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Module Odonates Page 1 INTEGRATION DE LA BIODIVERSITE D'EAU DOUCE DANS LE PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE : MOBILISATION DE L'INFORMATION ET SITES DE DEMONSTRATION Projet de démonstration Bassin du fleuve Gambie Dr Abdoulaye Baïlo Ndiaye Septembre 2010 Module de formation des formateurs sur le suivi des Odonates

INTEGRATION DE LA BIODIVERSITE D'EAU DOUCE … · espèces patrimoniales et sur les écosystèmes consécutivement à la mise en place du barrage et des aménagements hydroélectriques

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INTEGRATION DE LA BIODIVERSITE D'EAU DOUCE DANS LE PROCESSUS DE

DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE :

MOBILISATION DE L'INFORMATION ET SITES DE DEMONSTRATION

Projet de démonstration Bassin du fleuve Gambie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dr Abdoulaye Baïlo Ndiaye 

 

 

Septembre 2010 

Module de formation  des formateurs 

sur  

le suivi des Odonates 

 

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INTEGRATION DE LA BIODIVERSITE D'EAU DOUCE DANS LE PROCESSUS DE

DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE :

MOBILISATION DE L'INFORMATION ET SITES DE DEMONSTRATION

Projet de démonstration Bassin du fleuve Gambie   

Module de formation des formateurs    

sur  

Le suivi des Odonates  

 

 

Wetlands International Afrique

Rue 111, Zone B, Villa No 39B BP 25581 DAKAR-FANN

TEL. : (+221) 33 869 16 81 FAX : (221) 33 825 12 92 EMAIL : [email protected]

Septembre 2010 

 

 

Module Odonates  Page 3 

 

Sommaire Introduction .......................................................................................................................................................... 5 

But et Objectifs du module .......................................................................................................................... 6 

Contenu du Module ........................................................................................................................................ 6 

Déroulement du cours .................................................................................................................................. 7 

Résultats attendus .......................................................................................................................................... 8 

Besoins pour la formation ........................................................................................................................... 8 

I. GENERALITES ................................................................................................................................................... 9 

1. Classification du monde vivant ............................................................................................................ 9 

2. Embranchement des Arthropodes .................................................................................................. 12 

3.  Classe des Insectes ................................................................................................................................ 14 

II. Ordres des Odonates ................................................................................................................................. 16 

1. Morphologie .............................................................................................................................................. 16 

2. Bio écologie ................................................................................................................................................ 20 

3.  Systématique ............................................................................................................................................ 26 

4. Importance des Odonates .................................................................................................................... 29 

III. Méthodologie .............................................................................................................................................. 32 

1. Sites d’études ............................................................................................................................................ 32 

2. Matériel ....................................................................................................................................................... 32 

3. Récoltes ....................................................................................................................................................... 35 

4. Traitements des récoltes ..................................................................................................................... 37 

5.  Résultats .................................................................................................................................................... 38 

IV. Sortie sur le terrain .................................................................................................................................. 39 

V. Présentation des rapports de terrain, discussion et évaluation ............................................. 39 

Bibliographie ..................................................................................................................................................... 40 

Annexe .................................................................................................................................................................. 41 

Synopsys et modalités pratiques de mise en œuvre du cours ................................................. 41 

 

 

 

 

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INTRODUCTION Les zones humides recèlent une diversité biologique importante. Cette diversité

biologique est à la base de la production de ressources et des services écologiques

essentiels faisant des zones humides un patrimoine naturel exceptionnel.

Le bassin de la Gambie partagé par les Etats de la Guinée, de la Guinée Bissau, de

la Gambie et du Sénégal est une zone humide assurant des fonctions socioculturelle,

économique et biologique importantes. Pour tirer davantage de profit du bassin les

Etats ont crée l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Gambie (OMVG).

L’OMVG a, entre autres missions, la construction d’un barrage sur le fleuve Gambie

en vue de résoudre certaines questions de développement, notamment celles liées à

l’agriculture et à l’énergie.

Il est cependant reconnu que ce type d’ouvrages, malgré leur importance pour le

développement économique et social, a des impacts négatifs sur la biodiversité donc

sur la fonctionnalité des écosystèmes humides et sur leur capacité de production de

ressources et de services écologiques. Il est donc bon de prendre en compte cet

aspect en vue d’atténuer les effets négatifs.

Un certain nombre de taxa est ciblé pour un suivi au niveau du bassin. Parmi ces

taxa, on note les Odonates qui ont une importance patrimoniale mais également

pratique pour le rôle qu’ils jouent à la fois comme éléments essentiels dans la

structure et le fonctionnement des écosystèmes et comme bio indicateurs de la

qualité des habitats humides. L’importance de leur rôle de bioindicateurs leur a valu

le nom de thermomètre de l’environnement (Carle, 1979) et de gardiens de la ligne

critique (Clausnitzer & Jödicke en 2004).

L’objectif général du suivi est de prévenir les potentielles menaces pesant sur les

espèces patrimoniales et sur les écosystèmes consécutivement à la mise en place

du barrage et des aménagements hydroélectriques et agricoles.

 

Module Odonates  Page 6 

 

Pour les Odonates, il s’agira d’étudier l’évolution de la diversité des espèces

autochtones (spectre odonatologique), de la productivité odonatologique larvaire

(taux de reproduction) et de l’abondance des populations dans les sites retenues en

vue de déceler d’éventuelles perturbations

.  

BUT ET OBJECTIFS DU 

MODULE

POUR MENER A BIEN CE

SUIVI DANS UNE AIRE

AUSSI VASTE QUE LE

BASSIN DE LA GAMBIE, IL

FAUT BEAUCOUP DE

PERSONNES AYANT UN

MINIMUM DE

CONNAISSANCES SUR

LES ODONATES ET SUR

LES TECHNIQUES DE

CONTENU DU 

MODULE 

Pour une meilleure compréhension

de la terminologie systématique, le

cours commence par un bref

résumé de la classification

scientifique du monde vivant et de

quelques généralités sur les

Insectes. Par la suite, il sera

procédé un rappel de la

bioécologie et de la systématique

des Odonates. Pour terminer, on

traitera la méthodologie d’étude. 

 

Module Odonates  Page 7 

 

DEROULEMENT DU COURS 

 

 

Le module est articulé autour des 5 points : les généralités, la présentation de

l’Ordre des Odonates, la méthodologie d’étude, la sortie sur le terrain et la

discussion générale et évaluation.

1. Généralités (3 h)

Introduction du cours

Généralités

Classification du monde vivant

Embranchement des

Arthropodes

Classe des Insectes

2. Ordre des Odonates (3 h)

Systématique

Morphologie

Bioécologie

Importance des odonates

Intérêt patrimonial

Réseau trophique

Bio indicateur  

3. méthodologie (4h)

Sites d’études

Matériel

Méthode de récoltes

traitement des spécimens récoltés

Résultats

4. Sortie sur le terrain (8 h)

Préparation du matériel de

terrain

Rédaction de protocoles

Répartition en groupe

Terrain proprement dit

5. Présentation des rapports de terrain, discussion générale et évaluation (4 h)

Présentation des rapports de terrain des sous-groupes suivi de discussion Discussion générale sur la formation Evaluation du cours par les participants

 

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BESOINS POUR LA FORMATION 

Pour le formateur, il faut :  

1) Un vidéo projecteur et un ordinateur  

2) Programme de formation  

3) Matériel entomologique (voir liste des besoins pour les participants) 

Avant le démarrage de la formation il faudrait remettre aux participants :  

1) Un support de cours 

2) Questionnaire d’évaluation (pour la fin de la formation) 

Pour le terrain ils auront besoin de:  

1) Moyen de déplacement (voiture tout terrain)  

2) Outils de capture, de manipulation et conditionnement des échantillons 

3) Appareils photo numérique performant (au moins un par sous groupe) 

RESULTATS ATTENDUS  

A la fin du cours, les participants devraient être capables de :  

- comprendre le système de classification et de nomenclature des êtres vivants pour  une meilleure  compréhension  de  la  hiérarchie  des  taxons  utilisés  en taxonomie.  

- Connaitre  la  position  systématique  des  Odonates  au  sein  du  phylum  des Arthropodes et de la Classe des Insectes.  

- Pouvoir distinguer les odonates (larves et adultes) des autres Insectes.  

- Connaitre les grands traits de la systématique, de la biologie et de l’écologie des Odonates et de leur importance.  

- Connaitre les paramètres de suivi des Odonates et la méthodologie (matériel et méthodes) à mettre en œuvre pour le suivi.  

 

Module Odonates  Page 9 

 

 

I. GENERALITES  

 

1. CLASSIFICATION DU MONDE VIVANT  

L’Homme a toujours nommé les végétaux et les animaux de son environnement.  

Exemples :  

vache,   

chiens,   

pigeon.  

Les  espèces  présentant  le  plus  d’intérêt  (alimentaire,  économique,  sécuritaire…)  sont 

désignées par différents noms selon l’âge et le sexe.  

Exemple :  

cheval, jument, poulain, étalon, hongre ;  

mouton, brebis, bélier, agneau ;  

lion, lionne, lionceau.  

D’autres espèces ne sont désignées que par un seul nom :  

phacochère,  

hyène  

Dans  d’autres  cas,  un  nom  est  utilisé  pour  désigner  plusieurs  espèces  étroitement 

apparentées ou non :  

 

Module Odonates  Page 10 

 

rat,  

libellule,  

singe.  

 

1.1. DEFINITIONS  

La Systématique : c’est la science de la classification des êtres vivants.

La taxonomie, ou taxinomie, est la science de la nomenclature.

Un taxon (pluriel taxons ou taxa) est un nom scientifiquement utilisable pour

désigner un groupe d’êtres vivants.

Les règles de la taxonomie sont codifiées dans le code international de nomenclature

zoologique (dernière édition : 4ème éd. 2000).

1.2. HIERARCHIE DES TERMES  

Les êtres vivants se répartissent en deux Règnes :

le Règne Animal,

le Règne Végétal.

Pour s’y retrouver, se comprendre, il fallait une nomenclature et un système de 

classification avec des règles universelles : point de départ la nomenclature et 

classification scientifiques des êtres vivants avec  la 10ème édition de Systema 

naturae de Linné.  

La grande majorité des espèces restait sans nom. 

 

 

Module Odonates  Page 11 

 

Un règne comprend des Embranchements ou Phyla (Phylum au singulier).

Exemple :

Embranchements des Arthropodes,

Embranchements des Chordés.

Au sein d’un Embranchement on a des Classes. Au sein de l’Embranchement des

Arthropodes on a :

Classe des Arachnides,

Classe des Crustacées,

Classe des Myriapodes,

Classe des Insectes.

Les Classes comprennent des Ordres. Dans la Classe des Insectes par exemple on

a les Ordres des :

Lépidoptères,

Diptères

Odonates.

Au sein de l’Ordre on a des Familles. Chez les Odonates par exemple on peut citer :

Lestidae,

Libellulidae,

Aesnidae,

Les Familles renferment des Genres et à l’intérieur des Genres on a les espèces.

Exemples :

Hominidae

 

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Genre : Homo ; espèce : sapiens ;

Muscidae

Genre : Musca ; espèce : domestica ;

Lestidae

Genre : Lestes espèce : dissimulans.

 

 

 

 

2. EMBRANCHEMENT DES ARTHROPODES  

Les Arthropodes (fig.1 : a, b, c, d) sont des animaux :

à pattes articulées (littéralement arthropodes)

au corps métamérisé ou segmenté (succession de segments articulés entre

eux)

dépourvus de squelette interne, le corps est recouvert d’une cuticule semi

rigide, secrétée par l’épiderme, qui impose une croissance par « bonds » par

le processus des mues.

Embranchement le plus important du règne animal, les Arthropodes représentent 80

% de la faune connue (environ 1 500 000 espèces). Ils se retrouvent dans tous les

milieux (aquatique, terrestre, aérien, biologique). Ils fréquentent les biotopes les plus

variés ; ils vivent sous tous les climats et à toutes les altitudes.

L’Embranchement des Arthropodes comprend les Classes

L’Embranchement est défini d’après le type d’organisation et l’espèce 

par l’interfécondité.  

 

Module Odonates  Page 13 

 

des Arachnides (Araignées, Scorpions, Acariens…) ;

des Crustacées (Ecrevisses, Crevettes, Langouste, crabes, Cloportes) ;

des Myriapodes ou milles pattes (Iules, Scolopendres…) ;

des Insectes (Blattes, Criquets, Termites, Papillons, Libellules...).

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

  

  

 

 

 

Figure 1. ­ Exemples d’Arthropodes: a. Arachnide (Araignée), b. Myriapode (Iule), 

C. Crustacé (Ecrevisse), D. Insecte (Criquet) 

 

 a 

 

 

 

Module Odonates  Page 14 

 

3.  CLASSE DES INSECTES  

Les Insectes se caractérisent par la possession d’une paire d’antennes et de 3 paires

de pattes. Les Insectes primitifs (Collemboles, Protoures, Diploures et Thysanoures)

sont non ailés. Les Insectes évolués sont normalement ailés. Ils possèdent 2 paires

d’ailes sauf chez les Diptères (Mouches et Moustiques) qui ont une paire d’ailes, la

deuxième paire ayant régressée.

3.1. LES DIFFERENTS ORDRES D’INSECTES  

3.1.1. INSECTES APTERYGOTES  

Ordre des Collemboles

Ordre Protoures

Ordre des Diploures

Ordre des Thysanoures

3.1.2. INSECTES PTERYGOTES (AILES) 

Ordre des Ephéméroptères (Ephémères)

Ordre des Odonates (Libellules s. l.)

Ordre des Dictyoptères (Blattes et Mantes)

Ordre des Isoptères (=Termites)

Ordre des Plécoptères (Perles)

Ordre des Chéleutoptères ou Phasmoptères (Phasmes)

Ordre des Orthoptères (Grillons, Sauterelles, Criquets)

Ordre des Dermaptères (Forficules)

 

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Ordre des Psocoptères (Psoques ou poux des livres)

Ordre de Mallophages (Poux des oiseaux)

Ordre des Anoploures (Poux)

Ordre des Thysanoptères (Thrips)

Ordre des Hétéroptères (Punaises)

Ordre des Homoptères (Cigales, Pucerons, Cochenilles)

Ordre des Coléoptères (Ténébrions, Scarabées, Carabiques, Chrysomèles,

Curculionides…)

Ordre des Névroptères ou Planipennes (Fourmilions, Chrysope,)

Attention : à ne pas confondre avec les odonates !

Ordre des Lépidoptères (Papillons)

Ordre des Diptères (Mouches, Moustiques)

Ordre des Siphonaptères (Puces)

Ordre des Hyménoptères (Abeilles, Fourmis, Guêpes)

 

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II. ORDRES DES ODONATES  

 

1. MORPHOLOGIE  

Comme chez les autres Insectes, le corps des Odonates comprend 3 parties :

la tête qui porte les antennes, les yeux, ocelles,

le thorax qui porte les pattes (3 paires) et les ailes (2 paires)

et l’abdomen.

1.1. ADULTES 

Les Zygoptères (fig. 2) sont souvent de petite taille et de forme gracile d’où leur nom

de Demoiselles. Les yeux sont nettement séparés et rejetés aux extrémités latérales

de la tête. L’abdomen est toujours mince et parfois long. Au repos, les ailes sont

accolées en verticalement au dessus du corps. Ils ont un vol lent et de faible

puissance.

 

Figure 2.­ Un Zygoptère (Agriocnemis) 

 

Module Odonates  Page 17 

 

Les Anisoptères ou Libellules (Fig. 3) regroupent des Odonates de taille moyenne à

grande. La tête sphéroïde porte des yeux globuleux et massifs. L’abdomen allongé

est souvent élargi. Ils ont un vol puissant et rapide dans la majorité des cas. Au

repos, les ailes restent étalées à l’horizontale.

 

Fig. 3. – Un Anisoptère (Crocothemis) 

Tête  

Chez les Odonates, Zygptères et Anisoptères, la tête est toujours plus large que le

thorax. Les yeux sont distants chez les Zygoptères (Fig. 4) et chez les Anisoptères

de la famille des Gomphidae. Chez tous les autres Anisoptères africains, les yeux

sont rapprochés (Fig. 5). En plus des yeux composés, les Odonates possèdent trois

ocelles disposés en triangle sur le front.

   

Fig. 4. – Tête de Zygoptère    Fig. 5. – Tête d’Anisoptères 

 

Module Odonates  Page 18 

 

Thorax  

A la place habituelle des 3 parties (prothorax, mésothorax et métathorax), le thorax

des Odonates se subdivise en deux parties inégales : prothorax (1er segment situé à

l’avant) suivi d’un volumineux synthorax résultant de la fusion du mésothorax et du

métathorax.

Le thorax porte 3 paires de pattes et deux paires d’ailes. Les pattes, dirigées toutes

vers l’avant, sont courtes et garnies d’épines. Les deux paires d’ailes sont de

longueur égale mais peuvent être de formes différentes.

La nervation alaire est un critère discriminant important dans l’identification des

espèces.

Abdomen  

L’abdomen des Odonates comprend 11 segments mais le dernier est rudimentaire. Il

est de section grossièrement cylindrique chez les Zygoptères et chez de nombreux

Anisoptères. Les derniers segments peuvent être de plus grand diamètre

(Corduliidae) ou présenter un développement d’expansions foliacées latérales

(certains Gomphidae). Il est plus nettement triquétral (trois angles) chez les

Libellulidae. Il est d’une grande flexibilité qui permet l’accouplement. La

différenciation des sexes se fait plus nettement au niveau de l’abdomen.

2.2. LARVES  

Le plan d’organisation est le même chez les larves et chez les adultes. Cependant,

les larves ont une silhouette ramassée et possèdent un « masque » (fig. 6b)

caractéristique formé par le labium (lèvre inférieure) et une coloration cryptique

(mimétique) qui est une adaptation à leur milieu et leur régime alimentaire.

 

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Fig. 6. – a. Larves d’Odonates, b. masque d’une larve d’Odonate 

Attention : A ne pas confondre avec les larves d’Ephémères (Fig. 7a) et de Perles

(Fig. 7b)

   

Fig. 7a. ­ Larve d’Ephémère (Ephéméroptères)   Fig. 7b. ­ Larve de Perle 

(Plécoptères) 

Les pattes sont dans l’ensemble plus courtes et plus robustes que celles de l’adulte.

La longueur relative et la forme des pattes varient selon l’éthologie (mœurs) des

larves.

Les pattes des fouisseurs (Gomphidae) sont plus courtes et massives. Les

marcheurs portent des pattes plus longues. Chez marcheurs, les Corduliidae ont les

pattes les plus longues ; leur taille et leur finesse confèrent aux larves de cette famille

une allure aranoïde (forme d’araignée). Les larves rupicoles des zones de rapides,

appartenant au genre Zygonyx (Libellulidae), présentent un aplatissement de

l’ensemble des pattes.

a b 

 

Module Odonates  Page 20 

 

2. BIO ECOLOGIE  

Il est actuellement difficile de tracer les grands traits spécifiques de la biologie des

Odonates africains. L’essentiel des travaux sur eux porte surtout sur la systématique

et la faunistique.

Les larves sont aquatiques dans leur immense majorité et les adultes terrestres. Les

Odonates sont prédateurs à tous les stades de leur cycle.

2.1. CYCLE DE DEVELOPPEMENT  

Les Odonates ont un développement qui se fait avec une métamorphose incomplète

(3 stades : œuf, larve et adulte).

Les œufs sont de taille relativement petite par rapport à la taille de l’adulte. Les

espèces de petite taille pondent environ quelques centaines d’œufs. Chez les

espèces de grande taille, le nombre d’œufs par ponte peut se chiffrer en milliers. Les

femelles des Zygoptères et des Aeshnidae (Anisoptères) possèdent un ovipositeur

leur permettant de pondre dans les tissus des plantes aquatiques. Chez les autres

Anisoptères qui ne possèdent pas d’ovipositeur, les œufs sont déposés directement

dans l’eau.

Quelques jours à quelques semaines après la ponte l’œuf éclos et libère une larve

enveloppée appelée pro-larve (stade 1). Après quelques minutes, la pro-larve sort de

son enveloppe et devient une larve libre (stade 2). Après 9 à 16 mues de croissance,

en moyenne 12, le dernier stade larvaire est atteint. Il est souvent qualifie de stade

nymphal et la larve dernier stade de nymphe. Selon les espèces, les larves sont :

grimpeurs et vivent dans la végétation aquatique (Zygoptères, Aesnidae),

rampantes se tiennent au fond de l’eau partiellement enfouies (Corduliidae),

fouisseuses et vivent dans les sédiments de leur habitat (Gomphidae).

 

Module Odonates  Page 21 

 

La durée du développement larvaire (Pro-larve à la larve de dernier stade) varie de

quelques mois à environ 5 ans.

La larve de dernier stade cesse de s’alimenter et sort de l’eau. Elle s’agrippe à une

tige ou au sol pour sa métamorphose en insectes adulte appelé imago. L’imago

s’extrait alors de l’exuvie (enveloppe de la larve) qui se déchire suivant une fente

longitudinale (Fig. 8). L’exuvie reste solidement accrochée à la tige ou au sol.

L’imago est tout d’abord mou et vulnérable. Une fois le corps durci et les ailes

étendues, il peut prendre son envol. Le passage de la vie aquatique à la vie aérienne

peut se faire en une vingtaine de mn ou prendre quelques jours.

     

Fig. 8. – Emergence de l’imago 

L’Imago qui vient d’émerger est sexuellement immature. Il entreprend par la suite

une période de maturation sexuelle variable selon les espèces. La maturité sexuelle

est atteinte dans le cas général en 10-15 jours mais peut durer beaucoup plus

longtemps pour certaines espèces. Durant leur maturation, les petites espèces

restent près des milieux aquatiques. Chez les grandes espèces, cette maturation se

fait souvent loin de l’eau. Ils peuvent se retrouver dans des espaces dégagés, dans

les clairières, au bord des forêts, en train de chasser ou se de reposer au soleil.

La maturation est marquée au plan morphologique par l’acquisition de la coloration

définitive, généralement plus vive. Au plan éthologique, elle est marquée par un

 

Module Odonates  Page 22 

 

retour à habitat de naissance pour la reproduction. Chez beaucoup d’espèces, les

mâles sont territoriaux. Ils survolent leur territoire à la recherche de partenaire, de

proies ou pour chasser des intrus.

L’accouplement chez les Odonates est une particularité dans le monde des Insectes.

Le mâle saisit la femelle derrière la tête grâce aux crochets situés à l’extrémité de

son abdomen. Les deux partenaires volent en tandem. Le sperme est transféré de

l’orifice séminal, localisé au niveau du 8ème segment abdominal, vers un petit

réservoir contigu aux organes copulateurs situés sous le 2ème segment abdominal. La

femelle rapproche ensuite l’extrémité de son abdomen sous le 2ème segment

abdominal du mâle pour recevoir le sperme. Les deux partenaires forment ainsi ce

qu’on appelle un « cœur copulatoire » (Fig. 9) . Chez la plupart des espèces, lors de

l’accouplement, le mâle et la femelle sont posés. L’accouplement rapide au vol, qui

dure quelques mn, est observés chez certaines Libellulidae.

 

Fig. 9. – Accouplement (« Cœur copulatoire ») 

Les femelles, en tadem avec le mâle souvent, pondent directement dans l’eau

(Libelluloidea, Gomphidae) ou dans les tiges des plantes flottantes, immergées,

émergées ou surplombant l’eau. Ce type de ponte, appelée endophyte, est pratiqué

par des odonates possédant un ovipositeur perforant (Zygoptères et Aesnidae).

 

Module Odonates  Page 23 

 

2.2. HABITATS  

Dans l’état actuel des connaissances, et compte tenu des différences éthologiques

entre larves (aquatiques) et adultes (terrestres), il est difficile de classer les Odonates

d’Afrique tropicale en fonction de leurs habitats. Certains Odonates, les Anisoptères

notamment, après émergence, les adultes s’éloignent de l’eau pendant la phase de

maturation sexuelle. Ils ne reviennent dans ce milieu que pour la reproduction. Il faut

noter aussi le cas des espèces migratrices qui peuvent se retrouver très loin de leur

lieu de naissance.

Les Larves peuvent se rencontrer dans divers habitats aquatiques. Les larves

s’écartent très peu des eaux douces. Seules deux espèces africaines, Ischnura

senegalensis et Hemianax ephippiger, connues pour une certaine tolérance à la

salinité, peuvent se développer en eau saumâtre.

Les larves se développent en eaux stagnantes ou courante de taille et de formes

variables :

EAUX DORMANTES OU STAGNANTES  

Les mares peu profondes colonisées par les plantes ;

Les étangs ou marais ouverts ;

Les étangs forestiers souvent en milieux fermés (ombré) ;

Les lacs de montagne.

EAUX COURANTES  

Les ruisseaux et rivières à courant lent ;

Les parties calmes des grandes rivières ;

 

Module Odonates  Page 24 

 

Les ruisseaux et rivières à eaux vives et à régime irrégulier et coulant sur un lit

de pierres, graviers ou de sable dépourvu de végétation qui se concentre

essentiellement près des rives dans les parties calmes.

On note une certaine stratification dans la distribution des larves dans leur biotope.

Les larves dites « grimpeurs » des Zygoptères, des Aeshnidae et de quelques

Libellulidae occupent la strate supérieure, dans les herbes ou le long des rives. Ces

larves sont issues des pontes endophytes (œufs pondus dans les tiges des plantes).

Les « marcheurs » se déplacent sur le fond ou parmi des débris grossiers

sédimentés (Libellulidae et Corduliidae). Les larves « fouisseurs » superficiels (des

Libellulidae et Gomphidae) sont plus spécialement limités aux sédiments fins

(argileux limoneux, organiques ou mixtes). Les « fouisseurs profonds » ou

« fouisseurs vrais » (quelques Gomphidae) occupent les fonds de sables grossiers

des berges des cours d’eau.

Les Odonates adultes sont terrestres et héliophiles (actifs le jour pendant les heures

ensoleillées) dans leur majorité. Après émergence, ils se regroupent dans les

prairies, les lisières de bois et les clairières des forêts situées dans les alentours de

l’eau. Les imagos de certaines espèces, espèces de grande taille et bons voiliers,

s’observent en milieu parfois éloigné des eaux.

Sur la figure 10 sont donnés des exemples de biotopes dans le bassin de la Gambie.

 

   a b

 

Module Odonates  Page 25 

 

   

Fig. 10. – Quelques biotopes abritant des Odonates sur la Gambie 

(a, b, c: site de Sambangalou; d : Simenti dans le Parc national du Niokolo Koba). 

 

 

 

Sites d’inventaire des Libellules  

dc

 

Module Odonates  Page 26 

 

3.  SYSTEMATIQUE  

Les Odonates sont un Ordre très ancien d’Insectes. Des Libellules fossiles datant du

Carbonifère (-300 millions d’années) sont connues.

L’Ordre comprend environ 6 000 espèces décrites à travers le monde. Ces espèces

se répartissent entre trois sous-ordres : les Zygoptères, les Anisozygoptères et les

Anisoptères. Seuls les Zygoptères et les Anisoptères ont des représentants

africains avec environ 700 espèces connues.

Dans le bassin de la Gambie 114 espèces sont recensées. Les Zygoptères sont

représentés par 6 familles et les Anisoptères par 4 familles.

LES DIFFERENTES FAMILLES D’ODONATES DU BASSIN DE LA GAMBIE  

ZYGOPTERES  

Calopterygidae

Ce sont des Zygoptères de grande taille à reflet métallique. Les ailes ne sont pas

pétiolées à leur base et possèdent toujours plus de 18 nervures anténodales. La

ponte est endophyte.

La larve est grêle. Le premier segment antennaire est plus long que les autres

segments réunis. C’est la seule famille dont la partie antérieure du masque s’ouvre

sur une lumière (« trou »).

Chlorocyphidae

Ils sont de taille moyenne à petite et ont l’abdomen court et élargi. Les ailes étroites

et pétiolées sont souvent colorées (couleurs « métalliques »).

Lestidae

De taille moyenne, les ailes sont pétiolées, étroites et transparentes avec toujours 2

nervures anténodales comme les Plactycnemidae et les Coenagrionidae.

 

Module Odonates  Page 27 

 

Le premier article antennaire des larves est peu différencié des autres articles

antennaires. Le masque très allongé et pétiolé des Lestidae possède des palpes

labiaux profondément échancrés, ce qui les distingue des Platycnemidae et des

Coenagrionidae.

Protoneuridae

Cette famille renferme des espèces tropicales. Les ailes sont pétiolées et hyalines et

ne présentent pas de nervure anale.

Platycnemidae

Ils sont de taille moyenne et ont une coloration claire. La tête est élargie et on note

une forte dilatation des tibias des pattes médiane et postérieures, surtout chez les

mâles.

Les ailes sont pétiolées, étroites, transparentes et munies de 2 nervures

anténodales. Ptérostigma contigu à une seule nervure.

Les larves sont de taille petite à moyenne. Elles possèdent des lamelles caudales

terminées par un filament.

Coenagrionidae

C’est la plus grande famille de Zygoptères. Ils sont de taille petite à moyenne. Les

mâles sont de couleur bleu, vert ou rouge selon les espèces. Les femelles sont plutôt

ternes et sombre.

Les Larves sont de taille petite à moyenne. Les lamelles caudales ont leurs

extrémités arrondies ou plus ou moins pointue mais jamais terminées par un

filament. Le masque assez compact possède des palpes labiaux plus faiblement

échancrés que celui des Lestidae.

ANISOPTERES  

Aeshnidae

 

Module Odonates  Page 28 

 

Ils sont de taille grande à très grande et possèdent des yeux énormes, les plus

développés de toutes les Libellules. En période de maturation ils peuvent s’éloigner

considérablement des milieux aquatiques (généralement des eaux stagnantes). Les

mâles sont territoriaux. La ponte est endophytique.

Les larves de forme générale allongée ont un masque plat. Les antennes possèdent

6 ou 7 articles.

Gomphidae

Anisoptères de taille moyenne, les Gomphidae ont les yeux largement largement

séparés. Ils fréquent les eaux courantes. Les œufs sont pondus dans les sédiments.

Les larves, aux pattes courtes et aplaties dorso-ventralement, sont un peu moins

allongées que celles des Aeshnidae. Elles ont 4 articles antennaires dissemblables

alors que les autres Anisoptères en possèdent 6 ou 7 de forme semblable.

Corduliidae

Taille moyenne à grande, les Corduliidae ont une livrée vert sombre, parfois noire

avec pour certains des taches jaunes peu étendues. Les femelles ne possèdent pas

d’ovipositeur. Les yeux largement contigus ont une indentation sur leur bordure

latérale.

La larve de taille moyenne ont un abdomen muni d’épines médiodorsales et, sur les

segments 8 et 9, d’épines latérales. Les pattes sont très grandes. Le masque a la

forme d’une cuillère. Le bord antérieur des palpes labiaux est crénelé d’indentations

régulières bien marquées.

Libellulidae

C’est une vaste famille. Les espèces sont de taille petite à moyenne. L’arrière des

yeux est subrectiligne ou légèrement ondulé mais jamais avec une indentation

significative. Les mâles sont de couleur brune, bleue ou rouge selon les espèces.

Les femelles sont généralement ternes ; elles ne possèdent pas d’ovipositeur, les

œufs sont lâchés au dessus e l’eau ou à son contact.

 

Module Odonates  Page 29 

 

Les larves sont de taille petite à moyenne avec un abdomen muni d’épines

médiodorsales et latérales sur les segments 8 et 9 comme chez les Corduliidae. Les

pattes sont moins longues que chez les Cordulidae.

4. IMPORTANCE DES ODONATES  

 

4.1 INTERET PATRIMONIAL 

Apparus il y a 300 millions d’années, les Odonates sont aujourd’hui menacés dans

beaucoup de zones humides à travers le monde. Indépendamment des rôles non

négligeables qu’ils jouent dans le fonctionnement des zones humides, ils méritent

d’être protéger en tant que patrimoine, local, régional, national où mondial. Sans

protection, beaucoup d’espèces disparaitront rapidement dans beaucoup zones du

fait de l’impact anthropique.

A l’échelle du bassin de la Gambie, le manque d’information ne permet pas de

préciser le statut de la plupart des espèces. On note cependant quelques espèces

qui méritent une protection du fait de leur faible distribution et/ou de la faiblesse de

leurs effectifs. Il s’agit : Elattoneura pluotae, Mesocnemis dupuyi, Pseudagrion

epiphonematicum.

4.2. RESEAU TROPHIQUE  

Les Odonates occupent une place importante dans le réseau trophique des milieux

humides en tant que proies mais aussi et surtout en tant que prédateurs. L’impact

des larves est cependant plus significatif que celui des adultes dans le

fonctionnement des écosystèmes humides.

Odonates proies  

Les larves d’Odonates sont la proie de Batracien, de Poisons de jeunes Crocodiles…

 

Module Odonates  Page 30 

 

Les adultes sont chassés par des Araignées, des Fourmis, des Oiseaux (guêpiers)…

Les espèces de grande taille peuvent s’attaquer aux espèces de petite taille.

Odonates prédateurs  

Les Odonates consomment entre 10 et 15% de leur poids chaque jour. Ce qui

pourrait correspondre à environ 300 moustiques et autres petits insectes proies.

Les larves sont carnassières et accessoirement cannibales. Elles chassent à l’affût et

capturent les proies en se servant de leur « masque » (labium ou lèvre inférieure)

munie de dents. Les plus jeunes mangent des animaux unicellulaires, puis, plus tard,

elles attrapent de petits crustacés, des vers et des insectes aquatiques de toutes

sortes. Les larves plus âgées se nourrissent d’isopodes, d’amphipodes, de têtards et

de jeunes alevins. Largement opportunistes, elles adaptent leurs captures à la

richesse du milieu. On note une stratification de la prédation en fonction de la taille,

des moyens de captures (forme du masque) et de l’accessibilité des proies

(habitats).

Les adultes se nourrissent au vol de petits insectes (Diptères surtout). Les

anisoptères de grande taille (Aeshnidae et Libellulidae) peuvent consommer des

Zygoptères. Les adultes des espèces crépusculaires s’attaquent aux essaims de

Culicidae (moustiques).

4.3. BIO INDICATEURS  

Les différentes espèces à la base de la production de ressources et de services

écologique d’un écosystème sont sous le contrôle de facteurs physiques, chimiques,

hydrologiques et biologiques. Toute modification de ces facteurs se répercute sur les

espèces. Certaines espèces à sensibilité élevée servent à détecter les perturbations

(pollutions, modification des habitats, changements climatiques…). Ce sont des

espèces dites bioindicateurs qui renseignent sur l’état de santé des habitats. Les

stades larvaires des Odonates, très sensibles aux conditions de leur milieu de vie,

subissent directement les modifications des paramètres biotiques et abiotiques des

 

Module Odonates  Page 31 

 

habitats humides. Ce qui fait des Odonates de robustes biondicateurs de l’évolution

des zones humides.

 

Module Odonates  Page 32 

 

III. METHODOLOGIE  

Pour le suivi, des sites qui s’échelonnent le long de la Gambie ont été proposés.

Dans chaque site, les différents habitats sont répertoriés. Au niveau de chaque

habitat la faune odonatologique (larves et adultes) est échantillonnée avec le

matériel adéquat. Pour la prise en compte de l’effet saison, les échantillonnages se

font en saison sèche et en saison des pluies selon une périodicité d’une fois les 3

ans.

1. SITES D’ETUDES  

Pour que le suivi couvre une aire et des habitats représentatifs du bassin, les sites ci-

dessous ont été proposés :

Haute Gambie (environs de la source) ;

Sambangalou (lieu d’édification du barrage sur la Gambie) ;

Moyenne Gambie (dans le Parc national du Niokolo Koba) ;

Basse Gambie (aux environs de Basse Satu-Fatoto).  

2. MATERIEL  

Filet à papillons

Le filet à papillons (Fig. 11) se compose d’un manche, télescopique de 1 à 2 m

environ à l’extrémité duquel se fixe un cercle métallique de 30 à 50 cm de diamètre

pourvu d’une poche en nylon, en polyester ou en gaze plus ou moins longue et de

couleur variée (blanche, verte, noire…).

 

Module Odonates  Page 33 

 

 

Fig. 11. – Filet à Papillons 

Filet troubleau

Le filet troubleau (Fig. 12) est utilisé dans la récolte de larves d’Odonates. Il se

compose d’un manche robuste en une seule partie, d’un cercle solide en fer ou en

aluminium d’environ 30 cm de diamètre, pourvu d’une poche nylon présentant un

vide de maille de 800 à 300 microns.

 

Fig. 12. – Filet troubleau 

Boîtes pour la récolte des exuvies

Papillotes pour la récolte des Imagos

Les papillotes son confectionnés avec du papier pelure ou avec la cellophane.

Pinces entomologiques souples (Fig. 13)

 

Module Odonates  Page 34 

 

Fig. 13. – Pince entomologique souple 

 

Bocal à cyanure (Fig. 14)

Fig. 14. – bocaux à cyanure de différente taille

Bacs

Les bacs sont utilisés pour les prélèvements de sol et de sédiments de la bordure

des berges pour la récolte des larves des fouisseurs et pour le tri des larves.

Appareil photos numérique Un appareil photo numérique, adapté à la

prise de vue rapprochée, est fortement recommandé.

Carnet de terrain

 

Module Odonates  Page 35 

 

Le carnet de terrain est nécessaire pour noter toutes les informations relatives à

l’échantillonnage. Il faut toujours s’assurer que les informations consignées sont

correctement reliées aux spécimens collectés correspondants. Veiller à noter le nom

exact de la localité où se trouve l’habitat prospecté, prendre les coordonnées

géographiques de la station (UTM ou latitude et longitude). Noter toute information

pertinente concernant l’habitat (masse d’eau, plantes dominantes), comportement

reproducteur. Les dénombrements sont rigoureusement reportés dans le cahier de

terrain ainsi que toutes les observations relatives aux espèces et aux biotopes.

Consommables

Ethanol, acétone, papier pelure, cellophane, sacs plastiques, tubes et flacons de

récolte.

 

3. RECOLTES  

Les larves et les adultes ayant des modes de vie différents, le matériel et la méthode

utilisés pour leur capture sont différents.

Pour une station donnée, le protocole utilisé au départ doit être repris dans les

évaluations suivantes pour permettre une comparaison valables des données

recueillies.

Larves

Les larves grimpeuses, se trouvant au niveau des plantes aquatiques, sont récoltées

avec le filet troubleau. Pour la capture des larves fouisseuses, on peut effectuer des

prélèvements superficiels du sol de la bordure des berges de part et d’autre du front

de l’eau sur des placettes de 50 X 50 Cm2. Pour une station donnée, on peut

effecteur des prélèvements sur 4 à 5 placettes le long d’une ligne de 8 à 80 m

bordant la berge. Le contenu du filet ou le sol du fonds prélevé est déposé dans un

bac puis trier. Le tri des animaux se fait manuellement à l’aide d’une pince souple.

 

Module Odonates  Page 36 

 

Les larves sont fixées dans un flacon contenant de l’éthanol 70% avec une étiquette

portant la date, le lieu de récolte, l’habitat et éventuellement le numéro de la station

et le numéro de la placette.

L’identification des larves jusqu’à l’espèce étant de loin d’être évident, on peut

envisager de les élever jusqu’à l’émergence pour une identification plus sure de

l’espèce.

L’étude des larves et des exuvies offre une preuve sûre de l’autochtonie de l’espèce

et donne un bon indice de la taille des populations.

Exuvies

Les exuvies sont recherchées sur une bande d'environ 50 cm de part et d'autre de la

berge sur une longueur qui dépendra de taille de l’habitat (environ 8 à 80 m). Les

exuvies trouvées sont récoltées à la main à l’aide d’une pince entomologique souple

et mises dans des tubes. Comme les larves, les exuvies permettent de connaitre

avec certitude l’autochtonie des espèces.

La collectes des exuvies présente un intérêt particulier par rapport au stade vivants

(larves et adultes) : i) leur prélèvement n’affecte pas la taille des populations, ii) leur

présence indique un développement complet de l’espèce dans le milieu (autochtonie

dans l’habitat), iii) leur dénombrement donne un indice sur la taille des populations.

La difficulté majeur que présente l’étude des exuvies est l’identification jusqu’à

l’espèce qui est impossible pour la plupart des espèces.

Imagos (adultes)

La capture des imagos se fait au filet à papillons. Les individus capturés après

fauchage sont sortis délicatement de la poche du filet en évitant de les attraper par

les ailes afin de ne pas les abimer. Les Odonates adultes ont souvent une coloration

vive. Cette coloration a deux origines, métallique et pigmentaire. Les Odonates à

coloration métallique tués avec le bocal à cyanure. Ils ne demandent pas de

traitement particulier autre que le séchage pour garder leur coloration. Ils sont placés

dans des papillotes avec toutes les références utiles (dates, noms du récolteur, lieu

 

Module Odonates  Page 37 

 

de récolte, numéro de référence, etc.). Lorsque les Insectes ne sont pas traités

aussitôt après la récolte, il est essentiel de les sécher, au soleil par exemple. Du

paradichlorobenzène peut être mis dans les papillotes pour une meilleure

conservation. Les espèces à coloration pigmentaire, une fois mort perdent leur

couleurs suite à la libération de graisse et à la décomposition des viscères. Pour ces

derniers, après capture, ils doivent être plongés dans de l’acétone pendant environ

24h. Ensuite, ils sont retirés puis déposés sur du papier buvard pour les égoutter.

Une fois sec, ils sont mis dans des enveloppes de papier, de cellophane ou sac

plastique et placés dans des boites avec les références adéquates.

Les Odonates adultes sont recherchés au niveau des points d’eau et des prairies,

des lisières de bois et des clairières de forêts environnants.

Des photographies des habitats et des individus (de tous les stades) peuvent

judicieusement compléter les informations sur les espèces et leurs milieux.

Quelques espèces crépusculaires sont toutefois susceptibles d’être attirées par des

pièges lumineux.

 

4. TRAITEMENTS DES RECOLTES  

Une fois à la base ou au laboratoire, les échantillons sont séchés puis mis dans des

enveloppes en papier pelure ou en cellophane, voir dans des sachets plastiques.

Chaque spécimen doit être accompagné des informations utiles concernant i) le lieu

(date, nom, coordonnées géographique), ii) l’habitat (type de masse d’eau, milieu

terrestre ouvert, fermé…), et iii) le spécimen (endroit récolté). Les spécimens sont

ensuite placé dans des boites protecteur rigide avec un produit conservateur

(paradichlobenzène) et envoyé à un spécialiste ou à un établissement scientifique

compétent (Musée, université) pour identification.

 

Module Odonates  Page 38 

 

5.  RESULTATS  

 

LE SPECTRE ODONATOLOGIQUE DES HABITATS  

Le spectre odonatologique d’un habitat est la liste des espèces autochtones, c’est à

dire des espèces qui se reproduisent dans cet habitat. Il permet de suivre l’apparition

ou la disparition d’espèces au sein de cet habitat suite à des modifications de ses

paramètres physico chimiques et biologiques en relation avec le barrage. La liste des

espèces autochtones est dressée à partir de l’identification des larves, des exuvies et

des individus en accouplement et en ponte. Il faut noter que l’identification des larves

et des exuvies jusqu’à l’espèce n’est possible que dans le cas des espèces dont les

différents stades du cycle de développement sont connus.

PRODUCTIVITE LARVAIRE ODONATOLOGIQUE  

La productivité odonatologique larvaire définit le taux de reproduction des Odontates

dans un habitat donnée. Du fait de la sensibilité des larves aux paramètres

physicochimiques et biologiques du milieu, la productivité odontatologique larvaire

est un paramètre important dans le suivi de la qualité des habitats.

ABONDANCE DES POPULATIONS  

Le nombre moyen d’individus (larves, adultes, exuvie) par unité standardisée de

surface et/ou de temps permet d’évaluer l’abondance des populations. L’abondance

des Odonates dans un milieu est liée à la qualité des eaux mais également à la

végétation aquatique et terrestre environnante des masses d’eaux. Les modifications

des masses d’eaux et de la végétation associée se répercutent sur la diversité et sur

l’abondance des Odonates.

ANALYSE DES DONNEES  

Une analyse de la variance (ANOVA) est faite pour évaluer le degré de signification

des différences observées.

 

Module Odonates  Page 39 

 

IV. SORTIE SUR LE TERRAIN 

Cette sortie permet de mettre en pratique la théorie dispensée aux participants. Ainsi

elle doit prendre en compte :

Préparation du matériel de terrain

Rédaction de protocoles

Répartition en groupe

Terrain proprement dit

V. PRESENTATION DES RAPPORTS DE 

TERRAIN, DISCUSSION ET 

EVALUATION Il est important de donner aux participants les techniques et les outils nécessaires à

la rédaction d’un bon rapport. Ainsi, il sera procédé à :

Préparation des rapports de groupe de travail

Présentation des rapports de terrain des sous-groupes suivi de discussion

Discussion générale sur la formation

Evaluation du cours par les participants

 

   

 

Module Odonates  Page 40 

 

BIBLIOGRAPHIE  

Cannings R.  (2000).  ‐ Collecting Odonata  (Dragonflies,  including Damselflies).  Polycope, 

3p.  

Chopard L. (1949). – Ordre des Odonates. In Traité de Zoologie, Tome IX,. P.‐P. Grassé éd. 

, Masson et Cie, Paris : 311‐354. 

Clausnitzer V. (2003). ‐ Dragonfly communities in coastal habitats of Kenya: indication of 

biotope quality and the need of conservation measures. Biodiversity and Conservation 

12: 333–356.  

Grand D. (2004). – Les Libellules du Rhône. Muséum, Lyon. 256p.  

Perron  J.‐M.  (2005).  –  Une  méthode  facile  de  collectionner  les  Odonates.  Documents 

technique, n° 30, 9p.  

Testard  P.  (1981).  ‐  Odonates.  In  :  Flore  et  faune  aquatiques  de  l'Afrique  Sahélo­

soudanienne. Initiations­Documentations Techniques, ORSTOM, Paris, 45, 445‐481.  

http://fr.academic.ru/pictures (consulté en août 2010).  

http://www.africa‐dragonfly.net/ (consulté en août 2010). 

www.inforef.be/expeda/eureau/brochure/partie2/document.htm  (consulté  en  août 

2010).  

 

 

Module Odonates  Page 41 

 

ANNEXE 

SYNOPSYS  ET  MODALITES  PRATIQUES  DE  MISE  EN 

ŒUVRE DU COURS  

Dans le cadre de la mitigation des impacts négatifs du barrage de Sambangalou sur les 

écosystèmes  humides  du  basin  de  la  Gambie,  Wetlands  Afrique  et  ses  partenaires 

(OMVG  et UICN)  prévoient  le  suivi  d’un  certains  nombre  de  taxons  qui  présentent  un 

intérêt  patrimonial,  économique,  socioculturelles  et  biologique.  Pour  la  formation  des 

personnes  devant  assurer  le  suivi  sur  le  terrain,  Wetlands  a  confié  à  des  experts  le 

développement de module.  

Le présent module concerne les Odonates qui, malgré leur importance, sont encore mal 

connus en Afrique.  

Groupes cibles 

Les personnes cibles pour suivre cette formation peuvent être des :  

- Exploitants des ressources des zones humides  

- agents des services des eaux et forêts 

- agents des parcs nationaux 

- agents des services d’agricultures  

- membres d’associations de protection de la nature  

- guides touristiques  

- professeurs des Sciences de la Vie et de la Terre  

- volontaires de l’environnement  

 

Module Odonates  Page 42 

 

- entomologistes amateurs  

- étudiants en année de master d’entomologie, d’écologie, d’environnement…  

0bjectifs d’apprentissage  

Objectif général  

Donner aux  formateurs  le  savoir et  le  savoir  faire pour  former  les personnes qui vont 

assurer le suivi des Odonates.  

Objectifs spécifiques  

A la fin du cours, les participants devraient être capables de :  

- comprendre  le  système  de  classification  et  de  nomenclature  des  êtres  vivants 

pour  une  meilleure  compréhension  de  la  hiérarchie  des  taxons  utilisés  en 

taxonomie.  

- Connaitre  la  position  systématique  des  Odonates  au  sein  du  phylum  des 

Arthropodes et de la Classe des Insectes.  

- Pouvoir distinguer les odonates (larves et adultes) des autres Insectes.  

- Connaitre les grands traits de la systématique, de la biologie et de l’écologie des 

Odonates et de leur importance.  

Connaitre  les  paramètres  de  suivi  des  Odonates  et  la  méthodologie  (matériel  et 

méthodes) à mettre en œuvre pour le suivi.  

Différentes parties du module 

Le module est articulé autour des 5 points suivants:  

- Généralités ;  

- Ordre des Odonates ;  

- méthodologie d’étude ;  

- Sortie sur le terrain ; 

 

Module Odonates  Page 43 

 

- Discussion générale et évaluation 

1. Généralités  

Dans  cette  partie  il  est  traité  la  classification  des  êtres  vivants  et  la  position 

systématique des Odonates.  

- Les  êtres  vivants  sont  classés  et  nommés  scientifiquement  selon  un  système 

universel  permettant  qui  permet  l’usage  des  mêmes  taxons  pour  désigner  les 

groupes  d’animaux  et  de  végétaux  quelque  soit  le  lieu  et  la  langue.  Après 

définitions de certains termes, la hiérarchie des taxons est donnée.  

- Le Phylum des Arthropodes est défini ainsi que les Classes qui la composent. Les 

différents Ordres composant la Classe des Insectes sont présentés.  

2. Ordre des Odonates  

Cette deuxième partie traite de la systématique, de la morphologie, de la bioécologie et 

de l’importance des Odonates.  

3. Méthodes d’étude  

Dans cette partie, les sites de suivi sont présentés. Il est également donné le matériel et 

les  techniques  d’études  depuis  le  terrain  jusqu’au  conditionnement  des  Insectes.  Le 

traitement  des  donnés  et  les  résultats  attendus  sont  également  abordés  dans  cette 

partie.  

4. Sortie de terrain  

Après le cours théorique sur les Odonates, une démonstration est faite sur le terrain. La 

sortie  de  terrain  permettra  d’observer  les  Odonates  dans  leur milieu  et  de mettre  en 

pratique  les  concepts  appris.  Les  participants  prospecteront  dans  l’eau  et  le  milieu 

terrestres  environnant  à  la  recherche  d’Odonates  en  suivant  le  protocole  appris.  Ils 

prendront des notes et des photos. A la fin, chaque groupe présentera un rapport.  

 

Module Odonates  Page 44 

 

En fonction du nombre de personnes et du matériel disponible, des groupes sont formés. 

Les groupes doivent être sur le terrain (une zone humide) entre 10h et 16 par un jour 

bien ensoleillé et sans vent fort.  

5. Discussion générale et évaluation  

Ce  sera  ici  l’occasion  d’un  échange  entre  le  formateur  et  les  participants,  mais  aussi 

entre participants, sur les différentes parties du cours.  

A la fin, les participants évalueront le cours en remplissant un questionnaire.  

METHODOLOGIE  

Au  début  de  chaque  session,  le  formateur  fera  une  présentation.  Les  participants 

suivront  la présentation avec un support de cours qui  leur a été remis avant.  Il y aura 

une  interaction  entre  le  formateur  et  les  participants.  Les  participants  peuvent 

interpeler  le  formateur  à  tout  moment  pour  poser  des  questions  ou  donner  une 

contribution. Le formateur peut aussi interpeler les participants.  

A la fin de la présentation, si nécessaire, une discussion est ouverte sur un ou plusieurs 

points posés par les participants ou le formateur.  

La  sortie  de  terrain  prévue  est  planifiée  avec  les  participants :  logistique,  matériel, 

protocole... Au retour, les participants, organisés en sous groupes, feront un bref rapport 

de la sortie.  

Pour l’évaluation, un questionnaire est utilisé. Les questions tourneront autour :  

- De la clarté du message délivré 

- De l’intérêt accordé par les participants au regard des objectifs  

- Limites du cours  

- Propositions d’amélioration du module.  

CONTENU DES SESSIONS  

 

Module Odonates  Page 45 

 

1. Généralités (3 h)  

Introduction du cours 

Généralités 

Classification du monde vivant  

Embranchement des Arthropodes  

Classe des Insectes  

2. Ordre des Odonates (3 h)  

Systématique  

Morphologie  

Bioécologie 

Importance des odonates  

Intérêt patrimonial 

Réseau trophique  

Bio indicateur  

3. méthodologie (4h) 

Sites d’études  

Matériel  

Méthode de récoltes  

traitement des spécimens récoltés  

Résultats  

 

4. Sortie sur le terrain (8 h)  

 

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Préparation du matériel de terrain  

Rédaction de protocoles  

Répartition en groupe  

Terrain proprement dit  

5. Présentation des rapports de terrain, discussion générale et évaluation (4 h)  

Présentation des rapports de terrain des sous‐groupes suivi de discussion 

Discussion générale sur la formation  

Evaluation du cours par les participants 

CREDITS HORAIRES 

Généralités: 3 h  

Ordre des Odonate: 3 h  

Méthodologie: 4 h  

Sortie pédagogique : 8 h  

Présentation rapports de terrain, discussion et évaluations: 4h  

BESOINS 

Pour le formateur, il faut :  

1) Un vidéo projecteur  

2) Un ordinateur  

3) Un pointeur 

4) La liste des participants  

5) Programme de formation  

6) Matériel entomologique (voir liste des besoins pour les participants) 

Avant le démarrage de la formation il faudrait remettre aux participants :  

1) Un support de cours 

 

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2) Le programme de la formation 

3) Un cahier et des écritoires pour la prise de note 

4) Un cahier de terrain et un crayon noir 

5) Questionnaire d’évaluation (pour la fin de la formation) 

Pour le terrain ils auront besoin de:  

1) Moyen de déplacement (voiture tout terrain)  

2) Filets à papillons (au moins autant de filets que de sous groupes)  

3) Filets troubleau (au moins autant de filets que de sous groupes) 

4)  Pinces souples de chasse (une pince par participants) 

5) Bocaux à cyanure (au moins un par sous groupe)  

6) Bacs pour le prélèvement de sol et pour le tri (au moins un par sous groupe) 

7) Ethanol 70° (4 l)  

8) Acétone (4 l)  

9)  Papier, cellophane ou des sachets plastiques transparents à fermeture  

10)  Appareils photo numérique performant (au moins un par sous groupe)