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Interprétation, Vérité, Éternité et Être Essai de philosophie, Fernand Couturier, Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis, Québec, juillet 2020, 64 pages.

Édité par la Fondation littéraire Fleur de Lys, organisme sans but lucratif, éditeur libraire québécois en ligne sur Internet. Adresse électronique : [email protected] Site Internet : http://manuscritdepot.com

Tous droits réservés. Toute reproduction de ce livre, en totalité ou en partie, par quelque moyen que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur. Tous droits de traduction et

d’adaptation, en totalité ou en partie, réservés pour tous les pays. La reproduction d’un extrait quelconque de ce livre, par quelque moyen que ce soit, tant électronique que mécanique, et en particulier par photocopie et par microfilm, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur. © Copyright 2020 Fernand Couturier. Disponible en version numérique et papier. ISBN 978-2-89612-588-3 Illustrations en couverture : Robert Balog de Pixabay Dépôt légal – 2ème trimestre 2020

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Bibliothèque et Archives Canada Imprimé à la demande au Québec.

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Introduction

e récent texte sur la Création du monde comme Épanouissement de l’être peut servir d’indicateur ou d’exemple pour ce qu’il est convenu d’appeler

interprétation. LL’interprétation, selon l’usage courant, s’avère un processus

de la pensée et de l’écriture qui fait ressortir l’implicite, voire le nouveau impliqué dans ce qui est dit ou entre les lignes du déjà écrit, et aussi dans le déjà enseigné. Dans l’histoire de la pensée, on appelle Herméneutique ce processus interprétatif; ainsi que l’analyse et la théorie des éléments qui entrent en jeu, en ligne de compte, ou que ce processus comporte.

L’herméneutique comme nom a un rapport secret ou géné-ralement non avoué avec le dieu mythologique Hermès. Ce dieu est messager des divins de l’Olympe. Il est porteur de messages, de nouvelles. Il est aussi guide des voyageurs. Et pourquoi pas, guide-ancêtre également de ceux qui interprètent ou, tout sim-plement, de l’interprétation en elle-même? Car l’interprétation peut être expérimentée à la fois comme annonce d’un nouveau, d’un genre de nouvelle, et aussi comme un voyage, un parcours.

On peut alors facilement comprendre que le processus interprétatif de la pensée s’appelle herméneutique. Ce processus interprétatif s’applique à ce qui est dit et surtout à ce qui est

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Interprétation,Vérité,ÉternitéetÊtre

écriture, à ce qui est déjà écrit. L’interprétation concerne avant tout le texte. Elle reprend en l’explicitant, dans la mesure du possible, l’essentiel de ce qu’un texte dit directement ou expres-sément, et elle évoque de plus, en quelque manière, ce qu’il peut signifier implicitement, i.e. jusqu’où peuvent porter ses mots. Ou encore, jusqu’où peut s’étendre l’extensivité du sens d’un texte.

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Cheminement de l’herméneutique ou de l’interprétation

l est d’importance de bien comprendre le verbatim d’un texte, i.e. ce qu’il dit nettement ou expres-sément, et de le distinguer de ce vers quoi il fait

discrètement signe. Ainsi départager le sens de ce qui est dit directement ou expressément selon les mots mêmes, i.e. le dépar-tager de ce que ce dire écrit peut impliquer comme sens plus ou moins caché ou dépassant la portée immédiate des mots, du texte. Évoquer ainsi le sens possible. Alors interpréter, c’est d’une part dire le verbatim d’un texte en un langage plus accessible, peut-être, ou autrement parlant pour un lecteur et le commun ou l’ensemble des lecteurs; et c’est d’autre part annoncer ou révéler, manifester en mots la portée non immédiatement ou directement écrite du sens d’un texte. Et ainsi dépasser ou déborder le sens explicite d’un ensemble articulé de mots. Interpréter, c’est dire ou écrire la portée non explicitée de cette articulation de mots qu’est le texte. Interpréter, c’est dire en suggérant jusqu’où peut aller la signification d’un texte. En ce sens l’interprétation peut prendre des allures de création. Car en allant vers le non encore expressément dit, elle fait paraître, elle met au jour ce qui va ainsi pouvoir apparaître distinctement; i.e. apparaître pour

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Interprétation,Vérité,ÉternitéetÊtre

d’éventuels lecteurs. C’est là la noblesse, pour ne pas dire la simple utilité, de l’œuvre interprétative.

Interpréter, c’est caractériser et aussi distinguer tout cela de ce qu’un auteur, i.e. l’auteur du texte veut dire. Le langage familier est fourvoyant à cet égard. En effet, on parle couramment de ce qu’un texte veut dire. On transpose ainsi la faculté de vouloir d’un auteur à un texte qui n’a en lui-même aucune possibilité de vouloir et de non-vouloir. L’herméneutique comme théorie de l’interprétation a à faire cette distinction ou relever cette ambiguïté. Par ailleurs, parler de ce qu’un auteur veut dire peut être prétentieux et fourvoyant. Est-ce qu’un auteur veut vraiment dire ce que l’interprétation peut faire surgir en son propre processus? S’il est encore vivant, l’auteur peut manifester son accord ou désaccord avec les résultats de l’interprétation. Mais il peut s’en abstenir aussi. Car un texte rendu public par son auteur est sensé avoir en lui-même ce qu’il faut pour éviter ou contrer des mésinterprétations. On dit souvent à cet égard qu’un texte bien fait possède en lui-même tout ce qu’il faut pour se défendre lui-même. Mais si l’interprétation s’avère positive ou réellement porteuse de nouveau sens, l’auteur ne peut que s’en réjouir. Car interpréter, c’est, en somme, dire une certaine finitude d’un sens, mais une finitude qui reste ouverte à de l’autre. À de l’autre que la marche du temps et le développement de l’expé-rience humaine peuvent favoriser et rendre mieux accessible. On pourra revenir un peu plus loin à cette problématique du vouloir dire d’un auteur.

L’herméneutique s’avère ainsi l’ensemble des recomman-dations ou instructions pour que l’interprétation d’un texte s’en tienne aux seules véritables possibilités de sens de ce qui est écrit. Ceci peut se révéler une tâche colossale comportant ses propres risques. Car, en effet, l’interprétation peut prendre des chemins de traverse et devenir ainsi un voyage éperdu, une randonnée dans le n’importe quoi, i.e. dans le hors-propos. L’herméneutique peut et doit alors être comprise comme guide

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Cheminementdel’herméneutiqueoudel’interprétation

éclairant pour une pertinente, juste ou adéquate compréhension, pour un cheminement valable ou approprié.

En somme, un texte porte sur quelque chose. L’interpré-tation doit avoir ce quelque chose en vue, toujours en vue ; c’est-à-dire l’expérimenter vraiment par elle-même. Et cela, graduellement. Sinon, elle peut se perdre et errer à l’aventure dans le tout autre de ce que vise le texte. Alors, impertinence, tout simplement. L’interprétation doit être ainsi un partage d’expérience. Expérience de quelque chose faite par quelqu’un qui l’a amené à écrire et ainsi à devenir auteur d’un texte, et expérience aussi qu’un éventuel lecteur peut faire de ce même quelque chose, par l’intermédiaire ou le biais du texte écrit; expérience qui peut amener à dire au-delà du signifié immédiat du texte, et peut-être seulement ou juste autrement, ce qui est déjà écrit. L’interprétation ne doit pas cependant être simple répétition ou simple reformulation de ce qui est déjà écrit. Elle doit pouvoir annoncer du neuf. On peut justement concevoir, par ailleurs, qu’une reformulation inspirée par une nouvelle expé-rience du sujet en question puisse être nouvellement informatrice et ainsi évocatrice de non encore expressément dit.

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Interprétation et vérité

es dernières remarques ou observations peuvent conduire à formuler ou au moins à préciser le grand objectif ou la raison ultime de l’interpré-

tation. C’est-à-dire faire ressortir le vrai, ou ce qui peut être expérimenté comme tel. Un texte porte sur quelque chose. C’est son sujet. Un texte dit au sujet de quelque chose. Ce qu’il dit devrait être véridique, i.e. en phase avec ce sur quoi il porte ou ce qui est visé. Aussi l’interprète de ce texte, voire le processus même de l’interprétation doit se laisser guider par les exigences elles-mêmes de ce qui est visé ou de ce qui est en question. Ce qui demande à l’interprète d’expérimenter par lui-même ce qui est visé, ce qui est en question. Car autrement son dire interprétatif risque d’être impertinent, inopportun, ou tout simplement répétitif. À la rigueur, tout simplement non vrai. Ou sans rapport nou-vellement constructif avec le dit du texte.

C

L’interprétation a comme tâche et devoir de faire cheminer le vrai, i.e. la vérité. Ou ce qui est expérimenté généralement comme telle. Mais comment comprendre que le vrai puisse cheminer ou évoluer ?

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Cheminement de la vérité ou trajet du vrai

elon la compréhension commune, la vérité consiste en une adéquation ou conformité entre ce qui est dit oralement ou par écrit et ce sur

quoi porte un écrit ou quelque autre forme de discours. Ainsi une proposition est vraie dans la mesure où elle est ou s’avère conforme à ce sur quoi elle porte. C’est la vérité comme con-formité et justesse de la représentation. Ou encore, c’est la vérité comme adéquation ou correspondance. Tous ces mots campent assez bien, semble-t-il, le sens habituel, voire traditionnellement enseigné de ce qu’on appelle vérité, ou le vrai.

S

Mais plus originellement, par exemple chez les Grecs, on appelait la vérité αληθεια. Bien sûr on a traduit et on traduit encore ce mot grec par vérité. Et cela a commencé par donner en langue latine, veritas. Cette traduction latine semble bien être la source assez immédiate du mot français vérité. Mais on ne dit pas alors ce que le mot αληθεια comporte en lui-même, à savoir non-voilement. En effet, la première lettre de ce mot grec est un a privatif. Mais de quoi prive ce mot? Il prive de la ληθεια, c’est-à-dire de l’effet de la ληθη. Et ce dernier mot grec signifie oubli. L’oubli ne dit pas. L’oubli ne manifeste pas. Il ne

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Interprétation,Vérité,ÉternitéetÊtre

révèle pas. Il n’amène pas quelque chose en présence. Il laisse ce quelque chose voilé, comme en arrière-plan. On peut ainsi dire que ce mot grec ληθη garde dans la non-manifestation ou en l’état de ce qui n’est pas manifesté. C’est-à-dire dans l’état de voilement. Alors on peut comprendre que α-ληθεια signifie être privé-du-voilement. Ce mot signifie ainsi non-voilement. On peut le rendre en allemand par Unverborgenheit. Alors que le nom allemand habituel pour vérité est Wahrheit. Martin Heidegger, en sa capacité phénoménale d’analyser et de nommer les pro-cessus en eux-mêmes, à laisser parler les signes ou les mots, est peut-être, voire sans doute ou très probablement, l’auteur premier de cette traduction Unverborgenheit. Non-voilement, telle serait la vérité, la vérité telle que comprise originellement par les Grecs.

Alors, par rapport au voilement le non-voilement comporte manifestement, i.e. évoque ou dit à l’évidence un passage. Et ce passage ne peut être autre qu’un dévoilement. Le mot dévoilement lui-même évoque clairement un passage, une sorte de chemi-nement, ou encore un trajet. Ce qui induit à comprendre qu’en elle-même la vérité est une sorte de trajet. Un processus qui implique assez manifestement que la stabilité dont on assortit généralement le vrai ou la vérité est dans une certaine mesure inadéquate. Donc stabilité questionnable. Car on peut justement se demander : quand atteint-on définitivement le vrai? Le vrai achevé ou définitif et ainsi devenu stable? Mais cela est-il seulement possible? Car la vérité, en elle-même mouvante ou en mouvement, n’implique-t-elle pas en fin de compte un genre d’infinitude? Et, par ailleurs, le processus de l’humaine connaissance n’est-il pas marqué en lui-même ou essentiellement de finitude? Effectivement, pour poursuivre le vrai les humains s’avisent et se reprennent de multiples fois ou en nombreuses manières. Quand peut-on dire que le vrai est atteint d’un seul coup? En fin de compte, ne pas oublier que la vérité comme mot alètheien comporte en elle-même une mouvance. Peut-elle être définitivement ciblée et atteinte? La question mérite d’être

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Cheminementdelavéritéoutrajetduvrai

examinée. Et quant au processus interprétatif, il montre, de son côté, qu’une semblable mouvance caractérise le vrai ou la vérité d’un écrit. Ce processus peut révéler qu’il pourrait y avoir encore et encore à dire. Y-a-t-il, seulement, un arbitrage quelconque pour signifier la fin de la démarche interprétative d’un texte? Les deux, vérité et interprétation, impliquent ainsi en elles-mêmes un mouvement, un trajet.

En ce sens l’interprétation peut être justement ou correc-tement comprise comme un cheminement de la vérité. Nous ne disons pas cheminement vers la vérité. Car ce vers peut laisser entendre qu’une vérité tout à fait définitive se trouve quelque part, au bout d’un certain parcours. Alors que la vérité est en elle-même passage ou trajet. Et que rien n’indique que le trajet ou le voyage allant du voilement par le dévoilement vers le non-voilement implique en lui-même un terme, ou une issue définitive et comme telle tout à fait définitivement caractérisable en elle-même. La vérité serait alors plus adéquatement comprise comme un trajet dans le vrai, en un vrai en quelque sorte iné-puisable, toujours à dévoiler nouvellement et plus adéquatement. Ou encore le trajet même du vrai ou de la vérité : trajet qui n’a pas de cesse, qui n’aurait même pas de bout ou de fin. Ce vrai est ouvert, reste ouvert contrairement au vrai dogmatique. Celui-ci est d’autorité fermé. Il ne doit pas bouger. Il est définitivement fixé, arrêté. Ce vrai dogmatique a sans doute influencé la com-préhension commune de la vérité et contribué à l’amener à l’idée de stabilité, de fixité.

L’interprétation adéquatement comprise serait concrète-ment ce cheminement du vrai ou de la vérité d’un texte. C’est dans cette perspective du cheminement de la vérité que doit être replacée la problématique du vouloir dire d’un auteur. L’auteur d’un texte doit comprendre que son dire en tant que telle ou telle formulation n’épuise pas la capacité de signifier du langage humain ni ne peut prétendre avoir atteint la plénitude de ce qui est à dire à propos de tel ou tel sujet. La vérité, devons-nous comprendre, est essentiellement trajet, et comme telle défie toute

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Interprétation,Vérité,ÉternitéetÊtre

formulation qui aurait la prétention d’être définitive, ou de représenter une marche achevée. Voilà qui fait voler en éclats la vérité comprise un peu comme un roc solide ou immuable. Voilà qui n’est pas sans susciter alors une importante interrogation!

Voici un exemple concret et historique. Il y a des siècles que les humains écrivent ou produisent des romans ou autres écrits de nature semblable. Des écrits qui fondamentalement reprennent le même thème. À savoir, diverses situations en lesquelles se trouvent les humains à travers les âges. À cet égard, on peut référer à l’émission hebdomadaire de télévision française ayant pour titre « La grande librairie ». Assez souvent, en effet, on y présente les ouvrages romanesques d’écrivains contemporains. Tous ouvrages présentant des humains en situa-tions diverses. Mais en des situations semblables ou analogues en fin de compte. Situations qui ne peuvent être exactement pareilles impliquant des humains toujours semblables, mais ne réagissant jamais exactement de la même manière. De vraies histoires, de vrais humains en de vraies situations humaines! En remontant les âges on retrouve des écrits analogues allant, par exemple, du roman de Claude-Henri Grignon : Les belles histoires des pays d’en Haut, aussi Les Plouffe de Roger Lemelin, en passant, à grands sauts, par les fables de Lafontaine, au dix-septième siècle, les Chansons de geste médiévales, les Tragédies grecques d’Euripide ou de Sophocle et jusqu’aux épopées l’Iliade et l’Odyssée d’Homère. Ce sont là des témoins indiscutables du long cheminement, du trajet de la vérité ou du vrai. Le vrai toujours en question, en propos, mais jamais épuisé ou fermé. Quand pourra-t-on proclamer justement et pertinemment la fin de l’écriture romanesque et d’autres analogues? Et comment pourrait-on raisonnablement nourrir une telle prétention? Car les situations humaines changent avec les lieux et le temps. Rien n’est jamais exactement pareil. Les humains évoluent et les situations aussi. Les points de vue ne cessent de différer.

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Cheminementdelavéritéoutrajetduvrai

En tant que passage de l’idée de création du monde comme activité causale de quelqu’un, si excellente que soit la nature de ce personnage, à la notion de simple épanouissement de l’être, ainsi en tant que menant à de l’autre, à de l’autre à jamais indéfinissable, i.e. jamais totalement ou parfaitement définissable, le texte Création du monde comme Épanouissement de l’être est du début à la fin interprétatif. C’est-à-dire métaphorique.

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Métaphore et interprétation

u’est une métaphore? On la définit comme une figure de style qui évoque un déplacement vers un certain au-delà, un certain autre ou de l’autre

tout simplement. La métaphore est figurativement une enjambée du sens! Mouvement du sens en quête d’un autre, d’un certain ailleurs, d’un certain au-delà ou en-deçà. Par exemple l’expression épanouissement de l’être pour création du monde est une méta-phore. Elle fait sortir ou cheminer l’idée de création comme opus ou ouvrage effectué par un dieu auteur ou acteur trans-cendant. Cette expression, épanouissement de l’être implique ou signifie un cheminement vers, ou jusqu’au surgissement que comporte en lui-même le commencement en tant qu’origine, i.e. comme être. Cette métaphore porte au-delà ou en dehors du processus créatif compris traditionnellement comme cause, i.e. ayant recours à la causalité. Ce qui veut dire invoquant le pouvoir créatif de quelqu’un ou de quelque puissance intervenant de l’extérieur et amenant en présence, i.e. posant en être le monde comme ensemble des étants. Le cheminement impliqué dans la métaphore peut ainsi être un aller au fondement, à l’origine. À l’origine d’un sens.

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Interprétation,Vérité,ÉternitéetÊtre

Et il paraît légitime de penser que tout le texte qui mène et arrive à cette métaphore nominale est lui-même métaphorique. La visée de ce texte est de faire évoluer le sens, et ainsi de le faire cheminer dans le vrai. Ce cheminement comme recherche peut se comprendre aussi bien comme avancée dans le déve-loppement d’un sens que comme un recul vers le fondement ou l’origine de ce sens. L’origine pouvant être comprise comme fondement en-dessous ou en arrière; et aussi comme ce qui attire de par en-avant, en tant que situé en avant. Voici une image possible de cette double signification : Origine comme aurore. L’aurore en tant que tournée vers le plein jour et aussi en tant que surgissant ou provenant de la nuit. L’aurore est mue en quelque sorte par le jour qui s’annonce en elle, le jour en avant d’elle, et elle vient tout aussi bien de la nuit qui finit et dont elle semble surgir. L’aurore dit ainsi l’avant et l’arrière. La métaphore, à cet égard, peut être comprise comme une certaine aurore… déterminée par un avant et par un arrière. Le jour et la nuit apparaissant ainsi radicalement associés ou indissociables. Et le jour n’effaçant jamais pour de bon la nuit, ni inversement. Il faut le dire : Nous ne sommes pas habitués à comprendre comme origine ce qui peut attirer d’en avant. D’emblée on situe plutôt l’origine en arrière. Il y a là un jeu où se mêlent le temporel et le spatial. Source ou occasion inévitable d’équivocité. Pour ne pas dire de perplexité.

Le cheminement de l’interprétation comme poursuite de vrai peut aussi se comprendre comme une source. Qu’est la source et que fait-elle? La source est de l’eau claire jaillissant de la noirceur du sol. Une veine d’eau, dit encore le langage commun. De l’eau qui ruisselle après son jaillissement, c’est-à-dire de l’eau qui s’écoule en un ruisselet. Un ruisselet qui va son chemin, devenant un plus grand ruisseau en rassemblant les écoulements de ses rives pentues, puis rejoint une rivière courant vers un grand fleuve qui lui-même rejoint la mer; là où la course se termine, où le fleuve se perd en plus grand que lui-même. Le fleuve se mêlant à la mer. Finalement là où la source arrive

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Métaphoreetinterprétation

à son plein de sens. Accomplissement. Sens inépuisable, voire indicible comme mer! Baudelaire écrivait dans son poème intitulé «L’homme et la mer» : Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes. C’est un peu l’image de l’interprétation. Un mot surgit de l’abîme. (À cet égard on peut référer à un autre texte intitulé Origine du langage, Souffle de l’être. Fondation littéraire Fleur de Lys) De l’abîme ou de la noirceur dont on ne peut sonder la profondeur. Ce mot est un dire. Un dire qui se transmet de bouche en bouche ou de plume en plume et envoie son signifié, son sens, vers la pleine clarté. Clarté aussi impénétrable et inépuisable que la mer, que le sombre de l’abîme, aussi mystérieuse que la noir-ceur abyssale. Car comment peut se dire adéquatement la pleine clarté? En apparence ou à première vue, au moins, l’ineffable clarté!

Ainsi va l’interprétation. Vers la plénitude, vers l’ineffable. Là où semble s’arrêter sa course. Loin ou hors de sa source comme texte de départ, loin vers un insondable accomplissement. Dans l’infinité ineffable du sens! Très loin dans le large et la permanence du sens.

Création du monde… Épanouissement de l’être est un texte interprétatif. Il dégage, dans un premier temps, ce que l’expression création du monde par quelqu’un de transcendant, par une force extérieure, implique ou veut dire. En ce processus la notion de causalité est relevée, mise de l’avant. Créer le monde, c’est être cause du monde. Le texte en question se devait d’analyser ce processus créatif, il lui fallait l’expliciter. Expliciter le verbatim du processus créatif et causal du monde. Du processus causalement créatif. Ce faisant, il relève une contradiction ou difficulté majeure interne de ce processus créateur. En effet celui-ci fait nécessairement apparaître le rien ou le néant. Créer le monde, c’est l’amener en présence à partir du néant ou de rien. Formulation traditionnelle d’un enseigne-ment devenue avec l’usage et le temps propriété du dire commun. Mais le créateur lui-même, auteur de cette venue en présence, n’est pas rien. Il est une sorte d’étant. L’auteur de la création,

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Interprétation,Vérité,ÉternitéetÊtre

en tant même qu’étant, quel que soit son rang, son excellence ou sublimité, contredit le processus créatif à partir du néant, à partir de rien. Car l’auteur de la création, quel qu’il soit, quel que puisse être son statut d’étant, renvoie nécessairement à la question portant sur son être. Ainsi ou en dernier ressort le processus créatif renvoie à l’être. Mais comprendre cela exige d’abord d’être minimalement au fait de ce que peut vouloir dire être. L’être en lui-même.

C’est donc finalement à partir de lui, l’être, qu’il faut essayer de comprendre la venue du monde en présence, i.e. son arrivée dans la présence. De lui origine l’appellation étant pour désigner ce de quoi est constitué le monde. Ainsi le monde comme rassemblement d’étants, et de la sorte en dépendance fondamentale de l’être. L’être s’avérant ainsi le dernier ou suprême retranchement, ou dernier recours de la compréhension humaine, c’est-à-dire son suprême recours pour atteindre à l’intelligibilité de ce qui demande explicitation, compréhension. Ou atteindre à sa raison d’être, comme le dit si bien le langage courant. Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, toujours la référence ultime s’avère l’être. L’être, l’appui, le fondement ultime ou définitif. Au-delà de lui, rien. Sans lui, rien. Et le rien s’avérant ainsi l’envers ou le revers absolu, la face cachée de l’être, en quelque sorte. Ainsi dire le rien, c’est évoquer finalement l’être. La création du monde à partir du néant ou du rien renvoie ainsi à l’être. Tout cela n’est pas sans rappeler L’être et le néant, titre d’un ouvrage important de Jean-Paul Sartre. Œuvre, selon son titre même, en quête du fondement ultime.

Effectuons explicitement maintenant le passage à l’inter-prétation qui semble aller vers l’ineffable, vers l’infini, le non-fini. À jamais non-fini. C’est-à-dire sans fin. Et, partant, sans début. Car la fin évoque indirectement le début. La fin d’une durée évoque implicitement son début. L’infini, i.e. le non fini est le contraire de la finitude. La finitude dit ou évoque un espace de temps déterminé. Déterminé par les limites que sont début et fin. Une durée déterminée. L’infini dit le contraire : il évoque une

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Métaphoreetinterprétation

durée permanente, qui ne passe pas, qui n’est pas marquée par les limites que sont début et fin, qui n’est pas atteinte par ces limites. Une durée sans limites.

Ainsi la permanence, ce qui échappe aux limites que sont début et fin, évoque en elle-même ce qu’on appelle assez communément l’infini. L’interprétation mènerait vers l’infini…

Infini ou éternité. Le langage commun évoque continuel-lement ce rapprochement. Éternité, infini… but ou territoire ultime de l’interprétation…? Il convient alors de s’attarder auprès de ce mot éternité et tenter d’en expliciter, d’en faire ressortir le sens. Tâche ardue, délicate et apte à fourvoyer, s’il en est! Alors on n’est pas sorti du bois!

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Eternité …

En guise d’introduction

e mot éternité signifie dans le langage courant quelque chose comme longue durée, grand espace de temps. Voire l’infinité de cette durée.

Durée sans limites. L’infinité ou l’infini comme mot s’avère ainsi un bien usuel du langage commun. La compréhension du mot infini est en effet communément accessible. C’est l’infini comme négation de la finitude ou comme contraire de finitude. Est fini, par exemple, un ouvrage que nous entreprenons dans le cours de la vie au quotidien et que nous menons à terme. Est fini le jour qui débute au matin avec le lever du soleil et qui finit avec le coucher de cet astre ou l’atténuation graduelle de sa lumière. Sont finies toutes les choses que nous manipulons habituellement au cours du train-train quotidien, comme la fourchette ou le marteau. Sont également finies les joies et les peines occasionnelles. Est finie la vie individuelle elle-même qui éclot à la naissance et se termine avec la mort. Rien de plus commun que cette finitude. Or cette finitude dont on fait conti-nuellement l’expérience laisse d’elle-même soupçonner ou apparaître comme en demi-lumière son contraire, c’est-à-dire l’infinitude. Celle-ci est communément pressentie au quotidien.

L

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Interprétation,Vérité,ÉternitéetÊtre

Une très vague impression! L’infini s’avère ainsi une notion non complètement réservée à une quelconque spécialité. Mais l’infini en lui-même est-il pour autant compris? Est-il tout simplement compréhensible? Cet infini que les humains, communément, pressentent aussi en rapport avec l’éternité elle-même. Mais ce rapprochement est-il de quelque secours pour la compréhension de l’un ou de l’autre? Il faut essayer de voir.

On peut tout de suite relever que la notion langagière et coutumière d’éternité a recours au temps et à l’espace. Cette compréhension commune imagine une longue, très longue durée de temps ou un très, très grand espace de temps. Temps et espace se révèlent encore ici, en effet, deux associés incontour-nables, voire décidément inséparables ou nullement séparables. Ainsi, selon l’usage habituel, l’éternité a quelque chose à voir directement avec temps et durée; et aussi, conjointement et nécessairement, avec espace. Durée qui, selon le dictionnaire français lui-même, n’a ni commencement ni fin, durée qui échappe à toute détermination chronologique, c’est-à-dire à toute mesure. On doit remarquer et souligner, tout de suite, que le dictionnaire emploie ici le mot commencement plutôt que début. Mais selon nos travaux, la pensée de l’origine doit faire une distinction nette et décisive entre début et commencement, et ne retenir que ce dernier pour parler à propos de la source première ou de l’origine. Distinction absolument nécessaire que ne font, cependant, ni le dictionnaire et partant, ni le langage courant.

Le mot début, faut-il rappeler, concerne ce qui arrive, se déploie, et passe en tant que phénomène transitoire dans le monde, et en particulier dans le monde de la vie; alors que commencement ne veut désigner que ce qui concerne l’origine en elle-même. Début et fin sont deux associés pour la mesure d’un phénomène particulier quelconque qui se passe dans le monde de l’expérience ordinaire. D’ailleurs, l’expression même qui se passe évoque assez clairement le début et la fin; alors que commencement ne devrait dire rien d’autre que ce qui concerne

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ou peut définir l’avènement même de l’origine. L’origine qui ne passe pas, qui demeure à jamais comme telle, comme pur avènement. L’origine, ni ne débute, ni ne finit. Elle se soustrait à toute mesure. L’avènement de l’origine comme commencement s’avère, à bien y penser, indépassable, voire nécessité absolue, un peu comme le crochet, simplement ou grossièrement imaginé, auquel tout reste suspendu, à jamais, pour toujours, c’est-à-dire éternellement. On voit ici surgir l’éternité.

L’éternité comme état stable. Il faut voir de plus près.

Un défi

l apparaît alors que parler d’éternité, penser l’éternité, demande qu’on se projette en dehors de la temporalité selon laquelle se déroulent la

vie concrète et le temps qui lui est nécessairement et évidemment associé. Un temps qui est marqué par la finitude, i.e. un temps qui dure seulement entre un début et une fin. L’éternité dit ou évoque justement le contraire de la finitude. L’éternité, si approximativement pensée soit-elle, échappe à la finitude. Selon la compréhension commune, la durée de l’éternité est infinie, n’a ni début ni fin comme marqueurs, comme indicateurs de limites. L’éternité dit l’origine en elle-même; elle dit l’éclosion même du commencement comme simple avènement de l’être, de l’être étranger à toute limite, de l’être en sa propre vérité. L’éternité ne dit rien de passager. Le langage courant se heurte à la durée infinie que représente l’éternité. Passe encore pour cette durée sans fin. Elle n’a qu’à continuer, peut-on se dire ou s’imaginer. Mais le mystère frappe de plein fouet dans l’idée de l’absence de début. Alors là, le langage courant reste bouche bée. Mais vraiment sans mots! Complètement troublé! La pensée de

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Interprétation,Vérité,ÉternitéetÊtre

l’éternité doit apprendre à se passer de ce qui passe, de ce qui débute et finit. Mais l’éternité nous est-elle pour autant compré-hensible en elle-même? En elle-même, l’éternité nous serait-elle tout simplement un mystère absolu? C’est-à-dire un quelque chose que l’on peut pressentir vaguement, et ainsi nommer, mais sans le comprendre intimement, en lui-même. Comment tout cela est-il possible?

Pour sa part, le dictionnaire allemand dira Ewigkeit pour éternité. C’est-à-dire durée qui n’a pas de cesse, qui ne passe pas, ou simplement immortalité, i.e. Unvergänglichkeit ou qualité de ce qui ne passe pas. Ici l’éternité apparaît comme le pur négatif de la mort qui en elle-même dit cessation de la vie. Éternité évoque immédiatement ce qui ne passe pas, ce qui ne disparaît pas, ce qui reste toujours, ce qui ne meurt pas. On dirait que communément la mort soit la représentante par excellence de ce qui passe, de ce qui ne dure pas; et en cela même annonce en quelque sorte son contraire, à savoir l’éternité. Voilà en gros ce que l’allemand courant, à l’instar de son dictionnaire, entend par éternité. Compréhension qui est loin d’être étrangère à celle qui a cours dans notre propre société. Éternité comme contraire de la mort. Là où il n’y a plus de mort. Mais ce là évoque-t-il simplement un lieu? Ou peut-être aussi un état ou une manière d’être?

Notre travail sur la Création du monde… Épanouissement de l’être suggère de regarder de près ce qu’on nomme éternité. Cf. page 39. Citons : « Comme l’être tient un rapport d’origine ou de créateur avec l’étant, i.e. le rapport du commencement qui en lui-même ne comporte ni début ni fin, mais plutôt une sorte de permanence, ─ permanence qui pourrait être la source de ce qu’on appelle couramment éternité ─, il faut comprendre que ce rapport créateur n’a pas de cesse en la présence de l’étant dans la clairière. » Dans la clairière de l’être, s’entend. Éternité… ce qui ne passe pas, ce qui dure toujours ou indéfiniment. Ce mot indéfiniment dit bien ou évoque à merveille le contraire de

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ce qui est défini ou définissable, mesuré ou mesurable chrono-logiquement par un début et une fin.

Ici, nous devons relever que ce texte, i.e. cette citation, évoque ou laisse supposer nettement un rapport entre être, permanence et éternité. Être et éternité sont mis en rapport, l’un avec l’autre, via la permanence. La permanence du commen-cement dit justement l’être en tant que source originelle, persis-tante et indéfectible de l’étant en son ensemble ou monde. C’est en cela que loge ce qu’on appelle couramment éternité. C’est là son fondement. L’éternité ne dit pas autre chose que l’être en lui-même. L’être comme autosuffisant, transcendant l’espace et le temps tels que représentés dans la compréhension commune. On ne doit pas comprendre l’éternité comme un monde spécial situé en dehors et au-dessus de celui que nous habitons. Voici en une image seulement approximative et à éviter le plus possible: l’être, que l’éternité évoque, serait comme le tissu originel et indéfectible, voire permanent du monde en présence et de tout autre monde possible. Ainsi l’éternité non séparée du monde que les humains habitent. Il s’agit du monde comme épanouissement de l’être, disions-nous dans le travail ci-haut mentionné. Ce monde est essentiellement ou de source différent du monde supposément tiré du néant par l’intervention créatrice de quelqu’un de supérieur, de Dieu. Mais la présence conjointe de l’idée de néant (rien d’étant) et l’intervention de quelqu’un (étant) dans le même processus créatif comporte une difficulté majeure, voire une contradiction interne. Cf. l’essai intitulé Création du monde… Épanouissement de l’être. La formulation de ce titre exclue effectivement ou tente de surmonter l’expédient en soi problématique ou contradictoire de la causalité qui essaie de composer et le néant, qui veut dire l’absence absolue d’étant, et l’intervention de quelqu’un; de quelqu’un qui comporte en lui-même nécessairement la notion, i.e. la qualité ou le statut d’étant. Dieu créateur est en effet souvent imaginé comme l’étant suprême. L’Étant qui serait l’origine de tous les autres étants. Tel serait l’être de cet Étant. Mais il ressort à l’évidence

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que cette manière de voir fait bon marché tout simplement de la pensée de l’être en lui-même. L’être qui, comme nous venons d’essayer de le comprendre, est évoqué par l’éternité. Être comme Éternité! Ou Éternité disant ou évoquant l’être, i.e. autre mot pour être. Ces dernières expressions font décidément quitter ou aban-donner les compréhensions de l’usage commun. Effectivement on n’entend pour ainsi dire jamais un discours suggérant que l’éternité et l’être soient dans un tel voisinage.

Eternité communément et diversement exploitée

oici en un simple coup d’œil l’usage abusif ou impropre que généralement on fait ou l’on peut faire de l’éternité, du mot éternité. V

A. Au niveau du Folklore

Il est toujours d’usage courant de dire de quelqu’un qui manifeste une lenteur spéciale ou abusive : « Ça lui prend une éternité pour faire ceci ou cela, pour accomplir une tâche habi-tuelle. » On veut dire alors quelque chose comme une longueur de temps démesurée, anormale. On associe ainsi spontanément temps et durée démesurément longs à éternel et éternité. C’est l’éternité comprise dans le sillon de la durée.

Et encore, toujours sur le plan de l’usage folklorique, voici une étrange histoire d’une mule racontée en une chanson qu’on pouvait entendre, à l’occasion, dans mon enfance paysanne, et qui fait référence à l’éternité. Il s’agit d’une mule qui ruait

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pour tout et pour rien. Qui ruait à tout vent! Une mule qui donnait un coup de pied proverbial! Un jour, dit la chanson, elle rua jusqu’au Pôle Nord un imprudent admirateur qui lui examinait les pattes et les sabots de trop près! Sans trop se soucier de ses coups de pied! Mais mal lui en prit! Et cette mule termina ses propres jours en se ruant elle-même dans l’éternité ! C’est-à-dire, probablement, ruer jusqu’à épuisement total ou jusqu’à la mort. La mort, toujours dans le langage courant, comme vestibule ou porte ouverte sur l’éternité. Ainsi l’éternité comme mot, cela est manifeste, est entrée dans le langage courant.

B. Au niveau de la Religion

De son côté, la religion chrétienne, le catholicisme en particulier, exploite à fond la question de l’éternité. Ici l’éternité, sans laisser de côté la référence à la durée, met spécialement en relief la dimension spatiale.

Le catéchisme catholique, proposé aux jeunes enfants de familles ayant adopté cette religion, par choix ou le plus souvent par tradition, contient en gros ceci sur l’éternité : une espèce de grand espace, cloisonné en différents lieux ou compartiments appelés: ciel, enfer, purgatoire et limbes. On enseigne effecti-vement dans ce catéchisme que :

Le Ciel est le lieu de la félicité qui dure toujours; lieu d’un bonheur indéfini ou infini. Lieu de rassemblement des âmes des humains qui meurent en état de grâce ou d’amitié avec Dieu. Amitié devenant inébranlable avec la mort. Ainsi, le Ciel comme Paradis de l’amour avec Dieu et ses anges; et lieu d’une joie sans mélange. D’un bien-être absolu. D’un bien-être qui jamais ne cesse ou ne prend fin.

Et l’Enfer, exactement à l’opposé du Ciel, est le lieu du supplice éternel, qui dure toujours, pour les âmes des humains qui ont sévèrement contrevenu aux lois divine et ecclésiastique.

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Des humains qui n’ont pas reconnu avant la mort, selon les règles exigées du repentir, leur méconduite. Un lieu de terreur absolue et de souffrances sans bornes. Souffrances imaginées comme exposition à un feu qui ne s’éteint jamais. Un feu qui brûle à perpétuité sous la garde d’étranges créatures, appelées démons ou diables, munies de fourches pour entretenir le brasier et assurer que toutes les âmes déchues y demeurent bien exposées. L’enfer, rôtissoire éternelle!

Pour ce qui est du Purgatoire, il signifie un simple lieu de purification; non sans quelque douleur cependant. Purification préalable et complète permettant à terme de participer à la félicité du Ciel, ou débouchant sur le bonheur sans limites. Genre de billet pour entrer dans le Ciel ou le compartiment des bienheureux. Billet offert aux âmes de croyants qui, à l’instant de la mort, ne sont pas en état de contravention sévère ou impor-tante relativement aux règles de vie dictées par leur propre religion. Le Purgatoire communément imaginé comme un moindre mal comparativement à l’Enfer. Comme, par exemple, prendre un bain dans de l’eau un peu trop chaude. Ça lave, ça purifie, mais ça fait mal!

Quant aux Limbes, ce serait l’endroit où sont cantonnées les âmes des nouveau-nés humains morts avant de recevoir le baptême. Là, pas de feu brûlant puisque ces âmes sont inno-centes. Et pas de bonheur non plus, puisque non admises dans le cercle des élus, des sauvés, des bienheureux, par le procédé du sacrement de baptême qui est sensé ouvrir la porte de l’au-delà, très précisément sur le compartiment du Ciel. Limbes, un lieu de simple et ennuyant affadissement. Sans espoir et sans désespérance véritables. La fadeur accomplie!

C’est à peu près cela, selon le catéchisme catholique, le paysage de l’éternité. Éternité évoquant un temps comme durée permanente, aussi et surtout, comme un espace spécialisé à l’avenant tel qu’évoqué ci-dessus. Un monde supérieur ou au-dessus du monde de la vie, mais qui se rapporte nécessairement à lui. Tout cela représente un dérivé légendaire ou fictif de la

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permanence de l’être comme avènement du commencement ou autosuffisante origine en son rapport créatif avec le monde des étants, i.e. le monde de la vie et de l’univers en son entier; ou encore un dérivé également légendaire ou mythique de la création du monde comme épanouissement de l’être.

Eternité et être

n fin de compte, l’éternité est suggérée par la permanence du commencement comme avène-ment parfaitement autosuffisant de l’être. De l’être

en lui-même. De l’être en sa propre initialité, en son inébranlable et ineffable entrée en présence ou durée. Dans son là absolu! Comment suggérer une aide pour la compréhension de ce là? L’expression en place est peut-être de quelque secours…Ou encore tout simplement présence. Ainsi, là, présence absolue, sans condition ou redevance aucune.

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Il s’agit de l’origine. Origine complètement ou parfaitement autosuffisante. On pourrait dire éclosion tout à fait primordiale, sans aucun point de référence ou de support externe, sans implication de quelque autre que ce soit. Pure auto-éclosion du commencement; du commencement comme avènement tout à fait initial, fondamental et ininterrompu de l’être. Cet avènement ne peut pas être représenté, i.e. pensé, comme un évènement quelconque qu’on pourrait imaginer avec un début, avec un certain écoulement ou parcours, puis avec une fin. L’avènement de l’être échappe à toute condition ou détermination particulière.

Le commencement comme éclosion initiale ou originelle suggère un dégagement, une ouverture, une éclaircie, i.e. une clairière. Ce mot clairière est précieux. Il dénote à la fois une ouverture ou un dégagement et aussi une clarté. L’image de la

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clairière dans une forêt touffue et sombre peut être ici pertinente ou aidante. C’est grâce à elle, la clairière, que les arbres qui l’entourent peuvent apparaître distinctement et se laisser reconnaître en leur présence et en leurs particularités propres. Semblablement ou analogiquement, la clairière de l’éclosion initiale, i.e. du commencement ou de l’être est ouverture origi-nelle, sans limite aucune, qui permet à toutes choses d’entrer en présence, de se pointer ou venir au monde, puis d’apparaître ou de se montrer en ce qu’elles sont en elles-mêmes. Appa-raître ainsi pour quelqu’un, pour un observateur. Grâce à la clarté de la clairière.

Il peut être pertinent de rappeler ici l’usage que nous faisons des mots événementiel et avènementiel. Le premier désigne assez communément tout ce qui peut arriver comme évènement passager dans la durée du monde dont l’humain lui-même fait l’expérience au quotidien, en en faisant partie juste-ment, i.e. en en faisant consciemment partie. Et aussi dans la durée des mondes possibles qu’on pourrait imaginer et qui seraient de même source que celui qui est donné dans l’expé-rience commune et que nous habitons en tant qu’humains. Ces mondes d’étants surgissant comme épanouissement même de l’être. De son côté, le terme avènementiel est forgé pour désigner la mouvance de l’être en lui-même en tant que pur avènement du commencement. Mouvance de cette pure et authentique initialité en elle-même. Le commencement comme avènement dit ou évoque une arrivée tout à fait originelle. Une arrivée absolument initiale, indépendante ou autosuffisante, un là absolu; une originelle et indépendante levée de rideau qui ne se referme pas, qui demeure à jamais ouverte, ou en ouverture. Il faut apprendre à voir un mouvement dans les mots arrivée et ouverture. Ces mots ne désignent pas seulement ou simplement une stabilité ou un état consécutif à un mouvement ou une démarche qui finit, selon la compréhension commune; ils peuvent aussi dire ou évoquer un mouvement qui dure sans cesse. Pure initialité du commencement. Initialité indéfiniment en cours.

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Ou simple avènementialité en advenir continu, comme advenir de l’être. Il importe d’apprendre à évacuer l’idée d’inertie que renfermeraient des concepts ou des mots comme être, éternité, permanence, avènement, commencement, origine, initialité et autres semblables, par exemple, rester ou demeurer, et séjourner. Sans oublier, bien sûr, arrivée et ouverture.

L’éternité, le centre de notre propos, rassemble tout ce qu’on peut dire concernant l’avènement du commencement comme déploiement en advenir incessant ou continu de l’être. Ainsi l’éternité comporte ou veut dire, i.e. signifie, l’être comme commencement, comme pure origine, comme source jaillissant de l’abîme sans aucune cesse. L’éclosion du commencement comme dégagement initial, comme éclaircie, comme ouverture en clairière, cela est éternel, cela représente une mouvance en elle-même éternelle, sans discontinuité et sans fin ni début. L’éternité dit l’être en lui-même tout simplement. L’être en son propre auto-déploiement, en sa propre autosuffisance; l’être comme commencement absolu. Ou encore comme abîme, i.e. sans fondement extérieur à lui-même ou autre. Justement, l’être n’a pas d’autre au sens strict. Si la pensée ne s’en tient pas à cette absence d’altérité, c’est qu’elle conçoit par mégarde l’être comme quelque chose de défini. Mais l’être n’est pas une chose distincte, bien déterminée dans ses contours, mais plutôt le fondement, voire la fibre secrète de toutes les choses, de tous les étants. Le langage philosophique habituel parlerait plutôt de substance dans ce cas. Qu’il est difficile de penser et de dire simplement et en même temps adéquatement l’être en lui-même ! Est-ce réellement ou vraiment possible pour les humains que nous sommes? On trouverait sans doute une réponse plus aidante à cette question dans l’ouvrage intitulé Régime de l’être, Condition humaine publié par Fondation littéraire Fleur de Lys.

Il convient ici de s’attarder également à la richesse du mot abîme. Ce mot évoque d’emblée en lui-même ou littéra-lement, i.e. selon la lettre, une absence de fond ou de fondement. Tel quel ce mot peut s’appliquer à l’être en lui-même dont on

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vient d’évoquer combien il est difficile de le dire. En ce sens l’être est en lui-même abyssal; il est sans fond, i.e. tout à fait insondable et insaisissable. Mais l’être est aussi abyssal au sens où il n’a pas de fondement ou de cause en dehors de lui-même. L’être n’a pas d’extérieur. Et ainsi encore s’avère-t-il sans fond, ou abyssal. L’être est abîme : absolument insondable en lui-même et aussi sans fondement relevant d’un quelconque autre. L’être n’a pas d’autre, justement; ne peut pas avoir de fondement extérieur à lui-même. Il ne relève ou ne dépend de quoi que ce soit, de rien d’autre. Voilà bien ce que peut signifier l’être comme pur avènement du commencement. L’être, à tous égards, est proprement abyssal ou abîme. Sans fond ou insondable en lui-même et sans appui, cause ou support externe aucun! Dit de manière plus positive : l’être est pure initialité, c’est-à-dire pur commencement en sa propre et indépendante initialité, en sa pure ou absolue avènementialité autosuffisante et continue. Absoluité parfaite. L’être est abîme, pur commencement, parfaitement indépendant de quelque chose ou de quelqu’un, de quelque autre, parfaitement autosuffisant. En tant qu’un tel commencement absolu, tout à fait absolu ou parfaitement indé-pendant et auto-suffisant, l’être s’avère éternel. Cela qui ni ne débute, ni ne finit. Cela qui ne passe pas. Ainsi l’éternité dit ou évoque l’être. L’être en son absolue autosuffisance. Voire absolue indépendance. Un là absolu! Sans aucun rapport de dépendance. N’impliquant rien d’étant comme appui ou fondement quel-conque! Rien qui pourrait jouer à son endroit le rôle de cause!

Nous venons d’expérimenter combien il est difficile d’expliciter ce que signifie, ce que peut évoquer le mot être comme commencement, indépendant ou parfaitement autonome ou autosuffisant, i.e. comme abîme. On se voit en quelque sorte dans l’obligation de tourner en rond dans le même. Impos-sibilité de référer à quelque chose d’autre qui pourrait être immé-diatement éclairant ou aidant. L’être n’a pas d’autre, disions-nous un peu plus haut. Cette expression évoque très bien ou à merveille, semble-t-il, l’être dans sa propre auto-indépendance

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Éternité...

ou absoluité parfaite. Nous, les humains, sommes effectivement rompus, i.e. fondamentalement aptes et habitués à comprendre ceci ou cela en recourant à la causalité, à l’intervention causale de qui que ce soit. Mais l’être, à son propre niveau de com-mencement, n’a littéralement rien d’autre, de quelque autre qui pourrait agir à son endroit comme cause explicative. Il n’a pas de fondement autre que lui-même. Parler d’être, c’est rigoureusement évoquer abîme et commencement absolu en son incessant ou éternel advenir. Être n’a ni antériorité, ni postériorité, ni extériorité, ni stabilité. Être : commencement absolu en continu ou incessant advenir, pure autosuffisance, simple éclosion ou dégagement, ouverture, éclaircie ou clairière. Être : éternité. Ainsi, éternité à penser comme transcendant à la fois début et fin en tant que limites de ce qui apparaît et ne dure pas indéfiniment. Éternité en tant que surgissement non interrompu ou sans aucune cesse du commencement en sa propre absoluité. L’éternité ne peut que renvoyer à l’être comme pure éclosion du commencement. Éternité : surgissement en continu et en permanence du commencement! Surgissement continu de l’être! Éternité ou pur là de l’être.

Tout cela, on l’aura compris, se veut une explicitation de l’infinité du sens auquel aboutit la démarche interprétative. L’interprétation, voulions-nous dire antérieurement, est rigou-reusement une marche dans le vrai, dans la vérité qui en elle-même est un trajet, une marche. Une marche indéfinissable; une marche infinie dans l’infinité ou éternité de l’être.

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Conclusion

l faut apprendre à se représenter l’éternité comme l’être en son initial, autonome ou autosuffisant et continuel déploiement. Voilà qui contredit nette-

ment l’idée de stabilité qu’on attribue assez communément à l’éternité, et aussi à l’être. À strictement parler, ni l’être ni l’éternité ne peuvent se concevoir comme quelque chose. Comme choses achevées en elles-mêmes, parfaitement accomplies et ainsi statiques ou stables. Mais toutes choses dépendent de l’être. Toutes choses comme étants représentent discrètement l’être, en tant qu’elles sont en surgissement de son propre épa-nouissement, ou mieux encore en tant que cet épanouissement lui-même en advenir continu. Il importe de ne pas se représenter les étants surgissant de l’être comme choses acquérant une identité et une présence indépendantes de lui, en complète altérité par rapport à lui. L’être n’a pas d’altérité. Voilà à peu près ce que la pensée peut dire de l’être comme éternité. Toute représentation de l’éternité comme monde ou lieu très particulier de séjour s’avère ainsi inadéquate, inopportune ou tout simple-ment non vraie.

I

Et en fin de compte, l’éternité, pour la pensée commune et le langage ordinaire, est plus significative, i.e. plus apte à attirer l’attention que l’être lui-même. Le mot être, malgré son

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Interprétation,Vérité,ÉternitéetÊtre

usage commun, et sans doute en raison même de cet usage qui use en quelque sorte, ce mot être parle moins, est moins évo-cateur que le mot éternité. Le petit mot être (est), s’avère victime de son usage commun, de son absolue nécessité pour le langage humain, français. Bien sûr, il en va de même pour l’anglais to be, l’allemand sein, l’esse en langue latine, l’ειναι grec, etc., etc. Le mot être usé par son fréquent et nécessaire usage. Usé ou défraîchi, un peu comme les mots clarté et noirceur. Tous mots devenus très communs ou familiers. Mais mots en perte, pour ainsi dire, de leur capacité d’étonner, voire de susciter l’admiration, ou même la seule et simple interrogation.

L’être en lui-même attire vraiment l’attention quand on le rapproche de l’éternité. D’emblée ou à première vue, les deux paraissent pour le moins ou tout simplement étrangers l’un à l’autre. Alors que l’éternité, quand on y pense bien ou quand on s’y arrête pour la peine, s’avère un autre nom pour l’être. Mais l’éternité n’est pas pour autant complètement dépouillée de son caractère énigmatique; le mot éternité éveille toujours l’attention, voire provoque une interrogation. Tandis que l’être passe pratiquement inaperçu ou sans importance dans le flot continu du langage coutumier. Le plus souvent, quand il nous arrive de lui prêter quelque peu attention, nous ramenons le mot être à sa fonction de copule, à sa simple fonction de liant entre le sujet et les éléments qui le déterminent dans une proposition. Sans trop nous demander, cependant, pourquoi un tel lien revient au mot être. C’est que, en définitive, seul ce mot est apte à signifier que tel ou tel complément ou attribut convient au sujet quelle que soit sa nature. C’est que tout peut fondamentalement se rejoindre à tout grâce à l’être. Tout, en définitive ou finalement, relève de l’être, renvoie de lui-même à l’être. Mais s’il arrive que l’identité propre d’un sujet particulier refuse telle ou telle convenance ou attribut, c’est encore l’être accompagné d’un simple « ne… pas » qui peut le dire ou l’évoquer.

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Conclusion

L’éternité poussée jusqu’en ses derniers retranchements ou repères s’avère rien d’autre que l’être. L’être en son absolue autosuffisance ou indépendance, en sa présence à tout jamais indicible parfaitement, i.e. qui échappe à toute expression défi-nitive ou parfaitement adéquate, à tout compte rendu qui se prétendrait définitif ou achevé. L’être comme ce vers quoi chemine aussi l’interprétation d’un texte en sa poursuite indéfinie du sens ou du vrai de ce texte. Ainsi le vrai à jamais indéfinissable, i.e. toujours échappant à toute prétention de compréhension exhaustive. Le vrai, en fin de compte, dit tout simplement être. L’être pour toujours défiant toute définition absolument adéquate ou sans reste. Tout effort pour le cerner parfaitement ou adé-quatement reste vain. On sent qu’il y aurait encore et toujours à dire!

Oh! Combien Simple, mais Mystérieuse Équivalence entre éternité, vérité et être!

Et que le langage humain réserve d’étonnement: L’expres-sion l’éternité dit l’être reste étonnante, surprenante et embar-rassante, mais elle est aussi vraie « que la terre est ronde », et non moins signifiante que le soleil levant disant « bonjour aux montagnes »! Tout lecteur le moindrement familier avec le monde de langue française est censé savoir d’où viennent ces deux points de comparaison : tout bonnement et simplement de deux chansons françaises, populaires ou sensément bien connues.

Fernand Couturier Fin de l’année 2019 et début de 2020

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Au sujet de l'auteur

Né en 1928 à Saint-Joseph du Madawaska au Nouveau-Brunswick dans une famille paysanne, l'auteur fait ses études classiques au Collège de Saint-Laurent à Montréal. Il étudie ensuite en théologie dans les années 50 pour ensuite enseigner au Collège de Saint-Laurent. Il obtient une licence (maîtrise) en philosophie à Paris en 1961.

Tout en enseignant cette matière toujours au même collège, il entreprit en 1963 une scolarité de doctorat en philosophie à l'Université de Montréal. De 1964 à 1967, il travailla sur la pensée de Martin Heidegger, à Freiburg im Breisgau, sous la direction de Bernhard Welte. "Monde et être chez Heidegger" lui permit d'obtenir le doctorat en philosophie de l'Université de Montréal en 1968. Il devint professeur de philosophie alle-mande contemporaine à l'UQAM de 1970 à 1993, moment où il prit sa retraite. Pendant cette période, il joint à l'enseignement différentes tâches de direction dans la même université : Module de philosophie de 1978 à 1980; Département de philosophie de 1980 à 1985; Programmes d'études interdisciplinaires sur la mort de 1985 à 1990. C'est en dirigeant ces derniers programmes qu'il fonda la revue Frontières, organe de recherche et de diffusion sur différentes problématiques de la mort et du deuil.

"Monde et être chez Heidegger", 584 pages, a été publié aux Presses de l'Université de Montréal en 1971. Publication d'articles en philoso-phie dans différentes revues, et collaboration à quelques collectifs. Puis en 1990, "Herméneutique", 211 pages, parut chez Fides.

Retraité de l’enseignement en 1993, et au fil de l’actualité des années qui suivirent le référendum de 1995, l’auteur travailla sur un projet de philosophie du langage et de l’histoire appliquée au Québec. Ce qui donna le livre "Un peuple et sa langue", publié par Fondation littéraire Fleur de Lys en 2004.

À partir des années 2000, dans le contexte de rencontres avec un groupe d’amis, il élabora "Mots de Noël" paru pour la première fois en 2004 chez Fondation littéraire Fleur de Lys, et en trois autres éditions progres-sivement augmentées publiées par le même éditeur en 2007, 2010 et 2016. Avec la dernière édition se termine l’expérience des Mots de Noël.

En 2015, l’auteur nous propose "Régime de l’être", condition humaine, en suite d’une longue fréquentation des œuvres de Martin Heidegger. En 2016, il nous offre un essai sous le titre "Mythes Religions Laïcité" sous-titré "Une aire de liberté" et, en 2017, un recueil de textes sous le titre "Mort humaine… suprême Séjour en Être". En 2017, il signe chez le même éditeur ''NIETZSCHE - Langage et interprétation'', ses notes de cours. En 2018, il nous offre "L’origine du langage… Souffle de l’être" et en 2019 "Création du monde − Épanouissement de l’être".

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Adresse électronique

[email protected]

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Table des matières

Dumêmeauteur ....................................................................9

Introduction......................................................................... 11

Cheminementdel’herméneutiqueoudel’interprétation ..... 13

Interprétationetvérité......................................................... 17

Cheminementdelavéritéoutrajetduvrai ...........................19

Métaphoreetinterprétation ................................................25

Éternité…............................................................................ 31

Enguised’introduction..................................................... 31

Undéfi ............................................................................. 33

Éternitécommunémentetdiversementexploitée ............36

A.AuniveauduFolklore ...............................................36

B.AuniveaudelaReligion............................................ 37

Éternitéetêtre .................................................................39

Conclusion ...........................................................................45

Ausujetdel'auteur ..............................................................49

Communiqueravecl'auteur ................................................. 51

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Juillet 2020

Édition, composition et distribution

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Adresse électronique

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Site Internet

www.manuscritdepot.com

Imprimé à la demande au Québec à compter de

Juillet 2020

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L’éternité poussée jusqu’en ses derniers retranchements ou repères s’avère rien d’autre que l’être. L’être en son absolue autosuffisance ou indépendance, en sa présence à tout jamais indicible parfaitement, i.e. qui échappe à toute expression définitive ou parfaitement adéquate, à tout compte rendu qui se prétendrait définitif ou achevé. L’être comme ce vers quoi chemine aussi l’interprétation d’un texte en sa poursuite indéfinie du sens ou du vrai de ce texte. Ainsi le vrai à jamais indéfinissable, i.e. toujours échappant à toute prétention de compréhension exhaustive. Le vrai, en fin de compte, dit tout simplement être. L’être pour toujours défiant toute définition absolument adéquate ou sans reste. Tout effort pour le cerner parfaitement ou adéquatement reste vain. On sent qu’il y aurait encore et toujours à dire!

Oh! Combien Simple, mais Mystérieuse Équivalence entre éternité, vérité et être!

Et que le langage humain réserve d’étonnement : L’expression l’éternité dit l’être reste étonnante, surprenante et embarrassante, mais elle est aussi vraie « que la terre est ronde », et non moins signifiante que le soleil levant disant « bonjour aux montagnes »! Tout lecteur le moindrement familier avec le monde de langue française est censé savoir d’où viennent ces deux points de comparaison : tout bonnement et simplement de deux chansons françaises, populaires ou sensément bien connues.

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