GESTIONRUBRIQUE

| 41V12N5 |

INNOVATION OUVERTE innover autrement PAR LISE GALLANT

DEPUIS DE NOMBREUX MOIS, LE MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE, DE L’INNOVATION ET DES EXPORTATIONS (MEIE) TRAVAILLE À DÉVELOPPER UNE FORMATION/ATELIER QUI PERMETTRAIT AUX INDUSTRIELS D’INNOVER EN S’INSPIRANT DES PRINCIPES ET DES TECHNOLOGIES DE L’INNOVATION OUVERTE. LE SECTEUR DE LA TRANSFORMATION ALIMENTAIRE, VIA TRANSFORMACTION EN MONTÉRÉGIE, A ÉTÉ LE PREMIER À EXPÉRIMENTER CETTE NOUVELLE APPROCHE. EN EFFET, IL A ACCEPTÉ DE « JOUER LE JEU » LE 24 SEPTEMBRE DERNIER EN PARTICIPANT À UNE JOURNÉE EXPÉRIENTIELLE ORCHESTRÉE AVEC LE MEIE.

A u rendez-vous, plusieurs experts en la matière ont pris la parole pour té-moigner, offrir des pistes de solution,

rapporter et partager des expériences vécues, et inspirer les industriels présents. L’après-midi a été consacré à un atelier qui utilise un concept d’expérimentation par le jeu, une méthode à la fine pointe pour acquérir rapidement des notions liées à l’innovation ouverte. Cet atelier, auquel ont participé une soixantaine de personnes, a fourni des outils

dans le but d’implanter des processus d’inno-vation ouverte et, qui sait, d’inspirer chez plusieurs des pistes de solution et d’actions.

APPRENDRE TOUT EN S’AMUSANT !« L’innovation émerge souvent là où on ne s’y attend pas », dit Patrick Dubé, président de Umvelt, la firme avec laquelle le MEIE a tra-vaillé à mettre au point le fameux jeu. Umvelt est une entreprise spécialisée dans la cocon-ception de stratégies ouvertes d’innovation

technologique et sociale. Le jeu de socié-té qu’elle a créé se présente comme bien d’autres, avec des pions, des cartes, de la monnaie et des jetons. Il réunit autour d’une même table quelques joueurs. Chaque par-ticipant joue un rôle précis en personnifiant le chef d’une entreprise fictive. Comme dans la vraie vie, chaque entreprise a des en-jeux à affronter, des intérêts à défendre et des stratégies à développer pour demeurer concurrentielle et gagner du terrain.

© L

ISE

GALL

ANT

GESTIONRUBRIQUE

42 | | V12N5

Le but est d’amener les participants à connaître et à comprendre les leviers et les outils de l’innovation ouverte, et à en décou-vrir les bénéfices pour mieux faire face aux nombreux enjeux. L’innovation « ouverte », une approche qui germe depuis les années 1970, en comparaison à l’innovation tra-ditionnelle « fermée », veut rapprocher les entreprises et les encourager à partager et à travailler ensemble pour innover. C’est d’ailleurs depuis cette époque que nous avons assisté à la création de technopoles, de grappes, de consortiums et d’autres formes de regroupements par centres d’intérêt.

DU CONCEPT À LA PRATIQUE L’innovation a sa propre définition, mais la dimension ouverte implique que les idées d’innovation peuvent être élaborées en dehors du giron traditionnel, très souvent au sein des départements de R et D et de marketing. On peut distinguer deux moda-lités utiles à l’entreprise : de l’extérieur vers l’intérieur (outside-in), laquelle vise à trou-ver des connaissances, des méthodes ou des technologies à l'extérieur de l'entreprise pour enrichir ses propres processus d'innovation à l’interne, et de l’extérieur (inside-out), qui vise à mieux valoriser sa propriété intellec-tuelle à l'extérieur, la plupart du temps sous forme de licences. Pour les entreprises de transformation alimentaire, la recherche pour mieux comprendre le consommateur s’ajoute à celle pour acquérir des connais-sances pour innover. Les outils ou leviers d’innovation ouverte représentent la clé. Le processus d’innovation ouverte n’est pas en opposition avec l’innovation fermée ; il implique seulement que l’entreprise doit développer un savoir-faire qui lui est propre en adaptant les processus à sa réalité. De l’interne comme de l’externe, il faut déve-lopper de nouveaux usages pour les mêmes technologies ; un partage des connaissances et des expériences s’impose donc.

VALEUR AJOUTÉE IOL’innovation ouverte permet de dévelop-per une certaine agilité dans la création de nouveaux produits ou de nouveaux pro-cessus d’affaires. Elle peut aussi permettre de trouver des solutions à des problèmes indomptables, de rassembler les efforts dé-ployés au sein de l’entreprise pour réduire les coûts, d’augmenter le chiffre d’affaires, de conquérir de nouveaux marchés et surtout de se concentrer ensemble sur l’innovation !

Les consommateurs et les clients sont impliqués dès le début de tout processus d’innovation ouverte, ce qui résulte en une meilleure compréhension des besoins et par conséquent en la création de meilleurs produits et services adaptés.

Les outils utilisés pour l’innovation ouverte impliquent des connaissances et des coûts très variables. Certaines pratiques sont déjà par ailleurs bien implantées au sein de l’in-dustrie de la transformation agroalimentaire. Les entreprises de diverses tailles peuvent participer à des processus d’innovation ou-verte pourvu que ceux-ci conviennent tant à leurs moyens financiers que contributifs. Comme le mentionnait Charles Crawford, président du Domaine Pinnacle et l’un des conférenciers, « Les entreprises de moins grande taille profitent de la complémen-tarité des connaissances et des expertises

en collaborant ouvertement. » Partager ses moyens, ses connaissances, ses milieux, c’est aussi s’ouvrir à tout un monde de possibili-tés. Pour Sylvain Fournaise, vice-président, sécurité alimentaire et services techniques d’Olymel, il s’est passé quelque chose d’im-portant lorsqu’il a participé à l’atelier jeu. « Je venais de prendre connaissance d’outils nous permettant de repousser les limites de nos propres connaissances à l’interne », dit-il.

VARIATIONS SUR L’INNOVATIONUne centaine d’outils ou leviers ont déjà été expérimentés en innovation ouverte. Qu’il s’agisse de hackathon, de plateformes de collaboration, de living lab, de cercles de codesign, de groupes de discussion, de centres de recherche…, tous ces moyens peuvent profiter aux entreprises désireuses d’innover ouvertement et autrement.

L’INNOVATION « OUVERTE », UNE APPROCHE QUI GERME DEPUIS LES ANNÉES 1970, VEUT RAPPROCHER LES ENTREPRISES ET LES ENCOURAGER À TRAVAILLER ENSEMBLE POUR INNOVER.

ROBERT ROCHON, VICE-PRÉSIDENT, DÉVELOPPEMENT DES AFFAIRES ET PROJETS SPÉCIAUX, ULTIMA

© L

ISE

GALL

ANT

GESTIONRUBRIQUE

44 | | V12N5

Patrick Dubé, président d’Umvelt, seg-mente les outils en quatre grandes classes en fonction de l’étape du cycle d’inno-vation, en référence à une gouvernance hiérarchique ou égalitaire et selon une participation ouverte à tous ou limitée à des partenaires choisis.

1. INTELLIGENCE COLLECTIVE – proposition de solutions grâce à l’expertise d’indivi-dus ou d’organisations que l’entreprise ne connaît pas.

2. COMMUNAUTÉ D’INNOVATION – ouverture totale au sein d’un réseau où chacun peut poser un problème, offrir des solutions et décider lesquelles utiliser.

3. CERCLE D’ÉLITES – les experts définissent le problème et choisissent la meilleure solu-tion. C’est l’entreprise qui est responsable de la mise en place.

4. CONSORTIUM – les membres d’un groupe privé de partenaires complémentaires décident du travail, des coûts à partager, et choisissent les solutions ensemble.

Une chose demeure certaine : utiliser les le-viers d’innovation ouverte induit une culture de collaboration, une façon de faire qui convient particulièrement à la culture de la génération montante et habituée aux réseaux

sociaux et au partage. L’ouverture aux autres et à d’autres façons de faire, ainsi que le partage des connaissances et des savoir-faire résument bien l’esprit de l’innovation ouverte (IO). La nouvelle génération est déjà en mode IO, en mode mondial !

ACCOMPAGNEMENT Le rôle que joue TransformAction, le créneau d’excellence bioalimentaire en Montéré-gie, en est un de courroie de transmission puisque qu’elle encourage les entreprises de l’industrie de la transformation agroa-limentaire québécoise à collaborer entre elles. À ces fins, un soutien financier lié au programme ACCORD est accessible aux entreprises. Vous aussi, vous pourriez jouer le jeu !

Pour mieux comprendre de quoi il en retourne et savoir comment votre entreprise pourrait bénéficier d’un accompagnement adminis-tratif et financier, veuillez communiquer avec Madame Johanne Tanguay, directrice, ou visiter le site www.transform-action.ca

L’INNOVATION OUVERTE SELON HENRY CHESBROUGH

« L’innovation ouverte est l’utilisation de flux de connaissances sortants et entrants pour

accélérer à la fois l’innovation interne (conçue et commercialisée par l’entreprise) et le marché des usages externes de l’innovation (conçu et 

commercialisé par d’autres entreprises). »

Henry CHESBROUGH, Wim VANHAVERBEKE

et Joel WEST. Open Innovation : Researching a New

Paradigm, Oxford, Oxford University Press, 2006, p.1.

L’INNOVATION OUVERTE SELON ROBERT ROCHON,

VICE-PRÉSIDENT DÉVELOPPEMENT DES AFFAIRES, ALIMENTS ULTIMA

« L’innovation ouverte, c’est un partage des processus, un apprentissage des meilleures

pratiques en provenance d’industries différentes qui ont toutes une chose en commun :

le besoin d’innover, pour avancer. »

MARTINE ST-ARNEAULT, DIRECTRICE GÉNÉRALE, SPÉCIALITÉS MB ET PARTICIPANTE - LISE GALLANT, STRATÈGE EN COMMUNICATION / COLLABORATRICE L'ACTUALITÉ ALIMENTAIRE ET ANIMATRICE DE LA TABLE DE JEU - CHRISTIAN SAUVÉ, DIRECTEUR, INNOVATIONS ET NOUVELLES OPPORTUNITÉS D'AFFAIRES, TRANS-HERBE ET PARTICIPANT.

L’OUVERTURE AUX AUTRES ET À D’AUTRES FAÇONS DE FAIRE, AINSI QUE LE PARTAGE DES CONNAISSANCES ET DES SAVOIR-FAIRE RÉSUMENT BIEN L’ESPRIT DE L’INNOVATION OUVERTE (IO). LA NOUVELLE GÉNÉRATION EST DÉJÀ EN MODE IO !

© E

DIKO

M