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L’association des familles de handicapés lance un cri d’alarme Insieme demande au Canton de créer en urgence plusieurs places en institution C’est un nouveau cri d’alarme qu’a lancé, hier, Insieme, l’association de parents et d’amis de personnes mentalement handicapées. En cause, la pénurie de places en institutions spécialisées. Une situation qui concerne surtout des personnes souffrant d’une déficience intellectuelle présentant des troubles du comportement associé. Une seule place au budget «En juin, avec la fédération genevoise des associations de personnes handicapées (FéGAPH), nous avions déjà déposé au Grand Conseil une pétition munie de plus de 3100 signatures», explique Anne Emery-Torracinta, présidente d’Insieme, regrettant que le Conseil d’Etat n’en ait pas tenu compte lors de l’élaboration du budget 2014. «Alors que nous savons déjà que les besoins pour 2014 se montent à minimum seize places, une seule est prévue, déplore celle qui est aussi candidate socialiste au Conseil d’Etat. Ce n’est pas acceptable dans un canton qui a largement les moyens d’avoir une vraie politique vis-à-vis des personnes en situation de handicap. On crée cent places de détention, on pourrait en prévoir aussi quelques-unes en institutions pour des personnes handicapées.» Difficultés pour les familles Cette pénurie pose de nombreuses difficultés aux familles. L’exemple de Diego, 18 ans, est révélateur de la charge que représente la vie quotidienne avec ces jeunes adultes, souvent ingérables. «Nous avons des problèmes avec les voisins, avec la régie et il devient de plus en plus difficile à maîtriser lorsqu’il est en crise, témoigne le père de Diego. Nous cherchons une place en institution depuis longtemps déjà, mais comme tout est pris, notre fils finit à chaque fois à Belle-Idée, dans des services psychiatriques dépourvus d’accompagnement spécifique.» Notamment parce que le secteur spécialisé (dix-huit lits) est lui aussi complet. «Sans compter qu’hospitaliser des personnes qui ne sont pas malades a un coût pour la société, déplore Anne Emery-Torracinta. Si on avait des places d’urgence, on éviterait ces passages à Belle-Idée, souvent perturbant pour la personne handicapée.» Les parents de Georges, 32 ans, ont aussi connu le va-et-vient de leur fils entre institutions, psychiatrie et leur domicile. «Ce n’est pas facile, ces changements le dépriment», raconte la maman. Aujourd’hui, Georges est en externat, mais dort encore à la maison. «On vieillit et on s’inquiète pour la suite. Va-t-il trouver une structure qui lui convient?» Cette question, qui taraude nombre de parents, justifie d’autant la création de places dans tous les secteurs afin de pouvoir offrir, selon le vœu d’Insieme, une prise en charge adaptée à chaque type de handicap. Isabel Jan-Hess Tribune de Genève – Mercredi 25 septembre 2013 (page 24)

Insieme demande au Canton de créer en urgence plusieurs places en institution

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L’association des familles de handicapés lance un cri d’alarme Insieme demande au Canton de créer en urgence plusieurs places en institution C’est un nouveau cri d’alarme qu’a lancé, hier, Insieme, l’association de parents et d’amis de personnes mentalement handicapées. En cause, la pénurie de places en institutions spécialisées. Une situation qui concerne surtout des personnes souffrant d’une déficience intellectuelle présentant des troubles du comportement associé. Une seule place au budget «En juin, avec la fédération genevoise des associations de personnes handicapées (FéGAPH), nous avions déjà déposé au Grand Conseil une pétition munie de plus de 3100 signatures», explique Anne Emery-Torracinta, présidente d’Insieme, regrettant que le Conseil d’Etat n’en ait pas tenu compte lors de l’élaboration du budget 2014. «Alors que nous savons déjà que les besoins pour 2014 se montent à minimum seize places, une seule est prévue, déplore celle qui est aussi candidate socialiste au Conseil d’Etat. Ce n’est pas acceptable dans un canton qui a largement les moyens d’avoir une vraie politique vis-à-vis des personnes en situation de handicap. On crée cent places de détention, on pourrait en prévoir aussi quelques-unes en institutions pour des personnes handicapées.» Difficultés pour les familles Cette pénurie pose de nombreuses difficultés aux familles. L’exemple de Diego, 18 ans, est révélateur de la charge que représente la vie quotidienne avec ces jeunes adultes, souvent ingérables. «Nous avons des problèmes avec les voisins, avec la régie et il devient de plus en plus difficile à maîtriser lorsqu’il est en crise, témoigne le père de Diego. Nous cherchons une place en institution depuis longtemps déjà, mais comme tout est pris, notre fils finit à chaque fois à Belle-Idée, dans des services psychiatriques dépourvus d’accompagnement spécifique.» Notamment parce que le secteur spécialisé (dix-huit lits) est lui aussi complet. «Sans compter qu’hospitaliser des personnes qui ne sont pas malades a un coût pour la société, déplore Anne Emery-Torracinta. Si on avait des places d’urgence, on éviterait ces passages à Belle-Idée, souvent perturbant pour la personne handicapée.» Les parents de Georges, 32 ans, ont aussi connu le va-et-vient de leur fils entre institutions, psychiatrie et leur domicile. «Ce n’est pas facile, ces changements le dépriment», raconte la maman. Aujourd’hui, Georges est en externat, mais dort encore à la maison. «On vieillit et on s’inquiète pour la suite. Va-t-il trouver une structure qui lui convient?» Cette question, qui taraude nombre de parents, justifie d’autant la création de places dans tous les secteurs afin de pouvoir offrir, selon le vœu d’Insieme, une prise en charge adaptée à chaque type de handicap.

Isabel Jan-Hess Tribune de Genève – Mercredi 25 septembre 2013 (page 24)