Insee: inégalités de patrimoine

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  • 8/7/2019 Insee: ingalits de patrimoine

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    PUBLIABLE LE 28 AVRIL 2011 00H00

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    Ingalits de niveau de vie et pauvret de 1996 2008Philippe Lombardo, Nathalie Missgue, ric Seguin, Magda Tomasini*

    Entre 1996 et 2008, les ingalits de niveau de vie voluent peu. Cependant, jusquen 2004,celles-ciserduisaientsousleffetdunehausseplusmarquedesniveauxdeviesitusaubasde la distribution, malgr une hausse concomitante du poids du haut de la distribution.Depuis 2004, elles ont plutt tendance augmenter en raison dune hausse du poids du haut

    de la distribution, principalement sous leffet de la dynamique des revenus du patrimoinedont disposent les personnes les plus aises. De 1996 2008, le niveau de vie desnon-salaris augmente plus vite que celui des salaris. Mais dune anne lautre son volu-tion est plus erratique. Le niveau de vie des ouvriers augmente plus rgulirement que celuides autres salaris. De toutes les configurations familiales, les couples avec trois enfants ouplus sont celles pour lesquelles le niveau de vie augmente le plus.Letauxdepauvretmontaireatteint13%en2008.Ilestenreculde1,5pointparrapport1996, la baisse portant surtout sur la priode 1997- 2001. Les personnes au chmage sont deplus en plus exposes au risque de pauvret et le rle protecteur de lemploi contre lapauvret se renforce. Les personnes vivant dans des familles nombreuses avec deux parentssont de moins en moins pauvres. linverse, la pauvret des familles monoparentales

    saccrot.

    En2008,leniveaudeviemdiandespersonnesvivantdansunmnageenFrancemtro-politaine slve 19 000 par an, soit 1 580 par mois selon lenqute Revenus fiscaux etsociaux (ERFS). Les 10 % des personnes les plus modestes ont un niveau de vie infrieur 10 520 annuels (1er dcile ou D1), en hausse de 2,2 % en euros constants par rapport 2007. Les 10 % les plus aises disposent dun niveau de vie suprieur 35 550 (9e dcileou D9), en hausse galement mais un rythme moindre (+ 2,0 %). La principale mesure dela dispersion, qui rapporte le niveau de vie plancher des personnes les plus aises (D9) auniveau de vie plafond des personnes les plus modestes (D1), reste stable de 2007 2008.Cest sur longuepriode seulementque lvolution des ingalits peut sobserver. La mise encohrence des anciennes enqutes Revenus fiscaux entre 1996 et 2004 et des enqutesRevenus fiscaux et sociaux (ERFS) depuis 2005 amliore lanalyse des volutions des inga-lits et de la pauvret entre 1996 et 2008. Les revenus sont en effet plus complets, du faitdune meilleure couverture des revenus financiers et dune connaissance plus prcise desprestations sociales.

    Lvolution du niveau de vie et de la pauvret dpend de diffrents facteurs : conomi-ques (croissance, activit), mais aussi dmographiques, tels que lge et la gnration

    (encadr).

    Vue densemble - Ingalits de niveau de vie et pauvret de 1996 2008 9

    * Philippe Lombardo, Nathalie Missgue, ric Seguin, Magda Tomasini, Insee.

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    Rduction des carts de niveaux de vie entre le bas et le milieu de ladistribution de 1996 2004

    Tout au long de la priode 1996-2008, la dispersion des niveaux de vie mesure par le

    rapport entre le niveau de vie plancher des 10 % des personnes les plus aises et le niveauplafond des 10 % des personnes les plus modestes volue peu : ce rapport oscille entre 3,3et 3,5 (figure 1). Deux priodes peuvent tre distingues : entre 1996 et 2001, le rapportfluctue entre 3,4 et3,5 puis, partir de2002, il varie entre 3,3 et3,4. Ladispersionde lamoitisuprieure de la distribution est relativement stable : le rapport entre le neuvime dcile deniveau de vie et le niveau de vie mdian vaut 1,9 durant toute la priode.

    Les indicateurs de mesure des ingalits fonds sur les rapports entre les dciles nemontrent pas dvolution notable mais ils ne rendent pas compte des tendances aux extrmi-ts de cette distribution. Les volutions des niveaux de vie moyens des dix groupes de

    mnages, de taille gale, dlimits par les neuf dciles apportent un clairage complmen-taire la mesure des ingalits. Ainsi, le poids des mnages disposant dun niveau de viesuprieur au dernier dcile augmente, gagnant deux points de 1996 2008 sous leffet notam-ment de la dynamique des revenus du patrimoine durant lensemble de la priode. La concen-tration des niveaux de vie augmente globalement comme lindique le coefficient de Gini quipasse de 0,279 en 1996 0,289 en 2008.

    De 1996 2004, laugmentation du poids des hauts revenus saccompagnait duneaugmentation de celui des niveaux de vie les plus modestes. Aussi la part des niveaux de viedtenue par les groupes de niveau de vie intermdiaires diminuait : celle des personnessitues au-del du deuxime dcile et en de du huitime perdait un point entre 1996 et

    2004. La tendance la baisse des ingalits entre 1996 et 2004 sapparente ainsi un rappro-chement des niveaux de vie entre les groupes intermdiaires et le groupe des mnages les plusmodestes, tandis que la part dtenue par les 10 % des personnes les plus aises augmentait.Les ingalits entre les extrmits de la distribution voluaient faiblement : le rapport entre lamasse des niveaux de vie dtenue par les 20 % les plus aiss et celle dtenue par les 20 % lesplus modestes passait de 4,1 4.

    10 Les revenus et le patrimoine des mnages, dition 2011

    1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

    Niveau de vie en eurosD5 (mdian) 16 090 16 100 16 440 16 680 16 980 17 400 17 860 17 810 17 730 18 020 18 280 18 670 18 990

    Indicateurs dingalitD9/D1 3,5 3,5 3,4 3,4 3,5 3,4 3,4 3,4 3,3 3,3 3,4 3,4 3,4

    D9/D5 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9

    D5/D1 1,9 1,9 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8

    S20 (%) 9,0 9,0 9,2 9,1 9,1 9,1 9,3 9,3 9,3 9,1 9,0 9,0 9,0

    S50 (%) 31,1 31,0 31,2 30,9 30,8 30,8 31,1 31,2 31,2 31,0 30,7 30,7 30,9

    S80 (%) 63,0 63,0 63,0 62,3 62,0 62,1 62,3 62,4 62,4 62,1 61,6 61,8 61,7

    (100-S80)/S20 4,1 4,1 4,0 4,1 4,2 4,2 4,1 4,0 4,0 4,2 4,3 4,2 4,3

    Indice de Gini 0,279 0,279 0,276 0,284 0,286 0,286 0,281 0,280 0,281 0,286 0,291 0,289 0,289

    1. Niveau de vie annuel en euros 2008 et indicateurs dingalit de 1996 2008

    Champ : Francemtropolitaine,personnes vivantdansun mnagedontle revenudclarau fisc estpositif ounul etdont lapersonne derfrence nestpas tudiante.

    Lecture : en 2008, la moiti des personnes disposent dun niveau de vie annuel infrieur 18 990 euros. Le rapport entre le niveau de vie plancher des 10 % des

    personnes les plus aises et le niveau de vie plafond des 10 % les plus modestes slve 3,4. Les 20 % les plus modestes ont 9 % de la masse des niveaux de vie

    (S20). Les 20 % lesplusaises ont38,3 % de la masse des niveaux de vie(100 S80). Lindice de Gini permet demesurerle degr dingalit dela distributiondes

    revenus pour une population donne. Il varie entre 0 et 1, la valeur 0 correspondant lgalit parfaite (tout le monde a le mme revenu), la valeur 1 lingalit

    extrme (une personne a tout le revenu, les autres nayant rien).

    Sources : Insee ; DGI, enqutes Revenus fiscaux et sociaux rtropoles 1996 2004 - Insee ; DGFiP ; Cnaf ; Cnav ; CCMSA, enqutes Revenus fiscaux et sociaux 2005 2008.

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    Depuis 2004, une tendance laugmentation des ingalits par le haut

    Depuis2004, lesniveaux de viedespersonnes lesplus modestes cessent daugmenter plusrapidement que les niveaux de vie intermdiaires alors que ceux des plus aises continuent

    leur progression, si bien que le rapport entre la masse des niveaux de vie dtenue par les 20 %les plus aiss et celle dtenue par les 20 % les plus modestes augmente de 4 4,3. Cette plusforte progression du niveau de vie dans le haut de la distribution est lie une forte hausse desrevenus [Solard, 2010], en particulier des revenus du patrimoine, qui sont fortement concen-trs chez les personnes les plus aises. Ainsi, de 2004 2008, les revenus du patrimoine parunit de consommation du dernier dcile augmentent de 11 % par an en moyenne, expliquantla quasi-totalit de laccroissement spcifique de leur niveau de vie.

    Le niveau de vie mdian des retraits augmente au mme rythme que celui

    des actifs depuis 2004Le niveau de vie mdian des personnes actives au sens du BIT (personnes en emploi et

    chmeurs) augmente plus vite que celui des personnes inactives de 1996 2008 (+ 1,4 % enmoyenne par an et en euros constants contre + 1,1 % ; figure 2). Les personnes en emploivoient leur niveau de vie augmenter un rythme comparable celui des chmeurs sur lapriode (+ 1,3 % en moyenne par an, contre + 1,2 %). Le niveau de vie de lensemble despersonnes actives augmente plus vite que chacune de ses composantes, dans la mesure o lapart des chmeurs parmi les actifs se rduit au cours de la priode. Si la situation en termesdemploi ne semble pas dterminante au dbut de la priode (1996-2002) pendant laquelle letaux de chmage se rduit et lemploi total saccrot (figure 3), elle lest ces quatre dernires

    annes. En effet, le niveau de vie des personnes en emploi progresse nettement plus vite quecelui des chmeurs depuis 2004 (+ 1,4 % en moyenne annuelle, contre + 0,8 %).

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    1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008

    Actifs gs de 15 ans ou plus

    Personnes en emploiChmeurs

    Inactifs gs de 15 ans ou plus

    Retraits

    Ensemble

    indice base 100 en 1996, en euros constants

    2.volutionduniveaudeviemdiansuivantla situation sur le march du travail

    Champ : France mtropolitaine, personnes vivant dans un mnage dont le revenu

    dclaraufiscestpositif ounul etdont lapersonnede rfrencenestpastudiante.

    Lecture : de 1996 2008, le niveau de vie mdian des personnes en emploi

    augmente de 16,7 %, soit une progression de 1,3 % en moyenne par an.

    Sources : Insee ; DGI, enqutes Revenus fiscaux et sociaux rtropoles

    1996 2004 - I nsee ; DGFiP ; Cnaf ; Cnav ; CCMSA, enqutes Revenus fiscaux et

    sociaux 2005 2008.

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    115Taux de chmage au sens du BIT Emploi total

    en % indice base 100 en 1996

    08p

    3. volution du taux de chmageet de lemploi total

    Champ : France mtropolitaine au lieu de travail, donnes brutes.

    Source : Insee, estimations demploi localises et enqutes Emploi.

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    De 1996 2008, le niveau de vie mdian des retraits augmente globalement moins viteque celui des actifs (+ 1,0 % et + 1,4 %). Cependant, les nouveaux retraits peroivent gnra-lement des pensions plus lves que celles des gnrations prcdentes en particulier enraisonde carrires plus longues [Drees, 2010]. Aussi, depuis 2004, la croissance du niveau de

    vie mdian des retraits est plus soutenue quen dbut de priode et devient comparable celle des actifs (respectivement + 1,7 % et + 1,6 %).

    Le niveau de vie mdian des ouvriers volue plus favorablement que celuides autres salaris

    De toutes les catgories socioprofessionnelles, c'est pour les personnes exerant unemploi non-salari que lvolution du niveau de vie mdian est la plus favorable : + 2,0 %contre + 1,4 % pour lensemble des salaris (figure 4). Les volutions annuelles de niveau de

    vie des non-salaris sont cependant beaucoup plus erratiques que celles des salaris. Ellesrefltent le caractre plus incertain et volatil du revenu que les non-salaris peuvent dgagerde leur travail dune anne lautre [Amar et alii, 2009]. Les ingalits demeurent nettementplus fortes chez les non-salaris que chez les salaris. En 2008, le rapport interdcile (D9/D1)slve 6 pour les non-salaris (5,8 en 1996). Ce rapport est deux fois moindre pourlensemble des salaris en 2008. Lvolution du niveau de vie mdian des non-salaris, plusfavorable que celle des salaris pendant la priode, masque une tendance laccroissementdes ingalits chez les non-salaris, alors quelles tendent se rduire chez les salaris, enparticulier jusquen 2004.

    Au sein des salaris, les cadres suprieurs et les professions intermdiaires voient leurniveau de vie mdian augmenter entre 1996 et 2008 de manire relativement modeste(respectivement + 0,5 % et + 0,7 % par an en moyenne). Lvolution du niveau de vie mdianapparat relativement proche pour ces deux catgories de salaris, hormis en 2003 et 2004 ole niveau de vie mdian des cadres baisse plus que celui des professions intermdiaires. Lesrevenus salariauxperuspar lescadres, en particulier dans le priv, sont en effet plus sensibles la conjoncture que ceux des autres salaris : leur rmunration comprend une composanteplus importante lie lactivit et auxrsultatsde lentreprise (primes dintressement, partici-pation salariale, bonus, etc.). Les salaires des cadres ont en effet stagn et mme recul quandla conjoncture du march du travail sest dgrade en 2003 et 2004 ; ils sont redevenusdynamiques (du moins jusquen 2007) quand elle sest amliore.

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    1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008

    Cadres suprieurs Professions intermdiaires

    Employs Ouvriers

    Ensemble des salaris Non-salaris

    indice base 100 en 1996, en euros constants4. volution du niveau de vie mdiandes salaris et des non-salaris

    Champ : France mtropolitaine, personnes vivant dans un

    mnage dont le revenu dclar au fisc est positif ou nul et dont la

    personne de rfrence nest pas tudiante.

    Lecture : de 1996 2008, le niveau de vie mdian des ouvriers

    augmente de 20,8 %, soit une progression de 1,6 % en moyenne

    par an.

    Sources : Insee ; DGI, enqutes Revenus fiscaux et sociaux

    rtropoles 1996 2004 - Insee ; DGFiP ; Cnaf ; Cnav ; CCMSA,

    enqutes Revenus fiscaux et sociaux 2005 2008.

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    Entre 1996 et 2008, seuls les ouvriers, et dans une moindre mesure les employs, bnfi-cient de gains de niveau de vie relativement significatifs, avec une augmentation du niveau devie mdian de + 1,6 % par an en moyenne (+ 1,2 % pour les employs). Le niveau de viemdian des ouvriers augmente plus rgulirement que celui des autres salaris sur la priode.

    Les hausses du Smic tout au long de la priode contribuent la rgularit de cette augmenta-tion. En particulier, les revalorisations du Smic horaire brut particulirement soutenues en2004 et 2005 (+ 5,6 % et + 5,7 %) ont d concourir laugmentation du niveau de vie desouvriers. Deux autres facteurs ont contribu la croissance du salaire moyen des ouvriers etdonc de leur niveau de vie. Tout dabord, la qualification moyenne des ouvriers a augment.En outre, lorsque les effectifs se sont rduits, le repli de lemploi ouvrier sest souvent fait audtriment des derniers embauchs, cest--dire les plus jeunes et les moins bien rmunrs[Insee, 2008].

    Un accroissement plus important du niveau de vie des personnes vivant dansdes familles nombreuses

    Le niveau de vie mdian des personnes vivant seules, comme celui des familles mono-parentales, augmente moins vite que pour lensemble de la population au cours de la priode(respectivement de + 0,9 % et + 0,7 % par an en moyenne et en euros constants, contre+ 1,4 % - figure 5). Le niveau de vie mdian des personnes seules naugmente que modr-ment jusquen 2002 (+ 0,8 % en moyenne par an) mais crot un rythme nettement plus soute-nu depuis 2004 (+ 1,9 %).

    Acontrario, les familles monoparentales connaissent une volution plus favorable de leurniveau de vie mdian en dbut de priode (+ 1,4 % en moyenne annuelle entre 1996 et 2002)quesurlapriodelaplusrcenteaucoursdelaquelleleurniveaudeviebaissetrslgrementen euros constant ( 0,1 % par an entre 2004 et 2008), volution qui reflte cependant unealternance de baisses et de hausses selon les annes. En dbut de priode, ces familles bnfi-cient de mesures de politique familiale plus avantageuses (voir ci-dessous) et de la hausse duniveau de vie des salaris quand le parent travaille (deux tiers des cas). En effet, le niveau devie mdian de lensemble des personnes salaries augmente plus fortement en dbut depriode (+ 2 % par an en moyenne) que depuis 2004 (+ 1,5 %). Par ailleurs, les variationsannuellesde niveaude viedes familles monoparentales sont plus heurtes quecellesaffectantles autres configurations familiales. Avec moins dapporteurs de ressources dans le foyer etcomposes en majorit de femmes levant seules leurs enfants, ces familles se trouvent

    souvent dans une situation moins favorable sur le march du travail. En effet, les mres levantseules leurs enfants ont plus frquemment des emplois plus instables et moins bien rmunrs[Chardon, Daguet et Vivas, 2008]. Ceci peut sexpliquer en partie par la plus grande difficultpour cespersonnes concilier vieprofessionnelleet vie familiale, en particulier pour articulergarde des enfants et travail.

    Lespersonnesvivanten coupleavec au plus deux enfants, connaissent uneprogression deleur niveau de vie mdian proche de lvolution densemble pendant toute la priode(+ 1,4 % par an en moyenne ; figure 5) . Cependant, les dynamiques diffrent selon la priodeet le type de famille. Le niveau de vie des personnes en couple sans enfant augmente unrythme soutenu jusquen 2002 avant de ralentir partir de 2004 (respectivement + 2,1 % et

    + 1,4 %). Pour les familles avec deux enfants, cest en revanche lvolution inverse qui estobserve. Les familles nombreuses bnficient par ailleurs des gains de niveau de vie les pluslevs, avec une augmentation annuelle moyenne de + 2,1 % entre 1996 et 2008. Lesmesures de politique familiale mises en place entre 1996 et 2008 pour soutenir le niveau devie des familles, en particulier les plus modestes, ont jou un rle important. Ainsi, en 1998,lge limite deversement des prestations familiales passe de 18 19 ans. En2000, il est report

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    de 20 21 ans pour louverture du droit au complment familial, prestation destination desfamilles nombreuses. De plus, en juillet 2003, une allocation forfaitaire, versependant un anaux familles dau moins trois enfants, est cre pour chaque enfant ouvrant droit aux alloca-tions familiales qui atteint lge de 20 ans. Du ct des aides au logement, lge limite de priseen compte des enfants charge est galement report de 20 21 ans en 2000 et un barmeunique est mis en place dans le secteur locatif en 2001, avec pour consquence une revalori-

    sation globale de laide au logement.

    Recul de la pauvret montaire entre 1996 et 2008

    Letauxdepauvretmontaireesthabituellementdfinicommelaproportiondeperson-nes ayant un niveau de vie infrieur un certain montant, appel seuil de pauvret et dfiniici 60 % du niveau de vie mdian. En 2008, il slve 949 mensuels. La pauvret reculede 1996 2008 et touche dsormais 13 % de la population contre 14,5 % en dbut depriode (figure 6). La baisse porte surtout sur le dbut de la priode, marqu par une forte

    dcrue du chmage de 1997 2001. Depuis 2002, la pauvret se stabilise autour de 13 % et

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    1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008

    Personnes seules Familles monoparentales

    Ensemble

    indice base 100 en 1996, en euros constants

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    1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008

    Couples sans enfant Couples avec 1 enfantCouples avec 2 enfants Couples avec 3 enfants ou +Ensemble

    5. volution du niveau de vie mdian selon la configuration familiale du mnage

    Champ :Francemtropolitaine,personnesvivantdansun mnagedontle revenudclarau fiscestpositifou nulet dontla personnede rfrencenest pastudiante.Lecture : de 1996 2008, le niveau devie mdian des personnes vivant seulesaugmentede 11,3 %, soit une progression de0,9 % en moyenne paran ; sur cette mme

    priode,leniveaudeviemdiandespersonnesvivantau seinde couplesavec3 enfantsouplusaugmentede28,4%, soituneprogressionde2,1% enmoyenneparan.

    Sources : Insee ; DGI, enqutes Revenus fiscaux et sociaux rtropoles 1996 2004 - Insee ; DGFiP ; Cnaf ; Cnav ; CCMSA, enqutes Revenus fiscaux et sociaux 2005 2008.

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    en %

    Taux de chmage

    Taux de pauvret 60 %

    Intensit de la pauvret

    6. Pauvret, intensit de la pauvretet chmage

    Champs : France mtropolitaine, personnes vivant dans un

    mnage dont le revenu dclar au fisc est positif ou nul et dont

    la personne de rfrence nest pas tudiante ; personnes de

    15 ans et plus (taux de chmage).

    Sources : Insee, enqutes Emploi (calculs Insee) - Insee ; DGI,

    enqutesRevenus fiscaux et sociaux rtropoles 1996 2004-

    Insee ; DGFiP ; Cnaf ; Cnav ; CCMSA,enqutesRevenus fiscaux

    et sociaux 2005 2008.

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    les fluctuations observes ne sont pas dune ampleur suffisante pour conclure un mouve-ment particulier. En effet, la mesure du taux de pauvret comporte une marge dincertitude delordre de 0,5 point dans lERFS.

    En revanche, lintensit de la pauvret (mesure par lcart relatif entre le niveau de vie

    mdian des personnes pauvres et le seuil de pauvret) sest accentue depuis 2002, aprs unepriode de dcrue quasiment continue. Au cours de cette priode, les ressources des person-nes pauvres augmentent moins vite que le seuil de pauvret. Lintensit de la pauvret atteint18,8 % en 2005, et oscille ensuite aux alentours de 18,2 %. Lintensit de la pauvret en 2008de 18,5 % correspond un niveau de vie mdian des personnes pauvres de 773 par mois.Lintensification de la pauvret concide avec le rebond du nombre dallocataires du RMIobserv entre 2001 et 2005 [Cazain et alii, 2008], en cho la hausse du taux de chmage.Avec un plafond du RMI en2008 de448 mensuels pour une personne seule et de 806 pourun couple avec un enfant, les personnes allocataires de ce minimum social tout au long delanne sont toutes en situation de pauvret montaire, avec un niveau de vie infrieur au

    niveau de vie mdian de la population pauvre.Au total, lamlioration du march du travail observe entre 2006 et 2008 ne sest pastraduite par une baisse de la pauvret ni de son intensit.

    Les chmeurs sont de plus en plus exposs la pauvret

    Le taux de pauvret des chmeurs est 2,8 fois plus lev que celui de lensemble de lapopulation en 2008 contre 2,4 fois en 1996 (figure 7). Il se stabilise entre 1996 et 2008,autour de 35 %, tandis que celui de lensemble de la population diminue. Cest surtout partir de 2002 que la situation montaire des chmeurs se dgrade relativement celle de lapopulation globale, paralllement laugmentation du chmage et du nombre dallocatai-res du RMI. En effet, la morosit du march du travail a entran une augmentation dunombre de chmeurs ayant puis leurs droits lassurance chmage, dans un contexte ola rforme de lassurance chmage a raccourci les dures dindemnisation. La seulecatgorie dont le taux de pauvret augmente entre 1996 et 2008, pour atteindre 29,5 %, estcelle des personnes inactives qui ne sont ni tudiantes ni retraites. Cela se traduit par untaux de pauvret 2,3 fois plus lev en 2008 que celui de lensemble de la population, contre1,6 fois en 1996.

    Vue densemble - Ingalits de niveau de vie et pauvret de 1996 2008 15

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    Autres inactifs

    Ensemble

    Retraits

    Actifs occups

    en %

    Chmeurs

    7. Taux de pauvret suivant la situationsur le march du travail

    Champ : France mtropolitaine, personnes vivant dans un mnage

    dont le revenudclarau fisc estpositifou nulet dont la personnede

    rfrence nest pas tudiante.

    Sources : Insee ; DGI, enqutes Revenus fiscaux et sociaux

    rtropoles 1996 2004 - Insee ; DGFiP ; Cnaf ; Cnav ; CCMSA,

    enqutes Revenus fiscaux et sociaux 2005 2008.

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    Les personnes retraites ou en emploi sont moins souvent exposes la pauvret. La situa-tion des personnes en emploi samliore lgrement : le rapport entre leur taux de pauvret etle taux de pauvret de lensemble de la population est mme en diminution (de 0,63 0,57).En revanche, le taux de pauvret des retraits, comparable celui des personnes en emploi en

    1996 (9,6 % contre 9,2 %), sen carte par la suite pour se rapprocher de celui de lensemblede la population, passant des deux tiers aux trois quarts de celui-ci. Le taux de pauvret desretraits augmente ainsi partir de 2004, aprs deux annes de diminution.

    Lemploi reste le meilleur rempart contre la pauvret, et son rle protecteur se renforcemme puisque le taux de pauvret des personnes en emploi diminue plus rapidement quecelui de lensemble de la population entre 1996 et 2008. Toutefois, depuis 2004, son volu-tion est assez similaire celle de lensemble de la population. Le taux de pauvret des person-nes enemploi slve 7,4 % en2008, niveauquivalent celui de2004, maisnettement plusfaible quen 1996 (9,2 %).

    La pauvret diminue seulement pour les personnes en couple, avec ousans enfant

    La pauvret des personnes vivant au sein de couples, avec ou sans enfant, diminue plusrapidement que pour lensemble de la population (figure 8). Le recul le plus importantconcerne les familles nombreuses et les familles avec deux enfants. Malgr une forte baisse( 8 points entre 1996 et 2008), sous leffet notamment des mesures de politique familiale, letaux de pauvret des personnes vivant en couple avec trois enfants ou plus reste cependantsuprieur celui de lensemble de la population (19,7 % contre 13,0 %). Le taux de pauvretdes couples avec deux enfants samliore par rapport celui de lensemble de la populationen passant de 11,8 % 8,6 %. La diminution de la pauvret des personnes vivant en couplesans enfant est un peu plus rapide que celle de lensemble de la population. Celle des person-nes en couple avec un enfant volue peu prs comme lensemble de la population. Leur tauxde pauvret est peine plus lev que celui des personnes en couple sans enfant.

    16 Les revenus et le patrimoine des mnages, dition 2011

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    Personne seule

    Famille monoparentale avec 1 ou 2 enfantsFamille monoparentale avec 3 enfants ou +

    Ensemble

    en %

    8. volution de la pauvret selon la configuration familiale du mnage

    Champ : Francemtropolitaine,personnesvivantdans unmnagedontle revenudclarau fisc estpositifou nulet dontla personnede rfrencenestpastudiante.

    Sources : Insee ; DGI, enqutes Revenus fiscaux et sociaux rtropoles 1996 2004 - Insee ; DGFiP ; Cnaf ; Cnav ; CCMSA, enqutes Revenus fiscaux et sociaux 2005 2008.

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    Augmentation de la pauvret dans les familles monoparentales

    Le taux de pauvret des familles monoparentales saccrot entre 1996 et 2008 (figure 8).Cettehaussesobservesurtoutsurlapriode2004-2008,durantlaquelleilaugmentede4points

    (passant de 26 30 %). La pauvret augmente particulirement pour les familles monoparenta-les nombreuses (19 % des familles monoparentales).En2008, 53,7% des personnes vivantdansdes familles monoparentales avec trois enfants ou plus sont pauvres, contre 35,9 % en 2004 et44,7 % en1996.Pourtant, lapart desparents decesfamillesmonoparentalesnombreusesayant unemploiaaugment,surtoutentre1996et2004,oelleestpassede 52,6 %56,2%.Elleeststabledepuis 2004. De mme, le taux de chmage recule de 17,6 % 10,8 % entre 1996 et 2008. Maisces amliorations sont contrebalances par une augmentation de la part des inactifs non retraits(de 17,2 % 25,8 %), catgorie la plus expose la pauvret.

    Dans les familles monoparentales comptant un ou deux enfants, la part des parents enemploi est plus leve et augmente entre 1996 et 2008, et plus particulirement pendant lapriode 2004 - 2008 passant de 62,8 % 64,6 %. Mais celle des parents inactifs (hors retraits)augmente aussi de 7,1 % 10,3% entre 1996 et 2008, ce qui semble correspondre un retraitdumarch du travail puisque la part des personnes au chmage recule sur cette mmepriodede 3,9 points pour atteindre 8,4 %. Au total, 258 000 parents des familles monoparentales nesont plus sur le march du travail en 2008 contre 129 000 en 1996.

    Des effets de structure lis lge ou la situation des personnes sur le march du travailpeuvent influencer lesvolutions vis--vis de la pauvret. Lorsquonlimine ces effets, les effetsspcifiques de la configuration familiale voluent au fil des annes. Ainsi, ge et situation surle march du travail de la personne de rfrence du mnage identiques, la probabilit dtrepauvrepour unepersonne vivant dans une famille monoparentale nombreuseest suprieure de26,2 points en 1996 et de 32 points en 2008 celle dune personne en couple sans enfant

    (figure 9). Cet effet spcifique diminue en revanche pour les personnes vivant dans des famillesnombreuses biparentales : il passe de + 12,8 points en 1996 + 7,7 points en 2008.

    Vue densemble - Ingalits de niveau de vie et pauvret de 1996 2008 17

    1996 2000 2008

    Probabilit de la situation de rfrence (en %) 6,30 6,10 7,00

    Effets marginaux (en point)1

    geMoins de 24 ans 1,8 2,2 2,9De 25 29 ans n.s. n.s. n.s.De 30 39 ans 1,3 0,6 n.s. De 40 49 ans Rf.De 50 59 ans n.s. n.s. 1,060 ans ou plus 2,8 2,6 3,9

    Type de mnagePersonne isole 6,6 7,2 7,7Famille monoparentale avec 1 ou 2 enfants 10,2 10,8 10,3Famille monoparentale nombreuse 26,2 27,1 32,0Couple sans enfant Rf.Couple avec 1 enfant n.s. n.s. 1,2Couple avec 2 enfants 1,7 1,1 0,8Famille nombreuse biparentale 12,8 9,2 7,7

    ActivitChmeur 16,5 16,1 19,6

    En emploi Rf.Inactif 5,3 5,6 7,9

    9. Influence de caractristiques sociodmographiques sur le risque de pauvret

    1. Seules les valeurs significatives au seuil de 5 % sont indiques.

    Champ : Francemtropolitaine,personnesvivant dansunmnagedont lerevenu dclar aufiscestpositifou nulet dont lapersonne derfrence nestpas tudiante.

    Lecture : lasituation derfrenceestcelle dunepersonne ge de40 49ans vivanten couplesans enfantet occupant unemploi. Dans lasituation derfrence, la

    probabilit dtre pauvre en 1996 slve 6,3 %. Les personnes de moins de 24 ans en couple et en emploi ont une probabilit dtre pauvre suprieure de

    1,8 point celle de la situation de rfrence.

    Sources : Insee ; DGI, enqutes Revenus fiscaux et sociaux rtropoles 1996 et 2000 - Insee ; DGFiP ; Cnaf ; Cnav ; CCMSA, enqutes Revenus fiscaux et sociaux 2008.

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    et pour les personnes vivant seules

    Les personnes vivant seules sont davantage touches par la pauvret en 2008 quen 1996.De plus, les ressources despersonnes isoles pauvres diminuent relativement lensemble de la

    population : lintensit de la pauvret, proche de la moyenne en dbut de priode, sen carte partir du dbut des annes 2000. En 2008, lintensit de la pauvret des personnes isolesslve 20,4 %. Les volutions de lintensit de la pauvret selon la configuration familiale sontassez heurtes mais certains faits saillants peuvent tre mis en vidence. Lintensit de la pauvretdes personnes vivant dans des mnages forms par un couple, sans enfant ou avec 2 enfants ouplus, est moins leve. linverse, les familles monoparentales, dj plus touches par la pauvre-t, connaissent une pauvret plus intense. Enfin, les personnes vivant en couple avec un enfant,quoique moinsexposes lapauvret,connaissentuneintensitdepauvret importante. n

    18 Les revenus et le patrimoine des mnages, dition 2011

    Encadr

    Influence de la gnration sur le niveau de vie et la pauvret

    La nouvelle srie rtropole des enqutes Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) permet dedisposer des donnes de niveau de vie et de taux de pauvret comparables pour tous lesindividus de 1996 2008. Cet encadr actualise ainsi des donnes publies prcdem-ment sur le niveaude vie [Lelivre, Sautory etPujol, 2010] et la pauvret [Legris et Lollivier,1996]. Le niveau de vie des individus dpend entre autres dlments temporels tels queleur ge ou la date de lenqute, mais galement de leur gnration. La srie denqutespermet de crer de courts historiques des niveaux de vie et du taux de pauvret pourchaque gnration. Bien que ces donnes ne donnent quune information partielle, car les

    gnrations ne sont pas observes sur lensemble de leur cycle de vie, des diffrencesnotables entre gnrations ressortent.Une forte augmentation des niveaux de vie est visible pour les gnrations nes entre

    les annes 1920 et la fin des annes 1940 (figure 1). Le renouvellement des gnrationssaccompagne dune hausse du niveau de vie. chaque ge donn, une gnration a unniveau de vie suprieur celui de la prcdente du fait des conditions trs favorables sur lemarch du travail leur entre. En revanche, les gnrations daprs-guerre, nes dans lesannes 1950, ont des situations beaucoupplusproches aux mmes ges du fait de la dgra-dation de la situation conomique leur entre sur le march du travail. Le niveau de vieprogresse de nouveau pour les gnrations nes dans les annes 1960-1970, mme si cetteprogression est moins forte que pour les gnrations davant-guerre.

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    en euros 2008

    ge

    1. Niveau de vie par gnration suivant lge moyen de la gnration de 1996 2008

    Champ : Francemtropolitaine,personnesvivantdansun mnagedont le revenudclarau fiscestpositifou nuletdont lapersonnede rfrencenestpastudiante.

    Lecture : les personnes nes entre 1944 et 1948 disposent 59 ans dun niveau de vie moyen de 25 000 euros.

    Sources : Insee ; DGI, enqutes Revenus fiscaux et sociaux rtropoles 1996 2004- Insee ; DGFiP ; Cnaf ; Cnav ; CCMSA, enqutes Revenus fiscauxet sociaux 2005 2008.

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    Vue densemble - Ingalits de niveau de vie et pauvret de 1996 2008 19

    Entre 1996 et 2008, les niveaux de vie progressent diffremment selon les gnrations.Le niveau de vie des personnes nes entre le milieu des annes 1940 et le dbut des annes1980 progresse le plus vite (de 21 % 39 % suivant les gnrations). loppos, celui desgnrations prcdentes naugmente jamais de plus de 16 %.

    Au cours de la priode tudie, ces diffrences peuvent tre surtout attribues laposition des gnrations dans leur cycle de vie. En effet, le niveau de vie crot de faon plussoutenue jusqu 55 ans, avec notamment deux fortes augmentations. La premire, entre20 et 30 ans, est due lentre sur le march du travail, une forte augmentation des salai-res ainsi quaux mises en couple plus frquentes qui accroissent le niveau de vie de faonmcanique par lintermdiaire des conomies dchelle dgages, conomies retracesparlesunitsdeconsommation.Lasecondesesitueaprs45ans;elleestlieaudpartdesenfants et des revenus du patrimoine plus importants.

    Chaqueanne est accompagne dune augmentationduniveaudevie pour tous les ges.

    Cette croissance globale naffecte donc pas le profil par ge. Seule unestabilit entre 2002 et2004 peut tre constate. En corrigeant les donnes par gnration de lvolution moyennedes niveaux de vie entre chaque anne, leffet du cycle de vie apparat nettement pour expli-quer les diffrences dvolutions entre les gnrations au cours de la priode 1996-2008.

    La comparaison des taux de pauvret entre gnrations laisseapparatre desdiffrencesmoins marques que pour les niveaux de vie (figure 2). Ils semblent gnralement assezproches de gnration en gnration. Pour les personnes nes avant la guerre, contraire-ment au niveau de vie moyen qui saccrot trs fortement, les taux de pauvret sont assezproches, mme sil semble exister une lgre diminution de la pauvret pour les personnesnes dans les annes 1920.

    Pour les gnrations nes entre la fin des annes 1940 et le dbut des annes 1960, unebaisse du taux de pauvret plus nette accompagne le renouvellement des gnrations, tandisque lvolution du niveau de vie moyen entre les gnrations montre un ralentissement. Uneplus forte augmentation des premiers dciles de niveau de vie entre les gnrations parrapport la mdiane et au haut de la distribution (9e dcile) explique ces volutions.

    Pour les gnrations nes dans les annes 1970, le nombre de personnes pauvressemble galement diminuer. En particulier, les taux de pauvret des gnrations nes entre1974 et 1983 diffrent fortementauxalentoursde la vingtainedannes.Pendant la priodeconsidre, il sagit de populations trs htrognes. En effet, en 1996, les personnes nesen 1974-1978ont entre 18 et 22 ans ; certaines habitent encore chez leurs parents, dautres

    Encadr (suite)

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    1929-1933

    1924-1928

    1919-1923

    en %

    ge

    2.Tauxdepauvretpargnrationsuivantlgemoyendelagnrationde19962008

    Champ : Francemtropolitaine,personnesvivantdansun mnagedontle revenudclarau fiscestpositifounulet dont lapersonnede rfrencenestpastudiante.

    Lecture : les personnes nes entre 1949 et 1953 prsentent 56 ans un taux de pauvret de 10,2 %.

    Sources : Insee ; DGI, enqutesRevenus fiscauxet sociaux rtropoles1996 2004 - Insee ; DGFiP ; Cnaf ; Cnav; CCMSA,enqutesRevenus fiscauxet sociaux2005 2008.

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    20 Les revenus et le patrimoine des mnages, dition 2011

    ont quitt le domicile parental mais sont toujours tudiantes et dautres sont dj prsentessur le march du travail. Par rapport la gnration suivante, au mme ge, ces personnesdisposent moins frquemment dun logement indpendant. De plus, elles occupent moinssouvent un emploi et se trouvent plus souvent au chmage ou sont toujours tudiantes.Cette situation, en lien avec une conjoncture moins favorable au moment de leur entre surle march du travail que pour la gnration suivante, peut expliquer la forte diffrence detaux de pauvret.

    Le profil par gnration laisse apparatre la forte influence du cycle de vie sur le niveaudu taux de pauvret. La position des gnrations dans leur cycle de vie est dterminante. Letaux de pauvret diminue nettement entre 20 et 30 ans, au moment de lentre sur lemarch du travail et de laugmentation des revenus. Il remonte jusqu 40-50 ans, malgrlaugmentation des revenus, en raison de lagrandissement de la taille des familles. Aprs50 ans, le taux de pauvret diminue nouveau, aprs le dpart des enfants charge et en

    raison de lapport des revenus du patrimoine. Aux ges les plus avancs, le taux de pauvre-t redevientplus important, en raisonde pensions de retraite moins leves que les revenusdu travail et de carrires incompltes pour les gnrations les plus anciennes.

    La gnration dappartenance est donc un facteur important pour expliquer les carts deniveau de vie et de taux de pauvret. Toutefois, ces diffrences sont galement lies la priodeet lge, ce qui en rend lanalyse complexe. Des modles conomtriques peuvent tre misen place pour tenter de les expliquer indpendamment [Lelivre, Sautory et Pujol, 2010].

    Encadr (suite)

    Pour en savoir plus

    Albouy V., Lombardo P. et Tomasini M., Niveaux de vie et activit , Insee Rfrences France,portrait social, dition 2010.Amar M., Attal-Toubert K., Desriers M., Favre F., Flachre M., Frchou H., Guillaumat-Tailliet F. etLe Rey E., Panorama des indpendants : emplois et revenus , Insee Rfrences Les revenus dacti-vit des indpendants, dition 2009.

    Bonnet C., Niveaux de vie : un rattrapage des jeunes gnrations ? , Insee Rfrences Les revenus

    et le patrimoine des mnages, dition 2009.Cazain S., Donn S., Hennion M. et Nauze-Fichet E., Les effectifs du RMI : tendances dvolutionet rpartitions territoriales , RMI, ltat des lieux 1988-2008, ditions La Dcouverte 2008.Chardon O., Daguet F. et Vivas , Les familles monoparentales, des difficults travailler et seloger , Insee Premire n 1195, juin 2008.Lollivier S. et Legris B., Le niveau de vie par gnration , Insee Premire n 423, janvier 1996.Lelivre M., Pujol J. et Sautory O., Niveau de vie par ge et gnration entre 1996 et 2005 , InseeRfrences Les revenus et le patrimoine des mnages, dition 2010.Solard J., Les trs hauts revenus : des diffrences de plus en plus marques entre 2004 et 2007 ,Insee Rfrences Les revenus et le patrimoine des mnages, dition 2010.

    Drees, Les retraits et les retraites en 2008 , Collection tudes et Statistiques, Drees, 2010.Insee, Les grandes volutions structurelles des salaires sur la priode 2001-2006 , Insee Rfren-ces Les salaires en France, dition 2008.Onpes, Rapport de lObservatoire national de la pauvret et de lexclusion sociale, La Documenta-tion franaise, 2009-2010.