Isabelle FilliozatLaure Fourteau-Lemarchand Clément ... · Éduquer à la joie ... (entendre avec l’oreille de l’autre) 112 Révéler ... « Comment se fait-il que je n’y ai

Chaque enfant porte en lui une joie immense. Mais en grandissant, cette formidable ressource intérieure qui permet d’affronter la vie s’amenuise si elle n’est pas préservée. Antonella Verdiani nous donne les clés pour que nous puissions renouer avec elle. Grâce à des exer-cices simples, nous nous reconnectons à cette valeur essentielle qui fait le sel de la vie.

Plusieurs témoignages sont à l’unisson avec la réflexion d’Antonella : Isabelle Filliozat, Laure Fourteau-Lemarchand, Clément Guillot, Anne-Françoise Brillot, Denis Marquet et Thierry Janssen livrent tour à tour leur expérience de la joie. Autant de parcours de vie qui ont su préserver cette flamme intérieure.

Que nous soyons parent, adulte attentif aux autres ou éducateur, nous avons tous un rôle à jouer et un engagement à tenir : participer à un monde plus juste et fraternel, plus léger aussi, comme celui des enfants.

Docteur en sciences de l'éducation, Antonella Verdiani a travaillé près de vingt ans à l’Unesco comme responsable de programmes d’éducation à la paix. Consultante et formatrice, elle a fondé le Printemps de l’éducation, mouvement citoyen qui soutient les acteurs du changement éducatif. Elle est l’auteure de Ces écoles qui rendent nos enfants heureux, tour du monde des pédagogies innovantes.

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Illustration de couverture : © AgataCreate / Shutterstock© Éditions Eyrolles / SMARTHE

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« Ce livre est un saisissant rappel : nous sommes nés pour la simple joie de nous sentir pleinement vivants. »

Thomas d’Ansembourg

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Antonella Verdiani

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Chaque enfant porte en lui une joie immense. Mais en grandissant, cette formidable ressource intérieure qui permet d’affronter la vie s’amenuise si elle n’est pas préservée. Antonella Verdiani nous donne les clés pour que nous puissions renouer avec elle. Grâce à des exer-cices simples, nous nous reconnectons à cette valeur essentielle qui fait le sel de la vie.

Plusieurs témoignages sont à l’unisson avec la réflexion d’Antonella : Isabelle Filliozat, Laure Fourteau-Lemarchand, Clément Guillot, Anne-Françoise Brillot, Denis Marquet et Thierry Janssen livrent tour à tour leur expérience de la joie. Autant de parcours de vie qui ont su préserver cette flamme intérieure.

Que nous soyons parent, adulte attentif aux autres ou éducateur, nous avons tous un rôle à jouer et un engagement à tenir : participer à un monde plus juste et fraternel, plus léger aussi, comme celui des enfants.

Docteur en sciences de l'éducation, Antonella Verdiani a travaillé près de vingt ans à l’Unesco comme responsable de programmes d’éducation à la paix. Consultante et formatrice, elle a fondé le Printemps de l’éducation, mouvement citoyen qui soutient les acteurs du changement éducatif. Elle est l’auteure de Ces écoles qui rendent nos enfants heureux, tour du monde des pédagogies innovantes.

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Illustration de couverture : © AgataCreate / Shutterstock© Éditions Eyrolles / SMARTHE

« Ce livre est un saisissant rappel: nous sommes nés pour la simple joie de nous sentir pleinement vivants. »


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Renouer avec la joie de l ’enfance

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Groupe Eyrolles61, bd Saint-Germain

75240 Paris Cedex 05

www.editions-eyrolles.com

Création de maquette et composition : Hung Ho ThanhIllustrations d’entrées de chapitres : AgataCreate/Shutterstock

La collection « Métamorphose » est dirigée par Anne Ghesquière, fondatrice du magazine FemininBio.com, pour mieux vivre sa vie !

Dans la même collection :Lâche ton trapèze et attrape le suivant, Olivier ClercPeut-on tout pardonner ?, Olivier ClercL’art de vieillir dans la joie !, Ezzedine El MestiriCoffret Métamorphose, Anne Ghesquière, illustrations de Marie Ollier

Le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit en effet expressément la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or, cette pratique s’est généralisée, notamment dans l’enseignement, provoquant une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd’hui menacée.

En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.

© Groupe Eyrolles, 2017ISBN : 978-2-212-56781-6


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Renouer avec la joie de l’enfance

Antonella VerdianiPréface de Thomas d’Ansembourg


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Table des matières7 Remerciements9 Préface 11 Introduction

17 Chapitre 1L’irrésistible goût des enfants pour la joie

25 Le tempérament28 Renouer avec la joie33 Le flow et l’esprit absorbant37 Oui, on a le droit !39 Mes rêves d’enfant

47 Chapitre 2Plus que l’amour, la joie

53 L’instant teinté de la joie est le présent55 Dites oui à la vie !57 La joie silencieuse61 L’Archer blanc63 L’enseignant-trappeur


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69 Chapitre 3Éduquer à la joie

73 C’est le rôle de l’éducation d’éveiller les consciences76 Lorsque l’on arrête de s’amuser, on arrête d’apprendre79 La liberté est la première valeur éducative83 Rien ne peut être enseigné

89 Chapitre 4Le chemin de la joie : d ’émotion-guide à état de l’être

95 Reconnaître (la merveille que je suis…)105 Résonner (entendre avec l’oreille de l’autre)112 Révéler (lever le voile)119 Relier (rencontrer le vivant)123 (R)éveiller

133 Conclusion137 Bibliographie



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7RemerciementsÀ Anne Ghesquière pour sa confiance, dans le lien de sororité qui nous unit.

Aux équipes des éditions Eyrolles pour leur professionnalisme, en parti-culier à Sandrine Navarro et surtout à Gwenaëlle Painvin pour sa patience indéfectible !

À Isabelle Chave pour son travail de relecture et ses suggestions.

À Anne-Françoise Brillot, Bernard Collot, Thomas d’Ansembourg, Anne Férot-Vercoutère, Laure Fourteau-Lemarchand, Isabelle Filliozat, Clément Guillot, Thierry Janssen, Marine Locatelli, Denis Marquet, Ostiane Mathon et à ses élèves, pour leur générosité et leur contribution au bonheur du monde.

À Evelyne Girard et Alida Jeu-den Ouden, mes chères co-équipières dans les formations.

À Benoit Bollini pour sa contribution inspirée.

À Isabel Otero et à Éric de Kermel, chez qui j’ai passé les trois semaines pendant lesquelles ce petit livre a été terminé, un temps de retraite déli-cieuse dans la chaleur de leur amitié.

À tous les parents, grands-parents, enseignants, éducateurs que j’ai eu la chance de rencontrer et que je continue à croiser dans mes périples éducatifs : que la joie dans les yeux de vos enfants soit le reflet de la passion que vous leur transmettez !



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9Préface Ce livre est un saisissant rappel de notre essence : nous sommes nés pour la simple joie de nous sentir pleinement vivants dans un monde vivant, et nous l’avons oublié !

Nos habitudes de pensée souvent assombrissent et compliquent les choses.

En effet, ce qui nous arrive n’est pas toujours joyeux. Toutefois, si nous n’avons pas toujours – loin s’en faut – du pouvoir sur ce qui nous arrive, nous avons toujours plein pouvoir sur « comment penser, comment vivre, comment tirer parti et transformer » ce qui nous arrive.

Ce pouvoir de recul et d’ouverture, de liberté et de fécondité est aussi considérable qu’ignoré.

Là réside la joie pure, durable par essence : celle d’être assez centré pour n’être contraint par rien et vivre pleinement l’émoi d’être libre et vivant, quoi qu’il advienne, comme un enfant qui s’enchante même dans une ville en ruine.




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11Introduction

Parfois, une parole ou une action, très souvent anodines, vous ouvrent les yeux. Véritables actes de renaissance au monde, ces épisodes – qui peuvent être récurrents au cours de l’exis-tence – sont initiatiques : à partir de cet instant vous ne serez plus le même, vous êtes à nouveau né à vous-même. Pour

moi, l’un de ces moments fondateurs a été quand, devant une centaine de personnes réunies dans un stage de développement personnel, j’ai été invitée à définir ma qualité la plus présente, celle avec laquelle j’étais venue au monde et que j’exprimais le mieux. Impossible d’y arriver, des mots et des images se superposaient et s’embrouillaient dans ma tête…

Après deux ou trois minutes de silence, ce qui est un temps infini devant cent personnes qui vous attendent, j’entends monter du public : « JOIE, tu es la joie de vivre ! » D’abord étonnée, je me dis : « Comment se fait-il que je n’y ai pas pensé avant… ? » Je m’entends alors dire, émue, et répéter plus fort : « Je suis l’expression de la joie de vivre », car il fallait le proclamer devant l’Univers entier : « Je suis l’expression de la JOIE DE VIVRE ! » C’était juste. Comme chaque thérapeute, coach, psy ou ensei-gnant le sait, la parole ne peut se donner et résonner que si elle est juste. Que si elle est « portée » par ce tout qui est vous-même, corps, âme et esprit à la fois. Là, devant cette centaine de personnes qui m’écoutaient, la parole JOIE sonnait juste.

Une fois la surprise passée, avec le plaisir de la découverte, une avalanche de souvenirs me sont revenus en mémoire pour conforter ces retrou-vailles. Oui, c’était bien la joie qui s’invitait parfois dans mes jeux, petite, celle qui avait accompagné ma passion d’enfance, la danse, celle qui était aux rendez-vous des rencontres avec l’amour et avec la naissance de mes enfants… mais aussi celle dont la lumière risquait de s’éteindre au fur et à mesure que ma vie s’installait dans une routine confortable certes, mais plate et prévisible.


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12 Soudain, avec le rappel de mes joies, d’autres souvenirs plus tristes ont émergé… Me revoilà donc renvoyée à la case départ : reprendre rendez-vous avec une psy pour essayer une fois de plus de déblayer le terrain de mon passé (une fois pour toutes, pensais-je naïvement à l’époque…). Place donc aux rêves d’enfance inassouvis, aux souvenirs enfouis, à ce que j’aurais voulu faire mais que l’on m’a empêchée de réaliser, aux fois où je n’ai pas osé, aux colères, aux regrets, à tous ces traumatismes générés par une violence éducative ordinaire (celle de l’école d’abord), qui, avec toutes mes plus belles joies, m’avaient construite. À nouveau, place à la souffrance…

À moins de vivre un éveil spirituel qui perdure, renouer avec la joie ne se fait pas en un instant. Au contraire, pour la plupart d’entre nous, cette reliance prend les voies d’un chemin souvent aride. Car la joie est exigeante, peut-être la plus exigeante de tous les aspects de la nature humaine. Pour moi, il y a eu des passages difficiles, des années de remises en question : elle prend encore du temps et une attention sans faille.

Aujourd’hui ma joie est éphémère, souvent imparfaite, paradoxale, parfois réduite à une imperceptible étincelle, mais je sais (et je sens) qu’elle est toujours là, même les jours les plus noirs et même, comme le dit le philo-sophe Nicolas Go, « dans la peine et dans l’affliction, y compris et surtout au cœur même de la barbarie1 ». Qu’elle soit là ou pas, cela ne dépend pas de ces facteurs et, j’ose dire, encore moins de mes tentatives de venir à bout des tracas de l’existence. Non, la joie ne dépend de rien. Elle est libre, indépendante, elle se moque des acquis matériels, elle voyage dans des continents inconnus, géographie de l’âme et du monde confondue, elle nous traverse et nous compose car elle est notre véritable substance.

Et, puisque l’on me le demande souvent, je répondrai que non, je ne suis pas dans la joie continue des sages et des mystiques d’Orient, ni dans la béatitude des saints ! Je me sens seulement un peu plus proche aujourd’hui de cette joie que nous avons tous, sans distinction, reçue en don à notre naissance, la joie de vivre des enfants. Certains parlent d’héritage, je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est que nous y avons tous eu

1. N. Go, L’Art de la joie. Essai sur la sagesse, Buchet Chastel, 2004.


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13droit, que nous avons tous reçu ce joyau en cadeau à la naissance, mais nous l’oublions au fur et à mesure que nous quittons l’enfance.

Ma certitude, après avoir observé un bon nombre de transformations advenues chez des personnes qui, dans mes stages, prennent « le risque de la joie », est que ce joyau n’est jamais perdu. Il est parfois rendu opaque par la patine des années, parfois triste comme un cadeau oublié au fond du tiroir, sous le poids de nos obligations et de nos croyances d’adultes. C’est à nous de le retrouver, de le sortir de sa cachette, de le dépoussiérer pour le garder et l’aimer sans conditions.

C’est notre trésor le plus cher. Une éducation qui ferait de la joie de vivre son but et son moyen, pourrait nous ouvrir les portes « d’un immense royaume d’intelligence au-delà de la pensée […] qui ne constitue qu’un infime aspect de cette intelligence […] où toutes les choses vraiment importantes – la beauté, l’amour, la créativité, la joie, la paix – trouvent leur source au-delà du mental1 ». C’est là que le sens de tout processus éducatif réside.

La promesse de « l’éducation à la joie » est là : faire de l’éducation un chemin d’éveil progressif à notre véritable nature qui est libre, joyeuse, créative. Dans ce chemin nous pouvons nous relier à des enseignants comme Krishnamurti, Sri Aurobindo, Rudolf Steiner, Maria Montessori et tant d’autres qui ont apporté un souffle de liberté à la condition humaine. Cependant, avec toute la gratitude due à ces illustres prédécesseurs, le temps est venu aujourd’hui de nous faire guider par ceux que l’on n’écoute jamais et qui sont les spécialistes de ce domaine, les enfants.

Avant de terminer cette introduction, j’aimerais dire ce que ce livre n’est pas. Il ne propose pas une nouvelle pédagogie, mais plutôt une nouvelle façon de voir l’éducation, centrée sur la joie d’apprendre et de vivre. Il n’est surtout pas une approche psychothérapeutique mais il a pour but de mettre en lumière des lieux obscurs de notre histoire éducative, pour qu’ils soient pris en charge ailleurs, accompagnés par des spécialistes. Personnellement, j’ai toujours pensé que l’apport d’un livre au processus de transformation est peu de chose par rapport au vécu. Rien ne vaut

1. E. Tolle, Le Pouvoir du moment présent, Québec, Ariane Éditions, 2000.


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14 la mise en situation réelle, tout autant pour ceux qui viennent se former, que pour les formateurs, confrontés aux jeux constants des miroirs. C’est donc par la rencontre que la prise de conscience se réalise au mieux, s’accélère et se démultiplie.

Ce que ce livre, en revanche, propose est de gagner du temps ! Mieux, il vous invite à le faire gagner à vos enfants, en devenant, vous, parents et éducateurs, attentifs à ce que leur joie demeure intacte au fil des années que vous passerez ensemble. Enfin sachez que, en choisissant ce parcours, vous prenez un gros risque… celui d’être contaminé par leur joie de vivre. Cette décision est donc un engagement sérieux, qui ne diffère en rien des promesses solennelles que nous prononçons aujourd’hui pour la planète ou pour le climat : c’est même l’une des plus belles façons de contribuer à un monde plus juste et fraternel, et même plus drôle et plus léger, celui des enfants.


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“ Il n’est jamais trop tard pour avoir eu une enfance heureuse.”Milton Erickson

Des exercices simples (les mêmes que je pratique dans mes stages) et des réflexions sur la nature de la joie ont ponctué ce livre, en guise de préparation au parcours que je vous propose maintenant. Je vous invite à aller un peu plus en profondeur dans la connaissance de votre joie. C’est un

parcours pédagogique que vous pourrez entreprendre d’abord pour vous-même, ensuite avec vos enfants, qui fait de la joie-émotion le point de départ pour aller vers la joie-état. C’est un voyage intérieur, des retrou-vailles avec la joie de vivre que nous avons explorée jusqu’ici. Du point de vue spirituel, cette joie a la même qualité « d’indépendance » que la joie décrite par les êtres qui ont atteint un haut niveau de réalisation, car elle ne dépend d’aucun stimulus extérieur. On l’a vu, elle est inhérente à notre nature.

J’ai donc imaginé une progression idéale avec des étapes (les 5R) qui correspondent à des paliers incontournables dans cette œuvre de reconnexion :• reconnaître ;• résonner ;• révéler ;• relier ;• (r)éveiller ;

Nous savons tous que la joie fait partie des émotions de base reconnues comme innées : la peur, la colère, le dégoût, la tristesse, la surprise, la confiance, l’anticipation et la joie1. Selon notre habitude de désigner ce qui est bon et ce qui est mauvais, les émotions agréables signalent

1. Selon la théorie psycho-évolutionniste des émotions de Robert Plutchik ce qui me semble important de signaler est ce qu’il appelle les « résultats » de ces émotions, les expressions et les comportements émotionnels. Dans cette vision, chaque individu agit (réagit) généralement d’une manière déterminée par son état émotionnel, sa réponse se situant généralement dans l’un des axes combattre – fuir – subir (pleurs, voire rires).


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la satisfaction de nos besoins et nos souhaits profonds ; les émotions désagréables signalent notre insatisfaction.

Nous savons aussi que nous ne pouvons pas contrôler l’apparition des émotions car elles sont biologiques ; ce sont des réactions spontanées de notre corps1. Si leur déclenchement est automatique, en revanche, leur régulation est sous le contrôle de notre volonté. Comme elles amènent à la connaissance et à la conscience de soi, les émotions, nous dit Catherine Guéguen, sont capitales pour le développement de l’être humain. Il est donc très important de favoriser leur expression chez l’enfant dès son plus jeune âge, ce qui est fondamental pour la construction de son être. Et, pour rejoindre la philosophie bouddhiste, nous n’avons pas à avoir de jugement moral sur les émotions, il faut seulement accueillir, en tant qu’expérience, ce que nous ressentons. C’est le seul moyen pour ne pas se laisser submerger par elles et pour apprendre à les gérer, ce que même les enfants peuvent faire.

Émotions et neurosciences

De multiples définitions de l’émotion existent. La plus simple nous paraît celle du Petit Larousse qui la définit comme « une réaction affective transitoire d’une grande intensité, provoquée par une stimulation venue de l’environnement ». Nous savons aussi qu’elle provoque des changements « à la chaîne » dans les systèmes cognitif, psychophysiologique, moteur, dénotationnel et moniteur.

L’un des premiers neurobiologistes à avoir parlé du circuit neuronal/cérébral des émotions a été Antonio Damasio en 1995, avec ses recherches sur des traumatisés émotionnels incapables de faire des choix dans leurs vies, leur

1. Les émotions ne sont pas la prérogative des seuls humains, mais de tous les mammifères. Pendant longtemps, on a cru que les sentiments appartenaient seulement au monde des humains. Des récentes recherches sur le comportement révèlent que les animaux aussi ressentent des émotions. Par exemple, ils peuvent être autant affectés par la mort d’un être cher que les humains. Les histoires de chiens qui accompagnent leurs maîtres jusqu’au cimetière sont connues de tous, mais la science s’interroge sur le deuil des animaux : serait-ce un sentiment purement égocentrique ou bien la conscience d’avoir perdu un être cher ?

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cortex préfrontal ne régulant plus les émotions. Grâce à ses découvertes, nous savons aujourd’hui qu’un cortex préfrontal en bon état permet de nous calmer, de prendre les bonnes décisions, sans agresser l’autre physiquement ou verbalement, de fuir immédiatement et d’être en état de sidération.

Le Dr Catherine Guéguen insiste sur les bénéfices apportés par le fait de pouvoir exprimer les émotions, ce qui a le pouvoir de réguler le cerveau émotionnel et calmer l’amygdale cérébrale, le centre de la peur. En étant capables de nommer ce qu’ils ressentent, les adultes peuvent ainsi prendre du recul vis-à-vis de la situation de stress, en la « réévaluant », c’est-à-dire en posant un nouveau regard sur elle. Pour les enfants, surtout pour les tout-petits qui ne peuvent pas encore la verbaliser, ce sera différent. Ce qui nous est demandé sera donc d’accueillir ses émotions, ses pleurs ou ses cris, et de faire de notre mieux pour le comprendre. Car, quand il est humilié ou puni, l’enfant se déconnecte de son ressenti pour ne pas souffrir, ce qui fera de lui un adulte incapable d’accepter ou de vivre ses émotions.

Pour tous, « exprimer ses émotions désagréables nous apaise en calmant l’amygdale cérébrale, centre de la peur qui provoque la sécrétion des molécules de stress. L’amygdale cérébrale est alors active et nous sommes moins stressés. Exprimer ses émotions, celles des autres, comprendre leurs causes, renforcent la sociabilité, le souci des autres, l’entraide1 ».

Au contraire des émotions, les sentiments s’inscrivent dans la durée, associent des représentations dans notre néocortex et ne présentent pas de manifestation réactionnelle, c’est-à-dire que nos sentiments ne sont pas dus à une réponse à un stimulus déterminé.

Au lieu de me lancer dans un (périlleux) développement sur la différence entre émotions, sentiments et comportements, et en l’absence de défi-nitions précises à leur sujet – même par les spécialistes en la matière (ce que je ne suis pas) –, j’aimerais revenir plutôt sur le fait que l’émotion, même éphémère (car elle dure moins d’une minute), manifeste une partie de nous et nous amène à plus de profondeur dans la connaissance de

1. C. Gueguen, Vivre heureux avec son enfant, op. cit.


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nous-mêmes. Lorsque l’on décide d’apprendre à réguler nos émotions, il est d’abord important de savoir les reconnaître, les déchiffrer, les détailler… pour les laisser partir, comme elles sont arrivées.

Toutes les émotions ne sont pourtant pas à éliminer. Par exemple, les neurosciences nous apprennent que les émotions positives ont des effets très bénéfiques sur notre corps, notre psyché et, par conséquent, sur notre entourage. Christophe André, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, pratiquant la méditation et la psychologie positive, écrit :

« Les bénéfices des émotions positives dans la régulation globale des émotions commencent à être assez largement documentés. On sait que ressentir fréquemment des émotions positives est un facilitateur de bonne santé physique, de créativité, d’altruisme, d’autocontrôle, et évidemment une composante importante du sentiment de bien-être subjectif1. »

La joie, la gratitude, l’amusement, l’espoir, l’intérêt, la fierté, la séré-nité, etc., ne sont pas seulement agréables parce qu’ils nous donnent des sensations plaisantes, mais parce qu’ils nous ouvrent aux autres. Voici donc à nouveau un effet de reliance avéré ! Lançons-nous donc à la pour-suite de la joie, réveillons-la en nous, faisons-en notre émotion-guide ! Dans ce voyage merveilleux, notre premier mouvement (car l’émotion nous émeut, du latin emovere, « mouvoir au-delà ») sera d’attraper le fil d’Ariane qu’elle nous tend, de lui faire confiance pour la reconnaître enfin dans sa beauté.

1. Article de C. André, « Peut-on gérer ses émotions ? », Sciences humaines. Mis à jour le 7 avril 2016 : http://www.scienceshumaines.com/peut-on-gerer-ses-emotions_fr_14545.html.


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