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Journal d’information du Comité National de Liaison des Régies de Quartier Info-Réseau 58 AVRIL 2013 Sommaire 2 - 3 En direct des Régies A Romans (26) et Carcassonne (11) Portrait d’acteur 4  -9  Le Dossier Il faut cultiver notre jardin… Une cinquantaine de Régies de Quartier et de Territoire a des projets de jardins solidaires, d’insertion ou pédagogiques. À travers son programme Si T’es Jardin, le cnlrq les accompagne dans le développement de cet axe de travail avec les habi- tants. Reportage à Lyon, et focus sur deux expériences ailleurs en France, à Grande- Synthe et au Blanc-Mesnil, où l’on voit que ces jardins créent de la vie, du lien social et de la convivialité. 10  - 11  En direct du Réseau La vie du Réseau Développement durable 12 Interview Entretien avec Frédéric Béatse, maire d’Angers. I nstaller un jardin, potager ou d’agrément, dans un environnement dense d’im- meubles et de béton, n’est-ce pas une gageure, un risque de dégradations répé- tées ? Les exemples initiés par les Régies montrent le contraire. La création d’un jardin urbain participe à leur mission fondatrice : « Réparer, entretenir, embellir la ville », comme le remarque une responsable, pour qui « la beauté du jardin tire les gens vers le haut ». De plus, « faire émerger une demande qui existe » et y répondre, n’est-ce pas le rôle d’une Régie ? Si, pour aboutir, le projet d’un jardin demande de la constance, un véritable effort d’explication, et surtout une réelle assurance de son intérêt, il s’inscrit plei- nement dans une dynamique sociale de territoire. Sa réussite : lorsque les habitants, jeunes et moins jeunes, se le sont appro- prié, lorsque « ce sont les jardiniers qui décident », lorsqu’il est devenu un lieu d’événements collectifs et festifs, naturellement respecté. Les jardins solidaires révèlent de multiples facettes : le respect d’un dévelop- pement durable, l’éducation à une alimentation saine, le support d’un parcours d’insertion valorisant, la création d’activités de socialisation… L’engagement des Régies dans leur développement repose sur l’implication de leurs partenaires, municipalités et bailleurs, n’est-ce pas là le fondement même du partage de leur projet politique ? Clotilde Bréaud, présidente du cnlrq Les jardiniers qui décident Editorial

Info-Réseau n°58

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Page 1: Info-Réseau n°58

Journal d’information du Comité National de Liaison des Régies de Quartier

info-réseauN ° 58 av r i l 2 0 1 3

Sommaire

2 - 3  En direct des Régies A Romans (26)

et Carcassonne (11) Portrait d’acteur

4 -9  Le Dossier Il faut cultiver notre jardin…

Une cinquantaine de Régies

de Quartier et de Territoire

a des projets de jardins

solidaires, d’insertion ou

pédagogiques. À travers son

programme Si T’es Jardin, le

cnlrq les accompagne dans

le développement de cet

axe de travail avec les habi-

tants. Reportage à Lyon, et

focus sur deux expériences

ailleurs en France, à Grande-

Synthe et au Blanc-Mesnil,

où l’on voit que ces jardins

créent de la vie, du lien

social et de la convivialité.

10 - 11  En direct du Réseau La vie du Réseau Développement durable

12  InterviewEntretien avec Frédéric

Béatse, maire d’Angers.

installer un jardin, potager ou d’agrément, dans un environnement dense d’im-meubles et de béton, n’est-ce pas une gageure, un risque de dégradations répé-

tées ? Les exemples initiés par les Régies montrent le contraire. La création d’un jardin urbain participe à leur mission fondatrice : « Réparer, entretenir, embellir la ville », comme le remarque une responsable, pour qui « la beauté du jardin tire les gens vers le haut ». De plus, « faire émerger une demande qui existe » et y répondre, n’est-ce pas le rôle d’une Régie ?

Si, pour aboutir, le projet d’un jardin demande de la constance, un véritable effort d’explication, et surtout une réelle assurance de son intérêt, il s’inscrit plei-nement dans une dynamique sociale de territoire.

Sa réussite : lorsque les habitants, jeunes et moins jeunes, se le sont appro-prié, lorsque « ce sont les jardiniers qui décident », lorsqu’il est devenu un lieu d’événements collectifs et festifs, naturellement respecté.

Les jardins solidaires révèlent de multiples facettes : le respect d’un dévelop-pement durable, l’éducation à une alimentation saine, le support d’un parcours d’insertion valorisant, la création d’activités de socialisation… L’engagement des Régies dans leur développement repose sur l’implication de leurs partenaires, municipalités et bailleurs, n’est-ce pas là le fondement même du partage de leur projet politique ?

Clotilde Bréaud, présidente du cnlrq

Les jardiniers qui décidentEditorial

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2   Info-Réseau N° 58 Info-Réseau N° 58 3

P o r t r a i t d ’ a c t e u r

Christian Fernandez,de l’énergie à revendreRégie de Quartier Saint-Jean, de Chalon-sur-Saône (71)

C’est un ancien éducateur spécialisé, et ça se sent ! Christian Fernandez, encadrant technique pour

l’activité maraîchage de la Régie de Quartier Saint Jean, à Chalon-sur Saône, parle vite et clair. Originaire de Lyon, cet

homme énergique de 48 ans encadre aujourd’hui 15 sala-riés, « des hommes et des femmes de 18 à 60 ans qui ont une vie profession-nelle à commencer, ou à finir comme il faut », résume-t-il. Les salariés restent

entre six mois et deux ans, travaillent tous les matins au jardin pour préparer des paniers pour la centaine d’adhérents qui viennent tous les vendredis chercher leurs légumes. « Ce que je fais aujourd’hui, encadrer des gens dans le chantier d’insertion pour la remise au travail et la remise en route personnelle, c’est un peu être éducateur, estime Christian. Au jardin, on doit être à l’heure, rigoureux, respecter les consignes de sécurité, mais les problèmes personnels peuvent interférer, donc on écoute. »

Le jardin, un travail valorisantSi les salariés ne travaillent que le matin, c’est juste-

ment pour pouvoir l’après-midi régler avec l’encadrant social de la Régie les questions de santé, de papiers, de recherche d’emploi, de logement, etc. « Notre but, c’est qu’ils sortent du jardin pour un travail ou une formation qualifiante. Mais quand on a fait toutes les formations pour apprendre à chercher du travail, qu’on a envoyé 50 CV et reçu autant de refus, on croit que c’est foutu. L’avantage du jardin solidaire, c’est qu’on a des retours des adhérents qui apprécient nos légumes, donc notre travail. Ça fait plaisir, c’est valorisant, et c’est ça qui compte ! »

L’enthousiasme de Christian est sans doute aussi important pour les personnes qu’il accompagne, à la Régie comme dans ses autres engagements. Car l’an-cien éducateur est aussi responsable bénévole d’un centre de vacances de 80 personnes à Chardonnay, et président de l’école de cirque de Chalon ! n

Ici, aux Lavandières de Monnaie Services, Régie de Quartier à

Romans, la laverie existe déjà, entretient le linge de la mairie et des crèches, mais… Catherine Morin, chargée de mission prévention des

déchets à la Communauté d’agglomération du Pays de Romans, cherche à réduire les déchets sur le territoire, en particulier les déchets à usage unique, dont la présence est ici supérieure à la moyenne nationale.

Les couches jetables font partie du lot. Elles sont encombrantes, difficilement recyclables, et onéreuses aussi bien à la fabrication qu’à l’achat et au retraitement, d’où l’idée d’expérimenter les couches lavables dans deux crèches. La Régie se chargerait de les laver. Quelle diffé-rence avec les couches jetables ? On imagine immédia-

tement les langes anciens, avec d’innombrables lavages. Il n’en est rien. Elles sont faites de plusieurs épaisseurs qui permettent d’une part d’être suffisamment douces pour la peau sensible des enfants

et, par ailleurs, d’être conformes à l’écologie en employant des matières entièrement bio, telles le coton gratté ou le chanvre. Pour la culotte qui enveloppe le tout, des scratchs et les mêmes matières très colorées recouvertes de

polyuréthane très étanche. Le rôle des Lavandières, sous la houlette de Malika et de Dalida, sera de laver séparé-ment les culottes et les couches avec les inserts (couches intermédiaires), les lingettes et les feuillets (voiles biodé-gradables). Elles devront également gérer les tailles et

préparer les couches pour faciliter le travail à la crèche, qui exige des règles d’hygiène plus strictes que pour les parti-culiers. Un travail très différent de l’ordinaire qui nécessite une organisation plus rigoureuse. L’association Naître et grandir en confiance est venue exposer l’utilisation des couches et le processus de tri, de lavage de cet ensemble particulier qui habille les fesses des bébés. Dominique Decreuse, directeur de la Régie, pense pouvoir convaincre les parents en proposant un forfait lavage spécial pour les habitants. On peut aussi louer ce type de couches. Partis d’une réduction des déchets, la Régie, ses partenaires et les crèches pilotes vont faire valoir une action qui réduit les dépenses des familles en innovant sur une pratique de vie traditionnelle et quotidienne. n

Deux Régies, avec un mobile de départ différent, en viennent à créer une laverie originale. Toutes deux partent d’un diagnostic local, d’une demande d’habitants. Points de vue sur la mise en place d’une nouvelle activité, ou comment créer en fonction des besoins locaux.

Monnaie Services, Régie de Quartier à Romans (26)

L’univers insoupçonné  des couches pour bébés

En direct des Régies

Al o g e a , l e bailleur, met

en place une rénovation énergétique aussi bien au niveau du chantier et de la mise en œuvre de technologies plus écologiques et plus économiques, que de la sensibilisation des habitants sur les éco-gestes. Le Réseau des Acteurs du quartier du Viguier regroupe tous les partenaires. Il pro-posa de mener une enquête sur les besoins et les envies des habitants en matière d’équipement.

Pendant de nombreuses années, un local servait à laver les tapis à grande eau, et les habitants les faisaient ensuite sécher sur les balustrades des coursives. Le local fut fermé car trop vieux et inadapté, mais le lavage et sur-tout le séchage continuèrent, dégradant les parties réno-vées des immeubles. En réponse à l’enquête les habitants demandèrent un endroit pour laver et sécher leurs tapis. Le bailleur s’est engagé à financer cette demande, épaulé par le Fonds d’innovation sociale. Une machine sans eau, moins gourmande en énergies et prêtée pour l’occasion, est testée lors d’une fête de quartier. La nouvelle méthode, loin de les intimider, les ravit. « Nous avons passé la journée à laver des tapis » me dit en souriant Florence Hatin, directrice de la Régie des Quartiers de la Communauté d’Agglomération du Carcassonnais. Ce service est offert aux habitants de « l’agglo ».

L’emplacement a été choisi avec attention dans le quar-tier où la Poste jouxte le centre commercial. Pour redynami-ser le centre et faire un pont entre les quartiers, une laverie automatique et une blanchisserie vont y être aussi créées. Florence bat le rappel pour que cette activité demeure pérenne sans entrer en compétition avec les laveries exis-tantes. Voici comment d’une rénovation énergétique on en arrive à laver des tapis. n

Régie de Quartiers de la Communauté d’Agglomération du Carcassonnais (11)

Battre la campagne pour arrêter de battre les tapis

Une petite fille culottée de couches lavables

Dalida Bouaita, Danièle Clément, présidente de la Régie  et Malika Zehri

Les différents éléments pour les couches lavables

p. 3 colonne de gaucheLavage et séchage des tapis avant la rénovation du quartier

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Avant

Après

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4   Info-Réseau N° 58 Info-Réseau N° 58 5

Eurequa, Régie de Quartiers à Lyon (69)

Aux bêches, citadins !

J’ ai toujours gratté la terre, fait du jardinage, mais seu-

lement chez des amis parce que j’habite en appartement. Alors, en 2008, quand a commencé le projet de jardin dans le quartier, je me suis tout de suite inscrite ! C’est un vrai plaisir de regarder les fleurs, de voir pousser et de manger les légu-mes qu’on a faits. Et comme je suis toute seule, je partage chaque semaine ma part de la récolte avec des voisines, ou avec d’autres jardiniers qui ont une famille nombreuse. Le jardin, ça a vraiment été une ouverture. » Contact avec la nature, renforcement de la vie sociale, accès à une nour-riture de qualité : Andrée Bruyère, ancienne salariée des télécoms qui habite depuis 1975 le quartier Langlet-Santy, dans le 8e arrondissement de Lyon, mesure pleinement ce que lui apporte le jardin baptisé le pré Santy, initié en bas de chez elle par la Régie de Quartier Euréqua.

Alain Metzger, lui, est un ancien agent d’entretien de la voie publique. Il fait tous les jours un tour de ce quartier

de cinq tours et une barre coincé entre deux avenues très passantes, où les immeubles en béton ont poussé bien plus haut que les arbres… Avant, il croisait régulièrement Andrée, ils se disaient bonjour mais ne se parlaient pas. « C’est très dur de vivre ici, parce qu’il n’y a pas de contact humain, confie-t-il. On se dit juste bonjour/bonsoir, mais il n’y a pas de convivialité. Avec le jardin, on se retrouve, et on voit aussi d’autres personnes. Un bus est venu de Saint-Étienne, des gens qui voulaient faire un jardin et sont venus passer une journée en famille pour voir le nôtre. Nous, on est partis visiter des jardins à Rilleux, Vénissieux, et bientôt on ira à l’îlot Amaranthe, dans le 7e arrondissement. Et puis on rencontre les élus, ça fait du bien d’avoir des contacts avec des gens différents, avec qui discuter. »

Un jardin collectifLes jardiniers du pré Santy cultivent pour l’instant un

petit bout de terrain de 220 m2 au pied des immeubles, là où avant ne poussait qu’une pelouse. Ils préparent et entretiennent ensemble les plantations de cardons, sala-des, tomates, radis, piments, poivrons, melons, courges… Tout en bio. Leurs outils sont dans un cabanon, où l’on trouve aussi une belle collection de Rustica, la revue des jardiniers. Martine Schorter, qui habite depuis 1987 le quartier Mermoz, juste à côté, fait partie du groupe. « Le jardin, explique-t-elle, ça permet de prendre l’air, de faire de l’exercice, d’avoir un équilibre mental grâce à l’exercice physique, à la rencontre avec d’autres personnes, au fait de toucher la terre. Passer une après-midi au jardin ça fait du bien ! » Ce jardin est « un poumon au cœur de la ville, poursuit Martine. Mon quartier, Mermoz, c’est un ghetto. Ils vont faire un jardin ornemental sur le toit du centre commercial, mais pas pour les gens, pas pour qu’ils puissent y aller ».

Le pré Santy, lui, donne au quartier de la valeur pour ses habitants. « J’aime la nature, la nature dans la ville, je recherche son contact, confie Alain. À la Part Dieu [quartier d’affaires du centre de Lyon, ndlr], il n’y a que du béton, tu ne m’y ferais pas vivre un mois ! Quand j’étais gamin, j’aidais un voisin, pas loin d’ici, entre le Carrefour et l’autoroute, il y avait des jardins ouvriers qu’ils ont supprimés quand ils ont construit la

Il faut cultiver notre jardin…

bretelle, dans les années 1970 ou 1980. Mon voisin travaillait à Gerland, et les jardins à côté du sien étaient à ses collègues. C’était des jardins individuels, mais on se filait des coups de main, il y avait un collectif. »

Le pré Santy, lui, est encore plus collectif. Ceux qui veu-lent une parcelle personnelle sont orientés vers d’autres associations. Ce sont les jardiniers eux-mêmes qui en ont décidé ainsi, car, comme l’indique la plaquette distri-buée pour faire connaître le jardin, « Du plan du jardin au règlement intérieur, des projets d’aménagement aux choix des plantes ornementales, de l’animation de moments

conviviaux à l’ac-cueil des visiteurs :

les jardiniers prennent en main le pré Santy, proposent, élaborent et réalisent ». Pour gérer le jardin, l’équipe se voit une fois par semaine en réunion.

Une démarche participativeCe sont aussi les habitants qui décident de l’aménage-

ment du second jardin, de 550 m2, que la Régie a ouvert avec eux, à 100 mètres du premier, tout contre

Le dossier

Les différents types de jardins développés par des Régies

Les Régies portent différentes sortes de jardins répondant à des besoins variés. La caractéristique commune à ces différents jardins est le recours à des techniques agrobiologiques. Les plus courants sont les jardins solidaires, qu’on retrouve dans 24 Régies. Il y a également 22 projets en cours de montage. Ces jardins potagers, souvent situés en pied d’immeuble sur des terrains appartenant à la ville ou à un bailleur social, sont cultivés par des habitants-jardiniers qui s’investissent sur des parcelles individuelles et/ou collectives. Ils reposent sur une logique d’auto-production alimentaire. Des

animateurs veillent à l’entretien de ces jardins, à la prévention des conflits entre jardiniers et proposent des animations sur différents thèmes (préservation de la biodiversité, réduction des déchets via le compost, alimentation saine…) en lien avec divers partenaires locaux (écoles, centres de loisirs, maisons de retraite, esat, maisons de l’environnement…). Ces jardins constituent donc des lieux de rencontre et génèrent du lien social. 10 Régies gèrent des jardins d’insertion et 2 projets sont actuellement à l’étude. Ces jardins permettent de développer une activité de maraîchage qui est le plus souvent saisonnière et sert de support d’insertion. Les terrains cultivés peuvent être situés en pleine ville ou dans des zones périurbaines. La production est

commercialisée (soit via des paniers de légumes vendus aux adhérents de la Régie ou dans le cadre d’amap soit à des restaurants ou moyennes surfaces de la ville). Certaines Régies envisagent d’approvisionner des cantines scolaires. 10 Régies ont des jardins pédagogiques, et une Régie a un projet de ce type. Ces jardins, situés sur de petits terrains le plus souvent à proximité d’écoles, sont investis par des classes ou groupes d’enfants. Ils peuvent comporter des jardinières surélevées pour les personnes âgées ou handicapées. Ces jardins donnent souvent lieu à des projets intergénérationnels. Plusieurs Régies privilégient une approche mixte et développent simultanément différentes catégories de jardins, sur un même ou plusieurs terrains.

Le contact avec la terre, la nature, est un besoin fondamental, même si beaucoup de citadins en sont aujourd’hui coupés. De nombreuses Régies de Quartier s’efforcent de répondre à cette demande. Un travail de longue haleine, demandant patience et savoir-faire, doit être mené pour faire sortir de terre des jardins solidaires en concertation avec les habitants des quartiers populaires. Et comme le montre le cas du pré Santy, à Lyon, ces jardins créent aussi de la vie, du lien social et de la convivialité. 

suite page 6

Alain, Christel, la coordinatrice  du projet Jardins  de la Régie Euréqua, Martine et Andrée, outils à la main dans le premier jardin du quartier  Langlet-Santy. 

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Animation auprès d’enfants autour des jardinières pédagogiques    Organisation des rendez-vous aux jardins 2012, jardin  du pré Santy

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6   Info-Réseau N° 58 Info-Réseau N° 58 7

le collège. L’équipe va passer de 8 à 19 jar-diniers grâce à ce nouveau jardin. Elle a décidé d’y inclure un vrai espace de convivialité, pour se retrouver au grand air. Le quartier, où se trouvent une maison de retraite, un centre social, un collège, une école élémentaire, une maternelle et une crèche, va ainsi se verdir, et s’animer un peu plus. Accompagnée par Christel Amyot, coordi-natrice du projet à la Régie Euréqua, l’équipe organise déjà une trentaine de moments de convivialité par an. En 2012, il y a eu la galette des rois, beaucoup de thés avec la menthe du jardin, les journées portes ouvertes pour la Semaine du développement durable, les repas partagés avec produits du jardin, etc. Il y a aussi eu 117 séances de jardinage collectif et 35 de jardinage péda-gogique, grâce aux

deux, puis trois jardinières pédagogiques installées à hauteur d’enfant à côté du jardin. Il s’agit de bacs en bois triangulaires d’environ quatre mètres de côté pour montrer comment poussent les plantes, le rôle des vers de terre, les saisons, les outils, etc.

Christel Amyot, qui est sur un poste de médiation sociale, avait déjà initié en 2003 au quartier des États-Unis le jardin du pré Sensé, qui s’est aujourd’hui autonomisé et est géré par une association d’habitants créée pour cela. C’est ce qui a permis à la Régie de lancer un nouveau projet à Langlet-Santy. À chaque fois, créer un jardin est un travail de longue haleine, pour mobiliser les habitants, construire en concertation avec eux, convaincre les partenaires… « La première chose que j’ai faite, explique Christel, c’est un book de photos de ce qui se faisait déjà comme jardins en

ville : jardins ouvriers, partagés, etc. Puis, avec ce book, j’ai fait une enquête de deux mois en porte à porte, en pas-sant au moins une fois dans chacun des plus de 600 loge-ments du quartier, à différents horaires, pour informer les habitants et recueillir leurs envies et leurs réticences, avec un questionnaire pas trop long, et des questions ouvertes et fermées. Ils m’ont parlé de beaucoup de choses, notam-ment de la saleté, avec beaucoup de gens qui jettent des détritus par la fenêtre. Nous avons une fonction d’écoute, c’est très important d’apprendre comment les gens vivent leur quartier. La propreté, le cadre de vie, par exemple, ce sont des préoccupations prioritaires. »

Ces questionnaires ont ensuite donné lieu à des restitu-tions publiques en présence du maire, des bailleurs et des représentants de la Politique de la Ville, pour présenter une demande collective crédible. « Il s’agit de faire émerger une demande qui existe, poursuit Christel. Les gens voient globalement

d’un bon œil le projet, ils craignent seulement que le jardin soit vic-time de vandalisme, ou fasse aug-menter les charges locatives… On a démystifié, expliqué que c’était un budget à part. Informer les habi-

tants permet d’éviter les rumeurs. Et nous n’avons jamais eu le moindre vol ni acte de vandalisme. »

Après la réunion publique, les volontaires qui se sont présentés ont constitué des groupes de travail : rédaction du règlement intérieur, élaboration des plans de culture, aménagements prioritaires sur le terrain, etc. Et en 2011, quand a été envisagée l’ouverture du second jardin, un tour de tous les logements a à nouveau été réalisé.

Même si les collectivités et les bailleurs participent, l’activité jardin de la Régie est toujours en déficit, et par-tiellement financée par ses fonds propres. Quand les investissements seront amortis, le déficit sera réduit. Et quand les jardins du pré Santy arriveront à l’équilibre, ils pourraient se retrouver gérés directement par Monique, Andrée, Alain et les autres, pour que la Régie puisse envi-sager de répondre à la demande de jardins dans un autre quartier… n

Le dossier Il faut cultiver notre jardin… Le dossier Il faut cultiver notre jardin…

Tout a commencé en 2005 : Mathieu, stagiaire de l’École

normale sociale à la Régie de Quartier du Blanc-Mesnil, a monté un projet de verger. Le bailleur du quartier des Tilleuls a mis à dispo-sition un terrain de 80 m2 devant les locaux de la Régie, au milieu d’un centre commercial dont tous les commerces ont fermé, et où le trafic s’est installé. « Mathieu a planté un cerisier, un mirabellier, un pommier et un poirier nains, car le terrain est tout petit, raconte Carole Ferrini, directrice adjointe de la Régie de Quartier. Mais très vite, on nous a volé le pommier et le poirier. On a été désespé-rés… Nous avons quand même replanté un olivier, et depuis les trois arbres sont restés, et cha-

que année nous avons des fruits. Nous plantons aussi beaucoup de fleurs, des aromatiques et quel-ques légumes. »

Un jardin respecté de tousHormis le vol du début, le jardin n’a pas connu de dégradations. « La beauté de ce jardin tire les gens vers le haut, cela amène le respect, indique Carole Ferrini. Deux ou trois fois, on a même eu des cadeaux, des choses à planter : des oignons, des racines d’œillets d’Inde, du muguet à replanter… Et beaucoup d’habitants font un détour pour passer devant le jardin. Surtout des personnes âgées, et surtout en avril, quand les tulipes sortent. Ça fait une touche de cou-leur dans le quartier. »

Des enfants encadrés le mercredi après-midi par la médiatrice sociale préparent des semis en serre en février-mars, et entretiennent le jardin toute l’année. La médiatrice s’occupe de l’arrosage quotidien, et ainsi des fleurs poussent d’avril à octobre. « Pour nous, ça embellit le cadre, pour les habitants c’est une bouffée d’oxygène, explique Carole Ferrini. Dans la parcelle d’à côté, où il y a seulement deux sapins, les gens jettent beaucoup de choses. Pas dans le jardin. Les jeunes squattent à 300 mètres, et ils sont venus voir par exemple quand on a mis des cabanes à oiseaux. Ils sont les premiers à en profiter et ils ne le dégradent jamais, donc ils apprécient. Même si ce n’est pas dit… » n

Jardin du pré Santy,premier terrain 

Nouveau terrain

suite de la page 5 Régie de Quartier du Blanc-Mesnil (93)

Le droit à la beauté

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Planter des fleurs et des fruitiers nains au cœur d’un quartier populaire, c’est apporter aux habitants de la beauté et de la couleur au milieu du béton.

Page 5: Info-Réseau n°58

8   Info-Réseau N° 58 Info-Réseau N° 58 9

Installée dans une ancienne ferme maraîchère du quartier du Moulin

et Basroch, la Régie de Quartier de Grande-Synthe met à disposition des habitants une douzaine de par-celles et, tous les mercredis, un encadrant technique. Jacques Quaeyebeur transmet, montre les gestes pour planter, semer, repi-quer, etc. Des gestes que la plupart des jardiniers découvrent, en même temps qu’ils découvrent un autre rapport à l’alimentation, grâce à des projets menés avec le centre de santé, l’association Côté Quartiers, la Ville et le ccas. « L’an dernier, explique Ghislaine Sierra, du centre de santé, nous sommes allés en bus dans une ferme où l’on peut cueillir des fruits, que l’on paie alors beau-

coup moins cher. Nous avons mixé du public de la Régie et des femmes venant du centre social, et ensuite des dames ont transformé les frai-ses en confitures, en montrant aux autres comment faire. »

Savoir gérer son budget« Certains découvrent comment

pousse une pomme de terre, et le plaisir de faire une soupe soi-même, raconte Philippe Muszynski directeur de la Régie. Ils trouvent des saveurs différentes de ce qu’ils achètent, ils savent faire la diffé-rence. L’éducation alimentaire, c’est pour tout le monde. Cinq fruits et légumes par jour, ce n’est pas toujours possible dans les grandes familles, mais il est possible de

diversifier son alimentation. » Karim Charik, salarié de la Régie, marié et cinq enfants, intervient : « Au marché, on peut trouver des tomates à un euro le kilo, des salades bon marché aussi, sauf quand il gèle. Il faut savoir acheter en fonction ! Moi, je sais gérer mon budget, choisir dans les marchés et les magasins, et avec ma femme on cuisine pas mal : chawarma, couscous, etc. » Le centre de santé fait aussi intervenir des diététiciens, et intervient dans la Régie pour expliquer ce qu’est un bilan de santé, en partenariat avec la cpam. « Ici, nous travaillons beaucoup en réseau, explique Ghislaine. Et le jardin est un bon prétexte pour parler santé. » n

Le Réseau des Régies de Quartier soutient fortement, avec le programme Si T’es Jardin, le développement de jardins dans et autour des quartiers populaires. Pourquoi avoir choisi cet axe de travail ?Jean Lenoir : Le manifeste des Régies de Quartier indique que le principe fondateur de toute Régie de Quartier est la participation, l’implication et la responsabilisation des habitants, seuls gages d’améliorations durables. Il allait donc de soi que l’autoproduction alimentaire par et pour les habitants des quartiers soit un axe qui réponde complètement à ce principe. C’est une activité univer-selle, souvent développée à la demande des habitants, qui favorise l’accès à une alimentation plus saine, tout en étant génératrice d’économies budgétaires pour des ménages à faibles revenus. C’est un vecteur indéniable

de renforcement du lien social, avec une dimension non négligeable d’éducation à l’environnement.

Où en est aujourd’hui le développement des jardins portés par les Régies de Quartier, et comment sont-ils perçus par les partenaires des Régies ?

C’est un développement qui va en s’amplifiant depuis cinq ou six ans. Près de 50 Régies portent aujourd’hui une action ou ont un projet d’activité jardins, qu’ils soient collectifs, solidaires, en partage, en pied d’immeuble, pédagogiques, ou autre...

Ce développement s’inscrit dans un mouvement plus large en lien avec la sensibilisation croissante des habitants aux problématiques du développement durable. C’est pourquoi les Régies se sont mobilisées pour des actions autour des jardins, de lutte contre la précarité énergétique, ou liée à la gestion des déchets. Ce sont des thèmes qui concernent directement la vie des habitants au quotidien, et qui impactent la qualité et le niveau de vie.

Nos partenaires historiques que sont les bailleurs et les collectivités locales ont pu le percevoir comme une réappro-priation des espaces collectifs par les habitants, entraînant un meilleur respect de l’environnement proche.

Ces actions ont permis aussi la réha-

bilitation de « friches » et/ou d’espaces dégradés, mal entretenus, non respectés. Pour les structures de quar-tiers et les travailleurs sociaux, les jardins sont perçus comme un nouvel outil d’animation et de lutte contre l’isolement. Quel soutien apporte le cnlrq aux Régies souhaitant développer leurs actions autour de jardins ?

Depuis 2010, le Réseau s’est engagé fortement en mettant en place un pôle Développement durable avec le recrutement d’une chargée de mission dédiée, en charge d’animer une commission de suivi des actions Développement durable.

Le cnlrq s’est aussi engagé avec la création en 2011 d’un groupe de travail spécifique Jardins. C’est d’ailleurs des travaux de ce groupe qu’est issu le dépôt du label Si T’Es Jardin à l’inpi . En 2012, les travaux de l’assemblée générale de Montgenèvre, avec un focus sur les enjeux de l’agriculture urbaine, et le séminaire de novembre à la Fondation Macif ont laissé une large

part aux présentations et échanges sur les jardins. Ce soutien du Réseau est illustré également par les par-tenariats noués avec les fondations et la publication à venir en 2013 d’un guide. n

« C’est une activité universelle, souvent développée à la demande des habitants, qui favorise l’accès à une alimentation plus saine, tout en étant génératrice d’économies budgétaires pour des ménages à faibles revenus »

Régie de Quartier de Grande Synthe (59)

Les jardins contre la malbouffe !

Le dossier Il faut cultiver notre jardin… Le dossier Il faut cultiver notre jardin…

Les quelque 60 projets de jardins portés par les Régies de Quartier apportent de nombreuses retombées parfaitement en ligne avec leurs objectifs. Les explications de Jean Lenoir, membre du groupe de travail Jardins du cnlrq et directeur de la Régie de Quartiers de Nevers.

« Un nouvel outil »

« Ces actions ont permis aussi la réhabilitation de « friches » et/ou d’espaces dégradés, mal entretenus, non respectés. »

Ateliers cuisine, confitures,conserves… Le jardin est, à la Régie de Quartier de Grande-Synthe,une porte d’entrée vers la découverte de plaisirs, de saveurs, et de nouvelles habitudes alimentaires.

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10   Info-Réseau N° 58 Info-Réseau N° 58 11

L’Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus) relève

depuis plusieurs années un taux inquiétant de chômage chez les jeu-nes de 18/25 ans issus des quartiers sensibles. Ce taux est près de 3 fois supérieur au taux de chômage de cette tranche d’âge résidant dans les territoires non classés en zones priori-taires. C’est pour répondre à ce formi-dable défi que le cnlrq a signé, le 30 Octobre 2012, avec Jean-Marc Ayraut, Premier ministre, une convention d’en-gagement pour le déploiement de 1 500 Emplois d’Avenir en trois ans.

Trois axes seront privilégiés pour la mise en œuvre de cette conven-tion. Le premier visera à développer des activités et des emplois sur le secteur de l’utilité sociale et environ-nementale répondant à des besoins non satisfaits. De nombreuses pis-tes ont d’ores et déjà été explorées par les Régies qu’il conviendra de capitaliser et de diffuser au sein du Réseau. Le second vise à déployer des Services aux Habitants en s’ap-puyant sur le régime dérogatoire obtenu par les Régies dans le cadre des Services à la Personne (sap). De ce point de vue, des synergies et des actions concrètes sont en cours d’élaboration entre les Régies et leurs partenaires, au premier rang desquels les ccas et les bailleurs sociaux. Enfin, le champ de la Gestion urbaine de proximité, cœur de métier des Régies, sera revisité et permettra de proposer des emplois aux jeunes de nos quartiers dans un souci de réappropriation des espaces publics par ces derniers.

L’ Info-Réseau de fin d’année abor-dera ce chantier en revenant sur une série d’actions d’accompagnement réalisées ces prochains mois. n

StAgES ACtEURS 

Cycle I (2 modules)• 1res Rencontres : 7, 8 et 9 mars 2013 à Carcassonne (11)• 2e Rencontres : 4, 5 et 6 avril 2013 à Saumur (49)

Cycle II (2 modules)• 1res Rencontres : 21, 22 et 23 mars 2013 à Chalon-sur-Saône (71)• 2e Rencontres : 18, 19 et 20 avril 2013 à Belfort (90)

Cycle III (2 modules)• 1res Rencontres : 23, 24 et 25 mai 2013 à Paris Fécamp 12 (75)• 2e Rencontres : 27, 28 et 29 juin 2013 à Saint-Pierre-d’Albigny (73)

COMPtE DE gROUPE (FORMAtIONS AU CNLRQ) 

• Positionnement chef d’équipe : 11 et 12 mars 2013• Le travail d’équipe : 25 et 26 mars 2013• Les Eco-Gestes dans la pratique quotidienne des chantiers propreté : 8 et 9 avril 2013• Les attitudes de Service – Savoir se positionner en situation professionnelle avec les usagers, les habitants, les clients : 3 juin 2013• Positionnement chef d’équipe : 6 et 7 juin 2013• Coordonner un chantier en second œuvre bâtiment : 18, 19, 20 et 21 juin 2013• Les conduites addictives en milieu professionnel : 1er, 2 et 3 juillet 2013

 FORMAtIONS DIRECtEURS 

• Les recycleries et le ré-emploi : 28 mars 2013 au fiap à Paris (75) • Prévention des risques et sécurité au travail : 28 mai 2013 à la mas à Paris (75)• Méthodologie de projet et Emplois d’Avenir : 27 et 28 juin 2013 au cnlrq à Paris (75)

 LES  INStANCES 

Conseil d’administration : 17 mai à Paris (75)Assemblée Générale : 14 et 15 juin à Ardon (45)

« Jardins collectifs urbains, parcours des innovations potagères et sociales »Quelles sont les différentes formes de jardins collectifs et à quelles aspirations répondent-elles ?Ce livre retrace leur histoire pour ensuite en présenter le cadre administratif, financier et législatif. Il fait également la part belle à des exemples détaillés et termine par leur rôle dans la cité. Cyrielle Den Hartigh, Jardins collectifs urbains. Parcours des innovations potagères et sociales, Educagri éditions, 2013, 168 p., 25 euros.

« Les Régies de Quartier et de Territoire, actrices d’un développement durable et solidaire », Ce documentaire réalisé par Bruno Feindel, Atout Cam, pour le cnlrq en novembre 2012, met en lumière les activités développement durable dans 6 Régies et leurs retombées. Outil de communication à vocation interne et externe, il peut permettre d’impulser une dynamique développement durable dans les Régies.  Film visionnable sur le site du cnlrq : www.regiedequartier.org

INFO-RéSEAUDirectrice  de la publication Clotilde Bréaud Comité de rédaction  et rédaction Mourad Aït-Kaci, Zinn-Din Boukhenaïssi, Marie-France Chamekh, Guy Dumontier, Jenny Eksl, Azouz Gharbi, Dominique Goby, Céline Goyet, Jade Grélaud, Bruno Martin, Anne Mistral, Nicole Picquart, Corinne Redersdorff, Vincent RicolleauJournaliste Dante SanjurjoSecrétariat de rédaction Sandrine Cardon

Illustrations Albert Maquette Patricia Chapuis Imprimeur

l f t , MontreuilNuméro de dépôt légal 91/0322.Abonnement 12,20 euros (3 numéros).Comité National de Liaison  des Régies de Quartier 54, av. Philippe Auguste – 75011 [email protected]

www.regiedequartier.orgCette publication  a bénéficié du soutien – de la dgefp Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle, – de la dgcs Direction Générale de la Cohésion Sociale, – du sgciv Secrétariat général au Comité Interministériel des Villes, – du fse, Fonds Social Européen.

v I E   D U   R é S E A U

1 500 Emplois d’Avenir

les rendez-vous du cnlrq

p

SItES EN ExPERtISES   

  Lille Sud Insertion  

SItES EN ACCOMPAgNEMENt     Caen   Evry    Mana (guyane)    Miramas    Reims    Rodez    Saint-Denis    Saintes    Stains       D é v E LO P P EM E N t   D U R A B L E

Informations, Jade Grélaud : [email protected]

Signature de deux nouveaux partenariats fin 2012Une convention signée entre le cnlrq et gdf suez vise au déploiement des opérations isigaz et Partenaire Médiation Solidarité dans les Régies. Une autre, signée entre le cnlrq et erdf, permet aux Régies d’effectuer un certain nombre de missions pour erdf.Le contenu de ces conventions sera présenté aux Régies lors de

séminaires organisés en région durant le 1er semestre. n

Etat d’avancement du projet  « Si t’es Jardin »

Ce projet national repose sur des initiatives locales de jardins solidaires.

Ces jardins potagers en milieu urbain, cultivés par et pour les

habitants, rencontrent un grand succès auprès des Régies. Le cnlrq accompagne cette dynamique et souhaite professionnaliser les animateurs de ces jardins. Un guide est en préparation et une formation des animateurs sera proposée au 2e semestre. Toutes les Régies peuvent utiliser pour leurs propres jardins, le nom « Si T’es Jardin » et le logo.Un recensement des jardins portés par les Régies est en cours. Si votre Régie développe un jardin, merci de nous en informer. n

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En direct du Réseau

Décès de Maurice guignard, président de la Régie de Quartiers d’Angers

Pleinement engagé dans la vie associative, il a été un membre actif de la vie sociale de son quartier de Monplaisir… Il fut l’artisan de la création de la Régie de Quartiers d’Angers, attentif à l’expression et à la prise en compte de l’avis des diffé-rents acteurs impliqués dans le projet. Depuis son origine, il a ainsi animé et orienté un développement important de la Régie sur plusieurs quartiers. Démocrate convaincu, il a toujours veillé à ce que les habitants gardent toute leur place dans la gouvernance, fonctionnement cité en exemple auprès des nouvelles Régies. Pendant de nombreuses années, il a assuré des responsabilités au sein des ins-tances nationales de notre Réseau, Conseil d’Administration, Bureau, apportant un point de vue serein et fondé sur une grande connaissance des besoins des habitants. Il nous a quittés le 10 novembre 2012. Tous les acteurs de notre Réseau souhaitent exprimer leur sincère gratitude pour son rôle d’acteur. n

 

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12   Info-Réseau N° 58

Dans la gestion d’une municipalité, quelle est l’impor-tance des espaces verts, quels rôles jouent-ils pour la population ?Frédéric Béatse : Angers est à coup sûr une des villes les plus vertes de France. Les espaces verts y représen-tent plus de 10 % de l’espace urbain. Et, si on y ajoute la Maine, le lac de Maine et l’île Saint Aubin, on atteint le chiffre impressionnant d’un tiers de sa surface dédiée à la nature. La ville gère directement 550 hectares d’espaces verts entretenus par 234 agents et où chaque année sont enracinées plus de 300 000 fleurs et plantes.

La Ville possède également un patrimoine de 110 000 arbres. Angers compte 43 parcs majeurs. Et, côté budget, cela représente annuellement trois millions d’euros d’investissement et 1,7 million de fonctionnement.

Au-delà des chiffres, il faut insister sur l’extrême diver-sité et qualité des espaces verts angevins, qui jouent des rôles multiples : espaces de loisirs, de promenade, de ren-contre, de fonction sociale et véritables zones de respira-tion. Enfin, il ne faut pas oublier le rôle pédagogique et de réservoirs incomparables de défense de la biodiversité.

Les Régies de Quartier, à Angers comme ailleurs, déve-loppent des jardins solidaires : en quoi ces projets et ce qu’ils apportent aux habitants méritent-ils selon vous d’être soutenus ?

La Ville ne peut qu’apporter son soutien à ce type d’ini-tiatives qui ne présentent que des avantages. Car, au-delà d’embellir l’espace de vie, les jardins en pied d’immeuble donnent aux habitants la fierté d’habiter leur îlot, favori-sent la convivialité et renforcent l’appropriation de l’es-pace public par les citoyens. C’est l’idée toute simple que les habitants se sentent mieux dès lors que leur environ-nement est valorisé : un réel sentiment de fierté gagne les habitants en lieu et place des images négatives souvent véhiculées sur ces quartiers. Le partenariat déployé dans ce domaine avec la Régie de Quartiers est exemplaire. Il a permis de créer 70 parcelles jardinées sur cinq sites.

Cette action des Régies sur les jardins est-elle selon vous représentative de la plus-value qu’elles appor-tent sur un territoire, au-delà des jardins ? 

Au travers de cette opération, je tiens à saluer cha-leureusement les actions mises en place par la Régie de Quartiers. En effet, ces jardins solidaires sont assez emblématiques de la manière d’opérer de la Régie de Quartiers auprès des habitants. D’abord, parce qu’il s’agit d’une action en hyper-proximité, au pied des immeubles, là où vivent les habitants. Ensuite, parce qu’il est ques-tion d’amélioration du cadre de vie et d’embellissement des quartiers. Enfin, et c’est peut-être le plus important, parce que cultiver un jardin, c’est cultiver le lien social : entretenir un jardin demande un savoir-faire qui oblige à s’enrichir les uns les autres, entre jeunes et moins jeu-nes, entre anciens ruraux et urbains, entre hommes et femmes. « Il faut cultiver son jardin », disait Candide… Il avait raison, Angers et les Régies de Quartier le montrent chaque jour. n

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Entretien avec Frédéric Béatse, maire d’Angers

« À travers un jardin, on cultive également le lien social »