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EVOLUTIONS HISTORIQUES : --- SOMMAIRE --- I. Evolution historique des fondements du droit islamique A. Définition : fiqh, sharî`a, usûl al-fiqh B. Chronologie 1. Fondation - (609-632) - Muhammad (pbsl) 2. Instauration - (632-661) - les quatre califes 3. Construction - (661-750) - l’école de l’opinion et de la tradition 4. Epanouissement - (750-960) - les grands imams 5. Consolidation - (960-1258) - les écoles de pensées 6. Stagnation - (1258-1870) - l’imitation 7. Renouveau - (1870-…) - le réformisme I. Les principales tendances de l’islam contemporain Points abordés Analyse de l’évolution historique du fiqh Compréhension de sa codification progressive dans le temps Présentation des quatre écoles de pensées Analyse du cycle d’évolution de l’élaboration du fiqh : dynamisme d’émergence, consolidation- stagnation et renouveau (réformisme) Typologie des principaux courants actuels

Introduction à la jurisprudence islamique fiqh 2

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EVOLUTIONS HISTORIQUES :--- SOMMAIRE ---

I. Evolution historique des fondements du droit islamiqueA. Définition : fiqh, sharî`a, usûl al-fiqhB. Chronologie

1. Fondation - (609-632) - Muhammad (pbsl)2. Instauration - (632-661) - les quatre califes3. Construction - (661-750) - l’école de l’opinion et de la tradition4. Epanouissement - (750-960) - les grands imams5. Consolidation - (960-1258) - les écoles de pensées6. Stagnation - (1258-1870) - l’imitation7. Renouveau - (1870-…) - le réformisme

I. Les principales tendances de l’islam contemporain

Points abordés • Analyse de l’évolution historique du fiqh• Compréhension de sa codification progressive dans le temps• Présentation des quatre écoles de pensées• Analyse du cycle d’évolution de l’élaboration du fiqh : dynamisme d’émergence, consolidation-

stagnation et renouveau (réformisme)• Typologie des principaux courants actuels

Chap I : Les sciences de l’élaboration du fiqh

• Définition : fiqh, sharî`a, usûl al-fiqh

• Chronologie• Fondation - (609-632) - Muhammad (pbsl)• Instauration - (632-661) - les quatre califes• Construction - (661-750) - l’école de l’opinion et de la tradition• Epanouissement - (750-960) - les grands imams• Consolidation - (960-1258) - les écoles de pensées• Stagnation - (1258-1870) - l’imitation• Renouveau - (1870-…) - le réformisme

A) Définitions : fiqh

• Littéralement : la vraie compréhension de ce que l’on cherche

• Science de la déduction des lois à partir de l’évidence trouvée dans les sources de la loi islamique

• Par extension : corps des lois musulmanes ainsi déduites ou jurisprudence

I A : Définitions

Définition : sharî`a

• Littéralement : – la mare ou les animaux se rassemblent pour

boire – le chemin vers la source – la voie (Coran : 45/18)

• Directives et orientations générales qui sont issues du Coran ou de la Sunna

I A : Définitions

Différence fondamentale entre sharî`a et fiqh

• La sharî`a est un ensemble de principes généraux. Elle est immuable

• Le fiqh est un ensemble de lois déduites de la sharî`a pour répondre à un contexte espace-temps donné. Il change selon les circonstances

I A : Définitions

², 08/23/2003
Rq : vol-main, héritage, alcool, lapidation ? : Shari`a ou fiqh. Plutôt shari`a…

Définition : usûl al-fiqh

• Les fondements du droit musulman

• Expose les indications, les méthodes et les priorités par lesquelles les règles du fiqh sont déduites de leur sources

I A : Définitions

B) Chronologie

• 609-632 : Fondation : prophète (pbsl)

• 632-661 : Instauration : 4 califes bien-guidés

• 661-750 : Construction : dynastie umayyades

• 750-960 : Epanouissement : apogée abbassides

• 960-1258 : Consolidation : déclin abbassides pillage de Bagdad

• 1258-1870 : Stagnation : empire ottoman

• 1870-… : Renouveau

I B : Chronologie

1) Fondation : 609-632

• L’époque du prophète : généralités• Il était la référence unique sur le plan spirituel,

social, juridique

• Enseignement vivant, naturel, global

• Révélation divine : source de principes généraux

• Sunna (paroles et actes du prophète (pbsl) ) : explication de la révélation et application concrète

• Distinction importante entre le domaine : – Spirituel Muhammad = prophète = infaillible – Temporel Muhammad = être humain = faillible

I B 1 : Fondation

L’époque du prophète

• La législation (par le Coran ou la Sunna) correspond à des questions posées ou à des problèmes concrets

• Méthode pédagogique progressive– Ex des prières : instauration chronologique

• 2 prières par jour• 5 prières par jour mais de 2 prosternations• Puis codification finale• Cf Sahih Bukhârî, n°346

• Narrated 'Aisha: the mother of believers: Allah enjoined the prayer when He enjoined it, it was two Rakat only (in every prayer) both when in residence or on journey. Then the prayers offered on journey remained the same, but (the Rakat of) the prayers for non-travellers were increased.

– Ex du vin • 3 révélations : 2/219 puis 4/43 et enfin 5/90-91

I B 1 : Fondation

La Mecque : 609-622 : Les premières révélations

• Fondation spirituelle de l’islam : al-imân– Sujets de la révélation :

• L’unicité divine (at-tawhîd)

• L’existence de Dieu

• La vie future• Les anciennes civilisations• La prière

• L’inimitabilité du Coran

I B 1 : Fondation

Médine : 622-632 : Les changements

• Deux différences majeures :– En plus d’une spiritualité « individuelle »,

besoin d’organisation d’une société : orientations sociales, économiques, politiques

– Expansion géographique importante rencontre d’un contexte très différent (population, habitudes, coutumes) nécessité de réfléchir à une adaptation

I B 1 : Fondation

Sujets de la révélation à Médine

– Les lois : 3 piliers (zakat, jeune, pélerinage), alcool, porc, peines légales

– La gestion des conflits– Les gens du Livre– L’attitude envers les hypocrites

I B 1 : Fondation

Incitation au raisonnement

• Incitation du prophète envers les compagnons pour qu’ils fassent usage de la raison

– Le prophète (pbsl) voulant envoyer `Ali ibn Abî Tâlib au Yemen. Celui-ci fut surprit et pensait « n’avoir aucune connaissance de la manière de juger ». Le prophète (pbsl) lui répondit : « Dieu guidera ton cœur et maintiendra fermement ta langue [dans la vérité]. Quand deux plaideurs se présentent devant toi, ne décide rien tant que tu n’as pas écouté ce que le second a à dire comme tu as écouté le premier : cela est préférable afin que le bon jugement t’apparaisse clairement. » - Abû Dâwud

– Lorsque le prohète (pbsl) envoya Mu`adh Ibn Jabal au Yemen, il lui demanda : « Selon quoi jugeras-tu ?Selon le livre de Dieu, répondit-il.Et si tu n’y trouves rien ?Selon la tradition du prophète de Dieu.Et si tu n’y trouves rien ?Alors, je mettrai toute mon énergie à formuler mon propre jugement.Le prophète (pbsl) dit alors :Louange à Dieu qui a guidé le messager du prophète vers ce qui est agréable au prophète. » - Muslim

I B 1 : Fondation

², 08/19/2003
EXEMPLE "d'ijtihad" à l'époque du prophète??

Rapport aux Textes très dynamique

• Mise en pratique d’un processus raisonné d’analyse des sources et des nouvelles circonstances pour aboutir à des décisions

– Le prophète (pbsl) et les compagnons ont pratiqué l’ijtihâd pendant cette période

• Hadith sur le blessé et tayamoum – abu daoud 336 – Ibn Majah 572 – P37 conflits …

– Cette pratique ne peut cependant être considérée comme une source indépendante de la loi, car leur validité dépendait de la confirmation de la révélation divine

– Il faut considérer ces moments comme une pédagogie proposant un savoir-faire méthodologique

I B 1 : Fondation

Distinction des principaux domaines religieux

• La théologie : al-`aqîda : études de la croyance en Dieu et de ses attributs. Issu de « al-iman »

• L’éthique : al-akhlâq : principes moraux, règles de comportement visant la noblesse de caractère

• Prescriptions légales : al-fiqh : ensemble des commandements et interdictions partie représentant 4 à 8% du Coran soit 250 à 500 versets sur 6632

I B 1 : Fondation

Distinction dans le fiqh

• Relation verticale entre Dieu et l’être humain : fiqh al-`ibâdât (sens étymologique du mot religion)– Droit négatif : ce qui est autorisé a été explicité ; tout

le reste est interdit

• Relation horizontale entre l’homme et la société : fiqh al-mu`âmalât– Droit positif : ce qui interdit a été stipulé ; tout le reste

est permis

I B 1 : Fondation

Légitimité d’une classification

• « Ô Muhammad, parle moi de l’islam. »Le messager de Dieu dit : « Al-islam c’est témoigner qu’il n’y a pas d’autres divinités que Dieu et que Muhammad est le messager de Dieu, accomplir les prières, s’acquitter de la zakât, jeûner le mois de Ramadan et effectuer le pèlerinage à la Maison sacrée si l’on en est capable. »Il répondit : « Tu as dit vrai. »Il demanda ensuite : « Parle moi d’al-iman.»Il dit : « C’est croire en Dieu, Ses anges, Ses livres sacrés, Ses messagers et le Jour dernier, et croire au destin fixé par Dieu, qu’il s’agisse de bien ou de mal. »Il répondit encore : « Tu as dit vrai »Puis il ajouta : « Maintenant parle moi d’al ihsan. »« C’est adorer Dieu comme si tu Le voyais, car même si tu ne Le vois pas Lui te voit. » - Muslim

• Evolutions– Islam le culte (al-`ibâdât)– Iman la théologie, les croyances au-dela du sensible (al-`aqîda)– Ihsan l’éthique (al-akhlâq), les rapports sociaux (al-mu`âmalât), le soufisme (at-

tassawuf)

I B 1 : Fondation

Résumé

• L’enseignement islamique est un et repose sur la présence du prophète (pbsl) pour une compréhension des principes généraux et d’une pratique concrète

• La base de la législation vise à une réforme de l’être humain

I B 1 : Fondation

2) Instauration : 632-661

• Les califes bien-guidés (khulafa’ ar-râshidin) : Abu Bakr, `Umar, `Uthmân, `Alî

– Extension extrêmement rapide des frontières de l’Etat islamique : Syrie, Jordanie, Egypte, Iraq, Perse

– Les musulmans sont confrontés à des sociétés nouvelles qui ont leur propre mode de pensée, culture, d’organisation

I B 2 : Instauration

Classement des sources du fiqh

– Recherche d’une solution spécifique dans le Coran– Sans réponse, recherche dans la Sunna

– Sans réponse, consultation d’éminents compagnons pour aboutir à une unanimité (ijmâ)

– Sans unanimité, prise en compte de la majorité

– En cas de divergences importantes et sans majorité écrasante, le calife pratiquait son ijtihâd qui devenait loi

I B 2 : Instauration

Exemples d’ijtihad

• Rassemblement des différents manuscrits du Coran

• Création de monnaie

• Instauration d’un impôt foncier sur les terres conquises

• Création de prisons

• Suspension de la sanction du vol en période de disette

• Unification de la lecture du Coran

I B 2 : Instauration

Les raisons d’un fonctionnement optimal

• Mise en place d’une consultation mutuelle (shûra)

• Présence de nombreux compagnons à Médine

• Souci de ne pas émettre des avis individuels mais de chercher les personnes les plus compétentes

• Faible transcription des hadîths par crainte d’altération – concentration sur le Coran

I B 2 : Instauration

Caractéristiques du fiqh

• Elaboration d‘avis selon des cas concrets et non des hypothèses

• Conscience du caractère spécifique des avis : pas de prescription figée pour toujours ni de consignation écrite des avis

• Rapport au Coran et à la Sunna très littéral ahl al-hadîth. Mais émergence également d’avis selon « l’opinion personnelle » par une analyse plus poussée des principes généraux de la sharî`a ahl al-ra’y

• Prise en compte du contexte et modification dans certains cas

I B 2 : Instauration

Attitudes individuelles

• Certains compagnons donnaient leur avis en précisant qu’ils pouvaient se tromper

• Certains rectifiaient leur avis à la lumière d’un nouveau hadith qu’il ne connaissaient pas au départ

• Sans preuve ni unanimité, la règle était le respect des opinions des uns et des autres

I B 2 : Instauration

3) Construction : 661-750

• La période umayyade : construction

– Période de troubles qui va provoquer de grands changements

– Apparition de nombreuses sectes dont les principales sont les

• kharidjites (sécessionnistes - après la bataille de Siffîn - 657) • chiites (partisans de `Alî - après la bataille de Kerbala - 680)

I B 3 : Construction

Influence du contexte

CAUSES CONSEQUENCES

Instauration de la dynastie (royauté héréditaire) et manipulation du fiqh

pour justifier des orientations dictatoriales

Censure des oulémas qui vont se concentrer sur la compilation des

principes juridiques

Dispersion des oulémas pour fuir les persécutions

- Application de l’ijma` impossible - Elaboration d’avis juridiques très différents mais tout autant qualifiés

Fabrication de hadith Attitude critique par rapport à l’acceptation des hadiths ; prémices d’une analyse critique systématique

et codifiée : sciences du hadith

I B 3 : Construction

Caractéristiques du fiqh

• Elaboration de jugement selon deux courants : – ahl al-ra’y : école de l’opinion (basée à Kufa)– ahl al-hadîth : école de la tradition (basée à Médine)

• Développement de l’ijtihâd en raison de la dispersion des savants

• Compilation du fiqh pour distinguer les faux avis juridiques– Hijâz : Abdallah Ibn Abbas, Aïcha, Abdallah Ibn Umar– Iraq : Abdallah Ibn Mas`ud, `Ali Ibn Abi Talib

I B 3 : Construction

Ecole de l’opinion : ahl al-ra’y (Kufa)

• Méthode de compréhension s’efforçant plus que les autres à extraire d’un avis particulier une règle générale

• Ne signifie pas que les hadiths sont écartés

• Divergences d’avis avec l’école de la « tradition » en se fondant souvent sur les mêmes sources

• Représentants : Umar, Aïcha, Abdallah Ibn Mas`ud, Ali Ibn Abi Talib, Abdallah Ibn Abbas, Shurayh

• Cette méthode d’interprétation des sources se poursuivra principalement par l’école hanafite

I B 3 : Construction

Ecole de la tradition : ahl al-hadîth (Médine)

• Restriction de l’attitude interprétative selon le verset : « Et ne poursuis pas ce dont tu n’as aucune connaissance » Coran 17/36

• Méthode qui interprète les sources de manière relativement littérale en donnant la priorité aux hadiths les plus authentiques en cas de hadiths divergents sur le même sujet.

• Représentants : Ibrahim an-Nakh’î, Abdallah Ibn Omar, Abû Hurayra , Uthman

• Cette méthode d’interprétation des sources se poursuivra par les écoles shafi`ite et hanbalite

I B 3 : Construction

Exemple de divergence d’interprétation

• 1) Hadith rapporté par An-Nassaï : « (Quand on purifie ses vêtements de l’urine des nourissons), il faut faire le lavage pour les traces d’urines de la petite fille et envoyer des gouttelettes d’eau pour les traces d’urine du petit garçon »

• Ash-Shâfi`î et Ibn Hanbal déduisent que le lavage est nécessaire pour la souillure due à la fille alors qu’il suffit d’humidifier le vêtement souillé par le garçon

• Aboû Hanîfa lui pense qu’il faut avoir recours au lavage quelque soit le type de souillure

– Il ne s’agit pas ici de libertés par rapport au texte. Il applique simplement une règle générale déduite de l’ensemble des textes qui préconise le lavage pour les vêtements souillés par l’urine – D’autre part il analyse le terme utilisé dans le hadith comme un lavage plus léger

• 2) Le fait de donner sadaqat al-fitr sous forme d’aliment (conformément à la lettre du hadith) ou sous forme de monnaie (en privilégiant l’esprit)

I B 3 : Construction

Deux lectures existant à l’époque du prophète (pbsl)

• Après la guerre des coalisés, le prophète (pbsl) avait déclaré : « Que personne n’accomplisse la prière de l’après-midi si ce n’est chez les Banoû Qourayza ». Lorsque l’heure la prière survint, certains compagnons étaient toujours sur la route. Un groupe déclara alors qu’il ne ferait pas la prière avant d’être arrivé, même si l’heure de la prière devait se terminer. D’autres Compagnons comprenaient les paroles du prophète (pbsl) en ce sens : « Que chacun s’efforce d’arriver chez les Banoû Qourayza avant la fin de l’heure de la prière ». Ayant eu connaissance de cette discussion, le prophète (pbsl) ne blama aucun des deux groupes. – Bukhârî

• Discussion entre Abu Horeyra et Abdoullah ibn Abbas au sujet de ce qui annule la purification rituelle (wodhou)

I B 3 : Construction

4) Epanouissement : 750-950

• Début de la dynastie abbasside– Constitution du fiqh comme une science à part entière – Rapport ambigu entre le pouvoir et les juristes

• Encouragement du calife à l’érudition, aux réflexions et aux débats– Lien supposé entre un retour du califat légitime et les travaux des

juristes– Certains califes étaient de grands savants en matière de fiqh ex : Hârûn

ar-Rashîd

• « Censure » de certains juristes dont les avis allaient à l’encontre du pouvoir ex : Abû Hanîfa, Mâlik, Ibn Hanbal

– Respect mutuel et influence réciproque entre les différentes écoles. Compréhension additive et jamais exclusive

I B 4 : Epanouissement

Caractéristiques du fiqh

• Compilation systématique et à grande échelle des avis ex : Imam Mâlik : al-Muwatta’ , Imam Ash-Shâfi`i : al-Umm, Imam Ibn al-Qâsim (malikite) : al-Mudawwanâ

• Rôle néfaste du pouvoir qui va instrumentaliser les savants pour le divertissement (débats rhétoriques de fiqh hypothétique) et la légitimation (de certains imams au détriment d’autres)

• Compilation des hadîths permettant de garder une flexibilité des écoles de pensées (les nouveaux avis étant donnés à partir de hadîths authentiques plutôt qu’en suivant servilement les avis précédents). Ex : Imam Ibn Hanbal, Imam Bukhârî, Imam Muslim

• Organisation du fiqh par une spécialisation des différents domaines concernés

I B 4 : Epanouissement

Classement des sources du fiqh

• Le Coran

• La Sunna

• L’opinion des compagnons – Consensus (ijmâ) en cas d’unanimité– Opinion personnelle (ar-ra’y) en cas d’avis divergents

• I’ijtihâd en appliquant la déduction analogique (qiyâs)

• L’intérêt général (istislâh)

• La coutume (`urf) : Acceptation tant que cela ne contredit pas un principe islamique

I B 4 : Epanouissement

², 08/18/2003
ex: vente des objets p92-93

Les écoles jurisprudentielles

• De nombreuse écoles

– Hanafite : Imam Abû Hanîfa : Nu’man ibn Thâbit (703-767)– Awzâ’i : Imam al-Awzâ’i (709-774)– Malikite : Imam Mâlik ibn Anas ibn ‘Amir (717-801)– Zaydite : Imam Zayd (700-740)– Laythîe : Imam al-Layth (716-791)– Thawrîe : Imam ath-Thawrî (719-777)– Shâfi’ite : Imam ash-Shâfi’i (769-820)– Hanbalite : Imam Ahmad ibn Hanbal ash-Shaybânî (778-588)– Dhâhirîe : Imam Dâwûd ibn `Ali (815-883)

• Représenatnt : Ibn Hazm– Jarîrîe : Imam at-Tabarî (839-923)

I B 4 : Epanouissement

², 08/18/2003
Y a t-il une école Ash’arite ??Si ce n'est pas dans le sens école de pensée elle influence bcp le sunnisme... (contre mu'tazilites, frères de la pureté)représentant Ghazali

Les quatre écoles contemporaines

Répartition géographique actuelle

– Hanafite : Inde, Afghanistan, Pakistan, Iraq, Syrie Turquie, Guyane, Trinidad, Ile de la Réunion

– Malikite : Egypte, Maghreb, Afrique de l’Ouest, Etats du Golfe Persique

– Shâfi’ite : Egypte, Arabie du sud, Sri-Lanka, Indonésie, Malaisie, Afrique de l’Est, Surinam, Amérique du Sud

– Hanbalite : Arabie Saoudite, Palestine

I B 4 : Epanouissement

Abû Hanîfa

Imam Abû Hanîfa : Nu’man ibn Thâbit (703-767)

• D’origine iranienne, il est considéré comme un tâbi`in (« ceux qui ont suivis » : personnes formées par les compagnons)

• Basée à Koufa (Irak) son école tient du courant de ahl al-ra’y (les gens de l’opinion)

• Battu et emprisonné jusqu’à sa mort par les califes umeyyades et abbassides pour son refus d’être juge officiel

• Méthode d’enseignement et d’élaboration de jugements par des discussions interactives avec un groupe d’étudiants

• Développement du fiqh hypothétique concernant d’éventuelles problématiques

I B 4 : Epanouissement

L’école Hanafite

• Vérification minutieuse des hadiths – Il exigeait un degré supérieur au hadith authentique

• Accorde une place à l’opinion individuelle des compagnons et à l’intérêt général (istislah) comme source de droit

• Les principaux étudiants : – Zufar Ibn al-Hudhayl, Abu Yûsuf, Muhammad Ibn al-Hassan

• Ouvrages : al-hakim ach-chahid : Al-kâfi, as-sarakhsi : al-mabsout

I B 4 : Epanouissement

Mâlik ibn Anas

Imam Mâlik ibn Anas ibn ‘Amir (717-801)

• A passé toute sa vie à Médine

• Il fut sévèrement battu pour avoir émis des avis juridiques condamnant certaines pratiques des califes

• Refusa que son fiqh soit institutionnalisé dans tout l’empire

• Fait partie l’école de la tradition (dans une moindre mesure que l’école hanafite)

I B 4 : Epanouissement

L’école Malikite

• Concernant les hadith, ils rejetaient ceux qui étaient en contradiction avec les coutumes médinoises

• Les coutumes (`urf) médinoises sont considérées comme une forme de Sunna

• Il s’appuya également sur le consensus (ijmâ) des compagnons

• Il utilisa l’intérêt général comme Abû Hanîfa mais l’appelait istislah (le plus convenable)

• Principaux étudiants : al-Qâsim, Ibn Wahb

• Ouvrages : Imam Mâlik : al-Muwatta’, Imam Ibn al-Qâsim : al-Mudawwanâ

I B 4 : Epanouissement

Ash-Shâfi’i

Muhammad ibn Idris Ash-Shâfi’i (769-820)

• Influencé par les écoles malikite et hanafite

• Deux périodes de réflexion (Irak et Egypte) qui vont l’amener à changer certains de ces avis (concernant les sujets d’importance secondaire (furuh))

• Premier savant à avoir systématisé les fondements du fiqh dans ar-Risâla

I B 4 : Epanouissement

L’école Shâfi’ite

• Admet la possibilité du consensus de manière plus réduite

• Rejette l’intérêt général au sens malikite et hanafite mais propose l’istishab (recherche d’un lien)

• Principaux étudiants : Al-Muzanî, Ar-Rabî`, Yûsuf Ibn Yahya

• Ouvrages : Imam Ash-Shâfi`i : ar-Risâla, al-Umm

I B 4 : Epanouissement

Ahmad ibn Hanbal

Imam Ahmad ibn Hanbal ash-Shaybânî (778-588)

• Spécialiste des hadith - Compilation de 30000 hadith dans al-Musnad

• Influencé par l’école hanafite et shafi`ite

• Emprisonné et battu par les califes al-Ma`mun et al-Wâthiq car il s’opposait aux mu`tazilites

I B 4 : Epanouissement

L’école Hanbalite

• Après avoir épuisé les avis des compagnons, il utilise dans certains cas des hadiths faibles

• Réduction du principe de consensus général à celui des Compagnons

• Principaux étudiants : ses deux fils : Sâlih et `Abdoullah ; Bukhârî et Muslim furent également ses étudiants

I B 4 : Epanouissement

², 08/23/2003
D'AUTRES CARACTERISTIQUES ?

Récapitulatif des fondement du droit selon les écoles

I B 4 : Epanouissement

Hanafite Malikte Shafi`ite Hanbalite

Coran X X X X

SunnaHadith doit être sahih et

mashhûr (largement connu)

+ pratiques quotidiennes des

Médinois

X X

Ijma` (consensus des compagnons)

X X X X

Opinion individuelle des compagnons

X X X X

Qiyas Propose son propre qiyasX X Préférence au hadith

faible avant le qiyas

Intérêt public en cas d’absence des sources

Istihsan : choix préférentiel en fonction de l’intérêt

général

Istislah : recherche du plus

convenable - Intérêt général

Istishâb : recherche d’un lien,

présomption de continuité

Coutmue locale (`Urf) X+ coutumes des

MédinoisX

², 08/18/2003
A COMPLETERintérêt public : correctement présenté ???

Chronologie des premiers juristes (fuqahâ`)

I B 4 : Epanouissement

Muhammad

569-632Abû Hanîfa

703-767

Malîk

717-801

Ibn hanbal

778-855

Ash-shâfi`i

769-820

Al-Bukhârî

810-870

Muslim

817-875

900700600 800

Les écoles jurisprudentielles : conclusion

• Les principales écoles ont survécu – Par l’appui étatique– Par l’action de propagation de leurs étudiants

• Il y a un consensus sur l’utilisation des sources comme suit : Coran, Sunna, consensus des compagnons et raisonnement analogique

• Pour la Sunna, les conditions de son utilisation varient selon les écoles

I B 4 : Epanouissement

5) Consolidation : 960-1258

• Caractéristiques de l’époque

– Débats polémiques entre les écoles soutenus par les califes avec pour conséquences :

• Esprit de rivalité et développement de sectarismes

• Réduction du nombres d’écoles et formalisation des avis

I B 5 : Consolidation

Caractéristiques du fiqh

• Développement du fiqh al-madh-habî (déduction d’un avis à partir des règles d’une école de pensée) au détriment de l’ijtihâd indépendant

• Au sein d’une même école, sélection d’un avis particulier (tarjîh) parmi d’autres sur le même sujet

• Processus d’authentification et de classification des avis de chaque école (tas-hîh)

• Standardisation de la forme de présentation du fiqh, avec dans l’ordre : la purification, les 4 pilliers pratiques, les relations du couple, les transactions, le comportement

I B 5 : Consolidation

6) Stagnation et déclin : 1258-1870

• Caractéristique de la période

– Pillage de Bagdad et fin des abassides– Emergence puis apogée de l’empire ottoman

(1299)• Celui-ci se focalisera beaucoup plus sur le jihad

que l’ijtihâd

I B 6 : Stagnation

Caractéristiques du fiqh

• Suppression de toutes les formes d’ijtihâd

• Le fiqh consiste à commenter les œuvres des prédécesseurs pour promouvoir une école juridique

• Emergence du taqlîd (imitation servile et aveugle d’une école juridique) beaucoup plus dangereux que le suivisme raisonné (ittiba`)

I B 6 : Stagnation

Les raisons du taqlîd

• Certains individus mal-intentionnés trompèrent une partie de la population en pratiquant un ijtihâd favorable à leur convenance

• Les savants considéraient que toutes les questions avaient été posées (en particulier par le fiqh spéculatif)

• La fragmentation politique de l’empire s’accompagna d’un choix exclusif d’une école par les différentes entités

• Il n’y avait plus besoin de recourir à l’ijtihâd

• L’appartenance à une école devenait «obligatoire» et des réflexions supplémentaires étaient jugées hérétiques

• Le sectarisme entre les écoles était à son apogée – ex : niches différentes dans certaines mosquées jusqu’au 20ème siècle

I B 6 : Stagnation

Le taqlîd et les imams

• « Si j’ai émis un jugement qui est en contradiction avec le Livre de Dieu ou les ahâdîth du Messager, rejetez mon jugement » - Abû Hanîfa– Ex : boissons alcoolisées, dar al-harb et dar al-islam

• « En vérité je ne suis qu’un homme, je me trompe et parfois j’ai raison : alors examinez attentivement mes opinions, puis prenez-en ce qui est en accord avec le Livre et la Sunna, et rejetez ce qui s’en éloigne » - Mâlik

• « Ne suivez pas aveuglément mes jugements ni ceux de Mâlik, ash-Shâfi`î, al-Awzâ’î ou ath-Thawrî. Tirez [vos jugements] de là où ils ont pris les leurs » c’est-à-dire le Coran et la Sunna – Ibn Hanbal

I B 6 : Stagnation

L’espoir d’un renouveau du fiqh

• Tentative d’aller au-delà du taqlîd par un retour aux sources et pour faire face aux défis de leur époque

• Choix d’avis appartenant à des écoles différentes pour initier une réunification des écoles

– Ahmad ibn Taymiyya (1263-1328)

– Ahmad ibn Abdur-Rahîm (Shah Walî Allah Ad-Dahlawî) (1703-1762) • Réformateur indien auteur de Hujjat Allah al bâligha

– Muhammad ibn `Ali ash-Shawkânî (1757-1835)• Juriste yéménite qui s’illustra par son ijtihâd absolu. Auteur de Nayl al awtâr,

Assayl al jarrâr, Addarârî al mudzî`a

I B 6 : Stagnation

7) La réforme : 1870-…

• Renouveau de la pensée islamique – Nécessité d’un retour au Coran et à la Sunna avec une interprétation en phase

avec l’époque (contre le traditionalisme et le littéralisme)– Résistance face aux agressions (colonialisme politique, économique) pour

préserver l’identité musulmane

• Muhammad Ibn abd el Wahab (• Jamal ad-Dîn al-Afghani (1838-1897)• Muhammad Iqbal (1873-• Muhammad Abduh• Rachid Rida• Hasan al-Banna (1906-1949)• Said An-Nursi (1873• Ibn Bâdîs (1889-1940)• Malek Bannabi• Muhammad al-Ghazâlî• Yûsuf al-Qardâwî

• Cf : Tariq Ramadan, Aux sources du renouveau Musulman, Tawhid, 1998 - D'al-Afghani à Hassan al-Banna un siècle de réformisme islamique

I B 7 : Réforme

Une redécouverte des vrais objectifs de la voie (maqâsid ash-sharî`a)

• L’objectif de la sharî`a est une direction médiane entre une situation à modifier et une situation nouvelle à instaurer

• La situation à modifier était celle de l’arabie au 7ème siècle

• Il faut déployer une analyse beaucoup plus profonde des décisions qui ont été prises sans s’arrêter uniquement à la lettre mais en essayant de s’approprier le sens général

• Ex : Même si on ne trouve pas de condamnation explicite contre l’esclavage, en analysant tous les cas favorisant l’affranchissement des esclaves, on peut conclure que cet état de fait n’était pas en accord avec les objectifs profonds de la sharî`a

• Une analyse du contexte est pour cela indispensable : – Les réalisations en terme de réforme du vivant du prophète– Les limites traditionnelles de la société de l’époque– Les modifications actuelles de la société

• Cinq éléments à considérer en priorité : la religion, la vie, la raison, la descendance, la propriété

I B 7 : Réforme

La compréhension rationaliste

• Attention à une compréhension rationaliste– Contextualisation à outrance : relativisme

• Révélations coraniques médinoises écartées

– Rapport ambigu à la Sunna• Rejet des sciences du hadith• Rejet de certains hadiths « problématiques » en

fonction de critères arbitraires

– Discours directement accessible en occident

I B 7 : Réforme

Chronologie : récapitulatif

Prophète (pbsl)

Califes bien-guidés)

Jusqu’à 16 écoles de pensée

Shâfi`iteMalikitesHanafites Hanbalites

Ahl al-ra’y Ahl al-hadith

Shâfi`iteMalikitesHanafites Hanbalites Les Salafismes

Issues des mouvement réformistes

Chronologie : points clés

• La sharî`a comme principes directeurs universels est une base permettant au fiqh d’extraire des avis juridiques adaptés au contexte (espace-temps)

• Le dynamisme du fiqh s’est progressivement tari

• Les écoles de pensées furent une dynamique de réflexion à un moment donné – Elles n’avaient pas vocation à durer indéfiniment

• Le taqlîd était réprouvé par les imams eux-mêmes

• Le renouveau de l’islam passe par une compréhension profonde des objectifs de la sharî`a

Chap II : Les principales tendances de l’islam contemporain

– Traditionalisme d’école– Réformisme d’école– Traditionalisme salafi– Réformisme salafi– Salafiyya politique littéraliste– Réformisme « libéral »– Soufisme

Les tendances proches des Textes

• Traditionalisme d’école : La référence au texte est fondamentale. Mais elle se fait à travers la compréhension exclusive d’une école juridique donnée. Priorité donnée au culte. L’ijtihâd est considéré comme infondé. Ex : déobandi, barelwi, tabligh, talibans

• Réformisme d’école : Volonté de respecter les écoles de pensées historiques mais en refusant une approche sectaire. Les avis de toutes les écoles sont réanalysées et le choix est fait selon les argumentations répondant au mieux au contexte actuel. Ex : Khâlid Saïfullâh

• Traditionalisme salafi : Refus des écoles juridiques historiques. Interprétation littérales des sources en prenant comme modèle les compagnons et les « pieux prédécesseurs ». Courant des ahl al-hadiths. Ex : Ben Baz, al-Albani

• Soufisme : Essentiellement centré sur la vie spirituelle et la découverte mystique. La référence textuelle est comprise dans un sens allégorique sur lequel il convient de méditer. Ce sont des groupes bien organisés qui reposent sur la présence d’un maître.

II : Les principales tendances contemporaines

Les tendances intégrant une dimension contextuelle

• Réformisme salafi : Interprétation des sources au-delà des écoles juridiques mais en tenant compte des objectifs généraux de la sharî`a et en usant de la raison. Recours à l’ijtihâd. Ex : Al-Qaradâwî

• Salafiyya politique littéraliste : Issus du mouvement réformiste, ils se sont radicalisés suites aux répressions étatiques dans le monde musulman. Pour revenir au califat et à l’Etat islamique, ils n’hésitent pas à recourir à des méthodes révolutionnaires.

• Réformisme « libéral » : Influencé par l’occident pendant la période coloniale, ils tentent d’appliquer au monde musulman le processus de sécularisation européen. Partisans d’une spiritualité vécue individuellement.

II : Les principales tendances contemporaines

Positionnement des différentes tendances

Textes Coran Sunna Textes-Raison Raison

Ijtihâd

Réformisme « libéral »Traditionalisme

salafiRéformisme salafi

Salafiyya politique Traditionalisme

d’école

Réformisme d’école

II : Les principales tendances contemporaines

Soufisme

Sens littéral

Sens allégorique

CONCLUSION

• Le fiqh a évolué à travers le temps

• Sa richesse réside dans son dynamisme

• Il faut discerner son rôle exact : c’est le moyen d’être musulman et non une fin en soit

• Il faut distinguer dans notre situation contemporaine ce qui relève des circonstances historiques de ce qui provient des principes islamiques