs

bull une trentaine drsquoindicateurs de base (dits core indi-cators) que les auteurs des eacutevaluations sont inviteacutes agrave uti-liser en plus drsquoautres indicateurs ou autres informations

bull une quarantaine drsquoindicateurs mis en avant (dits highlighted indicators) qui pourraient inteacuteresser des auteurs mais sans aucune attente quant agrave leur utilisa-tion dans les eacutevaluations

Lrsquoobjectif de la deacutemarche est de fournir aux au-teurs des eacutevaluations un ensemble drsquoindicateurs qui couvrent tous les eacuteleacutements du cadre conceptuel de lrsquoIpbes

Ces indicateurs sont issus de plusieurs sources bull majoritairement des indicateurs mobiliseacutes pour

les objectifs de programmes de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) dont certains ont eacuteteacute pro-poseacutes par GEO BON

bull quelques indicateurs issus des travaux du reacuteseau mondial de recherche Future Earth

bull un petit nombre recommandeacute par les travaux de lrsquouniversiteacute de Yale sur lrsquoindice de performance envi-

Mon

dial

e

FIGURE 9 CADrE COnCEPtUEL AnALytIQUE DE Lrsquo IPbEs SOuRcE DeacutecISION IpbES ndash 24 2013

Bonne qualiteacute de vieBien-ecirctre humainVie en harmonie avec la natureVie en eacutequilibre et en harmonie avec la Terre megravere

Possibiliteacute de mener une vie satisfaisante nourriture eau eacutenergie et seacutecuriteacute des moyens drsquoexistence santeacute relations sociales eacutequiteacute spiritualiteacute identiteacute culturelle

Bienfaits de la nature pour lrsquohommeBiens et services eacutecosysteacutemiquesFourniture reacutegulation valeur culturelleDons de la nature

Patrimoine anthropique

Infrastructures patrimoine humain social financier

Institutions gouvernance et autres facteurs indirects

Aspects socio-politiques eacuteconomiques technologiques culturels

NatureBiodiversiteacute et eacutecosystegravemesTerre megravereSystegravemes de vie

Eacutevolution diversiteacute bioculturelleRessources naturelles non biologiquesValeurs intrinsegraveques

Facteurs directs

Facteurs anthropiques

Transformation des habitats exploitation changement climatique pollution introduction drsquoespegraveces

Facteurs naturels

Eacutevolution dans le temps

Inte

ract

ions

agrave d

iffeacuter

ente

s eacutech

elle

s

Nat

iona

leLo

cale

313 Le cadre DPSIR appliqueacute au cadre conceptuel de lrsquoIpbes

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacute-miques (Ipbes) eacutetaie son cadre conceptuel (Deacutecision Ipbes-24 2013) crsquoest-agrave-dire son modegravele simplifieacute des interactions complexes qui se tissent entre le monde naturel et la socieacuteteacute humaine (eacuteleacutements pris en compte et leurs liens) par une batterie drsquoindicateurs en se ba-sant sur le cadre laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat

ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo plus connu sous lrsquoacronyme DPSIR pour Driving forces Pressures State Impact Responses (DPSIR) (Fig 9 et 10) version eacutetendue du modegravele drsquointeractions entre des systegravemes socio-eacuteco-nomiques et eacutecologiques initialement deacutecrits sous la forme laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo deacutecrit au pre-mier chapitre

Dans le cadre des eacutevaluations de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques qursquoelles soient theacutema-tiques reacutegionales ou mondiales lrsquoIpbes considegravere que

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ronnementale des politiques publiques (Environmen-tal Performance Index EPI)

bull eacutegalement un petit nombre proposeacute par le groupe de travail laquo Donneacutees et connaissances raquo interne agrave lrsquoIpbes

Beaucoup de ces indicateurs sont recenseacutes dans le Partenariat mondial sur les indicateurs de biodi-versiteacute (BIP) qui coordonne pour la CDB mais aussi pour reacutepondre aux besoins drsquoautres conventions ou de gouvernements le deacuteveloppement et la fourniture drsquoindicateurs

LrsquoIpbes fournit par ailleurs sa propre deacutefinition des indicateurs laquo comme des mesures ou des signes qui reflegravetent lrsquoeacutetat la cause ou le reacutesultat drsquoun objet ou drsquoun processus raquo Les indicateurs pouvant contribuer agrave simplifier la complexiteacute drsquoensembles de donneacutees de variables de cadres conceptuels et drsquoapproches dispo-nibles ils sont eacutegalement laquo des outils utiles pour com-muniquer les reacutesultats des eacutevaluations raquo LrsquoIpbes sou-ligne qursquoil est important de reconnaicirctre les limites des indicateurs agrave laquo saisir les complexiteacutes du monde reacuteel raquo car ils se limitent agrave ce qui peut ecirctre mesureacute et ce pour quoi des donneacutees sont disponibles En outre lrsquoIpbes signale aussi que les choix drsquoindicateurs sont laquo plus ou moins lieacutes agrave la diversiteacute des visions du monde et des perspectives culturelles raquo eacuteleacutement agrave prendre en compte pour conduire au-delagrave des reacutesultats exprimeacutes une analyse critique des indicateurs eux-mecircmes

Ces indicateurs complegravetent drsquoautres formes drsquoinfor-mations et de connaissances pas neacutecessairement har-moniseacutees leur caractegravere normaliseacute fournit un point de comparaison quantitatif et coheacuterent entre les eacutevalua-

tions Le rapport mondial publieacute en 2019 constitue un bon exemple drsquoune approche mixte avec lrsquoutilisation drsquoindicateurs de base identifieacutes comme utiles agrave ren-seigner dans le cadre des eacutevaluations et drsquoautres types drsquoinformations laquo indicatrices raquo

La FRB mobiliseacutee tout au long du processus drsquoex-pertise scientifique final a fait un travail de recension drsquoindicateurs et drsquoautres informations utiliseacutees pour eacutevaluer lrsquousage durable de la biodiversiteacute Parmi la centaine drsquoindicateurs et autres informations identi-fieacutees la FRB en a extrait un petit nombre en concer-tation avec un des auteurs du rapport Au moment des neacutegociations de lrsquoassembleacutee pleacuteniegravere la deacuteleacutegation franccedilaise a proposeacute que ce tableau soit inteacutegreacute dans le reacutesumeacute pour deacutecideurs en cours de neacutegociations En raison du retard pris dans les groupes de travail peacutenalisant lrsquoavanceacutee du processus de neacutegociation la preacutesentation de ce tableau nrsquoa pas pu ecirctre inscrite agrave lrsquoagenda des groupes et donc nrsquoa pas pu ecirctre propo-seacutee en pleacuteniegravere en lrsquoabsence de concertation preacutealable entre les Eacutetats

Ces indicateurs et informations sont preacutesenteacutes dans le tableau syntheacutetique en annexe 3 p 81

La deacutemarche adopteacutee par lrsquoIpbes repose drsquoune part sur lrsquoutilisation drsquoindicateurs existants documentant diffeacuterentes eacutetapes du cadre laquo Pression ndash Eacutetat ndash Reacute-ponse raquo drsquoautre part sur lrsquoutilisation pragmatique de donneacutees permettant de fournir des informations utiles au sujet traiteacute Certains indicateurs et informations sont utilisables ou deacuteclinables agrave diffeacuterentes eacutechelles spatiales et mobilisables aussi bien par des acteurs pri-veacutes que publics Lagrave encore cette deacutemarche peut utile-ment compleacuteter les reacuteflexions sur les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Forces motrices directes naturelles et anthropiques

ndash Empreinte eacutecologique ndash Lrsquoappropriation humaine de lrsquoeau doucendash Index de biodiversiteacute des habitats (BEF)ndash Surface forestiegravere en de la surface totale des terres (BEF)ndash Tendances de lrsquoeacutetendue des forecircts (BEF)ndash Total des preacutelegravevements de bois (NCP) ndash Tendances de la pecircche certifieacutees par le MSC (BEF) ndash Estimation des captures et de lrsquoeffort de pecircche (BEF) ndash Production de pecircche des eaux inteacuterieures (NCP) ndash Indice trophique marin (BEF) ndash Proportion de la supercifie de production forestiegravere

sous certification FSC et PEFC (IGID) ndash Efficaciteacute de lrsquoutilisation de lrsquoazote ndash Engrais agrave base drsquoazote et de phosphatendash Tendances en matiegravere drsquoutilisation des pesticidesndash Tendances des deacutepocircts drsquoazotendash Couverture en zones proteacutegeacutees des zones cleacutes pour

la biodiversiteacute (KBAS) (IGID)ndash Index de protection des espegraveces (IGID)ndash Index de connectiviteacute des zones proteacutegeacutees (IGID)ndash Index drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute

Bonne qualiteacute de vie(bien-ecirctre humain)

ndash Pourcentage de personnes sous-alimenteacutees

Contributions de la nature aux personnes(Biens et services eacutecosysteacutemiques)

ndash Total des preacutelegravevement de bois (DD) ndash Production de pecircche des eaux inteacuterieures (DD) ndash Proportion de races locales classeacutees comme eacutetant

agrave risque non agrave risque ou dont le niveau drsquoextinction est inconnu (BEF)

Forces motrices indirectesInstitutions gouvernance et autres

ndash Pourcentage de nations de cateacutegorie 1 dans la Convention sur le commerce international des espegraveces de faune et de flore sauvages menaceacutees dextinction (CITES)

ndash Proportion de la superficie de production forestiegravere sous certification FSC et PEFC (DD)

ndash Pourcentage de zones couvertes par des zones proteacutegeacuteesndash Couverture des zones proteacutegeacutees des zones cleacutes pour

la biodiversiteacute (KBAS) (OD)ndash Indice de protection des espegraveces (DD)ndash Efficaciteacute de la gestion des zones proteacutegeacuteesndash Indice de connectiviteacute des zones proteacutegeacutees (DO)ndash Nombre de pays ayant un plan drsquoaction national

biodiversiteacute (NBSAP) deacuteveloppeacutereacuteviseacutendash Proportion des espegraveces connues eacutevalueacutees par

la Liste Rouge de lrsquoUICNndash Index drsquoinformation sur le statut des espegraveces

Nature(Biodiversiteacute et fonctionnement des eacutecosystegravemes)

ndash Index de biodiversiteacute des habitats (DD)ndash Index drsquohabitat des espegraveces (DD)ndash Superficie forestiegravere en de la superficie totale

des terres (DD)ndash Tendances de lrsquoeacutetendue des forecircts (couvert forestier) (DD)ndash Tendances de la pecircche certifieacutee par le MSC (DD)ndash Estimation des captures et de lrsquoeffort de pecircche (DD)ndash Proportion des stocks de poissons agrave des niveaux

biologiquement durablesndash Indice Tropical Marin (DD)ndash Index de la Liste Rougendash Proportion de races locales classeacutees comme eacutetant

agrave risque non agrave risque ou dont le niveau drsquoextinction est inconnu (NCP)

Biens humains

FIGURE 10 CADrE COnCEPtUEL Et InDICAtEUrs DE bAsE DrsquoAPregraves IPbEs COrE InDICAtOrs wwwIpbESNET 16112020

DPsIr D Force motriceP Pressions statutI Impactr reacuteponse - Liens avec le cadre conceptuel analytique IgID Institutions gouvernance et forces motrices indirectes

DD Force motrice directenCP Contributions de la nature aux personnes biens et services des eacutecosystegravemesbEF naturebiodiversiteacute et fonctions des eacutecosystegravemesgQL bonne qualiteacute de vie bien-ecirctre humain

6766

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

enjeux climat et biodiversiteacute se rejoignent neacuteanmoins lorsqursquoil srsquoagit eacutevaluer les impacts des activiteacutes hu-maines sur le fonctionnement des eacutecosystegravemes

bull Il est aussi possible de srsquointeacuteresser agrave des espegraveces ou des groupes drsquoespegraveces qui reacutealisent des fonctions speacutecifiques au sein des eacutecosystegravemes (dites espegraveces cleacutes de voucircte) (Paine 1966) Cette approche met lrsquoaccent sur certaines espegraveces lrsquoimportance de relations entre les espegraveces au sein des reacuteseaux trophiques leurs rocircles dans les eacutecosystegravemes en modifiant lrsquoenvironnement vi-vant et abiotique (par ex ingeacutenieurs deacutecomposeurs)

bull Ou encore aux espegraveces rares (aires de reacutepartition reacuteduites faible densiteacute) (Dinerstein et al 2020) etc

3e recommandation

Travailler avec tous les acteurs et mieux utiliser les connaissances et les donneacutees disponibles

De nombreux outils et indicateurs sont plus speacutecifi-quement deacuteveloppeacutes par les acteurs acadeacutemiques ou des politiques publiques tandis que drsquoautres outils ndash tels ceux eacutevalueacutes dans cette eacutetude ndash sont deacuteveloppeacutes par les acteurs priveacutes industriels marchands ou asso-ciatifs en srsquoappuyant sur des eacuteleacutements scientifiques Ces deux deacutemarches solides gagneraient agrave ecirctre plus co-construites pour une inteacutegration reacuteciproque des be-soins et des contraintes des atouts et des limites des outils deacuteveloppeacutes

De mecircme de nombreux dispositifs nationaux et ter-ritoriaux deacuteveloppent des outils en appui aux politiques publiques fournissent des donneacutees et des informations sur la biodiversiteacute Citons entre-autres acteurs lrsquoOb-servatoire national de la biodiversiteacute les observatoires reacutegionaux de la biodiversiteacute Sur un mecircme territoire la dichotomie des activiteacutes de ces structures des col-lectiviteacutes et des entreprises ndash dans un cas laquo le suivi de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute sous lrsquoeffet de pressions anthro-piques raquo dans un autre laquo lrsquoeacutevaluation des impacts de mes activiteacutes raquo ndash gagnerait agrave ecirctre effaceacutee au profit drsquoun dialogue et drsquoune action mutualiseacutee de suivi et drsquoeacuteva-luation aboutissant in fine agrave une veacuteritable eacutevaluation des impacts parfois cumuleacutes drsquoactiviteacutes diffeacuterentes agrave lrsquoeacutechelle drsquoun territoire et agrave leur gestion concerteacutee

De plus lrsquoensemble des eacutevaluations neacutecessitent drsquoecirctre documenteacutees cela permet drsquoameacuteliorer lrsquoutili-sation des outils ndash en contribuant par exemple agrave har-moniser les eacutetapes qui reposent sur le dire drsquoexpert ndash cela permet aussi de documenter les changements de la biodiversiteacute de faccedilon plus continue Cette documen-tation neacutecessite drsquoecirctre harmoniseacutee agrave lrsquoeacutechelle drsquoune entreprise voire agrave lrsquoeacutechelle nationale ou internatio-nale Les nombreuses initiatives en faveur des pro-tocoles et des donneacutees de biodiversiteacute deacuteveloppeacutees ou relayeacutees par des acteurs territoriaux et nationaux devraient y aider

4e recommandation

Adapter les outils aux pratiques de lrsquoentreprise et agrave ses leviers drsquoactions

Des deacutemarches mutualiseacutees permettraient de deacutevelop-per des outils plus en lien avec les pratiques des entre-prises voire avec les acteurs publics territoriaux En effet si certains modegraveles globaux et meacutethodes portant sur les espegraveces voire les habitats peuvent ecirctre utiles par leur caractegravere geacuteneacuterique les eacutevaluations scienti-fiques des outils ont montreacute qursquoils eacutetaient peu sen-sibles pour rendre reacuteellement compte des impacts des activiteacutes et par effet retour des efforts des entreprises pour limiter ces impacts Les concepteurs drsquooutils tra-vaillent en ce sens en deacuteveloppant notamment des outils en fonction des secteurs drsquoactiviteacute

De la mecircme faccedilon qursquoil est neacutecessaire de disposer drsquoun panel drsquooutils repreacutesentant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute un panel drsquooutils couvrant les phases de diagnostic (les pressions et lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute) drsquoestimation des risques (eacutevaluation des impacts) et drsquoaction (les reacuteponses apporteacutees) compleacute-terait le tableau de bord des acteurs

Les acteurs estiment eacutegalement que la puissance publique doit ainsi insuffler une dynamique sans tou-tefois imposer drsquooutils normatifs (ceux-ci ne sont pas encore mucircrs les situations des entreprises des eacuteco-systegravemes et les besoins sont heacuteteacuterogegravenes) Elle doit les inciter agrave srsquoengager dans des deacutemarches de diminution des impacts et de rapportage tout en les laissant deacuteve-lopper leurs propres outils innover expeacuterimenter

Un eacutequilibre reste toutefois agrave trouver entre la geacuteneacute-riciteacute qui permet lrsquoagreacutegation des reacutesultats aux diffeacute-rentes eacutechelles drsquoactiviteacute des entreprises (du local agrave lrsquointernational) voire la comparaison et le pilotage et la speacutecificiteacute qui permet de rendre compte des impacts et des effets des reacuteponses apporteacutees par les entreprises Le deacuteveloppement des approches eacutevoqueacutees plus haut devrait ainsi inteacutegrer cet eacutequilibre

5e recommandation

Mieux caracteacuteriser les liens entre activiteacutes pressions et impacts

La neacutecessiteacute de mieux caracteacuteriser les liens au sein de la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo parfois teacutenus est particuliegraverement ressortie des eacutevaluations des outils

Cocircteacute acteurs il est possible drsquoanalyser finement les activiteacutes (par ex construction) les pressions (par ex vibrations induites par la construction) et certains eacuteleacutements de biodiversiteacute in-situ et de lrsquoenvironnement (par ex niveau sonore ambiant reptiles et micromam-mifegraveres) susceptibles drsquoecirctre toucheacutes Ces travaux sont

32 Les recommandations et pistes drsquoactions

Les approches inteacutegratives preacutesenteacutees preacuteceacutedemment peuvent srsquoaveacuterer des pistes utiles agrave suivre sans tou-tefois ecirctre suffisantes des efforts en termes de com-preacutehension de connaissance de meacutethodologie et drsquoaccompagnement doivent ecirctre reacutealiseacutes Ainsi le troisiegraveme temps de lrsquoeacutetude a consisteacute avec lrsquoappui de lrsquoONB agrave organiser une seacuterie drsquoeacuteveacutenements dans le cadre des Journeacutees FRB

bull une journeacutee de cinq ateliers regroupant 20 agrave 25 personnes chacun permettant les eacutechanges entre les deacuteveloppeurs des outils et les potentiels utilisateurs publics et priveacutes

bull une journeacutee pleacuteniegravere largement ouverte permet-tant de restituer les reacutesultats des ateliers de donner la parole aux initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices preacutesenteacutees au chapitre 1 de dialoguer avec des acteurs territoriaux et drsquoouvrir plus largement la question de la mesure des impacts sous les angles de lrsquoeacutecologie et de lrsquoeacuteconomie

Les participants agrave ces jours drsquoeacutechanges ont fait remonter une seacuterie de recommandations et de pistes drsquoactions adresseacutees aux concepteurs des outils aux chercheurs aux utilisateurs des outils et aux pou-voirs publics Elles sont syntheacutetiseacutees dans le tableau 3 (p 70) qui permet de visualiser les besoins de mutua-lisation des efforts

1re recommandation

Accepter la complexiteacute du vivant pour des actions plus pertinentes et plus preacutecises

Les interactions au sein du monde vivant et de celui-ci avec lrsquoenvironnement physique nombreuses de diverses natures rendent difficilement intelligibles en premiegravere instance lrsquoeacutetat et les dynamiques de la bio-diversiteacute le fonctionnement des eacutecosystegravemes Interre-lations reacutetroactions interactions effets non-lineacuteaires diversiteacute des eacutechelles temporelles et spatiales les informations multiples qui peuvent ecirctre collecteacutees et analyseacutees dessinent une partie de cette complexiteacute du vivant Leur prise en compte ne doit pas ecirctre syno-nyme de complication pour les acteurs mais bien gage drsquoacquisition de connaissances fines de meilleure compreacutehension pour plus de pertinence et de preacuteci-sion dans les deacutecisions et les actions La simplifica-tion de la repreacutesentation des processus agrave lrsquoœuvre dans la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo srsquoavegravere neacutecessaire et utile pour rendre compte de faccedilon syn-theacutetique des efforts de reacuteduction des impacts sur la biodiversiteacute Elle ne peut ecirctre suffisante et son emploi doit srsquoaccompagner drsquoune connaissance de ses limites

2e recommandation

Disposer drsquoun panel drsquooutils repreacutesentant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute

La difficulteacute agrave eacutevaluer la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo srsquoentend drsquoautant mieux qursquoen plus de reacutealiser explicitement les liens entre ces eacutetapes elle doit ideacutealement rendre compte des interactions eacutecolo-giques La reacuteflexion sur les outils de mesure drsquoimpacts des activiteacutes humaines neacutecessite drsquointeacutegrer les diffeacute-rents niveaux drsquoorganisation (des gegravenes aux paysages) et plusieurs composantes (de la structure agrave lrsquoeacutevolution) de la biodiversiteacute Degraves lors cela amegravene agrave envisager lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sous lrsquoangle drsquoun ensemble drsquooutils et drsquoindicateurs com-pleacutementaires ayant plusieurs niveaux de preacutecision et drsquoeacutechelles appreacuteciant diffeacuterentes facettes des impacts sur la biodiversiteacute Ce type drsquoeacutevaluation doit alors repo-ser sur plusieurs variables et meacutetriques de biodiversiteacute Diffeacuterentes approches peuvent ecirctre envisageacutees citons

bull La notion de laquo variables essentielles de biodiver-siteacute raquo deacuteveloppeacutee par le Reacuteseau mondial drsquoobservation de la biodiversiteacute du Groupe drsquoobservation de la Terre (GEO BON) peut constituer une piste de reacuteflexion cette approche permet de balayer les diffeacuterentes dimen-sions de la biodiversiteacute dans un ensemble restreint de variables Ce point est deacuteveloppeacute en partie 312 p 61

bull Srsquoil semble difficile drsquoeacutetablir un laquo indicateur biodiversiteacute raquo comme il en existe pour le climat les

6968

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

bull drsquoune part des arbres drsquoaide agrave la deacutecision afin drsquoorienter vers lrsquooutil le plus adapteacute agrave la question poseacutee selon le secteur drsquoactiviteacute le niveau de lrsquoactiviteacute eacutevalueacutee (cycle de vie drsquoun produit processus de production site uniteacute commerciale entreprise globale ndash voire collectiviteacute territoire ou pays) les finaliteacutes de lrsquoeacutevaluation (sensibi-lisation interne deacuteveloppement drsquoactiviteacutes deacuteclaration de performance extra-financiegravere obligatoire obtention de financements) les utilisateurs des reacutesultats (cadres deacutecisionnels syndicats clients actionnaires) le ni-veau drsquoexpertise et drsquoaccompagnement neacutecessaire

bull drsquoautre part une documentation peacutedagogique qui expose et deacutetaille la meacutethodologie de construction et de calcul de lrsquoindicateur Cette documentation pour-rait ecirctre illustreacutee selon le degreacute de deacuteveloppement et de deacuteploiement des outils par des cas pilotes ou des retours drsquoexpeacuterience discutant leur applicabiliteacute Si cette pratique a pu ecirctre observeacutee pour certains outils eacutevalueacutes elle nrsquoest pas encore geacuteneacuteraliseacutee

Deacutetailler la meacutethodologie et les calculs de faccedilon com-preacutehensible et expliciter les limites permettraient drsquoeacutevi-ter lrsquoeffet laquo boicircte noire raquo de ces outils dont la construc-tion est relativement complexe et drsquoameacuteliorer lrsquoanalyse des reacutesultats qui en deacutecoulent Un tel effort de la part des concepteurs drsquooutils initieacute mais encore insuffisant rendrait les outils plus appropriables par les utilisateurs potentiels sans diminuer pour autant le besoin drsquoun accompagnement speacutecifique pour les utilisateurs

9e recommandation

Deacutevelopper lrsquoaccompagnement reacutegalien des acteurs pour favoriser la transition eacutecologique

Outre les efforts de peacutedagogie sur des outils par leurs concepteurs un accompagnement reacutegalien est neacuteces-saire pour deacutevelopper leur utilisation et de faccedilon plus complegravete la sensibilisation aux enjeux lieacutes agrave lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute et les pistes pour limiter cette eacuterosion Les eacuteleacutements issus de lrsquoenquecircte et des eacutechanges en ate-liers et pleacuteniegraveres soulignent plusieurs leviers dont

bull reacuteformer la fiscaliteacute notamment sur les espaces naturels non bacirctis afin de ne pas favoriser la transfor-mation des terres ni leur artificialisation

bull utiliser des outils financiers par exemple condi-tionner lrsquoobtention de subventions agrave des limitations des pressions drsquoimpacts actionner le levier pollueur-payeur les paiements pour services environnemen-taux etc et eacutevaluer leurs effets

bull faire mieux appliquer la reacuteglementation existante et preacutevenir la distorsion de concurrence

bull appuyer la labellisation ou des concours (par exemple label drsquoagriculture biologique capitales fran-ccedilaises de la biodiversiteacute territoires drsquoexcellence envi-ronnementale etc) voire deacutevelopper de nouveaux labels officiels

bull inteacutegrer des critegraveres de laquo mieux-disance environ-nementale raquo dans les marcheacutes publics

bull deacutevelopper une offre peacutedagogique pour tous les acteurs

bull etcCet accompagnement est drsquoautant plus neacutecessaire

qursquoon peut aujourdrsquohui observer le laquo paradoxe envi-ronnemental raquo du discours courant celui-ci souligne la deacutependance des entreprises agrave la biodiversiteacute les opportuniteacutes financiegraveres que celle-ci peut repreacutesenter pour les entreprises et le besoin qui en deacutecoule de la proteacuteger Toutefois le constat est que le modegravele eacuteco-nomique actuel nrsquoa pas fait la preuve de son efficaciteacute agrave geacuteneacuterer une transition eacutecologique Les indicateurs au niveau des entreprises mais aussi de lrsquoEacutetat neacuteces-sitent drsquoecirctre repenseacutes afin drsquoaccompagner les acteurs vers une vision ougrave le systegraveme eacuteconomique est aussi voire avant tout une source de risques ou drsquoopportu-niteacutes pour la biodiversiteacute

Un point de vigilance doit ecirctre souleveacute cer-tains financeurs priveacutes notamment actionnaires et banques et les agences de notation socieacutetale sont de plus en plus attentifs aux impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute La conseacutequence de cette attention ver-tueuse est drsquointeacutegrer dans leurs conditions drsquoaide ou leur grille de notation lrsquoutilisation des outils objets de cette eacutetude ou les indicateurs qui en reacutesultent Une telle pratique aurait pour effet non souhaiteacute par les acteurs de rendre laquo prescriptive raquo lrsquoutilisation de ces derniers

10e recommandation

Renforcer la recherche partenariale aussi bien fondamentale qursquoappliqueacutee

Les intervenants qui ont apporteacute leur concours agrave cette eacutetude soulignent qursquoil est difficile drsquoobtenir des eacuteva-luations fiables drsquoimpacts potentiels et encore moins preacutedictifs tant les dynamiques de biodiversiteacute ne sont pas lineacuteaires peuvent preacutesenter des effets de seuils des effets retard ou encore des eacutevolutions lentes mais irreacuteversibles Afin drsquoameacuteliorer la connaissance des dy-namiques de biodiversiteacute qui demeure encore impar-faite la recherche doit ecirctre poursuivie observation collecte de donneacutees expeacuterimentation modeacutelisation sont autant de pratiques agrave renforcer

Dans le cadre plus speacutecifique du deacuteveloppement des outils outre des travaux sur lrsquoarticulation expli-cite de la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo les communauteacutes acadeacutemiques actives sur ces sujets sont inviteacutees agrave travailler sur la prise en compte des eacutechelles et des dynamiques spatiales et temporelles des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute ainsi qursquoagrave preacuteciser les atouts et les limites des eacutetats de reacutefeacuterence lorsque ceux-ci sont utiliseacutes Les acteurs

reacutealisables en prenant en compte toutes les activiteacutes concerneacutees ndash pas seulement celles qui sont modeacuteliseacutees et pour lesquelles il existe des tables de reacutefeacuterence ndash et tous les eacuteleacutements de biodiversiteacute puis en argumen-tant la priorisation des chaicircnes laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo qui parmi les possibles seront particuliegrave-rement mobiliseacutees afin drsquoeacutevaluer les impacts

Cocircteacute deacuteveloppeurs drsquooutils cela implique de tra-vailler agrave inteacutegrer toutes les pressions notamment celles relatives aux pollutions et aux espegraveces exotiques envahissantes En ce qui concerne lrsquoACV les acteurs appellent agrave une prise en compte de lrsquoensemble du cycle de vie dans les eacutevaluations

Enfin cocircteacute recherche cela implique de poursuivre les travaux pour modeacuteliser les interactions le cumul des pressions et des effets de seuil potentiels ndash avec une approche spatialiseacutee et avec des donneacutees robustes sur le plan scientifique

Drsquoautres perspectives peuvent aussi ecirctre travail-leacutees comme lrsquoestimation des impacts sur les services eacutecosysteacutemiques explicite pour les acteurs et les deacuteci-deurs de la reacutesilience des eacutecosystegravemes etc

6e recommandation

Renforcer lrsquoeacutevaluation de la fiabiliteacute de la robustesse de la sensibiliteacute et des incertitudes associeacutees aux outils

Outre lrsquoameacutelioration des performances des outils les ateliers et les eacutevaluations des outils ont fait eacutemerger le besoin de disposer des arguments scientifiques sur la fiabiliteacute la robustesse la sensibiliteacute des outils sur le choix des donneacutees les pondeacuterations et les incerti-tudes ainsi que sur les hypothegraveses sous-jacentes au modegravele des relations laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo ndash mobiliseacute agrave lrsquoexteacuterieur ou construit speacutecifiquement dans le cadre de lrsquooutil Ces eacuteleacutements pourraient ecirctre eacutevalueacutes et documenteacutes par les concepteurs drsquooutils de faccedilon plus transparente eu eacutegard agrave la complexiteacute des processus qursquoils eacutevaluent

De plus dans le cadre drsquoune deacutemarche drsquoameacuteliora-tion continue les outils pourraient ecirctre reacuteguliegraverement eacutevalueacutes par des tiers acadeacutemiques issus de diffeacuterentes disciplines (eacutecologie eacuteconomie) et sans conflit drsquoin-teacuterecirct (sans ecirctre co-auteurs) quant aux deacuteveloppements des modegraveles sur lesquels reposent les outils Enfin une validation des impacts eacutevalueacutes par lrsquoacquisition de donneacutees sur le terrain srsquoavegravererait aussi essentielle Lrsquoensemble de cette deacutemarche pourrait servir une communication transparente et humble sur les outils leurs atouts et limites

Ces eacuteleacutements sont drsquoautant plus importants que les acteurs qui utilisent les outils ne sont pas neacutecessaire-ment dans une deacutemarche de veacuterification de la validiteacute des outils utiliseacutes

7e recommandation

Ne pas attendre pour agir travailler sur les pressions et les reacuteponses

Devant lrsquoampleur du travail restant agrave accomplir et les biais des outils drsquoeacutevaluation des impacts aujourdrsquohui disponibles acteurs et chercheurs soulignent ainsi la neacutecessiteacute drsquoaxer les outils sur les laquo pressions exerceacutees raquo et les laquo reacuteponses apporteacutees raquo plus que sur les laquo impacts sur la biodiversiteacute raquo Lrsquoeacutetat et les tendances de la bio-diversiteacute sont deacutejagrave relativement bien documenteacutes de lrsquoeacutechelle mondiale (travaux de lrsquoIpbes par exemple) agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale (travaux des observatoires reacutegio-naux par exemple) par diffeacuterents acteurs Il existe en outre pour des eacutevaluations locales de lrsquoeacutetat reacuteel de la biodiversiteacute un ensemble drsquoacteurs et drsquooutils qui peuvent reacutepondre agrave ce besoin

Pour les acteurs eacuteconomiques outre une meilleure caracteacuterisation des liens entre laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo la prise en compte des pressions neacuteces-site de bien diffeacuterencier agrave lrsquoeacutechelle des entreprises et dans les outils les laquo pressions directes raquo pour lesquels ils disposent de mesures drsquoeacutevitement ou de reacuteduction (par exemple reacuteduire lrsquoemprise au sol drsquoune activiteacute diminuer lrsquousage de produits chimiques eacuteviter la deacutefo-restation) et les laquo pressions indirectes qui sont sou-vent les leviers sur lesquels les acteurs peuvent agir pour reacuteduire plus durablement les pressions directes (par exemple engager le management de lrsquoentreprise dans des objectifs de trajectoire durable reacuteduire les allocations de fonds aux activiteacutes les plus impactantes favoriser le deacuteveloppement drsquoinnovations limiter les achats de produits eux-mecircmes agrave fort impact etc) raquo

Par ailleurs lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute pourrait ecirctre prolongeacutee par une eacutevaluation des effets des reacuteponses apporteacutees des mesures correctives adopteacutees pour limiter les impacts Les acteurs pourraient alors mettre en avant leurs bonnes pratiques et les reacutesultats favorables pour la biodiversiteacute reacuteellement obtenus

Les travaux sur les laquo pressions raquo et les laquo reacuteponses raquo doivent srsquointeacutegrer dans les strateacutegies des acteurs pri-veacutes industriels marchands et publics Ils renvoient aux volonteacutes et aux capaciteacutes de transformation des systegravemes contemporains pour reacutealiser la transition eacutecologique

8e recommandation

Deacutevelopper des guides de choix et drsquoutilisation des outils preacutecis et illustreacutes par des exemples

Une des principales conclusions de lrsquoenquecircte et de lrsquoeacuteva-luation exposeacutees dans les chapitres preacuteceacutedents pointe le besoin drsquoaccompagner les acteurs en proposant

7170

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

qui utilisent des indicateurs de pressions drsquoeacutetat et de reacuteponses attendent quant agrave eux des tableaux de bord plus clairs pour mettre en regard des outils diagnostics (indicateurs de pressions et drsquoeacutetat) et des leviers drsquoac-tions (indicateurs de reacuteponses) quitte agrave utiliser des approximations ducircment argumenteacutees Dans tous les cas une meilleure connaissance des conditions drsquoap-plication du domaine drsquoutilisation (secteur eacutechelle pilotage etou rapportage etou sensibilisation) de la fiabiliteacute la robustesse et la reproductibiliteacute est appa-rue comme une condition neacutecessaire drsquoappropriation par les acteurs

Ces deacuteveloppements peuvent ecirctre reacutealiseacutes au sein de projets de recherche largement multi-partenariaux et deacuteboucher sur des cas drsquoeacutetude des pilotes permettant drsquoobtenir des retours drsquoexpeacuteriences utiles aussi bien sur les plans acadeacutemique et pratique Soulignons que lrsquoen-gagement drsquoacteurs de parties prenantes tregraves en amont de la deacutefinition de projets de recherche facilite lrsquoappro-priation reacuteciproque des besoins et des contraintes ainsi que la diffusion des reacutesultats

11e recommandation

Deacutevelopper la conception et les applications publiques

Lrsquoeacutetude a porteacute sur lrsquoeacutevaluation drsquooutils mais aussi agrave leur applicabiliteacute aux acteurs publics territoriaux et na-tionaux Il ressort que ce domaine drsquoapplication nrsquoest pas encore deacuteveloppeacute Une recommandation geacuteneacuterale est donc de travailler agrave promouvoir lrsquoutilisation drsquoindi-cateurs de pressions eacutetat et reacuteponses pour appuyer le pilotage et lrsquoeacutevaluation des actions des collectiviteacutes de reacutefleacutechir agrave la transposabiliteacute des outils inteacutegratifs en de-hors de la sphegravere du secteur priveacute marchand qursquoils srsquoap-puient sur le cadre PER ou sur lrsquoACV drsquoaccompagner les collectiviteacutes dans lrsquoappropriation de ces meacutethodes parfois complexes Au niveau de lrsquoEacutetat les acteurs re-commandent que la puissance publique deacuteveloppe une deacutemarche adapteacutee agrave lrsquoeacutechelle du pays utile dans le cadre des neacutegociations internationales tout en eacutetant attentive agrave sa compatibiliteacute avec les outils des acteurs eacuteconomiques

RecommandationsPublics cibles

Deacuteveloppeurs Utilisateurs Chercheurs Deacutecideurs politiques

Accepter la complexiteacute du vivant pour des actions plus pertinentes et plus preacutecises times times times times

Disposer drsquoun panel drsquooutils appreacuteciant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute times times times times

Travailler avec tous les acteurs et mieux utiliser les connaissances et les donneacutees disponibles times times times

Adapter les outils aux pratiques de lrsquoentreprise et agrave ses leviers drsquoactions times times times

Mieux caracteacuteriser les liens entre activiteacutes pressions et impacts times times

Renforcer lrsquoeacutevaluation de la fiabiliteacute la robustesse la sensibiliteacute et les incertitudes associeacutees aux outils times times

Ne pas attendre pour agir travailler sur les pressions et les reacuteponses times times

Deacutevelopper des guides de choix et drsquoutilisation des outils preacutecis et illustreacutes par des exemples times

Deacutevelopper lrsquoaccompagnement reacutegalien des acteurs pour favoriser la transition eacutecologique times

Renforcer la recherche partenariale aussi bien fondamentale qursquoappliqueacutee times times times times

Deacutevelopper la conception et les applications publiques times times times

synthegravesEs DEs rECOMMAnDAtIOns Et PUbLICs CIbLEsTABLEAU 3

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Conclusion

Lrsquoheure est agrave lrsquoaction pour sauvegarder et restaurer la biodiversiteacute Lrsquoaction se situe du cocircteacute des politiques publiques bien sucircr mais aussi des citoyens des collectiviteacutes locales et des entreprises de toutes natures Cela passe par la neacutecessaire inclusion drsquoune preacuteoccupation sur lrsquoeacutetat et le devenir de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques dans toutes les pratiques et politiques qui en deacutependent et qui lrsquoimpactent ndash notamment voire surtout les activiteacutes eacuteconomiques ndash ce que la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) a deacutesigneacute sous le terme laquo drsquointeacutegration de la biodiversiteacute raquo (mainstreaming)

Prendre en compte les aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute et de la crise systeacutemique qursquoelle traverse

Lrsquoaction crsquoest drsquoabord la reacuteduction rapide des facteurs de pression ceux que la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) a rappeleacute changement drsquousages des terres surexploitation des ressources pollutions changement climatique espegraveces envahissantes

En termes drsquoindicateurs il importe de deacutecliner ces grands facteurs en une typologie deacutetailleacutee de pressions qui fassent sens pour les acteurs par exemple caracteacuteriser les effets des pollutions lieacutees aux plastiques aux pesticides aux perturbateurs endocriniens etc Cette publication montre agrave la fois les difficulteacutes qursquoil y a agrave mesurer les impacts des activiteacutes humaines et les pistes pour progresser pour ameacuteliorer les reacuteponses des acteurs

Les outils mesurant ces impacts exposeacutes dans cette publication preacutesentent ainsi un caractegravere mobilisateur ils feacutedegraverent les acteurs dans une deacutemarche permettent de srsquointeacuteresser agrave la biodiversiteacute et drsquoeacutevaluer des progregraves Les questions adresseacutees par les membres du Comiteacute drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB et la nombreuse assistance aux Journeacutees FRB 2019 teacutemoignent de lrsquointeacuterecirct porteacute au sujet

Toutefois lrsquoutilisation de ces outils ne saurait se reacuteduire agrave eacutevaluer de faccedilon ex-ante ou ex-post les impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute elle a aussi et surtout pour finaliteacute de reacuteduire les pressions qui srsquoexercent sur elle Ce qui exige souvent drsquoappreacutehender la biodiversiteacute dans un cadre systeacutemique drsquointeractions et de reacutetroactions au sein du vivant entre acteurs et biodiversiteacute Le rapport speacutecial de lIpbes publieacute en 2019 sur la base de plus de 20 ans de travaux scientifiques donne des pistes Ce rapport aborde les aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute et de la crise qursquoelle traverse dont les indicateurs doivent rendre compte Il srsquoagit drsquoeacutevaluer lrsquoimpact des pressions

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Meacutethodes drsquoeacutevaluations complegravetes Meacutethodes drsquoeacutevaluations complegravetes

via diffeacuterents indicateurs drsquoeacutetat de la biodiversiteacute diversiteacute speacutecifique eacutetat des espegraveces menaceacutees abondance des espegraveces communes eacutetat des fonctions eacutecologiques et des services eacutecosysteacutemiques structure des eacutecosystegravemes Le cadre systeacutemique doit permettre drsquoanticiper les effets des politiques et pratiques de chacun en inteacutegrant lrsquoeffet des autres acteurs leurs interactions les effets en retour de la biodiversiteacute ndash une piste eacutetant par exemple lrsquoapproche laquo conseacutequentielle raquo des analyses de cycles de vie

Des ameacuteliorations agrave apporter dans les outils en deacuteveloppement

Afin drsquointeacutegrer ces aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute dans un cadre systeacutemique il est essentiel de poursuivre les recherches et les deacuteveloppements meacutethodologiques Il srsquoagit de reacutepondre au besoin drsquoindicateurs voire drsquooutils au sein des entreprises comme facteur drsquoincitation agrave agir et comme gage drsquoune meilleure action Il est aussi essentiel de renseigner lrsquoEacutetat les citoyens les consommateurs Le sujet est ardu et il est neacutecessaire de deacutefinir un chemin qui tienne compte

ndash des diffeacuterents types drsquoindicateurs et drsquooutils (eacutetat pressions reacuteponses enchaicircnement des activiteacutes jusqursquoaux impacts)

ndash des cadres conceptuels des eacutechelles inteacutegratives (du cycle de vie drsquoun produit ou drsquoun service agrave la biodiversiteacute ses niveaux drsquoorganisation sa dimension spatiotemporelle)

ndash des eacutetats de maturiteacute des outils (de nombreux outils sont en phase de deacuteveloppement ou en phase pilote)

ndash drsquoatouts de limites agrave reacuteduire drsquohypothegraveses agrave mieux argumenter de lien avec la reacutealiteacute du terrain agrave renforcer

ndash des besoins des acteurs (eacutevaluer lrsquoimpact drsquoun produit drsquoune entreprise drsquoun changement de pratique rendre compte)

ndash des nombreuses initiatives internationales europeacuteennes nationales autour des indicateurs et des outils

Entre diversiteacute et hieacuterarchie des indicateurs

Au-delagrave du laquo porteacute agrave connaissance raquo de cette publication une des conclusions est qursquoil serait difficile surtout reacuteducteur et non pertinent drsquoimposer aux acteurs aux entreprises aux citoyens un outil ou un indicateur unique pour rendre compte des impacts Chaque acteur entreprise en fonction de ses activiteacutes et de ses pressions devrait disposer drsquoun ou plusieurs indicateurs plus ou moins inteacutegratifs adapteacutes agrave son type drsquoactiviteacute scientifiquement valideacutes Ces indicateurs ont plusieurs usages possibles deacutevelopper une comptabiliteacute environnementale agrave usage interne rendre compte de ses actions et de ses reacutesultats en matiegravere de responsabiliteacute sociale et deacutesormais environnementale

deacutecider piloter ses activiteacutes afin de les rendre moins impactantes De mecircme les citoyens ont besoin drsquoune diversiteacute drsquoindicateurs ajusteacutes agrave la diversiteacute de leurs attentes De maniegravere compleacutementaire lrsquoEacutetat doit se doter drsquoun ou plusieurs outils ou indicateurs pour mesurer les effets de lrsquoeffort collectif national en termes de protection de la biodiversiteacute et en rendre compte au niveau international

Dans le mecircme temps il reste indispensable de srsquoaccorder sur un ensemble minimal de dimensions de la biodiversiteacute agrave prendre en compte afin drsquoavoir une vision harmoniseacutee de son eacutetat et de sa dynamique afin de veacuterifier et de confronter les efforts pour reacuteduire son eacuterosion

Le choix des indicateurs selon leur qualiteacute leur fiabiliteacute leur transparence et leur inclusiviteacute est essentiel pour eacuteviter et reacuteduire les impacts sur la biodiversiteacute des efforts collectifs concerteacutes sont neacutecessaires

Perspectives une reacuteflexion collective neacutecessaire agrave lrsquoameacutelioration des indicateurs

De par les deacutefis scientifiques que doivent affronter les outils mis en exergue dans cette publication cette reacuteflexion est aussi une invitation agrave deacutevelopper les collaborations avec le monde acadeacutemique Il est neacutecessaire de roder les outils de les exposer agrave lrsquoeacutevaluation scientifique externe afin dameacuteliorer leur pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute et de la complexiteacute des processus qui en sont agrave lrsquoorigine Lrsquoobjectif est bien de deacutevelopper des outils qui reacutepondent agrave la fois aux besoins des entreprises agrave la demande des consommateurs et des citoyens mais qui incarnent aussi le plus preacuteciseacutement possible une reacutealiteacute biologique et eacutecologique

Pour chaque acteur un indicateur est une boussole qui oscille entre dimension scientifique et dimension politique La reacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines est prolongeacutee par la phase de deacutecision ndash drsquoimplantation drsquoune activiteacute de choix drsquoune matiegravere premiegravere drsquoactions de protection ou de restauration Pour cette eacutetape il pourrait ecirctre utile dans certains cas de compleacuteter les informations fournies par un ensemble drsquoindicateurs par des sceacutenarios baseacutes sur des approches socio-eacutecosysteacutemiques

En reacutesumeacute cette publication preacutesente de nombreuses initiatives portant sur des outils de mesure de lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute leurs logiques ambitions forces et limites De nombreuses pistes drsquoameacutelioration sont suggeacutereacutees Lrsquoenjeu eacutetant que les outils et les indicateurs contribuent agrave une ambition partageacutee preacuteserver et restaurer la biodiversiteacute dont nous faisons partie

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Annexes

Annexe 1 Questions de lrsquoenquecircteAnnexe 2 Questions sur la grille drsquoeacutevaluation scientifique Annexe 3 Liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeurs indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019

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Annexes Annexes

Annexe 1 Questions de lrsquoenquecircte

bull Nom Type de structure Secteur drsquoactiviteacute Effectif de la structure Code du deacutepartement

bull Connaissez-vous des indicateurs de biodiversiteacute Si oui lesquels

bull Utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiver-siteacute Si oui lesquels

bull Pour quelles raisons utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

bull Pour quelles raisons nrsquoutilisez-vous pas drsquoindicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les limites des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute existants

bull Il faut deacutefinir un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute ndash Par type drsquoacteurndash Par secteur drsquoactiviteacutendash Sans opinionndash Etc

bull Facile agrave mettre en place (meacutethodologie simplifieacutee)ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Sensible Reacuteactif (deacutetecte rapidement un change-ment signifiant)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Robuste (la mesure ou le calcul de lrsquoindicateurindice reste fiable mecircme lorsque les conditions varient)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Preacutecis (mesure avec une faible marge drsquoerreur ou drsquoincertitude le pheacutenomegravene qursquoil est supposeacute deacutecrire)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Baseacute sur lrsquoautoeacutevaluation (lrsquoentreprise remplit un questionnaire)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Produire un reacutesultat quantitatif et mesurable (com-parable agrave la tonne de CO2 pour lrsquoimpact climatique)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Parlant (transmettre un message clair et facilement interpreacutetable)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Disponible au grand public (ecirctre en libre accegraves et diffuseacute systeacutematiquement par les entreprises)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Obligatoire (sa mise en place est rendue obligatoire par la loi)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Inteacutegreacute (prendre en compte les caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Quels eacuteleacutements vous inciteraient agrave utiliser un (ou des) indicateur drsquoimpact de vos activiteacutes sur la bio-diversiteacute

bull Quelles sont les connaissances qui vous manquent pour utiliser parfaitement un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Annexe 2 Questions de la grille drsquoeacutevaluation scientifique

Pressions prises en compte

bull Quelles sont les pressions directes prises en compte dans les modegraveles (laquo pressure raquo in DPSIR laquo direct dri-vers raquo in MEA) (en diffeacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les pressions indirectes prises en compte dans les modegraveles (laquo drivers raquo in DPSIR) (en diffeacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les pressions prises en compte dans lrsquooutil

bull Si elles sont diffeacuterentes de celles du modegravele quel est lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute de cette diffeacuterence

bull Y a-t-il des manques en termes de pressions agrave prendre en compte

Liens entre les pressions et les impacts sur la biodiversiteacute

bull Quels sont les modegraveles mobiliseacutes dans lrsquooutil afin de lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans le modegravele

bull Quels sont les avantages du ou des modegraveles (en dif-feacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les limites du ou des modegraveles (en diffeacute-renciant par modegravele)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans les modegraveles (donneacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mutualiseacutees dans une base de donneacutees donneacutees drsquoobservation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) (en diffeacuterenciant par modegravele) Quelles sont leurs avan-tages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Quelles sont les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil

bull Si elles sont diffeacuterentes de celles du modegravele quel est lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute de cette diffeacuterence

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil (don-neacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mu-tualiseacutees dans une base donneacutees donneacutees drsquoobser-vation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) Quelles sont leurs avantages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Preacutecision de lrsquooutil la relation entre pressions et impacts est-elle significative La marge drsquoerreur drsquoincertitude lieacutee agrave cette relation est-elle faible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Sensibiliteacute de lrsquooutil la relation entre pressions et impacts est-elle sensible Lrsquooutil permet-il de faire la diffeacuterence (impacts) entre des situations (pressions) qui sont diffeacuterentes Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Lrsquooutil permet-il de deacutetecter des changements preacute-coces de biodiversteacute (type laquo early warning signals raquo)

Informations geacuteneacuterales

bull Agrave quelle eacutetape le deacuteveloppement de lrsquooutil est-il en 2019

bull Quels sont les secteurs drsquoactiviteacutes actuellement concerneacutes ou potentiels

bull Quelles sont les eacutechelles drsquoeacutevaluation drsquoimpact des activiteacutes sur la biodiversiteacute

bull Quels sont les milieux actuellement concerneacutes ou potentiels

bull Business application in summarybull Quel est le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par

lrsquooutil

Liens entre les activiteacutes et les pressions

bull Quels sont les modegraveles mobiliseacutes dans lrsquooutil afin de lier activiteacutes et pressions

bull Quels sont les avantages du ou des modegraveles (en dif-feacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les limites du ou des modegraveles (en diffeacute-renciant par modegravele)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans les modegraveles (donneacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mutualiseacutees dans une base de donneacutees donneacutees drsquoobservation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc (en diffeacuterenciant par modegravele) Quelles sont leurs avan-tages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil (don-neacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mu-tualiseacutees dans une base donneacutees donneacutees drsquoobser-vation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) Quelles sont leurs avantages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Preacutecision de lrsquooutil la relation entre activiteacutes et pressions est-elle significative La marge drsquoerreur drsquoincertitude lieacutee agrave cette relation est-elle faible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Sensibiliteacute de lrsquooutil la relation entre activiteacutes et pressions est-elle sensible Lrsquooutil permet-il de faire la diffeacuterence (pressions) entre des situations (activi-teacutes) qui sont diffeacuterentes Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Fiabiliteacute de lrsquooutil la deacutetermination de la relation entre activiteacutes et pressions est-elle fiable La deacuteter-mination de cette relation est-elle reproductible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

8180

Annexes Annexes

bull Lrsquooutil permet-il de deacutetecter des changements inha-bituels voire des points drsquoinflexion lors de change-ments non lineacuteaires

bull Fiabiliteacute de lrsquooutil la deacutetermination de la relation entre pressions et impacts est-elle fiable La deacuteter-mination de cette relation est-elle reproductible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

Biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur

bull Agrave quels peacuterimegravetres spatials lrsquooutil srsquointeacuteresse-t-il pour eacutevaluer les pressions et les impacts sur la bio-diversiteacute Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Agrave quels peacuterimegravetres temporels lrsquooutil srsquointeacuteresse-t-il pour eacutevaluer les pressions et les impacts sur la bio-diversiteacute Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Quels sont les niveaux drsquoorganisation de la biodiver-siteacute pris en compte dans lrsquooutil Geacuteneacutetique Indivi-du Espegravece Population Communauteacute Habitat Eacuteco-systegraveme Paysage Autre Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Lors de la prise en compte drsquoespegraveces pour le calcul de lrsquoindicateur srsquoagit-il drsquoespegraveces en particulier espegraveces cibles espegraveces bioindicatrices vulneacuterables patrimoniales etc Ou drsquoagreacutegations drsquoespegraveces

bull Quelles sont les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte dans lrsquooutil Composition Structure Fonction Eacutevolution Autre Quels en sont les inteacute-recircts et les limites

bull Lrsquoindicateur est-il repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute occasionner par les activiteacutes prises en compte

bull La meacutethode associeacutee agrave lrsquooutil preacuteconise-t-elle de reacute-peacuteter le calcul Si oui agrave quelle freacutequence Si non quelle freacutequence serait pertinente

bull Pertinence de lrsquooutil lrsquooutil est-il pertinent pour rendre compte drsquoimpacts drsquoactiviteacutes sur la biodiver-siteacute

bull Quels sont les avantages de lrsquoindicateur pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les limites de lrsquoindicateur pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

bull Un ou plusieurs autres outils ou indicateurs pour-raient-ils compleacuteter celui-ci ou ecirctre plus pertinents (en diffeacuterenciant outils et indicateurs) (ex ensemble de bioindicateurs Ecological Damage Potential (EDP) Indicator Functional Diversity Index etc)

Meacutethodologie de lrsquooutil et calcul de lrsquoindicateur

bull Quelles sont les grandes eacutetapes de calcul de lrsquoindica-teur

bull Le calcul de lrsquoindicateur est-il clair rigoureux trans-parent

bull Quels sont les avantages de la construction de lrsquooutil pour le calcul de lrsquoindicateur

bull Y a-t-il des biais possibles des limites des incerti-tudes lieacutees au calcul Le cas eacutecheacuteant comment les limiter

bull Le calcul de lrsquoindicateur permet-il des changements drsquoeacutechelles spatiale etou temporelle Le cas eacutecheacuteant se base-t-il sur les mecircmes donneacutees Le cas eacutecheacuteant preacutecision sensibiliteacute et fiabiliteacute sont-elles affecteacutees

Utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

bull Quels sont les niveaux du cadre Pressure-State-Res-ponse pris en compte par les modegraveles

bull Lrsquooutil permet-il drsquoajouter un ou des niveaux suppleacute-mentaires

bull Quels sont les domaines drsquoapplication de lrsquoutilisa-tion de lrsquooutil en termes de connaissance des im-pacts (actuels ou potentiels) et de types de deacutecision (financiegraveres etou drsquoinvestissement sur un projet et ou de production sur la localisation du site)

bull En vue du coucirct de la mise en place de lrsquooutil et de sa performance par rapport agrave la biodiversiteacute quelle est la rentabiliteacute de lrsquooutil

bull Existe-t-il une valeur cible ou un objectif agrave atteindre pour cet indicateur

bull Lrsquoindicateur permet-il des comparaisons entre enti-teacutes (sites entreprises collectiviteacutes pays) agrave des zones geacuteographiques etou agrave des moments (suivi temporel) diffeacuterents

bull Lrsquooutil pourrait-il ecirctre utiliseacute dans un cadre public et le eacutecheacuteant lesquels (bacirctiment public collecti-viteacute eacutetat)

bull Lrsquooutil transmet un message clair et facilement inter-preacutetable par les non-experts

bull Lrsquooutil peut servir pour transmettre des messages (sur la performance au niveau drsquoimpact sur la biodi-versiteacute) au grand public

bull Lrsquooutil et lrsquoindicateur peuvent-ils srsquoinseacuterer dans des cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute (Ipbes CBD ODD etc)

Pistes drsquoameacuteliorations

bull Quels pourraient-ecirctre les deacuteveloppements souhai-tables de cet outil (conception statistique mobilisa-tion drsquoautres donneacutees acquises ou agrave acqueacuterir deacutecli-naison territoriale)

Annexe 3 Liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeur indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019

Indicateurs et autres informations Informations et donneacutees preacutesentes dans le rapport

Empreinte eacutecologique (Ecological footprint)

La demande de lrsquohumaniteacute deacutepasse la biocapaciteacute de la planegravete depuis plus de 40 ans et le calcul de lrsquoempreinte eacutecologique montre qursquoil faudrait 16 Terre pour reacutepondre aux demandes annuelles de lrsquohumaniteacute envers la nature

Production primaire nette restant dans les eacutecosystegravemes terrestres apregraves appropriation par lrsquohomme (Net primary production remaining in terrestrial ecosystems after human appropriation)

La production primaire nette restant dans les eacutecosystegravemes terrestres apregraves appropriation par lrsquohomme est maintenant drsquoenviron 86 de son niveau de reacutefeacuterence naturel infeacutereacute et de seulement 64 en Asie

Biomasse veacutegeacutetale (Vegetation biomass)

La biomasse veacutegeacutetale est reacuteduite par le changement drsquoaffectation des terres et lrsquointensification agrave moins de 50 du niveau attendu srsquoil nrsquoy avait pas drsquoutilisation humaine des terres ndash avec une tendance agrave la hausse depuis 1970 sous lrsquoeffet de la fertilisation du changement climatique et de la re-veacutegeacutetation apregraves un preacuteceacutedent changement drsquousage des terres

Indice de biodiversiteacute de lrsquohabitat (Biodiversity habitat index)

Lrsquoindice de biodiversiteacute de lrsquohabitat estime lrsquointeacutegriteacute actuelle de lrsquohabitat terrestre pour la biodiversiteacute indigegravene agrave 70 de son niveau drsquoorigine

Indice drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute (Biodiversity Intactness Index)

Lrsquoindice drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute nrsquoest que de 79 en moyenne dans les eacutecosystegravemes terrestres la plupart des biomes eacutetant infeacuterieurs agrave 90

Paysages forestiers intacts (Intact forest landscapes)

Les paysages forestiers intacts continuent de deacutecliner rapidement dans les pays riches et pauvres et en particulier dans les pays neacuteotropicaux en raison de lrsquoexploitation forestiegravere industrielle de lrsquoexpansion agricole des incendies et de lrsquoexploitation miniegravere (perte de 7 entre 2000 et 2013)

Couverture forestiegravere (Tree cover)

La couverture forestiegravere est estimeacutee agrave seulement 542 de la superficie agrave lrsquoaube de la civilisation humaine Le couvert forestier mondial a augmenteacute de 26 par deacutecennie entre 1982 et 2016 mais il continue agrave diminuer dans les tropiques et environ 153 milliards drsquoarbres sont encore perdus chaque anneacutee en raison de la deacuteforestation de la gestion des forecircts des perturbations et des changements drsquoaffectation des terres

Eacutetendue des forecircts (Extent of forests)

Lrsquoeacutetendue des forecircts repreacutesente 681 de leur eacutetendue preacuteindustrielle (soit 460 millions drsquohectares de moins que la limite de seacutecuriteacute proposeacutee) Lrsquoeacutetendue des forecircts a diminueacute nettement plus lentement en 2005-2015 qursquoen 1990-2005

Indice de tendance de lrsquoeacutetendue des zones humides (Wetland Extent Trend Index)

Lrsquoindice de tendance de lrsquoeacutetendue des zones humides diminue rapidement (Dixon et al 2016) et jusqursquoagrave 87 des zones humides naturelles preacutesentes en 1700 eacutetaient perdues en 2000

8382

Annexes Annexes

[Surfaces] de terres ni cultiveacutees ni urbaniseacutees (Land neither cultivated nor urban)

Les [surfaces] de terres ni cultiveacutees ni urbaniseacutees nrsquoont diminueacute lentement que depuis 1992 Des diminutions [de surfaces] beaucoup plus rapides sont observeacutees dans certains eacutecosystegravemes (prairies tempeacutereacutees -25 forecircts tropicales et subtropicales -13 ) Certaines reacutegions ont eacutegalement connu une eacutevolution particuliegraverement rapide de leur couverture terrestre entre 2001 et 2012 lrsquoArctique a connu une augmentation de 52 de lrsquoeacutetendue des forecircts de 19 des zones humides et une diminution de 91 des terres steacuteriles

Diversiteacute geacuteneacutetique au sein drsquoune population (Genetic diversity within-population)

La diversiteacute geacuteneacutetique au niveau des populations a diminueacute au rythme drsquoenviron 1 par deacutecennie depuis le milieu du XIXe siegravecleCertaines eacutetudes montrent que les populations insulaires ont eu tendance agrave perdre plus de diversiteacute geacuteneacutetique que les populations continentales les populations dont lrsquohabitat a eacuteteacute fragmenteacute par un changement drsquoutilisation des terres ont environ 17 de diversiteacute geacuteneacutetique en moins que les populations non perturbeacutees [] Cette tendance vaut aussi pour les espegraveces domestiqueacutees avec des races animales eacuteteintes ou menaceacutees drsquoextinction

Diversiteacute geacuteneacutetique entre les espegraveces diversiteacute phylogeacuteneacutetique (Genetic diversity among species phylogenetic diversity)

Certains exemples montrent que les communauteacutes veacutegeacutetales de sites plus perturbeacutes ont une diversiteacute geacuteneacutetique plus faible que celle de sites moins perturbeacutes les communauteacutes drsquooiseaux vivant sur des terres agricoles intensives ont 900 millions drsquoanneacutees de moins de diversiteacute geacuteneacutetique que celles des forecircts naturelles et 600 millions drsquoanneacutees de moins que celles des terres agricoles diversifieacutees []

Inteacutegriteacute et richesse fonctionnelles (Functional intactness and richness)

Lrsquointeacutegriteacute et la richesse fonctionnelles diminuent en raison de la captation de la productiviteacute primaire et du changement climatique

Nombre cumuleacute drsquoespegraveces exotiques envahissantes (Cumulative number of alien species)

Le nombre cumuleacute drsquoespegraveces exotiques augmente de 13 par deacutecennie ndash avec 37 de tous les cas signaleacutes remontant agrave 1970

Indice de la Liste Rouge (Red List Index)

Lrsquoindice de la Liste Rouge nrsquoest maintenant plus qursquoagrave 75 de la valeur qursquoil aurait sans les impacts humains avec des variations selon les groupes taxonomiques Les reacutegions preacutesentant la plus grande deacuteteacuterioration comprennent une grande partie de lrsquoAsie du Sud-Est et de lrsquoAmeacuterique centrale 40 des espegraveces drsquoinsectes sont menaceacutees agrave lrsquoeacutechelle nationale ainsi que 4149 des amphibiens 387 des mammifegraveres marins et 4055 des gymnospermes

Proportion de la biomasse halieutique (proportion of global fish biomass)

La proportion de la biomasse halieutique mondiale a eacuteteacute diviseacutee par 10 environ depuis 1880

Stocks de poissons agrave des niveaux biologiquement viables (fish stocks within biologically sustainable levels)

Les stocks de poissons agrave des niveaux biologiquement viables ont diminueacute de 6 par deacutecennie ndash pour atteindre moins de 70

Biomasse des poissons preacutedateurs (Predatory fish biomass)

La biomasse des poissons preacutedateurs a diminueacute de 14 par deacutecennie

Biomasse des poissons proies (Biomass of prey fish)

La biomasse des poissons proies a augmenteacute de 10 par deacutecennie - seul indicateur agrave montrer une augmentation - probablement parce que la pecircche a eacutelimineacute les poissons preacutedateurs

Taille des aires de reacutepartition des mammifegraveres (Mammalian range size)

La taille des aires de reacutepartition des mammifegraveres a eacuteteacute reacuteduite agrave une moyenne de 83 des aires de reacutepartition originelles infeacutereacutees

Taille des aires de reacutepartition de la meacutegafaune (Megafaunal range size)

La taille des aires de reacutepartition des espegraveces de meacutegafaune (supeacuterieures agrave 445 kg) ne repreacutesente plus que 28 de la ligne de base naturelle les aires de reacutepartition des grands mammifegraveres ayant deacuteclineacute particuliegraverement rapidement en Asie du Sud et du Sud-Est

Tendances des inverteacutebreacutes (Invertebrate trends)

Les tendances des inverteacutebreacutes nrsquoont pas encore eacuteteacute syntheacutetiseacutees au niveau mondial en raison du manque de donneacutees tropicales Une analyse de type laquo indice planegravete vivante raquo des donneacutees principalement europeacuteennes et nord-ameacutericaines fait eacutetat drsquoun deacuteclin de -11 par deacutecennie

Biomasse des espegraveces domestiqueacutees (Domesticated species biomass)

Les biomasses des espegraveces domestiqueacutees cultiveacutees et des espegraveces bien adapteacutees aux biomes anthropiques ont toutes augmenteacute en abondance Le beacutetail repreacutesente maintenant plus de 90 de la biomasse de la meacutegafaune terrestre

Seacutequetration terrestre du carbone (Terrestrial carbon sequestration)

La seacutequestration terrestre du carbone a reacutecemment augmenteacute de 25 par deacutecennie

drsquoimpact des facteurs directs sur la biodiversiteacute ( impact of direct drivers on biodiversity)

Le changement drsquoutilisation des terresmers est le plus important facteur anthropique direct de changement de lrsquoeacutetat global de la nature avec un impact relatif de 30 suivi par lrsquoexploitation directe (23 ) le changement climatique (14 ) la pollution (14 ) et les espegraveces exotiques envahissantes (11 ) Les pressions qui ne sont aligneacutees sur aucun de ces cinq principaux facteurs (par exemple les incendies les perturbations humaines les activiteacutes de loisirs et le tourisme) repreacutesentent les 9 restants []

8584

PBF Product Biodiversity Footprint PDF Potentially Disappeared Fraction of species PDFgloyr Indicateur de potentiel de disparition mondiale des espegraveces PDFregyr Indicateur de potentiel de disparition reacutegionale des espegraveces PEFC Programme de reconnaissance des certifications forestiegraveres PER laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo PIB Produit inteacuterieur brut PNUE Programme des Nations-Unies pour lrsquoenvironnement PRG Pouvoir de reacutechauffement global PSL Potential Species Loss PSLglo Perte potentielle drsquoespegraveces globale PSLreg Perte potentielle drsquoespegraveces reacutegionale PSR Pressure State Response REPA Ressource and environmental profil analysis RSE Responsabiliteacute socieacutetale des entreprises SAR Specie-Area Relationship SETAC Society of Environmental Toxicology and Chemistry SHI Indice drsquohabitat des espegraveces SNB Strateacutegie nationale pour la biodiversiteacute STAR Species Threat Abatement and Recovery Metric STOC Suivi temporel des oiseaux communs UICN IUCN Union internationale de la conservation de la nature UNEP-WCMC Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations-Unies Unesco Organisation des Nations unies pour leacuteducation la science et la culture

Liste des acronymes utiliseacutes

ABMB Aligning biodiversity measures for business ACV Analyse du cycle de vie Ademe Agence de lenvironnement et de la maicirctrise de leacutenergie AFB Agence franccedilaise pour la biodiversiteacute BACI Before After Control Impact BFFI Biodiversity Footprint for Financial Institution BIEC Biodiversity Indicator for Extractive Companies BII Biodiversity Intactness Index BIM Biodiversity Impact Metric BIP Biodiversity Indicators Partnership BIRS Biodiversity Indicator and Reporting System CCNUCC Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique CDB Convention sur la diversiteacute biologique CDC Caisse des deacutepocircts CISL Cambrigde Institute for Sustainability Leadership CITES Convention sur le commerce international des espegraveces de faune et de flore sauvages menaceacutees drsquoextinction CMP Conservation Measures Partnership COI Commission oceacuteanographique intergouvernementale COP Confeacuterence des parties Cos Conseil drsquoorientation strateacutegique DPSIR laquo Driving forces ndash Pressures ndash State ndash Impact ndash Responses raquo EBV Essential Biodiversity Variables EDP Ecological Damage Potential indicator EEA European Environment Agency EPE Entreprises pour lrsquoenvironnement EPI Environmental Performance Index EPLCA European Platform on Life Cycle Assessment ERC Eacuteviter Reacuteduire Compenser FPEIR laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo FRB Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute FSC Forest Stewardship Council GBS Global Biodiversity Score GEO BON The Group on Earth Observations Biodiversity Observation Network GES Gaz agrave effet de serre GIEC Groupe international drsquoexperts sur le climat HAeq Impact sur la biodiversiteacute IFC International Finance Corporation IMBS Integrated Biodiversity Management System Ipbes Plateforme intergouvernementale sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques ISO International Standards Organisation KBAs Key Biodiversity Areas LCA Life Cycle Assessment MSC Marine Stewardship Council MR-IOT Multi-Regional Environmentally Extended Input-Output Table MR-SUT Multi-Regional Environmentally Extended Supply-Use Table MSA Mean Species Abundance NBSAP National Biodiversity Strategies and Actions Plans ODD Objectifs de deacuteveloppement durable OECD OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques OFB Office franccedilais de la biodiversiteacute ONB Observatoire national de la biodiversiteacute ONU Organisation des Nations unies OREacuteE Organisation pour le respect de lrsquoenvironnement dans lrsquoentreprise

LIstE DEs ACrOnyMEs Et AbreacutevIAtIOns UtILIseacutes

8786

Tableau 1 CLAssEMEnt PAr OrDrE DrsquoIMPOrtAnCE DE MEsUrEs POUr InCItEr agrave LrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DE MEsUrE DrsquoIMPACt DEs ACtIvIteacutes sUr LA bIODIvErsIteacute Tableau 2 vArIAbLEs EssEntIELLEs DE bIODIvErsIteacute CLAsseacuteEs PAr nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn Tableau 3 synthegravesEs DEs rECOMMAnDAtIOns Et PUbLICs CIbLEs

Figure 1 COnnAIssAnCE Et UtILIsAtIOn DrsquoInDICAtEUrs DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacuteFigure 2 LEs rAIsOns DrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute Figure 3 LEs CArACteacuterIstIQUEs DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute DAns LrsquoIDeacuteALFigure 4 CADrE PrEssIOns ndash eacutetAt ndash reacutePOnsEsFigure 5 CADrE AnALysE DU CyCLE DE vIEFigure 6 APErccedilU DEs CAteacutegOrIEs AUx IMPACts IntErMeacuteDIAIrEs DAns LE CADrE DE LA MeacutethODOLOgIE rECIPE2016 Et LEUr trAnsCrIPtIOn En DOMMAgEs sUr LrsquoEnvIrOnnEMEntFigure 7 COMPOsItIOn strUCtUrE Et FOnCtIOn DE LA bIODIvErsIteacute PreacutesEnteacuteEs COMME DEs sPhegraverEs IntErCOnnECteacuteEs EngLObAnt PLUsIEUrs nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOnFigure 8 COMPLeacuteMEntArIteacute EntrE LE CADrE PEr Et LE CADrE ACvFigure 9 CADrE COnCEPtUEL AnALytIQUE DE Lrsquo IPbEsFigure 10 CADrE COnCEPtUEL Et InDICAtEUrs DE bAsE DrsquoAPregraves IPbEs COrE InDICAtOrs

LIstE DEs tAbLEAUx

LIstE DEs FIgUrEs

8988

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Citation Aureacutelie Delavaud Elodie Milleret Stanislas Wroza Heacutelegravene Soubelet Ana Deligny Jean-Franccedilois Silvain (2021) Indicateurs et outils de mesure ndash Eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Coll Expertise et synthegravese Paris France FRB 96 pages

Creacutedits photographiques copy Pixabay p 6 20 28 35 49 54 58 71 72 76 86 95 et couverture

Directrice de la publication Heacutelegravene Soubelet (FRB)Coordination eacuteditoriale Aureacutelie Delavaud (FRB)Reacutedactrices Aureacutelie Delavaud (FRB) Elodie Milleret (FRB) Ana Deligny (FRB) Relecture Denis Couvet (FRB) Robin Goffaux (FRB) Ceacutecile Jacques (FRB) Jean-Franccedilois Silvain (FRB) Heacutelegravene Soubelet (FRB) Stanislas Wroza (OFB) Graphisme Franccedilois Junot

copy FRB 2021ISBN 979-10-91015-43-1

Des indicateurs pourquoi pour qui Srsquoagit-il dindiquer leacutetat de la biodiversiteacute lintensiteacute des pressions qui pegravesent sur cette derniegravere ou encore la reacuteponse de celle-ci face agrave des mesures prises en faveur de sa preacuteservation Peut-on reacuteellement eacutevaluer lrsquoefficaciteacute des politiques publiques priveacutees citoyennes les comparer Face agrave ces nombreuses questions une profusion drsquoindicateurs fleurit fournie par des acteurs divers lrsquoEacutetat le secteur eacuteconomique la socieacuteteacute civile etc Un consen-sus vers un indicateur ideacuteal de biodiversiteacute est encore loin drsquoecirctre trouveacute drsquoautant que certains enjeux majeurs nrsquoont pas encore drsquoindicateurEn reacuteunissant chercheurs et acteurs la FRB en coopeacuteration avec lrsquoOFB srsquoest empa-reacutee du sujet agrave lrsquooccasion de ses Journeacutees FRB 2019 Cette Expertise et synthegravese apporte un regard ineacutedit sur ces questions majeures et srsquoaccompagne drsquoune seacuterie de recommandations

La Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute a pour mission de favoriser les activiteacutes de recherche sur la biodiversiteacute en lien avec les acteurs de la socieacuteteacute Sus-citer lrsquoinnovation deacutevelopper et soutenir des projets diffuser les connaissances et mobiliser lrsquoexpertise sont au cœur de ses actions

Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute (FRB) 195 rue Saint-Jacques 75005 Paris

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MembresFondateursde la FRB

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7 1 Les outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute 8 11 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute une question reacutecurrente 9 12 Deux approches les indicateurs de suivi et les outils drsquoeacutevaluation des impacts 9 121 Les indicateurs de suivi pressions eacutetat ou reacuteponses 9 122 Les outils drsquoeacutevaluation des impacts activiteacutes pressions et impacts 9 123 Des initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices 10 13 Utilisation actuelle et potentiel de deacuteploiement des outils drsquoeacutevaluation des impacts 10 131 Meacutethodologie et repreacutesentativiteacute de lrsquoenquecircte 11 132 Les principaux reacutesultats de lrsquoenquecircte 14 14 Deux cadres conceptuels majeurs pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute 15 141 Le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) 16 142 Le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie des produits et services

21 2 Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute 22 21 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute est-il possible drsquoadopter la mecircme deacutemarche que pour le climat 22 211 Le modegravele du changement climatique et de lrsquoeacutequivalent carbone 23 212 Le cas de la biodiversiteacute emboicirctements et facettes 25 22 Le deacuteveloppement drsquoune meacutethodologie drsquoeacutevaluation comme tentative de reacuteponse 26 221 Le choix des outils agrave eacutevaluer 26 222 Une description succincte des sept outils eacutevalueacutes 28 223 Le cadre de reacutefeacuterence et les items de lrsquoeacutevaluation 29 224 Le deacuterouleacute et les reacutesultats de lrsquoeacutevaluation 30 23 Les reacutesultats syntheacutetiques des eacutevaluations des outils 30 231 Product Biodiversity Footprint (PBF) 34 232 Product Biodiversity Footprint for Financial Institution (BFFI) 38 233 Global Biodiversity Score TM (GBS) 42 234 Biodiversity Impact Metric (BIM) 46 235 Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric 50 236 Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC) 53 237 Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

59 3 Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs 60 31 Quelques approches inteacutegratives compleacutementaires aux outils 60 311 La compleacutementariteacute des cadres Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et Analyse de cycle de vie (ACV) 61 312 Lrsquoapproche par les laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo (EBV) 62 313 Le cadre DPSIR appliqueacute au cadre conceptuel de lrsquoIpbes 66 32 Les recommandations et pistes drsquoactions

73 4 Conclusion

77 5 Annexes 78 Annexe 1 Les questions de lrsquoenquecircte 79 Annexe 2 Les questions de la grille drsquoeacutevaluation scientifique 81 Annexe 3 La liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeurs indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019 84 Liste des acronymes et abreacuteviations utiliseacutes 87 Liste des cartes tableaux et figures 88 Bibliographie

SOMMAIRE

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Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

La notion de biodiversiteacute est relativement reacutecente dans le paysage de la recherche et de la socieacuteteacute civile puisqursquoelle a eacuteteacute populariseacutee au deacutebut des anneacutees 1980 (Franco et al 2013) Deacutefinie de faccedilon simple comme laquo tissu vivant de la planegravete raquo source de nombreux services la biodiversiteacute est avant tout le fruit de plus de trois milliards drsquoanneacutees drsquoeacutevolution En 1992 le premier accord mondial sur la conservation et lrsquoutilisation durable de la diversiteacute biologique est signeacute Il permet de reconnaicirctre que la conservation de la diversiteacute biologique est laquo une preacuteoccupation commune agrave lrsquohumaniteacute raquo et qursquoelle fait partie inteacutegrante du processus de deacuteveloppement

1

98

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

11 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute une question reacutecurrente

Agrave travers les usages les pratiques les modes de ges-tion de la biodiversiteacute les activiteacutes humaines exercent des pressions Sous lrsquoeffet de ces pressions directes et indirectes la biodiversiteacute srsquoeacuterode agrave une vitesse alar-mante Lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques publieacutee en 2019 par la Plateforme intergouvernementale scientifique et poli-tique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) identifie cinq grandes pressions directes res-ponsables de lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

bull changement drsquousage des sols et des terresbull exploitation des espegraveces et des habitatsbull changement climatiquebull pollutionsbull espegraveces exotiques envahissantes

La prise de conscience au niveau politique interna-tional de lrsquoimportance de la biodiversiteacute et de son eacutero-sion a conduit les institutions mondiales et reacutegionales au deacutebut des anneacutees 1970 agrave adopter des conventions relatives aux eacutecosystegravemes au vivant mais aussi aux pollutions et agrave la qualiteacute de lrsquoair (France Diplomatie 2005) puis agrave partir des anneacutees 1990 agrave deacutevelopper des meacutethodes drsquoeacutevaluation des performances environne-mentales Depuis les anneacutees 1970 acteurs publics et priveacutes srsquoengagent aussi en faveur de lrsquoenvironnement et de la biodiversiteacute (UICN 2014) souvent agrave travers le prisme du deacuteveloppement durable En parallegravele les leacutegislations europeacuteenne et franccedilaise eacutevoluent et demandent aux acteurs priveacutes marchands et aux col-lectiviteacutes drsquoune part drsquoeacutevaluer les incidences de leurs projets sur la biodiversiteacute et drsquoautre part de prendre en compte les questions environnementales (incluant pressions et protection de la biodiversiteacute) au mecircme titre que les preacuteoccupations sociales et drsquoen rendre compte aupregraves des parties prenantes et des services de

lrsquoeacutetat Plusieurs concepts eacutemergent eacutegalement dans le registre des laquo ressources raquo pour alerter sur les limites de la planegravete (caractegravere eacutepuisable des ressources si elles sont exploiteacutees non durablement) et lrsquointerdeacutepen-dance des entreprises aux milieux naturels

De faccedilon plus speacutecifique lrsquoeacutetat franccedilais srsquoest enga-geacute depuis plusieurs anneacutees agrave proteacuteger la biodiversiteacute par le biais de lois et de dispositifs fiscaux (notam-ment la loi relative agrave la protection de la nature de 1976 et la loi sur la protection et la mise en valeur des paysages de 1993) de strateacutegies nationales pour la biodiversiteacute (SNB de 2004 et 2011) des modifications du Code de lrsquoenvironnement et du Code rural et de la pecircche maritime et reacutecemment par promulgation de la loi pour la reconquecircte de la biodiversiteacute de la nature et des paysages (9 aoucirct 2016) et lrsquoadoption du Plan biodiversiteacute (4 juillet 2018)

Ainsi les entreprises et les collectiviteacutes se sont-elles empareacutees de la question sous lrsquoeffet drsquoinjonc-tions leacutegislatives ndash rapport de deacuteveloppement durable des collectiviteacutes rapport de responsabiliteacute socieacutetale pour les entreprises ndash et drsquoengagements volontaires pour des motifs varieacutes ndash respect de lrsquoenvironnement pour un deacuteveloppement eacuteconomique et social durable communication et positionnement diffeacuterenciant sur les marcheacutes etc ndash dans une logique de diminution des impacts et des pressions sur la biodiversiteacute pour lutter contre son eacuterosion Cette logique conduit au be-soin drsquoindicateurs et drsquooutils de mesure drsquoimpact sur la biodiversiteacute dans une approche similaire agrave ce qui est deacuteveloppeacute pour lutter contre le changement clima-tique avec la mesure de lrsquoempreinte carbone

Toutefois la difficulteacute agrave eacutevaluer et quantifier les im-pacts sur la biodiversiteacute potentiels ou reacuteels en fonc-tion de sceacutenarii et agrave de multiples eacutechelles (produits sites projets uniteacute drsquoactiviteacutes entreprises locales ou mondiales collectiviteacutes pays) constitue un possible frein agrave lrsquoaction fournir en ce domaine des eacuteleacutements drsquoappui drsquoaide agrave la deacutecision reste crucial

12 Deux approches les indicateurs de suivi et les outils drsquoeacutevaluation des impacts

Agrave partir des travaux deacuteveloppeacutes dans les champs scien-tifique et politique les organisations ndash non gouver-nementales priveacutees marchandes du secteur conseil publiques nationales ou internationales ndash srsquoorientent vers deux voies pour aider les responsables des poli-tiques environnementales publiques et priveacutees agrave srsquoy retrouver en termes drsquoeacutevaluation des impacts les indicateurs de suivi et les outils de mesure drsquoimpacts Si cette dichotomie est simplificatrice elle permet drsquoil-lustrer le propos La deacutefinition laquo drsquoindicateur raquo et les cadres conceptuels seront discuteacutes au point 3

121 Les indicateurs de suivi pressions eacutetat ou reacuteponses

Ils rendent compte de lrsquoeacutevolution de lrsquoeacutetat de la bio-diversiteacute pour une ou plusieurs de ses dimensions (par exemple lrsquoindicateur drsquointeacutegriteacute du peuplement drsquoOdonates qui repose sur un inventaire en un site donneacute compareacute agrave une liste drsquoespegraveces attendues lrsquoindicateur de Suivi temporel des oiseaux communs (STOC) qui permet drsquoeacutevaluer les variations spatiales et temporelles de lrsquoabondance des populations nicheuses drsquooiseaux communs) Ce type drsquoindicateurs peut ecirctre agreacutegeacute avec drsquoautres dimensions pour former des in-dices ou index de biodiversiteacute (par exemple lrsquoindice drsquohabitat des espegraveces (SHI) qui quantifie les chan-gements qui surviennent dans les habitats drsquoune es-pegravece et fournit une estimation des pertes potentielles de populations etou des augmentations du risque drsquoextinction)

Ces indicateurs srsquoinscrivent souvent dans le cadre laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) pour lequel on retrouve outre les indicateurs eacutecologiques drsquoeacutevolution de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des indicateurs socio-eacuteco-nomiques de suivi des pressions ou des reacuteponses de la socieacuteteacute La mise en correspondance de ces indicateurs combineacutes agrave la litteacuterature scientifique constitue une approche pour relier activiteacutes pressions et impacts

En France des indicateurs sont mis agrave disposition par lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) piloteacute par lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB) Au niveau international lrsquoIpbes preacutesente dans son rap-port une seacuterie drsquoindicateurs pour eacutevaluer lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute et les impacts des activiteacutes humaines

Il existe de nombreux deacuteveloppements meacutethodolo-giques pour de nouveaux indicateurs de ce type mais aussi des inventaires des jeux drsquoindicateurs existants ceci afin de proposer un ensemble commun drsquoindica-teurs (laquo set raquo de reacutefeacuterence permettant de composer un tableau de bord) adapteacutes aux besoins drsquoacteurs (entre-

prises collectiviteacutes) besoins theacutematiques (secteurs drsquoactiviteacutes ressources naturelles utiliseacutees) et juri-diques (rapportage)

122 Les outils drsquoeacutevaluation des impacts activiteacutes pressions et impacts

Ils visent agrave rendre compte des impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute pour une ou plusieurs de ses dimen-sions mais en inteacutegrant dans leur meacutethodologie de calcul la chaicircne complegravete activiteacutes ndash pressions ndash im-pacts Ils se basent sur des outils et modegraveles existants ou deacuteveloppent leur propre approche pour relier de faccedilon explicite ou non ces termes

Les deacuteveloppements meacutethodologiques de ces ou-tils inteacutegreacutes sont reacutecents et sont surtout destineacutes aux entreprises voire aux Eacutetats Ils se focalisent sur deux objectifs majeurs

bull Deacutefinir lrsquoimpact des activiteacutes sur la biodiversiteacute en termes drsquoeacutevaluation ex-post pour le rapportage lrsquoeacutevaluation des reacuteponses mises en place ndash notamment en matiegravere de politiques publiques ndash lrsquoameacutelioration des pratiques

bull Deacutefinir lrsquoimpact ex-ante pour la prise de deacutecision pour le deacuteveloppement drsquoactiviteacutes drsquoinvestissements

Ces deacutemarches aboutissent agrave la conception drsquooutils de mesure drsquoimpacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute baseacutes sur des meacutethodologies complexes pluridimensionnelles et avec des cadres drsquoapplication speacutecifiques (produit site uniteacute drsquoactiviteacute eacuteconomique etc) Ces outils aboutissant agrave terme agrave des indica-teurs quantitatifs ou qualitatifs mobilisent souvent les cadres laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) et laquo Ana-lyse du cycle de vie raquo (ACV) Crsquoest sur ces outils que porte la preacutesente eacutetude

123 Des initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices

Ces indicateurs et outils outre les aspects de rappor-tage obligatoire peuvent encourager et feacutedeacuterer les ac-teurs eacuteconomiques et politiques dans des deacutemarches transformatrices favorables agrave la biodiversiteacute

Parmi les initiatives particuliegraverement actives sur la question des indicateurs et outils citons celles qui ont eacuteteacute consulteacutees pour cette eacutetude

bull Initiative Aligning Biodiversity Measures for Busi-ness (ABMB) meneacutee par le Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations-Unies (UNEP-WCMC) Cette initiative reacuteunit les concepteurs drsquooutils drsquoeacutevaluation drsquoimpacts pour les entreprises afin de deacutevelopper une vision meacutethodologique et strateacutegique commune Lrsquoobjectif est de tendre vers des indicateurs robustes de contribution des entreprises aux objectifs mondiaux de preacuteservation de la biodiversiteacute

1110

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

breacutee du secteur priveacute marchand (346) du secteur public (282) et la socieacuteteacute civile (295) par lrsquointer-meacutediaire des Associations laquo Loi 1901 raquo et Fondations

Le domaine drsquoactiviteacute des reacutepondants inclut princi-palement des activiteacutes lieacutees agrave lrsquoenvironnement agrave lrsquoeacuteco-logie et au deacuteveloppement durable (449) suivi par les activiteacutes lieacutees agrave lrsquoagriculture et agrave lrsquoagroalimentaire (167) agrave lrsquoeacutenergie (9) au BTP et agrave lrsquoarchitecture (64) Drsquoautres domaines ont eacutegalement reacutepondu mais de faccedilon plus marginale conseil automobile chimie pharmaceutique enseignement formation hocirctellerie restauration tourisme mateacuteriaux immobi-lier fonction publique et interprofessions

Pregraves de la moitieacute des reacutepondants repreacutesentent les grandes entreprises avec un effectif de salarieacutes supeacuterieur agrave 250 personnes Les structures agrave effectif moyen petit et les microentreprises constituent res-pectivement 179 141 et 218 des reacutepondants En termes geacuteographiques la grande majoriteacute des reacute-ponses a eacuteteacute fournie par des acteurs baseacutes en France meacutetropolitaine et seulement 77 des reacutepondants sont baseacutes en outre-mer La reacutegion parisienne est plus particuliegraverement repreacutesenteacutee avec un reacutepondant sur deux exerccedilant son activiteacute en Ile-de-France et plus drsquoun reacutepondant sur quatre agrave Paris intramuros

132 Les principaux reacutesultats de lrsquoenquecircte

Des outils peu connusDrsquoapregraves les reacutesultats du sondage ces instruments restent encore meacuteconnus pour 385 des reacutepondants La diffeacuterence de populariteacute entre les indicateurs de suivi (laquo de base raquo) et les outils drsquoeacutevaluation des im-pacts (laquo agreacutegeacutes raquo) est double avec une visibiliteacute plus accrue des indicateurs de suivi reconnus par 41 des reacutepondants compareacute aux outils drsquoeacutevaluation des im-pacts agreacutegeacutes qui sont mentionneacutes par 205 des reacute-pondants (Fig 1) Parmi les indicateurs de suivi recen-seacutes le nombre drsquoespegraveces (autochtones remarquables envahissantes) le suivi de leurs populations et la ri-chesse speacutecifi que sont les mesures les plus citeacutees pour orienter la strateacutegie biodiversiteacute des reacutepondants

Parmi les outils drsquoeacutevaluation des impacts agreacute-geacutes citeacutes par les reacutepondants on retrouve des outils deacuteveloppeacutes par des organismes franccedilais Global Bio-diversity Score (CDC-Biodiversiteacute) Product Biodiver-sity Footprint (I Care amp Consult) et lrsquoIndicateur drsquoIn-terdeacutependance de lrsquoEntreprise agrave la Biodiversiteacute (FRB et Oreacutee) Les outils deacuteveloppeacutes par des organisations extra-nationales ndash Biodiversity Footprint for Financial Institutions Biodiversity Impact Metric Biodiversity Footprint Calculator Bioscope ndash ont eacuteteacute citeacutes par un seul reacutepondant

bull Plateforme europeacuteenne BusinessBiodversity (BB) mise en place par la Commission europeacuteenne Lieu drsquoeacutechanges elle aide agrave mieux comprendre les in-terdeacutependances entre les activiteacutes des entreprises le ca-pital naturel et la biodiversiteacute ainsi que les risques et beacute-neacutefi ces associeacutes Elle vise agrave deacutevelopper des outils dont des outils drsquoeacutevaluation des impacts permettant drsquointeacute-grer le capital naturel dans les activiteacutes eacuteconomiques

bull Plateforme France RSE de France Strateacutegie Cette plateforme nationale laquo formule des recommandations sur les questions sociales environnementales et de gouvernance souleveacutees par la responsabiliteacute socieacutetale des entreprises raquo Elle srsquoest notamment inteacuteresseacutee aux outils drsquoeacutevaluations des impacts des entreprises sur la biodiversiteacute

bull Organisation pour le Respect de lrsquoEnvironnement dans lrsquoEntreprise (OREacuteE) Cette association qui reacuteunit entreprises collectiviteacutes et organismes acadeacutemiques au service des territoires travaille sur les liens entre eacuteconomie et biodiversiteacute (interdeacutependances rappor-tage RSE) Crsquoest aussi le point focal de lrsquoInitiative Franccedilaise pour les Entreprises et la Biodiversiteacute deacutecli-naison du programme Global Partnership for Business and Biodiversity de la CDB

bull Entreprises pour lrsquoEnvironnement (EPE) Cette association regroupe de grandes entreprises franccedilaises

et internationales issues de tous les secteurs de lrsquoeacuteco-nomie Elle a notamment travailleacute sur les meacutethodes outils indicateurs et partenariats pour mieux appreacute-hender et geacuterer les impacts directs et sur lrsquoameacuteliora-tion de la prise en compte des impacts indirects des entreprises sur la biodiversiteacute agrave travers la gestion des impacts tout au long de la chaicircne de valeur

De nombreuses initiatives engagent ainsi les ac-teurs agrave reacutefl eacutechir agrave leurs pratiques Notons que cer-taines adoptent la notion de laquo capital naturel raquo (Pearce et al 1989) comme cadre de reacutefl exion Issu de la re-cherche en eacuteconomie (Aringkerman 2003) et populariseacute au deacutebut des anneacutees 1990 (OECD 1993) ce concept vise agrave inteacutegrer lrsquoenvironnement dans lrsquoeacuteconomie agrave comptabiliser ses valeurs et deacutegradations agrave penser la durabiliteacute des activiteacutes humaines

Le capital naturel recouvre les ressources natu-relles renouvelables et non-renouvelables et les ser-vices eacutecosysteacutemiques ndash termes agrave rapprocher dans le champ de lrsquoeacutecologie scientifi que aux eacutecosystegravemes et agrave la biodiversiteacute Un des postulats est que le fonction-nement des eacutecosystegravemes et la biodiversiteacute sont neacuteces-saires agrave la production de valeur dans lrsquoeacuteconomie ce sont des eacuteleacutements strateacutegiques agrave prendre en compte et dont il faut rendre compte

13 Utilisation actuelle et potentiel de deacuteploiement des outils drsquoeacutevaluation des impacts

Interpelleacutee par les membres de son Conseil drsquoorienta-tion strateacutegique (Cos) et face aux attentes politiques drsquoun indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute la FRB srsquoest empareacutee de la question des outils drsquoeacutevaluation des impacts afi n de porter agrave connaissance des outils deacutejagrave existants les eacutevaluer et ouvrir le deacutebat sur le besoin drsquoameacuteliorations meacutethodologiques baseacutees sur la recherche et les connaissances scientifi ques le be-soin drsquoappropriation de ces outils par les acteurs Une eacutequipe projet mixte a eacuteteacute constitueacutee avec lrsquoOFB (ex-AFB) pour mener cette eacutetude

Dans un premier temps la FRB a piloteacute une en-quecircte aupregraves drsquoacteurs de la socieacuteteacute afi n drsquoavoir un aperccedilu des perceptions et de la connaissance relative des indicateurs et outils drsquoeacutevaluation drsquoimpact sur la biodiversiteacute de leurs utilisations actuelles et poten-tielles des lacunes et diffi culteacutes de mise en œuvre des attentes vis-agrave-vis de ces indicateurs et outils et des pistes drsquoameacutelioration pour populariser et raffi ner ces outils

131 Meacutethodologie et repreacutesentativiteacute de lrsquoenquecircte

Lrsquoenquecircte a eacuteteacute co-construite par lrsquoeacutequipe projet Elle srsquoest preacutesenteacutee sous la forme drsquoun questionnaire divi-seacutee en quatre parties

bull informations geacuteneacuterales pour caracteacuteriser le reacute-pondant notamment en termes de type de structure et de secteur drsquoactiviteacute

bull eacutetat des lieux de la connaissance et de lrsquoutilisa-tion des indicateurs et des outils

bull attentes vis-agrave-vis des caracteacuteristiques de ces indi-cateurs et outils

bull pistes drsquoactions qui favoriseraient lrsquoutilisation des outils

Lrsquoenquecircte a eacuteteacute diffuseacutee en ligne du 5 mai au 15 juil-let 2019 aupregraves des membres du Comiteacute drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB et relayeacutee par lrsquoAFB vers lrsquoinitiative Capitales de la biodiversiteacute les observa-toires territoriaux de la biodiversiteacute des entreprises engageacutees dans la SNB etc et a fait lrsquoobjet de deux relances La liste des questions est en annexe 1 p78

78 personnes de 78 structures diffeacuterentes ont reacutepondu avec une repreacutesentation relativement eacutequili- FIGURE 1 COnnAIssAnCE Et UtILIsAtIOn DrsquoInDICAtEUrs DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute

non 385

Connaissez-vous des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Oui 41(indicateurs de base)

Oui 205(indicateurs agreacutegeacutes)

non 59

Oui 41(indicateurs de base)

1312

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Par ailleurs la faible connaissance de ces outils drsquoeacutevaluation des impacts est perccedilue par 577 des reacute-pondants comme eacutetant leur principale limite et donc comme un frein dans leur appropriation par les entre-prises Il est agrave noter que 295 des acteurs deacuteclarent ne pas utiliser drsquoindicateurs en raison de la meacutecon-naissance de ces outils

Un inteacuterecirct eacutemergent coupleacute agrave un besoin de plus drsquoaccompagnement

Parmi les reacutepondants 41 integravegrent des indicateurs de suivi dans leurs activiteacutes (Fig 1) et la totaliteacute des indicateurs utiliseacutes est constitueacutee de ce type drsquoindica-teur qui sont tregraves varieacutes et souvent deacutefinis en interne ou adapteacutes agrave lrsquoactiviteacute de lrsquoacteur Parmi les acteurs qui ont deacuteclareacute connaicirctre les outils drsquoeacutevaluation agreacute-geacutes 625 nrsquoutilisent pas drsquoindicateurs et 375 uti-lisent des indicateurs de suivi pour orienter leur stra-teacutegie biodiversiteacute

Les principales raisons pour lesquelles les outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute ne sont pas utiliseacutes par les reacutepondants sont

bull le manque de ressources neacutecessaires (financiegraveres connaissances personnel) (318)

bull la difficulteacute de mise en place (136)bull le manque drsquoencouragement etou de reacutecom-

pense pour lrsquoutilisation de ces outils (114)bull la difficulteacute agrave identifier un lien aveacutereacute avec la

biodiversiteacute bull le manque de donneacutees bull et la difficulteacute agrave collecter les donneacuteesPour les reacutepondants qui ont impleacutementeacute des outils

drsquoeacutevaluation drsquoimpacts de leur activiteacute sur la biodi-versiteacute dans leur process les principaux avantages annonceacutes sont le pilotage drsquoune strateacutegie biodiversiteacute et la mise en place des actions en faveur de la bio-diversiteacute (727) Lrsquoimage publique et les demandes des parties prenantes (citoyens clients habitants consommateurs etc) sont eacutegalement des facteurs fa-vorables agrave lrsquoutilisation des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute (485 et 515 respectivement)

Moins drsquoun tiers des reacutepondants deacuteclarent utiliser des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute sur la base drsquoune deacutemarche proactive pour prendre conscience de lrsquoimpact de lrsquoactiviteacute sur la biodiversiteacute et pour y remeacutedier (Fig 2)

Pour inciter agrave utiliser des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute lrsquoinformation et lrsquoappui agrave lrsquoappropriation agrave travers des guides deacutedieacutes semble ecirctre la mesure la plus pleacutebisciteacutee par lrsquoensemble des reacutepondants Pour les acteurs du secteur priveacute le son-dage reacutevegravele eacutegalement une vision plus pragmatique mettant en eacutevidence lrsquoimportance de la mise en place des obligations regraveglementaires accompagneacutee par lrsquoin-troduction des outils publics incitatifs (fiscaliteacute envi-ronnementale) et la possibiliteacute drsquoobtention drsquoun label Pour les acteurs publics lrsquoexistence de guides devra ecirctre renforceacutee par des engagements pour la croissance verte au niveau national alors que pour les repreacutesen-tants de la socieacuteteacute civile crsquoest la possibiliteacute drsquoobtenir un label qui est ressentie comme favorable agrave lrsquoutilisa-tion des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodi-versiteacute (Tableau 1)

Les reacutepondants estiment que les indicateurs et outils existants sont peu adapteacutes aux particulariteacutes sectorielles Ainsi un laquo indicateur ideacuteal raquo drsquoimpact sur la biodiversiteacute serait plutocirct un indicateur conccedilu par secteur drsquoactiviteacute (436 des avis) avec la prise en consideacuteration des particulariteacutes de chaque secteur Seul un quart des reacutepondants voient cet laquo indicateur ideacuteal raquo comme eacutetant drsquoapplication universelle

Lrsquoimpact du secteur des services sur la biodiversiteacute est identifieacute par les reacutepondants comme le plus com-plexe agrave estimer et agrave suivre par lrsquointermeacutediaire drsquoun indicateur Un manque de connaissance sur la traccedila-

biliteacute des impacts des fournisseurs et leur inteacutegration agrave toutes les eacutetapes de la chaicircne de production a eacutegale-ment eacuteteacute signaleacute et repreacutesente un frein Pour deacutepasser ces deacutefis les reacutepondants mettent lrsquoaccent sur le besoin de deacutevelopper une meacutethodologie facilement compreacute-hensible reacuteplicable et adaptable aux diffeacuterentes activi-teacutes Celle-ci devra ecirctre eacutegalement suffisamment simple agrave mettre en place par le personnel de lrsquoentiteacute lrsquoautre alternative pouvant ecirctre la prise en main par des ser-vices speacutecialiseacutes ayant pour but drsquoappuyer agrave lrsquoimpleacute-mentation de lrsquooutil

Des attentes fortes agrave lrsquoeacutegard des caracteacuteristiques des indicateurs

Alors que 372 des acteurs interrogeacutes deacuteclarent que les indicateurs et outils existants ne reflegravetent pas de maniegravere preacutecise lrsquoimpact sur la biodiversiteacute le son-dage reacutevegravele une prise de conscience de leur part sur la complexiteacute de la question et le besoin de deacutevelopper un outil fiable et pertinent vis-agrave-vis de la biodiversiteacute

Dans lrsquoideacuteal cet outil drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute devra ecirctre surtout robuste et rester fiable mecircme lorsque les conditions varient ceci est deacutesigneacute comme laquo tregraves important raquo ou laquo important raquo par 923 des acteurs Lrsquoindicateur ou outil ideacuteal de-vra eacutegalement ecirctre parlant et transmettre un message clair et facilement interpreacutetable une caracteacuteristique citeacutee comme laquo tregraves importante raquo par 718 des reacutepon-dants et laquo importante raquo par 192 des reacutepondants

Pour valoriser mes actions en faveur de la biodiversiteacute ou ameacuteliorer lrsquoimage

de mon activiteacute organisation

Pour prendre conscience de lrsquoimpact de mon activiteacute sur la biodiversiteacute

pour y remeacutedier

Pour piloter ma strateacutegie biodiversiteacute ou les actions que je mets en place

en faveur de la biodiversiteacute

Pour reacutepondre agrave une demande de mes parties prenantes (citoyens

clients habitants consomateurs etc)

Pour comparer lrsquoimpact de mon activiteacute avec drsquoautres entreprises

collectiviteacutes organisations

Pour obtenir des labels

Autres

0 20 40 60 80 100

FIGURE 2 LEs rAIsOns DrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute (PLUsIEUrs reacutePOnsEs POssIbLEs PAr LE MecircME reacutePOnDAnt)

10 30 50 70 90

Cl Secteur public Secteur priveacute Socieacuteteacute civile

1 Existence de guides pour des indicateurs et des outils

Existence de guides pour des indicateurs et des outils

Existence de guides pour des indicateurs et des outils

2 Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

Obligations reacuteglementaires Possibiliteacute drsquoobtenir un label

3 Possibiliteacute drsquoobtenir un label Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

4 Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

Possibiliteacute drsquoobtenir un label Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

5 Obligations reacuteglementaires Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

Obligations reacuteglementaires

CLAssEMEnt PAr OrDrE DrsquoIMPOrtAnCE DE MEsUrEs POUr InCItEr agrave LrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DE MEsUrE DrsquoIMPACt DEs ACtIvIteacutes sUr LA bIODIvErsIteacute

TABLEAU 1

1514

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Reacuteponses socieacutetales (deacutecisions et actions)

Informations

Ces deux caracteacuteristiques sont reconnues par 100 des reacutepondants comme des conditions impeacuteratives pour un outil drsquoeacutevaluation des impacts ideacuteal sur la biodiversiteacute (Fig 3)

En compleacutement par ordre drsquoimportance pour plus des trois quarts des reacutepondants lrsquooutil ideacuteal devra eacutega-lement ecirctre

bull sensible reacuteactif pour deacutetecter rapidement un changement significatif

bull inteacutegrer la prise en compte des caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques

bull ecirctre facile agrave mettre en placebull disposer drsquoune meacutethodologie simplifieacuteebull produire un reacutesultat quantitatif et mesurableEn revanche un indicateur baseacute sur lrsquoautoeacutevalua-

tion nrsquoest pas perccedilu comme ideacuteal

14 Deux cadres conceptuels majeurs pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Agrave partir des anneacutees 1990 les organisations interna-tionales et europeacuteennes deacuteveloppent des approches et des indicateurs pour eacutevaluer les performances environ-nementales des pays et lrsquointeacutegration des preacuteoccupa-tions drsquoenvironnement dans les politiques sectorielles Celles-ci serviront de base agrave lrsquoeacutelaboration drsquoindicateurs de suivi et des outils de mesure drsquoimpacts Il existe une diversiteacute drsquoapproches et de meacutethodes drsquoeacutevaluation des impacts mais deux cadres sont particuliegraverement mobi-liseacutes par les outils eacutetudieacutes ici le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et lrsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) Leur compleacutementariteacute est discuteacutee au chapitre 3 p 60

141 Le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER)

Du cadre PER agrave lrsquointeacutegration des forces motrices et des impacts

LrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomique (OCDE) publie un rapport qui reste au-jourdrsquohui une reacutefeacuterence Un indicateur y est deacutefini comme un laquo paramegravetre ou valeur calculeacutee agrave partir de paramegravetres donnant des indications sur ou deacutecrivant lrsquoeacutetat drsquoun pheacutenomegravene de lrsquoenvironnement ou drsquoune zone geacuteographique et drsquoune porteacutee supeacuterieure aux infor-mations directement lieacutees agrave la valeur drsquoun paramegravetre raquo

Trois critegraveres ideacuteaux sont preacuteciseacutes et raffineacutes en sous-critegraveres afin de seacutelectionner les indicateurs la per-tinence politique (repreacutesentativiteacute faciliteacute drsquointerpreacuteta-tion reflet des modifications de lrsquoenvironnement et des socieacuteteacutes comparabiliteacute internationale porteacutee nationale rapport agrave une valeur limite ou de reacutefeacuterence) la justesse drsquoanalyse (fondements theacuteoriques consensus inter-national rapport agrave des modegraveles eacuteconomiques et des systegravemes de preacutevision et drsquoinformation) et la mesurabi-liteacute (rapport coucirctbeacuteneacutefice raisonnable documentation disponible qualiteacute connue mise agrave jour reacuteguliegravere)

Enfin le rapport explicite le modegravele laquo Pressions ndashEacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) ndash deacuteveloppeacute initialement au

Canada au deacutebut des anneacutees 1980 (Stanners et al 2009) ndash ougrave les laquo indicateurs de pression raquo deacutecrivent les pressions exerceacutees sur lrsquoenvironnement par les acti-viteacutes humaines les laquo indicateurs drsquoeacutetat raquo deacutecrivent la qualiteacute de lrsquoenvironnement (ce sont les indicateurs lieacutes agrave la biodiversiteacute elle-mecircme) et les aspects qualitatifs et quantitatifs des ressources naturelles et les laquo indica-teurs de reacuteponse raquo correspondent aux reacuteponses de la socieacuteteacute (Fig 4)

Dans ce rapport la biodiversiteacute nrsquoest pas centrale crsquoest un des thegravemes abordeacutes parmi drsquoautres qui re-censent drsquoune part les laquo ressources naturelles raquo (eau sol forecircts) et drsquoautres part les laquo pressions raquo (chan-gement climatique eutrophisation pollution environ-nement urbain) En croisant ces thegravemes avec des activiteacutes sectorielles (agriculture industries extrac-tives meacutenages) le rapport esquisse une premiegravere matrice de correspondance laquo activiteacutes ndash pressions ndash eacutetat ndash reacuteponses raquo

Une version eacutetendue de ce modegravele drsquointeractions entre les systegravemes socio-eacuteconomiques et eacutecologiques est deacutecrite par lrsquoagence europeacuteenne de lrsquoenvironne-ment (EEA) en 1999 (European Environment Agency 1999) agrave travers le modegravele laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo (FPEIR plus connu sous lrsquoacronyme DPSIR pour Driving forces Pressures State Impact Responses)

FIGURE 3 LEs CArACteacuterIstIQUEs DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute DAns LrsquoIDeacuteAL

Eacutetat ReacuteponsesPressionsdirectes et indirectes

Activiteacutes humaines

ndash Eacutenergies ndash Transportndash Industriendash Agriculturendash Autres(production consommation commerce)

Eacutetat de lrsquoenvironnement et des ressources naturelles

ndash Air ndash Eaundash TerreSolndash Biodiversiteacutendash Ressources naturellesndash Autres(ex Santeacute humaine)

Agents eacuteconomiques et environnementaux

ndash Administrations ndash Meacutenagesndash Entreprises

ndash Localendash Nationalendash Internationale

Informations

Reacuteponses socieacutetales (deacutecisions et actions)

Deacutechets et pollution

Utilisation des ressources

FIGURE 4 CADrE PrEssIOns ndash eacutetAt ndash reacutePOnsEs SOuRcE OcDE 1993

robuste (mesure calcul de lrsquoindicateur indice restent fiables mecircme lorsque

les conditions varient)

Parlant (transmet un message clair et facilement interpreacutetable)

sensible reacuteactif (deacutetecte rapidement un changement signifiant)

Inteacutegreacute (prend en compte les caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques)

Produit un reacutesultat quantitatif et mesurable (comparable agrave la tonne

de CO2 pour lrsquoimpact climatique)

Facile agrave mettre en place (meacutethodologie simplifieacutee)

Disponible au public (en libre accegraves diffuseacute systeacutematiquement par les entreprises)

Preacutecis (faible marge drsquoincertitude ou drsquoerreur dans la mesure du pheacutenomegravene)

Obligatoire (sa mise en place est rendue obligatoire par la loi)

baseacute sur lrsquoautoeacutevaluation (lrsquoentreprise remplit un questionnaire)

0 20 40 60 80 10010 30 50 70 90

Pas important relativement important tregraves importantPeu important Important nA

1716

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Deacutefinition et caracteacuteristiques des indicateurs

Dans son rapport de 1999 lrsquoEEA souligne la fonction principale et centrale des indicateurs qui est la com-munication mais aussi un aspect essentiel qui est que les indicateurs environnementaux doivent pointer vers des aspects laquo typiques raquo ou laquo critiques raquo des relations complexes entre les espegraveces et leur environnement

En 2002 (European Environment Agency 2002) lrsquoEEA recense les indicateurs et les indices (ou indi-cateurs agreacutegeacutes) de biodiversiteacute internationaux et nationaux en les rapportant au cadre DPSIR Lrsquoeacutetude en deacutenombre 655 reacutepartis en diffeacuterentes theacutematiques (protection de la nature eacutenergie changement clima-tiques pecirccheries) Les reacutedacteurs notent deacutejagrave que les mecircmes sources de donneacutees sont utiliseacutees agrave des fins varieacutees au travers de cette grande diversiteacute drsquoindica-teurs que beaucoup drsquoindicateurs ont deacutejagrave eacuteteacute deacuteve-loppeacutes mais que peu sont utiliseacutes de faccedilon reacuteguliegravere que la complexiteacute de la biodiversiteacute et les besoins de recherche appellent agrave poursuivre le deacuteveloppement drsquoindicateurs et bien sucircr que les indicateurs choisis doivent lrsquoecirctre pour eacutevaluer lrsquoefficaciteacute des politiques environnementales europeacuteennes mais aussi pour reacute-pondre aux preacuteoccupations mondiales qui srsquoexpriment agrave travers la CDB

Lrsquoeacutetude liste aussi en se basant sur de nombreux travaux anteacuterieurs des critegraveres de seacutelection drsquoindica-teurs de biodiversiteacute Ceux-ci doivent ecirctre faciles agrave comprendre et pertinents sur le plan politique nor-matifs pour permettre la comparaison avec une situa-tion de reacutefeacuterence ou entre eacutetats solides sur le plan scientifique et statistique reacuteactifs aux changements dans le tempsespace techniquement reacutealisables et drsquoun bon rapport coucirct-efficaciteacute utilisables pour des sceacutenarios de projections futures orienteacutes utilisateurs et ils doivent fournir des informations factuelles et quantitatives permettre lrsquoagreacutegation au niveau natio-nal et multinational tenir compte de la biodiversiteacute speacutecifique agrave chaque pays

LrsquoEEA publie en 2005 son jeu central drsquoindicateurs environnementaux (European Environment Agency 2005) et propose une deacutefinition de ce qursquoest un indi-cateur diffeacuterente de celle de lrsquoOCDE laquo un indicateur est une mesure geacuteneacuteralement quantitative qui peut ecirctre utiliseacutee pour illustrer et faire connaicirctre de faccedilon simple des pheacutenomegravenes complexes y compris des ten-dances et des progregraves dans le temps raquo Notons que les indicateurs europeacuteens sont aujourdrsquohui classeacutes en cinq cateacutegories destineacutees agrave deacutecrire lrsquoeacutetat de lrsquoenviron-nement et surtout agrave eacutevaluer les politiques mises en place entremecirclant ainsi indicateurs laquo eacutecologiques raquo et indicateurs laquo socio-eacuteconomiques raquo

Atouts et limites

Le cadre PER permet de structurer les indicateurs drsquoune faccedilon qui facilite lrsquointerpreacutetation et la prise de deacutecision Toutefois si les indicateurs P E et R sont compleacutementaires ils ne sont pas lineacuteairement deacutepen-dants si les effets des pressions sont deacutecrits dans la litteacuterature scientifique ils ne sont pas simplement ad-ditifs et leurs porteacutees temporelle et spatiale pas neacuteces-sairement immeacutediates De la mecircme faccedilon une mecircme reacuteponse appliqueacutee dans des contextes diffeacuterents peut conduire agrave des changements diffeacuterents dans lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des reacuteponses peuvent ecirctre synergiques ou antagonistes etc Plus encore les reacuteponses inter-viennent agrave des eacutechelles spatiale et temporelle diffeacute-rentes et interviennent plus sur la dynamique des sys-tegravemes eacutecologiques que sur un eacutetat et cette dynamique ne deacutepend pas exclusivement des activiteacutes humaines elles-mecircmes dynamiques

Enfin les indicateurs eacutelaboreacutes dans le cadre PER ont souvent une porteacutee spatiale ou theacutematique rela-tivement restreinte (par exemple ils ne concernent qursquoune dimension de la biodiversiteacute telle que lrsquoabon-dance drsquoespegraveces) Cela peut conduire agrave neacutegliger des effets dus agrave la structure des paysages aux interactions (entre individus populations avec lrsquoenvironnement) les effets de pressions distantes (par exemple ruissel-lement de nutriments) ou dans le cas drsquoun produit ou drsquoun service agrave omettre des impacts pourtant preacutesents tout au long de son cycle de vie

Notons que le cadre PER met bien en eacutevidence entre pressions et reacuteponses le besoin de questionner lrsquoeacutetat souhaiteacute ou souhaitable la cible deacutepend de diffeacuterents objectifs eacutecologiques agrave eacutequilibrer avec des objectifs sociaux et eacuteconomiques (Levrel et al 2009)

142 Le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie des produits et services

Des ressources eacutepuisables aux impacts environnementaux

La theacuteorie de cycle de vie du produit trouve son ori-gine dans les anneacutees 1960 dans le champ de la re-cherche en eacuteconomie (Vernon 1966) pour lrsquoanalyse des changements des flux internationaux de produits manufactureacutes aux Eacutetats-Unis et des localisations de production en fonction de la demande Puis cette theacuteorie est reprise dans les anneacutees 1970 dans lrsquoap-proche analysant la demande lieacutee agrave la consommation avec les besoins en matiegraveres premiegraveres et ressources eacutenergeacutetiques toutes deux limiteacutees Crsquoest lrsquoeacutepoque de la publication du rapport The Limits to Growth (Mea-dow 1972) et de la crise peacutetroliegravere de 1973 lrsquoattention agrave lrsquoenvironnement est porteacutee sur lrsquoutilisation des res-sources eacutepuisables et la consommation drsquoeacutenergie plus

que sur les impacts environnementaux La meacutethodolo-gie de ce qui est appeleacute laquo ressource and environmental profil analysis raquo (REPA) aux Eacutetats-Unis et laquo eacutecobilan raquo en Europe srsquoaffine ensuite particuliegraverement dans le cadre des groupes de travail heacutebergeacutes par la Society of Environmental Toxicology and Chemistry (SETAC) La meacutethode prend un nouvel essor agrave la fin des anneacutees 1980 notamment lorsque les pollutions deviennent une preacuteoccupation mondiale et lorsque lrsquoEurope place la question des deacutechets solides de la consommation de matiegraveres et drsquoeacutenergie des emballages au cœur de sa politique La question de la prise en compte des im-pacts environnementaux devient essentielle et eacutevolue elle aussi (Bjoslashrn et al 2018) afin de couvrir les im-pacts sur lrsquoenvironnement naturel la santeacute humaine et les ressources naturelles Signalons lrsquoeacutemergence une deacutecennie plus tard de la notion de laquo limites planeacute-taires raquo (Rockstroumlm et al 2009) qui agrave partir du mecircme constat propose une approche diffeacuterente

En 1993 un standard meacutethodologique geacuteneacuteral de lrsquoACV est deacuteveloppeacute dans le cadre de lrsquoInternational Standards Organisation (ISO) (14040 publication 1997 mise agrave jour 2006) des standards deacutetailleacutes pour les diffeacuterentes phases du processus seront eacutegalement deacutefinis par la suite Lrsquoanalyse du cycle de vie (ACV) ndash

dont la deacutenomination a eacuteteacute stabiliseacutee en 1990 ndash y est deacutefinie (ISO 14040 2006) comme laquo la compilation et lrsquoeacutevaluation des intrants des extrants (produits matiegraveres eacutenergies) et des impacts environnementaux potentiels drsquoun systegraveme de produits au cours de son cycle de vie entendu comme les phases conseacutecutives et lieacutees drsquoun systegraveme de produits de lrsquoacquisition des matiegraveres premiegraveres ou de la geacuteneacuteration des ressources naturelles agrave lrsquoeacutelimination finale raquo Lrsquoanalyse du cycle de vie drsquoun produit ou drsquoun service est ainsi une meacutethode structureacutee et standardiseacutee au niveau international qui vise agrave estimer les impacts drsquoun produit ou drsquoun service tout le long de sa chaicircne de valeur agrave travers le temps et lrsquoespace depuis lrsquoamont neacutecessaire agrave sa production jusqursquoagrave son eacutelimination via quatre eacutetapes deacutefinition du peacuterimegravetre (objectifs de lrsquoanalyse et systegraveme eacutetudieacute) inventaire (flux de matiegraveres et drsquoeacutenergies entrants et sortants) eacutevaluation des impacts (transformation des flux en impacts) interpreacutetation des reacutesultats

Lrsquoestimation des impacts environnementaux est effectueacutee agrave partir de lrsquoinventaire en utilisant des mo-degraveles qui deacutefinissent des facteurs de caracteacuterisation lesquels lient des eacutemissions consommations activi-teacutes agrave des pressions (classification en laquo cateacutegories raquo ou midpoints) et des pressions aux impacts environne-mentaux finaux (classification en laquo atteintes raquo ou end-

Impacts intermeacutediaires

Impacts finaux ou dommages

Interventions(entreacutees sorties)

Zone de protection

Eacutemissions dans lrsquoatmosphegravere

Eacutemissions dans le sol et lrsquoeau

Occupation des sols et transformation

Eaux useacutees

Changement climatique

Changement drsquohabitat

Acidification

Eutrophication

Eacutecotoxiciteacute

Stress hydrique

Impact sur les services eacutecosysteacutemiques

Impact surla biodiversiteacute

Environnementnaturel

FIGURE 5 CADrE AnALysE DU CyCLE DE vIE SOuRcE TEIllARD et al 2016

modegraveles de caracteacuterisation

modegraveles de caracteacuterisation

1918

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

points) ndash cela par uniteacute de pression (par exemple pour un kg de ressources utiliseacutees ou un kg drsquoeacutemission) (Fig 5 Fig 6) Afin de rendre les impacts compa-rables les reacutesultats sont exprimeacutes dans une meacutetrique drsquoeacutequivalence

LrsquoACV permet aussi drsquoappliquer des facteurs de normalisation qui relient les reacutesultats de chaque cateacute-gorie drsquoimpact agrave une situation de reacutefeacuterence (souvent pour une anneacutee donneacutee et agrave lrsquoeacutechelle mondiale par exemple la consommation drsquoeau lrsquoanneacutee x) Cela per-met drsquoestimer la contribution drsquoun produit ou drsquoun service agrave cette situation de reacutefeacuterence

Le cas particulier des impacts sur la biodiversiteacute

Face agrave la multiplication des meacutethodes et outils drsquoACV le Programme des Nations-Unies pour lrsquoEnvironnement (PNUE) et la SETAC ont lanceacute en 2002 une initiative conjointe visant agrave harmoniser lrsquoapproche et agrave eacutetablir un consensus sur les modegraveles de caracteacuterisation En 2005 la Commission europeacuteenne met en place une plateforme sur lrsquoACV (European Platform on Life Cycle

Assessment ndash EPLCA) tandis que de nombreux centres de ressources se deacuteveloppent (Steacutefy 2019)

Afin drsquoinclure la biodiversiteacute dans les ACV de nombreux efforts ont porteacute sur lrsquoimpact de lrsquoutilisa-tion des terres (cateacutegorie laquo changement drsquohabitats raquo) transformation occupation et restauration influenccedilant les habitats et la biodiversiteacute Plusieurs meacutethodologies et facteurs de caracteacuterisation ont ainsi eacuteteacute deacutevelop-peacutes Pour drsquoautres cateacutegories de pressions ndash change-ment climatique utilisation de lrsquoeau eutrophisation ou acidification ndash les deacuteveloppements des modegraveles drsquoimpacts sont moins avanceacutes Certaines cateacutegories de pressions ndash espegraveces envahissantes exploitation des ressources ndash manquent quant agrave elle encore de travaux

Notons que par la diversiteacute des approches il nrsquoexiste pas de meacutethodes consensuelles pour eacutevaluer les impacts sur la biodiversiteacute Enfin une limite geacute-neacuterale reconnue des modegraveles actuels (Teillard et al 2016) et objet de nombreux travaux acadeacutemiques est la simplification des processus naturels dynamiques

Nous citons ici deux modegraveles deacuteveloppeacutes au cha-pitre 2 et une meacutethodologie mobiliseacutes dans les outils eacutevalueacutes

bull meacutethode ReCiPe qui permet drsquoexprimer une perte potentielle drsquoespegraveces (Potentially Disappeared Fraction of species ndash PDF)

bull modegravele GLOBIO3 qui permet drsquoexprimer une abondance moyenne drsquoespegraveces (Mean Species Abun-dance ndash MSA) par rapport agrave une reacutefeacuterence

bull meacutethodologie LC-IMPACT spatialiseacutee qui per-met lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact sur les eacutecosystegravemes ex-primeacutee en une perte potentielle drsquoespegraveces (Potentially Disappeared Fraction of species ndash PDF)

En matiegravere drsquoeacutevaluation des impacts de lrsquoutilisation des terres plusieurs modegraveles se basent sur les hypo-thegraveses formuleacutees agrave partir de la theacuteorie aire-espegraveces (specie-area relationship ndash SAR) plus une surface est grande plus la diversiteacute drsquohabitats est grande et plus le nombre drsquoespegraveces est grand et plus une surface est grande plus les populations sont de tailles impor-tantes limitant le risque drsquoextinction Ces hypothegraveses permettent drsquoeacutetablir des facteurs de caracteacuterisation liant la surface de terres utiliseacutees agrave la biodiversiteacute

Lrsquoinitiative PNUE-SETAC se penche entre autres sur ces meacutethodes drsquoeacutevaluation des impacts de lrsquoutili-sation des terres sur la biodiversiteacute et permet drsquoaffiner des points speacutecifiques irreacuteversibiliteacute des impacts heacute-teacuterogeacuteneacuteiteacute spatio-temporelle de leur reacutepartition clas-sification harmoniseacutee de lrsquoutilisation des terres etc

Des travaux scientifiques sont eacutegalement en cours afin drsquoestimer non plus la somme des pressions exer-ceacutees (approche cumulative) par les activiteacutes humaines dans diffeacuterentes reacutegions du monde mais les interac-tions entre pressions (addition synergie voire anta-gonisme) et leurs contributions relatives aux change-ments observeacutes de biodiversiteacute Des travaux (Bowler et al 2020) spatialiseacutes srsquointeacuteressent ainsi aux cinq grandes pressions citeacutees preacuteceacutedemment leurs distribu-tions leurs recoupements leurs intensiteacutes et les effets de leurs combinaisons Ils permettent de visualiser les diffeacuterentes reacutegions du monde avec le prisme de onze laquo complexes de menaces anthropiques raquo srsquoexerccedilant tant sur les biomes terrestres que marins et ils deacutetaillent les relations entre les pressions en fonction des latitudes des milieux et des histoires drsquooccupation des sols par les humains Ces travaux soulignent agrave quel point il est important de prendre en compte toutes les pres-sions qui srsquoexercent agrave un niveau reacutegional voire local

Ils deacutemontrent eacutegalement que la focalisation sur une ou deux pressions peut masquer un facteur essentiel de changement de la biodiversiteacute En effet les pres-sions sont correacuteleacutees entre elles et leurs influences sur les mesures et facteurs de changement sont lieacutees Agrave cela srsquoajoute la sensibiliteacute variable des espegraveces aux pressions

Atouts et limites

Un atout du cadre de lrsquoACV est son approche holis-tique (tous les stades de vie des produits et services) et sa souplesse quant aux peacuterimegravetres spatio-temporels de lrsquoeacutevaluation des impacts (eacutetapes hors du cycle et du moment de production eacuteloigneacutees ou diffeacutereacutees dans le temps) Son utilisation est reacutepandue pour lrsquoeacutevaluation de performances environnementales (eacutemission de gaz agrave effet de serre utilisation drsquoeacutenergies fossiles) son utilisation pour lrsquoeacutevaluation des impacts sur la biodi-versiteacute pourrait assurer une coheacuterence de la deacutemarche des acteurs ndash coheacuterence qui pourrait ecirctre renforceacutee par lrsquoadoption de modegraveles et de facteurs de caracteacuterisation communs

Toutefois il est difficile drsquoavoir la mecircme preacutecision agrave tous les niveaux de lrsquoACV par exemple en combinant un large peacuterimegravetre spatial des informations deacutetailleacutees sur lrsquoutilisation des terres en diffeacuterents points et des in-formations deacutetailleacutees sur les taxons impacteacutes Drsquoautre part en fonctions des meacutethodes employeacutees les fac-teurs de caracteacuterisation sont disponibles pour lrsquoeacutechelle globale ou par pays et sont absentes pour les eacutechelles plus fines De plus les meacutethodes largement utiliseacutees pour eacutevaluer les impacts sur la biodiversiteacute srsquointeacute-ressent agrave la composition speacutecifique (richesse ou abon-dance) neacutegligeant les aspects fonctionnels structurels et eacutevolutifs Des travaux sont cependant en cours pour mieux prendre cela en compte (par exemple functio-nal diversity indicator net primary production factor) La couverture taxonomique est aussi en cours de com-pleacutetion ndash plantes vasculaires essentiellement oiseaux mammifegraveres amphibiens et arthropodes dans une moindre mesure ndash les taxons reacutepondant diffeacuteremment aux pressions Enfin les eacutetudes ACV neacutecessitent de grandes quantiteacutes de donneacutees qui ne sont pas toujours disponibles ndash malgreacute la multiplication des bases geacuteneacute-ralistes et sectorielles ndash pour que les modegraveles des fac-teurs de caracteacuterisation soient preacutecis

Modegravele drsquoimpactImpacts intermeacutediaires (midpoints) Dommage (endpoints)

Particules fines

Ozone troposheacuterique (humain)

Rayonnement ionisant

Appauvrissement de la couche drsquoozone

Toxiciteacute humaine (cancer)

Toxiciteacute humaine (autre que cancer)

Reacutechauffement climatique

Usage des eaux

Ecotoxiciteacute aquatique

Eutrophisation des eaux douces

Ozone troposheacuterique (env)

Ecotoxiciteacute terrestre

Acidification des milieux

Utilisation transformation des terres

Ecotoxiciteacute marine

Eutrophisation marine

Ressources mineacuterale

Ressources fossiles

Augmentation du nombre des maladies respiratoires

Augmentation du nombre de divers types de cancer

Augmentation du nombre drsquoautres maladies

Augmentation de la malnutrition

Dommages aux espegraveces drsquoeau douce

Dommages aux espegraveces terrestres

Dommages aux espegraveces marines

Augmentation des coucircts drsquoextraction

Coucircts des eacuternergies fossiles

Santeacute humaine

Environnement(biodiversiteacute)

Disponibiliteacute des ressources

FIGURE 6 APErccedilU DEs CAteacutegOrIEs AUx IMPACts IntErMeacuteDIAIrEs DAns LE CADrE DE LA MeacutethODOLOgIE rECIPE2016 Et LEUr trAnsCrIPtIOn En DOMMAgEs sUr LrsquoEnvIrOnnEMEnt SOuRcE HuIjbREgTS et al 2017

2120

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Existe-t-il un indicateur laquo ideacuteal raquo de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Est-il possible drsquoadopter une deacutemarche eacutequivalente agrave celle de lrsquoempreinte carbone Pousseacutes notamment par les pouvoirs publics et le Plan biodiversiteacute du 4 juillet 2018 au niveau national les entreprises collectiviteacutes et autres acteurs eacuteconomiques se sont empareacutees de cette question Mais les indicateurs de biodiversiteacute et les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines existants sont-ils pertinents et robustes vis-agrave-vis de la biodiversiteacute lrsquoensemble de ses dimensions et la complexiteacute des pheacutenomegravenes biologiques qui en sont agrave lrsquoorigine Quels cadres conceptuels mobilisent ces indicateurs sur quels modegraveles reposent-ils et agrave quel secteur drsquoactiviteacutes srsquoadressent-ils Pour reacutepondre en partie agrave ces questionnements sept outils de mesure les plus aboutis dans leur deacuteveloppement au moment des Journeacutees FRB 2019 ont eacuteteacute eacutevalueacutes par des eacutecologues et eacuteconomistes Sont preacutesenteacutes dans ce chapitre des eacuteleacutements issus des eacutevaluations scientifiques complegravetes des outils de mesure (voir Indicateurs et outils de mesure ndash Eacutevaluations scientifiques de sept indicateurs inteacutegratifs)

2

2322

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

21 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute est-il possible drsquoadopter la mecircme deacutemarche que pour le climat

211 Le modegravele du changement climatique et de lrsquoeacutequivalent carbone

Le Plan biodiversiteacute du 4 juillet 2018 (Ministegravere de la transition eacutecologique et solidaire 2018) appelle dans son objectif 25 ndash Mobiliser les entreprises laquo agrave deacutefinir un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute comparable agrave la tonne de CO2 pour lrsquoimpact climatique raquo En effet la prise en compte du changement climatique a conduit agrave une politique internationale de stabilisation voire de reacuteduction des eacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) drsquoorigine anthropique ndash mateacuterialiseacutee par la Convention cadre des Nations unies sur les changements clima-tiques (CCNUCC) issue du Sommet de Rio en 1992

Des meacutethodes ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees afin de quan-tifier des flux drsquoeacutemissions de GES anthropiques et de les caracteacuteriser agrave lrsquoaide drsquoun indicateur drsquoimpact De faccedilon simplifieacutee des facteurs drsquoeacutemission permettent de convertir des donneacutees drsquoactiviteacutes en eacutemissions de GES Les eacutemissions des diffeacuterents GES sont exprimeacutees en laquo eacutequivalent CO2 raquo (uniteacute de mesure) ndash le CO2 eacutetant le GES anthropique ayant lrsquoimpact le plus important sur le climat (Ademe 2016) ndash en fonction de leur pou-voir radiatif (pouvoir de reacutechauffement global PRG) crsquoest-agrave-dire lrsquoimpact drsquoun gaz donneacute sur le reacutechauf-fement climatique par rapport au CO2 agrave lrsquohorizon de 100 ans Le PRG est lrsquoindicateur drsquoimpact le plus cou-ramment retenu dans les rapports et traiteacutes interna-tionaux Les valeurs de PRG pour diffeacuterents GES sont actualiseacutees et publieacutees dans les rapports du GIEC

Agrave partir de lagrave il est possible de proceacuteder agrave une quantification des impacts environnementaux en se focalisant sur les eacutemissions de gaz agrave effets de serre Plusieurs approches sont compleacutementaires

bull Reacutealiser un laquo inventaire raquo Au niveau national il permet de calculer des quantiteacutes de GES eacutemises agrave lrsquointeacuterieur du pays et ainsi de rapporter annuellement dans le cadre des obligations de la CCNUCC

bull Calculer une laquo empreinte carbone raquo agrave partir drsquoune meacutethode standardiseacutee drsquoanalyse input-output Cette em-preinte couvre le CO2 le meacutethane (CH4) et le protoxyde drsquoazote (N2O) trois gaz qui repreacutesentent 96 des eacutemis-sions des sept GES pris en compte pour le protocole de Kyoto Au niveau national elle permet un calcul des GES induits par la demande inteacuterieure du pays (eacutemis-sions des meacutenages de la production inteacuterieure de biens et de services hors exportations associeacutees aux biens et services importeacutes) Lrsquoempreinte carbone fait partie des dix indicateurs de deacuteveloppement durable nouveaux indicateurs de richesse qui complegravetent le PIB

bull Effectuer un laquo bilan GES reacuteglementaire raquo (Loi no 2015-992 du 17 aoucirct 2015) Il permet de diagnosti-quer pour des acteurs publics et priveacutes les eacutemissions de gaz agrave effet de serre en vue drsquoengager leur reacuteduc-tion Ainsi les entreprises de plus de 500 salarieacutes les collectiviteacutes de plus de 50 000 habitants les eacutetablisse-ments publics de plus de 250 agents et les services de lrsquoEacutetat doivent rendre compte de leurs eacutemissions avec une peacuteriodiciteacute de trois ou quatre ans

bull Reacutealiser un laquo Bilan Carbonereg raquo agrave partir drsquoune meacute-thodologie deacuteposeacutee (voir Ademe et Association Bilan Carbone) et adosseacutee agrave une seacuterie drsquooutils et de don-neacutees tels le bilan GES reacuteglementaire lrsquoISO 14069 deacutedieacute ou le Greenhouse Gas Protocol Il permet drsquoeacutevaluer la quantiteacute de gaz agrave effet de serre eacutemise (ou capteacutee) dans lrsquoatmosphegravere sur une anneacutee par les activiteacutes drsquoune organisation ou drsquoun territoire (Ademe Bilans GES)

Les diffeacuterentes meacutethodes de calcul mises en œuvre preacutesentent comme pour tout calcul drsquoindicateur des biais meacutethodologiques opeacuterationnels de calculs mais aussi des biais conceptuels Parmi ces derniers citons le lissage agrave 100 ans du PRG du meacutethane (CH4) plus intense que celui du CO2 mais de moindre dureacutee de vie dans lrsquoatmosphegravere citons aussi lrsquohypothegravese forte de neacute-gliger des interactions et reacutetroactions avec la biodiversiteacute et des pheacutenomegravenes naturels (vapeur drsquoeau captage ou relargage par les tourbiegraveres ou les forecircts en fonction du temps absorption oceacuteanique eacuteruptions volcaniques)

Cette approche par laquo lrsquoeacutequivalent carbone raquo preacute-sente lrsquointeacuterecirct de laquo reacuteduire raquo des donneacutees tregraves varieacutees en une grandeur unique exprimeacutee en une uniteacute facile-ment compreacutehensible

Agrave partir de lagrave il en deacutecoule plusieurs utilisations depuis lrsquoeacutechelle drsquoune organisation ndash dont les entre-prises ou les collectiviteacutes ndash jusqursquoau pays voire au monde reacutepondre agrave la reacuteglementation lorsque neacuteces-saire identifier des postes drsquoeacutemission et envisager les actions pour les reacuteduire eacutevaluer la contribution na-tionale au reacutechauffement climatique global apporter des compleacutements drsquoinformation agrave lrsquoanalyse des flux de biens et de services (par exemple analyse de variation de la composition de lrsquoempreinte en GES pays impor-tateur ou exportateur de GES) piloter une politique environnementale (par exemple loi de transition eacutener-geacutetique pour la croissance verte fiscaliteacute carbone stra-teacutegie nationale de transition eacutenergeacutetique pour un deacuteve-loppement durable strateacutegie nationale bas carbone) se deacutemarquer communiquer sensibiliser ou encore peser dans les neacutegociations internationales

La similitude des besoins des acteurs face au changement climatique et agrave lrsquoeacuterosion de la biodiver-siteacute ndash rendre compte agrave lrsquoEacutetat piloter une strateacutegie de reacuteduction communiquer ndash amegravene agrave questionner la possibiliteacute de transposer le modegravele de lrsquoeacutequivalent car-bone agrave la biodiversiteacute

212 Le cas de la biodiversiteacute emboicirctements et facettes

Pour appliquer la mecircme deacutemarche dans le champ de la biodiversiteacute il faut pouvoir deacutefinir pour un laquo objet de biodiversiteacute raquo particulier une laquo composante raquo de la biodi-versiteacute (par exemple un groupe taxonomique drsquoarbres) une grandeur physique agrave mesurer une proprieacuteteacute mesu-rable ou laquo meacutetrique raquo (par exemple le nombre drsquoespegraveces de ce groupe) et un indicateur (par exemple la richesse taxonomique) (Pelletier et al 2011)

Cela suppose de revenir agrave une deacutefinition de la bio-diversiteacute Celle-ci peut ecirctre deacutefinie dans une vision inteacutegrative comme la diversiteacute biologique dans ses diffeacuterents niveaux drsquoorganisation (gegravene individu es-pegravece population communauteacute habitat eacutecosystegraveme paysage) ses diffeacuterentes dimensions (composition structure fonction etc) (Noss 1990) les interactions entre individus espegraveces etc et avec lrsquoenvironnement et la dimension eacutevolutive (au sens darwinien) ndash que lrsquoon peut repreacutesenter de faccedilon emboicircteacutee (Fig 6)

La diversiteacute du vivant pose un premier deacutefi que no-tait deacutejagrave Buffon en 1749 (de Buffon 1749) la difficile

identification et systeacutematisation de ses composantes Outre la multipliciteacute des concepts drsquoespegravece la taxono-mie est reacuteguliegraverement reacuteviseacutee avec la prise en compte de nouvelles donneacutees ou systegravemes de classification

Il srsquoagit ensuite de deacutefinir quoi mesurer et com-ment mesurer la diversiteacute Difficile de mesurer toutes les proprieacuteteacutes du vivant ndash des gegravenes aux eacutecosystegravemes Cela amegravene agrave faire des choix en termes de compo-sants et de meacutetriques en argumentant leur repreacutesenta-tiviteacute ndash neacutecessairement partielle (Casetta et al 2019) Ainsi srsquointeacuteresser au nombre drsquoespegraveces est une faccedilon drsquoestimer la biodiversiteacute (lrsquoeacutevaluation se confond alors avec lrsquoinventaire) mais les espegraveces ne sont pas toutes connues elles nrsquoont pas toutes le mecircme rocircle dans un eacutecosystegraveme et cela ne rend pas compte des interac-tions des organismes entre eux et avec leur environne-ment (agrave lrsquoeacutechelle des gegravenes des communauteacutes et des eacutecosystegravemes) du fonctionnement des organismes agrave la base des processus eacutecologiques (prise en compte des traits fonctionnels) du caractegravere dynamique de ces interactions des meacutecanismes drsquoadaptation (pheacutenoty-piques geacuteneacutetiques comportementaux composition des communauteacutes) ni de lrsquoeacutevolution au sens darwi-

Types

de paysagePatte

rns

des paysa

ges

Processus paysagers et perturbations

Utilisation des terres

Communauteacute

EcosystegravemesPhysionomie

Structu

re de lrsquohabita

t

Processus eacutecosysteacutemiqueInteractions

interspeacutecifiques

Espegraveces

PopulationsStru

cture

de la populatio

n

Cycles biologiquesProcessus

deacutemographiques

GegravenesStructu

re

geacuteneacutetique

Processus geacuteneacutetique

Structu

relleCompositionnelle

Fonctionnelle

FIGURE 7 COMPOsItIOn strUCtUrE Et FOnCtIOn DE LA bIODIvErsIteacute PreacutesEnteacuteEs COMME DEs sPhegraverEs IntErCOnnEC-teacuteEs EngLObAnt PLUsIEUrs nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn SOuRcE NOSS 1990 TRAD VIMAl 2010

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

nien passeacutee et potentielle parfois laquo rapide raquo (quelques geacuteneacuterations) des organismes ndash tout cela constituant pourtant ensemble les bases de la biodiversiteacute

Le peacuterimegravetre spatial et temporel de la collecte de donneacutees pose aussi questions comment deacuteduire une geacuteneacuteraliteacute agrave partir drsquoun eacutechantillon comment tenir compte des connexions entre des espaces comment tenir compte des latences et de la stochasticiteacute des pheacutenomegravenes biologiques comment rendre compte de lrsquoemboicirctement des eacutechelles de lrsquoeffet du niveau drsquoor-ganisation supeacuterieur (par exemple effet de la structure du paysage) etc

La notion drsquoeacutequivalence qui se rencontre aussi dans lrsquoapproche climatique peut ecirctre questionneacutee comment ramener des mesures effectueacutees dans des eacutecosystegravemes agrave des eacutequivalents drsquoautres eacutecosystegravemes agrave combien drsquohectares de forecircts dites primaires corres-pond un hectare de prairies agrave combien drsquoeacutequivalents oiseaux correspond une colonie drsquoabeilles sauvages

Enfin collecter les donneacutees sur des organismes vivants reste une difficulteacute Ceux-ci sont plus ou moins mobiles accessibles (cas des fonds marins par exemple) Ces donneacutees sont neacutecessaires aux dif-feacuterents niveaux drsquoorganisation deacutecrits preacuteceacutedemment et doivent ecirctre acquises dans des conditions qui per-mettent de les mutualiser (protocoles et meacutethodes)

Il existe bien sucircr plusieurs cadres conceptuels et meacutethodologiques pour reacutepondre agrave ces deacutefis divers modegraveles matheacutematiques et mesures statistiques de la diversiteacute (indice de Shannon de Hill de Gini etc) plusieurs propositions pour eacutetablir le choix de com-posantes (espegraveces rares espegraveces bioindicatrices) et autant de propositions de meacutetriques Pour ce qui concerne le choix de composantes et de meacutetriques citons la proposition facilement accessible et appro-priable par les acteurs de deacutefinir des laquo variables es-sentielles de biodiversiteacute raquo (Pereira et al 2013) qui sera abordeacutee au chapitre 3

Des auteurs acadeacutemiques soutiennent que de la mecircme maniegravere que la communauteacute scientifique tra-vaillant sur le changement climatique utilise un in-dicateur (changement de la tempeacuterature mondiale moyenne) et un objectif (augmentation maximale de 2degC par rapport aux niveaux preacuteindustriels) comme viseacutee pour lrsquoaction politique il est neacutecessaire de four-nir un laquo objectif biodiversiteacute raquo avec un indicateur fa-cile agrave mesurer agrave court terme et facile agrave communiquer (Rounsevell et al 2020) Ils proposent une mesure ba-seacutee sur le taux drsquoextinction des espegraveces (taux drsquoextinc-tion ou nombre drsquoespegraveces eacuteteintes par an) ndash meacutetrique largement utiliseacutee depuis des anneacutees ndash avec lrsquoobjectif de maintenir les extinctions drsquoespegraveces en dessous de 20 par an au cours des 100 prochaines anneacutees cela dans les grands groupes taxonomiques (champignons plantes inverteacutebreacutes et verteacutebreacutes) et pour tous les types drsquoeacutecosystegravemes (marins drsquoeau douce et terrestres)

Deux arguments fondent la proposition drsquoune part lrsquoextinction drsquoune espegravece repreacutesente la perte irreacutever-sible drsquoune diversiteacute geacuteneacutetique unique et une reacuteduc-tion mesurable de la diversiteacute de la vie sur Terre drsquoautre part crsquoest un pheacutenomegravene largement compris par le public facile agrave meacutediatiser et agrave priori feacutedeacuterateur pour limiter lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

Lrsquoambition afficheacutee est drsquoutiliser un indicateur de porteacutee moins scientifique que politique pour catalyser les efforts des deacutecideurs et des publics en faveur de la biodiversiteacute et de sa preacuteservation pour mettre aux agendas mondiaux et nationaux un laquo objectif biodi-versiteacute raquo

La deacutemarche ne vise ainsi pas explicitement agrave re-preacutesenter toutes les dimensions de la biodiversiteacute et les auteurs reconnaissent qursquoune telle mesure unique dissimulera ineacutevitablement les dispariteacutes spatiales les complexiteacutes des systegravemes eacutecologiques et neacutecessitera au-delagrave de son aspect laquo figure de proue raquo drsquoecirctre accom-pagneacutee par un panel drsquoautres indicateurs renseignant plus complegravetement sur lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute et les pressions Ils signalent que le fait drsquoatteindre un tel objectif de reacuteduction du taux drsquoextinction des espegraveces nrsquoempecircchera pas de constater des changements dom-mageables de biodiversiteacute (perte de population et de diversiteacute geacuteneacutetique alteacuteration du fonctionnement des eacutecosystegravemes et reacuteduction des services eacutecosysteacutemiques associeacutes) Ces preacutecautions quant agrave lrsquousage de cet indicateur sont compleacuteteacutees par drsquoautres chercheurs qui pointent les difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoeacutechelle temporelle drsquoune telle mesure (lrsquoextinction drsquoune espegravece peut ecirctre plus ou moins rapide) agrave la connaissance imparfaite du vivant (les espegraveces ne sont pas toutes connues cer-tains taxons sont plus suivis que drsquoautres) qui rend lrsquoobjectif difficile agrave harmoniser entre les groupes taxo-nomiques Ils rappellent eacutegalement que lrsquoextinction fait partie des dynamiques naturelles de la biodiversi-teacute Enfin ils ajoutent qursquoil ne srsquoagit pas drsquoune mesure eacutequitable entre reacutegions du monde en termes drsquoefforts agrave fournir et de reacutesultats agrave atteindre les espegraveces vul-neacuterables ont deacutejagrave disparu de nombreux pays ancien-nement industrialiseacutes tandis qursquoelles restent encore agrave recenser ndash et agrave proteacuteger ndash dans des pays en voie drsquoindustrialisation

La mesure de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute reste ainsi dif-ficile eacutetant donneacutee la complexiteacute des systegravemes eacutecolo-giques et la connaissance scientifique incomplegravete de ceux-ci il nrsquoexiste pas de laquo valeur absolue raquo ou laquo drsquoeacutequi-valent biodiversiteacute raquo Il nrsquoest peut-ecirctre finalement pas souhaitable de reacuteduire lrsquoimpact sur la biodiversiteacute agrave un indicateur unique tel qursquoil existe pour le climat Les indicateurs et les cadres drsquoeacutevaluation de la biodiversiteacute ndash ou des impacts sur la biodiversiteacute ndash preacutesentent des avantages mais aussi des limites La connaissance de ces limites est aussi didactique que la valeur de lrsquoindi-cateur et est essentielle pour bien lrsquointerpreacuteter

22 Le deacuteveloppement drsquoune meacutethodologie drsquoeacutevaluation comme tentative de reacuteponse

Depuis 2012 la FRB mobilise son expertise et des experts acadeacutemiques pour eacutevaluer de faccedilon indeacutepen-dante la construction les donneacutees utiliseacutees la robus-tesse la fiabiliteacute et la sensibiliteacute la pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute des indicateurs de lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) piloteacute par lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB ex-AFB) La FRB a ainsi deacuteveloppeacute une meacutethode originale drsquoeacutevaluation scientifique de ces indicateurs de suivi tels qursquoexplici-teacutes dans le chapitre 1

Dans le cadre de cette eacutetude la FRB a donc remo-biliseacute son expertise pour adapter la grille drsquoeacutevalua-tion des indicateurs de lrsquoONB aux outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes anthropiques sur la biodiversiteacute

et agrave leur complexiteacute afin de conduire une eacutevaluation scientifique externe Cette meacutethode drsquoeacutevaluation a eacuteteacute envisageacutee comme une tentative de reacuteponse aux ques-tionnements des diffeacuterents acteurs (entreprises collec-tiviteacutes territoriales institutions financiegraveres politiques etc) sur la creacuteation la pertinence et lrsquoutilisation drsquoun indicateur unique et ideacuteal drsquoimpact sur la biodiversi-teacute ndash avec lrsquoambition de faire dialoguer les utilisateurs drsquoindicateurs (qursquoils soient laquo simples raquo ou agreacutegeacutes) ou drsquooutils dans une approche science-socieacuteteacute

In fine lrsquoeacutevaluation scientifique externe indeacute-pendante a porteacute sur sept outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Elle expose les donneacutees et modegraveles mobiliseacutes les avantages les limites la pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute et le potentiel en matiegravere drsquoaide agrave la deacutecision de ces sept outils de mesure

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Product Biodiversity Footprint (PBF)

Conception I Care amp Consult SayariObjectif permettre la comparaison des impacts sur la biodiversiteacute entre des variantes drsquoun pro-duit donneacute

La meacutethodologie du PBF se base sur le modegravele Analyse du cycle de vie (ACV) en mobilisant la meacutethode spatialiseacutee du Life Cycle Impact Assessment (LC-IMPACT) La meacutethodologie employeacutee combine lrsquoACV et les connaissances actuelles en matiegravere drsquoimpacts drsquoactiviteacutes sur la biodiversiteacute pour raffiner les impacts dus agrave lrsquouti-lisation des terres Une correction des facteurs ACV classique est alors reacutealiseacutee sur deux axes prise en compte des pratiques laquo non visibles raquo dans le cadre de lrsquoACV et prise en compte drsquoune granulariteacute geacuteographique plus fine sur la sen-sibiliteacute et la richesse des milieux impacteacutes Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF)

Global Biodiversity Score TM (GBS)

Conception Caisse des deacutepocircts filiale Biodiver-siteacute (CDC-Biodiversiteacute)Objectif eacutevaluer lrsquoempreinte biodiversiteacute des entreprises et des investissements

La meacutethodologie du GBS se base sur le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) en mobili-sant Exiobase pour les liens entre activiteacutes et pressions et GLOBIO pour les liens entre pres-sions et impacts Lrsquooutil utilise eacutegalement une approche hybride en inteacutegrant lorsqursquoelles sont disponibles des donneacutees reacuteelles agrave chaque eacutetape de lrsquoeacutevaluation Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune abondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA)

Biodiversity Impact Metric (BIM)

Conception Cambridge Institute for Sustain-ability Leadership (CISL)Objectif fournir une eacutevaluation des impacts des produits sur la biodiversiteacute

La meacutethodologie du BIM se base sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) croiseacute avec le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pres-sure State Response PSR)

Centreacutee sur la mesure de lrsquoimpact de lrsquoutili-sation des terres pour la production de matiegraveres premiegraveres elle permet de deacuteterminer cet im-pact en pondeacuterant la superficie neacutecessaire aux activiteacutes par lrsquoincidence sur la proportion de biodiversiteacute perdue (quantiteacute) et lrsquoimportance relative de la biodiversiteacute perdue (qualiteacute) Au moment de lrsquoeacutevaluation plusieurs meacutethodolo-gies sont documenteacutees lrsquoune repose sur lrsquouti-lisation du modegravele de calcul de lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abun-dance MSA) lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (biodiversity intactness index BII)

Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI)

Conception ASN Bank CREM consultant PReacute SustainabilityObjectif calculer lrsquoimpact des investissements financiers sur la biodiversiteacute

La meacutethodologie du BFFI se base sur le modegravele Analyse du cycle de vie (ACV) lrsquooutil est ainsi conccedilu pour fournir une vision holistique de lrsquoimpact des activiteacutes des entreprises dans les-quelles les institutions financiegraveres investissent en analysant les externaliteacutes Celles-ci sont quantifieacutees en mobilisant les donneacutees drsquoExio-base Lrsquooutil srsquoappuie ensuite sur la meacutethode ReCiPe pour convertir les donneacutees de cycle de vie en impacts avant in fine drsquointerpreacuteter lrsquoim-pact des investissements sur la biodiversiteacute Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF)

Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric

Conception Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)Objectif eacutevaluer lrsquoimpact drsquoinvestissements financiers sur la biodiversiteacute notamment ceux en faveur de la protection de la biodiversiteacute

La meacutethodologie du STAR se base sur le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) Pour le calcul ex-ante elle permet de combiner pour des sites drsquointeacuterecirct et certains taxa la proportion de popu-lation drsquoune espegravece sur ces sites pondeacutereacutee par sa cateacutegorie de la Liste rouge des espegraveces deacuteve-loppeacutee par lrsquoUICN et pondeacutereacutee par la contri-bution relative de chaque pression (porteacutee et seacuteveacuteriteacute) au risque drsquoextinction Lrsquoensemble est sommeacute pour fournir lrsquoindicateur Au moment de lrsquoeacutevaluation un module meacutethodologique pour le calcul ex-post eacutetait en deacuteveloppement

Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

Conception Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)Objectif eacutevaluer les changements de biodiver-siteacute sur les sites drsquoexploitation drsquoune entreprise et drsquoeacutevaluer les risques pour la biodiversiteacute de futurs projets

La meacutethodologie du BIRS srsquoinscrit dans le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) et repose sur plusieurs eacutetapes identification et deacutelimita-tion des diffeacuterents habitats qui composent un site estimation de la superficie totale pour chaque type drsquohabitat deacutetermination drsquoun fac-teur de contexte de lrsquohabitat eacutevaluation de lrsquoeacutetat de chaque habitat et attribution drsquoune classe de condition puis combinaison des in-formations pour deacutefinir une classe drsquoeacutetat de la biodiversiteacute du site pour chaque site opeacuteration-nel eacutevalueacute ndash avec une possibiliteacute drsquoagreacuteger au niveau de lrsquoentreprise

Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC)

Conception UN Environment Programme World Conservation Monitoring Centre (UNEP-WCMC) Conservation International Fauna amp Flora InternationalObjectif eacutevaluer le risque pour la biodiversiteacute au regard des impacts potentiels drsquoactiviteacutes sur un site drsquoexploitation et les reacuteponses mises en œuvre

La meacutethodologie du BIEC srsquoinscrit dans le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) et repose sur trois eacutetapes une analyse spatialiseacutee de la sen-sibiliteacute en termes de biodiversiteacute de sites drsquoex-ploitation en combinant des donneacutes locales et globales la deacutetermination de scores drsquoeacutetat et de pression en concertation avec des acteurs lo-caux lrsquoagreacutegation des scores en tableau de bord au niveau des sites mais eacutegalement au niveau drsquouniteacute de production voire de lrsquoentreprise

222 Une description succincte des sept outils eacutevalueacutes

221 Le choix des outils agrave eacutevaluer

Lrsquoeacutequipe projet a drsquoabord effectueacute un travail de recense-ment des outils existants puis seacutelectionneacute sept outils de mesure de lrsquoimpact sur la biodiversiteacute en tenant compte

bull du niveau de deacuteveloppement outils utilisables en routine ou en phase de deacuteveloppement suffisamment avanceacutee pour ecirctre eacutevalueacutes

bull de lrsquointeacuterecirct aux secteurs citeacutes dans les actions 31 et 32 du Plan biodiversiteacute du 18 juillet 2018 bacirctiments et mateacuteriaux agro-alimentaire eacutenergie chimie et finance

bull du caractegravere potentiellement laquo geacuteneacuteralisable raquo agrave plusieurs secteurs drsquoactiviteacute et du potentiel eacuteventuel drsquoadaptation agrave des collectiviteacutes territoriales

bull de la couverture de diffeacuterentes eacutechelles drsquoorgani-sation eacuteconomique produit site uniteacute drsquoactiviteacute eacuteco-nomique entreprise collectiviteacute et pays

Un premier constat a eacuteteacute reacutealiseacute au moment de lrsquoeacutevaluation les outils eacutetaient essentiellement destineacutes au secteur priveacute marchand et peu ou pas aux collecti-viteacutes Drsquoautre part il nrsquoy avait pas au moment de ce recensement drsquooutils deacutedieacutes speacutecifiquement aux sec-teurs agro-alimentaire chimie et eacutenergie suffisamment aboutis ou testeacutes pour ecirctre eacutevalueacutes

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

223 Le cadre de reacutefeacuterence et les items de lrsquoeacutevaluation

Les organisations agrave lrsquoorigine des outils de mesure drsquoimpacts sur la biodiversiteacute eacutevalueacutes dans cette eacutetude adoptent sensiblement les mecircmes grandes approches conceptuelles pour deacutevelopper leurs actions

Drsquoabord elles se basent sur une deacutefinition com-mune de la diversiteacute biologique en se reposant sur lrsquoarticle 2 de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) (Nations unies 1992) La diversiteacute biologique y est deacutefinie comme la laquo variabiliteacute des organismes vivants de toute origine y compris entre autres les eacutecosystegravemes terrestres marins et autres eacutecosystegravemes aquatiques et les complexes eacutecologiques dont ils font partie cela comprend la diversiteacute au sein des espegraveces et entre espegraveces ainsi que celle des eacutecosystegravemes raquo

Ensuite elles srsquoappuient sur les terminologies de lrsquoOCDE ou de lrsquoEEA deacutecrite au chapitre 1 pour deacutefinir ce qursquoest un laquo indicateur raquo De plus elles mobilisent de faccedilon plus ou moins explicite remanieacutee ou combi-neacutee avec les attentes des utilisateurs de leurs outils les critegraveres de seacutelection drsquoindicateurs de lrsquoOCDE et de lrsquoEEA essentiellement politiques pour en faire des critegraveres souhaiteacutes de leurs outils Enfin il y a un fort recoupement entre les bases de donneacutees utiliseacutees pour alimenter ces outils

Lrsquoeacutequipe projet en se basant sur lrsquoexpertise deacuteve-loppeacutee dans le cadre des travaux avec lrsquoONB a pro-poseacute une eacutevaluation reposant sur des concepts et des critegraveres surtout mobiliseacutes dans le champ scientifique

bull La biodiversiteacute est entendue comme la diversiteacute biologique dans ses diffeacuterents niveaux drsquoorganisation (gegravene individu espegravece population communauteacute habitat eacutecosystegraveme paysage) ses diffeacuterentes dimen-sions (composition structure fonction etc) (Noss 1990) les interactions entre individus espegraveces etc et avec lrsquoenvironnement et la dimension eacutevolutive (au sens darwinien)

bull La grille drsquoeacutevaluation a eacuteteacute construite pour ques-tionner le caractegravere explicite ou non des liens entre activiteacutes et pressions puis pressions et impacts Elle a aussi permis de discuter les modegraveles et meacutethodes sur lesquels sont construits les outils ndash soit parce que les outils proposent des formules reliant pressions ndash activi-teacutes ndash impacts soit parce qursquoils mobilisent des modegraveles et meacutethodes de ces relations deacuteveloppeacutes par ailleurs

bull Les outils ont aussi eacuteteacute eacutevalueacutes au regard de cri-tegraveres utiliseacutes pour eacutevaluer les indicateurs de lrsquoONB et proches de ceux utiliseacutes dans le cadre de la bioindica-tion (McGeoch 2007)

ndash Preacutecision un indicateur est preacutecis lorsqursquoil me-sure avec une faible marge drsquoerreur ou drsquoincertitude le pheacutenomegravene qursquoil est supposeacute deacutecrire ici lrsquoimpact

des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Lrsquoobtention drsquoun haut degreacute de preacutecision sera geacuteneacuteralement asso-cieacutee agrave lrsquoutilisation drsquooutils et de meacutethodes aveacutereacutees tes-teacutees par la faible variabiliteacute de la mesure lorsqursquoelle est reacutepeacuteteacutee dans des conditions similaires

ndash Robustesse un indicateur est robuste lorsque sa mesure ou son calcul reste fiable mecircme lorsque les conditions (spatiales temporelles drsquointensiteacute drsquoim-pact autres que le changement agrave mesurer) varient la relation entre les eacuteleacutements de biodiversiteacute pris en compte pour le calcul et lrsquoimpact sur la biodiversiteacute reste constante La valeur drsquoun indicateur robuste est peu ou pas influenceacutee par des mesures impreacutecises ou des erreurs la variabiliteacute des instruments de mesure des donneacutees manquantes des variables confondantes

ndash Sensibiliteacute un indicateur est sensible lorsqursquoil permet de faire la diffeacuterence entre des situations qui sont reacuteellement diffeacuterentes Un indicateur sensible si-gnale rapidement un changement significatif Il est donc adapteacute au degreacute de deacutetection pertinent pour les objectifs souhaiteacutes Ceci requiert que les mesures soient reacutealiseacutees agrave des pas de temps et des eacutechelles spa-tiales pertinentes

ndash Fiabiliteacute un indicateur est fiable lorsque sa va-leur varie toujours dans le mecircme sens que le pheacuteno-megravene qursquoil deacutecrit

bull Une partie de la grille a eacuteteacute deacutedieacutee aux meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees ainsi qursquoagrave la pertinence des outils pour rendre compte des impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute

bull Enfin donneacutees construction meacutethodologique domaine drsquointerpreacutetation des outils et pistes drsquoameacutelio-

ration ont eacuteteacute inteacutegreacutes agrave la grille drsquoeacutevaluation La grille drsquoeacutevaluation est en annexe 2 p79

La meacutethodologie deacuteveloppeacutee pour les indicateurs de lrsquoONB a donc eacuteteacute tregraves largement adapteacutee agrave la construction et aux grandes lignes directrices de ces sept outils de mesure Ce cadre meacutethodologique peut ecirctre remobiliseacute et ameacutelioreacute pour drsquoautres exercices drsquoeacutevaluation ou la construction drsquoindicateurs

224 Le deacuterouleacute et les reacutesultats de lrsquoeacutevaluation

Lrsquoeacutequipe projet a ensuite mobiliseacute des experts acadeacute-miques en eacutecologie et en eacuteconomie afin de conduire une eacutevaluation externe indeacutependante et transparente de ces sept outils de mesure Chaque outil a eacuteteacute eacutevalueacute par deux experts indeacutependants entre juin et aoucirct 2019 Lrsquoeacutequipe projet a ensuite reacutealiseacute la synthegravese des eacuteva-luations relue et valideacutee par les experts Un dialogue entre les concepteurs drsquooutils et experts a eacuteteacute organiseacute pour chaque outil entre novembre et deacutecembre 2019 il a permis de preacuteciser de part et drsquoautre certains points de lrsquoeacutevaluation et drsquoeacutechanger sur les deacuteveloppements agrave court et moyen termes des outils Ces eacuteleacutements sont retranscrits dans les eacutevaluations complegravetes

De faccedilon geacuteneacuterale ces travaux ont permis de reacuteveacute-ler lrsquoimportance de leacutevaluation scientifique syntheacute-tique des modegraveles mobiliseacutes pour mettre en eacutevidence la relation entre activiteacutes ndash pressions ndash impacts dans la construction des outils de mesure ainsi que les meacute-thodes et cadres conceptuels sur lesquels ils reposent

3130

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

23 Les reacutesultats syntheacutetiques des eacutevaluations des outils

Les reacutesultats preacutesenteacutes ici syntheacutetiseacutes reflegravetent la compreacutehension et lrsquoeacutevaluation des experts drsquoapregraves les documents meacutethodologiques mis agrave leur disposition (publications listeacutees dans les eacutevaluations complegravetes accessibles en ligne) Les outils ont eacutevolueacute depuis lrsquoeacuteva-luation scientifique certains commentaires peuvent ne plus ecirctre drsquoactualiteacute soit parce que lrsquooutil a eacuteteacute ameacute-lioreacute soit parce que sa meacutethodologie a eacuteteacute reacute-orienteacutee

231 Product Biodiversity Footprint (PBF)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Product Biodiversi-ty Footprint (PBF) eacutetait au stade de projet pilote aupregraves drsquoentreprises avec un amont agricole et utilisant de la laine de chegravevre et des huiles veacutegeacutetales (colza palme) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des produits et services tout au long du cycle de vie aux niveaux reacutegional ou mondial pour les milieux terrestres et drsquoeaux douces Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est baseacute sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil PBF retient trois pressions directes en reprenant celles prises en compte par la meacutethode LC-IMPACT (voir paragraphe suivant) changement drsquohabitat (occupa-tion transformation des sols et stress hydrique) pol-lutions et changement climatique Lrsquooutil PBF permet eacutegalement lrsquoeacutevaluation de deux pressions qui ne sont pas dans le modegravele ACV espegraveces envahissantes et gestion des espegraveces Les impacts sont eacutevalueacutes indeacute-pendamment pour ces cinq pressions Les eacutevaluateurs soulignent au moment de lrsquoeacutevaluation le manque de la prise en compte du deacuterangement (pollutions so-nores et lumineuses notamment)

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil PBF se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la meacutethode LC-IMPACT LC-IMPACT fournit une approche spatialiseacutee drsquoeacutevaluation des impacts tout au long du cycle de vie de produits et services notamment dans les domaines de la qualiteacute des eacutecosystegravemes et des ressources Crsquoest cette meacutethode qui est le principal modegravele sous-jacent agrave lrsquooutil Le choix de cette meacutethode par rapport agrave drsquoautres est bien documenteacute dans la description du PBF

La meacutethodologie de lrsquooutil PBF preacutesente ici plu-sieurs avantages lrsquoACV apporte une vision drsquoen-semble du produit et de ses impacts depuis sa pro-duction jusqursquoagrave sa fin de vie la meacutethode LC-IMPACT integravegre les derniers deacuteveloppements en matiegravere drsquoACV et permet avec des facteurs de caracteacuterisation spa-tialiseacutes drsquoidentifier les points drsquoimpacts importants tant geacuteographiquement qursquoagrave des eacutetapes particuliegraveres du cycle de vie enfin lrsquooutil adopte une politique drsquoameacutelioration et drsquointeacutegration des derniegraveres connais-sances en eacutecologie afin de pallier en partie le manque de preacutecision inheacuterent agrave lrsquoACV particuliegraverement sur les impacts relatifs agrave lrsquoutilisation des terres

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le modegravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil PBF pour le calcul de lrsquoindicateur (en fait cinq indicateurs correspondant

aux cinq pressions prises en compte) sont les facteurs de caracteacuterisation LC-IMPACT v05 pour les facteurs de caracteacuterisation et les donneacutees du cycle de vie issues des bases de donneacutees Ecoinvent et Agribalysereg Ces donneacutees sont reconnues et valideacutees mais comportent un certain niveau drsquoagreacutegation entraicircnant un manque de preacutecision dans lrsquoobtention et la repreacutesentation des reacutesultats Drsquoautres types de donneacutees lieacutees aux acti-viteacutes sont eacutegalement neacutecessaires au calcul des indi-cateurs et sont mobiliseacutees donneacutees de lrsquoentreprise sur le processus de production du produit (matiegraveres premiegraveres transport rendements etc) et de locali-sation pour les principaux processus (localisation du sourcing etc) Ces donneacutees sources apportent de la preacutecision et de la speacutecificiteacute dans le calcul des indica-teurs et leur interpreacutetation

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions semble significative

La sensibiliteacute de la relation entre activiteacutes et pres-sions semble veacuterifieacutee au niveau de lrsquoentreprise

Quant agrave la fiabiliteacute celle-ci deacutepend en partie de la justesse de lrsquoinventaire de cycle de vie et du degreacute de fiabiliteacute et de transparence des donneacutees transmises par lrsquoentreprise

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil PBF pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre drsquoanalyse du cycle de vie en srsquoappuyant sur la meacute-thode LC-IMPACT

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans la meacute-thode LC-IMPACT et reprise dans le PBF est la perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) ex-primeacutee en fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr)

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil PBF est ici de proposer une meacutetrique agreacutegeacutee et syntheacute-tique (PDF) pour laquelle il est possible de deacutelineacuteer et de restituer au besoin des informations sur les cinq pressions prises en compte et pour diffeacuterentes carac-teacuteristiques drsquoun produit afin drsquoaider agrave seacutelectionner les options ayant le moins drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

Agrave lrsquoinverse en utilisant cette meacutetrique lrsquoindicateur ne rend pas compte de la complexiteacute des eacutecosystegravemes des interactions entre espegraveces ni des fonctions etc

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans la meacute-thode et donc reprises dans lrsquooutil PBF sont issues de donneacutees reacuteelles et de modeacutelisation Elles proviennent de bases de donneacutees sur la biodiversiteacute (par exemple IBAT PREDICTS) et de donneacutees de lrsquoentreprise issues drsquoeacutetudes existantes (inventaires eacutetudes drsquoimpact)

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci semble preacutecise et solide gracircce au recours agrave la meacutethode LC-IMPACT qui srsquoappuie sur des donneacutees consolideacutees et qui sont compleacuteteacutees par la litteacuterature scientifique Toutefois il y a toujours des biais compte tenu de lrsquoagreacutegation inheacuterente agrave lrsquoACV et agrave la meacutethodologie drsquoanalyse mais lrsquoutilisation drsquoun facteur de correction visant agrave preacuteciser les reacutesultats en fonction de la biodiversiteacute locale devrait permettre de limiter les biais

La relation entre pressions et impacts est a priori sensible notamment gracircce agrave la prise en compte de pratiques speacutecifiques aux secteurs drsquoactiviteacutes et agrave lrsquoin-teacutegration de donneacutees propres agrave lrsquoentreprise pour un produit donneacute La deacutetection preacutecoce de changements de biodiversiteacute est toutefois limiteacutee par le caractegravere agreacutegeacute de lrsquooutil de tels changements eacutetant geacuteneacutera-lement observeacutes agrave petite eacutechelle De la mecircme faccedilon lrsquooutil PBF ne permet pas de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion lors de change-ments non lineacuteaires

Enfin la fiabiliteacute repose sur celle de la meacutethode LC-IMPACT ainsi que sur des sources scientifiques et les

Perte potentielle drsquoespegravecePotential Disappeared Fraction of species (PDF)

La perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) ndash exprimeacutee en fraction potentielle-ment disparue drsquoespegraveces (Potential Disappea-red Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr) ndash repreacutesente la perte potentielle drsquoespegraveces en tenant compte de lrsquoeffet de lrsquooccupation des sols ndash qui reacuteduit tout ou partie de lrsquoaire de reacute-partition de ces espegraveces ndash de lrsquoabondance rela-tive de ces espegraveces et du niveau de vulneacuterabiliteacute des espegraveces toucheacutees

La PSL peut ecirctre reacutegionale (PSLreg) ou glo-bale (PSLglo) lrsquoindicateur reacutegional (PDFregyr) quantifie le potentiel de disparition des espegraveces au niveau reacutegional ndash la reacutegion eacutetant entendue comme une zone eacutecologiquement homogegravene pratiquement identifieacutee comme une eacutecoreacutegion pour les eacutecosystegravemes terrestres et comme les bassins versants pour les eacutecosystegravemes drsquoeau douce Lrsquoindicateur mondial (PDFgloyr) quan-tifie le potentiel de disparition mondiale des espegraveces en tenant compte de leur vulneacuterabiliteacute au niveau mondial

La PDF quantifie le potentiel de disparition drsquoespegraveces et non pas le nombre reacuteel drsquoespegraveces disparues

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

bases de donneacutees mobiliseacutees Ces derniegraveres semblent fiables et transparentes La fiabiliteacute des donneacutees concernant les speacutecificiteacutes par secteur et les entre-prises des produits eacutevalueacutes doit ecirctre jugeacutee au cas par cas ce qui nrsquoa pas eacuteteacute reacutealiseacute dans cette eacutevaluation

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel les eacutevaluateurs relegravevent que la fa-ccedilon dont cet aspect est pris en compte dans lrsquooutil PBF et dans la meacutethode LC-IMPACT nrsquoest pas claire lrsquooutil permet de reacutealiser une eacutevaluation agrave un temps t mais en srsquoappuyant sur des donneacutees collecteacutees au cours drsquoeacutetudes meneacutees sur plusieurs anneacutees et la meacutethode permet de modeacuteliser les cateacutegories drsquoimpacts selon deux approches (lrsquoune avec un horizon temporel li-miteacute lrsquoautre avec un horizon temporel eacutetendu) ndash mais la reacutefeacuterence temporelle et le report de lrsquoimpact agrave un changement annuel ne sont pas explicites

Au niveau spatial lrsquooutil PBF peut ecirctre deacuteclineacute agrave deux eacutechelles reacutegionale (PDFregyr) et globale (PDFgloyr) Parmi les cinq pressions sur la biodiver-siteacute consideacutereacutees dans lrsquooutil trois sont spatialiseacutees Pour ces derniegraveres les facteurs de caracteacuterisation ne sont pas neacutecessairement eacutevalueacutes agrave la mecircme reacutesolution spatiale (eacutecoreacutegion vs niveau du pays) en fonction des informations spatiales disponibles Le niveau de lrsquoeacuteco-reacutegion a lrsquoavantage de consideacuterer les impacts agrave lrsquointeacute-rieur de reacutegions geacuteographiques caracteacuteriseacutees par des modegraveles eacutecologiques speacutecifiques qui tiennent compte des dynamiques environnementales et des processus eacutecologiques Toutefois les eacutevaluateurs notent qursquoil serait utile drsquoapporter des eacuteclaircissements sur la meacute-thodologie de spatialisation des cateacutegories drsquoimpacts

En termes de niveau drsquoorganisation et de dimen-sion de la biodiversiteacute lrsquooutil PBF se focalise sur la composition en espegraveces Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil PBF reprend les cinq groupes taxonomiques couverts par la meacutethode LC-IMPACT oiseaux mam-mifegraveres reptiles amphibiens et plantes vasculaires Les groupes taxonomiques peuvent ecirctre analyseacutes seacute-pareacutement ou peuvent ecirctre agreacutegeacutes pour repreacutesenter la fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (PDF) La vulneacuterabiliteacute par taxon est prise en compte en inteacute-grant les donneacutees de la Liste rouge UICN Si lrsquointeacuterecirct de la composition en espegraveces est de communiquer fa-cilement vers un large public il nrsquoen reste pas moins que les niveaux geacuteneacutetique et eacutecosysteacutemique peuvent aussi ecirctre influenceacutes agrave un moment donneacute du cycle de vie des produits Lrsquooutil permet drsquoavoir une estimation de lrsquoimpact sur des espegraveces agrave un temps t ce qui per-met de faciliter la compreacutehension des reacutesultats mais a priori sans rendre compte de la complexiteacute de la

biodiversiteacute (eacutevolution interactions) et des impacts agrave moyen et long termes De plus lrsquoeffondrement de la biodiversiteacute ne se produit pas seulement agrave travers la perte drsquoespegraveces mais aussi par la diminution de lrsquoabondance ndash la reacuteduction du nombre drsquoindividus par espegravece au sein des populations ndash et de la reacutepartition spatiale de nombreuses espegraveces ce qui peut avoir des impacts consideacuterables sur les eacutecosystegravemes Les eacuteva-luateurs notent que lrsquointerpreacutetation des sorties de lrsquoou-til doit ainsi ecirctre effectueacutee avec prudence

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes au cours du cycle de vie drsquoun produit (tels que la perte de fonctions eacutecologiques la diminution de lrsquoabondance des espegraveces la perte de diversiteacute geacuteneacutetique etc)

Lrsquooutil ayant vocation agrave appuyer la deacutecision autour de plusieurs versions drsquoun mecircme produit en mettant lrsquoaccent sur des variantes plus respectueuses de la bio-diversiteacute il nrsquoest pas forceacutement inteacuteressant de reacutepeacuteter le calcul de lrsquoindicateur Cependant il peut ecirctre utile de reacuteeacutevaluer les options autrefois choisies comme plus respectueuses de la biodiversiteacute au fur et agrave mesure que les bases de donneacutees sont mises agrave jour

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Le calcul de lrsquoindicateur est peu accessible agrave un non-speacutecialiste de lrsquoACV et les concepteurs recommandent de srsquoentourer de speacutecialistes de la meacutethode et de lrsquoeacuteco-logie La meacutethodologie de lrsquoinventaire de cycle de vie nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la documentation du PBF dis-ponible lors de lrsquoeacutevaluation alors qursquoelle constitue lrsquoeacutetape la plus deacutelicate Les eacutevaluateurs notent aussi que si lrsquoajustement des impacts relatifs agrave lrsquoutilisation des terres avec des donneacutees issues de la litteacuterature en eacutecologie permet de mieux distinguer entre les pra-tiques plus ou moins respectueuses de la biodiversiteacute pour la reacutesolution spatiale agrave laquelle les indicateurs de lrsquooutil PBF sont conccedilus ndash principalement au niveau de lrsquoeacutecoreacutegion ou du pays ndash les donneacutees de contexte eacutecologique local manquent fortement alors qursquoelles constitueraient un compleacutement important et devraient ecirctre davantage prises en compte pour affiner ces indi-cateurs ndash limite connue par les concepteurs de lrsquooutil PBF De plus ces eacutetapes drsquointeacutegration de donneacutees compleacutementaires indispensables sont reacutealiseacutees au cas par cas et sont donc difficiles agrave eacutevaluer Neacutean-moins les autres eacutetapes meacutethodologiques sont claires rigoureuses et transparentes

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent les biais inheacuterents agrave toute analyse neacutecessitant lrsquoagreacutegation de grandes quantiteacutes de donneacutees ndash mais les facteurs de correction mis en œuvre permettent de limiter ces biais

Il nrsquoy a pas de valeurs cibles proprement dites et il nrsquoy a pas de comparaison possible avec un reacutefeacuterentiel unique mais uniquement entre les diffeacuterents indica-teurs (un pour chaque facteur drsquoimpacts sur la biodi-versiteacute) pour diffeacuterentes versions drsquoun produit afin de minimiser lrsquoimpact sur la biodiversiteacute

Lrsquooutil PBF semble ecirctre conccedilu pour ecirctre appliqueacute agrave divers secteurs de sorte qursquoil pourrait ecirctre utiliseacute dans le domaine public pour comparer des options au niveau de produits voire au niveau des projets (par exemple construction drsquoinfrastructures projets de deacuteveloppement durable etc)

Selon les eacutevaluateurs lrsquooutil ne semble actuelle-ment pas approprieacute pour inteacutegrer le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiver-siteacute Toutefois il permet drsquoencourager les entreprises de divers secteurs drsquoactiviteacute agrave engager et suivre leurs progregraves en matiegravere de biodiversiteacute et plus particuliegrave-rement agrave laquo reacuteduire les pressions directes sur la biodi-versiteacute et promouvoir une utilisation durable raquo (but strateacutegique B des objectifs drsquoAichi) Lrsquooutil PBF permet donc drsquoengager des mesures reacutepondant aux objectifs des cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute mais ne permet pas drsquoobserver directement la contri-bution aux objectifs fixeacutes

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en ajoutant une meacutetrique drsquoabondance Lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) pourrait ecirctre une mesure suppleacute-mentaire inteacuteressante agrave consideacuterer De plus il pourrait ecirctre pertinent de consideacuterer lrsquoeacutetendue de lrsquoeacutecosystegraveme

(Ecosystem Extent) comme une mesure suppleacutemen-taire dans lrsquooutil PBF eacutetant donneacute les divers secteurs drsquoactiviteacute qursquoil vise

Par ailleurs la prise en compte des fonctions ndash et des services eacutecosysteacutemiques ndash serait inteacuteressante agrave in-seacuterer De mecircme lrsquointeacutegration de la biodiversiteacute marine est indispensable Il semble aussi important de reacuteussir agrave prendre en compte les insectes

En termes meacutethodologiques les concepteurs tra-vaillent agrave lrsquointeacutegration de lrsquoeacutecotoxiciteacute mais il pour-rait ecirctre inteacuteressant drsquoajouter eacutegalement la vulneacuterabi-liteacute des espegraveces au climat et drsquointeacutegrer des donneacutees eacutecologiques sur le contexte local afin de mieux affiner lrsquoindicateur Les eacutevaluateurs notent aussi que la meacute-thodologie drsquoACV peut avoir tendance agrave sous-estimer lrsquoimpact par rapport agrave une analyse qui mobilise des tableaux ressources-emplois (ou entreacutees-sorties) mais qui sont moins preacutecis Un couplage des deux meacutetho-dologies pourrait constituer une piste de reacuteflexion Ce couplage des deux meacutethodologies complexe permet-trait neacuteanmoins de reacutepondre aux limites de chacune

Enfin il pourrait ecirctre inteacuteressant de compleacuteter la dimension drsquoaide agrave la deacutecision en apportant des eacuteleacute-ments chiffreacutes en termes de coucircts des eacuteleacutements consti-tuant le produit

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull de Baan L Alkemade R Koellner T (2013) Land use impacts on biodiversity in LCA A global ap-proach The International Journal of Life Cycle As-sessment 18(6) 1216ndash1230 httpsdoiorg101007s11367-012-0412-0

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

232 Product Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI)

Une premiegravere version de lrsquooutil Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI) a eacuteteacute lanceacutee en 2018 Lrsquooutil concerne tous les secteurs drsquoactiviteacutes puisqursquoil vise agrave eacutevaluer lrsquoimpact sur la biodiversiteacute drsquoun por-tefeuille financier constitueacute drsquoun meacutelange drsquoactions (tous secteurs) et drsquoobligations (deacutepenses de lrsquoeacutetat) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle du porte-feuille de secteurs ou drsquoentreprises ndash lrsquooutil nrsquoest pas approprieacute pour une application au niveau du site ou du projet ndash et porte sur les milieux terrestres aquatiques continentaux voire marins en fonction des donneacutees disponibles Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est baseacute sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil BFFI ne retient que certaines pressions sur lrsquoensemble de celles prises en compte dans la base Exiobase (voir paragraphe suivant) en se focalisant sur celles qui ont un impact sur la biodiversiteacute changement climatique usage de lrsquoeau eacutecotoxiciteacute sur les milieux terrestres les milieux aquatiques continentaux et marins eutro-phisation des eaux continentales et marines forma-tion drsquoozone tropospheacuterique transformation et occu-pation des sols Au moment de lrsquoeacutevaluation le BFFI ne considegravere pas les espegraveces envahissantes le deacuteran-gement (bruit pollution lumineuse etc) et lrsquoexploita-tion directela surexploitation

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BFFI se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la base Exiobase (version 3) Exiobase est une base de donneacutees mon-diale qui propose un tableau entreacutees-sorties (input-output MR-IOT) et un tableau ressources-emplois (supply-use MR-SUT) dans une approche globale et eacutetendue sur le plan environnemental Crsquoest cette base et le modegravele de liens entre activiteacutes et impacts qui la fonde qui est le principal modegravele sous-jacent aux liens entre activiteacutes et pressions

La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI preacutesente ici des avantages lrsquoapproche ACV inclut tous les impacts de la chaicircne de valeur lrsquoemploi drsquoExiobase est inteacuteressant par la gamme des secteurs et des activiteacutes consideacutereacutes

Elle preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoemploi drsquoExiobase Les secteurs eacuteconomiques sont diviseacutes en 163 cateacutegories ce qui constitue une repreacutesentation assez grossiegravere Le modegravele nrsquoest pas speacutecifique et speacute-cifieacute au niveau reacutegional ce qui preacutesume de fortes in-certitudes significatives Il y a aussi des limites quant agrave la collecte et la compilation des donneacutees en effet

les donneacutees sont issues des comptabiliteacutes nationales des eacutetats ndash or chaque eacutetat a son propre systegraveme de classification

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le modegravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil BFFI pour le calcul de lrsquoindicateur sont celles drsquoExiobase3

Concernant la preacutecision les eacutevaluateurs notent que la relation entre activiteacutes et pressions est correc-tement traduite dans le modegravele Exiobase Cette rela-tion est baseacutee sur la moyenne de la consommation et de lrsquoeacutemission par secteur Mais les incertitudes sont consideacuterables En effet la marge drsquoerreur qui existe entre activiteacutes et pressions est diffeacuterente au sein et pour chaque secteur Il y a ainsi deux risques celui de sous-estimer lrsquoimpact drsquoune activiteacute car elle aurait des pratiques plus neacutefastes que la moyenne du secteur auquel elle appartient et celui inverse de surestimer lrsquoimpact drsquoune activiteacute Les concepteurs du BFFI pro-posent de compleacuteter lrsquoanalyse quantitative par une analyse qualitative qui doit aider agrave situer lrsquoentreprise par rapport au reste de son secteur

La sensibiliteacute de lrsquooutil est limiteacutee au secteur etou au pays lrsquooutil permet de faire la diffeacuterence entre deux activiteacutes qui appartiennent agrave deux secteurs diffeacute-rents ou de comparer deux activiteacutes qui appartiennent au mecircme secteur mais qui sont situeacutees dans deux pays diffeacuterents

La fiabiliteacute est fortement deacutependante des don-neacutees qui ont eacuteteacute utiliseacutees pour construire les tables preacutesenteacutees dans Exiobase En effet tous les pays nrsquoayant pas les mecircmes systegravemes de comptabiliteacute il y a eu des traitements pour agreacuteger ou deacutesagreacuteger des donneacutees issues de diffeacuterentes sources et la reacutealisation drsquoextrapolations Lrsquoanalyse qualitative proposeacutee par les concepteurs peut venir compleacuteter les biais lieacutes au manque de fiabiliteacute des donneacutees

Les eacutevaluateurs notent que la relation entre les ac-tiviteacutes et les pressions est reproductible mais pas assez preacutecise par rapport agrave des projets ou des territoires speacute-cifiques La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI srsquoapplique aux eacutetudes agrave grande eacutechelle et aux activiteacutes agreacutegeacutees mais pas de faccedilon speacutecifique agrave une entreprise ou agrave une reacutegion

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil BFFI pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre ACV en srsquoappuyant sur la meacutethode ReCiPe ReCiPe permet de convertir des donneacutees de cycle de vie en impacts Cette meacutethode utilise en entreacutee des informations sur les eacutemissions (par exemple sur le CO2 ou le SO2) pour calculer lrsquoempreinte environnementale agrave mi-parcours (midpoint impacts categories) (par exemple le change-

ment climatique lrsquoutilisation des terres lrsquoeutrophisa-tion) et ensuite pour calculer lrsquoimpact reacutesultant sur les eacutecosystegravemes ou la biodiversiteacute (endpoint impacts category)

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans la meacutethode ReCiPe et reprise dans le BFFI est la perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) exprimeacutee en fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr) ndash et par hectare pour le milieu terrestre par megravetre cube pour le milieu aquatique Le reacutesultat peut ecirctre utiliseacute pour calculer lrsquoempreinte biodiversiteacute en megravetres carreacute (msup2) par euro (euro) investi

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil PBF pour un compleacutement drsquoinformation sur cette meacutetrique

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil PBF est ici de proposer une meacutetrique agreacutegeacutee et syn-theacutetique (PDF) Lrsquoindicateur est ainsi plutocirct geacuteneacuteral et de type biophysique il ne srsquoexpose pas aux poleacute-miques qui entourent lrsquoeacutevaluation moneacutetaire de la biodiversiteacute

La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoutilisation de la meacutethode ReCiPe car elle srsquoappuie sur une relation lineacuteaire entre quan-

titeacute de pressions et perte de biodiversiteacute Cette relation ne permet pas de tenir compte drsquoeacuteventuels effets de seuil en dessous desquels un eacutecosystegraveme serait com-plegravetement deacutetruit De plus la meacutetrique utiliseacutee met lrsquoaccent sur les espegraveces les attributs fonctionnels et structurels de la biodiversiteacute sont largement neacutegligeacutes La PDF quantifie le potentiel de disparition drsquoespegraveces plutocirct que le nombre exact drsquoespegraveces disparues

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans la meacute-thode ReCiPe et donc reprises dans lrsquooutil BFFI sont des donneacutees de modeacutelisation de type laquo dose-reacuteponse raquo Ces donneacutees permettent drsquoobtenir une information sur les facteurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute dans diffeacute-rents secteurs et autorisent ainsi une analyse qualita-tive guidant lrsquointerpreacutetation et lrsquoutilisation du reacutesultat fournit par lrsquooutil

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts elle relegraveve surtout de la meacutethode ReCiPe qui simplifie la relation entre pressions et im-pacts en utilisant des donneacutees moyennes entraicircnant ainsi des incertitudes Les eacutevaluateurs signalent que la marge drsquoincertitude est aussi deacutependante des don-neacutees scientifiques disponibles pour alimenter la meacute-thode Les concepteurs de lrsquooutil BFFI recommandent drsquoailleurs de compleacuteter lrsquoanalyse quantitative par une

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

analyse qualitative notamment pour eacuteviter certains investissements dont les impacts sont sous-estimeacutes par lrsquoeacutevaluation

Concernant la sensibiliteacute les eacutevaluateurs sou-lignent que la meacutethode ReCiPe a eacuteteacute fortement rema-nieacutee entre sa version ReCiPe2008 et ReCiPe2016 Un cas drsquoeacutetude montre qursquoil en reacutesulte un changement important dans lrsquoimpact calculeacute pour un portefeuille financier Cette diffeacuterence est lieacutee agrave lrsquointeacutegration des derniegraveres informations scientifiques mais elle montre aussi la sensibiliteacute de lrsquooutil Toutefois lrsquooutil ne per-met pas de deacutetecter des changements preacutecoces de bio-diversiteacute par le niveau drsquoagreacutegation des donneacutees De la mecircme faccedilon parce que la meacutethode est baseacutee sur des relations lineacuteaires lrsquooutil BFFI ne permet pas de deacute-tecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion lors de changements non lineacuteaires

Enfin la fiabiliteacute repose sur la qualiteacute des sources de donneacutees pour lesquelles des mises agrave jour freacute-quentes sont neacutecessaires afin drsquointeacutegrer les derniegraveres connaissances

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil srsquointeacuteresse agrave lrsquoeacutechelle tem-porelle annuelle La meacutetrique des impacts (PDF) peut aussi ecirctre convertie en une uniteacute indeacutependante du temps

Au niveau spatial lrsquooutil nrsquoa pas de peacuterimegravetre speacute-cifique puisqursquoil srsquoagit drsquoeacutevaluer lrsquoimpact drsquoinvestisse-ments Lrsquointeacuterecirct est drsquoavoir construit un outil unique quel que soit la localisation de lrsquoimpact ndash mais il ne permet pas de tenir compte des speacutecificiteacutes et des par-ticulariteacutes de chaque pays ni locales

En termes de niveaux drsquoorganisation et de dimen-sions de la biodiversiteacute lrsquooutil BFFI se focalise sur la composition en espegraveces Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil BFFI agregravege les espegraveces et ne tient pas compte de la speacutecificiteacute de certaines espegraveces ayant un rocircle fonctionnel particuliegraverement important ou encore une valeur patrimoniale Si lrsquointeacuterecirct de la composition en espegravece reacuteside dans des donneacutees plus facilement dispo-nibles il nrsquoen reste pas moins que les attributs fonc-tionnels et structurels de la biodiversiteacute sont largement neacutegligeacutes De plus la synthegravese des impacts en une uniteacute unique (PDF) peut entraicircner plusieurs risques ceux lieacutes agrave la localisation des impacts en consideacuterant que tous les eacutecosystegravemes sont eacutequivalents sans prendre en compte le rocircle fonctionnel des eacutecosystegravemes et ceux lieacutes agrave la standardisation des eacutecosystegravemes en consideacuterant que perdre 100 drsquoespegraveces sur un hectare de forecirct primaire eacutequivaut agrave perdre 100 drsquoespegraveces dans un deacutesert

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte De plus les eacuteva-luateurs rappellent qursquoil nrsquointegravegre pas les impacts lieacutes agrave la surexploitation aux espegraveces envahissantes et au deacuterangement (pollution lumineuse bruit)

Les eacutevaluateurs notent que la meacutethodologie de lrsquooutil BFFI est inteacuteressante pour eacutevaluer des impacts des investissements sur la biodiversiteacute question diffi-cile et sujette agrave lrsquoincertitude mais que de nombreuses limites existent du fait de lrsquoutilisation de deux meacute-thodes (Exiobase ReCiPe) qui ont leurs limites respec-tives notamment le fait drsquoutiliser une relation lineacuteaire entre quantiteacute de pressions et perte de biodiversiteacute Les eacutevaluateurs invitent ainsi agrave la prudence quant agrave lrsquousage de lrsquooutil pour le pilotage drsquoune strateacutegie drsquoin-vestissements ou pour de la communication externe Ils soulignent que lrsquooutil BFFI vise aussi agrave montrer que certains investissements peuvent avoir des effets positifs sur la biodiversiteacute Ceci peut poser deux pro-blegravemes drsquoabord le retour agrave une logique de durabi-liteacute faible (substitution de capital anthropogeacutenique au capital naturel) puisque des impacts sur la biodiversiteacute pourraient ecirctre compenseacutes par des investissements dans des infrastructures ensuite parce que les effets positifs des investissements sur la biodiversiteacute sont tregraves incertains

Lrsquooutil ayant vocation agrave aider agrave la deacutecision pour lrsquoinvestissement il nrsquoest pas forceacutement inteacuteressant de reacutepeacuteter le calcul En revanche lrsquoindicateur peut ecirctre mis agrave jour pour de nouveaux investissements et au fur et agrave mesure que les donneacutees sur la biodiversiteacute et lrsquoACV deviennent disponibles dans les bases de don-neacutees consideacutereacutees Ainsi la meacutethode associeacutee au BFFI preacuteconise un calcul annuel afin de suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoimpact du portefeuille financier (ensemble des investissements)

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Le calcul de lrsquoindicateur est clair et rigoureux mais la quantiteacute de donneacutees utiliseacutees ndash publiquement dispo-nibles agrave lrsquoexception du portefeuille drsquoinvestissements ndash rend lrsquoappropriation et la compreacutehension assez difficile

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent qursquoil existe cependant une chaicircne drsquoincerti-tudes tout au long du calcul et cela peut entraicircner une accumulation de biais dans les reacutesultats de lrsquooutil ce que lrsquoanalyse qualitative permet de discuter

Il nrsquoexiste pas de valeur cible proprement dite lrsquoideacuteal agrave atteindre serait lrsquoabsence de perte de biodiversiteacute

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil BFFI reste lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact de deacutecisions drsquoinvestisse-ments Il pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public mais agrave large eacutechelle (par exemple pour le secteur des travaux publics)

Selon les eacutevaluateurs du fait des meacutethodes utili-seacutees et des incertitudes associeacutees lrsquooutil ne semble pas approprieacute pour inteacutegrer le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en tenant compte de la diversiteacute fonction-nelle via les traits drsquoespegraveces Ce peut ecirctre en com-paraison agrave la richesse speacutecifique une meacutetrique plus approprieacutee pour calculer les facteurs de caracteacuterisa-tion qui permettent drsquoestimer la perte de biodiversiteacute lieacutee au changement drsquousages des terres Cependant les indicateurs fonctionnels neacutecessitent geacuteneacuteralement une tregraves grande quantiteacute de donneacutees et il nrsquoest pas certain qursquoil soit possible de construire les facteurs de caracteacuterisation neacutecessaire vu le grand nombre de drivers dans Exiobase pour lier activiteacutes pressions et impacts fonctionnels

Par ailleurs la conversion des pressions en impacts sur la biodiversiteacute pourrait ecirctre compleacuteteacutee par drsquoautres indicateurs tel que lrsquoindicateur de dommage eacutecolo-gique potentiel (Ecological Damage Potential indica-tor EDP) Celui-ci est baseacute sur une logique drsquooccupa-tion du sol pour un type drsquousage on eacutevalue lrsquoimpact sur la biodiversiteacute alors que la logique du BFFI est plutocirct de partir de lrsquoensemble des consommations et des eacutemissions drsquoun secteur donneacute et drsquoen deacuteduire un impact sur la biodiversiteacute

En termes meacutethodologiques il serait souhaitable drsquointeacutegrer la prise en compte de plus de pressions Il serait eacutegalement utile de deacutevelopper une mesure de lrsquoerreur dans lrsquoeacutevaluation des impacts sur la bio-diversiteacute pour avoir une ideacutee du domaine de validiteacute des reacutesultats Agrave ce titre il pourrait ecirctre inteacuteressant de renforcer le reacuteseau drsquoexperts qui permettent drsquoameacutelio-rer les donneacutees drsquoExiobase notamment dans des do-maines ou des secteurs speacutecifiques et les facteurs de conversion de ReCiPe Par ailleurs des eacutetudes de cas ougrave les impacts sur la biodiversiteacute sont mesureacutes apregraves les investissements et une comparaison avec lrsquoeacutevalua-tion ex-ante pourraient ecirctre envisageacutees

Enfin il serait inteacuteressant de formaliser et de geacuteneacute-raliser un guide drsquoaide agrave la deacutecision pour accompagner lrsquoutilisation de lrsquooutil de le compleacuteter par des analyses qualitatives et une politique drsquoinvestissements qui vise agrave limiter les manques de lrsquoindicateur

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Koellner Thomas amp Scholz Roland (2008) Assess-ment of land use impacts on the natural environment Part 2 Generic characterization factors for local species diversity in Central Europe The International Journal of Life Cycle Assessment 13(1) 32-48 httpsdoiorg101065lca2006122922bull Souza Danielle Maia de Flynn Dan Declerck Fabrice Rosenbaum Ralph Lisboa Henrique Koellner Thomas (2013) Land use impacts on biodiversity in LCA Pro-posal of characterization factors based on functional diversity The International Journal of Life Cycle As-sessment 18(6) 1231-1242 httpsdoiorg101007s11367-013-0578-0

3938

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

233 Global Biodiversity Score TM (GBS)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Global Biodiversity Score (GBS) eacutetait au stade de deacuteveloppement et de mise en application au sein de pilotes en collaboration avec des entreprises Il est deacuteveloppeacute pour srsquoappliquer agrave un grand nombre de secteurs drsquoactiviteacutes utilisant des matiegraveres premiegraveres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle de grands projets ou drsquouniteacutes drsquoaffaire ndash et agrave terme de portefeuilles drsquoinvestissements Au moment de lrsquoeacutevaluation il prend en compte les milieux ter-restres et la composante pour les milieux dulccedilaquicoles eacutetait en cours de deacuteveloppement Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre drsquoanalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil GBS retient huit pressions sur lrsquoensemble de celles prises en compte dans la base Exiobase (voir para-graphe suivant) ndash pour la biodiversiteacute terrestre utili-sation des terres (agriculture foresterie urbanisation) deacutepocircts azoteacutes aeacuteriens fragmentation des milieux natu-rels changement climatique empieacutetement humain pour la biodiversiteacute dulccedilaquicole utilisation des terres (conversion des zones humides artificialisation de lrsquoamont des bassins versants) perturbations hydro-logiques eutrophisation Toutefois au moment de lrsquoeacutevaluation le GBS ne considegravere pas les espegraveces enva-hissantes le deacuterangement (bruit pollution lumineuse etc) les pollutions chimiques des sols et des eaux et lrsquoexploitation directela surexploitation Les concep-teurs de lrsquooutil envisagent de lrsquoameacuteliorer sur ce plan-lagrave

Liens entre les activiteacutes et les pressions et pressions prises en compte

Lrsquooutil GBS se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la base Exiobase (version 3) Exiobase est une base de donneacutees mon-diale qui propose un tableau entreacutees-sorties (input-output MR-IOT) et un tableau ressources-emplois (supply-use MR-SUT) dans une approche globale et eacutetendue sur le plan environnemental Crsquoest cette base et le modegravele de liens entre activiteacutes et impacts qui la fonde qui est le principal modegravele sous-jacent aux liens entre activiteacutes et pressions

La meacutethodologie de lrsquooutil GBS preacutesente ici plu-sieurs avantages lieacutes agrave lrsquoemploi drsquoExiobase le lien entre activiteacutes et pressions est eacutetabli de faccedilons diffeacute-rentes selon les pressions prises en compte lrsquointeacute-gration de lrsquoeffet cumulatif des diffeacuterents types de pressions est explicite il y a une valeur quantitative agreacutegeacutee compreacutehensible et informative des impacts des activiteacutes eacuteconomiques ndash agrave condition que lrsquoinven-taire (quantification des flux entrants et sortants) de lrsquoACV soit correctement mis en œuvre

Elle preacutesente toutefois des limites la principale eacutetant de nrsquointeacutegrer au moment de lrsquoeacutevaluation que les opeacuterations laquo amont raquo (approvisionnement produc-tion) et de ne pas prendre en compte les opeacuterations laquo aval raquo (utilisation recyclage etc)

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil BFFI (numeacutero 32) pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation drsquoExiobase

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le mo-degravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil GBS pour le calcul de lrsquoindicateur sont soit celles drsquoExiobase3 soit les donneacutees directes sur les pressions lorsqursquoelles sont disponibles

Concernant la preacutecision de la relation entre acti-viteacutes et pressions lrsquoapproche geacuteneacuterale est preacutecise et pertinente en srsquoappuyant sur lrsquoACV Toutefois il est neacutecessaire de disposer drsquoune meacutethodologique claire sur la maniegravere de mener lrsquoACV

La sensibiliteacute et la fiabiliteacute de lrsquooutil nrsquoont pas pu ecirctre eacutevalueacutees par les experts

Liens entre les pressions et les impacts

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil GBS se base sur le modegravele de lrsquoACV Lrsquoapproche mobiliseacutee dans lrsquooutil GBS pour lier pressions et impacts sur la biodiversi-teacute repose particuliegraverement sur le Global Biodiversity Model (GLOBIO) version 3 GLOBIO est un cadre de modeacutelisation permettant de calculer les impacts de cinq pressions sur une biodiversiteacute terrestre laquo intacte raquo pour le passeacute le preacutesent et le futur La modeacutelisation est baseacutee sur des relations correacutelatives deacuteriveacutees de la litteacuterature donneacutees provenant principalement du mo-degravele inteacutegreacute drsquoeacutevaluation de lrsquoenvironnement mondial IMAGE liant deacuteterminants et pressions et de donneacutees ad hoc traiteacutees par certaines formes de meacuteta-analyses Pour chacun des cinq facteurs le modegravele contient une eacutequation de reacutegression reliant lrsquointensiteacute de la pres-sion agrave lrsquoimpact sur la biodiversiteacute Le modegravele GLO-BIO est rapprocheacute des meacutethodes de lrsquoACV en tant qursquoil mobilise des modegraveles et facteurs de caracteacuterisation

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans le modegravele GLOBIO et reprise dans lrsquooutil GBS est lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) et son eacutequivalent en surface (par exemple kmsup2 MSA)

La meacutethodologie du GBS construite sur la base drsquoun examen approfondi des donneacutees et modegraveles existants a eacuteteacute penseacutee de faccedilon agrave rester flexible et compatible avec drsquoautres approches et meacutethodes ndash en dehors de GLOBIO ndash liant les activiteacutes et les pressions La meacutethodologie preacutesente plusieurs avantages lieacutes lors de lrsquoeacutevaluation agrave lrsquoemploi du modegravele GLOBIO

lrsquoeffet cumulatif des diffeacuterents types de pressions et lrsquoapproche spatiale sont explicites

Elle preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoutilisa-tion du modegravele GLOBIO Les liens entre les pressions et la biodiversiteacute sont baseacutes sur des relations deacuteter-ministes souvent lineacuteaires et correacutelatives calculeacutees agrave partir drsquoeacutevaluations ou drsquoexpeacuteriences passeacutees le mo-degravele ne documente pas lrsquoimpact reacuteel mais potentiel des pressions sur la biodiversiteacute et de plus le modegravele risque de ne pas tenir compte des changements dans les systegravemes et les modegraveles eacuteconomiques Une autre li-mite repose sur la faccedilon dont les calculs sont effectueacutes selon que les pressions ont eacuteteacute agreacutegeacutees au niveau des espegraveces puis la MSA calculeacutee ou selon que la MSA a eacuteteacute utiliseacutee pour chaque pression puis agreacutegeacutee De plus il est essentiel de tenir compte de la faccedilon dont la MSA rendra compte des impacts sur les sites riches ou pauvres en espegraveces ce dont les concepteurs sont conscients Par ailleurs il semble que la deacutependance entre les uniteacutes spatiales est neacutegligeacutee ce qui ne permet pas de rendre compte de lrsquoautocorreacutelation spatiale et de processus importants tels que la dispersion et la connectiviteacute Cela peut conduire agrave biaiser lrsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil BIM (numeacutero 34) pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation de GLOBIO

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil GBS sont hybrides ce sont soit les reacutesultats modeacuteliseacutes de GLOBIO soit les donneacutees reacuteelles lorsqursquoelles sont dis-ponibles pour ecirctre combineacutees aux relations pression-impact fournies par GLOBIO Lors de lrsquoeacutevaluation le modegravele GLOBIO version 3 se concentrait sur la partie terrestre du globe Un module pour le milieu aquatique drsquoeau douce eacutetait en cours drsquoeacutelaboration (GLOBIO-aquatic)

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts elle relegraveve surtout du modegravele GLO-BIO sur lequel le GBS se base Outre les biais eacutevo-queacutes plus haut lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence correspondant agrave une MSA de 100 questionne eacutegalement les eacuteva-luateurs car son caractegravere statique ignore les aspects dynamiques des systegravemes eacutecologiques (par exemple modification des aires de reacutepartition des espegraveces en reacuteponse au changement climatique sans diminution de leur abondance globale ou encore perturbations intermeacutediaires) et suppose qursquoil nrsquoexiste qursquoun seul eacutetat drsquooptimum eacutecologique pour chaque eacutecosystegraveme De plus lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence peut en reacutealiteacute refleacuteter un eacutetat potentiellement deacutejagrave deacutegradeacute ou en transition Par ailleurs il est le mecircme pour toutes les uniteacutes spatiales au sein drsquoun biome donneacute sans tenir compte de lrsquohis-torique des pressions en diffeacuterents endroits Enfin la faccedilon dont les eacutetats de reacutefeacuterence sont mobiliseacutes nrsquoest pas claire (par exemple pour un champ de maiumls est-ce une forecirct ou une prairie naturelle )

Lrsquoincertitude est ainsi modeacutereacutee agrave eacuteleveacutee notam-ment parce que la meacutetrique MSA est deacuteriveacutee de re-lations correacutelatives avec les pressions relations dont les choix meacutethodologiques posent question ou pour lesquelles les meacuteta-analyses ne sont pas au moment de lrsquoeacutevaluation toutes publieacutees et parce que cela ne rend pas complegravetement compte de reacuteponses non-li-neacuteaires de la biodiversiteacute

La relation entre pressions et impacts est sensible dans le sens ougrave la meacutethodologie seacutepare explicitement les diffeacuterentes pressions et qursquoelle est plutocirct sensible agrave lrsquointeacuterieur de chaque pression ndash dans la limite des biais inheacuterents au modegravele GLOBIO Lrsquooutil GBS ne permet pas toutefois de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute Bien que lrsquoabondance de la population soit theacuteoriquement une mesure assez sen-sible du changement de la biodiversiteacute elle nrsquoest ici pas mesureacutee mais plutocirct deacuteriveacutee par correacutelation ndash ce qui nrsquoest pas lrsquoapproche la plus robuste pour des pro-jections dans le futur De la mecircme faccedilon lrsquooutil GBS ne permet pas de deacutetecter des changements inhabi-tuels lors de changements non lineacuteaires

Abondance moyenne des espegravecesMean Species Abundance (MSA)

Cette meacutetrique deacutesigne lrsquoabondance moyenne des espegraveces en prenant une situation non per-turbeacutee comme reacutefeacuterence La MSA est un indi-cateur du caractegravere naturel ou de lrsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute Elle est deacutefinie comme lrsquoabon-dance moyenne des espegraveces originelles preacute-sentes dans la situation non perturbeacutee par rapport agrave leur abondance dans les eacutecosystegravemes en situation perturbeacutee Lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence cor-respond agrave des types drsquooccupation du sol laquo na-turels raquo non deacutedieacutes agrave aucune activiteacute humaine particuliegravere (forecircts naturelles prairies natu-relles glaciers)

Elle ne tient pas compte des augmentations possibles de lrsquoabondance par rapport agrave lrsquoeacuteco-systegraveme non perturbeacute la MSA ne peut pas ecirctre supeacuterieure agrave 100 Une zone avec une MSA de 100 signifie une biodiversiteacute similaire ou supeacuterieure agrave la situation non perturbeacutee de reacutefeacute-rence Une MSA de 0 signifie un eacutecosystegraveme sans plus aucune espegravece drsquoorigine un eacutecosys-tegraveme complegravetement deacutetruit

La MSA traduit un eacutetat possible de la biodi-versiteacute et non pas lrsquoeacutetat reacuteel

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

La fiabiliteacute de lrsquooutil repose sur celle du modegravele GLOBIO ou drsquoun autre modegravele qui pourrait ecirctre mo-biliseacute par lrsquooutil Le nombre drsquoeacutetudes utiliseacutees dans GLOBIO pour calibrer les relations entre pressions et biodiversiteacute reste faible et varie fortement entre biomes et pressions La fiabiliteacute peut donc ecirctre ameacute-lioreacutee par lrsquoimpleacutementation de nouvelles donneacutees et connaissances et la meacutethodologie du GBS est conccedilue pour ecirctre mise agrave jour au fur et agrave mesure que des pro-gregraves seront reacutealiseacutes

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil srsquointeacuteresse agrave un peacuterimegravetre temporel annuel avec une hypothegravese forte lrsquoannua-lisation des diffeacuterences entre 2010 et 2050 avec lrsquohypo-thegravese drsquoune variation lineacuteaire de la biodiversiteacute sur cette peacuteriode ajusteacutee sur la base de donneacutees passeacutees reacutecentes

Au niveau spatial le peacuterimegravetre de lrsquooutil varie en fonction de son application mais au moment de lrsquoeacuteva-luation la meacutethodologie nrsquoest pas claire sur la reacutesolu-tion de lrsquooutil GBS

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil GBS est les populations drsquoespegraveces La dimension de la biodiversiteacute prise en compte dans lrsquooutil est la reacutepartition de lrsquoabondance entre les es-pegraveces Si cette dimension transcrite via la MSA est re-lativement simple agrave deacuteriver et plutocirct bien adapteacutee pour eacutetablir un lien avec les questions drsquoextinction drsquoespegraveces et drsquoeacuterosion de la biodiversiteacute elle est moins eacutevidente pour faire le lien avec des questions fonctionnelles ou eacutevolutives ainsi que lrsquointerdeacutependance des espegraveces ou encore la structure des paysages ou des eacutecosystegravemes

Au moment de lrsquoeacutevaluation pour la biodiversiteacute terrestre les mammifegraveres oiseaux amphibiens rep-tiles inverteacutebreacutes et plantes vasculaires sont pris en compte Toutes les espegraveces (communes et rares) sont prises en compte mais regroupeacutees au sein de la MSA de sorte qursquoil est impossible de savoir exactement quelles espegraveces sont consideacutereacutees

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte En effet il srsquoap-plique aux impacts potentiels plutocirct que reacuteels des activiteacutes sur la biodiversiteacute a priori et a posteriori Les eacutevaluateurs rappellent aussi que la reacutesolution est actuellement assez grossiegravere et ne permet pas de saisir les changements qui se produisent agrave petite eacutechelle

Les eacutevaluateurs soulignent que lrsquooutil GBS nrsquoest pas baseacute sur des mesures directes de lrsquoeacutetat de la biodi-versiteacute et ne peut ecirctre pas consideacutereacute comme un indi-

cateur de changement de la biodiversiteacute Lrsquooutil GBS peut cependant servir agrave comparer des investissements identifier des produits agrave haut risque dans une chaicircne drsquoapprovisionnement eacutevaluer diffeacuterentes intensiteacutes de production pour un mecircme produit ou encore compa-rer des impacts potentiels de diffeacuterentes entreprises qui srsquoapprovisionnent pour le(s) mecircme(s) produit(s)

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Sur le plan conceptuel le calcul de lrsquoindicateur semble relativement clair rigoureux et transparent bien que des preacutecisions importantes soient neacutecessaires agrave appor-ter dans la meacutethodologie (hypothegraveses articulation des calculs eacutetats de reacutefeacuterence) La meacutethodologie repose sur des outils et des ensembles de donneacutees com-plexes et speacutecifiques neacutecessitant une expertise et des connaissances solides pour permettre une eacutevaluation deacutetailleacutee Les eacutevaluateurs soulignent que lrsquooutil tire parti drsquoun ensemble drsquoapproches avanceacutees provenant de diffeacuterents cadres conceptuels et domaines drsquoexper-tise (ACV PER) avec lrsquoambition de maximiser la flexi-biliteacute et lrsquointeropeacuterabiliteacute avec les autres cadres inter-nationaux (Ipbes CDB OECD UNEP etc)

En se reacutefeacuterant aux limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent que les biais et les limites lieacutees au calcul de lrsquoindicateur affectent sa robustesse et sa rigu-eur ndash ce dont les concepteurs sont conscients et pour lesquels ils proposent des ameacuteliorations

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil GBS reste lrsquoaide agrave la deacutecision et la comparaison drsquoimpacts modeacuteliseacutes attendus sur la biodiversiteacute agrave travers diffeacuterents niveaux drsquoagreacutegation (site entreprises pays etc) Lrsquooutil spa-tialement explicite permet la comparaison entre enti-teacutes agrave des zones geacuteographiques etou agrave des moments diffeacuterents Il repreacutesente une approche prometteuse pour explorer lrsquoimpact potentiel global drsquoinvestisse-ments ou de deacuteveloppements drsquoentreprises pour ra-tionaliser les activiteacutes de production et pour commu-niquer sur la biodiversiteacute avec les secteurs industriels et eacuteconomiques Il pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public agrave la fois directement en eacutevaluant les impacts et indirectement pour aider agrave la seacutelection drsquoentreprises reacutepondant aux marcheacutes

Selon les eacutevaluateurs agrave lrsquoeacutechelle internationale et au niveau eacuteleacutementaire de la meacutetrique la MSA peut ecirctre consideacutereacutee comme une approximation de lrsquoindica-teur de la CDB sur les tendances de lrsquoabondance des espegraveces Mais une eacutevaluation prudente de la MSA par rapport agrave la moyenne geacuteomeacutetrique de lrsquoabondance et de la valeur ajouteacutee de lrsquooutil GBS par rapport agrave GLOBIO via sa mise en œuvre avec des donneacutees reacuteelles doit ecirctre effectueacutee avant une inteacutegration au suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en tenant compte de la structure des pay-sages par exemple la connectiviteacute et des approches plus eacutevolutives et fonctionnelles de la biodiversiteacute par exemple en inteacutegrant la diversiteacute structurelle ou fonctionnelle des traits les espegraveces les communauteacutes ou les eacutecosystegravemes Un ou plusieurs autres outils ou indicateurs (agrave partir de modegraveles ou de donneacutees obser-veacutees) pourraient alors compleacuteter lrsquooutil GBS Il serait aussi utile drsquoexpliciter comment les changements de valeurs de MSA peuvent ecirctre utiliseacutes voire traduits en des changements de statut de conservation drsquoespegraveces ou de deacuteclin de biodiversiteacute lorsqursquoils sont compareacutes par exemple avec des aires de distribution drsquoespegraveces ou des tailles de populations A plus long terme le nombre drsquoespegraveces impacteacutees devrait aussi ecirctre incor-poreacute dans la meacutetrique finale

En termes meacutethodologiques il serait souhaitable de rendre plus explicite lrsquointeacutegration et la validation de la meacutethodologie avec des donneacutees reacuteelles Lrsquooutil gagnera agrave inteacutegrer des donneacutees reacuteelles et beacuteneacuteficiera des ameacuteliorations apporteacutees agrave GLOBIO via la prise en compte des derniegraveres donneacutees et connaissances relatives aux impacts sur la biodiversiteacute Par ailleurs lrsquooutil gagnerait agrave mieux rendre compte des pressions cumuleacutees dans le temps Enfin il serait souhaitable drsquointeacutegrer toutes les pressions dans les deacuteveloppe-ments futurs de lrsquooutil Pour finir le modegravele EcoOcean pour les eacutecosystegravemes marins pourrait aussi ecirctre consi-deacutereacute pour lrsquooutil GBS qui au moment de lrsquoeacutevaluation ne prenait en compte que les eacutecosystegravemes terrestres et envisageait les eacutecosystegravemes dulccedilaquicoles

Drsquoun point de vue pratique lrsquooutil GBS pourrait ecirctre preacutesenteacute agrave lrsquoaide drsquoun document expliquant lrsquoap-proche geacuteneacuterale et sa pertinence et un autre document

tregraves technique preacutesentant la meacutethodologie de maniegravere complegravete transparente et rigoureuse pour chaque eacutetape du calcul Malgreacute une eacutelaboration minutieuse du GBS celui-ci utilise une approche correacutelative avec de fortes limitations qui peuvent geacuteneacuterer une incer-titude substantielle dans lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact sur la biodiversiteacute Ces eacuteleacutements sont freacutequents lorsqursquoon travaille agrave une eacutechelle mondiale

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Connell J H 1978 Diversity in tropical rain forests and coral reefs Science 199 1302-1310bull Harfoot M B J Newbold T Tittensor D P Emmott S Hutton J Lyutsarev V hellip Purves D W (2014) Emergent Global Patterns of Ecosystem Struc-ture and Function from a Mechanistic General Ecosys-tem Model PLoS Biology 12(4) e1001841 httpsdoiorg101371journalpbio1001841bull Urban et al 2016 Improving the forecast for bio-diversity under climate change Science 353(6304) httpsdoiorg101126scienceaad8466bull Newbold T Hudson L Hill S Contu S Lysenko I et al 2015 Global effects of land use on local terres-trial biodiversity Nature 520 45-50bull Santini L Belmaker J Costello M Pereira H Rossberg A et al 2017 Assessing the suitability of di-versity metrics to detect biodiversity change Biological Conservation 213 341-350 httpsdoiorg101016jbiocon201608024bull Scholes RJ Biggs R 2005 A biodiversity in-tactness index Nature 434 45-49 httpsdoiorg 101038nature03289bull Van Strien AJ Soldaat LL Gregory RD 2012 Desirable mathematical properties of indicators for biodiversity change Ecological Indicators 14 202-208 httpsdoiorg101016jecolind201107007

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

234 Biodiversity Impact Metric (BIM)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Impact Metric (BIM) eacutetait au stade de version becircta Il est deacuteve-loppeacute pour les secteurs fortement lieacutes agrave la consom-mation de matiegraveres premiegraveres ayant un impact sur lrsquoutilisation des terres (alimentation textile foreste-rie cosmeacutetique) et porte sur les milieux terrestres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des produits et services pour des eacutecoreacutegions deacutefinies drsquoun pays et agreacutegeables pour produire un score national Lrsquooutil BIM correspond agrave la composante laquo biodiversiteacute raquo drsquoun outil plus vaste visant agrave eacutevaluer la santeacute drsquoun eacutecosys-tegraveme en prenant en compte lrsquoimpact drsquoactiviteacutes sur la biodiversiteacute le sol et lrsquoeau pour une superficie donneacutee Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre drsquoanalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA) croiseacute avec le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil BIM retient lrsquoutilisation des terres (agriculture activi-teacutes extractives construction destruction de lrsquohabitat fragmentation de lrsquohabitat etc) en termes de type et drsquointensiteacute drsquoutilisation Il ne prend pas en compte les autres pressions anthropiques traditionnellement reconnues ndash tels que la pollution le changement cli-matique lrsquoexploitation directe des organismes les es-pegraveces exotiques envahissantes ndash qui peuvent reacutesulter de nombreuses activiteacutes drsquoapprovisionnement agrave tra-vers le monde En outre agrave lrsquointeacuterieur des impacts de lrsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute la fragmen-tation des espaces fait deacutefaut

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil BIM se base sur le modegravele ACV croiseacute avec le modegravele PER Il mobilise la formule suivante Impact sur la biodiversiteacute (HAeq) = Superficie de terres (neacutecessaire agrave lrsquoapprovisionne-ment exploitation de matiegraveres premiegraveres) times Quan-titeacute de biodiversiteacute impacteacutee times Qualiteacute ou importance de la biodiversiteacute impacteacutee

Au moment de lrsquoeacutevaluation plusieurs versions meacutethodologiques de calcul de lrsquoindicateur sont docu-menteacutees Lrsquoune repose sur lrsquoutilisation de la meacutethode de calcul de lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) ndash le lecteur pourra se rap-porter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil GBS (numeacutero 33) pour un compleacutement drsquoinformation sur cette meacutetrique ndash lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (Biodiver-sity Intactness Index BII) Un des principaux avan-tages de cet outil est que lrsquoun ou lrsquoautre de ces modegraveles est relativement simple agrave mobiliser fondeacute sur des ap-proches scientifiques ainsi que sur des ensembles de donneacutees reconnus agrave lrsquoeacutechelle mondiale

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le cadre de lrsquooutil sont des donneacutees sur la localisation la su-perficie des terres le type et lrsquointensiteacute drsquoutilisation des terres (tonnes acheteacutees gestion de la production rendements locaux) ougrave lrsquoentreprise ou ses fournis-seurs produisent ou extraient une matiegravere premiegravere Si des donneacutees de localisation preacutecise de la production ne sont pas disponibles lrsquooutil BIM utilise la situation la plus pessimiste pour la biodiversiteacute dans le pays de provenance en attribuant un lieu ougrave lrsquoimpact est supposeacute ecirctre le plus eacuteleveacute

Concernant la preacutecision de la relation entre activi-teacutes et pressions lrsquooutil BIM integravegre une mesure directe et spatialement explicite de lrsquoutilisation des terres pour la production de matiegraveres premiegraveres Les erreurs ou les incertitudes sont a priori faibles dans le cas ougrave les donneacutees sont fournies par lrsquoentreprise et sont exactes Toutefois la proceacutedure drsquoassignation drsquoune surface donneacutee associeacutee agrave un type drsquoutilisation des terres et agrave un rendement donneacute nrsquoest pas totalement expliciteacutee dans les meacutethodologies disponibles lors de lrsquoeacutevalua-tion et peut geacuteneacuterer des incertitudes De plus les types drsquoutilisation des terres deacutefinis deacutependent de lrsquoapproche utiliseacutee pour lier pressions et biodiversiteacute (MSA ou BII) ndash on ignore donc au moment de lrsquoeacutevaluation si les types drsquoutilisation des terres choisis par le modegravele per-mettent drsquoestimer avec preacutecision les pressions exerceacutees par lrsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute Au cas ougrave ces donneacutees ne sont pas disponibles la meacutethode de calcul de lrsquoindicateur exige alors drsquoutiliser des donneacutees externes potentiellement moins preacutecises

La sensibiliteacute de la relation entre activiteacutes et pressions semble veacuterifieacutee car lrsquooutil BIM permet de prendre en compte diffeacuterentes intensiteacutes drsquoutilisation des terres Cela neacutecessite toutefois des donneacutees preacute-cises Au cas ougrave ces donneacutees ne sont pas disponibles le fait de supposer que lrsquoutilisation des terres est in-tense devrait limiter la sous-estimation des impacts

Quant agrave la fiabiliteacute de la relation activiteacutes-pres-sions lrsquooutil BIM incorpore une mesure spatialement explicite robuste et quantifiable du lien entre activiteacutes et pressions lieacutees agrave lrsquoutilisation des terres Toutefois elle deacutepend de la qualiteacute des donneacutees fournies et de lrsquoapproche utiliseacutee (MSA ou BII)

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil BIM pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre ACV croiseacute avec le cadre PER Il utilise la mecircme formule que pour lier activiteacutes et pressions Impact sur la bio-diversiteacute (HAeq) = Superficie de terres times Quantiteacute de biodiversiteacute impacteacutee times Qualiteacute ou importance de la biodiversiteacute impacteacutee Lrsquoimpact des activiteacutes sur la bio-diversiteacute est donc caracteacuteriseacute par la pondeacuteration des

surfaces de terres neacutecessaires pour fournir les matiegraveres de base drsquoun produit ou drsquoun service en fonction de leurs effets sur la quantiteacute de perte de biodiversiteacute et la qualiteacute ou lrsquoimportance de la biodiversiteacute

Deux meacutetriques sont utiliseacutees dans lrsquooutil BIM la quantiteacute de biodiversiteacute impacteacutee et la qualiteacute de bio-diversiteacute impacteacutee La quantiteacute de biodiversiteacute impac-teacutee est caracteacuteriseacutee par la proportion de la biodiversiteacute perdue pour ce type drsquoutilisation des terres par rapport agrave un type drsquoeacutecosystegraveme originel ou naturel (eacutetat de reacutefeacuterence) Sa meacutethode de calcul nrsquoest pas claire au moment de lrsquoeacutevaluation car deux versions meacutethodolo-giques sont disponibles Lrsquoune repose sur lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (Biodiversity Intactness Index BII) Ces meacutetriques utiliseacutees sont indicatrices du caractegravere naturel drsquoun espace en reacutefeacuterence agrave lrsquointeacutegriteacute de lrsquoeacutecosystegraveme ou de lrsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute

La qualiteacute ou lrsquoimportance de la biodiversiteacute im-pacteacutee correspond agrave lrsquoimportance mondiale relative du niveau de biodiversiteacute impacteacutee Elle repose sur la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition drsquoespegraveces (Range Rarity) rareteacute deacutetermineacutee sur des mailles drsquoenviron 1 km2 et scoreacutee pour quatre groupes taxonomiques eacutevalueacutes sur la Liste rouge de lrsquoUICN les amphibiens les mam-mifegraveres les oiseaux et les conifegraveres Les zones qui abritent un grand nombre drsquoespegraveces etou des espegraveces agrave faible aire de reacutepartition obtiennent un score plus eacuteleveacute Cette meacutetrique est une mesure de richesse cor-rigeacutee en fonction du poids des espegraveces individuelles et de la taille globale de lrsquoaire de reacutepartition

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIM est qursquoil fournit une mesure quantifiable de lrsquoimpact des activiteacutes drsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute dans une zone donneacutee avec des pondeacuterations pour la quantiteacute de biodiversiteacute et lrsquoimportance de la biodiver-siteacute impacteacutee tout en utilisant des meacutetriques reconnues (MSA ou BII et Range Rarity) Les meacutetriques utiliseacutees permettent aussi de mesurer lrsquoefficaciteacute potentielle des solutions et donc drsquoaider les acteurs agrave orienter les actions des contributions positives agrave la biodiversiteacute

La meacutethodologie de lrsquooutil BIM preacutesente toutefois des limites Les impacts sont mesureacutes aux niveaux eacutecoreacutegional ou national et ne permettent pas de quan-tifier les impacts agrave une eacutechelle spatiale plus fine Cela peut limiter lrsquoidentification de changements appro-prieacutes (reacuteorientation des processus de production ou mesures in situ de gestion et de conservation) Concer-nant drsquoautres limites de lrsquooutil elles sont surtout in-heacuterentes aux meacutethodes utiliseacutees ndash notamment sur la faccedilon dont les donneacutees sur la biodiversiteacute sont traiteacutees pour eacutetablir dans le cadre de GLOBIO un lien entre les pressions individuelles et la MSA (et probablement

aussi le BII) Parmi les eacutetapes pouvant conduire agrave des biais citons choix et prise en compte drsquoeacutecosystegravemes de reacutefeacuterence dans un contexte non-stationnaire prise en compte de lrsquoincertitude sur les abondances indivi-duelles relations pressions ndash impacts de nature cor-reacutelationnelle plus que veacuteritablement causale meacuteta-analyses donneacutees deacuteseacutequilibreacutees entre pressions et groupes taxonomiques reacuteponses ou sensibiliteacutes va-riables selon les groupes taxonomiques relations glo-bales moyennes geacuteneacuteralement ajusteacutees ne permettant pas de prendre en compte les variations des relations pressions ndash impacts dans lrsquoespace ou dans le temps De plus toutes les meacuteta-analyses ne sont pas publieacutees

Enfin lors de lrsquoeacutevaluation la mesure de la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition nrsquoest disponible que pour quatre groupes taxonomiques et parmi les taxons veacutegeacutetaux uniquement pour les conifegraveres Cela peut ecirctre une forte limitation agrave lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes lieacutees agrave la production de marchandises dans les zones forestiegraveres

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil GBS pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation de GLOBIO

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees dans les meacute-thodes pour calculer la MSA ou le BII et reprises dans lrsquooutil BIM proviennent de GLOBIO3 pour le calcul

Abondance moyenne des espegravecesMean Species Abundance (MSA) et Index drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacuteBiodiversity Intactness Index (BII)

La MSA peut ecirctre compareacutee au BII indicateur de lrsquoabondance moyenne drsquoun ensemble impor-tant et diversifieacute drsquoorganismes dans une zone geacuteographique donneacutee par rapport agrave leurs popu-lations de reacutefeacuterence

Les principales diffeacuterences entre le MSA et le BII sont les suivantes 1 chaque hectare a le mecircme poids dans la MSA alors que le BII donne plus de poids aux zones riches en espegraveces 2 la MSA normalise lrsquoabondance par rapport agrave la si-tuation non perturbeacutee pour chaque espegravece alors que le BII le fait au niveau du groupe drsquoespegraveces 3 les abondances normaliseacutees contribuant agrave la MSA ne peuvent deacutepasser 1 ndash crsquoest-agrave-dire lrsquoeacuteco-systegraveme non perturbeacute est par construction ce-lui avec plus de biodiversiteacute ndash alors qursquoelles le peuvent dans le cas du BII 4 les types drsquoutili-sation des terres distingueacutes avec le BII dans ses derniers deacuteveloppements sont plus nombreux et semblent plus preacutecis que ceux de la MSA

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

de la MSA et semblent provenir des reacutesultats publieacutes dans Newbold et al 2015 ou pourraient provenir de la base de donneacutees PREDICTS pour le calcul du BII ndash mais ceci reste agrave confirmer Les donneacutees utiliseacutees pour eacutetablir la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition drsquoespegraveces reposent sur les donneacutees de lrsquoUICN

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci semble significative mais avec des intervalles de confiance assez larges

Pour la sensibiliteacute de la relation entre pressions et impacts la meacutethodologie de lrsquooutil est baseacutee sur un seul type de pression (utilisation des terres) mais plutocirct bien ventileacute De ce fait lrsquooutil BIM semble ecirctre plutocirct sensible si le lien initial entre activiteacutes et type drsquoutilisation des terres est clair

Lrsquooutil BIM dont la meacutethodologie repose sur des modegraveles statistiques et des relations moyennes (dans le cas de lrsquoutilisation de GLOBIO) pour lier pressions et impacts ne permet pas a priori de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion

La fiabiliteacute et le niveau de reproductibiliteacute de la meacutethode deacutependent de la meacutetrique choisie la MSA ou le BII

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Le peacuterimegravetre temporel peut varier en fonction de lrsquoap-plication de la meacutethode Les eacutevaluateurs soulignent toutefois que les modegraveles pressions ndash impacts sont essentiellement stationnaires mais que les relations entre pressions et impacts ont eacuteteacute ajusteacutees sur la base de donneacutees passeacutees reacutecentes

Au niveau spatial lrsquoeacutechelle de lrsquooutil BIM est dans les documents consulteacutes pour lrsquoeacutevaluation lrsquoeacutecoreacutegion Les reacutesultats sont ensuite agreacutegeacutes pour produire un score national pour diffeacuterents produits Les eacutecoreacutegions sont de taille approprieacutee suffisamment petites pour que le type drsquoeacutecosystegraveme et la laquo qualiteacute raquo de la biodiver-siteacute y soient coheacuterents et suffisamment grandes pour qursquoil ne soit pas neacutecessaire de disposer drsquoinformations preacutecises sur la source des produits Cependant une telle eacutechelle ne permet pas de quantifier les impacts provenant de sites drsquoapprovisionnement speacutecifiques agrave une eacutechelle spatiale plus fine Cependant la meacutetrique MSA peut en principe fonctionner agrave nrsquoimporte quelle eacutechelle spatiale Cela rend lrsquooutil flexible

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil BIM sont les populations drsquoespegraveces au niveau des communauteacutes mais sans appreacutehension claire des interactions ou des deacutependances entre es-pegraveces La dimension de la biodiversiteacute prise en compte dans lrsquooutil est la composition agrave travers lrsquoabondance

drsquoespegraveces Si cette dimension est bien adapteacutee pour eacutetablir un lien avec les questions drsquoextinction drsquoes-pegraveces et drsquoeacuterosion de la biodiversiteacute elle lrsquoest moins pour eacutetablir un lien avec des questions fonctionnelles ou eacutevolutives Au moment de lrsquoeacutevaluation il nrsquoy pas drsquoespegraveces particuliegraveres prises en compte pour le calcul de lrsquoindicateur et selon la meacutetrique utiliseacutee (MSA ou BII) les groupes taxonomiques pris en compte dif-fegravere drsquoune meacutethode agrave lrsquoautre ne couvrant pas toute la biodiversiteacute De plus si lrsquooutil mobilise GLOBIO pour calculer la MSA alors il srsquoagit drsquoimpacts potentiels et non pas reacuteels Enfin les eacutevaluateurs rappellent que de nombreuses pressions lieacutees agrave la production de matiegraveres premiegraveres font deacutefaut pour le calcul de lrsquoindicateur

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

De maniegravere geacuteneacuterale lrsquooutil BIM preacutesente des avan-tages pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute de par sa couverture potentiellement mondiale et sa couverture de nombreux taxons Il permet la compa-raison entre les reacutegions du monde entier et potentiel-lement dans le temps Toutefois la meacutethodologie et les sources de donneacutees employeacutees dans lrsquooutil BIM manquent de clarteacute lors de lrsquoeacutevaluation plusieurs versions de la meacutethodologie circulent avec des varia-tions sur les meacutethodes et les meacutetriques utiliseacutees (MSA ou BII) et peu de deacutetails sont fournis Selon la meacutethode employeacutee il y a diffeacuterents biais potentiels et lrsquooutil ne reflegravete pas la dynamique temporelle de la biodiversiteacute Une autre limite meacutethodologique concerne la couver-ture en taxons srsquoils sont nombreux ils sont toutefois diffeacuterents entre la composante laquo quantiteacute de biodiver-siteacute raquo et la composante laquo qualiteacute de la biodiversiteacute raquo de sorte que le reacutesultat de la combinaison des deux nrsquoest pas tregraves clair Il existe donc une incertitude sur la par-tie de la biodiversiteacute bien repreacutesenteacutee par lrsquoindicateur

Il nrsquoy a pas de valeur cible agrave proprement parler Lrsquoobjectif eacutetant drsquoameacuteliorer les pratiques et reacuteduire les impacts en diminuant les pressions (reacuteduction de la superficie des terres diminution de lrsquointensiteacute de ges-tion changement de lieux drsquoapprovisionnement)

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil BIM reste lrsquoeacuteva-luation des impacts potentiels de la production de ma-tiegraveres premiegraveres et lrsquoidentification de points critiques ougrave intervenir pour les reacuteduire Il peut srsquoappliquer agrave la notation a posteriori ou encore servir agrave comparer les investissements Toutefois la meacutethodologie de lrsquooutil BIM nrsquoest pas baseacute sur des donneacutees de biodiversiteacute reacuteelles mais sur des donneacutees modeacuteliseacutees agrave des degreacutes divers selon que la meacutethode mobilise la meacutethode GLO-

BIO pour le calcul de la MSA ou la meacutethode de calcul du BII Cela permet uniquement de comparer les im-pacts modeacuteliseacutes (potentiels attendus) sur la biodiver-siteacute pour diffeacuterentes entreprises qui srsquoapprovisionnent pour un(des) mecircme(s) produit(s) ou encore de com-parer entre diffeacuterents endroits drsquoapprovisionnement pour une ou plusieurs entreprises

Selon les eacutevaluateurs le secteur public dans son ensemble nrsquoest peut-ecirctre pas le plus approprieacute pour appliquer cet outil Par ailleurs selon les eacutevaluateurs lrsquooutil BIM pourrait ecirctre approprieacute pour suivre par-tiellement les objectifs qui visent agrave laquo reacuteduire les pres-sions directes sur la biodiversiteacute et agrave promouvoir lrsquouti-lisation durable raquo Toutefois une eacutevaluation prudente de la MSA par rapport agrave la moyenne geacuteomeacutetrique de lrsquoabondance doit ecirctre effectueacutee avant une inteacutegration au suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en compleacutetant cette approche par des ap-proches plus fonctionnelles et eacutevolutives

En termes meacutethodologiques les concepteurs doivent indiquer clairement quelle meacutetrique est utili-

seacutee au niveau eacuteleacutementaire (MSA ou BII) et travailler agrave lrsquoameacutelioration des biais inheacuterents

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Alkemade R Van Oorschot M Miles L Nelle-mann C Bakkenes M et al 2009 GLOBIO3 A frame-work to investigate options for reducing global terres-trial biodiversity loss Ecosystems 12 374-390 httpsdoiorg101007s10021-009-9229-5 bull Newbold T Hudson L Hill S Contu S Lysenko I et al 2015 Global effects of land use on local ter-restrial biodiversity Nature 520 45-50 httpsdoiorg101038nature14324bull Santini L Belmaker J Costello M Pereira H Rossberg A et al 2017 Assessing the suitability of di-versity metrics to detect biodiversity change Biological Conservation 213 341-350 httpsdoiorg101016jbiocon201608024bull Scholes RJ Biggs R 2005 A biodiversity intactness index Nature 434 45-49 httpsdoiorg101038nature03289bull Van Strien AJ Soldaat LL Gregory RD 2012 Desirable mathematical properties of indicators for biodiversity change Ecological Indicators 14 202-208 httpsdoiorg101016jecolind201107007

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

235 Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Species Threat Abatement Recovery (STAR) eacutetait en cours de deacuteve-loppement Lrsquooutil drsquoabord agrave destination du secteur financier vise agrave eacutevaluer les impacts ex-ante (risques) ou ex-post (beacuteneacutefices) drsquoinvestissements agrave diffeacuterentes eacutechelles et sur diffeacuterentes peacuteriodes (futurs projets ou opeacuterations sur site ou encore investissements pour reacuteduire des pressions) Lors de lrsquoeacutevaluation le module drsquoestimation ex-post eacutetait en deacuteveloppement Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil relegraveve plutocirct des projets entre-prises et eacutetats Dans la version eacutevalueacutee les milieux pris en compte sont les milieux terrestres Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions directes prises en compte lrsquooutil STAR retient celles de la Classification unifieacutee des menaces directes eacutetablie par lrsquoUICN en partena-riat avec le Conservation Measures Partnership (CMP) (voir paragraphe suivant) deacuteveloppement reacutesidentiel et commercial agriculture et aquaculture produc-tion drsquoeacutenergie et exploitation miniegravere utilisation des ressources biologiques intrusion et perturbations hu-maines modifications du systegraveme naturel espegraveces envahissantes et autres espegraveces gegravenes et maladies po-sant problegraveme pollution eacuteveacutenements geacuteologiques changement climatique et eacuteveacutenements extrecircmes Une deacuteclinaison reacutegionale des pressions et de leurs interac-tions (effets synergiques ou contradictoires) est identi-fieacutee comme une piste majeure drsquoameacutelioration de lrsquooutil

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil STAR se base sur le modegravele PER Il mobilise la formule suivante Pour-centage de la population totale drsquoune espegravece sur le site drsquointeacuterecirct (P) times Pondeacuteration de la cateacutegorie de la Liste rouge UICN des espegraveces (W) times Contribution relative de chaque pression (R) Le lien entre activiteacutes et pres-sions est lieacute agrave la cateacutegorie agrave laquelle appartient une ac-tiviteacute en suivant la Classification unifieacutee des menaces directes eacutetablie par lrsquoUICN en partenariat avec le CMP (Threats classification scheme v32 et Standard lexicon associeacute) (Salafsky et al 2008)

Un des principaux avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil STAR est qursquoelle fournit un score unique quantitatif tenant compte drsquoenjeux globaux et locaux De plus le calcul permet de prendre en compte les dispariteacutes de reacuteponses aux pressions entre espegraveces

Elle preacutesente toutefois des limites car lrsquooutil est centreacute sur les espegraveces classeacutees sur la Liste rouge de

lrsquoUICN donc limiteacute agrave un nombre relativement restreint de taxons et preacutesente une forte sensibiliteacute agrave la qua-liteacute des donneacutees disponibles De plus la formule ne prend pas en compte les interactions possibles entre pressions

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees dans lrsquoou-til STAR sont des donneacutees drsquoentreprises sur les sites drsquointeacuterecirct les donneacutees de la Liste rouge des espegraveces menaceacutees de lrsquoUICN les donneacutees de classification des menaces des donneacutees de modeacutelisation de distribu-tion drsquoespegraveces lorsqursquoelles sont disponibles (approche Extent of Suitable Habitat) et les donneacutees de distribu-tion drsquoespegraveces de lrsquoUICN Cependant si des donneacutees de distribution plus preacutecises sont disponibles celles-ci sont privileacutegieacutees pour le calcul de lrsquoindicateur

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions est assez difficile agrave eacutetablir et agrave eacutevaluer le lien est lieacute agrave une cateacutegorisation des pressions et lrsquooutil ne comporte pas de calcul de marge drsquoerreur Il nrsquoy a pas de relation entre lrsquointensiteacute drsquoune activiteacute et le niveau de pression (mais de toutes les activiteacutes qui sont agrave lrsquoorigine de cette pression)

La sensibiliteacute de la relation activiteacutes-pressions ne peut ecirctre eacutetablie que dans le cadre drsquoune analyse ex-post ougrave on observe lrsquoeacutevolution des pressions agrave partir de lrsquoapplication de mesures de reacuteduction Les diffeacute-rences de situations sont implicitement prises en compte dans lrsquooutil agrave travers la liste des espegraveces et des pressions mais lrsquoindicateur reacutesultant est un score agreacutegeacute qui ne reflegravete pas ces dispariteacutes

Le calcul est reproductible en suivant la meacutethodo-logie mais la fiabiliteacute de la relation entre les activiteacutes et les pressions pose question En effet elle repose sur les donneacutees (qualiteacute couverture) et la pertinence locale de pressions identifieacutees agrave une eacutechelle globale Une deacuteclinaison des pressions agrave eacutechelle reacutegionale et un effort de collecte de donneacutees sur les espegraveces sous-eacutechantillonneacutees seraient neacutecessaires

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil STAR pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre PER Il utilise la mecircme formule que pour lier activiteacutes et pressions Pourcentage de la population totale drsquoune espegravece sur le site drsquointeacuterecirct (P) times Pondeacuteration de la cateacutegorie de la Liste rouge UICN des espegraveces (W) times Contribution relative de chaque pression (R)

Les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil STAR sont la preacutesence drsquoespegraveces menaceacutees le pour-centage de la population totale de chaque espegravece sur le site drsquointeacuterecirct et le risque drsquoextinction Le pourcentage de la population totale de chaque espegravece sur le site

drsquointeacuterecirct est calculeacute pour les groupes taxonomiques pleinement eacutevalueacutes et comprend des espegraveces laquo quasi menaceacutees raquo Le risque drsquoextinction est calculeacute agrave lrsquoaide de la notation de la Liste rouge de lrsquoUICN sur la porteacutee et la seacuteveacuteriteacute des pressions pour les menaces actuelles ou agrave venir en excluant les espegraveces menaceacutees unique-ment en raison de leur petite taille de population Lors de lrsquoeacutevaluation lrsquoeacutevaluation complegravete des pressions nrsquoeacutetait disponible que pour les oiseaux mais eacutetait en deacuteveloppement pour drsquoautres taxons

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil STAR est de reposer sur des outils connus de caracteacute-risation et quantification de la biodiversiteacute agrave lrsquoeacutechelle globale et sur de nombreux protocoles existants per-mettant une eacutevaluation locale compleacutementaire

Elle preacutesente toutefois des limites notamment au moment de lrsquoeacutevaluation celle de ne bien prendre en compte les menaces et pressions que pour les oiseaux et lrsquoagreacutegation de plusieurs sources de donneacutees fait eacutemerger des incertitudes De plus il nrsquoy a pas de prise en compte explicite des fonctions et des interactions entre compartiments de biodiversiteacute

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees par lrsquooutil STAR sont les donneacutees de la Liste rouge des espegraveces menaceacutees de lrsquoUICN et des donneacutees deacuteriveacutees cartes drsquoaires de reacutepartition des espegraveces ou drsquoeacutetendue drsquoha-bitat approprieacute menaces et leur statut indications sur le lieu des investissements agrave eacutevaluer Des donneacutees compleacutementaires (menaces utilisation des terres) peuvent ecirctre neacutecessaires selon lrsquoeacutechelle drsquoeacutevaluation Les eacutevaluateurs notent que la connaissance des distri-butions geacuteographiques des populations globales des espegraveces nrsquoest pas homogegravene et que la connaissance des pressions diffegravere entre espegraveces

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute celle-ci est eacutevalueacutee en fonction de deux critegraveres mais sans mesure drsquoin-certitude la porteacutee de la pression (proportion drsquoes-pegraveces impacteacutees) et la seacuteveacuteriteacute de la pression (degreacute de diminution de la population concerneacutee) Le lien entre pressions et impacts est fait suivant une nomenclature globale mais certaines pressions peuvent ne pas ecirctre pertinentes agrave lrsquoeacutechelle locale

La relation entre pressions et impacts nrsquoest pas reacuteel-lement sensible Si lrsquooutil permet structurellement de diffeacuterencier des situations diffeacuterentes (ensemble des pressions sur un site et facteur de pondeacuteration) le calcul de lrsquoindicateur final reste trop inteacutegratif pour rendre compte des dispariteacutes Le niveau de pression est un score mais il nrsquoy a pas de fonction qui permette de traduire une augmentation drsquoune uniteacute de pression en une eacutevolution directe du niveau de menace pour une espegravece

Lrsquooutil STAR est peu susceptible de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute ou de deacutetecter des changements inhabituels du fait de sa reacutesolution (agreacutegation des donneacutees agrave lrsquoeacutechelle globale)

En termes de reproductibiliteacute et de fiabiliteacute on retrouve la mecircme appreacuteciation que pour la relation activiteacutes-pressions

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

La reacutesolution temporelle de lrsquoindicateur est dicteacutee en grande partie par la reacutesolution temporelle des donneacutees UICN Notons que lrsquoeacutevaluation des pressions et des impacts se fait gracircce agrave un score construit sur la seacuteveacute-riteacute et la porteacutee de la pression qui sont eacutevalueacutees sur des peacuteriodes de 10 ans ou de 3 geacuteneacuterations

Au niveau spatial lrsquooutil est flexible et peut srsquoap-pliquer aux eacutechelles site reacutegion pays les limites eacutetant lieacutees agrave la disponibiliteacute des donneacutees globales ou locales

En termes de niveau drsquoorganisation et de dimen-sion de la biodiversiteacute lrsquooutil STAR prend en compte la composition en espegravece Lrsquooutil STAR nrsquointegravegre pas de dimensions fonctionnelle eacutevolutive ou encore deacutemo-graphique Au moment de lrsquoeacutevaluation toute espegravece drsquooiseaux faisant lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation dans la Liste rouge UICN avec des donneacutees de distribution fiables et agrave jour est consideacutereacutee ndash mais lrsquointeacutegration drsquoautres taxa (notamment mammifegraveres et amphibiens) eacutetait encore en deacuteveloppement

Ainsi en se focalisant sur les espegraveces menaceacutees eacutevalueacutees et sur un impact sur la composition baseacute sur la taxonomie et les distributions spatiales lrsquooutil nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute

Lrsquoindicateur reacutesultant est quantitatif spatialement explicite et integravegre une pondeacuteration lieacutee au statut des espegraveces Sa structure additive permet une deacutecompo-sition des enjeux en termes drsquoespegraveces et de pressions et permet la comparaison entre peacuteriodes de temps et entiteacutes geacuteographiques Les eacutevaluateurs soulignent aussi que lrsquoindicateur se place dans le paradigme de la durabiliteacute forte on ne peut observer un gain de biodiversiteacute sans restaurer du capital naturel au sens large crsquoest-agrave-dire en reacuteduisant des pressions ou en res-taurant effectivement des eacutecosystegravemes

Le calcul de lrsquoindicateur preacutesente toutefois quelques limites heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute des donneacutees taxa peu repreacute-sentatifs et peu sensibles au moment de lrsquoeacutevaluation lien entre pressions (menaces) et impacts eacutetablis selon une nomenclature globale qui peut ne pas ecirctre perti-nente pour eacutevaluer les impacts locaux Les eacutevaluateurs notent que lrsquooutil est davantage focaliseacute sur les pres-sions et construit dans une optique drsquoarbitrage entre

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

plusieurs sceacutenarios drsquoinvestissements ndash mais un outil compleacutementaire focaliseacute sur les impacts drsquoactions de restauration (outil Restoration component) eacutetait en deacuteveloppement lors de lrsquoeacutevaluation Agrave ce titre ils pointent aussi le fait que la conversion drsquoimpacts sur des espegraveces diffeacuterentes ndash et a fortiori drsquoeacutecosystegravemes diffeacuterents ndash en une uniteacute unique implique le risque de voir se concentrer avec une logique coucirct-efficaciteacute les investissements dans des zones ougrave des eacutecosystegravemes moins coucircteux que drsquoautres agrave restaurer si lrsquooutil est utiliseacute pour eacutevaluer des impacts de restauration

La freacutequence pour reacutepeacuteter le calcul est agrave ajuster suivant le contexte Dans le cas drsquoun projet la meacute-thodologie preacuteconise de faire une eacutetude ex-ante pour deacuteterminer la meilleure opportuniteacute drsquoinvestissement puis de faire une eacutetude ex-post au moins 5 ans apregraves lrsquoinvestissement pour observer les beacuteneacutefices reacuteels sur la biodiversiteacute

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Les eacutetapes du calcul et les sources de donneacutees sont clairement deacutecrites et transparentes dans la meacutetho-dologie Le calcul de lrsquoindicateur est simple et clair lrsquoutilisation de donneacutees issues de lrsquoUICN facilite aussi son appropriation les biais et sources drsquoincertitudes sont eacutevalueacutes et des solutions sont proposeacutees par les concepteurs Crsquoest eacutegalement un outil inteacutegratif dont la meacutethodologie est deacuteclinable agrave plusieurs eacutechelles dans la limite de la reacutesolution des donneacutees disponibles permet la comparaison entre types de pressions et impacts associeacutes avant et apregraves investissements des comparaisons entre des zones geacuteographiques ou des pas de temps diffeacuterents ou encore une deacutecomposition des enjeux en termes drsquoespegraveces et de pressions

Outre les limites eacutevoqueacutees ci-dessus les eacuteva-luateurs soulignent que les pressions sont prises en compte de faccedilon additive alors qursquoelles peuvent in-teragir ajoutant ainsi de lrsquoincertitude sur le reacutesultat Enfin dans le cadre drsquoune eacutevaluation comparative spatiale ou temporelle le changement de statut sur la Liste rouge des espegraveces ou des changements taxono-miques doivent ecirctre soit ignoreacutes soit conduire agrave un re-calcul systeacutematique de lrsquoindicateur De plus le fait de pondeacuterer le potentiel de conservation de chaque es-pegravece par un facteur lieacute agrave son statut de conservation nrsquoa pas drsquoeffet lineacuteaire sur lrsquoindicateur et crsquoest une source drsquoimpreacutecision suppleacutementaire

Lrsquoindicateur nrsquoest pas tenu agrave une gamme de valeurs clairement deacutefinie ce qui peut compliquer son inter-preacutetation mecircme si plus il est eacuteleveacute plus le potentiel de retour sur investissement lieacute agrave la reacuteduction ou lrsquoeacutelimination drsquoune pression est important Une stan-dardisation suppleacutementaire (par exemple via sa valeur ex-ante ou une valeur maximum) aiderait

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil STAR au mo-ment de lrsquoeacutevaluation reste la comparaison entre des strateacutegies drsquoinvestissement afin drsquoappuyer la deacutecision pour obtenir des reacutesultats en matiegravere de conservation de la biodiversiteacute Des deacuteveloppements sont en cours pour lrsquoeacutevaluation ex-post

La meacutethodologie de lrsquooutil STAR est flexible de sorte que lrsquooutil pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public pour tout usage neacutecessitant de srsquointeacuteresser aux niveaux espegravece ou assemblage drsquoespegraveces et dans une approche de type Before After Control Impact (BACI)

Selon les eacutevaluateurs lrsquooutil pourrait srsquoinseacuterer dans le suivi drsquoobjectifs de deacuteveloppement durable (ODD) lieacutes agrave la conservation de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en le couplant lors des eacutevaluations sur sites avec drsquoautres indicateurs notamment fonctionnels

En termes meacutethodologiques les eacutevaluateurs notent que les concepteurs ont identifieacute les limites de lrsquooutil et proposent des pistes drsquoameacutelioration inteacutegration de plus de taxa deacuteveloppement drsquoune extension pour les actions de restauration incorporation des espegraveces en danger mecircme si non-soumises agrave des pressions Pour la partie laquo distributions drsquoespegraveces raquo elle pourrait pas-ser par des modegraveles de distribution et non de donneacutees brutes mais cette option ajouterait de lrsquoincertitude ndash agrave calculer pour avoir une ideacutee du domaine de validiteacute Dans tous les cas un effort particulier est neacutecessaire sur lrsquoacquisition de donneacutees afin drsquoadapter lrsquoindicateur aux contextes locaux en particulier la pertinence des pres-sions identifieacutees sur un site pour une espegravece donneacutee Par ailleurs la standardisation de lrsquoindicateur pourrait ecirctre eacutetudieacutee afin de le borner agrave une gamme de valeurs

Drsquoun point de vue pratique une proceacutedure drsquoac-compagnement des utilisateurs dans une politique drsquoinvestissement serait utile ndash par exemple en inseacuterant le STAR dans une proceacutedure drsquoanalyse coucirct-efficaci-teacute ou en reacutefleacutechissant agrave la place de lrsquooutil dans une politique de no-net-loss suivant la seacutequence Eacuteviter Reacuteduire Compenser (ERC)

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Hayward MW Boitani L Burrows ND Funston PJ Karanth KU MacKenzie DI hellip Yarnell RW (2015) FORUM Ecologists need robust survey de-signs sampling and analytical methods Journal of Applied Ecology 52(2) 286-290 httpsdoiorg 1011111365-266412408bull Herkt K M B Skidmore A K Fahr J Macroe-cological conclusions based on IUCN expert maps A call for caution Global Ecology and Biogeography 26 930ndash941 (2017) httpsdoiorg101111geb12601

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

236 Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Indi-cator for Extractive Company (BIEC) eacutetait au stade de deacuteveloppement avec des projets pilotes meneacutes en col-laboration avec des entreprises gaziegraveres et miniegraveres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des sites ndash avec la possibiliteacute drsquoagreacuteger les eacutevaluations agrave lrsquouniteacute opeacuterationnelle et agrave lrsquoentreprise ndash pour les milieux ter-restres et marins Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobi-liseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions prises en compte il srsquoagit pour les pressions directes de lrsquoutilisation des terres (deacuteveloppement reacutesidentiel et commercial agri-culture) le stress hydrique les pollutions et pour les pressions indirectes au sens des activiteacutes de lrsquoen-treprise du changement climatique et des espegraveces envahissantes

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BIEC se base sur le cadre PER pour lier acti-viteacutes et pressions La meacutethodologie repose sur une succession drsquoeacutetapes analyse geacuteospatialiseacutee des sites identifieacutes comme sensibles en termes de biodiversi-teacute en identifiant les chevauchements entre des sites drsquoexploitation caracteacuteriseacutes et des zones tregraves sensibles de biodiversiteacute (preacutesence drsquoespegraveces globalement me-naceacutees drsquoaires proteacutegeacutees et drsquohabitats critiques ou remarquables) eacutevaluation de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des pressions au niveau des sites eacutevaluation drsquoactions visant agrave anticiper ou agrave atteacutenuer la perte de biodiversiteacute sur les sites drsquoexploitation Ces eacutevaluations sont tra-duites en notations puis selon des seuils en scores

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIEC est de fournir degraves la premiegravere eacutetape une vision des sites drsquoexploitation pouvant avoir un impact sur la biodiversiteacute laquo sensible raquo Un autre avantage est lrsquoap-proche par scores qui permet une agreacutegation jusqursquoagrave lrsquoeacutechelle de lrsquoentreprise utile pour rendre compte de la performance et communiquer

Elle preacutesente toutefois des limites notamment lors de lrsquoeacutevaluation des pressions en termes de tempora-liteacute eacutetendue spatiale et seacuteveacuteriteacute car les notations sont attribueacutees agrave dire drsquoexperts De plus les pressions sont consideacutereacutees de faccedilon indeacutependante et leurs scores addi-tionneacutes ce qui meacuteconnaicirct les interactions potentielles entre pressions et ne permet pas drsquoestimer lrsquoincertitude

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont celles dis-ponibles au niveau mondial (par exemple IBAT Liste rouges des espegraveces de lrsquoUICN Key Biodiversity Areas The World Database on Protected Areas UNEP Ocean Data Viewer) et au niveau local (notamment rela-

tives aux eacutetudes drsquoimpacts et aux plans en faveur de la biodiversiteacute)

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee car cette relation nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la meacutethodologie de lrsquooutil Lrsquoeacuteva-luation geacuteospatialiseacutee des sites sensibles en termes de biodiversiteacute repose sur lrsquohypothegravese discutable pour les eacutevaluateurs que lrsquointersection spatiale entre les sites drsquoexploitation et la distribution de la biodiversiteacute (espegraveces menaceacutees habitats critiques aires proteacutegeacutees) reflegravete la sensibiliteacute de cette derniegravere aux pressions

De mecircme la sensibiliteacute de la relation entre activi-teacutes et pressions ne peut ecirctre eacutevalueacutee Toutefois des eacuteleacutements permettent drsquoindiquer qursquoelle est faible en effet si des seuils quantitatifs sont deacutefinis pour eacuteta-blir des scores aux diffeacuterentes eacutetapes drsquoeacutevaluation ils sont cateacutegoriseacutes de maniegravere grossiegravere (fort moyen faible) limitant fortement la capaciteacute de lrsquoindicateur agrave mettre en valeur des relations activiteacutes ndash pressions de faible intensiteacute

Quant agrave la fiabiliteacute elle ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Lrsquointeacutegration de dire drsquoexperts limite par ail-leurs la reproductibiliteacute

Liens entre les pressions et les impacts

Le cadre mobiliseacute dans lrsquooutil BIEC pour lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute reste celui du PER agrave tra-vers les mecircmes eacutetapes analyse des chevauchements spatiaux entre sites agrave enjeux de biodiversiteacute et sites drsquoexploitation puis eacutevaluation des pressions

Les meacutetriques de biodiversiteacute consideacutereacutees dans lrsquooutil BIEC sont lors de la premiegravere eacutetape la preacute-sence drsquoespegraveces menaceacutees au niveau mondial la preacutesence drsquohabitats critiques tels que deacutefinis par la norme de performance IFC PS6 la preacutesence drsquoaires proteacutegeacutees qursquoelles soient nationales reacutegionales ou internationales

Au cours de la deuxiegraveme eacutetape les informations les plus souvent utiliseacutees sont la taille de la population pour les espegraveces prioritaires La superficie et la qualiteacute des habitats cleacutes dont deacutependent les espegraveces peuvent aussi ecirctre utiliseacutees comme proxy

La meacutethodologie de lrsquooutil BIEC permet de lier des impacts potentiels avec des pressions sans toutefois expliciter les activiteacutes ni les impacts

A cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont toujours des donneacutees disponibles aux niveau international et local

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee en raison de lrsquoapproche qualitative Plusieurs espegraveces sont noteacutees pour lrsquoeacutetat mais le processus de calcul ne retient que les espegraveces pour lesquelles la situation est la pire De plus les scores drsquoeacutetat et de pression sont calculeacutes indeacutependamment sans liaison explicite les

biais de la relation entre les pressions et les impacts ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutes

La sensibiliteacute de la relation entre pressions et impacts ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Si les pressions et les eacutetats sont correctement noteacutes il est theacuteoriquement possible de faire la distinction entre des situations dif-feacuterentes Toutefois la cateacutegorisation des notations aux diffeacuterentes eacutetapes si elle donne une impression de standardisation agrave lrsquooutil reste grossiegravere et susceptible de cacher des reacutealiteacutes tregraves diffeacuterentes rendant la com-paraison entre situations diffeacuterentes tregraves aleacuteatoire et il est possible qursquoil faille des situations contrasteacutees pour obtenir des scores contrasteacutes Ainsi lrsquooutil ne permet pas de deacutetecter des changements preacutecoces ou graduels de biodiversiteacute sa reacutesolution eacutetant trop faible

Enfin la fiabiliteacute et la reproductibiliteacute ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutees Elles deacutependent fortement de la deacutefinition des critegraveres de biodiversiteacute agrave quantifier ndash ce qui fait lrsquoobjet drsquoune concertation avec les acteurs locaux ndash et de la faccedilon dont les experts harmonisent leurs eacutevaluations

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel la meacutethodologie permet drsquoavoir un indicateur ponctuel Les eacutevaluateurs soulignent que le cadre PER est plus destineacute agrave eacutevaluer des chan-gements drsquoeacutetat induit par une laquo reacuteponse raquo (induisant un changement de laquo pression raquo) qursquoagrave fournir un dia-gnostic Pour les eacutevaluateurs ce type drsquooutil a peu de potentiel comme signal drsquoalerte et en outre peut ne pas ecirctre pertinent en cas de changements impreacutevus (par exemple des transitions ou de nouveaux reacutegimes de fonctionnement des eacutecosystegravemes) De plus lrsquoeacutetat consideacutereacute eacutetant lrsquoeacutetat actuel lrsquoeacutevaluation nrsquoest valable que pour le court terme

Au niveau spatial la meacutethodologie de lrsquooutil BIEC permet drsquoeacutevaluer les pressions agrave deux eacutechelles mon-diale pour identifier les sites laquo sensibles raquo et locale avec des eacutevaluations speacutecifiques Il existe toutefois le risque de ne pas relever des sites implanteacutes dans des zones qui ne sont pas identifieacutees comme laquo sensibles raquo mais pourtant agrave forts enjeux de biodiversiteacute (par ex espegraveces milieux ou habitats non proteacutegeacutes et non en danger mais dont la persistance impacte lrsquoensemble des habitats ou espegraveces similaires de la reacutegion par effet de dynamique source-puits) La consultation des acteurs locaux doit limiter ce risque

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil est lrsquoespegravece Concernant les espegraveces prises en compte leur preacutesence sur la Liste rouge de lrsquoUICN est le principal critegravere mentionneacute pour le calcul du BIEC Toutefois il semble possible drsquointeacute-grer drsquoautres cateacutegorisations en fonction des enjeux

locaux mais il nrsquoy a pas drsquoindication particuliegravere (es-pegraveces bioindicatrices cleacutes de voucircte etc) Concernant les dimensions de la biodiversiteacute la distribution spa-tiale des espegraveces la taille des populations et si aucune donneacutee nrsquoest disponible la superficie et la qualiteacute des habitats sont les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte au moment de lrsquoeacutevaluation Communau-teacutes structures et fonctions des eacutecosystegravemes ne sont pas prises en compte Toutefois la meacutethodologie de lrsquooutil semble suffisamment flexible pour incorporer ces niveaux si les enjeux locaux le justifient

La meacutethodologie scalaire et deacutefinie en concertation avec les acteurs locaux permet de guider lrsquoaction au niveau des sites et de communiquer au niveau de lrsquoen-treprise Toutefois lrsquoindicateur reacutesultant nrsquoest pas suf-fisamment informatif pour les publics techniquement avertis au-delagrave de lrsquoanalyse ex-ante lrsquooutil ne rendra pas compte des dynamiques subtiles graduelles ou difficiles agrave mesurer ou seulement lorsque les experts les auront identifieacutees crsquoest-agrave-dire tardivement ndash et pour autant que des suivis soient mis en place

La repreacutesentativiteacute de lrsquoindicateur en matiegravere drsquoim-pacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute deacutepend des choix effectueacutes par les acteurs locaux pour preacuteciser lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute puis estimer les pressions Si la meacutetho-dologie de lrsquooutil BIEC opte pour une approche conser-vatrice ndash en deccedilagrave de 70 lrsquoeacutetat est consideacutereacute comme pauvre au niveau du site le score drsquoeacutetat retenu est celui de lrsquoespegravece preacutesentant le score le plus faible le score de pression est le plus eacuteleveacute ndash elle induit que les scores drsquoeacutetat et de pression ne reflegravetent au final qursquoune pression (eacutevalueacutee comme la plus forte) et une espegravece (agrave lrsquoeacutetat eacutevalueacute le plus mauvais) ce qui nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute Les eacutevaluateurs notent que cet outil peut ecirctre utile en tant que premiegravere approche rapide ou lorsque les enjeux de biodiversiteacute sont simples (peu drsquoespegraveces prioritaires) et les activiteacutes ayant des impacts potentiels bien deacutefinis

La meacutethodologie suggegravere une reacutevision quinquennale mais lrsquoindicateur peut ecirctre mis agrave jour annuellement

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

La meacutethodologie est claire transparente et rigoureuse et la structure de lrsquooutil est simple et ne neacutecessite pas de compeacutetences techniques eacutelaboreacutees pour ecirctre appreacute-hendeacutee La meacutethodologie pour deacutesigner un niveau de base de lrsquoindicateur et sa reacuteeacutevaluation est par ailleurs clairement deacutecrite Cependant le calcul de lrsquoindicateur lui-mecircme est peu preacutecis pour deux raisons il repose sur une vision discregravete des enjeux en trois cateacutegories (fort moyen faible) et non sur un indicateur quanti-

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

tatif ou pseudo-quantitatif et il est flexible afin drsquoadap-ter les indicateurs de sites (eacutetat pressions) aux enjeux locaux Lrsquoeacutetape de consultation des acteurs locaux appelle agrave la vigilance En outre lrsquooutil repose sur un certain nombre drsquohypothegraveses (additiviteacute des scores seacutelection des maxima et minima parmi de multiples caracteacuteristiques drsquoeacutetat et de pression) et de codage (valeurs seuils cateacutegories de scores)

Outre les limites eacutevoqueacutees ci-dessus les eacutevalua-teurs notent que le potentiel de reproductibiliteacute et de comparaison de lrsquoindicateur est limiteacute par son carac-tegravere qualitatif Si le fait drsquoeacutetablir des eacutevaluations drsquoeacutetat et de pression adapteacutees agrave chaque site a un sens lo-calement la cateacutegorisation rend lrsquoindicateur suscep-tible de lisser fortement des dispariteacutes entre sites et limite sa porteacutee pour rendre compte de changements de faible intensiteacute graduels ou non-lineacuteaires Ainsi selon les eacutevaluateurs lrsquooutil BIEC nrsquoest pas suffisant pour appuyer les deacutecisions de gestion dans la plupart des cas en particulier lorsque davantage de consideacute-rations au niveau des eacutecosystegravemes sont neacutecessaires etou de multiples pressions sont en jeu

Il nrsquoy a pas de valeur cible agrave proprement parler celle-ci devant ecirctre deacutefinie au cours du processus de construction de lrsquoindicateur en fonction du site et des enjeux Lrsquoindicateur nrsquoest a priori pas conccedilu pour ef-fectuer des comparaisons entre sites mais pour eacuteva-luer un site donneacute ou un groupe de sites partageant des caracteacuteristiques communes

Selon les eacutevaluateurs cet outil est applicable agrave des projets publics Des modifications visant agrave favoriser

les comparaisons inter-entiteacutes et la prise en compte de lrsquoincertitude seraient neacutecessaires pour que lrsquooutil integravegre le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Selon les eacutevaluateurs les ameacuteliorations agrave apporter sont essentiellement drsquoordre meacutethodologique

Ainsi au niveau des sites lrsquoapproche conservatrice conduit lrsquoindicateur agrave ne refleacuteter qursquoune pression sur une seule espegravece Pour limiter cela il faudrait notam-ment modifier le calcul des scores drsquoeacutetat et de pression afin de pouvoir prendre en compte plusieurs minima et maxima

Une meacutethode de scoring pseudo-quantitatif au lieu de la cateacutegorisation actuelle (faible moyen fort) permettrait de mieux prioriser les enjeux et de rensei-gner lrsquoindicateur de maniegravere plus preacutecise Une standar-disation plus eacuteleveacutee de lrsquoindicateur (par exemple en eacutegalisant le nombre drsquoitems pris en compte lors de la deuxiegraveme eacutetape ou en deacutefinissant une grille drsquoeacutequiva-lences) serait utile

Par ailleurs des instructions tregraves preacutecises des exemples et un processus drsquoapprentissage iteacuteratif sont neacutecessaires pour assurer la coheacuterence des scores entre les groupes drsquoexperts entre les sites et agrave diffeacuterents moments

Une typologie des pressions directement lieacutees aux activiteacutes ainsi qursquoun suivi des eacutetats et des pressions seraient eacutegalement neacutecessaires

237 Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Indica-tor and Reporting System (BIRS) eacutetait utiliseacute par des entreprises du secteur de lrsquoextraction et de la construc-tion (ciment granulats) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des sites ndash avec la possibiliteacute drsquoagreacuteger les eacutevaluations aux niveaux national et global drsquoune entreprise ndash pour les milieux terrestres les zones hu-mides et cocirctiegraveres Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR) Lrsquooutil BIRS repose sur une approche fondeacutee sur lrsquoanalyse des risques eacuteleacute-ment de la meacutethodologie du systegraveme de gestion inteacute-greacutee de la biodiversiteacute (Integrated Biodiversity Mana-gement System IMBS) deacuteveloppeacute par lrsquoUICN

Concernant les pressions prises en compte il srsquoagit de lrsquoeacuterosion des sols les effets neacutegatifs du pacircturage par les animaux domestiques ou sauvages les plantes exotiques envahissantes les effets neacutegatifs de lrsquoexploi-tation de carriegravere ou des activiteacutes associeacutees qui se reacute-percutent dans lrsquohabitat eacutevalueacute lrsquoutilisation incontrocirc-leacutee de ressources naturelles non extraites de carriegraveres le rejet de deacutechets solides non mineacuteraux la pollution de lrsquoeau les menaces causeacutees par des incendies non controcircleacutes Au moment de lrsquoeacutevaluation la pollution des sols ainsi que les perturbations (sonores lumi-neuses) ne sont pas prises en compte

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BIRS se base sur le cadre PER pour lier activiteacutes et pressions Il mobilise la formule suivante Site times Surface total de chaque type drsquohabitat times Facteur de contexte par habitat times Classe de condition de chaque habitat = Indice de classement de lrsquoeacutetat de la biodi-versiteacute du site Cette formule permet de caracteacuteriser la valeur et la condition eacutecologiques des habitats drsquoun site Le lien entre les activiteacutes et les pressions est reacutea-liseacute de maniegravere implicite agrave travers lrsquoattribution drsquoun score de menace pour les habitats Ce score de menace peut ecirctre rapprocheacute des laquo pressions raquo

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquoou-til BIRS est de deacutefinir des scores agrave travers plusieurs eacutetapes reacutealisables par des non-experts et pour tous types drsquohabitats La meacutethodologie permet de combi-ner les scores Elle comprend aussi une eacutetape de nor-malisation baseacutee sur la proportion drsquohabitats naturels drsquoun site concerneacutes par au moins une pression afin de prendre en compte les diffeacuterences de taille entre les sites de comparer les niveaux de menaces de sites de tailles diffeacuterentes

Elle preacutesente toutefois des limites notamment le fait que lrsquooutil se concentre sur les modifications de la

qualiteacute des habitats et que la meacutethodologie est qualita-tive avec lrsquoattribution de scores par dire drsquoexperts De plus les zones fortement deacutegradeacutees telles que les sites opeacuterationnels les parois des carriegraveres les zones de restauration et les zones rudeacuterales se voient attribuer un score par deacutefaut Par conseacutequent ces espaces ne font pas partie du score de menace du site et ne sont pas eacutevalueacutes Le score par deacutefaut de certaines de ces zones varie au cours du temps en fonction du nombre drsquoanneacutees eacutecouleacutees depuis lrsquoarrecirct de lrsquoexploitation cela peut avoir une grande influence sur les changements temporels de lrsquoindicateur qui en reacutesulte

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont des don-neacutees collecteacutees in situ pour le suivi de lrsquoeacutetat des habi-tats et des menaces Ces donneacutees peuvent ecirctre collec-teacutees par des non-experts ndash agrave condition qursquoun expert soit preacutesent lors de la phase de preacuteparation pour assurer une formation (compeacutetences neacutecessaires deacutefinitions arbre de deacutecision questionnaires sont proposeacutes) ndash ou ecirctre issues drsquoeacutevaluations drsquoimpact environnemental et socieacutetal La typologie des habitats a eacuteteacute eacutetablie de faccedilon ad hoc avec une table de correspondance avec la clas-sification de la Liste rouge des habitats de lrsquoUICN Une deacutefinition des habitats et un arbre preacutecis de deacutecision permettant de deacuteterminer les habitats sont fournis

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions est difficile agrave eacutevaluer car cette relation nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la meacutethodologie de lrsquooutil Les huit ca-teacutegories de menaces qui sont listeacutees recouvrent une large gamme drsquoactiviteacutes mais chacune ne repreacutesente pas tant une seule activiteacute que diffeacuterents types de pressions

De mecircme la sensibiliteacute de la relation entre activi-teacutes et pressions est difficile agrave eacutevaluer La meacutethodologie de lrsquooutil BIRS permet de relier une activiteacute donneacutee agrave plusieurs types de pression et agrave plusieurs activiteacutes de geacuteneacuterer les mecircmes pressions Chaque activiteacute peut ensuite ecirctre deacutecrite agrave travers un profil de pressions

Quant agrave la fiabiliteacute elle ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Des mesures plus quantitatives sont neacuteces-saires au-delagrave de la simple cateacutegorisation employeacutee dans lrsquooutil BIRS Lrsquointeacutegration de dire drsquoexperts limite par ailleurs la reproductibiliteacute

Liens entre les pressions et les impacts

Le cadre mobiliseacute dans lrsquooutil BIRS pour lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute reste celui du PER agrave tra-vers la mecircme formule Site times Surface totale de chaque type drsquohabitat times Facteur de contexte par habitat times Classe de condition de chaque habitat = Indice de classement de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute du site Le lien entre les pressions et les impacts sur la biodiversiteacute est eacutetabli agrave partir de la matrice de risques pour la biodi-versiteacute issue de la meacutethodologie du systegraveme de gestion

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

inteacutegreacutee de la biodiversiteacute (Integrated Biodiversity Ma-nagement System IMBS) deacuteveloppeacute par lrsquoUICN Cet eacutetayage meacutethodologique est indiqueacute au deacutebut de la meacutethode disponible lors de lrsquoeacutevaluation mais nrsquoest pas reprise par la suite Le score de menace de lrsquohabitat reflegravete ainsi drsquoune certaine faccedilon les impacts poten-tiels sans que ceux-ci soient qualifieacutes Le score de condition de lrsquohabitat peut ecirctre rapprocheacute de laquo lrsquoeacutetat raquo

Les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil BIRS se rapportent toutes aux habitats plus particu-liegraverement en termes de structure surface et compo-sition de veacutegeacutetation ce sont le facteur de contexte de lrsquohabitat et la classe de condition de lrsquohabitat Le facteur de contexte de lrsquohabitat integravegre des eacuteleacutements relatifs agrave lrsquoimportance eacutecologique de lrsquohabitat et de la valeur intrinsegraveque de la biodiversiteacute uniciteacute aspects fonctionnels connectiviteacute espegraveces preacutesentes niveau de menace La classe de condition de lrsquohabitat deacutecrit la qualiteacute de lrsquohabitat agrave partir de critegraveres morpholo-giques et drsquoautres caracteacuteristiques Lrsquoattribution des scores pour ces meacutetriques repose sur des hypothegraveses eacutecologiques geacuteneacuterales la biodiversiteacute est fonction de la diversiteacute des habitats des habitats structurellement plus diversifieacutes conduisent agrave une plus grande diversiteacute drsquoespegraveces et une plus grande qualiteacute drsquohabitat se tra-duit par une plus grande diversiteacute drsquoespegraveces

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIRS est que les cateacutegories consideacutereacutees pour calculer le score de menace pour lrsquohabitat integravegrent les pressions drsquoune varieacuteteacute drsquoactiviteacutes et qursquoelles peuvent ecirctre relieacutees aux reacuteponses potentielles drsquoactions de gestion ndash agrave cibler en prenant en compte les scores de chaque menace

Elle preacutesente toutefois des limites Lrsquooutil se concentre sur les habitats ndash deacutecrits agrave travers des ca-racteacuteristiques de veacutegeacutetation ndash lrsquooccupation du sol la preacutesence drsquoespegraveces menaceacutees ou particuliegraveres de ce fait aucun lien explicite ne peut ecirctre eacutetabli entre les pressions et lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute ndash seules des cor-reacutelations pourraient ecirctre infeacutereacutees si des ameacuteliorations eacutetaient apporteacutees agrave lrsquooutil pour relier les activiteacutes sur le site avec les modifications des conditions de lrsquohabi-tat Drsquoautre part certaines pressions ne peuvent pas faire lrsquoobjet drsquoune laquo eacutevaluation visuelle raquo et neacutecessi-teraient des donneacutees compleacutementaires collecteacutees Par ailleurs les critegraveres pour qualifier les sites sont prin-cipalement qualitatifs et deacutefinis agrave une eacutechelle assez grossiegravere puisque lrsquoattribution du score repose sur quatre cateacutegories

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont la surface des habitats leurs caracteacuteristiques (diversiteacute morpho-logique structure de veacutegeacutetation heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute spa-tiale de la veacutegeacutetation litiegravere et bois mort) la preacutesence de groupes drsquoanimaux bio-indicateurs et de pollinisa-

teurs des caracteacuteristiques eacutecologiques remarquables (karst colonies drsquooiseaux en phase de reproduction sites pour les espegraveces migratrices) la preacutesence drsquoes-pegraveces particuliegraveres (espegraveces menaceacutees dans la liste rouge de lrsquoUICN classeacutees comme rares au niveau mon-dial ou national) et drsquohabitats particuliers (zone pro-teacutegeacutee ou eacutecosystegraveme important) la connectiviteacute des habitats ou les corridors de biodiversiteacute (connexions hydrologiques) des donneacutees sur la preacutesence drsquoune zone tampon adjacente ou encore de la protection des bassins versants La plupart de ces donneacutees sont des observations visuelles et qualitatives recueillies sur un site toutes eacutetant facilement disponibles En contrepar-tie ces donneacutees preacutesentent de fortes limitations telles que le possible manque de coheacuterence (dans le temps et entre sites) et un biais taxonomique lieacute agrave la focalisa-tion sur la veacutegeacutetation

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee car elle nrsquoest pas expliciteacutee Il est mecircme difficile drsquoeacutetablir une relation correacutelative car aucune information ne lie explicitement lrsquoeacutetat de lrsquohabitat et les activiteacutes meneacutees Les biais lieacutes agrave la notation agrave dire drsquoexperts ne peuvent pas ecirctre eacutevalueacutes

La sensibiliteacute de la relation entre pressions et im-pacts ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Si les scores de menace et drsquoeacutetat de lrsquohabitat sont correctement noteacutes il est theacuteoriquement possible de distinguer les situations mais cette approche reste qualitative et des situations contrasteacutees sont neacutecessaires pour obte-nir des scores contrasteacutes De plus la construction de lrsquoindicateur repose sur une succession drsquoeacutetapes avec des corrections de sorte que la sensibiliteacute reacutesultante nrsquoest pas claire Aussi il est peu probable que lrsquooutil permette de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute mais plutocirct des changements tardifs et importants tels que la disparition drsquoespegraveces ou le rem-placement eacutecologique ndash ou brutaux tel le deacuteversement de deacutechets Il ne permet pas non plus de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion

Enfin la fiabiliteacute et la reproductibiliteacute ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutees ndash notamment parce que les scores sont qualitatifs et baseacutes sur le dire drsquoexperts

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil est destineacute agrave ecirctre employeacute ideacutealement sur un site Il est recommandeacute de rendre compte des changements en se basant sur une seacuterie temporelle en notant toutefois que les modifications drsquoune anneacutee agrave lrsquoautre doivent ecirctre interpreacuteteacutees avec prudence

5756

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

drsquoeacutetat de lrsquohabitat Ceci permettrait pourtant drsquoameacute-liorer la reproductibiliteacute de lrsquoeacutevaluation dans le temps et dans lrsquoespace ndash par exemple pour eacuteclairer la dif-feacuterence entre des espegraveces de plantes exotiques enva-hissantes laquo abondantes raquo ou laquo freacutequentes raquo ou encore indiquer des valeurs seuils (en pourcentage ou autre) de couverture ou nombre drsquoindividus Lrsquoeacutetape de nota-tion des pressions agrave dire drsquoexperts appelle agrave la vigi-lance En outre lrsquooutil repose sur un certain nombre drsquohypothegraveses (pas de deacutelineacuteation des cateacutegories de menaces et des activiteacutes moyenne et agreacutegation des scores hypothegraveses de biodiversiteacute relieacutee agrave la qualiteacute et agrave la diversiteacute des habitats)

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent que si le processus drsquoagreacutegation des scores rend lrsquoapproche scalaire il en reacutesulte un indicateur complexe et lrsquointrication des calculs (agreacutegation de diffeacuterents critegraveres qui se compensent les uns les autres) rend la gamme des variations de cet indicateur difficile agrave interpreacuteter et agrave anticiper Par conseacutequent les eacutevaluateurs notent qursquoil est peu probable que lrsquooutil BIRS puisse ecirctre utiliseacute pour comparer des sites Ils in-diquent eacutegalement qursquoil peut ecirctre preacutefeacuterable de suivre seacutepareacutement le score de chaque critegravere drsquoeacutevaluation

Il nrsquoy a pas de valeur cible fixeacutee lrsquoindice le plus eacuteleveacute de lrsquoeacutetat du site devant refleacuteter le meilleur eacutetat de la biodiversiteacute

Selon les eacutevaluateurs cet outil est applicable agrave des projets publics comme un critegravere de deacutecision dans le cadre de marcheacutes et contrats mais en tenant compte des biais indiqueacutes ndash mais pas dans le cadre de travaux publics car il nrsquoest pas complegravetement adeacutequat pour rendre compte des impacts sur la biodiversiteacute Des modifications visant agrave assurer lrsquoenregistrement des donneacutees brutes drsquoobservation ou agrave deacutefaut de lrsquoindice de lrsquoeacutetat des habitats et des sites dans une base de donneacutees utilisant des ontologies normaliseacutees et com-munes aux entreprises seraient neacutecessaires pour que lrsquooutil integravegre le suivi drsquoobjectifs de cadres internatio-naux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en renforccedilant le suivi de lrsquoeacutetat de la biodiver-siteacute Ainsi lrsquoabondance des populations pourrait ecirctre prise en compte afin drsquoavoir des signes plus preacutecoces de changement de biodiversiteacute tout en gardant la meacutethode simple et applicable par des non-experts En outre pour une eacutevaluation plus robuste et repreacutesenta-tive un ensemble plus large de groupes taxonomiques pourrait ecirctre inteacutegreacute Les groupes les plus faciles et les plus simples agrave suivre comprennent les inverteacutebreacutes ter-restres et aeacuteriens les oiseaux ou les chauves-souris ndash drsquoautres espegraveces ou groupes pourraient eacutegalement ecirctre

pris en compte tels que les organismes vivants dans le sol ou des verteacutebreacutes terrestres identifieacutes comme bio-in-dicateurs cleacutes de voucircte ou les espegraveces menaceacutees Dans ce cadre la freacutequence des suivis devrait probablement ecirctre adapteacutee pour conserver un niveau drsquoefforts et des coucircts raisonnables ndash tous les deux ans par exemple Ce qui est actuellement mesureacute concerne plus les ha-bitats que la biodiversiteacute elle-mecircme le nom de lrsquooutil porte agrave confusion

En termes meacutethodologiques la deacutefinition de seuils standardiseacutes de meacutetriques quantitatives (valeurs seuils et intervalles) permettant drsquoattribuer des scores drsquoeacutetat et de menaces pourrait atteacutenuer les conseacutequences de la notation subjective agrave dire drsquoexperts Cela faciliterait la comparaison entre sites au sein drsquoune entreprise et entre entreprises Une autre faccedilon de drsquoappreacutehender cette source de variation dans la notation serait de reacute-peacuteter les eacutevaluations pour chaque habitat puis drsquoeacuteva-luer la variation des notations entre experts Une base de donneacutees de reacutefeacuterence des scores preacuteceacutedemment calculeacutes ainsi que des photos prises lors des suivis seraient utile dans le cadre drsquoun processus drsquoappren-tissage continu

Les eacutevaluateurs proposent aussi de conserver un score seacutepareacute pour lrsquoeacutetat et les menaces Combineacute avec davantage drsquoinformations sur les activiteacutes au sein de chaque site cela permettrait de hieacuterarchiser les sites neacutecessitant des mesures drsquoatteacutenuation immeacutediates

Drsquoun point de vue pratique les activiteacutes indus-trielles sur les sites et leur historique devraient ecirctre documenteacutees de faccedilon harmoniseacutee en indiquant par exemple lrsquointensiteacute la freacutequence et la dureacutee des pres-sions afin de mieux comprendre leurs impacts sur lrsquohabitat et les effets des mesures prises par lrsquoentre-prise Mecircme si le besoin de standards coheacuterents agrave travers le temps et dans lrsquoespace est reconnu par les deacuteveloppeurs de lrsquooutil BIRS ce point aurait besoin drsquoecirctre renforceacute

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull UICN (2018) Guide pratique pour la reacutealisation de Listes rouges reacutegionales des espegraveces menaceacutees ndash Meacute-thodologie de lrsquoUICN amp deacutemarche drsquoeacutelaborationbull Jeanmougin M Plattner G Porcher E Julliard R Touroult J Poncet L (2014) Synthegravese bibliogra-phique des changements drsquoeacutechelles cartographiques et des relations eacutecologiques entre les espegraveces et leurs habitats 83 SPN-CESCO-MNHN MEDDE Paris

Au niveau spatial la meacutethodologie de lrsquooutil BIRS permet drsquoeacutevaluer les pressions agrave plusieurs eacutechelles chaque type drsquohabitat au sein drsquoun site puis sur lrsquoensemble du site A ce niveau lrsquoindicateur permet drsquoorienter les gestionnaires de sites vers des mesures de gestion cibleacutes pour reacuteduire les menaces pesant sur les habitats Les agreacutegations sont ensuite effectueacutees agrave lrsquoeacutechelle des sites puis aux niveaux national et global de lrsquoactiviteacute de lrsquoentreprise Agrave ce niveau un tel indi-cateur agreacutegeacute est valable pour le rapportage mais ne peut pas orienter les actions de gestion en reacuteponse aux constats de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil est lrsquohabitat Les espegraveces sont indirectement consideacutereacutees via le facteur de contexte de lrsquohabitat ndash agrave travers lrsquoeacutevaluation de la valeur in-trinsegraveque la biodiversiteacute de lrsquohabitat ndash et via la classe de condition de lrsquohabitat ndash agrave travers lrsquoeacutevaluation de la preacutesence de caracteacuteristiques eacutecologiques exception-nelles et de groupes animaux bio-indicateurs Lrsquooutil prend en compte les espegraveces ou des habitats mena-ceacutes preacutesents dans les listes rouges de lrsquoUICN et classeacutes comme laquo rares raquo au niveau mondial ou national les espaces proteacutegeacutes ou les eacutecosystegravemes importants Le fonctionnement des eacutecosystegravemes et les communauteacutes ne sont pas pris en compte Concernant les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte il srsquoagit essentielle-ment de la composition et de la structure des habitats Ce sont des dimensions importantes de lrsquointeacutegriteacute de lrsquoeacutecosystegraveme et elles sont relativement faciles agrave mesu-rer Toutefois elles peuvent srsquoaveacuterer insuffisantes pour deacutetecter des signaux preacutecoces de changement drsquoeacutetat de la biodiversiteacute Ceci doit ecirctre compleacuteteacute par des paramegravetres quantitatifs (par exemple lrsquoabondance) doit ecirctre reacutealiseacute avec plus de preacutecision (par exemple en eacutenumeacuterant les espegraveces dominantes ou rares) et eacutetendu au-delagrave de la veacutegeacutetation au regravegne animal De plus la fragmentation de lrsquohabitat et les connectivi-teacutes sont insuffisamment prises en compte Ainsi en tenant eacutegalement compte des limites indiqueacutees preacute-ceacutedemment lrsquooutil nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute des activiteacutes consideacutereacutees

Lrsquoapproche semi-quantitative (attribution de scores) nrsquoest pas conccedilue pour deacutetecter des change-ments graduels comme cela est par ailleurs noteacutee dans la meacutethode accessible au moment de lrsquoeacutevalua-tion Lrsquooutil se concentre sur la structure et la compo-sition de la veacutegeacutetation agrave partir drsquoune eacutevaluation quali-tative plutocirct que sur des mesures quantitatives (mecircme en ce qui concerne lrsquoidentification des espegraveces) Il se concentre plus sur les changements drsquoenvironnement pertinents pour la biodiversiteacute plutocirct qursquoau niveau mecircme de la biodiversiteacute et de meacutetriques srsquoy rapportant La proportion drsquohabitats laquo naturels raquo nrsquoest eacutegalement

pas prise en compte dans le calcul alors que lrsquoindi-cateur peut ecirctre sensible aux changements temporels des statuts des zones (entre zone opeacuterationnelle zone en cours de restauration et zones laquo naturelles raquo) Les eacutevaluateurs indiquent qursquoil est neacutecessaire drsquoexaminer attentivement lrsquoeacutevolution des scores individuels et non agreacutegeacutes de lrsquoeacutetat de lrsquohabitat et des menaces ainsi que des cartes pour rendre plus preacuteciseacutement compte des impacts des activiteacutes ndash par ailleurs pas explicite-ment diffeacuterencieacutees en tant que sources diffeacuterentes de pressions potentielles ndash sur les habitats Lrsquooutil BIRS pourrait aussi ecirctre compleacuteteacute par des plans drsquoaction ou des plans de restauration car il nrsquoa pas vocation agrave suivre des objectifs fins de gestion de biodiversiteacute En outre les eacutevaluateurs notent que les eacutevaluations de lrsquoeacutetat de lrsquohabitat devraient ecirctre davantage lieacutees agrave drsquoautres indicateurs du systegraveme de gestion inteacutegreacutee de la biodiversiteacute de lrsquoUICN sur lequel lrsquooutil srsquoappuie

La meacutethodologie de lrsquooutil BIRS indique qursquoune reacuteeacutevaluation du facteur de contexte de lrsquohabitat tous les 5 agrave 10 ans devrait suffire agrave moins que des chan-gements importants ou de grande eacutechelle dans lrsquoutili-sation des terres aient eu lieu aux alentours auquel cas ce facteur doit ecirctre reacuteeacutevalueacute plus tocirct La classe de condition de lrsquohabitat est elle eacutevalueacutee annuelle-ment et lrsquooutil BIRS est conccedilu pour calculer un indice annuel drsquoeacutetat de la biodiversiteacute

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

La meacutethodologie bien que complexe par la succession des eacutetapes reste simple agrave comprendre Elle est claire transparente et rigoureuse avec une deacutefinition utile des termes des eacutetapes et des critegraveres drsquoeacutevaluation crsquoest le cas lors de lrsquoeacutetape drsquoidentification de lrsquohabi-tat et de lrsquoeacutetape drsquoestimation de la superficie pour les-quelles une deacutefinition tregraves claire de la classification de lrsquohabitat et des meacutethodes de calcul sont fournies

La meacutethodologie peut ecirctre utiliseacutee dans le monde entier et pour nrsquoimporte quel habitat ou eacutecosystegraveme Elle assure eacutequilibre entre des consideacuterations pratiques et la rigueur scientifique bien que les eacutevaluateurs notent que cela peut encore ecirctre ameacutelioreacute Lrsquoapproche semi-quantitative par lrsquoattribution de scores agrave travers une classification relativement grossiegravere nrsquoenlegraveve pas la neacutecessiteacute de mesures quantitatives De plus les scores drsquoune cateacutegorie sont supposeacutes eacutequivalents (par exemple laquo forte pression de pacircturage raquo eacutequivaut agrave laquo abondance drsquoespegraveces exotiques envahissantes raquo eacutequivaut agrave laquo forte pollution de lrsquoeau raquo) sans valeurs seuils deacutetailleacutees pour aider agrave eacutevaluer les diffeacuterences reacuteelles entre les scores Crsquoest le cas notamment aux eacutetapes drsquoeacutevaluation de lrsquoeacutetat de chaque habitat (par une enquecircte sur le terrain) et drsquoeacutevaluation de la classe

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

Sur la base des eacutevaluations des sept outils de mesure reacutealiseacutees par les experts et des discussions entre les diffeacuterents acteurs lors des ateliers des recommandations sont ressorties de ces eacutechanges Elles srsquoadressent agrave une grande diversiteacute de publics chercheurs deacuteveloppeurs utilisateurs priveacutes ou publics et deacutecideurs politiques Loin drsquoecirctre exhaustives ces recommandations permettent neacuteanmoins drsquoengager un premier dialogue Elles fournissent en effet des pistes drsquoameacutelioration pour le deacuteveloppement dindicateurs et outils de mesure de lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Enjeu important pour accompagner lrsquoengagement des acteurs et des deacutecideurs politiques nationaux et internationaux en vue drsquoenrayer le deacuteclin de la biodiversiteacute

3

6160

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

31 Quelques approches inteacutegratives compleacutementaires aux outils

Les eacutevaluations externes des outils ont souligneacute entre autres eacuteleacutements qursquoaucun nrsquoest repreacutesentatif de tous les impacts des activiteacutes eacutevalueacutees sur la biodiversiteacute Quelques approches inteacutegratives tant agrave lrsquoeacutechelle des activiteacutes humaines que de la biodiversiteacute peuvent ecirctre proposeacutees Sans preacutetention agrave lrsquoexhaustiviteacute nous en preacutesentons ici trois accessibles aux acteurs priveacutes et publics

311 La compleacutementariteacute des cadres Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et Analyse de cycle de vie (ACV)

Les deux cadres preacutesenteacutes au chapitre 1 peuvent ecirctre envisageacutes dans une optique compleacutementaire Ainsi de faccedilon scheacutematique le cadre ACV permet drsquoidentifier des moments et des lieux des eacutetapes cleacutes dans le cycle de vie de produits ou de services ayant des impacts particuliegraverement importants sur la biodiversiteacute et le cadre PER permet drsquoapprofondir et de deacutetailler lrsquoeacuteva-luation en ces diffeacuterentes eacutetapes cleacutes (Fig 8)

Les deux approches peuvent ecirctre combineacutees en adoptant drsquoabord une perspective ACV pour avoir une approche holistique des activiteacutes anthropiques puis en deacutefinissant ensuite pour chaque eacutetape reconnue comme majeure dans lrsquoACV des indicateurs de type

FIGURE 8 COMPLeacuteMEntArIteacute EntrE LE CADrE PEr Et LE CADrE ACv SOuRcE TEIllARD et al 2016

Responses

Inputs feed

Farm

Processing

Pressures(Midpoints)

Production

Biodiversity(Endpoints)

Farm

Landscape

response indicators

state indicators

Pressure indicators

sometimes evaluated through scenario analysis

Endpoint modeling

Midpoint modeling

horizontal perspective space

vert

ical

per

spec

tive

su

pply

cha

in

LCA

ECOLOGY

PER ndash en tendant alors vers une approche holistique de la biodiversiteacute

Une telle combinaison permettrait de comparer les reacutesultats des liens activeacutes ndash pressions (midpoints dans lrsquoACV pressures dans le PER) et des liens pressions ndash impacts (endpoints dans lrsquoACV state dans le PER) Drsquoautre part cela permettrait drsquointeacutegrer dans lrsquoeacutevalua-tion des impacts des pressions qui ne sont actuelle-ment pas ou peu prises en compte dans lrsquoACV mais qui les sont dans les indicateurs PER (notamment espegraveces envahissantes surexploitation)

Enfin les meacutethodes drsquoACV qui explorent diffeacuterents

sceacutenarios pour limiter les impacts sur la biodiversiteacute pourraient compleacuteter les indicateurs de reacuteponses du cadre PER et enrichir la reacuteflexion sur les reacuteponses cest-agrave-dire les mesures agrave adopter pour limiter les pressions

312 Lrsquoapproche par les laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo (EBV)

Le laquo Reacuteseau drsquoobservation de la biodiversiteacute raquo (BON) du Groupe drsquoobservation de la Terre (GEO) initiative mon-diale a fait eacutemerger en 2013 le concept de laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo deacutefinies comme des laquo mesures neacutecessaires pour eacutetudier rapporter et geacuterer les changements de la biodiversiteacute en se concentrant sur lrsquoeacutetat et la tendance des eacuteleacutements de la biodiversiteacute raquo (Pereira et al 2013) Ces mesures permettent de trans-former des donneacutees issues de sources varieacutees en indica-teurs offrant une description syntheacutetique de diffeacuterents niveaux drsquoorganisation de la biodiversiteacute facilitant ainsi la laquo traduction raquo des donneacutees sur la biodiversiteacute en informations politiques Le GEO BON a proposeacute une liste de vingt variables classeacutees par niveaux drsquoorganisa-tion Ces variables ont eacutevolueacute depuis 2013 (Tableau 2)

Classes de variables essentielles Variables essentielles

Composition geacuteneacutetique Diversiteacute geacuteneacutetique intraspeacutecifique

Diffeacuterenciation geacuteneacutetique parmi des populations

Taille effective de la population

Consanguiniteacute

Populations drsquoespegraveces Distribution drsquoespegraveces donneacutees

Abondance drsquoindividus drsquoespegraveces donneacutees

Traits de vie des espegraveces Morphologie des organismes

Physiologie des organismes en lien avec la fitness et les reacuteponses agrave lrsquoenvironnement

Pheacutenologie des organismes

Mouvements de type dispersion ou migration

Composition des communauteacutes Abondance des organismes dans un assemblage eacutecologique

Diversiteacute taxonomiquephylogeacuteneacutetique dans un assemblage eacutecologique

Diversiteacute des traits des organismes au sein des communauteacutes

Diversiteacute et structures des interactions entre organismes au sein des communauteacutes

Fonctions des eacutecosystegravemes Productiviteacute primaire

Pheacutenologie observeacutee agrave lrsquoeacutechelle drsquoun eacutecosystegraveme

Perturbations du fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme

Structure des eacutecosystegravemes Fraction du couvert vivant

Distribution horizontale drsquoeacuteleacutements drsquoun eacutecosystegraveme

Profil vertical de la distribution de biomasse

vArIAbLEs EssEntIELLEs DE bIODIvErsIteacute CLAsseacuteEs PAr nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn SOuRcE gEObONTABLEAU 2

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

Une laquo variable essentielle de biodiversiteacute raquo doit preacute-senter certaines caracteacuteristiques afin drsquoecirctre opeacuteration-nelle Ainsi ideacutealement elle doit ecirctre

bull capable de saisir les eacutechelles et les dimensions essentielles de la biodiversiteacute

bull biologiquebull une variable drsquoeacutetat (certains deacuteveloppements

cherchent agrave deacutefinir les variables permettant de deacutetec-ter des changements preacutecoces de biodiversiteacute (Sch-meller et al 2018))

bull sensible au changementbull agnostique agrave lrsquoeacutegard des eacutecosystegravemes (dans la

mesure du possible elle doit pouvoir ecirctre mesureacutee pour tous types drsquoeacutecosystegravemes)

bull techniquement reacutealisable degraves agrave preacutesent eacuteco-nomiquement viable et durable dans le temps (les moyens drsquoobservation peuvent ecirctre deacuteployeacutes in-situ ou aeacuteroporteacutes ndash les donneacutees drsquoobservations satellites eacutetant par ailleurs de plus en plus traiteacutees et rendues disponibles)

Certaines variables peuvent constituer des indica-teurs ou des intermeacutediaires entre les donneacutees brutes et les indicateurs Elles peuvent eacutegalement ecirctre combi-neacutees entre elles afin de former des indices (GEO BON 2015) certains eacutetant mobiliseacutes dans les rapports de la Plateforme intergouvernementale scientifique et poli-tique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) ou encore les objectifs des programmes suc-cessifs de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) indice drsquohabitat drsquoespegraveces indice de biodi-versiteacute des habitats indice de protection des espegraveces indice de repreacutesentativiteacute des aires proteacutegeacutees et de connectiviteacutes indice drsquointeacutegriteacute locale de biodiversiteacute indice de restauration des eacutecosystegravemes indice drsquoinfor-mation sur le statut des espegraveces

Les travaux deacutedieacutes aux EBVs se poursuivent au sein de groupes theacutematiques explorant les six classes mais eacutegalement sur des volets transversaux Citons-en particuliegraverement six qui peuvent inteacuteresser les concep-teurs et les utilisateurs drsquooutils de mesure des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

bull La deacutefinition des variables elles-mecircmes le cadre conceptuel proposeacute peut ecirctre utiliseacute afin de deacutefinir collectivement en associant acteurs et chercheurs les variables essentielles propres agrave un territoire etou un pays sans neacutecessairement mobiliser celles identifieacutees par GEO BON (Turak et al 2017)

bull Lrsquointeacutegration des donneacutees de divers origines en srsquoappuyant entre autres sur des modeacutelisations et la combinaison avec des donneacutees drsquoenvironnement afin de deacutefinir lrsquoeacutevolution de la biodiversiteacute dans le temps et lrsquoespace (Jetz et al 2019)

bull Lrsquoutilisation du concept pour effectuer des suivis drsquoespegraveces exotiques envahissantes (Seebens et al 2020)

bull Lrsquoutilisation de donneacutees de teacuteleacutedeacutetection pour documenter les variables

bull Le deacuteveloppement drsquoindicateurs et drsquoindices inteacutegreacutes

bull Lrsquoutilisation des donneacutees drsquoobservation de la Terre pour eacutevaluer les services eacutecosysteacutemiques

Le concept de laquo variables essentielles raquo est eacutegale-ment deacuteclineacute pour le climat et lrsquooceacutean Ces variables documentent lrsquoeacutevolution de paramegravetres cleacutes du systegraveme climatique (preacutecipitations tempeacuterature composition de lrsquoatmosphegravere) ou de lrsquooceacutean (carbone organique dissout abondance et distribution de poissons eacutetendu des mangroves et composition) Ces variables sont reacuteguliegraverement utiliseacutees pour soutenir des travaux inter-nationaux du Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC) de lrsquoOrganisation des Nations unies (ONU) ou de la Commission oceacuteanogra-phique intergouvernementale (COI) porteacutee par lrsquoOrga-nisation des Nations unies pour lrsquoeacuteducation la science et la culture (Unesco)

Ainsi agrave travers ce concept de laquo variables essen-tielles raquo une utilisation pragmatique des donneacutees agrave diffeacuterentes eacutechelles spatiales mobilisables aussi bien par des acteurs priveacutes que publics se dessine elle peut utilement compleacuteter les reacuteflexions sur les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

les indicateurs quantitatifs des changements de la biodi-versiteacute des contributions de la nature aux personnes et agrave la qualiteacute de vie ainsi que des forces motrices facteurs directs et indirects qui sous-tendent ces changements constituent des eacuteleacutements importants agrave documenter Ainsi lrsquoIpbes deacutefinit deux batteries drsquoindicateurs

bull une trentaine drsquoindicateurs de base (dits core indi-cators) que les auteurs des eacutevaluations sont inviteacutes agrave uti-liser en plus drsquoautres indicateurs ou autres informations

bull une quarantaine drsquoindicateurs mis en avant (dits highlighted indicators) qui pourraient inteacuteresser des auteurs mais sans aucune attente quant agrave leur utilisa-tion dans les eacutevaluations

Lrsquoobjectif de la deacutemarche est de fournir aux au-teurs des eacutevaluations un ensemble drsquoindicateurs qui couvrent tous les eacuteleacutements du cadre conceptuel de lrsquoIpbes

Ces indicateurs sont issus de plusieurs sources bull majoritairement des indicateurs mobiliseacutes pour

les objectifs de programmes de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) dont certains ont eacuteteacute pro-poseacutes par GEO BON

bull quelques indicateurs issus des travaux du reacuteseau mondial de recherche Future Earth

bull un petit nombre recommandeacute par les travaux de lrsquouniversiteacute de Yale sur lrsquoindice de performance envi-

Mon

dial

e

FIGURE 9 CADrE COnCEPtUEL AnALytIQUE DE Lrsquo IPbEs SOuRcE DeacutecISION IpbES ndash 24 2013

Bonne qualiteacute de vieBien-ecirctre humainVie en harmonie avec la natureVie en eacutequilibre et en harmonie avec la Terre megravere

Possibiliteacute de mener une vie satisfaisante nourriture eau eacutenergie et seacutecuriteacute des moyens drsquoexistence santeacute relations sociales eacutequiteacute spiritualiteacute identiteacute culturelle

Bienfaits de la nature pour lrsquohommeBiens et services eacutecosysteacutemiquesFourniture reacutegulation valeur culturelleDons de la nature

Patrimoine anthropique

Infrastructures patrimoine humain social financier

Institutions gouvernance et autres facteurs indirects

Aspects socio-politiques eacuteconomiques technologiques culturels

NatureBiodiversiteacute et eacutecosystegravemesTerre megravereSystegravemes de vie

Eacutevolution diversiteacute bioculturelleRessources naturelles non biologiquesValeurs intrinsegraveques

Facteurs directs

Facteurs anthropiques

Transformation des habitats exploitation changement climatique pollution introduction drsquoespegraveces

Facteurs naturels

Eacutevolution dans le temps

Inte

ract

ions

agrave d

iffeacuter

ente

s eacutech

elle

s

Nat

iona

leLo

cale

313 Le cadre DPSIR appliqueacute au cadre conceptuel de lrsquoIpbes

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacute-miques (Ipbes) eacutetaie son cadre conceptuel (Deacutecision Ipbes-24 2013) crsquoest-agrave-dire son modegravele simplifieacute des interactions complexes qui se tissent entre le monde naturel et la socieacuteteacute humaine (eacuteleacutements pris en compte et leurs liens) par une batterie drsquoindicateurs en se ba-sant sur le cadre laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat

ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo plus connu sous lrsquoacronyme DPSIR pour Driving forces Pressures State Impact Responses (DPSIR) (Fig 9 et 10) version eacutetendue du modegravele drsquointeractions entre des systegravemes socio-eacuteco-nomiques et eacutecologiques initialement deacutecrits sous la forme laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo deacutecrit au pre-mier chapitre

Dans le cadre des eacutevaluations de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques qursquoelles soient theacutema-tiques reacutegionales ou mondiales lrsquoIpbes considegravere que

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

ronnementale des politiques publiques (Environmen-tal Performance Index EPI)

bull eacutegalement un petit nombre proposeacute par le groupe de travail laquo Donneacutees et connaissances raquo interne agrave lrsquoIpbes

Beaucoup de ces indicateurs sont recenseacutes dans le Partenariat mondial sur les indicateurs de biodi-versiteacute (BIP) qui coordonne pour la CDB mais aussi pour reacutepondre aux besoins drsquoautres conventions ou de gouvernements le deacuteveloppement et la fourniture drsquoindicateurs

LrsquoIpbes fournit par ailleurs sa propre deacutefinition des indicateurs laquo comme des mesures ou des signes qui reflegravetent lrsquoeacutetat la cause ou le reacutesultat drsquoun objet ou drsquoun processus raquo Les indicateurs pouvant contribuer agrave simplifier la complexiteacute drsquoensembles de donneacutees de variables de cadres conceptuels et drsquoapproches dispo-nibles ils sont eacutegalement laquo des outils utiles pour com-muniquer les reacutesultats des eacutevaluations raquo LrsquoIpbes sou-ligne qursquoil est important de reconnaicirctre les limites des indicateurs agrave laquo saisir les complexiteacutes du monde reacuteel raquo car ils se limitent agrave ce qui peut ecirctre mesureacute et ce pour quoi des donneacutees sont disponibles En outre lrsquoIpbes signale aussi que les choix drsquoindicateurs sont laquo plus ou moins lieacutes agrave la diversiteacute des visions du monde et des perspectives culturelles raquo eacuteleacutement agrave prendre en compte pour conduire au-delagrave des reacutesultats exprimeacutes une analyse critique des indicateurs eux-mecircmes

Ces indicateurs complegravetent drsquoautres formes drsquoinfor-mations et de connaissances pas neacutecessairement har-moniseacutees leur caractegravere normaliseacute fournit un point de comparaison quantitatif et coheacuterent entre les eacutevalua-

tions Le rapport mondial publieacute en 2019 constitue un bon exemple drsquoune approche mixte avec lrsquoutilisation drsquoindicateurs de base identifieacutes comme utiles agrave ren-seigner dans le cadre des eacutevaluations et drsquoautres types drsquoinformations laquo indicatrices raquo

La FRB mobiliseacutee tout au long du processus drsquoex-pertise scientifique final a fait un travail de recension drsquoindicateurs et drsquoautres informations utiliseacutees pour eacutevaluer lrsquousage durable de la biodiversiteacute Parmi la centaine drsquoindicateurs et autres informations identi-fieacutees la FRB en a extrait un petit nombre en concer-tation avec un des auteurs du rapport Au moment des neacutegociations de lrsquoassembleacutee pleacuteniegravere la deacuteleacutegation franccedilaise a proposeacute que ce tableau soit inteacutegreacute dans le reacutesumeacute pour deacutecideurs en cours de neacutegociations En raison du retard pris dans les groupes de travail peacutenalisant lrsquoavanceacutee du processus de neacutegociation la preacutesentation de ce tableau nrsquoa pas pu ecirctre inscrite agrave lrsquoagenda des groupes et donc nrsquoa pas pu ecirctre propo-seacutee en pleacuteniegravere en lrsquoabsence de concertation preacutealable entre les Eacutetats

Ces indicateurs et informations sont preacutesenteacutes dans le tableau syntheacutetique en annexe 3 p 81

La deacutemarche adopteacutee par lrsquoIpbes repose drsquoune part sur lrsquoutilisation drsquoindicateurs existants documentant diffeacuterentes eacutetapes du cadre laquo Pression ndash Eacutetat ndash Reacute-ponse raquo drsquoautre part sur lrsquoutilisation pragmatique de donneacutees permettant de fournir des informations utiles au sujet traiteacute Certains indicateurs et informations sont utilisables ou deacuteclinables agrave diffeacuterentes eacutechelles spatiales et mobilisables aussi bien par des acteurs pri-veacutes que publics Lagrave encore cette deacutemarche peut utile-ment compleacuteter les reacuteflexions sur les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Forces motrices directes naturelles et anthropiques

ndash Empreinte eacutecologique ndash Lrsquoappropriation humaine de lrsquoeau doucendash Index de biodiversiteacute des habitats (BEF)ndash Surface forestiegravere en de la surface totale des terres (BEF)ndash Tendances de lrsquoeacutetendue des forecircts (BEF)ndash Total des preacutelegravevements de bois (NCP) ndash Tendances de la pecircche certifieacutees par le MSC (BEF) ndash Estimation des captures et de lrsquoeffort de pecircche (BEF) ndash Production de pecircche des eaux inteacuterieures (NCP) ndash Indice trophique marin (BEF) ndash Proportion de la supercifie de production forestiegravere

sous certification FSC et PEFC (IGID) ndash Efficaciteacute de lrsquoutilisation de lrsquoazote ndash Engrais agrave base drsquoazote et de phosphatendash Tendances en matiegravere drsquoutilisation des pesticidesndash Tendances des deacutepocircts drsquoazotendash Couverture en zones proteacutegeacutees des zones cleacutes pour

la biodiversiteacute (KBAS) (IGID)ndash Index de protection des espegraveces (IGID)ndash Index de connectiviteacute des zones proteacutegeacutees (IGID)ndash Index drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute

Bonne qualiteacute de vie(bien-ecirctre humain)

ndash Pourcentage de personnes sous-alimenteacutees

Contributions de la nature aux personnes(Biens et services eacutecosysteacutemiques)

ndash Total des preacutelegravevement de bois (DD) ndash Production de pecircche des eaux inteacuterieures (DD) ndash Proportion de races locales classeacutees comme eacutetant

agrave risque non agrave risque ou dont le niveau drsquoextinction est inconnu (BEF)

Forces motrices indirectesInstitutions gouvernance et autres

ndash Pourcentage de nations de cateacutegorie 1 dans la Convention sur le commerce international des espegraveces de faune et de flore sauvages menaceacutees dextinction (CITES)

ndash Proportion de la superficie de production forestiegravere sous certification FSC et PEFC (DD)

ndash Pourcentage de zones couvertes par des zones proteacutegeacuteesndash Couverture des zones proteacutegeacutees des zones cleacutes pour

la biodiversiteacute (KBAS) (OD)ndash Indice de protection des espegraveces (DD)ndash Efficaciteacute de la gestion des zones proteacutegeacuteesndash Indice de connectiviteacute des zones proteacutegeacutees (DO)ndash Nombre de pays ayant un plan drsquoaction national

biodiversiteacute (NBSAP) deacuteveloppeacutereacuteviseacutendash Proportion des espegraveces connues eacutevalueacutees par

la Liste Rouge de lrsquoUICNndash Index drsquoinformation sur le statut des espegraveces

Nature(Biodiversiteacute et fonctionnement des eacutecosystegravemes)

ndash Index de biodiversiteacute des habitats (DD)ndash Index drsquohabitat des espegraveces (DD)ndash Superficie forestiegravere en de la superficie totale

des terres (DD)ndash Tendances de lrsquoeacutetendue des forecircts (couvert forestier) (DD)ndash Tendances de la pecircche certifieacutee par le MSC (DD)ndash Estimation des captures et de lrsquoeffort de pecircche (DD)ndash Proportion des stocks de poissons agrave des niveaux

biologiquement durablesndash Indice Tropical Marin (DD)ndash Index de la Liste Rougendash Proportion de races locales classeacutees comme eacutetant

agrave risque non agrave risque ou dont le niveau drsquoextinction est inconnu (NCP)

Biens humains

FIGURE 10 CADrE COnCEPtUEL Et InDICAtEUrs DE bAsE DrsquoAPregraves IPbEs COrE InDICAtOrs wwwIpbESNET 16112020

DPsIr D Force motriceP Pressions statutI Impactr reacuteponse - Liens avec le cadre conceptuel analytique IgID Institutions gouvernance et forces motrices indirectes

DD Force motrice directenCP Contributions de la nature aux personnes biens et services des eacutecosystegravemesbEF naturebiodiversiteacute et fonctions des eacutecosystegravemesgQL bonne qualiteacute de vie bien-ecirctre humain

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

enjeux climat et biodiversiteacute se rejoignent neacuteanmoins lorsqursquoil srsquoagit eacutevaluer les impacts des activiteacutes hu-maines sur le fonctionnement des eacutecosystegravemes

bull Il est aussi possible de srsquointeacuteresser agrave des espegraveces ou des groupes drsquoespegraveces qui reacutealisent des fonctions speacutecifiques au sein des eacutecosystegravemes (dites espegraveces cleacutes de voucircte) (Paine 1966) Cette approche met lrsquoaccent sur certaines espegraveces lrsquoimportance de relations entre les espegraveces au sein des reacuteseaux trophiques leurs rocircles dans les eacutecosystegravemes en modifiant lrsquoenvironnement vi-vant et abiotique (par ex ingeacutenieurs deacutecomposeurs)

bull Ou encore aux espegraveces rares (aires de reacutepartition reacuteduites faible densiteacute) (Dinerstein et al 2020) etc

3e recommandation

Travailler avec tous les acteurs et mieux utiliser les connaissances et les donneacutees disponibles

De nombreux outils et indicateurs sont plus speacutecifi-quement deacuteveloppeacutes par les acteurs acadeacutemiques ou des politiques publiques tandis que drsquoautres outils ndash tels ceux eacutevalueacutes dans cette eacutetude ndash sont deacuteveloppeacutes par les acteurs priveacutes industriels marchands ou asso-ciatifs en srsquoappuyant sur des eacuteleacutements scientifiques Ces deux deacutemarches solides gagneraient agrave ecirctre plus co-construites pour une inteacutegration reacuteciproque des be-soins et des contraintes des atouts et des limites des outils deacuteveloppeacutes

De mecircme de nombreux dispositifs nationaux et ter-ritoriaux deacuteveloppent des outils en appui aux politiques publiques fournissent des donneacutees et des informations sur la biodiversiteacute Citons entre-autres acteurs lrsquoOb-servatoire national de la biodiversiteacute les observatoires reacutegionaux de la biodiversiteacute Sur un mecircme territoire la dichotomie des activiteacutes de ces structures des col-lectiviteacutes et des entreprises ndash dans un cas laquo le suivi de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute sous lrsquoeffet de pressions anthro-piques raquo dans un autre laquo lrsquoeacutevaluation des impacts de mes activiteacutes raquo ndash gagnerait agrave ecirctre effaceacutee au profit drsquoun dialogue et drsquoune action mutualiseacutee de suivi et drsquoeacuteva-luation aboutissant in fine agrave une veacuteritable eacutevaluation des impacts parfois cumuleacutes drsquoactiviteacutes diffeacuterentes agrave lrsquoeacutechelle drsquoun territoire et agrave leur gestion concerteacutee

De plus lrsquoensemble des eacutevaluations neacutecessitent drsquoecirctre documenteacutees cela permet drsquoameacuteliorer lrsquoutili-sation des outils ndash en contribuant par exemple agrave har-moniser les eacutetapes qui reposent sur le dire drsquoexpert ndash cela permet aussi de documenter les changements de la biodiversiteacute de faccedilon plus continue Cette documen-tation neacutecessite drsquoecirctre harmoniseacutee agrave lrsquoeacutechelle drsquoune entreprise voire agrave lrsquoeacutechelle nationale ou internatio-nale Les nombreuses initiatives en faveur des pro-tocoles et des donneacutees de biodiversiteacute deacuteveloppeacutees ou relayeacutees par des acteurs territoriaux et nationaux devraient y aider

4e recommandation

Adapter les outils aux pratiques de lrsquoentreprise et agrave ses leviers drsquoactions

Des deacutemarches mutualiseacutees permettraient de deacutevelop-per des outils plus en lien avec les pratiques des entre-prises voire avec les acteurs publics territoriaux En effet si certains modegraveles globaux et meacutethodes portant sur les espegraveces voire les habitats peuvent ecirctre utiles par leur caractegravere geacuteneacuterique les eacutevaluations scienti-fiques des outils ont montreacute qursquoils eacutetaient peu sen-sibles pour rendre reacuteellement compte des impacts des activiteacutes et par effet retour des efforts des entreprises pour limiter ces impacts Les concepteurs drsquooutils tra-vaillent en ce sens en deacuteveloppant notamment des outils en fonction des secteurs drsquoactiviteacute

De la mecircme faccedilon qursquoil est neacutecessaire de disposer drsquoun panel drsquooutils repreacutesentant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute un panel drsquooutils couvrant les phases de diagnostic (les pressions et lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute) drsquoestimation des risques (eacutevaluation des impacts) et drsquoaction (les reacuteponses apporteacutees) compleacute-terait le tableau de bord des acteurs

Les acteurs estiment eacutegalement que la puissance publique doit ainsi insuffler une dynamique sans tou-tefois imposer drsquooutils normatifs (ceux-ci ne sont pas encore mucircrs les situations des entreprises des eacuteco-systegravemes et les besoins sont heacuteteacuterogegravenes) Elle doit les inciter agrave srsquoengager dans des deacutemarches de diminution des impacts et de rapportage tout en les laissant deacuteve-lopper leurs propres outils innover expeacuterimenter

Un eacutequilibre reste toutefois agrave trouver entre la geacuteneacute-riciteacute qui permet lrsquoagreacutegation des reacutesultats aux diffeacute-rentes eacutechelles drsquoactiviteacute des entreprises (du local agrave lrsquointernational) voire la comparaison et le pilotage et la speacutecificiteacute qui permet de rendre compte des impacts et des effets des reacuteponses apporteacutees par les entreprises Le deacuteveloppement des approches eacutevoqueacutees plus haut devrait ainsi inteacutegrer cet eacutequilibre

5e recommandation

Mieux caracteacuteriser les liens entre activiteacutes pressions et impacts

La neacutecessiteacute de mieux caracteacuteriser les liens au sein de la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo parfois teacutenus est particuliegraverement ressortie des eacutevaluations des outils

Cocircteacute acteurs il est possible drsquoanalyser finement les activiteacutes (par ex construction) les pressions (par ex vibrations induites par la construction) et certains eacuteleacutements de biodiversiteacute in-situ et de lrsquoenvironnement (par ex niveau sonore ambiant reptiles et micromam-mifegraveres) susceptibles drsquoecirctre toucheacutes Ces travaux sont

32 Les recommandations et pistes drsquoactions

Les approches inteacutegratives preacutesenteacutees preacuteceacutedemment peuvent srsquoaveacuterer des pistes utiles agrave suivre sans tou-tefois ecirctre suffisantes des efforts en termes de com-preacutehension de connaissance de meacutethodologie et drsquoaccompagnement doivent ecirctre reacutealiseacutes Ainsi le troisiegraveme temps de lrsquoeacutetude a consisteacute avec lrsquoappui de lrsquoONB agrave organiser une seacuterie drsquoeacuteveacutenements dans le cadre des Journeacutees FRB

bull une journeacutee de cinq ateliers regroupant 20 agrave 25 personnes chacun permettant les eacutechanges entre les deacuteveloppeurs des outils et les potentiels utilisateurs publics et priveacutes

bull une journeacutee pleacuteniegravere largement ouverte permet-tant de restituer les reacutesultats des ateliers de donner la parole aux initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices preacutesenteacutees au chapitre 1 de dialoguer avec des acteurs territoriaux et drsquoouvrir plus largement la question de la mesure des impacts sous les angles de lrsquoeacutecologie et de lrsquoeacuteconomie

Les participants agrave ces jours drsquoeacutechanges ont fait remonter une seacuterie de recommandations et de pistes drsquoactions adresseacutees aux concepteurs des outils aux chercheurs aux utilisateurs des outils et aux pou-voirs publics Elles sont syntheacutetiseacutees dans le tableau 3 (p 70) qui permet de visualiser les besoins de mutua-lisation des efforts

1re recommandation

Accepter la complexiteacute du vivant pour des actions plus pertinentes et plus preacutecises

Les interactions au sein du monde vivant et de celui-ci avec lrsquoenvironnement physique nombreuses de diverses natures rendent difficilement intelligibles en premiegravere instance lrsquoeacutetat et les dynamiques de la bio-diversiteacute le fonctionnement des eacutecosystegravemes Interre-lations reacutetroactions interactions effets non-lineacuteaires diversiteacute des eacutechelles temporelles et spatiales les informations multiples qui peuvent ecirctre collecteacutees et analyseacutees dessinent une partie de cette complexiteacute du vivant Leur prise en compte ne doit pas ecirctre syno-nyme de complication pour les acteurs mais bien gage drsquoacquisition de connaissances fines de meilleure compreacutehension pour plus de pertinence et de preacuteci-sion dans les deacutecisions et les actions La simplifica-tion de la repreacutesentation des processus agrave lrsquoœuvre dans la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo srsquoavegravere neacutecessaire et utile pour rendre compte de faccedilon syn-theacutetique des efforts de reacuteduction des impacts sur la biodiversiteacute Elle ne peut ecirctre suffisante et son emploi doit srsquoaccompagner drsquoune connaissance de ses limites

2e recommandation

Disposer drsquoun panel drsquooutils repreacutesentant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute

La difficulteacute agrave eacutevaluer la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo srsquoentend drsquoautant mieux qursquoen plus de reacutealiser explicitement les liens entre ces eacutetapes elle doit ideacutealement rendre compte des interactions eacutecolo-giques La reacuteflexion sur les outils de mesure drsquoimpacts des activiteacutes humaines neacutecessite drsquointeacutegrer les diffeacute-rents niveaux drsquoorganisation (des gegravenes aux paysages) et plusieurs composantes (de la structure agrave lrsquoeacutevolution) de la biodiversiteacute Degraves lors cela amegravene agrave envisager lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sous lrsquoangle drsquoun ensemble drsquooutils et drsquoindicateurs com-pleacutementaires ayant plusieurs niveaux de preacutecision et drsquoeacutechelles appreacuteciant diffeacuterentes facettes des impacts sur la biodiversiteacute Ce type drsquoeacutevaluation doit alors repo-ser sur plusieurs variables et meacutetriques de biodiversiteacute Diffeacuterentes approches peuvent ecirctre envisageacutees citons

bull La notion de laquo variables essentielles de biodiver-siteacute raquo deacuteveloppeacutee par le Reacuteseau mondial drsquoobservation de la biodiversiteacute du Groupe drsquoobservation de la Terre (GEO BON) peut constituer une piste de reacuteflexion cette approche permet de balayer les diffeacuterentes dimen-sions de la biodiversiteacute dans un ensemble restreint de variables Ce point est deacuteveloppeacute en partie 312 p 61

bull Srsquoil semble difficile drsquoeacutetablir un laquo indicateur biodiversiteacute raquo comme il en existe pour le climat les

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

bull drsquoune part des arbres drsquoaide agrave la deacutecision afin drsquoorienter vers lrsquooutil le plus adapteacute agrave la question poseacutee selon le secteur drsquoactiviteacute le niveau de lrsquoactiviteacute eacutevalueacutee (cycle de vie drsquoun produit processus de production site uniteacute commerciale entreprise globale ndash voire collectiviteacute territoire ou pays) les finaliteacutes de lrsquoeacutevaluation (sensibi-lisation interne deacuteveloppement drsquoactiviteacutes deacuteclaration de performance extra-financiegravere obligatoire obtention de financements) les utilisateurs des reacutesultats (cadres deacutecisionnels syndicats clients actionnaires) le ni-veau drsquoexpertise et drsquoaccompagnement neacutecessaire

bull drsquoautre part une documentation peacutedagogique qui expose et deacutetaille la meacutethodologie de construction et de calcul de lrsquoindicateur Cette documentation pour-rait ecirctre illustreacutee selon le degreacute de deacuteveloppement et de deacuteploiement des outils par des cas pilotes ou des retours drsquoexpeacuterience discutant leur applicabiliteacute Si cette pratique a pu ecirctre observeacutee pour certains outils eacutevalueacutes elle nrsquoest pas encore geacuteneacuteraliseacutee

Deacutetailler la meacutethodologie et les calculs de faccedilon com-preacutehensible et expliciter les limites permettraient drsquoeacutevi-ter lrsquoeffet laquo boicircte noire raquo de ces outils dont la construc-tion est relativement complexe et drsquoameacuteliorer lrsquoanalyse des reacutesultats qui en deacutecoulent Un tel effort de la part des concepteurs drsquooutils initieacute mais encore insuffisant rendrait les outils plus appropriables par les utilisateurs potentiels sans diminuer pour autant le besoin drsquoun accompagnement speacutecifique pour les utilisateurs

9e recommandation

Deacutevelopper lrsquoaccompagnement reacutegalien des acteurs pour favoriser la transition eacutecologique

Outre les efforts de peacutedagogie sur des outils par leurs concepteurs un accompagnement reacutegalien est neacuteces-saire pour deacutevelopper leur utilisation et de faccedilon plus complegravete la sensibilisation aux enjeux lieacutes agrave lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute et les pistes pour limiter cette eacuterosion Les eacuteleacutements issus de lrsquoenquecircte et des eacutechanges en ate-liers et pleacuteniegraveres soulignent plusieurs leviers dont

bull reacuteformer la fiscaliteacute notamment sur les espaces naturels non bacirctis afin de ne pas favoriser la transfor-mation des terres ni leur artificialisation

bull utiliser des outils financiers par exemple condi-tionner lrsquoobtention de subventions agrave des limitations des pressions drsquoimpacts actionner le levier pollueur-payeur les paiements pour services environnemen-taux etc et eacutevaluer leurs effets

bull faire mieux appliquer la reacuteglementation existante et preacutevenir la distorsion de concurrence

bull appuyer la labellisation ou des concours (par exemple label drsquoagriculture biologique capitales fran-ccedilaises de la biodiversiteacute territoires drsquoexcellence envi-ronnementale etc) voire deacutevelopper de nouveaux labels officiels

bull inteacutegrer des critegraveres de laquo mieux-disance environ-nementale raquo dans les marcheacutes publics

bull deacutevelopper une offre peacutedagogique pour tous les acteurs

bull etcCet accompagnement est drsquoautant plus neacutecessaire

qursquoon peut aujourdrsquohui observer le laquo paradoxe envi-ronnemental raquo du discours courant celui-ci souligne la deacutependance des entreprises agrave la biodiversiteacute les opportuniteacutes financiegraveres que celle-ci peut repreacutesenter pour les entreprises et le besoin qui en deacutecoule de la proteacuteger Toutefois le constat est que le modegravele eacuteco-nomique actuel nrsquoa pas fait la preuve de son efficaciteacute agrave geacuteneacuterer une transition eacutecologique Les indicateurs au niveau des entreprises mais aussi de lrsquoEacutetat neacuteces-sitent drsquoecirctre repenseacutes afin drsquoaccompagner les acteurs vers une vision ougrave le systegraveme eacuteconomique est aussi voire avant tout une source de risques ou drsquoopportu-niteacutes pour la biodiversiteacute

Un point de vigilance doit ecirctre souleveacute cer-tains financeurs priveacutes notamment actionnaires et banques et les agences de notation socieacutetale sont de plus en plus attentifs aux impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute La conseacutequence de cette attention ver-tueuse est drsquointeacutegrer dans leurs conditions drsquoaide ou leur grille de notation lrsquoutilisation des outils objets de cette eacutetude ou les indicateurs qui en reacutesultent Une telle pratique aurait pour effet non souhaiteacute par les acteurs de rendre laquo prescriptive raquo lrsquoutilisation de ces derniers

10e recommandation

Renforcer la recherche partenariale aussi bien fondamentale qursquoappliqueacutee

Les intervenants qui ont apporteacute leur concours agrave cette eacutetude soulignent qursquoil est difficile drsquoobtenir des eacuteva-luations fiables drsquoimpacts potentiels et encore moins preacutedictifs tant les dynamiques de biodiversiteacute ne sont pas lineacuteaires peuvent preacutesenter des effets de seuils des effets retard ou encore des eacutevolutions lentes mais irreacuteversibles Afin drsquoameacuteliorer la connaissance des dy-namiques de biodiversiteacute qui demeure encore impar-faite la recherche doit ecirctre poursuivie observation collecte de donneacutees expeacuterimentation modeacutelisation sont autant de pratiques agrave renforcer

Dans le cadre plus speacutecifique du deacuteveloppement des outils outre des travaux sur lrsquoarticulation expli-cite de la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo les communauteacutes acadeacutemiques actives sur ces sujets sont inviteacutees agrave travailler sur la prise en compte des eacutechelles et des dynamiques spatiales et temporelles des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute ainsi qursquoagrave preacuteciser les atouts et les limites des eacutetats de reacutefeacuterence lorsque ceux-ci sont utiliseacutes Les acteurs

reacutealisables en prenant en compte toutes les activiteacutes concerneacutees ndash pas seulement celles qui sont modeacuteliseacutees et pour lesquelles il existe des tables de reacutefeacuterence ndash et tous les eacuteleacutements de biodiversiteacute puis en argumen-tant la priorisation des chaicircnes laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo qui parmi les possibles seront particuliegrave-rement mobiliseacutees afin drsquoeacutevaluer les impacts

Cocircteacute deacuteveloppeurs drsquooutils cela implique de tra-vailler agrave inteacutegrer toutes les pressions notamment celles relatives aux pollutions et aux espegraveces exotiques envahissantes En ce qui concerne lrsquoACV les acteurs appellent agrave une prise en compte de lrsquoensemble du cycle de vie dans les eacutevaluations

Enfin cocircteacute recherche cela implique de poursuivre les travaux pour modeacuteliser les interactions le cumul des pressions et des effets de seuil potentiels ndash avec une approche spatialiseacutee et avec des donneacutees robustes sur le plan scientifique

Drsquoautres perspectives peuvent aussi ecirctre travail-leacutees comme lrsquoestimation des impacts sur les services eacutecosysteacutemiques explicite pour les acteurs et les deacuteci-deurs de la reacutesilience des eacutecosystegravemes etc

6e recommandation

Renforcer lrsquoeacutevaluation de la fiabiliteacute de la robustesse de la sensibiliteacute et des incertitudes associeacutees aux outils

Outre lrsquoameacutelioration des performances des outils les ateliers et les eacutevaluations des outils ont fait eacutemerger le besoin de disposer des arguments scientifiques sur la fiabiliteacute la robustesse la sensibiliteacute des outils sur le choix des donneacutees les pondeacuterations et les incerti-tudes ainsi que sur les hypothegraveses sous-jacentes au modegravele des relations laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo ndash mobiliseacute agrave lrsquoexteacuterieur ou construit speacutecifiquement dans le cadre de lrsquooutil Ces eacuteleacutements pourraient ecirctre eacutevalueacutes et documenteacutes par les concepteurs drsquooutils de faccedilon plus transparente eu eacutegard agrave la complexiteacute des processus qursquoils eacutevaluent

De plus dans le cadre drsquoune deacutemarche drsquoameacuteliora-tion continue les outils pourraient ecirctre reacuteguliegraverement eacutevalueacutes par des tiers acadeacutemiques issus de diffeacuterentes disciplines (eacutecologie eacuteconomie) et sans conflit drsquoin-teacuterecirct (sans ecirctre co-auteurs) quant aux deacuteveloppements des modegraveles sur lesquels reposent les outils Enfin une validation des impacts eacutevalueacutes par lrsquoacquisition de donneacutees sur le terrain srsquoavegravererait aussi essentielle Lrsquoensemble de cette deacutemarche pourrait servir une communication transparente et humble sur les outils leurs atouts et limites

Ces eacuteleacutements sont drsquoautant plus importants que les acteurs qui utilisent les outils ne sont pas neacutecessaire-ment dans une deacutemarche de veacuterification de la validiteacute des outils utiliseacutes

7e recommandation

Ne pas attendre pour agir travailler sur les pressions et les reacuteponses

Devant lrsquoampleur du travail restant agrave accomplir et les biais des outils drsquoeacutevaluation des impacts aujourdrsquohui disponibles acteurs et chercheurs soulignent ainsi la neacutecessiteacute drsquoaxer les outils sur les laquo pressions exerceacutees raquo et les laquo reacuteponses apporteacutees raquo plus que sur les laquo impacts sur la biodiversiteacute raquo Lrsquoeacutetat et les tendances de la bio-diversiteacute sont deacutejagrave relativement bien documenteacutes de lrsquoeacutechelle mondiale (travaux de lrsquoIpbes par exemple) agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale (travaux des observatoires reacutegio-naux par exemple) par diffeacuterents acteurs Il existe en outre pour des eacutevaluations locales de lrsquoeacutetat reacuteel de la biodiversiteacute un ensemble drsquoacteurs et drsquooutils qui peuvent reacutepondre agrave ce besoin

Pour les acteurs eacuteconomiques outre une meilleure caracteacuterisation des liens entre laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo la prise en compte des pressions neacuteces-site de bien diffeacuterencier agrave lrsquoeacutechelle des entreprises et dans les outils les laquo pressions directes raquo pour lesquels ils disposent de mesures drsquoeacutevitement ou de reacuteduction (par exemple reacuteduire lrsquoemprise au sol drsquoune activiteacute diminuer lrsquousage de produits chimiques eacuteviter la deacutefo-restation) et les laquo pressions indirectes qui sont sou-vent les leviers sur lesquels les acteurs peuvent agir pour reacuteduire plus durablement les pressions directes (par exemple engager le management de lrsquoentreprise dans des objectifs de trajectoire durable reacuteduire les allocations de fonds aux activiteacutes les plus impactantes favoriser le deacuteveloppement drsquoinnovations limiter les achats de produits eux-mecircmes agrave fort impact etc) raquo

Par ailleurs lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute pourrait ecirctre prolongeacutee par une eacutevaluation des effets des reacuteponses apporteacutees des mesures correctives adopteacutees pour limiter les impacts Les acteurs pourraient alors mettre en avant leurs bonnes pratiques et les reacutesultats favorables pour la biodiversiteacute reacuteellement obtenus

Les travaux sur les laquo pressions raquo et les laquo reacuteponses raquo doivent srsquointeacutegrer dans les strateacutegies des acteurs pri-veacutes industriels marchands et publics Ils renvoient aux volonteacutes et aux capaciteacutes de transformation des systegravemes contemporains pour reacutealiser la transition eacutecologique

8e recommandation

Deacutevelopper des guides de choix et drsquoutilisation des outils preacutecis et illustreacutes par des exemples

Une des principales conclusions de lrsquoenquecircte et de lrsquoeacuteva-luation exposeacutees dans les chapitres preacuteceacutedents pointe le besoin drsquoaccompagner les acteurs en proposant

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

qui utilisent des indicateurs de pressions drsquoeacutetat et de reacuteponses attendent quant agrave eux des tableaux de bord plus clairs pour mettre en regard des outils diagnostics (indicateurs de pressions et drsquoeacutetat) et des leviers drsquoac-tions (indicateurs de reacuteponses) quitte agrave utiliser des approximations ducircment argumenteacutees Dans tous les cas une meilleure connaissance des conditions drsquoap-plication du domaine drsquoutilisation (secteur eacutechelle pilotage etou rapportage etou sensibilisation) de la fiabiliteacute la robustesse et la reproductibiliteacute est appa-rue comme une condition neacutecessaire drsquoappropriation par les acteurs

Ces deacuteveloppements peuvent ecirctre reacutealiseacutes au sein de projets de recherche largement multi-partenariaux et deacuteboucher sur des cas drsquoeacutetude des pilotes permettant drsquoobtenir des retours drsquoexpeacuteriences utiles aussi bien sur les plans acadeacutemique et pratique Soulignons que lrsquoen-gagement drsquoacteurs de parties prenantes tregraves en amont de la deacutefinition de projets de recherche facilite lrsquoappro-priation reacuteciproque des besoins et des contraintes ainsi que la diffusion des reacutesultats

11e recommandation

Deacutevelopper la conception et les applications publiques

Lrsquoeacutetude a porteacute sur lrsquoeacutevaluation drsquooutils mais aussi agrave leur applicabiliteacute aux acteurs publics territoriaux et na-tionaux Il ressort que ce domaine drsquoapplication nrsquoest pas encore deacuteveloppeacute Une recommandation geacuteneacuterale est donc de travailler agrave promouvoir lrsquoutilisation drsquoindi-cateurs de pressions eacutetat et reacuteponses pour appuyer le pilotage et lrsquoeacutevaluation des actions des collectiviteacutes de reacutefleacutechir agrave la transposabiliteacute des outils inteacutegratifs en de-hors de la sphegravere du secteur priveacute marchand qursquoils srsquoap-puient sur le cadre PER ou sur lrsquoACV drsquoaccompagner les collectiviteacutes dans lrsquoappropriation de ces meacutethodes parfois complexes Au niveau de lrsquoEacutetat les acteurs re-commandent que la puissance publique deacuteveloppe une deacutemarche adapteacutee agrave lrsquoeacutechelle du pays utile dans le cadre des neacutegociations internationales tout en eacutetant attentive agrave sa compatibiliteacute avec les outils des acteurs eacuteconomiques

RecommandationsPublics cibles

Deacuteveloppeurs Utilisateurs Chercheurs Deacutecideurs politiques

Accepter la complexiteacute du vivant pour des actions plus pertinentes et plus preacutecises times times times times

Disposer drsquoun panel drsquooutils appreacuteciant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute times times times times

Travailler avec tous les acteurs et mieux utiliser les connaissances et les donneacutees disponibles times times times

Adapter les outils aux pratiques de lrsquoentreprise et agrave ses leviers drsquoactions times times times

Mieux caracteacuteriser les liens entre activiteacutes pressions et impacts times times

Renforcer lrsquoeacutevaluation de la fiabiliteacute la robustesse la sensibiliteacute et les incertitudes associeacutees aux outils times times

Ne pas attendre pour agir travailler sur les pressions et les reacuteponses times times

Deacutevelopper des guides de choix et drsquoutilisation des outils preacutecis et illustreacutes par des exemples times

Deacutevelopper lrsquoaccompagnement reacutegalien des acteurs pour favoriser la transition eacutecologique times

Renforcer la recherche partenariale aussi bien fondamentale qursquoappliqueacutee times times times times

Deacutevelopper la conception et les applications publiques times times times

synthegravesEs DEs rECOMMAnDAtIOns Et PUbLICs CIbLEsTABLEAU 3

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Conclusion

Lrsquoheure est agrave lrsquoaction pour sauvegarder et restaurer la biodiversiteacute Lrsquoaction se situe du cocircteacute des politiques publiques bien sucircr mais aussi des citoyens des collectiviteacutes locales et des entreprises de toutes natures Cela passe par la neacutecessaire inclusion drsquoune preacuteoccupation sur lrsquoeacutetat et le devenir de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques dans toutes les pratiques et politiques qui en deacutependent et qui lrsquoimpactent ndash notamment voire surtout les activiteacutes eacuteconomiques ndash ce que la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) a deacutesigneacute sous le terme laquo drsquointeacutegration de la biodiversiteacute raquo (mainstreaming)

Prendre en compte les aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute et de la crise systeacutemique qursquoelle traverse

Lrsquoaction crsquoest drsquoabord la reacuteduction rapide des facteurs de pression ceux que la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) a rappeleacute changement drsquousages des terres surexploitation des ressources pollutions changement climatique espegraveces envahissantes

En termes drsquoindicateurs il importe de deacutecliner ces grands facteurs en une typologie deacutetailleacutee de pressions qui fassent sens pour les acteurs par exemple caracteacuteriser les effets des pollutions lieacutees aux plastiques aux pesticides aux perturbateurs endocriniens etc Cette publication montre agrave la fois les difficulteacutes qursquoil y a agrave mesurer les impacts des activiteacutes humaines et les pistes pour progresser pour ameacuteliorer les reacuteponses des acteurs

Les outils mesurant ces impacts exposeacutes dans cette publication preacutesentent ainsi un caractegravere mobilisateur ils feacutedegraverent les acteurs dans une deacutemarche permettent de srsquointeacuteresser agrave la biodiversiteacute et drsquoeacutevaluer des progregraves Les questions adresseacutees par les membres du Comiteacute drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB et la nombreuse assistance aux Journeacutees FRB 2019 teacutemoignent de lrsquointeacuterecirct porteacute au sujet

Toutefois lrsquoutilisation de ces outils ne saurait se reacuteduire agrave eacutevaluer de faccedilon ex-ante ou ex-post les impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute elle a aussi et surtout pour finaliteacute de reacuteduire les pressions qui srsquoexercent sur elle Ce qui exige souvent drsquoappreacutehender la biodiversiteacute dans un cadre systeacutemique drsquointeractions et de reacutetroactions au sein du vivant entre acteurs et biodiversiteacute Le rapport speacutecial de lIpbes publieacute en 2019 sur la base de plus de 20 ans de travaux scientifiques donne des pistes Ce rapport aborde les aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute et de la crise qursquoelle traverse dont les indicateurs doivent rendre compte Il srsquoagit drsquoeacutevaluer lrsquoimpact des pressions

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Meacutethodes drsquoeacutevaluations complegravetes Meacutethodes drsquoeacutevaluations complegravetes

via diffeacuterents indicateurs drsquoeacutetat de la biodiversiteacute diversiteacute speacutecifique eacutetat des espegraveces menaceacutees abondance des espegraveces communes eacutetat des fonctions eacutecologiques et des services eacutecosysteacutemiques structure des eacutecosystegravemes Le cadre systeacutemique doit permettre drsquoanticiper les effets des politiques et pratiques de chacun en inteacutegrant lrsquoeffet des autres acteurs leurs interactions les effets en retour de la biodiversiteacute ndash une piste eacutetant par exemple lrsquoapproche laquo conseacutequentielle raquo des analyses de cycles de vie

Des ameacuteliorations agrave apporter dans les outils en deacuteveloppement

Afin drsquointeacutegrer ces aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute dans un cadre systeacutemique il est essentiel de poursuivre les recherches et les deacuteveloppements meacutethodologiques Il srsquoagit de reacutepondre au besoin drsquoindicateurs voire drsquooutils au sein des entreprises comme facteur drsquoincitation agrave agir et comme gage drsquoune meilleure action Il est aussi essentiel de renseigner lrsquoEacutetat les citoyens les consommateurs Le sujet est ardu et il est neacutecessaire de deacutefinir un chemin qui tienne compte

ndash des diffeacuterents types drsquoindicateurs et drsquooutils (eacutetat pressions reacuteponses enchaicircnement des activiteacutes jusqursquoaux impacts)

ndash des cadres conceptuels des eacutechelles inteacutegratives (du cycle de vie drsquoun produit ou drsquoun service agrave la biodiversiteacute ses niveaux drsquoorganisation sa dimension spatiotemporelle)

ndash des eacutetats de maturiteacute des outils (de nombreux outils sont en phase de deacuteveloppement ou en phase pilote)

ndash drsquoatouts de limites agrave reacuteduire drsquohypothegraveses agrave mieux argumenter de lien avec la reacutealiteacute du terrain agrave renforcer

ndash des besoins des acteurs (eacutevaluer lrsquoimpact drsquoun produit drsquoune entreprise drsquoun changement de pratique rendre compte)

ndash des nombreuses initiatives internationales europeacuteennes nationales autour des indicateurs et des outils

Entre diversiteacute et hieacuterarchie des indicateurs

Au-delagrave du laquo porteacute agrave connaissance raquo de cette publication une des conclusions est qursquoil serait difficile surtout reacuteducteur et non pertinent drsquoimposer aux acteurs aux entreprises aux citoyens un outil ou un indicateur unique pour rendre compte des impacts Chaque acteur entreprise en fonction de ses activiteacutes et de ses pressions devrait disposer drsquoun ou plusieurs indicateurs plus ou moins inteacutegratifs adapteacutes agrave son type drsquoactiviteacute scientifiquement valideacutes Ces indicateurs ont plusieurs usages possibles deacutevelopper une comptabiliteacute environnementale agrave usage interne rendre compte de ses actions et de ses reacutesultats en matiegravere de responsabiliteacute sociale et deacutesormais environnementale

deacutecider piloter ses activiteacutes afin de les rendre moins impactantes De mecircme les citoyens ont besoin drsquoune diversiteacute drsquoindicateurs ajusteacutes agrave la diversiteacute de leurs attentes De maniegravere compleacutementaire lrsquoEacutetat doit se doter drsquoun ou plusieurs outils ou indicateurs pour mesurer les effets de lrsquoeffort collectif national en termes de protection de la biodiversiteacute et en rendre compte au niveau international

Dans le mecircme temps il reste indispensable de srsquoaccorder sur un ensemble minimal de dimensions de la biodiversiteacute agrave prendre en compte afin drsquoavoir une vision harmoniseacutee de son eacutetat et de sa dynamique afin de veacuterifier et de confronter les efforts pour reacuteduire son eacuterosion

Le choix des indicateurs selon leur qualiteacute leur fiabiliteacute leur transparence et leur inclusiviteacute est essentiel pour eacuteviter et reacuteduire les impacts sur la biodiversiteacute des efforts collectifs concerteacutes sont neacutecessaires

Perspectives une reacuteflexion collective neacutecessaire agrave lrsquoameacutelioration des indicateurs

De par les deacutefis scientifiques que doivent affronter les outils mis en exergue dans cette publication cette reacuteflexion est aussi une invitation agrave deacutevelopper les collaborations avec le monde acadeacutemique Il est neacutecessaire de roder les outils de les exposer agrave lrsquoeacutevaluation scientifique externe afin dameacuteliorer leur pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute et de la complexiteacute des processus qui en sont agrave lrsquoorigine Lrsquoobjectif est bien de deacutevelopper des outils qui reacutepondent agrave la fois aux besoins des entreprises agrave la demande des consommateurs et des citoyens mais qui incarnent aussi le plus preacuteciseacutement possible une reacutealiteacute biologique et eacutecologique

Pour chaque acteur un indicateur est une boussole qui oscille entre dimension scientifique et dimension politique La reacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines est prolongeacutee par la phase de deacutecision ndash drsquoimplantation drsquoune activiteacute de choix drsquoune matiegravere premiegravere drsquoactions de protection ou de restauration Pour cette eacutetape il pourrait ecirctre utile dans certains cas de compleacuteter les informations fournies par un ensemble drsquoindicateurs par des sceacutenarios baseacutes sur des approches socio-eacutecosysteacutemiques

En reacutesumeacute cette publication preacutesente de nombreuses initiatives portant sur des outils de mesure de lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute leurs logiques ambitions forces et limites De nombreuses pistes drsquoameacutelioration sont suggeacutereacutees Lrsquoenjeu eacutetant que les outils et les indicateurs contribuent agrave une ambition partageacutee preacuteserver et restaurer la biodiversiteacute dont nous faisons partie

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Annexes

Annexe 1 Questions de lrsquoenquecircteAnnexe 2 Questions sur la grille drsquoeacutevaluation scientifique Annexe 3 Liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeurs indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019

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Annexes Annexes

Annexe 1 Questions de lrsquoenquecircte

bull Nom Type de structure Secteur drsquoactiviteacute Effectif de la structure Code du deacutepartement

bull Connaissez-vous des indicateurs de biodiversiteacute Si oui lesquels

bull Utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiver-siteacute Si oui lesquels

bull Pour quelles raisons utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

bull Pour quelles raisons nrsquoutilisez-vous pas drsquoindicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les limites des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute existants

bull Il faut deacutefinir un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute ndash Par type drsquoacteurndash Par secteur drsquoactiviteacutendash Sans opinionndash Etc

bull Facile agrave mettre en place (meacutethodologie simplifieacutee)ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Sensible Reacuteactif (deacutetecte rapidement un change-ment signifiant)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Robuste (la mesure ou le calcul de lrsquoindicateurindice reste fiable mecircme lorsque les conditions varient)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Preacutecis (mesure avec une faible marge drsquoerreur ou drsquoincertitude le pheacutenomegravene qursquoil est supposeacute deacutecrire)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Baseacute sur lrsquoautoeacutevaluation (lrsquoentreprise remplit un questionnaire)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Produire un reacutesultat quantitatif et mesurable (com-parable agrave la tonne de CO2 pour lrsquoimpact climatique)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Parlant (transmettre un message clair et facilement interpreacutetable)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Disponible au grand public (ecirctre en libre accegraves et diffuseacute systeacutematiquement par les entreprises)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Obligatoire (sa mise en place est rendue obligatoire par la loi)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Inteacutegreacute (prendre en compte les caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Quels eacuteleacutements vous inciteraient agrave utiliser un (ou des) indicateur drsquoimpact de vos activiteacutes sur la bio-diversiteacute

bull Quelles sont les connaissances qui vous manquent pour utiliser parfaitement un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Annexe 2 Questions de la grille drsquoeacutevaluation scientifique

Pressions prises en compte

bull Quelles sont les pressions directes prises en compte dans les modegraveles (laquo pressure raquo in DPSIR laquo direct dri-vers raquo in MEA) (en diffeacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les pressions indirectes prises en compte dans les modegraveles (laquo drivers raquo in DPSIR) (en diffeacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les pressions prises en compte dans lrsquooutil

bull Si elles sont diffeacuterentes de celles du modegravele quel est lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute de cette diffeacuterence

bull Y a-t-il des manques en termes de pressions agrave prendre en compte

Liens entre les pressions et les impacts sur la biodiversiteacute

bull Quels sont les modegraveles mobiliseacutes dans lrsquooutil afin de lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans le modegravele

bull Quels sont les avantages du ou des modegraveles (en dif-feacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les limites du ou des modegraveles (en diffeacute-renciant par modegravele)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans les modegraveles (donneacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mutualiseacutees dans une base de donneacutees donneacutees drsquoobservation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) (en diffeacuterenciant par modegravele) Quelles sont leurs avan-tages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Quelles sont les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil

bull Si elles sont diffeacuterentes de celles du modegravele quel est lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute de cette diffeacuterence

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil (don-neacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mu-tualiseacutees dans une base donneacutees donneacutees drsquoobser-vation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) Quelles sont leurs avantages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Preacutecision de lrsquooutil la relation entre pressions et impacts est-elle significative La marge drsquoerreur drsquoincertitude lieacutee agrave cette relation est-elle faible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Sensibiliteacute de lrsquooutil la relation entre pressions et impacts est-elle sensible Lrsquooutil permet-il de faire la diffeacuterence (impacts) entre des situations (pressions) qui sont diffeacuterentes Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Lrsquooutil permet-il de deacutetecter des changements preacute-coces de biodiversteacute (type laquo early warning signals raquo)

Informations geacuteneacuterales

bull Agrave quelle eacutetape le deacuteveloppement de lrsquooutil est-il en 2019

bull Quels sont les secteurs drsquoactiviteacutes actuellement concerneacutes ou potentiels

bull Quelles sont les eacutechelles drsquoeacutevaluation drsquoimpact des activiteacutes sur la biodiversiteacute

bull Quels sont les milieux actuellement concerneacutes ou potentiels

bull Business application in summarybull Quel est le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par

lrsquooutil

Liens entre les activiteacutes et les pressions

bull Quels sont les modegraveles mobiliseacutes dans lrsquooutil afin de lier activiteacutes et pressions

bull Quels sont les avantages du ou des modegraveles (en dif-feacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les limites du ou des modegraveles (en diffeacute-renciant par modegravele)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans les modegraveles (donneacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mutualiseacutees dans une base de donneacutees donneacutees drsquoobservation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc (en diffeacuterenciant par modegravele) Quelles sont leurs avan-tages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil (don-neacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mu-tualiseacutees dans une base donneacutees donneacutees drsquoobser-vation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) Quelles sont leurs avantages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Preacutecision de lrsquooutil la relation entre activiteacutes et pressions est-elle significative La marge drsquoerreur drsquoincertitude lieacutee agrave cette relation est-elle faible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Sensibiliteacute de lrsquooutil la relation entre activiteacutes et pressions est-elle sensible Lrsquooutil permet-il de faire la diffeacuterence (pressions) entre des situations (activi-teacutes) qui sont diffeacuterentes Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Fiabiliteacute de lrsquooutil la deacutetermination de la relation entre activiteacutes et pressions est-elle fiable La deacuteter-mination de cette relation est-elle reproductible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

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Annexes Annexes

bull Lrsquooutil permet-il de deacutetecter des changements inha-bituels voire des points drsquoinflexion lors de change-ments non lineacuteaires

bull Fiabiliteacute de lrsquooutil la deacutetermination de la relation entre pressions et impacts est-elle fiable La deacuteter-mination de cette relation est-elle reproductible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

Biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur

bull Agrave quels peacuterimegravetres spatials lrsquooutil srsquointeacuteresse-t-il pour eacutevaluer les pressions et les impacts sur la bio-diversiteacute Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Agrave quels peacuterimegravetres temporels lrsquooutil srsquointeacuteresse-t-il pour eacutevaluer les pressions et les impacts sur la bio-diversiteacute Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Quels sont les niveaux drsquoorganisation de la biodiver-siteacute pris en compte dans lrsquooutil Geacuteneacutetique Indivi-du Espegravece Population Communauteacute Habitat Eacuteco-systegraveme Paysage Autre Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Lors de la prise en compte drsquoespegraveces pour le calcul de lrsquoindicateur srsquoagit-il drsquoespegraveces en particulier espegraveces cibles espegraveces bioindicatrices vulneacuterables patrimoniales etc Ou drsquoagreacutegations drsquoespegraveces

bull Quelles sont les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte dans lrsquooutil Composition Structure Fonction Eacutevolution Autre Quels en sont les inteacute-recircts et les limites

bull Lrsquoindicateur est-il repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute occasionner par les activiteacutes prises en compte

bull La meacutethode associeacutee agrave lrsquooutil preacuteconise-t-elle de reacute-peacuteter le calcul Si oui agrave quelle freacutequence Si non quelle freacutequence serait pertinente

bull Pertinence de lrsquooutil lrsquooutil est-il pertinent pour rendre compte drsquoimpacts drsquoactiviteacutes sur la biodiver-siteacute

bull Quels sont les avantages de lrsquoindicateur pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les limites de lrsquoindicateur pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

bull Un ou plusieurs autres outils ou indicateurs pour-raient-ils compleacuteter celui-ci ou ecirctre plus pertinents (en diffeacuterenciant outils et indicateurs) (ex ensemble de bioindicateurs Ecological Damage Potential (EDP) Indicator Functional Diversity Index etc)

Meacutethodologie de lrsquooutil et calcul de lrsquoindicateur

bull Quelles sont les grandes eacutetapes de calcul de lrsquoindica-teur

bull Le calcul de lrsquoindicateur est-il clair rigoureux trans-parent

bull Quels sont les avantages de la construction de lrsquooutil pour le calcul de lrsquoindicateur

bull Y a-t-il des biais possibles des limites des incerti-tudes lieacutees au calcul Le cas eacutecheacuteant comment les limiter

bull Le calcul de lrsquoindicateur permet-il des changements drsquoeacutechelles spatiale etou temporelle Le cas eacutecheacuteant se base-t-il sur les mecircmes donneacutees Le cas eacutecheacuteant preacutecision sensibiliteacute et fiabiliteacute sont-elles affecteacutees

Utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

bull Quels sont les niveaux du cadre Pressure-State-Res-ponse pris en compte par les modegraveles

bull Lrsquooutil permet-il drsquoajouter un ou des niveaux suppleacute-mentaires

bull Quels sont les domaines drsquoapplication de lrsquoutilisa-tion de lrsquooutil en termes de connaissance des im-pacts (actuels ou potentiels) et de types de deacutecision (financiegraveres etou drsquoinvestissement sur un projet et ou de production sur la localisation du site)

bull En vue du coucirct de la mise en place de lrsquooutil et de sa performance par rapport agrave la biodiversiteacute quelle est la rentabiliteacute de lrsquooutil

bull Existe-t-il une valeur cible ou un objectif agrave atteindre pour cet indicateur

bull Lrsquoindicateur permet-il des comparaisons entre enti-teacutes (sites entreprises collectiviteacutes pays) agrave des zones geacuteographiques etou agrave des moments (suivi temporel) diffeacuterents

bull Lrsquooutil pourrait-il ecirctre utiliseacute dans un cadre public et le eacutecheacuteant lesquels (bacirctiment public collecti-viteacute eacutetat)

bull Lrsquooutil transmet un message clair et facilement inter-preacutetable par les non-experts

bull Lrsquooutil peut servir pour transmettre des messages (sur la performance au niveau drsquoimpact sur la biodi-versiteacute) au grand public

bull Lrsquooutil et lrsquoindicateur peuvent-ils srsquoinseacuterer dans des cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute (Ipbes CBD ODD etc)

Pistes drsquoameacuteliorations

bull Quels pourraient-ecirctre les deacuteveloppements souhai-tables de cet outil (conception statistique mobilisa-tion drsquoautres donneacutees acquises ou agrave acqueacuterir deacutecli-naison territoriale)

Annexe 3 Liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeur indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019

Indicateurs et autres informations Informations et donneacutees preacutesentes dans le rapport

Empreinte eacutecologique (Ecological footprint)

La demande de lrsquohumaniteacute deacutepasse la biocapaciteacute de la planegravete depuis plus de 40 ans et le calcul de lrsquoempreinte eacutecologique montre qursquoil faudrait 16 Terre pour reacutepondre aux demandes annuelles de lrsquohumaniteacute envers la nature

Production primaire nette restant dans les eacutecosystegravemes terrestres apregraves appropriation par lrsquohomme (Net primary production remaining in terrestrial ecosystems after human appropriation)

La production primaire nette restant dans les eacutecosystegravemes terrestres apregraves appropriation par lrsquohomme est maintenant drsquoenviron 86 de son niveau de reacutefeacuterence naturel infeacutereacute et de seulement 64 en Asie

Biomasse veacutegeacutetale (Vegetation biomass)

La biomasse veacutegeacutetale est reacuteduite par le changement drsquoaffectation des terres et lrsquointensification agrave moins de 50 du niveau attendu srsquoil nrsquoy avait pas drsquoutilisation humaine des terres ndash avec une tendance agrave la hausse depuis 1970 sous lrsquoeffet de la fertilisation du changement climatique et de la re-veacutegeacutetation apregraves un preacuteceacutedent changement drsquousage des terres

Indice de biodiversiteacute de lrsquohabitat (Biodiversity habitat index)

Lrsquoindice de biodiversiteacute de lrsquohabitat estime lrsquointeacutegriteacute actuelle de lrsquohabitat terrestre pour la biodiversiteacute indigegravene agrave 70 de son niveau drsquoorigine

Indice drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute (Biodiversity Intactness Index)

Lrsquoindice drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute nrsquoest que de 79 en moyenne dans les eacutecosystegravemes terrestres la plupart des biomes eacutetant infeacuterieurs agrave 90

Paysages forestiers intacts (Intact forest landscapes)

Les paysages forestiers intacts continuent de deacutecliner rapidement dans les pays riches et pauvres et en particulier dans les pays neacuteotropicaux en raison de lrsquoexploitation forestiegravere industrielle de lrsquoexpansion agricole des incendies et de lrsquoexploitation miniegravere (perte de 7 entre 2000 et 2013)

Couverture forestiegravere (Tree cover)

La couverture forestiegravere est estimeacutee agrave seulement 542 de la superficie agrave lrsquoaube de la civilisation humaine Le couvert forestier mondial a augmenteacute de 26 par deacutecennie entre 1982 et 2016 mais il continue agrave diminuer dans les tropiques et environ 153 milliards drsquoarbres sont encore perdus chaque anneacutee en raison de la deacuteforestation de la gestion des forecircts des perturbations et des changements drsquoaffectation des terres

Eacutetendue des forecircts (Extent of forests)

Lrsquoeacutetendue des forecircts repreacutesente 681 de leur eacutetendue preacuteindustrielle (soit 460 millions drsquohectares de moins que la limite de seacutecuriteacute proposeacutee) Lrsquoeacutetendue des forecircts a diminueacute nettement plus lentement en 2005-2015 qursquoen 1990-2005

Indice de tendance de lrsquoeacutetendue des zones humides (Wetland Extent Trend Index)

Lrsquoindice de tendance de lrsquoeacutetendue des zones humides diminue rapidement (Dixon et al 2016) et jusqursquoagrave 87 des zones humides naturelles preacutesentes en 1700 eacutetaient perdues en 2000

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Annexes Annexes

[Surfaces] de terres ni cultiveacutees ni urbaniseacutees (Land neither cultivated nor urban)

Les [surfaces] de terres ni cultiveacutees ni urbaniseacutees nrsquoont diminueacute lentement que depuis 1992 Des diminutions [de surfaces] beaucoup plus rapides sont observeacutees dans certains eacutecosystegravemes (prairies tempeacutereacutees -25 forecircts tropicales et subtropicales -13 ) Certaines reacutegions ont eacutegalement connu une eacutevolution particuliegraverement rapide de leur couverture terrestre entre 2001 et 2012 lrsquoArctique a connu une augmentation de 52 de lrsquoeacutetendue des forecircts de 19 des zones humides et une diminution de 91 des terres steacuteriles

Diversiteacute geacuteneacutetique au sein drsquoune population (Genetic diversity within-population)

La diversiteacute geacuteneacutetique au niveau des populations a diminueacute au rythme drsquoenviron 1 par deacutecennie depuis le milieu du XIXe siegravecleCertaines eacutetudes montrent que les populations insulaires ont eu tendance agrave perdre plus de diversiteacute geacuteneacutetique que les populations continentales les populations dont lrsquohabitat a eacuteteacute fragmenteacute par un changement drsquoutilisation des terres ont environ 17 de diversiteacute geacuteneacutetique en moins que les populations non perturbeacutees [] Cette tendance vaut aussi pour les espegraveces domestiqueacutees avec des races animales eacuteteintes ou menaceacutees drsquoextinction

Diversiteacute geacuteneacutetique entre les espegraveces diversiteacute phylogeacuteneacutetique (Genetic diversity among species phylogenetic diversity)

Certains exemples montrent que les communauteacutes veacutegeacutetales de sites plus perturbeacutes ont une diversiteacute geacuteneacutetique plus faible que celle de sites moins perturbeacutes les communauteacutes drsquooiseaux vivant sur des terres agricoles intensives ont 900 millions drsquoanneacutees de moins de diversiteacute geacuteneacutetique que celles des forecircts naturelles et 600 millions drsquoanneacutees de moins que celles des terres agricoles diversifieacutees []

Inteacutegriteacute et richesse fonctionnelles (Functional intactness and richness)

Lrsquointeacutegriteacute et la richesse fonctionnelles diminuent en raison de la captation de la productiviteacute primaire et du changement climatique

Nombre cumuleacute drsquoespegraveces exotiques envahissantes (Cumulative number of alien species)

Le nombre cumuleacute drsquoespegraveces exotiques augmente de 13 par deacutecennie ndash avec 37 de tous les cas signaleacutes remontant agrave 1970

Indice de la Liste Rouge (Red List Index)

Lrsquoindice de la Liste Rouge nrsquoest maintenant plus qursquoagrave 75 de la valeur qursquoil aurait sans les impacts humains avec des variations selon les groupes taxonomiques Les reacutegions preacutesentant la plus grande deacuteteacuterioration comprennent une grande partie de lrsquoAsie du Sud-Est et de lrsquoAmeacuterique centrale 40 des espegraveces drsquoinsectes sont menaceacutees agrave lrsquoeacutechelle nationale ainsi que 4149 des amphibiens 387 des mammifegraveres marins et 4055 des gymnospermes

Proportion de la biomasse halieutique (proportion of global fish biomass)

La proportion de la biomasse halieutique mondiale a eacuteteacute diviseacutee par 10 environ depuis 1880

Stocks de poissons agrave des niveaux biologiquement viables (fish stocks within biologically sustainable levels)

Les stocks de poissons agrave des niveaux biologiquement viables ont diminueacute de 6 par deacutecennie ndash pour atteindre moins de 70

Biomasse des poissons preacutedateurs (Predatory fish biomass)

La biomasse des poissons preacutedateurs a diminueacute de 14 par deacutecennie

Biomasse des poissons proies (Biomass of prey fish)

La biomasse des poissons proies a augmenteacute de 10 par deacutecennie - seul indicateur agrave montrer une augmentation - probablement parce que la pecircche a eacutelimineacute les poissons preacutedateurs

Taille des aires de reacutepartition des mammifegraveres (Mammalian range size)

La taille des aires de reacutepartition des mammifegraveres a eacuteteacute reacuteduite agrave une moyenne de 83 des aires de reacutepartition originelles infeacutereacutees

Taille des aires de reacutepartition de la meacutegafaune (Megafaunal range size)

La taille des aires de reacutepartition des espegraveces de meacutegafaune (supeacuterieures agrave 445 kg) ne repreacutesente plus que 28 de la ligne de base naturelle les aires de reacutepartition des grands mammifegraveres ayant deacuteclineacute particuliegraverement rapidement en Asie du Sud et du Sud-Est

Tendances des inverteacutebreacutes (Invertebrate trends)

Les tendances des inverteacutebreacutes nrsquoont pas encore eacuteteacute syntheacutetiseacutees au niveau mondial en raison du manque de donneacutees tropicales Une analyse de type laquo indice planegravete vivante raquo des donneacutees principalement europeacuteennes et nord-ameacutericaines fait eacutetat drsquoun deacuteclin de -11 par deacutecennie

Biomasse des espegraveces domestiqueacutees (Domesticated species biomass)

Les biomasses des espegraveces domestiqueacutees cultiveacutees et des espegraveces bien adapteacutees aux biomes anthropiques ont toutes augmenteacute en abondance Le beacutetail repreacutesente maintenant plus de 90 de la biomasse de la meacutegafaune terrestre

Seacutequetration terrestre du carbone (Terrestrial carbon sequestration)

La seacutequestration terrestre du carbone a reacutecemment augmenteacute de 25 par deacutecennie

drsquoimpact des facteurs directs sur la biodiversiteacute ( impact of direct drivers on biodiversity)

Le changement drsquoutilisation des terresmers est le plus important facteur anthropique direct de changement de lrsquoeacutetat global de la nature avec un impact relatif de 30 suivi par lrsquoexploitation directe (23 ) le changement climatique (14 ) la pollution (14 ) et les espegraveces exotiques envahissantes (11 ) Les pressions qui ne sont aligneacutees sur aucun de ces cinq principaux facteurs (par exemple les incendies les perturbations humaines les activiteacutes de loisirs et le tourisme) repreacutesentent les 9 restants []

8584

PBF Product Biodiversity Footprint PDF Potentially Disappeared Fraction of species PDFgloyr Indicateur de potentiel de disparition mondiale des espegraveces PDFregyr Indicateur de potentiel de disparition reacutegionale des espegraveces PEFC Programme de reconnaissance des certifications forestiegraveres PER laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo PIB Produit inteacuterieur brut PNUE Programme des Nations-Unies pour lrsquoenvironnement PRG Pouvoir de reacutechauffement global PSL Potential Species Loss PSLglo Perte potentielle drsquoespegraveces globale PSLreg Perte potentielle drsquoespegraveces reacutegionale PSR Pressure State Response REPA Ressource and environmental profil analysis RSE Responsabiliteacute socieacutetale des entreprises SAR Specie-Area Relationship SETAC Society of Environmental Toxicology and Chemistry SHI Indice drsquohabitat des espegraveces SNB Strateacutegie nationale pour la biodiversiteacute STAR Species Threat Abatement and Recovery Metric STOC Suivi temporel des oiseaux communs UICN IUCN Union internationale de la conservation de la nature UNEP-WCMC Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations-Unies Unesco Organisation des Nations unies pour leacuteducation la science et la culture

Liste des acronymes utiliseacutes

ABMB Aligning biodiversity measures for business ACV Analyse du cycle de vie Ademe Agence de lenvironnement et de la maicirctrise de leacutenergie AFB Agence franccedilaise pour la biodiversiteacute BACI Before After Control Impact BFFI Biodiversity Footprint for Financial Institution BIEC Biodiversity Indicator for Extractive Companies BII Biodiversity Intactness Index BIM Biodiversity Impact Metric BIP Biodiversity Indicators Partnership BIRS Biodiversity Indicator and Reporting System CCNUCC Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique CDB Convention sur la diversiteacute biologique CDC Caisse des deacutepocircts CISL Cambrigde Institute for Sustainability Leadership CITES Convention sur le commerce international des espegraveces de faune et de flore sauvages menaceacutees drsquoextinction CMP Conservation Measures Partnership COI Commission oceacuteanographique intergouvernementale COP Confeacuterence des parties Cos Conseil drsquoorientation strateacutegique DPSIR laquo Driving forces ndash Pressures ndash State ndash Impact ndash Responses raquo EBV Essential Biodiversity Variables EDP Ecological Damage Potential indicator EEA European Environment Agency EPE Entreprises pour lrsquoenvironnement EPI Environmental Performance Index EPLCA European Platform on Life Cycle Assessment ERC Eacuteviter Reacuteduire Compenser FPEIR laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo FRB Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute FSC Forest Stewardship Council GBS Global Biodiversity Score GEO BON The Group on Earth Observations Biodiversity Observation Network GES Gaz agrave effet de serre GIEC Groupe international drsquoexperts sur le climat HAeq Impact sur la biodiversiteacute IFC International Finance Corporation IMBS Integrated Biodiversity Management System Ipbes Plateforme intergouvernementale sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques ISO International Standards Organisation KBAs Key Biodiversity Areas LCA Life Cycle Assessment MSC Marine Stewardship Council MR-IOT Multi-Regional Environmentally Extended Input-Output Table MR-SUT Multi-Regional Environmentally Extended Supply-Use Table MSA Mean Species Abundance NBSAP National Biodiversity Strategies and Actions Plans ODD Objectifs de deacuteveloppement durable OECD OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques OFB Office franccedilais de la biodiversiteacute ONB Observatoire national de la biodiversiteacute ONU Organisation des Nations unies OREacuteE Organisation pour le respect de lrsquoenvironnement dans lrsquoentreprise

LIstE DEs ACrOnyMEs Et AbreacutevIAtIOns UtILIseacutes

8786

Tableau 1 CLAssEMEnt PAr OrDrE DrsquoIMPOrtAnCE DE MEsUrEs POUr InCItEr agrave LrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DE MEsUrE DrsquoIMPACt DEs ACtIvIteacutes sUr LA bIODIvErsIteacute Tableau 2 vArIAbLEs EssEntIELLEs DE bIODIvErsIteacute CLAsseacuteEs PAr nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn Tableau 3 synthegravesEs DEs rECOMMAnDAtIOns Et PUbLICs CIbLEs

Figure 1 COnnAIssAnCE Et UtILIsAtIOn DrsquoInDICAtEUrs DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacuteFigure 2 LEs rAIsOns DrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute Figure 3 LEs CArACteacuterIstIQUEs DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute DAns LrsquoIDeacuteALFigure 4 CADrE PrEssIOns ndash eacutetAt ndash reacutePOnsEsFigure 5 CADrE AnALysE DU CyCLE DE vIEFigure 6 APErccedilU DEs CAteacutegOrIEs AUx IMPACts IntErMeacuteDIAIrEs DAns LE CADrE DE LA MeacutethODOLOgIE rECIPE2016 Et LEUr trAnsCrIPtIOn En DOMMAgEs sUr LrsquoEnvIrOnnEMEntFigure 7 COMPOsItIOn strUCtUrE Et FOnCtIOn DE LA bIODIvErsIteacute PreacutesEnteacuteEs COMME DEs sPhegraverEs IntErCOnnECteacuteEs EngLObAnt PLUsIEUrs nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOnFigure 8 COMPLeacuteMEntArIteacute EntrE LE CADrE PEr Et LE CADrE ACvFigure 9 CADrE COnCEPtUEL AnALytIQUE DE Lrsquo IPbEsFigure 10 CADrE COnCEPtUEL Et InDICAtEUrs DE bAsE DrsquoAPregraves IPbEs COrE InDICAtOrs

LIstE DEs tAbLEAUx

LIstE DEs FIgUrEs

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REMERCIEMENTS

Jean-Franccedilois Silvain (FRB) Heacutelegravene Soubelet (FRB) Denis Couvet (FRB) Pauline Coulomb (FRB) Lucile Judas (FRB) Julien Massetti (OFB) Lora Rouviegravere (OFB) Stanislas Wroza (OFB) Florence Barreto (OFB) eacutequipe FRB les eacutevaluateurs Jean-Yves Barnagaud (CNRS) Thomat Binet (VertigoLab) Freacutedeacuteric Gosselin (INRAE) Jean-Baptiste Mihoub (MNHN) Dominique Pelletier (Ifremer) Karine Princeacute (MNHN) Pierre Scemama (Ifremer) les concepteurs des outils Joshua Berger (CDC Biodiversiteacute) Wijnand Broer (CREM) Antoine Cadi (CDC Biodiversiteacute) Leo Murphy (UNEP-WCMC) Guillaume Neveu (I Care amp Consult) Antoine Vallier (CDC Biodiversiteacute) les animateurs des ateliers Luc Abbadie (Sorbonne Universiteacute) Cleacutement Bultheel (MTES) Ameacutelie Colle (VertigoLab) Freacutedeacuteric Gosselin (Irstea) Gilles Lecuir (ARB Icircle-de-France) Charles Lemaicirctre (VICAT) Jean-Franccedilois Lesigne (RTE) Karine Princeacute (MNHN) Pierre Scemama (Ifremer) les intervenants agrave la pleacuteniegravere Thomas Andro (Solvay) Seacutebastien Barot (IRD) Romuald Berrebi (OFB) Sylvain Boucherand (BampL Evolution) Allain Bougrain-Dubourg (LPO) Camille Bricout (ARB ndash NA) Stellio Casas (Veolia) Thomas Cosson (PNR Golfe du Morbihan) Corinne Dragonne (ARB PACA ndash OFB) Philippe Dupont (OFB) Ceacuteline Eson (Biosphra consulting) Olivier Lemoine (ELAN) Heacutelegravene Leriche (Oreacutee) Harold Levrel (AgroParisTech) Jean-Michel Olivier (CNRS) Philippe Puydarrieux (UICN) Olivier Ragueneau (CNRS) Elise Rebut (MEAE) Sylvaine Rols (UNEP-WCMC) Natacha Sautereau (ITAB) Claire Tutenuit (EpE) Jean-Marc Valet (Cerema) Yann Verstraeten (ICF) Yann Wehrling (Ambassadeur agrave lrsquoenvironnement)

Citation Aureacutelie Delavaud Elodie Milleret Stanislas Wroza Heacutelegravene Soubelet Ana Deligny Jean-Franccedilois Silvain (2021) Indicateurs et outils de mesure ndash Eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Coll Expertise et synthegravese Paris France FRB 96 pages

Creacutedits photographiques copy Pixabay p 6 20 28 35 49 54 58 71 72 76 86 95 et couverture

Directrice de la publication Heacutelegravene Soubelet (FRB)Coordination eacuteditoriale Aureacutelie Delavaud (FRB)Reacutedactrices Aureacutelie Delavaud (FRB) Elodie Milleret (FRB) Ana Deligny (FRB) Relecture Denis Couvet (FRB) Robin Goffaux (FRB) Ceacutecile Jacques (FRB) Jean-Franccedilois Silvain (FRB) Heacutelegravene Soubelet (FRB) Stanislas Wroza (OFB) Graphisme Franccedilois Junot

copy FRB 2021ISBN 979-10-91015-43-1

Des indicateurs pourquoi pour qui Srsquoagit-il dindiquer leacutetat de la biodiversiteacute lintensiteacute des pressions qui pegravesent sur cette derniegravere ou encore la reacuteponse de celle-ci face agrave des mesures prises en faveur de sa preacuteservation Peut-on reacuteellement eacutevaluer lrsquoefficaciteacute des politiques publiques priveacutees citoyennes les comparer Face agrave ces nombreuses questions une profusion drsquoindicateurs fleurit fournie par des acteurs divers lrsquoEacutetat le secteur eacuteconomique la socieacuteteacute civile etc Un consen-sus vers un indicateur ideacuteal de biodiversiteacute est encore loin drsquoecirctre trouveacute drsquoautant que certains enjeux majeurs nrsquoont pas encore drsquoindicateurEn reacuteunissant chercheurs et acteurs la FRB en coopeacuteration avec lrsquoOFB srsquoest empa-reacutee du sujet agrave lrsquooccasion de ses Journeacutees FRB 2019 Cette Expertise et synthegravese apporte un regard ineacutedit sur ces questions majeures et srsquoaccompagne drsquoune seacuterie de recommandations

La Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute a pour mission de favoriser les activiteacutes de recherche sur la biodiversiteacute en lien avec les acteurs de la socieacuteteacute Sus-citer lrsquoinnovation deacutevelopper et soutenir des projets diffuser les connaissances et mobiliser lrsquoexpertise sont au cœur de ses actions

Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute (FRB) 195 rue Saint-Jacques 75005 Paris

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Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute (FRB)

MembresFondateursde la FRB

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Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

La notion de biodiversiteacute est relativement reacutecente dans le paysage de la recherche et de la socieacuteteacute civile puisqursquoelle a eacuteteacute populariseacutee au deacutebut des anneacutees 1980 (Franco et al 2013) Deacutefinie de faccedilon simple comme laquo tissu vivant de la planegravete raquo source de nombreux services la biodiversiteacute est avant tout le fruit de plus de trois milliards drsquoanneacutees drsquoeacutevolution En 1992 le premier accord mondial sur la conservation et lrsquoutilisation durable de la diversiteacute biologique est signeacute Il permet de reconnaicirctre que la conservation de la diversiteacute biologique est laquo une preacuteoccupation commune agrave lrsquohumaniteacute raquo et qursquoelle fait partie inteacutegrante du processus de deacuteveloppement

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Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

11 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute une question reacutecurrente

Agrave travers les usages les pratiques les modes de ges-tion de la biodiversiteacute les activiteacutes humaines exercent des pressions Sous lrsquoeffet de ces pressions directes et indirectes la biodiversiteacute srsquoeacuterode agrave une vitesse alar-mante Lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques publieacutee en 2019 par la Plateforme intergouvernementale scientifique et poli-tique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) identifie cinq grandes pressions directes res-ponsables de lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

bull changement drsquousage des sols et des terresbull exploitation des espegraveces et des habitatsbull changement climatiquebull pollutionsbull espegraveces exotiques envahissantes

La prise de conscience au niveau politique interna-tional de lrsquoimportance de la biodiversiteacute et de son eacutero-sion a conduit les institutions mondiales et reacutegionales au deacutebut des anneacutees 1970 agrave adopter des conventions relatives aux eacutecosystegravemes au vivant mais aussi aux pollutions et agrave la qualiteacute de lrsquoair (France Diplomatie 2005) puis agrave partir des anneacutees 1990 agrave deacutevelopper des meacutethodes drsquoeacutevaluation des performances environne-mentales Depuis les anneacutees 1970 acteurs publics et priveacutes srsquoengagent aussi en faveur de lrsquoenvironnement et de la biodiversiteacute (UICN 2014) souvent agrave travers le prisme du deacuteveloppement durable En parallegravele les leacutegislations europeacuteenne et franccedilaise eacutevoluent et demandent aux acteurs priveacutes marchands et aux col-lectiviteacutes drsquoune part drsquoeacutevaluer les incidences de leurs projets sur la biodiversiteacute et drsquoautre part de prendre en compte les questions environnementales (incluant pressions et protection de la biodiversiteacute) au mecircme titre que les preacuteoccupations sociales et drsquoen rendre compte aupregraves des parties prenantes et des services de

lrsquoeacutetat Plusieurs concepts eacutemergent eacutegalement dans le registre des laquo ressources raquo pour alerter sur les limites de la planegravete (caractegravere eacutepuisable des ressources si elles sont exploiteacutees non durablement) et lrsquointerdeacutepen-dance des entreprises aux milieux naturels

De faccedilon plus speacutecifique lrsquoeacutetat franccedilais srsquoest enga-geacute depuis plusieurs anneacutees agrave proteacuteger la biodiversiteacute par le biais de lois et de dispositifs fiscaux (notam-ment la loi relative agrave la protection de la nature de 1976 et la loi sur la protection et la mise en valeur des paysages de 1993) de strateacutegies nationales pour la biodiversiteacute (SNB de 2004 et 2011) des modifications du Code de lrsquoenvironnement et du Code rural et de la pecircche maritime et reacutecemment par promulgation de la loi pour la reconquecircte de la biodiversiteacute de la nature et des paysages (9 aoucirct 2016) et lrsquoadoption du Plan biodiversiteacute (4 juillet 2018)

Ainsi les entreprises et les collectiviteacutes se sont-elles empareacutees de la question sous lrsquoeffet drsquoinjonc-tions leacutegislatives ndash rapport de deacuteveloppement durable des collectiviteacutes rapport de responsabiliteacute socieacutetale pour les entreprises ndash et drsquoengagements volontaires pour des motifs varieacutes ndash respect de lrsquoenvironnement pour un deacuteveloppement eacuteconomique et social durable communication et positionnement diffeacuterenciant sur les marcheacutes etc ndash dans une logique de diminution des impacts et des pressions sur la biodiversiteacute pour lutter contre son eacuterosion Cette logique conduit au be-soin drsquoindicateurs et drsquooutils de mesure drsquoimpact sur la biodiversiteacute dans une approche similaire agrave ce qui est deacuteveloppeacute pour lutter contre le changement clima-tique avec la mesure de lrsquoempreinte carbone

Toutefois la difficulteacute agrave eacutevaluer et quantifier les im-pacts sur la biodiversiteacute potentiels ou reacuteels en fonc-tion de sceacutenarii et agrave de multiples eacutechelles (produits sites projets uniteacute drsquoactiviteacutes entreprises locales ou mondiales collectiviteacutes pays) constitue un possible frein agrave lrsquoaction fournir en ce domaine des eacuteleacutements drsquoappui drsquoaide agrave la deacutecision reste crucial

12 Deux approches les indicateurs de suivi et les outils drsquoeacutevaluation des impacts

Agrave partir des travaux deacuteveloppeacutes dans les champs scien-tifique et politique les organisations ndash non gouver-nementales priveacutees marchandes du secteur conseil publiques nationales ou internationales ndash srsquoorientent vers deux voies pour aider les responsables des poli-tiques environnementales publiques et priveacutees agrave srsquoy retrouver en termes drsquoeacutevaluation des impacts les indicateurs de suivi et les outils de mesure drsquoimpacts Si cette dichotomie est simplificatrice elle permet drsquoil-lustrer le propos La deacutefinition laquo drsquoindicateur raquo et les cadres conceptuels seront discuteacutes au point 3

121 Les indicateurs de suivi pressions eacutetat ou reacuteponses

Ils rendent compte de lrsquoeacutevolution de lrsquoeacutetat de la bio-diversiteacute pour une ou plusieurs de ses dimensions (par exemple lrsquoindicateur drsquointeacutegriteacute du peuplement drsquoOdonates qui repose sur un inventaire en un site donneacute compareacute agrave une liste drsquoespegraveces attendues lrsquoindicateur de Suivi temporel des oiseaux communs (STOC) qui permet drsquoeacutevaluer les variations spatiales et temporelles de lrsquoabondance des populations nicheuses drsquooiseaux communs) Ce type drsquoindicateurs peut ecirctre agreacutegeacute avec drsquoautres dimensions pour former des in-dices ou index de biodiversiteacute (par exemple lrsquoindice drsquohabitat des espegraveces (SHI) qui quantifie les chan-gements qui surviennent dans les habitats drsquoune es-pegravece et fournit une estimation des pertes potentielles de populations etou des augmentations du risque drsquoextinction)

Ces indicateurs srsquoinscrivent souvent dans le cadre laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) pour lequel on retrouve outre les indicateurs eacutecologiques drsquoeacutevolution de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des indicateurs socio-eacuteco-nomiques de suivi des pressions ou des reacuteponses de la socieacuteteacute La mise en correspondance de ces indicateurs combineacutes agrave la litteacuterature scientifique constitue une approche pour relier activiteacutes pressions et impacts

En France des indicateurs sont mis agrave disposition par lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) piloteacute par lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB) Au niveau international lrsquoIpbes preacutesente dans son rap-port une seacuterie drsquoindicateurs pour eacutevaluer lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute et les impacts des activiteacutes humaines

Il existe de nombreux deacuteveloppements meacutethodolo-giques pour de nouveaux indicateurs de ce type mais aussi des inventaires des jeux drsquoindicateurs existants ceci afin de proposer un ensemble commun drsquoindica-teurs (laquo set raquo de reacutefeacuterence permettant de composer un tableau de bord) adapteacutes aux besoins drsquoacteurs (entre-

prises collectiviteacutes) besoins theacutematiques (secteurs drsquoactiviteacutes ressources naturelles utiliseacutees) et juri-diques (rapportage)

122 Les outils drsquoeacutevaluation des impacts activiteacutes pressions et impacts

Ils visent agrave rendre compte des impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute pour une ou plusieurs de ses dimen-sions mais en inteacutegrant dans leur meacutethodologie de calcul la chaicircne complegravete activiteacutes ndash pressions ndash im-pacts Ils se basent sur des outils et modegraveles existants ou deacuteveloppent leur propre approche pour relier de faccedilon explicite ou non ces termes

Les deacuteveloppements meacutethodologiques de ces ou-tils inteacutegreacutes sont reacutecents et sont surtout destineacutes aux entreprises voire aux Eacutetats Ils se focalisent sur deux objectifs majeurs

bull Deacutefinir lrsquoimpact des activiteacutes sur la biodiversiteacute en termes drsquoeacutevaluation ex-post pour le rapportage lrsquoeacutevaluation des reacuteponses mises en place ndash notamment en matiegravere de politiques publiques ndash lrsquoameacutelioration des pratiques

bull Deacutefinir lrsquoimpact ex-ante pour la prise de deacutecision pour le deacuteveloppement drsquoactiviteacutes drsquoinvestissements

Ces deacutemarches aboutissent agrave la conception drsquooutils de mesure drsquoimpacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute baseacutes sur des meacutethodologies complexes pluridimensionnelles et avec des cadres drsquoapplication speacutecifiques (produit site uniteacute drsquoactiviteacute eacuteconomique etc) Ces outils aboutissant agrave terme agrave des indica-teurs quantitatifs ou qualitatifs mobilisent souvent les cadres laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) et laquo Ana-lyse du cycle de vie raquo (ACV) Crsquoest sur ces outils que porte la preacutesente eacutetude

123 Des initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices

Ces indicateurs et outils outre les aspects de rappor-tage obligatoire peuvent encourager et feacutedeacuterer les ac-teurs eacuteconomiques et politiques dans des deacutemarches transformatrices favorables agrave la biodiversiteacute

Parmi les initiatives particuliegraverement actives sur la question des indicateurs et outils citons celles qui ont eacuteteacute consulteacutees pour cette eacutetude

bull Initiative Aligning Biodiversity Measures for Busi-ness (ABMB) meneacutee par le Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations-Unies (UNEP-WCMC) Cette initiative reacuteunit les concepteurs drsquooutils drsquoeacutevaluation drsquoimpacts pour les entreprises afin de deacutevelopper une vision meacutethodologique et strateacutegique commune Lrsquoobjectif est de tendre vers des indicateurs robustes de contribution des entreprises aux objectifs mondiaux de preacuteservation de la biodiversiteacute

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Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

breacutee du secteur priveacute marchand (346) du secteur public (282) et la socieacuteteacute civile (295) par lrsquointer-meacutediaire des Associations laquo Loi 1901 raquo et Fondations

Le domaine drsquoactiviteacute des reacutepondants inclut princi-palement des activiteacutes lieacutees agrave lrsquoenvironnement agrave lrsquoeacuteco-logie et au deacuteveloppement durable (449) suivi par les activiteacutes lieacutees agrave lrsquoagriculture et agrave lrsquoagroalimentaire (167) agrave lrsquoeacutenergie (9) au BTP et agrave lrsquoarchitecture (64) Drsquoautres domaines ont eacutegalement reacutepondu mais de faccedilon plus marginale conseil automobile chimie pharmaceutique enseignement formation hocirctellerie restauration tourisme mateacuteriaux immobi-lier fonction publique et interprofessions

Pregraves de la moitieacute des reacutepondants repreacutesentent les grandes entreprises avec un effectif de salarieacutes supeacuterieur agrave 250 personnes Les structures agrave effectif moyen petit et les microentreprises constituent res-pectivement 179 141 et 218 des reacutepondants En termes geacuteographiques la grande majoriteacute des reacute-ponses a eacuteteacute fournie par des acteurs baseacutes en France meacutetropolitaine et seulement 77 des reacutepondants sont baseacutes en outre-mer La reacutegion parisienne est plus particuliegraverement repreacutesenteacutee avec un reacutepondant sur deux exerccedilant son activiteacute en Ile-de-France et plus drsquoun reacutepondant sur quatre agrave Paris intramuros

132 Les principaux reacutesultats de lrsquoenquecircte

Des outils peu connusDrsquoapregraves les reacutesultats du sondage ces instruments restent encore meacuteconnus pour 385 des reacutepondants La diffeacuterence de populariteacute entre les indicateurs de suivi (laquo de base raquo) et les outils drsquoeacutevaluation des im-pacts (laquo agreacutegeacutes raquo) est double avec une visibiliteacute plus accrue des indicateurs de suivi reconnus par 41 des reacutepondants compareacute aux outils drsquoeacutevaluation des im-pacts agreacutegeacutes qui sont mentionneacutes par 205 des reacute-pondants (Fig 1) Parmi les indicateurs de suivi recen-seacutes le nombre drsquoespegraveces (autochtones remarquables envahissantes) le suivi de leurs populations et la ri-chesse speacutecifi que sont les mesures les plus citeacutees pour orienter la strateacutegie biodiversiteacute des reacutepondants

Parmi les outils drsquoeacutevaluation des impacts agreacute-geacutes citeacutes par les reacutepondants on retrouve des outils deacuteveloppeacutes par des organismes franccedilais Global Bio-diversity Score (CDC-Biodiversiteacute) Product Biodiver-sity Footprint (I Care amp Consult) et lrsquoIndicateur drsquoIn-terdeacutependance de lrsquoEntreprise agrave la Biodiversiteacute (FRB et Oreacutee) Les outils deacuteveloppeacutes par des organisations extra-nationales ndash Biodiversity Footprint for Financial Institutions Biodiversity Impact Metric Biodiversity Footprint Calculator Bioscope ndash ont eacuteteacute citeacutes par un seul reacutepondant

bull Plateforme europeacuteenne BusinessBiodversity (BB) mise en place par la Commission europeacuteenne Lieu drsquoeacutechanges elle aide agrave mieux comprendre les in-terdeacutependances entre les activiteacutes des entreprises le ca-pital naturel et la biodiversiteacute ainsi que les risques et beacute-neacutefi ces associeacutes Elle vise agrave deacutevelopper des outils dont des outils drsquoeacutevaluation des impacts permettant drsquointeacute-grer le capital naturel dans les activiteacutes eacuteconomiques

bull Plateforme France RSE de France Strateacutegie Cette plateforme nationale laquo formule des recommandations sur les questions sociales environnementales et de gouvernance souleveacutees par la responsabiliteacute socieacutetale des entreprises raquo Elle srsquoest notamment inteacuteresseacutee aux outils drsquoeacutevaluations des impacts des entreprises sur la biodiversiteacute

bull Organisation pour le Respect de lrsquoEnvironnement dans lrsquoEntreprise (OREacuteE) Cette association qui reacuteunit entreprises collectiviteacutes et organismes acadeacutemiques au service des territoires travaille sur les liens entre eacuteconomie et biodiversiteacute (interdeacutependances rappor-tage RSE) Crsquoest aussi le point focal de lrsquoInitiative Franccedilaise pour les Entreprises et la Biodiversiteacute deacutecli-naison du programme Global Partnership for Business and Biodiversity de la CDB

bull Entreprises pour lrsquoEnvironnement (EPE) Cette association regroupe de grandes entreprises franccedilaises

et internationales issues de tous les secteurs de lrsquoeacuteco-nomie Elle a notamment travailleacute sur les meacutethodes outils indicateurs et partenariats pour mieux appreacute-hender et geacuterer les impacts directs et sur lrsquoameacuteliora-tion de la prise en compte des impacts indirects des entreprises sur la biodiversiteacute agrave travers la gestion des impacts tout au long de la chaicircne de valeur

De nombreuses initiatives engagent ainsi les ac-teurs agrave reacutefl eacutechir agrave leurs pratiques Notons que cer-taines adoptent la notion de laquo capital naturel raquo (Pearce et al 1989) comme cadre de reacutefl exion Issu de la re-cherche en eacuteconomie (Aringkerman 2003) et populariseacute au deacutebut des anneacutees 1990 (OECD 1993) ce concept vise agrave inteacutegrer lrsquoenvironnement dans lrsquoeacuteconomie agrave comptabiliser ses valeurs et deacutegradations agrave penser la durabiliteacute des activiteacutes humaines

Le capital naturel recouvre les ressources natu-relles renouvelables et non-renouvelables et les ser-vices eacutecosysteacutemiques ndash termes agrave rapprocher dans le champ de lrsquoeacutecologie scientifi que aux eacutecosystegravemes et agrave la biodiversiteacute Un des postulats est que le fonction-nement des eacutecosystegravemes et la biodiversiteacute sont neacuteces-saires agrave la production de valeur dans lrsquoeacuteconomie ce sont des eacuteleacutements strateacutegiques agrave prendre en compte et dont il faut rendre compte

13 Utilisation actuelle et potentiel de deacuteploiement des outils drsquoeacutevaluation des impacts

Interpelleacutee par les membres de son Conseil drsquoorienta-tion strateacutegique (Cos) et face aux attentes politiques drsquoun indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute la FRB srsquoest empareacutee de la question des outils drsquoeacutevaluation des impacts afi n de porter agrave connaissance des outils deacutejagrave existants les eacutevaluer et ouvrir le deacutebat sur le besoin drsquoameacuteliorations meacutethodologiques baseacutees sur la recherche et les connaissances scientifi ques le be-soin drsquoappropriation de ces outils par les acteurs Une eacutequipe projet mixte a eacuteteacute constitueacutee avec lrsquoOFB (ex-AFB) pour mener cette eacutetude

Dans un premier temps la FRB a piloteacute une en-quecircte aupregraves drsquoacteurs de la socieacuteteacute afi n drsquoavoir un aperccedilu des perceptions et de la connaissance relative des indicateurs et outils drsquoeacutevaluation drsquoimpact sur la biodiversiteacute de leurs utilisations actuelles et poten-tielles des lacunes et diffi culteacutes de mise en œuvre des attentes vis-agrave-vis de ces indicateurs et outils et des pistes drsquoameacutelioration pour populariser et raffi ner ces outils

131 Meacutethodologie et repreacutesentativiteacute de lrsquoenquecircte

Lrsquoenquecircte a eacuteteacute co-construite par lrsquoeacutequipe projet Elle srsquoest preacutesenteacutee sous la forme drsquoun questionnaire divi-seacutee en quatre parties

bull informations geacuteneacuterales pour caracteacuteriser le reacute-pondant notamment en termes de type de structure et de secteur drsquoactiviteacute

bull eacutetat des lieux de la connaissance et de lrsquoutilisa-tion des indicateurs et des outils

bull attentes vis-agrave-vis des caracteacuteristiques de ces indi-cateurs et outils

bull pistes drsquoactions qui favoriseraient lrsquoutilisation des outils

Lrsquoenquecircte a eacuteteacute diffuseacutee en ligne du 5 mai au 15 juil-let 2019 aupregraves des membres du Comiteacute drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB et relayeacutee par lrsquoAFB vers lrsquoinitiative Capitales de la biodiversiteacute les observa-toires territoriaux de la biodiversiteacute des entreprises engageacutees dans la SNB etc et a fait lrsquoobjet de deux relances La liste des questions est en annexe 1 p78

78 personnes de 78 structures diffeacuterentes ont reacutepondu avec une repreacutesentation relativement eacutequili- FIGURE 1 COnnAIssAnCE Et UtILIsAtIOn DrsquoInDICAtEUrs DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute

non 385

Connaissez-vous des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Oui 41(indicateurs de base)

Oui 205(indicateurs agreacutegeacutes)

non 59

Oui 41(indicateurs de base)

1312

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Par ailleurs la faible connaissance de ces outils drsquoeacutevaluation des impacts est perccedilue par 577 des reacute-pondants comme eacutetant leur principale limite et donc comme un frein dans leur appropriation par les entre-prises Il est agrave noter que 295 des acteurs deacuteclarent ne pas utiliser drsquoindicateurs en raison de la meacutecon-naissance de ces outils

Un inteacuterecirct eacutemergent coupleacute agrave un besoin de plus drsquoaccompagnement

Parmi les reacutepondants 41 integravegrent des indicateurs de suivi dans leurs activiteacutes (Fig 1) et la totaliteacute des indicateurs utiliseacutes est constitueacutee de ce type drsquoindica-teur qui sont tregraves varieacutes et souvent deacutefinis en interne ou adapteacutes agrave lrsquoactiviteacute de lrsquoacteur Parmi les acteurs qui ont deacuteclareacute connaicirctre les outils drsquoeacutevaluation agreacute-geacutes 625 nrsquoutilisent pas drsquoindicateurs et 375 uti-lisent des indicateurs de suivi pour orienter leur stra-teacutegie biodiversiteacute

Les principales raisons pour lesquelles les outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute ne sont pas utiliseacutes par les reacutepondants sont

bull le manque de ressources neacutecessaires (financiegraveres connaissances personnel) (318)

bull la difficulteacute de mise en place (136)bull le manque drsquoencouragement etou de reacutecom-

pense pour lrsquoutilisation de ces outils (114)bull la difficulteacute agrave identifier un lien aveacutereacute avec la

biodiversiteacute bull le manque de donneacutees bull et la difficulteacute agrave collecter les donneacuteesPour les reacutepondants qui ont impleacutementeacute des outils

drsquoeacutevaluation drsquoimpacts de leur activiteacute sur la biodi-versiteacute dans leur process les principaux avantages annonceacutes sont le pilotage drsquoune strateacutegie biodiversiteacute et la mise en place des actions en faveur de la bio-diversiteacute (727) Lrsquoimage publique et les demandes des parties prenantes (citoyens clients habitants consommateurs etc) sont eacutegalement des facteurs fa-vorables agrave lrsquoutilisation des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute (485 et 515 respectivement)

Moins drsquoun tiers des reacutepondants deacuteclarent utiliser des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute sur la base drsquoune deacutemarche proactive pour prendre conscience de lrsquoimpact de lrsquoactiviteacute sur la biodiversiteacute et pour y remeacutedier (Fig 2)

Pour inciter agrave utiliser des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute lrsquoinformation et lrsquoappui agrave lrsquoappropriation agrave travers des guides deacutedieacutes semble ecirctre la mesure la plus pleacutebisciteacutee par lrsquoensemble des reacutepondants Pour les acteurs du secteur priveacute le son-dage reacutevegravele eacutegalement une vision plus pragmatique mettant en eacutevidence lrsquoimportance de la mise en place des obligations regraveglementaires accompagneacutee par lrsquoin-troduction des outils publics incitatifs (fiscaliteacute envi-ronnementale) et la possibiliteacute drsquoobtention drsquoun label Pour les acteurs publics lrsquoexistence de guides devra ecirctre renforceacutee par des engagements pour la croissance verte au niveau national alors que pour les repreacutesen-tants de la socieacuteteacute civile crsquoest la possibiliteacute drsquoobtenir un label qui est ressentie comme favorable agrave lrsquoutilisa-tion des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodi-versiteacute (Tableau 1)

Les reacutepondants estiment que les indicateurs et outils existants sont peu adapteacutes aux particulariteacutes sectorielles Ainsi un laquo indicateur ideacuteal raquo drsquoimpact sur la biodiversiteacute serait plutocirct un indicateur conccedilu par secteur drsquoactiviteacute (436 des avis) avec la prise en consideacuteration des particulariteacutes de chaque secteur Seul un quart des reacutepondants voient cet laquo indicateur ideacuteal raquo comme eacutetant drsquoapplication universelle

Lrsquoimpact du secteur des services sur la biodiversiteacute est identifieacute par les reacutepondants comme le plus com-plexe agrave estimer et agrave suivre par lrsquointermeacutediaire drsquoun indicateur Un manque de connaissance sur la traccedila-

biliteacute des impacts des fournisseurs et leur inteacutegration agrave toutes les eacutetapes de la chaicircne de production a eacutegale-ment eacuteteacute signaleacute et repreacutesente un frein Pour deacutepasser ces deacutefis les reacutepondants mettent lrsquoaccent sur le besoin de deacutevelopper une meacutethodologie facilement compreacute-hensible reacuteplicable et adaptable aux diffeacuterentes activi-teacutes Celle-ci devra ecirctre eacutegalement suffisamment simple agrave mettre en place par le personnel de lrsquoentiteacute lrsquoautre alternative pouvant ecirctre la prise en main par des ser-vices speacutecialiseacutes ayant pour but drsquoappuyer agrave lrsquoimpleacute-mentation de lrsquooutil

Des attentes fortes agrave lrsquoeacutegard des caracteacuteristiques des indicateurs

Alors que 372 des acteurs interrogeacutes deacuteclarent que les indicateurs et outils existants ne reflegravetent pas de maniegravere preacutecise lrsquoimpact sur la biodiversiteacute le son-dage reacutevegravele une prise de conscience de leur part sur la complexiteacute de la question et le besoin de deacutevelopper un outil fiable et pertinent vis-agrave-vis de la biodiversiteacute

Dans lrsquoideacuteal cet outil drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute devra ecirctre surtout robuste et rester fiable mecircme lorsque les conditions varient ceci est deacutesigneacute comme laquo tregraves important raquo ou laquo important raquo par 923 des acteurs Lrsquoindicateur ou outil ideacuteal de-vra eacutegalement ecirctre parlant et transmettre un message clair et facilement interpreacutetable une caracteacuteristique citeacutee comme laquo tregraves importante raquo par 718 des reacutepon-dants et laquo importante raquo par 192 des reacutepondants

Pour valoriser mes actions en faveur de la biodiversiteacute ou ameacuteliorer lrsquoimage

de mon activiteacute organisation

Pour prendre conscience de lrsquoimpact de mon activiteacute sur la biodiversiteacute

pour y remeacutedier

Pour piloter ma strateacutegie biodiversiteacute ou les actions que je mets en place

en faveur de la biodiversiteacute

Pour reacutepondre agrave une demande de mes parties prenantes (citoyens

clients habitants consomateurs etc)

Pour comparer lrsquoimpact de mon activiteacute avec drsquoautres entreprises

collectiviteacutes organisations

Pour obtenir des labels

Autres

0 20 40 60 80 100

FIGURE 2 LEs rAIsOns DrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute (PLUsIEUrs reacutePOnsEs POssIbLEs PAr LE MecircME reacutePOnDAnt)

10 30 50 70 90

Cl Secteur public Secteur priveacute Socieacuteteacute civile

1 Existence de guides pour des indicateurs et des outils

Existence de guides pour des indicateurs et des outils

Existence de guides pour des indicateurs et des outils

2 Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

Obligations reacuteglementaires Possibiliteacute drsquoobtenir un label

3 Possibiliteacute drsquoobtenir un label Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

4 Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

Possibiliteacute drsquoobtenir un label Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

5 Obligations reacuteglementaires Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

Obligations reacuteglementaires

CLAssEMEnt PAr OrDrE DrsquoIMPOrtAnCE DE MEsUrEs POUr InCItEr agrave LrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DE MEsUrE DrsquoIMPACt DEs ACtIvIteacutes sUr LA bIODIvErsIteacute

TABLEAU 1

1514

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Reacuteponses socieacutetales (deacutecisions et actions)

Informations

Ces deux caracteacuteristiques sont reconnues par 100 des reacutepondants comme des conditions impeacuteratives pour un outil drsquoeacutevaluation des impacts ideacuteal sur la biodiversiteacute (Fig 3)

En compleacutement par ordre drsquoimportance pour plus des trois quarts des reacutepondants lrsquooutil ideacuteal devra eacutega-lement ecirctre

bull sensible reacuteactif pour deacutetecter rapidement un changement significatif

bull inteacutegrer la prise en compte des caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques

bull ecirctre facile agrave mettre en placebull disposer drsquoune meacutethodologie simplifieacuteebull produire un reacutesultat quantitatif et mesurableEn revanche un indicateur baseacute sur lrsquoautoeacutevalua-

tion nrsquoest pas perccedilu comme ideacuteal

14 Deux cadres conceptuels majeurs pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Agrave partir des anneacutees 1990 les organisations interna-tionales et europeacuteennes deacuteveloppent des approches et des indicateurs pour eacutevaluer les performances environ-nementales des pays et lrsquointeacutegration des preacuteoccupa-tions drsquoenvironnement dans les politiques sectorielles Celles-ci serviront de base agrave lrsquoeacutelaboration drsquoindicateurs de suivi et des outils de mesure drsquoimpacts Il existe une diversiteacute drsquoapproches et de meacutethodes drsquoeacutevaluation des impacts mais deux cadres sont particuliegraverement mobi-liseacutes par les outils eacutetudieacutes ici le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et lrsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) Leur compleacutementariteacute est discuteacutee au chapitre 3 p 60

141 Le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER)

Du cadre PER agrave lrsquointeacutegration des forces motrices et des impacts

LrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomique (OCDE) publie un rapport qui reste au-jourdrsquohui une reacutefeacuterence Un indicateur y est deacutefini comme un laquo paramegravetre ou valeur calculeacutee agrave partir de paramegravetres donnant des indications sur ou deacutecrivant lrsquoeacutetat drsquoun pheacutenomegravene de lrsquoenvironnement ou drsquoune zone geacuteographique et drsquoune porteacutee supeacuterieure aux infor-mations directement lieacutees agrave la valeur drsquoun paramegravetre raquo

Trois critegraveres ideacuteaux sont preacuteciseacutes et raffineacutes en sous-critegraveres afin de seacutelectionner les indicateurs la per-tinence politique (repreacutesentativiteacute faciliteacute drsquointerpreacuteta-tion reflet des modifications de lrsquoenvironnement et des socieacuteteacutes comparabiliteacute internationale porteacutee nationale rapport agrave une valeur limite ou de reacutefeacuterence) la justesse drsquoanalyse (fondements theacuteoriques consensus inter-national rapport agrave des modegraveles eacuteconomiques et des systegravemes de preacutevision et drsquoinformation) et la mesurabi-liteacute (rapport coucirctbeacuteneacutefice raisonnable documentation disponible qualiteacute connue mise agrave jour reacuteguliegravere)

Enfin le rapport explicite le modegravele laquo Pressions ndashEacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) ndash deacuteveloppeacute initialement au

Canada au deacutebut des anneacutees 1980 (Stanners et al 2009) ndash ougrave les laquo indicateurs de pression raquo deacutecrivent les pressions exerceacutees sur lrsquoenvironnement par les acti-viteacutes humaines les laquo indicateurs drsquoeacutetat raquo deacutecrivent la qualiteacute de lrsquoenvironnement (ce sont les indicateurs lieacutes agrave la biodiversiteacute elle-mecircme) et les aspects qualitatifs et quantitatifs des ressources naturelles et les laquo indica-teurs de reacuteponse raquo correspondent aux reacuteponses de la socieacuteteacute (Fig 4)

Dans ce rapport la biodiversiteacute nrsquoest pas centrale crsquoest un des thegravemes abordeacutes parmi drsquoautres qui re-censent drsquoune part les laquo ressources naturelles raquo (eau sol forecircts) et drsquoautres part les laquo pressions raquo (chan-gement climatique eutrophisation pollution environ-nement urbain) En croisant ces thegravemes avec des activiteacutes sectorielles (agriculture industries extrac-tives meacutenages) le rapport esquisse une premiegravere matrice de correspondance laquo activiteacutes ndash pressions ndash eacutetat ndash reacuteponses raquo

Une version eacutetendue de ce modegravele drsquointeractions entre les systegravemes socio-eacuteconomiques et eacutecologiques est deacutecrite par lrsquoagence europeacuteenne de lrsquoenvironne-ment (EEA) en 1999 (European Environment Agency 1999) agrave travers le modegravele laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo (FPEIR plus connu sous lrsquoacronyme DPSIR pour Driving forces Pressures State Impact Responses)

FIGURE 3 LEs CArACteacuterIstIQUEs DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute DAns LrsquoIDeacuteAL

Eacutetat ReacuteponsesPressionsdirectes et indirectes

Activiteacutes humaines

ndash Eacutenergies ndash Transportndash Industriendash Agriculturendash Autres(production consommation commerce)

Eacutetat de lrsquoenvironnement et des ressources naturelles

ndash Air ndash Eaundash TerreSolndash Biodiversiteacutendash Ressources naturellesndash Autres(ex Santeacute humaine)

Agents eacuteconomiques et environnementaux

ndash Administrations ndash Meacutenagesndash Entreprises

ndash Localendash Nationalendash Internationale

Informations

Reacuteponses socieacutetales (deacutecisions et actions)

Deacutechets et pollution

Utilisation des ressources

FIGURE 4 CADrE PrEssIOns ndash eacutetAt ndash reacutePOnsEs SOuRcE OcDE 1993

robuste (mesure calcul de lrsquoindicateur indice restent fiables mecircme lorsque

les conditions varient)

Parlant (transmet un message clair et facilement interpreacutetable)

sensible reacuteactif (deacutetecte rapidement un changement signifiant)

Inteacutegreacute (prend en compte les caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques)

Produit un reacutesultat quantitatif et mesurable (comparable agrave la tonne

de CO2 pour lrsquoimpact climatique)

Facile agrave mettre en place (meacutethodologie simplifieacutee)

Disponible au public (en libre accegraves diffuseacute systeacutematiquement par les entreprises)

Preacutecis (faible marge drsquoincertitude ou drsquoerreur dans la mesure du pheacutenomegravene)

Obligatoire (sa mise en place est rendue obligatoire par la loi)

baseacute sur lrsquoautoeacutevaluation (lrsquoentreprise remplit un questionnaire)

0 20 40 60 80 10010 30 50 70 90

Pas important relativement important tregraves importantPeu important Important nA

1716

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Deacutefinition et caracteacuteristiques des indicateurs

Dans son rapport de 1999 lrsquoEEA souligne la fonction principale et centrale des indicateurs qui est la com-munication mais aussi un aspect essentiel qui est que les indicateurs environnementaux doivent pointer vers des aspects laquo typiques raquo ou laquo critiques raquo des relations complexes entre les espegraveces et leur environnement

En 2002 (European Environment Agency 2002) lrsquoEEA recense les indicateurs et les indices (ou indi-cateurs agreacutegeacutes) de biodiversiteacute internationaux et nationaux en les rapportant au cadre DPSIR Lrsquoeacutetude en deacutenombre 655 reacutepartis en diffeacuterentes theacutematiques (protection de la nature eacutenergie changement clima-tiques pecirccheries) Les reacutedacteurs notent deacutejagrave que les mecircmes sources de donneacutees sont utiliseacutees agrave des fins varieacutees au travers de cette grande diversiteacute drsquoindica-teurs que beaucoup drsquoindicateurs ont deacutejagrave eacuteteacute deacuteve-loppeacutes mais que peu sont utiliseacutes de faccedilon reacuteguliegravere que la complexiteacute de la biodiversiteacute et les besoins de recherche appellent agrave poursuivre le deacuteveloppement drsquoindicateurs et bien sucircr que les indicateurs choisis doivent lrsquoecirctre pour eacutevaluer lrsquoefficaciteacute des politiques environnementales europeacuteennes mais aussi pour reacute-pondre aux preacuteoccupations mondiales qui srsquoexpriment agrave travers la CDB

Lrsquoeacutetude liste aussi en se basant sur de nombreux travaux anteacuterieurs des critegraveres de seacutelection drsquoindica-teurs de biodiversiteacute Ceux-ci doivent ecirctre faciles agrave comprendre et pertinents sur le plan politique nor-matifs pour permettre la comparaison avec une situa-tion de reacutefeacuterence ou entre eacutetats solides sur le plan scientifique et statistique reacuteactifs aux changements dans le tempsespace techniquement reacutealisables et drsquoun bon rapport coucirct-efficaciteacute utilisables pour des sceacutenarios de projections futures orienteacutes utilisateurs et ils doivent fournir des informations factuelles et quantitatives permettre lrsquoagreacutegation au niveau natio-nal et multinational tenir compte de la biodiversiteacute speacutecifique agrave chaque pays

LrsquoEEA publie en 2005 son jeu central drsquoindicateurs environnementaux (European Environment Agency 2005) et propose une deacutefinition de ce qursquoest un indi-cateur diffeacuterente de celle de lrsquoOCDE laquo un indicateur est une mesure geacuteneacuteralement quantitative qui peut ecirctre utiliseacutee pour illustrer et faire connaicirctre de faccedilon simple des pheacutenomegravenes complexes y compris des ten-dances et des progregraves dans le temps raquo Notons que les indicateurs europeacuteens sont aujourdrsquohui classeacutes en cinq cateacutegories destineacutees agrave deacutecrire lrsquoeacutetat de lrsquoenviron-nement et surtout agrave eacutevaluer les politiques mises en place entremecirclant ainsi indicateurs laquo eacutecologiques raquo et indicateurs laquo socio-eacuteconomiques raquo

Atouts et limites

Le cadre PER permet de structurer les indicateurs drsquoune faccedilon qui facilite lrsquointerpreacutetation et la prise de deacutecision Toutefois si les indicateurs P E et R sont compleacutementaires ils ne sont pas lineacuteairement deacutepen-dants si les effets des pressions sont deacutecrits dans la litteacuterature scientifique ils ne sont pas simplement ad-ditifs et leurs porteacutees temporelle et spatiale pas neacuteces-sairement immeacutediates De la mecircme faccedilon une mecircme reacuteponse appliqueacutee dans des contextes diffeacuterents peut conduire agrave des changements diffeacuterents dans lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des reacuteponses peuvent ecirctre synergiques ou antagonistes etc Plus encore les reacuteponses inter-viennent agrave des eacutechelles spatiale et temporelle diffeacute-rentes et interviennent plus sur la dynamique des sys-tegravemes eacutecologiques que sur un eacutetat et cette dynamique ne deacutepend pas exclusivement des activiteacutes humaines elles-mecircmes dynamiques

Enfin les indicateurs eacutelaboreacutes dans le cadre PER ont souvent une porteacutee spatiale ou theacutematique rela-tivement restreinte (par exemple ils ne concernent qursquoune dimension de la biodiversiteacute telle que lrsquoabon-dance drsquoespegraveces) Cela peut conduire agrave neacutegliger des effets dus agrave la structure des paysages aux interactions (entre individus populations avec lrsquoenvironnement) les effets de pressions distantes (par exemple ruissel-lement de nutriments) ou dans le cas drsquoun produit ou drsquoun service agrave omettre des impacts pourtant preacutesents tout au long de son cycle de vie

Notons que le cadre PER met bien en eacutevidence entre pressions et reacuteponses le besoin de questionner lrsquoeacutetat souhaiteacute ou souhaitable la cible deacutepend de diffeacuterents objectifs eacutecologiques agrave eacutequilibrer avec des objectifs sociaux et eacuteconomiques (Levrel et al 2009)

142 Le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie des produits et services

Des ressources eacutepuisables aux impacts environnementaux

La theacuteorie de cycle de vie du produit trouve son ori-gine dans les anneacutees 1960 dans le champ de la re-cherche en eacuteconomie (Vernon 1966) pour lrsquoanalyse des changements des flux internationaux de produits manufactureacutes aux Eacutetats-Unis et des localisations de production en fonction de la demande Puis cette theacuteorie est reprise dans les anneacutees 1970 dans lrsquoap-proche analysant la demande lieacutee agrave la consommation avec les besoins en matiegraveres premiegraveres et ressources eacutenergeacutetiques toutes deux limiteacutees Crsquoest lrsquoeacutepoque de la publication du rapport The Limits to Growth (Mea-dow 1972) et de la crise peacutetroliegravere de 1973 lrsquoattention agrave lrsquoenvironnement est porteacutee sur lrsquoutilisation des res-sources eacutepuisables et la consommation drsquoeacutenergie plus

que sur les impacts environnementaux La meacutethodolo-gie de ce qui est appeleacute laquo ressource and environmental profil analysis raquo (REPA) aux Eacutetats-Unis et laquo eacutecobilan raquo en Europe srsquoaffine ensuite particuliegraverement dans le cadre des groupes de travail heacutebergeacutes par la Society of Environmental Toxicology and Chemistry (SETAC) La meacutethode prend un nouvel essor agrave la fin des anneacutees 1980 notamment lorsque les pollutions deviennent une preacuteoccupation mondiale et lorsque lrsquoEurope place la question des deacutechets solides de la consommation de matiegraveres et drsquoeacutenergie des emballages au cœur de sa politique La question de la prise en compte des im-pacts environnementaux devient essentielle et eacutevolue elle aussi (Bjoslashrn et al 2018) afin de couvrir les im-pacts sur lrsquoenvironnement naturel la santeacute humaine et les ressources naturelles Signalons lrsquoeacutemergence une deacutecennie plus tard de la notion de laquo limites planeacute-taires raquo (Rockstroumlm et al 2009) qui agrave partir du mecircme constat propose une approche diffeacuterente

En 1993 un standard meacutethodologique geacuteneacuteral de lrsquoACV est deacuteveloppeacute dans le cadre de lrsquoInternational Standards Organisation (ISO) (14040 publication 1997 mise agrave jour 2006) des standards deacutetailleacutes pour les diffeacuterentes phases du processus seront eacutegalement deacutefinis par la suite Lrsquoanalyse du cycle de vie (ACV) ndash

dont la deacutenomination a eacuteteacute stabiliseacutee en 1990 ndash y est deacutefinie (ISO 14040 2006) comme laquo la compilation et lrsquoeacutevaluation des intrants des extrants (produits matiegraveres eacutenergies) et des impacts environnementaux potentiels drsquoun systegraveme de produits au cours de son cycle de vie entendu comme les phases conseacutecutives et lieacutees drsquoun systegraveme de produits de lrsquoacquisition des matiegraveres premiegraveres ou de la geacuteneacuteration des ressources naturelles agrave lrsquoeacutelimination finale raquo Lrsquoanalyse du cycle de vie drsquoun produit ou drsquoun service est ainsi une meacutethode structureacutee et standardiseacutee au niveau international qui vise agrave estimer les impacts drsquoun produit ou drsquoun service tout le long de sa chaicircne de valeur agrave travers le temps et lrsquoespace depuis lrsquoamont neacutecessaire agrave sa production jusqursquoagrave son eacutelimination via quatre eacutetapes deacutefinition du peacuterimegravetre (objectifs de lrsquoanalyse et systegraveme eacutetudieacute) inventaire (flux de matiegraveres et drsquoeacutenergies entrants et sortants) eacutevaluation des impacts (transformation des flux en impacts) interpreacutetation des reacutesultats

Lrsquoestimation des impacts environnementaux est effectueacutee agrave partir de lrsquoinventaire en utilisant des mo-degraveles qui deacutefinissent des facteurs de caracteacuterisation lesquels lient des eacutemissions consommations activi-teacutes agrave des pressions (classification en laquo cateacutegories raquo ou midpoints) et des pressions aux impacts environne-mentaux finaux (classification en laquo atteintes raquo ou end-

Impacts intermeacutediaires

Impacts finaux ou dommages

Interventions(entreacutees sorties)

Zone de protection

Eacutemissions dans lrsquoatmosphegravere

Eacutemissions dans le sol et lrsquoeau

Occupation des sols et transformation

Eaux useacutees

Changement climatique

Changement drsquohabitat

Acidification

Eutrophication

Eacutecotoxiciteacute

Stress hydrique

Impact sur les services eacutecosysteacutemiques

Impact surla biodiversiteacute

Environnementnaturel

FIGURE 5 CADrE AnALysE DU CyCLE DE vIE SOuRcE TEIllARD et al 2016

modegraveles de caracteacuterisation

modegraveles de caracteacuterisation

1918

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

points) ndash cela par uniteacute de pression (par exemple pour un kg de ressources utiliseacutees ou un kg drsquoeacutemission) (Fig 5 Fig 6) Afin de rendre les impacts compa-rables les reacutesultats sont exprimeacutes dans une meacutetrique drsquoeacutequivalence

LrsquoACV permet aussi drsquoappliquer des facteurs de normalisation qui relient les reacutesultats de chaque cateacute-gorie drsquoimpact agrave une situation de reacutefeacuterence (souvent pour une anneacutee donneacutee et agrave lrsquoeacutechelle mondiale par exemple la consommation drsquoeau lrsquoanneacutee x) Cela per-met drsquoestimer la contribution drsquoun produit ou drsquoun service agrave cette situation de reacutefeacuterence

Le cas particulier des impacts sur la biodiversiteacute

Face agrave la multiplication des meacutethodes et outils drsquoACV le Programme des Nations-Unies pour lrsquoEnvironnement (PNUE) et la SETAC ont lanceacute en 2002 une initiative conjointe visant agrave harmoniser lrsquoapproche et agrave eacutetablir un consensus sur les modegraveles de caracteacuterisation En 2005 la Commission europeacuteenne met en place une plateforme sur lrsquoACV (European Platform on Life Cycle

Assessment ndash EPLCA) tandis que de nombreux centres de ressources se deacuteveloppent (Steacutefy 2019)

Afin drsquoinclure la biodiversiteacute dans les ACV de nombreux efforts ont porteacute sur lrsquoimpact de lrsquoutilisa-tion des terres (cateacutegorie laquo changement drsquohabitats raquo) transformation occupation et restauration influenccedilant les habitats et la biodiversiteacute Plusieurs meacutethodologies et facteurs de caracteacuterisation ont ainsi eacuteteacute deacutevelop-peacutes Pour drsquoautres cateacutegories de pressions ndash change-ment climatique utilisation de lrsquoeau eutrophisation ou acidification ndash les deacuteveloppements des modegraveles drsquoimpacts sont moins avanceacutes Certaines cateacutegories de pressions ndash espegraveces envahissantes exploitation des ressources ndash manquent quant agrave elle encore de travaux

Notons que par la diversiteacute des approches il nrsquoexiste pas de meacutethodes consensuelles pour eacutevaluer les impacts sur la biodiversiteacute Enfin une limite geacute-neacuterale reconnue des modegraveles actuels (Teillard et al 2016) et objet de nombreux travaux acadeacutemiques est la simplification des processus naturels dynamiques

Nous citons ici deux modegraveles deacuteveloppeacutes au cha-pitre 2 et une meacutethodologie mobiliseacutes dans les outils eacutevalueacutes

bull meacutethode ReCiPe qui permet drsquoexprimer une perte potentielle drsquoespegraveces (Potentially Disappeared Fraction of species ndash PDF)

bull modegravele GLOBIO3 qui permet drsquoexprimer une abondance moyenne drsquoespegraveces (Mean Species Abun-dance ndash MSA) par rapport agrave une reacutefeacuterence

bull meacutethodologie LC-IMPACT spatialiseacutee qui per-met lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact sur les eacutecosystegravemes ex-primeacutee en une perte potentielle drsquoespegraveces (Potentially Disappeared Fraction of species ndash PDF)

En matiegravere drsquoeacutevaluation des impacts de lrsquoutilisation des terres plusieurs modegraveles se basent sur les hypo-thegraveses formuleacutees agrave partir de la theacuteorie aire-espegraveces (specie-area relationship ndash SAR) plus une surface est grande plus la diversiteacute drsquohabitats est grande et plus le nombre drsquoespegraveces est grand et plus une surface est grande plus les populations sont de tailles impor-tantes limitant le risque drsquoextinction Ces hypothegraveses permettent drsquoeacutetablir des facteurs de caracteacuterisation liant la surface de terres utiliseacutees agrave la biodiversiteacute

Lrsquoinitiative PNUE-SETAC se penche entre autres sur ces meacutethodes drsquoeacutevaluation des impacts de lrsquoutili-sation des terres sur la biodiversiteacute et permet drsquoaffiner des points speacutecifiques irreacuteversibiliteacute des impacts heacute-teacuterogeacuteneacuteiteacute spatio-temporelle de leur reacutepartition clas-sification harmoniseacutee de lrsquoutilisation des terres etc

Des travaux scientifiques sont eacutegalement en cours afin drsquoestimer non plus la somme des pressions exer-ceacutees (approche cumulative) par les activiteacutes humaines dans diffeacuterentes reacutegions du monde mais les interac-tions entre pressions (addition synergie voire anta-gonisme) et leurs contributions relatives aux change-ments observeacutes de biodiversiteacute Des travaux (Bowler et al 2020) spatialiseacutes srsquointeacuteressent ainsi aux cinq grandes pressions citeacutees preacuteceacutedemment leurs distribu-tions leurs recoupements leurs intensiteacutes et les effets de leurs combinaisons Ils permettent de visualiser les diffeacuterentes reacutegions du monde avec le prisme de onze laquo complexes de menaces anthropiques raquo srsquoexerccedilant tant sur les biomes terrestres que marins et ils deacutetaillent les relations entre les pressions en fonction des latitudes des milieux et des histoires drsquooccupation des sols par les humains Ces travaux soulignent agrave quel point il est important de prendre en compte toutes les pres-sions qui srsquoexercent agrave un niveau reacutegional voire local

Ils deacutemontrent eacutegalement que la focalisation sur une ou deux pressions peut masquer un facteur essentiel de changement de la biodiversiteacute En effet les pres-sions sont correacuteleacutees entre elles et leurs influences sur les mesures et facteurs de changement sont lieacutees Agrave cela srsquoajoute la sensibiliteacute variable des espegraveces aux pressions

Atouts et limites

Un atout du cadre de lrsquoACV est son approche holis-tique (tous les stades de vie des produits et services) et sa souplesse quant aux peacuterimegravetres spatio-temporels de lrsquoeacutevaluation des impacts (eacutetapes hors du cycle et du moment de production eacuteloigneacutees ou diffeacutereacutees dans le temps) Son utilisation est reacutepandue pour lrsquoeacutevaluation de performances environnementales (eacutemission de gaz agrave effet de serre utilisation drsquoeacutenergies fossiles) son utilisation pour lrsquoeacutevaluation des impacts sur la biodi-versiteacute pourrait assurer une coheacuterence de la deacutemarche des acteurs ndash coheacuterence qui pourrait ecirctre renforceacutee par lrsquoadoption de modegraveles et de facteurs de caracteacuterisation communs

Toutefois il est difficile drsquoavoir la mecircme preacutecision agrave tous les niveaux de lrsquoACV par exemple en combinant un large peacuterimegravetre spatial des informations deacutetailleacutees sur lrsquoutilisation des terres en diffeacuterents points et des in-formations deacutetailleacutees sur les taxons impacteacutes Drsquoautre part en fonctions des meacutethodes employeacutees les fac-teurs de caracteacuterisation sont disponibles pour lrsquoeacutechelle globale ou par pays et sont absentes pour les eacutechelles plus fines De plus les meacutethodes largement utiliseacutees pour eacutevaluer les impacts sur la biodiversiteacute srsquointeacute-ressent agrave la composition speacutecifique (richesse ou abon-dance) neacutegligeant les aspects fonctionnels structurels et eacutevolutifs Des travaux sont cependant en cours pour mieux prendre cela en compte (par exemple functio-nal diversity indicator net primary production factor) La couverture taxonomique est aussi en cours de com-pleacutetion ndash plantes vasculaires essentiellement oiseaux mammifegraveres amphibiens et arthropodes dans une moindre mesure ndash les taxons reacutepondant diffeacuteremment aux pressions Enfin les eacutetudes ACV neacutecessitent de grandes quantiteacutes de donneacutees qui ne sont pas toujours disponibles ndash malgreacute la multiplication des bases geacuteneacute-ralistes et sectorielles ndash pour que les modegraveles des fac-teurs de caracteacuterisation soient preacutecis

Modegravele drsquoimpactImpacts intermeacutediaires (midpoints) Dommage (endpoints)

Particules fines

Ozone troposheacuterique (humain)

Rayonnement ionisant

Appauvrissement de la couche drsquoozone

Toxiciteacute humaine (cancer)

Toxiciteacute humaine (autre que cancer)

Reacutechauffement climatique

Usage des eaux

Ecotoxiciteacute aquatique

Eutrophisation des eaux douces

Ozone troposheacuterique (env)

Ecotoxiciteacute terrestre

Acidification des milieux

Utilisation transformation des terres

Ecotoxiciteacute marine

Eutrophisation marine

Ressources mineacuterale

Ressources fossiles

Augmentation du nombre des maladies respiratoires

Augmentation du nombre de divers types de cancer

Augmentation du nombre drsquoautres maladies

Augmentation de la malnutrition

Dommages aux espegraveces drsquoeau douce

Dommages aux espegraveces terrestres

Dommages aux espegraveces marines

Augmentation des coucircts drsquoextraction

Coucircts des eacuternergies fossiles

Santeacute humaine

Environnement(biodiversiteacute)

Disponibiliteacute des ressources

FIGURE 6 APErccedilU DEs CAteacutegOrIEs AUx IMPACts IntErMeacuteDIAIrEs DAns LE CADrE DE LA MeacutethODOLOgIE rECIPE2016 Et LEUr trAnsCrIPtIOn En DOMMAgEs sUr LrsquoEnvIrOnnEMEnt SOuRcE HuIjbREgTS et al 2017

2120

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Existe-t-il un indicateur laquo ideacuteal raquo de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Est-il possible drsquoadopter une deacutemarche eacutequivalente agrave celle de lrsquoempreinte carbone Pousseacutes notamment par les pouvoirs publics et le Plan biodiversiteacute du 4 juillet 2018 au niveau national les entreprises collectiviteacutes et autres acteurs eacuteconomiques se sont empareacutees de cette question Mais les indicateurs de biodiversiteacute et les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines existants sont-ils pertinents et robustes vis-agrave-vis de la biodiversiteacute lrsquoensemble de ses dimensions et la complexiteacute des pheacutenomegravenes biologiques qui en sont agrave lrsquoorigine Quels cadres conceptuels mobilisent ces indicateurs sur quels modegraveles reposent-ils et agrave quel secteur drsquoactiviteacutes srsquoadressent-ils Pour reacutepondre en partie agrave ces questionnements sept outils de mesure les plus aboutis dans leur deacuteveloppement au moment des Journeacutees FRB 2019 ont eacuteteacute eacutevalueacutes par des eacutecologues et eacuteconomistes Sont preacutesenteacutes dans ce chapitre des eacuteleacutements issus des eacutevaluations scientifiques complegravetes des outils de mesure (voir Indicateurs et outils de mesure ndash Eacutevaluations scientifiques de sept indicateurs inteacutegratifs)

2

2322

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

21 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute est-il possible drsquoadopter la mecircme deacutemarche que pour le climat

211 Le modegravele du changement climatique et de lrsquoeacutequivalent carbone

Le Plan biodiversiteacute du 4 juillet 2018 (Ministegravere de la transition eacutecologique et solidaire 2018) appelle dans son objectif 25 ndash Mobiliser les entreprises laquo agrave deacutefinir un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute comparable agrave la tonne de CO2 pour lrsquoimpact climatique raquo En effet la prise en compte du changement climatique a conduit agrave une politique internationale de stabilisation voire de reacuteduction des eacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) drsquoorigine anthropique ndash mateacuterialiseacutee par la Convention cadre des Nations unies sur les changements clima-tiques (CCNUCC) issue du Sommet de Rio en 1992

Des meacutethodes ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees afin de quan-tifier des flux drsquoeacutemissions de GES anthropiques et de les caracteacuteriser agrave lrsquoaide drsquoun indicateur drsquoimpact De faccedilon simplifieacutee des facteurs drsquoeacutemission permettent de convertir des donneacutees drsquoactiviteacutes en eacutemissions de GES Les eacutemissions des diffeacuterents GES sont exprimeacutees en laquo eacutequivalent CO2 raquo (uniteacute de mesure) ndash le CO2 eacutetant le GES anthropique ayant lrsquoimpact le plus important sur le climat (Ademe 2016) ndash en fonction de leur pou-voir radiatif (pouvoir de reacutechauffement global PRG) crsquoest-agrave-dire lrsquoimpact drsquoun gaz donneacute sur le reacutechauf-fement climatique par rapport au CO2 agrave lrsquohorizon de 100 ans Le PRG est lrsquoindicateur drsquoimpact le plus cou-ramment retenu dans les rapports et traiteacutes interna-tionaux Les valeurs de PRG pour diffeacuterents GES sont actualiseacutees et publieacutees dans les rapports du GIEC

Agrave partir de lagrave il est possible de proceacuteder agrave une quantification des impacts environnementaux en se focalisant sur les eacutemissions de gaz agrave effets de serre Plusieurs approches sont compleacutementaires

bull Reacutealiser un laquo inventaire raquo Au niveau national il permet de calculer des quantiteacutes de GES eacutemises agrave lrsquointeacuterieur du pays et ainsi de rapporter annuellement dans le cadre des obligations de la CCNUCC

bull Calculer une laquo empreinte carbone raquo agrave partir drsquoune meacutethode standardiseacutee drsquoanalyse input-output Cette em-preinte couvre le CO2 le meacutethane (CH4) et le protoxyde drsquoazote (N2O) trois gaz qui repreacutesentent 96 des eacutemis-sions des sept GES pris en compte pour le protocole de Kyoto Au niveau national elle permet un calcul des GES induits par la demande inteacuterieure du pays (eacutemis-sions des meacutenages de la production inteacuterieure de biens et de services hors exportations associeacutees aux biens et services importeacutes) Lrsquoempreinte carbone fait partie des dix indicateurs de deacuteveloppement durable nouveaux indicateurs de richesse qui complegravetent le PIB

bull Effectuer un laquo bilan GES reacuteglementaire raquo (Loi no 2015-992 du 17 aoucirct 2015) Il permet de diagnosti-quer pour des acteurs publics et priveacutes les eacutemissions de gaz agrave effet de serre en vue drsquoengager leur reacuteduc-tion Ainsi les entreprises de plus de 500 salarieacutes les collectiviteacutes de plus de 50 000 habitants les eacutetablisse-ments publics de plus de 250 agents et les services de lrsquoEacutetat doivent rendre compte de leurs eacutemissions avec une peacuteriodiciteacute de trois ou quatre ans

bull Reacutealiser un laquo Bilan Carbonereg raquo agrave partir drsquoune meacute-thodologie deacuteposeacutee (voir Ademe et Association Bilan Carbone) et adosseacutee agrave une seacuterie drsquooutils et de don-neacutees tels le bilan GES reacuteglementaire lrsquoISO 14069 deacutedieacute ou le Greenhouse Gas Protocol Il permet drsquoeacutevaluer la quantiteacute de gaz agrave effet de serre eacutemise (ou capteacutee) dans lrsquoatmosphegravere sur une anneacutee par les activiteacutes drsquoune organisation ou drsquoun territoire (Ademe Bilans GES)

Les diffeacuterentes meacutethodes de calcul mises en œuvre preacutesentent comme pour tout calcul drsquoindicateur des biais meacutethodologiques opeacuterationnels de calculs mais aussi des biais conceptuels Parmi ces derniers citons le lissage agrave 100 ans du PRG du meacutethane (CH4) plus intense que celui du CO2 mais de moindre dureacutee de vie dans lrsquoatmosphegravere citons aussi lrsquohypothegravese forte de neacute-gliger des interactions et reacutetroactions avec la biodiversiteacute et des pheacutenomegravenes naturels (vapeur drsquoeau captage ou relargage par les tourbiegraveres ou les forecircts en fonction du temps absorption oceacuteanique eacuteruptions volcaniques)

Cette approche par laquo lrsquoeacutequivalent carbone raquo preacute-sente lrsquointeacuterecirct de laquo reacuteduire raquo des donneacutees tregraves varieacutees en une grandeur unique exprimeacutee en une uniteacute facile-ment compreacutehensible

Agrave partir de lagrave il en deacutecoule plusieurs utilisations depuis lrsquoeacutechelle drsquoune organisation ndash dont les entre-prises ou les collectiviteacutes ndash jusqursquoau pays voire au monde reacutepondre agrave la reacuteglementation lorsque neacuteces-saire identifier des postes drsquoeacutemission et envisager les actions pour les reacuteduire eacutevaluer la contribution na-tionale au reacutechauffement climatique global apporter des compleacutements drsquoinformation agrave lrsquoanalyse des flux de biens et de services (par exemple analyse de variation de la composition de lrsquoempreinte en GES pays impor-tateur ou exportateur de GES) piloter une politique environnementale (par exemple loi de transition eacutener-geacutetique pour la croissance verte fiscaliteacute carbone stra-teacutegie nationale de transition eacutenergeacutetique pour un deacuteve-loppement durable strateacutegie nationale bas carbone) se deacutemarquer communiquer sensibiliser ou encore peser dans les neacutegociations internationales

La similitude des besoins des acteurs face au changement climatique et agrave lrsquoeacuterosion de la biodiver-siteacute ndash rendre compte agrave lrsquoEacutetat piloter une strateacutegie de reacuteduction communiquer ndash amegravene agrave questionner la possibiliteacute de transposer le modegravele de lrsquoeacutequivalent car-bone agrave la biodiversiteacute

212 Le cas de la biodiversiteacute emboicirctements et facettes

Pour appliquer la mecircme deacutemarche dans le champ de la biodiversiteacute il faut pouvoir deacutefinir pour un laquo objet de biodiversiteacute raquo particulier une laquo composante raquo de la biodi-versiteacute (par exemple un groupe taxonomique drsquoarbres) une grandeur physique agrave mesurer une proprieacuteteacute mesu-rable ou laquo meacutetrique raquo (par exemple le nombre drsquoespegraveces de ce groupe) et un indicateur (par exemple la richesse taxonomique) (Pelletier et al 2011)

Cela suppose de revenir agrave une deacutefinition de la bio-diversiteacute Celle-ci peut ecirctre deacutefinie dans une vision inteacutegrative comme la diversiteacute biologique dans ses diffeacuterents niveaux drsquoorganisation (gegravene individu es-pegravece population communauteacute habitat eacutecosystegraveme paysage) ses diffeacuterentes dimensions (composition structure fonction etc) (Noss 1990) les interactions entre individus espegraveces etc et avec lrsquoenvironnement et la dimension eacutevolutive (au sens darwinien) ndash que lrsquoon peut repreacutesenter de faccedilon emboicircteacutee (Fig 6)

La diversiteacute du vivant pose un premier deacutefi que no-tait deacutejagrave Buffon en 1749 (de Buffon 1749) la difficile

identification et systeacutematisation de ses composantes Outre la multipliciteacute des concepts drsquoespegravece la taxono-mie est reacuteguliegraverement reacuteviseacutee avec la prise en compte de nouvelles donneacutees ou systegravemes de classification

Il srsquoagit ensuite de deacutefinir quoi mesurer et com-ment mesurer la diversiteacute Difficile de mesurer toutes les proprieacuteteacutes du vivant ndash des gegravenes aux eacutecosystegravemes Cela amegravene agrave faire des choix en termes de compo-sants et de meacutetriques en argumentant leur repreacutesenta-tiviteacute ndash neacutecessairement partielle (Casetta et al 2019) Ainsi srsquointeacuteresser au nombre drsquoespegraveces est une faccedilon drsquoestimer la biodiversiteacute (lrsquoeacutevaluation se confond alors avec lrsquoinventaire) mais les espegraveces ne sont pas toutes connues elles nrsquoont pas toutes le mecircme rocircle dans un eacutecosystegraveme et cela ne rend pas compte des interac-tions des organismes entre eux et avec leur environne-ment (agrave lrsquoeacutechelle des gegravenes des communauteacutes et des eacutecosystegravemes) du fonctionnement des organismes agrave la base des processus eacutecologiques (prise en compte des traits fonctionnels) du caractegravere dynamique de ces interactions des meacutecanismes drsquoadaptation (pheacutenoty-piques geacuteneacutetiques comportementaux composition des communauteacutes) ni de lrsquoeacutevolution au sens darwi-

Types

de paysagePatte

rns

des paysa

ges

Processus paysagers et perturbations

Utilisation des terres

Communauteacute

EcosystegravemesPhysionomie

Structu

re de lrsquohabita

t

Processus eacutecosysteacutemiqueInteractions

interspeacutecifiques

Espegraveces

PopulationsStru

cture

de la populatio

n

Cycles biologiquesProcessus

deacutemographiques

GegravenesStructu

re

geacuteneacutetique

Processus geacuteneacutetique

Structu

relleCompositionnelle

Fonctionnelle

FIGURE 7 COMPOsItIOn strUCtUrE Et FOnCtIOn DE LA bIODIvErsIteacute PreacutesEnteacuteEs COMME DEs sPhegraverEs IntErCOnnEC-teacuteEs EngLObAnt PLUsIEUrs nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn SOuRcE NOSS 1990 TRAD VIMAl 2010

2524

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

nien passeacutee et potentielle parfois laquo rapide raquo (quelques geacuteneacuterations) des organismes ndash tout cela constituant pourtant ensemble les bases de la biodiversiteacute

Le peacuterimegravetre spatial et temporel de la collecte de donneacutees pose aussi questions comment deacuteduire une geacuteneacuteraliteacute agrave partir drsquoun eacutechantillon comment tenir compte des connexions entre des espaces comment tenir compte des latences et de la stochasticiteacute des pheacutenomegravenes biologiques comment rendre compte de lrsquoemboicirctement des eacutechelles de lrsquoeffet du niveau drsquoor-ganisation supeacuterieur (par exemple effet de la structure du paysage) etc

La notion drsquoeacutequivalence qui se rencontre aussi dans lrsquoapproche climatique peut ecirctre questionneacutee comment ramener des mesures effectueacutees dans des eacutecosystegravemes agrave des eacutequivalents drsquoautres eacutecosystegravemes agrave combien drsquohectares de forecircts dites primaires corres-pond un hectare de prairies agrave combien drsquoeacutequivalents oiseaux correspond une colonie drsquoabeilles sauvages

Enfin collecter les donneacutees sur des organismes vivants reste une difficulteacute Ceux-ci sont plus ou moins mobiles accessibles (cas des fonds marins par exemple) Ces donneacutees sont neacutecessaires aux dif-feacuterents niveaux drsquoorganisation deacutecrits preacuteceacutedemment et doivent ecirctre acquises dans des conditions qui per-mettent de les mutualiser (protocoles et meacutethodes)

Il existe bien sucircr plusieurs cadres conceptuels et meacutethodologiques pour reacutepondre agrave ces deacutefis divers modegraveles matheacutematiques et mesures statistiques de la diversiteacute (indice de Shannon de Hill de Gini etc) plusieurs propositions pour eacutetablir le choix de com-posantes (espegraveces rares espegraveces bioindicatrices) et autant de propositions de meacutetriques Pour ce qui concerne le choix de composantes et de meacutetriques citons la proposition facilement accessible et appro-priable par les acteurs de deacutefinir des laquo variables es-sentielles de biodiversiteacute raquo (Pereira et al 2013) qui sera abordeacutee au chapitre 3

Des auteurs acadeacutemiques soutiennent que de la mecircme maniegravere que la communauteacute scientifique tra-vaillant sur le changement climatique utilise un in-dicateur (changement de la tempeacuterature mondiale moyenne) et un objectif (augmentation maximale de 2degC par rapport aux niveaux preacuteindustriels) comme viseacutee pour lrsquoaction politique il est neacutecessaire de four-nir un laquo objectif biodiversiteacute raquo avec un indicateur fa-cile agrave mesurer agrave court terme et facile agrave communiquer (Rounsevell et al 2020) Ils proposent une mesure ba-seacutee sur le taux drsquoextinction des espegraveces (taux drsquoextinc-tion ou nombre drsquoespegraveces eacuteteintes par an) ndash meacutetrique largement utiliseacutee depuis des anneacutees ndash avec lrsquoobjectif de maintenir les extinctions drsquoespegraveces en dessous de 20 par an au cours des 100 prochaines anneacutees cela dans les grands groupes taxonomiques (champignons plantes inverteacutebreacutes et verteacutebreacutes) et pour tous les types drsquoeacutecosystegravemes (marins drsquoeau douce et terrestres)

Deux arguments fondent la proposition drsquoune part lrsquoextinction drsquoune espegravece repreacutesente la perte irreacutever-sible drsquoune diversiteacute geacuteneacutetique unique et une reacuteduc-tion mesurable de la diversiteacute de la vie sur Terre drsquoautre part crsquoest un pheacutenomegravene largement compris par le public facile agrave meacutediatiser et agrave priori feacutedeacuterateur pour limiter lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

Lrsquoambition afficheacutee est drsquoutiliser un indicateur de porteacutee moins scientifique que politique pour catalyser les efforts des deacutecideurs et des publics en faveur de la biodiversiteacute et de sa preacuteservation pour mettre aux agendas mondiaux et nationaux un laquo objectif biodi-versiteacute raquo

La deacutemarche ne vise ainsi pas explicitement agrave re-preacutesenter toutes les dimensions de la biodiversiteacute et les auteurs reconnaissent qursquoune telle mesure unique dissimulera ineacutevitablement les dispariteacutes spatiales les complexiteacutes des systegravemes eacutecologiques et neacutecessitera au-delagrave de son aspect laquo figure de proue raquo drsquoecirctre accom-pagneacutee par un panel drsquoautres indicateurs renseignant plus complegravetement sur lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute et les pressions Ils signalent que le fait drsquoatteindre un tel objectif de reacuteduction du taux drsquoextinction des espegraveces nrsquoempecircchera pas de constater des changements dom-mageables de biodiversiteacute (perte de population et de diversiteacute geacuteneacutetique alteacuteration du fonctionnement des eacutecosystegravemes et reacuteduction des services eacutecosysteacutemiques associeacutes) Ces preacutecautions quant agrave lrsquousage de cet indicateur sont compleacuteteacutees par drsquoautres chercheurs qui pointent les difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoeacutechelle temporelle drsquoune telle mesure (lrsquoextinction drsquoune espegravece peut ecirctre plus ou moins rapide) agrave la connaissance imparfaite du vivant (les espegraveces ne sont pas toutes connues cer-tains taxons sont plus suivis que drsquoautres) qui rend lrsquoobjectif difficile agrave harmoniser entre les groupes taxo-nomiques Ils rappellent eacutegalement que lrsquoextinction fait partie des dynamiques naturelles de la biodiversi-teacute Enfin ils ajoutent qursquoil ne srsquoagit pas drsquoune mesure eacutequitable entre reacutegions du monde en termes drsquoefforts agrave fournir et de reacutesultats agrave atteindre les espegraveces vul-neacuterables ont deacutejagrave disparu de nombreux pays ancien-nement industrialiseacutes tandis qursquoelles restent encore agrave recenser ndash et agrave proteacuteger ndash dans des pays en voie drsquoindustrialisation

La mesure de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute reste ainsi dif-ficile eacutetant donneacutee la complexiteacute des systegravemes eacutecolo-giques et la connaissance scientifique incomplegravete de ceux-ci il nrsquoexiste pas de laquo valeur absolue raquo ou laquo drsquoeacutequi-valent biodiversiteacute raquo Il nrsquoest peut-ecirctre finalement pas souhaitable de reacuteduire lrsquoimpact sur la biodiversiteacute agrave un indicateur unique tel qursquoil existe pour le climat Les indicateurs et les cadres drsquoeacutevaluation de la biodiversiteacute ndash ou des impacts sur la biodiversiteacute ndash preacutesentent des avantages mais aussi des limites La connaissance de ces limites est aussi didactique que la valeur de lrsquoindi-cateur et est essentielle pour bien lrsquointerpreacuteter

22 Le deacuteveloppement drsquoune meacutethodologie drsquoeacutevaluation comme tentative de reacuteponse

Depuis 2012 la FRB mobilise son expertise et des experts acadeacutemiques pour eacutevaluer de faccedilon indeacutepen-dante la construction les donneacutees utiliseacutees la robus-tesse la fiabiliteacute et la sensibiliteacute la pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute des indicateurs de lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) piloteacute par lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB ex-AFB) La FRB a ainsi deacuteveloppeacute une meacutethode originale drsquoeacutevaluation scientifique de ces indicateurs de suivi tels qursquoexplici-teacutes dans le chapitre 1

Dans le cadre de cette eacutetude la FRB a donc remo-biliseacute son expertise pour adapter la grille drsquoeacutevalua-tion des indicateurs de lrsquoONB aux outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes anthropiques sur la biodiversiteacute

et agrave leur complexiteacute afin de conduire une eacutevaluation scientifique externe Cette meacutethode drsquoeacutevaluation a eacuteteacute envisageacutee comme une tentative de reacuteponse aux ques-tionnements des diffeacuterents acteurs (entreprises collec-tiviteacutes territoriales institutions financiegraveres politiques etc) sur la creacuteation la pertinence et lrsquoutilisation drsquoun indicateur unique et ideacuteal drsquoimpact sur la biodiversi-teacute ndash avec lrsquoambition de faire dialoguer les utilisateurs drsquoindicateurs (qursquoils soient laquo simples raquo ou agreacutegeacutes) ou drsquooutils dans une approche science-socieacuteteacute

In fine lrsquoeacutevaluation scientifique externe indeacute-pendante a porteacute sur sept outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Elle expose les donneacutees et modegraveles mobiliseacutes les avantages les limites la pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute et le potentiel en matiegravere drsquoaide agrave la deacutecision de ces sept outils de mesure

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Product Biodiversity Footprint (PBF)

Conception I Care amp Consult SayariObjectif permettre la comparaison des impacts sur la biodiversiteacute entre des variantes drsquoun pro-duit donneacute

La meacutethodologie du PBF se base sur le modegravele Analyse du cycle de vie (ACV) en mobilisant la meacutethode spatialiseacutee du Life Cycle Impact Assessment (LC-IMPACT) La meacutethodologie employeacutee combine lrsquoACV et les connaissances actuelles en matiegravere drsquoimpacts drsquoactiviteacutes sur la biodiversiteacute pour raffiner les impacts dus agrave lrsquouti-lisation des terres Une correction des facteurs ACV classique est alors reacutealiseacutee sur deux axes prise en compte des pratiques laquo non visibles raquo dans le cadre de lrsquoACV et prise en compte drsquoune granulariteacute geacuteographique plus fine sur la sen-sibiliteacute et la richesse des milieux impacteacutes Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF)

Global Biodiversity Score TM (GBS)

Conception Caisse des deacutepocircts filiale Biodiver-siteacute (CDC-Biodiversiteacute)Objectif eacutevaluer lrsquoempreinte biodiversiteacute des entreprises et des investissements

La meacutethodologie du GBS se base sur le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) en mobili-sant Exiobase pour les liens entre activiteacutes et pressions et GLOBIO pour les liens entre pres-sions et impacts Lrsquooutil utilise eacutegalement une approche hybride en inteacutegrant lorsqursquoelles sont disponibles des donneacutees reacuteelles agrave chaque eacutetape de lrsquoeacutevaluation Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune abondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA)

Biodiversity Impact Metric (BIM)

Conception Cambridge Institute for Sustain-ability Leadership (CISL)Objectif fournir une eacutevaluation des impacts des produits sur la biodiversiteacute

La meacutethodologie du BIM se base sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) croiseacute avec le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pres-sure State Response PSR)

Centreacutee sur la mesure de lrsquoimpact de lrsquoutili-sation des terres pour la production de matiegraveres premiegraveres elle permet de deacuteterminer cet im-pact en pondeacuterant la superficie neacutecessaire aux activiteacutes par lrsquoincidence sur la proportion de biodiversiteacute perdue (quantiteacute) et lrsquoimportance relative de la biodiversiteacute perdue (qualiteacute) Au moment de lrsquoeacutevaluation plusieurs meacutethodolo-gies sont documenteacutees lrsquoune repose sur lrsquouti-lisation du modegravele de calcul de lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abun-dance MSA) lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (biodiversity intactness index BII)

Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI)

Conception ASN Bank CREM consultant PReacute SustainabilityObjectif calculer lrsquoimpact des investissements financiers sur la biodiversiteacute

La meacutethodologie du BFFI se base sur le modegravele Analyse du cycle de vie (ACV) lrsquooutil est ainsi conccedilu pour fournir une vision holistique de lrsquoimpact des activiteacutes des entreprises dans les-quelles les institutions financiegraveres investissent en analysant les externaliteacutes Celles-ci sont quantifieacutees en mobilisant les donneacutees drsquoExio-base Lrsquooutil srsquoappuie ensuite sur la meacutethode ReCiPe pour convertir les donneacutees de cycle de vie en impacts avant in fine drsquointerpreacuteter lrsquoim-pact des investissements sur la biodiversiteacute Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF)

Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric

Conception Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)Objectif eacutevaluer lrsquoimpact drsquoinvestissements financiers sur la biodiversiteacute notamment ceux en faveur de la protection de la biodiversiteacute

La meacutethodologie du STAR se base sur le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) Pour le calcul ex-ante elle permet de combiner pour des sites drsquointeacuterecirct et certains taxa la proportion de popu-lation drsquoune espegravece sur ces sites pondeacutereacutee par sa cateacutegorie de la Liste rouge des espegraveces deacuteve-loppeacutee par lrsquoUICN et pondeacutereacutee par la contri-bution relative de chaque pression (porteacutee et seacuteveacuteriteacute) au risque drsquoextinction Lrsquoensemble est sommeacute pour fournir lrsquoindicateur Au moment de lrsquoeacutevaluation un module meacutethodologique pour le calcul ex-post eacutetait en deacuteveloppement

Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

Conception Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)Objectif eacutevaluer les changements de biodiver-siteacute sur les sites drsquoexploitation drsquoune entreprise et drsquoeacutevaluer les risques pour la biodiversiteacute de futurs projets

La meacutethodologie du BIRS srsquoinscrit dans le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) et repose sur plusieurs eacutetapes identification et deacutelimita-tion des diffeacuterents habitats qui composent un site estimation de la superficie totale pour chaque type drsquohabitat deacutetermination drsquoun fac-teur de contexte de lrsquohabitat eacutevaluation de lrsquoeacutetat de chaque habitat et attribution drsquoune classe de condition puis combinaison des in-formations pour deacutefinir une classe drsquoeacutetat de la biodiversiteacute du site pour chaque site opeacuteration-nel eacutevalueacute ndash avec une possibiliteacute drsquoagreacuteger au niveau de lrsquoentreprise

Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC)

Conception UN Environment Programme World Conservation Monitoring Centre (UNEP-WCMC) Conservation International Fauna amp Flora InternationalObjectif eacutevaluer le risque pour la biodiversiteacute au regard des impacts potentiels drsquoactiviteacutes sur un site drsquoexploitation et les reacuteponses mises en œuvre

La meacutethodologie du BIEC srsquoinscrit dans le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) et repose sur trois eacutetapes une analyse spatialiseacutee de la sen-sibiliteacute en termes de biodiversiteacute de sites drsquoex-ploitation en combinant des donneacutes locales et globales la deacutetermination de scores drsquoeacutetat et de pression en concertation avec des acteurs lo-caux lrsquoagreacutegation des scores en tableau de bord au niveau des sites mais eacutegalement au niveau drsquouniteacute de production voire de lrsquoentreprise

222 Une description succincte des sept outils eacutevalueacutes

221 Le choix des outils agrave eacutevaluer

Lrsquoeacutequipe projet a drsquoabord effectueacute un travail de recense-ment des outils existants puis seacutelectionneacute sept outils de mesure de lrsquoimpact sur la biodiversiteacute en tenant compte

bull du niveau de deacuteveloppement outils utilisables en routine ou en phase de deacuteveloppement suffisamment avanceacutee pour ecirctre eacutevalueacutes

bull de lrsquointeacuterecirct aux secteurs citeacutes dans les actions 31 et 32 du Plan biodiversiteacute du 18 juillet 2018 bacirctiments et mateacuteriaux agro-alimentaire eacutenergie chimie et finance

bull du caractegravere potentiellement laquo geacuteneacuteralisable raquo agrave plusieurs secteurs drsquoactiviteacute et du potentiel eacuteventuel drsquoadaptation agrave des collectiviteacutes territoriales

bull de la couverture de diffeacuterentes eacutechelles drsquoorgani-sation eacuteconomique produit site uniteacute drsquoactiviteacute eacuteco-nomique entreprise collectiviteacute et pays

Un premier constat a eacuteteacute reacutealiseacute au moment de lrsquoeacutevaluation les outils eacutetaient essentiellement destineacutes au secteur priveacute marchand et peu ou pas aux collecti-viteacutes Drsquoautre part il nrsquoy avait pas au moment de ce recensement drsquooutils deacutedieacutes speacutecifiquement aux sec-teurs agro-alimentaire chimie et eacutenergie suffisamment aboutis ou testeacutes pour ecirctre eacutevalueacutes

2928

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

223 Le cadre de reacutefeacuterence et les items de lrsquoeacutevaluation

Les organisations agrave lrsquoorigine des outils de mesure drsquoimpacts sur la biodiversiteacute eacutevalueacutes dans cette eacutetude adoptent sensiblement les mecircmes grandes approches conceptuelles pour deacutevelopper leurs actions

Drsquoabord elles se basent sur une deacutefinition com-mune de la diversiteacute biologique en se reposant sur lrsquoarticle 2 de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) (Nations unies 1992) La diversiteacute biologique y est deacutefinie comme la laquo variabiliteacute des organismes vivants de toute origine y compris entre autres les eacutecosystegravemes terrestres marins et autres eacutecosystegravemes aquatiques et les complexes eacutecologiques dont ils font partie cela comprend la diversiteacute au sein des espegraveces et entre espegraveces ainsi que celle des eacutecosystegravemes raquo

Ensuite elles srsquoappuient sur les terminologies de lrsquoOCDE ou de lrsquoEEA deacutecrite au chapitre 1 pour deacutefinir ce qursquoest un laquo indicateur raquo De plus elles mobilisent de faccedilon plus ou moins explicite remanieacutee ou combi-neacutee avec les attentes des utilisateurs de leurs outils les critegraveres de seacutelection drsquoindicateurs de lrsquoOCDE et de lrsquoEEA essentiellement politiques pour en faire des critegraveres souhaiteacutes de leurs outils Enfin il y a un fort recoupement entre les bases de donneacutees utiliseacutees pour alimenter ces outils

Lrsquoeacutequipe projet en se basant sur lrsquoexpertise deacuteve-loppeacutee dans le cadre des travaux avec lrsquoONB a pro-poseacute une eacutevaluation reposant sur des concepts et des critegraveres surtout mobiliseacutes dans le champ scientifique

bull La biodiversiteacute est entendue comme la diversiteacute biologique dans ses diffeacuterents niveaux drsquoorganisation (gegravene individu espegravece population communauteacute habitat eacutecosystegraveme paysage) ses diffeacuterentes dimen-sions (composition structure fonction etc) (Noss 1990) les interactions entre individus espegraveces etc et avec lrsquoenvironnement et la dimension eacutevolutive (au sens darwinien)

bull La grille drsquoeacutevaluation a eacuteteacute construite pour ques-tionner le caractegravere explicite ou non des liens entre activiteacutes et pressions puis pressions et impacts Elle a aussi permis de discuter les modegraveles et meacutethodes sur lesquels sont construits les outils ndash soit parce que les outils proposent des formules reliant pressions ndash activi-teacutes ndash impacts soit parce qursquoils mobilisent des modegraveles et meacutethodes de ces relations deacuteveloppeacutes par ailleurs

bull Les outils ont aussi eacuteteacute eacutevalueacutes au regard de cri-tegraveres utiliseacutes pour eacutevaluer les indicateurs de lrsquoONB et proches de ceux utiliseacutes dans le cadre de la bioindica-tion (McGeoch 2007)

ndash Preacutecision un indicateur est preacutecis lorsqursquoil me-sure avec une faible marge drsquoerreur ou drsquoincertitude le pheacutenomegravene qursquoil est supposeacute deacutecrire ici lrsquoimpact

des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Lrsquoobtention drsquoun haut degreacute de preacutecision sera geacuteneacuteralement asso-cieacutee agrave lrsquoutilisation drsquooutils et de meacutethodes aveacutereacutees tes-teacutees par la faible variabiliteacute de la mesure lorsqursquoelle est reacutepeacuteteacutee dans des conditions similaires

ndash Robustesse un indicateur est robuste lorsque sa mesure ou son calcul reste fiable mecircme lorsque les conditions (spatiales temporelles drsquointensiteacute drsquoim-pact autres que le changement agrave mesurer) varient la relation entre les eacuteleacutements de biodiversiteacute pris en compte pour le calcul et lrsquoimpact sur la biodiversiteacute reste constante La valeur drsquoun indicateur robuste est peu ou pas influenceacutee par des mesures impreacutecises ou des erreurs la variabiliteacute des instruments de mesure des donneacutees manquantes des variables confondantes

ndash Sensibiliteacute un indicateur est sensible lorsqursquoil permet de faire la diffeacuterence entre des situations qui sont reacuteellement diffeacuterentes Un indicateur sensible si-gnale rapidement un changement significatif Il est donc adapteacute au degreacute de deacutetection pertinent pour les objectifs souhaiteacutes Ceci requiert que les mesures soient reacutealiseacutees agrave des pas de temps et des eacutechelles spa-tiales pertinentes

ndash Fiabiliteacute un indicateur est fiable lorsque sa va-leur varie toujours dans le mecircme sens que le pheacuteno-megravene qursquoil deacutecrit

bull Une partie de la grille a eacuteteacute deacutedieacutee aux meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees ainsi qursquoagrave la pertinence des outils pour rendre compte des impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute

bull Enfin donneacutees construction meacutethodologique domaine drsquointerpreacutetation des outils et pistes drsquoameacutelio-

ration ont eacuteteacute inteacutegreacutes agrave la grille drsquoeacutevaluation La grille drsquoeacutevaluation est en annexe 2 p79

La meacutethodologie deacuteveloppeacutee pour les indicateurs de lrsquoONB a donc eacuteteacute tregraves largement adapteacutee agrave la construction et aux grandes lignes directrices de ces sept outils de mesure Ce cadre meacutethodologique peut ecirctre remobiliseacute et ameacutelioreacute pour drsquoautres exercices drsquoeacutevaluation ou la construction drsquoindicateurs

224 Le deacuterouleacute et les reacutesultats de lrsquoeacutevaluation

Lrsquoeacutequipe projet a ensuite mobiliseacute des experts acadeacute-miques en eacutecologie et en eacuteconomie afin de conduire une eacutevaluation externe indeacutependante et transparente de ces sept outils de mesure Chaque outil a eacuteteacute eacutevalueacute par deux experts indeacutependants entre juin et aoucirct 2019 Lrsquoeacutequipe projet a ensuite reacutealiseacute la synthegravese des eacuteva-luations relue et valideacutee par les experts Un dialogue entre les concepteurs drsquooutils et experts a eacuteteacute organiseacute pour chaque outil entre novembre et deacutecembre 2019 il a permis de preacuteciser de part et drsquoautre certains points de lrsquoeacutevaluation et drsquoeacutechanger sur les deacuteveloppements agrave court et moyen termes des outils Ces eacuteleacutements sont retranscrits dans les eacutevaluations complegravetes

De faccedilon geacuteneacuterale ces travaux ont permis de reacuteveacute-ler lrsquoimportance de leacutevaluation scientifique syntheacute-tique des modegraveles mobiliseacutes pour mettre en eacutevidence la relation entre activiteacutes ndash pressions ndash impacts dans la construction des outils de mesure ainsi que les meacute-thodes et cadres conceptuels sur lesquels ils reposent

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

23 Les reacutesultats syntheacutetiques des eacutevaluations des outils

Les reacutesultats preacutesenteacutes ici syntheacutetiseacutes reflegravetent la compreacutehension et lrsquoeacutevaluation des experts drsquoapregraves les documents meacutethodologiques mis agrave leur disposition (publications listeacutees dans les eacutevaluations complegravetes accessibles en ligne) Les outils ont eacutevolueacute depuis lrsquoeacuteva-luation scientifique certains commentaires peuvent ne plus ecirctre drsquoactualiteacute soit parce que lrsquooutil a eacuteteacute ameacute-lioreacute soit parce que sa meacutethodologie a eacuteteacute reacute-orienteacutee

231 Product Biodiversity Footprint (PBF)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Product Biodiversi-ty Footprint (PBF) eacutetait au stade de projet pilote aupregraves drsquoentreprises avec un amont agricole et utilisant de la laine de chegravevre et des huiles veacutegeacutetales (colza palme) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des produits et services tout au long du cycle de vie aux niveaux reacutegional ou mondial pour les milieux terrestres et drsquoeaux douces Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est baseacute sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil PBF retient trois pressions directes en reprenant celles prises en compte par la meacutethode LC-IMPACT (voir paragraphe suivant) changement drsquohabitat (occupa-tion transformation des sols et stress hydrique) pol-lutions et changement climatique Lrsquooutil PBF permet eacutegalement lrsquoeacutevaluation de deux pressions qui ne sont pas dans le modegravele ACV espegraveces envahissantes et gestion des espegraveces Les impacts sont eacutevalueacutes indeacute-pendamment pour ces cinq pressions Les eacutevaluateurs soulignent au moment de lrsquoeacutevaluation le manque de la prise en compte du deacuterangement (pollutions so-nores et lumineuses notamment)

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil PBF se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la meacutethode LC-IMPACT LC-IMPACT fournit une approche spatialiseacutee drsquoeacutevaluation des impacts tout au long du cycle de vie de produits et services notamment dans les domaines de la qualiteacute des eacutecosystegravemes et des ressources Crsquoest cette meacutethode qui est le principal modegravele sous-jacent agrave lrsquooutil Le choix de cette meacutethode par rapport agrave drsquoautres est bien documenteacute dans la description du PBF

La meacutethodologie de lrsquooutil PBF preacutesente ici plu-sieurs avantages lrsquoACV apporte une vision drsquoen-semble du produit et de ses impacts depuis sa pro-duction jusqursquoagrave sa fin de vie la meacutethode LC-IMPACT integravegre les derniers deacuteveloppements en matiegravere drsquoACV et permet avec des facteurs de caracteacuterisation spa-tialiseacutes drsquoidentifier les points drsquoimpacts importants tant geacuteographiquement qursquoagrave des eacutetapes particuliegraveres du cycle de vie enfin lrsquooutil adopte une politique drsquoameacutelioration et drsquointeacutegration des derniegraveres connais-sances en eacutecologie afin de pallier en partie le manque de preacutecision inheacuterent agrave lrsquoACV particuliegraverement sur les impacts relatifs agrave lrsquoutilisation des terres

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le modegravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil PBF pour le calcul de lrsquoindicateur (en fait cinq indicateurs correspondant

aux cinq pressions prises en compte) sont les facteurs de caracteacuterisation LC-IMPACT v05 pour les facteurs de caracteacuterisation et les donneacutees du cycle de vie issues des bases de donneacutees Ecoinvent et Agribalysereg Ces donneacutees sont reconnues et valideacutees mais comportent un certain niveau drsquoagreacutegation entraicircnant un manque de preacutecision dans lrsquoobtention et la repreacutesentation des reacutesultats Drsquoautres types de donneacutees lieacutees aux acti-viteacutes sont eacutegalement neacutecessaires au calcul des indi-cateurs et sont mobiliseacutees donneacutees de lrsquoentreprise sur le processus de production du produit (matiegraveres premiegraveres transport rendements etc) et de locali-sation pour les principaux processus (localisation du sourcing etc) Ces donneacutees sources apportent de la preacutecision et de la speacutecificiteacute dans le calcul des indica-teurs et leur interpreacutetation

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions semble significative

La sensibiliteacute de la relation entre activiteacutes et pres-sions semble veacuterifieacutee au niveau de lrsquoentreprise

Quant agrave la fiabiliteacute celle-ci deacutepend en partie de la justesse de lrsquoinventaire de cycle de vie et du degreacute de fiabiliteacute et de transparence des donneacutees transmises par lrsquoentreprise

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil PBF pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre drsquoanalyse du cycle de vie en srsquoappuyant sur la meacute-thode LC-IMPACT

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans la meacute-thode LC-IMPACT et reprise dans le PBF est la perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) ex-primeacutee en fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr)

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil PBF est ici de proposer une meacutetrique agreacutegeacutee et syntheacute-tique (PDF) pour laquelle il est possible de deacutelineacuteer et de restituer au besoin des informations sur les cinq pressions prises en compte et pour diffeacuterentes carac-teacuteristiques drsquoun produit afin drsquoaider agrave seacutelectionner les options ayant le moins drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

Agrave lrsquoinverse en utilisant cette meacutetrique lrsquoindicateur ne rend pas compte de la complexiteacute des eacutecosystegravemes des interactions entre espegraveces ni des fonctions etc

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans la meacute-thode et donc reprises dans lrsquooutil PBF sont issues de donneacutees reacuteelles et de modeacutelisation Elles proviennent de bases de donneacutees sur la biodiversiteacute (par exemple IBAT PREDICTS) et de donneacutees de lrsquoentreprise issues drsquoeacutetudes existantes (inventaires eacutetudes drsquoimpact)

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci semble preacutecise et solide gracircce au recours agrave la meacutethode LC-IMPACT qui srsquoappuie sur des donneacutees consolideacutees et qui sont compleacuteteacutees par la litteacuterature scientifique Toutefois il y a toujours des biais compte tenu de lrsquoagreacutegation inheacuterente agrave lrsquoACV et agrave la meacutethodologie drsquoanalyse mais lrsquoutilisation drsquoun facteur de correction visant agrave preacuteciser les reacutesultats en fonction de la biodiversiteacute locale devrait permettre de limiter les biais

La relation entre pressions et impacts est a priori sensible notamment gracircce agrave la prise en compte de pratiques speacutecifiques aux secteurs drsquoactiviteacutes et agrave lrsquoin-teacutegration de donneacutees propres agrave lrsquoentreprise pour un produit donneacute La deacutetection preacutecoce de changements de biodiversiteacute est toutefois limiteacutee par le caractegravere agreacutegeacute de lrsquooutil de tels changements eacutetant geacuteneacutera-lement observeacutes agrave petite eacutechelle De la mecircme faccedilon lrsquooutil PBF ne permet pas de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion lors de change-ments non lineacuteaires

Enfin la fiabiliteacute repose sur celle de la meacutethode LC-IMPACT ainsi que sur des sources scientifiques et les

Perte potentielle drsquoespegravecePotential Disappeared Fraction of species (PDF)

La perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) ndash exprimeacutee en fraction potentielle-ment disparue drsquoespegraveces (Potential Disappea-red Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr) ndash repreacutesente la perte potentielle drsquoespegraveces en tenant compte de lrsquoeffet de lrsquooccupation des sols ndash qui reacuteduit tout ou partie de lrsquoaire de reacute-partition de ces espegraveces ndash de lrsquoabondance rela-tive de ces espegraveces et du niveau de vulneacuterabiliteacute des espegraveces toucheacutees

La PSL peut ecirctre reacutegionale (PSLreg) ou glo-bale (PSLglo) lrsquoindicateur reacutegional (PDFregyr) quantifie le potentiel de disparition des espegraveces au niveau reacutegional ndash la reacutegion eacutetant entendue comme une zone eacutecologiquement homogegravene pratiquement identifieacutee comme une eacutecoreacutegion pour les eacutecosystegravemes terrestres et comme les bassins versants pour les eacutecosystegravemes drsquoeau douce Lrsquoindicateur mondial (PDFgloyr) quan-tifie le potentiel de disparition mondiale des espegraveces en tenant compte de leur vulneacuterabiliteacute au niveau mondial

La PDF quantifie le potentiel de disparition drsquoespegraveces et non pas le nombre reacuteel drsquoespegraveces disparues

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

bases de donneacutees mobiliseacutees Ces derniegraveres semblent fiables et transparentes La fiabiliteacute des donneacutees concernant les speacutecificiteacutes par secteur et les entre-prises des produits eacutevalueacutes doit ecirctre jugeacutee au cas par cas ce qui nrsquoa pas eacuteteacute reacutealiseacute dans cette eacutevaluation

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel les eacutevaluateurs relegravevent que la fa-ccedilon dont cet aspect est pris en compte dans lrsquooutil PBF et dans la meacutethode LC-IMPACT nrsquoest pas claire lrsquooutil permet de reacutealiser une eacutevaluation agrave un temps t mais en srsquoappuyant sur des donneacutees collecteacutees au cours drsquoeacutetudes meneacutees sur plusieurs anneacutees et la meacutethode permet de modeacuteliser les cateacutegories drsquoimpacts selon deux approches (lrsquoune avec un horizon temporel li-miteacute lrsquoautre avec un horizon temporel eacutetendu) ndash mais la reacutefeacuterence temporelle et le report de lrsquoimpact agrave un changement annuel ne sont pas explicites

Au niveau spatial lrsquooutil PBF peut ecirctre deacuteclineacute agrave deux eacutechelles reacutegionale (PDFregyr) et globale (PDFgloyr) Parmi les cinq pressions sur la biodiver-siteacute consideacutereacutees dans lrsquooutil trois sont spatialiseacutees Pour ces derniegraveres les facteurs de caracteacuterisation ne sont pas neacutecessairement eacutevalueacutes agrave la mecircme reacutesolution spatiale (eacutecoreacutegion vs niveau du pays) en fonction des informations spatiales disponibles Le niveau de lrsquoeacuteco-reacutegion a lrsquoavantage de consideacuterer les impacts agrave lrsquointeacute-rieur de reacutegions geacuteographiques caracteacuteriseacutees par des modegraveles eacutecologiques speacutecifiques qui tiennent compte des dynamiques environnementales et des processus eacutecologiques Toutefois les eacutevaluateurs notent qursquoil serait utile drsquoapporter des eacuteclaircissements sur la meacute-thodologie de spatialisation des cateacutegories drsquoimpacts

En termes de niveau drsquoorganisation et de dimen-sion de la biodiversiteacute lrsquooutil PBF se focalise sur la composition en espegraveces Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil PBF reprend les cinq groupes taxonomiques couverts par la meacutethode LC-IMPACT oiseaux mam-mifegraveres reptiles amphibiens et plantes vasculaires Les groupes taxonomiques peuvent ecirctre analyseacutes seacute-pareacutement ou peuvent ecirctre agreacutegeacutes pour repreacutesenter la fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (PDF) La vulneacuterabiliteacute par taxon est prise en compte en inteacute-grant les donneacutees de la Liste rouge UICN Si lrsquointeacuterecirct de la composition en espegraveces est de communiquer fa-cilement vers un large public il nrsquoen reste pas moins que les niveaux geacuteneacutetique et eacutecosysteacutemique peuvent aussi ecirctre influenceacutes agrave un moment donneacute du cycle de vie des produits Lrsquooutil permet drsquoavoir une estimation de lrsquoimpact sur des espegraveces agrave un temps t ce qui per-met de faciliter la compreacutehension des reacutesultats mais a priori sans rendre compte de la complexiteacute de la

biodiversiteacute (eacutevolution interactions) et des impacts agrave moyen et long termes De plus lrsquoeffondrement de la biodiversiteacute ne se produit pas seulement agrave travers la perte drsquoespegraveces mais aussi par la diminution de lrsquoabondance ndash la reacuteduction du nombre drsquoindividus par espegravece au sein des populations ndash et de la reacutepartition spatiale de nombreuses espegraveces ce qui peut avoir des impacts consideacuterables sur les eacutecosystegravemes Les eacuteva-luateurs notent que lrsquointerpreacutetation des sorties de lrsquoou-til doit ainsi ecirctre effectueacutee avec prudence

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes au cours du cycle de vie drsquoun produit (tels que la perte de fonctions eacutecologiques la diminution de lrsquoabondance des espegraveces la perte de diversiteacute geacuteneacutetique etc)

Lrsquooutil ayant vocation agrave appuyer la deacutecision autour de plusieurs versions drsquoun mecircme produit en mettant lrsquoaccent sur des variantes plus respectueuses de la bio-diversiteacute il nrsquoest pas forceacutement inteacuteressant de reacutepeacuteter le calcul de lrsquoindicateur Cependant il peut ecirctre utile de reacuteeacutevaluer les options autrefois choisies comme plus respectueuses de la biodiversiteacute au fur et agrave mesure que les bases de donneacutees sont mises agrave jour

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Le calcul de lrsquoindicateur est peu accessible agrave un non-speacutecialiste de lrsquoACV et les concepteurs recommandent de srsquoentourer de speacutecialistes de la meacutethode et de lrsquoeacuteco-logie La meacutethodologie de lrsquoinventaire de cycle de vie nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la documentation du PBF dis-ponible lors de lrsquoeacutevaluation alors qursquoelle constitue lrsquoeacutetape la plus deacutelicate Les eacutevaluateurs notent aussi que si lrsquoajustement des impacts relatifs agrave lrsquoutilisation des terres avec des donneacutees issues de la litteacuterature en eacutecologie permet de mieux distinguer entre les pra-tiques plus ou moins respectueuses de la biodiversiteacute pour la reacutesolution spatiale agrave laquelle les indicateurs de lrsquooutil PBF sont conccedilus ndash principalement au niveau de lrsquoeacutecoreacutegion ou du pays ndash les donneacutees de contexte eacutecologique local manquent fortement alors qursquoelles constitueraient un compleacutement important et devraient ecirctre davantage prises en compte pour affiner ces indi-cateurs ndash limite connue par les concepteurs de lrsquooutil PBF De plus ces eacutetapes drsquointeacutegration de donneacutees compleacutementaires indispensables sont reacutealiseacutees au cas par cas et sont donc difficiles agrave eacutevaluer Neacutean-moins les autres eacutetapes meacutethodologiques sont claires rigoureuses et transparentes

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent les biais inheacuterents agrave toute analyse neacutecessitant lrsquoagreacutegation de grandes quantiteacutes de donneacutees ndash mais les facteurs de correction mis en œuvre permettent de limiter ces biais

Il nrsquoy a pas de valeurs cibles proprement dites et il nrsquoy a pas de comparaison possible avec un reacutefeacuterentiel unique mais uniquement entre les diffeacuterents indica-teurs (un pour chaque facteur drsquoimpacts sur la biodi-versiteacute) pour diffeacuterentes versions drsquoun produit afin de minimiser lrsquoimpact sur la biodiversiteacute

Lrsquooutil PBF semble ecirctre conccedilu pour ecirctre appliqueacute agrave divers secteurs de sorte qursquoil pourrait ecirctre utiliseacute dans le domaine public pour comparer des options au niveau de produits voire au niveau des projets (par exemple construction drsquoinfrastructures projets de deacuteveloppement durable etc)

Selon les eacutevaluateurs lrsquooutil ne semble actuelle-ment pas approprieacute pour inteacutegrer le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiver-siteacute Toutefois il permet drsquoencourager les entreprises de divers secteurs drsquoactiviteacute agrave engager et suivre leurs progregraves en matiegravere de biodiversiteacute et plus particuliegrave-rement agrave laquo reacuteduire les pressions directes sur la biodi-versiteacute et promouvoir une utilisation durable raquo (but strateacutegique B des objectifs drsquoAichi) Lrsquooutil PBF permet donc drsquoengager des mesures reacutepondant aux objectifs des cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute mais ne permet pas drsquoobserver directement la contri-bution aux objectifs fixeacutes

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en ajoutant une meacutetrique drsquoabondance Lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) pourrait ecirctre une mesure suppleacute-mentaire inteacuteressante agrave consideacuterer De plus il pourrait ecirctre pertinent de consideacuterer lrsquoeacutetendue de lrsquoeacutecosystegraveme

(Ecosystem Extent) comme une mesure suppleacutemen-taire dans lrsquooutil PBF eacutetant donneacute les divers secteurs drsquoactiviteacute qursquoil vise

Par ailleurs la prise en compte des fonctions ndash et des services eacutecosysteacutemiques ndash serait inteacuteressante agrave in-seacuterer De mecircme lrsquointeacutegration de la biodiversiteacute marine est indispensable Il semble aussi important de reacuteussir agrave prendre en compte les insectes

En termes meacutethodologiques les concepteurs tra-vaillent agrave lrsquointeacutegration de lrsquoeacutecotoxiciteacute mais il pour-rait ecirctre inteacuteressant drsquoajouter eacutegalement la vulneacuterabi-liteacute des espegraveces au climat et drsquointeacutegrer des donneacutees eacutecologiques sur le contexte local afin de mieux affiner lrsquoindicateur Les eacutevaluateurs notent aussi que la meacute-thodologie drsquoACV peut avoir tendance agrave sous-estimer lrsquoimpact par rapport agrave une analyse qui mobilise des tableaux ressources-emplois (ou entreacutees-sorties) mais qui sont moins preacutecis Un couplage des deux meacutetho-dologies pourrait constituer une piste de reacuteflexion Ce couplage des deux meacutethodologies complexe permet-trait neacuteanmoins de reacutepondre aux limites de chacune

Enfin il pourrait ecirctre inteacuteressant de compleacuteter la dimension drsquoaide agrave la deacutecision en apportant des eacuteleacute-ments chiffreacutes en termes de coucircts des eacuteleacutements consti-tuant le produit

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull de Baan L Alkemade R Koellner T (2013) Land use impacts on biodiversity in LCA A global ap-proach The International Journal of Life Cycle As-sessment 18(6) 1216ndash1230 httpsdoiorg101007s11367-012-0412-0

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

232 Product Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI)

Une premiegravere version de lrsquooutil Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI) a eacuteteacute lanceacutee en 2018 Lrsquooutil concerne tous les secteurs drsquoactiviteacutes puisqursquoil vise agrave eacutevaluer lrsquoimpact sur la biodiversiteacute drsquoun por-tefeuille financier constitueacute drsquoun meacutelange drsquoactions (tous secteurs) et drsquoobligations (deacutepenses de lrsquoeacutetat) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle du porte-feuille de secteurs ou drsquoentreprises ndash lrsquooutil nrsquoest pas approprieacute pour une application au niveau du site ou du projet ndash et porte sur les milieux terrestres aquatiques continentaux voire marins en fonction des donneacutees disponibles Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est baseacute sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil BFFI ne retient que certaines pressions sur lrsquoensemble de celles prises en compte dans la base Exiobase (voir paragraphe suivant) en se focalisant sur celles qui ont un impact sur la biodiversiteacute changement climatique usage de lrsquoeau eacutecotoxiciteacute sur les milieux terrestres les milieux aquatiques continentaux et marins eutro-phisation des eaux continentales et marines forma-tion drsquoozone tropospheacuterique transformation et occu-pation des sols Au moment de lrsquoeacutevaluation le BFFI ne considegravere pas les espegraveces envahissantes le deacuteran-gement (bruit pollution lumineuse etc) et lrsquoexploita-tion directela surexploitation

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BFFI se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la base Exiobase (version 3) Exiobase est une base de donneacutees mon-diale qui propose un tableau entreacutees-sorties (input-output MR-IOT) et un tableau ressources-emplois (supply-use MR-SUT) dans une approche globale et eacutetendue sur le plan environnemental Crsquoest cette base et le modegravele de liens entre activiteacutes et impacts qui la fonde qui est le principal modegravele sous-jacent aux liens entre activiteacutes et pressions

La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI preacutesente ici des avantages lrsquoapproche ACV inclut tous les impacts de la chaicircne de valeur lrsquoemploi drsquoExiobase est inteacuteressant par la gamme des secteurs et des activiteacutes consideacutereacutes

Elle preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoemploi drsquoExiobase Les secteurs eacuteconomiques sont diviseacutes en 163 cateacutegories ce qui constitue une repreacutesentation assez grossiegravere Le modegravele nrsquoest pas speacutecifique et speacute-cifieacute au niveau reacutegional ce qui preacutesume de fortes in-certitudes significatives Il y a aussi des limites quant agrave la collecte et la compilation des donneacutees en effet

les donneacutees sont issues des comptabiliteacutes nationales des eacutetats ndash or chaque eacutetat a son propre systegraveme de classification

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le modegravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil BFFI pour le calcul de lrsquoindicateur sont celles drsquoExiobase3

Concernant la preacutecision les eacutevaluateurs notent que la relation entre activiteacutes et pressions est correc-tement traduite dans le modegravele Exiobase Cette rela-tion est baseacutee sur la moyenne de la consommation et de lrsquoeacutemission par secteur Mais les incertitudes sont consideacuterables En effet la marge drsquoerreur qui existe entre activiteacutes et pressions est diffeacuterente au sein et pour chaque secteur Il y a ainsi deux risques celui de sous-estimer lrsquoimpact drsquoune activiteacute car elle aurait des pratiques plus neacutefastes que la moyenne du secteur auquel elle appartient et celui inverse de surestimer lrsquoimpact drsquoune activiteacute Les concepteurs du BFFI pro-posent de compleacuteter lrsquoanalyse quantitative par une analyse qualitative qui doit aider agrave situer lrsquoentreprise par rapport au reste de son secteur

La sensibiliteacute de lrsquooutil est limiteacutee au secteur etou au pays lrsquooutil permet de faire la diffeacuterence entre deux activiteacutes qui appartiennent agrave deux secteurs diffeacute-rents ou de comparer deux activiteacutes qui appartiennent au mecircme secteur mais qui sont situeacutees dans deux pays diffeacuterents

La fiabiliteacute est fortement deacutependante des don-neacutees qui ont eacuteteacute utiliseacutees pour construire les tables preacutesenteacutees dans Exiobase En effet tous les pays nrsquoayant pas les mecircmes systegravemes de comptabiliteacute il y a eu des traitements pour agreacuteger ou deacutesagreacuteger des donneacutees issues de diffeacuterentes sources et la reacutealisation drsquoextrapolations Lrsquoanalyse qualitative proposeacutee par les concepteurs peut venir compleacuteter les biais lieacutes au manque de fiabiliteacute des donneacutees

Les eacutevaluateurs notent que la relation entre les ac-tiviteacutes et les pressions est reproductible mais pas assez preacutecise par rapport agrave des projets ou des territoires speacute-cifiques La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI srsquoapplique aux eacutetudes agrave grande eacutechelle et aux activiteacutes agreacutegeacutees mais pas de faccedilon speacutecifique agrave une entreprise ou agrave une reacutegion

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil BFFI pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre ACV en srsquoappuyant sur la meacutethode ReCiPe ReCiPe permet de convertir des donneacutees de cycle de vie en impacts Cette meacutethode utilise en entreacutee des informations sur les eacutemissions (par exemple sur le CO2 ou le SO2) pour calculer lrsquoempreinte environnementale agrave mi-parcours (midpoint impacts categories) (par exemple le change-

ment climatique lrsquoutilisation des terres lrsquoeutrophisa-tion) et ensuite pour calculer lrsquoimpact reacutesultant sur les eacutecosystegravemes ou la biodiversiteacute (endpoint impacts category)

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans la meacutethode ReCiPe et reprise dans le BFFI est la perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) exprimeacutee en fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr) ndash et par hectare pour le milieu terrestre par megravetre cube pour le milieu aquatique Le reacutesultat peut ecirctre utiliseacute pour calculer lrsquoempreinte biodiversiteacute en megravetres carreacute (msup2) par euro (euro) investi

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil PBF pour un compleacutement drsquoinformation sur cette meacutetrique

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil PBF est ici de proposer une meacutetrique agreacutegeacutee et syn-theacutetique (PDF) Lrsquoindicateur est ainsi plutocirct geacuteneacuteral et de type biophysique il ne srsquoexpose pas aux poleacute-miques qui entourent lrsquoeacutevaluation moneacutetaire de la biodiversiteacute

La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoutilisation de la meacutethode ReCiPe car elle srsquoappuie sur une relation lineacuteaire entre quan-

titeacute de pressions et perte de biodiversiteacute Cette relation ne permet pas de tenir compte drsquoeacuteventuels effets de seuil en dessous desquels un eacutecosystegraveme serait com-plegravetement deacutetruit De plus la meacutetrique utiliseacutee met lrsquoaccent sur les espegraveces les attributs fonctionnels et structurels de la biodiversiteacute sont largement neacutegligeacutes La PDF quantifie le potentiel de disparition drsquoespegraveces plutocirct que le nombre exact drsquoespegraveces disparues

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans la meacute-thode ReCiPe et donc reprises dans lrsquooutil BFFI sont des donneacutees de modeacutelisation de type laquo dose-reacuteponse raquo Ces donneacutees permettent drsquoobtenir une information sur les facteurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute dans diffeacute-rents secteurs et autorisent ainsi une analyse qualita-tive guidant lrsquointerpreacutetation et lrsquoutilisation du reacutesultat fournit par lrsquooutil

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts elle relegraveve surtout de la meacutethode ReCiPe qui simplifie la relation entre pressions et im-pacts en utilisant des donneacutees moyennes entraicircnant ainsi des incertitudes Les eacutevaluateurs signalent que la marge drsquoincertitude est aussi deacutependante des don-neacutees scientifiques disponibles pour alimenter la meacute-thode Les concepteurs de lrsquooutil BFFI recommandent drsquoailleurs de compleacuteter lrsquoanalyse quantitative par une

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

analyse qualitative notamment pour eacuteviter certains investissements dont les impacts sont sous-estimeacutes par lrsquoeacutevaluation

Concernant la sensibiliteacute les eacutevaluateurs sou-lignent que la meacutethode ReCiPe a eacuteteacute fortement rema-nieacutee entre sa version ReCiPe2008 et ReCiPe2016 Un cas drsquoeacutetude montre qursquoil en reacutesulte un changement important dans lrsquoimpact calculeacute pour un portefeuille financier Cette diffeacuterence est lieacutee agrave lrsquointeacutegration des derniegraveres informations scientifiques mais elle montre aussi la sensibiliteacute de lrsquooutil Toutefois lrsquooutil ne per-met pas de deacutetecter des changements preacutecoces de bio-diversiteacute par le niveau drsquoagreacutegation des donneacutees De la mecircme faccedilon parce que la meacutethode est baseacutee sur des relations lineacuteaires lrsquooutil BFFI ne permet pas de deacute-tecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion lors de changements non lineacuteaires

Enfin la fiabiliteacute repose sur la qualiteacute des sources de donneacutees pour lesquelles des mises agrave jour freacute-quentes sont neacutecessaires afin drsquointeacutegrer les derniegraveres connaissances

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil srsquointeacuteresse agrave lrsquoeacutechelle tem-porelle annuelle La meacutetrique des impacts (PDF) peut aussi ecirctre convertie en une uniteacute indeacutependante du temps

Au niveau spatial lrsquooutil nrsquoa pas de peacuterimegravetre speacute-cifique puisqursquoil srsquoagit drsquoeacutevaluer lrsquoimpact drsquoinvestisse-ments Lrsquointeacuterecirct est drsquoavoir construit un outil unique quel que soit la localisation de lrsquoimpact ndash mais il ne permet pas de tenir compte des speacutecificiteacutes et des par-ticulariteacutes de chaque pays ni locales

En termes de niveaux drsquoorganisation et de dimen-sions de la biodiversiteacute lrsquooutil BFFI se focalise sur la composition en espegraveces Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil BFFI agregravege les espegraveces et ne tient pas compte de la speacutecificiteacute de certaines espegraveces ayant un rocircle fonctionnel particuliegraverement important ou encore une valeur patrimoniale Si lrsquointeacuterecirct de la composition en espegravece reacuteside dans des donneacutees plus facilement dispo-nibles il nrsquoen reste pas moins que les attributs fonc-tionnels et structurels de la biodiversiteacute sont largement neacutegligeacutes De plus la synthegravese des impacts en une uniteacute unique (PDF) peut entraicircner plusieurs risques ceux lieacutes agrave la localisation des impacts en consideacuterant que tous les eacutecosystegravemes sont eacutequivalents sans prendre en compte le rocircle fonctionnel des eacutecosystegravemes et ceux lieacutes agrave la standardisation des eacutecosystegravemes en consideacuterant que perdre 100 drsquoespegraveces sur un hectare de forecirct primaire eacutequivaut agrave perdre 100 drsquoespegraveces dans un deacutesert

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte De plus les eacuteva-luateurs rappellent qursquoil nrsquointegravegre pas les impacts lieacutes agrave la surexploitation aux espegraveces envahissantes et au deacuterangement (pollution lumineuse bruit)

Les eacutevaluateurs notent que la meacutethodologie de lrsquooutil BFFI est inteacuteressante pour eacutevaluer des impacts des investissements sur la biodiversiteacute question diffi-cile et sujette agrave lrsquoincertitude mais que de nombreuses limites existent du fait de lrsquoutilisation de deux meacute-thodes (Exiobase ReCiPe) qui ont leurs limites respec-tives notamment le fait drsquoutiliser une relation lineacuteaire entre quantiteacute de pressions et perte de biodiversiteacute Les eacutevaluateurs invitent ainsi agrave la prudence quant agrave lrsquousage de lrsquooutil pour le pilotage drsquoune strateacutegie drsquoin-vestissements ou pour de la communication externe Ils soulignent que lrsquooutil BFFI vise aussi agrave montrer que certains investissements peuvent avoir des effets positifs sur la biodiversiteacute Ceci peut poser deux pro-blegravemes drsquoabord le retour agrave une logique de durabi-liteacute faible (substitution de capital anthropogeacutenique au capital naturel) puisque des impacts sur la biodiversiteacute pourraient ecirctre compenseacutes par des investissements dans des infrastructures ensuite parce que les effets positifs des investissements sur la biodiversiteacute sont tregraves incertains

Lrsquooutil ayant vocation agrave aider agrave la deacutecision pour lrsquoinvestissement il nrsquoest pas forceacutement inteacuteressant de reacutepeacuteter le calcul En revanche lrsquoindicateur peut ecirctre mis agrave jour pour de nouveaux investissements et au fur et agrave mesure que les donneacutees sur la biodiversiteacute et lrsquoACV deviennent disponibles dans les bases de don-neacutees consideacutereacutees Ainsi la meacutethode associeacutee au BFFI preacuteconise un calcul annuel afin de suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoimpact du portefeuille financier (ensemble des investissements)

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Le calcul de lrsquoindicateur est clair et rigoureux mais la quantiteacute de donneacutees utiliseacutees ndash publiquement dispo-nibles agrave lrsquoexception du portefeuille drsquoinvestissements ndash rend lrsquoappropriation et la compreacutehension assez difficile

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent qursquoil existe cependant une chaicircne drsquoincerti-tudes tout au long du calcul et cela peut entraicircner une accumulation de biais dans les reacutesultats de lrsquooutil ce que lrsquoanalyse qualitative permet de discuter

Il nrsquoexiste pas de valeur cible proprement dite lrsquoideacuteal agrave atteindre serait lrsquoabsence de perte de biodiversiteacute

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil BFFI reste lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact de deacutecisions drsquoinvestisse-ments Il pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public mais agrave large eacutechelle (par exemple pour le secteur des travaux publics)

Selon les eacutevaluateurs du fait des meacutethodes utili-seacutees et des incertitudes associeacutees lrsquooutil ne semble pas approprieacute pour inteacutegrer le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en tenant compte de la diversiteacute fonction-nelle via les traits drsquoespegraveces Ce peut ecirctre en com-paraison agrave la richesse speacutecifique une meacutetrique plus approprieacutee pour calculer les facteurs de caracteacuterisa-tion qui permettent drsquoestimer la perte de biodiversiteacute lieacutee au changement drsquousages des terres Cependant les indicateurs fonctionnels neacutecessitent geacuteneacuteralement une tregraves grande quantiteacute de donneacutees et il nrsquoest pas certain qursquoil soit possible de construire les facteurs de caracteacuterisation neacutecessaire vu le grand nombre de drivers dans Exiobase pour lier activiteacutes pressions et impacts fonctionnels

Par ailleurs la conversion des pressions en impacts sur la biodiversiteacute pourrait ecirctre compleacuteteacutee par drsquoautres indicateurs tel que lrsquoindicateur de dommage eacutecolo-gique potentiel (Ecological Damage Potential indica-tor EDP) Celui-ci est baseacute sur une logique drsquooccupa-tion du sol pour un type drsquousage on eacutevalue lrsquoimpact sur la biodiversiteacute alors que la logique du BFFI est plutocirct de partir de lrsquoensemble des consommations et des eacutemissions drsquoun secteur donneacute et drsquoen deacuteduire un impact sur la biodiversiteacute

En termes meacutethodologiques il serait souhaitable drsquointeacutegrer la prise en compte de plus de pressions Il serait eacutegalement utile de deacutevelopper une mesure de lrsquoerreur dans lrsquoeacutevaluation des impacts sur la bio-diversiteacute pour avoir une ideacutee du domaine de validiteacute des reacutesultats Agrave ce titre il pourrait ecirctre inteacuteressant de renforcer le reacuteseau drsquoexperts qui permettent drsquoameacutelio-rer les donneacutees drsquoExiobase notamment dans des do-maines ou des secteurs speacutecifiques et les facteurs de conversion de ReCiPe Par ailleurs des eacutetudes de cas ougrave les impacts sur la biodiversiteacute sont mesureacutes apregraves les investissements et une comparaison avec lrsquoeacutevalua-tion ex-ante pourraient ecirctre envisageacutees

Enfin il serait inteacuteressant de formaliser et de geacuteneacute-raliser un guide drsquoaide agrave la deacutecision pour accompagner lrsquoutilisation de lrsquooutil de le compleacuteter par des analyses qualitatives et une politique drsquoinvestissements qui vise agrave limiter les manques de lrsquoindicateur

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Koellner Thomas amp Scholz Roland (2008) Assess-ment of land use impacts on the natural environment Part 2 Generic characterization factors for local species diversity in Central Europe The International Journal of Life Cycle Assessment 13(1) 32-48 httpsdoiorg101065lca2006122922bull Souza Danielle Maia de Flynn Dan Declerck Fabrice Rosenbaum Ralph Lisboa Henrique Koellner Thomas (2013) Land use impacts on biodiversity in LCA Pro-posal of characterization factors based on functional diversity The International Journal of Life Cycle As-sessment 18(6) 1231-1242 httpsdoiorg101007s11367-013-0578-0

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

233 Global Biodiversity Score TM (GBS)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Global Biodiversity Score (GBS) eacutetait au stade de deacuteveloppement et de mise en application au sein de pilotes en collaboration avec des entreprises Il est deacuteveloppeacute pour srsquoappliquer agrave un grand nombre de secteurs drsquoactiviteacutes utilisant des matiegraveres premiegraveres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle de grands projets ou drsquouniteacutes drsquoaffaire ndash et agrave terme de portefeuilles drsquoinvestissements Au moment de lrsquoeacutevaluation il prend en compte les milieux ter-restres et la composante pour les milieux dulccedilaquicoles eacutetait en cours de deacuteveloppement Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre drsquoanalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil GBS retient huit pressions sur lrsquoensemble de celles prises en compte dans la base Exiobase (voir para-graphe suivant) ndash pour la biodiversiteacute terrestre utili-sation des terres (agriculture foresterie urbanisation) deacutepocircts azoteacutes aeacuteriens fragmentation des milieux natu-rels changement climatique empieacutetement humain pour la biodiversiteacute dulccedilaquicole utilisation des terres (conversion des zones humides artificialisation de lrsquoamont des bassins versants) perturbations hydro-logiques eutrophisation Toutefois au moment de lrsquoeacutevaluation le GBS ne considegravere pas les espegraveces enva-hissantes le deacuterangement (bruit pollution lumineuse etc) les pollutions chimiques des sols et des eaux et lrsquoexploitation directela surexploitation Les concep-teurs de lrsquooutil envisagent de lrsquoameacuteliorer sur ce plan-lagrave

Liens entre les activiteacutes et les pressions et pressions prises en compte

Lrsquooutil GBS se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la base Exiobase (version 3) Exiobase est une base de donneacutees mon-diale qui propose un tableau entreacutees-sorties (input-output MR-IOT) et un tableau ressources-emplois (supply-use MR-SUT) dans une approche globale et eacutetendue sur le plan environnemental Crsquoest cette base et le modegravele de liens entre activiteacutes et impacts qui la fonde qui est le principal modegravele sous-jacent aux liens entre activiteacutes et pressions

La meacutethodologie de lrsquooutil GBS preacutesente ici plu-sieurs avantages lieacutes agrave lrsquoemploi drsquoExiobase le lien entre activiteacutes et pressions est eacutetabli de faccedilons diffeacute-rentes selon les pressions prises en compte lrsquointeacute-gration de lrsquoeffet cumulatif des diffeacuterents types de pressions est explicite il y a une valeur quantitative agreacutegeacutee compreacutehensible et informative des impacts des activiteacutes eacuteconomiques ndash agrave condition que lrsquoinven-taire (quantification des flux entrants et sortants) de lrsquoACV soit correctement mis en œuvre

Elle preacutesente toutefois des limites la principale eacutetant de nrsquointeacutegrer au moment de lrsquoeacutevaluation que les opeacuterations laquo amont raquo (approvisionnement produc-tion) et de ne pas prendre en compte les opeacuterations laquo aval raquo (utilisation recyclage etc)

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil BFFI (numeacutero 32) pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation drsquoExiobase

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le mo-degravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil GBS pour le calcul de lrsquoindicateur sont soit celles drsquoExiobase3 soit les donneacutees directes sur les pressions lorsqursquoelles sont disponibles

Concernant la preacutecision de la relation entre acti-viteacutes et pressions lrsquoapproche geacuteneacuterale est preacutecise et pertinente en srsquoappuyant sur lrsquoACV Toutefois il est neacutecessaire de disposer drsquoune meacutethodologique claire sur la maniegravere de mener lrsquoACV

La sensibiliteacute et la fiabiliteacute de lrsquooutil nrsquoont pas pu ecirctre eacutevalueacutees par les experts

Liens entre les pressions et les impacts

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil GBS se base sur le modegravele de lrsquoACV Lrsquoapproche mobiliseacutee dans lrsquooutil GBS pour lier pressions et impacts sur la biodiversi-teacute repose particuliegraverement sur le Global Biodiversity Model (GLOBIO) version 3 GLOBIO est un cadre de modeacutelisation permettant de calculer les impacts de cinq pressions sur une biodiversiteacute terrestre laquo intacte raquo pour le passeacute le preacutesent et le futur La modeacutelisation est baseacutee sur des relations correacutelatives deacuteriveacutees de la litteacuterature donneacutees provenant principalement du mo-degravele inteacutegreacute drsquoeacutevaluation de lrsquoenvironnement mondial IMAGE liant deacuteterminants et pressions et de donneacutees ad hoc traiteacutees par certaines formes de meacuteta-analyses Pour chacun des cinq facteurs le modegravele contient une eacutequation de reacutegression reliant lrsquointensiteacute de la pres-sion agrave lrsquoimpact sur la biodiversiteacute Le modegravele GLO-BIO est rapprocheacute des meacutethodes de lrsquoACV en tant qursquoil mobilise des modegraveles et facteurs de caracteacuterisation

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans le modegravele GLOBIO et reprise dans lrsquooutil GBS est lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) et son eacutequivalent en surface (par exemple kmsup2 MSA)

La meacutethodologie du GBS construite sur la base drsquoun examen approfondi des donneacutees et modegraveles existants a eacuteteacute penseacutee de faccedilon agrave rester flexible et compatible avec drsquoautres approches et meacutethodes ndash en dehors de GLOBIO ndash liant les activiteacutes et les pressions La meacutethodologie preacutesente plusieurs avantages lieacutes lors de lrsquoeacutevaluation agrave lrsquoemploi du modegravele GLOBIO

lrsquoeffet cumulatif des diffeacuterents types de pressions et lrsquoapproche spatiale sont explicites

Elle preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoutilisa-tion du modegravele GLOBIO Les liens entre les pressions et la biodiversiteacute sont baseacutes sur des relations deacuteter-ministes souvent lineacuteaires et correacutelatives calculeacutees agrave partir drsquoeacutevaluations ou drsquoexpeacuteriences passeacutees le mo-degravele ne documente pas lrsquoimpact reacuteel mais potentiel des pressions sur la biodiversiteacute et de plus le modegravele risque de ne pas tenir compte des changements dans les systegravemes et les modegraveles eacuteconomiques Une autre li-mite repose sur la faccedilon dont les calculs sont effectueacutes selon que les pressions ont eacuteteacute agreacutegeacutees au niveau des espegraveces puis la MSA calculeacutee ou selon que la MSA a eacuteteacute utiliseacutee pour chaque pression puis agreacutegeacutee De plus il est essentiel de tenir compte de la faccedilon dont la MSA rendra compte des impacts sur les sites riches ou pauvres en espegraveces ce dont les concepteurs sont conscients Par ailleurs il semble que la deacutependance entre les uniteacutes spatiales est neacutegligeacutee ce qui ne permet pas de rendre compte de lrsquoautocorreacutelation spatiale et de processus importants tels que la dispersion et la connectiviteacute Cela peut conduire agrave biaiser lrsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil BIM (numeacutero 34) pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation de GLOBIO

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil GBS sont hybrides ce sont soit les reacutesultats modeacuteliseacutes de GLOBIO soit les donneacutees reacuteelles lorsqursquoelles sont dis-ponibles pour ecirctre combineacutees aux relations pression-impact fournies par GLOBIO Lors de lrsquoeacutevaluation le modegravele GLOBIO version 3 se concentrait sur la partie terrestre du globe Un module pour le milieu aquatique drsquoeau douce eacutetait en cours drsquoeacutelaboration (GLOBIO-aquatic)

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts elle relegraveve surtout du modegravele GLO-BIO sur lequel le GBS se base Outre les biais eacutevo-queacutes plus haut lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence correspondant agrave une MSA de 100 questionne eacutegalement les eacuteva-luateurs car son caractegravere statique ignore les aspects dynamiques des systegravemes eacutecologiques (par exemple modification des aires de reacutepartition des espegraveces en reacuteponse au changement climatique sans diminution de leur abondance globale ou encore perturbations intermeacutediaires) et suppose qursquoil nrsquoexiste qursquoun seul eacutetat drsquooptimum eacutecologique pour chaque eacutecosystegraveme De plus lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence peut en reacutealiteacute refleacuteter un eacutetat potentiellement deacutejagrave deacutegradeacute ou en transition Par ailleurs il est le mecircme pour toutes les uniteacutes spatiales au sein drsquoun biome donneacute sans tenir compte de lrsquohis-torique des pressions en diffeacuterents endroits Enfin la faccedilon dont les eacutetats de reacutefeacuterence sont mobiliseacutes nrsquoest pas claire (par exemple pour un champ de maiumls est-ce une forecirct ou une prairie naturelle )

Lrsquoincertitude est ainsi modeacutereacutee agrave eacuteleveacutee notam-ment parce que la meacutetrique MSA est deacuteriveacutee de re-lations correacutelatives avec les pressions relations dont les choix meacutethodologiques posent question ou pour lesquelles les meacuteta-analyses ne sont pas au moment de lrsquoeacutevaluation toutes publieacutees et parce que cela ne rend pas complegravetement compte de reacuteponses non-li-neacuteaires de la biodiversiteacute

La relation entre pressions et impacts est sensible dans le sens ougrave la meacutethodologie seacutepare explicitement les diffeacuterentes pressions et qursquoelle est plutocirct sensible agrave lrsquointeacuterieur de chaque pression ndash dans la limite des biais inheacuterents au modegravele GLOBIO Lrsquooutil GBS ne permet pas toutefois de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute Bien que lrsquoabondance de la population soit theacuteoriquement une mesure assez sen-sible du changement de la biodiversiteacute elle nrsquoest ici pas mesureacutee mais plutocirct deacuteriveacutee par correacutelation ndash ce qui nrsquoest pas lrsquoapproche la plus robuste pour des pro-jections dans le futur De la mecircme faccedilon lrsquooutil GBS ne permet pas de deacutetecter des changements inhabi-tuels lors de changements non lineacuteaires

Abondance moyenne des espegravecesMean Species Abundance (MSA)

Cette meacutetrique deacutesigne lrsquoabondance moyenne des espegraveces en prenant une situation non per-turbeacutee comme reacutefeacuterence La MSA est un indi-cateur du caractegravere naturel ou de lrsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute Elle est deacutefinie comme lrsquoabon-dance moyenne des espegraveces originelles preacute-sentes dans la situation non perturbeacutee par rapport agrave leur abondance dans les eacutecosystegravemes en situation perturbeacutee Lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence cor-respond agrave des types drsquooccupation du sol laquo na-turels raquo non deacutedieacutes agrave aucune activiteacute humaine particuliegravere (forecircts naturelles prairies natu-relles glaciers)

Elle ne tient pas compte des augmentations possibles de lrsquoabondance par rapport agrave lrsquoeacuteco-systegraveme non perturbeacute la MSA ne peut pas ecirctre supeacuterieure agrave 100 Une zone avec une MSA de 100 signifie une biodiversiteacute similaire ou supeacuterieure agrave la situation non perturbeacutee de reacutefeacute-rence Une MSA de 0 signifie un eacutecosystegraveme sans plus aucune espegravece drsquoorigine un eacutecosys-tegraveme complegravetement deacutetruit

La MSA traduit un eacutetat possible de la biodi-versiteacute et non pas lrsquoeacutetat reacuteel

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

La fiabiliteacute de lrsquooutil repose sur celle du modegravele GLOBIO ou drsquoun autre modegravele qui pourrait ecirctre mo-biliseacute par lrsquooutil Le nombre drsquoeacutetudes utiliseacutees dans GLOBIO pour calibrer les relations entre pressions et biodiversiteacute reste faible et varie fortement entre biomes et pressions La fiabiliteacute peut donc ecirctre ameacute-lioreacutee par lrsquoimpleacutementation de nouvelles donneacutees et connaissances et la meacutethodologie du GBS est conccedilue pour ecirctre mise agrave jour au fur et agrave mesure que des pro-gregraves seront reacutealiseacutes

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil srsquointeacuteresse agrave un peacuterimegravetre temporel annuel avec une hypothegravese forte lrsquoannua-lisation des diffeacuterences entre 2010 et 2050 avec lrsquohypo-thegravese drsquoune variation lineacuteaire de la biodiversiteacute sur cette peacuteriode ajusteacutee sur la base de donneacutees passeacutees reacutecentes

Au niveau spatial le peacuterimegravetre de lrsquooutil varie en fonction de son application mais au moment de lrsquoeacuteva-luation la meacutethodologie nrsquoest pas claire sur la reacutesolu-tion de lrsquooutil GBS

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil GBS est les populations drsquoespegraveces La dimension de la biodiversiteacute prise en compte dans lrsquooutil est la reacutepartition de lrsquoabondance entre les es-pegraveces Si cette dimension transcrite via la MSA est re-lativement simple agrave deacuteriver et plutocirct bien adapteacutee pour eacutetablir un lien avec les questions drsquoextinction drsquoespegraveces et drsquoeacuterosion de la biodiversiteacute elle est moins eacutevidente pour faire le lien avec des questions fonctionnelles ou eacutevolutives ainsi que lrsquointerdeacutependance des espegraveces ou encore la structure des paysages ou des eacutecosystegravemes

Au moment de lrsquoeacutevaluation pour la biodiversiteacute terrestre les mammifegraveres oiseaux amphibiens rep-tiles inverteacutebreacutes et plantes vasculaires sont pris en compte Toutes les espegraveces (communes et rares) sont prises en compte mais regroupeacutees au sein de la MSA de sorte qursquoil est impossible de savoir exactement quelles espegraveces sont consideacutereacutees

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte En effet il srsquoap-plique aux impacts potentiels plutocirct que reacuteels des activiteacutes sur la biodiversiteacute a priori et a posteriori Les eacutevaluateurs rappellent aussi que la reacutesolution est actuellement assez grossiegravere et ne permet pas de saisir les changements qui se produisent agrave petite eacutechelle

Les eacutevaluateurs soulignent que lrsquooutil GBS nrsquoest pas baseacute sur des mesures directes de lrsquoeacutetat de la biodi-versiteacute et ne peut ecirctre pas consideacutereacute comme un indi-

cateur de changement de la biodiversiteacute Lrsquooutil GBS peut cependant servir agrave comparer des investissements identifier des produits agrave haut risque dans une chaicircne drsquoapprovisionnement eacutevaluer diffeacuterentes intensiteacutes de production pour un mecircme produit ou encore compa-rer des impacts potentiels de diffeacuterentes entreprises qui srsquoapprovisionnent pour le(s) mecircme(s) produit(s)

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Sur le plan conceptuel le calcul de lrsquoindicateur semble relativement clair rigoureux et transparent bien que des preacutecisions importantes soient neacutecessaires agrave appor-ter dans la meacutethodologie (hypothegraveses articulation des calculs eacutetats de reacutefeacuterence) La meacutethodologie repose sur des outils et des ensembles de donneacutees com-plexes et speacutecifiques neacutecessitant une expertise et des connaissances solides pour permettre une eacutevaluation deacutetailleacutee Les eacutevaluateurs soulignent que lrsquooutil tire parti drsquoun ensemble drsquoapproches avanceacutees provenant de diffeacuterents cadres conceptuels et domaines drsquoexper-tise (ACV PER) avec lrsquoambition de maximiser la flexi-biliteacute et lrsquointeropeacuterabiliteacute avec les autres cadres inter-nationaux (Ipbes CDB OECD UNEP etc)

En se reacutefeacuterant aux limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent que les biais et les limites lieacutees au calcul de lrsquoindicateur affectent sa robustesse et sa rigu-eur ndash ce dont les concepteurs sont conscients et pour lesquels ils proposent des ameacuteliorations

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil GBS reste lrsquoaide agrave la deacutecision et la comparaison drsquoimpacts modeacuteliseacutes attendus sur la biodiversiteacute agrave travers diffeacuterents niveaux drsquoagreacutegation (site entreprises pays etc) Lrsquooutil spa-tialement explicite permet la comparaison entre enti-teacutes agrave des zones geacuteographiques etou agrave des moments diffeacuterents Il repreacutesente une approche prometteuse pour explorer lrsquoimpact potentiel global drsquoinvestisse-ments ou de deacuteveloppements drsquoentreprises pour ra-tionaliser les activiteacutes de production et pour commu-niquer sur la biodiversiteacute avec les secteurs industriels et eacuteconomiques Il pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public agrave la fois directement en eacutevaluant les impacts et indirectement pour aider agrave la seacutelection drsquoentreprises reacutepondant aux marcheacutes

Selon les eacutevaluateurs agrave lrsquoeacutechelle internationale et au niveau eacuteleacutementaire de la meacutetrique la MSA peut ecirctre consideacutereacutee comme une approximation de lrsquoindica-teur de la CDB sur les tendances de lrsquoabondance des espegraveces Mais une eacutevaluation prudente de la MSA par rapport agrave la moyenne geacuteomeacutetrique de lrsquoabondance et de la valeur ajouteacutee de lrsquooutil GBS par rapport agrave GLOBIO via sa mise en œuvre avec des donneacutees reacuteelles doit ecirctre effectueacutee avant une inteacutegration au suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en tenant compte de la structure des pay-sages par exemple la connectiviteacute et des approches plus eacutevolutives et fonctionnelles de la biodiversiteacute par exemple en inteacutegrant la diversiteacute structurelle ou fonctionnelle des traits les espegraveces les communauteacutes ou les eacutecosystegravemes Un ou plusieurs autres outils ou indicateurs (agrave partir de modegraveles ou de donneacutees obser-veacutees) pourraient alors compleacuteter lrsquooutil GBS Il serait aussi utile drsquoexpliciter comment les changements de valeurs de MSA peuvent ecirctre utiliseacutes voire traduits en des changements de statut de conservation drsquoespegraveces ou de deacuteclin de biodiversiteacute lorsqursquoils sont compareacutes par exemple avec des aires de distribution drsquoespegraveces ou des tailles de populations A plus long terme le nombre drsquoespegraveces impacteacutees devrait aussi ecirctre incor-poreacute dans la meacutetrique finale

En termes meacutethodologiques il serait souhaitable de rendre plus explicite lrsquointeacutegration et la validation de la meacutethodologie avec des donneacutees reacuteelles Lrsquooutil gagnera agrave inteacutegrer des donneacutees reacuteelles et beacuteneacuteficiera des ameacuteliorations apporteacutees agrave GLOBIO via la prise en compte des derniegraveres donneacutees et connaissances relatives aux impacts sur la biodiversiteacute Par ailleurs lrsquooutil gagnerait agrave mieux rendre compte des pressions cumuleacutees dans le temps Enfin il serait souhaitable drsquointeacutegrer toutes les pressions dans les deacuteveloppe-ments futurs de lrsquooutil Pour finir le modegravele EcoOcean pour les eacutecosystegravemes marins pourrait aussi ecirctre consi-deacutereacute pour lrsquooutil GBS qui au moment de lrsquoeacutevaluation ne prenait en compte que les eacutecosystegravemes terrestres et envisageait les eacutecosystegravemes dulccedilaquicoles

Drsquoun point de vue pratique lrsquooutil GBS pourrait ecirctre preacutesenteacute agrave lrsquoaide drsquoun document expliquant lrsquoap-proche geacuteneacuterale et sa pertinence et un autre document

tregraves technique preacutesentant la meacutethodologie de maniegravere complegravete transparente et rigoureuse pour chaque eacutetape du calcul Malgreacute une eacutelaboration minutieuse du GBS celui-ci utilise une approche correacutelative avec de fortes limitations qui peuvent geacuteneacuterer une incer-titude substantielle dans lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact sur la biodiversiteacute Ces eacuteleacutements sont freacutequents lorsqursquoon travaille agrave une eacutechelle mondiale

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Connell J H 1978 Diversity in tropical rain forests and coral reefs Science 199 1302-1310bull Harfoot M B J Newbold T Tittensor D P Emmott S Hutton J Lyutsarev V hellip Purves D W (2014) Emergent Global Patterns of Ecosystem Struc-ture and Function from a Mechanistic General Ecosys-tem Model PLoS Biology 12(4) e1001841 httpsdoiorg101371journalpbio1001841bull Urban et al 2016 Improving the forecast for bio-diversity under climate change Science 353(6304) httpsdoiorg101126scienceaad8466bull Newbold T Hudson L Hill S Contu S Lysenko I et al 2015 Global effects of land use on local terres-trial biodiversity Nature 520 45-50bull Santini L Belmaker J Costello M Pereira H Rossberg A et al 2017 Assessing the suitability of di-versity metrics to detect biodiversity change Biological Conservation 213 341-350 httpsdoiorg101016jbiocon201608024bull Scholes RJ Biggs R 2005 A biodiversity in-tactness index Nature 434 45-49 httpsdoiorg 101038nature03289bull Van Strien AJ Soldaat LL Gregory RD 2012 Desirable mathematical properties of indicators for biodiversity change Ecological Indicators 14 202-208 httpsdoiorg101016jecolind201107007

4342

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

234 Biodiversity Impact Metric (BIM)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Impact Metric (BIM) eacutetait au stade de version becircta Il est deacuteve-loppeacute pour les secteurs fortement lieacutes agrave la consom-mation de matiegraveres premiegraveres ayant un impact sur lrsquoutilisation des terres (alimentation textile foreste-rie cosmeacutetique) et porte sur les milieux terrestres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des produits et services pour des eacutecoreacutegions deacutefinies drsquoun pays et agreacutegeables pour produire un score national Lrsquooutil BIM correspond agrave la composante laquo biodiversiteacute raquo drsquoun outil plus vaste visant agrave eacutevaluer la santeacute drsquoun eacutecosys-tegraveme en prenant en compte lrsquoimpact drsquoactiviteacutes sur la biodiversiteacute le sol et lrsquoeau pour une superficie donneacutee Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre drsquoanalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA) croiseacute avec le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil BIM retient lrsquoutilisation des terres (agriculture activi-teacutes extractives construction destruction de lrsquohabitat fragmentation de lrsquohabitat etc) en termes de type et drsquointensiteacute drsquoutilisation Il ne prend pas en compte les autres pressions anthropiques traditionnellement reconnues ndash tels que la pollution le changement cli-matique lrsquoexploitation directe des organismes les es-pegraveces exotiques envahissantes ndash qui peuvent reacutesulter de nombreuses activiteacutes drsquoapprovisionnement agrave tra-vers le monde En outre agrave lrsquointeacuterieur des impacts de lrsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute la fragmen-tation des espaces fait deacutefaut

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil BIM se base sur le modegravele ACV croiseacute avec le modegravele PER Il mobilise la formule suivante Impact sur la biodiversiteacute (HAeq) = Superficie de terres (neacutecessaire agrave lrsquoapprovisionne-ment exploitation de matiegraveres premiegraveres) times Quan-titeacute de biodiversiteacute impacteacutee times Qualiteacute ou importance de la biodiversiteacute impacteacutee

Au moment de lrsquoeacutevaluation plusieurs versions meacutethodologiques de calcul de lrsquoindicateur sont docu-menteacutees Lrsquoune repose sur lrsquoutilisation de la meacutethode de calcul de lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) ndash le lecteur pourra se rap-porter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil GBS (numeacutero 33) pour un compleacutement drsquoinformation sur cette meacutetrique ndash lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (Biodiver-sity Intactness Index BII) Un des principaux avan-tages de cet outil est que lrsquoun ou lrsquoautre de ces modegraveles est relativement simple agrave mobiliser fondeacute sur des ap-proches scientifiques ainsi que sur des ensembles de donneacutees reconnus agrave lrsquoeacutechelle mondiale

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le cadre de lrsquooutil sont des donneacutees sur la localisation la su-perficie des terres le type et lrsquointensiteacute drsquoutilisation des terres (tonnes acheteacutees gestion de la production rendements locaux) ougrave lrsquoentreprise ou ses fournis-seurs produisent ou extraient une matiegravere premiegravere Si des donneacutees de localisation preacutecise de la production ne sont pas disponibles lrsquooutil BIM utilise la situation la plus pessimiste pour la biodiversiteacute dans le pays de provenance en attribuant un lieu ougrave lrsquoimpact est supposeacute ecirctre le plus eacuteleveacute

Concernant la preacutecision de la relation entre activi-teacutes et pressions lrsquooutil BIM integravegre une mesure directe et spatialement explicite de lrsquoutilisation des terres pour la production de matiegraveres premiegraveres Les erreurs ou les incertitudes sont a priori faibles dans le cas ougrave les donneacutees sont fournies par lrsquoentreprise et sont exactes Toutefois la proceacutedure drsquoassignation drsquoune surface donneacutee associeacutee agrave un type drsquoutilisation des terres et agrave un rendement donneacute nrsquoest pas totalement expliciteacutee dans les meacutethodologies disponibles lors de lrsquoeacutevalua-tion et peut geacuteneacuterer des incertitudes De plus les types drsquoutilisation des terres deacutefinis deacutependent de lrsquoapproche utiliseacutee pour lier pressions et biodiversiteacute (MSA ou BII) ndash on ignore donc au moment de lrsquoeacutevaluation si les types drsquoutilisation des terres choisis par le modegravele per-mettent drsquoestimer avec preacutecision les pressions exerceacutees par lrsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute Au cas ougrave ces donneacutees ne sont pas disponibles la meacutethode de calcul de lrsquoindicateur exige alors drsquoutiliser des donneacutees externes potentiellement moins preacutecises

La sensibiliteacute de la relation entre activiteacutes et pressions semble veacuterifieacutee car lrsquooutil BIM permet de prendre en compte diffeacuterentes intensiteacutes drsquoutilisation des terres Cela neacutecessite toutefois des donneacutees preacute-cises Au cas ougrave ces donneacutees ne sont pas disponibles le fait de supposer que lrsquoutilisation des terres est in-tense devrait limiter la sous-estimation des impacts

Quant agrave la fiabiliteacute de la relation activiteacutes-pres-sions lrsquooutil BIM incorpore une mesure spatialement explicite robuste et quantifiable du lien entre activiteacutes et pressions lieacutees agrave lrsquoutilisation des terres Toutefois elle deacutepend de la qualiteacute des donneacutees fournies et de lrsquoapproche utiliseacutee (MSA ou BII)

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil BIM pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre ACV croiseacute avec le cadre PER Il utilise la mecircme formule que pour lier activiteacutes et pressions Impact sur la bio-diversiteacute (HAeq) = Superficie de terres times Quantiteacute de biodiversiteacute impacteacutee times Qualiteacute ou importance de la biodiversiteacute impacteacutee Lrsquoimpact des activiteacutes sur la bio-diversiteacute est donc caracteacuteriseacute par la pondeacuteration des

surfaces de terres neacutecessaires pour fournir les matiegraveres de base drsquoun produit ou drsquoun service en fonction de leurs effets sur la quantiteacute de perte de biodiversiteacute et la qualiteacute ou lrsquoimportance de la biodiversiteacute

Deux meacutetriques sont utiliseacutees dans lrsquooutil BIM la quantiteacute de biodiversiteacute impacteacutee et la qualiteacute de bio-diversiteacute impacteacutee La quantiteacute de biodiversiteacute impac-teacutee est caracteacuteriseacutee par la proportion de la biodiversiteacute perdue pour ce type drsquoutilisation des terres par rapport agrave un type drsquoeacutecosystegraveme originel ou naturel (eacutetat de reacutefeacuterence) Sa meacutethode de calcul nrsquoest pas claire au moment de lrsquoeacutevaluation car deux versions meacutethodolo-giques sont disponibles Lrsquoune repose sur lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (Biodiversity Intactness Index BII) Ces meacutetriques utiliseacutees sont indicatrices du caractegravere naturel drsquoun espace en reacutefeacuterence agrave lrsquointeacutegriteacute de lrsquoeacutecosystegraveme ou de lrsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute

La qualiteacute ou lrsquoimportance de la biodiversiteacute im-pacteacutee correspond agrave lrsquoimportance mondiale relative du niveau de biodiversiteacute impacteacutee Elle repose sur la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition drsquoespegraveces (Range Rarity) rareteacute deacutetermineacutee sur des mailles drsquoenviron 1 km2 et scoreacutee pour quatre groupes taxonomiques eacutevalueacutes sur la Liste rouge de lrsquoUICN les amphibiens les mam-mifegraveres les oiseaux et les conifegraveres Les zones qui abritent un grand nombre drsquoespegraveces etou des espegraveces agrave faible aire de reacutepartition obtiennent un score plus eacuteleveacute Cette meacutetrique est une mesure de richesse cor-rigeacutee en fonction du poids des espegraveces individuelles et de la taille globale de lrsquoaire de reacutepartition

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIM est qursquoil fournit une mesure quantifiable de lrsquoimpact des activiteacutes drsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute dans une zone donneacutee avec des pondeacuterations pour la quantiteacute de biodiversiteacute et lrsquoimportance de la biodiver-siteacute impacteacutee tout en utilisant des meacutetriques reconnues (MSA ou BII et Range Rarity) Les meacutetriques utiliseacutees permettent aussi de mesurer lrsquoefficaciteacute potentielle des solutions et donc drsquoaider les acteurs agrave orienter les actions des contributions positives agrave la biodiversiteacute

La meacutethodologie de lrsquooutil BIM preacutesente toutefois des limites Les impacts sont mesureacutes aux niveaux eacutecoreacutegional ou national et ne permettent pas de quan-tifier les impacts agrave une eacutechelle spatiale plus fine Cela peut limiter lrsquoidentification de changements appro-prieacutes (reacuteorientation des processus de production ou mesures in situ de gestion et de conservation) Concer-nant drsquoautres limites de lrsquooutil elles sont surtout in-heacuterentes aux meacutethodes utiliseacutees ndash notamment sur la faccedilon dont les donneacutees sur la biodiversiteacute sont traiteacutees pour eacutetablir dans le cadre de GLOBIO un lien entre les pressions individuelles et la MSA (et probablement

aussi le BII) Parmi les eacutetapes pouvant conduire agrave des biais citons choix et prise en compte drsquoeacutecosystegravemes de reacutefeacuterence dans un contexte non-stationnaire prise en compte de lrsquoincertitude sur les abondances indivi-duelles relations pressions ndash impacts de nature cor-reacutelationnelle plus que veacuteritablement causale meacuteta-analyses donneacutees deacuteseacutequilibreacutees entre pressions et groupes taxonomiques reacuteponses ou sensibiliteacutes va-riables selon les groupes taxonomiques relations glo-bales moyennes geacuteneacuteralement ajusteacutees ne permettant pas de prendre en compte les variations des relations pressions ndash impacts dans lrsquoespace ou dans le temps De plus toutes les meacuteta-analyses ne sont pas publieacutees

Enfin lors de lrsquoeacutevaluation la mesure de la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition nrsquoest disponible que pour quatre groupes taxonomiques et parmi les taxons veacutegeacutetaux uniquement pour les conifegraveres Cela peut ecirctre une forte limitation agrave lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes lieacutees agrave la production de marchandises dans les zones forestiegraveres

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil GBS pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation de GLOBIO

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees dans les meacute-thodes pour calculer la MSA ou le BII et reprises dans lrsquooutil BIM proviennent de GLOBIO3 pour le calcul

Abondance moyenne des espegravecesMean Species Abundance (MSA) et Index drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacuteBiodiversity Intactness Index (BII)

La MSA peut ecirctre compareacutee au BII indicateur de lrsquoabondance moyenne drsquoun ensemble impor-tant et diversifieacute drsquoorganismes dans une zone geacuteographique donneacutee par rapport agrave leurs popu-lations de reacutefeacuterence

Les principales diffeacuterences entre le MSA et le BII sont les suivantes 1 chaque hectare a le mecircme poids dans la MSA alors que le BII donne plus de poids aux zones riches en espegraveces 2 la MSA normalise lrsquoabondance par rapport agrave la si-tuation non perturbeacutee pour chaque espegravece alors que le BII le fait au niveau du groupe drsquoespegraveces 3 les abondances normaliseacutees contribuant agrave la MSA ne peuvent deacutepasser 1 ndash crsquoest-agrave-dire lrsquoeacuteco-systegraveme non perturbeacute est par construction ce-lui avec plus de biodiversiteacute ndash alors qursquoelles le peuvent dans le cas du BII 4 les types drsquoutili-sation des terres distingueacutes avec le BII dans ses derniers deacuteveloppements sont plus nombreux et semblent plus preacutecis que ceux de la MSA

4544

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

de la MSA et semblent provenir des reacutesultats publieacutes dans Newbold et al 2015 ou pourraient provenir de la base de donneacutees PREDICTS pour le calcul du BII ndash mais ceci reste agrave confirmer Les donneacutees utiliseacutees pour eacutetablir la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition drsquoespegraveces reposent sur les donneacutees de lrsquoUICN

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci semble significative mais avec des intervalles de confiance assez larges

Pour la sensibiliteacute de la relation entre pressions et impacts la meacutethodologie de lrsquooutil est baseacutee sur un seul type de pression (utilisation des terres) mais plutocirct bien ventileacute De ce fait lrsquooutil BIM semble ecirctre plutocirct sensible si le lien initial entre activiteacutes et type drsquoutilisation des terres est clair

Lrsquooutil BIM dont la meacutethodologie repose sur des modegraveles statistiques et des relations moyennes (dans le cas de lrsquoutilisation de GLOBIO) pour lier pressions et impacts ne permet pas a priori de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion

La fiabiliteacute et le niveau de reproductibiliteacute de la meacutethode deacutependent de la meacutetrique choisie la MSA ou le BII

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Le peacuterimegravetre temporel peut varier en fonction de lrsquoap-plication de la meacutethode Les eacutevaluateurs soulignent toutefois que les modegraveles pressions ndash impacts sont essentiellement stationnaires mais que les relations entre pressions et impacts ont eacuteteacute ajusteacutees sur la base de donneacutees passeacutees reacutecentes

Au niveau spatial lrsquoeacutechelle de lrsquooutil BIM est dans les documents consulteacutes pour lrsquoeacutevaluation lrsquoeacutecoreacutegion Les reacutesultats sont ensuite agreacutegeacutes pour produire un score national pour diffeacuterents produits Les eacutecoreacutegions sont de taille approprieacutee suffisamment petites pour que le type drsquoeacutecosystegraveme et la laquo qualiteacute raquo de la biodiver-siteacute y soient coheacuterents et suffisamment grandes pour qursquoil ne soit pas neacutecessaire de disposer drsquoinformations preacutecises sur la source des produits Cependant une telle eacutechelle ne permet pas de quantifier les impacts provenant de sites drsquoapprovisionnement speacutecifiques agrave une eacutechelle spatiale plus fine Cependant la meacutetrique MSA peut en principe fonctionner agrave nrsquoimporte quelle eacutechelle spatiale Cela rend lrsquooutil flexible

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil BIM sont les populations drsquoespegraveces au niveau des communauteacutes mais sans appreacutehension claire des interactions ou des deacutependances entre es-pegraveces La dimension de la biodiversiteacute prise en compte dans lrsquooutil est la composition agrave travers lrsquoabondance

drsquoespegraveces Si cette dimension est bien adapteacutee pour eacutetablir un lien avec les questions drsquoextinction drsquoes-pegraveces et drsquoeacuterosion de la biodiversiteacute elle lrsquoest moins pour eacutetablir un lien avec des questions fonctionnelles ou eacutevolutives Au moment de lrsquoeacutevaluation il nrsquoy pas drsquoespegraveces particuliegraveres prises en compte pour le calcul de lrsquoindicateur et selon la meacutetrique utiliseacutee (MSA ou BII) les groupes taxonomiques pris en compte dif-fegravere drsquoune meacutethode agrave lrsquoautre ne couvrant pas toute la biodiversiteacute De plus si lrsquooutil mobilise GLOBIO pour calculer la MSA alors il srsquoagit drsquoimpacts potentiels et non pas reacuteels Enfin les eacutevaluateurs rappellent que de nombreuses pressions lieacutees agrave la production de matiegraveres premiegraveres font deacutefaut pour le calcul de lrsquoindicateur

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

De maniegravere geacuteneacuterale lrsquooutil BIM preacutesente des avan-tages pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute de par sa couverture potentiellement mondiale et sa couverture de nombreux taxons Il permet la compa-raison entre les reacutegions du monde entier et potentiel-lement dans le temps Toutefois la meacutethodologie et les sources de donneacutees employeacutees dans lrsquooutil BIM manquent de clarteacute lors de lrsquoeacutevaluation plusieurs versions de la meacutethodologie circulent avec des varia-tions sur les meacutethodes et les meacutetriques utiliseacutees (MSA ou BII) et peu de deacutetails sont fournis Selon la meacutethode employeacutee il y a diffeacuterents biais potentiels et lrsquooutil ne reflegravete pas la dynamique temporelle de la biodiversiteacute Une autre limite meacutethodologique concerne la couver-ture en taxons srsquoils sont nombreux ils sont toutefois diffeacuterents entre la composante laquo quantiteacute de biodiver-siteacute raquo et la composante laquo qualiteacute de la biodiversiteacute raquo de sorte que le reacutesultat de la combinaison des deux nrsquoest pas tregraves clair Il existe donc une incertitude sur la par-tie de la biodiversiteacute bien repreacutesenteacutee par lrsquoindicateur

Il nrsquoy a pas de valeur cible agrave proprement parler Lrsquoobjectif eacutetant drsquoameacuteliorer les pratiques et reacuteduire les impacts en diminuant les pressions (reacuteduction de la superficie des terres diminution de lrsquointensiteacute de ges-tion changement de lieux drsquoapprovisionnement)

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil BIM reste lrsquoeacuteva-luation des impacts potentiels de la production de ma-tiegraveres premiegraveres et lrsquoidentification de points critiques ougrave intervenir pour les reacuteduire Il peut srsquoappliquer agrave la notation a posteriori ou encore servir agrave comparer les investissements Toutefois la meacutethodologie de lrsquooutil BIM nrsquoest pas baseacute sur des donneacutees de biodiversiteacute reacuteelles mais sur des donneacutees modeacuteliseacutees agrave des degreacutes divers selon que la meacutethode mobilise la meacutethode GLO-

BIO pour le calcul de la MSA ou la meacutethode de calcul du BII Cela permet uniquement de comparer les im-pacts modeacuteliseacutes (potentiels attendus) sur la biodiver-siteacute pour diffeacuterentes entreprises qui srsquoapprovisionnent pour un(des) mecircme(s) produit(s) ou encore de com-parer entre diffeacuterents endroits drsquoapprovisionnement pour une ou plusieurs entreprises

Selon les eacutevaluateurs le secteur public dans son ensemble nrsquoest peut-ecirctre pas le plus approprieacute pour appliquer cet outil Par ailleurs selon les eacutevaluateurs lrsquooutil BIM pourrait ecirctre approprieacute pour suivre par-tiellement les objectifs qui visent agrave laquo reacuteduire les pres-sions directes sur la biodiversiteacute et agrave promouvoir lrsquouti-lisation durable raquo Toutefois une eacutevaluation prudente de la MSA par rapport agrave la moyenne geacuteomeacutetrique de lrsquoabondance doit ecirctre effectueacutee avant une inteacutegration au suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en compleacutetant cette approche par des ap-proches plus fonctionnelles et eacutevolutives

En termes meacutethodologiques les concepteurs doivent indiquer clairement quelle meacutetrique est utili-

seacutee au niveau eacuteleacutementaire (MSA ou BII) et travailler agrave lrsquoameacutelioration des biais inheacuterents

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Alkemade R Van Oorschot M Miles L Nelle-mann C Bakkenes M et al 2009 GLOBIO3 A frame-work to investigate options for reducing global terres-trial biodiversity loss Ecosystems 12 374-390 httpsdoiorg101007s10021-009-9229-5 bull Newbold T Hudson L Hill S Contu S Lysenko I et al 2015 Global effects of land use on local ter-restrial biodiversity Nature 520 45-50 httpsdoiorg101038nature14324bull Santini L Belmaker J Costello M Pereira H Rossberg A et al 2017 Assessing the suitability of di-versity metrics to detect biodiversity change Biological Conservation 213 341-350 httpsdoiorg101016jbiocon201608024bull Scholes RJ Biggs R 2005 A biodiversity intactness index Nature 434 45-49 httpsdoiorg101038nature03289bull Van Strien AJ Soldaat LL Gregory RD 2012 Desirable mathematical properties of indicators for biodiversity change Ecological Indicators 14 202-208 httpsdoiorg101016jecolind201107007

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

235 Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Species Threat Abatement Recovery (STAR) eacutetait en cours de deacuteve-loppement Lrsquooutil drsquoabord agrave destination du secteur financier vise agrave eacutevaluer les impacts ex-ante (risques) ou ex-post (beacuteneacutefices) drsquoinvestissements agrave diffeacuterentes eacutechelles et sur diffeacuterentes peacuteriodes (futurs projets ou opeacuterations sur site ou encore investissements pour reacuteduire des pressions) Lors de lrsquoeacutevaluation le module drsquoestimation ex-post eacutetait en deacuteveloppement Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil relegraveve plutocirct des projets entre-prises et eacutetats Dans la version eacutevalueacutee les milieux pris en compte sont les milieux terrestres Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions directes prises en compte lrsquooutil STAR retient celles de la Classification unifieacutee des menaces directes eacutetablie par lrsquoUICN en partena-riat avec le Conservation Measures Partnership (CMP) (voir paragraphe suivant) deacuteveloppement reacutesidentiel et commercial agriculture et aquaculture produc-tion drsquoeacutenergie et exploitation miniegravere utilisation des ressources biologiques intrusion et perturbations hu-maines modifications du systegraveme naturel espegraveces envahissantes et autres espegraveces gegravenes et maladies po-sant problegraveme pollution eacuteveacutenements geacuteologiques changement climatique et eacuteveacutenements extrecircmes Une deacuteclinaison reacutegionale des pressions et de leurs interac-tions (effets synergiques ou contradictoires) est identi-fieacutee comme une piste majeure drsquoameacutelioration de lrsquooutil

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil STAR se base sur le modegravele PER Il mobilise la formule suivante Pour-centage de la population totale drsquoune espegravece sur le site drsquointeacuterecirct (P) times Pondeacuteration de la cateacutegorie de la Liste rouge UICN des espegraveces (W) times Contribution relative de chaque pression (R) Le lien entre activiteacutes et pres-sions est lieacute agrave la cateacutegorie agrave laquelle appartient une ac-tiviteacute en suivant la Classification unifieacutee des menaces directes eacutetablie par lrsquoUICN en partenariat avec le CMP (Threats classification scheme v32 et Standard lexicon associeacute) (Salafsky et al 2008)

Un des principaux avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil STAR est qursquoelle fournit un score unique quantitatif tenant compte drsquoenjeux globaux et locaux De plus le calcul permet de prendre en compte les dispariteacutes de reacuteponses aux pressions entre espegraveces

Elle preacutesente toutefois des limites car lrsquooutil est centreacute sur les espegraveces classeacutees sur la Liste rouge de

lrsquoUICN donc limiteacute agrave un nombre relativement restreint de taxons et preacutesente une forte sensibiliteacute agrave la qua-liteacute des donneacutees disponibles De plus la formule ne prend pas en compte les interactions possibles entre pressions

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees dans lrsquoou-til STAR sont des donneacutees drsquoentreprises sur les sites drsquointeacuterecirct les donneacutees de la Liste rouge des espegraveces menaceacutees de lrsquoUICN les donneacutees de classification des menaces des donneacutees de modeacutelisation de distribu-tion drsquoespegraveces lorsqursquoelles sont disponibles (approche Extent of Suitable Habitat) et les donneacutees de distribu-tion drsquoespegraveces de lrsquoUICN Cependant si des donneacutees de distribution plus preacutecises sont disponibles celles-ci sont privileacutegieacutees pour le calcul de lrsquoindicateur

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions est assez difficile agrave eacutetablir et agrave eacutevaluer le lien est lieacute agrave une cateacutegorisation des pressions et lrsquooutil ne comporte pas de calcul de marge drsquoerreur Il nrsquoy a pas de relation entre lrsquointensiteacute drsquoune activiteacute et le niveau de pression (mais de toutes les activiteacutes qui sont agrave lrsquoorigine de cette pression)

La sensibiliteacute de la relation activiteacutes-pressions ne peut ecirctre eacutetablie que dans le cadre drsquoune analyse ex-post ougrave on observe lrsquoeacutevolution des pressions agrave partir de lrsquoapplication de mesures de reacuteduction Les diffeacute-rences de situations sont implicitement prises en compte dans lrsquooutil agrave travers la liste des espegraveces et des pressions mais lrsquoindicateur reacutesultant est un score agreacutegeacute qui ne reflegravete pas ces dispariteacutes

Le calcul est reproductible en suivant la meacutethodo-logie mais la fiabiliteacute de la relation entre les activiteacutes et les pressions pose question En effet elle repose sur les donneacutees (qualiteacute couverture) et la pertinence locale de pressions identifieacutees agrave une eacutechelle globale Une deacuteclinaison des pressions agrave eacutechelle reacutegionale et un effort de collecte de donneacutees sur les espegraveces sous-eacutechantillonneacutees seraient neacutecessaires

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil STAR pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre PER Il utilise la mecircme formule que pour lier activiteacutes et pressions Pourcentage de la population totale drsquoune espegravece sur le site drsquointeacuterecirct (P) times Pondeacuteration de la cateacutegorie de la Liste rouge UICN des espegraveces (W) times Contribution relative de chaque pression (R)

Les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil STAR sont la preacutesence drsquoespegraveces menaceacutees le pour-centage de la population totale de chaque espegravece sur le site drsquointeacuterecirct et le risque drsquoextinction Le pourcentage de la population totale de chaque espegravece sur le site

drsquointeacuterecirct est calculeacute pour les groupes taxonomiques pleinement eacutevalueacutes et comprend des espegraveces laquo quasi menaceacutees raquo Le risque drsquoextinction est calculeacute agrave lrsquoaide de la notation de la Liste rouge de lrsquoUICN sur la porteacutee et la seacuteveacuteriteacute des pressions pour les menaces actuelles ou agrave venir en excluant les espegraveces menaceacutees unique-ment en raison de leur petite taille de population Lors de lrsquoeacutevaluation lrsquoeacutevaluation complegravete des pressions nrsquoeacutetait disponible que pour les oiseaux mais eacutetait en deacuteveloppement pour drsquoautres taxons

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil STAR est de reposer sur des outils connus de caracteacute-risation et quantification de la biodiversiteacute agrave lrsquoeacutechelle globale et sur de nombreux protocoles existants per-mettant une eacutevaluation locale compleacutementaire

Elle preacutesente toutefois des limites notamment au moment de lrsquoeacutevaluation celle de ne bien prendre en compte les menaces et pressions que pour les oiseaux et lrsquoagreacutegation de plusieurs sources de donneacutees fait eacutemerger des incertitudes De plus il nrsquoy a pas de prise en compte explicite des fonctions et des interactions entre compartiments de biodiversiteacute

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees par lrsquooutil STAR sont les donneacutees de la Liste rouge des espegraveces menaceacutees de lrsquoUICN et des donneacutees deacuteriveacutees cartes drsquoaires de reacutepartition des espegraveces ou drsquoeacutetendue drsquoha-bitat approprieacute menaces et leur statut indications sur le lieu des investissements agrave eacutevaluer Des donneacutees compleacutementaires (menaces utilisation des terres) peuvent ecirctre neacutecessaires selon lrsquoeacutechelle drsquoeacutevaluation Les eacutevaluateurs notent que la connaissance des distri-butions geacuteographiques des populations globales des espegraveces nrsquoest pas homogegravene et que la connaissance des pressions diffegravere entre espegraveces

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute celle-ci est eacutevalueacutee en fonction de deux critegraveres mais sans mesure drsquoin-certitude la porteacutee de la pression (proportion drsquoes-pegraveces impacteacutees) et la seacuteveacuteriteacute de la pression (degreacute de diminution de la population concerneacutee) Le lien entre pressions et impacts est fait suivant une nomenclature globale mais certaines pressions peuvent ne pas ecirctre pertinentes agrave lrsquoeacutechelle locale

La relation entre pressions et impacts nrsquoest pas reacuteel-lement sensible Si lrsquooutil permet structurellement de diffeacuterencier des situations diffeacuterentes (ensemble des pressions sur un site et facteur de pondeacuteration) le calcul de lrsquoindicateur final reste trop inteacutegratif pour rendre compte des dispariteacutes Le niveau de pression est un score mais il nrsquoy a pas de fonction qui permette de traduire une augmentation drsquoune uniteacute de pression en une eacutevolution directe du niveau de menace pour une espegravece

Lrsquooutil STAR est peu susceptible de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute ou de deacutetecter des changements inhabituels du fait de sa reacutesolution (agreacutegation des donneacutees agrave lrsquoeacutechelle globale)

En termes de reproductibiliteacute et de fiabiliteacute on retrouve la mecircme appreacuteciation que pour la relation activiteacutes-pressions

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

La reacutesolution temporelle de lrsquoindicateur est dicteacutee en grande partie par la reacutesolution temporelle des donneacutees UICN Notons que lrsquoeacutevaluation des pressions et des impacts se fait gracircce agrave un score construit sur la seacuteveacute-riteacute et la porteacutee de la pression qui sont eacutevalueacutees sur des peacuteriodes de 10 ans ou de 3 geacuteneacuterations

Au niveau spatial lrsquooutil est flexible et peut srsquoap-pliquer aux eacutechelles site reacutegion pays les limites eacutetant lieacutees agrave la disponibiliteacute des donneacutees globales ou locales

En termes de niveau drsquoorganisation et de dimen-sion de la biodiversiteacute lrsquooutil STAR prend en compte la composition en espegravece Lrsquooutil STAR nrsquointegravegre pas de dimensions fonctionnelle eacutevolutive ou encore deacutemo-graphique Au moment de lrsquoeacutevaluation toute espegravece drsquooiseaux faisant lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation dans la Liste rouge UICN avec des donneacutees de distribution fiables et agrave jour est consideacutereacutee ndash mais lrsquointeacutegration drsquoautres taxa (notamment mammifegraveres et amphibiens) eacutetait encore en deacuteveloppement

Ainsi en se focalisant sur les espegraveces menaceacutees eacutevalueacutees et sur un impact sur la composition baseacute sur la taxonomie et les distributions spatiales lrsquooutil nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute

Lrsquoindicateur reacutesultant est quantitatif spatialement explicite et integravegre une pondeacuteration lieacutee au statut des espegraveces Sa structure additive permet une deacutecompo-sition des enjeux en termes drsquoespegraveces et de pressions et permet la comparaison entre peacuteriodes de temps et entiteacutes geacuteographiques Les eacutevaluateurs soulignent aussi que lrsquoindicateur se place dans le paradigme de la durabiliteacute forte on ne peut observer un gain de biodiversiteacute sans restaurer du capital naturel au sens large crsquoest-agrave-dire en reacuteduisant des pressions ou en res-taurant effectivement des eacutecosystegravemes

Le calcul de lrsquoindicateur preacutesente toutefois quelques limites heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute des donneacutees taxa peu repreacute-sentatifs et peu sensibles au moment de lrsquoeacutevaluation lien entre pressions (menaces) et impacts eacutetablis selon une nomenclature globale qui peut ne pas ecirctre perti-nente pour eacutevaluer les impacts locaux Les eacutevaluateurs notent que lrsquooutil est davantage focaliseacute sur les pres-sions et construit dans une optique drsquoarbitrage entre

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

plusieurs sceacutenarios drsquoinvestissements ndash mais un outil compleacutementaire focaliseacute sur les impacts drsquoactions de restauration (outil Restoration component) eacutetait en deacuteveloppement lors de lrsquoeacutevaluation Agrave ce titre ils pointent aussi le fait que la conversion drsquoimpacts sur des espegraveces diffeacuterentes ndash et a fortiori drsquoeacutecosystegravemes diffeacuterents ndash en une uniteacute unique implique le risque de voir se concentrer avec une logique coucirct-efficaciteacute les investissements dans des zones ougrave des eacutecosystegravemes moins coucircteux que drsquoautres agrave restaurer si lrsquooutil est utiliseacute pour eacutevaluer des impacts de restauration

La freacutequence pour reacutepeacuteter le calcul est agrave ajuster suivant le contexte Dans le cas drsquoun projet la meacute-thodologie preacuteconise de faire une eacutetude ex-ante pour deacuteterminer la meilleure opportuniteacute drsquoinvestissement puis de faire une eacutetude ex-post au moins 5 ans apregraves lrsquoinvestissement pour observer les beacuteneacutefices reacuteels sur la biodiversiteacute

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Les eacutetapes du calcul et les sources de donneacutees sont clairement deacutecrites et transparentes dans la meacutetho-dologie Le calcul de lrsquoindicateur est simple et clair lrsquoutilisation de donneacutees issues de lrsquoUICN facilite aussi son appropriation les biais et sources drsquoincertitudes sont eacutevalueacutes et des solutions sont proposeacutees par les concepteurs Crsquoest eacutegalement un outil inteacutegratif dont la meacutethodologie est deacuteclinable agrave plusieurs eacutechelles dans la limite de la reacutesolution des donneacutees disponibles permet la comparaison entre types de pressions et impacts associeacutes avant et apregraves investissements des comparaisons entre des zones geacuteographiques ou des pas de temps diffeacuterents ou encore une deacutecomposition des enjeux en termes drsquoespegraveces et de pressions

Outre les limites eacutevoqueacutees ci-dessus les eacuteva-luateurs soulignent que les pressions sont prises en compte de faccedilon additive alors qursquoelles peuvent in-teragir ajoutant ainsi de lrsquoincertitude sur le reacutesultat Enfin dans le cadre drsquoune eacutevaluation comparative spatiale ou temporelle le changement de statut sur la Liste rouge des espegraveces ou des changements taxono-miques doivent ecirctre soit ignoreacutes soit conduire agrave un re-calcul systeacutematique de lrsquoindicateur De plus le fait de pondeacuterer le potentiel de conservation de chaque es-pegravece par un facteur lieacute agrave son statut de conservation nrsquoa pas drsquoeffet lineacuteaire sur lrsquoindicateur et crsquoest une source drsquoimpreacutecision suppleacutementaire

Lrsquoindicateur nrsquoest pas tenu agrave une gamme de valeurs clairement deacutefinie ce qui peut compliquer son inter-preacutetation mecircme si plus il est eacuteleveacute plus le potentiel de retour sur investissement lieacute agrave la reacuteduction ou lrsquoeacutelimination drsquoune pression est important Une stan-dardisation suppleacutementaire (par exemple via sa valeur ex-ante ou une valeur maximum) aiderait

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil STAR au mo-ment de lrsquoeacutevaluation reste la comparaison entre des strateacutegies drsquoinvestissement afin drsquoappuyer la deacutecision pour obtenir des reacutesultats en matiegravere de conservation de la biodiversiteacute Des deacuteveloppements sont en cours pour lrsquoeacutevaluation ex-post

La meacutethodologie de lrsquooutil STAR est flexible de sorte que lrsquooutil pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public pour tout usage neacutecessitant de srsquointeacuteresser aux niveaux espegravece ou assemblage drsquoespegraveces et dans une approche de type Before After Control Impact (BACI)

Selon les eacutevaluateurs lrsquooutil pourrait srsquoinseacuterer dans le suivi drsquoobjectifs de deacuteveloppement durable (ODD) lieacutes agrave la conservation de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en le couplant lors des eacutevaluations sur sites avec drsquoautres indicateurs notamment fonctionnels

En termes meacutethodologiques les eacutevaluateurs notent que les concepteurs ont identifieacute les limites de lrsquooutil et proposent des pistes drsquoameacutelioration inteacutegration de plus de taxa deacuteveloppement drsquoune extension pour les actions de restauration incorporation des espegraveces en danger mecircme si non-soumises agrave des pressions Pour la partie laquo distributions drsquoespegraveces raquo elle pourrait pas-ser par des modegraveles de distribution et non de donneacutees brutes mais cette option ajouterait de lrsquoincertitude ndash agrave calculer pour avoir une ideacutee du domaine de validiteacute Dans tous les cas un effort particulier est neacutecessaire sur lrsquoacquisition de donneacutees afin drsquoadapter lrsquoindicateur aux contextes locaux en particulier la pertinence des pres-sions identifieacutees sur un site pour une espegravece donneacutee Par ailleurs la standardisation de lrsquoindicateur pourrait ecirctre eacutetudieacutee afin de le borner agrave une gamme de valeurs

Drsquoun point de vue pratique une proceacutedure drsquoac-compagnement des utilisateurs dans une politique drsquoinvestissement serait utile ndash par exemple en inseacuterant le STAR dans une proceacutedure drsquoanalyse coucirct-efficaci-teacute ou en reacutefleacutechissant agrave la place de lrsquooutil dans une politique de no-net-loss suivant la seacutequence Eacuteviter Reacuteduire Compenser (ERC)

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Hayward MW Boitani L Burrows ND Funston PJ Karanth KU MacKenzie DI hellip Yarnell RW (2015) FORUM Ecologists need robust survey de-signs sampling and analytical methods Journal of Applied Ecology 52(2) 286-290 httpsdoiorg 1011111365-266412408bull Herkt K M B Skidmore A K Fahr J Macroe-cological conclusions based on IUCN expert maps A call for caution Global Ecology and Biogeography 26 930ndash941 (2017) httpsdoiorg101111geb12601

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

236 Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Indi-cator for Extractive Company (BIEC) eacutetait au stade de deacuteveloppement avec des projets pilotes meneacutes en col-laboration avec des entreprises gaziegraveres et miniegraveres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des sites ndash avec la possibiliteacute drsquoagreacuteger les eacutevaluations agrave lrsquouniteacute opeacuterationnelle et agrave lrsquoentreprise ndash pour les milieux ter-restres et marins Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobi-liseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions prises en compte il srsquoagit pour les pressions directes de lrsquoutilisation des terres (deacuteveloppement reacutesidentiel et commercial agri-culture) le stress hydrique les pollutions et pour les pressions indirectes au sens des activiteacutes de lrsquoen-treprise du changement climatique et des espegraveces envahissantes

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BIEC se base sur le cadre PER pour lier acti-viteacutes et pressions La meacutethodologie repose sur une succession drsquoeacutetapes analyse geacuteospatialiseacutee des sites identifieacutes comme sensibles en termes de biodiversi-teacute en identifiant les chevauchements entre des sites drsquoexploitation caracteacuteriseacutes et des zones tregraves sensibles de biodiversiteacute (preacutesence drsquoespegraveces globalement me-naceacutees drsquoaires proteacutegeacutees et drsquohabitats critiques ou remarquables) eacutevaluation de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des pressions au niveau des sites eacutevaluation drsquoactions visant agrave anticiper ou agrave atteacutenuer la perte de biodiversiteacute sur les sites drsquoexploitation Ces eacutevaluations sont tra-duites en notations puis selon des seuils en scores

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIEC est de fournir degraves la premiegravere eacutetape une vision des sites drsquoexploitation pouvant avoir un impact sur la biodiversiteacute laquo sensible raquo Un autre avantage est lrsquoap-proche par scores qui permet une agreacutegation jusqursquoagrave lrsquoeacutechelle de lrsquoentreprise utile pour rendre compte de la performance et communiquer

Elle preacutesente toutefois des limites notamment lors de lrsquoeacutevaluation des pressions en termes de tempora-liteacute eacutetendue spatiale et seacuteveacuteriteacute car les notations sont attribueacutees agrave dire drsquoexperts De plus les pressions sont consideacutereacutees de faccedilon indeacutependante et leurs scores addi-tionneacutes ce qui meacuteconnaicirct les interactions potentielles entre pressions et ne permet pas drsquoestimer lrsquoincertitude

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont celles dis-ponibles au niveau mondial (par exemple IBAT Liste rouges des espegraveces de lrsquoUICN Key Biodiversity Areas The World Database on Protected Areas UNEP Ocean Data Viewer) et au niveau local (notamment rela-

tives aux eacutetudes drsquoimpacts et aux plans en faveur de la biodiversiteacute)

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee car cette relation nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la meacutethodologie de lrsquooutil Lrsquoeacuteva-luation geacuteospatialiseacutee des sites sensibles en termes de biodiversiteacute repose sur lrsquohypothegravese discutable pour les eacutevaluateurs que lrsquointersection spatiale entre les sites drsquoexploitation et la distribution de la biodiversiteacute (espegraveces menaceacutees habitats critiques aires proteacutegeacutees) reflegravete la sensibiliteacute de cette derniegravere aux pressions

De mecircme la sensibiliteacute de la relation entre activi-teacutes et pressions ne peut ecirctre eacutevalueacutee Toutefois des eacuteleacutements permettent drsquoindiquer qursquoelle est faible en effet si des seuils quantitatifs sont deacutefinis pour eacuteta-blir des scores aux diffeacuterentes eacutetapes drsquoeacutevaluation ils sont cateacutegoriseacutes de maniegravere grossiegravere (fort moyen faible) limitant fortement la capaciteacute de lrsquoindicateur agrave mettre en valeur des relations activiteacutes ndash pressions de faible intensiteacute

Quant agrave la fiabiliteacute elle ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Lrsquointeacutegration de dire drsquoexperts limite par ail-leurs la reproductibiliteacute

Liens entre les pressions et les impacts

Le cadre mobiliseacute dans lrsquooutil BIEC pour lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute reste celui du PER agrave tra-vers les mecircmes eacutetapes analyse des chevauchements spatiaux entre sites agrave enjeux de biodiversiteacute et sites drsquoexploitation puis eacutevaluation des pressions

Les meacutetriques de biodiversiteacute consideacutereacutees dans lrsquooutil BIEC sont lors de la premiegravere eacutetape la preacute-sence drsquoespegraveces menaceacutees au niveau mondial la preacutesence drsquohabitats critiques tels que deacutefinis par la norme de performance IFC PS6 la preacutesence drsquoaires proteacutegeacutees qursquoelles soient nationales reacutegionales ou internationales

Au cours de la deuxiegraveme eacutetape les informations les plus souvent utiliseacutees sont la taille de la population pour les espegraveces prioritaires La superficie et la qualiteacute des habitats cleacutes dont deacutependent les espegraveces peuvent aussi ecirctre utiliseacutees comme proxy

La meacutethodologie de lrsquooutil BIEC permet de lier des impacts potentiels avec des pressions sans toutefois expliciter les activiteacutes ni les impacts

A cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont toujours des donneacutees disponibles aux niveau international et local

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee en raison de lrsquoapproche qualitative Plusieurs espegraveces sont noteacutees pour lrsquoeacutetat mais le processus de calcul ne retient que les espegraveces pour lesquelles la situation est la pire De plus les scores drsquoeacutetat et de pression sont calculeacutes indeacutependamment sans liaison explicite les

biais de la relation entre les pressions et les impacts ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutes

La sensibiliteacute de la relation entre pressions et impacts ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Si les pressions et les eacutetats sont correctement noteacutes il est theacuteoriquement possible de faire la distinction entre des situations dif-feacuterentes Toutefois la cateacutegorisation des notations aux diffeacuterentes eacutetapes si elle donne une impression de standardisation agrave lrsquooutil reste grossiegravere et susceptible de cacher des reacutealiteacutes tregraves diffeacuterentes rendant la com-paraison entre situations diffeacuterentes tregraves aleacuteatoire et il est possible qursquoil faille des situations contrasteacutees pour obtenir des scores contrasteacutes Ainsi lrsquooutil ne permet pas de deacutetecter des changements preacutecoces ou graduels de biodiversiteacute sa reacutesolution eacutetant trop faible

Enfin la fiabiliteacute et la reproductibiliteacute ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutees Elles deacutependent fortement de la deacutefinition des critegraveres de biodiversiteacute agrave quantifier ndash ce qui fait lrsquoobjet drsquoune concertation avec les acteurs locaux ndash et de la faccedilon dont les experts harmonisent leurs eacutevaluations

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel la meacutethodologie permet drsquoavoir un indicateur ponctuel Les eacutevaluateurs soulignent que le cadre PER est plus destineacute agrave eacutevaluer des chan-gements drsquoeacutetat induit par une laquo reacuteponse raquo (induisant un changement de laquo pression raquo) qursquoagrave fournir un dia-gnostic Pour les eacutevaluateurs ce type drsquooutil a peu de potentiel comme signal drsquoalerte et en outre peut ne pas ecirctre pertinent en cas de changements impreacutevus (par exemple des transitions ou de nouveaux reacutegimes de fonctionnement des eacutecosystegravemes) De plus lrsquoeacutetat consideacutereacute eacutetant lrsquoeacutetat actuel lrsquoeacutevaluation nrsquoest valable que pour le court terme

Au niveau spatial la meacutethodologie de lrsquooutil BIEC permet drsquoeacutevaluer les pressions agrave deux eacutechelles mon-diale pour identifier les sites laquo sensibles raquo et locale avec des eacutevaluations speacutecifiques Il existe toutefois le risque de ne pas relever des sites implanteacutes dans des zones qui ne sont pas identifieacutees comme laquo sensibles raquo mais pourtant agrave forts enjeux de biodiversiteacute (par ex espegraveces milieux ou habitats non proteacutegeacutes et non en danger mais dont la persistance impacte lrsquoensemble des habitats ou espegraveces similaires de la reacutegion par effet de dynamique source-puits) La consultation des acteurs locaux doit limiter ce risque

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil est lrsquoespegravece Concernant les espegraveces prises en compte leur preacutesence sur la Liste rouge de lrsquoUICN est le principal critegravere mentionneacute pour le calcul du BIEC Toutefois il semble possible drsquointeacute-grer drsquoautres cateacutegorisations en fonction des enjeux

locaux mais il nrsquoy a pas drsquoindication particuliegravere (es-pegraveces bioindicatrices cleacutes de voucircte etc) Concernant les dimensions de la biodiversiteacute la distribution spa-tiale des espegraveces la taille des populations et si aucune donneacutee nrsquoest disponible la superficie et la qualiteacute des habitats sont les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte au moment de lrsquoeacutevaluation Communau-teacutes structures et fonctions des eacutecosystegravemes ne sont pas prises en compte Toutefois la meacutethodologie de lrsquooutil semble suffisamment flexible pour incorporer ces niveaux si les enjeux locaux le justifient

La meacutethodologie scalaire et deacutefinie en concertation avec les acteurs locaux permet de guider lrsquoaction au niveau des sites et de communiquer au niveau de lrsquoen-treprise Toutefois lrsquoindicateur reacutesultant nrsquoest pas suf-fisamment informatif pour les publics techniquement avertis au-delagrave de lrsquoanalyse ex-ante lrsquooutil ne rendra pas compte des dynamiques subtiles graduelles ou difficiles agrave mesurer ou seulement lorsque les experts les auront identifieacutees crsquoest-agrave-dire tardivement ndash et pour autant que des suivis soient mis en place

La repreacutesentativiteacute de lrsquoindicateur en matiegravere drsquoim-pacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute deacutepend des choix effectueacutes par les acteurs locaux pour preacuteciser lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute puis estimer les pressions Si la meacutetho-dologie de lrsquooutil BIEC opte pour une approche conser-vatrice ndash en deccedilagrave de 70 lrsquoeacutetat est consideacutereacute comme pauvre au niveau du site le score drsquoeacutetat retenu est celui de lrsquoespegravece preacutesentant le score le plus faible le score de pression est le plus eacuteleveacute ndash elle induit que les scores drsquoeacutetat et de pression ne reflegravetent au final qursquoune pression (eacutevalueacutee comme la plus forte) et une espegravece (agrave lrsquoeacutetat eacutevalueacute le plus mauvais) ce qui nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute Les eacutevaluateurs notent que cet outil peut ecirctre utile en tant que premiegravere approche rapide ou lorsque les enjeux de biodiversiteacute sont simples (peu drsquoespegraveces prioritaires) et les activiteacutes ayant des impacts potentiels bien deacutefinis

La meacutethodologie suggegravere une reacutevision quinquennale mais lrsquoindicateur peut ecirctre mis agrave jour annuellement

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

La meacutethodologie est claire transparente et rigoureuse et la structure de lrsquooutil est simple et ne neacutecessite pas de compeacutetences techniques eacutelaboreacutees pour ecirctre appreacute-hendeacutee La meacutethodologie pour deacutesigner un niveau de base de lrsquoindicateur et sa reacuteeacutevaluation est par ailleurs clairement deacutecrite Cependant le calcul de lrsquoindicateur lui-mecircme est peu preacutecis pour deux raisons il repose sur une vision discregravete des enjeux en trois cateacutegories (fort moyen faible) et non sur un indicateur quanti-

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

tatif ou pseudo-quantitatif et il est flexible afin drsquoadap-ter les indicateurs de sites (eacutetat pressions) aux enjeux locaux Lrsquoeacutetape de consultation des acteurs locaux appelle agrave la vigilance En outre lrsquooutil repose sur un certain nombre drsquohypothegraveses (additiviteacute des scores seacutelection des maxima et minima parmi de multiples caracteacuteristiques drsquoeacutetat et de pression) et de codage (valeurs seuils cateacutegories de scores)

Outre les limites eacutevoqueacutees ci-dessus les eacutevalua-teurs notent que le potentiel de reproductibiliteacute et de comparaison de lrsquoindicateur est limiteacute par son carac-tegravere qualitatif Si le fait drsquoeacutetablir des eacutevaluations drsquoeacutetat et de pression adapteacutees agrave chaque site a un sens lo-calement la cateacutegorisation rend lrsquoindicateur suscep-tible de lisser fortement des dispariteacutes entre sites et limite sa porteacutee pour rendre compte de changements de faible intensiteacute graduels ou non-lineacuteaires Ainsi selon les eacutevaluateurs lrsquooutil BIEC nrsquoest pas suffisant pour appuyer les deacutecisions de gestion dans la plupart des cas en particulier lorsque davantage de consideacute-rations au niveau des eacutecosystegravemes sont neacutecessaires etou de multiples pressions sont en jeu

Il nrsquoy a pas de valeur cible agrave proprement parler celle-ci devant ecirctre deacutefinie au cours du processus de construction de lrsquoindicateur en fonction du site et des enjeux Lrsquoindicateur nrsquoest a priori pas conccedilu pour ef-fectuer des comparaisons entre sites mais pour eacuteva-luer un site donneacute ou un groupe de sites partageant des caracteacuteristiques communes

Selon les eacutevaluateurs cet outil est applicable agrave des projets publics Des modifications visant agrave favoriser

les comparaisons inter-entiteacutes et la prise en compte de lrsquoincertitude seraient neacutecessaires pour que lrsquooutil integravegre le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Selon les eacutevaluateurs les ameacuteliorations agrave apporter sont essentiellement drsquoordre meacutethodologique

Ainsi au niveau des sites lrsquoapproche conservatrice conduit lrsquoindicateur agrave ne refleacuteter qursquoune pression sur une seule espegravece Pour limiter cela il faudrait notam-ment modifier le calcul des scores drsquoeacutetat et de pression afin de pouvoir prendre en compte plusieurs minima et maxima

Une meacutethode de scoring pseudo-quantitatif au lieu de la cateacutegorisation actuelle (faible moyen fort) permettrait de mieux prioriser les enjeux et de rensei-gner lrsquoindicateur de maniegravere plus preacutecise Une standar-disation plus eacuteleveacutee de lrsquoindicateur (par exemple en eacutegalisant le nombre drsquoitems pris en compte lors de la deuxiegraveme eacutetape ou en deacutefinissant une grille drsquoeacutequiva-lences) serait utile

Par ailleurs des instructions tregraves preacutecises des exemples et un processus drsquoapprentissage iteacuteratif sont neacutecessaires pour assurer la coheacuterence des scores entre les groupes drsquoexperts entre les sites et agrave diffeacuterents moments

Une typologie des pressions directement lieacutees aux activiteacutes ainsi qursquoun suivi des eacutetats et des pressions seraient eacutegalement neacutecessaires

237 Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Indica-tor and Reporting System (BIRS) eacutetait utiliseacute par des entreprises du secteur de lrsquoextraction et de la construc-tion (ciment granulats) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des sites ndash avec la possibiliteacute drsquoagreacuteger les eacutevaluations aux niveaux national et global drsquoune entreprise ndash pour les milieux terrestres les zones hu-mides et cocirctiegraveres Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR) Lrsquooutil BIRS repose sur une approche fondeacutee sur lrsquoanalyse des risques eacuteleacute-ment de la meacutethodologie du systegraveme de gestion inteacute-greacutee de la biodiversiteacute (Integrated Biodiversity Mana-gement System IMBS) deacuteveloppeacute par lrsquoUICN

Concernant les pressions prises en compte il srsquoagit de lrsquoeacuterosion des sols les effets neacutegatifs du pacircturage par les animaux domestiques ou sauvages les plantes exotiques envahissantes les effets neacutegatifs de lrsquoexploi-tation de carriegravere ou des activiteacutes associeacutees qui se reacute-percutent dans lrsquohabitat eacutevalueacute lrsquoutilisation incontrocirc-leacutee de ressources naturelles non extraites de carriegraveres le rejet de deacutechets solides non mineacuteraux la pollution de lrsquoeau les menaces causeacutees par des incendies non controcircleacutes Au moment de lrsquoeacutevaluation la pollution des sols ainsi que les perturbations (sonores lumi-neuses) ne sont pas prises en compte

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BIRS se base sur le cadre PER pour lier activiteacutes et pressions Il mobilise la formule suivante Site times Surface total de chaque type drsquohabitat times Facteur de contexte par habitat times Classe de condition de chaque habitat = Indice de classement de lrsquoeacutetat de la biodi-versiteacute du site Cette formule permet de caracteacuteriser la valeur et la condition eacutecologiques des habitats drsquoun site Le lien entre les activiteacutes et les pressions est reacutea-liseacute de maniegravere implicite agrave travers lrsquoattribution drsquoun score de menace pour les habitats Ce score de menace peut ecirctre rapprocheacute des laquo pressions raquo

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquoou-til BIRS est de deacutefinir des scores agrave travers plusieurs eacutetapes reacutealisables par des non-experts et pour tous types drsquohabitats La meacutethodologie permet de combi-ner les scores Elle comprend aussi une eacutetape de nor-malisation baseacutee sur la proportion drsquohabitats naturels drsquoun site concerneacutes par au moins une pression afin de prendre en compte les diffeacuterences de taille entre les sites de comparer les niveaux de menaces de sites de tailles diffeacuterentes

Elle preacutesente toutefois des limites notamment le fait que lrsquooutil se concentre sur les modifications de la

qualiteacute des habitats et que la meacutethodologie est qualita-tive avec lrsquoattribution de scores par dire drsquoexperts De plus les zones fortement deacutegradeacutees telles que les sites opeacuterationnels les parois des carriegraveres les zones de restauration et les zones rudeacuterales se voient attribuer un score par deacutefaut Par conseacutequent ces espaces ne font pas partie du score de menace du site et ne sont pas eacutevalueacutes Le score par deacutefaut de certaines de ces zones varie au cours du temps en fonction du nombre drsquoanneacutees eacutecouleacutees depuis lrsquoarrecirct de lrsquoexploitation cela peut avoir une grande influence sur les changements temporels de lrsquoindicateur qui en reacutesulte

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont des don-neacutees collecteacutees in situ pour le suivi de lrsquoeacutetat des habi-tats et des menaces Ces donneacutees peuvent ecirctre collec-teacutees par des non-experts ndash agrave condition qursquoun expert soit preacutesent lors de la phase de preacuteparation pour assurer une formation (compeacutetences neacutecessaires deacutefinitions arbre de deacutecision questionnaires sont proposeacutes) ndash ou ecirctre issues drsquoeacutevaluations drsquoimpact environnemental et socieacutetal La typologie des habitats a eacuteteacute eacutetablie de faccedilon ad hoc avec une table de correspondance avec la clas-sification de la Liste rouge des habitats de lrsquoUICN Une deacutefinition des habitats et un arbre preacutecis de deacutecision permettant de deacuteterminer les habitats sont fournis

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions est difficile agrave eacutevaluer car cette relation nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la meacutethodologie de lrsquooutil Les huit ca-teacutegories de menaces qui sont listeacutees recouvrent une large gamme drsquoactiviteacutes mais chacune ne repreacutesente pas tant une seule activiteacute que diffeacuterents types de pressions

De mecircme la sensibiliteacute de la relation entre activi-teacutes et pressions est difficile agrave eacutevaluer La meacutethodologie de lrsquooutil BIRS permet de relier une activiteacute donneacutee agrave plusieurs types de pression et agrave plusieurs activiteacutes de geacuteneacuterer les mecircmes pressions Chaque activiteacute peut ensuite ecirctre deacutecrite agrave travers un profil de pressions

Quant agrave la fiabiliteacute elle ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Des mesures plus quantitatives sont neacuteces-saires au-delagrave de la simple cateacutegorisation employeacutee dans lrsquooutil BIRS Lrsquointeacutegration de dire drsquoexperts limite par ailleurs la reproductibiliteacute

Liens entre les pressions et les impacts

Le cadre mobiliseacute dans lrsquooutil BIRS pour lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute reste celui du PER agrave tra-vers la mecircme formule Site times Surface totale de chaque type drsquohabitat times Facteur de contexte par habitat times Classe de condition de chaque habitat = Indice de classement de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute du site Le lien entre les pressions et les impacts sur la biodiversiteacute est eacutetabli agrave partir de la matrice de risques pour la biodi-versiteacute issue de la meacutethodologie du systegraveme de gestion

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

inteacutegreacutee de la biodiversiteacute (Integrated Biodiversity Ma-nagement System IMBS) deacuteveloppeacute par lrsquoUICN Cet eacutetayage meacutethodologique est indiqueacute au deacutebut de la meacutethode disponible lors de lrsquoeacutevaluation mais nrsquoest pas reprise par la suite Le score de menace de lrsquohabitat reflegravete ainsi drsquoune certaine faccedilon les impacts poten-tiels sans que ceux-ci soient qualifieacutes Le score de condition de lrsquohabitat peut ecirctre rapprocheacute de laquo lrsquoeacutetat raquo

Les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil BIRS se rapportent toutes aux habitats plus particu-liegraverement en termes de structure surface et compo-sition de veacutegeacutetation ce sont le facteur de contexte de lrsquohabitat et la classe de condition de lrsquohabitat Le facteur de contexte de lrsquohabitat integravegre des eacuteleacutements relatifs agrave lrsquoimportance eacutecologique de lrsquohabitat et de la valeur intrinsegraveque de la biodiversiteacute uniciteacute aspects fonctionnels connectiviteacute espegraveces preacutesentes niveau de menace La classe de condition de lrsquohabitat deacutecrit la qualiteacute de lrsquohabitat agrave partir de critegraveres morpholo-giques et drsquoautres caracteacuteristiques Lrsquoattribution des scores pour ces meacutetriques repose sur des hypothegraveses eacutecologiques geacuteneacuterales la biodiversiteacute est fonction de la diversiteacute des habitats des habitats structurellement plus diversifieacutes conduisent agrave une plus grande diversiteacute drsquoespegraveces et une plus grande qualiteacute drsquohabitat se tra-duit par une plus grande diversiteacute drsquoespegraveces

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIRS est que les cateacutegories consideacutereacutees pour calculer le score de menace pour lrsquohabitat integravegrent les pressions drsquoune varieacuteteacute drsquoactiviteacutes et qursquoelles peuvent ecirctre relieacutees aux reacuteponses potentielles drsquoactions de gestion ndash agrave cibler en prenant en compte les scores de chaque menace

Elle preacutesente toutefois des limites Lrsquooutil se concentre sur les habitats ndash deacutecrits agrave travers des ca-racteacuteristiques de veacutegeacutetation ndash lrsquooccupation du sol la preacutesence drsquoespegraveces menaceacutees ou particuliegraveres de ce fait aucun lien explicite ne peut ecirctre eacutetabli entre les pressions et lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute ndash seules des cor-reacutelations pourraient ecirctre infeacutereacutees si des ameacuteliorations eacutetaient apporteacutees agrave lrsquooutil pour relier les activiteacutes sur le site avec les modifications des conditions de lrsquohabi-tat Drsquoautre part certaines pressions ne peuvent pas faire lrsquoobjet drsquoune laquo eacutevaluation visuelle raquo et neacutecessi-teraient des donneacutees compleacutementaires collecteacutees Par ailleurs les critegraveres pour qualifier les sites sont prin-cipalement qualitatifs et deacutefinis agrave une eacutechelle assez grossiegravere puisque lrsquoattribution du score repose sur quatre cateacutegories

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont la surface des habitats leurs caracteacuteristiques (diversiteacute morpho-logique structure de veacutegeacutetation heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute spa-tiale de la veacutegeacutetation litiegravere et bois mort) la preacutesence de groupes drsquoanimaux bio-indicateurs et de pollinisa-

teurs des caracteacuteristiques eacutecologiques remarquables (karst colonies drsquooiseaux en phase de reproduction sites pour les espegraveces migratrices) la preacutesence drsquoes-pegraveces particuliegraveres (espegraveces menaceacutees dans la liste rouge de lrsquoUICN classeacutees comme rares au niveau mon-dial ou national) et drsquohabitats particuliers (zone pro-teacutegeacutee ou eacutecosystegraveme important) la connectiviteacute des habitats ou les corridors de biodiversiteacute (connexions hydrologiques) des donneacutees sur la preacutesence drsquoune zone tampon adjacente ou encore de la protection des bassins versants La plupart de ces donneacutees sont des observations visuelles et qualitatives recueillies sur un site toutes eacutetant facilement disponibles En contrepar-tie ces donneacutees preacutesentent de fortes limitations telles que le possible manque de coheacuterence (dans le temps et entre sites) et un biais taxonomique lieacute agrave la focalisa-tion sur la veacutegeacutetation

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee car elle nrsquoest pas expliciteacutee Il est mecircme difficile drsquoeacutetablir une relation correacutelative car aucune information ne lie explicitement lrsquoeacutetat de lrsquohabitat et les activiteacutes meneacutees Les biais lieacutes agrave la notation agrave dire drsquoexperts ne peuvent pas ecirctre eacutevalueacutes

La sensibiliteacute de la relation entre pressions et im-pacts ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Si les scores de menace et drsquoeacutetat de lrsquohabitat sont correctement noteacutes il est theacuteoriquement possible de distinguer les situations mais cette approche reste qualitative et des situations contrasteacutees sont neacutecessaires pour obte-nir des scores contrasteacutes De plus la construction de lrsquoindicateur repose sur une succession drsquoeacutetapes avec des corrections de sorte que la sensibiliteacute reacutesultante nrsquoest pas claire Aussi il est peu probable que lrsquooutil permette de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute mais plutocirct des changements tardifs et importants tels que la disparition drsquoespegraveces ou le rem-placement eacutecologique ndash ou brutaux tel le deacuteversement de deacutechets Il ne permet pas non plus de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion

Enfin la fiabiliteacute et la reproductibiliteacute ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutees ndash notamment parce que les scores sont qualitatifs et baseacutes sur le dire drsquoexperts

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil est destineacute agrave ecirctre employeacute ideacutealement sur un site Il est recommandeacute de rendre compte des changements en se basant sur une seacuterie temporelle en notant toutefois que les modifications drsquoune anneacutee agrave lrsquoautre doivent ecirctre interpreacuteteacutees avec prudence

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

drsquoeacutetat de lrsquohabitat Ceci permettrait pourtant drsquoameacute-liorer la reproductibiliteacute de lrsquoeacutevaluation dans le temps et dans lrsquoespace ndash par exemple pour eacuteclairer la dif-feacuterence entre des espegraveces de plantes exotiques enva-hissantes laquo abondantes raquo ou laquo freacutequentes raquo ou encore indiquer des valeurs seuils (en pourcentage ou autre) de couverture ou nombre drsquoindividus Lrsquoeacutetape de nota-tion des pressions agrave dire drsquoexperts appelle agrave la vigi-lance En outre lrsquooutil repose sur un certain nombre drsquohypothegraveses (pas de deacutelineacuteation des cateacutegories de menaces et des activiteacutes moyenne et agreacutegation des scores hypothegraveses de biodiversiteacute relieacutee agrave la qualiteacute et agrave la diversiteacute des habitats)

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent que si le processus drsquoagreacutegation des scores rend lrsquoapproche scalaire il en reacutesulte un indicateur complexe et lrsquointrication des calculs (agreacutegation de diffeacuterents critegraveres qui se compensent les uns les autres) rend la gamme des variations de cet indicateur difficile agrave interpreacuteter et agrave anticiper Par conseacutequent les eacutevaluateurs notent qursquoil est peu probable que lrsquooutil BIRS puisse ecirctre utiliseacute pour comparer des sites Ils in-diquent eacutegalement qursquoil peut ecirctre preacutefeacuterable de suivre seacutepareacutement le score de chaque critegravere drsquoeacutevaluation

Il nrsquoy a pas de valeur cible fixeacutee lrsquoindice le plus eacuteleveacute de lrsquoeacutetat du site devant refleacuteter le meilleur eacutetat de la biodiversiteacute

Selon les eacutevaluateurs cet outil est applicable agrave des projets publics comme un critegravere de deacutecision dans le cadre de marcheacutes et contrats mais en tenant compte des biais indiqueacutes ndash mais pas dans le cadre de travaux publics car il nrsquoest pas complegravetement adeacutequat pour rendre compte des impacts sur la biodiversiteacute Des modifications visant agrave assurer lrsquoenregistrement des donneacutees brutes drsquoobservation ou agrave deacutefaut de lrsquoindice de lrsquoeacutetat des habitats et des sites dans une base de donneacutees utilisant des ontologies normaliseacutees et com-munes aux entreprises seraient neacutecessaires pour que lrsquooutil integravegre le suivi drsquoobjectifs de cadres internatio-naux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en renforccedilant le suivi de lrsquoeacutetat de la biodiver-siteacute Ainsi lrsquoabondance des populations pourrait ecirctre prise en compte afin drsquoavoir des signes plus preacutecoces de changement de biodiversiteacute tout en gardant la meacutethode simple et applicable par des non-experts En outre pour une eacutevaluation plus robuste et repreacutesenta-tive un ensemble plus large de groupes taxonomiques pourrait ecirctre inteacutegreacute Les groupes les plus faciles et les plus simples agrave suivre comprennent les inverteacutebreacutes ter-restres et aeacuteriens les oiseaux ou les chauves-souris ndash drsquoautres espegraveces ou groupes pourraient eacutegalement ecirctre

pris en compte tels que les organismes vivants dans le sol ou des verteacutebreacutes terrestres identifieacutes comme bio-in-dicateurs cleacutes de voucircte ou les espegraveces menaceacutees Dans ce cadre la freacutequence des suivis devrait probablement ecirctre adapteacutee pour conserver un niveau drsquoefforts et des coucircts raisonnables ndash tous les deux ans par exemple Ce qui est actuellement mesureacute concerne plus les ha-bitats que la biodiversiteacute elle-mecircme le nom de lrsquooutil porte agrave confusion

En termes meacutethodologiques la deacutefinition de seuils standardiseacutes de meacutetriques quantitatives (valeurs seuils et intervalles) permettant drsquoattribuer des scores drsquoeacutetat et de menaces pourrait atteacutenuer les conseacutequences de la notation subjective agrave dire drsquoexperts Cela faciliterait la comparaison entre sites au sein drsquoune entreprise et entre entreprises Une autre faccedilon de drsquoappreacutehender cette source de variation dans la notation serait de reacute-peacuteter les eacutevaluations pour chaque habitat puis drsquoeacuteva-luer la variation des notations entre experts Une base de donneacutees de reacutefeacuterence des scores preacuteceacutedemment calculeacutes ainsi que des photos prises lors des suivis seraient utile dans le cadre drsquoun processus drsquoappren-tissage continu

Les eacutevaluateurs proposent aussi de conserver un score seacutepareacute pour lrsquoeacutetat et les menaces Combineacute avec davantage drsquoinformations sur les activiteacutes au sein de chaque site cela permettrait de hieacuterarchiser les sites neacutecessitant des mesures drsquoatteacutenuation immeacutediates

Drsquoun point de vue pratique les activiteacutes indus-trielles sur les sites et leur historique devraient ecirctre documenteacutees de faccedilon harmoniseacutee en indiquant par exemple lrsquointensiteacute la freacutequence et la dureacutee des pres-sions afin de mieux comprendre leurs impacts sur lrsquohabitat et les effets des mesures prises par lrsquoentre-prise Mecircme si le besoin de standards coheacuterents agrave travers le temps et dans lrsquoespace est reconnu par les deacuteveloppeurs de lrsquooutil BIRS ce point aurait besoin drsquoecirctre renforceacute

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull UICN (2018) Guide pratique pour la reacutealisation de Listes rouges reacutegionales des espegraveces menaceacutees ndash Meacute-thodologie de lrsquoUICN amp deacutemarche drsquoeacutelaborationbull Jeanmougin M Plattner G Porcher E Julliard R Touroult J Poncet L (2014) Synthegravese bibliogra-phique des changements drsquoeacutechelles cartographiques et des relations eacutecologiques entre les espegraveces et leurs habitats 83 SPN-CESCO-MNHN MEDDE Paris

Au niveau spatial la meacutethodologie de lrsquooutil BIRS permet drsquoeacutevaluer les pressions agrave plusieurs eacutechelles chaque type drsquohabitat au sein drsquoun site puis sur lrsquoensemble du site A ce niveau lrsquoindicateur permet drsquoorienter les gestionnaires de sites vers des mesures de gestion cibleacutes pour reacuteduire les menaces pesant sur les habitats Les agreacutegations sont ensuite effectueacutees agrave lrsquoeacutechelle des sites puis aux niveaux national et global de lrsquoactiviteacute de lrsquoentreprise Agrave ce niveau un tel indi-cateur agreacutegeacute est valable pour le rapportage mais ne peut pas orienter les actions de gestion en reacuteponse aux constats de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil est lrsquohabitat Les espegraveces sont indirectement consideacutereacutees via le facteur de contexte de lrsquohabitat ndash agrave travers lrsquoeacutevaluation de la valeur in-trinsegraveque la biodiversiteacute de lrsquohabitat ndash et via la classe de condition de lrsquohabitat ndash agrave travers lrsquoeacutevaluation de la preacutesence de caracteacuteristiques eacutecologiques exception-nelles et de groupes animaux bio-indicateurs Lrsquooutil prend en compte les espegraveces ou des habitats mena-ceacutes preacutesents dans les listes rouges de lrsquoUICN et classeacutes comme laquo rares raquo au niveau mondial ou national les espaces proteacutegeacutes ou les eacutecosystegravemes importants Le fonctionnement des eacutecosystegravemes et les communauteacutes ne sont pas pris en compte Concernant les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte il srsquoagit essentielle-ment de la composition et de la structure des habitats Ce sont des dimensions importantes de lrsquointeacutegriteacute de lrsquoeacutecosystegraveme et elles sont relativement faciles agrave mesu-rer Toutefois elles peuvent srsquoaveacuterer insuffisantes pour deacutetecter des signaux preacutecoces de changement drsquoeacutetat de la biodiversiteacute Ceci doit ecirctre compleacuteteacute par des paramegravetres quantitatifs (par exemple lrsquoabondance) doit ecirctre reacutealiseacute avec plus de preacutecision (par exemple en eacutenumeacuterant les espegraveces dominantes ou rares) et eacutetendu au-delagrave de la veacutegeacutetation au regravegne animal De plus la fragmentation de lrsquohabitat et les connectivi-teacutes sont insuffisamment prises en compte Ainsi en tenant eacutegalement compte des limites indiqueacutees preacute-ceacutedemment lrsquooutil nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute des activiteacutes consideacutereacutees

Lrsquoapproche semi-quantitative (attribution de scores) nrsquoest pas conccedilue pour deacutetecter des change-ments graduels comme cela est par ailleurs noteacutee dans la meacutethode accessible au moment de lrsquoeacutevalua-tion Lrsquooutil se concentre sur la structure et la compo-sition de la veacutegeacutetation agrave partir drsquoune eacutevaluation quali-tative plutocirct que sur des mesures quantitatives (mecircme en ce qui concerne lrsquoidentification des espegraveces) Il se concentre plus sur les changements drsquoenvironnement pertinents pour la biodiversiteacute plutocirct qursquoau niveau mecircme de la biodiversiteacute et de meacutetriques srsquoy rapportant La proportion drsquohabitats laquo naturels raquo nrsquoest eacutegalement

pas prise en compte dans le calcul alors que lrsquoindi-cateur peut ecirctre sensible aux changements temporels des statuts des zones (entre zone opeacuterationnelle zone en cours de restauration et zones laquo naturelles raquo) Les eacutevaluateurs indiquent qursquoil est neacutecessaire drsquoexaminer attentivement lrsquoeacutevolution des scores individuels et non agreacutegeacutes de lrsquoeacutetat de lrsquohabitat et des menaces ainsi que des cartes pour rendre plus preacuteciseacutement compte des impacts des activiteacutes ndash par ailleurs pas explicite-ment diffeacuterencieacutees en tant que sources diffeacuterentes de pressions potentielles ndash sur les habitats Lrsquooutil BIRS pourrait aussi ecirctre compleacuteteacute par des plans drsquoaction ou des plans de restauration car il nrsquoa pas vocation agrave suivre des objectifs fins de gestion de biodiversiteacute En outre les eacutevaluateurs notent que les eacutevaluations de lrsquoeacutetat de lrsquohabitat devraient ecirctre davantage lieacutees agrave drsquoautres indicateurs du systegraveme de gestion inteacutegreacutee de la biodiversiteacute de lrsquoUICN sur lequel lrsquooutil srsquoappuie

La meacutethodologie de lrsquooutil BIRS indique qursquoune reacuteeacutevaluation du facteur de contexte de lrsquohabitat tous les 5 agrave 10 ans devrait suffire agrave moins que des chan-gements importants ou de grande eacutechelle dans lrsquoutili-sation des terres aient eu lieu aux alentours auquel cas ce facteur doit ecirctre reacuteeacutevalueacute plus tocirct La classe de condition de lrsquohabitat est elle eacutevalueacutee annuelle-ment et lrsquooutil BIRS est conccedilu pour calculer un indice annuel drsquoeacutetat de la biodiversiteacute

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

La meacutethodologie bien que complexe par la succession des eacutetapes reste simple agrave comprendre Elle est claire transparente et rigoureuse avec une deacutefinition utile des termes des eacutetapes et des critegraveres drsquoeacutevaluation crsquoest le cas lors de lrsquoeacutetape drsquoidentification de lrsquohabi-tat et de lrsquoeacutetape drsquoestimation de la superficie pour les-quelles une deacutefinition tregraves claire de la classification de lrsquohabitat et des meacutethodes de calcul sont fournies

La meacutethodologie peut ecirctre utiliseacutee dans le monde entier et pour nrsquoimporte quel habitat ou eacutecosystegraveme Elle assure eacutequilibre entre des consideacuterations pratiques et la rigueur scientifique bien que les eacutevaluateurs notent que cela peut encore ecirctre ameacutelioreacute Lrsquoapproche semi-quantitative par lrsquoattribution de scores agrave travers une classification relativement grossiegravere nrsquoenlegraveve pas la neacutecessiteacute de mesures quantitatives De plus les scores drsquoune cateacutegorie sont supposeacutes eacutequivalents (par exemple laquo forte pression de pacircturage raquo eacutequivaut agrave laquo abondance drsquoespegraveces exotiques envahissantes raquo eacutequivaut agrave laquo forte pollution de lrsquoeau raquo) sans valeurs seuils deacutetailleacutees pour aider agrave eacutevaluer les diffeacuterences reacuteelles entre les scores Crsquoest le cas notamment aux eacutetapes drsquoeacutevaluation de lrsquoeacutetat de chaque habitat (par une enquecircte sur le terrain) et drsquoeacutevaluation de la classe

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

Sur la base des eacutevaluations des sept outils de mesure reacutealiseacutees par les experts et des discussions entre les diffeacuterents acteurs lors des ateliers des recommandations sont ressorties de ces eacutechanges Elles srsquoadressent agrave une grande diversiteacute de publics chercheurs deacuteveloppeurs utilisateurs priveacutes ou publics et deacutecideurs politiques Loin drsquoecirctre exhaustives ces recommandations permettent neacuteanmoins drsquoengager un premier dialogue Elles fournissent en effet des pistes drsquoameacutelioration pour le deacuteveloppement dindicateurs et outils de mesure de lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Enjeu important pour accompagner lrsquoengagement des acteurs et des deacutecideurs politiques nationaux et internationaux en vue drsquoenrayer le deacuteclin de la biodiversiteacute

3

6160

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

31 Quelques approches inteacutegratives compleacutementaires aux outils

Les eacutevaluations externes des outils ont souligneacute entre autres eacuteleacutements qursquoaucun nrsquoest repreacutesentatif de tous les impacts des activiteacutes eacutevalueacutees sur la biodiversiteacute Quelques approches inteacutegratives tant agrave lrsquoeacutechelle des activiteacutes humaines que de la biodiversiteacute peuvent ecirctre proposeacutees Sans preacutetention agrave lrsquoexhaustiviteacute nous en preacutesentons ici trois accessibles aux acteurs priveacutes et publics

311 La compleacutementariteacute des cadres Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et Analyse de cycle de vie (ACV)

Les deux cadres preacutesenteacutes au chapitre 1 peuvent ecirctre envisageacutes dans une optique compleacutementaire Ainsi de faccedilon scheacutematique le cadre ACV permet drsquoidentifier des moments et des lieux des eacutetapes cleacutes dans le cycle de vie de produits ou de services ayant des impacts particuliegraverement importants sur la biodiversiteacute et le cadre PER permet drsquoapprofondir et de deacutetailler lrsquoeacuteva-luation en ces diffeacuterentes eacutetapes cleacutes (Fig 8)

Les deux approches peuvent ecirctre combineacutees en adoptant drsquoabord une perspective ACV pour avoir une approche holistique des activiteacutes anthropiques puis en deacutefinissant ensuite pour chaque eacutetape reconnue comme majeure dans lrsquoACV des indicateurs de type

FIGURE 8 COMPLeacuteMEntArIteacute EntrE LE CADrE PEr Et LE CADrE ACv SOuRcE TEIllARD et al 2016

Responses

Inputs feed

Farm

Processing

Pressures(Midpoints)

Production

Biodiversity(Endpoints)

Farm

Landscape

response indicators

state indicators

Pressure indicators

sometimes evaluated through scenario analysis

Endpoint modeling

Midpoint modeling

horizontal perspective space

vert

ical

per

spec

tive

su

pply

cha

in

LCA

ECOLOGY

PER ndash en tendant alors vers une approche holistique de la biodiversiteacute

Une telle combinaison permettrait de comparer les reacutesultats des liens activeacutes ndash pressions (midpoints dans lrsquoACV pressures dans le PER) et des liens pressions ndash impacts (endpoints dans lrsquoACV state dans le PER) Drsquoautre part cela permettrait drsquointeacutegrer dans lrsquoeacutevalua-tion des impacts des pressions qui ne sont actuelle-ment pas ou peu prises en compte dans lrsquoACV mais qui les sont dans les indicateurs PER (notamment espegraveces envahissantes surexploitation)

Enfin les meacutethodes drsquoACV qui explorent diffeacuterents

sceacutenarios pour limiter les impacts sur la biodiversiteacute pourraient compleacuteter les indicateurs de reacuteponses du cadre PER et enrichir la reacuteflexion sur les reacuteponses cest-agrave-dire les mesures agrave adopter pour limiter les pressions

312 Lrsquoapproche par les laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo (EBV)

Le laquo Reacuteseau drsquoobservation de la biodiversiteacute raquo (BON) du Groupe drsquoobservation de la Terre (GEO) initiative mon-diale a fait eacutemerger en 2013 le concept de laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo deacutefinies comme des laquo mesures neacutecessaires pour eacutetudier rapporter et geacuterer les changements de la biodiversiteacute en se concentrant sur lrsquoeacutetat et la tendance des eacuteleacutements de la biodiversiteacute raquo (Pereira et al 2013) Ces mesures permettent de trans-former des donneacutees issues de sources varieacutees en indica-teurs offrant une description syntheacutetique de diffeacuterents niveaux drsquoorganisation de la biodiversiteacute facilitant ainsi la laquo traduction raquo des donneacutees sur la biodiversiteacute en informations politiques Le GEO BON a proposeacute une liste de vingt variables classeacutees par niveaux drsquoorganisa-tion Ces variables ont eacutevolueacute depuis 2013 (Tableau 2)

Classes de variables essentielles Variables essentielles

Composition geacuteneacutetique Diversiteacute geacuteneacutetique intraspeacutecifique

Diffeacuterenciation geacuteneacutetique parmi des populations

Taille effective de la population

Consanguiniteacute

Populations drsquoespegraveces Distribution drsquoespegraveces donneacutees

Abondance drsquoindividus drsquoespegraveces donneacutees

Traits de vie des espegraveces Morphologie des organismes

Physiologie des organismes en lien avec la fitness et les reacuteponses agrave lrsquoenvironnement

Pheacutenologie des organismes

Mouvements de type dispersion ou migration

Composition des communauteacutes Abondance des organismes dans un assemblage eacutecologique

Diversiteacute taxonomiquephylogeacuteneacutetique dans un assemblage eacutecologique

Diversiteacute des traits des organismes au sein des communauteacutes

Diversiteacute et structures des interactions entre organismes au sein des communauteacutes

Fonctions des eacutecosystegravemes Productiviteacute primaire

Pheacutenologie observeacutee agrave lrsquoeacutechelle drsquoun eacutecosystegraveme

Perturbations du fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme

Structure des eacutecosystegravemes Fraction du couvert vivant

Distribution horizontale drsquoeacuteleacutements drsquoun eacutecosystegraveme

Profil vertical de la distribution de biomasse

vArIAbLEs EssEntIELLEs DE bIODIvErsIteacute CLAsseacuteEs PAr nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn SOuRcE gEObONTABLEAU 2

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

Une laquo variable essentielle de biodiversiteacute raquo doit preacute-senter certaines caracteacuteristiques afin drsquoecirctre opeacuteration-nelle Ainsi ideacutealement elle doit ecirctre

bull capable de saisir les eacutechelles et les dimensions essentielles de la biodiversiteacute

bull biologiquebull une variable drsquoeacutetat (certains deacuteveloppements

cherchent agrave deacutefinir les variables permettant de deacutetec-ter des changements preacutecoces de biodiversiteacute (Sch-meller et al 2018))

bull sensible au changementbull agnostique agrave lrsquoeacutegard des eacutecosystegravemes (dans la

mesure du possible elle doit pouvoir ecirctre mesureacutee pour tous types drsquoeacutecosystegravemes)

bull techniquement reacutealisable degraves agrave preacutesent eacuteco-nomiquement viable et durable dans le temps (les moyens drsquoobservation peuvent ecirctre deacuteployeacutes in-situ ou aeacuteroporteacutes ndash les donneacutees drsquoobservations satellites eacutetant par ailleurs de plus en plus traiteacutees et rendues disponibles)

Certaines variables peuvent constituer des indica-teurs ou des intermeacutediaires entre les donneacutees brutes et les indicateurs Elles peuvent eacutegalement ecirctre combi-neacutees entre elles afin de former des indices (GEO BON 2015) certains eacutetant mobiliseacutes dans les rapports de la Plateforme intergouvernementale scientifique et poli-tique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) ou encore les objectifs des programmes suc-cessifs de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) indice drsquohabitat drsquoespegraveces indice de biodi-versiteacute des habitats indice de protection des espegraveces indice de repreacutesentativiteacute des aires proteacutegeacutees et de connectiviteacutes indice drsquointeacutegriteacute locale de biodiversiteacute indice de restauration des eacutecosystegravemes indice drsquoinfor-mation sur le statut des espegraveces

Les travaux deacutedieacutes aux EBVs se poursuivent au sein de groupes theacutematiques explorant les six classes mais eacutegalement sur des volets transversaux Citons-en particuliegraverement six qui peuvent inteacuteresser les concep-teurs et les utilisateurs drsquooutils de mesure des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

bull La deacutefinition des variables elles-mecircmes le cadre conceptuel proposeacute peut ecirctre utiliseacute afin de deacutefinir collectivement en associant acteurs et chercheurs les variables essentielles propres agrave un territoire etou un pays sans neacutecessairement mobiliser celles identifieacutees par GEO BON (Turak et al 2017)

bull Lrsquointeacutegration des donneacutees de divers origines en srsquoappuyant entre autres sur des modeacutelisations et la combinaison avec des donneacutees drsquoenvironnement afin de deacutefinir lrsquoeacutevolution de la biodiversiteacute dans le temps et lrsquoespace (Jetz et al 2019)

bull Lrsquoutilisation du concept pour effectuer des suivis drsquoespegraveces exotiques envahissantes (Seebens et al 2020)

bull Lrsquoutilisation de donneacutees de teacuteleacutedeacutetection pour documenter les variables

bull Le deacuteveloppement drsquoindicateurs et drsquoindices inteacutegreacutes

bull Lrsquoutilisation des donneacutees drsquoobservation de la Terre pour eacutevaluer les services eacutecosysteacutemiques

Le concept de laquo variables essentielles raquo est eacutegale-ment deacuteclineacute pour le climat et lrsquooceacutean Ces variables documentent lrsquoeacutevolution de paramegravetres cleacutes du systegraveme climatique (preacutecipitations tempeacuterature composition de lrsquoatmosphegravere) ou de lrsquooceacutean (carbone organique dissout abondance et distribution de poissons eacutetendu des mangroves et composition) Ces variables sont reacuteguliegraverement utiliseacutees pour soutenir des travaux inter-nationaux du Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC) de lrsquoOrganisation des Nations unies (ONU) ou de la Commission oceacuteanogra-phique intergouvernementale (COI) porteacutee par lrsquoOrga-nisation des Nations unies pour lrsquoeacuteducation la science et la culture (Unesco)

Ainsi agrave travers ce concept de laquo variables essen-tielles raquo une utilisation pragmatique des donneacutees agrave diffeacuterentes eacutechelles spatiales mobilisables aussi bien par des acteurs priveacutes que publics se dessine elle peut utilement compleacuteter les reacuteflexions sur les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

les indicateurs quantitatifs des changements de la biodi-versiteacute des contributions de la nature aux personnes et agrave la qualiteacute de vie ainsi que des forces motrices facteurs directs et indirects qui sous-tendent ces changements constituent des eacuteleacutements importants agrave documenter Ainsi lrsquoIpbes deacutefinit deux batteries drsquoindicateurs

bull une trentaine drsquoindicateurs de base (dits core indi-cators) que les auteurs des eacutevaluations sont inviteacutes agrave uti-liser en plus drsquoautres indicateurs ou autres informations

bull une quarantaine drsquoindicateurs mis en avant (dits highlighted indicators) qui pourraient inteacuteresser des auteurs mais sans aucune attente quant agrave leur utilisa-tion dans les eacutevaluations

Lrsquoobjectif de la deacutemarche est de fournir aux au-teurs des eacutevaluations un ensemble drsquoindicateurs qui couvrent tous les eacuteleacutements du cadre conceptuel de lrsquoIpbes

Ces indicateurs sont issus de plusieurs sources bull majoritairement des indicateurs mobiliseacutes pour

les objectifs de programmes de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) dont certains ont eacuteteacute pro-poseacutes par GEO BON

bull quelques indicateurs issus des travaux du reacuteseau mondial de recherche Future Earth

bull un petit nombre recommandeacute par les travaux de lrsquouniversiteacute de Yale sur lrsquoindice de performance envi-

Mon

dial

e

FIGURE 9 CADrE COnCEPtUEL AnALytIQUE DE Lrsquo IPbEs SOuRcE DeacutecISION IpbES ndash 24 2013

Bonne qualiteacute de vieBien-ecirctre humainVie en harmonie avec la natureVie en eacutequilibre et en harmonie avec la Terre megravere

Possibiliteacute de mener une vie satisfaisante nourriture eau eacutenergie et seacutecuriteacute des moyens drsquoexistence santeacute relations sociales eacutequiteacute spiritualiteacute identiteacute culturelle

Bienfaits de la nature pour lrsquohommeBiens et services eacutecosysteacutemiquesFourniture reacutegulation valeur culturelleDons de la nature

Patrimoine anthropique

Infrastructures patrimoine humain social financier

Institutions gouvernance et autres facteurs indirects

Aspects socio-politiques eacuteconomiques technologiques culturels

NatureBiodiversiteacute et eacutecosystegravemesTerre megravereSystegravemes de vie

Eacutevolution diversiteacute bioculturelleRessources naturelles non biologiquesValeurs intrinsegraveques

Facteurs directs

Facteurs anthropiques

Transformation des habitats exploitation changement climatique pollution introduction drsquoespegraveces

Facteurs naturels

Eacutevolution dans le temps

Inte

ract

ions

agrave d

iffeacuter

ente

s eacutech

elle

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313 Le cadre DPSIR appliqueacute au cadre conceptuel de lrsquoIpbes

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacute-miques (Ipbes) eacutetaie son cadre conceptuel (Deacutecision Ipbes-24 2013) crsquoest-agrave-dire son modegravele simplifieacute des interactions complexes qui se tissent entre le monde naturel et la socieacuteteacute humaine (eacuteleacutements pris en compte et leurs liens) par une batterie drsquoindicateurs en se ba-sant sur le cadre laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat

ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo plus connu sous lrsquoacronyme DPSIR pour Driving forces Pressures State Impact Responses (DPSIR) (Fig 9 et 10) version eacutetendue du modegravele drsquointeractions entre des systegravemes socio-eacuteco-nomiques et eacutecologiques initialement deacutecrits sous la forme laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo deacutecrit au pre-mier chapitre

Dans le cadre des eacutevaluations de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques qursquoelles soient theacutema-tiques reacutegionales ou mondiales lrsquoIpbes considegravere que

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ronnementale des politiques publiques (Environmen-tal Performance Index EPI)

bull eacutegalement un petit nombre proposeacute par le groupe de travail laquo Donneacutees et connaissances raquo interne agrave lrsquoIpbes

Beaucoup de ces indicateurs sont recenseacutes dans le Partenariat mondial sur les indicateurs de biodi-versiteacute (BIP) qui coordonne pour la CDB mais aussi pour reacutepondre aux besoins drsquoautres conventions ou de gouvernements le deacuteveloppement et la fourniture drsquoindicateurs

LrsquoIpbes fournit par ailleurs sa propre deacutefinition des indicateurs laquo comme des mesures ou des signes qui reflegravetent lrsquoeacutetat la cause ou le reacutesultat drsquoun objet ou drsquoun processus raquo Les indicateurs pouvant contribuer agrave simplifier la complexiteacute drsquoensembles de donneacutees de variables de cadres conceptuels et drsquoapproches dispo-nibles ils sont eacutegalement laquo des outils utiles pour com-muniquer les reacutesultats des eacutevaluations raquo LrsquoIpbes sou-ligne qursquoil est important de reconnaicirctre les limites des indicateurs agrave laquo saisir les complexiteacutes du monde reacuteel raquo car ils se limitent agrave ce qui peut ecirctre mesureacute et ce pour quoi des donneacutees sont disponibles En outre lrsquoIpbes signale aussi que les choix drsquoindicateurs sont laquo plus ou moins lieacutes agrave la diversiteacute des visions du monde et des perspectives culturelles raquo eacuteleacutement agrave prendre en compte pour conduire au-delagrave des reacutesultats exprimeacutes une analyse critique des indicateurs eux-mecircmes

Ces indicateurs complegravetent drsquoautres formes drsquoinfor-mations et de connaissances pas neacutecessairement har-moniseacutees leur caractegravere normaliseacute fournit un point de comparaison quantitatif et coheacuterent entre les eacutevalua-

tions Le rapport mondial publieacute en 2019 constitue un bon exemple drsquoune approche mixte avec lrsquoutilisation drsquoindicateurs de base identifieacutes comme utiles agrave ren-seigner dans le cadre des eacutevaluations et drsquoautres types drsquoinformations laquo indicatrices raquo

La FRB mobiliseacutee tout au long du processus drsquoex-pertise scientifique final a fait un travail de recension drsquoindicateurs et drsquoautres informations utiliseacutees pour eacutevaluer lrsquousage durable de la biodiversiteacute Parmi la centaine drsquoindicateurs et autres informations identi-fieacutees la FRB en a extrait un petit nombre en concer-tation avec un des auteurs du rapport Au moment des neacutegociations de lrsquoassembleacutee pleacuteniegravere la deacuteleacutegation franccedilaise a proposeacute que ce tableau soit inteacutegreacute dans le reacutesumeacute pour deacutecideurs en cours de neacutegociations En raison du retard pris dans les groupes de travail peacutenalisant lrsquoavanceacutee du processus de neacutegociation la preacutesentation de ce tableau nrsquoa pas pu ecirctre inscrite agrave lrsquoagenda des groupes et donc nrsquoa pas pu ecirctre propo-seacutee en pleacuteniegravere en lrsquoabsence de concertation preacutealable entre les Eacutetats

Ces indicateurs et informations sont preacutesenteacutes dans le tableau syntheacutetique en annexe 3 p 81

La deacutemarche adopteacutee par lrsquoIpbes repose drsquoune part sur lrsquoutilisation drsquoindicateurs existants documentant diffeacuterentes eacutetapes du cadre laquo Pression ndash Eacutetat ndash Reacute-ponse raquo drsquoautre part sur lrsquoutilisation pragmatique de donneacutees permettant de fournir des informations utiles au sujet traiteacute Certains indicateurs et informations sont utilisables ou deacuteclinables agrave diffeacuterentes eacutechelles spatiales et mobilisables aussi bien par des acteurs pri-veacutes que publics Lagrave encore cette deacutemarche peut utile-ment compleacuteter les reacuteflexions sur les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Forces motrices directes naturelles et anthropiques

ndash Empreinte eacutecologique ndash Lrsquoappropriation humaine de lrsquoeau doucendash Index de biodiversiteacute des habitats (BEF)ndash Surface forestiegravere en de la surface totale des terres (BEF)ndash Tendances de lrsquoeacutetendue des forecircts (BEF)ndash Total des preacutelegravevements de bois (NCP) ndash Tendances de la pecircche certifieacutees par le MSC (BEF) ndash Estimation des captures et de lrsquoeffort de pecircche (BEF) ndash Production de pecircche des eaux inteacuterieures (NCP) ndash Indice trophique marin (BEF) ndash Proportion de la supercifie de production forestiegravere

sous certification FSC et PEFC (IGID) ndash Efficaciteacute de lrsquoutilisation de lrsquoazote ndash Engrais agrave base drsquoazote et de phosphatendash Tendances en matiegravere drsquoutilisation des pesticidesndash Tendances des deacutepocircts drsquoazotendash Couverture en zones proteacutegeacutees des zones cleacutes pour

la biodiversiteacute (KBAS) (IGID)ndash Index de protection des espegraveces (IGID)ndash Index de connectiviteacute des zones proteacutegeacutees (IGID)ndash Index drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute

Bonne qualiteacute de vie(bien-ecirctre humain)

ndash Pourcentage de personnes sous-alimenteacutees

Contributions de la nature aux personnes(Biens et services eacutecosysteacutemiques)

ndash Total des preacutelegravevement de bois (DD) ndash Production de pecircche des eaux inteacuterieures (DD) ndash Proportion de races locales classeacutees comme eacutetant

agrave risque non agrave risque ou dont le niveau drsquoextinction est inconnu (BEF)

Forces motrices indirectesInstitutions gouvernance et autres

ndash Pourcentage de nations de cateacutegorie 1 dans la Convention sur le commerce international des espegraveces de faune et de flore sauvages menaceacutees dextinction (CITES)

ndash Proportion de la superficie de production forestiegravere sous certification FSC et PEFC (DD)

ndash Pourcentage de zones couvertes par des zones proteacutegeacuteesndash Couverture des zones proteacutegeacutees des zones cleacutes pour

la biodiversiteacute (KBAS) (OD)ndash Indice de protection des espegraveces (DD)ndash Efficaciteacute de la gestion des zones proteacutegeacuteesndash Indice de connectiviteacute des zones proteacutegeacutees (DO)ndash Nombre de pays ayant un plan drsquoaction national

biodiversiteacute (NBSAP) deacuteveloppeacutereacuteviseacutendash Proportion des espegraveces connues eacutevalueacutees par

la Liste Rouge de lrsquoUICNndash Index drsquoinformation sur le statut des espegraveces

Nature(Biodiversiteacute et fonctionnement des eacutecosystegravemes)

ndash Index de biodiversiteacute des habitats (DD)ndash Index drsquohabitat des espegraveces (DD)ndash Superficie forestiegravere en de la superficie totale

des terres (DD)ndash Tendances de lrsquoeacutetendue des forecircts (couvert forestier) (DD)ndash Tendances de la pecircche certifieacutee par le MSC (DD)ndash Estimation des captures et de lrsquoeffort de pecircche (DD)ndash Proportion des stocks de poissons agrave des niveaux

biologiquement durablesndash Indice Tropical Marin (DD)ndash Index de la Liste Rougendash Proportion de races locales classeacutees comme eacutetant

agrave risque non agrave risque ou dont le niveau drsquoextinction est inconnu (NCP)

Biens humains

FIGURE 10 CADrE COnCEPtUEL Et InDICAtEUrs DE bAsE DrsquoAPregraves IPbEs COrE InDICAtOrs wwwIpbESNET 16112020

DPsIr D Force motriceP Pressions statutI Impactr reacuteponse - Liens avec le cadre conceptuel analytique IgID Institutions gouvernance et forces motrices indirectes

DD Force motrice directenCP Contributions de la nature aux personnes biens et services des eacutecosystegravemesbEF naturebiodiversiteacute et fonctions des eacutecosystegravemesgQL bonne qualiteacute de vie bien-ecirctre humain

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

enjeux climat et biodiversiteacute se rejoignent neacuteanmoins lorsqursquoil srsquoagit eacutevaluer les impacts des activiteacutes hu-maines sur le fonctionnement des eacutecosystegravemes

bull Il est aussi possible de srsquointeacuteresser agrave des espegraveces ou des groupes drsquoespegraveces qui reacutealisent des fonctions speacutecifiques au sein des eacutecosystegravemes (dites espegraveces cleacutes de voucircte) (Paine 1966) Cette approche met lrsquoaccent sur certaines espegraveces lrsquoimportance de relations entre les espegraveces au sein des reacuteseaux trophiques leurs rocircles dans les eacutecosystegravemes en modifiant lrsquoenvironnement vi-vant et abiotique (par ex ingeacutenieurs deacutecomposeurs)

bull Ou encore aux espegraveces rares (aires de reacutepartition reacuteduites faible densiteacute) (Dinerstein et al 2020) etc

3e recommandation

Travailler avec tous les acteurs et mieux utiliser les connaissances et les donneacutees disponibles

De nombreux outils et indicateurs sont plus speacutecifi-quement deacuteveloppeacutes par les acteurs acadeacutemiques ou des politiques publiques tandis que drsquoautres outils ndash tels ceux eacutevalueacutes dans cette eacutetude ndash sont deacuteveloppeacutes par les acteurs priveacutes industriels marchands ou asso-ciatifs en srsquoappuyant sur des eacuteleacutements scientifiques Ces deux deacutemarches solides gagneraient agrave ecirctre plus co-construites pour une inteacutegration reacuteciproque des be-soins et des contraintes des atouts et des limites des outils deacuteveloppeacutes

De mecircme de nombreux dispositifs nationaux et ter-ritoriaux deacuteveloppent des outils en appui aux politiques publiques fournissent des donneacutees et des informations sur la biodiversiteacute Citons entre-autres acteurs lrsquoOb-servatoire national de la biodiversiteacute les observatoires reacutegionaux de la biodiversiteacute Sur un mecircme territoire la dichotomie des activiteacutes de ces structures des col-lectiviteacutes et des entreprises ndash dans un cas laquo le suivi de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute sous lrsquoeffet de pressions anthro-piques raquo dans un autre laquo lrsquoeacutevaluation des impacts de mes activiteacutes raquo ndash gagnerait agrave ecirctre effaceacutee au profit drsquoun dialogue et drsquoune action mutualiseacutee de suivi et drsquoeacuteva-luation aboutissant in fine agrave une veacuteritable eacutevaluation des impacts parfois cumuleacutes drsquoactiviteacutes diffeacuterentes agrave lrsquoeacutechelle drsquoun territoire et agrave leur gestion concerteacutee

De plus lrsquoensemble des eacutevaluations neacutecessitent drsquoecirctre documenteacutees cela permet drsquoameacuteliorer lrsquoutili-sation des outils ndash en contribuant par exemple agrave har-moniser les eacutetapes qui reposent sur le dire drsquoexpert ndash cela permet aussi de documenter les changements de la biodiversiteacute de faccedilon plus continue Cette documen-tation neacutecessite drsquoecirctre harmoniseacutee agrave lrsquoeacutechelle drsquoune entreprise voire agrave lrsquoeacutechelle nationale ou internatio-nale Les nombreuses initiatives en faveur des pro-tocoles et des donneacutees de biodiversiteacute deacuteveloppeacutees ou relayeacutees par des acteurs territoriaux et nationaux devraient y aider

4e recommandation

Adapter les outils aux pratiques de lrsquoentreprise et agrave ses leviers drsquoactions

Des deacutemarches mutualiseacutees permettraient de deacutevelop-per des outils plus en lien avec les pratiques des entre-prises voire avec les acteurs publics territoriaux En effet si certains modegraveles globaux et meacutethodes portant sur les espegraveces voire les habitats peuvent ecirctre utiles par leur caractegravere geacuteneacuterique les eacutevaluations scienti-fiques des outils ont montreacute qursquoils eacutetaient peu sen-sibles pour rendre reacuteellement compte des impacts des activiteacutes et par effet retour des efforts des entreprises pour limiter ces impacts Les concepteurs drsquooutils tra-vaillent en ce sens en deacuteveloppant notamment des outils en fonction des secteurs drsquoactiviteacute

De la mecircme faccedilon qursquoil est neacutecessaire de disposer drsquoun panel drsquooutils repreacutesentant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute un panel drsquooutils couvrant les phases de diagnostic (les pressions et lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute) drsquoestimation des risques (eacutevaluation des impacts) et drsquoaction (les reacuteponses apporteacutees) compleacute-terait le tableau de bord des acteurs

Les acteurs estiment eacutegalement que la puissance publique doit ainsi insuffler une dynamique sans tou-tefois imposer drsquooutils normatifs (ceux-ci ne sont pas encore mucircrs les situations des entreprises des eacuteco-systegravemes et les besoins sont heacuteteacuterogegravenes) Elle doit les inciter agrave srsquoengager dans des deacutemarches de diminution des impacts et de rapportage tout en les laissant deacuteve-lopper leurs propres outils innover expeacuterimenter

Un eacutequilibre reste toutefois agrave trouver entre la geacuteneacute-riciteacute qui permet lrsquoagreacutegation des reacutesultats aux diffeacute-rentes eacutechelles drsquoactiviteacute des entreprises (du local agrave lrsquointernational) voire la comparaison et le pilotage et la speacutecificiteacute qui permet de rendre compte des impacts et des effets des reacuteponses apporteacutees par les entreprises Le deacuteveloppement des approches eacutevoqueacutees plus haut devrait ainsi inteacutegrer cet eacutequilibre

5e recommandation

Mieux caracteacuteriser les liens entre activiteacutes pressions et impacts

La neacutecessiteacute de mieux caracteacuteriser les liens au sein de la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo parfois teacutenus est particuliegraverement ressortie des eacutevaluations des outils

Cocircteacute acteurs il est possible drsquoanalyser finement les activiteacutes (par ex construction) les pressions (par ex vibrations induites par la construction) et certains eacuteleacutements de biodiversiteacute in-situ et de lrsquoenvironnement (par ex niveau sonore ambiant reptiles et micromam-mifegraveres) susceptibles drsquoecirctre toucheacutes Ces travaux sont

32 Les recommandations et pistes drsquoactions

Les approches inteacutegratives preacutesenteacutees preacuteceacutedemment peuvent srsquoaveacuterer des pistes utiles agrave suivre sans tou-tefois ecirctre suffisantes des efforts en termes de com-preacutehension de connaissance de meacutethodologie et drsquoaccompagnement doivent ecirctre reacutealiseacutes Ainsi le troisiegraveme temps de lrsquoeacutetude a consisteacute avec lrsquoappui de lrsquoONB agrave organiser une seacuterie drsquoeacuteveacutenements dans le cadre des Journeacutees FRB

bull une journeacutee de cinq ateliers regroupant 20 agrave 25 personnes chacun permettant les eacutechanges entre les deacuteveloppeurs des outils et les potentiels utilisateurs publics et priveacutes

bull une journeacutee pleacuteniegravere largement ouverte permet-tant de restituer les reacutesultats des ateliers de donner la parole aux initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices preacutesenteacutees au chapitre 1 de dialoguer avec des acteurs territoriaux et drsquoouvrir plus largement la question de la mesure des impacts sous les angles de lrsquoeacutecologie et de lrsquoeacuteconomie

Les participants agrave ces jours drsquoeacutechanges ont fait remonter une seacuterie de recommandations et de pistes drsquoactions adresseacutees aux concepteurs des outils aux chercheurs aux utilisateurs des outils et aux pou-voirs publics Elles sont syntheacutetiseacutees dans le tableau 3 (p 70) qui permet de visualiser les besoins de mutua-lisation des efforts

1re recommandation

Accepter la complexiteacute du vivant pour des actions plus pertinentes et plus preacutecises

Les interactions au sein du monde vivant et de celui-ci avec lrsquoenvironnement physique nombreuses de diverses natures rendent difficilement intelligibles en premiegravere instance lrsquoeacutetat et les dynamiques de la bio-diversiteacute le fonctionnement des eacutecosystegravemes Interre-lations reacutetroactions interactions effets non-lineacuteaires diversiteacute des eacutechelles temporelles et spatiales les informations multiples qui peuvent ecirctre collecteacutees et analyseacutees dessinent une partie de cette complexiteacute du vivant Leur prise en compte ne doit pas ecirctre syno-nyme de complication pour les acteurs mais bien gage drsquoacquisition de connaissances fines de meilleure compreacutehension pour plus de pertinence et de preacuteci-sion dans les deacutecisions et les actions La simplifica-tion de la repreacutesentation des processus agrave lrsquoœuvre dans la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo srsquoavegravere neacutecessaire et utile pour rendre compte de faccedilon syn-theacutetique des efforts de reacuteduction des impacts sur la biodiversiteacute Elle ne peut ecirctre suffisante et son emploi doit srsquoaccompagner drsquoune connaissance de ses limites

2e recommandation

Disposer drsquoun panel drsquooutils repreacutesentant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute

La difficulteacute agrave eacutevaluer la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo srsquoentend drsquoautant mieux qursquoen plus de reacutealiser explicitement les liens entre ces eacutetapes elle doit ideacutealement rendre compte des interactions eacutecolo-giques La reacuteflexion sur les outils de mesure drsquoimpacts des activiteacutes humaines neacutecessite drsquointeacutegrer les diffeacute-rents niveaux drsquoorganisation (des gegravenes aux paysages) et plusieurs composantes (de la structure agrave lrsquoeacutevolution) de la biodiversiteacute Degraves lors cela amegravene agrave envisager lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sous lrsquoangle drsquoun ensemble drsquooutils et drsquoindicateurs com-pleacutementaires ayant plusieurs niveaux de preacutecision et drsquoeacutechelles appreacuteciant diffeacuterentes facettes des impacts sur la biodiversiteacute Ce type drsquoeacutevaluation doit alors repo-ser sur plusieurs variables et meacutetriques de biodiversiteacute Diffeacuterentes approches peuvent ecirctre envisageacutees citons

bull La notion de laquo variables essentielles de biodiver-siteacute raquo deacuteveloppeacutee par le Reacuteseau mondial drsquoobservation de la biodiversiteacute du Groupe drsquoobservation de la Terre (GEO BON) peut constituer une piste de reacuteflexion cette approche permet de balayer les diffeacuterentes dimen-sions de la biodiversiteacute dans un ensemble restreint de variables Ce point est deacuteveloppeacute en partie 312 p 61

bull Srsquoil semble difficile drsquoeacutetablir un laquo indicateur biodiversiteacute raquo comme il en existe pour le climat les

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

bull drsquoune part des arbres drsquoaide agrave la deacutecision afin drsquoorienter vers lrsquooutil le plus adapteacute agrave la question poseacutee selon le secteur drsquoactiviteacute le niveau de lrsquoactiviteacute eacutevalueacutee (cycle de vie drsquoun produit processus de production site uniteacute commerciale entreprise globale ndash voire collectiviteacute territoire ou pays) les finaliteacutes de lrsquoeacutevaluation (sensibi-lisation interne deacuteveloppement drsquoactiviteacutes deacuteclaration de performance extra-financiegravere obligatoire obtention de financements) les utilisateurs des reacutesultats (cadres deacutecisionnels syndicats clients actionnaires) le ni-veau drsquoexpertise et drsquoaccompagnement neacutecessaire

bull drsquoautre part une documentation peacutedagogique qui expose et deacutetaille la meacutethodologie de construction et de calcul de lrsquoindicateur Cette documentation pour-rait ecirctre illustreacutee selon le degreacute de deacuteveloppement et de deacuteploiement des outils par des cas pilotes ou des retours drsquoexpeacuterience discutant leur applicabiliteacute Si cette pratique a pu ecirctre observeacutee pour certains outils eacutevalueacutes elle nrsquoest pas encore geacuteneacuteraliseacutee

Deacutetailler la meacutethodologie et les calculs de faccedilon com-preacutehensible et expliciter les limites permettraient drsquoeacutevi-ter lrsquoeffet laquo boicircte noire raquo de ces outils dont la construc-tion est relativement complexe et drsquoameacuteliorer lrsquoanalyse des reacutesultats qui en deacutecoulent Un tel effort de la part des concepteurs drsquooutils initieacute mais encore insuffisant rendrait les outils plus appropriables par les utilisateurs potentiels sans diminuer pour autant le besoin drsquoun accompagnement speacutecifique pour les utilisateurs

9e recommandation

Deacutevelopper lrsquoaccompagnement reacutegalien des acteurs pour favoriser la transition eacutecologique

Outre les efforts de peacutedagogie sur des outils par leurs concepteurs un accompagnement reacutegalien est neacuteces-saire pour deacutevelopper leur utilisation et de faccedilon plus complegravete la sensibilisation aux enjeux lieacutes agrave lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute et les pistes pour limiter cette eacuterosion Les eacuteleacutements issus de lrsquoenquecircte et des eacutechanges en ate-liers et pleacuteniegraveres soulignent plusieurs leviers dont

bull reacuteformer la fiscaliteacute notamment sur les espaces naturels non bacirctis afin de ne pas favoriser la transfor-mation des terres ni leur artificialisation

bull utiliser des outils financiers par exemple condi-tionner lrsquoobtention de subventions agrave des limitations des pressions drsquoimpacts actionner le levier pollueur-payeur les paiements pour services environnemen-taux etc et eacutevaluer leurs effets

bull faire mieux appliquer la reacuteglementation existante et preacutevenir la distorsion de concurrence

bull appuyer la labellisation ou des concours (par exemple label drsquoagriculture biologique capitales fran-ccedilaises de la biodiversiteacute territoires drsquoexcellence envi-ronnementale etc) voire deacutevelopper de nouveaux labels officiels

bull inteacutegrer des critegraveres de laquo mieux-disance environ-nementale raquo dans les marcheacutes publics

bull deacutevelopper une offre peacutedagogique pour tous les acteurs

bull etcCet accompagnement est drsquoautant plus neacutecessaire

qursquoon peut aujourdrsquohui observer le laquo paradoxe envi-ronnemental raquo du discours courant celui-ci souligne la deacutependance des entreprises agrave la biodiversiteacute les opportuniteacutes financiegraveres que celle-ci peut repreacutesenter pour les entreprises et le besoin qui en deacutecoule de la proteacuteger Toutefois le constat est que le modegravele eacuteco-nomique actuel nrsquoa pas fait la preuve de son efficaciteacute agrave geacuteneacuterer une transition eacutecologique Les indicateurs au niveau des entreprises mais aussi de lrsquoEacutetat neacuteces-sitent drsquoecirctre repenseacutes afin drsquoaccompagner les acteurs vers une vision ougrave le systegraveme eacuteconomique est aussi voire avant tout une source de risques ou drsquoopportu-niteacutes pour la biodiversiteacute

Un point de vigilance doit ecirctre souleveacute cer-tains financeurs priveacutes notamment actionnaires et banques et les agences de notation socieacutetale sont de plus en plus attentifs aux impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute La conseacutequence de cette attention ver-tueuse est drsquointeacutegrer dans leurs conditions drsquoaide ou leur grille de notation lrsquoutilisation des outils objets de cette eacutetude ou les indicateurs qui en reacutesultent Une telle pratique aurait pour effet non souhaiteacute par les acteurs de rendre laquo prescriptive raquo lrsquoutilisation de ces derniers

10e recommandation

Renforcer la recherche partenariale aussi bien fondamentale qursquoappliqueacutee

Les intervenants qui ont apporteacute leur concours agrave cette eacutetude soulignent qursquoil est difficile drsquoobtenir des eacuteva-luations fiables drsquoimpacts potentiels et encore moins preacutedictifs tant les dynamiques de biodiversiteacute ne sont pas lineacuteaires peuvent preacutesenter des effets de seuils des effets retard ou encore des eacutevolutions lentes mais irreacuteversibles Afin drsquoameacuteliorer la connaissance des dy-namiques de biodiversiteacute qui demeure encore impar-faite la recherche doit ecirctre poursuivie observation collecte de donneacutees expeacuterimentation modeacutelisation sont autant de pratiques agrave renforcer

Dans le cadre plus speacutecifique du deacuteveloppement des outils outre des travaux sur lrsquoarticulation expli-cite de la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo les communauteacutes acadeacutemiques actives sur ces sujets sont inviteacutees agrave travailler sur la prise en compte des eacutechelles et des dynamiques spatiales et temporelles des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute ainsi qursquoagrave preacuteciser les atouts et les limites des eacutetats de reacutefeacuterence lorsque ceux-ci sont utiliseacutes Les acteurs

reacutealisables en prenant en compte toutes les activiteacutes concerneacutees ndash pas seulement celles qui sont modeacuteliseacutees et pour lesquelles il existe des tables de reacutefeacuterence ndash et tous les eacuteleacutements de biodiversiteacute puis en argumen-tant la priorisation des chaicircnes laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo qui parmi les possibles seront particuliegrave-rement mobiliseacutees afin drsquoeacutevaluer les impacts

Cocircteacute deacuteveloppeurs drsquooutils cela implique de tra-vailler agrave inteacutegrer toutes les pressions notamment celles relatives aux pollutions et aux espegraveces exotiques envahissantes En ce qui concerne lrsquoACV les acteurs appellent agrave une prise en compte de lrsquoensemble du cycle de vie dans les eacutevaluations

Enfin cocircteacute recherche cela implique de poursuivre les travaux pour modeacuteliser les interactions le cumul des pressions et des effets de seuil potentiels ndash avec une approche spatialiseacutee et avec des donneacutees robustes sur le plan scientifique

Drsquoautres perspectives peuvent aussi ecirctre travail-leacutees comme lrsquoestimation des impacts sur les services eacutecosysteacutemiques explicite pour les acteurs et les deacuteci-deurs de la reacutesilience des eacutecosystegravemes etc

6e recommandation

Renforcer lrsquoeacutevaluation de la fiabiliteacute de la robustesse de la sensibiliteacute et des incertitudes associeacutees aux outils

Outre lrsquoameacutelioration des performances des outils les ateliers et les eacutevaluations des outils ont fait eacutemerger le besoin de disposer des arguments scientifiques sur la fiabiliteacute la robustesse la sensibiliteacute des outils sur le choix des donneacutees les pondeacuterations et les incerti-tudes ainsi que sur les hypothegraveses sous-jacentes au modegravele des relations laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo ndash mobiliseacute agrave lrsquoexteacuterieur ou construit speacutecifiquement dans le cadre de lrsquooutil Ces eacuteleacutements pourraient ecirctre eacutevalueacutes et documenteacutes par les concepteurs drsquooutils de faccedilon plus transparente eu eacutegard agrave la complexiteacute des processus qursquoils eacutevaluent

De plus dans le cadre drsquoune deacutemarche drsquoameacuteliora-tion continue les outils pourraient ecirctre reacuteguliegraverement eacutevalueacutes par des tiers acadeacutemiques issus de diffeacuterentes disciplines (eacutecologie eacuteconomie) et sans conflit drsquoin-teacuterecirct (sans ecirctre co-auteurs) quant aux deacuteveloppements des modegraveles sur lesquels reposent les outils Enfin une validation des impacts eacutevalueacutes par lrsquoacquisition de donneacutees sur le terrain srsquoavegravererait aussi essentielle Lrsquoensemble de cette deacutemarche pourrait servir une communication transparente et humble sur les outils leurs atouts et limites

Ces eacuteleacutements sont drsquoautant plus importants que les acteurs qui utilisent les outils ne sont pas neacutecessaire-ment dans une deacutemarche de veacuterification de la validiteacute des outils utiliseacutes

7e recommandation

Ne pas attendre pour agir travailler sur les pressions et les reacuteponses

Devant lrsquoampleur du travail restant agrave accomplir et les biais des outils drsquoeacutevaluation des impacts aujourdrsquohui disponibles acteurs et chercheurs soulignent ainsi la neacutecessiteacute drsquoaxer les outils sur les laquo pressions exerceacutees raquo et les laquo reacuteponses apporteacutees raquo plus que sur les laquo impacts sur la biodiversiteacute raquo Lrsquoeacutetat et les tendances de la bio-diversiteacute sont deacutejagrave relativement bien documenteacutes de lrsquoeacutechelle mondiale (travaux de lrsquoIpbes par exemple) agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale (travaux des observatoires reacutegio-naux par exemple) par diffeacuterents acteurs Il existe en outre pour des eacutevaluations locales de lrsquoeacutetat reacuteel de la biodiversiteacute un ensemble drsquoacteurs et drsquooutils qui peuvent reacutepondre agrave ce besoin

Pour les acteurs eacuteconomiques outre une meilleure caracteacuterisation des liens entre laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo la prise en compte des pressions neacuteces-site de bien diffeacuterencier agrave lrsquoeacutechelle des entreprises et dans les outils les laquo pressions directes raquo pour lesquels ils disposent de mesures drsquoeacutevitement ou de reacuteduction (par exemple reacuteduire lrsquoemprise au sol drsquoune activiteacute diminuer lrsquousage de produits chimiques eacuteviter la deacutefo-restation) et les laquo pressions indirectes qui sont sou-vent les leviers sur lesquels les acteurs peuvent agir pour reacuteduire plus durablement les pressions directes (par exemple engager le management de lrsquoentreprise dans des objectifs de trajectoire durable reacuteduire les allocations de fonds aux activiteacutes les plus impactantes favoriser le deacuteveloppement drsquoinnovations limiter les achats de produits eux-mecircmes agrave fort impact etc) raquo

Par ailleurs lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute pourrait ecirctre prolongeacutee par une eacutevaluation des effets des reacuteponses apporteacutees des mesures correctives adopteacutees pour limiter les impacts Les acteurs pourraient alors mettre en avant leurs bonnes pratiques et les reacutesultats favorables pour la biodiversiteacute reacuteellement obtenus

Les travaux sur les laquo pressions raquo et les laquo reacuteponses raquo doivent srsquointeacutegrer dans les strateacutegies des acteurs pri-veacutes industriels marchands et publics Ils renvoient aux volonteacutes et aux capaciteacutes de transformation des systegravemes contemporains pour reacutealiser la transition eacutecologique

8e recommandation

Deacutevelopper des guides de choix et drsquoutilisation des outils preacutecis et illustreacutes par des exemples

Une des principales conclusions de lrsquoenquecircte et de lrsquoeacuteva-luation exposeacutees dans les chapitres preacuteceacutedents pointe le besoin drsquoaccompagner les acteurs en proposant

7170

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

qui utilisent des indicateurs de pressions drsquoeacutetat et de reacuteponses attendent quant agrave eux des tableaux de bord plus clairs pour mettre en regard des outils diagnostics (indicateurs de pressions et drsquoeacutetat) et des leviers drsquoac-tions (indicateurs de reacuteponses) quitte agrave utiliser des approximations ducircment argumenteacutees Dans tous les cas une meilleure connaissance des conditions drsquoap-plication du domaine drsquoutilisation (secteur eacutechelle pilotage etou rapportage etou sensibilisation) de la fiabiliteacute la robustesse et la reproductibiliteacute est appa-rue comme une condition neacutecessaire drsquoappropriation par les acteurs

Ces deacuteveloppements peuvent ecirctre reacutealiseacutes au sein de projets de recherche largement multi-partenariaux et deacuteboucher sur des cas drsquoeacutetude des pilotes permettant drsquoobtenir des retours drsquoexpeacuteriences utiles aussi bien sur les plans acadeacutemique et pratique Soulignons que lrsquoen-gagement drsquoacteurs de parties prenantes tregraves en amont de la deacutefinition de projets de recherche facilite lrsquoappro-priation reacuteciproque des besoins et des contraintes ainsi que la diffusion des reacutesultats

11e recommandation

Deacutevelopper la conception et les applications publiques

Lrsquoeacutetude a porteacute sur lrsquoeacutevaluation drsquooutils mais aussi agrave leur applicabiliteacute aux acteurs publics territoriaux et na-tionaux Il ressort que ce domaine drsquoapplication nrsquoest pas encore deacuteveloppeacute Une recommandation geacuteneacuterale est donc de travailler agrave promouvoir lrsquoutilisation drsquoindi-cateurs de pressions eacutetat et reacuteponses pour appuyer le pilotage et lrsquoeacutevaluation des actions des collectiviteacutes de reacutefleacutechir agrave la transposabiliteacute des outils inteacutegratifs en de-hors de la sphegravere du secteur priveacute marchand qursquoils srsquoap-puient sur le cadre PER ou sur lrsquoACV drsquoaccompagner les collectiviteacutes dans lrsquoappropriation de ces meacutethodes parfois complexes Au niveau de lrsquoEacutetat les acteurs re-commandent que la puissance publique deacuteveloppe une deacutemarche adapteacutee agrave lrsquoeacutechelle du pays utile dans le cadre des neacutegociations internationales tout en eacutetant attentive agrave sa compatibiliteacute avec les outils des acteurs eacuteconomiques

RecommandationsPublics cibles

Deacuteveloppeurs Utilisateurs Chercheurs Deacutecideurs politiques

Accepter la complexiteacute du vivant pour des actions plus pertinentes et plus preacutecises times times times times

Disposer drsquoun panel drsquooutils appreacuteciant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute times times times times

Travailler avec tous les acteurs et mieux utiliser les connaissances et les donneacutees disponibles times times times

Adapter les outils aux pratiques de lrsquoentreprise et agrave ses leviers drsquoactions times times times

Mieux caracteacuteriser les liens entre activiteacutes pressions et impacts times times

Renforcer lrsquoeacutevaluation de la fiabiliteacute la robustesse la sensibiliteacute et les incertitudes associeacutees aux outils times times

Ne pas attendre pour agir travailler sur les pressions et les reacuteponses times times

Deacutevelopper des guides de choix et drsquoutilisation des outils preacutecis et illustreacutes par des exemples times

Deacutevelopper lrsquoaccompagnement reacutegalien des acteurs pour favoriser la transition eacutecologique times

Renforcer la recherche partenariale aussi bien fondamentale qursquoappliqueacutee times times times times

Deacutevelopper la conception et les applications publiques times times times

synthegravesEs DEs rECOMMAnDAtIOns Et PUbLICs CIbLEsTABLEAU 3

7372

Conclusion

Lrsquoheure est agrave lrsquoaction pour sauvegarder et restaurer la biodiversiteacute Lrsquoaction se situe du cocircteacute des politiques publiques bien sucircr mais aussi des citoyens des collectiviteacutes locales et des entreprises de toutes natures Cela passe par la neacutecessaire inclusion drsquoune preacuteoccupation sur lrsquoeacutetat et le devenir de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques dans toutes les pratiques et politiques qui en deacutependent et qui lrsquoimpactent ndash notamment voire surtout les activiteacutes eacuteconomiques ndash ce que la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) a deacutesigneacute sous le terme laquo drsquointeacutegration de la biodiversiteacute raquo (mainstreaming)

Prendre en compte les aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute et de la crise systeacutemique qursquoelle traverse

Lrsquoaction crsquoest drsquoabord la reacuteduction rapide des facteurs de pression ceux que la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) a rappeleacute changement drsquousages des terres surexploitation des ressources pollutions changement climatique espegraveces envahissantes

En termes drsquoindicateurs il importe de deacutecliner ces grands facteurs en une typologie deacutetailleacutee de pressions qui fassent sens pour les acteurs par exemple caracteacuteriser les effets des pollutions lieacutees aux plastiques aux pesticides aux perturbateurs endocriniens etc Cette publication montre agrave la fois les difficulteacutes qursquoil y a agrave mesurer les impacts des activiteacutes humaines et les pistes pour progresser pour ameacuteliorer les reacuteponses des acteurs

Les outils mesurant ces impacts exposeacutes dans cette publication preacutesentent ainsi un caractegravere mobilisateur ils feacutedegraverent les acteurs dans une deacutemarche permettent de srsquointeacuteresser agrave la biodiversiteacute et drsquoeacutevaluer des progregraves Les questions adresseacutees par les membres du Comiteacute drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB et la nombreuse assistance aux Journeacutees FRB 2019 teacutemoignent de lrsquointeacuterecirct porteacute au sujet

Toutefois lrsquoutilisation de ces outils ne saurait se reacuteduire agrave eacutevaluer de faccedilon ex-ante ou ex-post les impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute elle a aussi et surtout pour finaliteacute de reacuteduire les pressions qui srsquoexercent sur elle Ce qui exige souvent drsquoappreacutehender la biodiversiteacute dans un cadre systeacutemique drsquointeractions et de reacutetroactions au sein du vivant entre acteurs et biodiversiteacute Le rapport speacutecial de lIpbes publieacute en 2019 sur la base de plus de 20 ans de travaux scientifiques donne des pistes Ce rapport aborde les aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute et de la crise qursquoelle traverse dont les indicateurs doivent rendre compte Il srsquoagit drsquoeacutevaluer lrsquoimpact des pressions

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7574

Meacutethodes drsquoeacutevaluations complegravetes Meacutethodes drsquoeacutevaluations complegravetes

via diffeacuterents indicateurs drsquoeacutetat de la biodiversiteacute diversiteacute speacutecifique eacutetat des espegraveces menaceacutees abondance des espegraveces communes eacutetat des fonctions eacutecologiques et des services eacutecosysteacutemiques structure des eacutecosystegravemes Le cadre systeacutemique doit permettre drsquoanticiper les effets des politiques et pratiques de chacun en inteacutegrant lrsquoeffet des autres acteurs leurs interactions les effets en retour de la biodiversiteacute ndash une piste eacutetant par exemple lrsquoapproche laquo conseacutequentielle raquo des analyses de cycles de vie

Des ameacuteliorations agrave apporter dans les outils en deacuteveloppement

Afin drsquointeacutegrer ces aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute dans un cadre systeacutemique il est essentiel de poursuivre les recherches et les deacuteveloppements meacutethodologiques Il srsquoagit de reacutepondre au besoin drsquoindicateurs voire drsquooutils au sein des entreprises comme facteur drsquoincitation agrave agir et comme gage drsquoune meilleure action Il est aussi essentiel de renseigner lrsquoEacutetat les citoyens les consommateurs Le sujet est ardu et il est neacutecessaire de deacutefinir un chemin qui tienne compte

ndash des diffeacuterents types drsquoindicateurs et drsquooutils (eacutetat pressions reacuteponses enchaicircnement des activiteacutes jusqursquoaux impacts)

ndash des cadres conceptuels des eacutechelles inteacutegratives (du cycle de vie drsquoun produit ou drsquoun service agrave la biodiversiteacute ses niveaux drsquoorganisation sa dimension spatiotemporelle)

ndash des eacutetats de maturiteacute des outils (de nombreux outils sont en phase de deacuteveloppement ou en phase pilote)

ndash drsquoatouts de limites agrave reacuteduire drsquohypothegraveses agrave mieux argumenter de lien avec la reacutealiteacute du terrain agrave renforcer

ndash des besoins des acteurs (eacutevaluer lrsquoimpact drsquoun produit drsquoune entreprise drsquoun changement de pratique rendre compte)

ndash des nombreuses initiatives internationales europeacuteennes nationales autour des indicateurs et des outils

Entre diversiteacute et hieacuterarchie des indicateurs

Au-delagrave du laquo porteacute agrave connaissance raquo de cette publication une des conclusions est qursquoil serait difficile surtout reacuteducteur et non pertinent drsquoimposer aux acteurs aux entreprises aux citoyens un outil ou un indicateur unique pour rendre compte des impacts Chaque acteur entreprise en fonction de ses activiteacutes et de ses pressions devrait disposer drsquoun ou plusieurs indicateurs plus ou moins inteacutegratifs adapteacutes agrave son type drsquoactiviteacute scientifiquement valideacutes Ces indicateurs ont plusieurs usages possibles deacutevelopper une comptabiliteacute environnementale agrave usage interne rendre compte de ses actions et de ses reacutesultats en matiegravere de responsabiliteacute sociale et deacutesormais environnementale

deacutecider piloter ses activiteacutes afin de les rendre moins impactantes De mecircme les citoyens ont besoin drsquoune diversiteacute drsquoindicateurs ajusteacutes agrave la diversiteacute de leurs attentes De maniegravere compleacutementaire lrsquoEacutetat doit se doter drsquoun ou plusieurs outils ou indicateurs pour mesurer les effets de lrsquoeffort collectif national en termes de protection de la biodiversiteacute et en rendre compte au niveau international

Dans le mecircme temps il reste indispensable de srsquoaccorder sur un ensemble minimal de dimensions de la biodiversiteacute agrave prendre en compte afin drsquoavoir une vision harmoniseacutee de son eacutetat et de sa dynamique afin de veacuterifier et de confronter les efforts pour reacuteduire son eacuterosion

Le choix des indicateurs selon leur qualiteacute leur fiabiliteacute leur transparence et leur inclusiviteacute est essentiel pour eacuteviter et reacuteduire les impacts sur la biodiversiteacute des efforts collectifs concerteacutes sont neacutecessaires

Perspectives une reacuteflexion collective neacutecessaire agrave lrsquoameacutelioration des indicateurs

De par les deacutefis scientifiques que doivent affronter les outils mis en exergue dans cette publication cette reacuteflexion est aussi une invitation agrave deacutevelopper les collaborations avec le monde acadeacutemique Il est neacutecessaire de roder les outils de les exposer agrave lrsquoeacutevaluation scientifique externe afin dameacuteliorer leur pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute et de la complexiteacute des processus qui en sont agrave lrsquoorigine Lrsquoobjectif est bien de deacutevelopper des outils qui reacutepondent agrave la fois aux besoins des entreprises agrave la demande des consommateurs et des citoyens mais qui incarnent aussi le plus preacuteciseacutement possible une reacutealiteacute biologique et eacutecologique

Pour chaque acteur un indicateur est une boussole qui oscille entre dimension scientifique et dimension politique La reacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines est prolongeacutee par la phase de deacutecision ndash drsquoimplantation drsquoune activiteacute de choix drsquoune matiegravere premiegravere drsquoactions de protection ou de restauration Pour cette eacutetape il pourrait ecirctre utile dans certains cas de compleacuteter les informations fournies par un ensemble drsquoindicateurs par des sceacutenarios baseacutes sur des approches socio-eacutecosysteacutemiques

En reacutesumeacute cette publication preacutesente de nombreuses initiatives portant sur des outils de mesure de lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute leurs logiques ambitions forces et limites De nombreuses pistes drsquoameacutelioration sont suggeacutereacutees Lrsquoenjeu eacutetant que les outils et les indicateurs contribuent agrave une ambition partageacutee preacuteserver et restaurer la biodiversiteacute dont nous faisons partie

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Annexes

Annexe 1 Questions de lrsquoenquecircteAnnexe 2 Questions sur la grille drsquoeacutevaluation scientifique Annexe 3 Liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeurs indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019

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Annexes Annexes

Annexe 1 Questions de lrsquoenquecircte

bull Nom Type de structure Secteur drsquoactiviteacute Effectif de la structure Code du deacutepartement

bull Connaissez-vous des indicateurs de biodiversiteacute Si oui lesquels

bull Utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiver-siteacute Si oui lesquels

bull Pour quelles raisons utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

bull Pour quelles raisons nrsquoutilisez-vous pas drsquoindicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les limites des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute existants

bull Il faut deacutefinir un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute ndash Par type drsquoacteurndash Par secteur drsquoactiviteacutendash Sans opinionndash Etc

bull Facile agrave mettre en place (meacutethodologie simplifieacutee)ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Sensible Reacuteactif (deacutetecte rapidement un change-ment signifiant)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Robuste (la mesure ou le calcul de lrsquoindicateurindice reste fiable mecircme lorsque les conditions varient)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Preacutecis (mesure avec une faible marge drsquoerreur ou drsquoincertitude le pheacutenomegravene qursquoil est supposeacute deacutecrire)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Baseacute sur lrsquoautoeacutevaluation (lrsquoentreprise remplit un questionnaire)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Produire un reacutesultat quantitatif et mesurable (com-parable agrave la tonne de CO2 pour lrsquoimpact climatique)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Parlant (transmettre un message clair et facilement interpreacutetable)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Disponible au grand public (ecirctre en libre accegraves et diffuseacute systeacutematiquement par les entreprises)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Obligatoire (sa mise en place est rendue obligatoire par la loi)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Inteacutegreacute (prendre en compte les caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Quels eacuteleacutements vous inciteraient agrave utiliser un (ou des) indicateur drsquoimpact de vos activiteacutes sur la bio-diversiteacute

bull Quelles sont les connaissances qui vous manquent pour utiliser parfaitement un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Annexe 2 Questions de la grille drsquoeacutevaluation scientifique

Pressions prises en compte

bull Quelles sont les pressions directes prises en compte dans les modegraveles (laquo pressure raquo in DPSIR laquo direct dri-vers raquo in MEA) (en diffeacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les pressions indirectes prises en compte dans les modegraveles (laquo drivers raquo in DPSIR) (en diffeacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les pressions prises en compte dans lrsquooutil

bull Si elles sont diffeacuterentes de celles du modegravele quel est lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute de cette diffeacuterence

bull Y a-t-il des manques en termes de pressions agrave prendre en compte

Liens entre les pressions et les impacts sur la biodiversiteacute

bull Quels sont les modegraveles mobiliseacutes dans lrsquooutil afin de lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans le modegravele

bull Quels sont les avantages du ou des modegraveles (en dif-feacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les limites du ou des modegraveles (en diffeacute-renciant par modegravele)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans les modegraveles (donneacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mutualiseacutees dans une base de donneacutees donneacutees drsquoobservation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) (en diffeacuterenciant par modegravele) Quelles sont leurs avan-tages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Quelles sont les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil

bull Si elles sont diffeacuterentes de celles du modegravele quel est lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute de cette diffeacuterence

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil (don-neacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mu-tualiseacutees dans une base donneacutees donneacutees drsquoobser-vation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) Quelles sont leurs avantages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Preacutecision de lrsquooutil la relation entre pressions et impacts est-elle significative La marge drsquoerreur drsquoincertitude lieacutee agrave cette relation est-elle faible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Sensibiliteacute de lrsquooutil la relation entre pressions et impacts est-elle sensible Lrsquooutil permet-il de faire la diffeacuterence (impacts) entre des situations (pressions) qui sont diffeacuterentes Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Lrsquooutil permet-il de deacutetecter des changements preacute-coces de biodiversteacute (type laquo early warning signals raquo)

Informations geacuteneacuterales

bull Agrave quelle eacutetape le deacuteveloppement de lrsquooutil est-il en 2019

bull Quels sont les secteurs drsquoactiviteacutes actuellement concerneacutes ou potentiels

bull Quelles sont les eacutechelles drsquoeacutevaluation drsquoimpact des activiteacutes sur la biodiversiteacute

bull Quels sont les milieux actuellement concerneacutes ou potentiels

bull Business application in summarybull Quel est le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par

lrsquooutil

Liens entre les activiteacutes et les pressions

bull Quels sont les modegraveles mobiliseacutes dans lrsquooutil afin de lier activiteacutes et pressions

bull Quels sont les avantages du ou des modegraveles (en dif-feacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les limites du ou des modegraveles (en diffeacute-renciant par modegravele)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans les modegraveles (donneacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mutualiseacutees dans une base de donneacutees donneacutees drsquoobservation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc (en diffeacuterenciant par modegravele) Quelles sont leurs avan-tages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil (don-neacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mu-tualiseacutees dans une base donneacutees donneacutees drsquoobser-vation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) Quelles sont leurs avantages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Preacutecision de lrsquooutil la relation entre activiteacutes et pressions est-elle significative La marge drsquoerreur drsquoincertitude lieacutee agrave cette relation est-elle faible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Sensibiliteacute de lrsquooutil la relation entre activiteacutes et pressions est-elle sensible Lrsquooutil permet-il de faire la diffeacuterence (pressions) entre des situations (activi-teacutes) qui sont diffeacuterentes Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Fiabiliteacute de lrsquooutil la deacutetermination de la relation entre activiteacutes et pressions est-elle fiable La deacuteter-mination de cette relation est-elle reproductible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

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Annexes Annexes

bull Lrsquooutil permet-il de deacutetecter des changements inha-bituels voire des points drsquoinflexion lors de change-ments non lineacuteaires

bull Fiabiliteacute de lrsquooutil la deacutetermination de la relation entre pressions et impacts est-elle fiable La deacuteter-mination de cette relation est-elle reproductible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

Biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur

bull Agrave quels peacuterimegravetres spatials lrsquooutil srsquointeacuteresse-t-il pour eacutevaluer les pressions et les impacts sur la bio-diversiteacute Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Agrave quels peacuterimegravetres temporels lrsquooutil srsquointeacuteresse-t-il pour eacutevaluer les pressions et les impacts sur la bio-diversiteacute Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Quels sont les niveaux drsquoorganisation de la biodiver-siteacute pris en compte dans lrsquooutil Geacuteneacutetique Indivi-du Espegravece Population Communauteacute Habitat Eacuteco-systegraveme Paysage Autre Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Lors de la prise en compte drsquoespegraveces pour le calcul de lrsquoindicateur srsquoagit-il drsquoespegraveces en particulier espegraveces cibles espegraveces bioindicatrices vulneacuterables patrimoniales etc Ou drsquoagreacutegations drsquoespegraveces

bull Quelles sont les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte dans lrsquooutil Composition Structure Fonction Eacutevolution Autre Quels en sont les inteacute-recircts et les limites

bull Lrsquoindicateur est-il repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute occasionner par les activiteacutes prises en compte

bull La meacutethode associeacutee agrave lrsquooutil preacuteconise-t-elle de reacute-peacuteter le calcul Si oui agrave quelle freacutequence Si non quelle freacutequence serait pertinente

bull Pertinence de lrsquooutil lrsquooutil est-il pertinent pour rendre compte drsquoimpacts drsquoactiviteacutes sur la biodiver-siteacute

bull Quels sont les avantages de lrsquoindicateur pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les limites de lrsquoindicateur pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

bull Un ou plusieurs autres outils ou indicateurs pour-raient-ils compleacuteter celui-ci ou ecirctre plus pertinents (en diffeacuterenciant outils et indicateurs) (ex ensemble de bioindicateurs Ecological Damage Potential (EDP) Indicator Functional Diversity Index etc)

Meacutethodologie de lrsquooutil et calcul de lrsquoindicateur

bull Quelles sont les grandes eacutetapes de calcul de lrsquoindica-teur

bull Le calcul de lrsquoindicateur est-il clair rigoureux trans-parent

bull Quels sont les avantages de la construction de lrsquooutil pour le calcul de lrsquoindicateur

bull Y a-t-il des biais possibles des limites des incerti-tudes lieacutees au calcul Le cas eacutecheacuteant comment les limiter

bull Le calcul de lrsquoindicateur permet-il des changements drsquoeacutechelles spatiale etou temporelle Le cas eacutecheacuteant se base-t-il sur les mecircmes donneacutees Le cas eacutecheacuteant preacutecision sensibiliteacute et fiabiliteacute sont-elles affecteacutees

Utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

bull Quels sont les niveaux du cadre Pressure-State-Res-ponse pris en compte par les modegraveles

bull Lrsquooutil permet-il drsquoajouter un ou des niveaux suppleacute-mentaires

bull Quels sont les domaines drsquoapplication de lrsquoutilisa-tion de lrsquooutil en termes de connaissance des im-pacts (actuels ou potentiels) et de types de deacutecision (financiegraveres etou drsquoinvestissement sur un projet et ou de production sur la localisation du site)

bull En vue du coucirct de la mise en place de lrsquooutil et de sa performance par rapport agrave la biodiversiteacute quelle est la rentabiliteacute de lrsquooutil

bull Existe-t-il une valeur cible ou un objectif agrave atteindre pour cet indicateur

bull Lrsquoindicateur permet-il des comparaisons entre enti-teacutes (sites entreprises collectiviteacutes pays) agrave des zones geacuteographiques etou agrave des moments (suivi temporel) diffeacuterents

bull Lrsquooutil pourrait-il ecirctre utiliseacute dans un cadre public et le eacutecheacuteant lesquels (bacirctiment public collecti-viteacute eacutetat)

bull Lrsquooutil transmet un message clair et facilement inter-preacutetable par les non-experts

bull Lrsquooutil peut servir pour transmettre des messages (sur la performance au niveau drsquoimpact sur la biodi-versiteacute) au grand public

bull Lrsquooutil et lrsquoindicateur peuvent-ils srsquoinseacuterer dans des cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute (Ipbes CBD ODD etc)

Pistes drsquoameacuteliorations

bull Quels pourraient-ecirctre les deacuteveloppements souhai-tables de cet outil (conception statistique mobilisa-tion drsquoautres donneacutees acquises ou agrave acqueacuterir deacutecli-naison territoriale)

Annexe 3 Liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeur indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019

Indicateurs et autres informations Informations et donneacutees preacutesentes dans le rapport

Empreinte eacutecologique (Ecological footprint)

La demande de lrsquohumaniteacute deacutepasse la biocapaciteacute de la planegravete depuis plus de 40 ans et le calcul de lrsquoempreinte eacutecologique montre qursquoil faudrait 16 Terre pour reacutepondre aux demandes annuelles de lrsquohumaniteacute envers la nature

Production primaire nette restant dans les eacutecosystegravemes terrestres apregraves appropriation par lrsquohomme (Net primary production remaining in terrestrial ecosystems after human appropriation)

La production primaire nette restant dans les eacutecosystegravemes terrestres apregraves appropriation par lrsquohomme est maintenant drsquoenviron 86 de son niveau de reacutefeacuterence naturel infeacutereacute et de seulement 64 en Asie

Biomasse veacutegeacutetale (Vegetation biomass)

La biomasse veacutegeacutetale est reacuteduite par le changement drsquoaffectation des terres et lrsquointensification agrave moins de 50 du niveau attendu srsquoil nrsquoy avait pas drsquoutilisation humaine des terres ndash avec une tendance agrave la hausse depuis 1970 sous lrsquoeffet de la fertilisation du changement climatique et de la re-veacutegeacutetation apregraves un preacuteceacutedent changement drsquousage des terres

Indice de biodiversiteacute de lrsquohabitat (Biodiversity habitat index)

Lrsquoindice de biodiversiteacute de lrsquohabitat estime lrsquointeacutegriteacute actuelle de lrsquohabitat terrestre pour la biodiversiteacute indigegravene agrave 70 de son niveau drsquoorigine

Indice drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute (Biodiversity Intactness Index)

Lrsquoindice drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute nrsquoest que de 79 en moyenne dans les eacutecosystegravemes terrestres la plupart des biomes eacutetant infeacuterieurs agrave 90

Paysages forestiers intacts (Intact forest landscapes)

Les paysages forestiers intacts continuent de deacutecliner rapidement dans les pays riches et pauvres et en particulier dans les pays neacuteotropicaux en raison de lrsquoexploitation forestiegravere industrielle de lrsquoexpansion agricole des incendies et de lrsquoexploitation miniegravere (perte de 7 entre 2000 et 2013)

Couverture forestiegravere (Tree cover)

La couverture forestiegravere est estimeacutee agrave seulement 542 de la superficie agrave lrsquoaube de la civilisation humaine Le couvert forestier mondial a augmenteacute de 26 par deacutecennie entre 1982 et 2016 mais il continue agrave diminuer dans les tropiques et environ 153 milliards drsquoarbres sont encore perdus chaque anneacutee en raison de la deacuteforestation de la gestion des forecircts des perturbations et des changements drsquoaffectation des terres

Eacutetendue des forecircts (Extent of forests)

Lrsquoeacutetendue des forecircts repreacutesente 681 de leur eacutetendue preacuteindustrielle (soit 460 millions drsquohectares de moins que la limite de seacutecuriteacute proposeacutee) Lrsquoeacutetendue des forecircts a diminueacute nettement plus lentement en 2005-2015 qursquoen 1990-2005

Indice de tendance de lrsquoeacutetendue des zones humides (Wetland Extent Trend Index)

Lrsquoindice de tendance de lrsquoeacutetendue des zones humides diminue rapidement (Dixon et al 2016) et jusqursquoagrave 87 des zones humides naturelles preacutesentes en 1700 eacutetaient perdues en 2000

8382

Annexes Annexes

[Surfaces] de terres ni cultiveacutees ni urbaniseacutees (Land neither cultivated nor urban)

Les [surfaces] de terres ni cultiveacutees ni urbaniseacutees nrsquoont diminueacute lentement que depuis 1992 Des diminutions [de surfaces] beaucoup plus rapides sont observeacutees dans certains eacutecosystegravemes (prairies tempeacutereacutees -25 forecircts tropicales et subtropicales -13 ) Certaines reacutegions ont eacutegalement connu une eacutevolution particuliegraverement rapide de leur couverture terrestre entre 2001 et 2012 lrsquoArctique a connu une augmentation de 52 de lrsquoeacutetendue des forecircts de 19 des zones humides et une diminution de 91 des terres steacuteriles

Diversiteacute geacuteneacutetique au sein drsquoune population (Genetic diversity within-population)

La diversiteacute geacuteneacutetique au niveau des populations a diminueacute au rythme drsquoenviron 1 par deacutecennie depuis le milieu du XIXe siegravecleCertaines eacutetudes montrent que les populations insulaires ont eu tendance agrave perdre plus de diversiteacute geacuteneacutetique que les populations continentales les populations dont lrsquohabitat a eacuteteacute fragmenteacute par un changement drsquoutilisation des terres ont environ 17 de diversiteacute geacuteneacutetique en moins que les populations non perturbeacutees [] Cette tendance vaut aussi pour les espegraveces domestiqueacutees avec des races animales eacuteteintes ou menaceacutees drsquoextinction

Diversiteacute geacuteneacutetique entre les espegraveces diversiteacute phylogeacuteneacutetique (Genetic diversity among species phylogenetic diversity)

Certains exemples montrent que les communauteacutes veacutegeacutetales de sites plus perturbeacutes ont une diversiteacute geacuteneacutetique plus faible que celle de sites moins perturbeacutes les communauteacutes drsquooiseaux vivant sur des terres agricoles intensives ont 900 millions drsquoanneacutees de moins de diversiteacute geacuteneacutetique que celles des forecircts naturelles et 600 millions drsquoanneacutees de moins que celles des terres agricoles diversifieacutees []

Inteacutegriteacute et richesse fonctionnelles (Functional intactness and richness)

Lrsquointeacutegriteacute et la richesse fonctionnelles diminuent en raison de la captation de la productiviteacute primaire et du changement climatique

Nombre cumuleacute drsquoespegraveces exotiques envahissantes (Cumulative number of alien species)

Le nombre cumuleacute drsquoespegraveces exotiques augmente de 13 par deacutecennie ndash avec 37 de tous les cas signaleacutes remontant agrave 1970

Indice de la Liste Rouge (Red List Index)

Lrsquoindice de la Liste Rouge nrsquoest maintenant plus qursquoagrave 75 de la valeur qursquoil aurait sans les impacts humains avec des variations selon les groupes taxonomiques Les reacutegions preacutesentant la plus grande deacuteteacuterioration comprennent une grande partie de lrsquoAsie du Sud-Est et de lrsquoAmeacuterique centrale 40 des espegraveces drsquoinsectes sont menaceacutees agrave lrsquoeacutechelle nationale ainsi que 4149 des amphibiens 387 des mammifegraveres marins et 4055 des gymnospermes

Proportion de la biomasse halieutique (proportion of global fish biomass)

La proportion de la biomasse halieutique mondiale a eacuteteacute diviseacutee par 10 environ depuis 1880

Stocks de poissons agrave des niveaux biologiquement viables (fish stocks within biologically sustainable levels)

Les stocks de poissons agrave des niveaux biologiquement viables ont diminueacute de 6 par deacutecennie ndash pour atteindre moins de 70

Biomasse des poissons preacutedateurs (Predatory fish biomass)

La biomasse des poissons preacutedateurs a diminueacute de 14 par deacutecennie

Biomasse des poissons proies (Biomass of prey fish)

La biomasse des poissons proies a augmenteacute de 10 par deacutecennie - seul indicateur agrave montrer une augmentation - probablement parce que la pecircche a eacutelimineacute les poissons preacutedateurs

Taille des aires de reacutepartition des mammifegraveres (Mammalian range size)

La taille des aires de reacutepartition des mammifegraveres a eacuteteacute reacuteduite agrave une moyenne de 83 des aires de reacutepartition originelles infeacutereacutees

Taille des aires de reacutepartition de la meacutegafaune (Megafaunal range size)

La taille des aires de reacutepartition des espegraveces de meacutegafaune (supeacuterieures agrave 445 kg) ne repreacutesente plus que 28 de la ligne de base naturelle les aires de reacutepartition des grands mammifegraveres ayant deacuteclineacute particuliegraverement rapidement en Asie du Sud et du Sud-Est

Tendances des inverteacutebreacutes (Invertebrate trends)

Les tendances des inverteacutebreacutes nrsquoont pas encore eacuteteacute syntheacutetiseacutees au niveau mondial en raison du manque de donneacutees tropicales Une analyse de type laquo indice planegravete vivante raquo des donneacutees principalement europeacuteennes et nord-ameacutericaines fait eacutetat drsquoun deacuteclin de -11 par deacutecennie

Biomasse des espegraveces domestiqueacutees (Domesticated species biomass)

Les biomasses des espegraveces domestiqueacutees cultiveacutees et des espegraveces bien adapteacutees aux biomes anthropiques ont toutes augmenteacute en abondance Le beacutetail repreacutesente maintenant plus de 90 de la biomasse de la meacutegafaune terrestre

Seacutequetration terrestre du carbone (Terrestrial carbon sequestration)

La seacutequestration terrestre du carbone a reacutecemment augmenteacute de 25 par deacutecennie

drsquoimpact des facteurs directs sur la biodiversiteacute ( impact of direct drivers on biodiversity)

Le changement drsquoutilisation des terresmers est le plus important facteur anthropique direct de changement de lrsquoeacutetat global de la nature avec un impact relatif de 30 suivi par lrsquoexploitation directe (23 ) le changement climatique (14 ) la pollution (14 ) et les espegraveces exotiques envahissantes (11 ) Les pressions qui ne sont aligneacutees sur aucun de ces cinq principaux facteurs (par exemple les incendies les perturbations humaines les activiteacutes de loisirs et le tourisme) repreacutesentent les 9 restants []

8584

PBF Product Biodiversity Footprint PDF Potentially Disappeared Fraction of species PDFgloyr Indicateur de potentiel de disparition mondiale des espegraveces PDFregyr Indicateur de potentiel de disparition reacutegionale des espegraveces PEFC Programme de reconnaissance des certifications forestiegraveres PER laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo PIB Produit inteacuterieur brut PNUE Programme des Nations-Unies pour lrsquoenvironnement PRG Pouvoir de reacutechauffement global PSL Potential Species Loss PSLglo Perte potentielle drsquoespegraveces globale PSLreg Perte potentielle drsquoespegraveces reacutegionale PSR Pressure State Response REPA Ressource and environmental profil analysis RSE Responsabiliteacute socieacutetale des entreprises SAR Specie-Area Relationship SETAC Society of Environmental Toxicology and Chemistry SHI Indice drsquohabitat des espegraveces SNB Strateacutegie nationale pour la biodiversiteacute STAR Species Threat Abatement and Recovery Metric STOC Suivi temporel des oiseaux communs UICN IUCN Union internationale de la conservation de la nature UNEP-WCMC Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations-Unies Unesco Organisation des Nations unies pour leacuteducation la science et la culture

Liste des acronymes utiliseacutes

ABMB Aligning biodiversity measures for business ACV Analyse du cycle de vie Ademe Agence de lenvironnement et de la maicirctrise de leacutenergie AFB Agence franccedilaise pour la biodiversiteacute BACI Before After Control Impact BFFI Biodiversity Footprint for Financial Institution BIEC Biodiversity Indicator for Extractive Companies BII Biodiversity Intactness Index BIM Biodiversity Impact Metric BIP Biodiversity Indicators Partnership BIRS Biodiversity Indicator and Reporting System CCNUCC Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique CDB Convention sur la diversiteacute biologique CDC Caisse des deacutepocircts CISL Cambrigde Institute for Sustainability Leadership CITES Convention sur le commerce international des espegraveces de faune et de flore sauvages menaceacutees drsquoextinction CMP Conservation Measures Partnership COI Commission oceacuteanographique intergouvernementale COP Confeacuterence des parties Cos Conseil drsquoorientation strateacutegique DPSIR laquo Driving forces ndash Pressures ndash State ndash Impact ndash Responses raquo EBV Essential Biodiversity Variables EDP Ecological Damage Potential indicator EEA European Environment Agency EPE Entreprises pour lrsquoenvironnement EPI Environmental Performance Index EPLCA European Platform on Life Cycle Assessment ERC Eacuteviter Reacuteduire Compenser FPEIR laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo FRB Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute FSC Forest Stewardship Council GBS Global Biodiversity Score GEO BON The Group on Earth Observations Biodiversity Observation Network GES Gaz agrave effet de serre GIEC Groupe international drsquoexperts sur le climat HAeq Impact sur la biodiversiteacute IFC International Finance Corporation IMBS Integrated Biodiversity Management System Ipbes Plateforme intergouvernementale sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques ISO International Standards Organisation KBAs Key Biodiversity Areas LCA Life Cycle Assessment MSC Marine Stewardship Council MR-IOT Multi-Regional Environmentally Extended Input-Output Table MR-SUT Multi-Regional Environmentally Extended Supply-Use Table MSA Mean Species Abundance NBSAP National Biodiversity Strategies and Actions Plans ODD Objectifs de deacuteveloppement durable OECD OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques OFB Office franccedilais de la biodiversiteacute ONB Observatoire national de la biodiversiteacute ONU Organisation des Nations unies OREacuteE Organisation pour le respect de lrsquoenvironnement dans lrsquoentreprise

LIstE DEs ACrOnyMEs Et AbreacutevIAtIOns UtILIseacutes

8786

Tableau 1 CLAssEMEnt PAr OrDrE DrsquoIMPOrtAnCE DE MEsUrEs POUr InCItEr agrave LrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DE MEsUrE DrsquoIMPACt DEs ACtIvIteacutes sUr LA bIODIvErsIteacute Tableau 2 vArIAbLEs EssEntIELLEs DE bIODIvErsIteacute CLAsseacuteEs PAr nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn Tableau 3 synthegravesEs DEs rECOMMAnDAtIOns Et PUbLICs CIbLEs

Figure 1 COnnAIssAnCE Et UtILIsAtIOn DrsquoInDICAtEUrs DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacuteFigure 2 LEs rAIsOns DrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute Figure 3 LEs CArACteacuterIstIQUEs DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute DAns LrsquoIDeacuteALFigure 4 CADrE PrEssIOns ndash eacutetAt ndash reacutePOnsEsFigure 5 CADrE AnALysE DU CyCLE DE vIEFigure 6 APErccedilU DEs CAteacutegOrIEs AUx IMPACts IntErMeacuteDIAIrEs DAns LE CADrE DE LA MeacutethODOLOgIE rECIPE2016 Et LEUr trAnsCrIPtIOn En DOMMAgEs sUr LrsquoEnvIrOnnEMEntFigure 7 COMPOsItIOn strUCtUrE Et FOnCtIOn DE LA bIODIvErsIteacute PreacutesEnteacuteEs COMME DEs sPhegraverEs IntErCOnnECteacuteEs EngLObAnt PLUsIEUrs nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOnFigure 8 COMPLeacuteMEntArIteacute EntrE LE CADrE PEr Et LE CADrE ACvFigure 9 CADrE COnCEPtUEL AnALytIQUE DE Lrsquo IPbEsFigure 10 CADrE COnCEPtUEL Et InDICAtEUrs DE bAsE DrsquoAPregraves IPbEs COrE InDICAtOrs

LIstE DEs tAbLEAUx

LIstE DEs FIgUrEs

8988

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REMERCIEMENTS

Jean-Franccedilois Silvain (FRB) Heacutelegravene Soubelet (FRB) Denis Couvet (FRB) Pauline Coulomb (FRB) Lucile Judas (FRB) Julien Massetti (OFB) Lora Rouviegravere (OFB) Stanislas Wroza (OFB) Florence Barreto (OFB) eacutequipe FRB les eacutevaluateurs Jean-Yves Barnagaud (CNRS) Thomat Binet (VertigoLab) Freacutedeacuteric Gosselin (INRAE) Jean-Baptiste Mihoub (MNHN) Dominique Pelletier (Ifremer) Karine Princeacute (MNHN) Pierre Scemama (Ifremer) les concepteurs des outils Joshua Berger (CDC Biodiversiteacute) Wijnand Broer (CREM) Antoine Cadi (CDC Biodiversiteacute) Leo Murphy (UNEP-WCMC) Guillaume Neveu (I Care amp Consult) Antoine Vallier (CDC Biodiversiteacute) les animateurs des ateliers Luc Abbadie (Sorbonne Universiteacute) Cleacutement Bultheel (MTES) Ameacutelie Colle (VertigoLab) Freacutedeacuteric Gosselin (Irstea) Gilles Lecuir (ARB Icircle-de-France) Charles Lemaicirctre (VICAT) Jean-Franccedilois Lesigne (RTE) Karine Princeacute (MNHN) Pierre Scemama (Ifremer) les intervenants agrave la pleacuteniegravere Thomas Andro (Solvay) Seacutebastien Barot (IRD) Romuald Berrebi (OFB) Sylvain Boucherand (BampL Evolution) Allain Bougrain-Dubourg (LPO) Camille Bricout (ARB ndash NA) Stellio Casas (Veolia) Thomas Cosson (PNR Golfe du Morbihan) Corinne Dragonne (ARB PACA ndash OFB) Philippe Dupont (OFB) Ceacuteline Eson (Biosphra consulting) Olivier Lemoine (ELAN) Heacutelegravene Leriche (Oreacutee) Harold Levrel (AgroParisTech) Jean-Michel Olivier (CNRS) Philippe Puydarrieux (UICN) Olivier Ragueneau (CNRS) Elise Rebut (MEAE) Sylvaine Rols (UNEP-WCMC) Natacha Sautereau (ITAB) Claire Tutenuit (EpE) Jean-Marc Valet (Cerema) Yann Verstraeten (ICF) Yann Wehrling (Ambassadeur agrave lrsquoenvironnement)

Citation Aureacutelie Delavaud Elodie Milleret Stanislas Wroza Heacutelegravene Soubelet Ana Deligny Jean-Franccedilois Silvain (2021) Indicateurs et outils de mesure ndash Eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Coll Expertise et synthegravese Paris France FRB 96 pages

Creacutedits photographiques copy Pixabay p 6 20 28 35 49 54 58 71 72 76 86 95 et couverture

Directrice de la publication Heacutelegravene Soubelet (FRB)Coordination eacuteditoriale Aureacutelie Delavaud (FRB)Reacutedactrices Aureacutelie Delavaud (FRB) Elodie Milleret (FRB) Ana Deligny (FRB) Relecture Denis Couvet (FRB) Robin Goffaux (FRB) Ceacutecile Jacques (FRB) Jean-Franccedilois Silvain (FRB) Heacutelegravene Soubelet (FRB) Stanislas Wroza (OFB) Graphisme Franccedilois Junot

copy FRB 2021ISBN 979-10-91015-43-1

Des indicateurs pourquoi pour qui Srsquoagit-il dindiquer leacutetat de la biodiversiteacute lintensiteacute des pressions qui pegravesent sur cette derniegravere ou encore la reacuteponse de celle-ci face agrave des mesures prises en faveur de sa preacuteservation Peut-on reacuteellement eacutevaluer lrsquoefficaciteacute des politiques publiques priveacutees citoyennes les comparer Face agrave ces nombreuses questions une profusion drsquoindicateurs fleurit fournie par des acteurs divers lrsquoEacutetat le secteur eacuteconomique la socieacuteteacute civile etc Un consen-sus vers un indicateur ideacuteal de biodiversiteacute est encore loin drsquoecirctre trouveacute drsquoautant que certains enjeux majeurs nrsquoont pas encore drsquoindicateurEn reacuteunissant chercheurs et acteurs la FRB en coopeacuteration avec lrsquoOFB srsquoest empa-reacutee du sujet agrave lrsquooccasion de ses Journeacutees FRB 2019 Cette Expertise et synthegravese apporte un regard ineacutedit sur ces questions majeures et srsquoaccompagne drsquoune seacuterie de recommandations

La Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute a pour mission de favoriser les activiteacutes de recherche sur la biodiversiteacute en lien avec les acteurs de la socieacuteteacute Sus-citer lrsquoinnovation deacutevelopper et soutenir des projets diffuser les connaissances et mobiliser lrsquoexpertise sont au cœur de ses actions

Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute (FRB) 195 rue Saint-Jacques 75005 Paris

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MembresFondateursde la FRB

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Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

11 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute une question reacutecurrente

Agrave travers les usages les pratiques les modes de ges-tion de la biodiversiteacute les activiteacutes humaines exercent des pressions Sous lrsquoeffet de ces pressions directes et indirectes la biodiversiteacute srsquoeacuterode agrave une vitesse alar-mante Lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques publieacutee en 2019 par la Plateforme intergouvernementale scientifique et poli-tique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) identifie cinq grandes pressions directes res-ponsables de lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

bull changement drsquousage des sols et des terresbull exploitation des espegraveces et des habitatsbull changement climatiquebull pollutionsbull espegraveces exotiques envahissantes

La prise de conscience au niveau politique interna-tional de lrsquoimportance de la biodiversiteacute et de son eacutero-sion a conduit les institutions mondiales et reacutegionales au deacutebut des anneacutees 1970 agrave adopter des conventions relatives aux eacutecosystegravemes au vivant mais aussi aux pollutions et agrave la qualiteacute de lrsquoair (France Diplomatie 2005) puis agrave partir des anneacutees 1990 agrave deacutevelopper des meacutethodes drsquoeacutevaluation des performances environne-mentales Depuis les anneacutees 1970 acteurs publics et priveacutes srsquoengagent aussi en faveur de lrsquoenvironnement et de la biodiversiteacute (UICN 2014) souvent agrave travers le prisme du deacuteveloppement durable En parallegravele les leacutegislations europeacuteenne et franccedilaise eacutevoluent et demandent aux acteurs priveacutes marchands et aux col-lectiviteacutes drsquoune part drsquoeacutevaluer les incidences de leurs projets sur la biodiversiteacute et drsquoautre part de prendre en compte les questions environnementales (incluant pressions et protection de la biodiversiteacute) au mecircme titre que les preacuteoccupations sociales et drsquoen rendre compte aupregraves des parties prenantes et des services de

lrsquoeacutetat Plusieurs concepts eacutemergent eacutegalement dans le registre des laquo ressources raquo pour alerter sur les limites de la planegravete (caractegravere eacutepuisable des ressources si elles sont exploiteacutees non durablement) et lrsquointerdeacutepen-dance des entreprises aux milieux naturels

De faccedilon plus speacutecifique lrsquoeacutetat franccedilais srsquoest enga-geacute depuis plusieurs anneacutees agrave proteacuteger la biodiversiteacute par le biais de lois et de dispositifs fiscaux (notam-ment la loi relative agrave la protection de la nature de 1976 et la loi sur la protection et la mise en valeur des paysages de 1993) de strateacutegies nationales pour la biodiversiteacute (SNB de 2004 et 2011) des modifications du Code de lrsquoenvironnement et du Code rural et de la pecircche maritime et reacutecemment par promulgation de la loi pour la reconquecircte de la biodiversiteacute de la nature et des paysages (9 aoucirct 2016) et lrsquoadoption du Plan biodiversiteacute (4 juillet 2018)

Ainsi les entreprises et les collectiviteacutes se sont-elles empareacutees de la question sous lrsquoeffet drsquoinjonc-tions leacutegislatives ndash rapport de deacuteveloppement durable des collectiviteacutes rapport de responsabiliteacute socieacutetale pour les entreprises ndash et drsquoengagements volontaires pour des motifs varieacutes ndash respect de lrsquoenvironnement pour un deacuteveloppement eacuteconomique et social durable communication et positionnement diffeacuterenciant sur les marcheacutes etc ndash dans une logique de diminution des impacts et des pressions sur la biodiversiteacute pour lutter contre son eacuterosion Cette logique conduit au be-soin drsquoindicateurs et drsquooutils de mesure drsquoimpact sur la biodiversiteacute dans une approche similaire agrave ce qui est deacuteveloppeacute pour lutter contre le changement clima-tique avec la mesure de lrsquoempreinte carbone

Toutefois la difficulteacute agrave eacutevaluer et quantifier les im-pacts sur la biodiversiteacute potentiels ou reacuteels en fonc-tion de sceacutenarii et agrave de multiples eacutechelles (produits sites projets uniteacute drsquoactiviteacutes entreprises locales ou mondiales collectiviteacutes pays) constitue un possible frein agrave lrsquoaction fournir en ce domaine des eacuteleacutements drsquoappui drsquoaide agrave la deacutecision reste crucial

12 Deux approches les indicateurs de suivi et les outils drsquoeacutevaluation des impacts

Agrave partir des travaux deacuteveloppeacutes dans les champs scien-tifique et politique les organisations ndash non gouver-nementales priveacutees marchandes du secteur conseil publiques nationales ou internationales ndash srsquoorientent vers deux voies pour aider les responsables des poli-tiques environnementales publiques et priveacutees agrave srsquoy retrouver en termes drsquoeacutevaluation des impacts les indicateurs de suivi et les outils de mesure drsquoimpacts Si cette dichotomie est simplificatrice elle permet drsquoil-lustrer le propos La deacutefinition laquo drsquoindicateur raquo et les cadres conceptuels seront discuteacutes au point 3

121 Les indicateurs de suivi pressions eacutetat ou reacuteponses

Ils rendent compte de lrsquoeacutevolution de lrsquoeacutetat de la bio-diversiteacute pour une ou plusieurs de ses dimensions (par exemple lrsquoindicateur drsquointeacutegriteacute du peuplement drsquoOdonates qui repose sur un inventaire en un site donneacute compareacute agrave une liste drsquoespegraveces attendues lrsquoindicateur de Suivi temporel des oiseaux communs (STOC) qui permet drsquoeacutevaluer les variations spatiales et temporelles de lrsquoabondance des populations nicheuses drsquooiseaux communs) Ce type drsquoindicateurs peut ecirctre agreacutegeacute avec drsquoautres dimensions pour former des in-dices ou index de biodiversiteacute (par exemple lrsquoindice drsquohabitat des espegraveces (SHI) qui quantifie les chan-gements qui surviennent dans les habitats drsquoune es-pegravece et fournit une estimation des pertes potentielles de populations etou des augmentations du risque drsquoextinction)

Ces indicateurs srsquoinscrivent souvent dans le cadre laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) pour lequel on retrouve outre les indicateurs eacutecologiques drsquoeacutevolution de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des indicateurs socio-eacuteco-nomiques de suivi des pressions ou des reacuteponses de la socieacuteteacute La mise en correspondance de ces indicateurs combineacutes agrave la litteacuterature scientifique constitue une approche pour relier activiteacutes pressions et impacts

En France des indicateurs sont mis agrave disposition par lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) piloteacute par lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB) Au niveau international lrsquoIpbes preacutesente dans son rap-port une seacuterie drsquoindicateurs pour eacutevaluer lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute et les impacts des activiteacutes humaines

Il existe de nombreux deacuteveloppements meacutethodolo-giques pour de nouveaux indicateurs de ce type mais aussi des inventaires des jeux drsquoindicateurs existants ceci afin de proposer un ensemble commun drsquoindica-teurs (laquo set raquo de reacutefeacuterence permettant de composer un tableau de bord) adapteacutes aux besoins drsquoacteurs (entre-

prises collectiviteacutes) besoins theacutematiques (secteurs drsquoactiviteacutes ressources naturelles utiliseacutees) et juri-diques (rapportage)

122 Les outils drsquoeacutevaluation des impacts activiteacutes pressions et impacts

Ils visent agrave rendre compte des impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute pour une ou plusieurs de ses dimen-sions mais en inteacutegrant dans leur meacutethodologie de calcul la chaicircne complegravete activiteacutes ndash pressions ndash im-pacts Ils se basent sur des outils et modegraveles existants ou deacuteveloppent leur propre approche pour relier de faccedilon explicite ou non ces termes

Les deacuteveloppements meacutethodologiques de ces ou-tils inteacutegreacutes sont reacutecents et sont surtout destineacutes aux entreprises voire aux Eacutetats Ils se focalisent sur deux objectifs majeurs

bull Deacutefinir lrsquoimpact des activiteacutes sur la biodiversiteacute en termes drsquoeacutevaluation ex-post pour le rapportage lrsquoeacutevaluation des reacuteponses mises en place ndash notamment en matiegravere de politiques publiques ndash lrsquoameacutelioration des pratiques

bull Deacutefinir lrsquoimpact ex-ante pour la prise de deacutecision pour le deacuteveloppement drsquoactiviteacutes drsquoinvestissements

Ces deacutemarches aboutissent agrave la conception drsquooutils de mesure drsquoimpacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute baseacutes sur des meacutethodologies complexes pluridimensionnelles et avec des cadres drsquoapplication speacutecifiques (produit site uniteacute drsquoactiviteacute eacuteconomique etc) Ces outils aboutissant agrave terme agrave des indica-teurs quantitatifs ou qualitatifs mobilisent souvent les cadres laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) et laquo Ana-lyse du cycle de vie raquo (ACV) Crsquoest sur ces outils que porte la preacutesente eacutetude

123 Des initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices

Ces indicateurs et outils outre les aspects de rappor-tage obligatoire peuvent encourager et feacutedeacuterer les ac-teurs eacuteconomiques et politiques dans des deacutemarches transformatrices favorables agrave la biodiversiteacute

Parmi les initiatives particuliegraverement actives sur la question des indicateurs et outils citons celles qui ont eacuteteacute consulteacutees pour cette eacutetude

bull Initiative Aligning Biodiversity Measures for Busi-ness (ABMB) meneacutee par le Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations-Unies (UNEP-WCMC) Cette initiative reacuteunit les concepteurs drsquooutils drsquoeacutevaluation drsquoimpacts pour les entreprises afin de deacutevelopper une vision meacutethodologique et strateacutegique commune Lrsquoobjectif est de tendre vers des indicateurs robustes de contribution des entreprises aux objectifs mondiaux de preacuteservation de la biodiversiteacute

1110

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

breacutee du secteur priveacute marchand (346) du secteur public (282) et la socieacuteteacute civile (295) par lrsquointer-meacutediaire des Associations laquo Loi 1901 raquo et Fondations

Le domaine drsquoactiviteacute des reacutepondants inclut princi-palement des activiteacutes lieacutees agrave lrsquoenvironnement agrave lrsquoeacuteco-logie et au deacuteveloppement durable (449) suivi par les activiteacutes lieacutees agrave lrsquoagriculture et agrave lrsquoagroalimentaire (167) agrave lrsquoeacutenergie (9) au BTP et agrave lrsquoarchitecture (64) Drsquoautres domaines ont eacutegalement reacutepondu mais de faccedilon plus marginale conseil automobile chimie pharmaceutique enseignement formation hocirctellerie restauration tourisme mateacuteriaux immobi-lier fonction publique et interprofessions

Pregraves de la moitieacute des reacutepondants repreacutesentent les grandes entreprises avec un effectif de salarieacutes supeacuterieur agrave 250 personnes Les structures agrave effectif moyen petit et les microentreprises constituent res-pectivement 179 141 et 218 des reacutepondants En termes geacuteographiques la grande majoriteacute des reacute-ponses a eacuteteacute fournie par des acteurs baseacutes en France meacutetropolitaine et seulement 77 des reacutepondants sont baseacutes en outre-mer La reacutegion parisienne est plus particuliegraverement repreacutesenteacutee avec un reacutepondant sur deux exerccedilant son activiteacute en Ile-de-France et plus drsquoun reacutepondant sur quatre agrave Paris intramuros

132 Les principaux reacutesultats de lrsquoenquecircte

Des outils peu connusDrsquoapregraves les reacutesultats du sondage ces instruments restent encore meacuteconnus pour 385 des reacutepondants La diffeacuterence de populariteacute entre les indicateurs de suivi (laquo de base raquo) et les outils drsquoeacutevaluation des im-pacts (laquo agreacutegeacutes raquo) est double avec une visibiliteacute plus accrue des indicateurs de suivi reconnus par 41 des reacutepondants compareacute aux outils drsquoeacutevaluation des im-pacts agreacutegeacutes qui sont mentionneacutes par 205 des reacute-pondants (Fig 1) Parmi les indicateurs de suivi recen-seacutes le nombre drsquoespegraveces (autochtones remarquables envahissantes) le suivi de leurs populations et la ri-chesse speacutecifi que sont les mesures les plus citeacutees pour orienter la strateacutegie biodiversiteacute des reacutepondants

Parmi les outils drsquoeacutevaluation des impacts agreacute-geacutes citeacutes par les reacutepondants on retrouve des outils deacuteveloppeacutes par des organismes franccedilais Global Bio-diversity Score (CDC-Biodiversiteacute) Product Biodiver-sity Footprint (I Care amp Consult) et lrsquoIndicateur drsquoIn-terdeacutependance de lrsquoEntreprise agrave la Biodiversiteacute (FRB et Oreacutee) Les outils deacuteveloppeacutes par des organisations extra-nationales ndash Biodiversity Footprint for Financial Institutions Biodiversity Impact Metric Biodiversity Footprint Calculator Bioscope ndash ont eacuteteacute citeacutes par un seul reacutepondant

bull Plateforme europeacuteenne BusinessBiodversity (BB) mise en place par la Commission europeacuteenne Lieu drsquoeacutechanges elle aide agrave mieux comprendre les in-terdeacutependances entre les activiteacutes des entreprises le ca-pital naturel et la biodiversiteacute ainsi que les risques et beacute-neacutefi ces associeacutes Elle vise agrave deacutevelopper des outils dont des outils drsquoeacutevaluation des impacts permettant drsquointeacute-grer le capital naturel dans les activiteacutes eacuteconomiques

bull Plateforme France RSE de France Strateacutegie Cette plateforme nationale laquo formule des recommandations sur les questions sociales environnementales et de gouvernance souleveacutees par la responsabiliteacute socieacutetale des entreprises raquo Elle srsquoest notamment inteacuteresseacutee aux outils drsquoeacutevaluations des impacts des entreprises sur la biodiversiteacute

bull Organisation pour le Respect de lrsquoEnvironnement dans lrsquoEntreprise (OREacuteE) Cette association qui reacuteunit entreprises collectiviteacutes et organismes acadeacutemiques au service des territoires travaille sur les liens entre eacuteconomie et biodiversiteacute (interdeacutependances rappor-tage RSE) Crsquoest aussi le point focal de lrsquoInitiative Franccedilaise pour les Entreprises et la Biodiversiteacute deacutecli-naison du programme Global Partnership for Business and Biodiversity de la CDB

bull Entreprises pour lrsquoEnvironnement (EPE) Cette association regroupe de grandes entreprises franccedilaises

et internationales issues de tous les secteurs de lrsquoeacuteco-nomie Elle a notamment travailleacute sur les meacutethodes outils indicateurs et partenariats pour mieux appreacute-hender et geacuterer les impacts directs et sur lrsquoameacuteliora-tion de la prise en compte des impacts indirects des entreprises sur la biodiversiteacute agrave travers la gestion des impacts tout au long de la chaicircne de valeur

De nombreuses initiatives engagent ainsi les ac-teurs agrave reacutefl eacutechir agrave leurs pratiques Notons que cer-taines adoptent la notion de laquo capital naturel raquo (Pearce et al 1989) comme cadre de reacutefl exion Issu de la re-cherche en eacuteconomie (Aringkerman 2003) et populariseacute au deacutebut des anneacutees 1990 (OECD 1993) ce concept vise agrave inteacutegrer lrsquoenvironnement dans lrsquoeacuteconomie agrave comptabiliser ses valeurs et deacutegradations agrave penser la durabiliteacute des activiteacutes humaines

Le capital naturel recouvre les ressources natu-relles renouvelables et non-renouvelables et les ser-vices eacutecosysteacutemiques ndash termes agrave rapprocher dans le champ de lrsquoeacutecologie scientifi que aux eacutecosystegravemes et agrave la biodiversiteacute Un des postulats est que le fonction-nement des eacutecosystegravemes et la biodiversiteacute sont neacuteces-saires agrave la production de valeur dans lrsquoeacuteconomie ce sont des eacuteleacutements strateacutegiques agrave prendre en compte et dont il faut rendre compte

13 Utilisation actuelle et potentiel de deacuteploiement des outils drsquoeacutevaluation des impacts

Interpelleacutee par les membres de son Conseil drsquoorienta-tion strateacutegique (Cos) et face aux attentes politiques drsquoun indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute la FRB srsquoest empareacutee de la question des outils drsquoeacutevaluation des impacts afi n de porter agrave connaissance des outils deacutejagrave existants les eacutevaluer et ouvrir le deacutebat sur le besoin drsquoameacuteliorations meacutethodologiques baseacutees sur la recherche et les connaissances scientifi ques le be-soin drsquoappropriation de ces outils par les acteurs Une eacutequipe projet mixte a eacuteteacute constitueacutee avec lrsquoOFB (ex-AFB) pour mener cette eacutetude

Dans un premier temps la FRB a piloteacute une en-quecircte aupregraves drsquoacteurs de la socieacuteteacute afi n drsquoavoir un aperccedilu des perceptions et de la connaissance relative des indicateurs et outils drsquoeacutevaluation drsquoimpact sur la biodiversiteacute de leurs utilisations actuelles et poten-tielles des lacunes et diffi culteacutes de mise en œuvre des attentes vis-agrave-vis de ces indicateurs et outils et des pistes drsquoameacutelioration pour populariser et raffi ner ces outils

131 Meacutethodologie et repreacutesentativiteacute de lrsquoenquecircte

Lrsquoenquecircte a eacuteteacute co-construite par lrsquoeacutequipe projet Elle srsquoest preacutesenteacutee sous la forme drsquoun questionnaire divi-seacutee en quatre parties

bull informations geacuteneacuterales pour caracteacuteriser le reacute-pondant notamment en termes de type de structure et de secteur drsquoactiviteacute

bull eacutetat des lieux de la connaissance et de lrsquoutilisa-tion des indicateurs et des outils

bull attentes vis-agrave-vis des caracteacuteristiques de ces indi-cateurs et outils

bull pistes drsquoactions qui favoriseraient lrsquoutilisation des outils

Lrsquoenquecircte a eacuteteacute diffuseacutee en ligne du 5 mai au 15 juil-let 2019 aupregraves des membres du Comiteacute drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB et relayeacutee par lrsquoAFB vers lrsquoinitiative Capitales de la biodiversiteacute les observa-toires territoriaux de la biodiversiteacute des entreprises engageacutees dans la SNB etc et a fait lrsquoobjet de deux relances La liste des questions est en annexe 1 p78

78 personnes de 78 structures diffeacuterentes ont reacutepondu avec une repreacutesentation relativement eacutequili- FIGURE 1 COnnAIssAnCE Et UtILIsAtIOn DrsquoInDICAtEUrs DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute

non 385

Connaissez-vous des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Oui 41(indicateurs de base)

Oui 205(indicateurs agreacutegeacutes)

non 59

Oui 41(indicateurs de base)

1312

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Par ailleurs la faible connaissance de ces outils drsquoeacutevaluation des impacts est perccedilue par 577 des reacute-pondants comme eacutetant leur principale limite et donc comme un frein dans leur appropriation par les entre-prises Il est agrave noter que 295 des acteurs deacuteclarent ne pas utiliser drsquoindicateurs en raison de la meacutecon-naissance de ces outils

Un inteacuterecirct eacutemergent coupleacute agrave un besoin de plus drsquoaccompagnement

Parmi les reacutepondants 41 integravegrent des indicateurs de suivi dans leurs activiteacutes (Fig 1) et la totaliteacute des indicateurs utiliseacutes est constitueacutee de ce type drsquoindica-teur qui sont tregraves varieacutes et souvent deacutefinis en interne ou adapteacutes agrave lrsquoactiviteacute de lrsquoacteur Parmi les acteurs qui ont deacuteclareacute connaicirctre les outils drsquoeacutevaluation agreacute-geacutes 625 nrsquoutilisent pas drsquoindicateurs et 375 uti-lisent des indicateurs de suivi pour orienter leur stra-teacutegie biodiversiteacute

Les principales raisons pour lesquelles les outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute ne sont pas utiliseacutes par les reacutepondants sont

bull le manque de ressources neacutecessaires (financiegraveres connaissances personnel) (318)

bull la difficulteacute de mise en place (136)bull le manque drsquoencouragement etou de reacutecom-

pense pour lrsquoutilisation de ces outils (114)bull la difficulteacute agrave identifier un lien aveacutereacute avec la

biodiversiteacute bull le manque de donneacutees bull et la difficulteacute agrave collecter les donneacuteesPour les reacutepondants qui ont impleacutementeacute des outils

drsquoeacutevaluation drsquoimpacts de leur activiteacute sur la biodi-versiteacute dans leur process les principaux avantages annonceacutes sont le pilotage drsquoune strateacutegie biodiversiteacute et la mise en place des actions en faveur de la bio-diversiteacute (727) Lrsquoimage publique et les demandes des parties prenantes (citoyens clients habitants consommateurs etc) sont eacutegalement des facteurs fa-vorables agrave lrsquoutilisation des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute (485 et 515 respectivement)

Moins drsquoun tiers des reacutepondants deacuteclarent utiliser des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute sur la base drsquoune deacutemarche proactive pour prendre conscience de lrsquoimpact de lrsquoactiviteacute sur la biodiversiteacute et pour y remeacutedier (Fig 2)

Pour inciter agrave utiliser des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute lrsquoinformation et lrsquoappui agrave lrsquoappropriation agrave travers des guides deacutedieacutes semble ecirctre la mesure la plus pleacutebisciteacutee par lrsquoensemble des reacutepondants Pour les acteurs du secteur priveacute le son-dage reacutevegravele eacutegalement une vision plus pragmatique mettant en eacutevidence lrsquoimportance de la mise en place des obligations regraveglementaires accompagneacutee par lrsquoin-troduction des outils publics incitatifs (fiscaliteacute envi-ronnementale) et la possibiliteacute drsquoobtention drsquoun label Pour les acteurs publics lrsquoexistence de guides devra ecirctre renforceacutee par des engagements pour la croissance verte au niveau national alors que pour les repreacutesen-tants de la socieacuteteacute civile crsquoest la possibiliteacute drsquoobtenir un label qui est ressentie comme favorable agrave lrsquoutilisa-tion des outils drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodi-versiteacute (Tableau 1)

Les reacutepondants estiment que les indicateurs et outils existants sont peu adapteacutes aux particulariteacutes sectorielles Ainsi un laquo indicateur ideacuteal raquo drsquoimpact sur la biodiversiteacute serait plutocirct un indicateur conccedilu par secteur drsquoactiviteacute (436 des avis) avec la prise en consideacuteration des particulariteacutes de chaque secteur Seul un quart des reacutepondants voient cet laquo indicateur ideacuteal raquo comme eacutetant drsquoapplication universelle

Lrsquoimpact du secteur des services sur la biodiversiteacute est identifieacute par les reacutepondants comme le plus com-plexe agrave estimer et agrave suivre par lrsquointermeacutediaire drsquoun indicateur Un manque de connaissance sur la traccedila-

biliteacute des impacts des fournisseurs et leur inteacutegration agrave toutes les eacutetapes de la chaicircne de production a eacutegale-ment eacuteteacute signaleacute et repreacutesente un frein Pour deacutepasser ces deacutefis les reacutepondants mettent lrsquoaccent sur le besoin de deacutevelopper une meacutethodologie facilement compreacute-hensible reacuteplicable et adaptable aux diffeacuterentes activi-teacutes Celle-ci devra ecirctre eacutegalement suffisamment simple agrave mettre en place par le personnel de lrsquoentiteacute lrsquoautre alternative pouvant ecirctre la prise en main par des ser-vices speacutecialiseacutes ayant pour but drsquoappuyer agrave lrsquoimpleacute-mentation de lrsquooutil

Des attentes fortes agrave lrsquoeacutegard des caracteacuteristiques des indicateurs

Alors que 372 des acteurs interrogeacutes deacuteclarent que les indicateurs et outils existants ne reflegravetent pas de maniegravere preacutecise lrsquoimpact sur la biodiversiteacute le son-dage reacutevegravele une prise de conscience de leur part sur la complexiteacute de la question et le besoin de deacutevelopper un outil fiable et pertinent vis-agrave-vis de la biodiversiteacute

Dans lrsquoideacuteal cet outil drsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute devra ecirctre surtout robuste et rester fiable mecircme lorsque les conditions varient ceci est deacutesigneacute comme laquo tregraves important raquo ou laquo important raquo par 923 des acteurs Lrsquoindicateur ou outil ideacuteal de-vra eacutegalement ecirctre parlant et transmettre un message clair et facilement interpreacutetable une caracteacuteristique citeacutee comme laquo tregraves importante raquo par 718 des reacutepon-dants et laquo importante raquo par 192 des reacutepondants

Pour valoriser mes actions en faveur de la biodiversiteacute ou ameacuteliorer lrsquoimage

de mon activiteacute organisation

Pour prendre conscience de lrsquoimpact de mon activiteacute sur la biodiversiteacute

pour y remeacutedier

Pour piloter ma strateacutegie biodiversiteacute ou les actions que je mets en place

en faveur de la biodiversiteacute

Pour reacutepondre agrave une demande de mes parties prenantes (citoyens

clients habitants consomateurs etc)

Pour comparer lrsquoimpact de mon activiteacute avec drsquoautres entreprises

collectiviteacutes organisations

Pour obtenir des labels

Autres

0 20 40 60 80 100

FIGURE 2 LEs rAIsOns DrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute (PLUsIEUrs reacutePOnsEs POssIbLEs PAr LE MecircME reacutePOnDAnt)

10 30 50 70 90

Cl Secteur public Secteur priveacute Socieacuteteacute civile

1 Existence de guides pour des indicateurs et des outils

Existence de guides pour des indicateurs et des outils

Existence de guides pour des indicateurs et des outils

2 Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

Obligations reacuteglementaires Possibiliteacute drsquoobtenir un label

3 Possibiliteacute drsquoobtenir un label Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

4 Outils publics incitatifs (fiscaliteacute environnementale)

Possibiliteacute drsquoobtenir un label Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

5 Obligations reacuteglementaires Engagements pour la croissance verte pour les agendas 21 au niveau national

Obligations reacuteglementaires

CLAssEMEnt PAr OrDrE DrsquoIMPOrtAnCE DE MEsUrEs POUr InCItEr agrave LrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DE MEsUrE DrsquoIMPACt DEs ACtIvIteacutes sUr LA bIODIvErsIteacute

TABLEAU 1

1514

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Reacuteponses socieacutetales (deacutecisions et actions)

Informations

Ces deux caracteacuteristiques sont reconnues par 100 des reacutepondants comme des conditions impeacuteratives pour un outil drsquoeacutevaluation des impacts ideacuteal sur la biodiversiteacute (Fig 3)

En compleacutement par ordre drsquoimportance pour plus des trois quarts des reacutepondants lrsquooutil ideacuteal devra eacutega-lement ecirctre

bull sensible reacuteactif pour deacutetecter rapidement un changement significatif

bull inteacutegrer la prise en compte des caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques

bull ecirctre facile agrave mettre en placebull disposer drsquoune meacutethodologie simplifieacuteebull produire un reacutesultat quantitatif et mesurableEn revanche un indicateur baseacute sur lrsquoautoeacutevalua-

tion nrsquoest pas perccedilu comme ideacuteal

14 Deux cadres conceptuels majeurs pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Agrave partir des anneacutees 1990 les organisations interna-tionales et europeacuteennes deacuteveloppent des approches et des indicateurs pour eacutevaluer les performances environ-nementales des pays et lrsquointeacutegration des preacuteoccupa-tions drsquoenvironnement dans les politiques sectorielles Celles-ci serviront de base agrave lrsquoeacutelaboration drsquoindicateurs de suivi et des outils de mesure drsquoimpacts Il existe une diversiteacute drsquoapproches et de meacutethodes drsquoeacutevaluation des impacts mais deux cadres sont particuliegraverement mobi-liseacutes par les outils eacutetudieacutes ici le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et lrsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) Leur compleacutementariteacute est discuteacutee au chapitre 3 p 60

141 Le cadre Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER)

Du cadre PER agrave lrsquointeacutegration des forces motrices et des impacts

LrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomique (OCDE) publie un rapport qui reste au-jourdrsquohui une reacutefeacuterence Un indicateur y est deacutefini comme un laquo paramegravetre ou valeur calculeacutee agrave partir de paramegravetres donnant des indications sur ou deacutecrivant lrsquoeacutetat drsquoun pheacutenomegravene de lrsquoenvironnement ou drsquoune zone geacuteographique et drsquoune porteacutee supeacuterieure aux infor-mations directement lieacutees agrave la valeur drsquoun paramegravetre raquo

Trois critegraveres ideacuteaux sont preacuteciseacutes et raffineacutes en sous-critegraveres afin de seacutelectionner les indicateurs la per-tinence politique (repreacutesentativiteacute faciliteacute drsquointerpreacuteta-tion reflet des modifications de lrsquoenvironnement et des socieacuteteacutes comparabiliteacute internationale porteacutee nationale rapport agrave une valeur limite ou de reacutefeacuterence) la justesse drsquoanalyse (fondements theacuteoriques consensus inter-national rapport agrave des modegraveles eacuteconomiques et des systegravemes de preacutevision et drsquoinformation) et la mesurabi-liteacute (rapport coucirctbeacuteneacutefice raisonnable documentation disponible qualiteacute connue mise agrave jour reacuteguliegravere)

Enfin le rapport explicite le modegravele laquo Pressions ndashEacutetat ndash Reacuteponses raquo (PER) ndash deacuteveloppeacute initialement au

Canada au deacutebut des anneacutees 1980 (Stanners et al 2009) ndash ougrave les laquo indicateurs de pression raquo deacutecrivent les pressions exerceacutees sur lrsquoenvironnement par les acti-viteacutes humaines les laquo indicateurs drsquoeacutetat raquo deacutecrivent la qualiteacute de lrsquoenvironnement (ce sont les indicateurs lieacutes agrave la biodiversiteacute elle-mecircme) et les aspects qualitatifs et quantitatifs des ressources naturelles et les laquo indica-teurs de reacuteponse raquo correspondent aux reacuteponses de la socieacuteteacute (Fig 4)

Dans ce rapport la biodiversiteacute nrsquoest pas centrale crsquoest un des thegravemes abordeacutes parmi drsquoautres qui re-censent drsquoune part les laquo ressources naturelles raquo (eau sol forecircts) et drsquoautres part les laquo pressions raquo (chan-gement climatique eutrophisation pollution environ-nement urbain) En croisant ces thegravemes avec des activiteacutes sectorielles (agriculture industries extrac-tives meacutenages) le rapport esquisse une premiegravere matrice de correspondance laquo activiteacutes ndash pressions ndash eacutetat ndash reacuteponses raquo

Une version eacutetendue de ce modegravele drsquointeractions entre les systegravemes socio-eacuteconomiques et eacutecologiques est deacutecrite par lrsquoagence europeacuteenne de lrsquoenvironne-ment (EEA) en 1999 (European Environment Agency 1999) agrave travers le modegravele laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo (FPEIR plus connu sous lrsquoacronyme DPSIR pour Driving forces Pressures State Impact Responses)

FIGURE 3 LEs CArACteacuterIstIQUEs DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute DAns LrsquoIDeacuteAL

Eacutetat ReacuteponsesPressionsdirectes et indirectes

Activiteacutes humaines

ndash Eacutenergies ndash Transportndash Industriendash Agriculturendash Autres(production consommation commerce)

Eacutetat de lrsquoenvironnement et des ressources naturelles

ndash Air ndash Eaundash TerreSolndash Biodiversiteacutendash Ressources naturellesndash Autres(ex Santeacute humaine)

Agents eacuteconomiques et environnementaux

ndash Administrations ndash Meacutenagesndash Entreprises

ndash Localendash Nationalendash Internationale

Informations

Reacuteponses socieacutetales (deacutecisions et actions)

Deacutechets et pollution

Utilisation des ressources

FIGURE 4 CADrE PrEssIOns ndash eacutetAt ndash reacutePOnsEs SOuRcE OcDE 1993

robuste (mesure calcul de lrsquoindicateur indice restent fiables mecircme lorsque

les conditions varient)

Parlant (transmet un message clair et facilement interpreacutetable)

sensible reacuteactif (deacutetecte rapidement un changement signifiant)

Inteacutegreacute (prend en compte les caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques)

Produit un reacutesultat quantitatif et mesurable (comparable agrave la tonne

de CO2 pour lrsquoimpact climatique)

Facile agrave mettre en place (meacutethodologie simplifieacutee)

Disponible au public (en libre accegraves diffuseacute systeacutematiquement par les entreprises)

Preacutecis (faible marge drsquoincertitude ou drsquoerreur dans la mesure du pheacutenomegravene)

Obligatoire (sa mise en place est rendue obligatoire par la loi)

baseacute sur lrsquoautoeacutevaluation (lrsquoentreprise remplit un questionnaire)

0 20 40 60 80 10010 30 50 70 90

Pas important relativement important tregraves importantPeu important Important nA

1716

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Deacutefinition et caracteacuteristiques des indicateurs

Dans son rapport de 1999 lrsquoEEA souligne la fonction principale et centrale des indicateurs qui est la com-munication mais aussi un aspect essentiel qui est que les indicateurs environnementaux doivent pointer vers des aspects laquo typiques raquo ou laquo critiques raquo des relations complexes entre les espegraveces et leur environnement

En 2002 (European Environment Agency 2002) lrsquoEEA recense les indicateurs et les indices (ou indi-cateurs agreacutegeacutes) de biodiversiteacute internationaux et nationaux en les rapportant au cadre DPSIR Lrsquoeacutetude en deacutenombre 655 reacutepartis en diffeacuterentes theacutematiques (protection de la nature eacutenergie changement clima-tiques pecirccheries) Les reacutedacteurs notent deacutejagrave que les mecircmes sources de donneacutees sont utiliseacutees agrave des fins varieacutees au travers de cette grande diversiteacute drsquoindica-teurs que beaucoup drsquoindicateurs ont deacutejagrave eacuteteacute deacuteve-loppeacutes mais que peu sont utiliseacutes de faccedilon reacuteguliegravere que la complexiteacute de la biodiversiteacute et les besoins de recherche appellent agrave poursuivre le deacuteveloppement drsquoindicateurs et bien sucircr que les indicateurs choisis doivent lrsquoecirctre pour eacutevaluer lrsquoefficaciteacute des politiques environnementales europeacuteennes mais aussi pour reacute-pondre aux preacuteoccupations mondiales qui srsquoexpriment agrave travers la CDB

Lrsquoeacutetude liste aussi en se basant sur de nombreux travaux anteacuterieurs des critegraveres de seacutelection drsquoindica-teurs de biodiversiteacute Ceux-ci doivent ecirctre faciles agrave comprendre et pertinents sur le plan politique nor-matifs pour permettre la comparaison avec une situa-tion de reacutefeacuterence ou entre eacutetats solides sur le plan scientifique et statistique reacuteactifs aux changements dans le tempsespace techniquement reacutealisables et drsquoun bon rapport coucirct-efficaciteacute utilisables pour des sceacutenarios de projections futures orienteacutes utilisateurs et ils doivent fournir des informations factuelles et quantitatives permettre lrsquoagreacutegation au niveau natio-nal et multinational tenir compte de la biodiversiteacute speacutecifique agrave chaque pays

LrsquoEEA publie en 2005 son jeu central drsquoindicateurs environnementaux (European Environment Agency 2005) et propose une deacutefinition de ce qursquoest un indi-cateur diffeacuterente de celle de lrsquoOCDE laquo un indicateur est une mesure geacuteneacuteralement quantitative qui peut ecirctre utiliseacutee pour illustrer et faire connaicirctre de faccedilon simple des pheacutenomegravenes complexes y compris des ten-dances et des progregraves dans le temps raquo Notons que les indicateurs europeacuteens sont aujourdrsquohui classeacutes en cinq cateacutegories destineacutees agrave deacutecrire lrsquoeacutetat de lrsquoenviron-nement et surtout agrave eacutevaluer les politiques mises en place entremecirclant ainsi indicateurs laquo eacutecologiques raquo et indicateurs laquo socio-eacuteconomiques raquo

Atouts et limites

Le cadre PER permet de structurer les indicateurs drsquoune faccedilon qui facilite lrsquointerpreacutetation et la prise de deacutecision Toutefois si les indicateurs P E et R sont compleacutementaires ils ne sont pas lineacuteairement deacutepen-dants si les effets des pressions sont deacutecrits dans la litteacuterature scientifique ils ne sont pas simplement ad-ditifs et leurs porteacutees temporelle et spatiale pas neacuteces-sairement immeacutediates De la mecircme faccedilon une mecircme reacuteponse appliqueacutee dans des contextes diffeacuterents peut conduire agrave des changements diffeacuterents dans lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des reacuteponses peuvent ecirctre synergiques ou antagonistes etc Plus encore les reacuteponses inter-viennent agrave des eacutechelles spatiale et temporelle diffeacute-rentes et interviennent plus sur la dynamique des sys-tegravemes eacutecologiques que sur un eacutetat et cette dynamique ne deacutepend pas exclusivement des activiteacutes humaines elles-mecircmes dynamiques

Enfin les indicateurs eacutelaboreacutes dans le cadre PER ont souvent une porteacutee spatiale ou theacutematique rela-tivement restreinte (par exemple ils ne concernent qursquoune dimension de la biodiversiteacute telle que lrsquoabon-dance drsquoespegraveces) Cela peut conduire agrave neacutegliger des effets dus agrave la structure des paysages aux interactions (entre individus populations avec lrsquoenvironnement) les effets de pressions distantes (par exemple ruissel-lement de nutriments) ou dans le cas drsquoun produit ou drsquoun service agrave omettre des impacts pourtant preacutesents tout au long de son cycle de vie

Notons que le cadre PER met bien en eacutevidence entre pressions et reacuteponses le besoin de questionner lrsquoeacutetat souhaiteacute ou souhaitable la cible deacutepend de diffeacuterents objectifs eacutecologiques agrave eacutequilibrer avec des objectifs sociaux et eacuteconomiques (Levrel et al 2009)

142 Le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie des produits et services

Des ressources eacutepuisables aux impacts environnementaux

La theacuteorie de cycle de vie du produit trouve son ori-gine dans les anneacutees 1960 dans le champ de la re-cherche en eacuteconomie (Vernon 1966) pour lrsquoanalyse des changements des flux internationaux de produits manufactureacutes aux Eacutetats-Unis et des localisations de production en fonction de la demande Puis cette theacuteorie est reprise dans les anneacutees 1970 dans lrsquoap-proche analysant la demande lieacutee agrave la consommation avec les besoins en matiegraveres premiegraveres et ressources eacutenergeacutetiques toutes deux limiteacutees Crsquoest lrsquoeacutepoque de la publication du rapport The Limits to Growth (Mea-dow 1972) et de la crise peacutetroliegravere de 1973 lrsquoattention agrave lrsquoenvironnement est porteacutee sur lrsquoutilisation des res-sources eacutepuisables et la consommation drsquoeacutenergie plus

que sur les impacts environnementaux La meacutethodolo-gie de ce qui est appeleacute laquo ressource and environmental profil analysis raquo (REPA) aux Eacutetats-Unis et laquo eacutecobilan raquo en Europe srsquoaffine ensuite particuliegraverement dans le cadre des groupes de travail heacutebergeacutes par la Society of Environmental Toxicology and Chemistry (SETAC) La meacutethode prend un nouvel essor agrave la fin des anneacutees 1980 notamment lorsque les pollutions deviennent une preacuteoccupation mondiale et lorsque lrsquoEurope place la question des deacutechets solides de la consommation de matiegraveres et drsquoeacutenergie des emballages au cœur de sa politique La question de la prise en compte des im-pacts environnementaux devient essentielle et eacutevolue elle aussi (Bjoslashrn et al 2018) afin de couvrir les im-pacts sur lrsquoenvironnement naturel la santeacute humaine et les ressources naturelles Signalons lrsquoeacutemergence une deacutecennie plus tard de la notion de laquo limites planeacute-taires raquo (Rockstroumlm et al 2009) qui agrave partir du mecircme constat propose une approche diffeacuterente

En 1993 un standard meacutethodologique geacuteneacuteral de lrsquoACV est deacuteveloppeacute dans le cadre de lrsquoInternational Standards Organisation (ISO) (14040 publication 1997 mise agrave jour 2006) des standards deacutetailleacutes pour les diffeacuterentes phases du processus seront eacutegalement deacutefinis par la suite Lrsquoanalyse du cycle de vie (ACV) ndash

dont la deacutenomination a eacuteteacute stabiliseacutee en 1990 ndash y est deacutefinie (ISO 14040 2006) comme laquo la compilation et lrsquoeacutevaluation des intrants des extrants (produits matiegraveres eacutenergies) et des impacts environnementaux potentiels drsquoun systegraveme de produits au cours de son cycle de vie entendu comme les phases conseacutecutives et lieacutees drsquoun systegraveme de produits de lrsquoacquisition des matiegraveres premiegraveres ou de la geacuteneacuteration des ressources naturelles agrave lrsquoeacutelimination finale raquo Lrsquoanalyse du cycle de vie drsquoun produit ou drsquoun service est ainsi une meacutethode structureacutee et standardiseacutee au niveau international qui vise agrave estimer les impacts drsquoun produit ou drsquoun service tout le long de sa chaicircne de valeur agrave travers le temps et lrsquoespace depuis lrsquoamont neacutecessaire agrave sa production jusqursquoagrave son eacutelimination via quatre eacutetapes deacutefinition du peacuterimegravetre (objectifs de lrsquoanalyse et systegraveme eacutetudieacute) inventaire (flux de matiegraveres et drsquoeacutenergies entrants et sortants) eacutevaluation des impacts (transformation des flux en impacts) interpreacutetation des reacutesultats

Lrsquoestimation des impacts environnementaux est effectueacutee agrave partir de lrsquoinventaire en utilisant des mo-degraveles qui deacutefinissent des facteurs de caracteacuterisation lesquels lient des eacutemissions consommations activi-teacutes agrave des pressions (classification en laquo cateacutegories raquo ou midpoints) et des pressions aux impacts environne-mentaux finaux (classification en laquo atteintes raquo ou end-

Impacts intermeacutediaires

Impacts finaux ou dommages

Interventions(entreacutees sorties)

Zone de protection

Eacutemissions dans lrsquoatmosphegravere

Eacutemissions dans le sol et lrsquoeau

Occupation des sols et transformation

Eaux useacutees

Changement climatique

Changement drsquohabitat

Acidification

Eutrophication

Eacutecotoxiciteacute

Stress hydrique

Impact sur les services eacutecosysteacutemiques

Impact surla biodiversiteacute

Environnementnaturel

FIGURE 5 CADrE AnALysE DU CyCLE DE vIE SOuRcE TEIllARD et al 2016

modegraveles de caracteacuterisation

modegraveles de caracteacuterisation

1918

Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Outils mobiliseacutes pour eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

points) ndash cela par uniteacute de pression (par exemple pour un kg de ressources utiliseacutees ou un kg drsquoeacutemission) (Fig 5 Fig 6) Afin de rendre les impacts compa-rables les reacutesultats sont exprimeacutes dans une meacutetrique drsquoeacutequivalence

LrsquoACV permet aussi drsquoappliquer des facteurs de normalisation qui relient les reacutesultats de chaque cateacute-gorie drsquoimpact agrave une situation de reacutefeacuterence (souvent pour une anneacutee donneacutee et agrave lrsquoeacutechelle mondiale par exemple la consommation drsquoeau lrsquoanneacutee x) Cela per-met drsquoestimer la contribution drsquoun produit ou drsquoun service agrave cette situation de reacutefeacuterence

Le cas particulier des impacts sur la biodiversiteacute

Face agrave la multiplication des meacutethodes et outils drsquoACV le Programme des Nations-Unies pour lrsquoEnvironnement (PNUE) et la SETAC ont lanceacute en 2002 une initiative conjointe visant agrave harmoniser lrsquoapproche et agrave eacutetablir un consensus sur les modegraveles de caracteacuterisation En 2005 la Commission europeacuteenne met en place une plateforme sur lrsquoACV (European Platform on Life Cycle

Assessment ndash EPLCA) tandis que de nombreux centres de ressources se deacuteveloppent (Steacutefy 2019)

Afin drsquoinclure la biodiversiteacute dans les ACV de nombreux efforts ont porteacute sur lrsquoimpact de lrsquoutilisa-tion des terres (cateacutegorie laquo changement drsquohabitats raquo) transformation occupation et restauration influenccedilant les habitats et la biodiversiteacute Plusieurs meacutethodologies et facteurs de caracteacuterisation ont ainsi eacuteteacute deacutevelop-peacutes Pour drsquoautres cateacutegories de pressions ndash change-ment climatique utilisation de lrsquoeau eutrophisation ou acidification ndash les deacuteveloppements des modegraveles drsquoimpacts sont moins avanceacutes Certaines cateacutegories de pressions ndash espegraveces envahissantes exploitation des ressources ndash manquent quant agrave elle encore de travaux

Notons que par la diversiteacute des approches il nrsquoexiste pas de meacutethodes consensuelles pour eacutevaluer les impacts sur la biodiversiteacute Enfin une limite geacute-neacuterale reconnue des modegraveles actuels (Teillard et al 2016) et objet de nombreux travaux acadeacutemiques est la simplification des processus naturels dynamiques

Nous citons ici deux modegraveles deacuteveloppeacutes au cha-pitre 2 et une meacutethodologie mobiliseacutes dans les outils eacutevalueacutes

bull meacutethode ReCiPe qui permet drsquoexprimer une perte potentielle drsquoespegraveces (Potentially Disappeared Fraction of species ndash PDF)

bull modegravele GLOBIO3 qui permet drsquoexprimer une abondance moyenne drsquoespegraveces (Mean Species Abun-dance ndash MSA) par rapport agrave une reacutefeacuterence

bull meacutethodologie LC-IMPACT spatialiseacutee qui per-met lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact sur les eacutecosystegravemes ex-primeacutee en une perte potentielle drsquoespegraveces (Potentially Disappeared Fraction of species ndash PDF)

En matiegravere drsquoeacutevaluation des impacts de lrsquoutilisation des terres plusieurs modegraveles se basent sur les hypo-thegraveses formuleacutees agrave partir de la theacuteorie aire-espegraveces (specie-area relationship ndash SAR) plus une surface est grande plus la diversiteacute drsquohabitats est grande et plus le nombre drsquoespegraveces est grand et plus une surface est grande plus les populations sont de tailles impor-tantes limitant le risque drsquoextinction Ces hypothegraveses permettent drsquoeacutetablir des facteurs de caracteacuterisation liant la surface de terres utiliseacutees agrave la biodiversiteacute

Lrsquoinitiative PNUE-SETAC se penche entre autres sur ces meacutethodes drsquoeacutevaluation des impacts de lrsquoutili-sation des terres sur la biodiversiteacute et permet drsquoaffiner des points speacutecifiques irreacuteversibiliteacute des impacts heacute-teacuterogeacuteneacuteiteacute spatio-temporelle de leur reacutepartition clas-sification harmoniseacutee de lrsquoutilisation des terres etc

Des travaux scientifiques sont eacutegalement en cours afin drsquoestimer non plus la somme des pressions exer-ceacutees (approche cumulative) par les activiteacutes humaines dans diffeacuterentes reacutegions du monde mais les interac-tions entre pressions (addition synergie voire anta-gonisme) et leurs contributions relatives aux change-ments observeacutes de biodiversiteacute Des travaux (Bowler et al 2020) spatialiseacutes srsquointeacuteressent ainsi aux cinq grandes pressions citeacutees preacuteceacutedemment leurs distribu-tions leurs recoupements leurs intensiteacutes et les effets de leurs combinaisons Ils permettent de visualiser les diffeacuterentes reacutegions du monde avec le prisme de onze laquo complexes de menaces anthropiques raquo srsquoexerccedilant tant sur les biomes terrestres que marins et ils deacutetaillent les relations entre les pressions en fonction des latitudes des milieux et des histoires drsquooccupation des sols par les humains Ces travaux soulignent agrave quel point il est important de prendre en compte toutes les pres-sions qui srsquoexercent agrave un niveau reacutegional voire local

Ils deacutemontrent eacutegalement que la focalisation sur une ou deux pressions peut masquer un facteur essentiel de changement de la biodiversiteacute En effet les pres-sions sont correacuteleacutees entre elles et leurs influences sur les mesures et facteurs de changement sont lieacutees Agrave cela srsquoajoute la sensibiliteacute variable des espegraveces aux pressions

Atouts et limites

Un atout du cadre de lrsquoACV est son approche holis-tique (tous les stades de vie des produits et services) et sa souplesse quant aux peacuterimegravetres spatio-temporels de lrsquoeacutevaluation des impacts (eacutetapes hors du cycle et du moment de production eacuteloigneacutees ou diffeacutereacutees dans le temps) Son utilisation est reacutepandue pour lrsquoeacutevaluation de performances environnementales (eacutemission de gaz agrave effet de serre utilisation drsquoeacutenergies fossiles) son utilisation pour lrsquoeacutevaluation des impacts sur la biodi-versiteacute pourrait assurer une coheacuterence de la deacutemarche des acteurs ndash coheacuterence qui pourrait ecirctre renforceacutee par lrsquoadoption de modegraveles et de facteurs de caracteacuterisation communs

Toutefois il est difficile drsquoavoir la mecircme preacutecision agrave tous les niveaux de lrsquoACV par exemple en combinant un large peacuterimegravetre spatial des informations deacutetailleacutees sur lrsquoutilisation des terres en diffeacuterents points et des in-formations deacutetailleacutees sur les taxons impacteacutes Drsquoautre part en fonctions des meacutethodes employeacutees les fac-teurs de caracteacuterisation sont disponibles pour lrsquoeacutechelle globale ou par pays et sont absentes pour les eacutechelles plus fines De plus les meacutethodes largement utiliseacutees pour eacutevaluer les impacts sur la biodiversiteacute srsquointeacute-ressent agrave la composition speacutecifique (richesse ou abon-dance) neacutegligeant les aspects fonctionnels structurels et eacutevolutifs Des travaux sont cependant en cours pour mieux prendre cela en compte (par exemple functio-nal diversity indicator net primary production factor) La couverture taxonomique est aussi en cours de com-pleacutetion ndash plantes vasculaires essentiellement oiseaux mammifegraveres amphibiens et arthropodes dans une moindre mesure ndash les taxons reacutepondant diffeacuteremment aux pressions Enfin les eacutetudes ACV neacutecessitent de grandes quantiteacutes de donneacutees qui ne sont pas toujours disponibles ndash malgreacute la multiplication des bases geacuteneacute-ralistes et sectorielles ndash pour que les modegraveles des fac-teurs de caracteacuterisation soient preacutecis

Modegravele drsquoimpactImpacts intermeacutediaires (midpoints) Dommage (endpoints)

Particules fines

Ozone troposheacuterique (humain)

Rayonnement ionisant

Appauvrissement de la couche drsquoozone

Toxiciteacute humaine (cancer)

Toxiciteacute humaine (autre que cancer)

Reacutechauffement climatique

Usage des eaux

Ecotoxiciteacute aquatique

Eutrophisation des eaux douces

Ozone troposheacuterique (env)

Ecotoxiciteacute terrestre

Acidification des milieux

Utilisation transformation des terres

Ecotoxiciteacute marine

Eutrophisation marine

Ressources mineacuterale

Ressources fossiles

Augmentation du nombre des maladies respiratoires

Augmentation du nombre de divers types de cancer

Augmentation du nombre drsquoautres maladies

Augmentation de la malnutrition

Dommages aux espegraveces drsquoeau douce

Dommages aux espegraveces terrestres

Dommages aux espegraveces marines

Augmentation des coucircts drsquoextraction

Coucircts des eacuternergies fossiles

Santeacute humaine

Environnement(biodiversiteacute)

Disponibiliteacute des ressources

FIGURE 6 APErccedilU DEs CAteacutegOrIEs AUx IMPACts IntErMeacuteDIAIrEs DAns LE CADrE DE LA MeacutethODOLOgIE rECIPE2016 Et LEUr trAnsCrIPtIOn En DOMMAgEs sUr LrsquoEnvIrOnnEMEnt SOuRcE HuIjbREgTS et al 2017

2120

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Existe-t-il un indicateur laquo ideacuteal raquo de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Est-il possible drsquoadopter une deacutemarche eacutequivalente agrave celle de lrsquoempreinte carbone Pousseacutes notamment par les pouvoirs publics et le Plan biodiversiteacute du 4 juillet 2018 au niveau national les entreprises collectiviteacutes et autres acteurs eacuteconomiques se sont empareacutees de cette question Mais les indicateurs de biodiversiteacute et les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines existants sont-ils pertinents et robustes vis-agrave-vis de la biodiversiteacute lrsquoensemble de ses dimensions et la complexiteacute des pheacutenomegravenes biologiques qui en sont agrave lrsquoorigine Quels cadres conceptuels mobilisent ces indicateurs sur quels modegraveles reposent-ils et agrave quel secteur drsquoactiviteacutes srsquoadressent-ils Pour reacutepondre en partie agrave ces questionnements sept outils de mesure les plus aboutis dans leur deacuteveloppement au moment des Journeacutees FRB 2019 ont eacuteteacute eacutevalueacutes par des eacutecologues et eacuteconomistes Sont preacutesenteacutes dans ce chapitre des eacuteleacutements issus des eacutevaluations scientifiques complegravetes des outils de mesure (voir Indicateurs et outils de mesure ndash Eacutevaluations scientifiques de sept indicateurs inteacutegratifs)

2

2322

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

21 Mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute est-il possible drsquoadopter la mecircme deacutemarche que pour le climat

211 Le modegravele du changement climatique et de lrsquoeacutequivalent carbone

Le Plan biodiversiteacute du 4 juillet 2018 (Ministegravere de la transition eacutecologique et solidaire 2018) appelle dans son objectif 25 ndash Mobiliser les entreprises laquo agrave deacutefinir un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute comparable agrave la tonne de CO2 pour lrsquoimpact climatique raquo En effet la prise en compte du changement climatique a conduit agrave une politique internationale de stabilisation voire de reacuteduction des eacutemissions de gaz agrave effet de serre (GES) drsquoorigine anthropique ndash mateacuterialiseacutee par la Convention cadre des Nations unies sur les changements clima-tiques (CCNUCC) issue du Sommet de Rio en 1992

Des meacutethodes ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees afin de quan-tifier des flux drsquoeacutemissions de GES anthropiques et de les caracteacuteriser agrave lrsquoaide drsquoun indicateur drsquoimpact De faccedilon simplifieacutee des facteurs drsquoeacutemission permettent de convertir des donneacutees drsquoactiviteacutes en eacutemissions de GES Les eacutemissions des diffeacuterents GES sont exprimeacutees en laquo eacutequivalent CO2 raquo (uniteacute de mesure) ndash le CO2 eacutetant le GES anthropique ayant lrsquoimpact le plus important sur le climat (Ademe 2016) ndash en fonction de leur pou-voir radiatif (pouvoir de reacutechauffement global PRG) crsquoest-agrave-dire lrsquoimpact drsquoun gaz donneacute sur le reacutechauf-fement climatique par rapport au CO2 agrave lrsquohorizon de 100 ans Le PRG est lrsquoindicateur drsquoimpact le plus cou-ramment retenu dans les rapports et traiteacutes interna-tionaux Les valeurs de PRG pour diffeacuterents GES sont actualiseacutees et publieacutees dans les rapports du GIEC

Agrave partir de lagrave il est possible de proceacuteder agrave une quantification des impacts environnementaux en se focalisant sur les eacutemissions de gaz agrave effets de serre Plusieurs approches sont compleacutementaires

bull Reacutealiser un laquo inventaire raquo Au niveau national il permet de calculer des quantiteacutes de GES eacutemises agrave lrsquointeacuterieur du pays et ainsi de rapporter annuellement dans le cadre des obligations de la CCNUCC

bull Calculer une laquo empreinte carbone raquo agrave partir drsquoune meacutethode standardiseacutee drsquoanalyse input-output Cette em-preinte couvre le CO2 le meacutethane (CH4) et le protoxyde drsquoazote (N2O) trois gaz qui repreacutesentent 96 des eacutemis-sions des sept GES pris en compte pour le protocole de Kyoto Au niveau national elle permet un calcul des GES induits par la demande inteacuterieure du pays (eacutemis-sions des meacutenages de la production inteacuterieure de biens et de services hors exportations associeacutees aux biens et services importeacutes) Lrsquoempreinte carbone fait partie des dix indicateurs de deacuteveloppement durable nouveaux indicateurs de richesse qui complegravetent le PIB

bull Effectuer un laquo bilan GES reacuteglementaire raquo (Loi no 2015-992 du 17 aoucirct 2015) Il permet de diagnosti-quer pour des acteurs publics et priveacutes les eacutemissions de gaz agrave effet de serre en vue drsquoengager leur reacuteduc-tion Ainsi les entreprises de plus de 500 salarieacutes les collectiviteacutes de plus de 50 000 habitants les eacutetablisse-ments publics de plus de 250 agents et les services de lrsquoEacutetat doivent rendre compte de leurs eacutemissions avec une peacuteriodiciteacute de trois ou quatre ans

bull Reacutealiser un laquo Bilan Carbonereg raquo agrave partir drsquoune meacute-thodologie deacuteposeacutee (voir Ademe et Association Bilan Carbone) et adosseacutee agrave une seacuterie drsquooutils et de don-neacutees tels le bilan GES reacuteglementaire lrsquoISO 14069 deacutedieacute ou le Greenhouse Gas Protocol Il permet drsquoeacutevaluer la quantiteacute de gaz agrave effet de serre eacutemise (ou capteacutee) dans lrsquoatmosphegravere sur une anneacutee par les activiteacutes drsquoune organisation ou drsquoun territoire (Ademe Bilans GES)

Les diffeacuterentes meacutethodes de calcul mises en œuvre preacutesentent comme pour tout calcul drsquoindicateur des biais meacutethodologiques opeacuterationnels de calculs mais aussi des biais conceptuels Parmi ces derniers citons le lissage agrave 100 ans du PRG du meacutethane (CH4) plus intense que celui du CO2 mais de moindre dureacutee de vie dans lrsquoatmosphegravere citons aussi lrsquohypothegravese forte de neacute-gliger des interactions et reacutetroactions avec la biodiversiteacute et des pheacutenomegravenes naturels (vapeur drsquoeau captage ou relargage par les tourbiegraveres ou les forecircts en fonction du temps absorption oceacuteanique eacuteruptions volcaniques)

Cette approche par laquo lrsquoeacutequivalent carbone raquo preacute-sente lrsquointeacuterecirct de laquo reacuteduire raquo des donneacutees tregraves varieacutees en une grandeur unique exprimeacutee en une uniteacute facile-ment compreacutehensible

Agrave partir de lagrave il en deacutecoule plusieurs utilisations depuis lrsquoeacutechelle drsquoune organisation ndash dont les entre-prises ou les collectiviteacutes ndash jusqursquoau pays voire au monde reacutepondre agrave la reacuteglementation lorsque neacuteces-saire identifier des postes drsquoeacutemission et envisager les actions pour les reacuteduire eacutevaluer la contribution na-tionale au reacutechauffement climatique global apporter des compleacutements drsquoinformation agrave lrsquoanalyse des flux de biens et de services (par exemple analyse de variation de la composition de lrsquoempreinte en GES pays impor-tateur ou exportateur de GES) piloter une politique environnementale (par exemple loi de transition eacutener-geacutetique pour la croissance verte fiscaliteacute carbone stra-teacutegie nationale de transition eacutenergeacutetique pour un deacuteve-loppement durable strateacutegie nationale bas carbone) se deacutemarquer communiquer sensibiliser ou encore peser dans les neacutegociations internationales

La similitude des besoins des acteurs face au changement climatique et agrave lrsquoeacuterosion de la biodiver-siteacute ndash rendre compte agrave lrsquoEacutetat piloter une strateacutegie de reacuteduction communiquer ndash amegravene agrave questionner la possibiliteacute de transposer le modegravele de lrsquoeacutequivalent car-bone agrave la biodiversiteacute

212 Le cas de la biodiversiteacute emboicirctements et facettes

Pour appliquer la mecircme deacutemarche dans le champ de la biodiversiteacute il faut pouvoir deacutefinir pour un laquo objet de biodiversiteacute raquo particulier une laquo composante raquo de la biodi-versiteacute (par exemple un groupe taxonomique drsquoarbres) une grandeur physique agrave mesurer une proprieacuteteacute mesu-rable ou laquo meacutetrique raquo (par exemple le nombre drsquoespegraveces de ce groupe) et un indicateur (par exemple la richesse taxonomique) (Pelletier et al 2011)

Cela suppose de revenir agrave une deacutefinition de la bio-diversiteacute Celle-ci peut ecirctre deacutefinie dans une vision inteacutegrative comme la diversiteacute biologique dans ses diffeacuterents niveaux drsquoorganisation (gegravene individu es-pegravece population communauteacute habitat eacutecosystegraveme paysage) ses diffeacuterentes dimensions (composition structure fonction etc) (Noss 1990) les interactions entre individus espegraveces etc et avec lrsquoenvironnement et la dimension eacutevolutive (au sens darwinien) ndash que lrsquoon peut repreacutesenter de faccedilon emboicircteacutee (Fig 6)

La diversiteacute du vivant pose un premier deacutefi que no-tait deacutejagrave Buffon en 1749 (de Buffon 1749) la difficile

identification et systeacutematisation de ses composantes Outre la multipliciteacute des concepts drsquoespegravece la taxono-mie est reacuteguliegraverement reacuteviseacutee avec la prise en compte de nouvelles donneacutees ou systegravemes de classification

Il srsquoagit ensuite de deacutefinir quoi mesurer et com-ment mesurer la diversiteacute Difficile de mesurer toutes les proprieacuteteacutes du vivant ndash des gegravenes aux eacutecosystegravemes Cela amegravene agrave faire des choix en termes de compo-sants et de meacutetriques en argumentant leur repreacutesenta-tiviteacute ndash neacutecessairement partielle (Casetta et al 2019) Ainsi srsquointeacuteresser au nombre drsquoespegraveces est une faccedilon drsquoestimer la biodiversiteacute (lrsquoeacutevaluation se confond alors avec lrsquoinventaire) mais les espegraveces ne sont pas toutes connues elles nrsquoont pas toutes le mecircme rocircle dans un eacutecosystegraveme et cela ne rend pas compte des interac-tions des organismes entre eux et avec leur environne-ment (agrave lrsquoeacutechelle des gegravenes des communauteacutes et des eacutecosystegravemes) du fonctionnement des organismes agrave la base des processus eacutecologiques (prise en compte des traits fonctionnels) du caractegravere dynamique de ces interactions des meacutecanismes drsquoadaptation (pheacutenoty-piques geacuteneacutetiques comportementaux composition des communauteacutes) ni de lrsquoeacutevolution au sens darwi-

Types

de paysagePatte

rns

des paysa

ges

Processus paysagers et perturbations

Utilisation des terres

Communauteacute

EcosystegravemesPhysionomie

Structu

re de lrsquohabita

t

Processus eacutecosysteacutemiqueInteractions

interspeacutecifiques

Espegraveces

PopulationsStru

cture

de la populatio

n

Cycles biologiquesProcessus

deacutemographiques

GegravenesStructu

re

geacuteneacutetique

Processus geacuteneacutetique

Structu

relleCompositionnelle

Fonctionnelle

FIGURE 7 COMPOsItIOn strUCtUrE Et FOnCtIOn DE LA bIODIvErsIteacute PreacutesEnteacuteEs COMME DEs sPhegraverEs IntErCOnnEC-teacuteEs EngLObAnt PLUsIEUrs nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn SOuRcE NOSS 1990 TRAD VIMAl 2010

2524

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

nien passeacutee et potentielle parfois laquo rapide raquo (quelques geacuteneacuterations) des organismes ndash tout cela constituant pourtant ensemble les bases de la biodiversiteacute

Le peacuterimegravetre spatial et temporel de la collecte de donneacutees pose aussi questions comment deacuteduire une geacuteneacuteraliteacute agrave partir drsquoun eacutechantillon comment tenir compte des connexions entre des espaces comment tenir compte des latences et de la stochasticiteacute des pheacutenomegravenes biologiques comment rendre compte de lrsquoemboicirctement des eacutechelles de lrsquoeffet du niveau drsquoor-ganisation supeacuterieur (par exemple effet de la structure du paysage) etc

La notion drsquoeacutequivalence qui se rencontre aussi dans lrsquoapproche climatique peut ecirctre questionneacutee comment ramener des mesures effectueacutees dans des eacutecosystegravemes agrave des eacutequivalents drsquoautres eacutecosystegravemes agrave combien drsquohectares de forecircts dites primaires corres-pond un hectare de prairies agrave combien drsquoeacutequivalents oiseaux correspond une colonie drsquoabeilles sauvages

Enfin collecter les donneacutees sur des organismes vivants reste une difficulteacute Ceux-ci sont plus ou moins mobiles accessibles (cas des fonds marins par exemple) Ces donneacutees sont neacutecessaires aux dif-feacuterents niveaux drsquoorganisation deacutecrits preacuteceacutedemment et doivent ecirctre acquises dans des conditions qui per-mettent de les mutualiser (protocoles et meacutethodes)

Il existe bien sucircr plusieurs cadres conceptuels et meacutethodologiques pour reacutepondre agrave ces deacutefis divers modegraveles matheacutematiques et mesures statistiques de la diversiteacute (indice de Shannon de Hill de Gini etc) plusieurs propositions pour eacutetablir le choix de com-posantes (espegraveces rares espegraveces bioindicatrices) et autant de propositions de meacutetriques Pour ce qui concerne le choix de composantes et de meacutetriques citons la proposition facilement accessible et appro-priable par les acteurs de deacutefinir des laquo variables es-sentielles de biodiversiteacute raquo (Pereira et al 2013) qui sera abordeacutee au chapitre 3

Des auteurs acadeacutemiques soutiennent que de la mecircme maniegravere que la communauteacute scientifique tra-vaillant sur le changement climatique utilise un in-dicateur (changement de la tempeacuterature mondiale moyenne) et un objectif (augmentation maximale de 2degC par rapport aux niveaux preacuteindustriels) comme viseacutee pour lrsquoaction politique il est neacutecessaire de four-nir un laquo objectif biodiversiteacute raquo avec un indicateur fa-cile agrave mesurer agrave court terme et facile agrave communiquer (Rounsevell et al 2020) Ils proposent une mesure ba-seacutee sur le taux drsquoextinction des espegraveces (taux drsquoextinc-tion ou nombre drsquoespegraveces eacuteteintes par an) ndash meacutetrique largement utiliseacutee depuis des anneacutees ndash avec lrsquoobjectif de maintenir les extinctions drsquoespegraveces en dessous de 20 par an au cours des 100 prochaines anneacutees cela dans les grands groupes taxonomiques (champignons plantes inverteacutebreacutes et verteacutebreacutes) et pour tous les types drsquoeacutecosystegravemes (marins drsquoeau douce et terrestres)

Deux arguments fondent la proposition drsquoune part lrsquoextinction drsquoune espegravece repreacutesente la perte irreacutever-sible drsquoune diversiteacute geacuteneacutetique unique et une reacuteduc-tion mesurable de la diversiteacute de la vie sur Terre drsquoautre part crsquoest un pheacutenomegravene largement compris par le public facile agrave meacutediatiser et agrave priori feacutedeacuterateur pour limiter lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

Lrsquoambition afficheacutee est drsquoutiliser un indicateur de porteacutee moins scientifique que politique pour catalyser les efforts des deacutecideurs et des publics en faveur de la biodiversiteacute et de sa preacuteservation pour mettre aux agendas mondiaux et nationaux un laquo objectif biodi-versiteacute raquo

La deacutemarche ne vise ainsi pas explicitement agrave re-preacutesenter toutes les dimensions de la biodiversiteacute et les auteurs reconnaissent qursquoune telle mesure unique dissimulera ineacutevitablement les dispariteacutes spatiales les complexiteacutes des systegravemes eacutecologiques et neacutecessitera au-delagrave de son aspect laquo figure de proue raquo drsquoecirctre accom-pagneacutee par un panel drsquoautres indicateurs renseignant plus complegravetement sur lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute et les pressions Ils signalent que le fait drsquoatteindre un tel objectif de reacuteduction du taux drsquoextinction des espegraveces nrsquoempecircchera pas de constater des changements dom-mageables de biodiversiteacute (perte de population et de diversiteacute geacuteneacutetique alteacuteration du fonctionnement des eacutecosystegravemes et reacuteduction des services eacutecosysteacutemiques associeacutes) Ces preacutecautions quant agrave lrsquousage de cet indicateur sont compleacuteteacutees par drsquoautres chercheurs qui pointent les difficulteacutes lieacutees agrave lrsquoeacutechelle temporelle drsquoune telle mesure (lrsquoextinction drsquoune espegravece peut ecirctre plus ou moins rapide) agrave la connaissance imparfaite du vivant (les espegraveces ne sont pas toutes connues cer-tains taxons sont plus suivis que drsquoautres) qui rend lrsquoobjectif difficile agrave harmoniser entre les groupes taxo-nomiques Ils rappellent eacutegalement que lrsquoextinction fait partie des dynamiques naturelles de la biodiversi-teacute Enfin ils ajoutent qursquoil ne srsquoagit pas drsquoune mesure eacutequitable entre reacutegions du monde en termes drsquoefforts agrave fournir et de reacutesultats agrave atteindre les espegraveces vul-neacuterables ont deacutejagrave disparu de nombreux pays ancien-nement industrialiseacutes tandis qursquoelles restent encore agrave recenser ndash et agrave proteacuteger ndash dans des pays en voie drsquoindustrialisation

La mesure de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute reste ainsi dif-ficile eacutetant donneacutee la complexiteacute des systegravemes eacutecolo-giques et la connaissance scientifique incomplegravete de ceux-ci il nrsquoexiste pas de laquo valeur absolue raquo ou laquo drsquoeacutequi-valent biodiversiteacute raquo Il nrsquoest peut-ecirctre finalement pas souhaitable de reacuteduire lrsquoimpact sur la biodiversiteacute agrave un indicateur unique tel qursquoil existe pour le climat Les indicateurs et les cadres drsquoeacutevaluation de la biodiversiteacute ndash ou des impacts sur la biodiversiteacute ndash preacutesentent des avantages mais aussi des limites La connaissance de ces limites est aussi didactique que la valeur de lrsquoindi-cateur et est essentielle pour bien lrsquointerpreacuteter

22 Le deacuteveloppement drsquoune meacutethodologie drsquoeacutevaluation comme tentative de reacuteponse

Depuis 2012 la FRB mobilise son expertise et des experts acadeacutemiques pour eacutevaluer de faccedilon indeacutepen-dante la construction les donneacutees utiliseacutees la robus-tesse la fiabiliteacute et la sensibiliteacute la pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute des indicateurs de lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) piloteacute par lrsquoOffice franccedilais de la biodiversiteacute (OFB ex-AFB) La FRB a ainsi deacuteveloppeacute une meacutethode originale drsquoeacutevaluation scientifique de ces indicateurs de suivi tels qursquoexplici-teacutes dans le chapitre 1

Dans le cadre de cette eacutetude la FRB a donc remo-biliseacute son expertise pour adapter la grille drsquoeacutevalua-tion des indicateurs de lrsquoONB aux outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes anthropiques sur la biodiversiteacute

et agrave leur complexiteacute afin de conduire une eacutevaluation scientifique externe Cette meacutethode drsquoeacutevaluation a eacuteteacute envisageacutee comme une tentative de reacuteponse aux ques-tionnements des diffeacuterents acteurs (entreprises collec-tiviteacutes territoriales institutions financiegraveres politiques etc) sur la creacuteation la pertinence et lrsquoutilisation drsquoun indicateur unique et ideacuteal drsquoimpact sur la biodiversi-teacute ndash avec lrsquoambition de faire dialoguer les utilisateurs drsquoindicateurs (qursquoils soient laquo simples raquo ou agreacutegeacutes) ou drsquooutils dans une approche science-socieacuteteacute

In fine lrsquoeacutevaluation scientifique externe indeacute-pendante a porteacute sur sept outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Elle expose les donneacutees et modegraveles mobiliseacutes les avantages les limites la pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute et le potentiel en matiegravere drsquoaide agrave la deacutecision de ces sept outils de mesure

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Product Biodiversity Footprint (PBF)

Conception I Care amp Consult SayariObjectif permettre la comparaison des impacts sur la biodiversiteacute entre des variantes drsquoun pro-duit donneacute

La meacutethodologie du PBF se base sur le modegravele Analyse du cycle de vie (ACV) en mobilisant la meacutethode spatialiseacutee du Life Cycle Impact Assessment (LC-IMPACT) La meacutethodologie employeacutee combine lrsquoACV et les connaissances actuelles en matiegravere drsquoimpacts drsquoactiviteacutes sur la biodiversiteacute pour raffiner les impacts dus agrave lrsquouti-lisation des terres Une correction des facteurs ACV classique est alors reacutealiseacutee sur deux axes prise en compte des pratiques laquo non visibles raquo dans le cadre de lrsquoACV et prise en compte drsquoune granulariteacute geacuteographique plus fine sur la sen-sibiliteacute et la richesse des milieux impacteacutes Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF)

Global Biodiversity Score TM (GBS)

Conception Caisse des deacutepocircts filiale Biodiver-siteacute (CDC-Biodiversiteacute)Objectif eacutevaluer lrsquoempreinte biodiversiteacute des entreprises et des investissements

La meacutethodologie du GBS se base sur le cadre de lrsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) en mobili-sant Exiobase pour les liens entre activiteacutes et pressions et GLOBIO pour les liens entre pres-sions et impacts Lrsquooutil utilise eacutegalement une approche hybride en inteacutegrant lorsqursquoelles sont disponibles des donneacutees reacuteelles agrave chaque eacutetape de lrsquoeacutevaluation Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune abondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA)

Biodiversity Impact Metric (BIM)

Conception Cambridge Institute for Sustain-ability Leadership (CISL)Objectif fournir une eacutevaluation des impacts des produits sur la biodiversiteacute

La meacutethodologie du BIM se base sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV) croiseacute avec le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pres-sure State Response PSR)

Centreacutee sur la mesure de lrsquoimpact de lrsquoutili-sation des terres pour la production de matiegraveres premiegraveres elle permet de deacuteterminer cet im-pact en pondeacuterant la superficie neacutecessaire aux activiteacutes par lrsquoincidence sur la proportion de biodiversiteacute perdue (quantiteacute) et lrsquoimportance relative de la biodiversiteacute perdue (qualiteacute) Au moment de lrsquoeacutevaluation plusieurs meacutethodolo-gies sont documenteacutees lrsquoune repose sur lrsquouti-lisation du modegravele de calcul de lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abun-dance MSA) lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (biodiversity intactness index BII)

Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI)

Conception ASN Bank CREM consultant PReacute SustainabilityObjectif calculer lrsquoimpact des investissements financiers sur la biodiversiteacute

La meacutethodologie du BFFI se base sur le modegravele Analyse du cycle de vie (ACV) lrsquooutil est ainsi conccedilu pour fournir une vision holistique de lrsquoimpact des activiteacutes des entreprises dans les-quelles les institutions financiegraveres investissent en analysant les externaliteacutes Celles-ci sont quantifieacutees en mobilisant les donneacutees drsquoExio-base Lrsquooutil srsquoappuie ensuite sur la meacutethode ReCiPe pour convertir les donneacutees de cycle de vie en impacts avant in fine drsquointerpreacuteter lrsquoim-pact des investissements sur la biodiversiteacute Le reacutesultat est exprimeacute sur la base drsquoune fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF)

Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric

Conception Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)Objectif eacutevaluer lrsquoimpact drsquoinvestissements financiers sur la biodiversiteacute notamment ceux en faveur de la protection de la biodiversiteacute

La meacutethodologie du STAR se base sur le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) Pour le calcul ex-ante elle permet de combiner pour des sites drsquointeacuterecirct et certains taxa la proportion de popu-lation drsquoune espegravece sur ces sites pondeacutereacutee par sa cateacutegorie de la Liste rouge des espegraveces deacuteve-loppeacutee par lrsquoUICN et pondeacutereacutee par la contri-bution relative de chaque pression (porteacutee et seacuteveacuteriteacute) au risque drsquoextinction Lrsquoensemble est sommeacute pour fournir lrsquoindicateur Au moment de lrsquoeacutevaluation un module meacutethodologique pour le calcul ex-post eacutetait en deacuteveloppement

Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

Conception Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)Objectif eacutevaluer les changements de biodiver-siteacute sur les sites drsquoexploitation drsquoune entreprise et drsquoeacutevaluer les risques pour la biodiversiteacute de futurs projets

La meacutethodologie du BIRS srsquoinscrit dans le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) et repose sur plusieurs eacutetapes identification et deacutelimita-tion des diffeacuterents habitats qui composent un site estimation de la superficie totale pour chaque type drsquohabitat deacutetermination drsquoun fac-teur de contexte de lrsquohabitat eacutevaluation de lrsquoeacutetat de chaque habitat et attribution drsquoune classe de condition puis combinaison des in-formations pour deacutefinir une classe drsquoeacutetat de la biodiversiteacute du site pour chaque site opeacuteration-nel eacutevalueacute ndash avec une possibiliteacute drsquoagreacuteger au niveau de lrsquoentreprise

Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC)

Conception UN Environment Programme World Conservation Monitoring Centre (UNEP-WCMC) Conservation International Fauna amp Flora InternationalObjectif eacutevaluer le risque pour la biodiversiteacute au regard des impacts potentiels drsquoactiviteacutes sur un site drsquoexploitation et les reacuteponses mises en œuvre

La meacutethodologie du BIEC srsquoinscrit dans le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER) et repose sur trois eacutetapes une analyse spatialiseacutee de la sen-sibiliteacute en termes de biodiversiteacute de sites drsquoex-ploitation en combinant des donneacutes locales et globales la deacutetermination de scores drsquoeacutetat et de pression en concertation avec des acteurs lo-caux lrsquoagreacutegation des scores en tableau de bord au niveau des sites mais eacutegalement au niveau drsquouniteacute de production voire de lrsquoentreprise

222 Une description succincte des sept outils eacutevalueacutes

221 Le choix des outils agrave eacutevaluer

Lrsquoeacutequipe projet a drsquoabord effectueacute un travail de recense-ment des outils existants puis seacutelectionneacute sept outils de mesure de lrsquoimpact sur la biodiversiteacute en tenant compte

bull du niveau de deacuteveloppement outils utilisables en routine ou en phase de deacuteveloppement suffisamment avanceacutee pour ecirctre eacutevalueacutes

bull de lrsquointeacuterecirct aux secteurs citeacutes dans les actions 31 et 32 du Plan biodiversiteacute du 18 juillet 2018 bacirctiments et mateacuteriaux agro-alimentaire eacutenergie chimie et finance

bull du caractegravere potentiellement laquo geacuteneacuteralisable raquo agrave plusieurs secteurs drsquoactiviteacute et du potentiel eacuteventuel drsquoadaptation agrave des collectiviteacutes territoriales

bull de la couverture de diffeacuterentes eacutechelles drsquoorgani-sation eacuteconomique produit site uniteacute drsquoactiviteacute eacuteco-nomique entreprise collectiviteacute et pays

Un premier constat a eacuteteacute reacutealiseacute au moment de lrsquoeacutevaluation les outils eacutetaient essentiellement destineacutes au secteur priveacute marchand et peu ou pas aux collecti-viteacutes Drsquoautre part il nrsquoy avait pas au moment de ce recensement drsquooutils deacutedieacutes speacutecifiquement aux sec-teurs agro-alimentaire chimie et eacutenergie suffisamment aboutis ou testeacutes pour ecirctre eacutevalueacutes

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

223 Le cadre de reacutefeacuterence et les items de lrsquoeacutevaluation

Les organisations agrave lrsquoorigine des outils de mesure drsquoimpacts sur la biodiversiteacute eacutevalueacutes dans cette eacutetude adoptent sensiblement les mecircmes grandes approches conceptuelles pour deacutevelopper leurs actions

Drsquoabord elles se basent sur une deacutefinition com-mune de la diversiteacute biologique en se reposant sur lrsquoarticle 2 de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) (Nations unies 1992) La diversiteacute biologique y est deacutefinie comme la laquo variabiliteacute des organismes vivants de toute origine y compris entre autres les eacutecosystegravemes terrestres marins et autres eacutecosystegravemes aquatiques et les complexes eacutecologiques dont ils font partie cela comprend la diversiteacute au sein des espegraveces et entre espegraveces ainsi que celle des eacutecosystegravemes raquo

Ensuite elles srsquoappuient sur les terminologies de lrsquoOCDE ou de lrsquoEEA deacutecrite au chapitre 1 pour deacutefinir ce qursquoest un laquo indicateur raquo De plus elles mobilisent de faccedilon plus ou moins explicite remanieacutee ou combi-neacutee avec les attentes des utilisateurs de leurs outils les critegraveres de seacutelection drsquoindicateurs de lrsquoOCDE et de lrsquoEEA essentiellement politiques pour en faire des critegraveres souhaiteacutes de leurs outils Enfin il y a un fort recoupement entre les bases de donneacutees utiliseacutees pour alimenter ces outils

Lrsquoeacutequipe projet en se basant sur lrsquoexpertise deacuteve-loppeacutee dans le cadre des travaux avec lrsquoONB a pro-poseacute une eacutevaluation reposant sur des concepts et des critegraveres surtout mobiliseacutes dans le champ scientifique

bull La biodiversiteacute est entendue comme la diversiteacute biologique dans ses diffeacuterents niveaux drsquoorganisation (gegravene individu espegravece population communauteacute habitat eacutecosystegraveme paysage) ses diffeacuterentes dimen-sions (composition structure fonction etc) (Noss 1990) les interactions entre individus espegraveces etc et avec lrsquoenvironnement et la dimension eacutevolutive (au sens darwinien)

bull La grille drsquoeacutevaluation a eacuteteacute construite pour ques-tionner le caractegravere explicite ou non des liens entre activiteacutes et pressions puis pressions et impacts Elle a aussi permis de discuter les modegraveles et meacutethodes sur lesquels sont construits les outils ndash soit parce que les outils proposent des formules reliant pressions ndash activi-teacutes ndash impacts soit parce qursquoils mobilisent des modegraveles et meacutethodes de ces relations deacuteveloppeacutes par ailleurs

bull Les outils ont aussi eacuteteacute eacutevalueacutes au regard de cri-tegraveres utiliseacutes pour eacutevaluer les indicateurs de lrsquoONB et proches de ceux utiliseacutes dans le cadre de la bioindica-tion (McGeoch 2007)

ndash Preacutecision un indicateur est preacutecis lorsqursquoil me-sure avec une faible marge drsquoerreur ou drsquoincertitude le pheacutenomegravene qursquoil est supposeacute deacutecrire ici lrsquoimpact

des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Lrsquoobtention drsquoun haut degreacute de preacutecision sera geacuteneacuteralement asso-cieacutee agrave lrsquoutilisation drsquooutils et de meacutethodes aveacutereacutees tes-teacutees par la faible variabiliteacute de la mesure lorsqursquoelle est reacutepeacuteteacutee dans des conditions similaires

ndash Robustesse un indicateur est robuste lorsque sa mesure ou son calcul reste fiable mecircme lorsque les conditions (spatiales temporelles drsquointensiteacute drsquoim-pact autres que le changement agrave mesurer) varient la relation entre les eacuteleacutements de biodiversiteacute pris en compte pour le calcul et lrsquoimpact sur la biodiversiteacute reste constante La valeur drsquoun indicateur robuste est peu ou pas influenceacutee par des mesures impreacutecises ou des erreurs la variabiliteacute des instruments de mesure des donneacutees manquantes des variables confondantes

ndash Sensibiliteacute un indicateur est sensible lorsqursquoil permet de faire la diffeacuterence entre des situations qui sont reacuteellement diffeacuterentes Un indicateur sensible si-gnale rapidement un changement significatif Il est donc adapteacute au degreacute de deacutetection pertinent pour les objectifs souhaiteacutes Ceci requiert que les mesures soient reacutealiseacutees agrave des pas de temps et des eacutechelles spa-tiales pertinentes

ndash Fiabiliteacute un indicateur est fiable lorsque sa va-leur varie toujours dans le mecircme sens que le pheacuteno-megravene qursquoil deacutecrit

bull Une partie de la grille a eacuteteacute deacutedieacutee aux meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees ainsi qursquoagrave la pertinence des outils pour rendre compte des impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute

bull Enfin donneacutees construction meacutethodologique domaine drsquointerpreacutetation des outils et pistes drsquoameacutelio-

ration ont eacuteteacute inteacutegreacutes agrave la grille drsquoeacutevaluation La grille drsquoeacutevaluation est en annexe 2 p79

La meacutethodologie deacuteveloppeacutee pour les indicateurs de lrsquoONB a donc eacuteteacute tregraves largement adapteacutee agrave la construction et aux grandes lignes directrices de ces sept outils de mesure Ce cadre meacutethodologique peut ecirctre remobiliseacute et ameacutelioreacute pour drsquoautres exercices drsquoeacutevaluation ou la construction drsquoindicateurs

224 Le deacuterouleacute et les reacutesultats de lrsquoeacutevaluation

Lrsquoeacutequipe projet a ensuite mobiliseacute des experts acadeacute-miques en eacutecologie et en eacuteconomie afin de conduire une eacutevaluation externe indeacutependante et transparente de ces sept outils de mesure Chaque outil a eacuteteacute eacutevalueacute par deux experts indeacutependants entre juin et aoucirct 2019 Lrsquoeacutequipe projet a ensuite reacutealiseacute la synthegravese des eacuteva-luations relue et valideacutee par les experts Un dialogue entre les concepteurs drsquooutils et experts a eacuteteacute organiseacute pour chaque outil entre novembre et deacutecembre 2019 il a permis de preacuteciser de part et drsquoautre certains points de lrsquoeacutevaluation et drsquoeacutechanger sur les deacuteveloppements agrave court et moyen termes des outils Ces eacuteleacutements sont retranscrits dans les eacutevaluations complegravetes

De faccedilon geacuteneacuterale ces travaux ont permis de reacuteveacute-ler lrsquoimportance de leacutevaluation scientifique syntheacute-tique des modegraveles mobiliseacutes pour mettre en eacutevidence la relation entre activiteacutes ndash pressions ndash impacts dans la construction des outils de mesure ainsi que les meacute-thodes et cadres conceptuels sur lesquels ils reposent

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

23 Les reacutesultats syntheacutetiques des eacutevaluations des outils

Les reacutesultats preacutesenteacutes ici syntheacutetiseacutes reflegravetent la compreacutehension et lrsquoeacutevaluation des experts drsquoapregraves les documents meacutethodologiques mis agrave leur disposition (publications listeacutees dans les eacutevaluations complegravetes accessibles en ligne) Les outils ont eacutevolueacute depuis lrsquoeacuteva-luation scientifique certains commentaires peuvent ne plus ecirctre drsquoactualiteacute soit parce que lrsquooutil a eacuteteacute ameacute-lioreacute soit parce que sa meacutethodologie a eacuteteacute reacute-orienteacutee

231 Product Biodiversity Footprint (PBF)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Product Biodiversi-ty Footprint (PBF) eacutetait au stade de projet pilote aupregraves drsquoentreprises avec un amont agricole et utilisant de la laine de chegravevre et des huiles veacutegeacutetales (colza palme) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des produits et services tout au long du cycle de vie aux niveaux reacutegional ou mondial pour les milieux terrestres et drsquoeaux douces Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est baseacute sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil PBF retient trois pressions directes en reprenant celles prises en compte par la meacutethode LC-IMPACT (voir paragraphe suivant) changement drsquohabitat (occupa-tion transformation des sols et stress hydrique) pol-lutions et changement climatique Lrsquooutil PBF permet eacutegalement lrsquoeacutevaluation de deux pressions qui ne sont pas dans le modegravele ACV espegraveces envahissantes et gestion des espegraveces Les impacts sont eacutevalueacutes indeacute-pendamment pour ces cinq pressions Les eacutevaluateurs soulignent au moment de lrsquoeacutevaluation le manque de la prise en compte du deacuterangement (pollutions so-nores et lumineuses notamment)

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil PBF se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la meacutethode LC-IMPACT LC-IMPACT fournit une approche spatialiseacutee drsquoeacutevaluation des impacts tout au long du cycle de vie de produits et services notamment dans les domaines de la qualiteacute des eacutecosystegravemes et des ressources Crsquoest cette meacutethode qui est le principal modegravele sous-jacent agrave lrsquooutil Le choix de cette meacutethode par rapport agrave drsquoautres est bien documenteacute dans la description du PBF

La meacutethodologie de lrsquooutil PBF preacutesente ici plu-sieurs avantages lrsquoACV apporte une vision drsquoen-semble du produit et de ses impacts depuis sa pro-duction jusqursquoagrave sa fin de vie la meacutethode LC-IMPACT integravegre les derniers deacuteveloppements en matiegravere drsquoACV et permet avec des facteurs de caracteacuterisation spa-tialiseacutes drsquoidentifier les points drsquoimpacts importants tant geacuteographiquement qursquoagrave des eacutetapes particuliegraveres du cycle de vie enfin lrsquooutil adopte une politique drsquoameacutelioration et drsquointeacutegration des derniegraveres connais-sances en eacutecologie afin de pallier en partie le manque de preacutecision inheacuterent agrave lrsquoACV particuliegraverement sur les impacts relatifs agrave lrsquoutilisation des terres

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le modegravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil PBF pour le calcul de lrsquoindicateur (en fait cinq indicateurs correspondant

aux cinq pressions prises en compte) sont les facteurs de caracteacuterisation LC-IMPACT v05 pour les facteurs de caracteacuterisation et les donneacutees du cycle de vie issues des bases de donneacutees Ecoinvent et Agribalysereg Ces donneacutees sont reconnues et valideacutees mais comportent un certain niveau drsquoagreacutegation entraicircnant un manque de preacutecision dans lrsquoobtention et la repreacutesentation des reacutesultats Drsquoautres types de donneacutees lieacutees aux acti-viteacutes sont eacutegalement neacutecessaires au calcul des indi-cateurs et sont mobiliseacutees donneacutees de lrsquoentreprise sur le processus de production du produit (matiegraveres premiegraveres transport rendements etc) et de locali-sation pour les principaux processus (localisation du sourcing etc) Ces donneacutees sources apportent de la preacutecision et de la speacutecificiteacute dans le calcul des indica-teurs et leur interpreacutetation

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions semble significative

La sensibiliteacute de la relation entre activiteacutes et pres-sions semble veacuterifieacutee au niveau de lrsquoentreprise

Quant agrave la fiabiliteacute celle-ci deacutepend en partie de la justesse de lrsquoinventaire de cycle de vie et du degreacute de fiabiliteacute et de transparence des donneacutees transmises par lrsquoentreprise

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil PBF pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre drsquoanalyse du cycle de vie en srsquoappuyant sur la meacute-thode LC-IMPACT

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans la meacute-thode LC-IMPACT et reprise dans le PBF est la perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) ex-primeacutee en fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr)

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil PBF est ici de proposer une meacutetrique agreacutegeacutee et syntheacute-tique (PDF) pour laquelle il est possible de deacutelineacuteer et de restituer au besoin des informations sur les cinq pressions prises en compte et pour diffeacuterentes carac-teacuteristiques drsquoun produit afin drsquoaider agrave seacutelectionner les options ayant le moins drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

Agrave lrsquoinverse en utilisant cette meacutetrique lrsquoindicateur ne rend pas compte de la complexiteacute des eacutecosystegravemes des interactions entre espegraveces ni des fonctions etc

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans la meacute-thode et donc reprises dans lrsquooutil PBF sont issues de donneacutees reacuteelles et de modeacutelisation Elles proviennent de bases de donneacutees sur la biodiversiteacute (par exemple IBAT PREDICTS) et de donneacutees de lrsquoentreprise issues drsquoeacutetudes existantes (inventaires eacutetudes drsquoimpact)

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci semble preacutecise et solide gracircce au recours agrave la meacutethode LC-IMPACT qui srsquoappuie sur des donneacutees consolideacutees et qui sont compleacuteteacutees par la litteacuterature scientifique Toutefois il y a toujours des biais compte tenu de lrsquoagreacutegation inheacuterente agrave lrsquoACV et agrave la meacutethodologie drsquoanalyse mais lrsquoutilisation drsquoun facteur de correction visant agrave preacuteciser les reacutesultats en fonction de la biodiversiteacute locale devrait permettre de limiter les biais

La relation entre pressions et impacts est a priori sensible notamment gracircce agrave la prise en compte de pratiques speacutecifiques aux secteurs drsquoactiviteacutes et agrave lrsquoin-teacutegration de donneacutees propres agrave lrsquoentreprise pour un produit donneacute La deacutetection preacutecoce de changements de biodiversiteacute est toutefois limiteacutee par le caractegravere agreacutegeacute de lrsquooutil de tels changements eacutetant geacuteneacutera-lement observeacutes agrave petite eacutechelle De la mecircme faccedilon lrsquooutil PBF ne permet pas de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion lors de change-ments non lineacuteaires

Enfin la fiabiliteacute repose sur celle de la meacutethode LC-IMPACT ainsi que sur des sources scientifiques et les

Perte potentielle drsquoespegravecePotential Disappeared Fraction of species (PDF)

La perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) ndash exprimeacutee en fraction potentielle-ment disparue drsquoespegraveces (Potential Disappea-red Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr) ndash repreacutesente la perte potentielle drsquoespegraveces en tenant compte de lrsquoeffet de lrsquooccupation des sols ndash qui reacuteduit tout ou partie de lrsquoaire de reacute-partition de ces espegraveces ndash de lrsquoabondance rela-tive de ces espegraveces et du niveau de vulneacuterabiliteacute des espegraveces toucheacutees

La PSL peut ecirctre reacutegionale (PSLreg) ou glo-bale (PSLglo) lrsquoindicateur reacutegional (PDFregyr) quantifie le potentiel de disparition des espegraveces au niveau reacutegional ndash la reacutegion eacutetant entendue comme une zone eacutecologiquement homogegravene pratiquement identifieacutee comme une eacutecoreacutegion pour les eacutecosystegravemes terrestres et comme les bassins versants pour les eacutecosystegravemes drsquoeau douce Lrsquoindicateur mondial (PDFgloyr) quan-tifie le potentiel de disparition mondiale des espegraveces en tenant compte de leur vulneacuterabiliteacute au niveau mondial

La PDF quantifie le potentiel de disparition drsquoespegraveces et non pas le nombre reacuteel drsquoespegraveces disparues

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

bases de donneacutees mobiliseacutees Ces derniegraveres semblent fiables et transparentes La fiabiliteacute des donneacutees concernant les speacutecificiteacutes par secteur et les entre-prises des produits eacutevalueacutes doit ecirctre jugeacutee au cas par cas ce qui nrsquoa pas eacuteteacute reacutealiseacute dans cette eacutevaluation

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel les eacutevaluateurs relegravevent que la fa-ccedilon dont cet aspect est pris en compte dans lrsquooutil PBF et dans la meacutethode LC-IMPACT nrsquoest pas claire lrsquooutil permet de reacutealiser une eacutevaluation agrave un temps t mais en srsquoappuyant sur des donneacutees collecteacutees au cours drsquoeacutetudes meneacutees sur plusieurs anneacutees et la meacutethode permet de modeacuteliser les cateacutegories drsquoimpacts selon deux approches (lrsquoune avec un horizon temporel li-miteacute lrsquoautre avec un horizon temporel eacutetendu) ndash mais la reacutefeacuterence temporelle et le report de lrsquoimpact agrave un changement annuel ne sont pas explicites

Au niveau spatial lrsquooutil PBF peut ecirctre deacuteclineacute agrave deux eacutechelles reacutegionale (PDFregyr) et globale (PDFgloyr) Parmi les cinq pressions sur la biodiver-siteacute consideacutereacutees dans lrsquooutil trois sont spatialiseacutees Pour ces derniegraveres les facteurs de caracteacuterisation ne sont pas neacutecessairement eacutevalueacutes agrave la mecircme reacutesolution spatiale (eacutecoreacutegion vs niveau du pays) en fonction des informations spatiales disponibles Le niveau de lrsquoeacuteco-reacutegion a lrsquoavantage de consideacuterer les impacts agrave lrsquointeacute-rieur de reacutegions geacuteographiques caracteacuteriseacutees par des modegraveles eacutecologiques speacutecifiques qui tiennent compte des dynamiques environnementales et des processus eacutecologiques Toutefois les eacutevaluateurs notent qursquoil serait utile drsquoapporter des eacuteclaircissements sur la meacute-thodologie de spatialisation des cateacutegories drsquoimpacts

En termes de niveau drsquoorganisation et de dimen-sion de la biodiversiteacute lrsquooutil PBF se focalise sur la composition en espegraveces Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil PBF reprend les cinq groupes taxonomiques couverts par la meacutethode LC-IMPACT oiseaux mam-mifegraveres reptiles amphibiens et plantes vasculaires Les groupes taxonomiques peuvent ecirctre analyseacutes seacute-pareacutement ou peuvent ecirctre agreacutegeacutes pour repreacutesenter la fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (PDF) La vulneacuterabiliteacute par taxon est prise en compte en inteacute-grant les donneacutees de la Liste rouge UICN Si lrsquointeacuterecirct de la composition en espegraveces est de communiquer fa-cilement vers un large public il nrsquoen reste pas moins que les niveaux geacuteneacutetique et eacutecosysteacutemique peuvent aussi ecirctre influenceacutes agrave un moment donneacute du cycle de vie des produits Lrsquooutil permet drsquoavoir une estimation de lrsquoimpact sur des espegraveces agrave un temps t ce qui per-met de faciliter la compreacutehension des reacutesultats mais a priori sans rendre compte de la complexiteacute de la

biodiversiteacute (eacutevolution interactions) et des impacts agrave moyen et long termes De plus lrsquoeffondrement de la biodiversiteacute ne se produit pas seulement agrave travers la perte drsquoespegraveces mais aussi par la diminution de lrsquoabondance ndash la reacuteduction du nombre drsquoindividus par espegravece au sein des populations ndash et de la reacutepartition spatiale de nombreuses espegraveces ce qui peut avoir des impacts consideacuterables sur les eacutecosystegravemes Les eacuteva-luateurs notent que lrsquointerpreacutetation des sorties de lrsquoou-til doit ainsi ecirctre effectueacutee avec prudence

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes au cours du cycle de vie drsquoun produit (tels que la perte de fonctions eacutecologiques la diminution de lrsquoabondance des espegraveces la perte de diversiteacute geacuteneacutetique etc)

Lrsquooutil ayant vocation agrave appuyer la deacutecision autour de plusieurs versions drsquoun mecircme produit en mettant lrsquoaccent sur des variantes plus respectueuses de la bio-diversiteacute il nrsquoest pas forceacutement inteacuteressant de reacutepeacuteter le calcul de lrsquoindicateur Cependant il peut ecirctre utile de reacuteeacutevaluer les options autrefois choisies comme plus respectueuses de la biodiversiteacute au fur et agrave mesure que les bases de donneacutees sont mises agrave jour

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Le calcul de lrsquoindicateur est peu accessible agrave un non-speacutecialiste de lrsquoACV et les concepteurs recommandent de srsquoentourer de speacutecialistes de la meacutethode et de lrsquoeacuteco-logie La meacutethodologie de lrsquoinventaire de cycle de vie nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la documentation du PBF dis-ponible lors de lrsquoeacutevaluation alors qursquoelle constitue lrsquoeacutetape la plus deacutelicate Les eacutevaluateurs notent aussi que si lrsquoajustement des impacts relatifs agrave lrsquoutilisation des terres avec des donneacutees issues de la litteacuterature en eacutecologie permet de mieux distinguer entre les pra-tiques plus ou moins respectueuses de la biodiversiteacute pour la reacutesolution spatiale agrave laquelle les indicateurs de lrsquooutil PBF sont conccedilus ndash principalement au niveau de lrsquoeacutecoreacutegion ou du pays ndash les donneacutees de contexte eacutecologique local manquent fortement alors qursquoelles constitueraient un compleacutement important et devraient ecirctre davantage prises en compte pour affiner ces indi-cateurs ndash limite connue par les concepteurs de lrsquooutil PBF De plus ces eacutetapes drsquointeacutegration de donneacutees compleacutementaires indispensables sont reacutealiseacutees au cas par cas et sont donc difficiles agrave eacutevaluer Neacutean-moins les autres eacutetapes meacutethodologiques sont claires rigoureuses et transparentes

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent les biais inheacuterents agrave toute analyse neacutecessitant lrsquoagreacutegation de grandes quantiteacutes de donneacutees ndash mais les facteurs de correction mis en œuvre permettent de limiter ces biais

Il nrsquoy a pas de valeurs cibles proprement dites et il nrsquoy a pas de comparaison possible avec un reacutefeacuterentiel unique mais uniquement entre les diffeacuterents indica-teurs (un pour chaque facteur drsquoimpacts sur la biodi-versiteacute) pour diffeacuterentes versions drsquoun produit afin de minimiser lrsquoimpact sur la biodiversiteacute

Lrsquooutil PBF semble ecirctre conccedilu pour ecirctre appliqueacute agrave divers secteurs de sorte qursquoil pourrait ecirctre utiliseacute dans le domaine public pour comparer des options au niveau de produits voire au niveau des projets (par exemple construction drsquoinfrastructures projets de deacuteveloppement durable etc)

Selon les eacutevaluateurs lrsquooutil ne semble actuelle-ment pas approprieacute pour inteacutegrer le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiver-siteacute Toutefois il permet drsquoencourager les entreprises de divers secteurs drsquoactiviteacute agrave engager et suivre leurs progregraves en matiegravere de biodiversiteacute et plus particuliegrave-rement agrave laquo reacuteduire les pressions directes sur la biodi-versiteacute et promouvoir une utilisation durable raquo (but strateacutegique B des objectifs drsquoAichi) Lrsquooutil PBF permet donc drsquoengager des mesures reacutepondant aux objectifs des cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute mais ne permet pas drsquoobserver directement la contri-bution aux objectifs fixeacutes

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en ajoutant une meacutetrique drsquoabondance Lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) pourrait ecirctre une mesure suppleacute-mentaire inteacuteressante agrave consideacuterer De plus il pourrait ecirctre pertinent de consideacuterer lrsquoeacutetendue de lrsquoeacutecosystegraveme

(Ecosystem Extent) comme une mesure suppleacutemen-taire dans lrsquooutil PBF eacutetant donneacute les divers secteurs drsquoactiviteacute qursquoil vise

Par ailleurs la prise en compte des fonctions ndash et des services eacutecosysteacutemiques ndash serait inteacuteressante agrave in-seacuterer De mecircme lrsquointeacutegration de la biodiversiteacute marine est indispensable Il semble aussi important de reacuteussir agrave prendre en compte les insectes

En termes meacutethodologiques les concepteurs tra-vaillent agrave lrsquointeacutegration de lrsquoeacutecotoxiciteacute mais il pour-rait ecirctre inteacuteressant drsquoajouter eacutegalement la vulneacuterabi-liteacute des espegraveces au climat et drsquointeacutegrer des donneacutees eacutecologiques sur le contexte local afin de mieux affiner lrsquoindicateur Les eacutevaluateurs notent aussi que la meacute-thodologie drsquoACV peut avoir tendance agrave sous-estimer lrsquoimpact par rapport agrave une analyse qui mobilise des tableaux ressources-emplois (ou entreacutees-sorties) mais qui sont moins preacutecis Un couplage des deux meacutetho-dologies pourrait constituer une piste de reacuteflexion Ce couplage des deux meacutethodologies complexe permet-trait neacuteanmoins de reacutepondre aux limites de chacune

Enfin il pourrait ecirctre inteacuteressant de compleacuteter la dimension drsquoaide agrave la deacutecision en apportant des eacuteleacute-ments chiffreacutes en termes de coucircts des eacuteleacutements consti-tuant le produit

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull de Baan L Alkemade R Koellner T (2013) Land use impacts on biodiversity in LCA A global ap-proach The International Journal of Life Cycle As-sessment 18(6) 1216ndash1230 httpsdoiorg101007s11367-012-0412-0

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

232 Product Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI)

Une premiegravere version de lrsquooutil Biodiversity Footprint for Financial Institutions (BFFI) a eacuteteacute lanceacutee en 2018 Lrsquooutil concerne tous les secteurs drsquoactiviteacutes puisqursquoil vise agrave eacutevaluer lrsquoimpact sur la biodiversiteacute drsquoun por-tefeuille financier constitueacute drsquoun meacutelange drsquoactions (tous secteurs) et drsquoobligations (deacutepenses de lrsquoeacutetat) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle du porte-feuille de secteurs ou drsquoentreprises ndash lrsquooutil nrsquoest pas approprieacute pour une application au niveau du site ou du projet ndash et porte sur les milieux terrestres aquatiques continentaux voire marins en fonction des donneacutees disponibles Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est baseacute sur le cadre drsquoAnalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil BFFI ne retient que certaines pressions sur lrsquoensemble de celles prises en compte dans la base Exiobase (voir paragraphe suivant) en se focalisant sur celles qui ont un impact sur la biodiversiteacute changement climatique usage de lrsquoeau eacutecotoxiciteacute sur les milieux terrestres les milieux aquatiques continentaux et marins eutro-phisation des eaux continentales et marines forma-tion drsquoozone tropospheacuterique transformation et occu-pation des sols Au moment de lrsquoeacutevaluation le BFFI ne considegravere pas les espegraveces envahissantes le deacuteran-gement (bruit pollution lumineuse etc) et lrsquoexploita-tion directela surexploitation

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BFFI se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la base Exiobase (version 3) Exiobase est une base de donneacutees mon-diale qui propose un tableau entreacutees-sorties (input-output MR-IOT) et un tableau ressources-emplois (supply-use MR-SUT) dans une approche globale et eacutetendue sur le plan environnemental Crsquoest cette base et le modegravele de liens entre activiteacutes et impacts qui la fonde qui est le principal modegravele sous-jacent aux liens entre activiteacutes et pressions

La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI preacutesente ici des avantages lrsquoapproche ACV inclut tous les impacts de la chaicircne de valeur lrsquoemploi drsquoExiobase est inteacuteressant par la gamme des secteurs et des activiteacutes consideacutereacutes

Elle preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoemploi drsquoExiobase Les secteurs eacuteconomiques sont diviseacutes en 163 cateacutegories ce qui constitue une repreacutesentation assez grossiegravere Le modegravele nrsquoest pas speacutecifique et speacute-cifieacute au niveau reacutegional ce qui preacutesume de fortes in-certitudes significatives Il y a aussi des limites quant agrave la collecte et la compilation des donneacutees en effet

les donneacutees sont issues des comptabiliteacutes nationales des eacutetats ndash or chaque eacutetat a son propre systegraveme de classification

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le modegravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil BFFI pour le calcul de lrsquoindicateur sont celles drsquoExiobase3

Concernant la preacutecision les eacutevaluateurs notent que la relation entre activiteacutes et pressions est correc-tement traduite dans le modegravele Exiobase Cette rela-tion est baseacutee sur la moyenne de la consommation et de lrsquoeacutemission par secteur Mais les incertitudes sont consideacuterables En effet la marge drsquoerreur qui existe entre activiteacutes et pressions est diffeacuterente au sein et pour chaque secteur Il y a ainsi deux risques celui de sous-estimer lrsquoimpact drsquoune activiteacute car elle aurait des pratiques plus neacutefastes que la moyenne du secteur auquel elle appartient et celui inverse de surestimer lrsquoimpact drsquoune activiteacute Les concepteurs du BFFI pro-posent de compleacuteter lrsquoanalyse quantitative par une analyse qualitative qui doit aider agrave situer lrsquoentreprise par rapport au reste de son secteur

La sensibiliteacute de lrsquooutil est limiteacutee au secteur etou au pays lrsquooutil permet de faire la diffeacuterence entre deux activiteacutes qui appartiennent agrave deux secteurs diffeacute-rents ou de comparer deux activiteacutes qui appartiennent au mecircme secteur mais qui sont situeacutees dans deux pays diffeacuterents

La fiabiliteacute est fortement deacutependante des don-neacutees qui ont eacuteteacute utiliseacutees pour construire les tables preacutesenteacutees dans Exiobase En effet tous les pays nrsquoayant pas les mecircmes systegravemes de comptabiliteacute il y a eu des traitements pour agreacuteger ou deacutesagreacuteger des donneacutees issues de diffeacuterentes sources et la reacutealisation drsquoextrapolations Lrsquoanalyse qualitative proposeacutee par les concepteurs peut venir compleacuteter les biais lieacutes au manque de fiabiliteacute des donneacutees

Les eacutevaluateurs notent que la relation entre les ac-tiviteacutes et les pressions est reproductible mais pas assez preacutecise par rapport agrave des projets ou des territoires speacute-cifiques La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI srsquoapplique aux eacutetudes agrave grande eacutechelle et aux activiteacutes agreacutegeacutees mais pas de faccedilon speacutecifique agrave une entreprise ou agrave une reacutegion

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil BFFI pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre ACV en srsquoappuyant sur la meacutethode ReCiPe ReCiPe permet de convertir des donneacutees de cycle de vie en impacts Cette meacutethode utilise en entreacutee des informations sur les eacutemissions (par exemple sur le CO2 ou le SO2) pour calculer lrsquoempreinte environnementale agrave mi-parcours (midpoint impacts categories) (par exemple le change-

ment climatique lrsquoutilisation des terres lrsquoeutrophisa-tion) et ensuite pour calculer lrsquoimpact reacutesultant sur les eacutecosystegravemes ou la biodiversiteacute (endpoint impacts category)

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans la meacutethode ReCiPe et reprise dans le BFFI est la perte potentielle drsquoespegraveces (Potential Species Loss PSL) exprimeacutee en fraction potentiellement disparue drsquoespegraveces (Potential Disappeared Fraction of species PDF) drsquoici un an (PDFyr) ndash et par hectare pour le milieu terrestre par megravetre cube pour le milieu aquatique Le reacutesultat peut ecirctre utiliseacute pour calculer lrsquoempreinte biodiversiteacute en megravetres carreacute (msup2) par euro (euro) investi

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil PBF pour un compleacutement drsquoinformation sur cette meacutetrique

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil PBF est ici de proposer une meacutetrique agreacutegeacutee et syn-theacutetique (PDF) Lrsquoindicateur est ainsi plutocirct geacuteneacuteral et de type biophysique il ne srsquoexpose pas aux poleacute-miques qui entourent lrsquoeacutevaluation moneacutetaire de la biodiversiteacute

La meacutethodologie de lrsquooutil BFFI preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoutilisation de la meacutethode ReCiPe car elle srsquoappuie sur une relation lineacuteaire entre quan-

titeacute de pressions et perte de biodiversiteacute Cette relation ne permet pas de tenir compte drsquoeacuteventuels effets de seuil en dessous desquels un eacutecosystegraveme serait com-plegravetement deacutetruit De plus la meacutetrique utiliseacutee met lrsquoaccent sur les espegraveces les attributs fonctionnels et structurels de la biodiversiteacute sont largement neacutegligeacutes La PDF quantifie le potentiel de disparition drsquoespegraveces plutocirct que le nombre exact drsquoespegraveces disparues

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans la meacute-thode ReCiPe et donc reprises dans lrsquooutil BFFI sont des donneacutees de modeacutelisation de type laquo dose-reacuteponse raquo Ces donneacutees permettent drsquoobtenir une information sur les facteurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute dans diffeacute-rents secteurs et autorisent ainsi une analyse qualita-tive guidant lrsquointerpreacutetation et lrsquoutilisation du reacutesultat fournit par lrsquooutil

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts elle relegraveve surtout de la meacutethode ReCiPe qui simplifie la relation entre pressions et im-pacts en utilisant des donneacutees moyennes entraicircnant ainsi des incertitudes Les eacutevaluateurs signalent que la marge drsquoincertitude est aussi deacutependante des don-neacutees scientifiques disponibles pour alimenter la meacute-thode Les concepteurs de lrsquooutil BFFI recommandent drsquoailleurs de compleacuteter lrsquoanalyse quantitative par une

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

analyse qualitative notamment pour eacuteviter certains investissements dont les impacts sont sous-estimeacutes par lrsquoeacutevaluation

Concernant la sensibiliteacute les eacutevaluateurs sou-lignent que la meacutethode ReCiPe a eacuteteacute fortement rema-nieacutee entre sa version ReCiPe2008 et ReCiPe2016 Un cas drsquoeacutetude montre qursquoil en reacutesulte un changement important dans lrsquoimpact calculeacute pour un portefeuille financier Cette diffeacuterence est lieacutee agrave lrsquointeacutegration des derniegraveres informations scientifiques mais elle montre aussi la sensibiliteacute de lrsquooutil Toutefois lrsquooutil ne per-met pas de deacutetecter des changements preacutecoces de bio-diversiteacute par le niveau drsquoagreacutegation des donneacutees De la mecircme faccedilon parce que la meacutethode est baseacutee sur des relations lineacuteaires lrsquooutil BFFI ne permet pas de deacute-tecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion lors de changements non lineacuteaires

Enfin la fiabiliteacute repose sur la qualiteacute des sources de donneacutees pour lesquelles des mises agrave jour freacute-quentes sont neacutecessaires afin drsquointeacutegrer les derniegraveres connaissances

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil srsquointeacuteresse agrave lrsquoeacutechelle tem-porelle annuelle La meacutetrique des impacts (PDF) peut aussi ecirctre convertie en une uniteacute indeacutependante du temps

Au niveau spatial lrsquooutil nrsquoa pas de peacuterimegravetre speacute-cifique puisqursquoil srsquoagit drsquoeacutevaluer lrsquoimpact drsquoinvestisse-ments Lrsquointeacuterecirct est drsquoavoir construit un outil unique quel que soit la localisation de lrsquoimpact ndash mais il ne permet pas de tenir compte des speacutecificiteacutes et des par-ticulariteacutes de chaque pays ni locales

En termes de niveaux drsquoorganisation et de dimen-sions de la biodiversiteacute lrsquooutil BFFI se focalise sur la composition en espegraveces Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil BFFI agregravege les espegraveces et ne tient pas compte de la speacutecificiteacute de certaines espegraveces ayant un rocircle fonctionnel particuliegraverement important ou encore une valeur patrimoniale Si lrsquointeacuterecirct de la composition en espegravece reacuteside dans des donneacutees plus facilement dispo-nibles il nrsquoen reste pas moins que les attributs fonc-tionnels et structurels de la biodiversiteacute sont largement neacutegligeacutes De plus la synthegravese des impacts en une uniteacute unique (PDF) peut entraicircner plusieurs risques ceux lieacutes agrave la localisation des impacts en consideacuterant que tous les eacutecosystegravemes sont eacutequivalents sans prendre en compte le rocircle fonctionnel des eacutecosystegravemes et ceux lieacutes agrave la standardisation des eacutecosystegravemes en consideacuterant que perdre 100 drsquoespegraveces sur un hectare de forecirct primaire eacutequivaut agrave perdre 100 drsquoespegraveces dans un deacutesert

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte De plus les eacuteva-luateurs rappellent qursquoil nrsquointegravegre pas les impacts lieacutes agrave la surexploitation aux espegraveces envahissantes et au deacuterangement (pollution lumineuse bruit)

Les eacutevaluateurs notent que la meacutethodologie de lrsquooutil BFFI est inteacuteressante pour eacutevaluer des impacts des investissements sur la biodiversiteacute question diffi-cile et sujette agrave lrsquoincertitude mais que de nombreuses limites existent du fait de lrsquoutilisation de deux meacute-thodes (Exiobase ReCiPe) qui ont leurs limites respec-tives notamment le fait drsquoutiliser une relation lineacuteaire entre quantiteacute de pressions et perte de biodiversiteacute Les eacutevaluateurs invitent ainsi agrave la prudence quant agrave lrsquousage de lrsquooutil pour le pilotage drsquoune strateacutegie drsquoin-vestissements ou pour de la communication externe Ils soulignent que lrsquooutil BFFI vise aussi agrave montrer que certains investissements peuvent avoir des effets positifs sur la biodiversiteacute Ceci peut poser deux pro-blegravemes drsquoabord le retour agrave une logique de durabi-liteacute faible (substitution de capital anthropogeacutenique au capital naturel) puisque des impacts sur la biodiversiteacute pourraient ecirctre compenseacutes par des investissements dans des infrastructures ensuite parce que les effets positifs des investissements sur la biodiversiteacute sont tregraves incertains

Lrsquooutil ayant vocation agrave aider agrave la deacutecision pour lrsquoinvestissement il nrsquoest pas forceacutement inteacuteressant de reacutepeacuteter le calcul En revanche lrsquoindicateur peut ecirctre mis agrave jour pour de nouveaux investissements et au fur et agrave mesure que les donneacutees sur la biodiversiteacute et lrsquoACV deviennent disponibles dans les bases de don-neacutees consideacutereacutees Ainsi la meacutethode associeacutee au BFFI preacuteconise un calcul annuel afin de suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoimpact du portefeuille financier (ensemble des investissements)

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Le calcul de lrsquoindicateur est clair et rigoureux mais la quantiteacute de donneacutees utiliseacutees ndash publiquement dispo-nibles agrave lrsquoexception du portefeuille drsquoinvestissements ndash rend lrsquoappropriation et la compreacutehension assez difficile

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent qursquoil existe cependant une chaicircne drsquoincerti-tudes tout au long du calcul et cela peut entraicircner une accumulation de biais dans les reacutesultats de lrsquooutil ce que lrsquoanalyse qualitative permet de discuter

Il nrsquoexiste pas de valeur cible proprement dite lrsquoideacuteal agrave atteindre serait lrsquoabsence de perte de biodiversiteacute

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil BFFI reste lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact de deacutecisions drsquoinvestisse-ments Il pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public mais agrave large eacutechelle (par exemple pour le secteur des travaux publics)

Selon les eacutevaluateurs du fait des meacutethodes utili-seacutees et des incertitudes associeacutees lrsquooutil ne semble pas approprieacute pour inteacutegrer le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en tenant compte de la diversiteacute fonction-nelle via les traits drsquoespegraveces Ce peut ecirctre en com-paraison agrave la richesse speacutecifique une meacutetrique plus approprieacutee pour calculer les facteurs de caracteacuterisa-tion qui permettent drsquoestimer la perte de biodiversiteacute lieacutee au changement drsquousages des terres Cependant les indicateurs fonctionnels neacutecessitent geacuteneacuteralement une tregraves grande quantiteacute de donneacutees et il nrsquoest pas certain qursquoil soit possible de construire les facteurs de caracteacuterisation neacutecessaire vu le grand nombre de drivers dans Exiobase pour lier activiteacutes pressions et impacts fonctionnels

Par ailleurs la conversion des pressions en impacts sur la biodiversiteacute pourrait ecirctre compleacuteteacutee par drsquoautres indicateurs tel que lrsquoindicateur de dommage eacutecolo-gique potentiel (Ecological Damage Potential indica-tor EDP) Celui-ci est baseacute sur une logique drsquooccupa-tion du sol pour un type drsquousage on eacutevalue lrsquoimpact sur la biodiversiteacute alors que la logique du BFFI est plutocirct de partir de lrsquoensemble des consommations et des eacutemissions drsquoun secteur donneacute et drsquoen deacuteduire un impact sur la biodiversiteacute

En termes meacutethodologiques il serait souhaitable drsquointeacutegrer la prise en compte de plus de pressions Il serait eacutegalement utile de deacutevelopper une mesure de lrsquoerreur dans lrsquoeacutevaluation des impacts sur la bio-diversiteacute pour avoir une ideacutee du domaine de validiteacute des reacutesultats Agrave ce titre il pourrait ecirctre inteacuteressant de renforcer le reacuteseau drsquoexperts qui permettent drsquoameacutelio-rer les donneacutees drsquoExiobase notamment dans des do-maines ou des secteurs speacutecifiques et les facteurs de conversion de ReCiPe Par ailleurs des eacutetudes de cas ougrave les impacts sur la biodiversiteacute sont mesureacutes apregraves les investissements et une comparaison avec lrsquoeacutevalua-tion ex-ante pourraient ecirctre envisageacutees

Enfin il serait inteacuteressant de formaliser et de geacuteneacute-raliser un guide drsquoaide agrave la deacutecision pour accompagner lrsquoutilisation de lrsquooutil de le compleacuteter par des analyses qualitatives et une politique drsquoinvestissements qui vise agrave limiter les manques de lrsquoindicateur

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Koellner Thomas amp Scholz Roland (2008) Assess-ment of land use impacts on the natural environment Part 2 Generic characterization factors for local species diversity in Central Europe The International Journal of Life Cycle Assessment 13(1) 32-48 httpsdoiorg101065lca2006122922bull Souza Danielle Maia de Flynn Dan Declerck Fabrice Rosenbaum Ralph Lisboa Henrique Koellner Thomas (2013) Land use impacts on biodiversity in LCA Pro-posal of characterization factors based on functional diversity The International Journal of Life Cycle As-sessment 18(6) 1231-1242 httpsdoiorg101007s11367-013-0578-0

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

233 Global Biodiversity Score TM (GBS)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Global Biodiversity Score (GBS) eacutetait au stade de deacuteveloppement et de mise en application au sein de pilotes en collaboration avec des entreprises Il est deacuteveloppeacute pour srsquoappliquer agrave un grand nombre de secteurs drsquoactiviteacutes utilisant des matiegraveres premiegraveres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle de grands projets ou drsquouniteacutes drsquoaffaire ndash et agrave terme de portefeuilles drsquoinvestissements Au moment de lrsquoeacutevaluation il prend en compte les milieux ter-restres et la composante pour les milieux dulccedilaquicoles eacutetait en cours de deacuteveloppement Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre drsquoanalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil GBS retient huit pressions sur lrsquoensemble de celles prises en compte dans la base Exiobase (voir para-graphe suivant) ndash pour la biodiversiteacute terrestre utili-sation des terres (agriculture foresterie urbanisation) deacutepocircts azoteacutes aeacuteriens fragmentation des milieux natu-rels changement climatique empieacutetement humain pour la biodiversiteacute dulccedilaquicole utilisation des terres (conversion des zones humides artificialisation de lrsquoamont des bassins versants) perturbations hydro-logiques eutrophisation Toutefois au moment de lrsquoeacutevaluation le GBS ne considegravere pas les espegraveces enva-hissantes le deacuterangement (bruit pollution lumineuse etc) les pollutions chimiques des sols et des eaux et lrsquoexploitation directela surexploitation Les concep-teurs de lrsquooutil envisagent de lrsquoameacuteliorer sur ce plan-lagrave

Liens entre les activiteacutes et les pressions et pressions prises en compte

Lrsquooutil GBS se base sur le modegravele de lrsquoACV pour lier activiteacutes et pressions Il srsquoappuie sur la base Exiobase (version 3) Exiobase est une base de donneacutees mon-diale qui propose un tableau entreacutees-sorties (input-output MR-IOT) et un tableau ressources-emplois (supply-use MR-SUT) dans une approche globale et eacutetendue sur le plan environnemental Crsquoest cette base et le modegravele de liens entre activiteacutes et impacts qui la fonde qui est le principal modegravele sous-jacent aux liens entre activiteacutes et pressions

La meacutethodologie de lrsquooutil GBS preacutesente ici plu-sieurs avantages lieacutes agrave lrsquoemploi drsquoExiobase le lien entre activiteacutes et pressions est eacutetabli de faccedilons diffeacute-rentes selon les pressions prises en compte lrsquointeacute-gration de lrsquoeffet cumulatif des diffeacuterents types de pressions est explicite il y a une valeur quantitative agreacutegeacutee compreacutehensible et informative des impacts des activiteacutes eacuteconomiques ndash agrave condition que lrsquoinven-taire (quantification des flux entrants et sortants) de lrsquoACV soit correctement mis en œuvre

Elle preacutesente toutefois des limites la principale eacutetant de nrsquointeacutegrer au moment de lrsquoeacutevaluation que les opeacuterations laquo amont raquo (approvisionnement produc-tion) et de ne pas prendre en compte les opeacuterations laquo aval raquo (utilisation recyclage etc)

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil BFFI (numeacutero 32) pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation drsquoExiobase

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le mo-degravele drsquoACV et reprises dans lrsquooutil GBS pour le calcul de lrsquoindicateur sont soit celles drsquoExiobase3 soit les donneacutees directes sur les pressions lorsqursquoelles sont disponibles

Concernant la preacutecision de la relation entre acti-viteacutes et pressions lrsquoapproche geacuteneacuterale est preacutecise et pertinente en srsquoappuyant sur lrsquoACV Toutefois il est neacutecessaire de disposer drsquoune meacutethodologique claire sur la maniegravere de mener lrsquoACV

La sensibiliteacute et la fiabiliteacute de lrsquooutil nrsquoont pas pu ecirctre eacutevalueacutees par les experts

Liens entre les pressions et les impacts

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil GBS se base sur le modegravele de lrsquoACV Lrsquoapproche mobiliseacutee dans lrsquooutil GBS pour lier pressions et impacts sur la biodiversi-teacute repose particuliegraverement sur le Global Biodiversity Model (GLOBIO) version 3 GLOBIO est un cadre de modeacutelisation permettant de calculer les impacts de cinq pressions sur une biodiversiteacute terrestre laquo intacte raquo pour le passeacute le preacutesent et le futur La modeacutelisation est baseacutee sur des relations correacutelatives deacuteriveacutees de la litteacuterature donneacutees provenant principalement du mo-degravele inteacutegreacute drsquoeacutevaluation de lrsquoenvironnement mondial IMAGE liant deacuteterminants et pressions et de donneacutees ad hoc traiteacutees par certaines formes de meacuteta-analyses Pour chacun des cinq facteurs le modegravele contient une eacutequation de reacutegression reliant lrsquointensiteacute de la pres-sion agrave lrsquoimpact sur la biodiversiteacute Le modegravele GLO-BIO est rapprocheacute des meacutethodes de lrsquoACV en tant qursquoil mobilise des modegraveles et facteurs de caracteacuterisation

La meacutetrique de biodiversiteacute utiliseacutee dans le modegravele GLOBIO et reprise dans lrsquooutil GBS est lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) et son eacutequivalent en surface (par exemple kmsup2 MSA)

La meacutethodologie du GBS construite sur la base drsquoun examen approfondi des donneacutees et modegraveles existants a eacuteteacute penseacutee de faccedilon agrave rester flexible et compatible avec drsquoautres approches et meacutethodes ndash en dehors de GLOBIO ndash liant les activiteacutes et les pressions La meacutethodologie preacutesente plusieurs avantages lieacutes lors de lrsquoeacutevaluation agrave lrsquoemploi du modegravele GLOBIO

lrsquoeffet cumulatif des diffeacuterents types de pressions et lrsquoapproche spatiale sont explicites

Elle preacutesente toutefois des limites lieacutees agrave lrsquoutilisa-tion du modegravele GLOBIO Les liens entre les pressions et la biodiversiteacute sont baseacutes sur des relations deacuteter-ministes souvent lineacuteaires et correacutelatives calculeacutees agrave partir drsquoeacutevaluations ou drsquoexpeacuteriences passeacutees le mo-degravele ne documente pas lrsquoimpact reacuteel mais potentiel des pressions sur la biodiversiteacute et de plus le modegravele risque de ne pas tenir compte des changements dans les systegravemes et les modegraveles eacuteconomiques Une autre li-mite repose sur la faccedilon dont les calculs sont effectueacutes selon que les pressions ont eacuteteacute agreacutegeacutees au niveau des espegraveces puis la MSA calculeacutee ou selon que la MSA a eacuteteacute utiliseacutee pour chaque pression puis agreacutegeacutee De plus il est essentiel de tenir compte de la faccedilon dont la MSA rendra compte des impacts sur les sites riches ou pauvres en espegraveces ce dont les concepteurs sont conscients Par ailleurs il semble que la deacutependance entre les uniteacutes spatiales est neacutegligeacutee ce qui ne permet pas de rendre compte de lrsquoautocorreacutelation spatiale et de processus importants tels que la dispersion et la connectiviteacute Cela peut conduire agrave biaiser lrsquoeacutevaluation des impacts sur la biodiversiteacute

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil BIM (numeacutero 34) pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation de GLOBIO

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil GBS sont hybrides ce sont soit les reacutesultats modeacuteliseacutes de GLOBIO soit les donneacutees reacuteelles lorsqursquoelles sont dis-ponibles pour ecirctre combineacutees aux relations pression-impact fournies par GLOBIO Lors de lrsquoeacutevaluation le modegravele GLOBIO version 3 se concentrait sur la partie terrestre du globe Un module pour le milieu aquatique drsquoeau douce eacutetait en cours drsquoeacutelaboration (GLOBIO-aquatic)

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts elle relegraveve surtout du modegravele GLO-BIO sur lequel le GBS se base Outre les biais eacutevo-queacutes plus haut lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence correspondant agrave une MSA de 100 questionne eacutegalement les eacuteva-luateurs car son caractegravere statique ignore les aspects dynamiques des systegravemes eacutecologiques (par exemple modification des aires de reacutepartition des espegraveces en reacuteponse au changement climatique sans diminution de leur abondance globale ou encore perturbations intermeacutediaires) et suppose qursquoil nrsquoexiste qursquoun seul eacutetat drsquooptimum eacutecologique pour chaque eacutecosystegraveme De plus lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence peut en reacutealiteacute refleacuteter un eacutetat potentiellement deacutejagrave deacutegradeacute ou en transition Par ailleurs il est le mecircme pour toutes les uniteacutes spatiales au sein drsquoun biome donneacute sans tenir compte de lrsquohis-torique des pressions en diffeacuterents endroits Enfin la faccedilon dont les eacutetats de reacutefeacuterence sont mobiliseacutes nrsquoest pas claire (par exemple pour un champ de maiumls est-ce une forecirct ou une prairie naturelle )

Lrsquoincertitude est ainsi modeacutereacutee agrave eacuteleveacutee notam-ment parce que la meacutetrique MSA est deacuteriveacutee de re-lations correacutelatives avec les pressions relations dont les choix meacutethodologiques posent question ou pour lesquelles les meacuteta-analyses ne sont pas au moment de lrsquoeacutevaluation toutes publieacutees et parce que cela ne rend pas complegravetement compte de reacuteponses non-li-neacuteaires de la biodiversiteacute

La relation entre pressions et impacts est sensible dans le sens ougrave la meacutethodologie seacutepare explicitement les diffeacuterentes pressions et qursquoelle est plutocirct sensible agrave lrsquointeacuterieur de chaque pression ndash dans la limite des biais inheacuterents au modegravele GLOBIO Lrsquooutil GBS ne permet pas toutefois de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute Bien que lrsquoabondance de la population soit theacuteoriquement une mesure assez sen-sible du changement de la biodiversiteacute elle nrsquoest ici pas mesureacutee mais plutocirct deacuteriveacutee par correacutelation ndash ce qui nrsquoest pas lrsquoapproche la plus robuste pour des pro-jections dans le futur De la mecircme faccedilon lrsquooutil GBS ne permet pas de deacutetecter des changements inhabi-tuels lors de changements non lineacuteaires

Abondance moyenne des espegravecesMean Species Abundance (MSA)

Cette meacutetrique deacutesigne lrsquoabondance moyenne des espegraveces en prenant une situation non per-turbeacutee comme reacutefeacuterence La MSA est un indi-cateur du caractegravere naturel ou de lrsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute Elle est deacutefinie comme lrsquoabon-dance moyenne des espegraveces originelles preacute-sentes dans la situation non perturbeacutee par rapport agrave leur abondance dans les eacutecosystegravemes en situation perturbeacutee Lrsquoeacutetat de reacutefeacuterence cor-respond agrave des types drsquooccupation du sol laquo na-turels raquo non deacutedieacutes agrave aucune activiteacute humaine particuliegravere (forecircts naturelles prairies natu-relles glaciers)

Elle ne tient pas compte des augmentations possibles de lrsquoabondance par rapport agrave lrsquoeacuteco-systegraveme non perturbeacute la MSA ne peut pas ecirctre supeacuterieure agrave 100 Une zone avec une MSA de 100 signifie une biodiversiteacute similaire ou supeacuterieure agrave la situation non perturbeacutee de reacutefeacute-rence Une MSA de 0 signifie un eacutecosystegraveme sans plus aucune espegravece drsquoorigine un eacutecosys-tegraveme complegravetement deacutetruit

La MSA traduit un eacutetat possible de la biodi-versiteacute et non pas lrsquoeacutetat reacuteel

4140

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

La fiabiliteacute de lrsquooutil repose sur celle du modegravele GLOBIO ou drsquoun autre modegravele qui pourrait ecirctre mo-biliseacute par lrsquooutil Le nombre drsquoeacutetudes utiliseacutees dans GLOBIO pour calibrer les relations entre pressions et biodiversiteacute reste faible et varie fortement entre biomes et pressions La fiabiliteacute peut donc ecirctre ameacute-lioreacutee par lrsquoimpleacutementation de nouvelles donneacutees et connaissances et la meacutethodologie du GBS est conccedilue pour ecirctre mise agrave jour au fur et agrave mesure que des pro-gregraves seront reacutealiseacutes

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil srsquointeacuteresse agrave un peacuterimegravetre temporel annuel avec une hypothegravese forte lrsquoannua-lisation des diffeacuterences entre 2010 et 2050 avec lrsquohypo-thegravese drsquoune variation lineacuteaire de la biodiversiteacute sur cette peacuteriode ajusteacutee sur la base de donneacutees passeacutees reacutecentes

Au niveau spatial le peacuterimegravetre de lrsquooutil varie en fonction de son application mais au moment de lrsquoeacuteva-luation la meacutethodologie nrsquoest pas claire sur la reacutesolu-tion de lrsquooutil GBS

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil GBS est les populations drsquoespegraveces La dimension de la biodiversiteacute prise en compte dans lrsquooutil est la reacutepartition de lrsquoabondance entre les es-pegraveces Si cette dimension transcrite via la MSA est re-lativement simple agrave deacuteriver et plutocirct bien adapteacutee pour eacutetablir un lien avec les questions drsquoextinction drsquoespegraveces et drsquoeacuterosion de la biodiversiteacute elle est moins eacutevidente pour faire le lien avec des questions fonctionnelles ou eacutevolutives ainsi que lrsquointerdeacutependance des espegraveces ou encore la structure des paysages ou des eacutecosystegravemes

Au moment de lrsquoeacutevaluation pour la biodiversiteacute terrestre les mammifegraveres oiseaux amphibiens rep-tiles inverteacutebreacutes et plantes vasculaires sont pris en compte Toutes les espegraveces (communes et rares) sont prises en compte mais regroupeacutees au sein de la MSA de sorte qursquoil est impossible de savoir exactement quelles espegraveces sont consideacutereacutees

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte En effet il srsquoap-plique aux impacts potentiels plutocirct que reacuteels des activiteacutes sur la biodiversiteacute a priori et a posteriori Les eacutevaluateurs rappellent aussi que la reacutesolution est actuellement assez grossiegravere et ne permet pas de saisir les changements qui se produisent agrave petite eacutechelle

Les eacutevaluateurs soulignent que lrsquooutil GBS nrsquoest pas baseacute sur des mesures directes de lrsquoeacutetat de la biodi-versiteacute et ne peut ecirctre pas consideacutereacute comme un indi-

cateur de changement de la biodiversiteacute Lrsquooutil GBS peut cependant servir agrave comparer des investissements identifier des produits agrave haut risque dans une chaicircne drsquoapprovisionnement eacutevaluer diffeacuterentes intensiteacutes de production pour un mecircme produit ou encore compa-rer des impacts potentiels de diffeacuterentes entreprises qui srsquoapprovisionnent pour le(s) mecircme(s) produit(s)

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Sur le plan conceptuel le calcul de lrsquoindicateur semble relativement clair rigoureux et transparent bien que des preacutecisions importantes soient neacutecessaires agrave appor-ter dans la meacutethodologie (hypothegraveses articulation des calculs eacutetats de reacutefeacuterence) La meacutethodologie repose sur des outils et des ensembles de donneacutees com-plexes et speacutecifiques neacutecessitant une expertise et des connaissances solides pour permettre une eacutevaluation deacutetailleacutee Les eacutevaluateurs soulignent que lrsquooutil tire parti drsquoun ensemble drsquoapproches avanceacutees provenant de diffeacuterents cadres conceptuels et domaines drsquoexper-tise (ACV PER) avec lrsquoambition de maximiser la flexi-biliteacute et lrsquointeropeacuterabiliteacute avec les autres cadres inter-nationaux (Ipbes CDB OECD UNEP etc)

En se reacutefeacuterant aux limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent que les biais et les limites lieacutees au calcul de lrsquoindicateur affectent sa robustesse et sa rigu-eur ndash ce dont les concepteurs sont conscients et pour lesquels ils proposent des ameacuteliorations

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil GBS reste lrsquoaide agrave la deacutecision et la comparaison drsquoimpacts modeacuteliseacutes attendus sur la biodiversiteacute agrave travers diffeacuterents niveaux drsquoagreacutegation (site entreprises pays etc) Lrsquooutil spa-tialement explicite permet la comparaison entre enti-teacutes agrave des zones geacuteographiques etou agrave des moments diffeacuterents Il repreacutesente une approche prometteuse pour explorer lrsquoimpact potentiel global drsquoinvestisse-ments ou de deacuteveloppements drsquoentreprises pour ra-tionaliser les activiteacutes de production et pour commu-niquer sur la biodiversiteacute avec les secteurs industriels et eacuteconomiques Il pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public agrave la fois directement en eacutevaluant les impacts et indirectement pour aider agrave la seacutelection drsquoentreprises reacutepondant aux marcheacutes

Selon les eacutevaluateurs agrave lrsquoeacutechelle internationale et au niveau eacuteleacutementaire de la meacutetrique la MSA peut ecirctre consideacutereacutee comme une approximation de lrsquoindica-teur de la CDB sur les tendances de lrsquoabondance des espegraveces Mais une eacutevaluation prudente de la MSA par rapport agrave la moyenne geacuteomeacutetrique de lrsquoabondance et de la valeur ajouteacutee de lrsquooutil GBS par rapport agrave GLOBIO via sa mise en œuvre avec des donneacutees reacuteelles doit ecirctre effectueacutee avant une inteacutegration au suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en tenant compte de la structure des pay-sages par exemple la connectiviteacute et des approches plus eacutevolutives et fonctionnelles de la biodiversiteacute par exemple en inteacutegrant la diversiteacute structurelle ou fonctionnelle des traits les espegraveces les communauteacutes ou les eacutecosystegravemes Un ou plusieurs autres outils ou indicateurs (agrave partir de modegraveles ou de donneacutees obser-veacutees) pourraient alors compleacuteter lrsquooutil GBS Il serait aussi utile drsquoexpliciter comment les changements de valeurs de MSA peuvent ecirctre utiliseacutes voire traduits en des changements de statut de conservation drsquoespegraveces ou de deacuteclin de biodiversiteacute lorsqursquoils sont compareacutes par exemple avec des aires de distribution drsquoespegraveces ou des tailles de populations A plus long terme le nombre drsquoespegraveces impacteacutees devrait aussi ecirctre incor-poreacute dans la meacutetrique finale

En termes meacutethodologiques il serait souhaitable de rendre plus explicite lrsquointeacutegration et la validation de la meacutethodologie avec des donneacutees reacuteelles Lrsquooutil gagnera agrave inteacutegrer des donneacutees reacuteelles et beacuteneacuteficiera des ameacuteliorations apporteacutees agrave GLOBIO via la prise en compte des derniegraveres donneacutees et connaissances relatives aux impacts sur la biodiversiteacute Par ailleurs lrsquooutil gagnerait agrave mieux rendre compte des pressions cumuleacutees dans le temps Enfin il serait souhaitable drsquointeacutegrer toutes les pressions dans les deacuteveloppe-ments futurs de lrsquooutil Pour finir le modegravele EcoOcean pour les eacutecosystegravemes marins pourrait aussi ecirctre consi-deacutereacute pour lrsquooutil GBS qui au moment de lrsquoeacutevaluation ne prenait en compte que les eacutecosystegravemes terrestres et envisageait les eacutecosystegravemes dulccedilaquicoles

Drsquoun point de vue pratique lrsquooutil GBS pourrait ecirctre preacutesenteacute agrave lrsquoaide drsquoun document expliquant lrsquoap-proche geacuteneacuterale et sa pertinence et un autre document

tregraves technique preacutesentant la meacutethodologie de maniegravere complegravete transparente et rigoureuse pour chaque eacutetape du calcul Malgreacute une eacutelaboration minutieuse du GBS celui-ci utilise une approche correacutelative avec de fortes limitations qui peuvent geacuteneacuterer une incer-titude substantielle dans lrsquoeacutevaluation de lrsquoimpact sur la biodiversiteacute Ces eacuteleacutements sont freacutequents lorsqursquoon travaille agrave une eacutechelle mondiale

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Connell J H 1978 Diversity in tropical rain forests and coral reefs Science 199 1302-1310bull Harfoot M B J Newbold T Tittensor D P Emmott S Hutton J Lyutsarev V hellip Purves D W (2014) Emergent Global Patterns of Ecosystem Struc-ture and Function from a Mechanistic General Ecosys-tem Model PLoS Biology 12(4) e1001841 httpsdoiorg101371journalpbio1001841bull Urban et al 2016 Improving the forecast for bio-diversity under climate change Science 353(6304) httpsdoiorg101126scienceaad8466bull Newbold T Hudson L Hill S Contu S Lysenko I et al 2015 Global effects of land use on local terres-trial biodiversity Nature 520 45-50bull Santini L Belmaker J Costello M Pereira H Rossberg A et al 2017 Assessing the suitability of di-versity metrics to detect biodiversity change Biological Conservation 213 341-350 httpsdoiorg101016jbiocon201608024bull Scholes RJ Biggs R 2005 A biodiversity in-tactness index Nature 434 45-49 httpsdoiorg 101038nature03289bull Van Strien AJ Soldaat LL Gregory RD 2012 Desirable mathematical properties of indicators for biodiversity change Ecological Indicators 14 202-208 httpsdoiorg101016jecolind201107007

4342

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

234 Biodiversity Impact Metric (BIM)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Impact Metric (BIM) eacutetait au stade de version becircta Il est deacuteve-loppeacute pour les secteurs fortement lieacutes agrave la consom-mation de matiegraveres premiegraveres ayant un impact sur lrsquoutilisation des terres (alimentation textile foreste-rie cosmeacutetique) et porte sur les milieux terrestres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des produits et services pour des eacutecoreacutegions deacutefinies drsquoun pays et agreacutegeables pour produire un score national Lrsquooutil BIM correspond agrave la composante laquo biodiversiteacute raquo drsquoun outil plus vaste visant agrave eacutevaluer la santeacute drsquoun eacutecosys-tegraveme en prenant en compte lrsquoimpact drsquoactiviteacutes sur la biodiversiteacute le sol et lrsquoeau pour une superficie donneacutee Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre drsquoanalyse du cycle de vie (ACV ou Life Cycle Assessment LCA) croiseacute avec le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions prises en compte lrsquooutil BIM retient lrsquoutilisation des terres (agriculture activi-teacutes extractives construction destruction de lrsquohabitat fragmentation de lrsquohabitat etc) en termes de type et drsquointensiteacute drsquoutilisation Il ne prend pas en compte les autres pressions anthropiques traditionnellement reconnues ndash tels que la pollution le changement cli-matique lrsquoexploitation directe des organismes les es-pegraveces exotiques envahissantes ndash qui peuvent reacutesulter de nombreuses activiteacutes drsquoapprovisionnement agrave tra-vers le monde En outre agrave lrsquointeacuterieur des impacts de lrsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute la fragmen-tation des espaces fait deacutefaut

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil BIM se base sur le modegravele ACV croiseacute avec le modegravele PER Il mobilise la formule suivante Impact sur la biodiversiteacute (HAeq) = Superficie de terres (neacutecessaire agrave lrsquoapprovisionne-ment exploitation de matiegraveres premiegraveres) times Quan-titeacute de biodiversiteacute impacteacutee times Qualiteacute ou importance de la biodiversiteacute impacteacutee

Au moment de lrsquoeacutevaluation plusieurs versions meacutethodologiques de calcul de lrsquoindicateur sont docu-menteacutees Lrsquoune repose sur lrsquoutilisation de la meacutethode de calcul de lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) ndash le lecteur pourra se rap-porter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil GBS (numeacutero 33) pour un compleacutement drsquoinformation sur cette meacutetrique ndash lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (Biodiver-sity Intactness Index BII) Un des principaux avan-tages de cet outil est que lrsquoun ou lrsquoautre de ces modegraveles est relativement simple agrave mobiliser fondeacute sur des ap-proches scientifiques ainsi que sur des ensembles de donneacutees reconnus agrave lrsquoeacutechelle mondiale

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees dans le cadre de lrsquooutil sont des donneacutees sur la localisation la su-perficie des terres le type et lrsquointensiteacute drsquoutilisation des terres (tonnes acheteacutees gestion de la production rendements locaux) ougrave lrsquoentreprise ou ses fournis-seurs produisent ou extraient une matiegravere premiegravere Si des donneacutees de localisation preacutecise de la production ne sont pas disponibles lrsquooutil BIM utilise la situation la plus pessimiste pour la biodiversiteacute dans le pays de provenance en attribuant un lieu ougrave lrsquoimpact est supposeacute ecirctre le plus eacuteleveacute

Concernant la preacutecision de la relation entre activi-teacutes et pressions lrsquooutil BIM integravegre une mesure directe et spatialement explicite de lrsquoutilisation des terres pour la production de matiegraveres premiegraveres Les erreurs ou les incertitudes sont a priori faibles dans le cas ougrave les donneacutees sont fournies par lrsquoentreprise et sont exactes Toutefois la proceacutedure drsquoassignation drsquoune surface donneacutee associeacutee agrave un type drsquoutilisation des terres et agrave un rendement donneacute nrsquoest pas totalement expliciteacutee dans les meacutethodologies disponibles lors de lrsquoeacutevalua-tion et peut geacuteneacuterer des incertitudes De plus les types drsquoutilisation des terres deacutefinis deacutependent de lrsquoapproche utiliseacutee pour lier pressions et biodiversiteacute (MSA ou BII) ndash on ignore donc au moment de lrsquoeacutevaluation si les types drsquoutilisation des terres choisis par le modegravele per-mettent drsquoestimer avec preacutecision les pressions exerceacutees par lrsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute Au cas ougrave ces donneacutees ne sont pas disponibles la meacutethode de calcul de lrsquoindicateur exige alors drsquoutiliser des donneacutees externes potentiellement moins preacutecises

La sensibiliteacute de la relation entre activiteacutes et pressions semble veacuterifieacutee car lrsquooutil BIM permet de prendre en compte diffeacuterentes intensiteacutes drsquoutilisation des terres Cela neacutecessite toutefois des donneacutees preacute-cises Au cas ougrave ces donneacutees ne sont pas disponibles le fait de supposer que lrsquoutilisation des terres est in-tense devrait limiter la sous-estimation des impacts

Quant agrave la fiabiliteacute de la relation activiteacutes-pres-sions lrsquooutil BIM incorpore une mesure spatialement explicite robuste et quantifiable du lien entre activiteacutes et pressions lieacutees agrave lrsquoutilisation des terres Toutefois elle deacutepend de la qualiteacute des donneacutees fournies et de lrsquoapproche utiliseacutee (MSA ou BII)

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil BIM pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre ACV croiseacute avec le cadre PER Il utilise la mecircme formule que pour lier activiteacutes et pressions Impact sur la bio-diversiteacute (HAeq) = Superficie de terres times Quantiteacute de biodiversiteacute impacteacutee times Qualiteacute ou importance de la biodiversiteacute impacteacutee Lrsquoimpact des activiteacutes sur la bio-diversiteacute est donc caracteacuteriseacute par la pondeacuteration des

surfaces de terres neacutecessaires pour fournir les matiegraveres de base drsquoun produit ou drsquoun service en fonction de leurs effets sur la quantiteacute de perte de biodiversiteacute et la qualiteacute ou lrsquoimportance de la biodiversiteacute

Deux meacutetriques sont utiliseacutees dans lrsquooutil BIM la quantiteacute de biodiversiteacute impacteacutee et la qualiteacute de bio-diversiteacute impacteacutee La quantiteacute de biodiversiteacute impac-teacutee est caracteacuteriseacutee par la proportion de la biodiversiteacute perdue pour ce type drsquoutilisation des terres par rapport agrave un type drsquoeacutecosystegraveme originel ou naturel (eacutetat de reacutefeacuterence) Sa meacutethode de calcul nrsquoest pas claire au moment de lrsquoeacutevaluation car deux versions meacutethodolo-giques sont disponibles Lrsquoune repose sur lrsquoabondance moyenne des espegraveces (Mean Species Abundance MSA) lrsquoautre sur lrsquoindex drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacute (Biodiversity Intactness Index BII) Ces meacutetriques utiliseacutees sont indicatrices du caractegravere naturel drsquoun espace en reacutefeacuterence agrave lrsquointeacutegriteacute de lrsquoeacutecosystegraveme ou de lrsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute

La qualiteacute ou lrsquoimportance de la biodiversiteacute im-pacteacutee correspond agrave lrsquoimportance mondiale relative du niveau de biodiversiteacute impacteacutee Elle repose sur la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition drsquoespegraveces (Range Rarity) rareteacute deacutetermineacutee sur des mailles drsquoenviron 1 km2 et scoreacutee pour quatre groupes taxonomiques eacutevalueacutes sur la Liste rouge de lrsquoUICN les amphibiens les mam-mifegraveres les oiseaux et les conifegraveres Les zones qui abritent un grand nombre drsquoespegraveces etou des espegraveces agrave faible aire de reacutepartition obtiennent un score plus eacuteleveacute Cette meacutetrique est une mesure de richesse cor-rigeacutee en fonction du poids des espegraveces individuelles et de la taille globale de lrsquoaire de reacutepartition

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIM est qursquoil fournit une mesure quantifiable de lrsquoimpact des activiteacutes drsquoutilisation des terres sur la biodiversiteacute dans une zone donneacutee avec des pondeacuterations pour la quantiteacute de biodiversiteacute et lrsquoimportance de la biodiver-siteacute impacteacutee tout en utilisant des meacutetriques reconnues (MSA ou BII et Range Rarity) Les meacutetriques utiliseacutees permettent aussi de mesurer lrsquoefficaciteacute potentielle des solutions et donc drsquoaider les acteurs agrave orienter les actions des contributions positives agrave la biodiversiteacute

La meacutethodologie de lrsquooutil BIM preacutesente toutefois des limites Les impacts sont mesureacutes aux niveaux eacutecoreacutegional ou national et ne permettent pas de quan-tifier les impacts agrave une eacutechelle spatiale plus fine Cela peut limiter lrsquoidentification de changements appro-prieacutes (reacuteorientation des processus de production ou mesures in situ de gestion et de conservation) Concer-nant drsquoautres limites de lrsquooutil elles sont surtout in-heacuterentes aux meacutethodes utiliseacutees ndash notamment sur la faccedilon dont les donneacutees sur la biodiversiteacute sont traiteacutees pour eacutetablir dans le cadre de GLOBIO un lien entre les pressions individuelles et la MSA (et probablement

aussi le BII) Parmi les eacutetapes pouvant conduire agrave des biais citons choix et prise en compte drsquoeacutecosystegravemes de reacutefeacuterence dans un contexte non-stationnaire prise en compte de lrsquoincertitude sur les abondances indivi-duelles relations pressions ndash impacts de nature cor-reacutelationnelle plus que veacuteritablement causale meacuteta-analyses donneacutees deacuteseacutequilibreacutees entre pressions et groupes taxonomiques reacuteponses ou sensibiliteacutes va-riables selon les groupes taxonomiques relations glo-bales moyennes geacuteneacuteralement ajusteacutees ne permettant pas de prendre en compte les variations des relations pressions ndash impacts dans lrsquoespace ou dans le temps De plus toutes les meacuteta-analyses ne sont pas publieacutees

Enfin lors de lrsquoeacutevaluation la mesure de la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition nrsquoest disponible que pour quatre groupes taxonomiques et parmi les taxons veacutegeacutetaux uniquement pour les conifegraveres Cela peut ecirctre une forte limitation agrave lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes lieacutees agrave la production de marchandises dans les zones forestiegraveres

Le lecteur pourra se rapporter agrave lrsquoeacutevaluation de lrsquooutil GBS pour un compleacutement sur les avantages et les limites lieacutes agrave lrsquoutilisation de GLOBIO

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees dans les meacute-thodes pour calculer la MSA ou le BII et reprises dans lrsquooutil BIM proviennent de GLOBIO3 pour le calcul

Abondance moyenne des espegravecesMean Species Abundance (MSA) et Index drsquointeacutegriteacute de biodiversiteacuteBiodiversity Intactness Index (BII)

La MSA peut ecirctre compareacutee au BII indicateur de lrsquoabondance moyenne drsquoun ensemble impor-tant et diversifieacute drsquoorganismes dans une zone geacuteographique donneacutee par rapport agrave leurs popu-lations de reacutefeacuterence

Les principales diffeacuterences entre le MSA et le BII sont les suivantes 1 chaque hectare a le mecircme poids dans la MSA alors que le BII donne plus de poids aux zones riches en espegraveces 2 la MSA normalise lrsquoabondance par rapport agrave la si-tuation non perturbeacutee pour chaque espegravece alors que le BII le fait au niveau du groupe drsquoespegraveces 3 les abondances normaliseacutees contribuant agrave la MSA ne peuvent deacutepasser 1 ndash crsquoest-agrave-dire lrsquoeacuteco-systegraveme non perturbeacute est par construction ce-lui avec plus de biodiversiteacute ndash alors qursquoelles le peuvent dans le cas du BII 4 les types drsquoutili-sation des terres distingueacutes avec le BII dans ses derniers deacuteveloppements sont plus nombreux et semblent plus preacutecis que ceux de la MSA

4544

Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

de la MSA et semblent provenir des reacutesultats publieacutes dans Newbold et al 2015 ou pourraient provenir de la base de donneacutees PREDICTS pour le calcul du BII ndash mais ceci reste agrave confirmer Les donneacutees utiliseacutees pour eacutetablir la rareteacute de lrsquoaire de reacutepartition drsquoespegraveces reposent sur les donneacutees de lrsquoUICN

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci semble significative mais avec des intervalles de confiance assez larges

Pour la sensibiliteacute de la relation entre pressions et impacts la meacutethodologie de lrsquooutil est baseacutee sur un seul type de pression (utilisation des terres) mais plutocirct bien ventileacute De ce fait lrsquooutil BIM semble ecirctre plutocirct sensible si le lien initial entre activiteacutes et type drsquoutilisation des terres est clair

Lrsquooutil BIM dont la meacutethodologie repose sur des modegraveles statistiques et des relations moyennes (dans le cas de lrsquoutilisation de GLOBIO) pour lier pressions et impacts ne permet pas a priori de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion

La fiabiliteacute et le niveau de reproductibiliteacute de la meacutethode deacutependent de la meacutetrique choisie la MSA ou le BII

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Le peacuterimegravetre temporel peut varier en fonction de lrsquoap-plication de la meacutethode Les eacutevaluateurs soulignent toutefois que les modegraveles pressions ndash impacts sont essentiellement stationnaires mais que les relations entre pressions et impacts ont eacuteteacute ajusteacutees sur la base de donneacutees passeacutees reacutecentes

Au niveau spatial lrsquoeacutechelle de lrsquooutil BIM est dans les documents consulteacutes pour lrsquoeacutevaluation lrsquoeacutecoreacutegion Les reacutesultats sont ensuite agreacutegeacutes pour produire un score national pour diffeacuterents produits Les eacutecoreacutegions sont de taille approprieacutee suffisamment petites pour que le type drsquoeacutecosystegraveme et la laquo qualiteacute raquo de la biodiver-siteacute y soient coheacuterents et suffisamment grandes pour qursquoil ne soit pas neacutecessaire de disposer drsquoinformations preacutecises sur la source des produits Cependant une telle eacutechelle ne permet pas de quantifier les impacts provenant de sites drsquoapprovisionnement speacutecifiques agrave une eacutechelle spatiale plus fine Cependant la meacutetrique MSA peut en principe fonctionner agrave nrsquoimporte quelle eacutechelle spatiale Cela rend lrsquooutil flexible

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil BIM sont les populations drsquoespegraveces au niveau des communauteacutes mais sans appreacutehension claire des interactions ou des deacutependances entre es-pegraveces La dimension de la biodiversiteacute prise en compte dans lrsquooutil est la composition agrave travers lrsquoabondance

drsquoespegraveces Si cette dimension est bien adapteacutee pour eacutetablir un lien avec les questions drsquoextinction drsquoes-pegraveces et drsquoeacuterosion de la biodiversiteacute elle lrsquoest moins pour eacutetablir un lien avec des questions fonctionnelles ou eacutevolutives Au moment de lrsquoeacutevaluation il nrsquoy pas drsquoespegraveces particuliegraveres prises en compte pour le calcul de lrsquoindicateur et selon la meacutetrique utiliseacutee (MSA ou BII) les groupes taxonomiques pris en compte dif-fegravere drsquoune meacutethode agrave lrsquoautre ne couvrant pas toute la biodiversiteacute De plus si lrsquooutil mobilise GLOBIO pour calculer la MSA alors il srsquoagit drsquoimpacts potentiels et non pas reacuteels Enfin les eacutevaluateurs rappellent que de nombreuses pressions lieacutees agrave la production de matiegraveres premiegraveres font deacutefaut pour le calcul de lrsquoindicateur

Ainsi lrsquoindicateur nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute qui sont occasionneacutes par les activiteacutes prises en compte

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

De maniegravere geacuteneacuterale lrsquooutil BIM preacutesente des avan-tages pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute de par sa couverture potentiellement mondiale et sa couverture de nombreux taxons Il permet la compa-raison entre les reacutegions du monde entier et potentiel-lement dans le temps Toutefois la meacutethodologie et les sources de donneacutees employeacutees dans lrsquooutil BIM manquent de clarteacute lors de lrsquoeacutevaluation plusieurs versions de la meacutethodologie circulent avec des varia-tions sur les meacutethodes et les meacutetriques utiliseacutees (MSA ou BII) et peu de deacutetails sont fournis Selon la meacutethode employeacutee il y a diffeacuterents biais potentiels et lrsquooutil ne reflegravete pas la dynamique temporelle de la biodiversiteacute Une autre limite meacutethodologique concerne la couver-ture en taxons srsquoils sont nombreux ils sont toutefois diffeacuterents entre la composante laquo quantiteacute de biodiver-siteacute raquo et la composante laquo qualiteacute de la biodiversiteacute raquo de sorte que le reacutesultat de la combinaison des deux nrsquoest pas tregraves clair Il existe donc une incertitude sur la par-tie de la biodiversiteacute bien repreacutesenteacutee par lrsquoindicateur

Il nrsquoy a pas de valeur cible agrave proprement parler Lrsquoobjectif eacutetant drsquoameacuteliorer les pratiques et reacuteduire les impacts en diminuant les pressions (reacuteduction de la superficie des terres diminution de lrsquointensiteacute de ges-tion changement de lieux drsquoapprovisionnement)

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil BIM reste lrsquoeacuteva-luation des impacts potentiels de la production de ma-tiegraveres premiegraveres et lrsquoidentification de points critiques ougrave intervenir pour les reacuteduire Il peut srsquoappliquer agrave la notation a posteriori ou encore servir agrave comparer les investissements Toutefois la meacutethodologie de lrsquooutil BIM nrsquoest pas baseacute sur des donneacutees de biodiversiteacute reacuteelles mais sur des donneacutees modeacuteliseacutees agrave des degreacutes divers selon que la meacutethode mobilise la meacutethode GLO-

BIO pour le calcul de la MSA ou la meacutethode de calcul du BII Cela permet uniquement de comparer les im-pacts modeacuteliseacutes (potentiels attendus) sur la biodiver-siteacute pour diffeacuterentes entreprises qui srsquoapprovisionnent pour un(des) mecircme(s) produit(s) ou encore de com-parer entre diffeacuterents endroits drsquoapprovisionnement pour une ou plusieurs entreprises

Selon les eacutevaluateurs le secteur public dans son ensemble nrsquoest peut-ecirctre pas le plus approprieacute pour appliquer cet outil Par ailleurs selon les eacutevaluateurs lrsquooutil BIM pourrait ecirctre approprieacute pour suivre par-tiellement les objectifs qui visent agrave laquo reacuteduire les pres-sions directes sur la biodiversiteacute et agrave promouvoir lrsquouti-lisation durable raquo Toutefois une eacutevaluation prudente de la MSA par rapport agrave la moyenne geacuteomeacutetrique de lrsquoabondance doit ecirctre effectueacutee avant une inteacutegration au suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en compleacutetant cette approche par des ap-proches plus fonctionnelles et eacutevolutives

En termes meacutethodologiques les concepteurs doivent indiquer clairement quelle meacutetrique est utili-

seacutee au niveau eacuteleacutementaire (MSA ou BII) et travailler agrave lrsquoameacutelioration des biais inheacuterents

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Alkemade R Van Oorschot M Miles L Nelle-mann C Bakkenes M et al 2009 GLOBIO3 A frame-work to investigate options for reducing global terres-trial biodiversity loss Ecosystems 12 374-390 httpsdoiorg101007s10021-009-9229-5 bull Newbold T Hudson L Hill S Contu S Lysenko I et al 2015 Global effects of land use on local ter-restrial biodiversity Nature 520 45-50 httpsdoiorg101038nature14324bull Santini L Belmaker J Costello M Pereira H Rossberg A et al 2017 Assessing the suitability of di-versity metrics to detect biodiversity change Biological Conservation 213 341-350 httpsdoiorg101016jbiocon201608024bull Scholes RJ Biggs R 2005 A biodiversity intactness index Nature 434 45-49 httpsdoiorg101038nature03289bull Van Strien AJ Soldaat LL Gregory RD 2012 Desirable mathematical properties of indicators for biodiversity change Ecological Indicators 14 202-208 httpsdoiorg101016jecolind201107007

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

235 Species Threat Abatement and Recovery (STAR) Metric

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Species Threat Abatement Recovery (STAR) eacutetait en cours de deacuteve-loppement Lrsquooutil drsquoabord agrave destination du secteur financier vise agrave eacutevaluer les impacts ex-ante (risques) ou ex-post (beacuteneacutefices) drsquoinvestissements agrave diffeacuterentes eacutechelles et sur diffeacuterentes peacuteriodes (futurs projets ou opeacuterations sur site ou encore investissements pour reacuteduire des pressions) Lors de lrsquoeacutevaluation le module drsquoestimation ex-post eacutetait en deacuteveloppement Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil relegraveve plutocirct des projets entre-prises et eacutetats Dans la version eacutevalueacutee les milieux pris en compte sont les milieux terrestres Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions directes prises en compte lrsquooutil STAR retient celles de la Classification unifieacutee des menaces directes eacutetablie par lrsquoUICN en partena-riat avec le Conservation Measures Partnership (CMP) (voir paragraphe suivant) deacuteveloppement reacutesidentiel et commercial agriculture et aquaculture produc-tion drsquoeacutenergie et exploitation miniegravere utilisation des ressources biologiques intrusion et perturbations hu-maines modifications du systegraveme naturel espegraveces envahissantes et autres espegraveces gegravenes et maladies po-sant problegraveme pollution eacuteveacutenements geacuteologiques changement climatique et eacuteveacutenements extrecircmes Une deacuteclinaison reacutegionale des pressions et de leurs interac-tions (effets synergiques ou contradictoires) est identi-fieacutee comme une piste majeure drsquoameacutelioration de lrsquooutil

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Pour lier activiteacutes et pressions lrsquooutil STAR se base sur le modegravele PER Il mobilise la formule suivante Pour-centage de la population totale drsquoune espegravece sur le site drsquointeacuterecirct (P) times Pondeacuteration de la cateacutegorie de la Liste rouge UICN des espegraveces (W) times Contribution relative de chaque pression (R) Le lien entre activiteacutes et pres-sions est lieacute agrave la cateacutegorie agrave laquelle appartient une ac-tiviteacute en suivant la Classification unifieacutee des menaces directes eacutetablie par lrsquoUICN en partenariat avec le CMP (Threats classification scheme v32 et Standard lexicon associeacute) (Salafsky et al 2008)

Un des principaux avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil STAR est qursquoelle fournit un score unique quantitatif tenant compte drsquoenjeux globaux et locaux De plus le calcul permet de prendre en compte les dispariteacutes de reacuteponses aux pressions entre espegraveces

Elle preacutesente toutefois des limites car lrsquooutil est centreacute sur les espegraveces classeacutees sur la Liste rouge de

lrsquoUICN donc limiteacute agrave un nombre relativement restreint de taxons et preacutesente une forte sensibiliteacute agrave la qua-liteacute des donneacutees disponibles De plus la formule ne prend pas en compte les interactions possibles entre pressions

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees dans lrsquoou-til STAR sont des donneacutees drsquoentreprises sur les sites drsquointeacuterecirct les donneacutees de la Liste rouge des espegraveces menaceacutees de lrsquoUICN les donneacutees de classification des menaces des donneacutees de modeacutelisation de distribu-tion drsquoespegraveces lorsqursquoelles sont disponibles (approche Extent of Suitable Habitat) et les donneacutees de distribu-tion drsquoespegraveces de lrsquoUICN Cependant si des donneacutees de distribution plus preacutecises sont disponibles celles-ci sont privileacutegieacutees pour le calcul de lrsquoindicateur

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions est assez difficile agrave eacutetablir et agrave eacutevaluer le lien est lieacute agrave une cateacutegorisation des pressions et lrsquooutil ne comporte pas de calcul de marge drsquoerreur Il nrsquoy a pas de relation entre lrsquointensiteacute drsquoune activiteacute et le niveau de pression (mais de toutes les activiteacutes qui sont agrave lrsquoorigine de cette pression)

La sensibiliteacute de la relation activiteacutes-pressions ne peut ecirctre eacutetablie que dans le cadre drsquoune analyse ex-post ougrave on observe lrsquoeacutevolution des pressions agrave partir de lrsquoapplication de mesures de reacuteduction Les diffeacute-rences de situations sont implicitement prises en compte dans lrsquooutil agrave travers la liste des espegraveces et des pressions mais lrsquoindicateur reacutesultant est un score agreacutegeacute qui ne reflegravete pas ces dispariteacutes

Le calcul est reproductible en suivant la meacutethodo-logie mais la fiabiliteacute de la relation entre les activiteacutes et les pressions pose question En effet elle repose sur les donneacutees (qualiteacute couverture) et la pertinence locale de pressions identifieacutees agrave une eacutechelle globale Une deacuteclinaison des pressions agrave eacutechelle reacutegionale et un effort de collecte de donneacutees sur les espegraveces sous-eacutechantillonneacutees seraient neacutecessaires

Liens entre les pressions et les impacts

Le modegravele mobiliseacute dans lrsquooutil STAR pour lier pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute reste le cadre PER Il utilise la mecircme formule que pour lier activiteacutes et pressions Pourcentage de la population totale drsquoune espegravece sur le site drsquointeacuterecirct (P) times Pondeacuteration de la cateacutegorie de la Liste rouge UICN des espegraveces (W) times Contribution relative de chaque pression (R)

Les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil STAR sont la preacutesence drsquoespegraveces menaceacutees le pour-centage de la population totale de chaque espegravece sur le site drsquointeacuterecirct et le risque drsquoextinction Le pourcentage de la population totale de chaque espegravece sur le site

drsquointeacuterecirct est calculeacute pour les groupes taxonomiques pleinement eacutevalueacutes et comprend des espegraveces laquo quasi menaceacutees raquo Le risque drsquoextinction est calculeacute agrave lrsquoaide de la notation de la Liste rouge de lrsquoUICN sur la porteacutee et la seacuteveacuteriteacute des pressions pour les menaces actuelles ou agrave venir en excluant les espegraveces menaceacutees unique-ment en raison de leur petite taille de population Lors de lrsquoeacutevaluation lrsquoeacutevaluation complegravete des pressions nrsquoeacutetait disponible que pour les oiseaux mais eacutetait en deacuteveloppement pour drsquoautres taxons

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil STAR est de reposer sur des outils connus de caracteacute-risation et quantification de la biodiversiteacute agrave lrsquoeacutechelle globale et sur de nombreux protocoles existants per-mettant une eacutevaluation locale compleacutementaire

Elle preacutesente toutefois des limites notamment au moment de lrsquoeacutevaluation celle de ne bien prendre en compte les menaces et pressions que pour les oiseaux et lrsquoagreacutegation de plusieurs sources de donneacutees fait eacutemerger des incertitudes De plus il nrsquoy a pas de prise en compte explicite des fonctions et des interactions entre compartiments de biodiversiteacute

Agrave cette eacutetape les donneacutees mobiliseacutees par lrsquooutil STAR sont les donneacutees de la Liste rouge des espegraveces menaceacutees de lrsquoUICN et des donneacutees deacuteriveacutees cartes drsquoaires de reacutepartition des espegraveces ou drsquoeacutetendue drsquoha-bitat approprieacute menaces et leur statut indications sur le lieu des investissements agrave eacutevaluer Des donneacutees compleacutementaires (menaces utilisation des terres) peuvent ecirctre neacutecessaires selon lrsquoeacutechelle drsquoeacutevaluation Les eacutevaluateurs notent que la connaissance des distri-butions geacuteographiques des populations globales des espegraveces nrsquoest pas homogegravene et que la connaissance des pressions diffegravere entre espegraveces

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts sur la biodiversiteacute celle-ci est eacutevalueacutee en fonction de deux critegraveres mais sans mesure drsquoin-certitude la porteacutee de la pression (proportion drsquoes-pegraveces impacteacutees) et la seacuteveacuteriteacute de la pression (degreacute de diminution de la population concerneacutee) Le lien entre pressions et impacts est fait suivant une nomenclature globale mais certaines pressions peuvent ne pas ecirctre pertinentes agrave lrsquoeacutechelle locale

La relation entre pressions et impacts nrsquoest pas reacuteel-lement sensible Si lrsquooutil permet structurellement de diffeacuterencier des situations diffeacuterentes (ensemble des pressions sur un site et facteur de pondeacuteration) le calcul de lrsquoindicateur final reste trop inteacutegratif pour rendre compte des dispariteacutes Le niveau de pression est un score mais il nrsquoy a pas de fonction qui permette de traduire une augmentation drsquoune uniteacute de pression en une eacutevolution directe du niveau de menace pour une espegravece

Lrsquooutil STAR est peu susceptible de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute ou de deacutetecter des changements inhabituels du fait de sa reacutesolution (agreacutegation des donneacutees agrave lrsquoeacutechelle globale)

En termes de reproductibiliteacute et de fiabiliteacute on retrouve la mecircme appreacuteciation que pour la relation activiteacutes-pressions

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

La reacutesolution temporelle de lrsquoindicateur est dicteacutee en grande partie par la reacutesolution temporelle des donneacutees UICN Notons que lrsquoeacutevaluation des pressions et des impacts se fait gracircce agrave un score construit sur la seacuteveacute-riteacute et la porteacutee de la pression qui sont eacutevalueacutees sur des peacuteriodes de 10 ans ou de 3 geacuteneacuterations

Au niveau spatial lrsquooutil est flexible et peut srsquoap-pliquer aux eacutechelles site reacutegion pays les limites eacutetant lieacutees agrave la disponibiliteacute des donneacutees globales ou locales

En termes de niveau drsquoorganisation et de dimen-sion de la biodiversiteacute lrsquooutil STAR prend en compte la composition en espegravece Lrsquooutil STAR nrsquointegravegre pas de dimensions fonctionnelle eacutevolutive ou encore deacutemo-graphique Au moment de lrsquoeacutevaluation toute espegravece drsquooiseaux faisant lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation dans la Liste rouge UICN avec des donneacutees de distribution fiables et agrave jour est consideacutereacutee ndash mais lrsquointeacutegration drsquoautres taxa (notamment mammifegraveres et amphibiens) eacutetait encore en deacuteveloppement

Ainsi en se focalisant sur les espegraveces menaceacutees eacutevalueacutees et sur un impact sur la composition baseacute sur la taxonomie et les distributions spatiales lrsquooutil nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute

Lrsquoindicateur reacutesultant est quantitatif spatialement explicite et integravegre une pondeacuteration lieacutee au statut des espegraveces Sa structure additive permet une deacutecompo-sition des enjeux en termes drsquoespegraveces et de pressions et permet la comparaison entre peacuteriodes de temps et entiteacutes geacuteographiques Les eacutevaluateurs soulignent aussi que lrsquoindicateur se place dans le paradigme de la durabiliteacute forte on ne peut observer un gain de biodiversiteacute sans restaurer du capital naturel au sens large crsquoest-agrave-dire en reacuteduisant des pressions ou en res-taurant effectivement des eacutecosystegravemes

Le calcul de lrsquoindicateur preacutesente toutefois quelques limites heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute des donneacutees taxa peu repreacute-sentatifs et peu sensibles au moment de lrsquoeacutevaluation lien entre pressions (menaces) et impacts eacutetablis selon une nomenclature globale qui peut ne pas ecirctre perti-nente pour eacutevaluer les impacts locaux Les eacutevaluateurs notent que lrsquooutil est davantage focaliseacute sur les pres-sions et construit dans une optique drsquoarbitrage entre

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

plusieurs sceacutenarios drsquoinvestissements ndash mais un outil compleacutementaire focaliseacute sur les impacts drsquoactions de restauration (outil Restoration component) eacutetait en deacuteveloppement lors de lrsquoeacutevaluation Agrave ce titre ils pointent aussi le fait que la conversion drsquoimpacts sur des espegraveces diffeacuterentes ndash et a fortiori drsquoeacutecosystegravemes diffeacuterents ndash en une uniteacute unique implique le risque de voir se concentrer avec une logique coucirct-efficaciteacute les investissements dans des zones ougrave des eacutecosystegravemes moins coucircteux que drsquoautres agrave restaurer si lrsquooutil est utiliseacute pour eacutevaluer des impacts de restauration

La freacutequence pour reacutepeacuteter le calcul est agrave ajuster suivant le contexte Dans le cas drsquoun projet la meacute-thodologie preacuteconise de faire une eacutetude ex-ante pour deacuteterminer la meilleure opportuniteacute drsquoinvestissement puis de faire une eacutetude ex-post au moins 5 ans apregraves lrsquoinvestissement pour observer les beacuteneacutefices reacuteels sur la biodiversiteacute

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

Les eacutetapes du calcul et les sources de donneacutees sont clairement deacutecrites et transparentes dans la meacutetho-dologie Le calcul de lrsquoindicateur est simple et clair lrsquoutilisation de donneacutees issues de lrsquoUICN facilite aussi son appropriation les biais et sources drsquoincertitudes sont eacutevalueacutes et des solutions sont proposeacutees par les concepteurs Crsquoest eacutegalement un outil inteacutegratif dont la meacutethodologie est deacuteclinable agrave plusieurs eacutechelles dans la limite de la reacutesolution des donneacutees disponibles permet la comparaison entre types de pressions et impacts associeacutes avant et apregraves investissements des comparaisons entre des zones geacuteographiques ou des pas de temps diffeacuterents ou encore une deacutecomposition des enjeux en termes drsquoespegraveces et de pressions

Outre les limites eacutevoqueacutees ci-dessus les eacuteva-luateurs soulignent que les pressions sont prises en compte de faccedilon additive alors qursquoelles peuvent in-teragir ajoutant ainsi de lrsquoincertitude sur le reacutesultat Enfin dans le cadre drsquoune eacutevaluation comparative spatiale ou temporelle le changement de statut sur la Liste rouge des espegraveces ou des changements taxono-miques doivent ecirctre soit ignoreacutes soit conduire agrave un re-calcul systeacutematique de lrsquoindicateur De plus le fait de pondeacuterer le potentiel de conservation de chaque es-pegravece par un facteur lieacute agrave son statut de conservation nrsquoa pas drsquoeffet lineacuteaire sur lrsquoindicateur et crsquoest une source drsquoimpreacutecision suppleacutementaire

Lrsquoindicateur nrsquoest pas tenu agrave une gamme de valeurs clairement deacutefinie ce qui peut compliquer son inter-preacutetation mecircme si plus il est eacuteleveacute plus le potentiel de retour sur investissement lieacute agrave la reacuteduction ou lrsquoeacutelimination drsquoune pression est important Une stan-dardisation suppleacutementaire (par exemple via sa valeur ex-ante ou une valeur maximum) aiderait

Le domaine drsquoapplication de lrsquooutil STAR au mo-ment de lrsquoeacutevaluation reste la comparaison entre des strateacutegies drsquoinvestissement afin drsquoappuyer la deacutecision pour obtenir des reacutesultats en matiegravere de conservation de la biodiversiteacute Des deacuteveloppements sont en cours pour lrsquoeacutevaluation ex-post

La meacutethodologie de lrsquooutil STAR est flexible de sorte que lrsquooutil pourrait ecirctre utiliseacute dans un cadre public pour tout usage neacutecessitant de srsquointeacuteresser aux niveaux espegravece ou assemblage drsquoespegraveces et dans une approche de type Before After Control Impact (BACI)

Selon les eacutevaluateurs lrsquooutil pourrait srsquoinseacuterer dans le suivi drsquoobjectifs de deacuteveloppement durable (ODD) lieacutes agrave la conservation de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en le couplant lors des eacutevaluations sur sites avec drsquoautres indicateurs notamment fonctionnels

En termes meacutethodologiques les eacutevaluateurs notent que les concepteurs ont identifieacute les limites de lrsquooutil et proposent des pistes drsquoameacutelioration inteacutegration de plus de taxa deacuteveloppement drsquoune extension pour les actions de restauration incorporation des espegraveces en danger mecircme si non-soumises agrave des pressions Pour la partie laquo distributions drsquoespegraveces raquo elle pourrait pas-ser par des modegraveles de distribution et non de donneacutees brutes mais cette option ajouterait de lrsquoincertitude ndash agrave calculer pour avoir une ideacutee du domaine de validiteacute Dans tous les cas un effort particulier est neacutecessaire sur lrsquoacquisition de donneacutees afin drsquoadapter lrsquoindicateur aux contextes locaux en particulier la pertinence des pres-sions identifieacutees sur un site pour une espegravece donneacutee Par ailleurs la standardisation de lrsquoindicateur pourrait ecirctre eacutetudieacutee afin de le borner agrave une gamme de valeurs

Drsquoun point de vue pratique une proceacutedure drsquoac-compagnement des utilisateurs dans une politique drsquoinvestissement serait utile ndash par exemple en inseacuterant le STAR dans une proceacutedure drsquoanalyse coucirct-efficaci-teacute ou en reacutefleacutechissant agrave la place de lrsquooutil dans une politique de no-net-loss suivant la seacutequence Eacuteviter Reacuteduire Compenser (ERC)

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull Hayward MW Boitani L Burrows ND Funston PJ Karanth KU MacKenzie DI hellip Yarnell RW (2015) FORUM Ecologists need robust survey de-signs sampling and analytical methods Journal of Applied Ecology 52(2) 286-290 httpsdoiorg 1011111365-266412408bull Herkt K M B Skidmore A K Fahr J Macroe-cological conclusions based on IUCN expert maps A call for caution Global Ecology and Biogeography 26 930ndash941 (2017) httpsdoiorg101111geb12601

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

236 Biodiversity Indicator for Extractive Companies (BIEC)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Indi-cator for Extractive Company (BIEC) eacutetait au stade de deacuteveloppement avec des projets pilotes meneacutes en col-laboration avec des entreprises gaziegraveres et miniegraveres Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des sites ndash avec la possibiliteacute drsquoagreacuteger les eacutevaluations agrave lrsquouniteacute opeacuterationnelle et agrave lrsquoentreprise ndash pour les milieux ter-restres et marins Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobi-liseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR)

Concernant les pressions prises en compte il srsquoagit pour les pressions directes de lrsquoutilisation des terres (deacuteveloppement reacutesidentiel et commercial agri-culture) le stress hydrique les pollutions et pour les pressions indirectes au sens des activiteacutes de lrsquoen-treprise du changement climatique et des espegraveces envahissantes

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BIEC se base sur le cadre PER pour lier acti-viteacutes et pressions La meacutethodologie repose sur une succession drsquoeacutetapes analyse geacuteospatialiseacutee des sites identifieacutes comme sensibles en termes de biodiversi-teacute en identifiant les chevauchements entre des sites drsquoexploitation caracteacuteriseacutes et des zones tregraves sensibles de biodiversiteacute (preacutesence drsquoespegraveces globalement me-naceacutees drsquoaires proteacutegeacutees et drsquohabitats critiques ou remarquables) eacutevaluation de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute des pressions au niveau des sites eacutevaluation drsquoactions visant agrave anticiper ou agrave atteacutenuer la perte de biodiversiteacute sur les sites drsquoexploitation Ces eacutevaluations sont tra-duites en notations puis selon des seuils en scores

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIEC est de fournir degraves la premiegravere eacutetape une vision des sites drsquoexploitation pouvant avoir un impact sur la biodiversiteacute laquo sensible raquo Un autre avantage est lrsquoap-proche par scores qui permet une agreacutegation jusqursquoagrave lrsquoeacutechelle de lrsquoentreprise utile pour rendre compte de la performance et communiquer

Elle preacutesente toutefois des limites notamment lors de lrsquoeacutevaluation des pressions en termes de tempora-liteacute eacutetendue spatiale et seacuteveacuteriteacute car les notations sont attribueacutees agrave dire drsquoexperts De plus les pressions sont consideacutereacutees de faccedilon indeacutependante et leurs scores addi-tionneacutes ce qui meacuteconnaicirct les interactions potentielles entre pressions et ne permet pas drsquoestimer lrsquoincertitude

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont celles dis-ponibles au niveau mondial (par exemple IBAT Liste rouges des espegraveces de lrsquoUICN Key Biodiversity Areas The World Database on Protected Areas UNEP Ocean Data Viewer) et au niveau local (notamment rela-

tives aux eacutetudes drsquoimpacts et aux plans en faveur de la biodiversiteacute)

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee car cette relation nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la meacutethodologie de lrsquooutil Lrsquoeacuteva-luation geacuteospatialiseacutee des sites sensibles en termes de biodiversiteacute repose sur lrsquohypothegravese discutable pour les eacutevaluateurs que lrsquointersection spatiale entre les sites drsquoexploitation et la distribution de la biodiversiteacute (espegraveces menaceacutees habitats critiques aires proteacutegeacutees) reflegravete la sensibiliteacute de cette derniegravere aux pressions

De mecircme la sensibiliteacute de la relation entre activi-teacutes et pressions ne peut ecirctre eacutevalueacutee Toutefois des eacuteleacutements permettent drsquoindiquer qursquoelle est faible en effet si des seuils quantitatifs sont deacutefinis pour eacuteta-blir des scores aux diffeacuterentes eacutetapes drsquoeacutevaluation ils sont cateacutegoriseacutes de maniegravere grossiegravere (fort moyen faible) limitant fortement la capaciteacute de lrsquoindicateur agrave mettre en valeur des relations activiteacutes ndash pressions de faible intensiteacute

Quant agrave la fiabiliteacute elle ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Lrsquointeacutegration de dire drsquoexperts limite par ail-leurs la reproductibiliteacute

Liens entre les pressions et les impacts

Le cadre mobiliseacute dans lrsquooutil BIEC pour lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute reste celui du PER agrave tra-vers les mecircmes eacutetapes analyse des chevauchements spatiaux entre sites agrave enjeux de biodiversiteacute et sites drsquoexploitation puis eacutevaluation des pressions

Les meacutetriques de biodiversiteacute consideacutereacutees dans lrsquooutil BIEC sont lors de la premiegravere eacutetape la preacute-sence drsquoespegraveces menaceacutees au niveau mondial la preacutesence drsquohabitats critiques tels que deacutefinis par la norme de performance IFC PS6 la preacutesence drsquoaires proteacutegeacutees qursquoelles soient nationales reacutegionales ou internationales

Au cours de la deuxiegraveme eacutetape les informations les plus souvent utiliseacutees sont la taille de la population pour les espegraveces prioritaires La superficie et la qualiteacute des habitats cleacutes dont deacutependent les espegraveces peuvent aussi ecirctre utiliseacutees comme proxy

La meacutethodologie de lrsquooutil BIEC permet de lier des impacts potentiels avec des pressions sans toutefois expliciter les activiteacutes ni les impacts

A cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont toujours des donneacutees disponibles aux niveau international et local

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee en raison de lrsquoapproche qualitative Plusieurs espegraveces sont noteacutees pour lrsquoeacutetat mais le processus de calcul ne retient que les espegraveces pour lesquelles la situation est la pire De plus les scores drsquoeacutetat et de pression sont calculeacutes indeacutependamment sans liaison explicite les

biais de la relation entre les pressions et les impacts ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutes

La sensibiliteacute de la relation entre pressions et impacts ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Si les pressions et les eacutetats sont correctement noteacutes il est theacuteoriquement possible de faire la distinction entre des situations dif-feacuterentes Toutefois la cateacutegorisation des notations aux diffeacuterentes eacutetapes si elle donne une impression de standardisation agrave lrsquooutil reste grossiegravere et susceptible de cacher des reacutealiteacutes tregraves diffeacuterentes rendant la com-paraison entre situations diffeacuterentes tregraves aleacuteatoire et il est possible qursquoil faille des situations contrasteacutees pour obtenir des scores contrasteacutes Ainsi lrsquooutil ne permet pas de deacutetecter des changements preacutecoces ou graduels de biodiversiteacute sa reacutesolution eacutetant trop faible

Enfin la fiabiliteacute et la reproductibiliteacute ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutees Elles deacutependent fortement de la deacutefinition des critegraveres de biodiversiteacute agrave quantifier ndash ce qui fait lrsquoobjet drsquoune concertation avec les acteurs locaux ndash et de la faccedilon dont les experts harmonisent leurs eacutevaluations

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel la meacutethodologie permet drsquoavoir un indicateur ponctuel Les eacutevaluateurs soulignent que le cadre PER est plus destineacute agrave eacutevaluer des chan-gements drsquoeacutetat induit par une laquo reacuteponse raquo (induisant un changement de laquo pression raquo) qursquoagrave fournir un dia-gnostic Pour les eacutevaluateurs ce type drsquooutil a peu de potentiel comme signal drsquoalerte et en outre peut ne pas ecirctre pertinent en cas de changements impreacutevus (par exemple des transitions ou de nouveaux reacutegimes de fonctionnement des eacutecosystegravemes) De plus lrsquoeacutetat consideacutereacute eacutetant lrsquoeacutetat actuel lrsquoeacutevaluation nrsquoest valable que pour le court terme

Au niveau spatial la meacutethodologie de lrsquooutil BIEC permet drsquoeacutevaluer les pressions agrave deux eacutechelles mon-diale pour identifier les sites laquo sensibles raquo et locale avec des eacutevaluations speacutecifiques Il existe toutefois le risque de ne pas relever des sites implanteacutes dans des zones qui ne sont pas identifieacutees comme laquo sensibles raquo mais pourtant agrave forts enjeux de biodiversiteacute (par ex espegraveces milieux ou habitats non proteacutegeacutes et non en danger mais dont la persistance impacte lrsquoensemble des habitats ou espegraveces similaires de la reacutegion par effet de dynamique source-puits) La consultation des acteurs locaux doit limiter ce risque

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil est lrsquoespegravece Concernant les espegraveces prises en compte leur preacutesence sur la Liste rouge de lrsquoUICN est le principal critegravere mentionneacute pour le calcul du BIEC Toutefois il semble possible drsquointeacute-grer drsquoautres cateacutegorisations en fonction des enjeux

locaux mais il nrsquoy a pas drsquoindication particuliegravere (es-pegraveces bioindicatrices cleacutes de voucircte etc) Concernant les dimensions de la biodiversiteacute la distribution spa-tiale des espegraveces la taille des populations et si aucune donneacutee nrsquoest disponible la superficie et la qualiteacute des habitats sont les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte au moment de lrsquoeacutevaluation Communau-teacutes structures et fonctions des eacutecosystegravemes ne sont pas prises en compte Toutefois la meacutethodologie de lrsquooutil semble suffisamment flexible pour incorporer ces niveaux si les enjeux locaux le justifient

La meacutethodologie scalaire et deacutefinie en concertation avec les acteurs locaux permet de guider lrsquoaction au niveau des sites et de communiquer au niveau de lrsquoen-treprise Toutefois lrsquoindicateur reacutesultant nrsquoest pas suf-fisamment informatif pour les publics techniquement avertis au-delagrave de lrsquoanalyse ex-ante lrsquooutil ne rendra pas compte des dynamiques subtiles graduelles ou difficiles agrave mesurer ou seulement lorsque les experts les auront identifieacutees crsquoest-agrave-dire tardivement ndash et pour autant que des suivis soient mis en place

La repreacutesentativiteacute de lrsquoindicateur en matiegravere drsquoim-pacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute deacutepend des choix effectueacutes par les acteurs locaux pour preacuteciser lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute puis estimer les pressions Si la meacutetho-dologie de lrsquooutil BIEC opte pour une approche conser-vatrice ndash en deccedilagrave de 70 lrsquoeacutetat est consideacutereacute comme pauvre au niveau du site le score drsquoeacutetat retenu est celui de lrsquoespegravece preacutesentant le score le plus faible le score de pression est le plus eacuteleveacute ndash elle induit que les scores drsquoeacutetat et de pression ne reflegravetent au final qursquoune pression (eacutevalueacutee comme la plus forte) et une espegravece (agrave lrsquoeacutetat eacutevalueacute le plus mauvais) ce qui nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute Les eacutevaluateurs notent que cet outil peut ecirctre utile en tant que premiegravere approche rapide ou lorsque les enjeux de biodiversiteacute sont simples (peu drsquoespegraveces prioritaires) et les activiteacutes ayant des impacts potentiels bien deacutefinis

La meacutethodologie suggegravere une reacutevision quinquennale mais lrsquoindicateur peut ecirctre mis agrave jour annuellement

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

La meacutethodologie est claire transparente et rigoureuse et la structure de lrsquooutil est simple et ne neacutecessite pas de compeacutetences techniques eacutelaboreacutees pour ecirctre appreacute-hendeacutee La meacutethodologie pour deacutesigner un niveau de base de lrsquoindicateur et sa reacuteeacutevaluation est par ailleurs clairement deacutecrite Cependant le calcul de lrsquoindicateur lui-mecircme est peu preacutecis pour deux raisons il repose sur une vision discregravete des enjeux en trois cateacutegories (fort moyen faible) et non sur un indicateur quanti-

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

tatif ou pseudo-quantitatif et il est flexible afin drsquoadap-ter les indicateurs de sites (eacutetat pressions) aux enjeux locaux Lrsquoeacutetape de consultation des acteurs locaux appelle agrave la vigilance En outre lrsquooutil repose sur un certain nombre drsquohypothegraveses (additiviteacute des scores seacutelection des maxima et minima parmi de multiples caracteacuteristiques drsquoeacutetat et de pression) et de codage (valeurs seuils cateacutegories de scores)

Outre les limites eacutevoqueacutees ci-dessus les eacutevalua-teurs notent que le potentiel de reproductibiliteacute et de comparaison de lrsquoindicateur est limiteacute par son carac-tegravere qualitatif Si le fait drsquoeacutetablir des eacutevaluations drsquoeacutetat et de pression adapteacutees agrave chaque site a un sens lo-calement la cateacutegorisation rend lrsquoindicateur suscep-tible de lisser fortement des dispariteacutes entre sites et limite sa porteacutee pour rendre compte de changements de faible intensiteacute graduels ou non-lineacuteaires Ainsi selon les eacutevaluateurs lrsquooutil BIEC nrsquoest pas suffisant pour appuyer les deacutecisions de gestion dans la plupart des cas en particulier lorsque davantage de consideacute-rations au niveau des eacutecosystegravemes sont neacutecessaires etou de multiples pressions sont en jeu

Il nrsquoy a pas de valeur cible agrave proprement parler celle-ci devant ecirctre deacutefinie au cours du processus de construction de lrsquoindicateur en fonction du site et des enjeux Lrsquoindicateur nrsquoest a priori pas conccedilu pour ef-fectuer des comparaisons entre sites mais pour eacuteva-luer un site donneacute ou un groupe de sites partageant des caracteacuteristiques communes

Selon les eacutevaluateurs cet outil est applicable agrave des projets publics Des modifications visant agrave favoriser

les comparaisons inter-entiteacutes et la prise en compte de lrsquoincertitude seraient neacutecessaires pour que lrsquooutil integravegre le suivi drsquoobjectifs de cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Selon les eacutevaluateurs les ameacuteliorations agrave apporter sont essentiellement drsquoordre meacutethodologique

Ainsi au niveau des sites lrsquoapproche conservatrice conduit lrsquoindicateur agrave ne refleacuteter qursquoune pression sur une seule espegravece Pour limiter cela il faudrait notam-ment modifier le calcul des scores drsquoeacutetat et de pression afin de pouvoir prendre en compte plusieurs minima et maxima

Une meacutethode de scoring pseudo-quantitatif au lieu de la cateacutegorisation actuelle (faible moyen fort) permettrait de mieux prioriser les enjeux et de rensei-gner lrsquoindicateur de maniegravere plus preacutecise Une standar-disation plus eacuteleveacutee de lrsquoindicateur (par exemple en eacutegalisant le nombre drsquoitems pris en compte lors de la deuxiegraveme eacutetape ou en deacutefinissant une grille drsquoeacutequiva-lences) serait utile

Par ailleurs des instructions tregraves preacutecises des exemples et un processus drsquoapprentissage iteacuteratif sont neacutecessaires pour assurer la coheacuterence des scores entre les groupes drsquoexperts entre les sites et agrave diffeacuterents moments

Une typologie des pressions directement lieacutees aux activiteacutes ainsi qursquoun suivi des eacutetats et des pressions seraient eacutegalement neacutecessaires

237 Biodiversity Indicator and Reporting System (BIRS)

Au moment de lrsquoeacutevaluation lrsquooutil Biodiversity Indica-tor and Reporting System (BIRS) eacutetait utiliseacute par des entreprises du secteur de lrsquoextraction et de la construc-tion (ciment granulats) Lrsquoeacutechelle drsquoapplication de lrsquooutil est celle des sites ndash avec la possibiliteacute drsquoagreacuteger les eacutevaluations aux niveaux national et global drsquoune entreprise ndash pour les milieux terrestres les zones hu-mides et cocirctiegraveres Le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par lrsquooutil est le cadre Pression ndash Eacutetat ndash Reacuteponse (PER ou Pressure State Response PSR) Lrsquooutil BIRS repose sur une approche fondeacutee sur lrsquoanalyse des risques eacuteleacute-ment de la meacutethodologie du systegraveme de gestion inteacute-greacutee de la biodiversiteacute (Integrated Biodiversity Mana-gement System IMBS) deacuteveloppeacute par lrsquoUICN

Concernant les pressions prises en compte il srsquoagit de lrsquoeacuterosion des sols les effets neacutegatifs du pacircturage par les animaux domestiques ou sauvages les plantes exotiques envahissantes les effets neacutegatifs de lrsquoexploi-tation de carriegravere ou des activiteacutes associeacutees qui se reacute-percutent dans lrsquohabitat eacutevalueacute lrsquoutilisation incontrocirc-leacutee de ressources naturelles non extraites de carriegraveres le rejet de deacutechets solides non mineacuteraux la pollution de lrsquoeau les menaces causeacutees par des incendies non controcircleacutes Au moment de lrsquoeacutevaluation la pollution des sols ainsi que les perturbations (sonores lumi-neuses) ne sont pas prises en compte

Liens entre les activiteacutes et les pressions

Lrsquooutil BIRS se base sur le cadre PER pour lier activiteacutes et pressions Il mobilise la formule suivante Site times Surface total de chaque type drsquohabitat times Facteur de contexte par habitat times Classe de condition de chaque habitat = Indice de classement de lrsquoeacutetat de la biodi-versiteacute du site Cette formule permet de caracteacuteriser la valeur et la condition eacutecologiques des habitats drsquoun site Le lien entre les activiteacutes et les pressions est reacutea-liseacute de maniegravere implicite agrave travers lrsquoattribution drsquoun score de menace pour les habitats Ce score de menace peut ecirctre rapprocheacute des laquo pressions raquo

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquoou-til BIRS est de deacutefinir des scores agrave travers plusieurs eacutetapes reacutealisables par des non-experts et pour tous types drsquohabitats La meacutethodologie permet de combi-ner les scores Elle comprend aussi une eacutetape de nor-malisation baseacutee sur la proportion drsquohabitats naturels drsquoun site concerneacutes par au moins une pression afin de prendre en compte les diffeacuterences de taille entre les sites de comparer les niveaux de menaces de sites de tailles diffeacuterentes

Elle preacutesente toutefois des limites notamment le fait que lrsquooutil se concentre sur les modifications de la

qualiteacute des habitats et que la meacutethodologie est qualita-tive avec lrsquoattribution de scores par dire drsquoexperts De plus les zones fortement deacutegradeacutees telles que les sites opeacuterationnels les parois des carriegraveres les zones de restauration et les zones rudeacuterales se voient attribuer un score par deacutefaut Par conseacutequent ces espaces ne font pas partie du score de menace du site et ne sont pas eacutevalueacutes Le score par deacutefaut de certaines de ces zones varie au cours du temps en fonction du nombre drsquoanneacutees eacutecouleacutees depuis lrsquoarrecirct de lrsquoexploitation cela peut avoir une grande influence sur les changements temporels de lrsquoindicateur qui en reacutesulte

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont des don-neacutees collecteacutees in situ pour le suivi de lrsquoeacutetat des habi-tats et des menaces Ces donneacutees peuvent ecirctre collec-teacutees par des non-experts ndash agrave condition qursquoun expert soit preacutesent lors de la phase de preacuteparation pour assurer une formation (compeacutetences neacutecessaires deacutefinitions arbre de deacutecision questionnaires sont proposeacutes) ndash ou ecirctre issues drsquoeacutevaluations drsquoimpact environnemental et socieacutetal La typologie des habitats a eacuteteacute eacutetablie de faccedilon ad hoc avec une table de correspondance avec la clas-sification de la Liste rouge des habitats de lrsquoUICN Une deacutefinition des habitats et un arbre preacutecis de deacutecision permettant de deacuteterminer les habitats sont fournis

La preacutecision de la relation entre activiteacutes et pres-sions est difficile agrave eacutevaluer car cette relation nrsquoest pas preacuteciseacutee dans la meacutethodologie de lrsquooutil Les huit ca-teacutegories de menaces qui sont listeacutees recouvrent une large gamme drsquoactiviteacutes mais chacune ne repreacutesente pas tant une seule activiteacute que diffeacuterents types de pressions

De mecircme la sensibiliteacute de la relation entre activi-teacutes et pressions est difficile agrave eacutevaluer La meacutethodologie de lrsquooutil BIRS permet de relier une activiteacute donneacutee agrave plusieurs types de pression et agrave plusieurs activiteacutes de geacuteneacuterer les mecircmes pressions Chaque activiteacute peut ensuite ecirctre deacutecrite agrave travers un profil de pressions

Quant agrave la fiabiliteacute elle ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Des mesures plus quantitatives sont neacuteces-saires au-delagrave de la simple cateacutegorisation employeacutee dans lrsquooutil BIRS Lrsquointeacutegration de dire drsquoexperts limite par ailleurs la reproductibiliteacute

Liens entre les pressions et les impacts

Le cadre mobiliseacute dans lrsquooutil BIRS pour lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute reste celui du PER agrave tra-vers la mecircme formule Site times Surface totale de chaque type drsquohabitat times Facteur de contexte par habitat times Classe de condition de chaque habitat = Indice de classement de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute du site Le lien entre les pressions et les impacts sur la biodiversiteacute est eacutetabli agrave partir de la matrice de risques pour la biodi-versiteacute issue de la meacutethodologie du systegraveme de gestion

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

inteacutegreacutee de la biodiversiteacute (Integrated Biodiversity Ma-nagement System IMBS) deacuteveloppeacute par lrsquoUICN Cet eacutetayage meacutethodologique est indiqueacute au deacutebut de la meacutethode disponible lors de lrsquoeacutevaluation mais nrsquoest pas reprise par la suite Le score de menace de lrsquohabitat reflegravete ainsi drsquoune certaine faccedilon les impacts poten-tiels sans que ceux-ci soient qualifieacutes Le score de condition de lrsquohabitat peut ecirctre rapprocheacute de laquo lrsquoeacutetat raquo

Les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil BIRS se rapportent toutes aux habitats plus particu-liegraverement en termes de structure surface et compo-sition de veacutegeacutetation ce sont le facteur de contexte de lrsquohabitat et la classe de condition de lrsquohabitat Le facteur de contexte de lrsquohabitat integravegre des eacuteleacutements relatifs agrave lrsquoimportance eacutecologique de lrsquohabitat et de la valeur intrinsegraveque de la biodiversiteacute uniciteacute aspects fonctionnels connectiviteacute espegraveces preacutesentes niveau de menace La classe de condition de lrsquohabitat deacutecrit la qualiteacute de lrsquohabitat agrave partir de critegraveres morpholo-giques et drsquoautres caracteacuteristiques Lrsquoattribution des scores pour ces meacutetriques repose sur des hypothegraveses eacutecologiques geacuteneacuterales la biodiversiteacute est fonction de la diversiteacute des habitats des habitats structurellement plus diversifieacutes conduisent agrave une plus grande diversiteacute drsquoespegraveces et une plus grande qualiteacute drsquohabitat se tra-duit par une plus grande diversiteacute drsquoespegraveces

Un des avantages de la meacutethodologie de lrsquooutil BIRS est que les cateacutegories consideacutereacutees pour calculer le score de menace pour lrsquohabitat integravegrent les pressions drsquoune varieacuteteacute drsquoactiviteacutes et qursquoelles peuvent ecirctre relieacutees aux reacuteponses potentielles drsquoactions de gestion ndash agrave cibler en prenant en compte les scores de chaque menace

Elle preacutesente toutefois des limites Lrsquooutil se concentre sur les habitats ndash deacutecrits agrave travers des ca-racteacuteristiques de veacutegeacutetation ndash lrsquooccupation du sol la preacutesence drsquoespegraveces menaceacutees ou particuliegraveres de ce fait aucun lien explicite ne peut ecirctre eacutetabli entre les pressions et lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute ndash seules des cor-reacutelations pourraient ecirctre infeacutereacutees si des ameacuteliorations eacutetaient apporteacutees agrave lrsquooutil pour relier les activiteacutes sur le site avec les modifications des conditions de lrsquohabi-tat Drsquoautre part certaines pressions ne peuvent pas faire lrsquoobjet drsquoune laquo eacutevaluation visuelle raquo et neacutecessi-teraient des donneacutees compleacutementaires collecteacutees Par ailleurs les critegraveres pour qualifier les sites sont prin-cipalement qualitatifs et deacutefinis agrave une eacutechelle assez grossiegravere puisque lrsquoattribution du score repose sur quatre cateacutegories

Agrave cette eacutetape les donneacutees utiliseacutees sont la surface des habitats leurs caracteacuteristiques (diversiteacute morpho-logique structure de veacutegeacutetation heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute spa-tiale de la veacutegeacutetation litiegravere et bois mort) la preacutesence de groupes drsquoanimaux bio-indicateurs et de pollinisa-

teurs des caracteacuteristiques eacutecologiques remarquables (karst colonies drsquooiseaux en phase de reproduction sites pour les espegraveces migratrices) la preacutesence drsquoes-pegraveces particuliegraveres (espegraveces menaceacutees dans la liste rouge de lrsquoUICN classeacutees comme rares au niveau mon-dial ou national) et drsquohabitats particuliers (zone pro-teacutegeacutee ou eacutecosystegraveme important) la connectiviteacute des habitats ou les corridors de biodiversiteacute (connexions hydrologiques) des donneacutees sur la preacutesence drsquoune zone tampon adjacente ou encore de la protection des bassins versants La plupart de ces donneacutees sont des observations visuelles et qualitatives recueillies sur un site toutes eacutetant facilement disponibles En contrepar-tie ces donneacutees preacutesentent de fortes limitations telles que le possible manque de coheacuterence (dans le temps et entre sites) et un biais taxonomique lieacute agrave la focalisa-tion sur la veacutegeacutetation

Concernant la preacutecision de la relation entre pres-sions et impacts celle-ci ne peut pas ecirctre eacutevalueacutee car elle nrsquoest pas expliciteacutee Il est mecircme difficile drsquoeacutetablir une relation correacutelative car aucune information ne lie explicitement lrsquoeacutetat de lrsquohabitat et les activiteacutes meneacutees Les biais lieacutes agrave la notation agrave dire drsquoexperts ne peuvent pas ecirctre eacutevalueacutes

La sensibiliteacute de la relation entre pressions et im-pacts ne peut eacutegalement pas ecirctre eacutevalueacutee Si les scores de menace et drsquoeacutetat de lrsquohabitat sont correctement noteacutes il est theacuteoriquement possible de distinguer les situations mais cette approche reste qualitative et des situations contrasteacutees sont neacutecessaires pour obte-nir des scores contrasteacutes De plus la construction de lrsquoindicateur repose sur une succession drsquoeacutetapes avec des corrections de sorte que la sensibiliteacute reacutesultante nrsquoest pas claire Aussi il est peu probable que lrsquooutil permette de deacutetecter des changements preacutecoces de biodiversiteacute mais plutocirct des changements tardifs et importants tels que la disparition drsquoespegraveces ou le rem-placement eacutecologique ndash ou brutaux tel le deacuteversement de deacutechets Il ne permet pas non plus de deacutetecter des changements inhabituels voire des points drsquoinflexion

Enfin la fiabiliteacute et la reproductibiliteacute ne peuvent pas non plus ecirctre eacutevalueacutees ndash notamment parce que les scores sont qualitatifs et baseacutes sur le dire drsquoexperts

Peacuterimegravetres biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur pour rendre compte des impacts

Au niveau temporel lrsquooutil est destineacute agrave ecirctre employeacute ideacutealement sur un site Il est recommandeacute de rendre compte des changements en se basant sur une seacuterie temporelle en notant toutefois que les modifications drsquoune anneacutee agrave lrsquoautre doivent ecirctre interpreacuteteacutees avec prudence

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Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Peut-on vraiment mesurer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

drsquoeacutetat de lrsquohabitat Ceci permettrait pourtant drsquoameacute-liorer la reproductibiliteacute de lrsquoeacutevaluation dans le temps et dans lrsquoespace ndash par exemple pour eacuteclairer la dif-feacuterence entre des espegraveces de plantes exotiques enva-hissantes laquo abondantes raquo ou laquo freacutequentes raquo ou encore indiquer des valeurs seuils (en pourcentage ou autre) de couverture ou nombre drsquoindividus Lrsquoeacutetape de nota-tion des pressions agrave dire drsquoexperts appelle agrave la vigi-lance En outre lrsquooutil repose sur un certain nombre drsquohypothegraveses (pas de deacutelineacuteation des cateacutegories de menaces et des activiteacutes moyenne et agreacutegation des scores hypothegraveses de biodiversiteacute relieacutee agrave la qualiteacute et agrave la diversiteacute des habitats)

Outre les limites eacutevoqueacutees avant les eacutevaluateurs notent que si le processus drsquoagreacutegation des scores rend lrsquoapproche scalaire il en reacutesulte un indicateur complexe et lrsquointrication des calculs (agreacutegation de diffeacuterents critegraveres qui se compensent les uns les autres) rend la gamme des variations de cet indicateur difficile agrave interpreacuteter et agrave anticiper Par conseacutequent les eacutevaluateurs notent qursquoil est peu probable que lrsquooutil BIRS puisse ecirctre utiliseacute pour comparer des sites Ils in-diquent eacutegalement qursquoil peut ecirctre preacutefeacuterable de suivre seacutepareacutement le score de chaque critegravere drsquoeacutevaluation

Il nrsquoy a pas de valeur cible fixeacutee lrsquoindice le plus eacuteleveacute de lrsquoeacutetat du site devant refleacuteter le meilleur eacutetat de la biodiversiteacute

Selon les eacutevaluateurs cet outil est applicable agrave des projets publics comme un critegravere de deacutecision dans le cadre de marcheacutes et contrats mais en tenant compte des biais indiqueacutes ndash mais pas dans le cadre de travaux publics car il nrsquoest pas complegravetement adeacutequat pour rendre compte des impacts sur la biodiversiteacute Des modifications visant agrave assurer lrsquoenregistrement des donneacutees brutes drsquoobservation ou agrave deacutefaut de lrsquoindice de lrsquoeacutetat des habitats et des sites dans une base de donneacutees utilisant des ontologies normaliseacutees et com-munes aux entreprises seraient neacutecessaires pour que lrsquooutil integravegre le suivi drsquoobjectifs de cadres internatio-naux en faveur de la biodiversiteacute

Pistes drsquoameacutelioration

Les eacutevaluateurs suggegraverent que lrsquooutil pourrait ecirctre ameacutelioreacute en renforccedilant le suivi de lrsquoeacutetat de la biodiver-siteacute Ainsi lrsquoabondance des populations pourrait ecirctre prise en compte afin drsquoavoir des signes plus preacutecoces de changement de biodiversiteacute tout en gardant la meacutethode simple et applicable par des non-experts En outre pour une eacutevaluation plus robuste et repreacutesenta-tive un ensemble plus large de groupes taxonomiques pourrait ecirctre inteacutegreacute Les groupes les plus faciles et les plus simples agrave suivre comprennent les inverteacutebreacutes ter-restres et aeacuteriens les oiseaux ou les chauves-souris ndash drsquoautres espegraveces ou groupes pourraient eacutegalement ecirctre

pris en compte tels que les organismes vivants dans le sol ou des verteacutebreacutes terrestres identifieacutes comme bio-in-dicateurs cleacutes de voucircte ou les espegraveces menaceacutees Dans ce cadre la freacutequence des suivis devrait probablement ecirctre adapteacutee pour conserver un niveau drsquoefforts et des coucircts raisonnables ndash tous les deux ans par exemple Ce qui est actuellement mesureacute concerne plus les ha-bitats que la biodiversiteacute elle-mecircme le nom de lrsquooutil porte agrave confusion

En termes meacutethodologiques la deacutefinition de seuils standardiseacutes de meacutetriques quantitatives (valeurs seuils et intervalles) permettant drsquoattribuer des scores drsquoeacutetat et de menaces pourrait atteacutenuer les conseacutequences de la notation subjective agrave dire drsquoexperts Cela faciliterait la comparaison entre sites au sein drsquoune entreprise et entre entreprises Une autre faccedilon de drsquoappreacutehender cette source de variation dans la notation serait de reacute-peacuteter les eacutevaluations pour chaque habitat puis drsquoeacuteva-luer la variation des notations entre experts Une base de donneacutees de reacutefeacuterence des scores preacuteceacutedemment calculeacutes ainsi que des photos prises lors des suivis seraient utile dans le cadre drsquoun processus drsquoappren-tissage continu

Les eacutevaluateurs proposent aussi de conserver un score seacutepareacute pour lrsquoeacutetat et les menaces Combineacute avec davantage drsquoinformations sur les activiteacutes au sein de chaque site cela permettrait de hieacuterarchiser les sites neacutecessitant des mesures drsquoatteacutenuation immeacutediates

Drsquoun point de vue pratique les activiteacutes indus-trielles sur les sites et leur historique devraient ecirctre documenteacutees de faccedilon harmoniseacutee en indiquant par exemple lrsquointensiteacute la freacutequence et la dureacutee des pres-sions afin de mieux comprendre leurs impacts sur lrsquohabitat et les effets des mesures prises par lrsquoentre-prise Mecircme si le besoin de standards coheacuterents agrave travers le temps et dans lrsquoespace est reconnu par les deacuteveloppeurs de lrsquooutil BIRS ce point aurait besoin drsquoecirctre renforceacute

Publications recommandeacutees pour son ameacutelioration

bull UICN (2018) Guide pratique pour la reacutealisation de Listes rouges reacutegionales des espegraveces menaceacutees ndash Meacute-thodologie de lrsquoUICN amp deacutemarche drsquoeacutelaborationbull Jeanmougin M Plattner G Porcher E Julliard R Touroult J Poncet L (2014) Synthegravese bibliogra-phique des changements drsquoeacutechelles cartographiques et des relations eacutecologiques entre les espegraveces et leurs habitats 83 SPN-CESCO-MNHN MEDDE Paris

Au niveau spatial la meacutethodologie de lrsquooutil BIRS permet drsquoeacutevaluer les pressions agrave plusieurs eacutechelles chaque type drsquohabitat au sein drsquoun site puis sur lrsquoensemble du site A ce niveau lrsquoindicateur permet drsquoorienter les gestionnaires de sites vers des mesures de gestion cibleacutes pour reacuteduire les menaces pesant sur les habitats Les agreacutegations sont ensuite effectueacutees agrave lrsquoeacutechelle des sites puis aux niveaux national et global de lrsquoactiviteacute de lrsquoentreprise Agrave ce niveau un tel indi-cateur agreacutegeacute est valable pour le rapportage mais ne peut pas orienter les actions de gestion en reacuteponse aux constats de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute

Le niveau drsquoorganisation de la biodiversiteacute pris en compte dans lrsquooutil est lrsquohabitat Les espegraveces sont indirectement consideacutereacutees via le facteur de contexte de lrsquohabitat ndash agrave travers lrsquoeacutevaluation de la valeur in-trinsegraveque la biodiversiteacute de lrsquohabitat ndash et via la classe de condition de lrsquohabitat ndash agrave travers lrsquoeacutevaluation de la preacutesence de caracteacuteristiques eacutecologiques exception-nelles et de groupes animaux bio-indicateurs Lrsquooutil prend en compte les espegraveces ou des habitats mena-ceacutes preacutesents dans les listes rouges de lrsquoUICN et classeacutes comme laquo rares raquo au niveau mondial ou national les espaces proteacutegeacutes ou les eacutecosystegravemes importants Le fonctionnement des eacutecosystegravemes et les communauteacutes ne sont pas pris en compte Concernant les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte il srsquoagit essentielle-ment de la composition et de la structure des habitats Ce sont des dimensions importantes de lrsquointeacutegriteacute de lrsquoeacutecosystegraveme et elles sont relativement faciles agrave mesu-rer Toutefois elles peuvent srsquoaveacuterer insuffisantes pour deacutetecter des signaux preacutecoces de changement drsquoeacutetat de la biodiversiteacute Ceci doit ecirctre compleacuteteacute par des paramegravetres quantitatifs (par exemple lrsquoabondance) doit ecirctre reacutealiseacute avec plus de preacutecision (par exemple en eacutenumeacuterant les espegraveces dominantes ou rares) et eacutetendu au-delagrave de la veacutegeacutetation au regravegne animal De plus la fragmentation de lrsquohabitat et les connectivi-teacutes sont insuffisamment prises en compte Ainsi en tenant eacutegalement compte des limites indiqueacutees preacute-ceacutedemment lrsquooutil nrsquoest pas repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute des activiteacutes consideacutereacutees

Lrsquoapproche semi-quantitative (attribution de scores) nrsquoest pas conccedilue pour deacutetecter des change-ments graduels comme cela est par ailleurs noteacutee dans la meacutethode accessible au moment de lrsquoeacutevalua-tion Lrsquooutil se concentre sur la structure et la compo-sition de la veacutegeacutetation agrave partir drsquoune eacutevaluation quali-tative plutocirct que sur des mesures quantitatives (mecircme en ce qui concerne lrsquoidentification des espegraveces) Il se concentre plus sur les changements drsquoenvironnement pertinents pour la biodiversiteacute plutocirct qursquoau niveau mecircme de la biodiversiteacute et de meacutetriques srsquoy rapportant La proportion drsquohabitats laquo naturels raquo nrsquoest eacutegalement

pas prise en compte dans le calcul alors que lrsquoindi-cateur peut ecirctre sensible aux changements temporels des statuts des zones (entre zone opeacuterationnelle zone en cours de restauration et zones laquo naturelles raquo) Les eacutevaluateurs indiquent qursquoil est neacutecessaire drsquoexaminer attentivement lrsquoeacutevolution des scores individuels et non agreacutegeacutes de lrsquoeacutetat de lrsquohabitat et des menaces ainsi que des cartes pour rendre plus preacuteciseacutement compte des impacts des activiteacutes ndash par ailleurs pas explicite-ment diffeacuterencieacutees en tant que sources diffeacuterentes de pressions potentielles ndash sur les habitats Lrsquooutil BIRS pourrait aussi ecirctre compleacuteteacute par des plans drsquoaction ou des plans de restauration car il nrsquoa pas vocation agrave suivre des objectifs fins de gestion de biodiversiteacute En outre les eacutevaluateurs notent que les eacutevaluations de lrsquoeacutetat de lrsquohabitat devraient ecirctre davantage lieacutees agrave drsquoautres indicateurs du systegraveme de gestion inteacutegreacutee de la biodiversiteacute de lrsquoUICN sur lequel lrsquooutil srsquoappuie

La meacutethodologie de lrsquooutil BIRS indique qursquoune reacuteeacutevaluation du facteur de contexte de lrsquohabitat tous les 5 agrave 10 ans devrait suffire agrave moins que des chan-gements importants ou de grande eacutechelle dans lrsquoutili-sation des terres aient eu lieu aux alentours auquel cas ce facteur doit ecirctre reacuteeacutevalueacute plus tocirct La classe de condition de lrsquohabitat est elle eacutevalueacutee annuelle-ment et lrsquooutil BIRS est conccedilu pour calculer un indice annuel drsquoeacutetat de la biodiversiteacute

Meacutethodologie utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

La meacutethodologie bien que complexe par la succession des eacutetapes reste simple agrave comprendre Elle est claire transparente et rigoureuse avec une deacutefinition utile des termes des eacutetapes et des critegraveres drsquoeacutevaluation crsquoest le cas lors de lrsquoeacutetape drsquoidentification de lrsquohabi-tat et de lrsquoeacutetape drsquoestimation de la superficie pour les-quelles une deacutefinition tregraves claire de la classification de lrsquohabitat et des meacutethodes de calcul sont fournies

La meacutethodologie peut ecirctre utiliseacutee dans le monde entier et pour nrsquoimporte quel habitat ou eacutecosystegraveme Elle assure eacutequilibre entre des consideacuterations pratiques et la rigueur scientifique bien que les eacutevaluateurs notent que cela peut encore ecirctre ameacutelioreacute Lrsquoapproche semi-quantitative par lrsquoattribution de scores agrave travers une classification relativement grossiegravere nrsquoenlegraveve pas la neacutecessiteacute de mesures quantitatives De plus les scores drsquoune cateacutegorie sont supposeacutes eacutequivalents (par exemple laquo forte pression de pacircturage raquo eacutequivaut agrave laquo abondance drsquoespegraveces exotiques envahissantes raquo eacutequivaut agrave laquo forte pollution de lrsquoeau raquo) sans valeurs seuils deacutetailleacutees pour aider agrave eacutevaluer les diffeacuterences reacuteelles entre les scores Crsquoest le cas notamment aux eacutetapes drsquoeacutevaluation de lrsquoeacutetat de chaque habitat (par une enquecircte sur le terrain) et drsquoeacutevaluation de la classe

5958

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

Sur la base des eacutevaluations des sept outils de mesure reacutealiseacutees par les experts et des discussions entre les diffeacuterents acteurs lors des ateliers des recommandations sont ressorties de ces eacutechanges Elles srsquoadressent agrave une grande diversiteacute de publics chercheurs deacuteveloppeurs utilisateurs priveacutes ou publics et deacutecideurs politiques Loin drsquoecirctre exhaustives ces recommandations permettent neacuteanmoins drsquoengager un premier dialogue Elles fournissent en effet des pistes drsquoameacutelioration pour le deacuteveloppement dindicateurs et outils de mesure de lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Enjeu important pour accompagner lrsquoengagement des acteurs et des deacutecideurs politiques nationaux et internationaux en vue drsquoenrayer le deacuteclin de la biodiversiteacute

3

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

31 Quelques approches inteacutegratives compleacutementaires aux outils

Les eacutevaluations externes des outils ont souligneacute entre autres eacuteleacutements qursquoaucun nrsquoest repreacutesentatif de tous les impacts des activiteacutes eacutevalueacutees sur la biodiversiteacute Quelques approches inteacutegratives tant agrave lrsquoeacutechelle des activiteacutes humaines que de la biodiversiteacute peuvent ecirctre proposeacutees Sans preacutetention agrave lrsquoexhaustiviteacute nous en preacutesentons ici trois accessibles aux acteurs priveacutes et publics

311 La compleacutementariteacute des cadres Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses (PER) et Analyse de cycle de vie (ACV)

Les deux cadres preacutesenteacutes au chapitre 1 peuvent ecirctre envisageacutes dans une optique compleacutementaire Ainsi de faccedilon scheacutematique le cadre ACV permet drsquoidentifier des moments et des lieux des eacutetapes cleacutes dans le cycle de vie de produits ou de services ayant des impacts particuliegraverement importants sur la biodiversiteacute et le cadre PER permet drsquoapprofondir et de deacutetailler lrsquoeacuteva-luation en ces diffeacuterentes eacutetapes cleacutes (Fig 8)

Les deux approches peuvent ecirctre combineacutees en adoptant drsquoabord une perspective ACV pour avoir une approche holistique des activiteacutes anthropiques puis en deacutefinissant ensuite pour chaque eacutetape reconnue comme majeure dans lrsquoACV des indicateurs de type

FIGURE 8 COMPLeacuteMEntArIteacute EntrE LE CADrE PEr Et LE CADrE ACv SOuRcE TEIllARD et al 2016

Responses

Inputs feed

Farm

Processing

Pressures(Midpoints)

Production

Biodiversity(Endpoints)

Farm

Landscape

response indicators

state indicators

Pressure indicators

sometimes evaluated through scenario analysis

Endpoint modeling

Midpoint modeling

horizontal perspective space

vert

ical

per

spec

tive

su

pply

cha

in

LCA

ECOLOGY

PER ndash en tendant alors vers une approche holistique de la biodiversiteacute

Une telle combinaison permettrait de comparer les reacutesultats des liens activeacutes ndash pressions (midpoints dans lrsquoACV pressures dans le PER) et des liens pressions ndash impacts (endpoints dans lrsquoACV state dans le PER) Drsquoautre part cela permettrait drsquointeacutegrer dans lrsquoeacutevalua-tion des impacts des pressions qui ne sont actuelle-ment pas ou peu prises en compte dans lrsquoACV mais qui les sont dans les indicateurs PER (notamment espegraveces envahissantes surexploitation)

Enfin les meacutethodes drsquoACV qui explorent diffeacuterents

sceacutenarios pour limiter les impacts sur la biodiversiteacute pourraient compleacuteter les indicateurs de reacuteponses du cadre PER et enrichir la reacuteflexion sur les reacuteponses cest-agrave-dire les mesures agrave adopter pour limiter les pressions

312 Lrsquoapproche par les laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo (EBV)

Le laquo Reacuteseau drsquoobservation de la biodiversiteacute raquo (BON) du Groupe drsquoobservation de la Terre (GEO) initiative mon-diale a fait eacutemerger en 2013 le concept de laquo variables essentielles de biodiversiteacute raquo deacutefinies comme des laquo mesures neacutecessaires pour eacutetudier rapporter et geacuterer les changements de la biodiversiteacute en se concentrant sur lrsquoeacutetat et la tendance des eacuteleacutements de la biodiversiteacute raquo (Pereira et al 2013) Ces mesures permettent de trans-former des donneacutees issues de sources varieacutees en indica-teurs offrant une description syntheacutetique de diffeacuterents niveaux drsquoorganisation de la biodiversiteacute facilitant ainsi la laquo traduction raquo des donneacutees sur la biodiversiteacute en informations politiques Le GEO BON a proposeacute une liste de vingt variables classeacutees par niveaux drsquoorganisa-tion Ces variables ont eacutevolueacute depuis 2013 (Tableau 2)

Classes de variables essentielles Variables essentielles

Composition geacuteneacutetique Diversiteacute geacuteneacutetique intraspeacutecifique

Diffeacuterenciation geacuteneacutetique parmi des populations

Taille effective de la population

Consanguiniteacute

Populations drsquoespegraveces Distribution drsquoespegraveces donneacutees

Abondance drsquoindividus drsquoespegraveces donneacutees

Traits de vie des espegraveces Morphologie des organismes

Physiologie des organismes en lien avec la fitness et les reacuteponses agrave lrsquoenvironnement

Pheacutenologie des organismes

Mouvements de type dispersion ou migration

Composition des communauteacutes Abondance des organismes dans un assemblage eacutecologique

Diversiteacute taxonomiquephylogeacuteneacutetique dans un assemblage eacutecologique

Diversiteacute des traits des organismes au sein des communauteacutes

Diversiteacute et structures des interactions entre organismes au sein des communauteacutes

Fonctions des eacutecosystegravemes Productiviteacute primaire

Pheacutenologie observeacutee agrave lrsquoeacutechelle drsquoun eacutecosystegraveme

Perturbations du fonctionnement drsquoun eacutecosystegraveme

Structure des eacutecosystegravemes Fraction du couvert vivant

Distribution horizontale drsquoeacuteleacutements drsquoun eacutecosystegraveme

Profil vertical de la distribution de biomasse

vArIAbLEs EssEntIELLEs DE bIODIvErsIteacute CLAsseacuteEs PAr nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn SOuRcE gEObONTABLEAU 2

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

Une laquo variable essentielle de biodiversiteacute raquo doit preacute-senter certaines caracteacuteristiques afin drsquoecirctre opeacuteration-nelle Ainsi ideacutealement elle doit ecirctre

bull capable de saisir les eacutechelles et les dimensions essentielles de la biodiversiteacute

bull biologiquebull une variable drsquoeacutetat (certains deacuteveloppements

cherchent agrave deacutefinir les variables permettant de deacutetec-ter des changements preacutecoces de biodiversiteacute (Sch-meller et al 2018))

bull sensible au changementbull agnostique agrave lrsquoeacutegard des eacutecosystegravemes (dans la

mesure du possible elle doit pouvoir ecirctre mesureacutee pour tous types drsquoeacutecosystegravemes)

bull techniquement reacutealisable degraves agrave preacutesent eacuteco-nomiquement viable et durable dans le temps (les moyens drsquoobservation peuvent ecirctre deacuteployeacutes in-situ ou aeacuteroporteacutes ndash les donneacutees drsquoobservations satellites eacutetant par ailleurs de plus en plus traiteacutees et rendues disponibles)

Certaines variables peuvent constituer des indica-teurs ou des intermeacutediaires entre les donneacutees brutes et les indicateurs Elles peuvent eacutegalement ecirctre combi-neacutees entre elles afin de former des indices (GEO BON 2015) certains eacutetant mobiliseacutes dans les rapports de la Plateforme intergouvernementale scientifique et poli-tique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) ou encore les objectifs des programmes suc-cessifs de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) indice drsquohabitat drsquoespegraveces indice de biodi-versiteacute des habitats indice de protection des espegraveces indice de repreacutesentativiteacute des aires proteacutegeacutees et de connectiviteacutes indice drsquointeacutegriteacute locale de biodiversiteacute indice de restauration des eacutecosystegravemes indice drsquoinfor-mation sur le statut des espegraveces

Les travaux deacutedieacutes aux EBVs se poursuivent au sein de groupes theacutematiques explorant les six classes mais eacutegalement sur des volets transversaux Citons-en particuliegraverement six qui peuvent inteacuteresser les concep-teurs et les utilisateurs drsquooutils de mesure des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

bull La deacutefinition des variables elles-mecircmes le cadre conceptuel proposeacute peut ecirctre utiliseacute afin de deacutefinir collectivement en associant acteurs et chercheurs les variables essentielles propres agrave un territoire etou un pays sans neacutecessairement mobiliser celles identifieacutees par GEO BON (Turak et al 2017)

bull Lrsquointeacutegration des donneacutees de divers origines en srsquoappuyant entre autres sur des modeacutelisations et la combinaison avec des donneacutees drsquoenvironnement afin de deacutefinir lrsquoeacutevolution de la biodiversiteacute dans le temps et lrsquoespace (Jetz et al 2019)

bull Lrsquoutilisation du concept pour effectuer des suivis drsquoespegraveces exotiques envahissantes (Seebens et al 2020)

bull Lrsquoutilisation de donneacutees de teacuteleacutedeacutetection pour documenter les variables

bull Le deacuteveloppement drsquoindicateurs et drsquoindices inteacutegreacutes

bull Lrsquoutilisation des donneacutees drsquoobservation de la Terre pour eacutevaluer les services eacutecosysteacutemiques

Le concept de laquo variables essentielles raquo est eacutegale-ment deacuteclineacute pour le climat et lrsquooceacutean Ces variables documentent lrsquoeacutevolution de paramegravetres cleacutes du systegraveme climatique (preacutecipitations tempeacuterature composition de lrsquoatmosphegravere) ou de lrsquooceacutean (carbone organique dissout abondance et distribution de poissons eacutetendu des mangroves et composition) Ces variables sont reacuteguliegraverement utiliseacutees pour soutenir des travaux inter-nationaux du Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC) de lrsquoOrganisation des Nations unies (ONU) ou de la Commission oceacuteanogra-phique intergouvernementale (COI) porteacutee par lrsquoOrga-nisation des Nations unies pour lrsquoeacuteducation la science et la culture (Unesco)

Ainsi agrave travers ce concept de laquo variables essen-tielles raquo une utilisation pragmatique des donneacutees agrave diffeacuterentes eacutechelles spatiales mobilisables aussi bien par des acteurs priveacutes que publics se dessine elle peut utilement compleacuteter les reacuteflexions sur les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

les indicateurs quantitatifs des changements de la biodi-versiteacute des contributions de la nature aux personnes et agrave la qualiteacute de vie ainsi que des forces motrices facteurs directs et indirects qui sous-tendent ces changements constituent des eacuteleacutements importants agrave documenter Ainsi lrsquoIpbes deacutefinit deux batteries drsquoindicateurs

bull une trentaine drsquoindicateurs de base (dits core indi-cators) que les auteurs des eacutevaluations sont inviteacutes agrave uti-liser en plus drsquoautres indicateurs ou autres informations

bull une quarantaine drsquoindicateurs mis en avant (dits highlighted indicators) qui pourraient inteacuteresser des auteurs mais sans aucune attente quant agrave leur utilisa-tion dans les eacutevaluations

Lrsquoobjectif de la deacutemarche est de fournir aux au-teurs des eacutevaluations un ensemble drsquoindicateurs qui couvrent tous les eacuteleacutements du cadre conceptuel de lrsquoIpbes

Ces indicateurs sont issus de plusieurs sources bull majoritairement des indicateurs mobiliseacutes pour

les objectifs de programmes de la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) dont certains ont eacuteteacute pro-poseacutes par GEO BON

bull quelques indicateurs issus des travaux du reacuteseau mondial de recherche Future Earth

bull un petit nombre recommandeacute par les travaux de lrsquouniversiteacute de Yale sur lrsquoindice de performance envi-

Mon

dial

e

FIGURE 9 CADrE COnCEPtUEL AnALytIQUE DE Lrsquo IPbEs SOuRcE DeacutecISION IpbES ndash 24 2013

Bonne qualiteacute de vieBien-ecirctre humainVie en harmonie avec la natureVie en eacutequilibre et en harmonie avec la Terre megravere

Possibiliteacute de mener une vie satisfaisante nourriture eau eacutenergie et seacutecuriteacute des moyens drsquoexistence santeacute relations sociales eacutequiteacute spiritualiteacute identiteacute culturelle

Bienfaits de la nature pour lrsquohommeBiens et services eacutecosysteacutemiquesFourniture reacutegulation valeur culturelleDons de la nature

Patrimoine anthropique

Infrastructures patrimoine humain social financier

Institutions gouvernance et autres facteurs indirects

Aspects socio-politiques eacuteconomiques technologiques culturels

NatureBiodiversiteacute et eacutecosystegravemesTerre megravereSystegravemes de vie

Eacutevolution diversiteacute bioculturelleRessources naturelles non biologiquesValeurs intrinsegraveques

Facteurs directs

Facteurs anthropiques

Transformation des habitats exploitation changement climatique pollution introduction drsquoespegraveces

Facteurs naturels

Eacutevolution dans le temps

Inte

ract

ions

agrave d

iffeacuter

ente

s eacutech

elle

s

Nat

iona

leLo

cale

313 Le cadre DPSIR appliqueacute au cadre conceptuel de lrsquoIpbes

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacute-miques (Ipbes) eacutetaie son cadre conceptuel (Deacutecision Ipbes-24 2013) crsquoest-agrave-dire son modegravele simplifieacute des interactions complexes qui se tissent entre le monde naturel et la socieacuteteacute humaine (eacuteleacutements pris en compte et leurs liens) par une batterie drsquoindicateurs en se ba-sant sur le cadre laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat

ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo plus connu sous lrsquoacronyme DPSIR pour Driving forces Pressures State Impact Responses (DPSIR) (Fig 9 et 10) version eacutetendue du modegravele drsquointeractions entre des systegravemes socio-eacuteco-nomiques et eacutecologiques initialement deacutecrits sous la forme laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo deacutecrit au pre-mier chapitre

Dans le cadre des eacutevaluations de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques qursquoelles soient theacutema-tiques reacutegionales ou mondiales lrsquoIpbes considegravere que

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ronnementale des politiques publiques (Environmen-tal Performance Index EPI)

bull eacutegalement un petit nombre proposeacute par le groupe de travail laquo Donneacutees et connaissances raquo interne agrave lrsquoIpbes

Beaucoup de ces indicateurs sont recenseacutes dans le Partenariat mondial sur les indicateurs de biodi-versiteacute (BIP) qui coordonne pour la CDB mais aussi pour reacutepondre aux besoins drsquoautres conventions ou de gouvernements le deacuteveloppement et la fourniture drsquoindicateurs

LrsquoIpbes fournit par ailleurs sa propre deacutefinition des indicateurs laquo comme des mesures ou des signes qui reflegravetent lrsquoeacutetat la cause ou le reacutesultat drsquoun objet ou drsquoun processus raquo Les indicateurs pouvant contribuer agrave simplifier la complexiteacute drsquoensembles de donneacutees de variables de cadres conceptuels et drsquoapproches dispo-nibles ils sont eacutegalement laquo des outils utiles pour com-muniquer les reacutesultats des eacutevaluations raquo LrsquoIpbes sou-ligne qursquoil est important de reconnaicirctre les limites des indicateurs agrave laquo saisir les complexiteacutes du monde reacuteel raquo car ils se limitent agrave ce qui peut ecirctre mesureacute et ce pour quoi des donneacutees sont disponibles En outre lrsquoIpbes signale aussi que les choix drsquoindicateurs sont laquo plus ou moins lieacutes agrave la diversiteacute des visions du monde et des perspectives culturelles raquo eacuteleacutement agrave prendre en compte pour conduire au-delagrave des reacutesultats exprimeacutes une analyse critique des indicateurs eux-mecircmes

Ces indicateurs complegravetent drsquoautres formes drsquoinfor-mations et de connaissances pas neacutecessairement har-moniseacutees leur caractegravere normaliseacute fournit un point de comparaison quantitatif et coheacuterent entre les eacutevalua-

tions Le rapport mondial publieacute en 2019 constitue un bon exemple drsquoune approche mixte avec lrsquoutilisation drsquoindicateurs de base identifieacutes comme utiles agrave ren-seigner dans le cadre des eacutevaluations et drsquoautres types drsquoinformations laquo indicatrices raquo

La FRB mobiliseacutee tout au long du processus drsquoex-pertise scientifique final a fait un travail de recension drsquoindicateurs et drsquoautres informations utiliseacutees pour eacutevaluer lrsquousage durable de la biodiversiteacute Parmi la centaine drsquoindicateurs et autres informations identi-fieacutees la FRB en a extrait un petit nombre en concer-tation avec un des auteurs du rapport Au moment des neacutegociations de lrsquoassembleacutee pleacuteniegravere la deacuteleacutegation franccedilaise a proposeacute que ce tableau soit inteacutegreacute dans le reacutesumeacute pour deacutecideurs en cours de neacutegociations En raison du retard pris dans les groupes de travail peacutenalisant lrsquoavanceacutee du processus de neacutegociation la preacutesentation de ce tableau nrsquoa pas pu ecirctre inscrite agrave lrsquoagenda des groupes et donc nrsquoa pas pu ecirctre propo-seacutee en pleacuteniegravere en lrsquoabsence de concertation preacutealable entre les Eacutetats

Ces indicateurs et informations sont preacutesenteacutes dans le tableau syntheacutetique en annexe 3 p 81

La deacutemarche adopteacutee par lrsquoIpbes repose drsquoune part sur lrsquoutilisation drsquoindicateurs existants documentant diffeacuterentes eacutetapes du cadre laquo Pression ndash Eacutetat ndash Reacute-ponse raquo drsquoautre part sur lrsquoutilisation pragmatique de donneacutees permettant de fournir des informations utiles au sujet traiteacute Certains indicateurs et informations sont utilisables ou deacuteclinables agrave diffeacuterentes eacutechelles spatiales et mobilisables aussi bien par des acteurs pri-veacutes que publics Lagrave encore cette deacutemarche peut utile-ment compleacuteter les reacuteflexions sur les outils de mesure drsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute

Forces motrices directes naturelles et anthropiques

ndash Empreinte eacutecologique ndash Lrsquoappropriation humaine de lrsquoeau doucendash Index de biodiversiteacute des habitats (BEF)ndash Surface forestiegravere en de la surface totale des terres (BEF)ndash Tendances de lrsquoeacutetendue des forecircts (BEF)ndash Total des preacutelegravevements de bois (NCP) ndash Tendances de la pecircche certifieacutees par le MSC (BEF) ndash Estimation des captures et de lrsquoeffort de pecircche (BEF) ndash Production de pecircche des eaux inteacuterieures (NCP) ndash Indice trophique marin (BEF) ndash Proportion de la supercifie de production forestiegravere

sous certification FSC et PEFC (IGID) ndash Efficaciteacute de lrsquoutilisation de lrsquoazote ndash Engrais agrave base drsquoazote et de phosphatendash Tendances en matiegravere drsquoutilisation des pesticidesndash Tendances des deacutepocircts drsquoazotendash Couverture en zones proteacutegeacutees des zones cleacutes pour

la biodiversiteacute (KBAS) (IGID)ndash Index de protection des espegraveces (IGID)ndash Index de connectiviteacute des zones proteacutegeacutees (IGID)ndash Index drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute

Bonne qualiteacute de vie(bien-ecirctre humain)

ndash Pourcentage de personnes sous-alimenteacutees

Contributions de la nature aux personnes(Biens et services eacutecosysteacutemiques)

ndash Total des preacutelegravevement de bois (DD) ndash Production de pecircche des eaux inteacuterieures (DD) ndash Proportion de races locales classeacutees comme eacutetant

agrave risque non agrave risque ou dont le niveau drsquoextinction est inconnu (BEF)

Forces motrices indirectesInstitutions gouvernance et autres

ndash Pourcentage de nations de cateacutegorie 1 dans la Convention sur le commerce international des espegraveces de faune et de flore sauvages menaceacutees dextinction (CITES)

ndash Proportion de la superficie de production forestiegravere sous certification FSC et PEFC (DD)

ndash Pourcentage de zones couvertes par des zones proteacutegeacuteesndash Couverture des zones proteacutegeacutees des zones cleacutes pour

la biodiversiteacute (KBAS) (OD)ndash Indice de protection des espegraveces (DD)ndash Efficaciteacute de la gestion des zones proteacutegeacuteesndash Indice de connectiviteacute des zones proteacutegeacutees (DO)ndash Nombre de pays ayant un plan drsquoaction national

biodiversiteacute (NBSAP) deacuteveloppeacutereacuteviseacutendash Proportion des espegraveces connues eacutevalueacutees par

la Liste Rouge de lrsquoUICNndash Index drsquoinformation sur le statut des espegraveces

Nature(Biodiversiteacute et fonctionnement des eacutecosystegravemes)

ndash Index de biodiversiteacute des habitats (DD)ndash Index drsquohabitat des espegraveces (DD)ndash Superficie forestiegravere en de la superficie totale

des terres (DD)ndash Tendances de lrsquoeacutetendue des forecircts (couvert forestier) (DD)ndash Tendances de la pecircche certifieacutee par le MSC (DD)ndash Estimation des captures et de lrsquoeffort de pecircche (DD)ndash Proportion des stocks de poissons agrave des niveaux

biologiquement durablesndash Indice Tropical Marin (DD)ndash Index de la Liste Rougendash Proportion de races locales classeacutees comme eacutetant

agrave risque non agrave risque ou dont le niveau drsquoextinction est inconnu (NCP)

Biens humains

FIGURE 10 CADrE COnCEPtUEL Et InDICAtEUrs DE bAsE DrsquoAPregraves IPbEs COrE InDICAtOrs wwwIpbESNET 16112020

DPsIr D Force motriceP Pressions statutI Impactr reacuteponse - Liens avec le cadre conceptuel analytique IgID Institutions gouvernance et forces motrices indirectes

DD Force motrice directenCP Contributions de la nature aux personnes biens et services des eacutecosystegravemesbEF naturebiodiversiteacute et fonctions des eacutecosystegravemesgQL bonne qualiteacute de vie bien-ecirctre humain

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Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

enjeux climat et biodiversiteacute se rejoignent neacuteanmoins lorsqursquoil srsquoagit eacutevaluer les impacts des activiteacutes hu-maines sur le fonctionnement des eacutecosystegravemes

bull Il est aussi possible de srsquointeacuteresser agrave des espegraveces ou des groupes drsquoespegraveces qui reacutealisent des fonctions speacutecifiques au sein des eacutecosystegravemes (dites espegraveces cleacutes de voucircte) (Paine 1966) Cette approche met lrsquoaccent sur certaines espegraveces lrsquoimportance de relations entre les espegraveces au sein des reacuteseaux trophiques leurs rocircles dans les eacutecosystegravemes en modifiant lrsquoenvironnement vi-vant et abiotique (par ex ingeacutenieurs deacutecomposeurs)

bull Ou encore aux espegraveces rares (aires de reacutepartition reacuteduites faible densiteacute) (Dinerstein et al 2020) etc

3e recommandation

Travailler avec tous les acteurs et mieux utiliser les connaissances et les donneacutees disponibles

De nombreux outils et indicateurs sont plus speacutecifi-quement deacuteveloppeacutes par les acteurs acadeacutemiques ou des politiques publiques tandis que drsquoautres outils ndash tels ceux eacutevalueacutes dans cette eacutetude ndash sont deacuteveloppeacutes par les acteurs priveacutes industriels marchands ou asso-ciatifs en srsquoappuyant sur des eacuteleacutements scientifiques Ces deux deacutemarches solides gagneraient agrave ecirctre plus co-construites pour une inteacutegration reacuteciproque des be-soins et des contraintes des atouts et des limites des outils deacuteveloppeacutes

De mecircme de nombreux dispositifs nationaux et ter-ritoriaux deacuteveloppent des outils en appui aux politiques publiques fournissent des donneacutees et des informations sur la biodiversiteacute Citons entre-autres acteurs lrsquoOb-servatoire national de la biodiversiteacute les observatoires reacutegionaux de la biodiversiteacute Sur un mecircme territoire la dichotomie des activiteacutes de ces structures des col-lectiviteacutes et des entreprises ndash dans un cas laquo le suivi de lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute sous lrsquoeffet de pressions anthro-piques raquo dans un autre laquo lrsquoeacutevaluation des impacts de mes activiteacutes raquo ndash gagnerait agrave ecirctre effaceacutee au profit drsquoun dialogue et drsquoune action mutualiseacutee de suivi et drsquoeacuteva-luation aboutissant in fine agrave une veacuteritable eacutevaluation des impacts parfois cumuleacutes drsquoactiviteacutes diffeacuterentes agrave lrsquoeacutechelle drsquoun territoire et agrave leur gestion concerteacutee

De plus lrsquoensemble des eacutevaluations neacutecessitent drsquoecirctre documenteacutees cela permet drsquoameacuteliorer lrsquoutili-sation des outils ndash en contribuant par exemple agrave har-moniser les eacutetapes qui reposent sur le dire drsquoexpert ndash cela permet aussi de documenter les changements de la biodiversiteacute de faccedilon plus continue Cette documen-tation neacutecessite drsquoecirctre harmoniseacutee agrave lrsquoeacutechelle drsquoune entreprise voire agrave lrsquoeacutechelle nationale ou internatio-nale Les nombreuses initiatives en faveur des pro-tocoles et des donneacutees de biodiversiteacute deacuteveloppeacutees ou relayeacutees par des acteurs territoriaux et nationaux devraient y aider

4e recommandation

Adapter les outils aux pratiques de lrsquoentreprise et agrave ses leviers drsquoactions

Des deacutemarches mutualiseacutees permettraient de deacutevelop-per des outils plus en lien avec les pratiques des entre-prises voire avec les acteurs publics territoriaux En effet si certains modegraveles globaux et meacutethodes portant sur les espegraveces voire les habitats peuvent ecirctre utiles par leur caractegravere geacuteneacuterique les eacutevaluations scienti-fiques des outils ont montreacute qursquoils eacutetaient peu sen-sibles pour rendre reacuteellement compte des impacts des activiteacutes et par effet retour des efforts des entreprises pour limiter ces impacts Les concepteurs drsquooutils tra-vaillent en ce sens en deacuteveloppant notamment des outils en fonction des secteurs drsquoactiviteacute

De la mecircme faccedilon qursquoil est neacutecessaire de disposer drsquoun panel drsquooutils repreacutesentant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute un panel drsquooutils couvrant les phases de diagnostic (les pressions et lrsquoeacutetat de la biodiversiteacute) drsquoestimation des risques (eacutevaluation des impacts) et drsquoaction (les reacuteponses apporteacutees) compleacute-terait le tableau de bord des acteurs

Les acteurs estiment eacutegalement que la puissance publique doit ainsi insuffler une dynamique sans tou-tefois imposer drsquooutils normatifs (ceux-ci ne sont pas encore mucircrs les situations des entreprises des eacuteco-systegravemes et les besoins sont heacuteteacuterogegravenes) Elle doit les inciter agrave srsquoengager dans des deacutemarches de diminution des impacts et de rapportage tout en les laissant deacuteve-lopper leurs propres outils innover expeacuterimenter

Un eacutequilibre reste toutefois agrave trouver entre la geacuteneacute-riciteacute qui permet lrsquoagreacutegation des reacutesultats aux diffeacute-rentes eacutechelles drsquoactiviteacute des entreprises (du local agrave lrsquointernational) voire la comparaison et le pilotage et la speacutecificiteacute qui permet de rendre compte des impacts et des effets des reacuteponses apporteacutees par les entreprises Le deacuteveloppement des approches eacutevoqueacutees plus haut devrait ainsi inteacutegrer cet eacutequilibre

5e recommandation

Mieux caracteacuteriser les liens entre activiteacutes pressions et impacts

La neacutecessiteacute de mieux caracteacuteriser les liens au sein de la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo parfois teacutenus est particuliegraverement ressortie des eacutevaluations des outils

Cocircteacute acteurs il est possible drsquoanalyser finement les activiteacutes (par ex construction) les pressions (par ex vibrations induites par la construction) et certains eacuteleacutements de biodiversiteacute in-situ et de lrsquoenvironnement (par ex niveau sonore ambiant reptiles et micromam-mifegraveres) susceptibles drsquoecirctre toucheacutes Ces travaux sont

32 Les recommandations et pistes drsquoactions

Les approches inteacutegratives preacutesenteacutees preacuteceacutedemment peuvent srsquoaveacuterer des pistes utiles agrave suivre sans tou-tefois ecirctre suffisantes des efforts en termes de com-preacutehension de connaissance de meacutethodologie et drsquoaccompagnement doivent ecirctre reacutealiseacutes Ainsi le troisiegraveme temps de lrsquoeacutetude a consisteacute avec lrsquoappui de lrsquoONB agrave organiser une seacuterie drsquoeacuteveacutenements dans le cadre des Journeacutees FRB

bull une journeacutee de cinq ateliers regroupant 20 agrave 25 personnes chacun permettant les eacutechanges entre les deacuteveloppeurs des outils et les potentiels utilisateurs publics et priveacutes

bull une journeacutee pleacuteniegravere largement ouverte permet-tant de restituer les reacutesultats des ateliers de donner la parole aux initiatives publiques et priveacutees feacutedeacuteratrices preacutesenteacutees au chapitre 1 de dialoguer avec des acteurs territoriaux et drsquoouvrir plus largement la question de la mesure des impacts sous les angles de lrsquoeacutecologie et de lrsquoeacuteconomie

Les participants agrave ces jours drsquoeacutechanges ont fait remonter une seacuterie de recommandations et de pistes drsquoactions adresseacutees aux concepteurs des outils aux chercheurs aux utilisateurs des outils et aux pou-voirs publics Elles sont syntheacutetiseacutees dans le tableau 3 (p 70) qui permet de visualiser les besoins de mutua-lisation des efforts

1re recommandation

Accepter la complexiteacute du vivant pour des actions plus pertinentes et plus preacutecises

Les interactions au sein du monde vivant et de celui-ci avec lrsquoenvironnement physique nombreuses de diverses natures rendent difficilement intelligibles en premiegravere instance lrsquoeacutetat et les dynamiques de la bio-diversiteacute le fonctionnement des eacutecosystegravemes Interre-lations reacutetroactions interactions effets non-lineacuteaires diversiteacute des eacutechelles temporelles et spatiales les informations multiples qui peuvent ecirctre collecteacutees et analyseacutees dessinent une partie de cette complexiteacute du vivant Leur prise en compte ne doit pas ecirctre syno-nyme de complication pour les acteurs mais bien gage drsquoacquisition de connaissances fines de meilleure compreacutehension pour plus de pertinence et de preacuteci-sion dans les deacutecisions et les actions La simplifica-tion de la repreacutesentation des processus agrave lrsquoœuvre dans la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo srsquoavegravere neacutecessaire et utile pour rendre compte de faccedilon syn-theacutetique des efforts de reacuteduction des impacts sur la biodiversiteacute Elle ne peut ecirctre suffisante et son emploi doit srsquoaccompagner drsquoune connaissance de ses limites

2e recommandation

Disposer drsquoun panel drsquooutils repreacutesentant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute

La difficulteacute agrave eacutevaluer la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo srsquoentend drsquoautant mieux qursquoen plus de reacutealiser explicitement les liens entre ces eacutetapes elle doit ideacutealement rendre compte des interactions eacutecolo-giques La reacuteflexion sur les outils de mesure drsquoimpacts des activiteacutes humaines neacutecessite drsquointeacutegrer les diffeacute-rents niveaux drsquoorganisation (des gegravenes aux paysages) et plusieurs composantes (de la structure agrave lrsquoeacutevolution) de la biodiversiteacute Degraves lors cela amegravene agrave envisager lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sous lrsquoangle drsquoun ensemble drsquooutils et drsquoindicateurs com-pleacutementaires ayant plusieurs niveaux de preacutecision et drsquoeacutechelles appreacuteciant diffeacuterentes facettes des impacts sur la biodiversiteacute Ce type drsquoeacutevaluation doit alors repo-ser sur plusieurs variables et meacutetriques de biodiversiteacute Diffeacuterentes approches peuvent ecirctre envisageacutees citons

bull La notion de laquo variables essentielles de biodiver-siteacute raquo deacuteveloppeacutee par le Reacuteseau mondial drsquoobservation de la biodiversiteacute du Groupe drsquoobservation de la Terre (GEO BON) peut constituer une piste de reacuteflexion cette approche permet de balayer les diffeacuterentes dimen-sions de la biodiversiteacute dans un ensemble restreint de variables Ce point est deacuteveloppeacute en partie 312 p 61

bull Srsquoil semble difficile drsquoeacutetablir un laquo indicateur biodiversiteacute raquo comme il en existe pour le climat les

6968

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

bull drsquoune part des arbres drsquoaide agrave la deacutecision afin drsquoorienter vers lrsquooutil le plus adapteacute agrave la question poseacutee selon le secteur drsquoactiviteacute le niveau de lrsquoactiviteacute eacutevalueacutee (cycle de vie drsquoun produit processus de production site uniteacute commerciale entreprise globale ndash voire collectiviteacute territoire ou pays) les finaliteacutes de lrsquoeacutevaluation (sensibi-lisation interne deacuteveloppement drsquoactiviteacutes deacuteclaration de performance extra-financiegravere obligatoire obtention de financements) les utilisateurs des reacutesultats (cadres deacutecisionnels syndicats clients actionnaires) le ni-veau drsquoexpertise et drsquoaccompagnement neacutecessaire

bull drsquoautre part une documentation peacutedagogique qui expose et deacutetaille la meacutethodologie de construction et de calcul de lrsquoindicateur Cette documentation pour-rait ecirctre illustreacutee selon le degreacute de deacuteveloppement et de deacuteploiement des outils par des cas pilotes ou des retours drsquoexpeacuterience discutant leur applicabiliteacute Si cette pratique a pu ecirctre observeacutee pour certains outils eacutevalueacutes elle nrsquoest pas encore geacuteneacuteraliseacutee

Deacutetailler la meacutethodologie et les calculs de faccedilon com-preacutehensible et expliciter les limites permettraient drsquoeacutevi-ter lrsquoeffet laquo boicircte noire raquo de ces outils dont la construc-tion est relativement complexe et drsquoameacuteliorer lrsquoanalyse des reacutesultats qui en deacutecoulent Un tel effort de la part des concepteurs drsquooutils initieacute mais encore insuffisant rendrait les outils plus appropriables par les utilisateurs potentiels sans diminuer pour autant le besoin drsquoun accompagnement speacutecifique pour les utilisateurs

9e recommandation

Deacutevelopper lrsquoaccompagnement reacutegalien des acteurs pour favoriser la transition eacutecologique

Outre les efforts de peacutedagogie sur des outils par leurs concepteurs un accompagnement reacutegalien est neacuteces-saire pour deacutevelopper leur utilisation et de faccedilon plus complegravete la sensibilisation aux enjeux lieacutes agrave lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute et les pistes pour limiter cette eacuterosion Les eacuteleacutements issus de lrsquoenquecircte et des eacutechanges en ate-liers et pleacuteniegraveres soulignent plusieurs leviers dont

bull reacuteformer la fiscaliteacute notamment sur les espaces naturels non bacirctis afin de ne pas favoriser la transfor-mation des terres ni leur artificialisation

bull utiliser des outils financiers par exemple condi-tionner lrsquoobtention de subventions agrave des limitations des pressions drsquoimpacts actionner le levier pollueur-payeur les paiements pour services environnemen-taux etc et eacutevaluer leurs effets

bull faire mieux appliquer la reacuteglementation existante et preacutevenir la distorsion de concurrence

bull appuyer la labellisation ou des concours (par exemple label drsquoagriculture biologique capitales fran-ccedilaises de la biodiversiteacute territoires drsquoexcellence envi-ronnementale etc) voire deacutevelopper de nouveaux labels officiels

bull inteacutegrer des critegraveres de laquo mieux-disance environ-nementale raquo dans les marcheacutes publics

bull deacutevelopper une offre peacutedagogique pour tous les acteurs

bull etcCet accompagnement est drsquoautant plus neacutecessaire

qursquoon peut aujourdrsquohui observer le laquo paradoxe envi-ronnemental raquo du discours courant celui-ci souligne la deacutependance des entreprises agrave la biodiversiteacute les opportuniteacutes financiegraveres que celle-ci peut repreacutesenter pour les entreprises et le besoin qui en deacutecoule de la proteacuteger Toutefois le constat est que le modegravele eacuteco-nomique actuel nrsquoa pas fait la preuve de son efficaciteacute agrave geacuteneacuterer une transition eacutecologique Les indicateurs au niveau des entreprises mais aussi de lrsquoEacutetat neacuteces-sitent drsquoecirctre repenseacutes afin drsquoaccompagner les acteurs vers une vision ougrave le systegraveme eacuteconomique est aussi voire avant tout une source de risques ou drsquoopportu-niteacutes pour la biodiversiteacute

Un point de vigilance doit ecirctre souleveacute cer-tains financeurs priveacutes notamment actionnaires et banques et les agences de notation socieacutetale sont de plus en plus attentifs aux impacts des activiteacutes sur la biodiversiteacute La conseacutequence de cette attention ver-tueuse est drsquointeacutegrer dans leurs conditions drsquoaide ou leur grille de notation lrsquoutilisation des outils objets de cette eacutetude ou les indicateurs qui en reacutesultent Une telle pratique aurait pour effet non souhaiteacute par les acteurs de rendre laquo prescriptive raquo lrsquoutilisation de ces derniers

10e recommandation

Renforcer la recherche partenariale aussi bien fondamentale qursquoappliqueacutee

Les intervenants qui ont apporteacute leur concours agrave cette eacutetude soulignent qursquoil est difficile drsquoobtenir des eacuteva-luations fiables drsquoimpacts potentiels et encore moins preacutedictifs tant les dynamiques de biodiversiteacute ne sont pas lineacuteaires peuvent preacutesenter des effets de seuils des effets retard ou encore des eacutevolutions lentes mais irreacuteversibles Afin drsquoameacuteliorer la connaissance des dy-namiques de biodiversiteacute qui demeure encore impar-faite la recherche doit ecirctre poursuivie observation collecte de donneacutees expeacuterimentation modeacutelisation sont autant de pratiques agrave renforcer

Dans le cadre plus speacutecifique du deacuteveloppement des outils outre des travaux sur lrsquoarticulation expli-cite de la chaicircne laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo les communauteacutes acadeacutemiques actives sur ces sujets sont inviteacutees agrave travailler sur la prise en compte des eacutechelles et des dynamiques spatiales et temporelles des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute ainsi qursquoagrave preacuteciser les atouts et les limites des eacutetats de reacutefeacuterence lorsque ceux-ci sont utiliseacutes Les acteurs

reacutealisables en prenant en compte toutes les activiteacutes concerneacutees ndash pas seulement celles qui sont modeacuteliseacutees et pour lesquelles il existe des tables de reacutefeacuterence ndash et tous les eacuteleacutements de biodiversiteacute puis en argumen-tant la priorisation des chaicircnes laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo qui parmi les possibles seront particuliegrave-rement mobiliseacutees afin drsquoeacutevaluer les impacts

Cocircteacute deacuteveloppeurs drsquooutils cela implique de tra-vailler agrave inteacutegrer toutes les pressions notamment celles relatives aux pollutions et aux espegraveces exotiques envahissantes En ce qui concerne lrsquoACV les acteurs appellent agrave une prise en compte de lrsquoensemble du cycle de vie dans les eacutevaluations

Enfin cocircteacute recherche cela implique de poursuivre les travaux pour modeacuteliser les interactions le cumul des pressions et des effets de seuil potentiels ndash avec une approche spatialiseacutee et avec des donneacutees robustes sur le plan scientifique

Drsquoautres perspectives peuvent aussi ecirctre travail-leacutees comme lrsquoestimation des impacts sur les services eacutecosysteacutemiques explicite pour les acteurs et les deacuteci-deurs de la reacutesilience des eacutecosystegravemes etc

6e recommandation

Renforcer lrsquoeacutevaluation de la fiabiliteacute de la robustesse de la sensibiliteacute et des incertitudes associeacutees aux outils

Outre lrsquoameacutelioration des performances des outils les ateliers et les eacutevaluations des outils ont fait eacutemerger le besoin de disposer des arguments scientifiques sur la fiabiliteacute la robustesse la sensibiliteacute des outils sur le choix des donneacutees les pondeacuterations et les incerti-tudes ainsi que sur les hypothegraveses sous-jacentes au modegravele des relations laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo ndash mobiliseacute agrave lrsquoexteacuterieur ou construit speacutecifiquement dans le cadre de lrsquooutil Ces eacuteleacutements pourraient ecirctre eacutevalueacutes et documenteacutes par les concepteurs drsquooutils de faccedilon plus transparente eu eacutegard agrave la complexiteacute des processus qursquoils eacutevaluent

De plus dans le cadre drsquoune deacutemarche drsquoameacuteliora-tion continue les outils pourraient ecirctre reacuteguliegraverement eacutevalueacutes par des tiers acadeacutemiques issus de diffeacuterentes disciplines (eacutecologie eacuteconomie) et sans conflit drsquoin-teacuterecirct (sans ecirctre co-auteurs) quant aux deacuteveloppements des modegraveles sur lesquels reposent les outils Enfin une validation des impacts eacutevalueacutes par lrsquoacquisition de donneacutees sur le terrain srsquoavegravererait aussi essentielle Lrsquoensemble de cette deacutemarche pourrait servir une communication transparente et humble sur les outils leurs atouts et limites

Ces eacuteleacutements sont drsquoautant plus importants que les acteurs qui utilisent les outils ne sont pas neacutecessaire-ment dans une deacutemarche de veacuterification de la validiteacute des outils utiliseacutes

7e recommandation

Ne pas attendre pour agir travailler sur les pressions et les reacuteponses

Devant lrsquoampleur du travail restant agrave accomplir et les biais des outils drsquoeacutevaluation des impacts aujourdrsquohui disponibles acteurs et chercheurs soulignent ainsi la neacutecessiteacute drsquoaxer les outils sur les laquo pressions exerceacutees raquo et les laquo reacuteponses apporteacutees raquo plus que sur les laquo impacts sur la biodiversiteacute raquo Lrsquoeacutetat et les tendances de la bio-diversiteacute sont deacutejagrave relativement bien documenteacutes de lrsquoeacutechelle mondiale (travaux de lrsquoIpbes par exemple) agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale (travaux des observatoires reacutegio-naux par exemple) par diffeacuterents acteurs Il existe en outre pour des eacutevaluations locales de lrsquoeacutetat reacuteel de la biodiversiteacute un ensemble drsquoacteurs et drsquooutils qui peuvent reacutepondre agrave ce besoin

Pour les acteurs eacuteconomiques outre une meilleure caracteacuterisation des liens entre laquo activiteacutes ndash pressions ndash impacts raquo la prise en compte des pressions neacuteces-site de bien diffeacuterencier agrave lrsquoeacutechelle des entreprises et dans les outils les laquo pressions directes raquo pour lesquels ils disposent de mesures drsquoeacutevitement ou de reacuteduction (par exemple reacuteduire lrsquoemprise au sol drsquoune activiteacute diminuer lrsquousage de produits chimiques eacuteviter la deacutefo-restation) et les laquo pressions indirectes qui sont sou-vent les leviers sur lesquels les acteurs peuvent agir pour reacuteduire plus durablement les pressions directes (par exemple engager le management de lrsquoentreprise dans des objectifs de trajectoire durable reacuteduire les allocations de fonds aux activiteacutes les plus impactantes favoriser le deacuteveloppement drsquoinnovations limiter les achats de produits eux-mecircmes agrave fort impact etc) raquo

Par ailleurs lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute pourrait ecirctre prolongeacutee par une eacutevaluation des effets des reacuteponses apporteacutees des mesures correctives adopteacutees pour limiter les impacts Les acteurs pourraient alors mettre en avant leurs bonnes pratiques et les reacutesultats favorables pour la biodiversiteacute reacuteellement obtenus

Les travaux sur les laquo pressions raquo et les laquo reacuteponses raquo doivent srsquointeacutegrer dans les strateacutegies des acteurs pri-veacutes industriels marchands et publics Ils renvoient aux volonteacutes et aux capaciteacutes de transformation des systegravemes contemporains pour reacutealiser la transition eacutecologique

8e recommandation

Deacutevelopper des guides de choix et drsquoutilisation des outils preacutecis et illustreacutes par des exemples

Une des principales conclusions de lrsquoenquecircte et de lrsquoeacuteva-luation exposeacutees dans les chapitres preacuteceacutedents pointe le besoin drsquoaccompagner les acteurs en proposant

7170

Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs Les perspectives ouvertes par les eacutevaluations et le dialogue multi-acteurs

qui utilisent des indicateurs de pressions drsquoeacutetat et de reacuteponses attendent quant agrave eux des tableaux de bord plus clairs pour mettre en regard des outils diagnostics (indicateurs de pressions et drsquoeacutetat) et des leviers drsquoac-tions (indicateurs de reacuteponses) quitte agrave utiliser des approximations ducircment argumenteacutees Dans tous les cas une meilleure connaissance des conditions drsquoap-plication du domaine drsquoutilisation (secteur eacutechelle pilotage etou rapportage etou sensibilisation) de la fiabiliteacute la robustesse et la reproductibiliteacute est appa-rue comme une condition neacutecessaire drsquoappropriation par les acteurs

Ces deacuteveloppements peuvent ecirctre reacutealiseacutes au sein de projets de recherche largement multi-partenariaux et deacuteboucher sur des cas drsquoeacutetude des pilotes permettant drsquoobtenir des retours drsquoexpeacuteriences utiles aussi bien sur les plans acadeacutemique et pratique Soulignons que lrsquoen-gagement drsquoacteurs de parties prenantes tregraves en amont de la deacutefinition de projets de recherche facilite lrsquoappro-priation reacuteciproque des besoins et des contraintes ainsi que la diffusion des reacutesultats

11e recommandation

Deacutevelopper la conception et les applications publiques

Lrsquoeacutetude a porteacute sur lrsquoeacutevaluation drsquooutils mais aussi agrave leur applicabiliteacute aux acteurs publics territoriaux et na-tionaux Il ressort que ce domaine drsquoapplication nrsquoest pas encore deacuteveloppeacute Une recommandation geacuteneacuterale est donc de travailler agrave promouvoir lrsquoutilisation drsquoindi-cateurs de pressions eacutetat et reacuteponses pour appuyer le pilotage et lrsquoeacutevaluation des actions des collectiviteacutes de reacutefleacutechir agrave la transposabiliteacute des outils inteacutegratifs en de-hors de la sphegravere du secteur priveacute marchand qursquoils srsquoap-puient sur le cadre PER ou sur lrsquoACV drsquoaccompagner les collectiviteacutes dans lrsquoappropriation de ces meacutethodes parfois complexes Au niveau de lrsquoEacutetat les acteurs re-commandent que la puissance publique deacuteveloppe une deacutemarche adapteacutee agrave lrsquoeacutechelle du pays utile dans le cadre des neacutegociations internationales tout en eacutetant attentive agrave sa compatibiliteacute avec les outils des acteurs eacuteconomiques

RecommandationsPublics cibles

Deacuteveloppeurs Utilisateurs Chercheurs Deacutecideurs politiques

Accepter la complexiteacute du vivant pour des actions plus pertinentes et plus preacutecises times times times times

Disposer drsquoun panel drsquooutils appreacuteciant diffeacuterentes eacutechelles et facettes de la biodiversiteacute times times times times

Travailler avec tous les acteurs et mieux utiliser les connaissances et les donneacutees disponibles times times times

Adapter les outils aux pratiques de lrsquoentreprise et agrave ses leviers drsquoactions times times times

Mieux caracteacuteriser les liens entre activiteacutes pressions et impacts times times

Renforcer lrsquoeacutevaluation de la fiabiliteacute la robustesse la sensibiliteacute et les incertitudes associeacutees aux outils times times

Ne pas attendre pour agir travailler sur les pressions et les reacuteponses times times

Deacutevelopper des guides de choix et drsquoutilisation des outils preacutecis et illustreacutes par des exemples times

Deacutevelopper lrsquoaccompagnement reacutegalien des acteurs pour favoriser la transition eacutecologique times

Renforcer la recherche partenariale aussi bien fondamentale qursquoappliqueacutee times times times times

Deacutevelopper la conception et les applications publiques times times times

synthegravesEs DEs rECOMMAnDAtIOns Et PUbLICs CIbLEsTABLEAU 3

7372

Conclusion

Lrsquoheure est agrave lrsquoaction pour sauvegarder et restaurer la biodiversiteacute Lrsquoaction se situe du cocircteacute des politiques publiques bien sucircr mais aussi des citoyens des collectiviteacutes locales et des entreprises de toutes natures Cela passe par la neacutecessaire inclusion drsquoune preacuteoccupation sur lrsquoeacutetat et le devenir de la biodiversiteacute et des services eacutecosysteacutemiques dans toutes les pratiques et politiques qui en deacutependent et qui lrsquoimpactent ndash notamment voire surtout les activiteacutes eacuteconomiques ndash ce que la Convention sur la diversiteacute biologique (CDB) a deacutesigneacute sous le terme laquo drsquointeacutegration de la biodiversiteacute raquo (mainstreaming)

Prendre en compte les aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute et de la crise systeacutemique qursquoelle traverse

Lrsquoaction crsquoest drsquoabord la reacuteduction rapide des facteurs de pression ceux que la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques (Ipbes) a rappeleacute changement drsquousages des terres surexploitation des ressources pollutions changement climatique espegraveces envahissantes

En termes drsquoindicateurs il importe de deacutecliner ces grands facteurs en une typologie deacutetailleacutee de pressions qui fassent sens pour les acteurs par exemple caracteacuteriser les effets des pollutions lieacutees aux plastiques aux pesticides aux perturbateurs endocriniens etc Cette publication montre agrave la fois les difficulteacutes qursquoil y a agrave mesurer les impacts des activiteacutes humaines et les pistes pour progresser pour ameacuteliorer les reacuteponses des acteurs

Les outils mesurant ces impacts exposeacutes dans cette publication preacutesentent ainsi un caractegravere mobilisateur ils feacutedegraverent les acteurs dans une deacutemarche permettent de srsquointeacuteresser agrave la biodiversiteacute et drsquoeacutevaluer des progregraves Les questions adresseacutees par les membres du Comiteacute drsquoorientation strateacutegique (Cos) de la FRB et la nombreuse assistance aux Journeacutees FRB 2019 teacutemoignent de lrsquointeacuterecirct porteacute au sujet

Toutefois lrsquoutilisation de ces outils ne saurait se reacuteduire agrave eacutevaluer de faccedilon ex-ante ou ex-post les impacts des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute elle a aussi et surtout pour finaliteacute de reacuteduire les pressions qui srsquoexercent sur elle Ce qui exige souvent drsquoappreacutehender la biodiversiteacute dans un cadre systeacutemique drsquointeractions et de reacutetroactions au sein du vivant entre acteurs et biodiversiteacute Le rapport speacutecial de lIpbes publieacute en 2019 sur la base de plus de 20 ans de travaux scientifiques donne des pistes Ce rapport aborde les aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute et de la crise qursquoelle traverse dont les indicateurs doivent rendre compte Il srsquoagit drsquoeacutevaluer lrsquoimpact des pressions

4

7574

Meacutethodes drsquoeacutevaluations complegravetes Meacutethodes drsquoeacutevaluations complegravetes

via diffeacuterents indicateurs drsquoeacutetat de la biodiversiteacute diversiteacute speacutecifique eacutetat des espegraveces menaceacutees abondance des espegraveces communes eacutetat des fonctions eacutecologiques et des services eacutecosysteacutemiques structure des eacutecosystegravemes Le cadre systeacutemique doit permettre drsquoanticiper les effets des politiques et pratiques de chacun en inteacutegrant lrsquoeffet des autres acteurs leurs interactions les effets en retour de la biodiversiteacute ndash une piste eacutetant par exemple lrsquoapproche laquo conseacutequentielle raquo des analyses de cycles de vie

Des ameacuteliorations agrave apporter dans les outils en deacuteveloppement

Afin drsquointeacutegrer ces aspects multidimensionnels de la biodiversiteacute dans un cadre systeacutemique il est essentiel de poursuivre les recherches et les deacuteveloppements meacutethodologiques Il srsquoagit de reacutepondre au besoin drsquoindicateurs voire drsquooutils au sein des entreprises comme facteur drsquoincitation agrave agir et comme gage drsquoune meilleure action Il est aussi essentiel de renseigner lrsquoEacutetat les citoyens les consommateurs Le sujet est ardu et il est neacutecessaire de deacutefinir un chemin qui tienne compte

ndash des diffeacuterents types drsquoindicateurs et drsquooutils (eacutetat pressions reacuteponses enchaicircnement des activiteacutes jusqursquoaux impacts)

ndash des cadres conceptuels des eacutechelles inteacutegratives (du cycle de vie drsquoun produit ou drsquoun service agrave la biodiversiteacute ses niveaux drsquoorganisation sa dimension spatiotemporelle)

ndash des eacutetats de maturiteacute des outils (de nombreux outils sont en phase de deacuteveloppement ou en phase pilote)

ndash drsquoatouts de limites agrave reacuteduire drsquohypothegraveses agrave mieux argumenter de lien avec la reacutealiteacute du terrain agrave renforcer

ndash des besoins des acteurs (eacutevaluer lrsquoimpact drsquoun produit drsquoune entreprise drsquoun changement de pratique rendre compte)

ndash des nombreuses initiatives internationales europeacuteennes nationales autour des indicateurs et des outils

Entre diversiteacute et hieacuterarchie des indicateurs

Au-delagrave du laquo porteacute agrave connaissance raquo de cette publication une des conclusions est qursquoil serait difficile surtout reacuteducteur et non pertinent drsquoimposer aux acteurs aux entreprises aux citoyens un outil ou un indicateur unique pour rendre compte des impacts Chaque acteur entreprise en fonction de ses activiteacutes et de ses pressions devrait disposer drsquoun ou plusieurs indicateurs plus ou moins inteacutegratifs adapteacutes agrave son type drsquoactiviteacute scientifiquement valideacutes Ces indicateurs ont plusieurs usages possibles deacutevelopper une comptabiliteacute environnementale agrave usage interne rendre compte de ses actions et de ses reacutesultats en matiegravere de responsabiliteacute sociale et deacutesormais environnementale

deacutecider piloter ses activiteacutes afin de les rendre moins impactantes De mecircme les citoyens ont besoin drsquoune diversiteacute drsquoindicateurs ajusteacutes agrave la diversiteacute de leurs attentes De maniegravere compleacutementaire lrsquoEacutetat doit se doter drsquoun ou plusieurs outils ou indicateurs pour mesurer les effets de lrsquoeffort collectif national en termes de protection de la biodiversiteacute et en rendre compte au niveau international

Dans le mecircme temps il reste indispensable de srsquoaccorder sur un ensemble minimal de dimensions de la biodiversiteacute agrave prendre en compte afin drsquoavoir une vision harmoniseacutee de son eacutetat et de sa dynamique afin de veacuterifier et de confronter les efforts pour reacuteduire son eacuterosion

Le choix des indicateurs selon leur qualiteacute leur fiabiliteacute leur transparence et leur inclusiviteacute est essentiel pour eacuteviter et reacuteduire les impacts sur la biodiversiteacute des efforts collectifs concerteacutes sont neacutecessaires

Perspectives une reacuteflexion collective neacutecessaire agrave lrsquoameacutelioration des indicateurs

De par les deacutefis scientifiques que doivent affronter les outils mis en exergue dans cette publication cette reacuteflexion est aussi une invitation agrave deacutevelopper les collaborations avec le monde acadeacutemique Il est neacutecessaire de roder les outils de les exposer agrave lrsquoeacutevaluation scientifique externe afin dameacuteliorer leur pertinence vis-agrave-vis de la biodiversiteacute et de la complexiteacute des processus qui en sont agrave lrsquoorigine Lrsquoobjectif est bien de deacutevelopper des outils qui reacutepondent agrave la fois aux besoins des entreprises agrave la demande des consommateurs et des citoyens mais qui incarnent aussi le plus preacuteciseacutement possible une reacutealiteacute biologique et eacutecologique

Pour chaque acteur un indicateur est une boussole qui oscille entre dimension scientifique et dimension politique La reacuteflexion sur lrsquoeacutevaluation des impacts des activiteacutes humaines est prolongeacutee par la phase de deacutecision ndash drsquoimplantation drsquoune activiteacute de choix drsquoune matiegravere premiegravere drsquoactions de protection ou de restauration Pour cette eacutetape il pourrait ecirctre utile dans certains cas de compleacuteter les informations fournies par un ensemble drsquoindicateurs par des sceacutenarios baseacutes sur des approches socio-eacutecosysteacutemiques

En reacutesumeacute cette publication preacutesente de nombreuses initiatives portant sur des outils de mesure de lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute leurs logiques ambitions forces et limites De nombreuses pistes drsquoameacutelioration sont suggeacutereacutees Lrsquoenjeu eacutetant que les outils et les indicateurs contribuent agrave une ambition partageacutee preacuteserver et restaurer la biodiversiteacute dont nous faisons partie

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Annexes

Annexe 1 Questions de lrsquoenquecircteAnnexe 2 Questions sur la grille drsquoeacutevaluation scientifique Annexe 3 Liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeurs indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019

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Annexes Annexes

Annexe 1 Questions de lrsquoenquecircte

bull Nom Type de structure Secteur drsquoactiviteacute Effectif de la structure Code du deacutepartement

bull Connaissez-vous des indicateurs de biodiversiteacute Si oui lesquels

bull Utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiver-siteacute Si oui lesquels

bull Pour quelles raisons utilisez-vous un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

bull Pour quelles raisons nrsquoutilisez-vous pas drsquoindicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les limites des indicateurs drsquoimpact sur la biodiversiteacute existants

bull Il faut deacutefinir un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute ndash Par type drsquoacteurndash Par secteur drsquoactiviteacutendash Sans opinionndash Etc

bull Facile agrave mettre en place (meacutethodologie simplifieacutee)ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Sensible Reacuteactif (deacutetecte rapidement un change-ment signifiant)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Robuste (la mesure ou le calcul de lrsquoindicateurindice reste fiable mecircme lorsque les conditions varient)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Preacutecis (mesure avec une faible marge drsquoerreur ou drsquoincertitude le pheacutenomegravene qursquoil est supposeacute deacutecrire)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Baseacute sur lrsquoautoeacutevaluation (lrsquoentreprise remplit un questionnaire)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Produire un reacutesultat quantitatif et mesurable (com-parable agrave la tonne de CO2 pour lrsquoimpact climatique)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Parlant (transmettre un message clair et facilement interpreacutetable)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Disponible au grand public (ecirctre en libre accegraves et diffuseacute systeacutematiquement par les entreprises)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Obligatoire (sa mise en place est rendue obligatoire par la loi)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Inteacutegreacute (prendre en compte les caracteacuteristiques eacutecosysteacutemiques)

ndash Pas important Peu important Relativement important Important Tregraves important NA

bull Quels eacuteleacutements vous inciteraient agrave utiliser un (ou des) indicateur drsquoimpact de vos activiteacutes sur la bio-diversiteacute

bull Quelles sont les connaissances qui vous manquent pour utiliser parfaitement un indicateur drsquoimpact sur la biodiversiteacute

Annexe 2 Questions de la grille drsquoeacutevaluation scientifique

Pressions prises en compte

bull Quelles sont les pressions directes prises en compte dans les modegraveles (laquo pressure raquo in DPSIR laquo direct dri-vers raquo in MEA) (en diffeacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les pressions indirectes prises en compte dans les modegraveles (laquo drivers raquo in DPSIR) (en diffeacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les pressions prises en compte dans lrsquooutil

bull Si elles sont diffeacuterentes de celles du modegravele quel est lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute de cette diffeacuterence

bull Y a-t-il des manques en termes de pressions agrave prendre en compte

Liens entre les pressions et les impacts sur la biodiversiteacute

bull Quels sont les modegraveles mobiliseacutes dans lrsquooutil afin de lier pressions et impacts sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans le modegravele

bull Quels sont les avantages du ou des modegraveles (en dif-feacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les limites du ou des modegraveles (en diffeacute-renciant par modegravele)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans les modegraveles (donneacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mutualiseacutees dans une base de donneacutees donneacutees drsquoobservation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) (en diffeacuterenciant par modegravele) Quelles sont leurs avan-tages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Quelles sont les meacutetriques de biodiversiteacute utiliseacutees dans lrsquooutil

bull Si elles sont diffeacuterentes de celles du modegravele quel est lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute de cette diffeacuterence

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil (don-neacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mu-tualiseacutees dans une base donneacutees donneacutees drsquoobser-vation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) Quelles sont leurs avantages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Preacutecision de lrsquooutil la relation entre pressions et impacts est-elle significative La marge drsquoerreur drsquoincertitude lieacutee agrave cette relation est-elle faible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Sensibiliteacute de lrsquooutil la relation entre pressions et impacts est-elle sensible Lrsquooutil permet-il de faire la diffeacuterence (impacts) entre des situations (pressions) qui sont diffeacuterentes Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Lrsquooutil permet-il de deacutetecter des changements preacute-coces de biodiversteacute (type laquo early warning signals raquo)

Informations geacuteneacuterales

bull Agrave quelle eacutetape le deacuteveloppement de lrsquooutil est-il en 2019

bull Quels sont les secteurs drsquoactiviteacutes actuellement concerneacutes ou potentiels

bull Quelles sont les eacutechelles drsquoeacutevaluation drsquoimpact des activiteacutes sur la biodiversiteacute

bull Quels sont les milieux actuellement concerneacutes ou potentiels

bull Business application in summarybull Quel est le cadre conceptuel geacuteneacuteral mobiliseacute par

lrsquooutil

Liens entre les activiteacutes et les pressions

bull Quels sont les modegraveles mobiliseacutes dans lrsquooutil afin de lier activiteacutes et pressions

bull Quels sont les avantages du ou des modegraveles (en dif-feacuterenciant par modegravele)

bull Quelles sont les limites du ou des modegraveles (en diffeacute-renciant par modegravele)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans les modegraveles (donneacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mutualiseacutees dans une base de donneacutees donneacutees drsquoobservation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc (en diffeacuterenciant par modegravele) Quelles sont leurs avan-tages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Quelles sont les donneacutees utiliseacutees dans lrsquooutil (don-neacutees de modeacutelisation donneacutees drsquoobservation mu-tualiseacutees dans une base donneacutees donneacutees drsquoobser-vation collecteacutees de faccedilon ad hoc etc) Quelles sont leurs avantages et limites (qualiteacute disponibliteacute)

bull Preacutecision de lrsquooutil la relation entre activiteacutes et pressions est-elle significative La marge drsquoerreur drsquoincertitude lieacutee agrave cette relation est-elle faible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Sensibiliteacute de lrsquooutil la relation entre activiteacutes et pressions est-elle sensible Lrsquooutil permet-il de faire la diffeacuterence (pressions) entre des situations (activi-teacutes) qui sont diffeacuterentes Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

bull Fiabiliteacute de lrsquooutil la deacutetermination de la relation entre activiteacutes et pressions est-elle fiable La deacuteter-mination de cette relation est-elle reproductible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

8180

Annexes Annexes

bull Lrsquooutil permet-il de deacutetecter des changements inha-bituels voire des points drsquoinflexion lors de change-ments non lineacuteaires

bull Fiabiliteacute de lrsquooutil la deacutetermination de la relation entre pressions et impacts est-elle fiable La deacuteter-mination de cette relation est-elle reproductible Si non quels sont les biais et comment peuvent-ils ecirctre deacutepasseacutes

Biodiversiteacute prise en compte et pertinence de lrsquoindicateur

bull Agrave quels peacuterimegravetres spatials lrsquooutil srsquointeacuteresse-t-il pour eacutevaluer les pressions et les impacts sur la bio-diversiteacute Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Agrave quels peacuterimegravetres temporels lrsquooutil srsquointeacuteresse-t-il pour eacutevaluer les pressions et les impacts sur la bio-diversiteacute Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Quels sont les niveaux drsquoorganisation de la biodiver-siteacute pris en compte dans lrsquooutil Geacuteneacutetique Indivi-du Espegravece Population Communauteacute Habitat Eacuteco-systegraveme Paysage Autre Quels en sont les inteacuterecircts et les limites

bull Lors de la prise en compte drsquoespegraveces pour le calcul de lrsquoindicateur srsquoagit-il drsquoespegraveces en particulier espegraveces cibles espegraveces bioindicatrices vulneacuterables patrimoniales etc Ou drsquoagreacutegations drsquoespegraveces

bull Quelles sont les dimensions de la biodiversiteacute prises en compte dans lrsquooutil Composition Structure Fonction Eacutevolution Autre Quels en sont les inteacute-recircts et les limites

bull Lrsquoindicateur est-il repreacutesentatif de tous les impacts sur la biodiversiteacute occasionner par les activiteacutes prises en compte

bull La meacutethode associeacutee agrave lrsquooutil preacuteconise-t-elle de reacute-peacuteter le calcul Si oui agrave quelle freacutequence Si non quelle freacutequence serait pertinente

bull Pertinence de lrsquooutil lrsquooutil est-il pertinent pour rendre compte drsquoimpacts drsquoactiviteacutes sur la biodiver-siteacute

bull Quels sont les avantages de lrsquoindicateur pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

bull Quelles sont les limites de lrsquoindicateur pour rendre compte drsquoimpacts sur la biodiversiteacute

bull Un ou plusieurs autres outils ou indicateurs pour-raient-ils compleacuteter celui-ci ou ecirctre plus pertinents (en diffeacuterenciant outils et indicateurs) (ex ensemble de bioindicateurs Ecological Damage Potential (EDP) Indicator Functional Diversity Index etc)

Meacutethodologie de lrsquooutil et calcul de lrsquoindicateur

bull Quelles sont les grandes eacutetapes de calcul de lrsquoindica-teur

bull Le calcul de lrsquoindicateur est-il clair rigoureux trans-parent

bull Quels sont les avantages de la construction de lrsquooutil pour le calcul de lrsquoindicateur

bull Y a-t-il des biais possibles des limites des incerti-tudes lieacutees au calcul Le cas eacutecheacuteant comment les limiter

bull Le calcul de lrsquoindicateur permet-il des changements drsquoeacutechelles spatiale etou temporelle Le cas eacutecheacuteant se base-t-il sur les mecircmes donneacutees Le cas eacutecheacuteant preacutecision sensibiliteacute et fiabiliteacute sont-elles affecteacutees

Utilisation de lrsquooutil et interpreacutetation de lrsquoindicateur

bull Quels sont les niveaux du cadre Pressure-State-Res-ponse pris en compte par les modegraveles

bull Lrsquooutil permet-il drsquoajouter un ou des niveaux suppleacute-mentaires

bull Quels sont les domaines drsquoapplication de lrsquoutilisa-tion de lrsquooutil en termes de connaissance des im-pacts (actuels ou potentiels) et de types de deacutecision (financiegraveres etou drsquoinvestissement sur un projet et ou de production sur la localisation du site)

bull En vue du coucirct de la mise en place de lrsquooutil et de sa performance par rapport agrave la biodiversiteacute quelle est la rentabiliteacute de lrsquooutil

bull Existe-t-il une valeur cible ou un objectif agrave atteindre pour cet indicateur

bull Lrsquoindicateur permet-il des comparaisons entre enti-teacutes (sites entreprises collectiviteacutes pays) agrave des zones geacuteographiques etou agrave des moments (suivi temporel) diffeacuterents

bull Lrsquooutil pourrait-il ecirctre utiliseacute dans un cadre public et le eacutecheacuteant lesquels (bacirctiment public collecti-viteacute eacutetat)

bull Lrsquooutil transmet un message clair et facilement inter-preacutetable par les non-experts

bull Lrsquooutil peut servir pour transmettre des messages (sur la performance au niveau drsquoimpact sur la biodi-versiteacute) au grand public

bull Lrsquooutil et lrsquoindicateur peuvent-ils srsquoinseacuterer dans des cadres internationaux en faveur de la biodiversiteacute (Ipbes CBD ODD etc)

Pistes drsquoameacuteliorations

bull Quels pourraient-ecirctre les deacuteveloppements souhai-tables de cet outil (conception statistique mobilisa-tion drsquoautres donneacutees acquises ou agrave acqueacuterir deacutecli-naison territoriale)

Annexe 3 Liste de quelques indicateurs et drsquoautres informations agrave valeur indicatives preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation mondiale de la biodiversiteacute et des eacutecosystegravemes publieacutee par lrsquoIpbes en 2019

Indicateurs et autres informations Informations et donneacutees preacutesentes dans le rapport

Empreinte eacutecologique (Ecological footprint)

La demande de lrsquohumaniteacute deacutepasse la biocapaciteacute de la planegravete depuis plus de 40 ans et le calcul de lrsquoempreinte eacutecologique montre qursquoil faudrait 16 Terre pour reacutepondre aux demandes annuelles de lrsquohumaniteacute envers la nature

Production primaire nette restant dans les eacutecosystegravemes terrestres apregraves appropriation par lrsquohomme (Net primary production remaining in terrestrial ecosystems after human appropriation)

La production primaire nette restant dans les eacutecosystegravemes terrestres apregraves appropriation par lrsquohomme est maintenant drsquoenviron 86 de son niveau de reacutefeacuterence naturel infeacutereacute et de seulement 64 en Asie

Biomasse veacutegeacutetale (Vegetation biomass)

La biomasse veacutegeacutetale est reacuteduite par le changement drsquoaffectation des terres et lrsquointensification agrave moins de 50 du niveau attendu srsquoil nrsquoy avait pas drsquoutilisation humaine des terres ndash avec une tendance agrave la hausse depuis 1970 sous lrsquoeffet de la fertilisation du changement climatique et de la re-veacutegeacutetation apregraves un preacuteceacutedent changement drsquousage des terres

Indice de biodiversiteacute de lrsquohabitat (Biodiversity habitat index)

Lrsquoindice de biodiversiteacute de lrsquohabitat estime lrsquointeacutegriteacute actuelle de lrsquohabitat terrestre pour la biodiversiteacute indigegravene agrave 70 de son niveau drsquoorigine

Indice drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute (Biodiversity Intactness Index)

Lrsquoindice drsquointeacutegriteacute de la biodiversiteacute nrsquoest que de 79 en moyenne dans les eacutecosystegravemes terrestres la plupart des biomes eacutetant infeacuterieurs agrave 90

Paysages forestiers intacts (Intact forest landscapes)

Les paysages forestiers intacts continuent de deacutecliner rapidement dans les pays riches et pauvres et en particulier dans les pays neacuteotropicaux en raison de lrsquoexploitation forestiegravere industrielle de lrsquoexpansion agricole des incendies et de lrsquoexploitation miniegravere (perte de 7 entre 2000 et 2013)

Couverture forestiegravere (Tree cover)

La couverture forestiegravere est estimeacutee agrave seulement 542 de la superficie agrave lrsquoaube de la civilisation humaine Le couvert forestier mondial a augmenteacute de 26 par deacutecennie entre 1982 et 2016 mais il continue agrave diminuer dans les tropiques et environ 153 milliards drsquoarbres sont encore perdus chaque anneacutee en raison de la deacuteforestation de la gestion des forecircts des perturbations et des changements drsquoaffectation des terres

Eacutetendue des forecircts (Extent of forests)

Lrsquoeacutetendue des forecircts repreacutesente 681 de leur eacutetendue preacuteindustrielle (soit 460 millions drsquohectares de moins que la limite de seacutecuriteacute proposeacutee) Lrsquoeacutetendue des forecircts a diminueacute nettement plus lentement en 2005-2015 qursquoen 1990-2005

Indice de tendance de lrsquoeacutetendue des zones humides (Wetland Extent Trend Index)

Lrsquoindice de tendance de lrsquoeacutetendue des zones humides diminue rapidement (Dixon et al 2016) et jusqursquoagrave 87 des zones humides naturelles preacutesentes en 1700 eacutetaient perdues en 2000

8382

Annexes Annexes

[Surfaces] de terres ni cultiveacutees ni urbaniseacutees (Land neither cultivated nor urban)

Les [surfaces] de terres ni cultiveacutees ni urbaniseacutees nrsquoont diminueacute lentement que depuis 1992 Des diminutions [de surfaces] beaucoup plus rapides sont observeacutees dans certains eacutecosystegravemes (prairies tempeacutereacutees -25 forecircts tropicales et subtropicales -13 ) Certaines reacutegions ont eacutegalement connu une eacutevolution particuliegraverement rapide de leur couverture terrestre entre 2001 et 2012 lrsquoArctique a connu une augmentation de 52 de lrsquoeacutetendue des forecircts de 19 des zones humides et une diminution de 91 des terres steacuteriles

Diversiteacute geacuteneacutetique au sein drsquoune population (Genetic diversity within-population)

La diversiteacute geacuteneacutetique au niveau des populations a diminueacute au rythme drsquoenviron 1 par deacutecennie depuis le milieu du XIXe siegravecleCertaines eacutetudes montrent que les populations insulaires ont eu tendance agrave perdre plus de diversiteacute geacuteneacutetique que les populations continentales les populations dont lrsquohabitat a eacuteteacute fragmenteacute par un changement drsquoutilisation des terres ont environ 17 de diversiteacute geacuteneacutetique en moins que les populations non perturbeacutees [] Cette tendance vaut aussi pour les espegraveces domestiqueacutees avec des races animales eacuteteintes ou menaceacutees drsquoextinction

Diversiteacute geacuteneacutetique entre les espegraveces diversiteacute phylogeacuteneacutetique (Genetic diversity among species phylogenetic diversity)

Certains exemples montrent que les communauteacutes veacutegeacutetales de sites plus perturbeacutes ont une diversiteacute geacuteneacutetique plus faible que celle de sites moins perturbeacutes les communauteacutes drsquooiseaux vivant sur des terres agricoles intensives ont 900 millions drsquoanneacutees de moins de diversiteacute geacuteneacutetique que celles des forecircts naturelles et 600 millions drsquoanneacutees de moins que celles des terres agricoles diversifieacutees []

Inteacutegriteacute et richesse fonctionnelles (Functional intactness and richness)

Lrsquointeacutegriteacute et la richesse fonctionnelles diminuent en raison de la captation de la productiviteacute primaire et du changement climatique

Nombre cumuleacute drsquoespegraveces exotiques envahissantes (Cumulative number of alien species)

Le nombre cumuleacute drsquoespegraveces exotiques augmente de 13 par deacutecennie ndash avec 37 de tous les cas signaleacutes remontant agrave 1970

Indice de la Liste Rouge (Red List Index)

Lrsquoindice de la Liste Rouge nrsquoest maintenant plus qursquoagrave 75 de la valeur qursquoil aurait sans les impacts humains avec des variations selon les groupes taxonomiques Les reacutegions preacutesentant la plus grande deacuteteacuterioration comprennent une grande partie de lrsquoAsie du Sud-Est et de lrsquoAmeacuterique centrale 40 des espegraveces drsquoinsectes sont menaceacutees agrave lrsquoeacutechelle nationale ainsi que 4149 des amphibiens 387 des mammifegraveres marins et 4055 des gymnospermes

Proportion de la biomasse halieutique (proportion of global fish biomass)

La proportion de la biomasse halieutique mondiale a eacuteteacute diviseacutee par 10 environ depuis 1880

Stocks de poissons agrave des niveaux biologiquement viables (fish stocks within biologically sustainable levels)

Les stocks de poissons agrave des niveaux biologiquement viables ont diminueacute de 6 par deacutecennie ndash pour atteindre moins de 70

Biomasse des poissons preacutedateurs (Predatory fish biomass)

La biomasse des poissons preacutedateurs a diminueacute de 14 par deacutecennie

Biomasse des poissons proies (Biomass of prey fish)

La biomasse des poissons proies a augmenteacute de 10 par deacutecennie - seul indicateur agrave montrer une augmentation - probablement parce que la pecircche a eacutelimineacute les poissons preacutedateurs

Taille des aires de reacutepartition des mammifegraveres (Mammalian range size)

La taille des aires de reacutepartition des mammifegraveres a eacuteteacute reacuteduite agrave une moyenne de 83 des aires de reacutepartition originelles infeacutereacutees

Taille des aires de reacutepartition de la meacutegafaune (Megafaunal range size)

La taille des aires de reacutepartition des espegraveces de meacutegafaune (supeacuterieures agrave 445 kg) ne repreacutesente plus que 28 de la ligne de base naturelle les aires de reacutepartition des grands mammifegraveres ayant deacuteclineacute particuliegraverement rapidement en Asie du Sud et du Sud-Est

Tendances des inverteacutebreacutes (Invertebrate trends)

Les tendances des inverteacutebreacutes nrsquoont pas encore eacuteteacute syntheacutetiseacutees au niveau mondial en raison du manque de donneacutees tropicales Une analyse de type laquo indice planegravete vivante raquo des donneacutees principalement europeacuteennes et nord-ameacutericaines fait eacutetat drsquoun deacuteclin de -11 par deacutecennie

Biomasse des espegraveces domestiqueacutees (Domesticated species biomass)

Les biomasses des espegraveces domestiqueacutees cultiveacutees et des espegraveces bien adapteacutees aux biomes anthropiques ont toutes augmenteacute en abondance Le beacutetail repreacutesente maintenant plus de 90 de la biomasse de la meacutegafaune terrestre

Seacutequetration terrestre du carbone (Terrestrial carbon sequestration)

La seacutequestration terrestre du carbone a reacutecemment augmenteacute de 25 par deacutecennie

drsquoimpact des facteurs directs sur la biodiversiteacute ( impact of direct drivers on biodiversity)

Le changement drsquoutilisation des terresmers est le plus important facteur anthropique direct de changement de lrsquoeacutetat global de la nature avec un impact relatif de 30 suivi par lrsquoexploitation directe (23 ) le changement climatique (14 ) la pollution (14 ) et les espegraveces exotiques envahissantes (11 ) Les pressions qui ne sont aligneacutees sur aucun de ces cinq principaux facteurs (par exemple les incendies les perturbations humaines les activiteacutes de loisirs et le tourisme) repreacutesentent les 9 restants []

8584

PBF Product Biodiversity Footprint PDF Potentially Disappeared Fraction of species PDFgloyr Indicateur de potentiel de disparition mondiale des espegraveces PDFregyr Indicateur de potentiel de disparition reacutegionale des espegraveces PEFC Programme de reconnaissance des certifications forestiegraveres PER laquo Pressions ndash Eacutetat ndash Reacuteponses raquo PIB Produit inteacuterieur brut PNUE Programme des Nations-Unies pour lrsquoenvironnement PRG Pouvoir de reacutechauffement global PSL Potential Species Loss PSLglo Perte potentielle drsquoespegraveces globale PSLreg Perte potentielle drsquoespegraveces reacutegionale PSR Pressure State Response REPA Ressource and environmental profil analysis RSE Responsabiliteacute socieacutetale des entreprises SAR Specie-Area Relationship SETAC Society of Environmental Toxicology and Chemistry SHI Indice drsquohabitat des espegraveces SNB Strateacutegie nationale pour la biodiversiteacute STAR Species Threat Abatement and Recovery Metric STOC Suivi temporel des oiseaux communs UICN IUCN Union internationale de la conservation de la nature UNEP-WCMC Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations-Unies Unesco Organisation des Nations unies pour leacuteducation la science et la culture

Liste des acronymes utiliseacutes

ABMB Aligning biodiversity measures for business ACV Analyse du cycle de vie Ademe Agence de lenvironnement et de la maicirctrise de leacutenergie AFB Agence franccedilaise pour la biodiversiteacute BACI Before After Control Impact BFFI Biodiversity Footprint for Financial Institution BIEC Biodiversity Indicator for Extractive Companies BII Biodiversity Intactness Index BIM Biodiversity Impact Metric BIP Biodiversity Indicators Partnership BIRS Biodiversity Indicator and Reporting System CCNUCC Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique CDB Convention sur la diversiteacute biologique CDC Caisse des deacutepocircts CISL Cambrigde Institute for Sustainability Leadership CITES Convention sur le commerce international des espegraveces de faune et de flore sauvages menaceacutees drsquoextinction CMP Conservation Measures Partnership COI Commission oceacuteanographique intergouvernementale COP Confeacuterence des parties Cos Conseil drsquoorientation strateacutegique DPSIR laquo Driving forces ndash Pressures ndash State ndash Impact ndash Responses raquo EBV Essential Biodiversity Variables EDP Ecological Damage Potential indicator EEA European Environment Agency EPE Entreprises pour lrsquoenvironnement EPI Environmental Performance Index EPLCA European Platform on Life Cycle Assessment ERC Eacuteviter Reacuteduire Compenser FPEIR laquo Forces motrices ndash Pressions ndash Eacutetat ndash Impacts ndash Reacuteponses raquo FRB Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute FSC Forest Stewardship Council GBS Global Biodiversity Score GEO BON The Group on Earth Observations Biodiversity Observation Network GES Gaz agrave effet de serre GIEC Groupe international drsquoexperts sur le climat HAeq Impact sur la biodiversiteacute IFC International Finance Corporation IMBS Integrated Biodiversity Management System Ipbes Plateforme intergouvernementale sur la biodiversiteacute et les services eacutecosysteacutemiques ISO International Standards Organisation KBAs Key Biodiversity Areas LCA Life Cycle Assessment MSC Marine Stewardship Council MR-IOT Multi-Regional Environmentally Extended Input-Output Table MR-SUT Multi-Regional Environmentally Extended Supply-Use Table MSA Mean Species Abundance NBSAP National Biodiversity Strategies and Actions Plans ODD Objectifs de deacuteveloppement durable OECD OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques OFB Office franccedilais de la biodiversiteacute ONB Observatoire national de la biodiversiteacute ONU Organisation des Nations unies OREacuteE Organisation pour le respect de lrsquoenvironnement dans lrsquoentreprise

LIstE DEs ACrOnyMEs Et AbreacutevIAtIOns UtILIseacutes

8786

Tableau 1 CLAssEMEnt PAr OrDrE DrsquoIMPOrtAnCE DE MEsUrEs POUr InCItEr agrave LrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DE MEsUrE DrsquoIMPACt DEs ACtIvIteacutes sUr LA bIODIvErsIteacute Tableau 2 vArIAbLEs EssEntIELLEs DE bIODIvErsIteacute CLAsseacuteEs PAr nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOn Tableau 3 synthegravesEs DEs rECOMMAnDAtIOns Et PUbLICs CIbLEs

Figure 1 COnnAIssAnCE Et UtILIsAtIOn DrsquoInDICAtEUrs DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacuteFigure 2 LEs rAIsOns DrsquoUtILIsAtIOn DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute Figure 3 LEs CArACteacuterIstIQUEs DrsquoUn InDICAtEUr DrsquoIMPACt sUr LA bIODIvErsIteacute DAns LrsquoIDeacuteALFigure 4 CADrE PrEssIOns ndash eacutetAt ndash reacutePOnsEsFigure 5 CADrE AnALysE DU CyCLE DE vIEFigure 6 APErccedilU DEs CAteacutegOrIEs AUx IMPACts IntErMeacuteDIAIrEs DAns LE CADrE DE LA MeacutethODOLOgIE rECIPE2016 Et LEUr trAnsCrIPtIOn En DOMMAgEs sUr LrsquoEnvIrOnnEMEntFigure 7 COMPOsItIOn strUCtUrE Et FOnCtIOn DE LA bIODIvErsIteacute PreacutesEnteacuteEs COMME DEs sPhegraverEs IntErCOnnECteacuteEs EngLObAnt PLUsIEUrs nIvEAUx DrsquoOrgAnIsAtIOnFigure 8 COMPLeacuteMEntArIteacute EntrE LE CADrE PEr Et LE CADrE ACvFigure 9 CADrE COnCEPtUEL AnALytIQUE DE Lrsquo IPbEsFigure 10 CADrE COnCEPtUEL Et InDICAtEUrs DE bAsE DrsquoAPregraves IPbEs COrE InDICAtOrs

LIstE DEs tAbLEAUx

LIstE DEs FIgUrEs

8988

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Citation Aureacutelie Delavaud Elodie Milleret Stanislas Wroza Heacutelegravene Soubelet Ana Deligny Jean-Franccedilois Silvain (2021) Indicateurs et outils de mesure ndash Eacutevaluer lrsquoimpact des activiteacutes humaines sur la biodiversiteacute Coll Expertise et synthegravese Paris France FRB 96 pages

Creacutedits photographiques copy Pixabay p 6 20 28 35 49 54 58 71 72 76 86 95 et couverture

Directrice de la publication Heacutelegravene Soubelet (FRB)Coordination eacuteditoriale Aureacutelie Delavaud (FRB)Reacutedactrices Aureacutelie Delavaud (FRB) Elodie Milleret (FRB) Ana Deligny (FRB) Relecture Denis Couvet (FRB) Robin Goffaux (FRB) Ceacutecile Jacques (FRB) Jean-Franccedilois Silvain (FRB) Heacutelegravene Soubelet (FRB) Stanislas Wroza (OFB) Graphisme Franccedilois Junot

copy FRB 2021ISBN 979-10-91015-43-1

Des indicateurs pourquoi pour qui Srsquoagit-il dindiquer leacutetat de la biodiversiteacute lintensiteacute des pressions qui pegravesent sur cette derniegravere ou encore la reacuteponse de celle-ci face agrave des mesures prises en faveur de sa preacuteservation Peut-on reacuteellement eacutevaluer lrsquoefficaciteacute des politiques publiques priveacutees citoyennes les comparer Face agrave ces nombreuses questions une profusion drsquoindicateurs fleurit fournie par des acteurs divers lrsquoEacutetat le secteur eacuteconomique la socieacuteteacute civile etc Un consen-sus vers un indicateur ideacuteal de biodiversiteacute est encore loin drsquoecirctre trouveacute drsquoautant que certains enjeux majeurs nrsquoont pas encore drsquoindicateurEn reacuteunissant chercheurs et acteurs la FRB en coopeacuteration avec lrsquoOFB srsquoest empa-reacutee du sujet agrave lrsquooccasion de ses Journeacutees FRB 2019 Cette Expertise et synthegravese apporte un regard ineacutedit sur ces questions majeures et srsquoaccompagne drsquoune seacuterie de recommandations

La Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute a pour mission de favoriser les activiteacutes de recherche sur la biodiversiteacute en lien avec les acteurs de la socieacuteteacute Sus-citer lrsquoinnovation deacutevelopper et soutenir des projets diffuser les connaissances et mobiliser lrsquoexpertise sont au cœur de ses actions

Fondation pour la recherche sur la biodiversiteacute (FRB) 195 rue Saint-Jacques 75005 Paris

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