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26 juillet 2012 32 En Bretagne, aux siècles der- niers, on prétendait que per- sonne ne mourait sans que l’un de ses proches, de ses amis ou de ses voisins n’en ait été pré- venu par un signe, un bruit quel- conque, une apparition, en un mot, un intersigne. En premier lieu, le mauvais présage était si- gnalé par le cliquetis caractéristi- que de la charrette de la Mort, wik-a-wik, wik-a-wik. C ’est ce que raconta une femme de l’Île-Grande à Charles Le Goffic : « Je n’ai pas vu l’Ankou, mais je l’ai en- tendu venir plusieurs fois. Sa charrette a passé à me frôler ; je percevais distinctement le galop des chevaux et le grincement des essieux, mais je ne voyais rien. Seulement la charrette ne tardait pas à s’arrêter devant une porte sur la route, ou bien elle prenait la traverse et pénétrait dans la cour d’une ferme, et le lendemain, il y avait un vivant de moins dans la maison.» De même cette vieille filan- dière de Pluzunet révélait à Ana- tole Le Braz : « Le cri de l’essieu se faisait de plus en plus distinct. Je l’entendis bientôt tout contre le pignon… L’essieu continuait de grincer et la charrette de cahoter. Elle fit le tour de la maison une première fois, puis une seconde, puis une troisième. Au troisième tour, un coup formidable s’abattit sur la porte… mon homme tré- passa le lendemain.» En général, le décès interve- nait plutôt trois jours après. En ef- fet, le chiffre 3 est étroitement lié à la mort. Certains dictons confir- ment que les malheurs arrivent par séries de trois : Pa erru eur c’holl enn ti / Ec’h erru daou pe dri, quand on perd quelqu’un dans une maison / on en perd deux ou trois. Aujourd’hui encore, on en- tend dire que la mort fait volon- tiers le « trépied » : si deux voisins disparaissent à bref intervalle, le décès d’un troisième est proche. Selon Jules Gros à Locquémeau on avait noté que les gens étaient emportés dans la tombe par saint Quémeau, trois par trois : Sant Kemo ac’h a tri ha tri gantañ. Si l’on regarde du côté de l’Ir- lande ou de l’Ecosse, on ne peut s’empêcher de penser encore aux trois cris de la banshee, l’être surnaturel qui annonce aux gran- des familles la fin prochaine de l'un des leurs. L'oiseau de la Mort Les animaux jouent aussi na- turellement un grand rôle dans les présages et parmi eux, l'oi- seau de la Mort, evnig ar Ankou, l’effraie. Cet oiseau devin donnait ses augures aussi bien aux abords des maisons que dans les chemins creux, dans les sentiers de la mort. Les anciens avaient remarqué sa façon particulière de crier dès lors qu’il s’agissait d'an- noncer un malheur. « C'est un cri aigu, tellement que vous croyez qu’il n’y a rien sur votre dos, un bruit à vous dissoudre les boyaux », raconte Adèle à Locarn. Si l'on entendait son cri à la nuit tom- bante, alors la mort frapperait un proche. Si c'était avant le point du jour, la victime serait loin de là. Le plus inquiétant encore, c’est quand l’oiseau de la mort venait frapper aux carreaux. Le jour, on n’aime pas non plus voir les pies rôder dans le voi- sinage des maisons et, elles aussi viennent frapper aux fenê- tres pour annoncer une mau- vaise nouvelle. On a tous en mé- moire le décompte des pies : une pie tant pis, deux pies malheur… La basse-cour a aussi ses oracles. Comme on le sait, le coq n’a pas pour habitude de chanter la nuit. C’est aux premières lueurs du jour qu’il joue son rôle de réveille-matin. C’est pourquoi son chant sur son perchoir était autrefois vu d’un mauvais ?il ou plutôt entendu d’une mauvaise oreille. C’était le signe que quelqu'un allait mourir dans l’en- tourage : Ar c’hog pa gan war e glud A ra glac’har d'e dud. Quand le coq chante sur son perchoir, Il cause du chagrin à ses pro- priétaires. Le nombre de coqueri- cos avait son importance et donnait lieu à diverses interprétations heureu- ses ou malheureuses. Ainsi disait-on à Plouaret : « A partir de minuit, le coq an- nonce les morts, il chantera un nom- bre pair de fois pour une femme et impair pour un homme ». Et à Plougras : « S'il chante deux fois avant minuit, c'est l'annonce d'un mariage, trois fois, une naissance, cinq fois, une mort ». Dans le cas d’un mauvais au- gure et afin de conjurer le sort, on tordait le cou à l’ani- mal. La prophétie était ainsi vérifiée… mais aux dépens de celui qui l'avait annoncée. Beaucoup de chouettes effraies finirent ainsi leurs jours clouées sur les portes des granges. Bien des chouettes ont fini clouées sur une porte de grange (ph. Didier Clech) NOTE Pour en savoir plus, lire : Daniel Giraudon, Sur les chemins de l’Ankou, croyances et légendes de la Mort en Bretagne, éditions Yoran em- banner, 2012. 384 pages nbx illustra- tions, 35 euros. http://danielgirau- don.weebly.com Karrig an Ankou (dessin de Jean Frélaut) Le chant du coq avait aussi son importance (ph. Jean- Paul Le lay) A VOIR Chouette sur sablière de la chapelle Notre-Dame du Tertre à Chatelaudren. Sur les chemins de l’Ankou Intersignes et mauvais présages Daniel Giraudon Festival de Buguélès : Dix places pour le festival de Buguélès le 11 août à Penvénan : Les gagnants : Malo Alexan- dre, Lannion; Daniel Le Peuch, Cavan;Colette Cozigou, Penvé- nan; Mauricette Goujard, Man- tallot; Lucie Le Roux, Plou- bezre; Isabelle Jézéquel, Prat; Pierre-Yves Flamec, Perros- Guirec; Christian Le Hay, Le Vieux-Marché; Yvonnick Le Souder, Lannion; Didier Raep- saet, Lannion. Les places sont à retirer à l’accueil du journal le Trégor à Lannion. Produits dérivés “Rock of ages” : Au choix tee shirt de danse féminin ou lot d’essuies-front : Roger Le Faucheur, Lannion; Alain Richard, Trézény; Sté- phane Droniou, Rospez; Domi- nique le Boubennec, Lannion; Nicole Le Beaudour, Lannion; Thibault Le Montret, Caouën- nec; Marie-Paule Derrien, Plou- bezre; Marie-Cécile Richard, Ploubezre; Marie Le FElt, Ker- maria-Sulard; Yolande Le Goff, Louannec; Gérard Le Bras, Ker- maria-Sulard; Claudine Le Roy, Bégard; Hamzu Abdekebir, Lannion; François Grenier, Ploulec’h; Céline Le Borgne, Cavan; Tanguy Le Martret, Caouënnec; Christian Le Hay, Le Vieux-Marché; Guy Boulan- ger, Louargat; Christiane Le Moigne, Plouégat-Guerrand; Isabelle Jézéquel, Prat; Gurvan Le Muzic, Kermaria-Sulard; Fa- brice Hodebert, Lannion; An- toine Le Calvez, Lannion; Chris- telle Le Droumaguet, Kermo- roc’h; Nicolas Cloatre, Lannion; Philippe PIerrès, Plestin; Jean- Yves Sidaner, Prat; Claudine Geffroy, Prat; Hélène Lesné, Louannec; Pierre-Michel Le Bras, Lannion; Louise Bonniec, Lannion; Aurélie Pérès, Botlé- zan; Marguerite Dupire, Chate- laudren; Marie Rellaud, Plou- guiel; Solange Le Denmat, Ros- pez. Tous les lots sont à retirer au journal Le Trégor, 26 bis rue compagnie Roger Barbé à Lan- nion sur présentation d’une pièce d’identité. Jeu Les gagnants des jeux

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En Bretagne, aux siècles der-niers, on prétendait que per-sonne ne mourait sans que l’unde ses proches, de ses amis oude ses voisins n’en ait été pré-venu par un signe, un bruit quel-conque, une apparition, en unmot, un intersigne. En premierlieu, le mauvais présage était si-gnalé par le cliquetis caractéristi-que de la charrette de la Mort,wik-a-wik, wik-a-wik.

C’est ce que raconta unefemme de l’Île-Grande àCharles Le Goffic : « Je n’ai

pas vu l’Ankou, mais je l’ai en-tendu venir plusieurs fois. Sacharrette a passé à me frôler ; jepercevais distinctement le galopdes chevaux et le grincement desessieux, mais je ne voyais rien.Seulement la charrette ne tardaitpas à s’arrêter devant une portesur la route, ou bien elle prenait latraverse et pénétrait dans la courd’une ferme, et le lendemain, il yavait un vivant de moins dans lamaison.»

De même cette vieille filan-dière de Pluzunet révélait à Ana-tole Le Braz : « Le cri de l’essieuse faisait de plus en plus distinct.Je l’entendis bientôt tout contre lepignon… L’essieu continuait degrincer et la charrette de cahoter.Elle fit le tour de la maison unepremière fois, puis une seconde,puis une troisième. Au troisièmetour, un coup formidable s’abattitsur la porte… mon homme tré-passa le lendemain.»

En général, le décès interve-nait plutôt trois jours après.En ef-fet, le chiffre 3 est étroitement lié àla mort. Certains dictons confir-

ment que les malheurs arriventpar séries de trois : Pa erru eurc’holl enn ti / Ec’h erru daou pe dri,quand on perd quelqu’un dansune maison / on en perd deux outrois. Aujourd’hui encore, on en-tend dire que la mort fait volon-tiers le « trépied » :si deux voisinsdisparaissent à bref intervalle, ledécès d’un troisième est proche.Selon Jules Gros à Locquémeauon avait noté que les gens étaientemportés dans la tombe par saintQuémeau, trois par trois : SantKemo ac’h a tri ha tri gantañ.

Si l’on regarde du côté de l’Ir-lande ou de l’Ecosse, on ne peuts’empêcher de penser encoreaux trois cris de la banshee, l’êtresurnaturel qui annonce aux gran-des familles la fin prochaine del'un des leurs.

L'oiseau de la MortLes animaux jouent aussi na-

turellement un grand rôle dansles présages et parmi eux, l'oi-seau de la Mort, evnig ar Ankou,

l’effraie.Cet oiseau devin donnaitses augures aussi bien auxabords des maisons que dans leschemins creux, dans les sentiersde la mort. Les anciens avaientremarqué sa façon particulière decrier dès lors qu’il s’agissait d'an-noncer un malheur. « C'est un criaigu, tellement que vous croyezqu’il n’y a rien sur votre dos, unbruit à vous dissoudre les boyaux», raconte Adèle à Locarn.Si l'onentendait son cri à la nuit tom-bante, alors la mort frapperait unproche.Si c'était avant le point dujour, la victime serait loin de là.Leplus inquiétant encore, c’estquand l’oiseau de la mort venaitfrapper aux carreaux.

Le jour, on n’aime pas nonplus voir les pies rôder dans le voi-sinage des maisons et, ellesaussi viennent frapper aux fenê-tres pour annoncer une mau-vaise nouvelle. On a tous en mé-moire le décompte des pies : unepie tant pis, deux pies malheur…

La basse-cour a aussi sesoracles.Comme on le sait, le coqn’a pas pour habitude de chanterla nuit. C’est aux premièreslueurs du jour qu’il joue son rôlede réveille-matin. C’est pourquoison chant sur son perchoir étaitautrefois vu d’un mauvais ?il ouplutôt entendu d’une mauvaiseoreille. C’était le signe quequelqu'un allait mourir dans l’en-tourage :

Ar c’hog pa gan war e gludA ra glac’har d'e dud.Quand le coq chante sur son

perchoir, Il cause du chagrin à ses pro-

priétaires.

Le nombre de coqueri-cos avait son importanceet donnait lieu à diversesinterprétations heureu-ses ou malheureuses.Ainsi disait-on àPlouaret : « A partirde minuit, le coq an-nonce les morts, ilchantera un nom-bre pair de foispour une femme etimpair pour unhomme ». Et àPlougras : « S'ilchante deux foisavant minuit, c'estl'annonce d'unmariage, trois fois,une naissance,cinq fois, une mort». Dans le cas

d’un mauvais au-gure et afin de

conjurer lesort, on

tordait lecou à

l’ani-mal.

La prophétie était ainsi vérifiée…mais aux dépens de celui quil'avait annoncée. Beaucoup de

chouettes effraies finirentainsi leurs jours clouées

sur les portes desgranges.

■ Bien des chouettes ont fini clouées sur une porte de grange(ph. Didier Clech)

NOTEPour en savoir plus, lire :Daniel

Giraudon, Sur les chemins del’Ankou, croyances et légendes de laMort en Bretagne, éditions Yoran em-banner, 2012. 384 pages nbx illustra-tions, 35 euros. http://danielgirau-don.weebly.com

■ Karrig an Ankou (dessin deJean Frélaut)■ Le chant du coq avait aussi

son importance (ph. Jean-Paul Le lay)

A VOIR Chouette sur sablière de lachapelle Notre-Dame duTertre à Chatelaudren.

Sur les chemins de l’Ankou

Intersignes et mauvais présages

DanielGiraudon

Festival de Buguélès :Dix places pour le festival de

Buguélès le 11 août à Penvénan: Les gagnants : Malo Alexan-dre, Lannion; Daniel Le Peuch,Cavan;Colette Cozigou, Penvé-nan; Mauricette Goujard, Man-tallot; Lucie Le Roux, Plou-bezre; Isabelle Jézéquel, Prat;Pierre-Yves Flamec, Perros-Guirec; Christian Le Hay, LeVieux-Marché; Yvonnick LeSouder, Lannion; Didier Raep-saet, Lannion.Les places sont àretirer à l’accueil du journal leTrégor à Lannion.

Produits dérivés “Rock ofages”:

Au choix tee shirt de danseféminin ou lot d’essuies-front :Roger Le Faucheur, Lannion;Alain Richard, Trézény; Sté-phane Droniou, Rospez; Domi-nique le Boubennec, Lannion;Nicole Le Beaudour, Lannion;Thibault Le Montret, Caouën-nec; Marie-Paule Derrien, Plou-bezre; Marie-Cécile Richard,Ploubezre; Marie Le FElt, Ker-maria-Sulard; Yolande Le Goff,

Louannec; Gérard Le Bras, Ker-maria-Sulard; Claudine Le Roy,Bégard; Hamzu Abdekebir,Lannion; François Grenier,Ploulec’h; Céline Le Borgne,Cavan; Tanguy Le Martret,Caouënnec; Christian Le Hay,Le Vieux-Marché; Guy Boulan-ger, Louargat; Christiane LeMoigne, Plouégat-Guerrand;Isabelle Jézéquel, Prat; GurvanLe Muzic, Kermaria-Sulard; Fa-brice Hodebert, Lannion; An-toine Le Calvez, Lannion; Chris-telle Le Droumaguet, Kermo-roc’h; Nicolas Cloatre, Lannion;Philippe PIerrès, Plestin; Jean-Yves Sidaner, Prat; ClaudineGeffroy, Prat; Hélène Lesné,Louannec; Pierre-Michel LeBras, Lannion; Louise Bonniec,Lannion; Aurélie Pérès, Botlé-zan; Marguerite Dupire, Chate-laudren; Marie Rellaud, Plou-guiel; Solange Le Denmat, Ros-pez.

Tous les lots sont à retirer aujournal Le Trégor, 26 bis ruecompagnie Roger Barbé à Lan-nion sur présentation d’unepièce d’identité.

JeuLes gagnants des jeux