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Téléphysiothérapie à grande échelle : le Canada doit-il faire le saut? INNOVATION De nouveaux modèles de soins en physiothérapie Publication Mail Agreement No. 40065308 Association canadienne de physiothérapie PRINTEMPS 2016 VOL. 6, N O 2

INNOVATION De nouveaux modèles de soins en physiothérapie · où les nouveaux modèles de soins seront sur toutes les lèvres. Nous savons que le système de santé actuel ne répond

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PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016 1Téléphysiothérapie à grande échelle : le Canada doit-il faire le saut?

INNOVATION

De nouveaux modèles de soinsen physiothérapie

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Associationcanadienne de physiothérapie

PRINTEMPS 2016VOL. 6, NO 2

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Printemps 2016 | Vol. 6, No 2

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Le lecteur trouvera la liste complète desréférences pour les articles dans ce numéro au www.physiotherapy.ca/Practice-Resources/Publications/Physiotherapy-Practice

Téléphysiothérapie à grande échelle : le Canada doit-il faire le saut? 6De l’importance des stages cliniques dans les modèles de pratique émergents 10Réduire les obstacles : deux programmes qui accompagnent les participants sur la voie de la santé cardiorespiratoire 16Des modèles novateurs de prestation des soins 20Un modèle innovateur dans la prestation de services de santé et la prise en charge des troubles rachidiens 28En Saskatchewan, l’organisme Lighthouse lance des projets novateurs en physiothérapie de proximité 32Walk N’ Roll : un programme de marche en intérieur pour les personnes se déplaçant avec un déambulateur à 4 roues 34Les physiothérapeutes ont maintenant accès à un programme complet de formation sur la prise en charge de la douleur 36En vedette : La division santé des femmes de l’ACP 38

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PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016 5

Rédacteurs en chefKim TytlerJamie Noonan

Direction artistiqueShift 180

TraductionElite Communication

CollaborateursLisa Brice-LeddyWendy-Lee HamiltonJennifer HarrisMarc LaflammeKeith LoriaJeremy McAllisterDebbie ParkNeil PearsonLacey Nairn Pederson Jesse RobsonRobin RootsKarine SavardLinda Woodhouse

Ventes publicitairesDonna [email protected] La publication d’une annonce ne constitue pas un cautionnement du produit ou du service par l’ACP.

ÉditeurAssociation canadienne de physiothé[email protected]

RéimpressionToute reproduction ou copie de ce magazine, en tout ou en partie, est interdite sans la per-mission de l’éditeur.

Poste-publicationConvention no 40065308

Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à :Association canadienne de physiothérapie 955, croissant Green Valley, bureau 270 Ottawa (Ontario) K2C 3V4

Au nom du conseil d’administration, je suis ravie de vous présenter

ce numéro de Pratique de la physiothérapie. J’espère que vous allez bien et que vous avez déjà hâte au congrès 2016 de l’ACP, qui se tiendra à Victoria du 26 au 28 mai. Ne manquez surtout pas ce grand rendez-vous où les nouveaux modèles de soins seront sur toutes les lèvres.

Nous savons que le système de santé actuel ne répond pas du tout aux besoins de la population canadienne. Le verdict est unanime : notre régime d’assurance maladie vieillit bien mal. La Loi canadienne sur la santé couvre uniquement les services médicaux et hospitaliers. Les provinces, aux prises avec la croissance fulgurante des coûts des soins hospitaliers de courte durée, n’auront pas le choix de revoir le financement de la santé. C’est pourquoi il faut rallier tous les Canadiens autour d’un même objectif : trouver des façons innovantes de fournir des soins de qualité. L’idée n’est pas de dépenser plus en santé, mais bien de repenser l’offre de services et de soins et les modes de prestation.

Le système de santé canadien repose sur des principes vieux de plusieurs décennies. Or beaucoup de services qui exigeaient auparavant plusieurs semaines d’hospitalisation sont désormais fournis en quelques jours, voire quelques heures, parfois hors des murs de l’hôpital. C’est le cas notamment des soins aux patients souffrant d’arthrite inflammatoire. La polyarthrite rhumatoïde ne se traite plus à l’hôpital depuis qu’il existe des agents biologiques efficaces. Aujourd’hui, le défi consiste à fournir des soins promptement (grâce à un accès rapide aux agents appropriés) pour minimiser les ravages de l’arthrite inflammatoire ou de la polyarthrite rhumatoïde sur les articulations. Idéalement, les patients doivent voir rapidement un rhumatologue capable de poser un diagnostic, être suivis régulièrement (au moins une fois par année) et faire de la réadaptation pour réduire au minimum leurs limitations. Cet idéal sera toutefois difficile à atteindre à l’heure où de nombreux rhumatologues approchent de la retraite.

Par le passé, trois impératifs conjugués ont fait naître de nouveaux modèles de soins : 1) une hausse de la demande; 2) la nécessité de contenir les coûts; 3) le besoin de réduire le fardeau des médecins. Beaucoup de secteurs cliniques du système de santé canadien sont actuellement aux prises avec ces trois impératifs, d’où l’urgence d’innover dans la prestation des soins. Quelques exemples de modèles inédits qui transforment les façons de faire sont d’ailleurs présentés dans ce numéro.

Le système de santé canadien a désespérément besoin de changement : les lois, les règlements et les modèles de financement doivent être revus. Si le délai d’application des nouvelles connaissances en contexte clinique est généralement de 11 à 17 ans, le délai d’élimination des soins inutiles semble encore plus long. La campagne Choisir avec soin (http://www.choisiravecsoin.org/) invite d’ailleurs les cliniciens et les patients à s’interroger sur l’utilité de différents examens et traitements. Une initiative semblable serait-elle de mise en physiothérapie?

Si la disponibilité et l’accessibilité des services de santé varient énormément d’un endroit à l’autre, le fossé est encore plus grand pour les services non couverts par la Loi canadienne sur la santé. Prenons l’exemple de la gonarthrose. Bien que des essais cliniques randomisés aient prouvé que les approches non chirurgicales sont aussi efficaces sinon plus que les opérations, c’est le statu quo. Actuellement, si le patient opte pour une arthroplastie totale du genou (une intervention chirurgicale non urgente), tout sera payé par le système de santé canadien. Si toutefois il préfère les approches non chirurgicales (p. ex. un entraînement neuromusculaire et une meilleure alimentation), il devra tout payer de sa poche. Doit-on se surprendre de voir des patients de plus en plus jeunes passer sous le bistouri? Le temps d’attente pour une arthroplastie totale du genou augmente, tout comme l’indice de masse corporelle (IMC) des patients qui optent pour cette opération. Encore là, ce n’est pas surprenant. Mais au lieu d’investir dans des stratégies efficaces pour contrer l’embonpoint, le Canada a choisi de payer plus cher les chirurgiens qui opèrent les patients avec un IMC élevé.

Le régime canadien d’assurance maladie n’a pas été conçu pour offrir des soins de proximité intégrés. Il faut donc de nouveaux modèles de soins axés sur des équipes intégrées et dont le coût, la qualité et l’accessibilité auront été évalués. Notre profession doit faire partie de la solution en s’employant à concevoir et à évaluer des modèles novateurs pour assurer un équilibre optimal entre accessibilité, coût et qualité. Nous devons aussi promouvoir et adopter en masse les pratiques efficaces et délaisser celles jugées inefficaces.

Avec le vieillissement de la population et l’obésité croissante, le déséquilibre entre l’offre et la demande de services et de soins s’accentuera. Nous espérons que vous aimerez ce numéro présentant des modèles de soins innovants. Bonne lecture et au plaisir de vous voir au congrès en mai prochain!

Linda Woodhouse [email protected]

De nouveaux modèles de soins

©Association canadienne de physiothérapie, 2016. Tous droits réservés. Il est interdit de reproduire le contenu de la présente publication, ou de l’emmagasiner dans un système d’extraction, ou de le transcrire, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique ou mécanique, y compris la photocopie, l’enregistrement ou autre, sans le consentement écrit préalable de l’Association canadienne de physiothérapie. Veuillez faire parvenir vos demandes au directeur de la rédaction en composant le 800-387-8679, poste 231, ou en écrivant à l’adresse [email protected].

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Téléphysiothérapie à grande échelle : le Canada doit-il faire le saut?

Jeremy McAllister, B. Sc. P.T., maîtrise en administration des services de santé, membre de l’ACP depuis 1996

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Robin Roots doit user de créativité pour trouver des stages cliniques à ses étudiants en physiothérapie. Coordonnatrice de la formation clinique pour la cohorte nordique de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), Robin sait que la région qu’elle couvre présente son lot de défis. Par exemple, beaucoup de gens qui auraient besoin de services de physiothérapie n’y ont pas accès en raison de l’éloignement ou de problèmes de mobilité. Robin doit aussi tenir compte du profil de santé particulier de la région, qui compte une plus forte proportion de gens frappés d’invalidité ou atteints de maladies chroniques. Comme si ce n’était pas assez, on compte seulement 2,8 physiothérapeutes pour 10 000 habitants, alors que la moyenne provinciale est de 6,21.

À problème unique, solution unique. Robin s’est donc tournée entre autres vers les technologies de télésanté. Avec l’aide du Dr John Pawlovich, sommité britanno-colombienne en la matière, Robin allie évaluations en personne et suivis à distance pour améliorer l’accès aux services de physiothérapie dans les endroits éloignés. Robin croit que la télésanté recèle un potentiel énorme pour le nord de la Colombie-Britannique et les autres régions mal desservies. C’est pourquoi elle et ses étudiants sont devenus des pionniers de l’implantation de la téléphysiothérapie dans la province.

J’ai rencontré Robin en janvier dernier lors d’un congrès sur les technologies de la santé à UBC, où elle présentait son travail en télésanté. C’est un sujet qui me passionne depuis mes études de maîtrise en administration des services de santé à UBC. J’y ai en effet développé un intérêt marqué pour la télésanté et son potentiel pour les physiothérapeutes et leurs patients. Depuis, j’ai été amené à évaluer l’efficacité potentielle de modèles de prestation de services de téléphysiothérapie dans des endroits comme le nord de la Colombie-

Britannique. Ces travaux et mes autres recherches m’ont convaincu que, dans bien des cas, les services de physiothérapie à distance pourraient remplir le « triple objectif » de l’Institute for Healthcare Improvement : améliorer la qualité des soins, l’efficience de leur prestation et l’expérience du patient. Pour une question de clarté, j’emploierai ici le terme « téléphysiothérapie », plus précis que « téléréadaptation ».

Malgré toutes les possibilités entrevues par Mme Roots et moi, peu de résidents de la Colombie-Britannique – et d’ailleurs au Canada – ont accès à la téléphysiothérapie, cette pratique ne s’étant implantée qu’à quelques rares endroits au pays. Or à l’heure où la télésanté prend d’assaut d’autres champs de la médecine, la question se pose : toute la population, surtout en région rurale ou éloignée, devrait-elle avoir accès à la téléphysiothérapie? Je traiterai dans le présent article de l’explosion de la télésanté au Canada, des données probantes sur l’efficacité potentielle de la téléphysiothérapie dans le nord de la Colombie-Britannique et d’autres régions canadiennes similaires, des obstacles à l’adoption massive de cette pratique et des mesures à prendre pour élaborer un nouveau modèle.

L’explosion de la télésantéLe concept de télésanté, soit la prestation de services de santé à distance, ne date pas d’hier. En fait, il remonte peut-être au début du 20e siècle, alors que le pasteur John Flynn, missionnaire dans la brousse australienne, utilisait une radio alimentée par des pédales de vélo pour transmettre en morse les instructions de médecins à 1 500 km de distance2. Les nouvelles technologies, surtout la vidéoconférence, permettent aujourd’hui l’application à grande échelle de ce concept.

Dans son rapport sur la télésanté au Canada, l’Association canadienne d’informatique de la santé (COACH)

indique que le nombre de séances a bondi de 45,7 % entre 2012 et 20143. Le gouvernement, les patients et le secteur privé ont tous adopté cette pratique, dont ils reconnaissent les bienfaits. Inforoute Santé du Canada le confirme : la télésanté améliore sensiblement l’accès aux services de santé et la qualité des soins tout en réduisant les coûts4. Les avantages concrets? Quelque 55 millions de dollars d’économies annuelles, 47 millions de kilomètres de déplacements évités, une meilleure prise en charge des maladies chroniques, un accès plus équitable aux soins, plus de services spécialisés pour les Autochtones, des soins plus rapides, des soins mieux axés sur le patient puisqu’ils sont offerts plus près de chez lui… Par ailleurs, ces chiffres datent de 2010. Comme la télésanté est beaucoup plus populaire aujourd’hui, ses avantages se sont sans doute accrus proportionnellement. Les bienfaits énumérés s’appliquent à la plupart des services de télésanté qui évitent aux patients de se déplacer, y compris la téléphysiothérapie.

La physiothérapie à distance, ça marche vraiment?

Beaucoup d’entre nous sont étonnés d’apprendre qu’il est possible d’offrir de la physiothérapie à distance. Quand je parle de cette pratique à des confrères, beaucoup disent douter qu’elle profite réellement aux patients. Bien que leur scepticisme soit compréhensible – à première vue, l’informatique n’a rien à voir avec une profession traditionnellement axée sur le contact physique –, la téléphysiothérapie peut s’avérer très salutaire. Avec un peu de créativité et de débrouillardise, on peut évaluer une grande variété de patients, les informer, leur montrer des exercices, leur conseiller des traitements à domicile et les suivre, le tout à distance. La téléphysiothérapie favorise par ailleurs la participation des proches aidants et la

Le concept de télésanté, soit la prestation de services de santé à distance, ne date pas d’hier. En fait, il remonte peut-être au début du 20e siècle.

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TÉLÉPHYSIOTHÉRAPIE

collaboration interprofessionnelle, parfois même davantage que les soins en clinique.

Autre aspect qui surprend les sceptiques : l’étendue de la recherche en téléphysiothérapie. Beaucoup d’études ont été menées entre autres par l’unité de recherche en téléréadaptation de l’Université du Queensland, en Australie (Trevor Russell, Ph. D.), ainsi qu’au Québec (Dahlia Kairy, Ph. D., et Michel Tousignant, Ph. D.). La littérature sur le sujet porte principalement sur : 1) la validité et la fiabilité des évaluations; 2) l’efficacité des traitements; 3) la satisfaction des patients. Sur ces trois plans, des données convaincantes suggèrent que le Canada gagnerait à intégrer la téléphysiothérapie au système de santé d’une façon ou d’une autre, surtout lorsqu’un traitement en personne est impossible. Une étude particulièrement intéressante publiée plus tôt cette année a révélé que la téléréadaptation après une arthroplastie totale du genou n’était pas moins efficace que les visites en clinique5. Je ne peux faire une recension des écrits ici, mais je vous invite à vous renseigner en cherchant le nom des auteurs mentionnés ci-dessus ou le terme « téléréadaptation » (ou son équivalent anglais telerehabilitation).

Maintenant que la preuve de l’efficacité de la téléphysiothérapie est faite, une grande question demeure : comment pouvons-nous rapidement emboîter le pas aux autres professions médicales en utilisant intelligemment la télésanté pour pallier la pénurie de services de physiothérapie?

Qu’est-ce qu’on attend pour faire le saut?Si la téléphysiothérapie a fait l’objet d’études solides et répond à un besoin criant, pourquoi n’est-elle pas offerte

partout? Cette situation s’explique en partie par le manque de connaissances des professionnels, qui ignorent les bienfaits de cette pratique, mais aussi par des obstacles structurels et systémiques.

L’obstacle numéro un? Le financement. En Colombie-Britannique – et, à ma connaissance, ailleurs au Canada –, les assureurs connaissent mal la téléphysiothérapie et ne remboursent pas les séances. Les autres payeurs, notamment les organismes d’indemnisation des travailleurs et des accidentés de la route, sont tout aussi frileux. Avec raison : la pratique de la téléphysiothérapie n’est pas encore encadrée. Même le gouvernement de la Colombie-Britannique, pourtant déterminé à promouvoir la télésanté, n’a pas encore de code de facturation pour la téléphysiothérapie. Résultat, les seuls modes de rémunération possibles sont les paiements de la poche des patients et les ententes au cas par cas. Difficile dans ces conditions de démocratiser la téléphysiothérapie. Certains diront qu’il revient au secteur privé de prendre le risque d’offrir ces services; si toutefois nous voulons un modèle vraiment efficace, il faudra probablement d’autres sources de financement.

L’absence de cadre réglementaire récent, les questions de confidentialité et de sécurité, le peu d’information offert par les associations professionnelles et le brouillement des frontières entre les territoires de compétence posent également problème. La Physiotherapy Association of British Columbia planche déjà sur des solutions, mais à pas de tortue puisque ce travail est accompli en grande partie par des bénévoles.

Et maintenant? Le manque criant de services de physiothérapie accessibles –

particulièrement flagrant dans le nord de la Colombie-Britannique –, l’explosion de la télésanté et les données probantes dont nous disposons montrent qu’il est effectivement temps pour le Canada d’adopter la téléphysiothérapie à grande échelle. Or il faudra probablement que les associations et les organismes de réglementation provinciaux et nationaux conviennent d’abord d’une stratégie commune.

Comme première étape, il serait sage de suivre l’exemple d’autres pays. L’American Physical Therapy Association, par exemple, fait maintenant la promotion de la télésanté et a formulé un énoncé de position favorable et un ensemble de recommandations6. L’Australian Physiotherapy Association a fait de même7. Au Canada, aucune association ni aucun organisme de réglementation ne semble s’être penché sur ce dossier récemment. Le document Considerations for Telepractice in Physical Therapy in Canada, publié par l’Alliance canadienne des organismes de réglementation de la physiothérapie en 2006, aurait besoin d’une mise à jour, mais serait un bon point de départ pour relancer le dialogue sur la téléphysiothérapie au Canada. Avec une stratégie commune, nous pourrions travailler avec nos parties prenantes à améliorer les mécanismes de financement et à élaborer des politiques encadrant l’utilisation de la téléphysiothérapie.

La téléphysiothérapie ne convient certes pas à tous les physiothérapeutes, mais tous les ingrédients – besoin, intérêt et potentiel – sont réunis pour la sortir de l’ombre. Je rêve du jour où la téléphysiothérapie sera largement accessible partout au Canada et utilisée intelligemment pour assurer un accès plus équitable au système de santé.

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10 PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016

Les étudiants peuvent être des instigateurs de changements. Si nous souhaitons voir les physiothérapeutes adopter des modèles de soins émergents ou entreprendre des carrières épanouissantes en région éloignée, nous devons commencer par donner à nos étudiants la chance de semer les graines du changement.

Le programme de maîtrise en physiothérapie de UBC offre un programme de formation qui tente de s’attaquer aux disparités dans les soins

de réadaptation en région rurale. Intitulé Northern and Rural Cohort (NRC), il a le mandat d’accroître le recrutement et la rétention de physiothérapeutes dans les régions rurales grâce à l’enseignement clinique. Financé par le gouvernement provincial, ce programme permet à 20 étudiants de maîtrise de recevoir la majorité de leur enseignement clinique dans des lieux de pratique situés dans des régions nordiques et rurales. S’appuyant sur les études effectuées dans le domaine du recrutement rural, la NRC sélectionne

des étudiants venant de régions rurales qui possèdent certaines qualités de leadership et d’animation sociale. Les étudiants sélectionnés reçoivent une formation pour développer les compétences liées à la pratique rurale, qui couvre des sujets comme la santé des Autochtones, les soins de santé culturellement sécuritaires et la pratique collaborative interprofessionnelle. Afin de remédier aux disparités dans les soins offerts en région rurale, les étudiants sont aussi exposés à de nouveaux modèles de prestation

De l’importance des stages cliniques dans les modèles de pratique émergentsRobin Roots, P.T., B. HSc. P.T., M. Sc. (sciences de la réadaptation); membre de l’ACP depuis 1996

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PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016 11

des services de santé, comme l’approche communautaire à distance, la télésanté et les soins de santé primaires en milieu rural. Pour réussir à offrir ces expériences pédagogiques à ses étudiants, UBC a lancé plusieurs initiatives en partenariat avec l’autorité de la santé et les communautés des Premières Nations du nord de la Colombie-Britannique.

Utilisation de la cybersanté dans le cadre du stage clinique

Dans les régions éloignées, les physiothérapeutes sont fréquemment appelés à faire de l’approche communautaire. L’un des défis du travail itinérant consiste à assurer la continuité nécessaire à l’efficacité des services de physiothérapie1 et à l’établissement de relations, le tout dans une optique de soins culturellement sécuritaires2. Les nouvelles technologies, comme la vidéo haute définition et les dossiers

médicaux électroniques, permettent aux fournisseurs de soins de santé de communiquer à distance avec les patients et les ressources de santé locales.

En partenariat avec Carrier Sekani Family Services et le programme de résidence en pratique familiale autochtone de UBC, la NRC a créé un stage clinique dans le cadre duquel des étudiants à la maîtrise en physiothérapie se rendent, en compagnie d’un physiothérapeute, d’un médecin de famille et d’un résident de l’endroit, dans des communautés éloignées des Premières Nations afin de fournir à la population des soins de santé primaires et des services de physiothérapie. Par la suite, après son départ, l’équipe fait le suivi avec les patients par télésanté. Dans la communauté, les étudiants peuvent constater les effets négatifs de l’isolement et de la ségrégation raciale sur la santé et le bien-être, mais

aussi les effets positifs d’une culture forte et de certaines pratiques de santé traditionnelles. Les étudiants sont accueillis dans la communauté par des aînés et des membres qui comprennent l’importance de sensibiliser les futurs professionnels de la santé aux enjeux de santé autochtone et à la notion de pratique culturellement sécuritaire. La période passée dans la communauté permet à l’équipe d’établir des relations et d’effectuer les évaluations et les traitements qui formeront le socle du suivi ultérieur par télésanté. Par ailleurs, la télésanté permet aussi à l’équipe de consulter des spécialistes travaillant en milieu urbain (voir photo 1), donnant un nouveau sens au concept de pratique collaborative. Par exemple, lorsque nous nous trouvons dans ces régions, il arrive fréquemment qu’un rhumatologue nous demande de faire une séance de télésanté et « d’être leurs mains » pour calculer le

Photo : Emilie Whittemore

Le Takla HealthCentre dans le nord

de la Colombie-Britannique

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12 PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016

DAS et guider le patient tout au long de la consultation. Au départ, les étudiants se demandent comment une profession aussi tactile que la physiothérapie peut se pratiquer par télésanté, mais il devient vite évident qu’après les mains, les yeux sont le meilleur outil des physiothérapeutes. Dans les faits, la cybersanté (c’est-à-dire la télésanté et le dossier médical électronique) atténue les obstacles géographiques associés aux soins dans les régions rurales et éloignées, car elle rapproche le physiothérapeute et le patient et permet aux fournisseurs de soins de santé de communiquer entre eux afin de faciliter la prestation de soins axés sur le patient. En combinant les interactions en personne avec la télésanté par vidéo, les étudiants acquièrent une nouvelle perspective sur la portée que peut avoir la profession3 et, peut-être, sur la forme que prendra leur future pratique. Emilie Whittemore a été la première étudiante à profiter de ce stage novateur : « Je suis très heureuse de faire partie de ce projet innovant, de participer à un échange culturel avec des communautés des Premières Nations et de contribuer à forger l’avenir des soins de santé à distance et en milieu rural. Ce fut une expérience remarquable et stimulante! »

Les stages cliniques dans les soins de santé primaires On entend souvent parler du modèle de prestation de services qui aborde le rôle des physiothérapeutes dans les soins de santé primaires. Toutefois, pour les étudiants, les occasions de pratiquer des soins de santé primaires (PHC) durant leur formation sont rares. Afin d’offrir aux étudiants un enseignement clinique axé sur les soins de santé primaires et d’accroître l’offre de services de réadaptation dans les régions éloignées, la NRC a fondé une clinique interprofessionnelle étudiante. Ayant pour but d’améliorer la fonction et la mobilité des résidents de Prince Rupert, la clinique PRISM (Prince Rupert Interprofessional Student-led Model) applique une approche de santé de la population aux soins de santé primaires intégrés, et ce, tout au long du continuum de soins. Les équipes d’étudiants de maîtrise en ergothérapie et physiothérapie voient les patients à l’hôpital ou à l’extérieur et les suivent tout au long de leur parcours dans le système de santé, afin de s’assurer qu’ils atteignent leur potentiel de participation à la maison et dans la collectivité. En plus de traiter le problème à l’origine de la consultation, les étudiants cherchent à abaisser le

niveau de risque du patient de façon à prévenir les blessures et les déficiences. Quel que soit son problème principal, le patient est évalué sous plusieurs aspects : risque de chute, perte de mobilité fonctionnelle, autonomie, isolement social, diminution de la participation à la société et problèmes chroniques qui pourraient éventuellement poser un risque. Les étudiants apprennent ainsi l’interrelation des déterminants de la santé en milieu rural et l’utilité de la physiothérapie pour régler les problèmes en amont.

En raison de la collaboration très étroite avec d’autres professionnels de la santé dans le cadre de la pratique ainsi que de la complexité et de la variété des dossiers, les régions rurales offrent aux étudiants un cadre d’apprentissage très riche.4 En étant exposés à la nature généraliste de la pratique en milieu rural et à l’approche des soins de santé primaires, les étudiants développent des compétences et des connaissances qui leur serviront tout au long de leur carrière.

« Ce que j’ai le plus aimé, c’est de voir le progrès des résidents de semaine en semaine et de savoir qu’ils apprécient vraiment notre travail. C’est fou ce qu’on peut faire en seulement cinq semaines. Quelle expérience et quel cadre extraordinaires pour développer

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PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016 13

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De g. à d. : Robin Roots, physiothérapeute; Julie Jacques, patiente; Milan Dragutinovic, étudiant à la maîtrise en physiothérapie

« Mes dossiers étaient complexes et mes patients présentaient un profil très diversifié. J’en voyais certains à l’hôpital et d’autres en consultation externe à toutes sortes d’endroits : à l’école, au centre communautaire ou encore à la maison. Notre séjour à Prince Rupert nous a donné un aperçu de la pratique en milieu rural et de l’importance de comprendre la culture et les us et coutumes locaux. De plus, le fait de travailler dans une région mal desservie nous a forcés à être débrouillards pour résoudre les problèmes nous-mêmes. »

Justin Wilson, étudiant à la maîtrise en physiothérapie, 2014

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les outils dont on aura besoin une fois diplômés! » Charlene Copeland, étudiante à la maîtrise en physiothérapie, 2014 La profession doit suivre l’évolution des soins de santé avec ce qu’elle implique de nouvelles technologies, de changements des rôles et de nouveaux modèles de pratique à inventer. Les étudiants ne sont que trop heureux de nous aider à imaginer l’avenir de la profession, mais pour ce faire, nous devons leur offrir des occasions d’explorer et de repousser les limites de notre pratique.

Bref, si vous êtes physiothérapeute et que vous travaillez dans un domaine de pratique non traditionnel ou émergent, songez à mentorer un étudiant pour leur donner le goût d’orienter leur carrière dans une nouvelle direction. Si ce genre de stage vous intéresse, le responsable des stages cliniques du programme de physiothérapie le plus proche se fera un plaisir de discuter avec vous de la possibilité de créer un stage qui vous conviendrait et qui offrirait une belle expérience d’apprentissage à votre stagiaire. Comme le disaient si bien Davies, Hanna et Cott5, s’occuper d’un étudiant stagiaire « vous force à vous remettre en question », ce qui est bon pour votre pratique, mais ce qui pourrait aussi contribuer à forger l’avenir de la profession et de la prestation de services de physiothérapie.

Les citations ont été reproduites avec la permission des auteurs

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PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016 17

Réduire les obstacles Deux programmes qui accompagnent les participants sur la voie de la santé cardiorespiratoireKarine Savard, M.H.K.Marc Laflamme, P.T., membre de l’ACP depuis 2000Jennifer Harris, P.T., membre de l’ACP depuis 1995

Faites plus d’exercice, prenez une minute pour relaxer, ne fumez pas, mangez plus santé. Les messages visant la réduction du risque de maladie cardiaque sont bien connus. Pourtant, à l’échelle mondiale, les maladies cardiovasculaires (MCV) sont la première cause de mortalité.1 L’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO) offre justement plusieurs programmes axés sur le traitement et la prévention de ces maladies mortelles.

Les MCV comprennent la valvulopathie, l’arythmie, les crises cardiaques et les AVC. 2 Parmi les principaux traitements pour les symptômes de ces maladies, on compte bien sûr les médicaments et la chirurgie, mais la meilleure façon de diminuer leur progression consiste à modifier ses habitudes de vie (prévention secondaire). D’ailleurs, en s’attaquant aux facteurs de risque de MCV, comme le cholestérol, le diabète, l’hypertension, la cigarette ou l’obésité et en apportant de petits changements à son alimentation, à ses habitudes en matière d’exercice et à d’autres habitudes, on peut grandement réduire le risque de nombreux problèmes de santé chroniques.

Cela dit, les obstacles qui peuvent se dresser entre les gens et de saines habitudes de vie sont multiples. La langue, le temps, l’accessibilité, la motivation, la sécurité et les coûts sont quelques exemples d’obstacles communs qui peuvent nous empêcher d’atteindre nos objectifs. Le présent article s’intéresse à deux des programmes offerts par l’ICUO qui visent l’atténuation de ces obstacles afin d’améliorer la santé cardiovasculaire des participants.

S’adapter à leurs besoinsLe programme FrancoFormeMD est l’une des options de réadaptation cardiaque (RC) qu’offre l’ICUO. Ce programme unique en son genre offre des services de prévention primaires et secondaires à la population francophone de la région de Champlain, en Ontario. Afin d’aider les participants à se fixer des objectifs personnels, nous abordons avec eux les facteurs de risque de MCV, comme le stress, l’alimentation, la cigarette et l’exercice. Contrairement à beaucoup de programmes traditionnels de RC, cette intervention se déroule par téléphone, il n’y a donc pas de séance d’exercices supervisés ou de contacts réguliers en personne.

Selon Marc Laflamme, physiothérapeute, mentor et coordonnateur régional de FrancoFormeMD, il est crucial d’établir un bon rapport avec les participants. « Dès le départ, nous leur offrons des ressources (sous la forme de trousses d’information) et nous faisons des appels de mentorat dans la langue officielle de leur choix. Sans la barrière de la langue, nos participants se sentent plus à l’aise. De plus, la conversation est optimiste et nous n’émettons aucun jugement. » En nous basant sur le questionnaire rempli par le patient (antécédents médicaux, médicaments, antécédents de tabagisme, régime d’exercice, alimentation, qualité de vie, cercle social et mesures anthropométriques), ses échantillons de sang pris à jeun et ses signes vitaux, nous dressons un profil de risque cardiovasculaire. De cette façon, les participants comprennent que nous abordons leur santé de façon holistique afin de leur offrir le meilleur soutien possible.

De g. à d. : Karine Savard, Marc Laflamme, Jennifer Harris, Dre Michèle de Margerie

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Comme nous avons des participants de tous les gabarits, notre programme doit être adapté à chaque personne et à ses objectifs en matière de santé cardiovasculaire. Tout au long du programme, le mentor et le participant discutent de points touchant la santé cardiovasculaire, reviennent sur les objectifs et s’intéressent à ce qui fait obstacle à leur progrès. Ce programme est modifié en continu pour répondre aux besoins et aux préférences de chaque participant. « Grâce à FrancoFormeMD, ces gens réussissent à changer leurs habitudes de vie et parviennent ainsi à réduire leurs facteurs de risque », explique la Dre Michèle de Margerie, directrice de FrancoFormeMD.3

Comme le programme se déroule à la maison, l’accent est mis sur l’aspect « autogestion » de la réadaptation cardiaque pour apprendre aux participants à prendre leur santé en main. Cette nouvelle autonomie les aide à atteindre leurs objectifs et à maintenir un style de vie plus sain à long terme. Le cercle de soutien des participants, qui peut comprendre leur conjoint ou conjointe, leurs enfants, leur médecin de famille, leurs amis, leurs voisins, leurs collègues, etc. est aussi mis à contribution dans le cadre du programme. Ainsi, nous encourageons tout leur entourage à prendre un virage santé qui aura des retombées positives sur leur famille et leur milieu de vie.

La plupart des participants améliorent leurs facteurs de risque entre l’évaluation initiale et le suivi de trois mois et parviennent à maintenir ces améliorations après un an.

Comment pouvons-nous encourager la continuité?À l’origine, Corps à cœur a été lancé à Ottawa pour guider les patients issus des programmes de RC de l’ICUO vers des cours d’activité physique sécuritaires, adaptés et accessibles. On incite les patients à chercher le logo Corps à cœur dans leur centre sportif, ce qui indique la présence de programmes Corps à cœur et d’entraîneurs certifiés. Le programme « ne vise pas à remplacer les programmes de réadaptation, mais plutôt à les compléter et à mettre les gens en relation avec des partenaires de remise en forme permanents dans leur secteur », explique Jennifer Harris, physiothérapeute et gestionnaire régionale, Programmes de proximité du Réseau de prévention des maladies cardiovasculaires à l’ICUO. Conçus pour faire le pont entre les exercices supervisés par des professionnels de la santé et l’activité physique pratiquée dans un cadre communautaire, les programmes Corps à cœur sont parfaits pour quiconque souhaite demeurer en santé et prévenir les maladies cardiovasculaires.

Il est essentiel que nos patients se sentent en sécurité lorsqu’ils font de l’exercice. « Certains sont intimidés à l’idée de fréquenter un gym ordinaire, parce qu’ils craignent de détonner », ajoute Mme Harris. Lorsque nous formons des entraîneurs au programme d’entraînement Corps à cœur, nous leur donnons des renseignements sur les MCV et les interventions communes qui y sont associées, mais aussi sur les ACV, le diabète, la bronchopneumopathie chronique obstructive et l’exercice adapté à ce type de participants afin qu’ils sachent mieux comment les intégrer dans leurs cours. Selon les six critères communs à tous les programmes Corps à cœur, les instructeurs doivent inciter les participants à faire chaque jour des exercices aérobiques en incorporant un échauffement et une période de récupération et en portant attention à leurs signes vitaux pendant les exercices. Ils doivent également encourager les participants à parler de leurs inquiétudes afin d’être en mesure d’apporter les modifications qui s’imposent. Un ancien du programme de réadaptation cardiaque de l’ICUO affirme que : « ce programme m’a donné la confiance nécessaire pour me réinsérer dans la vie du quartier et pour pratiquer les exercices et les activités que je souhaitais faire auparavant. »4 Les participants se sentent plus à l’aise lorsqu’ils sont entourés d’entraîneurs qui comprennent leur

RÉDUIRE LES OBSTACLES

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PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016 19

problème et qui savent comment réagir en cas d’urgence. D’ailleurs, le sixième critère de Corps à cœur précise que le programme doit disposer sur place d’un plan d’urgence, d’un téléphone pour appeler les services ambulanciers et d’un défibrillateur. Si les participants se sentent en sécurité, il y a plus de chance qu’ils continuent de faire de l’exercice régulièrement.

Une autre façon d’encourager la continuité consiste à offrir une vaste gamme de cours sécuritaires pour le cœur. Les programmes Corps à cœur sont offerts sur le sol et dans l’eau, dans des centres sportifs et à l’extérieur, en groupe ou en formule privée et vont des exercices de marche élémentaires aux cours d’aérobie et de conditionnement physique avancés. Ainsi, les participants peuvent choisir les cours qui les intéressent et qu’ils aiment.

Comme pour le programme FrancoFormeMD, l’un des principaux objectifs du modèle Corps à cœur est de réduire les obstacles pour faire en sorte que les participants adoptent l’exercice physique pour la vie. « Un des points positifs du programme, c’est que l’Institut de cardiologie au su trouver des lieux dans la collectivité où les participants pourraient rester actifs après avoir terminé leurs 12 semaines de réadaptation », souligne Anita Findlay, coordonnatrice du programme d’activité physique du Service des loisirs et de la culture de

la Ville d’Ottawa. Le modèle a bien évolué depuis sa création en 2007, tant du point de vue de sa portée (il dépasse maintenant le domaine cardiaque pour englober, entre autres, les patients ayant subi un AVC et ceux souffrant de diabète, de bronchopneumopathie chronique obstructive et d’ostéoporose) que de son ampleur. En effet, on trouve maintenant des programmes Corps à cœur dans plus de 200 établissements de l’Est et du Centre de l’Ontario, y compris dans la région de Toronto. En nous associant à des programmes de soins de santé et des programmes communautaires partageant nos objectifs, nous pouvons répandre le modèle Corps à cœur dans de nouvelles agglomérations. Récemment, le modèle a fait l’objet d’une évaluation officielle dans le cadre d’un partenariat entre l’Université York et la Cardiac Health Foundation of Canada qui bénéficiait du soutien financier de la Fondation Trillium de l’Ontario. Les résultats montrent que les programmes Corps à cœur sont sécuritaires et que les participants sont très satisfaits des séances. Parmi les participants à l’étude, on comptait des personnes ayant des problèmes de santé chroniques et de nombreuses autres ayant des facteurs de risque de MCV.5 Un nouveau partenariat avec l’Association canadienne de prévention et de réadaptation cardiovasculaires (ACPRC) permettra

d’étendre le modèle Corps à cœur à tout le pays.

ConclusionLes programmes FrancoFormeMD et Corps à cœur ont le même objectif : aider leurs participants à adopter un mode de vie plus sain et plus actif. Qu’il s’agisse de prévention primaire ou secondaire, les obstacles qui peuvent interférer avec nos objectifs de santé personnels sont nombreux. Dirigés par des physiothérapeutes, les programmes de l’ICUO, tentent d’atténuer ces obstacles pour nos participants et de les aider à poursuivre dans la bonne voie.

Ressources en ligne

En savoir plus sur FrancoFormeMD

www.francoforme.ca

En savoir plus sur Corps à cœur heartwise.ottawaheart.ca/fr

En savoir plus sur les programmes de réadaptation et de prévention cardiaques à l’Institut de cardiologie www.ottawaheart.ca/fr/patients-et-visiteurs/cliniques-et-programmes/r%C3%A9adaptation-cardiaque

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PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016 21

Une meilleure transition vers les soins postaigus chez les patients opérés de la hanche ou du genou.

La prévention de l’obésité chez les enfants.

La diminution du nombre d’interventions chirurgicales chez les personnes âgées.

Une motivation financière pour des soins de qualité chez les patients souffrant de lombalgie.

Si vous trouvez que de telles innovations amélioreraient les soins de santé, vous avez raison. Elles proviennent toutes d’Innovation 2.0, une initiative de l’American Physical Therapy Association (APTA) visant à soutenir la physiothérapie au sein de modèles de soins émergents, comme les Accountable Care Organizations (ACO), [ces nouvelles entités américaines regroupant divers soins de santé], les paiements forfaitaires, l’accès direct aux soins, les établissements centrés sur le patient, la prévention et la promotion de la santé, ainsi que la rémunération au rendement.

Innovation 2.0 est née en 2013 d’une discussion entre physiothérapeutes et autres prestataires de soins sur le rôle de la physiothérapie dans les modèles de soins intégrés, discussion qui faisait suite au sommet sur l’innovation de l’APTA portant sur les modèles de soins collaboratifs, explique Roshunda Drummond-Dye, directrice de la réglementation de l’APTA.

L’idée de l’association était d’offrir son aide à certains modèles : un soutien financier, certes, mais aussi des conseils en matière de politique des soins de santé, de pratique fondée sur les données probantes et de gestion des données.

« On a lancé un appel à projets », poursuit la directrice. 21 ont été choisis

parmi les 68 reçus pour être étudiés plus attentivement par un comité, composé de neuf physiothérapeutes, dont des cliniciens, des chercheurs, des administrateurs et des éducateurs, et dirigé par Dianne Jewell, P.T., D.P.T., Ph. D. et superviseuse clinique. Quatre propositions ont été finalement retenues, « toutes présentant le physiothérapeute dans un rôle non traditionnel d’amélioration des soins auprès de populations ciblées. Ces candidats ont alors établi un budget afin de mobiliser les ressources de l’association et voir leur projet aboutir. »

Depuis septembre dernier, l’APTA finance les projets de ces quatre équipes, en suivant leurs progrès de près à l’aide de rapports trimestriels.

« Certains sont aujourd’hui plus avancés que d’autres, note Roshunda Drummond-Dye, mais on est enthousiasmé par les résultats déjà obtenus. Ces projets renforcent les liens avec les payeurs et autres prestataires de soins de santé, qui commencent à remarquer le travail effectué et les données qualitatives recueillies. »

À la fin des 12 mois de financement prévus, l’APTA rendra ces résultats publics de diverses façons (via la conférence NEXT par exemple, comme cela a été fait en juin 2015), publiera des marches à suivre détaillées pouvant être mises en pratique par les autres physiothérapeutes, et continuera d’apporter son soutien aux efforts engagés.

Deux autres projets ont également reçu une mention honorable et un financement de la part de l’APTA. Voici un aperçu de ces innovations et des résultats obtenus à ce jour.

Une meilleure transition vers les soins postaigusRobin Marcus, P.T., Ph. D., spécialisée en orthopédie et responsable du mieux-être à l’University of Utah Health Care (UUCH) dirige le projet intitulé « Valoriser les soins en phase postaiguë par la prestation de services de physiothérapie fondés sur

Des modèles novateursde prestation des soins Keith Loria

Nos confrères américains de l’American Physical Therapy Association (APTA) progressent à grands pas dans leurs nouveaux modèles de soins, comme l’atteste cet article, publié à l’automne dernier dans la revue PT in Motion.

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22 PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016

DES MODÈLES NOVATEURS DE PRESTATION DES SOINS

les données probantes », dont l’objectif est d’améliorer la communication postopératoire (hanche et genou) entre les établissements de soins spécialisés et l’UUCH, et de créer un nouveau modèle de soins pour ces patients vulnérables.

« Je cherchais un moyen de résoudre un des grands problèmes de notre système de santé actuel, celui de la transition des soins du patient, de la phase aiguë à la phase postaiguë, explique Robin Marcus. En tant que physiothérapeute, on voit la plupart des patients en soins postaigus alors qu’ils sont encore en phase de soins aigus. Personne n’intervenait sur les maillages à ce niveau. »

Réunions sur les améliorations cliniques, tableaux de bord et autres systèmes de retour d’informations sont les outils utilisés par l’équipe pour interagir dans le cadre du projet, auxquels s’ajoutent des mesures d’évaluation de l’engagement personnel; le but étant de maîtriser les coûts tout en améliorant la qualité des soins postaigus.

En juin 2015, l’équipe avait recueilli environ 8000 données sur ses patients. « Cela fait partie du suivi médical et de la qualité des soins ici, note-t-elle. Cela nous permet de mesurer la mobilité du patient à son entrée et à sa sortie de l’hôpital. »

La mise en place d’un test de vitesse de la marche pour les patients ambulatoires est également en cours à l’hôpital. « De cette façon, on aura deux mesures de la mobilité du patient ambulatoire, celle donnée par le thérapeute et celle du test, poursuit-elle. Notre secteur compte quatre établissements de soins spécialisés qui suivent les patients de notre hôpital et recueillent ces mêmes données. »

Sachant que l’UUCH est un hôpital régional et que le nombre d’opérés fréquentant ces quatre établissements de soins spécialisés n’est pas énorme, l’équipe table sur un suivi de 100 patients.

« Notre observation la plus importante à ce jour est que nos données sont comparables à celles d’autres établissements, notamment la clinique de Cleveland, car ils effectuent le même type d’évaluations auprès de leurs patients, constate Robin Marcus. Notre seconde observation est que la mesure de la mobilité semble indiquer, dans certains cas seulement, l’endroit où ira le patient à sa sortie : à nous maintenant d’essayer de savoir pourquoi. Si la mobilité est un indicateur important, elle devrait fonctionner de la même façon pour tous les

patients. Et ce n’est pas le cas. »Par exemple, les patients ayant subi

une arthroplastie totale ont le même niveau de mobilité à la signature de leur décharge, pourtant on prescrit des soins à domicile à certains et pas à d’autres. Robin Marcus espère que son modèle saura répondre à cette question.

« La mobilité pourrait ne pas être le seul indicateur dont on tient compte pour la prescription de soins à domicile, explique-t-elle. On essaie de savoir si certains patients en ont réellement besoin et les autres pas, ou si c’est seulement une fluctuation de la qualité des soins dont on devra s’occuper. » Le projet cherche également à déterminer si la mobilité constatée au moment de la décharge est un indicateur de réadmission.

La prévention de l’obésité chez les enfantsBrian Wrotniak, P.T., Ph. D., professeur en réadaptation physique au Collège d’Youville et clinicien-chercheur au

Women and Children’s Hospital à Buffalo, dirige le projet intitulé « L’établissement de soins centré sur le patient : un modèle innovant pour prévenir l’obésité infantile grâce au physiothérapeute, qui améliore la qualité des soins tout en réduisant les coûts ».

« Après ma formation en physiothérapie, je me suis intéressé aux programmes de santé communautaire destinés aux familles, raconte Brian Wrotniak. Quand j’ai commencé à constater que les troubles du mouvement étaient plus fréquents chez mes patients en surpoids, j’ai eu l’idée d’un programme impliquant activité physique et alimentation équilibrée. L’obésité chez les enfants et la santé communautaire m’intéressant de plus en plus, j’ai décidé de faire un doctorat en épidémiologie, suivi d’un postdoc en épidémiologie pédiatrique à l’hôpital pour enfants de Buffalo. Ces expériences m’ont permis de travailler aux côtés de grands spécialistes de l’obésité infantile et de la médecine comportementale. »

Le projet met l’accent sur la prévention de l’obésité plutôt que sur son traitement car cette première aura plus d’impact : elle permettra d’inverser la courbe de l’épidémie

et d’en alléger les coûts sanitaires et économiques, explique Brian Wortniak. Afin de pouvoir évaluer la prévention de la progression de l’obésité dans l’établissement de soins centré sur le patient, l’étude prend en compte les enfants en surcharge pondérale, à savoir ceux dont l’indice de masse corporelle se situe entre le 85e et 95e percentile, ainsi que les enfants ayant un IMC supérieur ou égal au 75e percentile.

« Notre but est d’analyser le rapport coût-efficacité et la qualité des soins quand on intègre des physiothérapeutes au modèle auprès d’une population à faible revenu, ajoute-t-il. Habituellement, ces professionnels ne font pas partie de ces nouveaux établissements centrés sur le patient, et courent même le risque d’en être exclus à terme. Pourtant, en tant qu’experts de l’optimisation du mouvement, ils sont parfaitement équipés pour répondre aux maladies chroniques, telle que l’obésité, dues en partie au mode de vie. »

« Notre objectif principal est donc l’analyse de la prévention de l’obésité infantile dans un établissement de soins centré sur le patient avec un physiothérapeute, membre principal de l’équipe de soins et codirecteur du projet. Les enfants en danger d’obésité seront identifiés grâce aux prestataires de soins primaires et aux registres. Les enfants seront vus pour une première évaluation, suivie de 8 autres visites, et ce, par l’équipe soignante au complet, à savoir un physiothérapeute, un médecin, un nutritionniste, un infirmier et un coordonnateur des soins. Chaque enfant, et sa famille, se verra attribuer un coach en santé pour la durée du projet, dont la mission sera de soutenir les stratégies de changement de mode de vie et de comportements. »

L’indice de masse corporelle (écart-type), le syndrome de l’obésité infantile et

Brian Wrotniak, P.T., Ph. D.

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DES MODÈLES NOVATEURS DE PRESTATION DES SOINS

la qualité de vie liée au poids et à la santé font partie des résultats à évaluer par le physiothérapeute pour chaque cohorte, au début du projet, à 3 mois, puis à 6 mois. Un accent particulier sera mis sur l’évaluation de l’établissement via des enquêtes de satisfaction, réalisées auprès de l’enfant et de la famille, et des groupes de discussion.

Le rapport coût-efficacité sera quant à lui mesuré en surveillant l’incidence de l’obésité (IMC franchissant le 95e percentile), les références en physiothérapie pour troubles du mouvement, les exacerbations d’asthme, les références en endocrinologie, les problèmes orthopédiques, les visites aux urgences, les admissions hospitalières, la durée des séjours hospitaliers et l’ensemble des frais médicaux et remboursements faits au patient.

« Les résultats de ce projet serviront à documenter la mise en place d’une étude multisite, destinée à obtenir une estimation plus précise du rapport coût-efficacité et de la qualité des soins dans la prévention de l’obésité infantile au sein d’un établissement centré sur le patient ayant un physiothérapeute à bord, à l’aide d’un protocole d’étude menée et contrôlée pendant 12 mois avec des groupes aléatoires au niveau de la pratique », conclut Brian Wrotniak.

Et d’ajouter : « L’étude sera normalement terminée fin 2016, et on prévoit que notre modèle sera faisable, acceptable et rentable. Si notre hypothèse est juste, elle viendra renforcer l’idée qu’il faut inclure des physiothérapeutes dans les équipes soignantes des établissements centrés sur le patient pour la prévention de l’obésité infantile. Une idée qui pourrait alors s’appliquer à d’autres maladies chroniques

qui affectent le mouvement. »

La physiothérapie plutôt que la chirurgie pour apaiser les lombalgiesTimothy Flynn, P.T., Ph. D. et propriétaire

du centre Colorado Physical Therapy Specialists, dirige le projet intitulé « Accès facilité, soins améliorés : le physiothérapeute comme membre à part entière des ACO ». [ACO pour Accountable Care Organizations, ces nouvelles entités de soins, nées de l’Obamacare aux États-Unis.]

Ce projet a deux objectifs : le premier est d’évaluer l’impact de l’accès précoce à la physiothérapie en cas de troubles musculosquelettiques, lombalgies notamment, rapportés par les patients des ACO; le second est de déterminer si un accès précoce et/ou direct à la physiothérapie pour les bénéficiaires du Medicare souffrant de maux de dos conduira à une baisse des actes de chirurgie rachidienne, des IRM et du coût des soins en général.

« La douleur lombaire suscite mon intérêt depuis toujours, et plus particulièrement la surutilisation de procédures invasives, et nocives, pour l’atténuer, explique Timothy Flynn. On sait aujourd’hui que plus tôt intervient la physiothérapie, plus grandes sont les chances d’éviter ces procédures. Ce qui est moins clair, en revanche, c’est comment amener les gens à prendre la bonne décision. Il est très difficile de changer les comportements. Des données chiffrées, seules, n’y parviennent pas. On doit trouver d’autres moyens pour guider les praticiens et les patients, et les encourager à faire de meilleurs choix. »

Pour ce projet, Timothy Flynn fait équipe avec la Dre Jan Gillespie-Wagner, directrice générale et médicale de la Northern Colorado Individual Practice Association et directrice générale de Mountain and Plains ACO, LLC. La population à l’étude comprend les bénéficiaires du Medicare inscrits à l’ACO Mountain and Plains.

Parmi les variables qui détermineront la réussite du projet, Timothy Flynn note le nombre d’IRM du rachis lombaire faites à la population étudiée, le nombre de chirurgies lombaires réalisées, les coûts totaux des diagnostics lombaires et des soins pour l’ACO. Ces variables seront comparées trimestriellement et annuellement, en faisant correspondre la période du parcours éducatif et clinique et la période d’étalonnage.

Des séances de formation, individuelles et groupées, sur les meilleures pratiques actuelles ont été mises en place pour les prestataires. Au programme notamment, la référence du patient à un physiothérapeute dans les deux premières semaines suivant sa visite avec son prestataire de soins primaires (constat de douleur lombaire limitant les activités journalières, ou recommandation pour de la physiothérapie, comme premier point de contact). Cela permet de former les prestataires de soins primaires par la même

occasion, et de concevoir différents systèmes de rappel pour les médecins.

Essayer de coordonner les soins entre autant de praticiens indépendants présente un défi de taille, celui du suivi des références. « On travaille sur la mise en place d’un logiciel de coordination dans plusieurs ACO, explique Timothy Flynn. Logiciel qui, idéalement, incitera l’utilisateur à orienter le patient vers un physiothérapeute et facilitera le suivi. On essaie d’avoir un système cohérent, utilisable par tous les praticiens quels qu’ils soient. »

« Le but du projet est de voir si on peut améliorer le système de référence à un physiothérapeute pour des personnes âgées souffrant de lombalgie, conclut-il. La première partie consiste à augmenter le nombre de ces références en temps opportun. Si on y parvient, cela aura-t-il pour conséquence la diminution des actes chirurgicaux, des IRM et des injections de notre population à l’étude, et donc la diminution des coûts? »

Un groupe de discussion continuera de développer, de modifier et de surveiller l’adhérence au protocole de suivi de la douleur lombaire qui sera mis en place pour les patients de l’ACO. Ce groupe permettra d’identifier et de surmonter les obstacles rencontrés dans la gestion de la douleur et fera office d’experts auprès de l’ACO. Il s’assurera également du concours de personnes-clés choisies parmi les prestataires de soins primaires et spécialisés.

Les résultats seront publiés après 12 mois de collecte de données.

Payer pour la qualitéGerard Brennan, P.T., Ph. D. et directeur de la qualité clinique et de l’analyse des résultats d’Intermountain Healthcare, dirige le projet intitulé « Payer pour la qualité : pour une valorisation des soins des patients souffrant de lombalgie ». Partant du principe de la rémunération au rendement, ce programme offre des incitations financières aux physiothérapeutes afin d’améliorer les soins et d’obtenir de meilleurs résultats auprès de patients souffrant de lombalgie. L’autre objectif est de réduire de façon significative les statistiques d’absence de progrès chez ces mêmes patients.

Le programme concerne 57 physiothérapeutes, répartis dans 21 centres de réadaptation physique ambulatoires.

Avant sa mise en place, aucun progrès

Timothy Flynn, P.T., Ph. D.

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24 PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016

DES MODÈLES NOVATEURS DE PRESTATION DES SOINS

n’était constaté suite à une physiothérapie chez 42 à 43 % des patients. « Quand 40 % des patients ne progressent pas, c’est du «gaspillage de qualité» », constate Gerard Brennan. Le programme a décidé de ramener ce pourcentage à 38,4 (ce chiffre servant de point de référence) et s’est donné 34,7 % comme but à atteindre. « L’aiguille se déplace très lentement, concède-t-il. Notre intuition est qu’il y a une cohorte de patients qui ne progressent pas car on ne connaît pas, au départ, les risques les concernant et on ne les implique pas de manière efficace. On essaie de créer des outils de mesure du risque ainsi qu’une méthode d’incitation à l’amélioration de la prise de décision et au partage d’idées entre physiothérapeutes. »

Les mentions honorablesL’un des deux projets à avoir obtenu une mention honorable s’intitule « Accidents du travail, un nouveau modèle de soins : accès

direct aux services de physiothérapie pour les travailleurs souffrant de lombalgie ». Il est dirigé par Craig Johnson, P.T., M.B.A. et président de la Minnesota Physical Therapy Society.

En 2013, le Minnesota a adopté une loi prévoyant une étude des coûts médicaux du régime d’indemnisation des accidents du travail. Le nouveau système de paiement mis en place, qui se veut neutre, harmonise les incitations et stabilise le budget, ce qui a pour conséquence une gestion des coûts serrée, laquelle se répercute sur les travailleurs et tous les intervenants du programme.

« Nous voulons rassembler assez de données pour faire valoir un changement du système au Minnesota, explique Craig Johnson. La réforme du modèle de paiement du régime d’indemnisation des accidents du travail est critique car les employés se tournent vers des franchises plus élevées ou l’échange d’informations médicales. »

Un facteur déterminant du coût dans le régime d’indemnisation des accidents du travail est le moment où intervient le physiothérapeute : une intervention précoce ou un accès direct aux services de physiothérapie ne présente aucun risque et pourrait être une source d’économies. Craig Johnson confirme : « Cela diminuera les coûts – médicaux et compensatoires –,

de chaque réclamation, réduira le nombre de jours non travaillés et maximisera le retour au travail des personnes souffrant de lombalgie. »

Le parcours clinique d’un patient souffrant de douleurs lombaires – le premier rendez-vous avec un médecin peut demander jusqu’à un mois d’attente – coûte généralement de 2100 à 2200 $. Le nouveau parcours, où le patient voit immédiatement un physiothérapeute, ramène ce montant à 900 ou 1000 $.

En résumé, ce projet a pour objectifs la baisse de l’ensemble des coûts (médicaux et compensatoires) de chaque réclamation, la réduction du nombre de jours non travaillés, la démonstration de l’aspect sécuritaire de l’accès direct à la physiothérapie, et la collecte de données pouvant appuyer de futurs changements législatifs quant au parcours clinique et au système de paiement.

Le second projet ayant fait l’objet d’une mention honorable s’intitule « Intégration de la physiothérapie dans une période de 90 jours de traitement en phase postaiguë » et est dirigé par Allison Orofino, physiothérapeute au Marshall Medical Center de Cameron Park en Californie. Ce centre médical participe, en partenariat avec les centres de services Medicare et Medicaid, à un projet pilote étudiant le paiement forfaitaire dans les 90 jours suivant un séjour dans une unité de soins actifs pour pneumonie et insuffisance cardiaque.

L’intérêt d’Innovation 2.0 pour les physiothérapeutes et les patientsEn juin dernier, deux ateliers de NEXT 2015 ont été consacrés à Innovation 2.0. Des représentants de la plupart des projets en cours étaient présents pour discuter défis, perspectives et leçons apprises.L’importance de faire connaître les avantages de la physiothérapie revenait sans cesse. Craig Johnson a parlé formation : « Les professionnels des soins de santé savent qu’il leur faut réduire les coûts. Les convaincre que la physiothérapie est une des solutions est donc plus difficile, car elle est encore considérée comme faisant simplement partie du traitement. Il nous faut leur démontrer que la place d’un physiothérapeute est en première ligne. »

« Payer pour obtenir des résultats est un piège, a remarqué Gerard Brennan. Ce n’est pas la seule motivation des physiothérapeutes. Il doit y avoir plus –

prodiguer des soins de qualité et savoir qu’on fait ce qu’il faut. »

L’autre sujet fréquemment abordé concernait la communication entre les différents métiers du monde de la santé. « Notre défi est d’arriver à communiquer avec tous les prestataires de soins, a constaté Timothy Flynn. [Le problème] n’est pas le physiothérapeute, mais les autres participants. »

Les entraves à la communication sont autant technologiques qu’humaines, a noté Robin Marcus. « On nous a dit qu’il était hors de question d’avoir deux systèmes de dossier médical électronique qui se parlent. On veut pouvoir suivre les patients tout au long de leur séjour. Notre plus grand obstacle, c’est l’interopérabilité des systèmes. »

Également d’actualité, le partage des informations recueillies, aussi bien les données que les coûts, entre toutes les parties impliquées. « On a besoin de partager ces informations avec les prestataires de soins mais aussi avec les patients et leur famille » a lancé Robin Marcus.

Timothy Flynn a soulevé, quant à lui, la question connexe de la transparence des tarifs, amplifiée notamment par les réseaux sociaux : « L’info circule. Savoir qu’on peut dépenser 80 000 $ pour une arthrodèse lombaire ou 1000 $ pour de la physio risque de chambouler quelque peu l’industrie de l’assurance. »

Donner plus de pouvoir au consommateur en éliminant les intermédiaires a aussi été débattu. À une question de la salle sur les entreprises assurées par un régime autogéré, Robin Marcus a répondu : « Notre université qui compte 17 000 employés a un régime d’assurance autogéré. Notre DG s’intéresse de très très près à ce que nous faisons. »

« Les motivations changent, a constaté Timothy Flynn. La tendance est à éliminer les intermédiaires. Les gens ne veulent plus du type de soins qu’on leur offre actuellement. La moitié de notre travail dans cinq ans se fera directement avec les entreprises. » Et d’ajouter : « Le plan pour y arriver toutefois est de poursuivre la communication avec les employeurs, sans compliquer les choses. C’est une douleur musculosquelettique. On peut vous aider. »

Keith Loria est rédacteur pigiste.

Craig Johnson, P.T., M.B.A.

Cet article de PT in Motion, 2015;7(8):24-30, est reproduit avec l’aimable autorisation de l’American Physical Therapy Association. © 2015 American Physical Therapy Association.

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Le défiLa lombalgie affecte de 85–90 % de la population adulte dans les pays développés1 et se classe désormais en tête de liste dans le monde au chapitre de l’incapacité musculo-squelettique2. Il s’agit de l’affection la plus coûteuse en termes de journées de travail perdues et de prestations d’invalidité2. Elle est aussi la deuxième principale cause d’absentéisme au travail3, réduisant la qualité de vie plus que d’autres affections chroniques comme l’arthrose de la hanche ou du genou4, 5. Bien que la majorité des maux de dos se résorbent naturellement en quelques semaines, la douleur est souvent si aiguë et invalidante que de nombreuses personnes ressentent le besoin de consulter un spécialiste ou de recourir à l’imagerie diagnostique, deux mesures requises dans seulement 10 % des cas. Résultat : de nombreuses personnes sont envoyées inutilement en imagerie ou en consultation auprès d’un spécialiste (chirurgien orthopédiste ou neurologue), ou aboutissent aux urgences pour la prise en charge de leur lombalgie.

Le problème en AlbertaToutes les 60 secondes en Alberta, un patient consulte un praticien de soins de santé pour une affection musculo-squelettique, beaucoup de ces patients souffrant de lombalgie. La majorité des patients aux prises avec des problèmes musculo-squelettiques sont pris en charge hors hôpital par des fournisseurs de soins primaires (médecins de famille, physiothérapeutes et chiropraticiens). Toutefois, étant donné que la Loi canadienne sur la santé ne couvre que les soins délivrés

dans les hôpitaux de soins actifs, les patients cherchant à se faire soigner doivent naviguer dans un système incohérent où les praticiens travaillent en vase clos ou de manière indépendante. Des chercheurs rattachés au Bone and Joint Health Strategic Clinical Network (BJHSCN) et participant à notre étude ont enquêté auprès des patients lombalgiques. Les entrevues et les rétroactions qu’ils ont recueillies suggèrent que les patients non chirurgicaux sont confrontés à d’énormes défis et qu’ils se butent à des « portes closes » quand ils essaient de s’y retrouver dans le système de soins de santé actuel.

En fait, si l’on examine la situation dans son ensemble, on ne peut pas vraiment parler d’un « système de soins de santé », car nous sommes plutôt en présence d’un groupe de praticiens payés pour travailler en vase clos plutôt qu’en équipe. Ainsi, les patients sont abasourdis d’apprendre qu’il n’y a aucun système d’échange d’informations ou de données entre les secteurs public et privé. Cela signifie qu’il n’existe actuellement pas de mécanisme de communication ou de partage de l’information entre, d’une part, le médecin de famille, et d’autre part, le physiothérapeute ou le chiropraticien – sauf si l’on demande au patient de faire le « pigeon voyageur » et de remettre une note manuscrite à un praticien de la part de l’autre. Il n’existe également que peu ou pas de données disponibles pour évaluer ou éclairer un modèle durable de soins pour les patients souffrant de douleurs lombaires. Les responsables de l’élaboration des systèmes de TI affirment que l’intégration de données entre les secteurs privé et

public pose trop de risques au chapitre de la confidentialité des renseignements sur le patient, ou que la capacité est insuffisante pour le stockage des données. Ces deux arguments sont spécieux. Tout d’abord, sur le plan de la gestion des risques, plus de patients sont lésés en raison du manque de données partagées qu’ils ne le seraient s’il y avait partage de renseignements confidentiels entre membres de professions réglementées. Deuxièmement, les ensembles de données sur la santé sont loin d’être si imposants. Dans une communication personnelle, Dale Sanders (de la firme Health Catalyst, qui a monté le système de TI dans le cadre du projet Intermountain Healthcare’s Accountability Structure, une réussite incontestable) compare l’ordre de grandeur des données personnelles sur la santé à celles traitées par un avion commercial. Un Boeing 787 de la série Dreamliner enregistre 500 Go de données durant un vol de six heures. À titre de comparaison, la moyenne des dossiers contenant l’information médicale d’un patient correspond à environ 100 Mo par an, soit l’équivalent de quelques chansons sur un lecteur MP3! Il n’y a donc aucune excuse justifiant l’absence d’une structure intégrée permettant le partage de données pour les soins aux patients (cueillette de données primaires), ces données pouvant ensuite être utilisées sous une forme agrégée par les chercheurs afin d’améliorer la qualité et les systèmes (analyse de données secondaires). Une partie du projet SpineAccess Alberta vise justement à établir un tel système de saisie des données.

Les quelques renseignements à la disposition des chercheurs permettent

Un modèle innovateur dans la prestation de services de santé et la prise en charge des troubles rachidiens Linda J. Woodhouse, P.T., Ph. D., présidente de l’ACP, membre de l’ACP depuis 1988

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PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016 29

de dénombrer 50 000 consultations annuelles pour lombalgie dans les services d’urgence en Alberta, dont seulement 3 % justifient une hospitalisation. Les soins prodigués dans un service d’urgence coûtent environ 1000 $. Non seulement les maux de dos monopolisent-ils les ressources en soins d’urgence, mais entre 23–28 % des cliniciens en soins primaires demandent de manière injustifiée des images pour la douleur dorsale6. Une étude récente menée en Alberta sur l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour l’investigation de la colonne lombaire révèle que seulement 41 % des demandes sont justifiées6. Les cliniciens admettent qu’ils orientent les patients vers l’IRM afin de donner l’impression de « faire quelque chose » pendant que les patients attendent un rendez-vous chez le spécialiste.

Selon la haute direction des Services de santé de l’Alberta, les soins pour la douleur lombaire connaissent une « crise » dans cette province, les délais d’attente pour une chirurgie s’établissant entre 2,5–4 ans. De tels délais sont à la fois excessifs et injustifiés; en effet, seulement un cas sur 20–24 recommandations chirurgicales en provenance des fournisseurs de soins primaires nécessite réellement une intervention. Ces recommandations injustifiées ne font pas que retarder la chirurgie chez ceux qui en ont vraiment besoin. Elles peuvent également avoir pour conséquence d’entretenir une douleur chronique chez les personnes qui pourraient bénéficier de soins non chirurgicaux, mais qui sont plutôt en attente d’une intervention7, 8. De toute évidence, un système plus efficace s’impose pour

faire profiter les patients des soins qui leur conviennent, et ce, au bon moment.

La solution proposéeRepenser la prestation de soins de santé pour les troubles musculo-squelettiques en développant des équipes dotées des compétences nécessaires pour trier les cas de lombalgie en soins primaires.

Cette solution vise à améliorer l’accès des patients à une équipe ayant les connaissances et les compétences voulues pour bien les évaluer et planifier les soins nécessaires. La plupart des programmes ciblant la lombalgie sont conçus pour réduire la chronicité et permettre aux gens de se prendre en charge eux-mêmes, en utilisant des stratégies adaptées aux maladies chroniques et reposant sur l’autogestion. Notre stratégie consiste à aller plus loin en amont pour mettre sur pied des équipes proposant une évaluation précoce et des plans de soins. Le tout permettra de réduire les visites inutiles à l’urgence et le recours inapproprié à l’imagerie médicale.

Des données récentes suggèrent que les systèmes fondés sur le triage et gérés par des non-médecins (comme les physiothérapeutes en pratique avancée) sont efficaces au chapitre de la validité du diagnostic, de l’efficacité du traitement, ainsi que de la satisfaction du fournisseur de soins de santé et des patients9–11. En outre, dans le cadre d’une vaste étude portant sur des patients souffrant de lombalgie et orientés vers un système de triage clinique des troubles rachidiens, celui-ci s’est révélé efficace dans le choix des filières de soins appropriés pour ces patients, en conformité avec les lignes directrices internationales12.

Enfin, les résultats d’un examen systématique récent démontrent que les modèles de prestation des soins fondés sur le triage peuvent réduire les délais d’attente médians avant une prise en charge appropriée dans une mesure de 72 %, avec réduction des coûts des soins de 48 % 13.

Notre approche a pris forme avec la mise sur pied de SpineAccess Alberta, un programme visant à amener les patients atteints de problèmes de dos vers des points d’accès bien précis, en vue d’une évaluation globale reposant sur une approche interdisciplinaire et collaborative de soins en équipe. Le but du programme est de réduire le recours injustifié aux services d’urgence et à l’imagerie médicale.

Trouver l’argent dans le système de santéNotre initiative est financée par le Partenariat pour la recherche et l’innovation dans le système de santé (PRIHS), l’un des partenariats conclus entre l’organisme Alberta Innovates – Health Solutions (AIHS) et les Services de santé de l’Alberta (AHS) et visant à améliorer les résultats des soins pour les patients de cette province. L’idée consiste à repérer le gaspillage des ressources dans le système de soins de santé, là où des fonds pourraient être économisés afin d’être réinvestis dans le système (Figure 1).

Ainsi, la réduction des visites injustifiées aux urgences représente une économie potentielle de 49 millions de dollars par an (50 000 visites par année à raison de 1000 $ chacune). En Alberta, le nombre d’examens par IRM de la colonne lombaire s’établit à 25 000 par année, à raison de

Figure 1. Stratégie de réévaluation du Partenariat pour la recherche et l’innovation dans le système de santé (PRIHS) (Cy Frank, communication personnelle)

Projet(s) de recherche du PRIHS

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650 $ par examen, sans compter 200 $ de plus pour le gadolinium si nécessaire. De ce nombre, nous considérons que seulement 44 % seraient nécessaires 6. Les économies potentielles résultant d’une application de l’imagerie aux seuls cas jugés cliniquement justifiés s’élèveraient à plus de 10 millions de dollars par année. Concrètement, notre objectif consiste à réduire l’utilisation inappropriée des urgences et de l’IRM de 10 %, ce qui se traduirait par des économies de 6,6 millions par année.

Nous avons donc mis en place trois cliniques en Alberta – à Edmonton, à Calgary et à Fort McMurray – où les patients ont accès à une équipe de cliniciens possédant une expertise dans la prise en charge de la lombalgie. Chaque équipe y effectue un examen clinique complet et attribue une catégorie aux patients (dans un système en comportant quatre) en utilisant une variété de mesures validées de la lombalgie (par exemple, l’outil de dépistage STarT Back). Cela permet le triage des patients et leur orientation vers des soins appropriés. L’enjeu ici est très différent de la plupart des études sur les maux de dos – où l’accent est généralement mis sur une récupération aussi rapide que possible ou la réduction de la chronicité – même si nous croyons qu’une intervention

et qu’un traitement précoces permettront d’arriver aux mêmes résultats. L’objectif principal de SpineAccess Alberta consiste plutôt à réduire l’utilisation des ressources inappropriées (visites aux urgences et IRM) en éliminant les examens et consultations inutiles. Même une réduction modeste de 10 % des visites aux urgences et de 10 % des études du bas du dos par IRM susciterait des économies ou, selon la formulation privilégiée par certains, un gain de productivité de 6,6 millions de dollars par année. De plus, le réinvestissement d’un pourcentage de ces économies dans le système permettrait d’élargir encore davantage le modèle de prise en charge de la lombalgie par le système de santé. L’investissement initial fourni par Alberta Innovates – Health Solutions dans SpineAccess Alberta prenait la forme d’une subvention de 750 000 $ sur une période de trois ans.

Partenariats pour la mise en œuvreDe la même manière que nous ne devrions pas fournir des soins de santé en vase clos, nous ne pouvons pas non plus nous attendre à opérer des changements durables si nous ne changeons pas nos façons de faire. Voilà pourquoi SpineAccess Alberta a établi un partenariat avec le réseau Bone and Joint Health Strategic Clinical Network des Services de santé de l’Alberta et avec l’Association médicale de l’Alberta (AMA) pour la mise en œuvre du programme. L’AMA s’occupe justement de voir au déroulement de la campagne canadienne « Choisir avec soin » en Alberta. Or, l’une des initiatives principales de cette campagne publicitaire consiste à éduquer les cliniciens comme le public sur l’utilisation appropriée de l’imagerie diagnostique. Mais la publicité se limite à ce qu’il ne faut pas faire, alors que de nombreux cliniciens voudraient aussi savoir ce qu’il conviendrait de faire afin de mieux prendre en charge la lombalgie chez leurs patients – d’où la pertinence des cliniques d’évaluation et de triage préconisées par SpineAccess Alberta.

ConclusionsComme pour tous les nouveaux modèles de soins, seul le temps nous dira si le nôtre a des chances de perdurer. L’un des plus grands défis de notre système de soins de santé, c’est que nous vivons au « pays des projets pilotes », la plupart d’entre eux étant abandonnés à mi-chemin. En effet, même les programmes novateurs connaissant le plus de succès ont de courtes demi-vies. Par exemple, le gouvernement fédéral a établi des priorités dans le cadre d’une initiative visant à réduire les délais d’attente pour les chirurgies de la hanche et du genou. La plupart des provinces ont ainsi mis en œuvre des programmes et ont atteint leurs objectifs de réduction des délais d’attente. Le problème, c’est qu’une fois les objectifs atteints, les responsables des budgets ont sabré au maximum ces programmes, en croyant qu’ils allaient quand même continuer à améliorer l’accès aux soins. Erreur. Il suffit d’examiner les délais d’attente dans les provinces pour s’en convaincre. Ainsi, en Alberta, ils sont plus élevés que lorsque l’initiative a été lancée et il faudra investir encore plus d’argent pour en revenir là où nous en étions avant l’engagement financier du gouvernement fédéral. On peut établir une analogie avec la conduite automobile : en effet, il revient beaucoup moins cher de conduire une voiture à une vitesse constante de 100 km/h que de continuer à alterner sans arrêt entre 60 et 120 km/h... Nous entretenons l’espoir qu’en ce qui concerne les projets du PRIHS, le partenariat entre l’organisme de financement de la recherche (AIHS) et le système de prestation de soins de santé (AHS) se traduira par un modèle durable pour le changement, où un pourcentage des économies sera réinvesti dans les premières lignes du système. Seul le temps nous dira si hommes politiques et responsables des budgets sauront faire preuve de constance, afin d’améliorer les soins et de mettre sur pied un système durable.

La lombalgie est l’affection la plus coûteuse en termes de journées de travail perdues et de prestations d’invalidité. Elle est aussi la deuxième principale cause d’absentéisme au travail, réduisant la qualité de vie plus que d’autres affections chroniques comme l’arthrose de la hanche ou du genou

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32 PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016

L’ACP remercie Lacey Nairn Pederson et l’Association de physiothérapie de la Saskatchewan pour leurs contributions au présent article.

Comme dans bien des pays du monde, il existe au Canada de grandes inégalités dans l’accès aux soins de santé. Ainsi, les personnes qui sont en bas de l’échelle socioéconomique souffrent davantage de maladies et de déficiences, en plus d’avoir une espérance de vie inférieure. Nous savons que le système de santé ne peut à lui seul contrer les effets qu’entraînent les différences de salaire, de connaissances en matière de santé et de proximité des services. Cependant, nous pouvons contribuer à atténuer le problème en nous assurant que les personnes qui en ont le plus besoin ont accès aux services appropriés.

Souvent, les patients n’ont pas accès aux services de physiothérapie et d’ergothérapie, sauf lorsqu’ils sont offerts à l’hôpital ou dans le cadre de certains programmes d’aide aux personnes ayant une déficience. Cette situation entraîne une longue attente pour les services couverts et, dans le pire des cas, certains ne parviennent jamais à y accéder.

Les preuves de l’iniquité de l’accès aux soins au Canada sont bien

connues. Les personnes ayant un profil socioéconomique supérieur ont un meilleur accès à pratiquement tous les services de santé, malgré le fait qu’ils ont généralement une meilleure santé et donc moins besoin de soins de santé.

Les personnes issues de groupes désavantagés ont moins de chance de recevoir les soins de santé appropriés, et ce, même s’ils ont accès au système. Statistiquement, elles ont plus de difficulté à obtenir des rendez-vous, leurs problèmes de santé chroniques font l’objet de moins de tests et de suivis et elles sont plus fréquemment hospitalisées pour des problèmes qui auraient pu être évités avec des soins primaires appropriés. Voilà la situation dans laquelle s’inscrivent des programmes novateurs comme celui de l’organisme Lighthouse Supported Living, situé à Saskatoon, en Saskatchewan.

Lighthouse offre un refuge, des services d’aide à la vie autonome et des logements à prix modique aux gens dans le besoin. Depuis 1997, Lighthouse offre une vaste gamme de logements assistés

et de programmes spéciaux favorisant l’autonomie de ses usagers.

Comme les usagers de Lighthouse ne possèdent pas d’assurance et ne disposent ni des moyens financiers ni des moyens de transport nécessaires, il leur est presque impossible d’avoir accès à des services de physiothérapie. Il y a un an, Jeannie Coe, infirmière à Lighthouse, a communiqué avec l’Association de physiothérapie de la Saskatchewan (APS) pour signaler le besoin criant des résidents de Lighthouse, qui pouvait être comblé en intégrant un physiothérapeute dans l’équipe interdisciplinaire de soins primaires.

Comme presque partout ailleurs, le financement pour les soins de proximité est une denrée rare. Constatant le besoin des résidents et la volonté d’aider de ses membres, l’APS a lancé un appel à tous afin de trouver des bénévoles pour Lighthouse. Sous l’impulsion de sa directrice des opérations, Sherry Gunderson, le groupe CBI s’est proposé et a offert gracieusement des services de physiothérapie une fois par semaine entre les mois d’avril et d’août 2015. Ces services comprenaient des évaluations et des traitements généraux, ainsi que de la rééducation vestibulaire et des interventions relatives à la santé pelvienne.

En Saskatchewan, l’organisme Lighthouse lance des projets novateurs en physiothérapie de proximité

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PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016 33

Selon Lacey Nairn Pederson, qui agissait comme mentor des thérapeutes de CBI, « le fait d’avoir des physiothérapeutes à Lighthouse peut prévenir des visites à l’urgence, parce que nous pouvons nous occuper de la personne sur place avant que ses problèmes n’empirent et qu’elle soit contrainte de se rendre à l’hôpital. »

Les thérapeutes participants de CBI étaient Maegan Marshall, Cara McDougall, Nycole Siemens, Lindsay Tasker et Ryan Fehr.

« Un usager était atteint de fibrose kystique, raconte Lacey. Or, cette personne était sans domicile fixe et n’était en lien avec aucune ressource communautaire. La thérapeute bénévole l’a donc informée des ressources disponibles et lui a montré des techniques de respiration qui l’ont aidée à tousser et à se débarrasser de son flegme. »

Une autre thérapeute a amélioré la qualité de vie d’une femme souffrant d’incontinence urinaire en lui donnant des exercices et des techniques de contrôle qui l’ont aidée à se sentir plus à l’aise en compagnie d’autres personnes. Ensuite, un troisième thérapeute a traité un homme qui était à risque de chute parce qu’il avait de la difficulté à marcher depuis son AVC.

Ryan Fehr raconte : « J’ai trouvé très enrichissant d’être confronté à toutes sortes de problèmes que je n’avais jamais vu auparavant, j’y ai gagné beaucoup en tant que thérapeute. »

Fehr ajoute qu’ils ont vu « des clients présentant une multitude de problèmes et de blessures neurologiques et musculosquelettiques, tantôt aigus, tantôt chroniques. » Tasker acquiesce et ajoute : « J’ai vu de vieilles blessures qui n’ont jamais été traitées, alors qu’elles auraient dû l’être rapidement. Nous les voyons des mois ou des années plus tard. C’est malheureux, mais au moins nous pouvons maintenant les traiter et mettre les patients sur la bonne voie. »

Quand les thérapeutes rencontrent un client, ils évaluent sa blessure, répondent à ses questions et déterminent le meilleur traitement. Parfois, ils lui donnent des étirements ou des exercices à faire chaque jour et impriment des images pour l’aider à s’en souvenir. « Il y a tout un volet d’éducation à faire, explique Fehr, parce que beaucoup de ces personnes sont aux prises avec des douleurs chroniques ou arthritiques qu’elles ne comprennent pas. En tant que physiothérapeutes, l’une des valeurs que nous essayons de promouvoir

est l’autonomie. Nous apportons notre aide lorsque c’est nécessaire, puis nous leur donnons les commandes pour qu’ils prennent soin d’eux-mêmes. »

Même s’ils encouragent leurs clients à revenir pour des séances de suivi, Tasker confie que ce qu’il y a de plus difficile, c’est de ne pas savoir s’ils vont revoir le patient. « Je prends donc le temps de leur donner toute l’information nécessaire, alors qu’en temps normal je l’étalerais sur plusieurs visites. »

Dans le cadre du programme, Fehr et Tasker ont également l’occasion de former des étudiants. En effet, des étudiants de deuxième année de l’Université de la Saskatchewan ont observé des évaluations et disent avoir beaucoup appris. « C’est une population différente de celle que l’on voit habituellement, c’est ce qui est le plus intéressant à mon avis », affirme Shelby Schemenauer, de Lighthouse.

Dans le cadre du dernier congrès annuel de l’ACP, qui se tenait à Halifax en juin dernier, Lacey Nairn Peterson a présenté un projet pilote à Auditeurs à l’écoute. Déterminée à éviter que l’initiative Lighthouse reste sans suite, elle a demandé du financement pour analyser les données recueillies durant l’expérience. L’APS coordonne le projet et contribue à la collecte de données.

C’est ici qu’entre en scène la Fondation de physiothérapie du Canada (FPC). Devant la valeur d’exemple de ce projet pilote pour le reste du Canada et l’importance de veiller à la rigueur du processus d’évaluation et du transfert des connaissances, l’ACP et la FPC sont fières d’offrir un financement de 2 000 $ au projet.

Le projet Lighthouse permettra de documenter les bénéfices de la physiothérapie pour les populations à faible revenu dans un modèle de soins de première ligne. Avec l’aide de la direction de l’APS, Sarah Osman et Brenna Bath (professeures à l’École de physiothérapie de l’Université de la Saskatchewan) ont élaboré un cadre d’évaluation détaillé pour le projet pilote.

Après six semaines, les réactions au projet pilote étaient très positives, aussi bien chez les usagers que chez les autres professionnels de la santé dans l’équipe de soins. La prestation de services de physiothérapie au Lighthouse a un effet marqué sur la vie des résidents. C’est un argument de plus pour l’intégration de la physiothérapie dans les équipes de soins de première ligne et pour un financement public accru des services de physiothérapie de proximité partout au Canada.

L’ACP et la FPC sont fières d’appuyer ce type d’initiatives, qui mettent en lumière la force de notre profession, le fondement scientifique de nos interventions et notre objectif commun de contribuer à la bonne santé des Canadiens.

Sur le même sujet : Physiotherapists urge province to expand services to people on social assistance : www.cbc.ca/news/canada/saskatoon/physiotherapists-urge-province-to-expand-services-to-people-on-social-assistance-1.3185435

Canadian Back Institute (CBI) Donates PT Services to Lighthouse Residents : www.saskphysio.org/images/ The_Lighthouse.pdf

De g. à d. : Calla Belyk, Lacey Nairn Pederson, Ryan Fehr, Garnette Weber, Shelby Schemenauer

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34 PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016

La Nouvelle-Écosse a la population la plus âgée du Canada1 : 16,6 % de ses habitants ont plus de 65 ans. Promouvoir l’autogestion et la protection de la santé fait donc partie de notre quotidien. Et comme aucune amélioration n’est prévue, on cherche en permanence de nouvelles façons d’encourager l’activité physique de nos aînés.

Walk N’ Roll est une de ces nouvelles initiatives. Elle incite les personnes âgées à mobilité réduite à accroître leur activité physique durant les longs mois d’hiver via la marche récréative en intérieur. Ses objectifs? Diminuer la gêne liée à l’utilisation d’un déambulateur à 4 roues en public, et amener ses participants à un effort d’intensité modérée à élevée2 pour améliorer leur endurance cardiorespiratoire.

Quelqu’un qui souffre de douleurs articulaires ou de troubles de l’équilibre a souvent tendance à ralentir le pas, ce qui conduit progressivement à un affaiblissement musculaire et cardiorespiratoire, et donc à un plus grand risque de chute3. Ce cercle vicieux, tous les physios le connaissent.

Quant au déambulateur à 4 roues – frein, siège et panier compris –, il est un appareil d’exercice bien trop peu prescrit à mon goût! Quand j’en propose un à mes patients, leur première réaction est la panique car il a une très mauvaise image dans notre société, celle du pré-fauteuil roulant. Il appartient au physiothérapeute de changer cette vision des choses.

Walk N’ Roll est un partenariat entre les autorités sanitaires et les services de loisirs municipaux. La régie de la santé de la Nouvelle-Écosse fournit la partie physiothérapie tandis que les services de loisirs nous donnent gratuitement accès à des locaux et nous font de la publicité. Ces deux partenaires ont aussi contribué à l’achat de déambulateurs à 4 roues, qui appartiennent dorénavant au local. Des confrères physiothérapeutes et ergothérapeutes se sont chargés de recruter le premier groupe de participants. Le bouche-à-oreille a immédiatement fonctionné et la nouvelle s’est vite répandue.

On invite nos aînés à apporter leur propre équipement d’aide à la mobilité. Le groupe marche pendant une heure, une fois par semaine. Chacun est responsable de son transport jusqu’au lieu de l’activité et doit être capable de marcher sans supervision directe, d’aller à la toilette sans aide et de suivre des consignes.

Un Q-AAP+2 sert à évaluer les participants lors de la première séance. Ils sont ensuite accueillis par le physiothérapeute, qui ajuste le déambulateur des nouveaux venus et commence par des exercices d’échauffement en position debout. On en profite pour revoir l’échelle de perception de l’effort, en version simplifiée, et la règle des deux heures concernant la douleur. L’échauffement terminé, on demande à chacun de se déplacer avec son déambulateur à 4 roues le plus rapidement

possible sans risque, et on surveille les déplacements du groupe. Photo 109 Perception de l’effort

Je préfère les modèles qui se plient en deux, munis d’une manette au niveau des poignées pour régler la hauteur (c’est plus facile), de freins à main et d’un panier pliable. Les participants peuvent ainsi s’asseoir en toute sécurité quand ils le désirent et garder une bouteille d’eau et leurs objets de valeur avec eux. J’ai toujours un oxymètre à portée de doigt au cas où, mais ça s’arrête là. Je n’ai pas envie de médicaliser ce programme : le questionnaire de départ suffit. Trop de surveillance pourrait favoriser une dépendance. Ces personnes âgées sont déjà fragilisées, nul besoin d’en rajouter. Au contraire, je veux qu’elles se sentent à leur place dans ce groupe de remise en forme et qu’elles se réjouissent de leurs progrès.

« J’ai longtemps utilisé une canne pour me rendre en ville : ça m’aidait bien. Mais petit à petit, je me voyais me pencher de plus en plus et je commençais à me voûter. Je mettais trop de poids sur une seule main et j’avais du mal à garder l’équilibre. Le déambulateur à 4 roues a changé ma vie! Je pouvais à nouveau me tenir droit et je n’avais pas besoin de m’y appuyer autant que sur ma canne. Aujourd’hui, je marche jusqu’au centre-ville – 3 km aller-retour – sans être fatigué. Je dis à mes amis qu’ils n’ont pas à abandonner leur canne, ils n’ont qu’à avoir un déambulateur en plus. » Russell Elliot, 97 ans, participant du programme Walk N’ Roll en 2015.

Pour chaque tour complété, elles ont droit à un bâtonnet. Si je constate une détérioration dans la marche ou si l’une d’entre elles exprime le besoin de se reposer, je l’invite à serrer ses freins et à s’asseoir sur son déambulateur. La fatigue est une excellente occasion de leur montrer des petits trucs pratiques,

Walk N’ Rollun programme de marche en intérieur pour les personnes se déplaçant avec un déambulateur à 4 roues

Wendy-Lee Hamilton B. Sc. P.T., physiothérapeute et gestionnaire du programme Seniors LINCS au CLSC Annapolis Valley Health en Nouvelle-Écosse, membre de l’ACP depuis 1986

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PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016 35

comme respirer en pinçant les lèvres ou comment utiliser une orthèse pour le pied tombant. En cas de problèmes, difficulté à reprendre son souffle ou étourdissement par exemple, je me sers de l’oxymètre. Il est toujours intéressant pour un participant de comparer sa perception de l’effort avec la mesure de la saturation en oxygène, un de nos buts étant l’apprentissage de l’autosurveillance. À partir de là, on redéfinit les objectifs de la séance avec lui. (De nombreux participants ont un stimulateur cardiaque ou prennent des anti-arythmiques, rendant les appareils d’autosurveillance plus efficaces que les formules classiques.)

On mesure régulièrement la vitesse. Les participants sont toujours étonnés de constater qu’ils marchent plus vite avec un déambulateur à 4 roues qu’avec leur canne. On a une feuille de présence sur laquelle je note tous les résultats.

Une salle est également à leur disposition pour qu’ils puissent s’y retrouver, discuter, et garder un lien social tout en s’informant sur leur santé, via des articles de journaux les concernant et les affiches d’évènements à venir. C’est aussi l’occasion d’obtenir des réponses directes à leurs questions sur la mobilité, allant du chargement du déambulateur dans l’auto à la boiterie de Trendelenburg.

Au bout de 45 minutes, on invite notre

groupe d’aînés à se rassembler dans cette pièce et à compter leurs bâtonnets. On note le nombre de tours accomplis, la perception de l’effort et, si nécessaire, le niveau de la douleur sur une échelle de 0 à 10 et le nombre de pauses. On termine la séance par des étirements en position debout et assise. Avant de se séparer, on leur demande de ne pas oublier d’évaluer leur douleur dans les deux heures à venir et de profiter de chaque occasion qui se présente dans la semaine pour marcher d’un pas modéré à vif. Plusieurs de nos participants ont depuis acheté un déambulateur à 4 roues, convaincus de son utilité.

« Papa a vu des déambulateurs à 4 roues en vente à Canadian Tire et m’a demandé de lui en acheter un. Sans les cours du Walk N’ Roll, jamais il n’en aurait essayé un. »

Pam Goodwin

L’an dernier, on bénéficiait des pistes de course de deux patinoires et du gymnase d’une église pour tenir nos séances hebdomadaires. Cette année, on a en plus un terrain de soccer intérieur et la galerie supérieure d’une piscine. On profite des créneaux horaires en journée, moins fréquentés. Le programme Walk N’ Roll est entièrement gratuit mais j’encourage nos participants à faire un don aux installations communautaires qui les accueillent.

La prochaine étape sera d’engager des professeurs de conditionnement physique pour encadrer les groupes; un physiothérapeute passera régulièrement contrôler et évaluer les participants. On va pouvoir s’agrandir grâce au soutien financier qu’on a reçu du département Vie active du ministère de la Santé et du Mieux-être.

Le programme a plu et j’en suis très contente! Il a su attirer le public cible, tant les hommes que les femmes, et les participants reconnaissent qu’un déambulateur à 4 roues leur permet de marcher plus vite et en toute sécurité. Ils apprécient aussi de se retrouver avec d’autres personnes à mobilité réduite partageant les mêmes problèmes, et certains ont même décidé de continuer à marcher tout l’été pour garder forme et confiance en soi.

Grâce à Walk N’ Roll, nos aînés fréquentent des installations de loisirs où ils n’auraient jamais été autrement et s’aperçoivent que différents cours de remise en forme sont offerts aux personnes âgées. Ce programme leur permet de reprendre une activité physique régulière et le fait de la pratiquer en groupe diminue la gêne liée au déambulateur. Nos participants rencontrent des professionnels de la santé et du conditionnement physique par choix, pas à la suite d’une blessure ou d’une opération.

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36 PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016

En tant que physiothérapeutes, nous savons que l’expertise découle de la pratique, que les connaissances s’acquièrent par la répétition et que la maîtrise des compétences est essentielle à la réussite. Nous savons également que certaines personnes souffrant de douleur chronique, qui peuvent représenter plus de 20 % de nos patients, mettent nos compétences, notre savoir et notre expertise à l’épreuve davantage que les autres. Ces personnes profiteront pleinement de nos traitements lorsque nous intégrerons une gamme complète d’outils de formation sur la douleur. C’est en leur transmettant des connaissances approfondies sur la physiologie de la douleur et en les aidant à maîtriser les techniques de traitement de la douleur que nous leur offrirons les meilleurs services possible.

En 20015, David Butler, P.T., écrivait dans son blogue qu’il fallait dépasser notre façon trop simpliste d’expliquer le phénomène de la douleur à nos patients et mettre au point un programme complet de formation à leur intention (http://noijam.com/2015/06/17/the-perils-of-explaining-pain/). Or, les praticiens et leurs patients ont désormais accès à un programme de formation dirigé comprenant plus de 65 documents vidéo, audio et écrits sur le traitement et l’auto-prise en charge de la douleur. C’est un peu comme si chaque patient disposait d’un guide personnel pour consolider ses apprentissages sur la douleur et mettre en pratique les techniques d’autotraitement qui lui sont proposées. La plupart des patients ont besoin de revoir les notions et les techniques qui

leur sont enseignées. Il nous est maintenant possible de leur offrir ce savoir essentiel sur différents supports. Les patients ont besoin d’être guidés pour appliquer leurs nouvelles connaissances sur la douleur à leurs activités et aux exercices qu’ils font à la maison. Ils auront maintenant la possibilité d’apprendre de nombreuses techniques d’autotraitement axées sur l’intégration des acquis dans leur vie quotidienne. Un programme intégré de traitement de la douleur permettra non seulement de favoriser l’intégration et le renforcement des connaissances, mais aussi d’aplanir bien d’autres difficultés, ce qui favorisera la réduction du stress chez les praticiens et améliorera les résultats chez les patients.

Pain Care Pro est un programme de formation en ligne dirigé, destiné aux personnes souffrant de douleur chronique. Il ne s’agit pas d’un programme d’autothérapie ou d’autoformation, mais plutôt d’un programme permettant aux physiothérapeutes de leur offrir un accompagnement personnalisé. Une prise en charge guidée de leur douleur leur permettra de tirer un meilleur profit de leurs traitements de physiothérapie et de jouer un rôle plus actif dans leur rétablissement.

Pain Care Pro propose d’abord aux patients et aux praticiens un modèle de rétablissement1 qui intègre de nombreux aspects du traitement de la douleur connus pour leurs effets bénéfiques. Le modèle et le programme sont divisés en six parties, qui s’appuient chacune sur des preuves scientifiques et visent à réduire

la neuroception du danger2 en guidant le patient vers l’acquisition d’une expertise et de la maîtrise de ses compétences.

Étape 1 : La connaissance. Les avantages de former nos patients à la science de la douleur sont positivement établis3, 4. Toutefois, tout le monde n’apprend pas de la même manière : c’est pourquoi le programme comprend du matériel écrit, des vidéos complètes ainsi que de courts extraits vidéo. Chez les patients souffrant de douleur chronique identifiés comme kinesthésiques5, on insistera davantage sur les cinq dernières étapes, qui proposent des techniques d’apprentissage adaptées à leur mode d’apprentissage, que sur les instructions données oralement.

Étape 2 : La respiration. Les données sur lesquelles nous nous appuyons ici proviennent davantage de la recherche physiologique que des analyses de résultats. Jusqu’à maintenant, rien ne prouve que l’intégration d’une technique de respiration modifie la trajectoire de rétablissement des personnes qui éprouvent de la douleur. Toutefois, compte tenu des travaux qui mettent en évidence l’influence des afférences vagales sur le système nerveux autonome3, des données sur le biofeedback de cohérence cardiaque6, ainsi que des observations cliniques sur l’effet néfaste de retenir son souffle pendant les activités de réadaptation, nous considérons que cette étape est d’une importance capitale. Selon Craig7 et Porges3, apprendre au patient à respirer de manière plus lente, plus fluide et plus calme pourrait être le moyen le plus efficace de réduire la neuroception

pain careLife is now Plans de régulation

Régulation des systèmes nerveux © 2015 Neil Pearson Life Is Now Pain Care

www.lifeisnow.ca

composer avec les menaces

excitation réduite

sensibilité réduite

relations enrichies

renouer avec avec sa communauté

réguler ses pensées

réguler ses émotions

moins de protection • réduction de la douleur• relâchement des tensions• mobilisation des muscles• neuropeptides antidouleur

a�aiblissement des signaux

a�aiblissement

des signaux

Les physiothérapeutes ont maintenant accès à un programme complet de formation sur la prise en charge de la douleurNeil Pearson, P.T., C.Y.T., B. Sc. P.T., B.A.-B.P.H.E., M. Sc. (R.H.B.S.), membre de l’ACP depuis 1985

Auto-prise en charge de la douleur : les voies de la guérison 2015 © Life Is Now Pain Care Inc

www.lifeisnow.ca - Penticton Canada

DOULEUR

COMPRÉHENSION DE LA BIOLOGIE DE LA DOULEUR

CONSCIENCE

METTRE SON CORPS À

L’ÉPREUVE

RECALIBRER SES SYSTÈMES

NERVEUX

PLANIFICATION

BIEN VIVRE MIEUX BOUGER

MOINS SOUFFRIR

pain careLife is now

Auto-prise en charge de la douleurLES VOIES DE LA GUÉRISON

ENTRAÎNEMENTcompassion

concentration

persévéranceplaisir

RESPIRATION

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PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016 37

du danger. De plus, l’aisance avec laquelle le patient arrivera à faire ses exercices à la maison et à mener à bien ses activités quotidiennes peut dépendre de sa capacité à respirer calmement, d’abord au repos, puis lorsqu’il doit effectuer un exercice potentiellement douloureux.

Les quatre dernières étapes sont :• Conscience• Recalibrer ses systèmes nerveux• Mettre son corps à l’épreuve• Planification

On sait clairement que les personnes qui souffrent disent avoir de la difficulté à percevoir les sensations physiques subtiles non douloureuses8. Chez beaucoup d’entre elles, la conscience corporelle fait également l’objet de distorsions. 9 Des analyses de résultats suggèrent que les pratiques qui favorisent une meilleure conscience corporelle, en plus d’améliorer l’intéroception, sont liées à une diminution de l’intensité de la douleur10. Dans notre pratique, nous constatons que certains de nos patients ne remarquent pas l’augmentation de leur tension musculaire, la modification de leur posture ou la diminution de leur coordination motrice. Les travaux de Mehling suggèrent qu’on peut normaliser ces trois aspects en favorisant une conscience accrue des sensations physiques non douloureuses8. En d’autres mots, une mauvaise intéroception peut nuire au rétablissement parce qu’elle influence la neuroception du danger et qu’elle empêche les systèmes nerveux de bien planifier les mouvements.

La douleur entraîne des changements neuroplastiques qui ont des répercussions sur les systèmes nerveux central, périphérique et autonome 3, 11. Ces changements sont complexes et, au bout du compte, l’autotraitement de la douleur doit permettre autant de réduire l’hypersensibilité du système nerveux et de réguler le système autonome que de réparer les tissus. Les techniques de relaxation, d’imagerie mentale dirigée, de visualisation et de méditation sont les premières étapes à suivre lorsqu’on souhaite recalibrer les systèmes nerveux. Une fois que le patient commence à les maîtriser, il peut les intégrer à ses exercices de réadaptation. Il est aussi très profitable pour le patient de combiner les techniques d’auto-prise en charge de la douleur et les interventions thérapeutiques afin d’agir sur les afférences du système périphérique et de favoriser le contrôle descendant des influx nociceptifs. Lorsque la douleur est intense et persistante, la diminution de la neuroception du danger peut reposer sur une combinaison d’autotraitements et d’interventions cliniques.

Le fait de mettre le corps à l’épreuve dans le but d’augmenter ses capacités fonctionnelles, sa force, sa souplesse et sa coordination motrice est considéré comme bénéfique pour les personnes qui souffrent. On croit que le mouvement de même que l’amélioration de la qualité motrice et l’augmentation du niveau d’activités ont un

effet hypoalgésique. Or, le traitement en tant que tel peut aussi entraîner de la douleur12. Certains mouvements, et possiblement la manière dont les patients les exécutent, pourraient donc s’avérer moins profitables que nous l’aurions cru.

Les patients se retrouvent souvent seuls devant un dilemme : on leur demande d’être plus actifs, mais la douleur qu’ils éprouvent en bougeant est telle qu’ils se découragent. Pain Care Pro offre de nombreuses solutions pour remédier à cette situation. Lorsque les physiothérapeutes prescrivent à leurs patients des activités d’autotraitement de la douleur, ils doivent leur expliquer comment effectuer les mouvements de façon à réduire au maximum leur neuroception du danger. Les patients doivent être capables de bouger avec facilité et sans exacerber leur douleur. C’est lorsqu’ils se rendent compte qu’ils peuvent bouger avec plus de facilité en suivant les recommandations de Pain Care Pro qu’ils comprennent réellement l’importance de contrôler leur respiration, leur tension musculaire et leurs pensées en effectuant leurs exercices de réadaptation. Souvent, c’est la façon dont le patient bouge, et non seulement le type de mouvements ou le nombre de répétitions, qui détermine le succès et la progression du rétablissement. Or, les patients peuvent avoir besoin de beaucoup de pratique et d’accompagnement pour arriver à modifier efficacement leur façon d’appréhender le mouvement et de bouger.

Des données probantes montrent que le fait de se fixer des objectifs améliore les résultats chez les patients souffrant de douleur chronique13. Tout le monde utilise la méthode SMART pour définir les objectifs de réadaptation; toutefois, beaucoup de patients qui observent une réduction de leur douleur et une facilité de mouvement accrue s’entendent pour dire que ce n’est pas toujours suffisant. Pain Care Pro propose d’autres techniques pour planifier et établir des objectifs. Les objectifs sont bien entendu orientés vers l’amélioration des capacités fonctionnelles, mais leur planification quotidienne doit aller bien au-delà. L’établissement d’objectifs de traitement journaliers doit tenir compte de la nécessité de couper avec la douleur, ce qui a un effet apaisant sur les systèmes nerveux et permet de refaire le plein d’énergie et de recouvrer sa sérénité.

La plupart des gens seront sans doute impressionnés par l’apparente complexité de Pain Care Pro et se demanderont si cette complexité ne risque pas d’en limiter l’efficacité. C’est là que les physiothérapeutes jouent un rôle de premier plan. Nous savons que la douleur chronique est un problème complexe qui exige parfois une solution complexe. Les patients, conscients de cette double complexité, pourront utiliser les différents outils du programme pour améliorer leurs résultats en étant guidés par leur physiothérapeute, sans que ce dernier ait à leur fournir une formation complète ou de longues explications. Une

fois la compréhension de la complexité de la douleur acquise, le physiothérapeute peut simplement intervenir pour soutenir les efforts du patient quant à l’utilisation des techniques de respiration, de conscientisation, d’autorégulation, de mouvement et de planification. Étant donné que la réadaptation, chez les patients souffrant de douleur chronique, demande souvent plus de temps que ce que le physiothérapeute peut lui offrir, il semble tout indiqué de leur fournir des ressources sur lesquelles ils peuvent continuer à s’appuyer une fois que les traitements de physiothérapie comme tels sont terminés.

Au cours de 2016, l’efficacité du programme de formation de Pain Care Pro sera évaluée dans le cadre d’une étude qui s’attardera particulièrement aux cas de physiothérapeutes qui auront aidé leurs patients à mettre ce programme en application étape par étape, sur une période de 4 à 6 mois. Il faut du temps pour permettre aux patients de pratiquer et d’apprendre, et pour que s’opèrent les changements neuroplastiques qui leur permettront d’acquérir une maîtrise suffisante des techniques d’auto-prise en charge de la douleur pour bouger avec une facilité accrue, atténuer leur douleur et retrouver une vie normale.

Toujours en 2016, les physiothérapeutes pourront accéder, via www.lifeisnow.ca, à Pain Care Provider, une gamme de ressources destinées à les soutenir comprenant une trousse vidéo d’aide à l’apprentissage, du matériel éducatif pour leurs patients, des fichiers MP3 sur les techniques de respiration et de sensibilisation, des rabais pour les patients, de même que le manuel de formation Overcome Pain Live Well Again. Vous trouverez tous les détails au www.lifeinsow.ca/pain-care-pro.

Pain Care Pro et Pain Care Provider ont été créés par le président fondateur de la division sciences de la douleur de l’Association canadienne de physiothérapie pour offrir des solutions pratiques à de nombreux problèmes rencontrés par les physiothérapeutes qui souhaitent aider leurs patients à comprendre et à prendre en charge leur douleur et pour encourager une approche praticien-patient interactive.

Les membres de l’ACP peuvent utiliser ce bon [cpaphysio] pour obtenir un rabais unique de 30 % sur les ressources de Pain Care Provider; ils sont également invités à l’offrir à leurs patients afin que ceux-ci puissent profiter eux aussi du rabais de 30 % sur les ressources de Pain Care Pro.

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38 PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016

La division santé des femmes de l’ACPLa division santé des femmes réunit les membres de l’ACP qui s’intéressent à différents aspects de la santé des femmes : sports féminins, grossesse et santé post-partum, santé pelvienne, réadaptation après un cancer du sein, santé osseuse… Sa mission? Montrer en quoi les physiothérapeutes peuvent favoriser la santé des femmes, tous âges et tous groupes ethniques confondus, en diffusant des conseils cliniques et des bulletins sur une panoplie de sujets, de la santé cardiovasculaire à l’oncologie.

En 2015, nous avons diffusé les propos éclairants de :

• Claudia Brown, P.T., sur les traitements contre l’encoprésie infantile;

• Diane Lee, P.T., et Julia Di Paolo, P.T., sur l’évaluation et le traitement du diastasis des grands droits;

• Bonnie O’Hare, P.T., sur les meilleures recommandations d’exercice pour les femmes atteintes d’ostéoporose;

• Susannah Britnell, P.T., sur les douleurs pelviennes pendant la grossesse;

• Kari Bo, P.T., sur les problèmes de plancher pelvien chez les athlètes;

et beaucoup d’autres spécialistes!

Récemment, notre division a aussi organisé un cours précongrès sur la méthode Röst pour le traitement des douleurs pelviennes, un événement de réseautage en santé des femmes et, lors du congrès, une présentation fort instructive sur l’importance de favoriser la sexualité des personnes à mobilité réduite. Des membres de notre comité directeur ont collaboré avec la division orthopédie pour offrir aux spécialistes de cette discipline des conseils en santé pelvienne, et certaines ont assisté au congrès annuel de l’International Continence Society, à Montréal, pour faire le plein de conseils cliniques pour nos membres (voir leurs trouvailles dans notre bulletin de l’automne 2015).

Notre division ne fait pas qu’aider les cliniciens : elle appuie aussi les chercheurs par l’octroi d’une subvention de recherche en santé des femmes. Sont admissibles à cette subvention les études de faisabilité et les projets pilotes en physiothérapie pour femmes dans une foule de domaines de pratique. Félicitations à la gagnante de 2015, Sandra Webber, qui se penchera sur le maintien de la densité osseuse chez les femmes en périménopause.

Pour en savoir plus sur la division santé des femmes, écrivez à [email protected] ou devenez membre dès cette année.

http://physiotherapy.ca/Divisions/Womens-Health

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PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016 39

lorsqu'ils sont adressés à un médecin spécialisé dans le traitement post-AVC

Il y a de nombreux médecins spécialisés dans le traitement post-AVC dans tout leCanada et il est possible d’en trouver un à l’adresse www.beyondstroke.ca/fr/Locator/.Mais les patients ne le sauront pas à moins que vous ne leur donniez un formulairede demande de consultation à apporter à leur médecin de famille.

APC61PD14

Télécharger le formulaire de demande de consultation sur le site www.beyondstroke.ca/HCPreferral/

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40 PRATIQUE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE | PRINTEMPS 2016