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INFLUENCE DES FLEUVES SUR LA SALINITE DE L’ATLANTIQUE DANS LES MODELES OCEANIQUES Chaire Internationale en Physique Mathématique et Applications (CIPMA-Chaire UNESCO) Master of Science en Océanographie Physique et Applications. Présenté par : MAMA Anselme Crépin Faculté des Sciences et Techniques (FAST) Université d’Abomey-Calavi (UAC) Cotonou, République du Bénin

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INFLUENCE DES FLEUVES SUR LA SALINITE DE

L’ATLANTIQUE DANS LES MODELES OCEANIQUES

Chaire Internationale en Physique Mathématique et Applications

(CIPMA-Chaire UNESCO)

Master of Science en Océanographie Physique et Applications.

Présenté par :

MAMA Anselme Crépin

Faculté des Sciences et Techniques (FAST)

Université d’Abomey-Calavi (UAC)

Cotonou, République du Bénin

Université d’Abomey-Calavi (UAC), BENIN

Faculté des Sciences et Techniques (FAST)

Chaire Internationale en Physique Mathématique et

Applications

(CIPMA - Chaire UNESCO)

M.Sc N ◦. . ./M.Sc/CIPMA/FAST/UAC/2011.

INFLUENCE DES FLEUVES SUR LA SALINITE DE L’ATLANTIQUE DANS LES MODELES

OCEANIQUES

Mémoire de Master of Science

En

Océanographie Physique et Applications

Présenté par :

MAMA Anselme Crépin

Superviseur : Dr Gaël ALORY (IRD/LEGOS)

Jury :

Président : ....................

Examinateurs : ....................

Rapporteur : ....................

Cotonou, Rép. du Bénin, Novembre 2011

Remerciements

Le présent rapport est le fruit de l’assistance intellectuelle, morale, matérielle et

financière de nombreuses personnes et organisations. Il nous plairait ici d’adresser

nos sincères remerciements aux personnes suivantes :

– A mon encadreur le Docteur Gaël ALORY de l’UPS/LEGOS (Toulouse - France)

qui n’a ménagé aucun efforts pour m’encadrer. Je lui suis infiniment rede-

vable et reconnaissant, entre autres, de son enseignement, pour l’espace et

l’horizon de pensée qu’il m’a ouverts, de sa rigueur qui sans cesse stimule la

réflexion sans jamais la contraindre, de son écoute vigilante et sa disponibi-

lité. Je mesure, sur une échelle qui n’est que personnelle, la distance que son

attention m’a permis de parcourir.

– Au Professeur Norbert M. HOUNKONNOU et à toute son équipe de la Chaire

Internationale en Physique Mathématique et Applications (CIPMA-Chaire

UNESCO), en particulier le Docteur Ezinvi BALOÏTCHA qui n’a pas cesser

de nous remonter le moral avec des conseils et surtout son humour.

– A mes enseignants : Bernard bourles, Nick hall, Rémy chula, Valerie Quii-

nou, Isabel DADOU, Peter van beck, Hernandez, Jean CHABI OURO, Edok-

payi, Elvis, Dominique Dagorgne, Sylvain ouillon, Alexei KOURAEV, Alain

QUENELLE.

– A tous mes camarades de la promotion, Nous avons pu maintenir, malgré

nos différences, une atmosphère de convivialité durant tout le stage

– A tout le personnel de l’ISH de l’Université de Douala-Cameroun particuliè-

rement mes collègues enseignants

– A Marie Agnès Laure NTSAMA ma dulcinée, pour les sacrifices et efforts

consentis pendant ces mois d’absence avec en charge un bébé alors de 3

mois pas très sympa côté santé.

I

II

Sigles et abréviations

AMMA : Analyse Multidisciplinaires de la Mousson Africaine

ARGO : Array for Real -Time Geostrophic Oceanography

BIL : Barrier Isothermic Layer

BL : Barrier Layer

CB : Courant Brésilien

CCNE : Contre Courant Nord Equatorial

CIPMA : Chaire Internationale en Physique Mathématique et Applications

CLIVAR : CLImatic VARiability and predictability

CLM3 : Community Land Model, version 3

CNB : Courant Nord Brésilien

CNES : Centre National d’Etude Spatiale

ENSO : El Niño Southern Oscillation

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

MLD : Mixed Layer Depth

NEMO : Nucleus for European Modelling of Ocean

OPA : Océan Parallélisé

ORCA : Ocean Research & Conservation Association

PIRATA : Prediction and Research Moored Array in the Tropical Atlantic

RMS : Root Mean Square

SSS : Sea Surface Salinity

SST : Sea Surface Temperature

STD : Standard Deviation

TACE : Tropical Atlantic Climate Experiment

TRMM : Tropical Rainfall Measuring Mission

UAC : Université D’Abomey Calavi

UNESCO : United Nations Educational, Scienti ?c and Cultural Organization

UPS : Université Paul Sabatier

ZCIT : Zone de Convergence IntertropicaleIII

Table des matières

1 INTRODUCTION 4

2 DONNEES ET METHODES 11

2.1 Données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

2.2 Modèle Général de Circulation Océanique . . . . . . . . . . . . . . 13

2.3 Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

3 RESULTATS ET ANALYSE 16

3.1 ETAT MOYEN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

3.2 VARIATIONS SAISONNIERES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

3.2.1 Hiver et Printemps boréal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

3.2.2 Eté et Automne boréal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

3.2.3 Impact des fleuves sur la salinité de surface . . . . . . . . . 22

3.3 VARIATIONS INTERANNUELLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

3.3.1 Observations interannuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

3.3.2 Comparaison des observations avec les simulations du modèle 29

3.3.3 Variations interannuelles proche des embouchures . . . . . 30

4 CONCLUSION ET PERSPECTIVES 36

ANNEXES 39

Bibliographie 41

Liste des figures 46

1

RESUME

Les objectifs scientifiques sont de contribuer à la surveillance de l’évolution

spatio-temporelle de notre environnement global et plus particulièrement de la

salinité dans l’océan Alantique Tropical. Le bassin de l’Atlantique Tropical, qui

joue un rôle important sur le climat et l’économie des continents qui le limitent, a

une salinité influencée par plusieurs paramètres entre autres les eaux douces des

fleuves. L’évaluation de cette influence est faite ici à l’aide du Modèle de Circula-

tion Générale Océanographique ORCA025. Dans notre étude, la salinité de surface

de la mer est simulée par le modèle en introduisant les débits climatologiques, in-

terannuels, constants des fleuves (Niger, Congo, Amazone) avec ou sans rappel.

De long en large, la pertinence du modèle est évaluée en étudiant la cohérence et

la corrélation des observations avec les quatre forçages ou simulations, suivant :

– L’état moyen ;

– La variation saisonnière ;

– La variation interannuelle.

Il ressort que l’amplitude de la SSS saisonnière n’est pas seulement contrô-

lée par les eaux des fleuves aux embouchures mais aussi par la dynamique de la

mer qui influe également sur la phase de propagation ou distribution de la faible

salinité loin des embouchures. La SSS interannuelle semble bien être influencée

par la variation interannuelle du débit des fleuves. La variation interannuelle des

facteurs du climat (précipitations, El Niño) n’est non plus négligéable. Les simu-

lations donnent des résultats assez satisfaisants qui restent à améliorer avec les

mesures plus denses de la SSS, ce qui est l’objectif des satellites SMOS et Aquarius

(Couvrir tous les bassins océaniques).

2

ABSTRACT

The scientific objectives are to contribute to monitoring of the spatiotemporal

evolution of our environment, especially the Tropical Atlantic ocean salinity. The

Tropical Atlantic Basin, which has an important role on the climate and economy

of the boundary countries, has a salinity influenced by several factors including the

freshwater rivers. The evaluation of this influence is made by using the General

Circulation Model Oceanographic ORCA025. In this study, the sea surface salinity

is simulated by the model by introducing the climatology, yearly and constant

rivers flow (Niger, Congo, Amazon) with or without a recall. In this report, the

relevance of the model is evaluated by the consistency and correlation between

observations (in-situ measures) and simulations results. The work is done in the

following steps :

– The average state ;

– The seasonal variation ;

– The inter-annual variation.

It appears that the amplitude of the seasonal SSS is not only controlled by the

water at the mouths of rivers but also by the dynamics of the sea which influenced

also the distribution of low salinity away from river mouths. The inter-annual SSS

is influenced by the inter-annual variation of river flow. Inter-annual variations of

climatic factors (rainfall, El Niño) are not negligible. The simulations give fairly

satisfactory results which can still be improved with more measurements of SSS,

which is the objective of the satellites SMOS and Aquarius (covering all ocean

basins).

3

Chapitre 1

INTRODUCTION

La salinité est la teneur en sels de l’océan, dont l’élément principal est le chlo-

rure de sodium, ce que l’on appelle généralement "sel" pour notre alimentation. Il

n’existe pas une mais plusieurs définitions de la salinité : une définition purement

théorique et plusieurs définitions pratiques, liées aux méthodes de mesure. Défini-

tion théorique : La salinité est la quantité totale des résidus solides (en grammes)

contenu dans 1 kg d’eau de mer, quand tous les carbonates ont été transformés en

oxydes, le brome et l’iode remplacé par le chlore et que toute la matière organique

a été oxydée. Il est très difficile d’estimer la salinité par analyse chimique directe

(séchage et pesée du résidu solide), car certains corps présents, notamment les

chlorures, s’échappent au cours du dernier stade de séchage.

En pratique, depuis 1978 on définit la salinité en terme de rapport de conducti-

vité : La salinité pratique (symbole S), d’un échantillon d’eau de mer, est définie

en fonction du rapport K de la conductivité électrique de cet échantillon d’eau de

mer à 15°C et à la pression atmosphérique normale, et de celle d’une solution de

chlorure de potassium dans laquelle la fraction en masse de KCl est 0.0324356, à

la même température et même pression. Une valeur de K égale à 1 correspond par

définition à une salinité pratique égale à 35. La formule correspondante à cette

définition de la salinité est :

S = 0.0080−0.1692K1/2 +25.3853K+14.0941K3/2−7.0261K2 +2.7081K5/2 (1.1)

Depuis l’introduction de l’échelle pratique de salinité (notée pss : practical salinity

scale), la salinité n’est plus définie comme un rapport de masse et s’exprime sans

unité (comme par exemple le PH). Si l’on considère le volume total de l’océan

soit 1370 millions (1460 millions selon certains auteurs) de kilomètre cubes, la

4

quantité de sel est de 48 millions de tonnes, soit environ 35 grammes par kilo

d’eau. Si l’on répartissait tout ce sel sur l’ensemble de la surface de la terre, on

aurait 95 tonnes de sel sur chaque carré de 1 mètre de coté. La salinité varie re-

lativement peu à la surface de l’océan, mais suffisamment ce pendant pour avoir

une influence sur la circulation des masses d’eau. Plus clairement,ces variations

de salinité induisent des différences de densités, et jouent donc un rôle sur les

courants géotrophiques. De façon plus spectaculaire, elles participent aux phéno-

mènes de convection. Ces différences de densité sont à l’origine de la circulation

dite " Circulation Thermohaline " (voir figure 1.1) qui est liée à la température et à

la salinité des eaux. Le mécanisme est le suivant : Dans les régions polaires (océan

Arctique et mer de Weddell notamment), l’eau de mer se transforme en glace.

Lors de la solidification, les sels sont rejetés car la glace ne les intègre pas dans sa

structure, l’eau liquide s’enrichit en sels réfractaires et voit sa densité augmenter,

ce qui amorce une plongée vers les fonds marins et, à terme, une convection de

large échelle. D’où la plongée des eaux refroidies et salées au niveau des hautes

latitudes de l’Atlantique Nord qui descendent vers le sud très lentement, à des pro-

fondeurs comprises entre 1 et 3 km et rejoignent les autres océans. Dans certaines

régions, ces eaux remontent à la surface puis parcourent à nouveau l’océan en

surface avant de replonger. La durée de circuit est de l’ordre du millier d’années.

La salinité est influencée en surface par l’évaporation et l’apport d’eau douce

FIGURE 1.1 – circulation thermohalineles eaux chaudes de surface sont représentées en couleur rouge et les eaux froides de fond en couleur bleue

5

par l’atmosphère (pluie et neige), par les fleuves ou encore par la formation ou

fonte de la glace de mer, et par les courants. La salinité est en fait uniforme dans

une couche dite " couche de mélange " générée par le vent près de la surface.

La salinité est importante pour surveiller les changements dans les précipitations

au-dessus des océans. Il se trouve que dans les régions soumises à de fortes pré-

cipitations et à des décharges fluviales, donc un apport d’eau douce, la salinité de

l’eau va jouer un grand rôle sur cette couche de mélange par création d’une couche

barrière (BL c’est-à-dire Barrier Layer en anglais).Physiquement, elle se situe entre

la thermocline, qui est la limite supérieure des eaux froides profondes, et la base

de la couche de mélange de surface, plus chaude (voir figure 1.2). Agissant comme

un isolant, cette " couche barrière de sel " limite la création, sous l’effet du vent,

du mélange vertical entre les deux couches. Du fait de la faible profondeur du

gradient de salinité combinée aux eaux douces, le rayonnement solaire est piégé

dans la BL. Ce qui provoque une inversion du gradient vertical de température.

FIGURE 1.2 – Profils de : la salinité (en pointillés), la température (en traits inter-

rompus courts), la densité (en trait fort)obtenus lors de la campagne ETAMBOT 2 en mai 1996 à 2°22’N - 44°13’W. Y sont aussi représentés la profondeur de la

couche de mélange (MLD), la base la thermocline (BIL) et la couche de barrière de sel (BL). (Paillet et al, 1999).

La salinité peut donc limiter l’épaisseur de la couche de mélange, et influer en

retour sur la température de la surface susceptible d’augmentée. Ce phénomène

(Spall ; 1993) s’observe surtout dans les océans tropicaux, dans le Pacifique Ouest

où l’on rencontre de fortes précipitations, également dans l’Atlantique Ouest (Tay-

lor and Stephens ,1980), où se trouve l’Amazone, aussi dans le Golfe de Guinée

où les précipitations sont importantes, dans la baie du Biafra où se jette le fleuve

Niger ( Dessier et Donguy,1994) . Pailler et B. Bourles dans (1999) montrent, par

6

des résultats des modèles ou des observations une épaisse couche de barrière est

présente toute l’Eté Boréal au Nord de l’embouchure de l’Amazone.

Le bassin Atlantique tropical qui est notre zone d’étude (voir figure 1.3), où se

jettent les deux cours d’eaux aux débits les plus importants de la planète à savoir

le Congo et l’Amazone puis le Niger qui n’est pas des moindres, s’associe à l’océan

Pacifique, pour profiler le climat de la Terre (Eltahir E. A. B. et al ; 2004). Le cycle

saisonnier moyen de salinité au large de l’Afrique de l’Ouest se caractérise par le

déplacement nord-sud d’un minimum de salinité entre 5°N et 10°N, plus prononcé

près des côtes, (Delcroix, 2005). Ceci est du à l’effet combiné de la forte intensité

des précipitations sous la Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT) et l’advection

d’eau peu salée apporté par le Contre Courant Equatorial Nord ( NECC) (Delcroix,

2007).

FIGURE 1.3 – Localisation et frontières des bassins du Congo et de l’Amazone(Source : Eltahir et al., 2004)

Vu son grand intérêt pour le climat de la Terre qui déjà pose un souci, plusieurs

études ont été menées dans l’Atlantique tropical, notamment pour comprendre

son rôle dans la mousson ouest-africaine qui se définit comme étant un renver-

sement saisonnier des vents de surface et des précipitations associées, causé par

le réchauffement différentiel entre un continent et l’océan adjacent dans les ré-

gions tropicales et subtropicales. Le mot est également employé pour indiquer la

saison durant laquelle les vents océaniques chargés d’humidité apportent sur le

continent des précipitations très fortes. Cette mousson est en effet essentiellement

7

dépendante des gradients méridiens d’énergie entre l’Atlantique est équatorial et

les régions continentales environnantes de l’Afrique de l’ouest. Ainsi (voir Figure

1.4), la mousson d’été est liée au fort réchauffement de la masse continentale de

l’Afrique de l’Ouest, conjugué à la présence d’eaux relativement froides dans le

Golfe de Guinée (saison de l’upwelling équatorial et de la langue d’eau froide). Au

printemps, on observe les premières pluies au Sud du continent et dans le Golfe

de Guinée ce qui induit le minimum de salinité de surface pendant les mois de

avril, mai, juin vers la fin juin, la zone d’orages caractéristique de la mousson se

décale rapidement vers le nord. La période de mousson étant celle où il tombe plus

de pluies dans le Golf Guinée, il apparait alors la couche de barrière qui piège le

rayonnement solaire en augmentant ainsi la température de surface dans la Baie

du Biafra où les eaux sont tièdes tout le temps (Crosnier, 1964 ; Pierre GIRESSE

et al, 1996 ; Jean FOLACK et al, 2004). Ce qui , augmente considérablement le

contraste thermique entre l’océan et le continent, induisant un afflux d’air chaud

et humide sur le continent alimentant la mousson.

FIGURE 1.4 – Schéma illustrant les flux d’air en hiver et en été boréals entre le

Golfe de Guinée et le continent ouest africain, illustrant ainsi synthétiquement le

phénomène de la mousson africaine.

Sachant que les débits des cours d’eau intègrent les variations de précipitation

sur de très vastes superficies, l’avènement du satellite TRMM lancé en 1997 pour

fournir et compléter de manière sûre les estimations des précipitations sur toutes

les régions tropicales (Simpson et al, 1988), a permis à Eltahir et al de moyen-

ner les pluies mensuelles estimées de janvier 1998 à décembre 2002 sur les deux

8

bassins fluviaux le Congo et l’Amazone. Ces nouvelles informations sur l’hydro-

logie ont permis de voir plus clairement que l’Amazone apporte la plus grande

quantité d’eau douce soit un débit de 0.2 Sv, d’où sa responsabilité en grande par-

tie du faible taux de salinité de surface (SSS) observé dans l’Atlantique tropical

Ouest. S. Masson et P. Delecluse (2000) ont pu ressortir la contribution des eaux

de l’Amazone sur la physique océanique. En comparant les simulations et les don-

nées mensuelles des écoulements, il ressort que la distribution des eaux douces

de l’Amazone au large de la coté brésilienne est contrôlée par la circulation océa-

nique. En effet les variations de SSS du côté Nord de l’embouchure de l’Amazone

ne sont pas directement liées à ses variations de débit mais modulées par les cou-

rants dynamiques de surface CNB et CCNE dont les vitesses augmentent en Eté

(Stramma et Schott, 1996 ; Bourles et al, 1999).

De prime abord, il apparait que les modèles ont atteint une maturité dans l’in-

tégration du rôle de la salinité pour l’amélioration des performances. Guilyardi

(2001) affirme que des tests de sensibilité réalisés avec des modèles du climat

montrent un impact de la salinité du fond jusqu’au sommet de l’atmosphère. D’où

la nécessité de modéliser de façon cohérente l’ensemble du cycle hydrologique

et le besoin accru des données de qualité pour la validation. Les modèles sont

aussi de précieux outils pour évaluer l’influence de processus spécifiques en modi-

fiant/supprimant ceux-ci dans une simulation test et en comparant les conditions

océaniques alors obtenues à celles d’une simulation de référence.

L’Objectif global pour cette étude est de comprendre l’influence des écoule-

ments des fleuves sur la salinité à différentes échelles de temps et d’espace. Ayant

en notre possession les données observées de salinité de surface de la mer, nous

allons faire une analyse comparative avec les valeurs de SSS issues des simulations

du modèle et pouvoir dire laquelle est la plus proche de la réalité. La salinité de

l’Océan Atlantique issue de différents modèles de simulations avec ou sans varia-

tions saisonnières ou interannuelles des débits des fleuves, avec ou sans rappel

sera comparée aux observations disponibles pour évaluer leur réalisme. La com-

paraison portera aussi sur l’estimation de l’influence régionale des fleuves à diffé-

rentes échelles de temps.

La structure de notre travail est la suivante : dans la section II, une brève

9

description des observations et leurs sources ainsi que, du modèle océanique don-

née. La salinité issue des différentes simulations du modèle seront comparées aux

observations disponibles pour évaluer leur réalisme en section III, de même que

la comparaison portée sur l’estimation de l’influence régionale des écoulements

d’eaux douces à différentes échelles de temps, nous ressortirons les différences

entre les simulations. Une dernière section portera sur la conclusion et les pers-

pectives de l’étude.

10

Chapitre 2

DONNEES ET METHODES

2.1 Données

Les observations de salinité proviennent du projet d’océanographie opération-

nelle CORIOLIS. Elles incluent les mesures des flotteurs du programme ARGO et

des mouillage instrumentés ( programme PIRATA dans l’Atlantique). ARGO (Ar-

ray for Real -Time Geostrophic Oceanography) est un programme d’observation

de l’océan global qui mobilise la communauté scientifique internationale depuis

2000. Il a aujourd’hui atteint son objectif initial qui est de disposer d’un réseau de

3000 flotteurs autonomes répartis dans tous les océans du monde et en particulier

un réseau de 600 flotteurs répartis régulièrement dans tout l’Atlantique. La distri-

bution actuelle des flotteurs dans l’océan mondial est présentée sur la Figure2.1.

PIRATA (Prediction and Research Moored Array in the Tropical Atlantic)est un

programme expérimental qui consiste à maintenir 10 bouées de mesures météo-

rologiques et océanographiques en plein océan. Tandis que les USA fournissent les

bouées (fabriquées à Seattle), le Brésil se charge du maintien de 5 bouées situées

dans l’ouest de l’Atlantique tropical (de l’équateur à 15°N vers 38°W), et la France,

sous la responsabilité principale de l’Institut de Recherche pour le Développement

(IRD), a la charge de 5 bouées situées dans la partie Centrale et Est du bassin (à

l’équateur 23°W et dans le Golfe de Guinée).

Pour un bon fonctionnement, les bouées doivent être remplacées au minimum

tous les ans. La Figure 2.2 montre la position des bouées PIRATA dans l’Océan

11

FIGURE 2.1 – Distribution des flotteurs dans les océans à la date d’aujourd’hui par

la CNES(http ://www-hrx.ucsd.edu/www-argo/statusbig.gif)

Atlantique Tropical.

FIGURE 2.2 – Position des bouées PIRATA dans l’Océan Atlantique TropicalRéseau du programme PIRATA : les bouées ATLAS du réseau de base sont représentées par des carré.s rouges. Les trois

bouées ATLAS de l’extension Sud Ouest sont représentées par des cercles verts, et les quatre bouées ATLAS de l’extension

Nord Est sont représentées par des étoiles bleues. L’extension Sud-Est, proposée par l’Afrique du Sud (site pilote), est

représentée par un triangle jaune. Les croix vertes représentent les sites d’observations installés sur des îles (marégraphes

et stations météorologiques). Les bouées ATLAS entourées d’un cercle noir sont équipées de baromètres et radiomètres

ondes-longues. Deux mouillages courantométriques sont également maintenus à 23°W-Equateur (PIRATA-international) et

à 10°W-Equateur (PIRATA-France, installé initialement en relation avec les programmes EGEE/AMMA et TACE/CLIVAR).

Ces données globales ont été calibrées et validées en temps différé, puis inter-

polées sur une grille régulière de 1° en longitude et latitude avec une résolution

temporelle de 7 jours.

12

Pour mener à bien notre travail, nous nous sommes chargés d’extraire juste les

mesures concernant notre zone d’étude à savoir : 20°N et 20°S puis -55°O et 15°E

en surface.

Les variations saisonnières climatologiques des débits des fleuves utilisées pour

forcer le modèle sont issues du produit de Dai et al. (2009). Ce produit est basé sur

le modèle hydrologique CLM3 (Community Land Model, version 3). Nous avons

les cas des débits mensuels du Congo enregistrés à la station de Brazzaville sur la

période 2000-2010 et de l’Amazone enregistrés à la station d’Obidos sur la même

période.

Les valeurs interannuelles des débits sont produites par altimétrie sur la période

2003 - 2009 par la méthode de Papa et al. (2010). C’est le cas des Débits men-

suelles du Niger enregistrés sur la période 2003-2009 lors du passage du satellite

dans la localité de Lokoja. Ces séries étant en amont des embouchures des fleuves,

il a fallu faire une extrapolation en multipliant par un coefficient pour que leurs

moyennes annuelles/mensuelles soient les mêmes que celles des embouchures.

2.2 Modèle Général de Circulation Océanique

Le modèle de circulation océanique ORCA025 est basé sur le système NEMO

(Nucleus for European Modelling of Ocean), qui comprend la version la plus ré-

cente du code de circulation océanique OPA9.0 du laboratoire LOCEAN à Paris

(Madec, 2006). Le code d’océan résout les équations de la mécanique des fluides

(équations de Navier - Stokes) avec les approximations appropriées à l’océan (Hy-

drostatique et Boussinesq). La discrétisation des équations utilise une méthode des

volumes finis.

La configuration ORCA025 couvre l’Océan mondial ; la grille de ORCA025 est tri-

polaire, et est aussi isotrope horizontalement ce qui est indispensable à une bonne

simulation de la turbulence océanique. Pour la configuration ORCA025, la résolu-

tion nominale est de 14

0, soit une maille de 28km à l’Equateur devenant plus fine

avec la latitude. Avec 46 niveaux verticaux pour représenter la stratification et le

relief du fond de l’océan ; le modèle comporte en tout 1442X1021X46 ≈ 7.107

points de grille. Le pas de temps est de 1440 secondes. Le forçage se fait à partir

de variables atmosphériques (vent, température de l’air, humidité, flux radiatifs,

précipitations et apports des fleuves) et les sorties sont journalières.

13

Les modèles sont utilisés pour simuler la dynamique océanique (courants, mé-

lange) et l’évolution des variables d’état océaniques (température, salinité...) sur

des échelles de grande envergure que ne peuvent couvrir les mesures in situ. Pour

notre étude, le modèle est utilisé pour principalement estimer comment les eaux

douces des grands fleuves affectent la salinité. Certaines études de modélisation

introduisent les débits comme des flux d’eau douce de surface (Carton, 1991 ;

Masson et Delecluse, 2001 ; Howden et Murtugudde, 2001) tandis que d’autres les

incluent dans les flux échangés à travers les frontières du bassin dans les couches

supérieures des océans (Mc Creary et al, 1997 ; Han et al, 2001). Pour cette étude,

comme dans le premier cas, les débits sont spécifiés comme des précipitations dans

les zones près de l’embouchure c’est-à-dire comme une condition de frontière ou-

verte.

2.3 Méthodologie

Par souci de concision nous nous sommes limités aux tests de sensibilité de la

SSS aux débits des fleuves. Des simulations utilisant différents types de débit pour

les trois grands fleuves (Amazone, Congo, Niger) ont été réalisées en amont de

notre étude et seront comparées aux observations et entre elles.

– Rappel + débits climatologiques mensuels (RUN-RCLIM-RAPPEL)

Les flux d’eau apportés au modèle sont les valeurs climatologiques mensuelles

des débits. Le rappel ici est une correction sur la salinité qu’on ajoute à chaque

pas de temps, proportionnelle à l’écart à la climatologie mensuelle observée et qui

permet de ne pas trop s’éloigner de cette dernière. Le rappel est utilisé pour éviter

une dérive dans le temps en salinité mais risque aussi d’artificiellement limiter la

variabilité (notamment interannuelle) de la salinité.

– Sans rappel + débits climatologiques mensuels (RUN-RCLIM)

Il s’agit ici d’un forçage avec sorties tous les trois jours, les flux d’eau apportés

au modèle sont les valeurs climatologiques mensuels des débits. La seule diffé-

rence avec la version précédente est l’absence de rappel.

14

– Sans rappel + débits constants (RUN-RCONST)

Les débits dans ce cas sont constants, toujours égaux à leur moyenne annuelle

observée.

– Sans rappel + débits interannuels (RUN-RINT)

Les débits utilisés pour forcer le modèle dans ce cas sont des valeurs mensuelles

comprenant à la fois les variations saisonnières et les variations interannuelles.

Dans une première étape nous avons fait une analyse spatio-temporelle en produi-

sant des cartes. Pour une bonne comparaison, nous avons tout d’abord ramené les

sorties du modèle sur une grille identique à celle des observations. Les grilles étant

définies à deux dimensions (longitude, latitude), il a fallu ramener les sorties de

modèle de 14

0 (longitude) x 14

0 (latitude) à 12

0 (longitude) x 12

0 (latitude) qui est

la grille des observations. Avec cette interpolation, nous avons obtenu des valeurs

de différences du même ordre que celles décrites par Masson et al (2000) dans la

grande partie du bassin de l’atlantique tropical. Les grandes différences notées au

niveau des embouchures des cours d’eaux nous ont poussé à une deuxième forme

d’analyse qui à consister à voir dans le temps comment la SSS varie dans des boites

que nous avons délimité où se jettent l’Amazone, le Congo et le Niger. Nous avons

ainsi élaboré comme proposé par Durand et al (2010), des séries temporelles qui

nous permettent d’analyser la phase entre la SSS et les débits des fleuves.

15

Chapitre 3

RESULTATS ET ANALYSE

Le but premier d’une introduction des débits est de simuler de manière plus

réaliste la salinité. Avec ou sans rappel, on cherche à comprendre les variations

de la salinité, dans notre cas de la SSS. Dans cette section il est question de com-

parer ou évaluer les simulations par rapport à la SSS obtenue des observations et

ressortir en même temps les différences entre les simulations.

3.1 ETAT MOYEN

Les cartes moyennes de SSS des deux simulations RUN-RCLIM-RAPPEL et RUN-

RCLIM sont comparées à celle des observations (figure 3.1). Le minimum de SSS

entre 0°N et 10°N correspond à la position moyenne de la ZCIT sous laquelle il

y a de fortes précipitations et moins d’évaporation. Aux frontières nord et sud de

notre domaine, l’approche des gyres subtropicales caractérisées par plus d’évapo-

ration fait apparaître une forte SSS autour de 37pss. Nous observons une faible

salinité de surface aux embouchures des fleuves avec des valeurs qui se situent

entre 34 et 35 pss. Dans le fond du Golfe de Guinée entre 0°N et 3°N, la faible SSS

noté est aussi en partie due à la forte pluviométrie autour des chaines de mon-

tagne que l’on rencontre dans la zone (Mont Cameroun, (4100m) ; Debundscha

qui est le point le plus pluvieux au monde, (11000 mm/an)) (Jean FOLAK et al,

2004). On remarque à l’ouest une langue de faible SSS qui se détache des côtes

de 5°N à 10°N, suivant le Contre Courant Equatorial Nord qui transporte les eaux

de l’amazone vers l’Est du bassin. Comme l’ont montré les expériences de Masson

et al (2000) les cartes de moyennes climatologiques annuelles simulées montrent

16

une propagation d’une faible SSS au Nord de l’embouchure de l’Amazone due à

la présence du Courant Nord Brésilien (CNB) qui, avec sa vitesse atteignant 1m/s

transporte les eaux douces vers le Nord. Tout ceci corrobore avec les analyses de

Masson et Delecluse (2000) qui disent que le minimum de salinité de surface est

causé par les débits des fleuves des deux régions qui sont le Golfe de Guinée et

l’Amazone.

FIGURE 3.1 – cartes de moyennes annuelles de SSS, aux extrémités les simulations

avec rappel à gauche et sans rappel à droite, au milieu les Observations

La comparaison entre la moyenne annuelle des observations et celle des simu-

lations RUN-RCLIM-RAPPEL et RUN-RCLIM présente des différences relativement

faibles d’une valeur de moins de 0.2pss dans la plus grande partie du Bassin Atlan-

tique Tropical (Figure 3.2). On remarque que le rappel diminue la différence entre

la simulation et les observations entre 5°S et 15°S. Les principales différences entre

les simulations et les observations se situent en aval de l’embouchure des fleuves.

Là encore le rappel atténue un peu ces différences en particulier à l’Est.

17

FIGURE 3.2 – de gauche à droite les cartes de différence entre simulations débits

sans rappel et débits avec rappel par rapport aux observations

3.2 VARIATIONS SAISONNIERES

Dans l’Atlantique Tropical, les écoulements des fleuves sont responsables des

forts gradients de salinité et aussi des structures locales très complexes particuliè-

rement aux embouchures des fleuves suivant les saisons (Johns et al, 1998).

3.2.1 Hiver et Printemps boréal

De décembre à mars sur la partie Ouest du Bassin Atlantique Tropical (figure

3.3), on note une faible variation de la SSS sur les cartes simulées RUN-RCLIM

et RUN-RCLIM-RAPPEL. Ce qui est en accord avec l’expérience de Bourles et al

(1999). Bien que les eaux douces de l’Amazone se propagent à environ 15°N de

latitude nous avons une très faible variation de la salinité vers le large. Par contre

sur le bord Est du bassin nous observons une baisse progressive de la salinité de

surface de la côte (embouchures des fleuves) jusqu’à environ 15°Ouest de longi-

tude. Sur le bord Est, on note une faible SSS d’environ 34pss entre mars et juin

le long de la côte avec une légère propagation au large. L’hémisphère Sud montre

une plus forte SSS que l’hémisphère nord à l’approche des gyres dû aux évapora-

tions car c’est l’Eté donc plus d’ensoleillement dans l’océan.

18

FIGURE 3.3 – cartes de climatologie mensuelle de SSS en mars sommet de l’hiver

boréal ; aux extrémités les simulations sans rappel à gauche et avec rappel à droite,

au milieu les Observations

3.2.2 Eté et Automne boréal

Les simulations ressortent que la SSS est diminuée sur le bord Ouest de l’océan.

Au large de l’Amazone et plus au Nord, on observe les valeurs de SSS qui at-

teignent 34pss, ceci dû à la présence de la ZCIT au dessus de l’embouchure en cette

saison ce qui implique un maximum de pluies et aussi aux alizés qui y soufflent

nourrissant ainsi le CNB et le CCNE. Pendant que sur le bord Est, on a une faible

variation de la Salinité de surface de juin à septembre (voir figure 3.4). On est ici

pendant la mousson dont les pluies arrosent toute l’Afrique de l’Ouest. En cette

période, les pluies de mousson sont intenses au Nord sous la position de la ZCIT.

Entre 10° Ouest et 10°Est les valeurs peuvent atteindre 36pss bien que restant tou-

jours entre 34 et 35pss aux embouchures des fleuves Congo et Niger ; De même

que dans la baie du Biafra au pied du Mont Cameroun et le long de la chaine des

montagnes du Fouta-Djalon qui est le " château d’eau " de l’Afrique de l’Ouest.

La carte d’écart-type saisonnier (figure 3.5) montre dans la majeure partie du

bassin atlantique de faibles valeurs et par contre sur les bords, particulièrement

aux lieux d’embouchures des fleuves, on a des valeurs élevées donc de fortes va-

riations saisonnières de SSS.

Les différences des Ecarts-types des simulations et des valeurs observées (voir

figure 3.6) ressortent de grosses différences positives aux embouchures des fleuves

d’environ 0.8pss entre Run-Rclim et les observations ; donc plus de variabilité dans

le modèle que dans les observations. Par contre pour la différence entre Run-Rclim-

19

FIGURE 3.4 – cartes de climatologie mensuelle de SSS en septembre sommet de

l’été boréal ; aux extrémités les simulations sans rappel à gauche et avec rappel à

droite, au milieu les Observations

FIGURE 3.5 – carte d’écart-type saisonnier de SSS observée dans l’Atlantique Tro-

pical

rappel et les observations, nous remarquons des différences négatives dans la baie

du Biafra et sur la côte du Fouta-Djalon ; avec toujours des valeurs positives aux

embouchures et de manière décroissante vers le large.

Avec la carte d’Ecart-type RUN-CONST, on observe beaucoup de variabilité aux

embouchures des fleuves (Nord de l’Amazone, Sud du Congo) alors que les débits

des fleuves sont pris constant dans la simulation. C’est sans doute dû aux varia-

20

FIGURE 3.6 – cartes de différences des Ecart-Types

tions dans les courants côtiers qui sont responsables de l’advection plus ou moins

du minimum de SSS à l’embouchure selon la saison. Ce qui vient confirmer l’af-

firmation de Masson et al, 2000 qui a conclu après expérience que la phase de

propagation de la SSS est due à la dynamique de l’océan. Sur la carte d’Ecart-type

saisonnier Run-RCLIM (figure 3.7), il ressort de plus grands Ecart-types aux em-

bouchures de ces fleuves, ce qui indique que les variations saisonnières des débits

des fleuves influencent également celles de la SSS. Les deux cartes montrent qu’il

n’y a pas de variation à l’embouchure du Niger. Ceci serait dû au fait que les débits

varient peu et les eaux restent bloquées dans le fond du Golfe.

Le calcul des corrélations montre une valeur positive autour de 0.8 dans la plus

grande partie du bassin de l’Atlantique Tropical. Il apparait une bonne corrélation

dans les zones où il y a des variabilités (figure 3.5). Ceci est un résultat positif

pour le modèle. Les zones de corrélation négatives correspondent aux lieux des

gyres tropicales, zone d’upwelling Equatorial, zone d’upwelling Côtier en Afrique

de l’Ouest, le long du courant brésilien sur la côte Est de l’Amérique du Sud) ;

(Voir figure 3.8).

21

FIGURE 3.7 – carte Ecart-Type des SSS climatologiques simulées avec les débits

constants (àgauche) et climatologiques mensuelles (à droite)

FIGURE 3.8 – cartes de corrélation saisonnière entre SSS simulée et SSS observée

3.2.3 Impact des fleuves sur la salinité de surface

La comparaison entre les climatologies mensuelles simulées et observées de

SSS sur les 8 années nous montre de grandes différences d’écart-type au niveau

des embouchures des fleuves (Amazone, Congo, Niger) voir figure 3.6. Sur la fi-

gure 3.9, nous avons des zooms qui montrent les boites choisies pour montrer

l’influence des fleuves sur la SSS.

A ces lieux la faible SSS (< 35pss) et le fort gradient de salinité de la côte vers

le large sont causés par les flux d’eau douce des fleuves. La variation de la salinité

de surface de la mer peut être estimée par l’équation du bilan de sel :

∂S

∂t=

E − P −R

h∗ S0 + V ∆S (3.1)

22

FIGURE 3.9 – situation des embouchures de nos trois fleuves Congo, Amazone et

Niger

Où S est la salinité, E correspond à l’évaporation, P c’est le terme de précipitation,

R le ruissèlement, h est la profondeur de la couche de mélange, S0 représente

la salinité de surface moyenne sur une couche de mélange, le second terme après

l’égalité est l’advection. En faisant l’hypothèse que, près des embouchures, le terme

de ruissellement R est dominant, la couche de mélange de profondeur constante

et l’advection négligeable, Il apparait alors que S est proportionnelle à l’intégrale

de (- R).

Une analyse des séries temporelles de SSS et de flux d’eau nous permettrait

alors de comprendre le phénomène de phase entre la salinité et les apports en

eau douce. Théoriquement, en considérant la salinité comme étant une fonction

sinusoïdale de période 12 mois avec 01mois correspondant à Π6, nous obtenons

que le minimum de SSS est atteint 3 mois soit Π2

plus tard après le maximum de

débits (Voir figure 3.10 ).

– Impact du Niger sur la salinité

Nous observons sur la figure 3.11 que : la simulation avec les débits sans rap-

23

FIGURE 3.10 – représentation de l’ordre de grandeur théorique de la variation de

salinité par rapport au débit du fleuve

pel montre un minimum de salinité qui vient environ un mois après le maximum

de débit. Ce qui est plus ou moins en accord avec le graphe des observations. Sur

ce dernier on note deux minimum de SSS entre mars et juin ce qui n’est pas ob-

tenu par les simulations. Ceci peut être lié aux grandes incertitudes sur le débit du

Niger, difficile à estimer étant donné l’étendue du delta, le débit à l’embouchure

estimé par Dai (2009) a ainsi un cycle saisonnier très différent de celui de la me-

sure satellite en amont.

– Impact du Congo sur la salinité

La figure 3.12 montre pour les simulations des SSS de faibles valeur pratique-

ment trois mois après le maximum de crues du fleuve qui est observé en décembre,

ce qui est proche du décalage attendu en théorie. Par contre la salinité observée

atteint le minimum à peine deux mois après le maximum de débit. Il est impor-

tant de noter ici que la période allant de fin janvier à avril correspond au moment

où la densité d’observations est extrêmement faible dans l’embouchure du Congo

(voir figure 3.14). Le mois d’aout apparait comme celui où il y a plus de mesures.

Les simulations donnent alors des valeurs de plus ou mois 1pss par rapport aux

24

FIGURE 3.11 – séries temporelles de SSS (en pss) mensuelle à l’embouchure du

Niger en bleu et débits (en m3/s) du fleuve Niger en rouge

observations qui sont à environ 32.6pss.

– Impact de l’Amazone sur la salinité

La SSS observée atteint son minimum (<34pss) trois mois après le maximum

de flux du fleuve à l’embouchure (Masson et al, 2000). On y remarque également

un second pic de faible SSS un peu plus tôt en avril. Les simulations par contre

nous montrent que la faible salinité est atteinte une fois entre avril et mai (<

33pss). De cette observation (figure 3.13 nous pourrons dire comme Stramma et

Schott (1996) que les variations de SSS du côté Nord de l’embouchure de l’Ama-

zone ne sont pas directement liées à ses variations de débit mais modulées par les

courants dynamiques de surface CNB et CCNE dont les vitesses augmentent en Eté

comme confirmé par la figure 3.7. Tout de même il faut noter que le minimum de

25

FIGURE 3.12 – séries temporelles de SSS (en pss) mensuelle à l’embouchure du

Congo en bleu et débits (en m3/s) du fleuve Congo en rouge

SSS observé correspond à la période où il y a plus de mesures dans la zone (voir

figure 3.14). Par rapport aux simulations qui donnent une SSS de plus ou moins

1pss de différence en ce mois de juin. D’aout à novembre les simulations et les

observations produisent toutes environ 35pss.

De tout ce qui précède, il ressort que l’amplitude de la variation saisonnière de

SSS aux embouchures est peu influencée par les flux d’eau douce apporté par les

fleuves qui y arrivent (influence non nulle, voir catres de différence des écart-types

saisonniers de SSS issues de RUN-RCONST et RUN-RCLIM en annexes) et la pro-

pagation est due à la dynamique de l’océan avec les phénomènes d’advection (Re-

verdin et al, 2007). La confirmation est due par le fait que les courbes de la simula-

tion sans rappel (RUN-RCLIM) et des débits mensuels constants (RUN-RCONST)

donnent la même information pour ce qui est variation de la SSS aux embou-

chures (voir figures 3.11 à 3.13). Car, bien que les débits soient des constances

26

FIGURE 3.13 – séries temporelles de SSS (en pss) mensuelle à l’embouchure de

l’Amazone en bleu et débits en (m3/s) du fleuve Amazone en rouge

mensuelles, les valeurs de SSS produites se rapprochent de celles issues des autres

simulations et même des observations pendant les mois de forte densité de me-

sures. Au large, loin de l’embouchure, nous constatons que les variations de débit

ne jouent presque pas sur la variation saisonnière de SSS sauf dans les zones du

CNB et du CCNE.

Sur la figure 3.15, nous avons le RMS représente l’Ecart-type des différences

qui caractérise les différences entre les cartes saisonnières et, la corrélation spa-

tiale qui caractérise les ressemblances entre les cartes saisonnières. On remarque

bien que quand le RMS des différences est élevé, la corrélation est faible et inverse-

ment, meilleure quand le RMS des différences est faible. Ceci nous permet de voir

que le mois de juillet est le mois où le modèle a le plus de mal à reproduire la SSS

observée. La comparaison de RCLIM et RCLIM-RAPPEL montre que le rappel dimi-

nue l’erreur (RMSdiff) comme attendu. La corrélation à l’échelle du bassin est peu

27

FIGURE 3.14 – profil de densité des observations mensuelles aux embouchures des

3 fleuves

sensible aux débits utilisés ou au rappel. La comparaison de RCLIM et RCONST

montre que l’utilisation de débits constants diminue l’erreur en avril-mai-juin.

FIGURE 3.15 – corrélations entre observations et simulations à l’échelle saisonnière

et les RMS des différences

28

3.3 VARIATIONS INTERANNUELLES

3.3.1 Observations interannuelles

Tout comme le bassin présente une variation mensuelle de la SSS, il est éga-

lement observé une variation d’une année à l’autre. Les cartes de salinité de sur-

face de quelques une des années de notre période d’étude illustrent une variation

spatiale d’une année à l’autre (voir figure 3.16). La carte de différence des deux

années montre de grandes valeurs à l’embouchure du Congo et celui de l’Ama-

zone et aussi vers 5°N, 20°W. Ces différences positives montre que dans ces zones

l’océan est plus salé en surface en 2001 par rapport à 2007. Et les zones de valeurs

négatives correspondent à une plus forte SSS en 2007. La carte de 2001 montre

au large de l’embouchure de l’Amazone, une distribution de faible SSS. Par contre

sur celle de 2007 c’est plutôt du coté Est qu’on observe cette variation vers le large

de la SSS. Une explication vient non seulement des précipitations sous la ZCIT et

variabilité de la mousson ouest africaine, mais aussi du phénomène d’advection

dû aux courants que l’on rencontre dans le Golfe de Guinée, soit encore du côté

Ouest où se jette l’Amazone (CNB, CCNE).

FIGURE 3.16 – variation interannuelle des SSS observées, de gauche à droite : la

série temporelle et les cartes de variation spatiale

3.3.2 Comparaison des observations avec les simulations du

modèle

L’Ecart-type interannuel des observations montre que la SSS varie relativement

peu à cette échelle de temps dans une grande partie du bassin à l’exception du

29

Golfe de Guinée et de 0°N à 18°N au Nord de l’embouchure de l’Amazone. La si-

mulation avec débits interannuels (RUN-RINT) ne présente pas plus de variations

que celle avec débits climatologiques (RUN-RCLIM) au large des embouchures ce

qui suggère une faible influence des variations interannuelles des débits sur celles

de la SSS (voir figure 3.17). La simulation avec rappel présente moins de varia-

tions que les deux autres ce qui est logique car le rappel vers une climatologie de

SSS tend à attenuer les variations interannuelles. Cependant la simulation avec

rappel est la plus proche des observations pour ce qui est de l’écart-type interan-

nuel. On peut donc se demander si dans les autres configurations le modèle ne

surestime pas les variations interannuelles, ou éventuellement si ce sont les ob-

servations qui sous-estiment celles-ci. En annexe nous avons une figure des densi-

tés d’observations par année qui montre que certaines années ont eu très peu de

mesures (année 2000 à 2004) ce qui peut effectivement conduire à sous-estimer

l’Ecart-type des observations.

Les cartes de corrélations spatiales de moyennes annuelles entre les SSS simu-

lées avec les débits interannuels, ou climatologiques et rappel (RUN-RINT, RUN-

CLIM-RAPPEL) et les observations sont montrées sur la figure 3.18. La première

simulation montre de meilleures corrélations avec les observations, en particulier

dans l’hémisphère Sud, bien que de faibles valeurs apparaissent sur la bande Equa-

toriale, aux embouchures des fleuves (Amazone, Congo, Niger) et dans les zones

d’upwelling côtier (Sénégal, Afrique de l’Ouest, Angola). Le rappel dégrade la va-

riabilité interannuelle (même si l’amplitude de celle-ci est peut-être surestimée en

son absence) en forçant le modèle à se rapprocher du cycle saisonnier.

3.3.3 Variations interannuelles proche des embouchures

Pour cette étude les lieux d’embouchures sont les mêmes que sur la figure 3.9.

La moyenne de salinité reste en générale inférieure à 35pss du fait des apports en

eau douce des fleuves et de la forte pluviométrie comme dans le Golfe de Guinée

avec les pluies de mousson africaine. Et du côté de l’Amazone, il est important de

dire que le phénomène El niño à une influence sur le bassin amazonien. En effet,

il apparaît qu’une grande partie du bassin amazonien est sous l’influence directe

d’ENSO. Ainsi, en phase El Niño, les précipitations diminuent sensiblement dans

le nord-est du bassin, ce qui entraîne une baisse importante du débit des rivières

30

FIGURE 3.17 – Cartes d’Ecart-type des SSS interannuelles observées et simulées

avec et sans rappel

FIGURE 3.18 – Cartes de corrélation spatiale des SSS simulées par rapport aux

observations

de cette région affluents de l’Amazone (Rios Jari, Trombetas et Branco). Lors de

forts El Niño, les débits moyens annuels du Rio Jari peuvent être divisés par trois,

31

comme ce fut le cas en 1982/1983. A l’inverse, en période La Niña, précipitations

et débits augmentent dans cette région. Ainsi, lorsque se manifeste un événement

El Niño de grande ampleur (années 1982-83 et 1997-98, par exemple, où les évé-

nements El Niño furent parmi les plus forts du siècle), le débit de l’Amazone peut

présenter, à son embouchure, un déficit annuel de 15 à 20%, soit une perte en

volume d’eau de 1000 à 1300 milliards de m3. En période La Niña, l’accroisse-

ment des apports annuels à l’océan Atlantique peut aller jusqu’à 14% (Folland et

al. 1986,1991).

– Amazone

Sur la figure 3.19, les SSS interannuelles simulées par le modèle présentent

des variations similaires mais des phases différentes. Nous avons les valeurs issues

de RUN-RINT qui oscillent entre 30.5pss et 33.5pss sur les 8 années, RUN-RCLIM

et RCLIM-RAPPEL dont les allures sont plus proches oscillent entre 33.5pss et

34.5pss. Comparer aux observations, les valeurs de SSS de RUN-RINT sont de

plus ou moins 0.5pss égale à la SSS mesurée sur la période de 2003 à 2005. Cet

intervalle correspond à la période où on a une densité d’observations interannuelle

élevée (voir figure 3.22).

La courbe des différences de SSS simulées avec RUN-RINT et RUN-RCLIM

montre que la simulation RINT influence fortement sur RCLIM sur toute la pé-

riode (différence négative). Sauf en 2000 et en 2006 ; Ces deux années de pic sur

la courbe des débits interannuels qui semble avoir une corrélation avec cette dif-

férence. ce qui montre que la variation interannuelle de débit influe sur celle de

la SSS. Par contre la simulation avec rappel l’emporte sur RCLIM sans rappel de

2002 à 2007 cette période correspond à l’augmentation du débit interannuel.

– Congo

Les variations interannuelles de SSS par rapport au débit interannuel montrent

de meilleures corrélations au niveau de l’embouchure du Congo. Les variations des

SSS simulées RUN-RCLIM avec et sans rappel vont de 33.5pss à 34pss et proches

des observations de plus ou moins 0.5pss. Sur les courbes de différences, la simu-

lation RCLIM avec rappel influence celle sans rappel et, cette dernière est aussi

influencée par RUN-RINT. Ceci confirme l’influence de la variation interannuelle

32

FIGURE 3.19 – SSS interannuelles simulées et observées à l’embouchure de l’Ama-

zoneau dessus, SSS observée en bleu ; en bas à gauche, différences des SSS interannuelles simulées par le modèle forcé RCLIM

et RINT puis RCLIM-RAPPEL ; à droite, les SSS simulées (vert pour rappel, bleu pointillé pour RCLIM, bleu plein pour

RINT) et en rouge le débit interannuel de l’amazone.

du débit sur celle de la SSS. (Confirmation en annexe sur les cartes de différences

entre SSS de RUN-RINT et RUN-RCLIM).

– Niger

Les variations interannuelles des SSS dans l’embouchure du Niger ont la même

allure pour les valeurs issues de RUN-RCLIM et RUN-RINT et comprises entre

31pss et 33pss (figure 3.21). La courbe des observations semble croître avec le dé-

bit interannuel du fleuve. Bien que la densité des observations soit faible dans cette

zone (figure 3.22), de 2005 à 2007 période où on a plus de mesures, correspond

à l’intervalle de temps où nous observons l’accroissement de SSS avec le débit du

fleuve. Ce phénomène pourrait être lié à la sécheresse qui affecte depuis un certain

nombre d’année presque toute la région arrosée par le Niger. Ici nous observons de

longues saisons sèches et des précipitations abondantes sur une courte durée. Le

33

FIGURE 3.20 – SSS interannuelles simulées et observées à l’embouchure du Congoau dessus, SSS observée en bleu ; en bas à gauche, différences des SSS interannuelles simulées par le modèle forcé RCLIM

et RINT puis RCLIM-RAPPEL ; à droite, les SSS simulées (vert pour rappel, bleu pointillé pour RCLIM, bleu plein pour

RINT) et en rouge le débit interannuel du Congo

manque de couvert végétal favoriserait alors plus de ruissèlements d’où les débits

élevés à faibles variations interannuelles du fleuve et pendant les périodes sèches

plus longue on a plus d’évaporation dans l’océan.

Il est important de dire ici qu’au niveau des embouchures, il y a un manque

de mesures avec l’amazone qui fait l’exception avec une densité très au dessus des

autres fleuves bien que ces données soient toujours insuffisantes. La figure 3.22

nous montre que de 2000 à 2003 il n’y a presque pas de mesure dans les embou-

chures du Congo et du Niger.

34

FIGURE 3.21 – SSS interannuelles simulées et observée (courbes bleues) et débit

interannuel du Niger (en rouge)

FIGURE 3.22 – profil de densité des observations interannuelles aux embouchures

des fleuves

35

Chapitre 4

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

Le but de notre travail a été de comprendre l’influence des eaux des fleuves

sur la salinité à différentes échelles de temps et d’espace. Nous disposions alors

des données observées de SSS que nous avons comparé aux valeurs de SSS issues

des simulations du modèle océanographique ORCA025. Des quatre simulations, il

fallait voir laquelle se rapproche de la réalité.

Ce travail nous a permis de voir la variabilité de la salinité de surface dans

l’océan Atlantique Tropical. Ainsi on comprend que la SSS est contrôlée par dif-

férents facteurs d’échelles spatio-temporelles variées. Il est apparu une relation

entre la SSS et la distribution du bilan entre l’Evaporation et la Précipitation, par-

ticulièrement au large du continent africain entre -5°S et 10°N, dans la partie

intertropicale sous la ZCIT (où la SSS varie suivant que les précipitations l’em-

portent sur l’évaporation et vice versa). L’influence du phénomène d’advection est

apparue très important, vu les courants de surface qui contribuent à transporter

les eaux à de grandes échelles d’espace.

Les modèles sont des outils qui permettent l’évaluation de l’influence de pro-

cessus spécifiques. Pour cette étude, le modèle ORCA025 a été décliné en quatre

simulations qui nous ont donné des résultats plus ou moins satisfaisants par rap-

port aux observations. Les cartes de différences d’Ecart-types saisonniers montrent

que la simulation avec rappel se compare mieux aux observations en moyenne et

en variation saisonnière et aussi assez bien aux observations en variations inter-

annuelles. Ce qui n’est pas le cas de la corrélation interannuelle qui est plutôt

36

dégradée par le rappel.

Ces cartes montrent également que les simulations sans rappel, en variation sai-

sonnière tout comme en interannuelle surestiment souvent la SSS ; ou alors, par

le manque de mesures, on a une SSS sous-estimée dans les observations.

De toutes les comparaisons, la simulation RUN-RCONST par rapport à celle RUN-

RCLIM pour l’écart-types saisonnier et la simulation RUN-RCLIM par rapport à

celle RUN-RINT pour l’écart-types interannuel montrent en général que :

– Dans un rayon proche de l’embouchure, l’amplitude de la variation saison-

nière du débit influence peu sur celle de la SSS mais, la variation interan-

nuelle du débit influence sur celle de la SSS interannuelle tout au moins

pour les embouchures du Congo et l’Amazone

– Dès qu’on s’éloigne de l’embouchure, les variations de débit ne jouent que

peu sur la variation saisonnière de SSS sauf extension du CNB et très peu

sur la variation interannuelle.

Le reste de la variation est probablement due aux variations des courants, ou plus

précisement de l’advection du gradient moyen de SSS par les courants.

Malgré cette satisfaction, les différences entre observations et modèles à cer-

tains lieux comme sur le bord Est du bassin (Golfe de Guinée) qu’on pourrait lier

au manque de mesures, devraient attirer l’attention. Bien les flotteurs ARGO soient

déployés dans l’océan mondial, il y a des secteurs où il y a eu des extrapolations

pour combler le déficit. Nous espérons alors que les mesures par télédétection de

SMOS et Aquarius permettront d’affiner les analyses de la salinité de surface, grâce

à une meilleure couverture spatio-temporelle de sa mesure.

La SSS est aussi influencée par la mousson ouest africaine qui a une signature

saisonnière d’où l’intérêt du programme AMMA pour mieux comprendre ses mé-

canismes.

Il serait aussi important que l’on aie les meilleurs informations sur les débits

des fleuves exactement aux embouchures, pour ne pas biaiser les résultats. Dans

les zones comme la Baie du Biafra, estimer plus précisément l’apport des rivières

dans les modèles serait un atout non négligeable.

37

A l’échelle interannuelle, il y a l’influence du phénomène climatique El Niño.

Cette influence étant encore mal connue, il faudrait améliorer l’état des connais-

sances sur la téléconnection entre le Pacifique et l’Atlantique.

La SSS et la SST dépendent tous deux des paramètres météorologiques qui

sont : les précipitations, l’évaporation, les vents et aussi les apports des rivières. Il

serait alors intéressant de voir comment le modèle restitue la SST par rapport aux

valeurs observées. L’analyse des tendances entre les simulations contribuerait à

mieux différentier les simulations. Il serait aussi utile de faire une analyse des va-

riations de la différence Evaporation et Précipitation (E-P) et courant en parallèle

de SSS.

38

ANNEXESAnnexe A : Les différences entre les simulations

FIGURE 4.1 – Différence de STD de SSS saisonnière simulée par RUN-RCONST et

RUN-RCLIM

La carte de différence d’écart-type de la figure 4.1 montre des valeurs positives près des

embouchures. Ces différences représentent la contribution des variations saisonnières de

débit à celles de la SSS. la carte de différence d’écart-type de SSS interannuelles simulées

FIGURE 4.2 – Différence de STD de SSS interannuelle simulée par RUN-RINT et

RUN-RCLIM

par RUN-RINT et RUN-RCLIM montre de grosses variations aux embouchures du Congo

et de l’Amazone. Ce qui caractérise l’influence des variations interannuelles des débits sur

celles de la SSS (figure 4.2).

39

Annexe B : Profil des Observations mensuelles et interannuelles sur la période 2000/2007

Les cartes nous montrent que le nombre d’observation n’est pas le même pour tous les

mois.

FIGURE 4.3 – profil des observations de Janvier à Avril

FIGURE 4.4 – profil des observations de Mai à Aout

40

FIGURE 4.5 – profil des observations de Septembre à Décembre

Ici nous avons les cartes de profils d’observations par année. Les mesures augmentent

de l’année 2000 à 2007 selon que l’on enrichissait le bassin Atlantique en flotteurs ARGO.

FIGURE 4.6 – profil des observations de 2000 à 2003

41

FIGURE 4.7 – profil des observations de 2004 à 2007

42

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MAI 1992

44

Table des figures

1.1 circulation thermohaline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

1.2 Profils de : la salinité (en pointillés), la température (en traits interrompus

courts), la densité (en trait fort) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

1.3 Localisation et frontières des bassins du Congo et de l’Amazone . . . . . . . 7

1.4 Schéma illustrant les flux d’air en hiver et en été boréals entre le Golfe

de Guinée et le continent ouest africain, illustrant ainsi synthétiquement le

phénomène de la mousson africaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

2.1 Distribution des flotteurs dans les océans à la date d’aujourd’hui par la CNES 12

2.2 Position des bouées PIRATA dans l’Océan Atlantique Tropical . . . . . . . . . 12

3.1 cartes de moyennes annuelles de SSS, aux extrémités les simulations avec

rappel à gauche et sans rappel à droite, au milieu les Observations . . . . . 17

3.2 de gauche à droite les cartes de différence entre simulations débits sans

rappel et débits avec rappel par rapport aux observations . . . . . . . . . . . 18

3.3 cartes de climatologie mensuelle de SSS en mars sommet de l’hiver boréal ;

aux extrémités les simulations sans rappel à gauche et avec rappel à droite,

au milieu les Observations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

3.4 cartes de climatologie mensuelle de SSS en septembre sommet de l’été bo-

réal ; aux extrémités les simulations sans rappel à gauche et avec rappel à

droite, au milieu les Observations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

3.5 carte d’écart-type saisonnier de SSS observée dans l’Atlantique Tropical . . . 20

3.6 cartes de différences des Ecart-Types . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

3.7 carte Ecart-Type des SSS climatologiques simulées avec les débits constants

(àgauche) et climatologiques mensuelles (à droite) . . . . . . . . . . . . . . 22

3.8 cartes de corrélation saisonnière entre SSS simulée et SSS observée . . . . . 22

3.9 situation des embouchures de nos trois fleuves Congo, Amazone et Niger . . 23

3.10 représentation de l’ordre de grandeur théorique de la variation de salinité

par rapport au débit du fleuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

45

3.11 séries temporelles de SSS (en pss) mensuelle à l’embouchure du Niger en

bleu et débits (en m3/s) du fleuve Niger en rouge . . . . . . . . . . . . . . . 25

3.12 séries temporelles de SSS (en pss) mensuelle à l’embouchure du Congo en

bleu et débits (en m3/s) du fleuve Congo en rouge . . . . . . . . . . . . . . 26

3.13 séries temporelles de SSS (en pss) mensuelle à l’embouchure de l’Amazone

en bleu et débits en (m3/s) du fleuve Amazone en rouge . . . . . . . . . . . 27

3.14 profil de densité des observations mensuelles aux embouchures des 3 fleuves 28

3.15 corrélations entre observations et simulations à l’échelle saisonnière et les

RMS des différences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

3.16 variation interannuelle des SSS observées, de gauche à droite : la série

temporelle et les cartes de variation spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

3.17 Cartes d’Ecart-type des SSS interannuelles observées et simulées avec et

sans rappel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

3.18 Cartes de corrélation spatiale des SSS simulées par rapport aux observations 31

3.19 SSS interannuelles simulées et observées à l’embouchure de l’Amazone . . . 33

3.20 SSS interannuelles simulées et observées à l’embouchure du Congo . . . . . 34

3.21 SSS interannuelles simulées et observée (courbes bleues) et débit interan-

nuel du Niger (en rouge) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

3.22 profil de densité des observations interannuelles aux embouchures des fleuves 35

4.1 Différence de STD de SSS saisonnière simulée par RUN-RCONST et RUN-

RCLIM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

4.2 Différence de STD de SSS interannuelle simulée par RUN-RINT et RUN-

RCLIM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

4.3 profil des observations de Janvier à Avril . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

4.4 profil des observations de Mai à Aout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

4.5 profil des observations de Septembre à Décembre . . . . . . . . . . . . . . . 41

4.6 profil des observations de 2000 à 2003 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

4.7 profil des observations de 2004 à 2007 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

46