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Dossier Inkscape 32 Linux+ 7-8/2008 [email protected] Inkscape : maître du vectoriel libre Le monde du graphisme est dominé par la retouche photo et dans une certaine mesure la 3D. C'est vers ces types d'utilisation que se tournent la majorité des utilisateurs. Cependant, le dessin vectoriel n'est pas en reste et l'explosion du Web a révélé ses qualités graphiques propres : simplicité, netteté du trait, rendu des couleurs, légéreté... Inkscape s'est imposé comme le logiciel libre de référence dans ce secteur. Cédric Gémy I nkscape est un logiciel jeune d'environ 6 ans. Par rapport à la référence propriétaire du secteur qui est autour des 20, on peut voir que la différence est énorme. Et pourtant, d'une certaine façon, Inkscape n' rien à envier à son aîné, au contraire. Chaque jour plus complet grâce à une équipe dynamique, précis et simple à la fois, Inkscape s'avère être d'incroyable d'efficacité pour les personnes aux velléités graphiques affirmées. La concurrence Dans le monde libre, les challengers manquent un peu. On retrouve l'ancien Xfig, toujours aussi efficace mais à l'interface trop austère pour beaucoup et aux qualités d'affichage bien moindre, Skencil une application en Py- thon qui possède des outils intéressants mais reste moins agréable à utiliser et commence déjà à dater. Sodipodi dont Inkscape s'est au début inspiré à un rythme de dévelop- pement assez lent ce qui peut être un défaut sur le long terme. Enfin, Xara, un produit commercial en partie libéré qui possède des qualités propres mais qui semblent avoir beaucoup de mal à s'imposer. Xfig Maître historique qui continue d'évoluer, Xfig, malgré ses qualités, n'est pas réellement un outil pensé pour les graphis- tes. Inkscape savère bien plus pratique à manipuler pour les bidouilleurs, et gère beaucoup la couleur. Le lecteur apprendra à connaître Inkscape à dif- férents points de vue. Les différentes fonctions seront passées en revue de manière à donner une vue globale des possibilités offertes par le logiciel. Cet article explique... Inkscape devra être installé et fonctionner correcte- ment, Aucune connaissance dans Inkscape n'est requise, Des connaissances en imagerie numérique sont un plus. Ce qu'il faut savoir...

Inkscape : maître du vectoriel libre

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a little presentation on Inkscape in French.

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lInkscape : maîtredu vectoriel libreLe monde du graphisme est dominé par la retouche photo et dans une certaine mesure la 3D. C'est vers ces types d'utilisation que se tournent la majorité des utilisateurs. Cependant, le dessin vectoriel n'est pas en reste et l'explosion du Web a révélé ses qualités graphiques propres : simplicité, netteté du trait, rendu des couleurs, légéreté... Inkscape s'est imposé comme le logiciel libre de référence dans ce secteur.

Cédric Gémy

Inkscape est un logiciel jeune d'environ 6 ans. Par rapport à la référence propriétaire du secteur qui est autour des 20, on peut voir que la différence est énorme. Et pourtant, d'une certaine façon,

Inkscape n' rien à envier à son aîné, au contraire. Chaque jour plus complet grâce à une équipe dynamique, précis et simple à la fois, Inkscape s'avère être d'incroyable d'efficacité pour les personnes aux velléités graphiques affirmées.

La concurrenceDans le monde libre, les challengers manquent un peu.On retrouve l'ancien Xfig, toujours aussi efficace mais à l'interface trop austère pour beaucoup et aux qualités d'affichage bien moindre, Skencil une application en Py-thon qui possède des outils intéressants mais reste moins agréable à utiliser et commence déjà à dater. Sodipodi dont Inkscape s'est au début inspiré à un rythme de dévelop-pement assez lent ce qui peut être un défaut sur le long terme. Enfin, Xara, un produit commercial en partie libéré qui possède des qualités propres mais qui semblent avoir beaucoup de mal à s'imposer.

XfigMaître historique qui continue d'évoluer, Xfig, malgré ses qualités, n'est pas réellement un outil pensé pour les graphis-tes. Inkscape savère bien plus pratique à manipuler pour les bidouilleurs, et gère beaucoup la couleur.

• Le lecteur apprendra à connaître Inkscape à dif-férents points de vue. Les différentes fonctions seront passées en revue de manière à donner une vue globale des possibilités offertes par le logiciel.

Cet article explique...

• Inkscape devra être installé et fonctionner correcte-ment,

• Aucune connaissance dans Inkscape n'est requise,• Des connaissances en imagerie numérique sont un

plus.

Ce qu'il faut savoir...

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SkencilSkencil est une application écrite en Python qui existe depuis un petit bout de temps. Elle est antérieure à Inkscape, comporte des options intéressantes mais souffre de certains défauts de rafraîchissement d'affichage. Inkscape sem-ble lui avoir emprunté quelques petites choses, comme le nuancier situé en ligne en bas de la fenêtre.

SodipodiSodipodi est le logiciel à l'origine d'Inkscape :c'est Sodipodi qui a utilisé le SVG comme format d'enregistrement par défaut. Mais parce que Sodipodi n'a par pour objectif de coller au SVG, l'équipe s'est donc séparée. Sodipodi avance certes moins lentement, mais l'essentiel y est et certaines personnes l'apprécient.

XaraXara est un logiciel dont le code a été ouvert il y à environ trois ans. C'est un logiciel épous-touflant a bien des égards : précision, outils performants pour la réalisation de transparence, d'extrusion, d'effet de bordure en biseau ou ombré, et d'autres encore. Par dessus tout, Xara dispose d'un affichage exceptionnel, qui plus est extrêmement rapide. Malheureusement,il semble qu'il soit arrivé un peu tard dans le li-bre et n'a pas réussi à trouver sa place, Inkscape l'ayant déjà à l'époque bien occupée.

IllustratorNous passerons vite sur celui-ci parce qu'il n'est pas libre, mais il constitue de fait et depuis 20 ans, l'outil de référence voire quasi monopolis-tique dans le monde propriétaire.

Un peu d'histoireInkscape est donc en quelque sorte un fork de Sodipodi. Mais pas seulement. Inkscape dès le début a eu pour principe d'être un éditeur SVG et d'en fournir une implémentation parfaite.

Le SVG, quant à lui, est une recommanda-tion du W3C, d'ailleurs poussé par Adobe à l'ori-gine, certainement pour concurrencer Flash intrô-nable. Suite au rachat de Macromedia par Adobe, le support de l'éditeur a donc était réduit et il a même annoncé l'abandon du développement de son plug-in SVG Viewer qui se greffait sur les navigateurs. Est-ce à dire que le SVG va dispa-raître ? Certainement pas. Le SVG est promis à un bel avenir maintenant que Firefox l'interprète par défaut (partiellement, mais tout de même), ainsi que d'autres navigateurs. En fait, seul In-ternet Explorer, comme souvent fait grise mine.De plus, le SVG est un format qui se répand com-me traînée de poudre sur les applications mobiles. Sa légéreté est alors son atout fondamental.

SVG possède des atouts propres qui le rendent attrayant :

• Il s'agit d'un dictionnaire XML, parfaite-ment structuré et qui rend la manipulation ou le contrôle du fichier particulièrement simple et facilement intégrable à d'autres technologies. Il peut simplement s'intégrer à des pages par définition d'un espace de nom,

• Il est compatible avec de nombreux autres apports normalisés tels qu'ECMAscript (javascript), qui permettent de le rendre facilement interactif. Pour ceux qui con-naissent déjà des langages Web, voilà un avantage non négligeable : pas besoin de tout réapprendre. Et une fois de plus, il s'intègre parfaitement à la page,

• Grâce à quelques balises mais aussi à SMIL, il peut devenir animé, comme son aîné Flash. Le support de ces fonctionnalités est encore limité et dans Inkscape, et dans les navigateurs. Mais le temps viendra...

C'est donc la transparence du SVG qui est une base formidable et l'équipe d'Inkscape ne s'y est pas trompée.

Inkscape accroît donc au fur et à mesure son support de la recommandation. Cela a com-mencé par de simples formes géométriques et va jusqu'aux filtres SVG ajoutés dans la version

publié 0.46 les mois derniers. Et oui, 0.46 seu-lement ! Certains réclament une version 1 qui serait une numérotation digne de ces capacités, mais les développeurs expliquent que, confor-mément à leur objectif, une version n'est pas justifiée tant que la version 1.0 du SVG n'est pas complétement supportée. Cela signifie-t-til qu'Inkscape traîne des pieds ? Bien sûr que non, c'est certainement le logiciel de graphisme le plus dynamique : environ une release par an, souvent en début d'année. Des release quia chaque fois surprennent par leur étendu et leur qualité. Loin d'être un simple éditeur SVG, l'équipe d'Inkscape met un point d'honneura créer des interfaces agréables et maniables, conformément aux besoins des graphistes et implémentent régulièrement des outils qui n'ont pas d'équivalent direct en SVG. Il est temps de s'y coller et de voir que notre enthousiasme n'est pas volé.

RecommandationAnalysons ici les formes, chemins, textes, ima-ges, modification des photos et masques.

FormesLa recommandation SVG comprend des éléments pour le dessin immédiat de formes géométriques comme des rectangles ou des ellipses. Inkscape implémente bien sûr ces for-mes, mais va beaucoup plus loin en facilitant le

Figure 1. L'interface d'Inkscape est claire, intuitive et peu chargée

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dessins de rectangles arrondis, ou encore d'arcs et cela très simplement à l'aide de simples poi-gnées que l'on déplace. D'autres formes sont aussi disponibles : les étoiles et polygones, des spirales. Quand on sait à quel point il est long de réussir un dessin correct et régulier de ces

formes géométriques, ces outils sont donc les bienvenus. L'étoile en particulier possède un grand nombre d'options qui permettent de jouer véritablement sur son aspect graphique.

Toutes ces formes sont dites primitives en SVG, et Live dans Inkscape. La raison est

simple : une fois la forme dessinée, il reste possible de la retoucher de la même façon. Un arrondi de rectangle peut être adapté, le nombre de branche revu à la hausse ou à la baisse. Autant de choses apparemment simples qui dans d'autres logiciels nécessite-raient de redessiner purement et simplement ces formes.

CheminsLes chemins (éléments Path du SVG) servent à dessiner des formes libres. Les utilisateurs d'outils Adobe les connaissent sous le nom de Tracés. L'outil ultime pour dessiner des che-mins est l'outil Bézier, et l'outil Noeud pour les modifier. L'utilisation est simple mais demande un temps d'adaptation : avec l'outil Bézier, on clique en différents endroits : en chacun des points cliqué, il se crée un noeud, chaque noeud étant relié à ses voisins par un segment. Pour créer des courbes, il suffit d'enfoncer la souris, de rester appuyé et de glisser. Selon le dépla-cement de la souris enfoncée, la forme de la courbe va s'adapter. Il est aussi possible de créer des courbes à partir de segment de droites :soit en cliquant et déplaçant le segment, soit en choisissant un noeud et en changeant sa nature pour faire apparaître les points de contrôle. En-core mieux, il est possible d'utiliser des formes vives et de les transformer de manière à pouvoir les modifier librement : il suffira d'exploiter le résultat de la commande Objet->Objet en chemin.

Pour ajouter des points, il suffit de cliquer sur un segment ou une courbe à l'aide de Bé-zier; pour prolonger un point, il suffira de cli-quer à l'extrémité d'une courbe et de continuer son tracé. Bref là où d'autres logiciels utilisent plusieurs outils, l'outil d'Inkscape s'avère plus simple et plus direct à l'usage.

TextesLes textes ne sont pas en reste. Ils sont évi-demment un élément essentiel des dessins vectoriels, les glyphes sont eux-mêmes des éléments vectoriels. Inkscape peut donc être utilisé pour en préparer le dessin. Il existe même un nouvel effet de chemin nommé Spiro qui permet de préparer les belles courbes nécessaires à cela. Les textes sont aussi impor-tants lorsqu'il s'agit de la création d'affiches, de couvertures de magazines, autant d'usages réguliers du dessin vectoriel. Le texte peut être écrit en ligne, dans des cadres rectangulaires ou circonscrit dans n'importe qu'elle forme à l'aide de la commande Texte>Encadrer le texte. À l'inverse, on peut placer un texte pour qu'il suive des courbes ou d'autres formes, en utilisant la commande Texte->Texte le long

Inkscape communique assez bien avec les autres logiciels. En effet, une grande quantité d'application ont des fonctions d'import SVG ce qui permet d'entrevoir l'utilisation d'un fi-chier Inkscape dans plusieurs contextes :

• Blender posséde un menu d'import SVG : File->Import->Path. Attention, Blender peut avoir tendance à réinterpréter les courbes et générer de nouveaux noeuds,

• Gimp importe les SVG à partir du menu local de la fenêtre Chemins. Il peut aussi exporter des chemins : cela est pratique dans des cas particuliers, par exemple pour utiliser les outisl de Gim pour récupérer un contour à l'aide d'outils performants de sé-lection, puis transformer cette sélection en chemin avant de l'exportant en SVG vers Inkscape. Inkscape de son côté peut sauvegarder ces calques au format Gimp, les chemins ne sont alors plus éditables,

• Enfin, pour la mise en page, c'est surtout EPS qui fait référence, mais pas de raison particulière de laisser le SVG de côté. On regrettera cependant que le support du SVG de Scribus puisse être amélioré sur des points pourtant essentiels comme les dégradés ou les transparences.

Inkscape et les autres

Figure 2. L'outil texte, tout en étant perfectible, permet déjà d'appliquer un grand nombre de propriétés ou d'effets

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d'un chemin. Même si Inkscape ne dispose pas d'un outil particulier pour cela (comme c'est le cas d'Illustrator), le texte reste modifiable après avoir été associé au chemin. Les options de l'outil Texte semblent peu nombreuses, mais l'équipe a décidé de favoriser l'usage des raccourcis clavier pour ne pas surcharger l'in-terface et ne pas perdre les utilisateurs peu ha-bitués. Les exigeants en terme de typographie jetteront donc un oeil à Aide>Référence des raccourcis claviers et souris pour connaître les possibilités moins visibles.

ImagesComme il n'est pas rare de devoir utiliser des photos dans des fichiers vectoriels, ils sont bien sûr importables dans Inkscape. Par défaut, les graphiques importés sont liés. Il faudra utiliser la commande Effets->Images->Incorporer pour toutes les images, en remarquant qu'il n'est possible de l'appliquer à certaines seu-lement à l'aide de la fenêtre d'options, pour contrecarrer l'inclusion exagérée par défaut. Les images sont ainsi intégrées à votre fichier et vous pouvez ainsi éviter tout risque de perte lors d'un déplacement.

Modifier les photosSi ImageMagick est installé sur votre système, ce qui est souvent le cas, vous bénéficierez d'un menu supplémentaire Raster dans les Effets. Celui-ci vous permettra d'agir directement sur le bitmap pour des modifications de contraste, de netteté, de couleur et cela sans avoir à res-sortir d'Inkscape pour aller dans Gimp ou Krita. Extrêmement pratique et un incroyable gain de temps.

Enfin, les bitmaps importés peuvent être vectorisés à l'aide d'une dépendance à Potrace. Les graphismes à la Apple n'auront ainsi plus de secrets pour vous.

MasquesSi vous souhaitez qu'une portion de vos images photographiques ou dessins ne soit visible, vous pourrez aussi utiliser les masques ou che-min de découpe.

Clones et marqueursD'un autre côté, il devient très simple de répéter automatiquement des éléments. Nous avons déjà parlé des motifs qui peuvent être utilisés en remplissage d'une forme, mais grâce à une gestion CSS assez performante et propre,il est possible de copier les propriétés d'un objet pour les coller sur d'autres. Il est même possi-ble de garder un oeil sur la qualité du codage à l'aide de l'éditeur XML intégré, et cela est sans pareil pour un SVG destiné au Web ou à la

téléphonie portable, pour des raisons de temps de chargement, de génération d'interactivité ou d'interopérabilité.

Les clones permettent de répéter des objets en respectant leur forme, la couleur pouvant être modifiée si l'option de remplissage sans couleur est appliquée à l'original. Dans tous les cas, des transformations peuvent être ap-pliquées aux copies indépendamment de celle appliquées à l'original ce qui permet d'entrevoir des variations d'échelle, d'orientation... Les clones s'avèrent particulièrement utiles pour la répétitions de symboles sur des cartes ou des plans.

Filtres SVGEnfin, et non des moindres, la version 0.46 a apporté récemment le support des Fitres SVG. Les filtres SVG sont des algoritmes de modification d'affichage parmi lesquels on retrouve les déplacements, les flous de fon-dus, d'éclairage etc. Tous ces filtres sont bien sûr référencés dans la recommandation SVG. Pour les différencier des filtres non officiels, ils sont placés dans le menu Objet d'Inkscape.

Les filtres sont conçus pour pouvoir être ap-pliqués sélectivement à certaines propriétés comme les fonds ou contour. Ils peuvent aussi être mémorisés soit de façon isolée, soit par ensemble, ce qui laisse la possibilité de les réutiliser très facilement et de créer de vrais styles complexes.

Créativité boostéeInkscape c'est donc tout cela : une norme technique, le SVG, transformée en interface graphique pour faciliter le codage et favoriser l'imagination et la création. C'est donc aussi pour cela qu'Inkscape possède des fonctions qui ne sont pas prévues dans la recommanda-tion. Celles-ci sont implémentées en fonction des besoins et des demandes. La plupart d'en-tre elles ne trouvent d'équivalent en SVG et ne peuvent donc être enregistrées sans perte qu'au format SVG spécifique à Inkscape. D'autres options permettent simplement d'offrir de purs outils créatifs qui agissent sur les chemins de manière à faciliter la création de formes com-plexes, ce qui n'est pas toujours aisé avec les formes vives ou l'outil Bézier.

Depuis l'origine, Inkscape peut afficher le code SVG du fichier en cours de création.On peut même agir directement sur le code et les modifications sont reportées sur l'af-fichage graphique. Cela est particulièrement pour faire des choses précises, comme contrôler le code CSS si celui-ci doit être rendu compatible avec une charte graphique de site Web. C'est aussi fort utile pour ajouter des codes interactifs sur des objets, à l'aide de l'ECMAscript (javascript) : changer des couleurs au passage de la souris, modifier des propriétés comme la taille ou la position, déplacer des objets dans le dessin, tout cela est rendu possible et facilité grâce à l'éditeur. L'équipe d'inkscape améliore sont support du SVG non seulement en implémentant de plus en plus de choses, mais aussi en nettoyant régulièrement le code SVG généré de manière à obtenir le fichier le plus pur possible.Un exemple dont Illustrator, qui peut aussi afficher le code SVG, devrait s'inspirer.

Qualité du SVG

Figure 3. Des formes simples qui se composent et s'assemblent et quelques dégradés et filtres (ici l'ombre) pour enrichir

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CalquesLes calques sont sans conteste l'une des fonc-tion qui a rencontré l'unanimité. En dessin vec-toriel, les calques sont loin d'être nécessaires. En effet chaque objet reste systématiquement indépendant des autres. En revanche, ils offrent

une méthode simple pour organiser le contenu en groupe et sous-groupes qui peuvent être vérrouillés pour en empêcher la sélection, la modification ou fermeture s'ils ne sont pas nécessaires pendant un moment. Il s'agit donc d'un outil d'organisation du travail extrêmement

intéressant et les exigeants trouveront intéres-sante la possibilité d'imbriquer des calques.

Opérations booléennesLes opérations booléennes sont un peu diffé-rentes : elles permettent, à partir de deux ou plusieurs chemins (selon les options), de créer un nouveau chemin exploitant d'une façon ou d'une autre les positions respectives de divers chemins sélectionnés. Bref, il s'agit de créer une nouvelle forme à partir de la combinaison de formes déjà existantes. Pour ceux qui con-naissent Gimp, cela se rapproche des options de Mode dans les sélections (addition, sous-traction, intersection). Inkscape va plus loin en proposant presque 3 fois plus de commandes de ce type, les trois citées restant les plus fréquen-tées. Pour ceux qui ont déjà aperçu Illustrator en fonctionnement, il s'agit d'un équivalent de la fenêtre Pathfinder. Si vous avez déjà essayé ces possibilités, vous avez sans nul doute été conquis par les possibilités de créations basées très simplement sur des primitives ou d'autres formes plus évoluée. Cela permet d'avancer progressivement dans la complexité d'un dessin plutôt que de tout essayer du premier coup. Lorsque le peintre Cézanne disait que tout dans la nature est composé de cercles, de carrés et de triangles, engageant par la suite le cubisme et tous les courants géométriques jusqu'au supré-matisme, voilà une façon d'y répondre simple-ment, en mode vectoriel. S'il avait connu cela !

Déformations de cheminsLes très récents outils 3D Box et Tweak per-mettent chacun à leur façon de créer des objets au chemin complexe par ailleurs. 3D Box va permettre la réalisation de cubes et parallélé-pipèdes rectangles. Ils s'accompagnent de 3 points de fuite qu'il est possible de modifier directement avec l'outil pour générer différents types de perspectives. Inkscape est d'ailleurs maintenant fourni avec un système de grille complet qui permet d'utiliser une grille habi-tuelle quadrillée mais aussi d'autres telles que des grilles isométriques ou des grilles basés sur des objets transformés en guides.

Certains objecteront que tout cela va créer des graphismes bien rigides. Je leur conseille alors de jeter un oeil à l'outil Déformationet à ses nombreuses et riches options. Tout chemin peut alors être incurvés de façon très manuelle selon un rayon donné, ou au con-traire, pourra se voir complexifié avec l'ajout de nombreuses aspérités. Attention dans ce cas aux ralentissements engendrés par l'ajout non contrôlé d'une grande quantité de noeuds. Il pourra être intéressant de passer en mode d'affichage Contour (menu Affichage) pour ne

• Site officiel de blender, pour se tenir à jour des évolutions : http://inkscape.org,• Un site incontoutnables pour les amateurs : http://www.blendernation.com/,• Documentation d'Inkscape en version html et pdf française et anglaise : http://le-

radar.com/?mm/inkscape,• Ring francophone proposant de nombreux didacticiels et informations : http://inscape-

fr.org.

Sur le réseau

• Bitmap : se dit des images composées de points placées sous forme de grille et qui peuvent être issue d'appareils à capteur (comme les appareils photo numériques, les scanners),

• RVB : Rouge, Vert, Bleu se dit des images composées d'un mélange de ces trois couleurs, en général prévues pour être affichée par transfert lumineux (écrans, pro-jection),

• Bézier (courbe de) : Les courbes de bézier constituent un système simple et puissant mais demandant un peu de pratique pour la représentation de toutes types de formes de la plus simple à la plus complexe. Les courbes de bézier sont la base des éditeurs vectoriels, mais ne sont pas à ignorer dans les logiciels d'imagerie de synthèse même si meshs et nurbs peuvent leur voler leur place de chouchou,

• Booléen : Boole était un mathématicien ingénieux qui a trouver une façon orginale de faire travailler ds ensembles. Les opérations booléennes sont la transcription graphi-ques de ces calculs,

• Masque : un masque permet de cacher une partie d'un objet. Dans Inkscape on a donc un clipmask, basé sur la forme du masque, et un masque au sens propre, basé sur les différences de valeur le composant,

• Recommandation : une recommandation est un document spécifiant des caractéristi-ques techniques sur un point donné. La recommandation est l'issue d'un consensus entre différent acteur et définit des règles générales qu'il est conseillé de suivre.

Terminologie

Figure 4. L'utilisation de bitmap et de l'outil de vectorisation, a conduit à ce résultat seulement en quel-ques clics

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pas avoir à attendre à chaque clic, cela en fonction de vos excès bien sûr. Dans tous les cas cités, si la réalisation de formes complexes à l'aide de l'outil Bézier vous fait peur ou vous fatigue, voici un bon remplacement qui se contentera de simples formes segmentaires que vous pourrez alors faire évoluer à votre guise.

Mais encore l'outil de Déformation peut être appliqué comme outil de coloration progressive pouvant agir séparément sur les teintes, la lumino-sité ou la saturation.

Live Path EffectCes effets que l'on trouve dans le menu Chemin ne sont donc pasà confondre avec les filtres SVG. Il s'agit le plus souvent d'effets visants à modifier l'aspect de chemin ou à appliquer un chemin à un autre.De nouveaux qui permettent de créer des déformations en perspective dynamiques sont en préparation. D'autres ont déjà été rendus disponibles comme ce spiro qui aide à la création de polices. Bref, cela fait peu de temps que les Live Path Effect sont disponibles mais ils ont déjà fait des émules. Et pour cause, comme pour les formes vives (rectangle, étoile...) les LPE sont des modifications de chemin qui ne modifient pas les points du chemin, ce qui fait qu'ils restent parfaitement configurable à n'importe quel moment, voire annulable à n'importe quand.

VectorisationNous avons déjà touché un mot de la vectorisation au sujet des images importées, mais ce traitemet n'était pas tout à fait exact. Il est vrai, que l'uti-lisation principale de la commande Chemin>Vectoriser le bitmap, sera de transformer des données photographiques ou scannées en vecteur. Cela est même extrêmement utilisé pour créer des contours d'objets réel soit pour en fournir un dessins stylé (à la Ipod), soit pour l'utiliser comme base de masque par exemple.

D'un autre côté, l'outil Remplissage de Zone bornée va pouvoir pro-duire le même résultat mais de façon locale. En cliquant sur une zone d'une image, il va détecter les couleurs équivalentes qui l'environne et créer une forme vectorielle remplie correspondant. La différence tient en ce qu'il peut aussi s'appliquer pour remplir des zones externes à des chemins, mais délimitées, un peu comme le pot de peinture de Gimp. Par exemple, avec le crayon, gribouillez des lignes en les intersectant. Avec Remplissage, cli-quez dans les boucles définies dans les croisement et voyez commnt l'outil travaille pour vous.

Bref, nous n'avons pas fini et pourrions encore continuer tant Inkscape récelle de petites et grandes choses. Nous espérons qu'avec ces éléments présentés, vous aurez déjà envie d'aller l'essayer si vous ne l'avez pas en-core fait. Certains d'entre vous penserons ne pas dessiner assez bien pour cela, je vous répondrai alors que c'est justement parce que vous n'êtes pas sûr de vous et que le vectoriel et votre solution : vous pourrez ainsi amé-liorer votre dessin au fur et à mesure en déplaçant des noeuds ou point de contrôle, en déformant... et Inkscape aura l'avantage de vous proposer des caractéristiques dynamiques très poussées ce qui vous aidera d'autantà avancer et vous évitera de tout recommencer à chaque erreur.

Cédric Gemy est formateur, graphiste et consultant depuis 1999. Il contribue régulièrement aux logiciels de PAO. Il est en particulier le principal contributeur du manuel utilisateur d'Inkscape encore en développement et a fourni des rapports à l'équipe de Scribus pour l'amélioration de son interface. Il a actuellement publié deux livres sur Gimp dont l'un est libre et l'autre publié aux éditions Eyrolles.

À propos de l'auteur