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Les cheminots ne sont pas dupes Ce mardi 10 juin, à l’heure où nous bouclons ce journal, la grève des cheminots est sur le point de commencer. Au centre des revendications avancées dans de nombreux appels communs des syndicats CGT, SUD et FO : le retrait de la réforme ferroviaire présentée par le gouvernement, qui prépare l’ouverture à la concurrence et l’extinction du statut des cheminots. Le texte sera examiné en séance plénière à l’Assemblée nationale la semaine prochaine. Le secrétaire d’Etat aux Trans- ports, Frédéric Cuvillier, prétend qu’il défend « un modèle 100 % public » et que « le projet de réforme est de nature à rassurer les cheminots ». Mais les chemi- nots ne sont pas dupes. Le gouvernement, fragilisé comme jamais après les séismes des élections municipales et euro- péennes, le sait et s’inquiète. Dans cette situation, le respon- sable des députés PCF à l’Assem- blée nationale, André Chassaigne, a déclaré en commission, le 28 mai, que « la nécessité de la réforme est incontestable », qu’elle est même « la bienvenue ». « Nous en partageons les objec- tifs », a-t-il assuré. La direction du PCF, pourtant assez virulente contre la politique du gouverne- ment ces derniers temps, vient donc cette fois-ci à son secours. Il faudrait, selon le PCF, écarter toute revendication de retrait de la réforme. Mais au vu des prévisions de trafic avancées par la direction de la SNCF, cette grève sera mas- sive. Les cheminots ont une place particulière dans la classe ouvrière de ce pays. Rappelons les grèves de 1986 et 1995, notam- ment. Tous les travailleurs le savent. Car tous sont aussi confrontés à la politique du gou- vernement et des patrons, comme à la Société nationale Corse Médi- terranée (SNCM), sous le coup d’une menace de démantèlement (voir notre précédent numéro), ou à Alstom, par exemple. Cela nourrira le débat, c’est sûr, de la conférence pour l’unité et la résistance qui se tiendra le 14 juin, à Paris, avec des mili- tants de toutes tendances. Yan LEGOFF > A la Une >>> INFORMATIONS OUVRIÈRES N 0 305 SEMAINE DU 12 AU 18 JUIN 2014 2 Photo AFP Depuis le 10 juin, à partir de 19 heures, les cheminots sont appelés à la grève par leurs fédérations CGT, SUD et FO. Elle est reconductible par vingt-quatre heures. Pierre Besse L e 22 mai dernier, les chemi- nots ont manifesté nationa- lement à Paris. Ils étaient 22 000 pour exprimer leur rejet de la réforme ferro- viaire que le gouvernement Hollande-Valls veut présenter, à partir du 16 juin, à l’Assemblée nationale. Comme le disaient nombre d’entre eux (voir Informations ouvrières, n° 303), « c’est un avertissement, il faudra aller plus loin, pour que le gouvernement recule ». Depuis ce 22 mai, nous assistons à un affo- lement de la part du gouvernement. Celui- ci s’était engagé à recevoir le 4 juin les organisations syndicales (excepté la CFDT, qui est pour la réforme et la juge « essen- tielle pour enrayer le déclin du transport ferroviaire »). Or le gouvernement a finalement reporté cette rencontre au 12 juin. De qui se moque-t-il ? La direction de la SNCF vient récemment d’engager une campagne de communi- cation auprès des cheminots pour leur faire « avaler » la réforme. Mais les faits sont incontournables. Cette réforme, c’est l’éclatement de la SNCF, la fin programmée du statut et du RH0077 (réglementation du travail : horaires de travail, repos, etc.). Le lecteur se reportera (en page 3) aux extraits de l’argumentaire de la fédération CGT des cheminots, en réponse à la pro- pagande patronale. Les faits sont têtus. Après le 22 mai, les cheminots sont restés sur le qui-vive et ont préparé activement la grève appelée à partir du 10 juin,19 heures. Particulièrement dans la CGT (fédération majoritaire), les instances syndicales et assemblées générales de syndiqués ont traversé le pays les 4, 5, 6 juin, pour pré- parer, organiser cette échéance. Des tournées syndicales ont été impulsées dans les services. A l’approche du 10 juin, des appels com- muns CGT, SUD, FO pour le maintien du statut, du RH0077, le retour à l’unicité de la SNCF, et de fait demandant l’abandon de la réforme, se font jour, se développent. Dans les régions d’Amiens, de Paris-Rive gauche, de Paris-Nord, à Nantes, etc., des appels régionaux CGT-SUD-FO circulent dans ce sens. L’événement NANTES : UN EXEMPLE D’APPEL COMMUN (CGT, FO, SUD) Après le 22 mai, les cheminots sont restés sur le qui- vive et ont préparé activement la grève. Grève des cheminots pour le retrait de la réforme ferroviaire pour le maintien du statut Le 22 mai dernier, lors d’une manifestation nationale de cheminots.

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Les cheminots ne sont pas dupes

Ce mardi 10 juin, à l’heure oùnous bouclons ce journal, la grèvedes cheminots est sur le point de commencer. Au centre des revendications avancées dansde nombreux appels communsdes syndicats CGT, SUD et FO : le retrait de la réforme ferroviaireprésentée par le gouvernement,qui prépare l’ouverture à la concurrence et l’extinction du statut des cheminots. Le textesera examiné en séance plénière à l’Assemblée nationale la semaine prochaine.Le secrétaire d’Etat aux Trans-ports, Frédéric Cuvillier, prétendqu’il défend « un modèle 100 %public » et que « le projet deréforme est de nature à rassurerles cheminots ». Mais les chemi-nots ne sont pas dupes. Le gouvernement, fragilisécomme jamais après les séismesdes élections municipales et euro-péennes, le sait et s’inquiète. Dans cette situation, le respon-sable des députés PCF à l’Assem-blée nationale, André Chassaigne,a déclaré en commission, le 28 mai, que « la nécessité de la réforme est incontestable »,qu’elle est même « la bienvenue ».« Nous en partageons les objec-tifs », a-t-il assuré. La direction du PCF, pourtant assez virulentecontre la politique du gouverne-ment ces derniers temps, vientdonc cette fois-ci à son secours. Il faudrait, selon le PCF, écartertoute revendication de retrait de la réforme.Mais au vu des prévisions de traficavancées par la direction de la SNCF, cette grève sera mas-sive. Les cheminots ont une placeparticulière dans la classeouvrière de ce pays. Rappelons les grèves de 1986 et 1995, notam-ment. Tous les travailleurs le savent. Car tous sont aussiconfrontés à la politique du gou-vernement et des patrons, commeà la Société nationale Corse Médi-terranée (SNCM), sous le coupd’une menace de démantèlement(voir notre précédent numéro), ou à Alstom, par exemple. Cela nourrira le débat, c’est sûr, de la conférence pour l’unité et la résistance qui se tiendra le 14 juin, à Paris, avec des mili-tants de toutes tendances.

Yan LEGOFF

> A la Une >>>INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 305 SEMAINE DU 12 AU 18 JUIN 20142

Photo AFP

Depuis le 10 juin, à partir de 19 heures, les cheminots sontappelés à la grève par leurs fédérationsCGT, SUD et FO. Elle est reconductiblepar vingt-quatreheures.

Pierre Besse

Le 22 mai dernier, les chemi-nots ont manifesté nationa-lement à Paris. Ils étaient22 000 pour exprimer leurrejet de la réforme ferro-viaire que le gouvernement

Hollande-Valls veut présenter, à partir du16 juin, à l’Assemblée nationale. Commele disaient nombre d’entre eux (voirInformations ouvrières, n° 303), « c’est unavertissement, il faudra aller plus loin,pour que le gouvernement recule ».

Depuis ce 22 mai, nous assistons à un affo-lement de la part du gouvernement. Celui-ci s’était engagé à recevoir le 4 juin lesorganisations syndicales (excepté la CFDT,qui est pour la réforme et la juge « essen-tielle pour enrayer le déclin du transportferroviaire »). Or le gouvernement a finalement reportécette rencontre au 12 juin. De qui semoque-t-il ?La direction de la SNCF vient récemmentd’engager une campagne de communi-cation auprès des cheminots pour leurfaire « avaler » la réforme. Mais les faits sont incontournables. Cetteréforme, c’est l’éclatement de la SNCF, lafin programmée du statut et du RH0077(réglementation du travail : horaires detravail, repos, etc.). Le lecteur se reportera (en page 3) auxextraits de l’argumentaire de la fédérationCGT des cheminots, en réponse à la pro-pagande patronale. Les faits sont têtus.Après le 22 mai, les cheminots sont restéssur le qui-vive et ont préparé activement lagrève appelée à partir du 10 juin,19 heures.Particulièrement dans la CGT (fédérationmajoritaire), les instances syndicales etassemblées générales de syndiqués onttraversé le pays les 4, 5, 6 juin, pour pré-parer, organiser cette échéance. Des tournées syndicales ont été impulséesdans les services.A l’approche du 10 juin, des appels com-muns CGT, SUD, FO pour le maintien dustatut, du RH0077, le retour à l’unicité dela SNCF, et de fait demandant l’abandonde la réforme, se font jour, se développent.Dans les régions d’Amiens, de Paris-Rivegauche, de Paris-Nord, à Nantes, etc., desappels régionaux CGT-SUD-FO circulentdans ce sens.

L’événement

NANTES : UN EXEMPLE D’APPEL COMMUN (CGT, FO, SUD)

Après le 22 mai, les cheminotssont restéssur le qui-vive et ontpréparéactivement la grève.

Grève des cheminotspour le retrait de la réforme ferroviairepour le maintien du statut

Le 22 mai dernier, lors d’une manifestationnationale de cheminots.

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éC’était, nous disait-on, le

symbole dépassé d’unehistoire révolue : le dra-peau républicain, pour-tant, a été agité par des

dizaines de milliers de manifestants danstoutes les régions et villes de l’Etat espa-gnol. Le vieux mot d’ordre de lutte contrele régime franquiste : « L’Espagne, demain,sera républicaine », a surgi avec force,tandis que le drapeau de la Républiqueétait accroché aux façades de mairies etde sièges syndicaux.

Ainsi, dans le prolongement des grèvesgénérales qui ont soulevé la classe ouvrièrede l’Etat espagnol contre les plans d’aus-térité dictés par la troïka, et dans le pro-longement aussi de l’immense rejet del’Union européenne et de ses plans qui s’estexprimé le 25 mai, surgit avec force la crisede décomposition du régime, mais aussila recherche d’une solution conforme auxintérêts de la démocratie et de la classeouvrière. En dépit de l’acharnement desdirigeants du Parti socialiste à vouloir fairevoter l’intronisation du nouveau roi (lirepage 10), a été proclamé le droit impres-criptible du peuple à prendre la parole pourfaire prévaloir sa volonté. Tout se concentreaujourd’hui dans l’exigence : les députésqui se réclament de la classe ouvrière et dela démocratie ne peuvent pas voter l’in-tronisation !

En France, c’est un gouvernement illé-gitime, rejeté par le peuple (soutenu parmoins de 6 % des électeurs inscrits le 25 mai),qui prétend mettre à bas les conquêtes dela République et de la démocratie, et liqui-der l’héritage de 1789 et 1793 en vidant lesdépartements de leur contenu et encontraignant au regroupement des com-munes.

Dans les deux cas, des responsablesprétendument socialistes vont à l’encontrede toute l’histoire du socialisme, de ladémocratie et de la République, et cela, aucompte des plans d’austérité (en France :le pacte de responsabilité) dictés par l’Unioneuropéenne et le capital financier.

Lorsque sortira ce numéro d’Informa-tions ouvrières, la grève appelée dans l’unitécontre la réforme ferroviaire par les orga-nisations syndicales de la SNCF auradémarré. Elle s’annonce, pour la journéedu 11 juin, extrêmement massive. Par-viendra-t-elle à faire reculer le gouverne-ment, notamment par la reconduction ?Cela, la lutte en décidera. Mais, d’ores etdéjà, cette grève donne une indication pourtoute la classe ouvrière, montrant la voiede la grève générale qui balaiera le pactede responsabilité et les contre-réformesdu gouvernement soumis au capital finan-cier et aux autorités de Bruxelles et Franc-fort. Cette grève des cheminots, pour ladéfense du statut et de l’unité de la SNCF,s’intègre dans une perspective, celle de lareconquête de la SNCF comme monopolede service public des chemins de fer natio-nalisé, qui rejoint la nécessité de la recon-quête de la Sécurité sociale de 1945.

Défense et reconquête de l’héritage de1789 et 1793 et de celui de 1945 (Sécuritésociale, nationalisations, monopoles desservices publics) : tout est lié qui conjuguele mouvement de reconquête de la démo-cratie politique et le mouvement de la classeouvrière sur son terrain de classe.

Ces préoccupations sont largementpartagées, au-delà du POI, par les militantsouvriers de toutes tendances qui se réuni-ront à Paris le 14 juin, comme par les élusréunis en conférence le 28 juin. Des débatsqui se poursuivront tout l’été dans lescolonnes d’Informations ouvrières, tribunelibre de la lutte de classe.

Des questions au cœur de la construc-tion d’un authentique parti ouvrier com-battant pour la République, la démocratieet le socialisme.

Pour la reconquête

Daniel GlucksteinSecrétaire national du POI

ÉDITORIAL

INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 305 SEMAINE DU 12 AU 18 JUIN 20143

PICARDIEINTERSYNDICALE CGT-SUD-FO

“MAINTENANT, C’EST L’HEURE DE LA GRÈVERECONDUCTIBLE !”

« Maintenant, c’est l’heure de lagrève reconductible !Aujourd’hui, nous sommes prêts etnous devons nous battre jusqu’auretrait de la réforme ferroviaire.Il ne faut pas se voiler la face, cetteréforme vise à exploser la SNCF pourprivatiser, et détruire nos vies pro-fessionnelles et personnelles.(…) L’avenir de la SNCF et notre ave-nir vont se jouer dans les troissemaines qui viennent ! Soit nousarrivons à repousser la réforme grâceà une grève massive et à une parti-cipation active des grévistes auxassemblées générales et aux manifs.Soit la réforme passe, et d’ici à unou deux ans, on travaillera au moinsdix jours de plus par an, sans faci-lités de circulation, dans une entre-prise qui ne sera plus la SNCF, et

avec une réglementation totalementmodifiée (RH0077).Avec, à la clef, la menace de dispa-rition de notre statut.A chacun de choisir son avenir... etde prendre ses responsabilités ! »

PARIS-NORDAPPEL FO-CGT-SUD

“RÉFORME DU FERROVIAIRE,APPEL UNITAIRE À LA GRÈVE !”« Pour une SNCF unique et intégrée,pour le maintien et la pérennisationde notre statut et du RH0077, tousen grève !(…) Nos organisations syndicalesl’ont affirmé à plusieurs reprises, ceprojet de loi est un danger pour leservice public et les cheminots.C’est pourquoi nos organisationssyndicales exigent la réintégrationde RFF au sein de la SNCF, la reprisede la dette du système, qui n’est enrien de la responsabilité des che-minots, par l’Etat, une productionmutualisée et non par activités ou

produits (fret, grande ligne, Transi-lien, etc.), le maintien et la péren-nisation du statut, le maintien etl’amélioration du RH0077 (qui doitêtre la base minimum de la régle-mentation du travail applicable àtous les salariés du rail), la réinté-gration des charges de travail exter-nalisées ou filialisées (Eurostar,Masteris, Sféris, Systra, VFLI…)(…). »

PARIS-RIVE GAUCHE APPEL CGT-SUD-FO

“L’APPEL DU 10 JUIN 2014À 19 HEURES : TOUS EN GRÈVE !”

« (…) Après la puissante manifesta-tion nationale du 22 mai dernier quia vu plus de 22 000 cheminots dansla rue, nous ne sommes toujours pasentendus, ni par la direction de laSNCF ni par le gouvernement.Ils maintiennent leur “cap”, leurréforme du système ferroviaire, avec

l’éclatement de l’actuel EPIC SNCFet la création de trois entités distinctes,qui s’inscrit dans la libéralisation durail avec l’ouverture à la concurrencede l’ensemble des trafics voyageurset marchandises (…).Nous n’avons qu’une seule alterna-tive, celle d’user du droit de grève !(…)Le 10 juin 2014, soyons forts dansl’action pour :— le retrait de la réforme Cuvillier-Pepy,— la mise en œuvre du projet deréforme reprise dans la plate-formeunitaire issue des organisations syn-dicales,— l’emploi, les conditions de tra-vail et le RH0077,— les salaires et le maintien de nosfacilités de circulation,— le maintien de notre statut.Ensemble nous pouvons gagner,unis et déterminés.Cheminot(e), participe à l’assembléegénérale de ton site dès le 11 juin enmatinée (…). »

SNCF : appels dans l’unité CGT, FO, SUD

Le gouvernement a présenté en Conseildes ministres son projet de loi deréforme ferroviaire le 16 octobre der-nier. Que s’est-il passé depuis, pour enarriver, ce 10 juin, à l’appel à la grèvereconductible des fédérations CGT, SUDet FO ?Par cette réforme, le gouvernement sesoumet à la recommandation du 9 juillet2013 adressée à la France par le Conseileuropéen : il faut « ouvrir le transport inté-rieur de passagers à la concurrence ».Conséquences : privatisation, éclatementde l’entreprise publique SNCF et remiseen cause du statut de cheminot.Dans un premier temps, la fédération CGTa mis en avant son propre projet deréforme. Mais dans le congrès fédéral(novembre 2013), plusieurs délégationsont demandé que la fédération se pro-nonce explicitement pour le retrait duprojet du gouvernement, amenant lecongrès à le dénoncer comme « inaccep-table ».12 décembre : les cheminots se mobi-lisent massivement.

En janvier, la fédération annonce une jour-née de grève pour le 22 mai. Il faut direque les cheminots sont confrontés à desconditions de travail qui se dégradent deplus en plus, anticipation de la mise enœuvre de la réforme, et que les mouve-ments locaux se multiplient.Le 22 mai, plus de 20 000 cheminots mani-festent à Paris à l’appel des fédérationsCGT, SUD, UNSA et FO, du jamais vudepuis de nombreuses années.Dans le conseil national de la fédérationqui suit cette mobilisation massive, l’exi-gence d’une grève reconductible pour blo-quer le projet est largement majoritaireparmi les interventions, conduisant lafédération à décider de l’appel au 10 juin.

Ces questions sont-elles reliées, selontoi, au débat qui se déroulera ce 14 juin,lors de la conférence pour l’unité et larésistance, à Paris ?Bien sûr. Tout n’est pas réglé : la CFDTappelle à ne pas faire grève et se dit clai-rement pour la réforme du gouvernement.

De son côté, l’UNSA affirme avoir obtenudes garanties de la direction dans la miseen œuvre de la réforme, déclare être « favo-rable à la réforme du ferroviaire » et appelleà la grève… le 17 juin pour « peser » surles débats…A l’opposé se multiplient les appels inter-syndicaux locaux ou régionaux, CGT-SUD,CGT-FO, CGT-SUD-FO (et parfois mêmeUNSA), qui appellent à la grève pour leretrait de ce projet de loi. Donc : unité pour le retrait ou appui à laréforme, cette discussion et cette mobi-lisation parmi les cheminots aboutissantà la grève reconductible recoupent l’ordredu jour du 14 juin.Trois jours après le début de la grève, nousy ferons le point de la situation et contri-buerons à une réflexion qui concerne tousles secteurs de la classe ouvrière.

Propos recueillis le 9 juin 2014

Caroline Tacchella,syndicaliste CGT à la SNCF

“Une réflexion qui concerne tous les secteurs de la classe ouvrière”

POUR

L’UNITÉ

ET LA RÉSISTANCE

14 juin - Paris

Conférence nationale

La parole à…

La fédération CGT des cheminotsrépond à la propagande gouvernementale(27 mai 2014)

Communiqué commun des fédérations FO et FIRST (1)(5 juin 2014)« FO et FIRST ont appelé les che-minots à de multiples reprises às’inscrire dans des actions contrele projet de la réforme qui devraitêtre examiné le 16 juin par le Par-lement (…). Le texte prévoit la miseen œuvre d’un “cadre social har-monisé”. L’ambition du gouverne-ment est d’imposer à l’ensembledes salariés des opérateurs de trans-ports, publics ou privés, les mêmesrègles sociales. Cela se traduiraimmanquablement par un nivelle-ment vers le bas des acquis descheminots de la SNCF et par la dis-parition progressive de leur statutspécifique.C’est pour ces raisons que les fédé-rations FO et FIRST appellent l’en-semble des cheminots à se mobilisermassivement et dans la durée dèsle 10 juin à 19 heures. » �

(1) Scission de la CFTC.

“Sur la structuration, ils nous disent : “On réunifie le système, on construit un groupe public.” C’est faux.Il n’y a rien dans leur projet qui relie les trois EPIC (1) (…). Pour preuve, chaque EPIC passerait indé-pendamment un contrat avec l’Etat, serait maître de ses recrutements, aurait son propre conseil d’ad-ministration, son propre CCE (comité central d’entreprise — NDLR). Chaque EPIC ferait ses propresnégociations sur les salaires, l’emploi ou sur les accords d’entreprise (…). Techniquement, le projet deloi est fait pour pousser encore plus loin le cloisonnement et l’étanchéité entre activités (…), pour pré-parer la structuration en sociétés anonymes (…).

Sur le volet social, ils nous disent : “Le statut sera maintenu et nous travaillons à un cadre social de haut niveauapplicable à toute la branche ferroviaire, en particulier pour la réglementation sur le temps de travail.” C’est faux.Dans les faits, rien n’oblige dans le projet de loi à recruter au statut, autrement dit, ils peuvent faire mou-rir le statut par des recrutements hors cadre permanent (…).La CGT et les cheminots ne se laisseront pas endormir par de vagues promesses d’amendements defaçade qui ne changeraient en rien la finalité et les objectifs libéraux de ce projet de réforme. (…)Aujourd’hui, la CGT affirme : “La réforme gouvernementale, on n’en veut pas ! Une autre réforme estnécessaire.”La fédération CGT restera ferme et déterminée, pour gagner, avec les cheminots, “la voie du servicepublic SNCF”. » �

(1) Etablissement public à caractère industriel et commercial.

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