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La revue de l’Espace des sciences www.sciences-ouest.org n°301 SEPTEMBRE 2012 Paléontologie Un nouveau ptérosaure découvert ! Télécoms Le Radôme a 50 ans LA NATURE S’INCRUSTE EN VILLE LA NATURE S’INCRUSTE EN VILLE Écologie urbaine Une discipline née à Rennes Dispersion des espèces Les trames vertes sont-elles utilisées ? Sociologie Les mauvaises herbes mal perçues

Issuu 301 septembre 2012

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Quelques pages so 301

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La revue de l’Espace des sciences

www.sciences-ouest.org n°301 SEPTEMBRE 2012

PaléontologieUn nouveauptérosaure découvert !

TélécomsLe Radôme a 50ans

LA NATURE S’INCRUSTE EN VILLE

LA NATURE S’INCRUSTE EN VILLE

Écologie urbaineUne discipline née à Rennes

Dispersion des espècesLes trames vertessont-elles utilisées?

SociologieLes mauvaisesherbes mal perçues

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La revue de l’Espace des sciences

www.sciences-ouest.org n°301 SEPTEMBRE 2012

PaléontologieUn nouveauptérosaure découvert !

TélécomsLe Radôme a 50ans

LA NATURE S’INCRUSTE EN VILLE

LA NATURE S’INCRUSTE EN VILLE

Écologie urbaineUne discipline née à Rennes

Dispersion des espècesLes trames vertessont-elles utilisées?

SociologieLes mauvaisesherbes mal perçues

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À L’ESPACEDES SCIENCES 19

L’AGENDA DE LA RÉDACTION 20

L’ÉPREUVE PAR 7FRANÇOISE BUREL, écologue du paysageUne interview non scientifique 22

SEPTEMBRE 2012 N°301 SCIENCES OUEST3

Le terme de biodiversité évoque souvent desespèces exotiques, remarquables ou lointaines : la biodiversité de la forêt amazonienne, celle desocéans... Mais elle est bien sûr présente partout,en particulier tout près de chez nous, dans nosjardins et même dans nos villes. Arrivée en Europedepuis une dizaine d’années, grâce à un chercheurrennais, l’écologie urbaine est aujourd’hui unediscipline en plein essor. Elle permet de connaîtreles espèces “classiques”, sauvages voire

envahissantes, qui nous entourent, et decomprendre comment elles se dispersent oudisparaissent.Alors nul besoin de partir à l’autre bout du mondeavec du matériel spécialisé. Sortez juste de chezvous, parcourez les jardins, déambulez dans lesrues, scrutez les bords des trottoirs, levez les yeux !Vous croiserez de la biodiversité, ordinaire.

NATHALIE BLANCRÉDACTRICE EN CHEF

DÉJÀ DEMAIN LES BRÈVESCE QUE JE CHERCHEPar MARCELA PATRASCU, chercheuse en sciences de l’information et de la communication « De nouvelles normes socioculturelles émergent avec l’usage des nouveaux médias » 4

UN NOUVEAU PTÉROSAURE DÉCOUVERT ! 4PLUS ON EST NOMBREUX, PLUS ON INNOVE 6MATHS ET PHYSIQUE FONT LA PAIRE 6UN POISSON FLUO POUR DONNER L’ALERTE 7

DÉJÀ DEMAIN LES ACTUSLA BRETAGNE DOIT ACTIVER SON RÉSEAU ! 8

IL CHERCHENT LA BONNE FORME DES PLANTES 9

LE DOSSIER

COUVERTURE © CÉLINE DUGUEY

© NATHALIE BLANC

n°301 SEPTEMBRE 2012

POINTE SÈCHE PAR WILLIAM AUGEL

La biodiversité près de chez nous

© DR

LA NATURE A DROITDE CITÉ 10 à 18

RENNES, UNE VILLE PIONNIÈRE 14/15

DANS LE PARC DE SAINT-JACQUES 16

ÇA BOURDONNE EN CENTRE-VILLE ! 17

LES LABOS DONNENT L’EXEMPLE 17

LES PLANTES FONT LE TROTTOIR 18

© CÉLINE DUGUEY

Suivez-nous sur Twitter @sciences_ouest et sur www.sciences-ouest.org

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« De nouvelles normes socioculturelles émergent avec l’usage des nouveaux médias »

CE QUE JE CHERCHE

MARCELA PATRASCUCHERCHEUSE EN SCIENCES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

Déjà demain

«

4 SCIENCES OUESTN°301 SEPTEMBRE 2012

Je travaille sur les nouvelles pratiquesmédiatiques, notamment celles encontexte de mobilité : l’utilisation destablettes, la télévision sur les smart-

phones... Pendant ma thèse, je me suis par-ticulièrement intéressée à la télévision surmobile dans les transports en commun. Ona souvent l’impression qu’elle “coupe” dureste du monde, en partie à cause des écou-teurs. Mon enquête a montré qu’au contraireses usagers sont en constante interactionavec leur entourage : ils sont attentifs auxautres passagers, aux arrêts de bus, aux différents repères spatiaux et stimuli exté-rieurs… Pour le constater, j’ai mis au point de nou-

velles méthodes d’observation in situ. J’aiéquipé des participants, habitués de la télé-vision mobile dans les transports, de lunettesmunies d’une petite caméra. J’ai ensuite puétudier les vidéos. Je pouvais suivre leursmouvements de tête et capter leur environ-nement social, technique ou sensoriel.Je me suis également penchée sur la

dimension anthropologique de ces pra-tiques. Pour cela, j’ai mené cette étude à lafois en France, à Rennes et en Roumanie, àTimisoara. Car les nouvelles normes socio-culturelles qui émergent avec ces médiass’appuient sur des normes plus anciennes,qui varient suivant les pays. Ainsi en Rouma-nie, l’usage de l’oreillette est plus nuancéqu’en France, car les transports n’y sont passoumis aux mêmes règles sociales, ils sontplus bruyants, les gens y parlent plus.Aujourd’hui, je transpose ma méthode à desusages plus larges, dans d’autres contextesque les transports. »

PROPOS RECUEILLIS PAR CÉLINE DUGUEYRens. : Marcela Patrascu, [email protected]

© CÉLINE DUGUEY

Marcela Patrascu vient d’être nommée maître de conférences au sein du laboratoire Prefics(1)de l’Université Rennes2.Elle a intégré le programmeÉcomédia sur les nouvellespratiques numériques, encollaboration avec Orange Labset le Laboratoire d’observationdes usages des Tic (Loustic).(1)Plurilinguismes, représentations,expressions francophones, information,communication, sociolinguistique.

LES ÉCHOS DE L’OUEST

UNE JEUNE ENTREPRISE PRIMÉE � L’entreprise Secure-IC, membre de latechnopole Rennes Atalante, a reçu le prix de la start-up française la plus innovante lorsdes Électrons d’Or. Ce prix est remis par larevue spécialisée ElectroniqueS. La sociétéconçoit des technologies pour sécuriser lesdonnées confidentielles en informatique etsur les cartes à puce.Rens. : www.electroniques.biz

DE L’ALGUE DANS LE DENTIFRICE� Un dentifrice et un bain de bouchecontenant des extraits d’algue viennent d’êtremis sur le marché par la société Yslab. Ils sont issus du projet Odontomer, visant à identifier des molécules d’origine marineayant des propriétés anti-inflammatoires,antioxydantes ou antibactériennes.

Rens. : www.pole-mer-bretagne.com/newsletter-juillet-2012.html

ÉLECTRONIQUE RESSOURCES MARINES

A près avoir passé plusieurs annéesdans un tiroir, un crâne morcelé apermis de révéler, dans une étude

parue le 3 juillet(1) dernier, l’existence d’unenouvelle espèce de ptérosaure, un reptilevolant qui vivait au temps des dinosaures !Découvert dans le gisement exceptionnel deLas Hoyas, en Espagne, qui a déjà livré plusde 30000 fossiles, il n’avait pas encore puêtre étudié. Ce n’est qu’en 2008, lors d’unerévision des collections pour les vingt-cinqans du site, que Romain Vullo,paléontologue à l’Univer-sité de Rennes 1(2) alors en postdoctorat à l’uni-versité autonome deMadrid, repère sur cefossile puzzle des caracté-ristiques peu communes. « Un museau court et pointu,décrit-il, une absence de dentset sur-tout, unecrête auniveau dela mâchoireinférieure,perpendi-culaire au crâne. Orc’est une particularité que l’onconnaissait chez les tapéjaridés, un étrangegroupe de ptérosaures dont de rares spécimensavaient été retrouvés au Brésil et en Chine. » Lenouveau venu est baptisé Europejara olcade-sorum. À lui seul, il prouve la présence decette famille sur le continent européen aucrétacé inférieur, il y a environ 125 millionsd’années.« Il s’agit du plus ancien ptérosaure édenté

jamais identifié, ajoute le chercheur, cela nouspermet de supposer que les tapéjaridés ont bien une origine eurasienne, et qu’ils auraientrejoint l’actuel Brésil plus tard. » L’absence dedents laisse également penser que l’animal,qui pouvait sans doute atteindre deux à

trois mètres d’envergure, se nourrissait essen-tiellement de fruits. « Le museau court rappellele bec des oiseaux frugivores. Et on a égalementtrouvé beaucoup de pollens et de feuilles deplantes à fleurs dans le gisement. L’environne-ment devait donc être propice à ce type derégime alimentaire. » Pour en avoir la preuveformelle, il faudrait retrouver un squelettecomplet, avec des traces de graines dans lecontenu stomacal. « Mais c’est très rare, carce sont des os légers, très fragiles. Il faut des gisements particuliers, où les sédiments se

sont déposés calmement. Celui de LasHoyas, composé de calcaire et formé

dans une zone marécageuse,répond à ce critère, d’où sa

richesse. » Quelquesdents apparte-nant à d’autresfamilles deptérosauresavaient déjàé t é mi s e s au j ou rque lquesmois plustôt.

Et en 2010,Concavenator, undinosaure carnivore

de cinq à six mètres de long,pourvu d’une bosse dorsale,avait été sorti de terre. « La découverte de cesgros animaux s’ajouteà la connaissance dela flore et de la petite

faune du site, précise Romain Vullo. Cela nouspermet d’avoir une bonne image de l’écosys-tème de l’époque. » Un bon dépaysement !(1)Vullo R, Marugán-Lobón J, Kellner AWA, Buscalioni AD, Gomez B, etal. (2012) A New Crested Pterosaur from the Early Cretaceous of Spain:The First European Tapejarid (Pterodactyloidea: Azhdarchoidea). PLoSONE 7(7): e38900. doi:10.1371/journal.pone.0038900. (2)LaboratoireGéosciences Rennes, CNRS UMR 6118.

Rens. : Romain Vullo, [email protected]

En Espagne, un paléontologue rennais a mis au jour un reptile volant inédit avec une équipe internationale.

Un nouveau ptérosaure découvert !

© OSCAR SANISIDRO

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© THEGREENJ

SEPTEMBRE 2012 N°301 SCIENCES OUEST5

L’HÉMOGLOBINE MARINE À LA PÊCHE AUX FONDS� L’entreprise Hemarina, sociétémorlaisienne développant des transporteursuniversels d’oxygène issus de vers marins(1),vient de lever 6,3 millions d’euros de fonds.Cette somme lui permettra de mettre sur le marché son premier produit, HEMO2Life,qui préserve les organes à transplanter.Rens. : www.hemarina.com(1)Lire Sciences Ouest n°296-mars 2012 et n°226 -novembre 2005.

Oh, la Led bleue !

DÉCOUVRIR LE MUSÉE EN JOUANT � Les Mystères de Rennesont été retenus par l’appel àprojets “services numériquesculturels innovants” duministère de la Culture. Ce jeu utilise les réseauxsociaux et des capteursdisposés dans la ville. Il a étécréé par le groupe Regards,en partenariat avec le Muséede Bretagne et l’Irisa, et vise à favoriser l’accès des jeunesaux collections du musée.

Rens. : www.groupe-regards.com

DES FONDS MARINS CÔTIERS SOUS SURVEILLANCE� L’observatoire câblé Medon(1) a été installéle 13 juin au large de l’île de Molène. Ce pilote,conçu par Ifremer et ses partenaires(2),surveille le milieu sous-marin côtier,notamment les mammifères marins. Des capteurs transmettent en continu desimages, des sons et des données physico-chimiques. « Il existe d’autres observatoires commeNeptune, au large de Vancouver(3) ou Antares, près de Toulon, mais ils sont à 2000m de fond.Medon est lui situé à 20m seulement, ce qui facilite les interventions de maintenance »,précise Nadine Lanteri, responsable du projet à Ifremer. Ce type d’observatoire pourra êtreproposé pour surveiller des zones sensibles, comme l’activité sismique au large d’Istanbul.(1)Marine e-Data observatory network. (2)Plymouth Marine Laboratory, Ensta Bretagne, Université de Plymouth, Océanopolis et National Marine Aquarium.(3)Voir Sciences Ouest n°277- juin 2010 : En direct des fonds marins.

Rens. : Nadine Lanteri Tél. 02 98 22 46 45, [email protected]

ORANGE DANS LES NUAGES À RENNES� Orange a domicilié à Rennes sa CloudFactory, une équipe d’une centaine depersonnes chargée de développer l’offre decloud computing du groupe. Cette dernièreest destinée aux entreprises ayantd’importants besoins informatiques mais ne désirant pas les héberger en interne.

Rens. : www.rennes-atalante.fr/actualites-technopole

OSER L’ENTREPRENEURIATDÈS LES ÉTUDES� Le technopôle Brest-Iroise alancé le projet Ose !, dispositifpédagogique permettant aux étudiants de concevoir des Outils de sensibilisation à l’entrepreneuriat.

Rens. : sabine [email protected]

LE RADÔME A 50 ANS� Le 11 juillet 1962, pour la première fois, des imagestransmises par satellite traversent l’Atlantique, réceptionnéespar le radôme de Pleumeur-Bodou. De l’extérieur, c’est unballon de toile blanc de 50 m de haut pour 64 de large, quiprotège une antenne en forme de cornet, capable de pivoterpour capter les signaux reflétés par le satellite Telstar. Lechantier n’a duré que neuf mois et le radôme a été opérationnelseulement trois jours avant le lancement du satellite, effectuéla veille de la première captation. Une précipitation s’expliquantpar le contexte de la guerre froide. Pour fêter son anniversaire,plusieurs manifestations ont été organisées, dont une nouvelleprésentation muséale, revenant sur le contexte de laconstruction du radôme, et une exposition des photographiesdu chantier, qui sera visible jusqu’à la fin de l’année.Rens. : www.cite-telecoms.com/fr/cite-des-Telecoms-histoire-radome

© YANN KERSALÉ

ENTREPRISESFORMATION

E lles sont déjà dans vos téléphones.Les diodes électroluminescentes orga-niques (Oled) sont de minuscules

composants électroniques qui émettent dela lumière grâce à l’excitation électrique demolécules organiques (riches en carbone,hydrogène, azote et oxygène). Et si les Oledrouge, jaune ou verte sont déjà au point,obtenir une couleur bleue stable sembleencore problématique. Des chercheurs del’Institut des sciences chimiques de Rennes(1)

pourraient tenir une piste. Ils viennent demettre au point une nouvelle molécule à lagéométrie particulière. « Sa fluorescence bleuevient de l’association de deux fragments de lamolécule à l’état excité, explique Cyril Poriel,cosignataire, avec sa collègue Jöelle Rault-Berthelot, d’une publication parue en maidernier(2). Ce phénomène était déjà connu,mais n’avait jamais été utilisé ainsi. » L’équipede chimistes a imaginé, synthétisé puis étu-dié cette nouvelle molécule, avant de l’uti-liser dans une Oled, dans un laboratoire del’université de Bordeaux. « L’émission delumière est encore faible, mais d’un bleu pro-fond. » Si elle s’avère plus stable que ses pré-décesseurs, cette nouvelle source de lumièrebleue pourrait un jour se retrouver sur nosécrans !(1)UMR CNRS 6226. (2)Dans Journal of Materials Chemistry.

Rens. : Cyril Poriel Tél. 02 23 23 59 [email protected]

UN LOGICIEL, DESMILLIONS DE GÈNES � Le défi était de créer unoutil capable de rechercherles similarités entre desbanques de données stockantdes millions de séquencesd’ADN ou de protéines. La société bretonne de bio-informatique Korilog s’étaitassociée à l’Inria de Rennespour le relever(1). C’est chosefaite, le logiciel Klast seraintégré à l’automne dans sesplates-formes d’analyse.(1)Voir Sciences Ouest -n°291, octobre 2011.

Rens. : www.korilog.com (en anglais)

LA 3D EN DIRECTRÉCOMPENSÉE� 3D live, projet de recherchesur l’image en relief soutenupar le pôle de compétitivitéImages et Réseaux, s’est vudécerner le prix Captation livedu festival Dimension 3. Leprix récompense la diffusionen direct d’un concert sur lecanal 3D d’Orange TV. Il a étésélectionné parmi plus decent programmes en reliefprovenant de quinze pays.

Rens. : 3dlive-project.com/www.dimension3-expo.com/fr/news(Dimension 3 Festival)

© YVES GLADU

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LE DOSSIER DE

Malgré le bruit,l’éclairage quasiconstant et la pré-sence d’humains àtous les coins derues, les villes sontloin d’être des terri-toires vierges d’ani-

maux et de végétaux sauvages. On n’y trouvepas que des chiens et des chats, ni que desplantes exotiques en pot sur le rebord desfenêtres. Les zones urbaines constituent desespaces à part entière où les contraintes sontdifférentes : les écureuils y trouvent, par exem-ple, un refuge exempt de prédateurs - il n’y apas de martes en ville - et les abeilles sontmoins gênées par les pesticides (lire p. 17).

Plus généralement, et comme dans toutmilieu, les écologues distinguent trois grandstypes d’espèces : celles qui évitent les centres-villes et ne supportent pas les grands déran-gements ; les tolérantes qui s’y plaisentmieux qu’en zone rurale, comme les pies oules corneilles et qui, dans certains cas, peu-vent aussi devenir envahissantes, comme lesétourneaux. Et une troisième catégorie quis’adapte à l’écosystème urbain.

Les cerisiers fleurissent plus tôt

« Ces espèces sont au départ plus généra-listes, précise Alain Butet, responsable del’équipe Paysaclim du laboratoire Écobio(1).Puis elles développent des spécificités. » Lesoiseaux nichent plus haut et chantent plus

fort que leurs cousins des champs ; les ceri-siers, eux, fleurissent plus tôt(2). Des spécifi-cités souvent mal connues car longtempsignorées. En Europe, l’écologie urbaine estune discipline qui a moins de dix ans.

Rennes et Berlin précurseurs

À Rennes, Philippe Clergeau, alors cher-cheur à l’Inra, en a été l’un des précurseurs.« Plusieurs intérêts ont commencé à convergerà partir de 2001, rappelle le chercheur,aujourd’hui écologue au Muséum d’histoirenaturelle de Paris. Le questionnement desscientifiques, les interrogations des servicesmunicipaux de Rennes et d’Angers sur la ges-tion des espaces verts, et le besoin de nature descitadins. Mais cela a pris du temps. Même avec

LA NATURE A D L’ÉTUDE DE LA BIODIVERSITÉ A MIS DU TEMPS À S’IMPLANTER EN VILLE.EN EUROPE, LES PREMIERS TRAVAUX ONT GERMÉ À RENNES !

10 SCIENCES OUESTN°301 SEPTEMBRE 2012

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ROIT DE CITÉmes collègues des autres disciplines : l’écologiescientifique dans la ville, au départ, personnen’y croyait. » Le projet d’Écologie rurale eturbaine -Ecorurb(3) - est finalement lancé en2003. Il réunit des écologues des mondesanimal et végétal, des biologistes, des géo-graphes, des climatologues et des socio-logues pour travailler sur une approchedynamique de la mise en place des diffé-rentes communautés. « Il n’y avait que deuxprogrammes vraiment interdisciplinaires enEurope à cette époque : celui de Berlin et le nôtre », ajoute Philippe Clergeau.

Deux fois plus d’oiseaux en ville

C’est dans ce cadre que Solène Croci aeffectué sa thèse(4) sur le suivi de trois groupesd’animaux : oiseaux, petits mammifères etcoléoptères. « Nous avons travaillé sur un gra-dient ville - campagne sur un seul type d’habi-tat : des boisements de petite taille, que l’on

P.14Rennes, uneville pionnière© CÉLINE DUGUEY

P.16Dans le parc de Saint-Jacques© NATHALIE BLANC

P.17Ça bourdonneen centre-ville!© CÉLINE DUGUEY

SEPTEMBRE 2012 N°301 SCIENCES OUEST11

Lors du renouvellement desa labellisation en 2011,

la Zone atelier de Pleine-Fougères fréquentée par deschercheurs rennais, et jusqu’àprésent entièrement rurale(1),s’est agrandie. RebaptiséeZone Armorique, elle englobedésormais le bassin deRennes. « Avant, les questionsenvironnementales n’étaienttraitées que dans le domainerural, souligne JacquesBaudry, chercheur à l’Inra deRennes(2) et coresponsable dela Zone atelier avec CendrineMony, du laboratoire Écobio(3).

Grâce à cette intégration, ondispose aujourd’hui d’une zonecontinue, du rural versl’urbain. Cela est importantnotamment en Ille-et-Vilaineoù l’espace urbain s’étendjusqu’aux limites dudépartement. »Il existe onze Zones atelierslabellisées par le CNRS, dontcinq comportent un voletbiodiversité : Rennes, Angers,Lyon, Paris et Strasbourg,créée il y a un an seulement,qui est une zone entièrementurbaine. Chaque ville a sesparticularités. Rennes se

distingue par sa ceinture verteet n’a pas de grand fleuve. Le but du travail en réseau estde mettre en commun lesrésultats et de dégager desgénéralités sur le rôle destrames vertes ou sur l’impactde la ville sur la biodiversité.

NB(1)Lire Pleine-Fougères, un site pilote dansSciences Ouest n°238 - décembre 2006.(2)Unité Sciences pour l’action et ledéveloppement Paysage (Sad-Paysage).(3)UMR 6553 CNRS/Université de Rennes1de l’Observatoire des sciences de l’Universde Rennes (Osur).

Rens. : Cendrine [email protected] [email protected]

Les écologues arrivent en ville

© NATHALIE BLANC